Que, compte tenu que le ministre des Finances:
a) après avoir été élu au Parlement en 2015, a laissé croire aux Canadiens qu’il avait placé ses actions de Morneau Shepell dans une fiducie sans droit de regard, alors qu’il ne l’avait jamais réellement fait;
b) s’est servi d’une échappatoire dans la Loi sur les conflits d’intérêts pour placer ses actions dans une société à numéro privée, plutôt que de s’en départir ou de les placer dans une fiducie sans droit de regard;
c) a parrainé, le 19 octobre 2016, le projet de loi C-27, Loi modifiant la Loi de 1985 sur les normes de prestation de pension, qui profiterait vraisemblablement à Morneau Shepell et au ministre des Finances, étant donné qu’à ce moment il continue de posséder des actions de Morneau Shepell par l’entremise d’une compagnie qu’il contrôle;
d) était et est toujours responsable de réglementer le secteur des pensions, dans lequel il a eu un intérêt économique personnel;
e) n’a pas été à la hauteur des normes d’éthique établies par le premier ministre dans sa lettre de mandat au ministre;
la Chambre demande au ministre des Finances de présenter ses excuses à la Chambre et aux Canadiens pour avoir perdu leur confiance, et la Chambre demande au gouvernement d’éliminer immédiatement l’échappatoire dans la Loi sur les conflits d’intérêts, tel que l’a recommandé la commissaire aux conflits d’intérêts et à l’éthique, afin d’empêcher un ministre de la Couronne de profiter personnellement de sa position ou de donner la perception qu’il le fait.
— Madame la Présidente, je vais d'abord faire la brillante suggestion de partager mon temps de parole avec mon ami le député de . Ce doit être la meilleure idée que j'aie eue cette semaine.
La très importante motion présentée par les néo-démocrates aujourd'hui porte sur une question très grave. Certains ont dit qu'il s'agissait d'une motion de censure. Présenter une telle motion ne se fait pas à la légère. Si nous le faisons, c'est en raison du respect que nous vouons à cette assemblée, de l'appréciation que nous avons du rôle des ministres et du rôle important qu'ils occupent dans la vie des Canadiens. Afin de remplir ce rôle, les ministres doivent avoir la confiance des Canadiens et ils doivent se soumettre aux normes les plus élevées en matière d'éthique.
Le a demandé explicitement à ses ministres de ne pas se contenter de respecter à la lettre la législation en matière de comportement éthique et d'aller encore plus loin afin de bien incarner l'esprit de la loi en matière de conflits d'intérêts. Il a également ordonné à ses ministres de divulguer l'existence de l'ensemble de leurs actifs personnels et participations majoritaires afin de demeurer au-dessus de tout soupçon. Ce n'est vraiment pas le cas.
Commençons par les faits. En effet, quand on formule un argument, il est toujours important d'énoncer les faits. Après avoir été élu au Parlement en 2015, le a laissé croire aux Canadiens qu'il avait placé ses actions de Morneau Shepell dans une fiducie sans droit de regard. C'est ce qu'il a dit à CBC/Radio-Canada, et c'est ce qu'il a indiqué à son ancienne entreprise Morneau Shepell et à ses collègues libéraux. Par ailleurs, pendant deux ans, il n'a rien fait pour corriger cette contre-vérité quand elle était répétée publiquement sur les médias sociaux par les libéraux et d'autres personnes. Il s'agit là du premier fait.
Le deuxième, c'est que le ministre a exploité une échappatoire dans la Loi sur les conflits d’intérêts pour placer ses actions dans une société à numéro privée, plutôt que de s’en départir ou de les placer dans une fiducie sans droit de regard. Ce fait a été établi. C'est uniquement grâce aux recherches des médias que nous avons découvert la vérité.
Troisièmement, le a parrainé un projet de loi le 19 octobre 2016. Il s'agit du projet de loi , Loi modifiant la Loi de 1985 sur les normes de prestation de pension, qui profiterait vraisemblablement à Morneau Shepell, une société dont le ministre était encore actionnaire et qui lui remettait chaque mois des dividendes dont la valeur dépassait presque son salaire de député pour toute une année. Morneau Shepell est active dans le domaine des pensions, où elle récolte de gros profits. Soit dit en passant, le projet de loi nuirait énormément à la sécurité des pensions des Canadiens, car le risque qui était partagé entre l'employeur et l'employé serait désormais entièrement supporté par l'employé. Donc, le ministre a parrainé un projet de loi qui serait directement avantageux pour une société dans laquelle il avait encore des actions.
Quatrièmement, le ministre est encore aujourd'hui responsable de réglementer l'industrie des fonds de pension alors qu'il avait personnellement des intérêts dans cette industrie et qu'il en a toujours. Comme nous l'indiquons dans notre motion, le a demandé au de respecter des normes d'éthique très élevées, et non de se contenter de faire le minimum. Le premier ministre a indiqué explicitement aux ministres qu'ils devaient dévoiler publiquement la totalité de leurs avoirs personnels. Le ministre des Finances ne s'est pas acquitté de ces deux obligations.
Nous demandons deux choses bien précises, car notre but ne se résume pas à énoncer les faits en question; nous voulons, aussi, améliorer les choses.
D'abord, si le — et le gouvernement par la même occasion — souhaite sincèrement tenter de rétablir la confiance du milieu des affaires et de la population en général à son égard, à l'égard de sa fonction, il me semble que des excuses s'imposent. L'une des choses les plus difficiles à faire en politique est probablement de dire: « J'ai eu tort et de le regrette. J'ai eu tort de tirer parti de cette échappatoire. Je m'excuse de l'avoir fait. Voici ce que je vais faire pour me racheter. »
J'ai été étonné, tout comme bien des Canadiens d'après ce que j'ai pu comprendre cette fin de semaine, par l'attitude adoptée par le la semaine dernière: « Ne suis-je pas extraordinaire? Je songe, peut-être à un moment donné, à me départir de ma participation dans un secteur que je vais continuer de réglementer. Ne suis-je pas extraordinaire d'avoir laissé la population croire ce mensonge pendant deux ans, de ne l'avoir jamais corrigé et de ne pas encore m'en excuser? Ne suis-je pas extraordinaire quand je dis aux médias que ce n'est pas à eux que je dois rendre des comptes quand ils demandent à avoir plus de renseignements? »
:
Madame la Présidente, je suis très heureux de pouvoir compléter ce que mon honorable collègue de a déjà mentionné.
La motion d'aujourd'hui est extrêmement importante, car elle s'inscrit dans un principe fondamental que nous devrions tous respecter ici, à la Chambre de communes, et qui devrait nous préoccuper de façon extrêmement profonde. Lorsqu'on regarde la motion et ce qu'a fait le , ce que nous devons nous demander, c'est si le ministre des Finances devrait s'excuser d'avoir induit en erreur les Canadiens et si le gouvernement libéral devrait, dans les plus brefs délais, s'attaquer à la question de l'échappatoire fiscale liée à la Loi sur les conflits d’intérêts telle qu'elle a été relevée et qui a permis ces agissements.
Il y a une chose qui est claire, et encore une fois, mon collègue a mentionné les faits. Pendant deux ans, depuis l'élection, le ministre savait qu'il devait probablement placer ses actions de Morneau Shepell dans une fiducie sans droit de regard. Il l'a dit lui-même. Ses collègues, incluant le député de , croyaient qu'il l'avait effectivement fait. Les médias se sont fait dire que ses actions étaient dans une fiducie sans droit de regard. Le ministre des Finances a dit lui-même à sa compagnie que ses actions étaient dans une fiducie sans droit de regard. Or, il y a peu de temps, on a appris que ce n'était pas le cas.
Il n'y a pas 10 000 façons d'expliquer ce qui s'est passé: il a induit en erreur les Canadiens. C'est une question importante, parce que la compagnie dont il détient des actions traite de fonds de pension, alors qu'on sait que des projets de loi comme le projet de loi , qui est extrêmement important et qui va affecter les régimes de retraite des employés fédéraux, ont été proposés par le avant même qu'il ne soit député. Alors, lorsqu'on voit le ministre des Finances commettre des gestes qu'il a préconisés auparavant et qui vont directement influencer les actions qu'il possède encore, on ne peut appeler cela autre chose qu'un conflit d'intérêts.
Le jugement éthique des députés de ce gouvernement libéral est-il tellement faible qu'ils ne peuvent penser à ce qui s'est fait auparavant? Au cours des 15 dernières années au pouvoir du gouvernement libéral de l'époque, il y a eu deux cas qui peuvent être directement reliés à cette situation. Tout d'abord, en 2002, le ministre de la Défense nationale, Arthur Eggleton, a dû quitter le Cabinet après avoir donné un contrat d'une valeur de 36 000 $ à une compagnie détenue par son ancienne copine.
[Traduction]
Je répète: le député libéral qui était ministre de la Défense en 2002 a dû démissionner du Cabinet parce qu'il avait accordé un contrat de 36 000 $ à une entreprise appartenant à son ex-petite amie. La même année, l'actuel , qui était alors solliciteur général, a lui aussi dû démissionner du Cabinet parce qu'il avait donné un contrat de plus de 6 millions de dollars à un collège appartenant à son frère. Aujourd'hui, le , qui avait pourtant affirmé qu'il mettrait ses avoirs dans une fiducie sans droit de regard, n'en a rien fait et s'est placé dans une posture où ses décisions risquaient fort de l'avantager. Or, à en croire les ministériels, cela ne le placerait pas en conflit d'intérêts.
Je rappelle que, pour qu'il y ait conflit d'intérêts, la personne concernée n'est pas obligée d'avoir expressément cherché à tirer profit de ses actions. Dans le cas qui nous occupe, le ministre s'est toutefois placé dans une situation où ses actions et ses décisions pouvaient lui conférer un avantage. Que peut-on ajouter de plus? Pourtant, le ministre essaie de se justifier en nous jetant de la poudre aux yeux et en invoquant je ne sais quelle échappatoire.
[Français]
Il dit qu'il n'était pas en conflit d'intérêts. Il a dit à la commissaire à l'éthique ce qu'il allait faire et de quelle manière il allait se protéger, soit en se départant de ses actions de Morneau Shepell. Cependant, nous avons appris qu'il s'en était départi en les mettant dans des compagnies à numéro dont il était l'actionnaire principal ou unique. Avec cette astuce, il fait indirectement ce qu'il ne peut pas faire directement. Il a encaissé des dividendes liées à sa firme Morneau Shepell de plus de 125 000 $ par mois.
Je n'arrive pas à comprendre comment le , qui est un homme intelligent, n'a pas pu voir qu'il était en position de conflit d'intérêts. Lorsqu'il est venu à la Chambre pour répondre aux questions à ce sujet, il était renversant de constater qu'il ne semblait même pas regretter son geste ni la perception qu'il avait donnée du fait qu'il était en conflit d'intérêts. Au contraire, il n'a jamais avoué qu'il avait fait une erreur et qu'il aurait dû agir autrement. Il semblait plutôt vouloir des félicitations de la part des députés de ce côté-ci de la Chambre pour des démarches qu'il aurait du entreprendre deux ans auparavant, lorsqu'il a été élu.
Alors, comment les libéraux pourraient-ils voter contre la motion qui est devant nous aujourd'hui? Elle demande seulement au de s'excuser d'avoir induit les Canadiens et les Canadiennes en erreur. La motion demande également au gouvernement de reconnaître qu'il y a effectivement une échappatoire liée à la Loi sur les conflits d'intérêts et d'y remédier dans les plus brefs délais.
Comme l'a mentionné mon collègue, lors de sa campagne et de son élection, le gouvernement a dit qu'on devait non seulement respecter la lettre de la loi, mais aussi aller au-delà de celle-ci de sorte que nos gestes puissent être scrutés de la manière la plus rigoureuse. Or le gouvernement s'en tient à la lettre d'une loi qui a clairement permis au ministre des Finances d'agir d'une manière qui lui permettait de garder le contrôle de la compagnie dans laquelle il avait des intérêts.
Je demande donc aux députés du gouvernement libéral d'agir en conséquence et d'adopter cette motion afin de se joindre à l'opposition pour dire que le ministre des Finances, qui a induit en erreur les médias, ses collègues, sa compagnie et les Canadiens, devrait simplement s'excuser. Cette motion blâme le ministre des Finances de ne pas avoir dit la vérité et lui demande d'entreprendre des mesures dès maintenant pour corriger cette situation, afin que les membres du Cabinet du présent gouvernement ainsi que des gouvernements subséquents ne soient plus tentés de continuer d'être vus comme étant en position de conflit d'intérêts.
Il en va de la crédibilité du gouvernement canadien aux yeux des Canadiens et des Canadiennes, qui nous envoient tous les quatre ans à la Chambre pour les représenter. Ils ont le droit de s'assurer que ceux et celles qui les représentent et qui les gouvernent ne sont pas en position de bénéficier personnellement des mesures qui sont entreprises.
Que dirait-on si le avait des intérêts dans une compagnie d'armes qui fait des transactions à l'étranger et décidait de ne pas signer une entente qui limiterait la possibilité de vendre ses armes? On considérerait que ce ministre est en position de conflit d'intérêts. Si le possédait une ferme laitière et qu'en raison de ses intérêts dans celle-ci, il prenait des décisions relativement à la gestion de l'offre qui pourraient l'avantager, des questions seraient posées. Or nous sommes présentement devant la même situation.
Je demande donc aux députés libéraux de faire ce à quoi les Canadiens s'attendent. Qu'ils demandent au de s'excuser, avec humilité, d'avoir induit les Canadiens en erreur, et qu'ils demandent au gouvernement de corriger la situation dans les plus brefs délais et d'éliminer cette échappatoire. C'est d'ailleurs une demande de la commissaire à l'éthique depuis 2013. Il est donc grand temps de s'en occuper.
:
Madame la Présidente, je suis heureux de prendre la parole pour discuter du plan du gouvernement d'appuyer l'équité fiscale pour les Canadiens, de ses efforts pour aider la classe moyenne, et des efforts du pour stimuler l'économie canadienne afin qu'elle progresse et qu'elle soit prospère pour chaque Canadien.
[Français]
Comme les parlementaires le savent, le gouvernement a terminé plus tôt ce mois-ci ses consultations sur ses propositions qui visent à régler la question de la planification fiscale au moyen des sociétés privées. Ce sont des consultations qui ont duré quelques mois et durant lesquelles nous avons été à l'écoute des Canadiens d'un océan à l'autre.
En fait, il est juste, selon moi, de dire que la consultation organisée par le gouvernement fédéral a permis d'entendre un nombre record de Canadiennes et de Canadiens. Le ministère des Finances a reçu 21 000 représentations. Le ministre a rencontré des Canadiens, de St. John's à Vancouver, lors des tables rondes et des séances de discussion ouverte ont aussi eu lieu en ligne.
Je sais que de nombreux députés ont fait de même pour entendre leurs concitoyens. À titre de nouveau secrétaire parlementaire du ministre des Finances, c'est important pour moi de rencontrer le plus grand nombre de Canadiens, dont des propriétaires des petites entreprises, des fermiers, des représentants du secteur agricole, pour discuter des propositions.
En outre, je me suis également adressé aux Canadiens et aux Canadiennes au moyen de différents médias, dans nos deux langues officielles.
Au nom du , je souhaite remercier tous ceux qui ont participer à la discussion. Je souhaite les remercier particulièrement pour leur dialogue ouvert, approfondi qui a aidé notre gouvernement à trouver le juste milieu, à faire progresser un engagement que nous avons pris envers les Canadiens en 2015 pour plus d'équité fiscale, pour réduire les inégalités au pays, pour se donner les moyens de nos ambitions.
Le, accompagné du et de la , a annoncé lundi dernier la manière dont notre gouvernement entend procéder pour apporter un soutien additionnel aux petites entreprises au Canada. Il s'agit d'une annonce importante qui donne suite à un engagement qui était au coeur même de notre plateforme électorale, mais d'abord, je vais rappeler aux parlementaires la manière dont nous sommes arrivés où nous en sommes aujourd'hui.
D'abord et avant tout, je tiens à assurer à tous les parlementaires que notre gouvernement est déterminé à garantir un climat économique sain et propice aux affaires, ainsi qu'à protéger la capacité des entreprises canadiennes à investir, à prendre de l'expansion et à créer des emplois.
Dans les deux ans qui se sont écoulés depuis notre entrée en fonction, c'est plus de 400 000 emplois qui ont été créés, dont la grande majorité sont à temps. Grâce en partie à une forte croissance économique et aux investissements judicieux et stratégiques que notre gouvernement a faits dans les Canadiens et pour les Canadiens, notre situation budgétaire est meilleure aujourd'hui que celle que nous avions prévue en mars. En effet, l'exercice qui s'est terminé le 31 mars s'est soldé par un déficit budgétaire de 17,8 milliards de dollars soit 11,6 milliards de dollars de moins que ce que nous avions prévu en 2015.
Nous sommes actuellement l'économie du G7 qui connaît la croissance la plus rapide et de loin. Au deuxième trimestre de l'année en cours, la croissance de l'économie s'est chiffrée à un taux impressionnant de 4,5 %. Au cours des quatre derniers trimestres, notre économie a affiché sa croissance la plus rapide depuis le début de 2006.
[Traduction]
Cette forte croissance économique est la preuve que le plan que nous avons mis en place il y a deux ans fonctionne. Nous avons jeté les balises de cette croissance économique dès le moment où nous sommes arrivés au pouvoir. La première chose que nous avons faite au début de notre mandat, il y a deux ans, a été d'augmenter les impôts du 1 % le plus riche afin de pouvoir les baisser pour la grande majorité des Canadiens — au fait, pour neuf millions de Canadiens. Cette baisse d'impôt pour la classe moyenne a bénéficié à neuf millions de Canadiens et nous en sommes fiers. Les célibataires qui bénéficient de cette réduction d'impôt économisent en moyenne 330 $ par an et les couples, 540 $.
Le gouvernement a également bonifié les prestations pour enfants, qui sont plus généreuses et mieux ciblées pour aider ceux qui en ont le plus besoin. Grâce à l'Allocation canadienne pour enfants, nous avons sorti des centaines de milliers d'enfants de la pauvreté. Depuis juillet 2016, neuf familles canadiennes sur dix ayant des enfants reçoivent des prestations plus élevées que dans le système précédent.
Nous avons aussi bonifié le Régime de pensions du Canada pour améliorer la situation financière des Canadiens une fois qu'ils prennent leur retraite. Nous avons renforcé ce régime de manière à donner plus d'argent aux Canadiens à la retraite, ce qui leur permet de moins se soucier de leur épargne et de veiller à passer davantage de bon temps avec leur famille. Le renforcement du Régime de pensions du Canada augmentera la prestation maximale d'environ 50 % au fil du temps, ce qui permettra aux retraités canadiens de vivre plus dignement.
Nous amorçons maintenant la prochaine étape de notre plan visant à promouvoir la croissance économique et à rendre le régime fiscal plus équitable pour les Canadiens de la classe moyenne. Nous sommes les premiers à reconnaître la contribution des petites entreprises à la prospérité économique du pays.
[Français]
Notre gouvernement s'est engagé à faire en sorte que les entreprises puissent prospérer au Canada. Conformément à cet engagement, je suis heureux d'informer la Chambre que le a annoncé que notre gouvernement a l'intention d'abaisser le taux d'imposition des petites entreprises en 2019, tout en présentant des propositions qui visent à redresser un système fiscal qui est intrinsèquement injuste pour la classe moyenne.
Notre gouvernement entend baisser le taux d'imposition des petites entreprises à 10 %, à compter du 1er janvier 2018, puis à 9 % le 1er janvier 2019.
Cette baisse du taux des petites entreprises est une reconnaissance de l'importance de la contribution des petites entreprises dans la vie des Canadiens, et de leur apport à l'économie de notre pays. Les petites entreprises sont au coeur de l'économie canadienne et représentent 98 % de toutes les entreprises, et elles sont à l'origine de 70 % de tous les emplois du secteur privé. Les faibles taux d'imposition des sociétés au Canada ont pour objet de favoriser les investissements de capitaux dans les entreprises. Ces investissements, qu'ils soient destinés à l'acquisition d'équipement ou de technologies plus performants, ou encore à l'embauche de personnel supplémentaire, rendent les entreprises plus productives et plus concurrentielles.
En outre, ces investissements stimulent la croissance économique, contribuent à créer des emplois, à investir dans nos communautés et à relever les salaires. Par exemple, à mesure que le gouvernement baisse les impôts des petites entreprises, on doit veiller à ce que les faibles taux d'imposition des sociétés au Canada soutiennent les entreprises, plutôt que de conférer des avantages qu'on estime injustes et non voulus à un petit nombre de particuliers fortunés aux revenus élevés, qui utilisent les sociétés privées essentiellement comme un outil de planification fiscale.
On a hérité d'un régime fiscal qui encourage les plus fortunés à se constituer en sociétés, afin d'obtenir un avantage fiscal. Cela entraîne une situation où une personne qui gagne des centaines de milliers de dollars par année peut bénéficier d'un taux d'imposition, dans certains cas, moins élevé que celui d'un travailleur de la classe moyenne qui gagne un montant beaucoup moins élevé. Ce n'est pas juste. Notre gouvernement s'est engagé à corriger cette situation.
Le gouvernement a présenté l'approche qu'il entend appliquer, afin de mieux cibler les stratégies fiscales qu'emploient un nombre relativement minime de particuliers à revenu élevé et qui tirent le plus grand avantage des règles fiscales actuelles. Pour ce faire, on se base sur les commentaires des Canadiens recueillis lors des consultations menées récemment sur la planification fiscale au moyen de sociétés privées.
[Traduction]
Pendant la consultation, nous avons écouté les propriétaires de petite entreprise, les professionnels, les agriculteurs ainsi que les pêcheurs, et nous allons tenir compte de leur avis afin d'éviter les conséquences imprévues.
[Français]
Dans tous les cas, les changements du gouvernement vont permettre ce qui suit: de soutenir les petites entreprises et leur apport aux communautés et à l'économie du pays; de maintenir un faible taux d'imposition pour les petites entreprises et d'appuyer leurs propriétaires, afin qu'ils investissent activement dans leur croissance, qu'ils créent des emplois, qu'ils renforcent l'entrepreunariat et stimulent la croissance...
:
Madame la Présidente, eu égard à la motion qui est devant nous, je pense qu'il est important de rappeler que le a travaillé depuis son entrée en fonction avec la commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique de manière toujours très proactive, très transparente. Il l'a fait avant même d'entrer en fonction. Les recommandations de la commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique au ministre des Finances étaient entre autres de mettre un mur qui soit public pour prévenir les conflits d'intérêts, chose qu'il a faite. C'est la première chose qu'il a faite. Je pense que ce qui est attendu de la part de tous les parlementaires, c'est de s'assurer de toujours travailler conformément aux recommandations et aux règles telles qu'elles sont conçues par la commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique en se fondant sur le chemin qu'elle trace pour les parlementaires. C'est ce que le ministre des Finances a fait.
Le ministre a indiqué la semaine dernière qu'il avait d'abord appelé la commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique pour veiller à ce qu'elle puisse faire un examen approfondi de sa situation et qu'il puisse être en pleine conformité en tout temps avec ses recommandations. Il a aussi annoncé qu'il irait plus loin que les recommandations qu'elle lui avait initialement émises. Il a décidé de placer tous ses avoirs dans une fiducie sans droit de regard et de se défaire de ses actions dans la compagnie Morneau Shepell dont il est question.
Si je peux me permettre, je vais retourner à mon discours qui dresse un bilan de ce que le ministre des Finances a fait et le travail qu'il fait pour tous les Canadiens. Quand on regarde au-delà de certaines distractions parfois présentes dans la joute politique, on voit le travail concret du ministre des Finances, et je pense que c'est de cela qu'il est question ici et c'est de cela que je parle.
Une chose qui a été claire, à la suite à nos consultations, c'est qu'il est important d'éviter la paperasserie inutile à l'intention des propriétaires de petites entreprises qui travaillent fort et de reconnaître l'importance de préserver les exploitations agricoles familiales, de collaborer avec les Canadiennes et les Canadiens afin de s'assurer de ne pas nuire au transfert d'entreprise agricole familiale à la prochaine génération, de s'appuyer sur une analyse comparative entre les sexes par rapport aux propositions définitives afin que tout changement apporté au régime fiscal favorise l'équité entre les hommes et les femmes.
Comme le l'a confirmé, nous procédons à la formulation simplifiée de propositions qui visent à restreindre la capacité d'un petit nombre de propriétaires de sociétés privées à revenu élevé de baisser leur impôt des particuliers en répartissant leur revenu avec des membres de leur famille qui ne contribuent pas aux activités de l'entreprise.
Il convient de signaler que la grande majorité des sociétés privées ne seront pas touchées par les mesures proposées qui visent la répartition du revenu. En effet, seules 50 000 entreprises privées familiales répartissent leur revenu, selon les estimations que nous avons. Il s'agit d'une faible proportion, soit environ 3 % des sociétés privées sous contrôle canadien.
Nous apportons des changements pour éliminer les avantages fiscaux dont seuls les particuliers les fortunés qui ont recours aux services de comptables parfois très coûteux peuvent se prévaloir. Nous avons écouté des propriétaires de petites entreprises, des professionnels, des agriculteurs, des pêcheurs et nous donnons suite à ce que nous avons entendu pour éviter les conséquences imprévues et non désirées.
Le , qui a entendu les propriétaires de petites entreprises, a annoncé que notre gouvernement ne procéderait pas à la mise en place de mesures relatives à la conversion de revenus en gains en capital. Pendant la période de consultation, des propriétaires d'entreprises dont de nombreux agriculteurs et pêcheurs ont informé le gouvernement que ces mesures pourraient avoir plusieurs conséquences imprévues, notamment en ce concerne l'imposition au moment du décès et les problèmes qui pourraient survenir lors du transfert de l'entreprise d'une génération à l'autre.
Notre gouvernement va travailler de pair avec les entreprises familiales, y compris avec les entreprises agricoles et les entreprises de pêche, pour que le transfert de l'entreprise à la prochaine génération puisse se faire de façon plus facile et plus efficace. Nous continuons également d'examiner attentivement toutes les observations que le gouvernement a reçues.
[Traduction]
Outre la baisse d'impôt pour la classe moyenne et l'Allocation canadienne pour enfants, que j'ai mentionnées plus tôt, j'aimerais souligner quelques-unes des principales réalisations du gouvernement visant à aider les Canadiens de la classe moyenne.
[Français]
À titre d'exemple, au cours des deux dernières années, le gouvernement a également fait du transport des gens et des biens une priorité en effectuant des investissements historiques dans nos infrastructures. Notre gouvernement a effectué des investissements à long terme dans notre infrastructure, parce qu'il estime que c'est capital pour l'avenir de notre pays et pour celui de notre économie.
C'est pourquoi dans notre premier budget, nous avons réservé 11,9 milliards de dollars sur cinq ans pour appuyer le transport en commun, l'infrastructure verte et l'infrastructure sociale.
Dans l'énoncé économique de l'automne 2016, il a été annoncé que 81,2 milliards de dollars additionnels seraient consacrés aux infrastructures essentiels au cours d'une période de 11 ans. Ce sont des fonds qui vont soutenir le transport en commun, l'infrastructure verte, l'infrastructure sociale, le transport à l'appui du commerce, les communautés rurales et nordiques au Canada et les villes intelligentes. Ce sont des investissements qui vont améliorer la manière dont les Canadiens vivent, se déplacent et travaillent et qui vont bénéficier aussi à notre économie.
:
Madame la Présidente, je vais rappeler au député en anglais ce que j'ai dit en français, c'est-à-dire que le , dès le début, avant même son entrée en fonction, s'est réuni avec la commissaire à l'éthique et son personnel. C'est la façon de procéder pour tous les parlementaires, y compris tous les secrétaires parlementaires, les ministres et les députés, pour faire en sorte que chaque député, selon sa situation, respecte la ligne de conduite établie par la commissaire, ainsi que ses lignes directrices et ses recommandations.
L'une des recommandations à l'intention du ministre des Finances, c'était de mettre en place un écran, qui serait rendu public, pour prévenir les conflits d'intérêts. C'est ce que le ministre a fait. Il a toujours suivi les recommandations de la commissaire à l'éthique et, comme toujours, a collaboré avec elle et continuera de le faire. Il est même allé au-delà...
Des voix: Oh, oh!
M. Joël Lightbound: Je parle ici du fond de la motion, si les députés veulent bien me laisser poursuivre sans faire du chahut.
Le a aussi affirmé, la semaine dernière, qu'il irait au-delà des recommandations de la commissaire à l'éthique, qu'il se départirait de toutes ses actions de la société Morneau Shepell et qu'il placerait tous ses actifs dans une fiducie sans droit de regard.
À titre de parlementaires, nous devons continuer de respecter le travail de la commissaire à l'éthique et de suivre ses recommandations, de façon à toujours préserver l'intégrité du Parlement. Le ministre des Finances a toujours coopéré avec la commissaire à l'éthique, et il continuera de le faire.
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Madame la Présidente, ma compréhension a toujours été que le , tel qu'il est attendu de tout parlementaire, a travaillé avec la commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique pour s'assurer d'abord que les règles qui nous régissent, qui nous gouvernent tous à la Chambre, soient respectés, ce qu'il a fait dès son entrée en fonction, dès l'élection.
Ma compréhension, c'est aussi que les recommandations que la commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique pouvaient mettre en avant étaient respectées, comme on peut s'attendre à ce que tout parlementaire respecte le jugement et les recommandations de la commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique quand elle étudie la situation d'un parlementaire pour ensuite émettre des recommandations, et que ces recommandations soient suffisantes non seulement pour respecter la loi, mais aussi pour faire en sorte d'éviter toute apparence de conflits d'intérêts, ce que le ministre a fait tout de suite après son entrée en fonction. Il a toujours mis en oeuvre les recommandations que la commissaire lui a faites.
La semaine dernière, il a annoncé qu'il allait encore plus loin, et je veux le rappeler à mon honorable confrère, pour qui j'ai beaucoup d'estime, que le ministre allait placer dans une fiducie sans droit de regard tous ses actifs, et qu'il allait se départir de toutes les actions que lui et sa famille pourraient posséder dans Morneau Shepell. Je pense que l'idée, c'est de s'assurer de toujours travailler avec la commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique, laquelle est une institution qui est chargée de protéger l'intégrité de ce Parlement.
En ce qui me concerne, c'est là où j'ai toujours su que le ministre des Finances était. C'est un homme d'une grande intégrité qui s'est dédié au service public pendant les deux dernières années, et c'est ce que je rappelle dans mon discours, avec des résultats remarquables pour l'économie canadienne.
:
Madame la Présidente, je vais partager le temps qui m'est accordé avec le député de .
Je prends la parole aujourd'hui à regret pour appuyer la motion qui nous est soumise. Ce n'est pas que je sois contre la motion présentée par le troisième parti, car je l'appuie certainement, mais nous ne devons pas seulement débattre de la violation délibérée de l'esprit de la Loi sur les conflits d'intérêts par le et de son comportement subséquent, qui a certainement permis au ministre de s'enrichir grâce à ses décisions originales. Nous devons également parler de l'incapacité et du refus du ministre, qui ne veut apparemment pas reconnaître le manque de jugement dont il a fait preuve à plusieurs reprises. Il ne veut pas accepter qu'il est responsable de ses décisions et de son comportement, qui ne sont pas à la hauteur. Il cherche à mettre la faute sur la commissaire à l'éthique et surtout, il refuse de présenter ses excuses aux Canadiens.
Lorsqu'un adulte doit faire des choix, il se sert de son jugement. Il y a des dizaines d'années que les ministres se départissent de leurs avoirs ou les placent dans une fiducie sans droit de regard, y compris lorsqu'ils ont la chance de posséder une fortune familiale, sinon leurs décisions à titre de titulaires de charge publique, c'est-à-dire de ministres, pourraient leur être avantageuses relativement à ces avoirs. Cette pratique remonte à une époque bien plus lointaine que celle de l'adoption, en 2004, de la Loi sur les conflits d'intérêts, avec son ensemble de dispositions.
La lettre de mandat que le a adressée au , lorsqu'il a prêté serment, il y a deux ans, n'allait pas dans ces détails, mais le premier ministre écrivait tout de même ceci: « À titre de ministre, vous devez vous assurer que vous connaissez bien la Loi sur les conflits d’intérêts [...] et que vous [la] respectez à la lettre ». En outre, le soulignait que le ministre des Finances devait « observer les normes les plus élevées en matière d’honnêteté et d’impartialité, et l’accomplissement de [ses] tâches dans le cadre de [ses] fonctions officielles de même que l’organisation de [ses] affaires privées devraient pouvoir faire l’objet d’un examen scrupuleux du public. On ne s’acquitte pas de cette obligation simplement en se contentant de respecter la loi. »
Le écrivait également ceci:
Si nous voulons que les Canadiens et les Canadiennes aient confiance en leur gouvernement, nous avons besoin d’un gouvernement qui fait confiance aux Canadiens. Si nous faisons des erreurs, nous devons les reconnaître sur-le-champ. Les Canadiens et les Canadiennes n’exigent pas de nous que nous soyons parfaits, mais ils s’attendent à ce que nous soyons honnêtes, ouverts et sincères dans nos efforts pour servir l’intérêt public.
Les Canadiens se rendent très bien compte que le gouvernement libéral est loin d'être parfait à de nombreux points de vue. Cependant, la motion d'aujourd'hui a été présentée parce qu'il y a eu une violation de confiance. Il s'agit d'une question de normes. Or, étant donné que ni le ni le ne sont prêts à reconnaître les nombreuses erreurs qu'ils ont commises dans cette triste affaire, ils sont tous les deux entièrement responsables du scandale créé. Le ministre des Finances nous a dit que la commissaire à l'éthique lui avait conseillé de choisir une troisième option, outre celles de se départir de ses actions ou de les placer dans une fiducie sans droit de regard. Aucun autre ministre libéral n'a choisi cette troisième option.
La commissaire a déclaré publiquement avoir informé le qu'il pouvait se prévaloir de cette troisième option. Nous ne savons pas si elle lui a dit explicitement que cette option consistait en une échappatoire qu'elle avait déjà recommandé au gouvernement de corriger. Cependant, je suis d'avis que tout adulte raisonnable et certes toute personne ayant autant d'expérience des affaires que le ministre des Finances, sans parler des nombreux conseillers financiers à son service, comprendrait qu'il s'agit d'une échappatoire qui contrevient à l'objet et à l'esprit de la Loi sur les conflits d'intérêts.
Puis, il y a la question du projet de loi , la mesure législative déposée au nom du qui apporterait plusieurs modifications substantielles à la Loi sur les normes de prestation de pension. Dans sa vie antérieure, le ministre a parlé de la nécessité de ce type de modifications, modifications qui seraient utilisées par son entreprise familiale Morneau Shepell pour élargir sa clientèle et favoriser sa croissance. Nous savons que, ne s'étant pas départi de ses millions d'actions dans l'entreprise familiale, le ministre a déjà vu la valeur de ses actions augmenter considérablement. En effet, au moment de son élection, peu de temps avant sa nomination comme ministre des Finances, les actions de Morneau Shepell se vendaient à environ 15 $ l'unité. Elles se vendent désormais à plus de 20 $ l'unité.
Ce qui est pire que la violation pure et simple de l'esprit de la Loi sur les conflits d'intérêts, c'est que le ministre parraine le projet de loi , qui, comme le dit la motion, « profiterait vraisemblablement [encore] à Morneau Shepell et au ministre des Finances, étant donné qu’à ce moment il continue de posséder des actions [...] par l’entremise d’une compagnie qu’il contrôle ». Le ministre continuera d'en profiter jusqu'à ce que s'applique la décision tardive qu'il a prise de vendre des actions pour que tout soit « en ordre », comme il le dit. Il s'agit là d'un exemple flagrant et classique de conflit d'intérêts, car le ministre doit réglementer un secteur dans lequel il a un intérêt personnel direct.
Je veux revenir sur la lettre de mandat que le a remise au et plus particulièrement à la directive selon laquelle celui-ci doit organiser ses affaires privées de façon à ce qu'elles puissent faire l’objet d’un examen scrupuleux du public. Que ce soit le ministre des Finances lui-même ou quiconque ayant eu connaissance des décisions qu'il a prises il y a deux ans, quelqu'un aurait dû se rendre compte du problème. Tout cela m'amène à poser de nouveau les questions auxquelles le ministre des Finances et le premier ministre ont déjà refusé de répondre à la Chambre et partout ailleurs. Quand le ministre des Finances a-t-il informé le premier ministre de la situation? Quand le premier ministre a-t-il su que le ministre des Finances n'avait pas confié ses avoirs à une fiducie sans droit de regard et qu'il ne s'était pas défait de toutes ses actions il y a deux ans?
La semaine dernière, les dernières révélations de journalistes d'enquête et les déclarations de la commissaire à l'éthique aux médias, ainsi que, finalement, le lui-même, ont confirmé que celui-ci était au courant d'une échappatoire technique dans la Loi sur les conflits d'intérêts — une échappatoire avec un grand « E » — dont, à ma connaissance, aucun autre membre du Cabinet libéral ni aucun député des gouvernements précédents n'a tiré parti. Le ministre a clairement et délibérément enfreint l'esprit de la Loi en exploitant cette échappatoire relativement aux parts considérables qu'il possède dans la société portant son nom. Cela tranche nettement avec les mois de vaines pseudo-consultations sur les propositions de réforme fiscale larguées sur les Canadiens en plein milieu de l'été, des propositions dont le but serait de régler un prétendu problème d'échappatoires exploitées depuis trop longtemps par les petites entreprises, a-t-on dit, dépeignant ainsi les vaillants petits entrepreneurs canadiens comme des fraudeurs du fisc.
Il importe de souligner qu'on s'en prend ainsi aux plombiers, aux propriétaires de pizzeria, aux agriculteurs, aux dentistes et aux médecins. Des fonctionnaires, des chercheurs et des théoriciens au ministère des Finances prônent les présumées réformes en cause depuis des années. Rappelons par ailleurs qu'elles ont été présentées par le passé à une série de ministres des Finances, tant libéraux que conservateurs, qui les ont carrément rejetées, pour toutes les raisons évoquées par les fiscalistes et les spécialistes de la gestion des régimes de pension, à l'instar des milliers d'entrepreneurs de la classe moyenne, selon qui ces réformes constituent une atteinte injuste et destructrice à leur entreprise familiale et à leurs employés.
Il y avait une façon pour que le évite peut-être que l'indignation et la contestation s'intensifient partout au pays. Il aurait pu répondre en déclarant qu'il était surpris d'avoir reçu des dizaines de milliers de commentaires et qu'il devait prolonger la prétendue période de consultation en tenant des consultations en bonne et due forme dans l'ensemble du pays afin de prendre connaissance des nombreuses répercussions négatives qu'entraîneraient les réformes sur les contribuables, qui travaillent fort. Le et le en ont plutôt rajouté en présentant leur refus de modifier ou d'éliminer les pires éléments des propositions en des termes qui s'apparentaient dangereusement aux propos porteurs de discorde typiques d'une lutte des classes.
Le , comme on l'a cité précédemment, a qualifié de distraction l'opposition nationale et nos critiques à l'égard de ses réformes fiscales maladroites. C'est bel et bien une distraction, et celle-ci s'envenime jour après jour par sa faute. Maintenant, le ne semble plus faire confiance au . Le fait que le premier ministre ait relégué le à l'arrière-plan lors d'une conférence de presse, la semaine dernière, en déclarant qu'il répondrait à la question à sa place, a envoyé un message inquiétant, voire arrogant, au ministre et aux Canadiens.
La motion dont nous sommes saisis demande au gouvernement d’éliminer immédiatement l’échappatoire et de présenter ses excuses à la Chambre et à tous les Canadiens.
:
Madame la Présidente, je suis très honoré de prendre la parole à la suite de mon distingué collègue de , qui a aussi été journaliste, mais à une époque où je ne savais ni lire ni écrire, ce qui démontre la sagesse de cet homme et particulièrement celle de ses propos.
C'est avec beaucoup de fierté et de plaisir que nous allons appuyer cette motion, même si elle vient du NPD, puisqu'elle n'appelle pas à la partisanerie, mais bien plutôt à l'éthique. Soyons bien clairs, il n'y a rien qui puisse compromettre davantage la réputation d'une personne qui s'engage en politique que les questions d'éthique.
[Traduction]
Je tiens à être clair: les questions d'éthique représentent un enjeu très délicat. Nous devons donc les prendre au sérieux. J'exprime d'abord tout mon respect à l'endroit du , non pas pour ses agissements, mais pour le fait d'avoir choisi de s'engager en politique. Nous sommes conscients qu'il est une sommité de Bay Street. D'un autre côté, plus une personne occupe une position de pouvoir, plus son sens de l'éthique doit être irréprochable. Malheureusement, ce n'est pas le cas depuis deux ans.
[Français]
Lorsque l'actuel s'est engagé en politique, c'était une bonne chose, puisqu'il est un homme d'expérience qui vient de Bay Street. Lorsqu'une personnalité de cette envergure s'engage en politique, c'est toute la classe politique qui est rehaussée. Toutefois, cela implique des normes d'éthique très strictes, et malheureusement, le ministre a failli à la tâche au cours des deux dernières années.
Morneau Shepell, une entreprise fondée par son père et qu'il a fait fructifier de belle façon, applique les lois fiscales et les lois budgétaires du gouvernement fédéral. Or le ministre des Finances est celui qui définit les lois fiscales et les lois budgétaires du gouvernement. C'est ce qui s'appelle un conflit d'intérêts parfait entre ses fonctions actuelles et ses fonctions passées au sein de l'entreprise privée familiale. Le ministre des Finances aurait dû se prémunir contre toute apparence de conflit d'intérêts dès le départ, ce qu'il n'a pas fait, malheureusement.
[Traduction]
Parlons donc du bilan des deux dernières années du . Il n'est pas très reluisant. Le secrétaire parlementaire vient de nous parler de la situation économique du Canada. Je lui rappellerais que le gouvernement actuel a été élu après avoir laissé entendre qu'il enregistrerait un petit déficit de 10 milliards de dollars, puis qu'il reviendrait à l'équilibre budgétaire dès 2019. La réalité est que le gouvernement et le ministre ont présenté un budget dont le déficit est trois fois plus important que prévu et qu'ils n'ont aucune idée du temps qu'il faudra au Canada pour retrouver l'équilibre budgétaire. C'est honteux. Pour trouver pire, il faut remonter aux années les plus désastreuses du règne du gouvernement Trudeau, père. C'était le premier gouvernement à présenter des déficits alors que le pays n'était pas en guerre et ne vivait pas de crise majeure. Malheureusement, il semble que le fils ait choisi de suivre l'exemple du père.
[Français]
Les déficits sont trois fois plus élevés que prévu et on n'a aucune idée du retour à l'équilibre du budgétaire. Ce gouvernement se gargarise de beaux grands principes en disant qu'il va faire payer le fameux 1 % le plus riche. Or, il y a trois semaines, le ministère des Finances a déposé une étude qui démontre que les plus riches canadiens paient 1 milliard de dollars de moins en impôt qu'ils n'en payaient il y a deux ans sous l'administration conservatrice. Encore une fois, les libéraux sont animés de beaux grands principes, mais en réalité, cela ne fonctionne pas.
Par ailleurs, les libéraux n'ouvrent pas la bouche pendant 30 secondes sans parler de la façon dont ils aident les familles et la classe moyenne. Or ce n'est pas vrai du tout. L'Institut Fraser a conclu que 80 % des familles de la classe moyenne payaient 840 $ de plus par année en taxes et impôt depuis que les libéraux sont au pouvoir. Alors, ces gens disent une chose et font le contraire, et quand je dis « ces gens », je parle du , dont il est question aujourd'hui.
Maintenant, abordons directement le noeud de cette motion du NPD, soit la question du conflit d'intérêts. Comme je le disais, le ministre des Finances a été le patron de l'entreprise Morneau Shepell, qui est cotée en bourse et qui vaut 1 milliard de dollars. C'est fantastique, mais cette entreprise est en conflit d'intérêts direct avec le ministre des Finances, puisque celui-ci conçoit les mesures fiscales et que Morneau Shepell les applique. Bang! Ils sont en plein coeur d'un conflit d'intérêts. Je reviendrai là-dessus un peu plus en détail.
D'autre part, le se distingue par sa mémoire sélective. Le député de s'est levé à la Chambre, il y a moins d'un mois, avec un document prouvant hors de tout doute raisonnable que Morneau Shepell avait une entreprise aux Bahamas, un paradis fiscal. Comme disait l'autre, ils avaient du vert-de-gris dans la face quand ils s'en sont rendu compte.
Ils avaient seulement oublié de dire qu'ils avaient cette entreprise dans un paradis fiscal. CBC a déployé tous les efforts journalistiques nécessaires pour apprendre et découvrir que le avait une villa en Provence, en France, et qu'il avait oublié de le mentionner. Voilà encore une fois un oubli sélectif.
C'était la même chose lorsque le Globe and Mail a dévoilé, il y a deux semaines de cela à peine, que le ministre des Finances n'avait pas déclaré ses avoirs au complet à la commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique et qu'il n'avait pas mis ses avoirs dans une fiducie sans droit de regard, ou ne les avait pas vendus. Encore une fois, ce n'était pas correctement fait. Ce qu'on voit avec ce ministre, et c'est triste de le dire, mais c'est cela la réalité, c'est que la vérité éclate au grand jour uniquement lorsqu'il est pris dans le coin. Là, il n'y a pas le choix de donner l'heure juste. C'est ce qui est arrivé avec les Bahamas, avec la villa en Provence et avec ses avoirs. Quelle histoire pitoyable nous avons vue la semaine dernière. On parle quand même du ministre des Finances. Il a tellement bien commencé sa semaine que son premier ministre a dit:
[Traduction]
« C'est moi le premier ministre. Je vais répondre à toutes les questions. Vous avez la chance de pouvoir poser vos questions au premier ministre. Je suis ici pour répondre à toutes les questions. » C'est ce qu'a dit le .
[Français]
Le bon Dieu n'aurait pas fait mieux, mais c'est le premier ministre du Canada. C'est insultant de voir comment le a traité son homme de confiance. Je ne veux rien enlever à personne. Nous sommes 338 députés, nous sommes tous égaux, et ainsi de suite. Pourtant, la réalité, c'est qu'il y a le premier ministre et ensuite le . On se comprend, le ministre des Finances, c'est la personne costaude à l'intérieur d'un gouvernement. De voir le premier ministre le traiter comme si c'était le dernier des venus, c'est insultant pour l'autorité canadienne. C'est cela le problème.
Voilà donc qu'il s'est expliqué en disant que, oui, il y avait un trou dans la réglementation qui lui permettait de ne pas le déclarer. Quelle tristesse de voir un homme aussi correct, honnête et intègre culbuter dans des explications aussi misérables que cela. On ne peut pas avoir été baron de Bay Street et dire des insanités semblables. Cela commande un plus haut respect. C'est ce que je dis d'entrée de jeu: cette motion concerne l'éthique. Quand on est ministre des Finances il faut faire preuve d'encore plus d'éthique, et quand on a été à la tête d'une entreprise qui fait la fierté du Canada et qui rayonne partout dans le monde, il faut justement agir avec la plus grande dignité qui soit.
Par malheur, le a failli à la tâche, et on se retrouve donc aujourd'hui avec cette motion. Cela n'est pas sans rappeler que c'est ce ministre qui a orchestré, de triste mémoire, au cours des derniers mois, l'attaque frontale à l'endroit des PME, parce que son chef, le premier ministre, avait dit que pour lui, la plupart des PME sont des façons d'éviter de payer de l'impôt. C'est épouvantable, méprisant et insultant; c'est un préjugé inacceptable et imbuvable de la part du premier ministre à l'endroit des petites et moyennes entreprises.
Voilà que ce ministre a tout fait pour aller chercher des millions de dollars dans les poches de nos entrepreneurs alors qu'au contraire il aurait dû tout faire pour les aider, pour faire fructifier encore plus leurs avoirs, pour créer encore plus d'emplois et de richesse. N'eut été l'effort extraordinaire du parti de l'opposition officielle dirigée par notre chef qui a manifesté un leadership extraordinaire et du quart-arrière député de , disons-le comme tel, qui a mené d'un océan à l'autre avec l'appui et le concours des députés des chambres de commerce de partout l'attaque à la réplique du ministre des Finances, voilà que le ministre des Finances a enfin compris, il a calmé son jeu.
Encore, on voit que ces gens attaquent les plus humbles d'entre nous. Qu'avons-nous appris en fin de semaine? Les gens de l'Association canadienne du diabète sont venus nous voir pour nous dire que cela n'avait pas de bon sens que le gouvernement voulait taxer davantage les gens qui souffrent de diabète. La dit que cela n'a pas de bon sens, qu'ils vont regarder cela et que c'est troublant. J'espère que c'est troublant, c'est inacceptable! C'est uniquement quand le gouvernement est pris dans le coin que ses gens disent que finalement cela n'a pas d'allure. C'est pourquoi, malgré le fait que j'ai un grand respect et une grand estime pour le , nous allons voter en faveur de cette motion, parce que, justement, quand on est ministre des Finances, quand on est l'héritier d'une grande entreprise familiale qui a réussie, il faut faire preuve de rigueur, il faut faire preuve d'éthique et il faut s'assurer qu'il n'y a pas de conflit d'intérêts. Malheureusement depuis deux ans ce gouvernement pèche par des conflit d'intérêts les uns après les autres.
:
Madame la Présidente, je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Aujourd'hui, nous discutons d'événements qui, selon le , ne représentent qu'une série de circonstances fâcheuses, une « distraction », selon ses propres mots. En tout cas, c'est ce dont il voudrait convaincre les Canadiens et les parlementaires.
Je ne partage pas l'avis du sur la question. Je dirais, respectueusement, quant à ce qui a transpiré à propos du ministre, qu'il ne s'agit ni d'une distraction ni d'une erreur administrative et que la situation n'est certainement pas due aux conseils de la commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique, mais plutôt à une erreur de jugement du ministre. Le ministre doit maintenant trouver un moyen de convaincre les Canadiens que leurs intérêts sont sa priorité absolue.
Permettez-moi de circonscrire le sujet dont nous parlons aujourd'hui étant donné que nous nous en sommes un peu éloignés lors de l'intervention des députés d'en face.
Quelles sont ces soi-disant distractions?
Après son élection au Parlement en 2015, le a fait croire aux Canadiens qu'il avait placé ses actions de Morneau Shepell dans une fiducie sans droit de regard alors qu'il n'en a jamais rien fait. Il a eu recours à une échappatoire de la Loi sur les conflits d'intérêts pour placer ses actions dans une société privée à numéro au lieu de s'en départir ou de les placer dans une fiducie sans droit de regard.
Le 19 octobre 2016, le a parrainé le projet de loi qui, vraisemblablement, devrait profiter à Morneau Shepell ainsi qu'au ministre étant donné les actions de Morneau Shepell qu'il détient par l'entremise d'une autre entreprise qu'il contrôle également.
Le ministre est demeuré responsable de réglementer le secteur des pensions, dans lequel il a un intérêt économique personnel.
Enfin, le ministre a manqué aux normes d'éthique qui lui avaient été données par le dans sa lettre de mandat.
La motion décrit aussi clairement ce qui doit être entrepris pour que le ne soit pas distrait par la situation qu'il a lui-même créée et puisse se concentrer de nouveau sur son important travail à titre de ministre des Finances.
La motion fournit une voie à suivre pour tous les ministres et les parlementaires en demandant au gouvernement d'éliminer les échappatoires présentes dans la Loi sur les conflits d'intérêts, comme l'a recommandé la commissaire aux conflits d’intérêts et à l’éthique.
Il y a deux ans, j'ai cru, comme beaucoup de Canadiens, que le nouveau gouvernement libéral allait faire les choses différemment et apporter de vrais changements. À l'instar de nombreux autres députés, je me suis présentée aux élections afin d'améliorer le Parlement et le gouvernement pour qu'ils puissent mieux servir les Canadiens. Plus précisément, je me suis présentée pour défendre les intérêts des électeurs de Saskatoon-Ouest, la collectivité où je vis et travaille depuis plus de 30 ans.
Je n'ai pas raté une seule occasion de signaler les fois où, selon moi, le gouvernement a respecté des engagements qui ont eu des répercussions positives sur les électeurs de ma circonscription. En effet, en tant que porte-parole en matière de travail, j'ai souligné les fois où le gouvernement a effectué d'importants changements de politique qui ont appuyé les droits des travailleurs et qui ont rendu les milieux de travail plus sécuritaires. J'ai également fait remarquer les fois où le gouvernement n'a pas tenu les promesses faites lors de sa campagne électorale.
Lorsque j'ai lu les lettres de mandat que le a écrites pour ses ministres, j'étais très optimiste à l'idée qu'un nouveau genre de gouvernement avait été élu, pas seulement un gouvernement qui présente un contraste frappant avec le gouvernement précédent, mais un gouvernement libéral complètement différent de ceux qui l'ont précédé. Je croyais vraiment que l'on donnerait suite à ce qui était écrit dans les lettres de mandat des ministres; je ne croyais pas qu'il ne s'agirait que de simples paroles en l'air.
Voici quelques extraits provenant de la lettre de mandat du qui m'ont frappée, et qui m'ont donné bon espoir que de vrais changements étaient non seulement possibles, mais imminents.
« Nous avons promis aux Canadiens un gouvernement qui amènera de réels changements, tant en ce qui a trait à nos actions qu’à la manière dont nous les accomplirons. »
« Nous nous sommes également engagés à relever la barre en matière d’ouverture et de transparence au sein du gouvernement. »
« Si nous faisons des erreurs, nous devons les reconnaître sur-le-champ. »
Enfin, la phrase la plus pertinente pour le débat d'aujourd'hui:
[...] vous devez observer les normes les plus élevées en matière d’honnêteté et d’impartialité, et l’accomplissement de vos tâches dans le cadre de vos fonctions officielles de même que l’organisation de vos affaires privées devraient pouvoir faire l’objet d’un examen scrupuleux du public. On ne s’acquitte pas de cette obligation simplement en se contentant de respecter la loi.
En raison des pressions exercées par l’opposition et de l’enquête menée par des journalistes, le a fait la semaine dernière ce qu’il fallait faire et, après deux ans au poste de , s’est départi, ainsi que sa famille, de toutes les actions qu’ils détenaient dans Morneau Shepell. C’était la chose à faire.
Madame la Présidente, je dirais que le a encore des mesures à prendre pour se conformer aux attentes énoncées dans la lettre de mandat du . Mais voyons cela de plus près en regard du projet de loi.
Le dépôt du projet de loi par le , à l’époque où il celui-ci avait encore des intérêts dans son entreprise et aurait pu ainsi profiter de son entrée en vigueur, le mettait en porte-à-faux par rapport aux injonctions de la lettre de mandat du . Il s’agissait clairement d’un conflit d’intérêts. Il est possible qu’il ait en fait bénéficié du simple dépôt du projet de loi . J’affirme cela parce que nous savons tous que la valeur des actions de Morneau Shepell a augmenté après le dépôt du projet de loi.
Selon la presse, nous savons également que le prônait déjà un tel projet de loi avant même d’entrer en politique. Le projet de loi modifierait la Loi sur les pensions, permettant ainsi aux employeurs de se détourner des régimes à prestations déterminées au profit des régimes à prestations cibles dont Morneau Shepell est l’un des grands fournisseurs.
S'il est adopté, le projet de loi amoindrirait la sécurité de pension pour des milliers de travailleurs sous réglementation fédérale en permettant aux employeurs de se soustraire à leurs obligations juridiques envers les retraités actuels et futurs en convertissant des régimes de retraite à prestations déterminées, même rétroactivement, en régimes à prestations cibles. Le projet de loi permettrait de transférer aux travailleurs tout le risque financier des futures prestations de retraite.
Outre le fait que le tirerait des profits financiers du projet de loi, et outre le fait qu'il a présenté un projet de loi visant à apporter à la réglementation des modifications qu'il a fait valoir dans sa vie privée à titre de propriétaire d'entreprise, le projet de loi n'a fait l'objet d'aucune consultation auprès des Canadiens, des pensionnés et des syndicats. De plus, il va à l'encontre d'une promesse électorale du . Lorsque l'ancien gouvernement conservateur a proposé une mesure similaire, les retraités et autres parties intéressées s'y sont tellement opposés que l'idée a été abandonnée.
Je demande au ministre pourquoi il a présenté le projet de loi . Dans l'intérêt de qui l'a-t-il présenté? Ne voit-il pas que les Canadiens et les parlementaires éprouvent des doutes à ce sujet? Je demande respectueusement au ministre de faire ce qui s'impose et de dire au Parlement et aux Canadiens qu'il retire le projet de loi .
Je crois que les Canadiens s'attendent à ce que le aille au-delà des recommandations de la commissaire, autrement dit, qu'il ne s'en tienne pas uniquement au respect des lignes directrices en matière d'éthique. Bref, il doit respecter, en paroles et en actes, les exigences que le a énoncées dans sa lettre de mandat, de façon à ce que l'accomplissement de ses tâches officielles puisse « faire l'objet d'un examen scrupuleux du public. On ne s'acquitte pas de cette obligation simplement en se contentant de respecter la loi. »
Les Canadiens méritent que le ne considère pas les questions d'éthique comme une distraction. Ils méritent que le ministre des Finances reconnaisse son erreur.
J'estime avoir indiqué plusieurs mesures que le gouvernement et le pourraient prendre dans l'intérêt des Canadiens, notamment pour éliminer les échappatoires dans la Loi sur les conflits d'intérêts, pour protéger les régime de retraite à prestations déterminées sous réglementation fédérale et pour respecter les engagements pris lors de la campagne électorale.
Il est toujours possible de faire ce qui s'impose. J'exhorte le et le gouvernement à faire amende honorable dans les meilleurs délais.
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Madame la Présidente, cela me fait plaisir de me lever à la Chambre pour parler de la motion du NPD, mais nous aurions mieux aimé ne pas avoir à discuter de ce sujet-là. Celui-ci s'est imposé à cause des écarts de conduite du , qui vient de frapper un grand coup dans l'imaginaire collectif en faisant comme s'il n'y avait aucune apparence de conflit d'intérêts entre ses propres décisions et les compagnies qu'il possède.
Avant de débuter mon allocution, je voudrais simplement rappeler que tout le système démocratique repose en grande partie sur la confiance. Les citoyens et les citoyennes élisent 338 personnes à la Chambre et une majorité d'entre elles forment un gouvernement et un Cabinet de ministres qui sont là pour servir le public. Tout le système repose sur la confiance que 36 millions de Canadiens accordent aux 338 personnes afin qu'elles agissent dans l'intérêt du bien commun et du service public. Ce que le ministre des Finances a fait ou n'a pas fait vient briser cette confiance qui est à la base de notre système.
Si les gens pour qui nous travaillons, que ce soit ceux que je croise sur l'avenue Papineau ou sur la rue Beaubien, à Montréal, ont l'impression que nous sommes ici uniquement pour nos propres intérêts, tout le système risque de s'effondrer. Ce ne sont pas des blagues. Il faut que les gens aient la conviction absolue que nous sommes ici pour eux et non pour nous en mettre plein les poches. Or, depuis maintenant deux ans, le ministre ne cesse d'alimenter le cynisme au sein de cette partie de la population qui craint que nous ne soyons pas ici pour elle, mais d'abord et avant tout pour nous-mêmes.
Le ministre des Finances avait l'occasion, dès le départ, de jouer franc-jeu en se distanciant de ses propres intérêts pécuniaires. Dans cette histoire-là, il a omis de le faire volontairement. Ce n'est pas un hasard, tout comme lorsqu'il a omis de déclarer qu'il avait une villa en France. Cela est quand même incroyable. Ce genre d'omission n'arrive pas souvent chez les gens ordinaires.
Mme Marjolaine Boutin-Sweet: Cela arrive deux ou trois fois!
M. Alexandre Boulerice: Madame la Présidente, la députée d' me corrige un peu; cela arrive deux ou trois fois!
Ce que je veux dire, c'est qu'on a l'impression que l'ensemble des décisions qui sont prises par ce gouvernement, qui se drape dans les vertus de la classe moyenne et de tous ceux qui y veulent en faire partie, profitent en fait à une élite, au 1 % de la population dont fait partie le ministre des Finances. Nous y reviendrons.
Le gouvernement libéral se targue d'avoir aidé les gens de la classe moyenne en abaissant le taux d'imposition pour certains d'entre eux, mais rappelons que la baisse de taxes accordée par le gouvernement libéral profite d'abord et avant tout à ceux qui gagnent 120 000 $ ou plus par année. Tous ceux qui gagnent moins de 45 000 $ par année, eux autres, passent inaperçus. Ils n'existent pas. Pour le Parti libéral, les gens qui gagnent 30 000 $, 35 000 $ ou 42 000 $ par année ne font pas partie de la classe moyenne et n'ont pas besoin d'aide. C'est la définition libérale. Rappelons-le, parce que c'est important: en ce qui concerne le stratagème de rajustement des taux d'imposition des particuliers, ce sont les gens qui gagnent plus de 120 000 $ par année qui en ont le plus profité. C'est incroyable.
En outre, la promesse libérale de mettre fin aux échappatoires fiscales liées aux options d'achat d'actions, dont bénéficient les PDG et qui nous coûtent 800 millions de dollars par année, est brisée. Les libéraux ne vont pas s'attaquer aux PDG, aux plus riches et au 1 %, parce que ce sont leurs amis de Bay Street. Ils vont plutôt s'acharner aux plus petits, encore une fois.
Bref, non seulement la baisse de taxes est une risée monumentale, puisqu'elle n'aide pas les gens qui en ont le plus besoin, soit les gens à faible revenu, mais on maintient une échappatoire fiscale qui profite aux PDG et on continue de faire affaire avec les paradis fiscaux.
Au mois de mars dernier, le NPD a déposé une motion à la Chambre et tous les députés du Parti libéral ont voté en sa faveur. Cette motion demandait au gouvernement, entre autres choses, de revoir l'ensemble des conventions fiscales que nous avons avec des paradis fiscaux, comme la Barbade et les îles Caïman, par exemple. Les libéraux ont en fait revu la liste. Ils ont dit qu'il en manquait et qu'il pourrait y en avoir un de plus.
Nous, pauvres naïfs au NPD, pensions que le vote libéral signifiait qu'on allait réduire le nombre de pays avec lesquels on faisait affaire, mais non, on va finalement l'augmenter. On a ajouté les îles Cook, protectorat britannique non loin de la Nouvelle-Zélande, qui a un taux d'imposition sur les compagnies de zéro. On met notre argent là-bas, on ne paie pas d'impôt. On ramène nos billes au Canada, et après cela, on dit que cet argent a déjà été scruté par un système fiscal, et donc qu'on s'en échappe et qu'on n'a pas besoin de payer d'impôt au Canada.
Je vais faire plaisir à mes amis avec une évaluation très conservatrice: chaque année, nous perdons 5 à 8 milliards de dollars à cause des paradis fiscaux. C'est Statistique Canada qui a établi ces montants. C'est probablement beaucoup plus que cela parce qu'on est incapable de le savoir.
Dans cette même veine, les libéraux ne s'attaquent jamais aux gens qui profitent du système pour ne pas payer leur juste part. On pense à l'imposition personnelle, à l'échappatoire des PDG et aux paradis fiscaux. Que font-ils par contre? Les libéraux déposent le projet de loi qui va s'attaquer de plein fouet aux régimes de retraite des travailleurs et des travailleuses de notre pays, qui ont négocié de bonne foi avec leur employeur. Ces régimes de retraite leur garantissent un certain montant une fois qu'ils vont avoir atteint leurs vieux jours. Cela s'appelle des régimes de retraite à prestations déterminées, ce qui signifie qu'une personne a l'assurance qu'elle pourra compter sur un tel montant chaque mois, à la retraite. Cela lui permet de prévoir ses dépenses, par exemple, le paiement du loyer, les voyages et l'aide financière aux petits-enfants qui vont à l'université.
Le gouvernement libéral s'attaque à ce principe de régime de retraite à prestations déterminées avec le projet de loi . Ce qu'il faut savoir, c'est que l'entreprise que possède le , Morneau Shepell, est justement spécialisée dans la gestion des régimes de retraite.
Une voix: Non!
M. Alexandre Boulerice: Oui. Le hasard fait bien les choses parfois. Le n'a peut-être qu'un million d'actions. Nous pouvons débattre cela. Il a probablement 2 millions d'actions de Morneau Shepell, et il dépose le projet de loi C-27, qui, je m'excuse de l'expression, amènerait de la business à sa propre entreprise, dont il tire profit personnellement.
Le projet de loi C-27 viendrait changer les prestations déterminées par des prestations cibles. Ces prestations, conceptuellement, sont comme du Jell-O. C'est comme un régime de retraite Jell-O qui ne donne aucune idée du montant qu'on aura à la retraite. Il y a une cible, un objectif. On aimerait avoir 1 000 $ par mois, par exemple. Or il n'y a aucune garantie que cela se produira, et c'est un régime extrêmement complexe à gérer. Ce sont des compagnies comme Morneau Shepell qui le font.
Le ministre des Finances a-t-il placé tous ses actifs et ses actions dans une fiducie sans droit de regard, tel qu'il l'avait laissé entendre au départ quand il a été élu?
Surprise, madame la Présidente, on apprend que non. Je sens la déception.
Le ministre des Finances, qui est un homme brillant mais parfois un peu ratoureux, a justement utilisé une échappatoire pour ne pas placer ses actions et ses actifs dans une fiducie sans droit de regard. Il les a placés dans une compagnie à numéro. Il a pensé qu'on ne s'en rendrait pas compte, alors que le projet de loi C-27, qu'il pilote lui-même, viendrait profiter à sa compagnie, donc, à son propre portefeuille.
Le ministre des Finances vient de se placer dans une situation de conflit d'intérêts qui est flagrante. Dès que le projet de loi a été déposé, il y a eu un effet sur les marchés. Quel effet cela a eu sur les actions de Morneau Shepell? Elles ont monté.
Une voix: Non!
M. Alexandre Boulerice: Oui, madame la Présidente, cela a eu un effet direct. Les actions de Morneau Shepell ont monté et le lui-même pourrait en bénéficier. C'est pour cela que nous avons déposé cette motion aujourd'hui, que nous tenons ce débat à la Chambre des communes. Le ministre des Finances doit...
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Madame la Présidente, étant donné qu'aucun député de l'opposition ne semble vouloir se prononcer à ce sujet, je suis ravi de le faire.
Comme je l'ai dit dans la question que j'ai formulée à l'intention de l'orateur précédent, il est important de reconnaître toutes les magnifiques initiatives qui ont été prises par le gouvernement, sous la direction du et du .
J'aimerais souligner quelques-unes de ces initiatives.
Les Canadiens connaissent bien l'allégement fiscal qui a été accordé à la classe moyenne. Lorsque le ministre des Finances a présenté cette mesure, les néo-démocrates et les conservateurs ont voté non, et ils ont critiqué le ministre des Finances. La même situation s'est produite lorsqu'on a annoncé un impôt spécial pour les Canadiens les plus riches. Au moment de la mise en oeuvre de cet impôt, les partis de l'opposition se sont encore une fois mis ensemble pour dénoncer le ministre. Cet été, quand le ministre des Finances a tenté de proposer des modifications fiscales qui rendraient le régime fiscal du Canada plus équitable, le NPD et le Parti conservateur ont conjointement rejeté la proposition du ministre. Le réflexe des députés de l'opposition, tant néo-démocrates que conservateurs, est de critiquer le ministre des Finances chaque fois que l'occasion se présente.
Le ministre des Finances, le premier ministre et le gouvernement disent clairement depuis le début que leur priorité est la classe moyenne du Canada et ceux qui aspirent à en faire partie. La classe moyenne était la considération première dans toutes les mesures prises par le ministre des Finances. Or, chaque fois qu'une de ces initiatives a été présentée, les partis de l'opposition se sont unis pour critiquer le ministre.
Par conséquent, les Canadiens ne devraient pas être surpris de constater qu'aujourd'hui, une fois de plus, les néo-démocrates et les conservateurs s'unissent pour demander je ne sais quoi. Tout ce que nous savons, c'est qu'ils s'en prennent au ministre des Finances.
Il y a une commissaire à l'éthique. Je suggère aux Canadiens de tenir compte du fait que chacun de nous, même les néo-démocrates et les conservateurs, avons l'obligation de collaborer avec elle et de suivre ses recommandations. C'est ce qu'a fait le ministre des Finances.
Je suggère aux Canadiens de ne pas tenir compte des attaques de l'opposition et d'écouter ce que dit la commissaire. Nous croyons que les Canadiens porteront attention à cela et reconnaîtront le merveilleux travail qui est fait pour la classe moyenne du Canada.