propose que le projet de loi, soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
-- Madame la Présidente, je suis heureux de prendre la parole aujourd'hui sur le projet de loi qui, je l'espère, sera appuyé par tous les partis représentés à la Chambre.
À la Chambre, nous sommes tous les représentants élus de la population. Nous sommes censés porter sa voix et faire des choix qui correspondent à ses préoccupations et à ses valeurs. Nous sommes en quelque sorte les incarnations de la volonté du peuple. C'est à la fois un privilège et un devoir que nous devons avoir constamment à l'esprit.
Cependant, la population perd confiance en nous au fil du temps. On l'entend dans nos soupers de famille, dans les conversations au bureau, dans les médias et dans la file au dépanneur. Mépriser la classe politique est devenu un sujet aussi banal que la météo ou les gloires et les déboires des Canadiens de Montréal.
La population perd confiance en nous. Plus souvent qu'autrement, on reproche aux politiciens d'être corruptibles. On ne serait pas ici pour les bonnes raisons. On aurait des intérêts particuliers et des programmes cachés.
Malheureusement, les citoyens ont l'impression que nous sommes à vendre comme classe politique et que nos décisions sont achetables. Les commentateurs appellent souvent cela le cynisme de la population. On entend souvent cette expression. Toutefois, la population, elle, n'est pas cynique, elle a un sens moral. Elle distingue ce qui est bien de ce qui est mal. C'est plutôt nous qui sommes soupçonnés d'être cyniques et de n'être guidés que par nos propres intérêts. Tout est une question de perception du public et de confiance de la part des concitoyens.
Nous avons tous ensemble le devoir de réparer le lien de confiance avec la population, sans lequel la légitimité même de la Chambre est remise en question. Nous avons la responsabilité d'être droits, de nous éloigner de toute apparence de conflit d'intérêts, de copinage et de quelque situation que ce soit qui pourrait avoir l'air d'un retour d'ascenseur.
Je ne réinvente pas la roue. Ce sont des propos que nous entendons tous un chacun dans nos circonscriptions respectives. Nous avons la responsabilité d'être irréprochables et plus blanc que blanc. Pour y arriver, nous devons commencer par poser un geste significatif et revoir le mode de financement des partis politiques actuellement en place.
Le financement des partis politiques est un geste profondément démocratique. Un citoyen peut contribuer à un parti politique parce qu'il adhère à ses idées, voire à ses idéaux. Cela n'est pas seulement un encouragement, c'est un geste politique qui relève de l'engagement.
Quand on s'attaque aux fondements du financement politique en en détournant les objectifs, quand on utilise le financement politique à des fins intéressées, parce que cela rapporte quelque chose directement dans les poches, c'est aux fondements même de la démocratie et à la charge qui nous incombe qu'on s'attaque.
Sur le plan du financement des partis politiques, plus un parti tripote les règles, moins il est populaire, moins il est accessible et plus il est suspect. Comment convaincre la population que chaque voix a la même valeur et le même poids en démocratie quand les partis politiques se financent à coup de soirées privées à 1 500 $ le billet d'entrée? Comment convaincre la population que les décisions sont prises uniquement dans l'intérêt public?
Les citoyens, la classe moyenne, n'ont pas accès à ces soupers intimes avec le premier ministre, par exemple, à 1 500 $ la table d'hôte. Même les gens intéressés par la politique voient cela d'un mauvais oeil. Quant à nos militantes et à nos militants respectifs, ceux qui croient assez en nous pour donner de leur temps, et pour offrir 100, 200, 300 ou 400 $ qu'ils peuvent dégager de leur budget annuel, comment pense-t-on que ces gens perçoivent les élus quand ils les voient au bras des élites à jouer la grande comédie dans l'espoir d'engranger les gros chèques?
J'ai un bon exemple à donner. Le 19 mai 2016, le premier ministre a rencontré, dans un souper privé à 1 500 $ le billet, Shenglin Xian, un homme d'affaires qui souhaitait obtenir du gouvernement la permission de créer une banque spécifiquement destinée à servir l'importante communauté chinoise de Vancouver, la Wealth One. Le 7 juillet 2016, le gouvernement a donné le feu vert au lancement de la banque. Or dans les 48 heures précédant l'annonce officielle, le premier ministre a reçu 70 000 $ en contributions. Ces 70 000 $ provenaient tous de chèques du montant maximal prévu par la loi, soit 1 500 $.
Le premier ministre a reçu 70 000 $ pour sa circonscription de Papineau à Montréal, en chèques provenant pratiquement tous de riches Canadiens d'origine chinoise de la région de Vancouver.
C'est assez extraordinaire comme coïncidence. Cela entretient le cynisme. Toutes les apparences portent à croire que le premier ministre a bénéficié d'un retour d'ascenseur pour la création de la banque Wealth One.
On peut se questionner à savoir si c'est quelque chose de moral et si une telle proximité entre les lobbyistes et le premier dirigeant du Canada est souhaitable. On peut même se demander si le financement des partis politiques peut contribuer à mettre un certain projet sur la voie rapide, et si les décisions gouvernementales peuvent être influencées. Il y a une chose sur laquelle on ne peut pas se questionner, et c'est la légalité de cette pratique. Oui, la pratique que je viens de décrire est tout à fait légale, à 100 %, dans le régime actuel.
C'est comme cela que les grands partis se financent de nos jours, depuis qu'on a éliminé le financement public des partis politiques. C'est pratique pour les deux grands partis canadiens d'éliminer le financement public. Ils ont des entrées dans les grands cabinets, de bons carnets de contacts dans les grandes banques et de bons contacts dans toutes les officines du pouvoir où se brassent les grosses affaires. Ils n'ont pas besoin de dons des gens ordinaires qui veulent contribuer à la hauteur de leurs moyens, parce qu'ils veulent protéger l'environnement, qu'ils veulent plus de justice sociale ou qu'ils veulent un pays pour leur propre nation.
La compétition féroce entre les grands donateurs convient aux grands partis. Cela donne l'impression au public que le pouvoir est à vendre. Il faut se rappeler que c'est Jean Chrétien, ancien premier ministre libéral, qui avait instauré le financement public des partis politiques. Il avait bien compris, dans la foulée du scandale des commandites, que c'est important en politique de maintenir une image de probité irréprochable, car les citoyens trouvent cela important et crucial. Le gouvernement libéral actuel devrait s'en inspirer.
Avec le financement public des partis politiques, les partis obtiennent un financement stable qui dépend précisément du nombre de votes qu'ils ont obtenus. À cet égard, le financement public est un incitatif à voter, parce que même s'il est certain qu'un candidat ne sera pas élu, chaque vote qu'il recevra servira le parti que l'électeur aura appuyé. Tous peuvent donc avoir la certitude de ne pas voter inutilement et de ne pas perdre leur vote. C'est démocratique, c'est surtout éthique, mais c'est particulièrement sain pour nos moeurs démocratiques.
Avec le financement public, pas besoin de faire de la belle façon aux élites dans l'espoir de recevoir une poignée de main très payante. Les grands collecteurs de fonds des grands partis ont souvent une influence directe sur les politiques publiques, particulièrement lorsqu'il s'agit du parti au pouvoir. En effet, ils ont des accès privilégiés au caucus des députés, au Conseil des ministres ou au bureau même du premier ministre. Plus le plafond de contribution est bas, moins grande est l'influence des collecteurs de fonds, et il y a moins d'espace pour les lobbys, les intérêts privés et les amis du pouvoir.
En outre, avec le financement public, toutes les options politiques, quelles qu'elles soient, obtiennent des fonds correspondant au nombre des citoyens qui les appuient. C'est donc dire, comme je le disais plus tôt, que les citoyens savent que leur vote compte. Ils savent qu'ils peuvent choisir le parti politique qu'ils veulent et qui représente leurs valeurs, plutôt que de se limiter à faire un x en faveur du candidat au poste de premier ministre le moins pire, par exemple. C'est dommage d'être élu par défaut parce que nos gens, tellement cyniques, votent pour le choix le moins pire.
Du coup, cela encourage la diversité des opinions politiques et cela permet aux petits partis de se faire entendre, et mieux, à terme, cela peut même contribuer à l'arrivée d'un nouveau parti, ce qui est en soi est profondément sain et démocratique pour une société comme la nôtre.
Nous n'avons pas réinventé la roue, nous reprenons essentiellement l'héritage libéral. Si on rétablissait la vieille règle, l'héritage libéral, le coût du financement public serait insignifiant par rapport à ce que cela nous coûte dans le système actuel.
D'une part, comme le financement des partis politiques est lié au vote, chaque contribuable a la certitude que la minuscule part d'impôt qu'il paie pour le financement des partis politiques va essentiellement au parti qu'il a appuyé.
Dans le système actuel, quand un riche donateur donne 1 500 $ à un parti politique, il reçoit un crédit d'impôt de 650 $ que nous payons tous collectivement. Une petite part de nos impôts va au financement des partis auxquels nous sommes opposés. En diminuant le plafond et en ramenant le financement public, nous rétablissons l'équilibre entre la volonté de l'électeur et la participation du contribuable. Une plus grande part de notre impôt va directement au parti qui défend nos idées. Cela coûte beaucoup moins cher que le financement actuel. Le système actuel nous coûte la légitimité de la démocratie au Canada.
Je demande donc aujourd'hui à mes confrères et à mes consoeurs de tous les partis d'avoir une pensée pour les femmes et les hommes qu'ils représentent aujourd'hui à la Chambre. Ils les connaissent bien, ils savent à qui ils ont affaire et quel genre de valeurs les anime.
Je leur demande de réfléchir à ce que ces femmes et ces hommes attendent d'eux. Je leur demande de poser un geste fort en l'honneur des valeurs fondatrices de la Chambre. Je leur demande de voter en faveur de mon projet de loi, du rétablissement du financement public des partis politiques, de la probité et de la droiture des élus, des moeurs politiques saines et d'une expression démocratique plus libre.
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Madame la Présidente, c'est un grand plaisir pour moi d'intervenir pour parler du projet de loi et de la loi sur le financement électoral.
Pour commencer, je dirai que je n'appuierai pas ce projet de loi, et ce, non pas parce que je ne pense pas que les fonds publics doivent jouer un plus grand rôle dans le financement électoral — je le pense —, mais parce que l'autre possibilité est de faire plus de place aux fonds privés.
L'enjeu essentiel dans notre démocratie que je veux aborder est la remise en question totale du système de financement des partis politiques. Ce financement est-il nécessaire, et s'il l'est, quelle forme devrait-il prendre? Selon la sagesse populaire, il l'est. Je veux néanmoins que nous nous posions la question en faisant montre d'honnêteté et d'objectivité.
Les partis politiques ont besoin d'argent pour fonctionner et faire campagne, c'est certain. Cependant, comment peut-on faire pour leur financement soit équitable?
D'abord, les partis et les associations de circonscription ne devraient pas être en compétition pour les mêmes fonds. La collecte de fonds devrait se faire dans la circonscription et une partie de ces fonds devraient être envoyés au parti pour qu'ils restent associés au parti: aux partis et aux associations de circonscription de décider ensuite des détails. Après tout, un parti n'existe pas sans circonscription ni représentant. Les partis ne servent qu'à rallier des députés aux vues similaires pour qu'ils travaillent ensemble. Ils ne sont pas censés servir à produire des députés aux vues similaires. C'est une discussion pour un autre jour.
Je ne suis pas d'accord avec le modèle de financement actuel, soit 100 % de fonds privés combinés à des crédits d'impôt non remboursables et à des remboursements de dépenses, puisque cela ne permet pas une participation égale de tous les membres de la société, ce qui est un principe de base de toute démocratie. Les personnes qui ont de l'argent peuvent participer au financement et obtenir des crédits d'impôt. Celles qui n'ont pas l'argent pour le faire n'ont pas droit à l'incitatif fiscal connexe. Ainsi, le fait d'avoir moins d'argent signifie que chaque dollar coûte plus aux moins bien nantis en termes absolus et extrêmement plus en termes relatifs. Encore une fois, les déshérités sont désavantagés par rapport aux plus fortunés, et les politiciens, dont les besoins en fonds sont infinis, doivent nécessairement aller vers les nantis.
Dans bien des cas, les personnes qui font des dons le font pour la cause. Cela dit, à mon avis, il serait naïf de penser qu'il en est toujours ainsi. Je suis certain qu'il nous est tous arrivé de recevoir un courriel ou un appel d'une personne qui avait fait un don à l'association de circonscription ou au parti nous disant: « Je suis un donateur et je suis en colère. » Personnellement, je n'aime pas ce genre de message. À mes yeux, les gens doivent donner parce qu'ils sont d'accord avec ce que nous faisons et qu'ils veulent que nous poursuivions sur la même voie et non pour pouvoir nous dire quoi faire. Si quelqu'un est en colère, je veux le savoir, mais je veux le point de vue d'un citoyen, pas celui d'un donateur. Les commentaires doivent être indépendants des dons qui ont été faits, et les personnes qui n'ont rien donné doivent pouvoir s'exprimer avec la même vigueur. Je suis ici pour représenter tous les habitants de ma circonscription et faire de mon mieux pour eux tous et non pas seulement les personnes qui m'ont appuyé ou qui pourraient un jour le faire.
Je ne souscris pas davantage au concept du financement annuel par vote reçu, qui est le principal objectif du projet de loi , pour la simple raison que le parti qu'un électeur a appuyé au cours des élections de 2015 ne correspond pas nécessairement à celui qu'il voudrait appuyer financièrement. De surcroît, le choix de cet électeur pourrait ne pas être le même en 2016, en 2017, en 2018 ou en 2019. Lorsque des partisans du Parti vert votent pour un candidat libéral afin de faire obstacle à un candidat conservateur, pourquoi l'argent devrait-il être versé au Parti libéral plutôt qu'au Parti vert? Cela n'a aucun sens. Si nous rétablissons le financement par vote reçu, nous devrions aussi mettre en place un scrutin préférentiel afin que l'argent soit attribué au premier choix des électeurs, quels que soient les autres candidats pour qui ils choisissent ensuite de voter au ballottage afin de prévenir les effets indésirables qu'on observe parfois lorsque les Canadiens ne votent pas de façon stratégique.
Cependant, j'estime aussi que ce n'est pas parce qu'un parti politique est enregistré qu'il a automatiquement droit à du financement ou au même niveau de financement que les autres partis enregistrés. Le financement doit être lié d'une certaine façon à l'appui réel dont jouit le parti. Il n'est pas nécessairement dans l'intérêt de la démocratie de verser 18 millions de dollars au Parti rhinocéros simplement parce qu'il est un parti enregistré. De plus, le financement par vote reçu pourrait inciter certaines personnes qui ne s'intéressent pas réellement au processus électoral à enregistrer des partis politiques strictement afin de recueillir l'argent. Je pense que les risques sont assez évidents.
Je sais que je suis l'un des seuls à penser ainsi, mais la méthode que je privilégie pour remédier à toutes ces préoccupations, c'est d'ajouter une question dans la déclaration de revenus des Canadiens. Cette question ressemblerait à quelque chose comme ce qui suit — je précise que j'ai choisi les chiffres de façon totalement arbitraire.
Par exemple, en ce qui concerne, disons, la ligne 500 de la déclaration de revenus, il faudrait donner une réponse pour que la déclaration soit considérée comme complète. La question pourrait être la suivante: « Question 1. J'ai le droit de verser 25 $ à un parti enregistré dans ma circonscription ou de laisser cette somme en dépôt fiduciaire pour un candidat indépendant, qui devra les rembourser ou qui les perdra s'il ne se présente aux prochaines élections: a) Oui, je souhaite exercer ce droit; b) Non, je ne souhaite pas pour l'instant participer au financement d'un parti politique ou d'un candidat indépendant. » Si la personne répond « non », ce sera tout; elle aura ainsi respecté ses obligations relativement à cette ligne de la déclaration. Autrement, elle devrait ensuite répondre à trois autres questions.
La première question serait: « Le parti ou le candidat indépendant que je souhaite appuyer dans ma circonscription est », puis il y aurait un espace blanc à remplir ou, pour les déclarants par voie électronique, un menu déroulant contenant les données fournies par Élections Canada. La deuxième question serait: « J'aimerais que cet argent: a) provienne des recettes générales; b) soit ajouté à ma propre cotisation. » La dernière question serait: « J'aimerais que la provenance de cette contribution: a) soit communiquée au parti ou au candidat indépendant qui la reçoit; b) reste anonyme et confidentielle. »
Séparer ainsi les questions permet à ceux qui croient que ce sont leurs propres fonds qui doivent servir à financer les partis politiques de joindre le geste à la parole. Par contre, ce qui est encore plus important, c'est qu'une personne qui est sans le sou et un millionnaire ont alors le même poids dans le système de financement des partis.
Tout le monde a le choix de faire une contribution de façon anonyme, mais personne n'y est tenu, alors les partis politiques ne peuvent pas se servir d'emblée des données. Permettre aux gens de refuser de faire une contribution, qui plus est, de façon anonyme, devrait forcer tous les partis à adopter un message plus positif. Les activités de financement tendancieuses qui sèment la discorde ne fonctionneront pas dans un système de financement anonyme et fondé sur les cotisations fiscales. La négativité ne ferait que dissuader les gens de contribuer aux partis politiques dans leur ensemble, car, avant même de voir les options qui leur permettent de choisir le bénéficiaire du don, ils répondraient non à la question qui leur demande s'ils veulent donner de l'argent.
La part du gâteau peut être très grosse si les Canadiens ont tous une bonne opinion des partis politiques plutôt que d'avoir la mauvaise opinion promulguée aujourd'hui par certains des éléments de notre système politique visant à encourager la division et la haine plutôt que la collaboration.
Bien que l'Agence du revenu du Canada sera probablement très peu enthousiaste à l'idée de jouer un rôle dans ce dossier — il doit y avoir des contrôles minutieux et précis en vue de protéger la confidentialité des réponses à cette question —, je pense qu'il s'agit de la façon la plus juste possible de nous assurer du caractère équitable du financement politique par l'ensemble des citoyens pour ceux qu'ils soutiennent ici et maintenant, en tout temps, dans toutes les régions du pays.
Il ne fait aucun doute que d'autres modèles et solutions pourraient être étudiés, mais je crois fermement que la question doit être posée, et je remercie le député de d'avoir soulevé la question de la réforme du financement public pour que nous puissions en discuter.
Le projet de loi dont nous sommes saisis réduit aussi considérablement les limites en matière de financement tout en réintroduisant le financement par vote. Le montant du plafond de don est pratiquement inutile s'il existe toujours une iniquité entre les donateurs qui ont les moyens et ceux qui n'en ont pas. Par conséquent, en ce qui me concerne, le plafond de 500 $ ou de 1 500 $ est sans importance. Quelqu'un qui gagne suffisamment pour payer des impôts et qui fait un don de 400 $ paie seulement 100 $ de ses poches, tandis que quelqu'un qui ne gagne pas suffisamment pour payer des impôts et qui fait un don de 400 $ paie le montant total de ses poches, sans parler du fait qu'il se retrouvera peut-être dans la rue ou sans rien à manger. Ainsi, je pense que la modification proposée dans le projet de loi est assez inutile. Elle ne règlerait aucun problème existant.
Enfin, le projet de loi du député de contient une disposition d'entrée en vigueur absolue plutôt que relative. Étant donné que le projet de loi n'en est qu'à l'étape de la deuxième lecture ici à la Chambre et qu'il doit passer par les étapes de l'étude par le comité, du rapport et de la troisième lecture à la Chambre des communes, du renvoi au Sénat et de la deuxième lecture, de l'étude par le comité, du rapport et de la troisième lecture au Sénat, puis de la sanction royale, il n'est pas réaliste de laisser penser qu'il pourrait être en vigueur d'ici 24 jours.
Au cours des deux dernières années, nous avons progressé énormément sur ces questions. Je ne crois pas que mes opinions sur le financement reflètent celles d'un grand nombre de mes collègues de quelque parti que ce soit à la Chambre, mais nous voyons des changements ici et dans plusieurs provinces.
Le projet de loi conservateur , la prétendue Loi sur l'intégrité des élections, a modifié le financement de maintes façons nuisibles pour une société démocratique, y compris en excluant les dépenses consacrées aux collectes de fonds des dépenses plafonnées pour les campagnes électorales et en haussant la limite des dons de 25 % puis en l'indexant de 25 $ par année plutôt qu'en fonction de l'inflation.
Je ne vais pas contester encore ce projet de loi. Comme adjoint du porte-parole libéral en matière de réforme démocratique à l'époque, j'ai passé bien des nuits blanches à essayer de saisir chaque mot de cette mesure législative et cela a certainement contribué à me motiver à briguer un siège ici pour qu'il n'y ait plus ce genre d'abus de la démocratie.
Le projet de loi du gouvernement, le projet de loi , propose des exigences strictes en matière de rapports sur les activités de financement auxquelles participent les détenteurs du pouvoir au gouvernement et ceux qui travaillent fort pour les remplacer, ce qui est, je pense, réellement important.
Le problème que posent la collecte de fonds et le financement public des partis politiques, bien entendu, est qu'il n'y a pas de réponse parfaite, mais seulement un ensemble équilibré de solutions imparfaites. Ce dont je suis certain, cependant, c'est que le projet de loi ne règle pas les inégalités fondamentales dans la structure actuelle des collectes de fonds et du financement public de notre système politique.
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Madame la Présidente, selon moi, les observations et les propositions du député de sont beaucoup plus intéressantes que ce contient le projet de loi. Lui et moi sommes membres du comité de la procédure et des affaires de la Chambre. Je ne suis pas certain de vouloir l'admettre, mais c'est moi qui siège depuis le plus longtemps à ce comité. J'y suis depuis 15 ans. Les gens qui ont voté aux dernières élections étaient encore des gamins quand j'en suis devenu membre. Je pense que c'était le cas du député. Sa jeunesse n'a d'égale que son intelligence et son enthousiasme.
Il est arrivé à quelques reprises, au cours de ma carrière de député, que j'aie des opinions plutôt originales. Je me suis alors efforcé de les écrire et de les publier dans les publications quasi spécialisées qui circulent au Parlement, par exemple la publication numérique Options politiques. Les idées qu'a exprimées le député dans la première moitié de son intervention auraient tout à fait leur place dans une publication comme celle-là. Elles pourraient alors faire partie du débat en cours, lequel porte sur une question qui, à vrai dire, ne sera jamais totalement réglée. On pourra toujours améliorer les choses. Voilà la nature de notre appareil politique, du Règlement de la Chambre des communes et des lois qui régissent les élections et, plus particulièrement, le financement des partis.
Je tiens à parler du projet de loi, car c'est la raison pour laquelle nous sommes ici aujourd'hui. Ce projet de loi est en quelque sorte un ensemble de solutions à la recherche d'un problème.
Je m'explique. En général, le régime de financement politique que nous avons aujourd'hui est mieux que jamais auparavant. Grâce à ma carrière à la Chambre — presque aussi longue que la vie de Mathusalem —, je peux me rappeler les temps lointains, que le temps a oublié, si l'on veut, où les dinosaures régnaient sur Terre — ou, du moins, sur le financement. Lorsque j'ai été élu pour la première fois, il n'y avait aucune limite en matière de financement.
Une voix: Les conservateurs.
M. Scott Reid: Quelqu'un semble suggérer que le lien avec les dinosaures réfère aux conservateurs, mais je tiens à faire valoir qu'à l'époque, les libéraux ressemblaient beaucoup aux trilobites.
À l'époque, les dinosaures qui régnaient étaient les vastes institutions, c'est-à-dire les grandes sociétés qui pouvaient donner d'importantes sommes d'argent — des sommes phénoménales —, des sociétés sous réglementation fédérale comme les banques, par exemple, qui donnaient des sommes considérables aux partis et qui s'attendaient à recevoir en échange un traitement préférentiel. C'était un système foncièrement corrompu, même si je ne pense pas que les gens impliqués essayaient intentionnellement d'être corrompus.
Je participais à ce système. Je me souviens d'avoir organisé des dîners-bénéfices, où les sociétés achetaient des places aux tables. Tous les partis faisaient la même chose. Je suis heureux de dire que, tout à son honneur, Jean Chrétien a changé cette façon de faire en 2004. Il a fait imposer un plafond de 5 000 $, qui est entré en vigueur cette année-là.
Lorsque le gouvernement Harper est arrivé au pouvoir, il a réduit le plafond à 1 000 $ par année et, de plus, toutes les formes de dons des entreprises et des syndicats, qui avaient été plafonnées par le gouvernement Chrétien, ont été interdites complètement. Depuis, le chiffre a augmenté à 1 500 $, et mon collègue de a expliqué exactement comment il augmenterait à l'avenir.
En établissant un plafond pour les dons et en interdisant les dons provenant de sociétés et de syndicats, on souhaitait modifier en profondeur le mode de financement des partis politiques. Ainsi, au lieu de chercher à convaincre un petit nombre de donateurs de verser des dons considérables, il faudrait trouver de nombreux donateurs qui contribueraient des sommes moindres, le plafond étant de 5 000 $ à l'époque du gouvernement Chrétien, de 1 000 $ selon les premières règles du gouvernement Harper, et de 1 500 $ à l'heure actuelle. Il a été très bénéfique, pour la politique canadienne, qu'on impose ces plafonds peu élevés au lieu d'autoriser des dons illimités.
Grâce à cela, notre démocratie est plus pure, et elle repose sur un financement populaire. Les conservateurs ont réussi à recueillir plus de financement populaire que les autres partis, mais les libéraux commencent à adopter des stratégies plus efficaces. Cela influence non seulement leurs activités de financement, mais aussi leur approche politique, puisqu'ils souhaitent attirer des donateurs potentiels. Il ne s'agit pas, dans ce cas, de dirigeants d'énormes entreprises, mais de gens qui font des dons de 1 000 $ ou de 1 500 $, ou encore de 40 $ ou de 50 $.
J'avais l'impression que l'ancien système transformait l'argent en poison, d'une certaine manière, mais les plafonds actuels changent les choses. Quand nous cherchons à obtenir des dons, nous nous adressons généralement à nos électeurs et à des gens qui ont de fermes convictions, même s'ils habitent à l'extérieur de notre circonscription. Chacun de nous a un seul vote. Si un enjeu me tient à coeur mais ne trouve aucun écho chez mon collègue, chacun de nous a un vote, et nos votes s'annulent. Les dons laissent toutefois une certaine marge de manoeuvre, puisqu'ils vont jusqu'à 1 500 $. Ce plafond ne permet à personne d'avoir une influence de l'ordre de 100 000 $ ou d'un million de dollars, comme c'était le cas autrefois, mais il permet de faire un suivi et de montrer le sérieux de son engagement, ce qui est tout à fait raisonnable, selon moi.
Oui, il s’agit bien de la question des plafonds, mais c’est celle de la subvention par vote qu’il faut régler. Elle a été instaurée pour une raison bien précise, à savoir permettre aux partis de s’adapter. En privilégiant un montant modeste par habitant, nous éliminions les énormes montants provenant des banques, de Bombardier, des compagnies aériennes et des entreprises sous réglementation fédérale qui souhaitaient des avantages bien particuliers en échange de leurs dons. Ils se sont débarrassés du système qui était en vigueur lorsque Brian Mulroney était au pouvoir. Je me souviens, lorsque je faisais de la recherche pour le Parti réformiste, avoir vérifié la formule: un montant x irait au gouvernement conservateur de l’époque et un montant plus modeste mais multiplié, don après don, soit entre un demi et deux tiers du montant iraient au Parti libéral. Un montant représentait le pot-de-vin nécessaire pour obtenir la politique désirée et l’autre, plus modeste, représentait le second pot-de-vin à verser pour garder secret le premier. C’était un système terrible, et il a disparu.
Le passage à un montant de 5 000 $ par habitant aurait laissé les partis sans ressources. La solution était la subvention par vote qui permettait aux partis de voir venir. Toutefois, cette mesure qui devait être temporaire est devenue permanente en partie parce qu’elle avait pour effet de profiter de façon disproportionnée au parti au pouvoir.
Si le parti A obtient plus de voix que le parti B, il reçoit plus d'argent. Les règles du jeu ne sont pas équitables. C'est un danger que j'ai signalé lorsque Paul Martin était premier ministre, et on lui prédisait alors une victoire écrasante de 250 sièges sur 300. Si les libéraux avaient obtenu 50 % des voix, recevant ainsi la moitié de la subvention par vote, les autres partis auraient dû alors se partager l'autre moitié et n'auraient pas eu assez d'argent pour faire campagne. Une telle situation entraînerait un certain immobilisme, puisque toutes les décisions politiques importantes seraient essentiellement prises par le groupe interne du Parti libéral ayant reçu le plus d'appuis, étant donné que le Parti libéral serait toujours au pouvoir. Ensuite, si le Parti libéral avait obtenu 50 %, 60 % puis 70 % aux élections subséquentes, le Canada aurait été en voie de devenir ce que Stephen Harper appelait un État unipartite dans un article qu'il avait publié à l'époque.
J'ai toujours insisté sur la nécessité d'éliminer la subvention par vote, parce qu'elle peut avoir des effets pernicieux. D'ailleurs, si on fait un bilan du régime de subvention par vote — auquel s'opposait mon parti —, on constate, curieusement, qu'il a financé davantage mon parti, qui a gagné les élections subséquentes et s'est ensuite débarrassé de la subvention par vote. J'estime que le retour d'une telle subvention mènerait encore à des résultats extrêmement injustes. Je suis très heureux qu'elle n'existe plus.
Il y a un autre facteur qu'il ne faut pas manquer de rappeler. Il y a ici un parti dont la survie dépend indéniablement du rétablissement de la subvention par vote parce qu'il ne parvient pas à se financer, j'ai nommé le parti même du parrain du projet de loi: le Bloc québécois. Grâce au système, le Bloc québécois est resté sur le respirateur artificiel, alors que son financement total, au cours la dernière année, a été inférieur à celui de la caisse électorale de ma propre circonscription. C'est son problème. Il n'arrive pas à se financer adéquatement à même son bassin de donateurs éventuels. J'ai beau compatir dans une certaine mesure avec les bloquistes, il n'en reste pas moins qu'il leur revient de convaincre leurs électeurs potentiels de contribuer à leur caisse. C'est une attente légitime. Les néo-démocrates le font, les verts le font, les libéraux le font, mon parti le fait, et le Bloc québécois devrait le faire aussi.
Bref, je n'appuie pas le projet de loi dont nous sommes saisis. Je crois qu'il contient plusieurs mauvaises idées. Pour finir, je pense que, de manière générale, quoi qu'ait fait le gouvernement qui a été au pouvoir pendant une quinzaine d'années, nous évoluons de manière positive, ce qui, dans l'ensemble, me ravit au plus haut point.
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Monsieur le Président, je suis très honoré de pouvoir me lever aujourd'hui à la Chambre afin d'appuyer le projet de loi de mon collègue de . C'est un excellent projet de loi qui pourrait concrètement améliorer notre démocratie.
Je suis toujours très ému quand vient le temps de parler de la qualité de nos régimes démocratiques et de la façon dont les sociétés se construisent afin de donner aux citoyens et aux citoyennes le maximum de pouvoir pour qu'ils puissent prendre des décisions qui les touchent eux, leur communauté, leur famille et leur vie collective. Cela me rappelle les propos d'un historien français, Henri Guillemin, qui disait que, malgré tous ses défauts, la démocratie est le régime de l'espérance. C'est le régime de l'espérance parce qu'on peut toujours se dire qu'en travaillant ensemble, on peut changer notre société et réaliser de grands projets, parce que l'avenir n'est pas bloqué. Il n'est pas pris en otage par un dictateur ou par une monarchie quelconque. La démocratie, c'est le régime où tous les citoyens et les citoyennes sont égaux et peuvent choisir leurs représentants, qui va parler en leur nom à la Chambre et qui va voter, écrire ou changer les lois dans la société. Ce sont donc toujours des débats extrêmement importants. C'est fondamental.
Voilà pourquoi nous devrions tous ensemble profiter de cette occasion pour réfléchir à la qualité de notre vie démocratique et déterminer comment nous pouvons nous assurer que ce sont réellement les citoyens et les citoyennes qui sont au coeur de notre régime démocratique et de notre système électoral et que ce sont eux qui prennent les décisions, et non pas les banquiers, les pétrolières ou les millionnaires de ce pays. Je pense que c'est l'intention réelle qui est derrière le projet de loi du député de . C'est important qu'on y réfléchisse, parce que cela change tout, à plusieurs égards.
Premièrement, évidemment, on réduit l'influence de l'argent, de l'élite, de Bay Street et des millionnaires sur les choix que les partis politiques font dans leur plateforme, dans leur programme ou au gouvernement.
Regardons simplement notre voisin du Sud. L'influence de l'argent aux États-Unis a pris une ampleur hallucinante. C'est pourquoi nous devons tout faire pour éviter une telle situation. C'est pourquoi la réduction du plafond des dons individuels aux partis politiques est importante. C'est pourquoi le financement public des partis politiques est important. Quand on regarde la Constitution américaine, on voit qu'en théorie, c'est un bon système où il y a un paquet de contre-pouvoirs. En théorie, c'est une belle république, mais cela a été vicié depuis des années par l'influence de l'argent, par le fait que les républicains et les démocrates sont obligés, année après année, d'aller chercher des centaines de millions de dollars pour pouvoir faire des campagnes électorales. On livre ainsi des membres du Congrès et des présidents, pieds et poings liés, à des gens qui ont les poches pleines d'argent.
J'ai suivi un cours sur le système politique américain à l'Université McGill, et la première chose que le professeur nous a dite, c'est qu'on pense qu'il y a deux partis politiques aux États-Unis, alors qu'il y en a 436. Il y a 435 membres du Congrès, 100 sénateurs et un président, et chacun d'entre eux est un parti politique en soi qui prend ses décisions en fonction des donateurs de sa propre circonscription. C'est cela qu'on veut éviter en réduisant l'influence de l'argent.
Il est hallucinant d'entendre aujourd'hui les libéraux et les conservateurs, les bons vieux copains d'antan, nous dire qu'il n'y a pas de problème dans notre système. Je ne sais pas sur quelle planète ils vivent. J'aimerais qu'ils me fassent la liste des gens dans leurs circonscriptions qui sont capables de faire un chèque de 1 500 $ par année à un parti politique. Je m'excuse, mais les gens de la classe moyenne et ceux qui veulent en faire partie n'ont pas 1 500 $ à donner à un parti politique. Il faut être très à l'aise financièrement pour faire cela. Je pense que le compromis qui nous est proposé, soit un maximum de 500 $, est tout à fait raisonnable. C'est déjà beaucoup d'argent.
C'est déjà beaucoup d'argent pour des gens qui gagnent 30 000, 40 000 ou 50 000 $ par année. Je ne sais pas sur quelle planète vivent les libéraux et les conservateurs. Il doit y avoir des licornes et des Calinours. C'est complètement farfelu, c'est fantasmagorique.
Peut-être que les libéraux et les conservateurs ont beaucoup d'amis capables de faire des chèques de 1 500 $. Les vrais gens, dans la vraie vie, ne sont pas capables de faire cela. Évidemment, les conservateurs et les libéraux sont connectés avec le monde des banquiers de Bay Street, les boursiers, les boursicoteurs et les gens qui vont faire de la spéculation et ruiner les autres.
Évidemment, ils ne vont rien faire pour protéger les pensions et les régimes de retraite des gens comme les travailleurs de Sears, mais ils vont continuer d'avoir un système électoral où les plus riches peuvent avoir de l'influence.
C'est la même histoire qui se poursuit. Ce n'est pas cela que les libéraux nous avaient présenté en campagne électorale. Ils voulaient rétablir la confiance, remettre les citoyens au coeur du système et redresser les institutions démocratiques. Ah oui! Ils voulaient faire une réforme électorale aussi. Qu'est-il arrivé à cela déjà? Disparu.
Quand cela ne les avantage pas, les libéraux renient leurs promesses. Le la main sur le coeur disait que ce n'est pas parce que c'était difficile qu'ils ne le feraient pas.
Au bout du compte, cela a été pas mal difficile. C'était tellement difficile que les libéraux ont été incapables de se rendre compte qu'il y avait un consensus au Comité spécial sur la réforme électorale, que les quatre partis de l'opposition étaient d'accord et qu'on avait une proposition sur la table. Toutefois, comme cela ne faisait pas l'affaire du premier ministre et du Parti libéral, on a mis cela à la poubelle.
Aujourd'hui, il y a une occasion de se reprendre. On leur offre l'occasion de montrer concrètement qu'ils sont prêts à faire la bonne chose pour la démocratie et notre système électoral. J'ai comme l'impression que pour une deuxième fois, il va falloir donner une note d'échec au gouvernement libéral, parce qu'ils vont préférer garder le système actuel qui donne des avantages considérables aux mieux nantis et aux plus riches.
La proposition sur la table faite par le député de Terrebonne réduirait l'influence de l'argent, en plus d'ouvrir aussi l'horizon pour être capables d'avoir une pluralité des voix et une meilleure diversité des points de vue à la Chambre.
Évidemment, un mode de scrutin proportionnel serait la meilleure solution pour que chaque vote des citoyens soit représenté au Parlement. Cela incite aussi les gens à aller voter, parce qu'ils seront convaincus que s'ils votent, ils vont avoir leur point de vue représenter au Parlement. En ce moment, le système actuel incite au vote stratégique, c'est-à-dire à voter tout le temps pour le moins pire. Cela incite les gens à rester chez eux en se disant que cela ne vaut pas la peine de voter pour un plus petit parti, parce que le vote sera perdu.
Un mode de scrutin proportionnel serait la meilleure clé pour ouvrir la porte à un Parlement réellement représentatif de la volonté populaire. C'est cela la démocratie; c'est censé représenter la volonté du peuple, des citoyens et des citoyennes.
Un financement public des partis politiques est aussi une méthode intéressante, parce que pour une plus petite formation politique, si elle obtient deux dollars pour chaque vote obtenu, cela lui permet de continuer à exister. Cela lui permet de continuer à exister, parce quelle n'aura pas d'argent des multimillionnaires ni d'argent de remboursements électoraux. En effet, comme elle n'a pas dépensé beaucoup la dernière fois, elle n'a donc pas accès aux remboursements non plus. Ces deux dollars permettraient à de petites formations politiques de continuer à exister, de pousser leurs idées, de pousser leur point de vue et de brasser la baraque.
C'est important dans notre démocratie pour éviter qu'on soit sclérosé avec bonnet blanc, blanc bonnet, comme c'est malheureusement le cas depuis 150 ans, ici, à l'échelle fédérale. Cela incite aussi les citoyens et citoyennes à aller voter. Même s'ils savent que leur candidat ou candidate ne va pas gagner, ils savent que pendant quatre ans ces deux dollars vont aider la formation qui représente leurs points de vue, leurs valeurs, leurs principes.
En conclusion, comme il ne reste pas beaucoup de temps, je voudrais quand même lancer un appel aux députés libéraux de voter en faveur de l'héritage libéral, de voter en faveur des règles mises en place par Jean Chrétien, avec un plafond assez bas pour le maximum d'argent que les citoyens peuvent donner et un financement public des partis politiques, afin de respecter la volonté qu'avait eu à l'époque le gouvernement libéral de Jean Chrétien, soit d'assainir les moeurs publiques et éviter l'influence de l'argent en politique. Je prie messieurs les députés libéraux de voter en faveur de l'héritage libéral.
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Monsieur le Président, je prends la parole à propos d'un projet de loi qui est intéressant, et c'est le moins que je puisse dire.
Il est toujours intéressant de discuter de réforme électorale, de finances et de la loi sur le financement électoral. Mon collègue et ami a parlé plusieurs fois de cette question. Je sais que certains ici aiment débattre de l'orientation que nous devrions prendre et du mode de financement des entités politiques. C'est un débat qui ne prendra jamais fin. Il y aura toujours des changements possibles que nous voudrons étudier.
L'orientation que nous avons suivie au cours des 20 dernières années est quelque peu encourageante. J'ai un immense respect pour Élections Canada. Bien des démocraties de longue date partout dans le monde ainsi que des pays qui veulent instaurer une démocratie prennent le Canada comme modèle. Même si à 150 ans nous formons une nation relativement jeune, on a l'impression que nous avons la bonne formule et que nous ne voulons pas stagner, mais plutôt continuer à chercher des façons d'améliorer la situation et de nous assurer que nous ne tenons rien pour acquis.
Le gouvernement ne présume pas que la question du financement est réglée une fois pour toutes. Nous pouvons compter sur une fantastique qui a présenté un projet de loi incluant des changements importants. Au bout du compte, le gouvernement actuel et le gouvernement Harper — peut-être dans une moindre mesure dans ce cas —, enfin les gouvernements en général, ont tenté de modifier la Loi électorale du Canada et la loi sur le financement des élections afin de renforcer le régime démocratique du pays. Il y a eu quelques reculs, mais, dans l'ensemble, nous allons de l'avant. C'est particulièrement le cas au sujet du financement.
Il y a eu un virage important. Lorsque j'ai été élu pour la première fois au provincial, et la même chose s'applique au fédéral, les politiciens faisaient appel à des personnes ou à des sociétés fortunées afin d'amasser des centaines de milliers de dollars pour une entité politique. C'était courant. Je me souviens bien de la campagne électorale de 1988. Beaucoup d'argent provenait, du moins pour quelques candidats, de l'extérieur du Manitoba. La même approche pouvait aussi être utilisée au Canada. À une certaine époque, les gens pouvaient recueillir des fonds qui provenaient indirectement de l'extérieur du Canada.
Somme toute, lorsqu'on examine la situation, on peut voir que d'importants progrès ont été réalisés. La démocratie d'aujourd'hui est plus saine que par le passé. Je préfère croire que, grâce à des discussions comme celle de ce soir, au travail exceptionnel du comité de la procédure et des affaires de la Chambre et au travail d'autres personnes qui s'intéressent vivement au sujet, nous continuerons d'évoluer et de chercher des moyens d'améliorer le système.
Je veux revenir à la mesure législative que la a présentée à la Chambre. En ce qui concerne les activités de financement organisées par les chefs, les candidats à la direction d'un parti, le et tous les ministres, le gouvernement s'est engagé à faire en sorte que le nom des personnes qui paient plus de 200 $ pour participer à de telles activités soit rendu public. Nous avons parlé d'établir une installation accessible au public. Le gouvernement reconnaît qu'il serait bon de faire avancer ces dossiers. Nous avons pris des mesures en ce sens.
Nous demandons à nos collègues du Parti conservateur et du Nouveau Parti démocratique, et surtout à leur chef respectif, d'étudier les mesures et de peut-être ne pas attendre à la promulgation du projet de loi pour indiquer clairement aux Canadiens qu'ils croient aussi au type de transparence et de reddition de comptes dont parlent les députés ministériels.
Soulignons aux députés du Bloc et du NPD qu'ils ont tort de laisser sous-entendre que les élections ne sont pas financées par le public. Un soutien substantiel est reçu pour les élections fédérales et par les candidats. Moi-même, par exemple, je peux essayer de recueillir des fonds en tant que candidat ou pour le Parti libéral et les bonnes gens qui feront des dons bénéficieront d'un crédit d'impôt. Un crédit d'impôt de 75 $ est remis pour un don de 100 $. Les députés d'en face ont parlé de dons de 1 500 $. Dans mon cas et celui de mes collègues, les dons de 1 500 $ sont très rares. Soyons clairs: j'accepterais volontiers un don de 1 500 $, qui est le montant limite permis par la loi, mais, qu'il s'agisse d'un don de,1 500 $, de 100 $ ou de 10 $, je les apprécie tous. Mais mon vote n'est pas à vendre. On ne m'achètera pas avec un don de 1 500 $ et il est répréhensible de la part des députés d'en face de donner l'impression qu'un député se laisserait soudoyer de la sorte.
D'ailleurs, je dis aux gens qu'il n'y a pas que l'argent qui importe dans ma campagne. Ils peuvent faire du bénévolat. J'accorde une grande valeur à ceux qui font du porte-à-porte avec moi, qui installent les affiches, qui distribuent des dépliants et qui font toutes ces merveilleuses tâches si importantes dans une campagne où nous tentons de communiquer avec les résidants dont nous sollicitons l'appui. Les efforts des bénévoles me sont précieux, au même titre que le don de 100 $ de la personne qui dit ne pas pouvoir faire du porte-à-porte avec moi. Les deux contributions ont une grande valeur. Il est faux de croire que j'accorde un traitement de faveur à ceux qui me remettent un don considérable ou qui me consacrent un nombre phénoménal d'heures ou qui installent 500 affiches. Ce n'est pas ainsi que ça fonctionne. La démocratie est une chose merveilleuse, et je crois honnêtement que ni moi, ni aucun autre député ne peut être acheté pour 1 500 $. Nous sommes tous honorables.
Nous avons retiré aux grandes entreprises, aux sociétés et aux syndicats le pouvoir de financer les partis politiques comme ils le faisaient auparavant. Nous avons accordé ce pouvoir aux particuliers. Je crois comprendre que la plus forte croissance relativement aux dons accordés au Parti libéral du Canada s'explique par ces petits dons, qui proviennent de dizaines de milliers de Canadiens chaque année. Il y en a de plus en plus parce que les Canadiens reconnaissent les bonnes politiques du gouvernement et le fait que celui-ci appuie la classe moyenne, ceux qui souhaitent en faire partie et ceux qui manquent de moyens financiers. Les Canadiens constatent que le gouvernement prend des mesures positives, et beaucoup d'entre eux veulent participer au processus démocratique en continuant de nous appuyer.
Qu'ils appuient notre parti ou qu'ils appuient le Parti conservateur, le NPD ou le Parti vert, la démocratie est très importante pour nous en tant que pays. Il faut de l'argent pour la financer. Il n'y a rien de mal à ce que des particuliers fassent des dons à des partis politiques. Il existe de formidables institutions indépendantes au pays, comme le commissariat à l'éthique et le commissariat au lobbying. Élections Canada a mis en place d'excellentes règles visant à protéger la démocratie et l'intégrité de la Chambre, et je fais pleinement confiance au système actuel. Il ne fait aucun doute que, au cours des prochaines années, les choses s'amélioreront.
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Monsieur le Président, j'ai entendu mon collègue de . J'ai eu l'occasion de siéger avec lui au Comité spécial sur la réforme électorale. Je ne voudrais pas lui faire de peine aujourd'hui, mais c'est probablement un des discours le plus diffus que j'ai entendu de sa part.
Lors de audiences du Comité spécial sur la réforme électorale, j'ai pu entendre un individu qui, à mon avis, mérite toute notre attention. Il est considéré comme une sommité en matière de lois électorales. Il s'appelle Jean-Pierre Kingsley. Je lui ai posé une question très simple concernant le lien entre le financement des partis politiques et un système électoral plus équitable. Il a répondu qu'il fallait que le financement des partis politiques par vote reçu soit rétabli le plus tôt possible. Que les libéraux et les conservateurs mettent cela dans leurs pipes. C'est Jean-Pierre Kingsley qui l'a dit. Ce n'est pas un dinosaure, c'est quelqu'un qui a à coeur la vitalité de la démocratie.
C'est cela dont nous parlons. Nous parlons de la vitalité de la démocratie. Nous ne parlons pas pour savoir si le Bloc québécois est dans le trouble économiquement, si le Parti vert est dans le trouble économiquement, si le NPD est dans le trouble économiquement ou pour savoir si le Parti conservateur a moins ou plus d'argent que lorsqu'il était au gouvernement.
Pourquoi le Parti libéral, qui était en faveur d'une réforme électorale et à un retour au financement des partis politiques par vote reçu, décide une fois que ses coffres sont pleins et qu'il est au pouvoir qu'il n'a pas besoin de faire cette réforme?
Au Comité spécial sur la réforme électorale, certains thèmes sont revenus. Nous n'avons pas abouti à une réforme, mais des choses ont été dites, dont certaines en lien avec l'arrêt Figueroa. Une démocratie digne de ce nom fait en sorte qu'il y ait de vrais débats démocratiques. Pour qu'il y ait de vrais débats démocratiques, il faut une pluralité des positions. C'est à cela que sert le financement par vote reçu.
On se demandait pourquoi les citoyens iraient voter: « les citoyens votent de moins en moins », « les citoyens sont cyniques par rapport à l'institution démocratique ». Eh bien, les citoyens se déplaceront pour aller voter par conviction.
L'expression minimale de l'équité en matière électorale passe par le financement par vote reçu. Évidemment, s'il y avait eu un mode de scrutin proportionnel, cela aurait été encore plus équitable, et le pluralisme électoral aurait pu être de fait à la Chambre des communes.
Les citoyens vont se déplacer pour aller voter et ils voteront par conviction pour le Parti vert, par exemple. Ils savent qu'en votant pour le Parti vert, il y a 1,75 $ qui sera remis à ce parti afin que, entre les élections, celui-ci puisse continuer à faire valoir son point du vue dans le cadre du débat démocratique d'une société démocratique et qu'à la ligne de départ d'une campagne électorale, tous les partis, de façon équitable, puissent prendre part à un débat électoral de façon démocratique. C'est cela être un démocrate, pas un démocrate du dimanche comme le leader adjoint du Parti libéral. Nous ne sommes pas des démocrates du dimanche ici. Cela n'a rien à voir avec le fait que nos coffres soient pleins ou non, cela a à voir avec notre sens de la démocratie. J'en appelle au sens de la démocratie de tous les législateurs de la Chambre pour qu'ils se déconnectent un peu du pouvoir exécutif du gouvernement.
On sait que, quand on est au gouvernement, il est facile de participer à des cocktails privilégiés avec un ministre à accès privilégié. Il a été question de cela à la Chambre. Le premier ministre a dû s'expliquer là-dessus. Quand ce genre de chose-là arrive, cela déteint sur tous les parlementaires. Ces gens-là disent qu'ils vont continuer comme cela.
J'aurai la chance d'en reparler, mais mon collègue vient de déposer un projet de loi équilibré qui permet le financement populaire des partis politiques. C'est comme cela qu'on va intéresser les citoyens à la vie démocratique et qu'on va les inciter à aller voter. Tel est l'enjeu de ce projet de loi.
Je serais très déçu de voir des parlementaires vouloir bloquer ce projet de loi avant qu'il puisse être étudié article par article, amendé et bonifié.
Pourquoi ce projet de loi ne passerait-il pas la rampe et ne pourrait-il pas être bonifié par l'ensemble des vrais démocrates de la Chambre?