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Monsieur le Président, je vous avise que je vais partager mon temps de parole avec mon collègue de . Depuis ce matin, notre débat n'est pas très fructueux. Je vais rappeler certains faits au sujet du projet de loi . Le projet de loi C-21 vise à permettre à l'Agence des services frontaliers du Canada de recueillir et de recevoir des données biographiques sur les voyageurs qui quittent le Canada. La loi autorisera les agents à exiger que les biens exportés du Canada soient signalés malgré les exemptions et leur donne le pouvoir de les examiner.
Le a d'abord annoncé l'accord avec les États-Unis visant à mettre en place un système d'échange de données biographiques de base en mars 2016, après sa première visite officielle aux États-Unis.
Actuellement, dans le cadre du plan d'action Par-delà la frontière, les deux pays recueillent et échangent les données biographiques sur les ressortissants des pays tiers et les résidants permanents légitimes aux points d'entrée terrestres. Les données d'entrée d'un pays sont considérées comme des données de sortie pour l'autre.
Le 21 novembre — c'est ce qui nous concerne aujourd'hui — le comité sénatorial a entendu Daniel Therrien, le commissaire à la protection de la vie privée du Canada, au sujet de l'intention générale de ce projet de loi et de l'amendement qui a été adopté par la Chambre des communes. M. Therrien a dit ceci au sujet du projet de loi: « [...] je suis généralement satisfait que cette initiative reliée à la gestion de la frontière repose sur d’importants objectifs d’intérêt public et que les renseignements personnels en jeu ne sont pas particulièrement sensibles. »
Quant à l'amendement, M. Therrien a souligné que, pour assurer une plus grande certitude juridique, l'article 93.1 devrait être modifié pour préciser que les données recueillies en vertu des articles 92 et 93 devraient être conservées par l'Agence pendant une période maximale de 15 ans.
Cependant, il ne faut pas oublier que c'est l'ancien gouvernement conservateur qui a négocié l'accord Par-delà la frontière. Celui-ci comprend une disposition sur le partage des données d'entrée et de sortie avec les États-Unis. À l'époque, en raison de préoccupations politiques liées à la protection des renseignements personnels, nous avons décidé de ne pas concrétiser cette mesure législative juste avant les élections. Cependant, cette mesure législative traite des priorités conservatrices de longue date sur la sécurité frontalière et du non-abus des programmes de prestations.
Il est important que nos services frontaliers aient les outils requis pour assurer la sécurité de Canadiens. À vrai dire, nos services de l'ordre ont tous besoin d'outils pour faire leur travail, mais sous la gouvernance du premier ministre actuel, la sécurité des Canadiens est mise à risque inutilement. Tant et aussi longtemps que ce premier ministre poursuivra ses idées irréfléchies, les Canadiens auront de bonnes raisons d'avoir des craintes. Je me permets de donner des exemples.
Du côté de l'Agence des services frontaliers, sous le premier ministre actuel, il y un problème à la frontière. Nous le disons souvent, mais on nous répond par le contraire. Cependant, je peux confirmer qu'actuellement le temps de l'enquête de sécurité sur les migrants illégaux qui viennent chez nous est passée d'une norme de huit heures à seulement deux heures. Également, il n'y a aucune directive du gouvernement aux agents frontaliers concernant les nouvelles façons de gérer l'entrée des visiteurs qui arrivent avec de la marijuana au Canada. Encore une fois, on nous dit qu'il faut arrêter de débattre, que nous devrions aider le gouvernement à avancer au lieu de faire de l'obstruction. Or nous ne faisons pas de l'obstruction pour faire de l'obstruction. Nous avons de bonnes questions.
Souvent, après les débats et la mise en place des lois que le gouvernement nous fait entrer dans la gorge, comme le projet de loi sur la marijuana, les problèmes arrivent. Nous faisons alors remarquer que nous l'avions dit. Des amendements proposés par le Sénat ont été refusés et là on voit les problèmes. Actuellement, c'est un problème avec lequel sont pris les agents des services frontaliers. Les services policiers ont également des problèmes par rapport à la détection de la consommation de drogue chez les automobilistes.
Revenons à la question des migrants illégaux. On nous traite de racistes, de xénophobes, chaque fois que nous posons une question concernant ce problème. Cela n'a tellement rien à voir avec la race des gens qui viennent. Pour moi, peu importe son origine ou sa couleur, quelqu'un qui traverse illégalement notre frontière est un migrant illégal. Il n'y a aucun lien avec le racisme et la xénophobie. Il faut arrêter cela. Ce sont des jeux dangereux. Le gouvernement nous accuse de jouer à des jeux dangereux, alors que c'est lui qui les provoque, parce qu'il fait des affirmations qui n'ont aucun sens.
Le problème c'est qu'il y a maintenant une situation créée par le premier ministre avec son fameux tweet, même si les gens de l'autre côté nous dise que ce n'est pas vrai. C'est assez facile de voir que les gens viennent ici à la suite à l'appel du premier ministre.
On a établi un camp d'accueil à Lacolle. Oui, il est important d'accueillir des gens même s'ils sont illégaux. Nous sommes quand même des gens responsables, nous sommes d'accord sur cela.
Cependant, les libéraux ont très mal géré la situation. Ils ont établi un premier camp et l'ont agrandi. Ils ont installé une infrastructure permettant de recevoir 500 personnes par jour. C'est une belle infrastructure où se trouvent les équipements et tout ce qu'il faut pour bien faire les choses.
Cependant, cette année, le camp a été agrandi de façon incroyable. Il y avait de la place pour accueillir 3 000 personnes. L'Hôtel Saint-Bernard fait même partie du périmètre de sécurité. Le gouvernement du Canada a envoyé un chèque au propriétaire de l'hôtel. D'ailleurs, ce dernier doit être parti en vacances pendant un an, puisque les chambres étaient louées vides et que personne ne couche dedans.
Il y a un flux constant de migrants tous les jours et on dépense des dizaines de millions de dollars à Lacolle. Pendant ce temps, au lieu de régler le problème — le directeur parlementaire du budget a évalué à 1,1 milliard de dollars le montant dépensé —, on ne règle pas la situation de base qui est de dire à ces gens d'arrêter de venir chez nous illégalement.
Quand nous posons des questions, ce n'est pas juste pour le plaisir de bloquer. Au contraire, nous voulons régler la situation. Cela fait trois ans que je suis ici. Que ce soit en comité ou à la Chambre, les questions qu'on pose servent toujours à faire évoluer les choses et non pas pour les bloquer.
Le député de nous accuse de mettre des bâtons dans les roues du système, mais ce sont eux qui travaillent mal et qui font leur travail tout croche. Le travail a été bâclé, comme c'est le cas pour le projet de loi et pour tout le reste.
J'aimerais qu'il y ait un peu plus de grandeur à la Chambre et que les gens soient logiques lorsqu'ils s'adressent aux députés de ce côté-ci ce la Chambre.
Il y a également la fameuse situation du pacte mondial sur les migrations de l'ONU. Encore une fois, de notre côté, nous avons été clairs et nous avons pris le temps de bien faire les choses, d'évaluer la situation et d'évaluer ce fameux pacte. Ma collègue la porte-parole en matière d'immigration a travaillé au Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration. Finalement rien ne se tenait de façon logique et tangible. Le fait que le dise, sur la scène internationale, que le Canada est bon et qu'il va les aider à régler leurs problèmes, c'est encore du fla-fla pour faire du spectacle.
Nous nous sommes encore presque fait taxer de racistes en nous faisant passer pour des gens méchants, des gens de droite ou même d'extrême droite parce que nous étions contre. Finalement, il y a 34 pays — pas n'importe lesquels — qui ont refusé de signer le pacte.
Ce matin, un ancien avocat de l'ONU, un avocat de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, a publié dans Le Devoir une lettre très claire qui contient des faits très précis qui confirment que cela est fantaisiste. Le mot qu'il emploie à la fin du texte est « fantaisiste ». Il ne faut pas signer le Pacte, parce que cela ne se tient pas et c'est du n'importe quoi.
Cela est à l'image du gouvernement. Depuis le début, depuis trois ans, il veut juste redorer son image et faire n'importe quoi, comme envoyer un gazouillis en Afrique du Sud pour dire qu'il envoie 50 millions de dollars et qu'il n'y a pas de problème puisque ce sont les cocos du Canada qui vont payer cela.
Est-ce que le fait de poser ce genre de question, c'est juste pour bloquer le système et pour le plaisir de le faire? Non, nous sommes des gens responsables, nous regardons ce qui se passe et nous posons des questions appropriées à chaque circonstance.
Des 38 000 personnes qui ont franchi la frontière illégalement, il y en a plusieurs qui vivront des drames humains. Cela est clair, net et précis. Il y a des familles, surtout des familles haïtiennes, qui étaient aux États-Unis et qui ont eu peur. Elles se sont fait dire de venir au Canada, mais elles commencent présentement à se faire dire qu'elles n'ont pas le droit d'obtenir l'asile. Le tweet envoyé en 2017, c'était une blague, un spectacle. Cependant, ces gens sont accompagnés de leurs enfants et ils devront retourner. Ils ne retournent pas aux États-Unis, ils retournent en Haïti. Est-ce qu'on voit la complexité des choses et comment les drames humains vont évoluer avec les années?
Tout cela pour dire que le projet de loi est un projet de loi que nous avons appuyé. Cependant, de continuer d'en débattre, de continuer de poser des questions et d'améliorer les choses quand les situations changent, ce n'est pas futile. Le gouvernement devrait arrêter de rire de l'opposition. Comme je l'ai déjà dit, depuis trois ans, l'opposition n'a pas soulevé grand-chose qui ne s'est pas avéré vrai et être des faits importants.
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Monsieur le Président, c'est avec plaisir que je prends la parole au sujet du projet de loi . Je remercie mon collègue de d'avoir partagé son temps de parole avec moi. Celui-ci vient de faire un discours très éclairant sur le contexte dans lequel s'inscrit ce projet de loi. Des questions demeurent, et malheureusement, on ne pourra pas y répondre avec la précision nécessaire et commandée par les contribuables, parce que le gouvernement a décidé d'imposer une forme de bâillon pour limiter le temps dont nous disposons pour débattre de ce projet de loi.
Ce projet de loi porte sur la façon de procéder quand les citoyens décident de traverser la frontière américaine. D'une certaine façon, il vise à resserrer notre système, mais aussi à donner beaucoup plus de sécurité et d'autorité aux gens qui vérifient que ceux qui traversent la frontière le font de façon légale et régulière afin d'assurer la protection des citoyens.
Cela apparaît extrêmement important lorsqu'on sait que, plus que jamais, la mondialisation fait en sorte que les personnes se promènent d'un pays à l'autre plusieurs fois par année. D'ailleurs, cela ne nous pose aucun problème, c'est tout à fait correct et normal. Nous encourageons même cela. Cependant, cela nécessite une sécurité beaucoup plus accrue qu'il y a un demi-siècle, alors que beaucoup moins de gens traversaient les frontières partout dans le monde.
Il est donc tout à fait normal que nos agents des services frontaliers soient mieux équipés pour faire face aux défis du XXIe siècle, particulièrement ceux des années qui nous concernent aujourd'hui.
Tout cela s'inscrit dans la logique qui a marqué la première entente sur cette question précise entre l'ancienne administration américaine et l'ancien gouvernement canadien, que l'on avait appelée Par-delà la frontière. Elle avait été signée conjointement par le président Barack Obama et le très honorable premier ministre canadien Stephen Harper. Cette entente jetait les bases d'une nouvelle approche plus responsable de part et d'autre concernant le passage des gens à la frontière.
S'en était suivie une entente qui avait été signée par mon collègue de , qui était alors ministre de la Sécurité publique, visant à permettre davantage de postes frontaliers et de postes de prédédouannement, notamment dans les aéroports canadiens et dans les gares. Je ne veux pas faire trop de politique partisane, mais le mouvement a été lancé par le gouvernement précédent et il s'est poursuivi sous le gouvernement actuel lors de la fameuse visite d'État du actuel à la Maison-Blanche, où il a rencontré le président Barack Obama.
Ce projet de loi, qui a été déposé il y a quand même longtemps, soit le 15 juin 2016, mettait en oeuvre ce qui avait été conclu lors de la visite d'État du premier ministre canadien à la Maison-Blanche, dirigée à l'époque par le président Obama. Il s'agit donc de la même logique qui consiste à s'assurer que tout se passe convenablement.
Par ailleurs, ce projet de loi met en vigueur des mesures qui vont permettre à nos agents des services frontaliers, de part et d'autre, de vérifier le passé des gens qui veulent venir ici et celui de nos citoyens qui veulent traverser la frontière, ce qui est à notre point de vue tout à fait logique.
Toutefois, comme l'a si bien exprimé le débuté de , le diable est dans les détails. C'est pourquoi, lorsqu'on fait une analyse d'un projet de loi, il faut aller au fond des choses. C'est pourquoi nous regrettons amèrement que le gouvernement impose encore une fois le bâillon pour limiter le débat sur ce projet de loi. Ce n'est pas la première fois, et cela risque malheureusement de ne pas être la dernière.
Il y a trois ans, les libéraux se sont fait élire en disant qu'ils allaient faire de la politique autrement et qu'ils allaient mettre de côté les projets de loi omnibus de 800 pages. D'ailleurs, on a voté récemment sur un projet de loi de 800 pages. Ils avaient promis qu'ils mettraient de côté les mesures visant à réduire le temps de parole des députés. Lorsqu'ils disaient cela, évidemment, ils aspergeaient de termes très agressifs l'administration précédente. Finalement, ils ont fait exactement la même chose.
Comprenons-nous bien: si, par bonheur, les Canadiens nous font confiance le 21 octobre prochain, et je sais qu'ils le feront, il pourrait arriver à l'occasion que nous ayons besoin de faire appel à ces mesures particulières. Cependant, nous, nous n'avons pas la malhonnêteté et l'hypocrisie de dire aux Canadiens que nous ne ferons jamais cela, comme les libéraux l'ont dit il y a trois ans. Il peut arriver que l'on doive recourir à ces mesures pour mettre en vigueur certaines lois.
Quand on parle de détails, allons-y d'entrée de jeu au sujet de la marijuana. On sait malheureusement que le Canada, depuis le 17 octobre dernier, est le seul pays du G7 à avoir légalisé la marijuana. Le débat court. Chacun connaît notre position à ce sujet. Nous respectons la démocratie, mais ce n'est pas parce que la Chambre a voté en faveur de la légalisation que nous serons par hasard, du jour au lendemain, également en faveur. C'est une mauvaise chose, mais elle a été faite. La seule chose que je tiens à reconnaître, c'est que le gouvernement s'était engagé à le faire. Or, il s'était engagé à faire bien d'autres choses qu'il n'a pas faites. Par exemple, il s'était engagé à ne pas trop imposer de bâillon, à ne pas faire de projets de loi omnibus, à faire de petits déficits et à retourner à l'équilibre budgétaire en 2019 — ce qu'il n'a pas fait. Par contre, ce qu'ils ont fait a été de légaliser la marijuana.
Quels sont les effets de la légalisation de la marijuana pour le projet de loi ? On ne le sait pas. On ne le sait pas parce que quand on pose des questions très précises, très pointues, ils nous disent qu'effectivement, justement, ils vont s'ajuster. Ce que nous voulons, c'est une réponse claire.
Pour la personne qui passe la frontière après avoir consommé de la marijuana, que passe-t-il?
Que doit faire la personne qui demande un droit de passage et qui a de la marijuana avec elle?
Qu'en est-il de la personne qui a consommé de la marijuana il y a deux semaines, mais dont les traces sont encore inscrites dans son sang?
C'est cela, la réalité. Parmi le cortège de bêtises que cette légalisation amène, il y a cette situation où les policiers ne sont pas en mesure de détecter convenablement si une personne est sous l'effet de la drogue, parce que les traces dans le sang durent plus longtemps — même si l'effet ne se manifeste pas.
Je bifurque un peu sur la marijuana, mais la réalité, c'est que le projet de loi ne va pas au fond des choses, ne donne pas assez de précisions qui auraient pu être données dans un débat plein et entier à la Chambre. Malheureusement, le temps nous est compté.
Un deuxième élément concerne les fameux réfugiés illégaux qui traversent la frontière. J'insiste sur le mot « illégal » — c'est le mot qui est écrit noir sur blanc à l'entrée du chemin Roxham où il y a une belle pancarte indiquant que l'entrée est illégale — parce qu'on entend sans cesse les gens en face nous dire que ce n'est pas illégal, que c'est irrégulier. Non, c'est illégal. C'est écrit noir sur blanc.
Nous ne sommes pas les seuls à penser cela. Ceux qui ont produit la pancarte du gouvernement canadien le pensaient aussi. Le gouvernement du Québec affirme également qu'il s'agit d'immigration illégale. Dans un communiqué publié il y a quelques semaines, à la suite de la rencontre entre le premier ministre Legault et le premier ministre Ford, il était écrit noir sur blanc qu'ils avaient des préoccupations concernant l'immigration illégale.
Est-ce surprenant d'employer ce mot? Absolument pas. Depuis quand entre-t-on dans un pays par un petit chemin boisé, où le sol est bien tapé et où on peut se présenter au Canada, même s'il y a une pancarte grosse comme cela où il est écrit qu'il est illégal de passer? Il n'y a qu'au Canada du gouvernement libéral actuel qu'on voit cela, et ce n'est pas faire honneur à notre pays, à notre tradition et à notre histoire particulièrement bonne d'accueil et d'immigration. Je ne le cache pas, mes parents sont arrivés ici, au Canada, il y a 60 ans.
Cela est un très mauvais message qu'on envoie à la face du monde. À celles et à ceux qui veulent venir au Canada, enrichir notre pays et vivre pleinement le bonheur canadien, on dit de passer par le petit chemin illégal, parce que s'ils font la file comme tout le monde et qu'ils suivent les règles, ils vont attendre des années et des années. S'ils passent par le petit chemin Roxham, il n'y aura pas de problèmes.
Ce n'est pas le bon signal qu'on envoie, non sans oublier que tout cela est né à la suite d'un gazouillis maladroit du premier ministre en janvier il y a deux ans. Cela a alerté nos diplomates, entre autres à l'ambassade du Canada au Mexique. Ils ont été traumatisés, se demandant ce qu'ils allaient faire, étant inondés de demandes par suite du gazouillis du premier ministre. Le gouvernement a dû dépêcher l'actuel et le député de pour aller parler aux gens et leur dire halte! ce n'est pas parce qu'on ouvre la frontière que tout le monde est le bienvenu, et qu'ils risquaient d'être retournés, ce qui du reste s'est avéré. En effet, sur les 40 000 personnes qui sont entrées illégalement au pays, près des deux tiers ont été retournées chez elles.
En terminant, nous sommes d'accord sur le principe du projet de loi , mais, malheureusement, le diable est dans les détails. Sans les détails, on ne peut pas aller au fond des choses, parce que le gouvernement a imposé le bâillon.
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Monsieur le Président, l’amendement que nous avons devant nous aujourd’hui changerait le projet de loi en modifiant l'article 93.1 proposé pour préciser que les données recueillies au titre des articles 92 et 93 seraient conservées pendant une période maximale de 15 ans.
J’aimerais consacrer le reste de mon temps à parler de ce que signifie une période de 15 ans, compte tenu du fait que c’est l’amendement dont nous débattons aujourd’hui et que dans quelques jours à peine, la Chambre dans laquelle nous siégeons présentement sera probablement fermée pendant 15 ans environ. Pour bon nombre d’entre nous, ce sera la dernière fois que nous avons l’occasion de prendre la parole ici. En évaluant l’incidence d’une période de 15 ans, passons en revue tout ce qui a changé dans cette enceinte depuis 2003.
Le député de n’en était qu’à son deuxième mandat. Bon nombre de nos collègues n’avaient pas sur eux un téléphone intelligent; ils devaient retourner à leur bureau pour vérifier leurs messages, envoyer des courriels et peut-être faire quelques appels. Google était encore en concurrence avec Alta Vista comme moteur de recherche et, monsieur le Président, je crois que si vous regardez les visages des pages devant vous, ils affichent probablement un air perplexe, car ils ne savent pas de quoi on parle. YouTube, Facebook et Twitter n’existaient pas. Pour nos collègues d’il y a 15 ans, réagir aux nouvelles signifiait lire les manchettes et regarder le journal télévisé du matin, consulter des experts et des leaders d’opinion durant la journée pendant quelques heures et, enfin, envoyer une déclaration écrite avant la date butoir. Il y a 15 ans ce mois-ci, c’était mon dernier examen avant l’obtention de mon diplôme de premier cycle.
Par conséquent, quelles sages paroles puis-je laisser aux parlementaires qui occuperont cet endroit dans 15 ans, et que devrons-nous faire pour que cet endroit demeure pertinent au cours des 15 prochaines années? Compte tenu de ce dont je viens de parler, notre monde a fondamentalement changé en 15 ans, et quel que soit le parti au pouvoir, nous avons à la Chambre une propension à aller beaucoup trop lentement. En préparation de ce discours, j’ai parcouru le hansard de novembre 2003, et j’ai été vraiment étonnée de constater qu’un grand nombre de questions dont nous débattons aujourd’hui sont très semblables, dans leur forme et leur concept, à celles qui étaient débattues en 2003. Désormais, le cycle de l’information ne se déroule plus par tranches de neuf heures, mais par tranches d’une seconde. L’économie a fondamentalement changé, et je vais en parler dans un instant.
Lorsque je regarde où nous devons être dans 15 ans, je constate que nous avons presque 15 ans de retard. Nous devons commencer à examiner au Parlement — et ce, au delà des clivages partisans — des choses comme les données et la protection de la vie privée d’une manière beaucoup plus rigoureuse, sur lesquelles je ne suis même pas sûre que nous ayons déjà des lignes politiques pour en discuter. Je pense notamment au système de crédit social de la Chine et au fait qu’un gouvernement comme celui-ci utilise une forme omniprésente de technologie pour donner à ses citoyens des points qui détermineront s’ils peuvent être employés ou voyager. Puis, je regarde mon propre téléphone intelligent et je me demande à quelle part de ma vie privée je renonce chaque jour. On nous envoie des publicités parce que nous donnons notre consentement à la divulgation de nos données, souvent sans même nous en rendre compte. Il ne s’agit pas seulement de publicités. Il s’agit de savoir où nous nous trouvons et ce que nous pourrions faire dans nos temps libres, et d’utiliser ces renseignements à des fins publicitaires ou à d’autres fins néfastes.
Comme Parlement, nous n’avons pas vraiment commencé à réfléchir aux implications que cela aura pour notre société pluraliste. En fait, il se peut que nous ne soyons pas en mesure de réglementer ces questions parce que les choses changent si rapidement. Comment le Parlement peut il aborder cette question au cours des 15 prochaines années? Cela me préoccupe. Comme parlementaires, nous devons probablement commencer à parler de la valeur des données plutôt que de simplement envisager une approche réglementaire. C’est également lié à ce projet de loi, mais ce qui me préoccupe, c’est qu’en tant que Parlement, nous ne sommes tout simplement pas rendus là.
J’ai regardé la comparution de Mark Zuckerberg devant le Congrès des États-Unis il y a quelque temps. Dans une question, on l’a interrogé sur les courriels. Il n’y avait tout simplement aucun lien entre la réalité de l’atteinte alléguée à la protection des données et la connaissance qu’avaient les législateurs du contexte dans lequel nous évoluons. Par conséquent, j’espère que, dans 15 ans, nous commencerons à bien faire les choses, car les données, leur transfert et leur utilisation touchent tous les aspects du Canada.
Ce qui m’amène au point suivant. J’espère que nous allons nous ressaisir en ce qui concerne l’économie canadienne, qui connaît une transformation fondamentale dans son fonctionnement. Quelqu’un qui arrive sur le marché du travail ne connaîtra pas le même paradigme que vous et moi, monsieur le Président, quand nous sommes devenus actifs économiquement. Pour beaucoup de jeunes de 18 ans ou moins, la réalité, c'est qu’ils ne trouvent pas forcément d’emploi qui leur donne du travail à plein temps. Aujourd’hui, beaucoup de gens travaillent dans l’économie des petits boulots, conduisent pour Uber, font quelques livraisons pour Instacart dans la journée ou ont des petits contrats, par opposition à un travail permanent et durable.
Quelles sont les conséquences pour l’accession à la propriété? Qu’en sera-t-il de l’accession à la propriété dans 15 ans? Existera-t-elle au Canada? Que pouvons-nous faire pour que les citoyens aient des possibilités de participer à l’économie et que les disparités de revenu ne s’accentuent pas au fil du temps? Comment soutenir une classe moyenne face à l’évolution de l’économie? Voilà des choses que les déficits budgétaire et de petites modifications au code fiscal ne permettront pas de régler, parce que l’économie se transforme et évolue fondamentalement. Or, nous ne parlons jamais de cette réalité à la Chambre.
Dans 15 ans, j’espère que nous aurons commencé à prendre cette question au sérieux et que nous ne la traiterons pas sous l’angle de la réglementation, avec un gouvernement encore plus coûteux et omniprésent et encore plus ancré dans la société. Au contraire, nous devons chercher des moyens de permettre aux citoyens d’innover et de prospérer à mesure que l’économie évolue, ce que nous ne devrions pas nécessairement voir comme une bonne ou une mauvaise chose, mais seulement comme une chose qui se produit et à laquelle nous devons nous adapter pour être certains que les citoyens puissent continuer de prospérer. Nous n’en parlons pas beaucoup à la Chambre, et j’espère qu’on le fera à un moment donné.
J’espère aussi que nous allons commencer à examiner très sérieusement le rôle du Canada dans le monde. Les temps changent. Nos relations avec les États-Unis ne sont plus ce qu’elles étaient. Nous voyons les dirigeants de grandes puissances mondiales se cabrer, ce qui pourrait conduire à beaucoup d’instabilité avec le temps. Nous devons poser une question très difficile: que devons-nous faire pour maintenir la souveraineté de notre pays? Nous devons commencer à y réfléchir très sérieusement. Je ne crois pas que nous soyons équipés pour nous défendre en tant que pays. Nous devons prendre cette question plus au sérieux à la Chambre et comprendre qu’on ne doit pas laisser pendant 20 ans des fonctionnaires diriger l’acquisition de ressources militaires sans donner de résultats lorsque des menaces très réelles pèsent sur notre souveraineté, y compris dans le Nord. Pensons aux relations commerciales et aux possibilités que nous nous trouvions pris au beau milieu de différends entre des grandes puissances.
Si dans 15 ans, nous ne l’avons pas encore compris, nous aurons un problème de taille. Je vois le monde changer dans cette dynamique, et pas pour le mieux. Nous devons être prêts à résister et à nous faire respecter si nous voulons être forts et libres. Il nous faut donc vraiment y réfléchir. Il faut aussi, si nous croyons au multilatéralisme, ne pas laisser les organisations multilatérales dans le monde nous dicter notre politique, alors qu’elles ne sont pas chargées de réformes.
Il y a 15 ans, bon nombre de nos organisations multilatérales ont commencé à perdre de leur efficacité par rapport à leurs objectifs originaux définis lors de leur création, après les grandes guerres. Je suis préoccupée par le sort de notre pays dans 15 ans si nous ne commençons pas à bousculer le statu quo et certaines des vaches sacrées associées aux Nations unies, à l’Union européenne, à l’OTAN et à d’autres groupes qui ont servi le monde dans le passé, mais dont le rôle à présent est contestable, en raison peut-être de mandats nébuleux ou de problèmes d’efficacité, et qui ne prennent pas conscience, contrairement au Parlement, qu’il est nécessaire de remettre les dogmes en question de temps en temps.
Je m’inquiète de ce que sera notre pays dans 15 ans. J’ai parlé de certaines questions à la Chambre. Pourquoi ne parlons-nous pas de la façon dont les Nations unies choisissent les réfugiés, lorsque nous ne les voyons pas orienter les victimes de génocide vers des pays d’accueil? Pourquoi ne nous demandons-nous pas pourquoi les Nations unies refusent de condamner le Hamas?
Pourquoi ne parlons-nous pas de nos relations avec nos alliés en ce qui concerne les objectifs militaires ou du rôle des organisations multilatérales? Est-ce qu’elles sont censées être d’énormes bureaucraties à qui il arrive d’accorder des contrats à des consultants en gestion ou pour organiser des réceptions, ou est ce qu’elles sont censées faire quelque chose? Et quoi au juste? Et quel est le rôle du Canada dans cette évolution au fil du temps? Est-ce que le rôle du Canada n’est pas parfois de dire que quelque chose ne fonctionne pas et qu’il faut apporter des réglages? Est-ce que notre rôle est de rester les bras croisés à dire qu’il n’y a pas de problème?
J’ose espérer que dans 15 ans, nous pourrons remettre les dogmes en question à la Chambre et que, même si nous ne nous entendons pas sur un instrument de politique ou sur un résultat, au moins, nous conviendrons que, pour avancer et progresser, nous ne pouvons pas nous contenter de dire qu’il n’y a pas de problème et qu’il n’y a rien à changer quand ce n’est pas le cas.
Nous devons aussi tenir compte des gens que nous représentons, dans cette perspective de 15 ans. Cela va sans dire dans tous les cas de figure, mais partout dans le monde, des mouvements ont porté au pouvoir des gouvernements pour bien des raisons, chacune faisant état du fait qu’un grand nombre de personnes sentent qu’on ne les écoute pas ou qu’elles n’ont pas leur place, ou encore qu’elles ne sont pas bien représentées par ceux d’entre nous qui seraient ici dans 15 ans.
Un grand nombre de personnes dans le monde ont combattu et, surtout dans notre pays, ont été à l’étranger se battre dans la cadre de missions, et s’interrogent maintenant sur la façon dont elles sont traitées chez elle. Bien des gens voient leurs compétences devenir dépassées au gré du changement des procédés et des industries, et elles demandent: « Qu’en est-il de moi? » Bien souvent, les réponses qu’elles reçoivent de nous sont: « Vous avez tort. Tout est beau. Ce que vous ressentez, ce que vous dites est faux. » Quand nous ignorons le cri des gens, nous échouons dans notre travail de parlementaires.
C’est un pensez-y bien. Sur une période de 15 ans, quand nous prenons nos décisions en matière de politique, nous ne pouvons pas nous contenter de n’écouter qu’un certain groupe de personnes privilégiées. J’aurais espéré qu’en 15 ans nous aurions commencé à réintégrer la voix des gens dans certaines des politiques que nous adoptons et que nous n’écartions pas leurs préoccupations en les étiquetant, comme certaines personnes ici le font à l’occasion. Nous devrions plutôt faire en sorte que nos politiques fassent état tant des meilleures données que des meilleurs résultats, tout en tenant compte des défis auxquels les personnes que nous représentons sont confrontées.
En réalité, nous sommes payés pour être ici au nom de ces personnes. Nous sommes payés pour servir ces personnes, et non pas nous-mêmes. Si nous ne réussissons pas à intégrer leurs voix dans nos politiques et à penser à cela au fil du temps, je crois que nous les laissons tomber. Certains des choix que nous avons faits ces 15 dernières années m’inquiètent. L’État est omniprésent. Il est très rare ici que nous remettions en question le rôle de l’État. Nous parlons souvent de la façon dont nous avons ajouté de la bureaucratie ou des règlements, que nous avons augmenté la taille de l’État, mais nous ne parlons pas souvent de ce que nous gérons.
Je m’inquiète de voir à maintes reprises des collègues de tous les partis prendre la parole pour lire des discours rédigés par des bureaucrates sans même les avoir lus auparavant, ou sans même avoir parlé à leurs électeurs pour savoir ce qu’ils pensent d’un certain projet de loi. Quand nous permettons à nos fonctionnaires de dicter la politique et l’orientation, nous échouons dans notre rôle de parlementaires. Même les parlementaires qui ont un rôle au gouvernement sont tenus de remettre en question ce que le gouvernement fait et le rôle de l’État, que ce soit à la table du Cabinet, dans nos caucus et, assurément, ici.
J’espère que, dans 15 ans, nous nous rendrons compte que ce n’est pas un péché de remettre en question un dogme. J’ai perçu cela comme étant peut-être l’un des changements les plus difficiles qui se sont produits à la Chambre au cours des 15 dernières années. Nous avons tous la responsabilité de tenir compte de l’opinion des gens dans nos politiques et dans le contexte d’une économie en évolution.
Je pourrais passer beaucoup de temps à parler d’intelligence artificielle. Il se peut que dans 15 ans, nous n’ayons plus d’emplois ici. Nul ne le sait. Nous avons les outils nécessaires pour une démocratie directe. Les Canadiens commenceront peut-être à parler de cela bientôt.
Que devons-nous faire? Les parlementaires et tous les Canadiens doivent valoriser la pensée critique. Lorsqu’il est question de changements dans les nouvelles, de la façon dont les nouvelles sont consommées, de ce qui constitue une nouvelle et de ce qui est vrai, je ne comprends pas pourquoi nous appuierions les modèles d’affaires de médias qui ont échoué ou pourquoi nous parlerions du fait que le gouvernement doit renforcer ou déterminer ce qui est bien et ce qui est mal. Dans une société démocratique et pluraliste, c’est à nous qu’il revient d’évaluer de façon critique, en nous basant sur nos propres compétences, ce qui est vrai, ce qui est juste, ce qui occupe tous les esprits aujourd’hui. Ce sont là nos responsabilités dans une démocratie, exprimées de façon condensée, encadrée et ciblée, et cela s’applique encore davantage à nous, comme parlementaires.
Dans 15 ans, j’espère que nous ne parlerons plus ici du rôle du Président, de la période des questions ou de la responsabilité de régir les interventions des ministres. Nous devons assumer nous-mêmes cette responsabilité et présenter ce qui est juste et vrai.
J’espère que nous protégerons également notre pluralisme. J’espère que nous protégerons notre souveraineté. J’espère que nous ne céderons pas les droits que nous avons comme parlementaires et Canadiens à d’autres entités ou organisations dans le monde, que nous n’abandonnerons pas nos principes philosophiques et démocratiques au profit d’idéaux divergents ailleurs dans le monde. J’espère que nous pourrons rebrousser chemin sur la voie que nous avons empruntée en vue d’accroître le rôle de l’État et que nous reviendrons à une plus grande liberté dans les rôles.
J’espère avant tout que ceux qui nous succéderont ici contesteront les dogmes, qu’ils remettront en question le statu quo au sein de leurs propres partis, même lorsque c’est difficile, surtout pour les députés d’en face, qui ne sont pas coutumiers du fait, et qu’ils seront réceptifs aux différentes écoles de pensée.
Les droits que nous avons au Canada ne sont pas statiques. Nous sommes l’exception et non pas la règle à l’échelle mondiale. Nous devons constamment protéger nos droits et présumer qu’ils sont menacés, parce qu’ils le sont, et ce que nous faisons et nous disons à la Chambre devrait en tenir compte.
Dans 15 ans, j'espère que quelque chose ne changera pas: le respect et l'amour qu'éprouvent les Parlementaires envers leurs concitoyens, ces gens qui apprécient notre travail, qui nous soutiennent et font de nous de meilleures personnes, même dans l'éreintante routine quotidienne et dans les moments difficiles, même lorsque nous sommes soumis à l'examen public. Ces gens nous apprécient, nous protègent et sont là pour nous même durant les jours sombres.
J'aimerais consacrer les dernières minutes de mon discours à remercier quelques personnes qui ont travaillé dans l'ombre et qui me facilitent la vie. Je tiens à remercier Sean Schnell, Julia Parsons, Bari Miller, Kim Tyres, Jillian Montalbetti et Paul Frank. Au cours des dernières années, ils ont travaillé extrêmement dur pour les habitants de Calgary Nose Hill. Je remercie également Jeff, Tori, Kori et Kepi de m'avoir rappelé que la vie ne tourne pas toujours seulement autour du Parlement.
Dans 15 ans, j'espère que nous nous rappellerons à quel point notre travail est unique, et que nous serons conscients du privilège que nous avons de siéger à la Chambre pour servir les citoyens de ce magnifique pays libre. J'espère que nous continuerons de réaliser que nous devons nous battre pour notre pays, même entre nous, car ce combat vaut la peine.
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Monsieur le Président, je me sens privilégiée de prendre la parole après ma collègue de . Elle a fait un travail très important dans le dossier Canada-États-Unis et celui de la frontière, en particulier.
Je suis également très heureux de prendre la parole à la Chambre. Comme de nombreux députés l’ont dit cette semaine, c’est probablement mon dernier discours ici. Cela fait sans doute plaisir à beaucoup de mes amis, y compris mon ami de . Je peux toutefois lui garantir que je reprendrai le rythme dans la nouvelle Chambre, comme lui d’ailleurs, j’en suis sûr.
Nous respectons tous cette institution, cette Chambre et l’histoire qu’elle représente. D’accord ou pas avec mes collègues d’en face, je respecte leur capacité et leur liberté de présenter leur cause aux Canadiens, souvent une mauvaise cause, parce que c’est leur Chambre à eux. Mes électeurs et les Canadiens qui nous suivent à la maison ou en ligne doivent savoir que nous pouvons être en désaccord, sans pour autant être désagréables. Le député de me posera probablement une question grandiloquente après mes remarques, mais je le respecte quand même.
L’occasion est unique, compte tenu de la fréquence à laquelle le Sénat renvoie des amendements. C’est probablement la première fois que je prends la parole pour une troisième fois sur un même projet de loi. C’est probablement tout à fait normal pour le secrétaire parlementaire de la leader du gouvernement à la Chambre, mais c’est la troisième fois que je prends la parole sur le projet de loi , qui a été présenté en juin 2016, avec son projet de loi complémentaire, le , la Loi sur le précontrôle. Je suis intervenu au sujet des deux.
J’ai travaillé dans le dossier du commerce transfrontalier comme avocat dans le secteur privé et j’ai été porte parole en matière de sécurité publique au début de la présente législature. J’ai soulevé plusieurs réserves au sujet du projet de loi, mais j’ai indiqué que les conservateurs sont généralement en faveur de l’échange de renseignements avec les États-Unis dans le cadre de la Loi sur les douanes.
L’amendement du Sénat, qui nous amène à débattre de cette question avant la fin de la session, porte sur un point que j’ai soulevé dans mon discours de septembre 2017 sur le projet de loi . Je m’inquiétais de l’échange d’information et du stockage de renseignements sur les Canadiens qui quittent le pays et qui y reviennent et des conséquences de recueillir une aussi grande quantité de données personnelles. Par conséquent, je suis très heureux que le Sénat ait poussé plus loin les mesures concernant la conservation de ces données et ait proposé de la limiter à 15 ans. C’est pourquoi j’appuie l’amendement du Sénat et je suis heureux d’en parler aujourd’hui. Il est un exemple de la collaboration possible entre les deux Chambres du Parlement pour l’amélioration d’un projet de loi.
Il est rare que j’appuie à la fois le projet de loi initial et l’amendement du Sénat.
Je suis député à la Chambre depuis six ans. En fait, il y a six ans jour pour jour, j’étais escorté ici après avoir remporté une élection partielle. Je reçois des applaudissements polis de la part de quelques-uns de mes amis libéraux; je prendrais ces applaudissements tous les jours plutôt que leur chahutage. C’est une journée très spéciale pour moi. J’en ai parlé à la radio la semaine dernière.
Le 12e jour du 12e mois de 2012, le premier ministre Harper et Jim Flaherty, un ami proche de la famille, m’ont conduit à la Chambre en tant que nouveau gagnant d’une élection partielle. J’ai pris mon siège dans le déversoir et, à partir de ce moment-là, j’ai essayé de changer les choses. Pour demeurer fidèle à mon dernier discours, surtout pour un discours de 20 minutes à la Chambre, je suis désolé d’apprendre à mes amis libéraux que je m’en voudrais de ne pas faire preuve d’un peu de partisannerie et de ne pas attirer l’attention sur des questions plus vastes qui devraient préoccuper les Canadiens en ce qui concerne les modifications à la Loi sur les douanes.
Comme je l’ai dit, le projet de loi et le projet de loi complémentaire sont à l’étude depuis juin 2016. Les libéraux précipitent l’adoption de ce projet de loi en imposant une limite de temps au débat et en forçant son adoption dans les derniers jours. Nous sommes presque en 2019. Cette mesure législative traîne à Ottawa depuis près de deux ans et demi. Voilà une preuve des problèmes d’efficacité du gouvernement.
Je vais concentrer mes observations sur ce que les Canadiens devraient demander en ce qui concerne notre frontière. Les projets de loi C-21 et C-23 apporteraient des changements profonds à la façon dont le Canada et les États-Unis gèrent leurs frontières.
Le projet de loi est le projet de loi sur le précontrôle, qui permettrait aux agents américains de l’ICE, les agents de l’immigration et des douanes, de fouiller les Canadiens en sol canadien. Beaucoup de Canadiens seraient probablement choqués s’ils devaient subir un précontrôle. Dans bien des cas, cette mesure permettra d’accélérer le traitement à la frontière, et c’est pourquoi nous l’avons appuyée.
Le projet de loi prévoit l’échange de renseignements sur les entrées et les sorties, ce qui est également sans précédent. C’est pourquoi les mesures de protection des données ramènent ce débat à la Chambre des communes. Ce sont les ajouts les plus importants à la relation entre les États-Unis depuis une génération et une légère érosion de notre souveraineté. Cette mesure peut être une bonne chose si le Canada obtient davantage en retour, mais elle peut aussi être une chose qui donne à réfléchir.
Ces mesures faisaient partie de l’initiative Par-delà la frontière, sur laquelle j’ai travaillé sous l’ancien gouvernement Harper en qualité de secrétaire parlementaire du ministre du Commerce international, alors je les appuie. Cependant, voyons à quel point les libéraux ont laissé les relations canado-américaines s’atrophier depuis les trois années où ils sont au pouvoir.
Le , à l’époque simple député de Regina-Wascana, en février 2011, avec le degré d’indignation voulu, avait demandé au premier ministre Harper: « Le premier ministre pourrait-il au moins garantir que le Canada obtiendra un minimum de gains? Par exemple, se débarrassera-t-il des exigences imposées par les États-Unis relativement à l’étiquetage du pays d’origine? » Il avait ensuite demandé si nous allions obtenir des mesures de protection pour le bois d’oeuvre et faire en sorte que les Américains éliminent la politique d'achat aux États-Unis. Que demandait le ministre de la Sécurité publique à l’époque? Il voulait que le Canada fasse des gains clairs s'il devait céder des renseignements sur les entrées et les sorties.
Lors du débat sur ces mêmes éléments du projet de loi , alors que le gouvernement Harper envisageait de le faire, les libéraux ont dit qu’avant que nous accédions à la demande des États-Unis, ils voulaient savoir ce que le Canada obtiendrait en retour. C’est ce qu’avait dit le vétéran du Cabinet.
Les relations diplomatiques, même avec notre plus proche ami, partenaire commercial et allié, sont du donnant-donnant. Il ne s’agit pas seulement de prendre ou de donner, de donner et ne rien obtenir en retour. À l’époque, le député de Regina-Wascana voulait que le Canada fasse des gains, qu’il s’agisse de la politique injuste de l’étiquetage du pays d’origine ou d’autres éléments de nos relations commerciales complexes.
Les projets de loi et permettraient aux Américains d’inspecter et de fouiller les Canadiens sur notre territoire. Qu’avons-nous gagné? Absolument rien. En fait, sous le règne du , nos relations avec les États-Unis se sont atrophiées au point d’être méconnaissables. Ce n’est pas seulement à cause de l’occupant actuel de la Maison-Blanche.
Par conséquent, je vais prendre quelques minutes pour examiner cette question et ce que le ministre de la Sécurité publique avait demandé. Où sont les gains pour le Canada alors que nous permettons de plus en plus d’intrusions des États-Unis dans les décisions relatives aux douanes et à la frontière?
En novembre 2015, le président Obama, avec le nouveau libéral en poste, a annulé le pipeline Keystone XL. Ce projet était l’une des raisons pour lesquelles l’ancien premier ministre Harper était réticent à communiquer les renseignements sur les entrées et les sorties. Nous voulions quelque chose en échange. Nous voulions que les Américains approuvent un pipeline pour essayer encore une fois d’obtenir de meilleurs prix sur le marché, un meilleur accès aux marchés pour nos ressources, un problème auquel nous sommes actuellement confrontés en tant que pays.
Nous avons caché cet élément de ce qui était une priorité pour les États-Unis en matière de politique étrangère afin d’essayer d’obtenir une victoire. Le premier ministre a cédé en quelques mois. Il a dit qu’il était déçu. Plus part, il a décrit dans cette enceinte sa relation avec le président Obama comme une « bromance » et aussi comme une relation de « dudeplomacy ». C’était une relation à sens unique. C’est vrai qu’il a été reçu à un dîner d’État le 11 mars 2016. À ce dîner, le premier ministre a dit qu’ils étaient plus proches que des amis.
Qu’est ce que notre a aussi annoncé le même jour à Washington? Sans aucune consultation avec les dirigeants autochtones et territoriaux, il a accepté d’interdire tout développement futur sur 17 % des terres et 17 % des eaux de l’Arctique. Il s’agissait d’une reddition pure et simple devant ce que le président Obama voulait faire au cours des derniers mois de son mandat. Encore une fois, c’était une relation à sens unique.
Voyons ce qu’en dit le sénateur libéral inuk qui a siégé le plus longtemps. Lorsque j’ai interrogé le sénateur à la retraite Charlie Watt au sujet de l’action unilatérale du , il a répondu: « Il n’y a jamais eu vraiment de consultations. » Il a ajouté que le gouvernement fédéral avait dit: « Voilà ce que nous allons faire. »
Peut-on parler de consultation lorsqu’un leader inuk respecté et ancien collègue au Sénat de certains députés libéraux se fait dire par le gouvernement ce qui va se passer? Les premiers ministres des territoires ont dit qu’ils avaient été prévenus une heure environ avant l’annonce du du Canada à Washington.
Pendant la présidence de Barack Obama, le cédait sur la priorité d’entrée et de sortie que les Américains réclamaient depuis des années et présentait le projet de loi sur le précontrôle. Nous avons perdu le projet Keystone et nous avons laissé s’effriter notre propre souveraineté et celle de nos peuples inuits et inuks du Grand Nord, deux pertes énormes pendant la première présidence à laquelle a eu affaire le premier ministre.
Le jour même où j’ai interrogé le sénateur à la retraite Charlie Watt, il y avait une experte en droit autochtone qui témoignait au comité, Robin Campbell. Je lui ai demandé si le avait violé l’obligation de consulter les Canadiens autochtones, comme l’a ordonné la Cour suprême du Canada. Mme Campbell a répondu: « Je peux simplement vous dire que oui. » Le premier ministre a aussi manqué à l’obligation de consulter lorsqu’il a annulé le projet de pipeline Northern Gateway.
Ce n’est pas d’hier que les prises de position et les belles paroles du sur la réconciliation ne concordent pas avec ses actions. J’aimerais voir plus de reddition de comptes à cet égard. En fait, j’invite les Canadiens à lire la chronique du chef Fox dans le Globe and Mail d’hier, qui dit qu’il n’y a pas eu de consultations sur le projet de loi , le projet de loi anti-pipeline.
Ce sont de bien belles paroles, mais de mauvaises actions. Ce sont les deux premiers éléments du déclin des relations canado-américaines pendant la présidence d’Obama.
Qu’est-ce qui s’est passé depuis? Il y a eu la légalisation du cannabis, la seule promesse que les libéraux ont tenue dans leur programme électoral de 2015. Malgré le dîner d’État et malgré l’accession à de nombreuses demandes du Canada, le n’a même pas réussi à convaincre les Américains de retirer une question dans le formulaire de précontrôle à leur frontière, la question sur la marijuana. Beaucoup de Canadiens devraient s’inquiéter. Si on leur pose la question, ils pourraient perdre le droit de voyager aux États-Unis, avec des conséquences pour la recherche d’un emploi ou l’exercice de leur emploi dans ce pays. Cela pourrait nuire à leur liberté de mouvement. Tout ce que nous avions besoin de faire, c’était d’obtenir l’assurance du gouvernement fédéral américain que les agents des douanes et de l’immigration ne poseraient pas cette question. Nous n’avons même pas réussi à convaincre les États-Unis de retirer une question dans une liste.
Avec le projet de loi complémentaire , nous permettons aux Américains de fouiller des Canadiens en sol canadien. C’est une relation à sens unique qui devrait préoccuper les Canadiens. C’était pendant la présidence d’Obama et c’est maintenant sous le président Trump, parce qu’il a fallu un certain temps aux libéraux pour mener à terme leur légalisation du cannabis. Les conservateurs le disaient pourtant dès le premier jour: il faut régler la question de la frontière avec les Américains. Cela n'a jamais été fait.
Prenons le NORAD. Les conservateurs ont exhorté les libéraux à conclure un plein partenariat de sécurité du NORAD en veillant à y inclure la défense antimissile balistique. Si nous avions commencé à parler de sécurité à l’époque où la Corée du Nord procédait à des essais de missiles, le président Trump, au tout début de son mandat, aurait constaté que le Canada était le seul partenaire des États-Unis dans les domaines du commerce et de la sécurité, un point c’est tout. Grâce au NORAD, nous avons une défense nord-américaine depuis les années 1950. Depuis le Pacte de l’automobile de 1965, seul le Canada a une relation de commerce et de sécurité intégrée avec les États-Unis. Nous aurions donc pu éviter les droits de douane sur l’acier et l’aluminium imposés au nom de l'article 232, et j’y reviendrai plus tard. Nous avons manqué là une occasion cruciale d’agir en partenariat avec les États-Unis.
Qu’avons-nous fait au lieu de cela? Les libéraux ont présenté au nouveau président des États-Unis des critères non contraignants pour négocier l’ALENA. Ils ont suivi leur programme progressiste pour faire de la politique au lieu de faire des affaires avec les Américains. Avec le problème de la frontière, les questions du cannabis et du NORAD constituent les causes numéro trois et quatre de l’affaiblissement de cette relation.
Je vais aussi parler de l’Entente sur les tiers pays sûrs. Ma collègue de a indiqué que 40 000 personnes ont traversé illégalement la frontière au Manitoba et au Québec pour demander l’asile, alors que le gouvernement sait que la grande majorité de ces gens n’ont pas de demande d’asile légitime à présenter. Ils ont en fait un statut aux États-Unis. Pendant la première année ou même plus tard, le ministre n’a même pas parlé aux États-Unis d’apporter des modifications pour éliminer l’échappatoire de l’Entente sur les tiers pays sûrs, qui avait été négociée par l’ancien gouvernement libéral de Jean Chrétien. Encore une fois, les libéraux ne voulaient pas s’ingérer dans le gazouillis du au lieu de réparer le système.
C’est intéressant, parce que l’actuel , en février 2011, a qualifié ce système d’entrée et de sortie de renonciation à la souveraineté. Il a dit: « En présence d'un système commun d'entrée et de sortie, n'est-il pas vrai de dire que le Canada n'est plus souverain et qu'il n'exerce donc plus aucun contrôle sur ses immigrants et ses réfugiés? ». C’est un libéral, maintenant ministre, qui a dit cela, alors que le gouvernement conservateur envisageait d’imposer des visas d’entrée et de sortie.
L’inaction et l’incompétence du gouvernement libéral à la frontière nous ont fait perdre notre souveraineté, alors que les libéraux parcourent le monde en clamant que leur modèle est une pratique exemplaire que tout le monde devrait adopter. Les Canadiens approuvent de moins en moins la façon dont ils gèrent notre système. C’est probablement le pire de leurs échecs à l’heure actuelle. L’inaction des libéraux effrite la confiance des Canadiens.
Enfin, en ce qui concerne les tarifs douaniers et l’ALENA en général, on nous a présenté une solution unique à prendre ou à laisser. Pendant deux mois, les États-Unis et le Mexique étaient à la table de négociation, et le Canada ne s’y trouvait pas. Le Mexique a agi beaucoup plus stratégiquement que nous dans ses relations et ses négociations. Le et sa ministre ont fait trop de politicailleries. Ils sont revenus avec un accord à prendre ou à laisser qui nous a fait perdre sur tous les fronts. Nous n’avons rien gagné avec l’ALENA.
En ce qui concerne les tarifs, la deuxième fois que je suis intervenu au sujet de ce projet de loi, en mai 2018, j’ai prévenu le que les tarifs étaient sur le point d’entrer en vigueur. En fait, le 11 mars, lorsque le Canada s’est vu accorder une exemption temporaire des tarifs sur l’acier et l’aluminium, le avait déclaré, lors de sa tournée des communautés productrices d’acier: « Tant qu’il y aura un accord de libre-échange en Amérique du Nord, il n’y aura pas de tarifs. » Eh bien, je suppose qu’il a manqué à cette promesse. Il avait ajouté: « Nous avons défendu vos intérêts la semaine dernière et nous le ferons toujours. » C’était en mars.
En mai, dans le cadre du débat sur le projet de loi , j’ai de nouveau prévenu le que l’imposition des tarifs était imminente, parce que les Américains n’ont pas pris au sérieux nos considérations de sécurité relatives à l’approvisionnement en acier en provenance de la Chine. Malheureusement, en juin, les États-Unis ont appliqué des tarifs douaniers injustifiés sur l’acier et l’aluminium canadiens et provoqué la chute libre du secteur manufacturier du Sud de l’Ontario, qui allait mener à ce que nous avons vu avec GM et à une crise de confiance dans le secteur manufacturier. Cela s'explique en partie du fait que les représailles tarifaires que nous avons imposées ne nuisaient pas aux Américains, mais elles nuisent à beaucoup de nos fournisseurs. Comme je l’ai dit, les projets de loi et étaient une soumission systématique aux exigences des États-Unis en matière de douanes et de précontrôle.
En 2011, l’actuel a exigé que le Canada, pour avoir renoncé à certaines activités, obtienne quelque chose en contrepartie. Sauf que nous n’avons rien gagné. Je passe en revue ce qui suit, pour les Canadiens: le projet Keystone, l’interdiction visant l’Arctique, la question du cannabis à la frontière, le partenariat du NORAD, l’échappatoire relative aux tiers pays sûrs, les tarifs sur l’acier et l’aluminium et l’ALENA à prendre ou à laisser.
Comme je l’ai mentionné dès le début, même si j’appuie le projet de loi et l’amendement, les Canadiens doivent savoir que la relation canado-américaine, qui est essentielle, n’est pas une voie à sens unique où les Américains obtiennent ce qu’ils veulent et où nous n’obtenons rien. Il est grand temps que le et le ministre concerné défendent les intérêts des Canadiens en contrepartie du projet de loi .