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Monsieur le Président, je prends la parole au sujet de cette question de privilège, que j'ai soulevée il y a trois semaines.
Il est malheureux que nous devions soulever cette question aujourd'hui sous la menace de la guillotine, de la clôture que la fait encore peser sur nous. Cette situation fait écho à une autre situation semblable survenue à la Chambre il y a de nombreuses décennies, 60 ans, plus précisément, où le gouvernement libéral de l'époque avait opté pour la clôture. En 1956, Donald Fleming, un député conservateur, affirmait ce qui suit au sujet de la clôture à la Chambre:
Ce n'est pas parce que la majorité le veut bien que la minorité se fait entendre à la Chambre [...] Non, c'est de plein droit que la minorité s'exprime dans un parlement libre.
Ce qui s'est passé ici aujourd'hui est un déni des droits de la minorité de la Chambre des communes. Ceux qui veulent imposer la clôture à la Chambre cherchent à créer un Parlement où l'opposition n'a pas sa place. C'est ce que tente de faire le gouvernement libéral. Il veut que la Chambre, au lieu d'être un lieu de débats et de libre expression pour tous les députés, devienne l'endroit où l'exécutif libéral peut dicter sa loi au pouvoir législatif.
La citation que je viens de lire s'inscrit dans le débat sur les pipelines qui a eu lieu à la Chambre en 1956. Les députés de tous les partis ont débattu avec véhémence pendant des semaines. En fait, ce débat a débouché sur une importante question de privilège dont les répercussions continuent à se faire sentir aujourd'hui.
J'oserais dire que si C. D. Howe était encore vivant et qu'il était témoin des mesures prises par le gouvernement libéral, il serait rouge de honte. Même C. D. Howe aurait honte des tactiques brutales utilisées par le gouvernement libéral.
Le débat actuel porte sur une question de privilège, soit le privilège des députés d'accéder sans entrave à la Cité parlementaire et de s'y déplacer librement. Je n'ai pas soulevé cette question à la légère: je défendais la première question de privilège qui a été tuée dans l'oeuf par le gouvernement libéral.
Il est d'une importance capitale que nous, à titre de parlementaires, de députés et de représentants dûment élus de nos concitoyens, soyons libres de débattre, de prendre la parole à la Chambre, de voter et de respecter la volonté des gens que nous représentons. Ce n'est pas ce qui s'est passé le 22 mars dernier, le jour de la présentation du budget. Deux élus, le député de et la députée de , ont été privés de leur droit de vote.
La libre circulation dans l'enceinte parlementaire est absolument indispensable lorsque la sonnerie d'appel retentit pour un vote. Ce droit fondamental ne devrait pas être compromis ni limité. C'est pourtant ce qui est arrivé. Deux députés ont été privés de leur droit de vote à la Chambre. Pensons-y un instant: deux députés, qui représentent 105 000 citoyens chacun, n'ont pas eu la possibilité de se lever en leur nom, comme c'est leur droit, pour voter.
Conformément à la longue tradition de la Chambre, les deux députés ont soulevé une question de privilège à la première occasion. Dans les jours suivants, le député d' et moi avons fourni de l'information supplémentaire à l'appui de la question de privilège jugée fondée à première vue.
Le 6 avril dernier, le Président a statué avec raison qu’il y existait des motifs suffisants pour conclure qu’il y avait, de prime abord, atteinte au privilège. Le député de a alors été invité à présenter une motion sur la question de privilège, laquelle a donné lieu à un débat. À cette occasion, les députés ont pu prendre la parole et exprimer leurs points de vue, mais aucun vote n’a eu lieu. Le débat a été interrompu, ce qui a fait avorter la motion sans qu’il soit possible de la représenter immédiatement. Le député de a présenté une motion pour passer à l’ordre du jour. Ce n’était pas un acte anodin de la part du député, qui obéissait aux consignes de l’état-major libéral en sachant parfaitement qu’en passant à l’ordre du jour, on ferait avorter la question de privilège, qui disparaîtrait ainsi dans la nature.
La majorité libérale a voté conformément aux consignes du parti et a fait avorter la question de privilège. Les libéraux ont donc voté pour nous priver de l’occasion de discuter des droits et privilèges fondamentaux qui ont été violés le 22 mars dans la Cité parlementaire. Ce vote n’a pas eu simplement pour effet de reporter l’examen de cette question, il l’a carrément fait disparaître du Feuilleton. Et ce matin, nous avons entendu la déclarer officiellement qu’elle appuyait cette question de privilège et que son parti acceptait que le comité de la procédure en soit saisi, alors que, ce fameux 6 avril, elle et ses collègues avaient tout fait pour faire avorter cette question de privilège.
Jamais dans toute l’histoire du Parlement canadien un gouvernement de quelque parti qu’il soit ne s’est comporté de façon aussi arrogante. Le gouvernement libéral crée donc un précédent qu’il aurait, je crois, préféré éviter de créer. Il a en effet commis une grave injustice en rejetant de façon aussi cavalière une question fondamentale qui touche les 338 députés que nous sommes. C’est un autre exemple de la façon dont le gouvernement libéral, c’est-à-dire l'exécutif, contrôle le législatif, au mépris du rôle de la Chambre des communes et des opinions des députés dans une démocratie parlementaire.
Ce jour-là, deux députés ont été privés de leur droit de vote, mais les actes du gouvernement libéral ont eu pour effet que les 338 députés se sont vu refuser le droit de voter. Il serait bon que les députés libéraux, ceux qui ne siègent pas au Cabinet, n’oublient pas qu’ils sont eux aussi des membres de cette institution. Ils ont beau être députés libéraux, ils sont aussi de simples membres de cette institution, comme chacun d’entre nous, et eux aussi ont été privés de leur droit lorsque le gouvernement libéral a décidé de passer à l’ordre du jour.
Ce n’est pas tout. Les libéraux ont ensuite essayé de recourir à une méthode plutôt boiteuse sur le plan de la procédure pour saisir le comité de la procédure et des affaires de la Chambre de la question. La whip adjointe du Parti libéral, la députée de , a donné au comité préavis d’une motion donnant instruction à celui-ci d’examiner la question. C’est une méthode plutôt boiteuse sur le plan de la procédure, que le mandat du comité n’autorise pas, mais les libéraux ont quand même essayé.
En fait, la députée a essayé d’expliquer qu’elle n’aimait pas l’idée que la Chambre contrôle une étude confiée à un comité, qu’elle lui impose un échéancier. En qualité de whip adjointe du Parti libéral, elle ne pouvait pourtant pas penser que les comités ont préséance sur la Chambre des communes, car ce n’est certainement pas le cas. C'est à nous, députés, qui siégeons dans cette Chambre, qu'il appartient d'orienter les travaux du pouvoir législatif. Cela revient pas au Parti libéral, qui obéit aux consignes du bureau du premier ministre et de la , mais c’est pourtant exactement ce qui s’est passé.
Cela s’est produit à maintes reprises, qu’il s’agisse de la motion no 6 ou du document de travail. J’allais dire le document de travail qui a été déposé par la , mais, en fait, ce document n’a jamais été déposé. Elle n’a pas eu la courtoisie de nous présenter son document de travail à la Chambre. Elle veut changer le Règlement, mais elle n’est pas prête à déposer le document dont elle veut que nous discutions. Elle a préféré le publier en ligne plutôt que de le déposer dans cette auguste enceinte. Or, c’est la Chambre des communes qui confère au gouvernement le pouvoir de gouverner. Ce n’est qu’avec la confiance de la Chambre et de tous les députés qui la composent que le gouvernement peut agir.
Il est on ne peut plus clair que les décisions prises par le gouvernement libéral constituent un dangereux précédent. Le fait d’avoir traité de façon aussi cavalière une question de cette importance est de bien mauvais augure. On sait bien que, en situation de gouvernement minoritaire, les votes sont souvent très serrés et qu’il suffit d’une voix ou deux pour infléchir le résultat.
Je me souviens tout particulièrement d’un vote sur le budget qui s’est tenu ici en 2005, bien avant que je sois élu. Comme il y avait égalité des voix, grâce au député indépendant Chuck Cadman, qui avait appuyé le gouvernement, c’est le Président qui a dû trancher. À une voix près, le résultat du vote aurait été différent, et le gouvernement aurait été battu. C’est exactement la situation dont nous discutons aujourd’hui. Des députés ont été empêchés de se rendre à la Chambre pour voter, et nous nous devons d’examiner ce problème fondamental.
Lorsque le gouvernement libéral a décidé de faire avorter cette question de privilège, il a créé un dangereux précédent. C’est la raison pour laquelle j’ai saisi la première occasion, à la Chambre, pour soulever une deuxième question de privilège. À la première occasion, j’ai essayé de la raviver parce que c’était une question de privilège importante puisque deux députés avaient été empêchés de se rendre à la Chambre pour exercer leur droit de vote.
Le 11 avril, le Président a rendu une décision empreinte d’une grande sagesse, en citant des précédents survenus dans des cas semblables. Il a reconnu, encore une fois, que, de prime abord, il y avait matière à question de privilège.
Je vais citer exactement ce que le Président a dit en faisant connaître sa décision: « [...] la Chambre se trouve dans une situation sans précédent. La présidence ne peut trouver aucun précédent où une question de privilège a été remplacée par suite de l’adoption d’une motion visant à passer à l’ordre du jour. » Donc, cela ne s’était jamais produit. Le Président n’a trouvé aucun précédent. Il a poursuivi en disant: « [...] le Président a le devoir de préserver les droits et privilèges fondamentaux de la Chambre et de ses députés. »
Nous voyons trop souvent dans le Président un arbitre, un surveillant de terrain de jeu, un vigile chargé d’assurer l’ordre, et c’est vrai que le Président a pour rôle de maintenir l’ordre à la Chambre et de veiller au bon déroulement des débats. Quoiqu'il en soit, ce qui est plus important et plus fondamental, c’est que le Président soit le défenseur et le protecteur des droits et des privilèges de chacun des députés.
C’est la raison pour laquelle le Président, dans cette décision, m’a invité, puisque c’est moi qui ai soulevé la deuxième question de privilège, à présenter une motion pour que cette question de privilège soit renvoyée au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre. Nous savons d’expérience, parce que d’autres questions similaires ont été soulevées dans le passé, que ce comité est l’instance compétente pour examiner des questions de privilège.
J’ai eu l’occasion récemment de prendre connaissance de certaines décisions rendues par le Président Peter Milliken. Mon collègue le député de a eu l’amabilité de me prêter l’exemplaire qu’il a en sa possession, en me disant qu’il l’avait lu d'un bout à l'autre et qu’il n’en avait plus besoin.
C’est ainsi que j’ai appris que le 1er décembre 2004, un député s’est vu refuser le droit d’entrer à la Chambre à l’occasion de la visite du président américain de l’époque. Le Président d’alors, Peter Milliken, avait statué avec raison que l’affaire devait être renvoyée au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre. Le député de Montmorency—Charlevoix—Haute-Côte-Nord a alors présenté une motion qui a été renvoyée au Comité. Celui-ci a entrepris une étude approfondie de la question et a soumis à la Chambre un rapport assorti des mesures que devaient prendre le personnel de sécurité et la GRC.
C’est là que nous en sommes aujourd’hui.
Je tiens également à souligner que ma motion a ensuite été modifiée, et à juste titre, par mon collègue le député de , qui a estimé que l’objet de ma motion devait prendre le pas sur les travaux du comité de la procédure et des affaires de la Chambre.
Un tel amendement était-il nécessaire? En période normale, il ne l’aurait pas été, mais dans le cas présent, il se justifiait par l’impasse dans laquelle se trouvait le comité au sujet du Règlement, à cause du document de travail raté qu’avait déposé la libéral à la Chambre.
Par la suite, cet amendement a été de nouveau modifié par un sous-amendement émanant de mon collègue le député de . Je tiens d’ailleurs à lui faire part de tous nos voeux de prompt rétablissement. Il est un député compétent qui siège à la Chambre depuis 13 ans; il a notamment servi au comité de la procédure et des affaires de la Chambre et a été secrétaire parlementaire du leader du gouvernement à la Chambre. Je ne doute pas que tous les députés se joindront à moi pour lui transmettre tous nos voeux de prompt rétablissement afin que nous le retrouvions le plus vite possible à la Chambre pour qu’il puisse débattre des questions importantes dont nous sommes saisis.
Ces amendements sont absolument essentiels dans le contexte actuel et compte tenu de la situation dans laquelle se trouve le comité de la procédure et des affaires de la Chambre. Nous voilà dans une situation où le gouvernement libéral tente d’imposer des changements contre la volonté de l’opposition. Il veut reléguer les membres d’une opposition efficace au rang de simples spectateurs. C’est ce qu’il cherche à faire depuis trois semaines au comité de la procédure et des affaires de la Chambre.
Et voilà que la séance vient d’être levée, sans aucun préavis, sans que mon ami et collègue le député de n’ait eu la possibilité de faire un rappel au Règlement, tant le maillet du président s’est abattu rapidement sur la table.
Quand la a présenté son document de travail sur la modernisation du Parlement, les députés de notre formation, tout comme la plupart des Canadiens je pense, ont compris qu'il ne s'agissait que d'un écran de fumée, un prétexte douteux pour remettre encore plus de pouvoirs dans les mains de l’exécutif, dans les mains du Parti libéral. Le plus intéressant dans tout cela, c’est le délai dans lequel les libéraux veulent mener leur projet à terme. Ils veulent que des changements fondamentaux à la façon dont nous fonctionnons à la Chambre soient apportés d’ici juin.
Quelque chose me dit que les libéraux cherchent à nous imposer ces changements au pas de charge avant la fin de la session du printemps pour pouvoir repartir avec un nouveau programme législatif qui serait annoncé dans un nouveau discours du Trône, après une prorogation cet automne.
Il est également intéressant de noter que la dynamique au comité est en prise directe avec les actions du gouvernement. Dans les heures qui ont suivi la publication du document de travail, il nous est rapidement apparu comme évident qu’un député avait déposé une motion pour en accélérer l’étude par le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre. Voilà l’erreur fondamentale pour laquelle tous les députés, selon moi, éprouvent un sentiment de regret.
Tandis que j’ai la parole, je veux passer à un dernier point pour rappeler le caractère fondamental des droits et des privilèges des Canadiens et la nécessité qu’il y a, pour la Chambre, de les respecter. Chaque député est ici pour représenter les gens de sa circonscription; ils sont 105 000 dans mon cas. Nos voix ne doivent pas être atténuées. Or, c’est ce que feraient les changements proposés par le gouvernement libéral.
Il s’agit fondamentalement d’une question de privilège et il convient de respecter les privilèges des députés en tout temps.
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Monsieur le Président, je suis heureux de reprendre le débat concernant la question de privilège soulevée par mes collègues, au sujet des privilèges accordés aux députés par la Chambre.
Tout d’abord, laissez-moi exprimer ma surprise que notre ami de n’ait pas déjà en sa possession le Recueil de décisions du Président Peter Milliken. Je suis étonné qu’il n’ait pas déjà un des premiers exemplaires signés. Ce sera peut-être pour Noël.
Cette question de privilège s’enchaîne très bien au débat important concernant les changements fondamentaux que le gouvernement veut apporter. Ce dernier a proposé de façon insidieuse des modifications, dans le cadre d’une réunion du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, en déposant une motion concernant une refonte du fonctionnement du Parlement et de la Chambre des communes.
Ce n’est pas la première fois que le gouvernement tente de modifier les règles pour servir ses propres fins. En fait, il semble qu’aux yeux des libéraux, le Parlement soit un mal nécessaire, un lieu qu’ils daignent fréquenter et qu’ils jugent honorer de leur présence permanente.
C’est avec grand plaisir que je siège au comité des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires. À ce comité, nous avons étudié de grands dossiers, comme ceux de Postes Canada et de Services partagés, de même que la réforme des budgets des dépenses , il y a un certain temps.
Les conservateurs et mes collègues du NPD étaient d'accord avec le Conseil du Trésor pour dire qu'il fallait, effectivement, revoir notre façon de faire relativement aux budgets des dépenses afin d'en accroître la transparence et de faire en sorte qu'ils tiennent compte du budget. Malheureusement, la proposition du gouvernement libéral avait été d'éliminer deux mois entiers prévus pour l'examen de ces budgets, laissant ainsi à l'opposition un seul mois pour procéder à cette étape. Le gouvernement s'était justifié en disant qu'il s'agissait d'une meilleure façon de faire les choses.
Enlever à l'opposition la possibilité de s'attarder sur les dépenses n'est pas nécessairement une meilleure façon de faire les choses.
Lorsque nous avons essayé de faire valoir que ce n'était pas une bonne façon de procéder, le gouvernement nous a très clairement indiqué qu'il avait l'intention de modifier le Règlement sans le consentement de tous les partis.
Notre collègue de , qui était le président du comité — et je lui fais mes amitiés — a demandé à plusieurs reprises au de lui assurer que le Règlement ne serait pas modifié de manière à changer le processus relatif aux budgets des dépenses et, chaque fois, il s'est fait répondre que le gouvernement ne pouvait s'engager sur ce point. Lorsque nous avons indiqué qu'il y aurait peut-être une autre façon de changer le processus, le président du Conseil du Trésor nous a répondu que le processus lié aux budgets des dépenses ne servait qu'à remplir l'horaire, qu'il n'avait aucune utilité pour les Canadiens. Voilà un bel exemple de l'attitude du gouvernement libéral en général: dès qu'une chose ne lui plaît pas, elle n'est pas utile.
Voici un extrait du premier acte introductif émis par le roi Édouard au sujet du modèle parlementaire britannique: « Dans la mesure où la loi la plus juste de l'Empire ordonne que ce qui concerne tout le monde soit approuvé par tout le monde, il appert de toute évidence que les dangers communs doivent faire l'objet de mesures convenues d'un commun accord. »
Bref, il serait fort pertinent d'avancer que le Palais de Westminster, autrement dit le modèle de Westminster, existe pour assurer le contrôle des dépenses. Or, nous constatons que, tout comme ils le font relativement aux règles de fonctionnement du Parlement, les libéraux tentent de modifier les articles du Règlement concernant le contrôle des budgets des dépenses pour qu'ils leur conviennent mieux.
Revenons maintenant un peu plus loin en arrière, plus précisément juste après les élections de 2015.
On ne peut qu'imaginer la tête des ministres lorsqu'ils ont appris qu'ils avaient été choisis pour faire des miracles au sein du tout nouveau Cabinet, après une arrivée au pouvoir avec tambours et trompettes. Les ministres libéraux ont pris un autobus de la ville pour se rendre à la cérémonie d'assermentation, qui a eu lieu à Rideau Hall. Le choix de ce moyen de transport symbolisait la nécessité de demeurer humble en dépit de nombreuses tentatives d'amplifier l'importance de leurs nouvelles fonctions.
Les ministres se sont employés à ne pas profiter de leurs privilèges, même si nombre d'entre eux ont vraisemblablement eu le sentiment d'avoir droit à tous les avantages associés au fait de travailler pour l'actuel . En toute franchise, il faut saluer le fait que ces ministres se sont abstenus de tirer avantage de leur position de pouvoir.
Souvenons-nous que la ministre de la Santé n'a pas loué de limousines allongées, mais uniquement des berlines de luxe. Plutôt que de gaspiller plusieurs centaines de dollars en deniers publics pour chaque déplacement en voiture, elle n'en a gaspillé que quelques centaines.
Ces gestes montrent vraiment que la ministre fait preuve d'humilité à l'égard de son travail et de son expérience et qu'elle sait pertinemment qu'elle aurait pu abuser abondamment des ressources publiques. Pourtant, elle a eu la noblesse de s'en abstenir.
Je suis sarcastique, bien entendu.
Plutôt que de faire preuve d'une conscience aiguë des pouvoirs et des privilèges qui leur sont accordés en tant que membres du conseil d'administration le plus important du pays et de la mince ligne qui sépare la rémunération adéquate pour les efforts héroïques qu'ils ont déployés au nom du Parti libéral de l'usage excessif de services de luxe payés à même les fonds publics, ces ministres ont trop souvent jugé bon de tirer profit de leur position privilégiée.
Nous savons qu'ils ont tiré profit de leur position parce que nous avons mis au jour des dizaines de cas d'utilisation répréhensible des ressources parlementaires et publiques.
Conformément à notre description de poste en tant que députés qui siègent à gauche du Président, nous nous opposons, nous posons des questions, nous exigeons des précisions et nous demandons une reddition de comptes. Nous cherchons et nous trouvons des preuves d'actes répréhensibles et nous soulevons ces problèmes dans cette enceinte, le temple de la démocratie canadienne, puisque c'est exactement ce que nous sommes censés faire.
Il est normal que les députés d'en face soient sur la défensive advenant que leurs fredaines et leurs excès désinvoltes aux dépens des contribuables soient découverts par un député de ce côté-ci de la Chambre. Nous demandons simplement des précisions.
Pourquoi la ministre s'est-elle servie de l'argent des contribuables pour louer des limousines dispendieuses?
Pourquoi la a-t-elle pensé qu'il était approprié d'assister à des activités de financement des libéraux organisées par un cabinet d'avocats du centre-ville de Toronto qui donnaient aux invités un accès exclusif à une ministre de la garde rapprochée du ?
Pourquoi le a-t-il estimé qu'il était approprié d'enfreindre la loi fédérale et de prendre un avion privé pour partir en vacances sur l'île d'un milliardaire, surtout lorsqu'il disposait d'autres options? En passant, l'île privée appartient à un lobbyiste enregistré dont l'organisation reçoit des centaines de millions de dollars en fonds publics.
Pourquoi le a-t-il induit les Canadiens en erreur en disant que l'utilisation d'un avion privé était le seul moyen de se rendre à son lieu de vacances?
Il s'agit de questions raisonnables que les députés d'en face poseraient sûrement si un gouvernement conservateur était au pouvoir et avait effectué de tels abus de pouvoir. Cependant, les députés et les ministres concernés refusent de répondre aux questions de l'opposition. Ils s'en tiennent à des réponses préparées et distribuées par le Cabinet du premier ministre et prennent rarement l'initiative de dévier de la norme libérale.
Les libéraux sont fidèles à leur habitude. Le gouvernement abuse des pouvoirs et des privilèges qui lui sont accordés, et il le fait non pas en vertu de la loi, mais par le seul pouvoir d'intimidation que lui confère sa position. Sous le couvert de formalités juridiques, il empêche les députés d'exercer leurs fonctions et il fait faire à d'autres sa sale besogne sans en assumer la responsabilité. Lorsqu'il se fait prendre, il s'indigne et pousse de hauts cris dans cette vénérable enceinte à l'intention des Canadiens qui suivent le débat, mais ses paroles sont creuses.
Il est très troublant que le gouvernement affiche une telle désinvolture à l'égard des normes démocratiques qui garantissent la stabilité et la prospérité de notre pays lorsqu'il s'agit de protéger les pouvoirs ancrés dans la tradition et l'histoire de la Chambre. On en vient à se demander ce que les libéraux nous réservent et laquelle des traditions démocratiques ils laisseront tomber ensuite sous prétexte qu'elle dérange la mise en oeuvre de leur excellent programme politique.
Peut-être devrions-nous renoncer à nous réunir. Nous pourrions nous contenter d'installer des applications sur les tablettes des députés, de les faire participer à la période des questions par téléphone, de les faire voter en ligne et de leur demander de transmettre leurs allocutions par courriel. Selon la logique qui sous-tend le programme libéral de modernisation de la Chambre, les députés n'auraient plus à se déplacer jusqu'ici. Tout pourrait être fait pour que les députés n'aient plus à sortir du lit, le matin, pour exercer leurs fonctions parlementaires.
Je suis certaine que les libéraux adoreraient que les députés aient chaque jour une heure de moins pour examiner les agissements des occupants des banquettes ministérielles et poser des questions au nom de leurs concitoyens, qu'ils disposent de plusieurs heures de moins pour débattre des mesures législatives à la Chambre, qu'ils aient encore moins de temps pour découvrir des scandales et des abus de privilège et qu'ils aient un jour de moins pour présenter ces projets de loi d'initiative parlementaire embêtants que les libéraux dénigrent si facilement.
Pensons simplement à la taille de la limousine que la aurait pu louer et facturer aux contribuables si elle n'avait pas eu à rendre des comptes aux députés. Imaginons la somme que le Parti libéral du Canada pourrait recueillir s'il pouvait monnayer chaque appel téléphonique, chaque tasse de café qu'un ministre boit en compagnie d'une personne qui ne fait pas partie du personnel. Songeons aux vacances que le pourrait prendre s'il n'avait pas à répondre à la population canadienne dans ce temple de la démocratie.
Les députés d'en face diront que j'exagère; c'est peut-être un peu vrai. La leader du gouvernement à la Chambre n'a proposé aucune règle qui permettrait aux députés de demeurer en permanence à la maison.
Les députés accomplissent un travail important lorsqu'ils échangent avec les habitants de leur circonscription. Voilà pourquoi nous consacrons 26 semaines par année à dialoguer avec les gens que nous représentons, et 26 semaines par année ici, à transformer leurs préoccupations en mesures législatives qui peuvent améliorer leur vie. C'est le but ultime.
Ce qu'il y a de plus préoccupant, peut-être, dans la façon dont le gouvernement aborde la reddition de comptes à la Chambre, c'est son empressement à faire fi de ses principes, quels qu'ils soient, pour procéder de la façon qui lui semble la plus opportune un jour donné. La plupart des réformes qu'il a suggérées n'améliorent pas objectivement le fonctionnement du Parlement, mais donnent plutôt au gouvernement plus de liberté pour déterminer ce qu'il juge indiqué dans les circonstances. Il nous demande de lui faire confiance, disant qu'il va prendre les bonnes décisions. Toutefois, je ne lui fais pas vraiment confiance. À vrai dire, les seuls qui font confiance aux députés d'en face pour agir dans le respect des lignes directrices généralement reconnues, notamment en matière de transparence et de responsabilité envers les Canadiens, sont ces députés eux-mêmes. Ils sont tellement aveuglés par les signes extérieurs du pouvoir que, bien souvent, ils restent assis sans rien faire et applaudissent lorsque la défend l'indéfendable ou tente de faire comprendre l'incompréhensible.
Les députés se souviennent-ils lorsque le , il y a quelques semaines, a répondu à toutes les questions posées durant la période des questions? Les libéraux se sont servis de cette démonstration pour illustrer les avantages qu'il y aurait à avoir une période des questions au premier ministre et pour exalter les vertus de leur proposition. Puis, le député de a malencontreusement pris la parole pour dire qu'il n'avait pas été nécessaire de modifier le Règlement pour que le premier ministre procède ainsi.
Quelle a été la réaction des libéraux? Il ne s'agissait pas d'exclamations de reconnaissance et d'acceptation ni de la prise de conscience subite que — ma foi — ils aient pu avoir tort sur toute la ligne, et que les changements de comportement sont simplement le fait du chef; ils ne nécessitent aucunement de changer le Règlement qui régit la Chambre. Non, c'est hier que nous avons vu la réponse. Indifférents à l'erreur de logique que les députés de ce côté de la Chambre ont signalée très clairement, les libéraux ont fait savoir qu'ils comptent néanmoins aller de l'avant avec les changements unilatéraux apportés au Règlement, et au diable l'opposition.
La leader parlementaire du Parti libéral veut mettre fin au débat et au dialogue concernant les changements proposés. Pour ne pas donner aux conservateurs un « droit de veto » sur les priorités du gouvernement, elle refuse de respecter une tradition parlementaire vieille de plusieurs centaines d'années qui demande un consentement unanime de la Chambre.
On a du mal à croire l'arrogance du gouvernement et son mépris envers le travail accompli à la Chambre par tous les partis. Nous avons négocié de bonne foi. Maintes fois, avec le Nouveau Parti démocratique, nous nous sommes montrés favorables à des négociations de réformes concrètes et significatives dans la façon dont nous menons les travaux de la Chambre.
Notre seule exigence est que l'on ne prenne aucune décision sans le consentement unanime de tous les partis de la Chambre, une tradition que cette enceinte honore depuis longtemps. La leader du gouvernement à la Chambre n'a pas tenu compte de notre main tendue, car elle soutient que cela reviendrait à accorder aux conservateurs un droit de veto. Il y a des moment où je souhaiterais que nous ayons un tel droit, car nous pourrions alors annuler en un instant les dépenses excessives, la hausse du fardeau fiscal et les réformes qui rendent la vie plus facile pour les libéraux, mais plus difficile pour tous les autres. Cependant, ce n'est pas de cette façon que fonctionne un gouvernement majoritaire, et j'accepte cette réalité.
Plus important encore, ce n'est pas de cette façon qu'on respecte l'institution qu'est le Parlement. De ce côté-ci de la Chambre, nos 99 sièges représentent près de 10 millions de Canadiens. Il est vrai que tous n'ont pas voté pour nous, mais nous représentons quand même ces personnes. Ne méritent-elles pas d'être représentées de façon équitable lorsqu'il s'agit de se pencher sur les rouages de la démocratie canadienne?
Le manque de respect dont la députée d'en face fait preuve à l'égard de cette institution est ahurissant. Cela me rappelle le jour de la présentation du budget de 2017. Deux députés ont tenté d'entrer au Parlement pour voter, mais ils ont été retenus parce qu'on a jugé qu'il était plus important de s'occuper de l'autobus des médias qui suivait le que du transport des députés qui se rendaient au travail.
Lorsqu'il donnait son opinion sur cette motion, le député de a déclaré que les principaux intéressés n'avaient qu'à partir plus tôt. C'est troublant. Il affiche ainsi son profond mépris pour les députés qui n'appartiennent pas au parti ministériel. En somme, il n'y aurait jamais eu de problème si les gens étaient partis un peu plus tôt, mais des obstacles imprévus surviennent parfois, comme la navette des médias du premier ministre.
Les députés ne devraient pas avoir à rater un vote parce que le premier ministre a besoin de maximiser sa présence dans les médias. Mais surtout, les centaines de milliers de Canadiens que représentent les députés de et de ne devraient absolument pas être muselés simplement parce que c'est le désir du gouvernement.
Pour la première fois de l'histoire du Parlement, le gouvernement a mis fin à un débat avant qu'un vote puisse avoir lieu. Il n'a pas permis aux députés de se prononcer sur une question de privilège. C'est une attaque sans précédent contre les députés, à tel point que le député de a dû soulever une question de privilège à propos de l'absence d'un vote sur l'autre question de privilège. Il a eu gain de cause et a pu présenter cette motion. Je tiens à le remercier d'avoir défendu les droits de tous les députés, tandis que le gouvernement s'emploie de plus en plus à miner ces droits.
D'après la leader du gouvernement à la Chambre, le gouvernement prend des mesures sans précédent pour mener son programme à bien. Elle dit vrai. C'est une mesure sans précédent pour un gouvernement que de couper court à un débat sur une question de privilège. Il est aussi extrêmement rare qu'un gouvernement impose une réforme des règles de la démocratie canadienne. Je ne sais pas si la leader du gouvernement pensait à ces exemples déplorables. Si le gouvernement libéral et le premier ministre continuent de manquer de respect à cette institution qu'est le Parlement, le principal souvenir qu'ils laisseront derrière eux sera celui de leur dédain pour la démocratie.
Le gouvernement dit devoir absolument imposer une réforme du Règlement parce qu'il a promis aux Canadiens, pendant la campagne électorale, de moderniser le Parlement. Il y a de quoi rire.
Je n'aurais pas le temps de dresser la liste de toutes les promesses que le gouvernement a bafouées, mais j'en nommerai quelques-unes. Je rappelle donc aux députés que les libéraux avaient promis d'accumuler de faibles déficits d'environ 10 milliards de dollars et d'équilibrer le budget pendant la quatrième année de leur mandat. Cette promesse n'a pas fait long feu.
Les députés se souviennent-ils de l'engagement du gouvernement envers la transparence et la reddition de comptes, notamment à propos des activités de financement qui permettent d'avoir accès à un ministre? Les libéraux ont vite abandonné cette promesse quand ils ont vu les sommes que rapporte la vente d'un accès aux ministres.
Les libéraux s'étaient aussi fermement engagés à ne pas gaspiller l'argent des contribuables. Il semble toutefois que, lorsqu'ils ont découvert qu'ils pouvaient s'offrir des balades en voiture de luxe tout en aidant un bénévole libéral, ils n'ont pas pu résister.
On peut aussi penser à la réforme électorale, une promesse annoncée en grande pompe et chaudement louangée. Les travaux se sont étalés sur plusieurs mois avant d'être abandonnés.
Est-ce que quelqu'un se souvient pourquoi? Les libéraux affirment qu'il n'y avait pas consensus sur les changements souhaitables. Pourquoi cette situation est-elle différente? Pourquoi, constatant l'absence de consensus et voyant qu'il serait avantageux pour eux de ne rien faire, les libéraux se plaisent-ils à renier une promesse électorale alors que, en l'absence de consensus et voyant qu'il serait avantageux pour eux d'aller de l'avant, ils reprochent à l'opposition de leur nuire? Pourquoi les libéraux jugent-ils acceptable de diriger avec un tel manque d'uniformité?
Nous connaissons notre position. Nous connaissons la position de nos collègues néo-démocrates. Je ne suis pas certain toutefois que les députés libéraux connaissent la position de leur gouvernement. La seule chose qui motive les mesures prises par le gouvernement actuel, c'est l'avantage que peuvent en retirer les libéraux. C'est ce qui détermine les choix du gouvernement. Ce n'est pas l'intérêt supérieur des Canadiens ni celui du pays qui lui importe, mais l'avantage qu'il retirera de ces mesures. Le gouvernement restreint le débat lorsque la mesure ne lui convient pas. Il fait adopter à toute vapeur les changements pouvant l'aider à se soustraire à son obligation de rendre des comptes.
Ce qui est possiblement le plus révélateur du caractère fâcheux des mesures prises par les libéraux, c'est que le député qui prend le plus souvent la parole est le et député de . J'admire ses talents d'orateur, et je suis certain qu'il prendra encore la parole pour faire étalage de son savoir-faire. Ce que j'aimerais savoir, toutefois, c'est pourquoi les autres députés cherchent tant à éviter de parler de quelque chose qu'ils savent être inadmissible. Ils sont heureux de céder la parole au membre le plus volubile de leur caucus, et je ne peux pas le leur reprocher. Je n'aimerais pas non plus devoir justifier les mesures prises par le gouvernement actuel. C'est l'une des nombreuses raisons pour lesquelles je siège de ce côté-ci de la Chambre, avec les conservateurs.
Le gouvernement continue à battre des records, et pas sur les plans de la création d'emplois, de la croissance économique ou de choses qui faciliteraient la vie des Canadiens. Ce qui est sans précédent, c'est la virulence avec laquelle le gouvernement s'en est pris aux députés dont les privilèges semblent avoir été violés à première vue. J'encourage tous les députés libéraux d'arrière-ban à entendre raison et à faire le bon choix quand il s'agira de voter sur la question.
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Monsieur le Président, j'ai l'honneur de pouvoir m'exprimer aujourd'hui sur cette motion. Je vais partager mon temps de parole avec ma collègue d', une jeune députée qui, comme moi, a été élue aux dernières élections, en 2015. C'est une femme extraordinaire qui s'impliquait beaucoup dans sa communauté avant d'être députée. Je ne veux pas lui mettre des mots dans la bouche, mais elle parle des enjeux de sa communauté avec passion et fougue, la même passion qu'elle avait lorsqu'elle s'était portée candidate. Tout comme moi, elle croit à la démocratie et à son application à la Chambre.
Lorsque j'ai été élue, je suis arrivée avec beaucoup d'idées et d'enjeux à soulever, mais j'avais surtout un souci de transparence et le désir d'être la voix de tous les citoyens de la circonscription de Jonquière. D'ailleurs, en fin de semaine, il y avait une grande marche à Dolbeau-Mistassini, au Saguenay—Lac-Saint-Jean. Des travailleuses et des travailleurs extraordinaires se sont rassemblés derrière un but commun. Ils étaient unis pour la forêt, mais surtout pour revendiquer la protection de l'industrie forestière. On sait qu'une crise est imminente, et malheureusement, on envisage des milliers de pertes d'emplois si le gouvernement n'agit pas. Je suis donc fière d'être la voix des citoyens de Jonquière à la Chambre.
Pour revenir au sujet qui nous intéresse, je rappelle que notre travail de député consiste à nous présenter à la Chambre pour faire valoir les enjeux qui sont importants pour les gens que nous représentons. Il en va ainsi pour tous les députés des 338 circonscriptions. Nous représentons avant tout les citoyens et les citoyennes. Je porte les couleurs d'un parti politique, le NPD, dont je suis fière et qui a les mêmes valeurs que je préconise à tous les moments de ma vie et dans le cadre de mes fonctions. Toutefois, les citoyens et les citoyennes sont prioritaires.
Alors, lorsque nous venons à la Chambre, à Ottawa, et que nous sommes appelés à voter, nous ne devons subir aucune obstruction. Je tiens d'ailleurs à souligner le travail extraordinaire des agents qui assurent notre sécurité sur la Colline. En tant que nouvelle députée, je me suis souvent perdue dans cet immense et beau paysage qu'est Ottawa, mais surtout sur la Colline, où il y a d'innombrables bureaux. Toutefois, les agents ont toujours été là pour moi. Même quand j'étais inquiète, ils étaient là pour me rassurer. Je tiens donc à souligner le travail extraordinaire qu'ils font pour nous.
Depuis les événements dramatiques qui sont survenus, ils se doivent d'être toujours aux aguets, et ce n'est pas évident d'être toujours sur le qui-vive. Je tiens donc à les saluer et à les remercier au nom de tous mes collègues. Ils s'occupent de nous et nous permettent d'exercer nos fonctions, notamment d'accéder librement à la Chambre et de voter. C'est pourquoi il est important d'en débattre.
Quand je viens à la Chambre, je m'attends à ce que mes propos soient retenus, car nous sommes tous égaux. Que nous soyons au gouvernement ou dans l'opposition, nous avons le droit de nous exprimer, et nos propos doivent être pris en considération.
Alors, on ne peut pas simplement dire qu'on détient la majorité et qu'on a été élu par les Canadiens et les Canadiennes pour les représenter. C'est vrai que le gouvernement fait partie du Parlement, mais lorsqu'on propose des changements importants, il est nécessaire d'obtenir un consensus. Les députés de la Chambre ont des opinions différentes et nous ne devons pas toujours être d'accord à 100 %, mais il faut tout de même un certain accord.
Il faut se rappeler l'importance d'être à la Chambre et l'importance des comités. Il existe divers paliers. Beaucoup de choses sont complexes et, comme nouvelle députée, je ne cacherai pas que j'ai encore un peu de difficulté à bien comprendre les processus. Toutefois, nous avons la chance d'avoir des gens extraordinaires, entre autres les greffiers, pour nous aider à bien faire fonctionner la Chambre. Je fais confiance aux diverses instances. Si elles ont été formées et qu'elles ont toujours fonctionné, il faut continuer en ce sens. Par contre, il ne faut pas que l'histoire se répète.
J'ai entendu plusieurs histoires à la Chambre concernant des événements survenus dans le passé. Je n'étais pas là, puisque j'ai été élue en 2015. Si des événements comme celui-ci se sont déjà produits, pourquoi ne fait-on pas en sorte de faire un travail constructif et d'apporter des changements? Il faut tous être consultés et il faut tous faire partie du processus. En effet, tous les députés, tous partis confondus, doivent faire partie du processus. Nous sommes la voix des Canadiens et des Canadiennes.
Selon moi, le travail d'un député, c'est avant tout de représenter les gens de sa circonscription. Mes concitoyens estiment que j'ai une tribune pour m'exprimer, que je peux aller voter librement et que l'accès à la Colline est facile. Ils estiment aussi que je peux rendre des comptes.
Lorsque je vais dans ma circonscription, je rencontre une collectivité vive et dynamique. On y retrouve les Chevaliers de Colomb, la Légion royale canadienne et les Filles d'Isabelle, par exemple. Plusieurs associations dynamiques organisent un grand nombre d'activités. J'ai l'occasion d'interagir et de discuter avec mes concitoyens.
Au cours des deux dernières semaines, les gens de ma circonscription m'ont posé des questions complexes. À la Chambre, tout va très vite et nous vivons cela tous les jours. Toutefois, c'est parfois complexe pour les citoyens et les citoyennes. Ils se demandent ce qui se passe et où s'en va leur démocratie, puisqu'on ne demande pas leur opinion. Se sentent-ils bien représentés? Oui, parce qu'ils savent que chaque député présent à la Chambre travaille pour eux.
J'ai parlé plus tôt de l'excellent travail de la députée d'. Elle travaille avec rigueur et passion. On met tous la main à la pâte, parce qu'on a un objectif commun, un but commun. Pour atteindre ce but, il faut avoir la possibilité de s'exprimer et de pouvoir voter.
J'espère que les députés à la Chambre pourront continuer à travailler ensemble. Il faut faire fi des barrières, qu'on soit d'accord ou pas. L'important, c'est non seulement se rappeler de tout ce qui s'est passé, mais de régler la situation une fois pour toute. Il faut donner la chance à tous les députés de s'exprimer, qu'on soit d'accord ou pas. Il faut que cela soit pris en considération de part et d'autre. À mon avis, c'est l'essence même de plusieurs propos soulevés à la Chambre.
La liberté d'expression est vraiment importante. Il faut que les votes et les discours soient pris en compte. Il faut avoir un accès plein et entier à la Chambre des communes. On ne devrait empêcher aucun député d'aller voter. En outre, on ne devrait empêcher aucun député de s'exprimer au nom de ses concitoyens et de ses concitoyennes.
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Monsieur le Président, j'aimerais remercier la députée de de ses bons mots. Je sais qu'elle a travaillé dur pour arriver ici, à la Chambre des communes, y prendre place et avoir la possibilité de s'exprimer comme elle vient de le faire sur cette question de privilège et sur bien d'autres questions aussi. Je sais le travail qu'elle a accompli ici pour les habitants de sa circonscription et à quel point elle voit son rôle avec sérieux.
Je suis heureuse de m'exprimer aujourd'hui sur cette question de privilège. Je tiens à souligner que les députés n'auront pas tous l'occasion de le faire, étant donné que la leader du gouvernement à la Chambre a invoqué la clôture une deuxième fois. Ainsi, bon nombre des députés qui avaient prévu s'exprimer sur la question plus tard aujourd'hui ne pourront pas le faire. En quelque sorte, ce sera leur privilège qui sera atteint aussi, puisqu'ils n'auront pas la possibilité de prendre la parole à la Chambre et de prononcer un excellent discours, comme vient de le faire la députée de .
Nous débattons de cette question en raison de ce qui est arrivé à la députée de et au député de le jour du budget. Malheureusement, ces deux députés ont manqué un vote parce que le passage de l'escorte motorisée du , dont les véhicules, nous le savons maintenant, étaient vides, a empêché la navette parlementaire de les prendre à l'arrêt. Ainsi, mes deux collègues n'ont pas pu s'acquitter de leur devoir de représentant élu.
Les votes représentent une partie très importante de notre travail. Une atteinte à notre privilège en la matière est une question grave qui doit être débattue à la Chambre. Nous n'en sommes pas à notre premier débat sur cette importante question. La première fois, les libéraux ont mis fin au débat, mais le Président s'est prononcé contre cette clôture, jugeant que cette dernière ne respectait pas les règles de la Chambre. Il a affirmé que le Règlement prévoyait clairement que la question de privilège avait préséance sur toutes les autres questions.
Malheureusement, nous faisons face aujourd'hui à la même approche musclée. La leader du gouvernement à la Chambre des communes a invoqué encore une fois la clôture afin de couper court au débat. Une telle mesure n'avait jamais été prise à la Chambre et l'arrogance qu'elle révèle est sans précédent.
J'ai le plus grand respect pour les membres du Service de protection parlementaire et je leur lève mon chapeau. Ils font un excellent travail pour appuyer les privilèges, les droits et les devoirs des députés. J'ai beaucoup de respect pour les conducteurs d'autobus qui assurent nos déplacements dans la Cité parlementaire et pour l'ensemble du personnel qui s'y trouve.
La question de privilège ne vise pas à blâmer ces travailleurs. La GRC, présente à la Chambre, rend des comptes uniquement au gouvernement. La leader du gouvernement à la Chambre des communes a affirmé plus tôt que nous avions besoin de réponses: elle n'avait pourtant qu'à demander à la GRC, qui relève du gouvernement, ce qui s'était passé. Nous devons obtenir la garantie absolue que cette situation ne se répétera jamais.
Le débat actuel porte sur le fait que des députés ont été empêchés de remplir leurs fonctions. Pourquoi est-ce arrivé? Pourquoi les autobus n'ont-ils pas pu amener les députés jusqu'ici? L'équipe du était-elle au courant de ce qui se passait? Cette situation risque-t-elle de se répéter? Nous devons obtenir des réponses à ces questions. Comme je l'ai dit plus tôt, ce n'est pas pour rien que la présidence a conclu qu'il y avait de prime abord matière à question de privilège.
Il est évident que cette question doit être étudiée davantage par le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, mais — et il s’agit là d’une nuance importante — nous n'avons pas à mettre fin au débat sur le privilège à la Chambre pour ce faire. Le gouvernement continue d’étouffer le débat sur la question de privilège. Plutôt que de permettre au Parlement de débattre librement du fait que les députés n’aient pas été capables de se mouvoir librement au sein de la Cité parlementaire, les libéraux ont choisi une fois de plus de mettre fin au débat.
Pendant que nous débattons des privilèges parlementaires, nos collègues au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre font de l’obstruction pour dénoncer la tentative du gouvernement de changer de manière unilatérale le Règlement et la façon dont fonctionne le Parlement. Le problème est que le gouvernement tente de changer le Règlement pour qu’il profite aux libéraux en retirant des pouvoirs à l’opposition et en en donnant plus au gouvernement. C’est antidémocratique, surtout dans un système comme le nôtre, au sein duquel le gouvernement a déjà beaucoup de pouvoir. Le Règlement fait partie intégrante de notre système de freins et de contrepoids pour empêcher que ce genre d’abus ait lieu.
Pourquoi le gouvernement mettrait-il fin à ce genre de débat? C’est une question que se posent beaucoup de députés de ce côté-ci de la Chambre. J’oserais même dire que certains députés de l’autre côté de la Chambre se la posent aussi et n’approuvent pas ce que trame le gouvernement à la Chambre.
J’invite les députés libéraux qui sont de nouveaux parlementaires, comme moi, à imaginer comment ils se sentiraient s'ils ne pouvaient pas avoir accès à la Colline pour un vote et que leur privilège parlementaire — et celui des gens qu’ils représentent — était violé. N’auraient-ils pas envie d’avoir la possibilité d'en débattre pleinement? Je sais que mes collègues de ce côté-ci de la Chambre veulent pouvoir en débattre. C’est d'ailleurs la raison pour laquelle la liste des orateurs est si pleine même si nous savons que les libéraux mettent fin une fois de plus au débat en invoquant la clôture.
Ce que les libéraux font à la Chambre est une prise de pouvoir totale. Je veux qu'ils réfléchissent sérieusement à ce comportement et à ce que pensent les Canadiens de ce mépris aussi flagrant à l'endroit de ceux qui ont été élus pour siéger à la Chambre.
Être en mesure de nous présenter ici et d'accomplir notre travail tous les jours est essentiel pour réussir à représenter notre circonscription. C'est pourquoi nous parlons de privilège. Étouffer le débat sur notre capacité d'accomplir notre travail envoie un message clair aux Canadiens au sujet des priorités des libéraux, qui réduisent au silence toute personne qui n'est pas d'accord avec eux. Dans cette enceinte, c'est le rôle de l'opposition et, à titre d'opposition, nous avons des outils à notre disposition pour demander des comptes au gouvernement.
D'ailleurs, l'une des premières choses qu'on remet à tous les députés, c'est le grand livre vert, la bible parlementaire d'O'Brien et Bosc. Cet ouvrage de procédure donne aux nouveaux parlementaires tout ce dont ils ont besoin pour s'acquitter de leurs tâches de leur mieux. Au cours des 18 derniers mois, j'ai beaucoup appris grâce à ces règles, ce qui me permet de représenter ma circonscription avec dignité et intégrité.
Je n'abandonne pas facilement. C'est probablement à cause de cette ténacité que je siège ici aujourd'hui et que j'apprécie ces outils et que je leur accorde une si grande importance. Quand je m'interroge sur la meilleure façon de m'acquitter de ma tâche de parlementaire, je consulte souvent ce grand livre vert, le précis de procédure parlementaire qui fait état de tous les outils à notre disposition. Je suis convaincue que c'est exactement ce qu'attendent les gens qui ont voté pour que je les représente dans cette enceinte.
Plus tôt, j'ai mentionné que, à l'instar des autres nouveaux députés, j'ai été conviée à un lunch dans le magnifique édifice Sir-John-A.-Macdonald situé de l'autre côté de la rue. Le nouveau est entré dans la salle et s'est dirigé vers la tribune, les manches relevées. Il a pris le microphone et il a promis de gouverner différemment et d'être à l'écoute. Bref, il a affirmé que la situation serait tout autre que sous la direction du premier ministre sortant. Il a notamment promis que le gouvernement respecterait et écouterait l'opposition.
J'étais optimiste et j'ai cru dans le changement positif promis. Malheureusement, il est on ne peut plus clair aujourd'hui que ces promesses ne laissaient présager rien de bon. La situation est effectivement différente, mais pas à l'avantage des Canadiens. Je me rappellerai toujours ce moment où le premier ministre est entré dans la salle. J'interviens régulièrement à la Chambre pour exprimer ma consternation devant l'incroyable volte-face du nouveau premier ministre.
Je peux dire en toute honnêteté qu'il m'apparaît clairement que le n'éprouve aucune difficulté à dire une chose et à faire le contraire. Il a dit qu'il ne se servirait jamais de projets de loi omnibus, mais il l'a fait. Il a dit que les élections de 2015 seraient les dernières organisées selon le système majoritaire uninominal à un tour, mais nous savons tous que ce ne sera pas le cas. Il a dit qu'il écouterait et respecterait l'opposition. Eh bien, rien n'est plus faux. Rien ne mettrait davantage en lumière ce point que le récent comportement des libéraux à la Chambre.
Nous revoilà aujourd'hui avec des députés qui ont été élus pour représenter les Canadiens et qui se battent pour obtenir du respect à la Chambre. La Chambre devrait être un endroit où les gens sont traités avec le plus grand respect qui soit et non un champ de bataille où l'on se bat pour faire respecter ses droits constitutionnels.
J'ai pris la parole à la Chambre au sujet de ma propre question de privilège. Je comprends donc très bien les répercussions d'une atteinte au privilège sur notre travail à la Chambre.
On observe une tendance à l'irrespect et au mépris à l'égard de l'opposition à la Chambre et il faut que cela cesse. Il s'agit d'un poison qui finira par nuire aux intérêts des Canadiens. La Chambre des communes est devenue un milieu de travail toxique et entaché par les expressions galvaudées du gouvernement qui ne font qu'engendrer le cynisme.
Le problème a commencé l'année dernière, lorsque les libéraux ont tenté un coup de force avec la motion no 6, que le gouvernement a judicieusement abandonnée. Nous avons maintenant une nouvelle , mais elle agit à la Chambre comme si les libéraux ont le pouvoir de tout modifier.
J'ose croire que même les députés d'en face s'étaient porté candidats aux élections pour améliorer les choses. Aujourd'hui, les gens se demandent ce qu'il advient de ces belles promesses, que j'ai moi-même entendu le nouveau nous faire à tous.
Les députés ont le droit constitutionnel à un accès sans entrave à la Chambre pour voter et participer aux débats. On devrait laisser le débat actuel se poursuivre jusqu'à sa fin et non jusqu'au moment où les libéraux pensent qu'il devrait se terminer. Il devrait se poursuivre jusqu'à ce que tous les parlementaires aient eu l'occasion de donner leur opinion.
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Monsieur le Président, je me joins au nombre croissant de députés de l'opposition qui implorent les ministériels d'appuyer la motion visant à renvoyer la question de privilège au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre. Avant d'entrer dans le vif du sujet, je commencerai par donner quelques renseignements afin de mettre la situation en contexte pour les gens de Calgary Rocky Ridge qui nous écoutent aujourd'hui, mais qui n'ont pas suivi tout le débat sur ParlVU ou sur CPAC et qui se demandent ce dont il est question.
Le débat d'aujourd'hui porte sur une question de privilège. Tout comme le pouvoir entraîne des responsabilités, les responsabilités doivent être accompagnées des pouvoirs nécessaires pour s'acquitter de celles-ci. Lorsqu'on élit un député, on lui confie la responsabilité de représenter les gens de sa circonscription à la Chambre des communes. Pour s'acquitter de cette responsabilité, les députés disposent de certains outils et pouvoirs qui leur sont conférés par la loi et par ce que l'on appelle le privilège parlementaire. Pour certains Canadiens, le mot « privilège » pourrait évoquer quelque chose de positif, et ceux-ci pourraient penser aux choses spéciales que certaines gens peuvent faire ou dont ils peuvent bénéficier, tandis que pour d'autres le terme pourrait avoir une connotation négative et faire penser aux choses dont seulement certaines personnes peuvent profiter sans le mériter. Cependant, lorsque les députés parlent de leurs privilèges, ils font référence aux outils dont ils ont besoin pour faire leur travail.
Selon un principe fondamental de la démocratie occidentale, et particulièrement des parlements de type britannique, le respect de la procédure est aussi important que les résultats. Qu'il soit question de l'application régulière de la loi pour faire condamner quelqu'un en cour ou de la procédure parlementaire permettant l'adoption de la loi en vertu de laquelle les accusations ont été portées, le processus est important. Les privilèges parlementaires font partie intégrante des moyens par lesquels le Parlement gouverne le Canada. Ces privilèges sont beaucoup plus importants que le programme de tout gouvernement, car ils perdurent tandis que les gouvernements se succèdent.
Ce sujet a fait l'objet de beaucoup de discussions avant les semaines que nous venons de passer dans nos circonscriptions. Par conséquent, je serai bref. Le jour du budget, la députée de et le député de n'ont pas été en mesure de se rendre à temps à la Chambre des communes pour voter, étant donné que les autobus de la Cité parlementaire ont été arrêtés à l'entrée par le personnel chargé de la sécurité. Cela a enfreint leur droit d'être ici pour représenter les électeurs de leur circonscription. Voilà pourquoi les députés ont soulevé une question de privilège.
Le Président s'est penché sur la question et a conclu qu'il y avait, à première vue, une atteinte au privilège. La députée de Milton a proposé la motion appropriée tendant à renvoyer la question au comité de la procédure et des affaires de la Chambre. Un débat au sujet de la cause exacte du blocage des autobus s'en est suivi. Mon collègue de Beauce a raconté que le Service de protection parlementaire lui a dit que les véhicules vides de l'escorte motorisée du quittaient la Colline et que c'est ce qui causait le retard. S'il existe des doutes concernant cette déclaration, il ne devrait pas être difficile de retrouver l'agent qui a fourni l'information au député et de lui demander directement ce qu'il a dit. Cependant, la Chambre n'est pas un tribunal. Elle n'a pas l'autorité d'appeler des témoins et d'examiner des témoignages; le comité de la procédure, si. Cette question devrait être étudiée par ce comité. Des témoins pourraient être assignés et l'agent qui a parlé au député de Beauce de l'escorte motorisée du premier ministre pourrait répondre à des questions aux fins de compte rendu. Le rapport d'enquête du Président pourrait aussi être analysé ligne par ligne jusqu'à ce que le Parlement sache exactement ce qui s'est passé.
Compte tenu du fait qu'une situation très semblable à celle-ci s'est produite il y a quelques années, il aurait dû être évident que l'enjeu devait être immédiatement renvoyé au comité de la procédure aux fins d'un examen complet. Je n'étais pas député lorsqu'Yvon Godin a soulevé une question de privilège après qu'il se soit vu refuser l'accès à la Chambre pour des raisons de sécurité lors de la visite d'un dignitaire, mais je vais joindre ma voix à celle de mes collègues et affirmer que l'enjeu avait tout de suite été renvoyé au comité de la procédure. La question avait même fait préséance sur les autres travaux dont le comité était saisi à ce moment-là. C'était la meilleure façon de procéder à l'époque, et c'est la meilleure façon de procéder aujourd'hui.
Cette façon de faire respecte les us et coutumes de la Chambre, comme l'a si bien dit mon collègue de . Elle maintient la tradition séculaire du Règlement. Cependant, les libéraux continuent de s'opposer à la motion, laquelle vise à renvoyer la question de privilège au comité de la procédure, ainsi qu'à l'amendement, qui a pour but de faire en sorte que la question ait préséance sur toutes les autres questions au programme de ce comité. Ils ont même accusé la loyale opposition de transformer cette affaire en une question partisane parce qu'elle avait parlé de la version des faits du député de .
Selon moi, le n'a pas agi par malveillance et n'avait pas l'intention de porter atteinte au privilège parlementaire. Je ne l'accuse pas d'avoir volontairement obstrué l'accès à la Chambre et d'avoir utilisé son cortège de voitures comme stratégie. En effet, selon le rapport du Président, cette situation semble être le fruit de processus bureaucratiques ayant entraîné une suite d'événements involontaires qui ont à leur tour provoqué une atteinte au privilège. Or, dans ses réponses, le a adopté une attitude défensive qui n'aurait pas du tout été justifiée si nous avions simplement eu affaire à un exemple flagrant de mauvaise communication et de dysfonctionnements sans motifs partisans.
Je suis d'accord avec mon collègue de . Je trouve que ce secrétaire parlementaire proteste trop; or, ses protestations et sa façon d'être sur la défensive sont autant de raisons de renvoyer cette affaire au comité de la procédure pour qu'il y ait une enquête approfondie, non pas pour attaquer ou condamner le pour avoir usé de tactiques partisanes méprisantes, mais pour déterminer la cause exacte de l'incident et, de là, peut-être, blanchir le premier ministre de tout soupçon par association avec ces événements.
La capacité et la détermination de la leader du gouvernement à la Chambre et de son secrétaire parlementaire à prendre la parole jour après jour pour défendre les politiques et les actions du gouvernement en dépit des critiques justifiées sont renversantes. En effet, le ne cesse, de manière inébranlable et exemplaire, d'opposer des réponses vagues aux appels à la transparence, esquivant et détournant adroitement les tentatives pour forcer le gouvernement à rendre des comptes. Un tel talent est étrangement impressionnant, mais le moment est mal choisi pour mettre à contribution son talent particulièrement discutable et son imperméabilité à la honte.
Les atteintes au privilège parlementaire qui empêchent les députés de représenter les électeurs vont au-delà de toute action temporaire relevant de la rivalité ordinaire. Elles touchent le coeur même du gouvernement représentatif constitutionnel, la procédure parlementaire britannique, et ce qu'on considérait au XIXe siècle comme un gouvernement responsable.
Le problème sur lequel nous nous penchons ne devrait pas être considéré comme une affaire partisane ou comme une question de politique apte à susciter un débat dans cette enceinte. C'est en fait une importante question de procédure qui relève du comité de la procédure. Bloquer le renvoi immédiat de cette question au comité ou empêcher ce comité de la traiter en priorité, avant les autres questions, est une façon de la transformer en une affaire partisane parmi d'autres.
Le dit craindre que le comité de la procédure ne soit pas capable de résoudre le problème, vu la teneur du débat à la Chambre jusqu'à maintenant. Nous pourrions bien donner nos appréciations respectives du fonctionnement des comités permanents dans la présente législature, mais une telle discussion nous éloignerait du sujet principal. Il est inutile d'épiloguer sur le travail du comité de la procédure pour savoir s'il fonctionne aussi efficacement que nous le souhaiterions, car c'est de toute façon le seul endroit où les questions de privilège peuvent être examinées.
Que deux députés de l'opposition ratent un vote sur le budget d'un gouvernement majoritaire peut avoir l'air d'une question sans importance aux yeux de nombreux Canadiens, mais si nous ne résolvons pas le problème maintenant, alors que les deux votes en question ne pouvaient pas faire tomber le gouvernement ou lui permettre de se maintenir, des gouvernements futurs pourraient avoir recours à des tactiques malhonnêtes lors de votes de confiance cruciaux. Je ne voudrais pas tomber dans les hyperboles ni invoquer l'argument de la pente savonneuse, mais je dois dire que, en faisant peu de cas de cette question de privilège et en refusant de la renvoyer au comité de la procédure, on établit un précédent très dangereux.
Comme d'autres députés l'ont mentionné, le droit légal des députés d'assister aux séances de la Chambre des communes remonte à plusieurs siècles. Le roi a un jour tenté de faire arrêter des députés afin que ceux-ci ne puissent pas assister à une séance ou qu'ils ne puissent pas voter. La masse, qui se trouve à la Chambre lorsque nous siégeons et qui fait partie de la cérémonie quotidienne, symbolise ces privilèges gagnés de haute lutte. C'est une arme défensive qui symbolise le fait que les parlementaires ont un jour dû recourir à la force pour s'opposer au pouvoir de la Couronne, du gouvernement et de ses agents. La masse symbolise le fait que le peuple canadien est représenté par des députés et que le gouvernement n'a aucun pouvoir sur eux sans le consentement de la Chambre.
Je ne crois pas que les partis qui existent aujourd'hui tenteraient délibérément d'empêcher physiquement les députés de s'acquitter de leurs obligations parlementaires, mais il serait insensé de croire aveuglément en la bonne volonté des générations futures. L'origine et l'évolution des privilèges au cours des siècles font ressortir l'importance de protéger ces privilèges.
Si les libéraux se permettent à ce moment-ci de ne pas mener une enquête sur une question d'atteinte au privilège, un gouvernement futur pourrait tenter, de façon subtile ou pas si subtile, d'empêcher les députés de l'opposition de se rendre à la Chambre pour voter, puis pourrait simplement balayer les critiques du revers de la main en affirmant qu'il ne faisait que suivre le précédent que l'on tente aujourd'hui d'établir en ne renvoyant pas cette question de privilège au comité.
À propos de dangereux précédents, le premier jour de débat sur cette question de privilège, les libéraux ont fait quelque chose de jamais vu auparavant dans les parlements de Westminster. Ils ont coupé court au débat sur le privilège en proposant de passer à l'ordre du jour. Comme mon collègue de l'a fait remarquer, jamais dans l'histoire de la Chambre une question de privilège n'avait été traitée de cette façon. Jamais dans l'histoire de la Chambre un gouvernement n'avait osé empêcher les 338 députés de voter sur une question touchant leurs privilèges en tant que parlementaires. Les autres questions de privilège ont toujours fait l'objet d'un vote — pour ou contre —, mais cela n'a pas été le cas dans l'affaire qui nous intéresse aujourd'hui.
Un tel manque de respect pour les traditions et les procédures parlementaires du Canada ne paraît peut-être pas particulièrement important aux yeux des gens qui nous regardent. Il leur semble peut-être que le gouvernement s'occupe simplement de gouverner ou qu'il tente de contourner un obstacle afin d'être plus efficient, mais cette inefficience représente les freins et contrepoids nécessaires dans une démocratie.
Les solutions expéditives ne conviennent pas aux démocraties, lesquelles sont fondées sur les délibérations réfléchies et la représentation. En mettant fin à un débat sur une question de privilège qui concerne directement la représentation au gouvernement, les libéraux causent un tort grave et peut-être même irréparable au Parlement.
Le gouvernement libéral ne s'est pas contenté de créer un seul précédent en matière d'érosion des fondements des institutions démocratiques canadiennes. Comme le député de l'a signalé le 7 avril, les libéraux ont tenté de contourner les pratiques établies du comité de la procédure. En effet, plutôt que de voter pour une motion présentée à la Chambre des communes tendant à renvoyer la question de privilège au comité et à lui ordonner de l'étudier immédiatement, les libéraux ont voulu faire en sorte que le comité de la procédure entame sa propre étude sans en être mandaté officiellement par la Chambre.
Ce détail peut paraître obscur aux Canadiens à qui la procédure parlementaire est peu familière, mais il mérite d'être expliqué. Les comités permanents sont autorisés à lancer des études de leur propre chef au moyen d'une motion et peuvent mettre fin à ces études ou les interrompre par une autre motion. Cela signifie que l'étude d'une importante question de privilège pourrait être mise de côté au gré des députés libéraux — qui forment la majorité au comité de la procédure — plutôt que d'être menée immédiatement et en profondeur, comme l'exigerait un mandat de la Chambre des communes. Ainsi, les libéraux ont essayé d'esquiver l'étude d'une question de privilège en la rendant facultative plutôt qu'obligatoire, ce qui leur aurait permis de l'écarter à leur guise.
Examinons maintenant si le comité de la procédure est l'entité appropriée pour enquêter sur les questions de privilège. Je reconnais la délicatesse avec laquelle mon collègue d' a fait valoir au Parlement qu'on devrait avoir accès à tous les éléments de preuve sur lesquels le Président a fondé sa conclusion initiale qu'il y a eu, de prime abord, atteinte aux privilèges. Je vais donc me faire l'écho de ses observations. En parlant de la conclusion du Président, mon collègue a dit:
Ces constatations se trouvaient dans des rapports qui ont apparemment été fournis au Président. Je ne les ai pas vus. Je ne crois pas qu'ils aient été présentés à la Chambre, néanmoins, ils constituent le fondement sur lequel reposent les conclusions du Président.
Je suis d'accord avec lui pour dire que le comité de la procédure a le pouvoir de déterminer les faits et est mieux placé que le Président pour ce faire, malgré la nécessité entièrement raisonnable pour le Président de recueillir les faits afin d'établir s'il y a eu, de prime abord, atteinte aux privilèges. Les députés et, par extension, les citoyens que nous représentons ont le droit de savoir comment on fait respecter nos privilèges parlementaires. Ce droit comprend l'accès aux faits et aux témoignages entourant les cas d'atteinte aux privilèges, et la meilleure façon d'accorder cet accès est par l'entremise du comité de la procédure.
En ce qui a trait à l'amendement de mon collègue de à la motion à l'étude aujourd'hui, je comprends que le comité de la procédure est actuellement saisi de la question concernant des modifications proposées au Règlement. Toutefois, l'application du Règlement en vigueur a préséance sur la discussion de modifications ou d'innovations. C'est comme si on discutait de nouveaux gréements pour un navire en train de couler. Les réparations et la sécurité immédiate doivent avoir priorité sur les améliorations futures.
La députée de a mis le doigt sur la raison de la résistance du gouvernement à l'égard de la motion. Le 6 avril, elle a dit:
Nous ne permettrons pas aux conservateurs de faire de la politicaillerie avec les droits et les privilèges des députés. C'est trop important. Nous ne les laisserons pas non plus essayer de bloquer une étude sur la façon de moderniser les règles de la Chambre des communes.
Quelle façon ridicule de déformer la réalité! Elle semble sous-entendre, sans la moindre ironie et avec le plus grand sérieux, que les conservateurs, ainsi que tous les députés de l'opposition, font de la politicaillerie lorsqu'ils demandent que le comité de la procédure fasse enquête sur ce qui a mené à ce que deux députés se voient refuser l'accès à la Chambre pour le vote sur le projet de loi d'exécution du budget, une motion de confiance — pourtant elle sait que vous, monsieur le Président, avez conclu qu'il y avait de prime abord atteinte au privilège —, mais que le gouvernement, lui, ne ferait pas de la politicaillerie en refusant le renvoi au comité en dépit de tous les précédents. Ce qu'elle nous dit, essentiellement, c'est qu'il n'est pas si important que les députés élus du Parlement puissent accéder à la Chambre pour voter sur le budget, mais que d'imposer des changements au Règlement sans obtenir le consentement de tous les partis, en dépit de tous les précédents et conventions, pour que le gouvernement puisse se défiler de ses responsabilités démocratiques, c'est important.
Les Canadiens nous ont élus en pensant que nous allions respecter les règles, pas que nous les changerions pour répondre aux besoins du parti au pouvoir. Ils comptent sur nous pour que nous respections les institutions démocratiques. Dans un pays civilisé, le gouvernement ne peut pas changer les règles comme bon lui semble. Les gouvernements bien structurés ont des règles claires et des procédures tout aussi claires lorsque vient le temps de changer ces règles. Ils comportent également un système de freins et contrepoids. Les institutions canadiennes n'ont cessé d'être centralisées au cours des 50 dernières années, surtout depuis le règne du premier ministre Trudeau père. Davantage de pouvoir est passé de la Chambre des communes au Cabinet, à mesure que le rôle des simples députés s'amenuisait.
À l'heure actuelle, le seul pouvoir réel dont disposent les députés de l'opposition et les députés libéraux d'arrière-ban consiste à exercer une pression morale pendant les débats, à utiliser leur droit de poser des questions pour en appeler à la conscience du gouvernement, et à retarder les choses. Mis à part ces quelques pouvoirs très restreints, le gouvernement peut faire adopter toutes les lois qu'il désire pendant son mandat, mais le gouvernement actuel souhaiterait restreindre encore les quelques pouvoirs dont les députés disposent pour représenter leurs électeurs.
Le 6 avril, les libéraux ont multiplié les platitudes condescendantes; ils semblaient traiter les Canadiens et leurs représentants élus comme des enfants. Le député de a même fait la leçon à la Chambre et à deux députés chevronnés, leur expliquant qu'ils devaient bien planifier leur journée afin d'arriver à la Chambre plus tôt. Il leur a parlé de ses déplacements à bord des navettes parlementaires et de sa tentative de descendre ailleurs qu'à un arrêt désigné. Quand des collègues se sont inquiétés des risques qu'il avait pu courir, le député a parlé de l'époque où il enseignait à l'école primaire et s'occupait d'enfants de première et de deuxième année, laissant entendre que ses collègues députés ne savaient pas mieux s'organiser que des enfants de 6 ans.
Ces propos sont extrêmement insultants pour nos collègues, même si je dois admettre que la métaphore scolaire employée par le député de a peut-être du bon. Les élèves méritent-ils de recevoir une leçon de ponctualité s'ils arrivent à l'arrêt à l'heure prévue, mais que c'est l'autobus qui arrive en retard parce que les policiers bloquent la seule intersection permettant de se rendre à l'école? Bien sûr que non.
En plus d'avoir insulté deux de ses collègues, ce qui est déjà déplorable en soi, le député de est allé jusqu'à remettre votre autorité en cause, monsieur le Président, ce qui est épouvantable. Il a eu beau nier que telle était son intention, les propos qu'il vient de tenir l'ont trahi. En affirmant que le débat n'avait pas lieu d'être, en donnant des leçons de ponctualité à ses collègues et en détournant l'attention de la question de privilège pour parler de milieu de travail positif, le député a tout simplement fait comme si vous n'aviez pas déjà conclu qu'il y avait de prime abord atteinte au privilège, décision qui est d'office accompagnée d'une motion de renvoi au comité de la procédure. Voilà un autre bel exemple de l'arrogance des libéraux qui essaient de dire aux Canadiens que ce sont les résultats qui comptent et que le processus importe peu. Au moins, il a été subtil dans son approche, contrairement à la députée de . Il n'a pas déclaré tout de go que les libéraux ne laisseraient jamais une question de privilège les empêcher de modeler le Parlement à leur image en se fichant des règles établies. Il a plutôt insinué que ce sujet n'était pas digne de retenir l'attention du Parlement et qu'en débattre serait une perte de temps. Même si je trouve moi aussi que c'est une perte de temps que de débattre d'une motion qui, selon la tradition, devrait déjà être adoptée, je crois parler au nom de mes collègues conservateurs — et probablement aussi des néo-démocrates — en disant que nous mettrions volontiers fin au débat si les libéraux acceptaient de faire ce que la Chambre a toujours fait lorsque la question de privilège est soulevée, c'est-à-dire renvoyer le tout au comité de la procédure. Ce n'est pas nous qui causons le problème.
Pour terminer, j'encourage vivement mes collègues qui occupent les banquettes ministérielles à ne pas oublier que, tôt ou tard, ils se retrouveront de ce côté-ci de la Chambre. En fait, un certain nombre d'entre eux ont déjà passé du temps ici. Il y a même quelques politiciens chevronnés qui ont siégé des deux côtés de la Chambre des communes, avant la 42e législature, et qui savent très bien à quel point la situation actuelle est scandaleuse, qu'elle est intenable. Je vais m'abstenir de les mettre mal à l'aise en les nommant. Je ne veux pas leur causer de tort ni les voir en situation de conflit avec les députés et les agents supérieurs de leur parti pour avoir défendu ce qui est juste.
Je presse mes collègues libéraux qui sont nouveaux ici, tout comme moi, de demander conseil à leurs collègues qui ont plus d'expérience. Je sais qu'un grand nombre des députés d'arrière-ban d'expérience savent que ce que leur leader à la Chambre et son secrétaire parlementaire sont en train de faire est inacceptable. Tous les parlementaires, indépendamment de leur allégeance, savent que les membres d'un gouvernement ne doivent jamais faire des choses qu'ils dénonceraient s'ils étaient dans l'opposition. Il ne faut jamais créer des précédents afin de bénéficier d'avantages partisans temporaires si les institutions parlementaires s'en trouvent affaiblies et les fondements mêmes de notre forme de gouvernement minés. J'invite ces collègues à voter en faveur de cette motion et de son amendement afin de renvoyer la question au comité de la procédure.