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Monsieur le Président, je vous remercie de me permettre de reprendre là où j'en étais vendredi dernier.
En résumé, le projet de loi , dont nous sommes saisis aujourd'hui, vise à mieux protéger les victimes d'infractions d'ordre militaire en apportant des modifications nécessaires au système de justice militaire actuel. La mise à jour du système judiciaire des Forces armées canadiennes peut constituer une tâche intimidante. Cela dit, les militaires consacrent leur vie à défendre les valeurs et les croyances canadiennes. On leur doit de s'attaquer à ce travail.
Que ce soit en sol étranger ou canadien, ils sont fréquemment appelés à composer avec des situations très tendues. Leurs décisions et réactions peuvent souvent faire la différence entre la vie et la mort, la guerre et la paix. On ne saurait exagérer l'importance de leur travail. Pour toutes ces raisons, ils exigent d'eux-mêmes le respect des plus hautes normes. Le système judiciaire des forces armées est en place pour maintenir la discipline et la structure.
Je suis très fier de dire que je représente la Base des Forces canadiennes Shilo, la base militaire dans Brandon—Souris, qui est une partie intégrante de la communauté. Beaucoup d'entre nous ont de la famille, des amis et des voisins qui servent à la base. Celle-ci abrite le 1er Régiment de la Royal Canadian Horse Artillery et le 2e Bataillon du Princess Patricia's Canadian Light Infantry. Il vaut la peine de répéter que la base est la maison mère de l'Artillerie royale canadienne et qu'elle accueille une composante du Centre d'instruction du Secteur de l'Ouest, le détachement du 742e Escadron des transmissions de Shilo et le 11e Centre des Services de santé des Forces canadiennes. De plus, elle offre son soutien au 26e Régiment d’artillerie de campagne et à l’unité de réserve du Régiment d'artillerie de campagne de Brandon.
Westman est très fier d'accueillir nos courageux militaires. Ils représentent une partie essentielle et éminente de notre collectivité, et ce, depuis de nombreuses années. Beaucoup d'entre eux y tissent des liens étroits et s'y installent lorsqu'ils ont terminé leur service et qu'ils retournent à la vie civile ou prennent leur retraite.
Le projet de loi vise à harmoniser le système de justice militaire avec le Code criminel du Canada. Je me réjouis de voir qu'il a été élaboré d'après le projet de loi — qui a été présenté par l'ancien gouvernement conservateur — et qu'il vise à enchâsser les droits des victimes dans la Loi sur la défense nationale.
La prémisse principale, soit que les victimes de tout crime présumé se retrouvant dans le système judiciaire ont le droit de se sentir en sécurité, est logique. Par conséquent, je crois qu'il est de notre devoir de les traiter avec compassion et respect et de leur offrir un environnement sécuritaire pour qu'elles puissent raconter leur histoire. Leur témoignage est essentiel pour mieux comprendre ce qui s'est passé, et il est primordial qu'elles soient en mesure de le fournir sans craindre des conséquences et des représailles.
Les victimes sont souvent négligées dans les procédures pénales, l'accent étant surtout mis sur le délinquant. Il est important qu'elles aient l'occasion de se faire entendre. Le système est là pour rendre justice non seulement à l'accusé, mais aussi à la victime.
À cette fin, un élément clé du projet de loi est qu'il tend à assurer une meilleure protection aux victimes et aux témoins lors d'un procès militaire. Les communautés militaires sont généralement plus petites et plus unies, ce qui permet de susciter un profond sentiment de solidarité au sein des forces armées. Bien que ces liens étroits puissent s'avérer particulièrement avantageux sur le théâtre des opérations, ils peuvent rendre la tâche très difficile à une victime lorsque vient le moment de dénoncer son agresseur. Lorsque nous nous assurons de tenir pleinement compte de la sécurité des victimes, nous leur inspirons le courage de s'élever contre les injustices qu'elles ont subies. Les victimes devraient bénéficier de toutes les occasions possibles de prendre part aux procédures. Au terme des procédures, elles devraient être pleinement rassurées que justice a été rendue.
Ce projet de loi contient un autre élément important: les victimes pourront désormais avoir le droit d'obtenir l'assistance d'autrui lorsqu'elles ont affaire au système de justice. Si une victime n'est pas en mesure d'agir en son nom, elle pourra compter sur le soutien d'un proche pour faire valoir ses droits. Les victimes pourront dorénavant se fier à leur conjoint ou conjointe, à leurs parents ou à une personne à charge pour les représenter durant les procédures, et pour les aider à surmonter les moments difficiles.
Le système de justice peut être intimidant. Il englobe beaucoup de procédures, de règles et de règlements. Les victimes ne sont pas toujours pleinement conscientes de leurs droits et peuvent facilement se sentir dépassées. Si nous donnons aux victimes la possibilité de demander un agent de liaison pour les aider à s'y retrouver dans les procédures liées à leur cas, cela devrait encourager plus de gens à se manifester.
Nous devrions nous assurer que les agents de liaison sont bien formés afin de garantir qu'ils puissent fournir le plus d'aide possible. Une méconnaissance de leurs droits ou de la procédure normale ne devrait pas empêcher les gens de réclamer justice. Il est important non seulement d'assurer la sécurité des personnes qui ont subi des préjudices, mais aussi de renforcer leur confiance dans le système de justice afin de leur apporter la tranquillité d'esprit.
Le meilleur moyen d'atteindre cet objectif est de rendre le processus aussi transparent que possible. Je crois fermement que toutes les victimes ont le droit de demander de l'information sur le système de justice militaire. Elles ont subi les conséquences directes d'un crime. Elles méritent de recevoir l'assurance que les procédures seront équitables. Il s'agit de gens qui ont été lésés, blessés et trahis. Ils ont besoin d'être rassurés et d'obtenir la preuve qu'ils ont raison de faire confiance au système de justice. Ils ont besoin que justice soit faite.
Je comprends que la discrétion s'impose dans certaines circonstances. Les forces armées mènent de nombreuses missions délicates et doivent souvent protéger l'information pour assurer la sécurité des militaires et des civils canadiens. Cependant, dans d'autres circonstances, je crois qu'il faudrait, dans la mesure du possible, fournir aux victimes les renseignements concernant leur dossier. Elles devraient se sentir pleinement incluses dans les procédures, sans avoir à demander les renseignements les plus élémentaires. La victime ne devrait pas avoir à compter sur les reportages des médias ou les rumeurs pour obtenir des bribes d'information sur une affaire qui l'a profondément affectée.
Le projet de loi permettrait d'atteindre le juste équilibre entre les impératifs du système de justice militaire actuel et le soutien aux victimes prises en charge par ce système. Le projet de loi tient compte de l'importance de la chaîne de commandement au sein des forces armées et évite de nuire au fonctionnement du système.
La déclaration des droits des victimes incluse dans ce projet de loi est formulée avec soin de manière à établir les droits qui sont accordés aux victimes dans le cadre de ces procédures, mais sans créer d'obstacles qui nuiraient au fonctionnement du système. Comme je l'ai déjà dit, je suis conscient que les situations vécues au sein des forces armées peuvent être très différentes de celles vécues par les civils. Le projet de loi permettrait de tenir compte à la fois des droits des victimes et des limites importantes du système actuel. Il ne nuit aucunement aux aspects qui sont propres au système de justice concerné, dont le processus de cour martiale et le code de discipline.
Grâce à ce projet de loi, le Canada fait un pas dans la bonne direction pour protéger les droits des victimes d'infractions d'ordre militaire. Cependant, j'aimerais parler d'un élément préoccupant de cette mesure législative. Il s'agit des conséquences à long terme que pourraient avoir des infractions militaires mineures sur leurs auteurs une fois qu'ils ont quitté les formes armées.
À l'heure actuelle, certaines infractions militaires n'ont pas de contrepartie dans le système judiciaire civil. Je songe notamment aux cinq infractions mineures que sont les actes d'insubordination, les querelles et désordres, l'absence sans permission, l'ivresse et la conduite préjudiciable au bon ordre et à la discipline. Ces comportements ne sont considérés comme des infractions que s'ils sont attribuables à des militaires. Or, ces infractions militaires pourraient déboucher sur un casier judiciaire dans le cadre civil.
Une personne reconnue coupable d'un acte d'insubordination dans la vie militaire pourrait voir cette infraction la suivre dans la vie civile. Voici ce qu'a affirmé à ce sujet le lieutenant-colonel Jean-Guy Perron lors de son témoignage devant le Comité permanent de la défense nationale:
Les conséquences seraient considérables pour elle. La recherche d'un emploi et le simple franchissement de la frontière canadienne ne sont que deux exemples des difficultés que rencontrerait le vétéran au quotidien. Est-il vraiment souhaitable d'infliger un casier judiciaire à un vétéran pour cause d'avoir commis un manquement d'ordre militaire sans équivalent dans notre système de justice criminelle ou dans la société canadienne?
On n'a qu'à imaginer une personne qui cherche du travail après avoir quitté la vie militaire, mais qui se retrouve avec un casier judiciaire simplement pour une absence sans permission. Un grand nombre de vétérans cherchent du travail dans le secteur de la sécurité, où l'on exige des vérifications de sécurité. Or, quand on découvre l'existence d'un casier judiciaire, il devient carrément impossible d'obtenir un emploi.
Il importe de se rappeler que certaines raisons justifient l'existence d'un système judiciaire distinct dans le domaine militaire. Les circonstances uniques propres aux forces armées exigent un système judiciaire distinct. Il ne serait pas juste pour les membres des Forces armées canadiennes que des infractions mineures commises dans un contexte particulier, bien connu pour comporter à l'occasion un haut niveau de stress, demeurent dans leur dossier et aient des répercussions négatives sur leur vie pendant longtemps.
Le lieutenant-colonel Jean-Guy Perron a formulé la recommandation suivante au comité: « La Loi sur le casier judiciaire et la [Loi sur la défense nationale] devraient être modifiées pour n'inclure que les infractions d'ordre militaire qui justifient véritablement la création d'un casier judiciaire. »
S'inspirant de son témoignage, mes collègues conservateurs au sein du comité de la défense on proposé un amendement au projet de loi à cet égard. Cet amendement aurait fait en sorte que les cinq infractions mineures que j'ai mentionnées n'aboutissent pas à la création d'un casier judiciaire, peu importe l'importance de la peine imposée. On a considéré qu'il dépassait peut-être la portée du projet de loi. Le comité de la défense nationale a donc eu l'occasion d'étudier brièvement la question, mais j'aimerais que celle-ci fasse l'objet d'une analyse plus approfondie.
Je pense que cette question est importante et qu'il serait très utile que les députés actuels l'examinent. Je les encourage vivement à le faire sans tarder pour que nous puissions agir correctement envers les personnes qui se consacrent à notre protection.
Il reste encore beaucoup à faire pour veiller à ce que les courageux militaires canadiens soient traités adéquatement par le système de justice. Le projet de loi dont nous sommes saisis aujourd'hui contribuerait de façon notable à la protection des victimes des infractions d'ordre militaire, mais nous devons toujours nous efforcer de faire mieux pour les membres de nos forces armées.
La justice est peut-être aveugle, mais elle de devrait pas être sourde. En définissant mieux les droits des victimes, nous donnons une voix à ceux que cherchent à obtenir justice. Nous leur donnons une meilleure tribune où ils pourront raconter ce qui leur est arrivé.
Je vais voter pour le projet de loi, car je crois qu'il s'agit d'un enjeu non partisan et que nous devrions nous unir pour soutenir les victimes d'actes criminels. Il est important d'étudier le projet de loi et de l'adopter, car il contient plusieurs bonnes mesures, mais il y a certains éléments qui doivent être examinés.
J'espère que personne n'a subi de pressions indues dans la préparation du projet de loi , comme l' était alors toujours en poste. Nous savons maintenant que des pressions indues avaient été exercées sur elle dans de nombreux autres dossiers. Je pense que cela n'aurait pas été approprié dans ce cas-ci non plus.
Nous devons tenir compte de l'arrêt Gladue. Il nous rappelle que, lorsqu'arrive la détermination de la peine dans ces cas, la Cour suprême exige que l'on prenne toujours en considération la situation des Autochtones. Nous ne devons pas oublier non plus que l' a démissionné de son poste de ministre des Anciens Combattants et qu'elle était aussi ministre associée de la Défense nationale.
Sur ce, je suis prêt à répondre aux questions.
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Monsieur le Président, c’est toujours un plaisir de prendre la parole à la Chambre pour faire part de mes réflexions et observations.
Au cours des dernières années, j’ai été témoin d’une approche différente à l’égard de l’armée canadienne, une approche positive. J’aimerais aborder ce projet de loi d’une façon plus globale. C’est un projet de loi important et les députés de l’opposition l’ont reconnu. Eux aussi estiment que c’est une bonne mesure législative.
Le projet de loi a franchi les étapes de la première et de la deuxième lecture, de l’étape de l’étude en comité et de l’étape du rapport. Nous en sommes maintenant au troisième et dernier volet de son adoption, et c’est une bonne chose.
Le projet de loi se fait attendre depuis longtemps. Il propose de rendre notre système de justice militaire un peu plus en harmonie avec notre système civil. Le gouvernement jouit d’un appui assez généralisé pour le faire adopter à cette fin.
J’ai eu la chance de servir dans les Forces canadiennes pendant quelques années. Même si je ne l’ai jamais vécu directement, j’ai eu une idée, indirectement, de la justice militaire et du régime de justice. Je me souviens qu’au camp d’entraînement, le superviseur, ou le caporal-chef dans cette situation, nous a expliqué quelles étaient nos obligations.
Dans le monde de la justice militaire, nous avons l’obligation de se présenter quand on nous le demande. Lorsque les membres des Forces sont censés faire quelque chose, il est préférable qu’ils soient là, à moins qu’ils aient un problème de santé quelconque ou qu’ils aient une très bonne raison de ne pas se présenter. Si un membre doit être de service, on s’attend à ce qu’il soit là. Cela ne s’applique pas nécessairement avec le même poids dans la vie civile.
L’intervenant précédent a parlé d’absence sans permission. Dans la formation qui m’a été donnée, à moi ainsi qu’à des milliers d’autres personnes qui ont participé au camp d’entraînement, on nous a inculqué une chose importante et c’est qu’il y avait une différence entre la vie militaire et la vie civile. On insistait sur l’idée que la discipline militaire devait assurer que ses membres soient là où ils sont censés être. Quand je réfléchis à cela aujourd’hui, j’en saisis toute l’importance.
Servir dans les forces est un honneur et un privilège absolus. En ma qualité de député fédéral et, autrefois, de député provincial, j’ai toujours, sans exception, reconnu l’excellent travail que font les femmes et les hommes de nos forces, qu’il s’agisse de la force aérienne, des unités spéciales, de la marine ou de l'armée. J’apprécie leur contribution à notre société dans les actions militaires en cours et antérieures visant à protéger les Canadiens, et je la valorise. Que ce soit dans le cadre de missions de paix ou de la lutte contre la puissante rivière Rouge lorsqu’elle déborde, nos militaires jouent un rôle crucial dans notre pays. Nous serons toujours là pour nos militaires.
Même si nous ne sommes au pouvoir que depuis un peu plus de trois ans, nous avons non seulement parlé de prendre des mesures, nous avons aussi agi sur plusieurs fronts.
Ce dont nous débattons aujourd’hui ne représente qu’un aspect de la question. Il s’agit de la justice militaire.
Je reviens à la formation que j’ai reçue. Lorsqu’on nous disait de nous présenter quelque part, le non-respect de cet ordre pouvait mener à une comparution devant une cour martiale et à un casier judiciaire. Même si une personne avait une raison, parfois discutable, de ne pas être où elle était censée être, elle risquait d’avoir un casier judiciaire.
Je crois, comme je le croyais à l’époque, que ce n’est pas nécessairement toujours une conséquence juste. C’est pourquoi il est bon que le projet de loi harmonise davantage les conséquences avec ce qui se passe dans la vie civile. Par exemple, maintenant, le pouvoir discrétionnaire sera plus grand dans les affaires où une personne est absente sans permission ou omet de se présenter à un endroit précis à un moment précis. Cela ne signifie pas que la personne comparaîtra en cour martiale. La menace est moins grande maintenant.
Les membres des forces armées sont des personnes incroyables, qui ont un fort sens du devoir et du pays. Au bout du compte, cela aura une incidence mineure sur le service au pays, mais pourrait avoir un impact très positif sur la situation d’un militaire au moment de prendre sa retraite.
Comme d’autres intervenants nous l’ont dit, lorsque des membres des Forces canadiennes décident de prendre leur retraite ou ont l’option de le faire, quelles que soient les circonstances, nous voulons qu’ils aient la possibilité de continuer à occuper un emploi épanouissant par la suite. Le fait d’avoir un casier judiciaire a une incidence négative sur la capacité des militaires ou des anciens militaires d’obtenir un emploi auquel ils sont admissibles. Il n’est pas juste que les membres des forces armées aient un casier judiciaire pour une accusation qui n’existe pas dans la vie civile. Je crois que c’est en partie pour cette raison que les députés de l’opposition appuient le projet de loi. Nous reconnaissons que nous pouvons en faire plus pour réformer nos lois, afin que ce genre de problème puisse être réglé de façon positive.
L’insubordination est un autre exemple. Dans la vie civile, l’insubordination est traitée très différemment. Le projet de loi traite également de ce problème. L’occasion nous est donnée d’examiner et d’appuyer une bonne mesure législative, qui fait progresser les Forces canadiennes dans la bonne direction.
L’un des aspects encourageants du projet de loi , c’est que nous veillerons à ce que les dispositions relatives à la détermination de la peine pour les Autochtones soient prises en considération. C'est déjà le cas au sein de la population civile. Cela diffère toutefois de ce que le gouvernement précédent avait proposé. Nous devons comprendre que le facteur autochtone doit être pris en considération. C’est le cas dans notre système judiciaire civil, et cela s’est avéré fructueux. Je suis donc heureux de voir cela dans ce projet de loi.
Les députés insistent souvent sur une question en particulier lorsqu'ils débattent à la Chambre de mesures législatives en matière criminelle. Ils mettent souvent l'accent sur les victimes et la protection ou le renforcement de leurs droits. Je suis heureux de constater que ce projet de loi permettrait d'inscrire un élément nouveau dans la loi sur la justice militaire, c'est-à-dire une déclaration des droits des victimes. Cela s'impose depuis longtemps. Je suis ravi que le gouvernement ait décidé d'inscrire dans la loi l'obligation de respecter les droits des victimes.
Que signifie une telle déclaration? Par exemple, elle prévoirait que les victimes ont un droit à l'information et un droit à la protection. Chose tout aussi importante, les victimes pourraient participer au processus. La question du dédommagement aurait aussi une importance capitale, dans les cas où ce droit pourrait être exercé.
J'ai déjà eu la chance de présider un comité de justice pour la jeunesse. En fin de compte, parmi les changements les plus progressistes que nous avions pu constater, avant que je doive quitter le comité il y a quelques années, figurait l'idée du dédommagement, ou de la justice réparatrice. Autant que possible, il vaut la peine d'à tout le moins envisager le recours à cet outil merveilleux. Je crois qu'il faut intégrer le plus possible les victimes au processus de justice réparatrice. Cela peut vraiment améliorer les choses pour les victimes.
J'aimerais donner un exemple de ce que peut représenter la justice réparatrice pour les victimes. La victime a la possibilité de participer au processus en discutant avec l'individu qui lui a causé du tort et en lui faisant comprendre les conséquences de son comportement. À quelques reprises, j'ai eu l'occasion de voir ce qui se passe au sein d'un comité de justice pour la jeunesse, qui s'intéresse aux cas de jeunes délinquants de moins de 18 ans. Cela m'a beaucoup encouragé. La victime a alors pu mieux comprendre ce qui s'était passé, tout en ayant le sentiment que les répercussions du crime sur elle étaient prises en compte.
Pour ce qui est des autres éléments du projet de loi, voici ce que dit la mesure législative:
Le texte modifie également la partie III de [la Loi sur la défense nationale] afin, notamment:
a) d’énoncer l’objet du code de discipline militaire, ainsi que l’objectif essentiel de l’infliction des sanctions dans le cadre des audiences sommaires.
Le projet de loi rendrait le processus judiciaire plus rapide. De plus, il protégerait « la vie privée et la sécurité des victimes et des témoins dans les instances concernant certaines infractions sexuelles ».
Bon nombre de Canadiens qui suivent nos débats à la Chambre ne savent peut-être pas qu'il existe deux types de systèmes de justice: un système de justice civile et un système de justice militaire. Durant les discussions sur cette mesure législative, j'ai appris que, dans certaines situations, un militaire qui a commis une infraction passera par le système de justice civile plutôt que par le système de justice militaire. C'est notamment le cas pour les personnes accusées d'agression sexuelle. Dans certaines situations, il existe un pouvoir discrétionnaire dans le système qui permet aux tribunaux civils de se pencher sur des affaires mettant en cause des militaires reconnus coupables d'une infraction.
J'ai mentionné que j'avais servi dans l'armée. J'étais aide-contrôleur de la circulation aérienne à Lancaster Park, à Edmonton. Juste au sud de Lancaster Park, à Griesback, il y avait un centre de détention militaire dans la base. Je ne connaissais pas vraiment grand-chose en la matière, mais les personnes purgeant une peine de plus de deux ans étaient envoyées à un établissement fédéral pour les civils. Par contre, celles qui purgeaient une peine de moins de deux ans étaient détenues, en partie, dans des établissements militaires.
La mesure législative permettrait, notamment:
d) de rendre plus facilement accessibles aux témoins vulnérables les mesures visant à aider les personnes à témoigner;
e) d’autoriser les témoignages à l’aide d’un pseudonyme lorsque les circonstances s’y prêtent;
f) de rendre obligatoires, sur demande, les ordonnances de non-publication pour les victimes âgées de moins de dix-huit ans;
g) dans certaines circonstances, d’obliger le juge militaire à se renseigner auprès du procureur de la poursuite pour savoir si des mesures raisonnables ont été prises pour informer les victimes de la conclusion d’un accord entre l’accusé et le procureur de la poursuite.
Encore une fois, le projet de loi souligne l'importance des droits des victimes.
i) de prévoir différentes façons de présenter les déclarations des victimes;
j) de permettre que les déclarations sur les répercussions militaires et les déclarations au nom d’une collectivité soient prises en considération pour toutes les infractions d’ordre militaire;
k) d’ajouter un principe [...] exigeant qu’une attention particulière soit accordée à la situation des contrevenants autochtones.
Comme je l'ai indiqué plus tôt, il s'agit là de dispositions tout à fait nouvelles, qui jouissent d'un assez bon appui des deux côtés de la Chambre.
Le projet de loi permettrait également:
m) de prévoir une échelle de sanctions ainsi que des principes applicables aux sanctions à l’égard des manquements d’ordre militaire;
n) de prévoir que les audiences sommaires se prescrivent par six mois.
Comme je l'ai dit, le projet de loi comprend de nouvelles dispositions qui améliorent celles que la Chambre a adoptées il y a quelques années. Les députés d'en face semblent reconnaître la valeur du projet de loi. J'espère qu'ils lui permettront de franchir la prochaine étape, c'est-à-dire d'être étudié par le Sénat.
La modernisation de la loi militaire est une bonne chose et fait partie de l'approche adoptée par l'actuel gouvernement pour appuyer les membres des forces armées. Je suis reconnaissant d'avoir eu l'occasion d'exprimer mes observations sur le sujet.
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Monsieur le Président, en tant que députée de la magnifique circonscription de Renfrew-Nipissing-Pembroke où se trouve la base de Petawawa, lieu d’entraînement des guerriers, je suis heureuse d’avoir l’occasion de parler du projet de loi .
Le projet de loi modifie des dispositions de la Loi sur la défense nationale qui régissent le système de justice militaire. Je siège depuis longtemps au Comité permanent de la défense nationale et je remercie les militaires de me faire confiance en tant que membre de ce comité.
Avant de passer à mes observations, je dirai comme le chef de mon parti que le moment est venu pour quelqu’un d’aller marcher dans la neige. Contrairement à l’actuel gouvernement fédéral qui cherche à manipuler le système de justice pénale, les conservateurs entendent défendre les victimes de crime et faire en sorte qu’elles se fassent mieux entendre dans le système de justice pénale.
Je suis fière de confirmer que c’est en tant que députée du précédent gouvernement conservateur que j’ai appuyé l’adoption de la Charte canadienne des droits des victimes. Tout comme j’ai défendu les droits des victimes au nom des hommes et des femmes qui portent l’uniforme, je suis favorable à l’inclusion d’un régime parallèle des droits des victimes dans le système de justice militaire. Le projet de loi reprend, dans une large mesure, ce que les conservateurs proposaient dans le projet de loi à la 41e législature. Dans la mesure où l’actuel gouvernement suit notre exemple, ces éléments du projet de loi peuvent être appuyés.
Contrairement au gouvernement actuel, dont l'éthique est remise en question, les conservateurs considèrent que les victimes de crime ne devraient pas être les grandes oubliées du système de justice pénale. L'ancien gouvernement conservateur s'est d'ailleurs employé à redonner aux victimes la place qui leur revient au coeur du système de justice. C'est pourquoi nous avons présenté une mesure législative semblable à la Charte canadienne des droits des victimes, qui visait à intégrer ces droits au système de justice militaire. Cette mesure, fruit de nombreuses années de travail, tenait compte de centaines de témoignages et de consultations menées auprès de victimes et de groupes de défense des droits dans le contexte de la Charte canadienne des droits des victimes.
La mesure législative à l'étude aujourd'hui permettrait aux victimes de bénéficier d'un meilleur accès à l'information grâce à la nomination d'un agent de liaison de la victime, d'une meilleure protection grâce aux nouvelles dispositions sur la sécurité et la protection de la vie privée, et ainsi de suite. Signalons qu'on trouve à la garnison de Petawawa non seulement le 2e Groupe-brigade mécanisé du Canada et le Groupe de soutien de la 4e Division du Canada, — qui comprend le 2e Régiment, Royal Canadian Horse Artillery, le 1er Bataillon, The Royal Canadian Regiment, le 3e Bataillon, The Royal Canadian Regiment, The Royal Canadian Dragoons, le 2e Régiment du génie de combat, le 427e Escadron d'opérations spéciales et le 450e Escadron tactique d'hélicoptères —, mais aussi le Régiment d'opérations spéciales du Canada.
Le Régiment d'opérations spéciales du Canada, ou ROSC, a été établi pendant que les conservateurs veillaient à la défense du pays. Il y avait alors plus de 50 ans qu'un nouveau régiment avait été créé. Je suis fière de la contribution que j'ai pu apporter à cette décision ainsi qu'à celle d'installer le 450e Escadron tactique d'hélicoptères à Petawawa pour qu'il s'entraîne avec les soldats. Les hélicoptères Chinook servent au transport stratégique. Ils permettent de sauver des vies.
Comme le Régiment aéroporté du Canada faisait partie de la garnison de Petawawa lorsque le gouvernement Chrétien l'a démantelé pour des raisons partisanes, la justice militaire est un sujet controversé à Petawawa. Pourtant, les mots « justice » et « militaire » ne devraient pas être inconciliables. À titre de parlementaires, quand nous débattons d'un projet de loi comme le projet de loi , nous devons garder à l'esprit l'effet qu'il aura sur la vie des gens et sur le moral des troupes.
Tout à l’heure, le secrétaire parlementaire de la leader du gouvernement à la Chambre a parlé des anciens combattants et de la manière dont ils sont traités aujourd’hui. J’aimerais donner suite à ses propos.
Je vais maintenant donner la parole à une personne qui ne peut s’exprimer dans cette enceinte, en lisant la lettre que j’ai reçue de ce militaire. Je cite : « Bonjour, je suis sur le point d’être libéré des Forces, après 28 ans de service. J’ai sacrifié mon esprit et mon corps au service du Canada. J'ai subi des blessures physiques et je souffre du trouble de stress post-traumatique, mais je n’ai aucune raison de me plaindre de ce que j’ai fait dans l’armée et je serais prêt à recommencer. J’ai reçu d’excellents soins médicaux pour toutes mes blessures et je suis satisfait de l'aide que je reçois du ministère des Anciens Combattants dans presque tous les cas. Le ministère a assumé les coûts liés à mes blessures physiques et mon trouble de stress post-traumatique. Je devrais recevoir des prestations d’invalidité prolongée après ma libération pour des raisons médicales.
« Mon problème est le suivant. Le ministère des Anciens Combattants a entrepris les démarches pour inclure la captivité dans la politique d’indemnisation des prisonniers de guerre. Au début, je me suis d'abord réjoui de ce changement. En 1994, pendant mon service en Yougoslavie sous l’égide de l’ONU, j’ai été maintenu en captivité avec 54 autres soldats. Toutefois, j'ai découvert ensuite que le gouvernement fédéral ne tiendrait compte que des demandes présentées par des militaires qui ont été maintenus en captivité durant plus de 30 jours.
« Je suis outré par cette politique. Il semblerait que ce n’est pas suffisant de craindre pour sa vie pendant une période moins longue, et croyez-moi, nous avons vraiment eu peur de perdre la vie. Nous avions vu de nos yeux de quelles atrocités les Serbes étaient capables. Subséquemment, j’ai appris que le premier ministre avait versé 10,5 millions de dollars à un combattant du groupe État islamique parce que, selon lui, les Canadiens n’ont pas protégé ses droits…
« L'ordre nous a été donné, par notre chaîne de commandement, de nous soumettre à notre captivité et de ne pas tenter de nous évader. Plus tard, nous avons appris que cet ordre était illégal. Après tout cela, malgré les sacrifices que je fais, tant professionnels que personnels, c’est la seule chose qui me hante encore. Je crois qu’un changement de politique s’impose, ne serait-ce que pour souligner ce que nous avons fait pour notre pays. »
D’abord, permettez-moi de remercier ce militaire pour les services qu’il a rendus à notre pays. Il fait honneur à l’uniforme et je comprends combien il a été difficile pour lui de rédiger cette lettre.
Je crois savoir que le ministre des Anciens Combattants du présent gouvernement — peu importe de qui on parle; il y en a tellement eu qu'il est difficile de suivre — a été mis au courant de la situation par la députée de , au Nouveau-Brunswick. En tout cas, c'est ce qui a été dit au soldat. À en juger par l'absence de réponse de la part du gouvernement, on peut conclure que la n'a pas pris la peine de se préoccuper des problèmes de santé de nos soldats. Elle est trop occupée à organiser des séances photo avec le , en compagnie de soldats pour faire bonne figure, pour se soucier d'une chose aussi terre à terre que la justice militaire. Dans ce cas-ci, la justice s'applique au sacrifice de 55 soldats canadiens détenus à titre de Casques bleus lors du conflit dans les Balkans.
J'ai aussi été choquée, mais non surprise, d'apprendre que le gouvernement Chrétien a refusé de reconnaître l'héroïsme des membres du groupement tactique des Royal Canadian Dragoons, sauf un, qui ont été tenus en otage et ont participé à l'opération Cavalier, CANBAT II.
Où est la justice quand le gouvernement libéral sort le chiffre arbitraire de 30 comme nombre minimal de jours pour obtenir l'indemnité de captivité annoncée dans la Nouvelle Charte des anciens combattants? On dirait un autre cas, comme celui de l'indemnité pour blessure grave, dans lequel le gouvernement libéral annonce une indemnité qui est refusée à des soldats et à d'anciens combattants qui devraient y avoir droit. C'est une autre fausse promesse faite aux soldats et aux anciens combattants.
Je suis honorée et privilégiée de nommer, dans le cadre de ce débat sur la justice militaire, pour qu'ils soient inclus dans le compte rendu officiel des délibérations de la Chambre des communes, les noms des soldats pris en otage que leur pays refuse de reconnaître aujourd'hui. Un grand nombre d'entre eux servent encore leur pays. Le rang mentionné est celui au moment des faits en 1994. Bien que cette liste indique la ville d'origine déclarée, 44 des 55 soldats étaient basés à la garnison Petawawa, qui est située dans ma circonscription, Renfrew—Nipissing—Pembroke. Ces soldats sont:
Le major Dean Milner, 33 ans, officier des blindés, de Kingston, en Ontario; le caporal Troy Cleveland, 24 ans, membre d'équipage, de Windson, en Nouvelle-Écosse; le caporal Robert Carter, 26 ans, membre d'équipage, d'Eastern Passage, en Nouvelle-Écosse; le caporal-chef Chris Maher, 31 ans, membre d'équipage, de Burlington, en Ontario; le caporal Steve Tasnadi, 27 ans, membre d'équipage, de Toronto, en Ontario; le caporal Richard Sheppard, 23 ans, membre d'équipage, de Fortune Bay, à Terre-Neuve-et-Labrador; le sergent Daniel Berrigan, 31 ans, membre d'équipage, d'Ajax, en Ontario; le caporal-chef Martin Nickerson, 34 ans, membre d'équipage, de Pembroke, en Ontario; le caporal Sean Dunstan, 25 ans, membre d'équipage, de Petawawa, en Ontario; le caporal Chris Neilson, 21 ans, membre d'équipage, de St. Catharines, en Ontario; le caporal Brian Lecuyer, 28 ans, membre d'équipage, d'Elliot Lake, en Ontario; le caporal David Calissi, 33 ans, membre d'équipage, de Kelowna, en Colombie-Britannique; le sous-lieutenant Chris Renahan, 23 ans, officier des blindés, de Toronto, en Ontario; le caporal-chef Marc Tremblay, 31 ans, membre d'équipage, de Bagotville, au Québec; l'adjudant-maître Thomas Skelding, 39 ans, membre d'équipage, de Windsor, en Ontario; le caporal Gordon Vanwesten, 25 ans, technicien de véhicules, d'Ennismore, en Ontario; le caporal Alex Vizino, 27 ans, membre d'équipage, de Port Colborne, en Ontario; le lieutenant Chris Henderson, 30 ans, officier des affaires publiques, d'Ottawa, en Ontario; le caporal Marc Bergeron, 33 ans, technicien en photographie, d'Alma, au Québec; le lieutenant Mark Poland, 23 ans, officier des blindés de la réserve, de Sarnia, en Ontario; le sous-lieutenant Greg Nette, 23 ans, officier des blindés, d'Edmonton, en Alberta; le caporal-chef Stanley Potocnik, 27 ans, membre d'équipage, de Rawdon, au Québec; le caporal Paul Turmel, 28 ans, membre d'équipage, de Windsor, en Ontario; le caporal-chef Richard Biddiscombe, 27 ans, membre d'équipage, de St. John's, à Terre-Neuve-et-Labrador; l'adjudant Richard Ritchie, 34 ans, membre d'équipage, de Cold Lake, en Alberta; le caporal James Morgan, 23 ans, membre d'équipage, de Cormack, à Terre-Neuve-et-Labrador; le caporal Mark Jones, 24 ans, membre d'équipage, de Belleville, en Ontario; le caporal Michael Meade, 24 ans, membre d'équipage, de Huntsville, en Ontario; le caporal Mario Desrochers, 26 ans, membre d'équipage, de Petawawa, en Ontario; le caporal Sean Donaldson, 23 ans, membre d'équipage de la réserve, de Windsor, en Ontario; le caporal William Byrne, 29 ans, membre d'équipage, de Conch, à Terre-Neuve-et-Labrador; le caporal Sean Murphy, 25 ans, membre d'équipage de la réserve, de Brampton, en Ontario; le matelot-chef Kevin Kendall, 27 ans, adjoint médical, d'Esterhazy, en Saskatchewan; le matelot de 1re classe Daniel Williams, 23 ans, adjoint médical, de St. John's, à Terre-Neuve-et-Labrador; le soldat Kristopher Boyd, 20 ans, adjoint médical, de Forest/Sarnia, en Ontario; le sergent William Richards, 32 ans, membre d'équipage, de St. Stephen, au Nouveau-Brunswick; le caporal-chef Michael Smith, 30 ans, membre d'équipage, de Kitchener, en Ontario; le caporal Dana Crue, 30 ans, membre d'équipage, de Summerside, à l'Île-du-Prince-Édouard; le caporal David Walker, 30 ans, membre d'équipage, d'Halifax, en Nouvelle-Écosse; le caporal Marc Kemp, 23 ans, membre d'équipage, de Winnipeg, au Manitoba; le caporal-chef Dean Smith, 24 ans, membre d'équipage de la réserve, de Gooderham, en Ontario; le caporal-chef William Thomas, 32 ans, fantassin, de Canning, en Nouvelle-Écosse; le caporal James Predo, 27 ans, fantassin, de Sydney Mines, en Nouvelle-Écosse; le sergent Tom Moran, 30 ans, membre d'équipage; le caporal-chef Richard Allinson, 31 ans, membre d'équipage, de Port Hope, en Ontario; le caporal Michael Bolger, 27 ans, membre d'équipage, de St. John's, à Terre-Neuve-et-Labrador; le caporal Sheldon Clarke, 24 ans, membre d'équipage, de Grand Falls, à Terre-Neuve-et-Labrador; le caporal Scott Cairns, 27 ans, membre d'équipage, de Lachine, au Québec; le caporal Davis Balser, 22 ans, membre d'équipage, de Weymouth, dans le comté de Digby, en Nouvelle-Écosse; le sergent Gordon Campbell, 31 ans, membre d'équipage, de Kensington, à l'Île-du-Prince-Édouard; le caporal David Clark, 30 ans, membre d'équipage, de Toronto, en Ontario; le caporal Darren Burgess, 26 ans, membre d'équipage, de Windsor, en Ontario; le caporal Russell Robertson, 23 ans, de Squamish, en Colombie-Britannique; le caporal Bruce Rose, 27 ans, membre d'équipage, de Yarmouth, en Nouvelle-Écosse; le parachutiste Paul Smith, 23 ans, membre d'équipage, d'Oil Springs/Petrolia, en Ontario.
La justice militaire ne se résume pas à l'ajout de pages remplies règlements au libellé ambigu. La justice militaire, c’est aussi reconnaître les sacrifices que les soldats et leurs familles ont consentis pour servir leur pays.
Le projet de loi contribuera-t-il à la camaraderie entre soldats, ou y nuira-t-il? Le projet de loi compromettra-t-il l’efficacité opérationnelle? Nous devons poser ces questions en ayant à l’esprit des expériences réelles, comme celles qu’ont connues ceux qui ont été détenus.
C’était là mon objectif lorsque j’ai consigné au procès-verbal les noms des 55 soldats qui ont été pris en otage pendant la mission des Nations unies en Bosnie, l’opération Cavalier, pendant le conflit dans les Balkans. Le gouvernement a oublié tous ces soldats. Le va peut-être prétendre que les anciens combattants en demandent trop, comme il l’a déjà dit; il n’en reste pas moins que les anciens combattants ne font que demander ce qu’on leur a promis.
Les expériences psychologiques sur la cohésion au sein des troupes finiront par causer la mort de soldats, de la même façon que l'opportunisme politique a entraîné la mort de soldats en Afghanistan lorsque le gouvernement libéral de Jean Chrétien a annulé le contrat des hélicoptères EH-101. Lorsque Chrétien a annulé ce contrat, il s’est aussi débarrassé des hélicoptères Chinook.
Comme avec le scandale des commandites et le scandale Lavalin d’aujourd’hui, les libéraux n’ont toujours pas compris qu’il ne fallait pas acheter des avions d’occasion aux Australiens et qu’il fallait au contraire donner à nos soldats les équipements dont ils ont vraiment besoin. Lorsque Chrétien a annulé l’achat d’hélicoptères neufs dont le Canada avait grand besoin, il aurait dû aussi annuler la vente des hélicoptères chinook au gouvernement hollandais. À cause de cela, un grand nombre d’hommes et de femmes sont morts en Afghanistan.
La justice militaire c’est aussi fournir aux soldats les équipements adéquats pour faire le travail qu’on leur demande de faire en notre nom. C’est aussi leur rendre hommage; pensons ici aux 55 soldats que j’ai nommés.
Nous devons encourager la participation en autorisant les déclarations au moment de la détermination de la peine et en permettant aux cours martiales d’accorder un meilleur dédommagement aux victimes.
Dans son rapport de l’automne 2018 sur les comportements sexuels inappropriés dans les Forces armées canadiennes, le vérificateur général a souligné la nécessité de reconnaître les droits des victimes, ce que le projet de loi propose aujourd’hui.
Encore une fois, j’aimerais présenter mes condoléances à la famille du vérificateur général, Michael Ferguson.
L’opération Honour est un plan qui vise à diminuer le nombre de comportements sexuels inappropriés à l’égard des femmes qui servent dans les Forces armées canadiennes. Selon le rapport du vérificateur général, l’opération Honour offre un soutien insuffisant aux victimes de comportements sexuels inappropriés, notamment des délits comme l’agression sexuelle, le viol et le harcèlement. En fait, le rapport constate que l’opération Honour n’est même pas conçue en fonction de cet objectif et que les services qu’elle offre sont mal coordonnés. Qui plus est, les victimes ne sont même pas informées des services de soutien qui leur sont offerts, alors que la loi dit qu’elles doivent l’être.
Décidément, le gouvernement aime bien prendre des libertés avec la loi. D’après le rapport du vérificateur général, les victimes n’avaient même pas leur mot à dire lorsqu’elles faisaient l’objet d’une enquête, étant donné que la grande majorité des signalements sont faits par l’intermédiaire d’une tierce partie, conformément au devoir de signaler qui a été créée dans le cadre de l’opération Honour. Les enquêtes étaient menées à l’intérieur de la chaîne de commandement, que la victime soit disposée ou non à intenter des poursuites. Tous les signalements faisaient l’objet d’une enquête, et les victimes qui ne voulaient pas déposer de plainte n’avaient pas la possibilité de mettre un terme à cette enquête.
Le rapport du vérificateur général dénonçait également la formation et les séances d’information qui ont été données aux membres des Forces armées canadiennes au sujet des comportements sexuels inappropriés, à savoir que les séances d’information étaient fragmentées et qu’elles généraient, parmi les soldats, de la confusion, de la frustration, de la crainte et un affaiblissement de l’esprit de corps. Ces séances d’information les sensibilisaient à ce qui constituait des comportements sexuels inappropriés, mais ne faisaient rien pour les amener à changer d’habitudes ou à mieux comprendre les causes profondes de ces comportements.
Le rapport soulignait également le fait que les victimes ignoraient l’existence des services de soutien, que les personnes chargées de les fournir n’étaient pas suffisamment formées et que ces services étaient insuffisants. De plus, les personnes chargées de fournir ces services n’avaient pas les compétences voulues, et il y avait peu de coordination entre le Centre d’intervention sur l’inconduite sexuelle et l’équipe d’intervention stratégique sur l’inconduite sexuelle, laquelle mène réellement les enquêtes.
L’opération Honour a été lancée dans le sillage de l’enquête et du rapport de l’ancienne juge de la Cour suprême Marie Deschamps. Mme Deschamps a comparu ce mois-ci devant le Comité permanent de la défense nationale et elle nous a dit ce qu’elle pensait de cette opération, en comparaison de ses 10 recommandations initiales.
Le gouvernement ne doit pas perdre de vue le fait que, lorsqu’ils revêtent l’uniforme, les membres des Forces armées canadiennes sont des soldats avant tout, et c’est une distinction importante. Sur un théâtre opérationnel, ils ont besoin de pouvoir compter sur leurs camarades.
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Monsieur le Président, avant de commencer mon discours, je tiens à vous dire que je vais partager mon temps de parole avec mon collègue le député de .
Je suis très heureux de prendre la parole aujourd'hui, à titre de secrétaire parlementaire du ministre de la Défense nationale, afin d'appuyer le projet de loi .
Je tiens d'abord à souligner le travail accompli pour élaborer le projet de loi et en arriver à ce moment-ci. Cela inclut évidemment les travaux effectués par les membres du Comité permanent de la défense nationale et leur étude article par article du projet de loi plus tôt cet automne.
Je tiens aussi à reconnaître le travail et le dévouement exceptionnels des membres des Forces armées canadiennes. Je pense que nous sommes tous très reconnaissants du travail qu'ils font au jour le jour. Nous leur en sommes très reconnaissants et nous les remercions.
Une étude en comité a permis des retouches au langage du projet de loi, afin d'apporter des clarifications, en plus de permettre d'importants débats d'idées publics, notamment sur la santé mentale. Le résultat, c'est un meilleur projet de loi et des parlementaires plus conscientisés à ces enjeux. Je remercie donc le comité.
Les prémisses du projet de loi sont simples: nos militaires méritent un système de justice militaire qui les appuie dans tout ce qu'ils font, un système de justice militaire qui reflète les valeurs canadiennes, s'efforce d'éliminer la discrimination, quelle qu'elle soit, et veille à ce que les victimes puissent s'exprimer tout au long du processus juridique.
Au moyen du projet de loi C-77, nous proposons d'importants changements à notre cadre de justice militaire, notamment en enchâssant les droits des victimes avant, pendant et après les audiences en cour martiale. Nous renforçons également le processus de procès sommaire pour nous assurer que les contraventions mineures à la discipline militaire seront traitées dans le cadre d'un processus non pénal et non criminel appelé audience sommaire. De plus, nous demandons des peines plus sévères pour les infractions d'ordre militaire ainsi que des sanctions plus sévères pour les manquements d'ordre militaire motivés par des préjugés ou par de la haine fondée sur l'expression ou l'identité de genre. Finalement, nous veillons à ce que la situation particulière des contrevenants autochtones soit prise en compte lors de la détermination de la peine à infliger.
Par exemple, les audiences sommaires proposées permettront d'améliorer la souplesse et l'efficacité du système de justice militaire en permettant à la chaîne de commandement de traiter rapidement et équitablement les manquements mineurs à la discipline militaire à l'échelle de l'unité. Les cas plus graves seront bien entendu renvoyés aux cours martiales. Il n'y aura plus de procès sommaire et les commandants militaires qui président aux audiences sommaires seront limités à des sanctions non pénales pour traiter le manquement d'ordre militaire.
Les changements que nous proposons sont nécessaires depuis longtemps. Nous reconnaissons le besoin d'améliorer continuellement notre système de justice militaire afin qu'il reflète le système civil de justice pénale, s'il y a lieu, tout en reconnaissant les différences importantes entre les deux systèmes afin de tenir compte des exigences naturellement particulières de la vie militaire.
Notre gouvernement est déterminé à ce que les Forces armées canadiennes, civiles ou militaires, soient sûres et accueillantes pour tout Canadien et pour toute Canadienne. C'est cette même détermination qui continue de nous motiver alors que nous nous employons à finaliser ces modifications et à les enchâsser dans la loi.
L'un des plus importants ensembles de modifications que nous proposons est l'ajout de la Déclaration des droits des victimes à la Loi sur la défense nationale. Cette déclaration reflète la Charte canadienne des droits des victimes applicable dans le système civil de justice pénale. Elle enchâsse les droits des victimes d'infractions d'ordre militaire et rehausse le soutien qui leur est fourni durant le processus qui mène à une poursuite devant la cour martiale.
Ces changements comprennent le droit à l'information, qui vise à s'assurer que les victimes comprennent le processus et ce qui est à leur disposition; le droit à la protection, qui garantit la sécurité et la vie privée des victimes; le droit à la participation, afin que les victimes puissent communiquer leur point de vue aux autorités du système de justice militaire au moment de prendre leurs décisions et le droit au dédommagement, qui signifie que les victimes ont le droit de demander un dédommagement.
Pour nous assurer qu'elles pourront exercer ces droits, les victimes auront accès au soutien d'un agent de liaison de la victime. Ce dernier aidera la victime à s'orienter dans le système de justice militaire et lui expliquera le fonctionnement du système. Il lui expliquera également comment les infractions d'ordre militaire sont portées et comment elles sont poursuivies et jugées en vertu du Code de discipline militaire. Ce sont là d'importants changements, et je suis fier de les appuyer à la Chambre.
Le deuxième ensemble de changements que nous proposons a trait à la façon dont le système de justice militaire traite les contraventions mineures à la discipline militaire. Ces modifications proposées permettront de créer de nouvelles catégories de contraventions mineures à la discipline militaire, appelées « manquements d'ordre militaire ». Ceux-ci ne mèneront pas à la création d'un casier judiciaire.
Ces changements permettront aux Forces armées canadiennes de traiter les contraventions mineures à la discipline militaire de manière équitable, plus simple et plus rapide. Ils témoignent aussi de notre confiance en nos leaders militaires qui peuvent disposer de contraventions mineures à la discipline militaire sur leur base, dans leur escouade ou dans leur unité.
Par le biais du projet de loi , nous nous employons aussi à aborder les questions de préjugés ou de haine liées au genre dans les Forces armées canadiennes. Le projet de loi reflète des dispositions du Code criminel et propose des peines plus sévères pour les infractions d'ordre militaire, ainsi que des sanctions plus sévères pour les manquements d'ordre militaire motivés par des préjugés ou de la haine fondée sur l'expression de l'identité de genre.
Les Forces armées canadiennes appliquent une politique de tolérance zéro à l'égard de toutes les formes de discrimination. Nous sommes résolus à éliminer ces préjugés de nos rangs. C'est pourquoi, au moyen de ce projet de loi et d'autres initiatives, nous travaillons à décourager les comportements motivés par des préjugés ou de la haine. Cette modification permettra de refléter cet engagement et aidera les Forces armées canadiennes à continuer de promouvoir l'inclusion. Par le fait même, nous nous assurons que la justice militaire cadre avec le système civil en ce qui a trait aux droits des personnes de la communauté LGBTQ2. Ce projet de loi représente donc un pas de plus dans cette direction.
Enfin, nous avons apporté une importante modification afin de refléter la disposition du Code criminel se rapportant à la détermination de la peine des contrevenants autochtones. Lorsque des Autochtones seront reconnus coupables d'infractions d'ordre militaire, l'histoire et les circonstances des contrevenants autochtones seront prises en considération lors de la détermination de la peine. Ce principe de détermination de la peine reconnaît les torts historiques qui ont encore des répercussions négatives sur les Canadiens et les Canadiennes autochtones partout au pays.
Ces changements reflèteront d'autant plus la promesse du gouvernement de favoriser la réconciliation et de renouveler nos relations avec les peuples autochtones. Ainsi, nous sommes convaincus que ces considérations sont essentielles au rôle des Forces armées canadiennes dans la réconciliation de notre relation avec les peuples autochtones du Canada. C'est grâce à des mesures concrètes comme celle-ci que nous pourrons renforcer notre relation de nation à nation et continuer de cheminer sur la voie de la guérison.
Je suis extrêmement fier du rôle important des Canadiens autochtones dans les Forces armées canadiennes. Il y a près de 2 500 Autochtones dans les Forces régulières et la Force de réserve.
Ces changements proposés à la Loi sur la défense nationale sont essentiels pour appuyer nos hommes et nos femmes en uniforme. Nos militaires sont au coeur même de tout ce que nous faisons. Ils sont au coeur de la nouvelle politique de défense « Protection, Sécurité, Engagement », car les femmes et les hommes des Forces armées canadiennes font des sacrifices extraordinaires chaque jour au service de leur pays. Ils méritent en retour un système de justice militaire qui leur permet de se faire entendre. Ils méritent un système de justice militaire qui maintient la discipline et l'efficacité des Forces armées canadiennes, tout en respectant nos valeurs canadiennes. Ils méritent un système de justice militaire qui fournit un traitement juste et équitable, peu importe la race, l'orientation ou le genre.
Le projet de loi propose des changements indispensables à l'évolution du système de justice militaire afin qu'il puisse continuer à répondre aux attentes de la population canadienne et aux besoins des Forces armées canadiennes. Enfin, il présente une approche axée davantage sur les victimes et protège les droits de ces dernières.
Ce projet de loi est digne de notre appui puisqu'il vise à mettre en place un meilleur système de justice militaire pour les Canadiens et les Canadiennes.
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Madame la Présidente, je suis heureux de prendre la parole aujourd'hui sur des dispositions législatives qui ont une incidence sur une partie du système juridique du Canada qui est connue de peu de Canadiens, y compris peut-être quelques députés de la Chambre.
Le projet de loi apportera des changements importants à notre système de justice militaire. Il l'harmonisera avec le système civil de justice pénale en ce qui a trait aux droits des victimes et à la détermination de la peine chez les Autochtones. Il rendra également ce système unique plus efficace quant au traitement des manquements mineurs à la discipline militaire.
Notre gouvernement et les Forces armées canadiennes sont déterminés à maintenir un système de justice militaire juste, moderne et robuste. Le Canada maintient un système de justice militaire distinct du système civil de justice pénale, mais parallèle à celui-ci.
La réforme de la justice militaire est l'une des nombreuses questions sur lesquelles notre ministre cherche activement à faire du progrès. Nous continuerons à faire de l'équité et de la modernisation une priorité à mesure que nous progresserons dans la mise en oeuvre de ces initiatives importantes.
Je tiens à dire que le système de justice militaire du Canada est de calibre mondial. Il contribue grandement à la capacité des Forces armées canadiennes d'accomplir leurs missions au Canada et partout dans le monde, et il s'aligne sur les valeurs canadiennes et la primauté du droit tout en répondant aux besoins particuliers des Forces.
Certains peuvent demander pour quelle raison nous avons un système de justice militaire. La raison est claire. En termes simples, il est nécessaire pour assurer la discipline militaire, l'efficacité et le moral des personnes responsables de protéger les Canadiens, ainsi que nos valeurs et nos intérêts nationaux.
Il y a une foule de choses qu'un citoyen ordinaire peut faire dans la rue sans être sanctionné et qui peuvent être inappropriées ou même contraires à une loi ou à un règlement relativement mineur au niveau fédéral, provincial ou municipal. Cependant, le problème peut devenir plus sérieux lorsqu'un soldat fait la même chose, plus précisément lorsqu'il participe à des opérations militaires. Un simple acte d'insubordination peut compromettre la cohésion d'une unité qui doit travailler au plus haut niveau d'efficacité et de solidarité. Je n'exagère en rien en disant que des vies peuvent être perdues.
Le système de justice militaire du Canada est ancré dans des siècles de pratiques dans le monde. Les monarques, les généraux de l'armée et les dirigeants politiques reconnaissent depuis longtemps l'importance d'avoir une armée disciplinée.
Seulement un an après la Confédération, le nouveau Parlement du Canada a adopté les lois de Milice, qui intégraient l'Army Act britannique dans le droit canadien. La Branche des services juridiques des Forces canadiennes a été mise sur pied en 1918, quelques mois seulement avant la fin de la Première Guerre mondiale. Il ne s'agissait pas d'une coïncidence. Le rôle de premier plan du Canada dans la victoire prochaine des Alliés a mené à un sentiment accru de confiance en soi.
Notre système de justice militaire a évolué de façon graduelle à partir de ce moment, plus particulièrement avec la participation accrue de nos avocats militaires dans les cours de justice. Cependant, il a toujours été clair que le système de cour martiale était entre les mains des commandants, qui l'utilisaient principalement comme outil de maintien de la discipline. Les avocats militaires représentant la Branche des services juridiques des Forces canadiennes n'étaient là que pour conseiller les membres du tribunal sur les procédures et la preuve et pour chercher des erreurs de droit.
Le premier grand changement est arrivé avec l'adoption, en 1950, de la Loi sur la défense nationale, ce qui a rapproché le système de justice militaire du système civil de justice pénale.
La loi autorisait, par exemple, les appels devant la Cour d’appel de la cour martiale et rendait nombre de sanctions conformes à celles infligées dans le système civil. Seules des modifications mineures avaient été apportées quand sont survenus deux événements marquants au début des années 1980, lesquels allaient bouleverser le système.
Le premier de ces événements fut l’entrée en vigueur de la Charte canadienne des droits et libertés, en 1982. Une autre réforme découlant d’une contestation de la Charte permettait à l’accusé de choisir entre un procès devant un juge militaire seulement ou devant un juge et un comité de militaires.
Toutes ces contestations ont entraîné un changement radical qui a éloigné le système de son principal objectif, soit d’aider les commandants à maintenir la discipline. Est alors né un système complexe et perfectionné, qui a adopté nombre de caractéristiques de son homologue civil, qui est, bien entendu, l’un des plus admirés au monde.
Le projet de loi est la plus récente mesure prise dans cette évolution. S’il est adopté, le système de justice militaire deviendra plus juste et efficace, sans délaisser son rôle principal de maintien de la discipline et du moral.
J’ai la conviction que le système de justice militaire demeurera un aspect indispensable des forces armées pendant de nombreuses années.
L’amélioration et la modernisation de ce système grâce au projet de loi C-77 permettront aux Forces armées canadiennes de continuer à réaliser leurs nombreux objectifs cruciaux, au pays comme à l’étranger.
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Madame la Présidente, je suis heureux de prendre la parole aujourd’hui pour appuyer le projet de loi . Il porte un titre qui ne permet vraiment pas de deviner ce qu’il contient. En effet, il s’intitule « Loi modifiant la Loi sur la défense nationale et apportant des modifications connexes et corrélatives à d’autres lois ». En fait, on aurait dû l’appeler « loi visant à mener à bien la réforme de la justice militaire ». C’est essentiellement pour cette raison que le Nouveau Parti démocratique est favorable à ce projet de loi. Nous y sommes favorables même s’il s’est fait attendre, et nous y sommes favorables même s’il ne propose pas une mesure importante sur laquelle je reviendrai tout à l’heure.
Le projet de loi contient des dispositions importantes, qui rallient certainement l’appui de tous les partis, en ce qui concerne le système de justice militaire. La première consiste à renforcer les droits et les protections des victimes dans le système de justice militaire. Le projet de loi propose d’aligner le système de justice militaire sur le système de justice civile et sur la Charte canadienne des droits des victimes. Cela signifie que, dans le système de justice militaire, les victimes auront le droit d’être informées de l’avancement des procédures et de savoir précisément quand l’affaire sera entendue et quand elle sera résolue. C’est quelque chose qui n’existe pas dans le système de justice militaire à l’heure actuelle.
Toujours en ce qui concerne les droits des victimes, celles-ci auront le droit, dans le système de justice militaire, de pouvoir faire des déclarations sur les répercussions de l’infraction. C’est, en soi, une bonne raison d’appuyer ce projet de loi.
La deuxième raison, que j’ai mentionnée brièvement avant de commencer mon intervention, c'est que le projet de loi rend le système de justice militaire conforme à l’arrêt Gladue de la Cour suprême. Cet arrêt de 1999 permet aux juges de prendre en compte les circonstances particulières des délinquants autochtones au moment de la détermination de la peine. Autrement dit, le principe que nous appliquons depuis 20 ans dans le système de justice civil s'appliquera dans le système de justice militaire. C’est peut-être un peu tard, mais mieux vaut tard que jamais.
Le projet de loi est le point final d’un grand nombre de réformes entreprises depuis 15 ans en ce qui concerne la justice militaire, réformes qui, pour la plupart, avaient été présentées par le gouvernement conservateur précédent, mais celui-ci, pour une raison que j’ignore, n’avait rien proposé en ce qui concerne les droits des victimes. C’était un peu surprenant, puisque c’était le gouvernement conservateur qui proposait les réformes, celui-là même qui défendait ardemment la loi sur les droits des victimes. C’était donc un peu surprenant que cet aspect ait été laissé de côté, mais il a été repris dans ce projet de loi, et c’est tant mieux, même si c’est un peu tard.
Le gouvernement a adopté la plupart des réformes relatives à la justice militaire en 2013. Six années plus tard, nous sommes encore en train d’étudier un projet de loi pour finaliser ces réformes.
Le projet de loi dont nous sommes saisis permettra de supprimer un certain nombre de bizarreries du système de justice militaire. Par exemple, il n’est pas obligatoire de conserver la transcription des procès militaires. Une audience sommaire peut se dérouler qu'il y ait le moindre compte rendu. Or, en l'absence de toute transcription, il peut être très difficile de faire appel d’une décision du tribunal. Les conservateurs, dans leur projet de loi initial, proposaient justement des mesures pour corriger cela, ce qui était tout à fait positif, ainsi que de meilleures protections contre l’auto-incrimination, qui n’existaient pas dans le système de justice militaire alors qu’elles sont obligatoires aux termes de la Constitution canadienne et de la Charte des droits. Voilà donc des mesures qui étaient prévues dans le projet de loi de 2013 et qui étaient nécessaires. Le projet de loi dont nous sommes saisis permettra d’en mettre en œuvre un certain nombre.
En revanche, je ne comprends pas pourquoi il a fallu attendre aussi longtemps. Les libéraux aussi bien que les conservateurs ont tardé à prendre des mesures pourtant nécessaires, de toute évidence, pour réformer la justice militaire. Je ne comprends pas pourquoi les conservateurs ne sont pas allés jusqu’au bout lorsqu’ils étaient au pouvoir. Ils ont fait adopter le projet de loi , et ensuite ils ont attendu les derniers jours de la législature précédente pour présenter le projet de loi , qui est pratiquement identique au projet de loi .
Maintenant que j’ai reproché aux conservateurs d’avoir traîné les pieds, je vais reprocher aux libéraux de les avoir traînés encore plus, puisqu’ils avaient déjà en main le projet de loi des conservateurs, le projet de loi . Le projet de loi en est pratiquement la réplique, mais ils ont mis deux ans à le présenter au Parlement.
De plus, ni les conservateurs ni les libéraux ne se sont empressés de faire proclamer le projet de loi . Celui-ci avait été adopté en 2013, mais il n’avait pas été proclamé; ce n’est qu’en septembre 2018 qu’il est entré pleinement vigueur. Autrement dit, il a fallu attendre cinq ans pour que le projet de loi soit mis en application. C’est dû en partie au fait que les fonds n’étaient pas disponibles pour apporter les changements nécessaires, notamment ce qui concerne le personnel du système de justice militaire. Néanmoins, il y a des choses que je n’arrive tout simplement pas à m’expliquer. Pourquoi leur a-t-il fallu si longtemps?
Comme je le disais, il a fallu deux ans aux libéraux pour présenter un projet de loi pratiquement identique à celui de 2015 des conservateurs. C’est incompréhensible.
Ce que nous faisons dans le projet de loi est important, pas seulement au sens restreint de la loi sur la justice militaire, mais aussi en raison de beaucoup d’autres dispositions relatives à la justice militaire et aux activités de l’armée. Je pense en particulier à l’opération Honour par laquelle l’armée cherche à lutter contre le harcèlement sexuel et les agressions sexuelles dans ses rangs. Un des éléments clés du projet de loi est que la loi prévoira de meilleures aides pour les victimes de harcèlement sexuel et d’agression sexuelle dans le système de justice militaire. Cette mesure soutient l’opération Honour, qui connaît de grosses difficultés. Ce n’est pas tout à fait une réussite.
L’ancienne juge de la Cour suprême Marie Deschamps a comparu devant le comité le 7 février. C’est son rapport sur le harcèlement sexuel et les agressions sexuelles dans l’armée qui a provoqué certains des changements qui ont lieu maintenant. Elle a mentionné qu’on reste réticent dans l’armée à signaler un harcèlement ou une agression sexuelle, et ce qu’elle nous a dit très clairement au comité, c’est que la solution consiste à mieux soutenir les victimes à toutes les étapes.
Le projet de loi prévoit ce soutien quand on arrive aux étapes officielles en cas de harcèlement ou d’agression sexuelle, mais Mme Deschamps a dit très clairement qu'il faut mieux soutenir les victimes avant que le processus officiel ne s'enclenche. Or, le projet de loi ne le prévoit pas. Ce n’est pas écrit dans la loi. Je ne crois pas, cependant, que ce soit nécessaire. Les Forces canadiennes pourraient évidemment commencer à mettre en place de meilleurs soutiens pour celles et ceux qui sont victimes de harcèlement ou d’agression sexuelle quand ils ou elles le signalent à leurs superviseurs ou à d’autres personnes dans le système militaire. Si on fait connaître ces soutiens et qu’on les offre, les faits seront plus souvent signalés et tous les cas seront mieux traités.
Il reste du travail à faire avant les étapes juridiques formelles dont il est question dans le projet de loi . J’encourage certainement les hauts gradés des Forces canadiennes à agir rapidement pour que les soutiens aux victimes soient mis en place.
Mon autre réserve par rapport au projet de loi, c’est qu’il laisse passer une belle occasion d’aider à régler un autre grave problème dans les Forces canadiennes, celui du suicide de militaires.
Au cours des 15 dernières années, 195 membres actifs des Forces canadiennes se sont suicidés. Ce chiffre ne comprend pas les réservistes. Le gouvernement a reconnu que nous ne savons pas vraiment combien de réservistes se sont suicidés. Les 195 sont uniquement des membres des forces régulières canadiennes. Nous savons que le nombre de suicides est bien plus élevé.
Nous savons que les jeunes gens âgés de 25 à 30 ans sont 250 fois plus susceptibles de s’ôter la vie s’ils font partie des Forces canadiennes ou s’ils sont anciens combattants. Il se passe quelque chose dans le travail difficile et dangereux que nous leur demandons d’accomplir qui entraîne des problèmes de santé mentale face auxquels nous ne réagissons pas efficacement.
En novembre 2017, on a annoncé une stratégie de prévention du suicide menée conjointement par le ministère de la Défense nationale et le minisère des Anciens Combattants. Je félicite les forces armées de s'être dotées d'une telle stratégie. Encore une fois, elle arrive un peu tard, mais c'est très bien; allons de l'avant. La stratégie visait à fournir plus de soutien aux personnes souffrant de problèmes de santé mentale ainsi qu'une meilleure formation au personnel militaire chargé d'offrir ce soutien, y compris les aumôniers, afin qu'il sache déceler les signes avant-coureurs du suicide et aider les personnes atteintes d'un problème de santé mentale qui mène à des comportements autodestructeurs.
Comme je l'ai dit, cette stratégie a été mise en place en novembre 2017. Malheureusement, en une seule année, soit en 2018, 15 autres membres actifs et deux réservistes se sont suicidés. L'un de mes collègues m'indique que le gouvernement a recensé deux suicides, mais il y en a probablement eu cinq...
Une voix: Il y en a eu quarante-cinq.
M. Randall Garrison: Il y en a eu quarante-cinq? Encore une fois, nous n'avons pas de chiffre fiable concernant les réservistes.
Nous savons que, malgré la mise en place de la stratégie, c'est encore un grave problème au sein des Forces canadiennes. C'est un problème qui touche évidemment notre rôle humanitaire qui consiste à prendre soin de ceux à qui nous confions un travail difficile et dangereux.
[...] il est troublant qu'encore aujourd’hui, en vertu de l'alinéa 98c), un militaire puisse être condamné à l'emprisonnement à perpétuité pour tentative de suicide. Il serait plus approprié de considérer l'automutilation comme symptomatique d'un problème de santé mentale grave et urgent et de signaler la nécessité d'une intervention médicale appropriée et immédiate.
Elle nous demande de faire en sorte que de telles mesures de soutien soient offertes, que ces obstacles soient éliminés. Elle a ajouté en termes clairs ce qui suit:
Il n’y a aucun avantage à laisser l'alinéa 98c) dans la Loi sur la défense nationale, et il n'y a aucun inconvénient à le supprimer. Moralement comme au fond de mon coeur, je crois que c'est la chose à faire que de le supprimer.
Je ne voudrais pas tomber dans de basses considérations, mais il y a un autre défi. Il est aussi dommage d'investir dans la formation de militaires afin qu'ils servent le Canada, mais de ne pas pouvoir tirer parti de leurs habiletés ni de leur contribution en raison de problèmes de santé mentale découlant de ce même service.
L'armée canadienne s'est dite résolue à faire disparaître les obstacles qui empêchent d'offrir des soins de santé mentale aux militaires qui en ont besoin. Lorsque le projet de loi a été renvoyé au comité, j'ai présenté un amendement qui éliminerait le plus grand obstacle concret et symbolique à l'offre d'aide en santé mentale à ceux qui envisagent de se faire du mal. Il s'agit de l'alinéa 98c) de la Loi sur la défense nationale, qui érige en infraction disciplinaire le fait de se mutiler ou de se blesser.
J'ai discuté de cet enjeu avec des gens qui ne font pas partie de l'armée canadienne. Ils sont d'avis que, il y a 30 ans, dans la société civile, nous avons cessé de rejeter la faute sur la personne qui a fait une tentative de suicide. Plutôt, nous traitons cette question comme un problème de santé mentale, une maladie qui peut être prise en charge et soignée.
Dans la Loi sur la défense nationale, que toutes les recrues doivent connaître, il est précisé que l’automutilation constitue une infraction disciplinaire. Dans les faits, quand je parle à de hauts gradés des forces armées, ils me disent que cette mesure n’est pas utilisée très souvent et qu’elle est rarement appliquée, mais le fait qu’elle existe et qu’elle présente l’automutilation comme une infraction disciplinaire incite la personne à ne pas demander d’aide parce que ce qu’elle envisage de faire risque non seulement de devenir un problème de santé mentale, mais aussi de ternir sa carrière militaire. Cette mesure crée un autre obstacle qui empêche de demander de l’aide.
Nous avons entendu des témoignages émouvants au comité, dont celui de Sheila Fynes, dont le fils s’est suicidé alors qu’il servait dans les forces canadiennes, où il n’a pas obtenu l’aide nécessaire, bien qu’il ait cherché plusieurs fois à se faire du mal. Il a plutôt fait l’objet de plusieurs mesures disciplinaires comme solution à ses problèmes, au lieu qu’on reconnaisse qu’il souffrait d'une maladie mentale et qu’on lui donne accès au traitement dont il avait besoin.
Mme Fynes est très digne et elle ne se laisse pas envahir par l'amertume au sujet de ce qui est arrivé à son fils. Au lieu de cela, elle travaille sans relâche avec 161 autres familles de militaires qui se sont suicidés, pour faire en sorte que cela n’arrive à aucune autre famille. Voici ce qu’elle a déclaré au comité:
D’autres témoins ont parlé de leur expérience au sein de l’armée canadienne en tant que commandants confrontés à ces crises. Le lieutenant-colonel à la retraite Jean-Guy Perron, qui a comparu devant le comité en novembre dernier, a ainsi fait remarquer que l’alinéa 98c) renvoie aux blessures volontaires et au fait de demander à un tiers d’infliger des blessures. Il n’y avait pour lui aucun inconvénient à éliminer l’alinéa 98c) en ce qui concerne l’automutilation et, pour ce qui est de s’inquiéter que quelqu’un dans les forces armées demande à quelqu’un d’autre de le blesser, cet aspect est déjà visé par bien d'autres règlements. Il serait principalement question d’agression. Si un membre actif demande à quelqu’un de le blesser afin d’être inapte au service, cette personne est déjà coupable d’infractions si elle passe à l’acte. Je le répète, il ne voyait aucun inconvénient à supprimer cet alinéa.
Le Cabinet du juge-avocat général a clairement fait comprendre que cet alinéa est rarement appliqué. Autrement dit, on ne l’utilise pas très souvent. Cependant, comme il prévoit qu’il s’agit d’une infraction disciplinaire, il est parfois appliqué au niveau du commandement. Il me semble que le système de justice militaire n’a poursuivi qu’une seule personne au cours des 10 dernières années pour automutilation, mais comme il s’agit d’une infraction disciplinaire, il est possible de prendre des décisions à un échelon inférieur et d’opter pour des mesures disciplinaires plutôt que d’aider la personne qui souffre de problèmes de santé mentale.
C’est une belle occasion de ratée. Comme je l’ai déjà dit, les libéraux ont soutenu que la suppression de cet article de la Loi sur la défense nationale dépassait la portée du projet de loi . C'est un argument très technique que j’ai beaucoup de difficulté à accepter, en ce sens que le projet de loi modifie déjà huit autres sections du code de discipline. Il aurait donc été facile pour le comité d'adopter cet amendement.
Même si les libéraux ne l’ont pas fait et que le projet de loi nous a été renvoyé sans mon amendement, je suis toujours en faveur de ce projet de loi parce qu’il contient de nombreux éléments positifs. Cependant, le projet de loi d’initiative parlementaire , que j’ai présenté, fait exactement la même chose. C’est un projet de loi très simple. Il propose la suppression de l’alinéa 98c) de la Loi sur la défense nationale.
Au comité, les libéraux ont fait valoir que ce n’était pas la bonne façon ni le bon endroit pour faire ce changement, tout en y étant favorables. Le défi que je leur lance est donc le suivant: si le comité n’était pas le bon endroit pour apporter cet amendement au projet de loi , se joindront-ils aux conservateurs et aux néo-démocrates en appuyant mon projet de loi visant l’abrogation de cet article de la Loi sur la défense nationale, éliminant ainsi l’un des principaux obstacles qui empêchent les personnes atteintes d’une maladie mentale de recevoir le traitement et l’aide dont elles ont besoin?
Sur ces mots, je vais maintenant conclure. Je vais répondre aux questions avec plaisir.
Je suis ravi de voir ce projet de loi progresser. Je suis heureux de voir qu’il sera adopté avant les prochaines élections afin d’éviter que la reconnaissance des droits des victimes dans le système de justice militaire ne soit pas retardée davantage. Je suis toutefois déçu que nous ayons raté une belle occasion de faire quelque chose pour contrer la vague de suicides au sein des Forces canadiennes.
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Madame la Présidente, je vous informe que je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
Je suis heureux d’être ici aujourd’hui et de constater l’appui massif des députés de tous les partis à l’égard de cette mesure législative très importante. C’est un honneur pour moi de prendre la parole à la Chambre aujourd’hui pour vous faire part de mes réflexions sur la façon dont le gouvernement appuie les victimes de comportements inappropriés de la part de membres des Forces armées canadiennes.
Lorsque les victimes font preuve de courage en déposant une plainte, nous devons nous assurer qu’elles sont pleinement soutenues. Il est inacceptable d’en faire moins. Toute victime, qu’il s’agisse d’un membre des Forces armées canadiennes ou d’un civil, mérite d’être traitée avec confiance, dignité et respect. Nous appuyons entièrement le chef d’état major de la Défense et son équipe de direction, qui prennent les mesures qui s’imposent pour éliminer les comportements sexuels dommageables et inappropriés dans nos forces armées.
Depuis que le général Vance a lancé l’opération Honneur en 2015, il y a des progrès. Comme l’avait recommandé l’ancienne juge de la Cour suprême Marie Deschamps dans son rapport de 2015, nous avons mis en place un centre d’intervention sur l’inconduite sexuelle, qui vient en aide aux personnes victimes de comportements sexuels inappropriés. Nous avons établi le centre d’intervention sur l’inconduite sexuelle qui offre ses services 24 heures par jour, sept jours par semaine, 365 jours par année. Ce centre est accessible partout où des militaires sont déployés dans le monde. L’automne dernier, le grand prévôt des Forces canadiennes a réexaminé 179 cas d’agression sexuelle qui avaient été jugés non fondés, et déterminé que 23 d’entre eux devraient faire l’objet d’une enquête plus approfondie.
En mai dernier, nous avons présenté le projet de loi pour ajouter la déclaration des droits des victimes au code de discipline militaire. La mesure dont nous sommes saisis aujourd’hui consacre les droits des victimes dans le système de justice militaire. C’est une bonne nouvelle, car cela démontre que la justice militaire chez nous continue d’évoluer au mieux des intérêts des Canadiens et des Forces armées canadiennes. Cela montre que le gouvernement reconnaît les effets néfastes des infractions d’ordre militaire sur les militaires et sur la société. Cela témoigne de l’engagement du gouvernement à renforcer les droits des victimes dans le système de justice militaire. Nous sommes d’avis que ce projet de loi fait progresser la position du Canada en tant que chef de file mondial de l’aide aux victimes.
Les modifications que propose le projet de loi renforceraient et maintiendraient les droits des victimes au sein du système de justice militaire tout en veillant à ce que ces droits reflètent ceux de la Charte canadienne des droits des victimes. En termes simples, le projet de loi crée et élargit les droits des victimes dans quatre domaines précis: premièrement, le droit à l’information sur le fonctionnement du système de justice militaire; deuxièmement, le droit à la protection de la sécurité et de la vie privée; troisièmement, le droit à la participation, par l’élargissement de la façon dont les déclarations des victimes peuvent être présentées en cour martiale; et quatrièmement, le droit à un dédommagement à l’égard des infractions en cas de dommages ou de pertes. Il nous incombe de veiller à ce que les victimes soient traitées avec dignité et respect. C’est une responsabilité que nous prenons au sérieux. Nous le devons aux victimes et à leur famille.
Le rapport de novembre dernier du vérificateur général était assorti d’un rapport sur les efforts déployés pour mettre fin aux comportements sexuels inappropriés dans les Forces armées canadiennes. On y trouvait diverses recommandations qui aideront à jeter les bases des prochaines étapes de l’opération Honneur. Les Canadiens peuvent faire entièrement confiance au ministère de la Défense nationale et aux Forces armées canadiennes pour l’application de ces recommandations. Le chef d’état major de la Défense a dit clairement que des mesures administratives sévères seront prises contre les membres des Forces armées canadiennes qui seront reconnus coupables d’inconduite sexuelle. Il a une politique de tolérance zéro à l’égard des dirigeants des Forces armées canadiennes qui n’agiront pas lorsqu’ils sont confrontés à des comportements inappropriés dans les rangs.
Quand mon collègue le a examiné le rapport du vérificateur général, il a envoyé un message clair aux membres des Forces armées canadiennes et aux victimes. Il leur a dit que nous devions veiller à faire ce qu’il faut pour les victimes, que nous savions qu’il fallait faire mieux, et que nous allions faire mieux.
C’est pourquoi nous faisons progresser le projet de loi à la Chambre le plus efficacement possible. C’est pourquoi nous avons étendu les heures d’ouverture du Centre d’intervention sur l’inconduite sexuelle afin que les victimes puissent avoir accès à du soutien au Canada et à l’étranger 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par année. C’est pourquoi le Centre cherche des moyens d’améliorer sa prestation de services afin de mieux répondre aux besoins de tous les membres des Forces armées canadiennes, et c’est pourquoi le Programme d’examen des agressions sexuelles a été créé afin d’enquêter sur les agressions sexuelles jugées non fondées par la police militaire.
Le gouvernement veut que les Forces armées canadiennes soient reconnues comme un chef de file respecté dans ce dossier, tant par le gouvernement du Canada que par les militaires du monde entier. En même temps, nous savons que cette question ne concerne pas uniquement les militaires. Les Forces armées canadiennes ne sont pas les seules à lutter contre l’inconduite sexuelle, le phénomène étant profondément enraciné dans la société. L’inconduite sexuelle est inacceptable partout où elle se produit, mais lorsqu’elle se produit dans l’armée, elle menace le bien-être de tous les membres des Forces armées canadiennes, militaires et civils.
Nos gens sont au centre de tout ce que nous faisons. La façon dont nous les appuyons et les traitons est directement liée à l’efficacité opérationnelle des militaires. Elle est aussi directement liée à nos valeurs en tant que Canadiens. Les Forces armées canadiennes ont établi une base solide sur laquelle bâtir. Elles s’orientent maintenant vers un changement culturel profond. Plus tard cette année, les Forces armées canadiennes devraient publier leur quatrième rapport pour informer les Canadiens de tous les progrès réalisés à ce jour dans le cadre de l’opération Honour et pour présenter la stratégie de changement culturel.
En plus du projet de loi et de la déclaration des droits des victimes, nous renforçons les droits et les protections des victimes qui dénoncent un préjudice qu’elles ont subi. En adoptant ce projet de loi, nous renforçons la position du Canada en tant que chef de file mondial dans le maintien d’un système de justice militaire équitable et efficace, qui évolue continuellement en harmonie avec nos lois civiles. En adoptant ce projet de loi, nous démontrons clairement et sans l’ombre d’un doute que quiconque est victime d’un comportement inapproprié au sein des Forces armées canadiennes sera pleinement appuyé dans le système de justice militaire grâce à ces droits accrus conférés aux victimes.
Pour ces raisons, j’exhorte tous les députés à appuyer ce projet de loi.
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Madame la Présidente, c’est pour moi un grand honneur de prendre la parole aujourd’hui, au nom des résidents de Davenport, à l’étape de la troisième lecture du projet de loi , Loi modifiant la Loi sur la défense nationale et apportant des modifications connexes et corrélatives à d’autres lois.
Ce projet de loi modifie les dispositions de la Loi sur la défense nationale en matière de gouvernance du système de justice militaire et ajoute au code de discipline militaire une nouvelle section concernant la déclaration des droits des victimes, qui précise que les victimes des infractions d’ordre militaire ont un droit à l’information, un droit à la protection, un droit à la participation et un droit au dédommagement à l’égard des infractions d’ordre militaire. Il ajoute ou modifie plusieurs définitions, dont celles de « personne associée au système de justice militaire » et de « victime », et précise qui peut agir pour le compte de la victime pour l’application de cette section.
Je suis très heureuse de parler de la façon dont le projet de loi s’inscrit dans un effort plus vaste de notre gouvernement pour accroître la diversité et l’inclusion au sein des Forces armées canadiennes. La population unique, diversifiée et multiculturelle du Canada est l’une de ses plus grandes forces, et nous sommes déterminés à la refléter dans les forces militaires du Canada.
Nous savons que l’acceptation de la diversité et l’exploitation de toutes les forces de la population canadienne amélioreront l’efficacité opérationnelle militaire. C’est pourquoi la politique de défense du Canada, « Protection, Sécurité, Engagement », fait de la diversité et de l’inclusion une valeur institutionnelle essentielle pour les Forces armées canadiennes. Les Canadiens savent que la diversité est notre force, et nous la défendrons toujours.
La diversité et l’inclusion des Forces armées canadiennes passent par un milieu de travail ouvert et respectueux pour tous. « Protection, Sécurité, Engagement » a cerné plusieurs initiatives qui aideront nos militaires à continuer de favoriser une culture de respect, et elle les met toutes en œuvre.
Nous veillons à ce que les Forces armées canadiennes aient la capacité de traiter efficacement et de façon appropriée quiconque fait preuve de discrimination à l’endroit de ses collègues militaires. Par le projet de loi , nous préconisons des peines et des sanctions plus sévères pour les infractions d’ordre militaire lorsque la preuve est faite qu’elles sont motivées par des préjugés ou de la haine fondés sur l’identité ou l’expression de genre. Cet accent mis sur la dissuasion des crimes motivés par la haine pour ceux dont l’identité ou l’expression de genre diffère de la nôtre est une étape importante dans les progrès considérables que les forces ont réalisés pour transformer leur culture en une culture plus inclusive et plus diversifiée. Ces changements aideront l’équipe de la Défense à veiller à demeurer une institution fondée sur l’honneur, l’intégrité et l’honnêteté.
Toutefois, les modifications proposées dans le projet de loi ne sont pas les seules mesures que prennent les forces armées. Dans le cadre de l’opération Honour, les Forces armées canadiennes poursuivent leur travail essentiel visant à éliminer les comportements sexuels dommageables et inappropriés. Par-dessus tout, elles mettent l’accent sur le soutien aux personnes touchées par ces comportements. Il s’agit notamment d’élargir le rôle et le mandat du Centre d’intervention sur l’inconduite sexuelle pour en faire la voix faisant autorité en matière de soutien et de défense des droits des victimes.
En assumant ses responsabilités accrues, le Centre d’intervention sur l’inconduite sexuelle est devenu un chef de file dans ce domaine. En décembre dernier, il a été l’hôte du tout premier forum du Groupe des cinq sur la prévention et la lutte contre l’inconduite sexuelle, ce qui a permis à des experts du Canada, des États-Unis, du Royaume-Uni, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande d’échanger et d’apprendre les uns des autres. Ces efforts aideront également le ministère de la Défense nationale à devenir un chef de file encore plus important dans l’établissement d’une force militaire paritaire.
Nous devrions tous être fiers que le Canada soit déjà une figure de proue mondiale dans ce domaine. En janvier dernier, il y avait 15 116 femmes dans les Forces armées canadiennes. Cela représente 15,7 % de nos forces armées et beaucoup plus que la moyenne de l’OTAN, qui est de 11 %.
J’ai eu l’honneur de visiter récemment la mission des Forces armées canadiennes au Mali. Elle participe à la MINUSMA, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation. À l’heure actuelle, 14 % de tous ceux qui sont déployés là-bas sont des femmes, comparativement à environ 4 % pour l'ensemble des autres missions de l’ONU.
Je sais que nous avons beaucoup de chemin à faire, mais nous avons déjà fait de grands progrès. Nous devrions célébrer les progrès que nous avons réalisés.
Grâce à la politique « Protection, Sécurité, Engagement », nous ferons passer le pourcentage de femmes dans les forces armées à 25 % d’ici 2026. C’est notre objectif. Les Forces armées canadiennes ont entrepris un certain nombre d’activités pour atteindre cet objectif. Je vais les passer en revue dans une minute.
J’aimerais ajouter que le comité de la défense nationale se penche actuellement sur la façon d’accroître la diversité au sein des Forces armées canadiennes. Nous avons hâte de présenter d’autres idées stratégiques et de prendre des mesures immédiates pour augmenter le nombre de femmes, mais aussi le nombre de membres des minorités visibles, de la communauté LGBTQ et de la communauté autochtone, entre autres, dans les Forces armées canadiennes.
Je reviens aux autres activités entreprises par les Forces armées canadiennes pour atteindre l’objectif de 25 % de 2026.
Premièrement, on a formé une équipe de représentants de l’ensemble des forces armées, du gouvernement fédéral et du secteur privé pour examiner les stratégies de recrutement des femmes au sein de la grande équipe de la défense nationale. Nous avons consulté des gens hors de la fonction publique pour dénicher les meilleures idées nous permettant d’atteindre notre objectif de 25 % d’ici 2026.
Deuxièmement, les Forces armées canadiennes ont mis en oeuvre des politiques et des pratiques qui favorisent une saine conciliation travail-famille. J’ai eu la chance de rencontrer des gens de la Marine canadienne à bord du NCSM Charlottetown pendant l’été. J’en ai profité pour parler à des femmes, et elles m’ont dit que de plus en plus de femmes s’enrôlaient parce que la marine avait fait un excellent travail pour mieux concilier le travail et la vie personnelle, ce qui aide les gens à fonder une famille tout en subvenant à ses besoins grâce à leur carrière dans la Marine canadienne.
Toutefois, la diversité est une question qui va au-delà de la proportion de femmes. Les Forces armées canadiennes ont également pris des mesures visant à diversifier largement leurs effectifs notamment en ce qui a trait à l'ethnie, la religion, l’âge, l'expérience et la langue.
Les Forces armées canadiennes ne cessent de moderniser, de simplifier et de normaliser le processus de recrutement pour faire en sorte que tous les candidats se sentent bien accueillis. Elles ont des recruteurs multilingues provenant d’une vaste gamme de groupes ethniques. Ces recruteurs reçoivent une formation exhaustive visant à les sensibiliser aux normes culturelles qui sont parfois différentes des leurs et de leurs croyances. Ces mesures ont contribué à améliorer les communications avec les recrues potentielles et à dissiper une grande partie des idées erronées qu’entretiennent parfois les candidats des minorités visibles à l’égard de l’armée.
Les Forces armées canadiennes ont aussi grandement amélioré leur façon d’accueillir en leur sein des personnes d’horizons divers. Tout en appliquant des règles rigoureuses de tenue vestimentaire à des fins professionnelles et opérationnelles, les forces armées refusent de laisser ces règles devenir un obstacle excluant une personne désireuse de joindre leurs rangs.
Aussi importantes que soient ces mesures, nous devons également reconnaître les conséquences de nos actions passées.
En novembre 2017, le a pris la parole à la Chambre pour présenter des excuses officielles aux membres canadiens de la communauté LGBTQ2 pour les injustices historiques qu’elles ont subies dans notre pays. De nombreux membres des Forces armées canadiennes ont non seulement été victimes de discrimination, mais ils ont aussi été soumis à des interrogatoires et persécutés durant les 40 années ou presque qu’a duré la sordide « purge » comme on l’appelle maintenant.
Nous ne pourrons jamais annuler complètement les préjudices causés par cette persécution, mais nous pouvons reconnaître qu'elle a eu lieu et nous rappeler les souffrances qui en ont résulté. Nous avons présenté des excuses afin de pouvoir aller de l’avant et apporter des changements.
C’est exactement ce que nous faisons avec la citation Fierté Canada. Les membres des Forces armées canadiennes qui ont été directement touchés par les politiques et les pratiques contre les membres de la communauté LGBTQ2 peuvent porter cet insigne sur leurs uniformes. La citation Fierté Canada se veut une reconnaissance et un rappel des injustices passées ainsi qu’une affirmation de notre engagement clore définitivement ce sombre chapitre de notre histoire.
Je signale à la Chambre qu’il y a un an, l’armée a lancé le programme Espaces positifs pour promouvoir un milieu de travail sécuritaire et non discriminatoire pour tous les employés, quelles que soient leur orientation sexuelle, leur identité sexuelle et leur façon de l'exprimer. Je serai maintenant heureuse de répondre à vos questions.
Je suis très fière des mesures que nous avons prises à ce jour et je demande à tous les députés de la Chambre d’appuyer le projet de loi .
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Madame la Présidente, je m'en tiens bel et bien au projet de loi. Après tout, si le Canada a des forces armées, c'est pour défendre la nature même de ses institutions, tant au pays qu’à l’étranger, puisque nous les déployons pour sauver le monde au nom de la démocratie. À défaut de comprendre ce qu’est cette démocratie et ce que les forces armées défendent, nous risquons de compromettre la nature et la valeur de la démocratie. Nous ne sommes certainement pas en mesure de modifier la Loi sur la défense nationale si nous ne préservons pas les valeurs et les principes que l'on a voulu défendre en adoptant la Loi sur la défense nationale.
Passons au chef d’état-major de la Défense nationale. Nous avons aussi appris dans les journaux que le chef d’état-major de la Défense nationale est allé directement trouver des non-élus pour discuter d’une affaire en instance, alors que le vice-amiral Norman subissait un procès. Pour ceux qui l’ignorent, le chef d’état-major de la Défense nationale ne relève pas de non-élus. Il relève du ministre de la Défense nationale, aux termes de la Loi sur la défense nationale, puis, par l’entremise du ministre, du gouverneur général et de la reine. C’est ainsi que nous veillons à ce que le recours aux forces armées ne s’exerce qu’en conformité avec la hiérarchie souveraine. En conséquence, il nous faut comprendre exactement ce que faisait le chef d’état-major de la Défense nationale, potentiellement au mépris de la chaîne de commandement, en allant dîner avec des non-élus pour discuter de questions qui relèvent de ses responsabilités en tant que chef d’état-major de la Défense nationale.
Qui plus est, nous devons déterminer si de l'ingérence politique a empêché le vice-amiral Norman de bénéficier d'un procès équitable, étant donné qu'il menait des opérations militaires lorsqu'il aurait prétendument commis l'infraction dont on l'accuse. Pourtant, le a décidé de ne pas l'indemniser. Par conséquent, le vice-amiral ne peut pas obtenir de solde militaire pour payer les coûts liés à sa défense afin de garantir que son procès soit équitable. Étant donné qu'un procès peut couter très cher, d'aucuns diraient que cela constitue en soi de l'ingérence politique, car cette décision pourrait empêcher le vice-amiral de bénéficier d'un procès équitable. Est-ce une bonne façon d'utiliser le budget de la défense et, au titre de la Loi sur la défense nationale, de favoriser l'accès à la justice? Il s'agit de préoccupations majeures.
Il est actuellement question de modifier la Loi sur la défense nationale, sauf que ces modifications ne feraient absolument rien pour améliorer son efficacité. Une analyse des faits révèle des problèmes au chapitre des délais. Le dépôt d'accusations, les procès devant une cour martiale et les procès sommaires n'ont jamais lieu rapidement. On tarde à déposer des accusations. En conséquence, les militaires perdent confiance dans le système de justice.
Certains juges au sein du système de justice militaire ne reçoivent pas la formation adéquate, n'ont pas une expérience suffisante ou n'ont plus les nombreuses compétences nécessaires pour appliquer la Loi sur la défense nationale.
Il est question d’équité. Il y a des gens dans le système de justice militaire qui ont été accusés et reconnus coupables et qui ont été punis. Cependant, d’autres personnes ont reçu une peine différente dans le système de justice militaire pour le même crime. Il n’y a pas d’équilibre et d’équité entre les soldats au sein du système de justice militaire et leurs homologues civils, pas plus que par rapport aux soldats des armées de nos alliés.
Toutes ces choses portent atteinte au code de discipline militaire et au système de justice militaire que nous tentons de mettre en place, mais aucune des modifications proposées aujourd’hui à la Loi sur la défense nationale ne règle le moindre de ces problèmes.
Ce qui est encore plus déconcertant, c’est que le système de justice ne livre pas la marchandise, puisque des militaires peuvent ne pas avoir à assumer la responsabilité de leurs actes après avoir, par exemple, enfreint la chaîne de commandement ou agi d’une façon partisane.
La défense n’est pas un luxe. La défense est le fondement de notre société. Elle nous permet de jouir des principes que supposent la démocratie, les libertés individuelles et la primauté du droit. Rien ne doit miner ces freins et contrepoids bien définis ni les structures de notre démocratie, comme l’a dit l’ex-, qui a aussi été . Dieu merci, elle a reconnu qu’elle avait deux rôles: celui de procureure générale et celui de ministre de la Justice. Elle pouvait comprendre les règles et les responsabilités associées à chacun de ces rôles. Elle savait qu’elle incarnait la dernière ligne de défense, les freins et contrepoids, préservant la structure et la nature mêmes de notre système. Elle a fait ce qu’il fallait faire. Elle s’est tenue debout sans fléchir.
Nous avons besoin d’un système de justice militaire qui renforce la capacité de préserver notre démocratie et les principes qui la sous-tendent, mais ce système est actuellement menacé.
La défense n’est pas un luxe. La défense nous permet de jouir des libertés dont nous profitons tous. Plus le gouvernement libéral mine son engagement à l’égard de la défense en ne la finançant pas, en fournissant de l'équipement lamentable aux militaires, en ne veillant pas à ce que le chef d’état-major de la Défense nationale rende des comptes au et en s’ingérant politiquement dans le procès d’un vice amiral, un militaire de haut rang, au point d'éventuellement l'empêcher de bénéficier d'un procès équitable, plus il sème le doute sur certaines personnes et leur rôle respectif, mais aussi sur la raison même pour laquelle nous demandons à des gens de revêtir un uniforme, de prêter serment, de servir le pays, de le défendre et d’aller même jusqu’à sacrifier leur vie.
Les députés, les ministres et le ne sont pas des personnes comme tout le monde. Comme on dit dans l’armée, j’étais d'abord un officier, puis un responsable de la logistique de la force aérienne et en dernier lieu, loin derrière, un particulier. Il en va de même pour les parlementaires.
Nous parlons de questions partisanes et nous ne nous entendons pas toujours sur les aspects à prioriser et sur les modalités, mais nous ne devrions jamais remettre en question ou compromettre les structures mêmes et le caractère sacré des institutions et de tout ce qu'elles représentent. Autrement, nous ne valons pas mieux que tous les autres pays que nous sommes si prompts à critiquer et qui n'ont pas la chance d'être démocratiques comme le Canada.
C'est un terrain glissant. Depuis 20 ou 30 ans, on constate un manque d'indépendance et un problème de séparation entre le législatif et l'exécutif. Ce terrain glissant s'étend maintenant jusqu'au judiciaire. Les insuffisances de la Loi sur la défense nationale et l'incapacité, pour le système de justice, de mettre en application la justice militaire créent aussi un terrain glissant.
C'est très troublant. Nous en sommes au point où les Canadiens baissent les bras. Ils disent du gouvernement, qu'il s'agisse des personnes qui le composent ou de l'institution elle-même, qu'il ne sait pas ce qu'il fait, qu'il n'est pas digne de confiance et que les politiciens sont tous les mêmes. Eh bien, sans démocratie, que nous reste-t-il?
Nous devons beaucoup à l’ancienne , qui a eu le courage et la force d’âme de défendre ses opinions et la démocratie. Elle est consciente de la responsabilité qu’on lui avait confiée et qui dépasse sa seule personne, à titre d’ancienne et d’ancienne . Bien que ces deux fonctions soient occupées par la même personne, elles sont distinctes et s’accompagnent de responsabilités différentes.
Les députés, les ministres du Cabinet, le , le greffier du Conseil privé et chacun d’entre nous devons aussi nous souvenir de notre rôle et de nos responsabilités et de la séparation du pouvoir exécutif, du pouvoir judiciaire et du pouvoir législatif. Notre système ne fonctionne plus lorsque ces pouvoirs s’entremêlent.
Il reste encore beaucoup de travail à faire pour modifier la Loi sur la défense nationale afin de disposer d’un système de justice militaire dynamique et moderne comparable à ceux de nos alliés. Du même souffle, il ne faut jamais oublier que la défense nationale protège la liberté collective, la liberté individuelle et la primauté du droit. Dès qu'on néglige cela, il ne reste absolument plus rien. C’est très inquiétant, parce qu'à ce moment de son histoire, je crains que le Canada ne soit en péril.
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Madame la Présidente, je suis heureux que cet important projet de loi ait progressé jusqu'à cette étape du processus législatif. Je suis également heureux d'avoir l'occasion de dire quelques mots en faveur de l'adoption du projet de loi et de donner d'autres détails sur les améliorations qu'il apporterait au système de justice militaire canadien.
On a déjà beaucoup parlé de ce que ferait ce projet de loi pour moderniser le système de justice militaire; faire en sorte que ce système continue d'évoluer en harmonie avec le système de justice civil, tout en continuant de répondre aux besoins particuliers de nos forces armées; inscrire les droits des victimes dans le système de justice militaire et veiller à ce que les victimes bénéficient du soutien dont elles ont besoin à toutes les étapes du processus; et contribuer à la concrétisation de l'engagement du gouvernement libéral à réparer notre relation de nation à nation avec les Autochtones et à protéger les membres de la communauté LGBTQ2 de la discrimination et des injustices fondées sur leur expression ou identité de genre.
Ce sont là toutes des mesures nécessaires pour renforcer notre système de justice militaire de manière à ce qu'il soit adapté aux valeurs qui sont chères aux Canadiens et à notre grande priorité, qui est de nous occuper des nôtres.
Cela dit, ce projet de loi apporte d'autres changements importants, des changements qui vont simplifier le processus de justice militaire, le rendre plus efficace et mieux adapté aux exigences des forces armées modernes. Aujourd'hui, j'aimerais revenir sur certains de ces changements.
Le projet de loi dont nous sommes saisis propose de réformer le processus de procès sommaires afin d'améliorer la capacité de l’armée de maintenir la discipline rapidement, équitablement et efficacement. Les Canadiens, militaires ou civils, méritent un système de justice militaire adapté aux exigences opérationnelles et appliquant des mesures disciplinaires justes et proportionnelles afin de traiter les manquements mineurs à la discipline militaire.
Les changements que nous proposons simplifieront le processus de traitement des manquements mineurs à la discipline militaire en remplaçant le processus actuel de procès sommaires par un nouveau processus d’audiences sommaires tout en conservant le système de cour martiale pour les infractions plus graves à la discipline militaire.
Ces audiences sommaires faciliteront beaucoup le traitement équitable et en temps opportun des infractions mineures au sein des Forces armées canadiennes. Les procès sommaires constituaient en général 90 % environ des affaires traitées par les tribunaux militaires, et les cours martiales, 10 % seulement.
En instaurant le nouveau processus d’audiences sommaires, le projet de loi permettra un traitement plus simple et plus rapide des manquements mineurs à la discipline militaire. Comme nous l’avons déjà dit aux députés, ce nouveau processus est non pénal et non criminel.
Il ciblera exclusivement les manquements mineurs à la discipline militaire. Ces infractions mineures, appelées manquements d'ordre militaire, seront établies par règlement et traitées uniquement dans le cadre d'audiences sommaires. Elles ne seront pas considérées comme des infractions criminelles et on pourra donc les traiter rapidement et équitablement à l'échelle de l’unité.
Les manquements d'ordre militaire pourront entraîner des sanctions, tel qu’une rétrogradation, un blâme, une privation de la solde et d’autres sanctions mineures non pénales et non criminelles prévues dans la réglementation.
Aux termes des changements proposés, les nouvelles audiences sommaires seront menées par des officiers ayant compétence si le grade de l’accusé est d'au moins un grade inférieur à celui de l'officier responsable ou si l'accusé est un militaire du rang. Cela signifie que les commandants militaires jouiront d’une plus grande latitude et pourront mieux maintenir la discipline, l’efficacité et le moral des troupes. Le processus d’audiences sommaires conservera la souplesse actuelle tout en améliorant l’efficacité opérationnelle.
Les réformes proposées témoignent de la confiance que nous avons envers les dirigeants militaires et leur capacité de traiter les manquements mineurs à la discipline militaire. Bien sûr, on continuera de traiter les infractions plus graves à la discipline militaire, appelées infractions d’ordre militaire, dans le cadre de notre système de cours martiales.
Tout cela entraînera une plus grande efficience du système de justice militaire dans son ensemble.
Notre système de justice militaire est unique et nécessaire afin de répondre aux besoins de nos forces armées. La Cour suprême l’a affirmé à nombre d’occasions. Nous avons tous, ici à la Chambre, le devoir solennel et la responsabilité d’appuyer un système de justice conçu de manière à maintenir les normes les plus élevées de conduite et de discipline. Nous le devons à nos forces armées, qui doivent être en tout temps prêtes à agir de manière décisive et efficace au service de leur pays.
Le système civil de justice pénale a évolué de façon à tenir compte de l'époque actuelle et le système de justice militaire doit faire de même.
La réforme du système de procès sommaires qui est proposée dans le projet de loi vise à rendre le système plus simple, plus efficace et plus efficient. Elle vise à faire en sorte que les manquements au code de discipline militaire soient traités de façon appropriée et efficace, en fonction de leur gravité. Les nouvelles audiences sommaires permettraient de maintenir la discipline et le moral des unités au moyen de sanctions qui ne relèvent pas du droit criminel et pénal et qui n'impliquent ni détention ni casier judiciaire.
Cela améliorerait la capacité de la chaîne de commandement de punir les manquements mineurs au code de discipline militaire rapidement et de façon équitable, ce qui augmenterait l'efficacité opérationnelle des Forces armées canadiennes. Dans l'ensemble, le projet de loi établirait un processus plus équitable, plus rapide et plus souple qui tient compte des valeurs canadiennes tout en continuant de répondre aux besoins particuliers des forces militaires.
Dans sa politique de défense « Protection, Sécurité, Engagement », le gouvernement démontre son engagement inébranlable à appuyer les femmes et les hommes des Forces armées canadiennes. Le projet de loi nous donne tous l'occasion de réaffirmer que les Canadiens sont notre priorité absolue. Il est essentiel pour garantir que les militaires disposent du soutien et des systèmes dont ils ont besoin pour demeurer prêts à défendre et protéger les Canadiens au pays et à l'étranger.
Je suis fier de contribuer à ces efforts et je remercie mes collègues de leur appui à ce projet de loi important.