propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Monsieur le Président, je suis fier de prendre la parole au sujet de mon projet de loi d'initiative parlementaire, le projet de loi . S'il est adopté, le projet de loi C-247 empêchera des blessures et des décès causés par la conduite en état d'ébriété, qui continue de causer des tragédies épouvantables qui pourraient être évitées partout au Canada. Plus précisément, le projet de loi C-247 aura un effet dissuasif et augmentera le nombre d'arrestations en permettant l'utilisation de détecteurs passifs d'alcool lors de contrôles routiers pour repérer les conducteurs ivres. Je présenterai bientôt les détails de cette proposition.
En outre, le projet de loi renommerait le crime de « conduite avec capacités affaiblies causant la mort », qui s'appellerait désormais « homicide au volant » causé par des capacités affaiblies. La nouvelle appellation indiquerait une plus grande responsabilité morale en cas de conduite avec capacités affaiblies, tout en préservant le pouvoir discrétionnaire des juges d'adapter les peines aux circonstances.
Cette modification découle d'une proposition appelée la loi de Kassandra présentée en 2015 par le député conservateur de . Je suis reconnaissant qu'il ait appuyé la présentation du projet de loi et je suis heureux que nous puissions travailler ensemble au-delà des lignes de parti pour empêcher la conduite avec facultés affaiblies pour le bien de tous les Canadiens.
La conduite avec facultés affaiblies touche les citoyens de toutes les circonscriptions à l'échelle du pays. Ma circonscription, Mississauga—Streetsville, n'y fait pas exception. L'été dernier, les citoyens de Mississauga—Streetsville ont perdu un homme très important dans la communauté à cause de cela. C'était un leader, un enseignant, un mentor, mais avant tout, un père et un mari. Par respect pour sa famille, je vais m'abstenir de le nommer.
Hélas, un soir de juillet 2015, un camion piloté par un chauffeur ivre est venu le heurter par-derrière alors qu'il était à vélo, et il a été déclaré mort sur les lieux de l'accident. Comme enseignant au niveau secondaire, il a passé des années à instruire et à inspirer les jeunes de ma circonscription. Ses anciens élèves et les gens qui le connaissaient m'ont parlé de l'influence positive qu'il avait sur ceux qui l'entouraient. Je crois comprendre qu'il a incité de nombreux étudiants à faire des études postsecondaires.
Sa vie a été tragiquement interrompue par un conducteur en état d'ébriété, par quelqu'un qui avait choisi de mettre la vie d'autrui en danger plutôt que d'appeler un taxi. À cause de sa mort, cinq enfants ont été privés de leur père, et une femme, de son mari. Des étudiants ont perdu leur enseignant, et des jeunes ont perdu leur mentor, cette personne qui aurait pu les aider à faire de bons choix de vie.
Peu de temps après avoir été élu, j'ai reçu un courriel d'une citoyenne que cette mort avait grandement peinée et qui s'inquiétait du fait que des tragédies absurdes comme celle-là continuent de se produire à un rythme alarmant dans notre pays. Elle m'implorait d'agir. C'est donc ce que je compte faire avec le projet de loi .
Comme je l’ai dit, si on l’adopte, le projet de loi évitera des blessures et des décès dus à la conduite avec facultés affaiblies. Il y parviendra grâce à deux mesures visant à augmenter la dissuasion et le taux d’arrestation. La première mesure autorise les policiers à utiliser le détecteur d'alcool passif lors de contrôles routiers aléatoires. Que signifierait ce changement?
Actuellement, au Canada, les services policiers dressent des barrages routiers pour contrôler au hasard l’état des conducteurs. En Ontario, par exemple, il y a le programme RIDE, pour Reduce Impaired Driving Everywhere. Dans le cadre de ce programme, les agents demandent un alcootest s’ils ont des motifs raisonnables de croire que le conducteur a consommé de l’alcool, en se fiant à l’apparence et à l’odeur. Cependant, selon un rapport publié en 2009 par le Comité permanent de la justice et des droits de la personne, on arrête une fraction seulement des personnes qui conduisent en état d’ébriété.
Le projet de loi augmenterait le taux d’arrestation et accroîtrait la dissuasion en autorisant les policiers à utiliser un détecteur d’alcool passif aux barrages routiers ou quand ils décident d’arrêter une voiture parce qu’ils ont des motifs raisonnables de croire que son conducteur est ivre. On place l’appareil près du visage du suspect et, si on obtient un résultat positif, on aurait un motif suffisant de demander un alcootest au moyen d’un ivressomètre homologué.
Je suis sûr que l’utilisation du détecteur d’alcool passif lors des contrôles routiers aléatoires sera jugée conforme à la Charte. Je le crois parce que, dans l’arrêt Dedman c. La Reine, la Cour suprême a conclu que les interceptions aléatoires dans le cadre du programme RIDE en Ontario sont constitutionnelles parce que la conduite automobile est « une activité qui nécessite un permis, c'est-à-dire assujettie à une réglementation et à un contrôle en vue de la protection de la vie des personnes et de la propriété ». La conclusion juridique qu’on peut en tirer, c’est que la conduite automobile est une activité autorisée, en vertu d’un permis, mais qui est soumise à des limites raisonnables à cause du risque qu’elle représente pour les autres usagers de la route. L’utilisation du détecteur d’alcool passif, en ce sens, est une limite raisonnable qui est beaucoup plus efficace pour arrêter les conducteurs ivres que les méthodes de détection utilisées actuellement dans les contrôles routiers.
Le groupe Mothers Against Drunk Driving Canada a appuyé le projet de loi et vanté les mérites du détecteur d’alcool passif. Le directeur général de MADD Canada, Andrew Murie, estime que l’utilisation du détecteur d’alcool passif par les policiers réduira considérablement le nombre de conducteurs ivres sur nos routes. Selon lui, ce projet de loi d’initiative parlementaire permettra à la police de maximiser la technologie disponible pour détecter les personnes ivres interceptées lors d’un contrôle routier. Il a ajouté que MADD Canada apprécie les efforts déployés pour réduire le nombre d’accidents, de blessures et de décès attribuables à l’alcool.
Permettez-moi maintenant d’évoquer la seconde mesure incluse dans le projet de loi . Comme je l’ai indiqué, le crime de « conduite avec capacités affaiblies causant la mort » serait remplacé par le crime d’« homicide commis au volant d’un véhicule automobile ». Ce changement reflète une plus forte culpabilité morale, ce qui est approprié. La décision de prendre le volant d’un véhicule quand on est ivre témoigne d’un manque total de considération pour les autres, et les conséquences tragiques en sont prévisibles. La condamnation doit être à la mesure de cette culpabilité.
Pour donner un exemple récent de l’état actuel du droit, Marco Muzzo vient d’être condamné à dix ans de prison pour avoir tué trois enfants et leur grand-père. Cette tragédie est la suite directe de sa décision de prendre le volant avec un taux d’alcoolémie près de trois fois plus élevé que la limite autorisée.
Selon le Code criminel du Canada, il y a homicide quand une personne, directement ou indirectement, par n'importe quel moyen, cause la mort d'un être humain. La conduite en état d’ébriété causant la mort serait une forme d’homicide coupable parce qu’elle est moralement et légalement répréhensible. Dès qu’une personne ivre prend le volant, elle met la vie des autres en danger. Les mots ont du poids, ils ne sont pas vides de sens, et cette culpabilité doit se refléter dans le droit canadien. J’ajoute que le changement proposé préserve la discrétion judiciaire d’adapter la peine aux cas particuliers.
La proposition, qui est de nommer le crime de conduite avec capacités affaiblies causant la mort pour ce qu’il est vraiment, soit un homicide commis au volant d’un véhicule automobile, a initialement été déposée sous le titre de loi de Kassandra en mémoire de Kassandra Kaulius, de Surrey, en Colombie-Britannique, une jeune fille de 22 ans victime d’un chauffard dont les facultés étaient affaiblies. Le député conservateur de a déposé la loi de Kassandra sous la forme du projet de loi à la législature précédente, et je suis heureux qu’il ait appuyé le projet de loi .
La semaine dernière, j’ai eu l’occasion de rencontrer les parents de Kassandra, Markita et Victor. Quand je leur ai parlé de mon allocution d’aujourd’hui, Victor a souligné que le 3 mai marque le jour même où leur merveilleuse fille de 22 ans a perdu la vie, il y a maintenant cinq ans.
Kassandra a toujours été une fille joyeuse et enthousiaste qui aimait le sport. Ses parents se souviennent qu’à trois ans déjà, elle courait partout dans le jardin en faisant des joutes sportives avec ses frères et sœurs. Sa passion pour les sports n’a fait qu’augmenter en vieillissant. Elle faisait partie de l’équipe de volley-ball, de basket-ball et de balle molle de son école secondaire. Elle a fini par recevoir des bourses aux étudiants-athlètes. Elle rêvait de devenir enseignante.
D’une part, ce projet de loi nous vient d’un enseignant qui savait inspirer ses élèves et qui leur a été enlevé injustement. D’autre part, une partie de ce projet de loi porte le nom d’une jeune femme qui rêvait de devenir enseignante et qui a perdu injustement la vie.
Je tiens aussi à mentionner l’organisme Families For Justice. Markita et Victor ont travaillé très fort pour fonder cet organisme qui vise à sensibiliser la population à la conduite avec facultés affaiblies. Ils ont recueilli plus de 100 000 signatures pour appuyer leur cause. J’admire beaucoup les efforts qu’ils ont faits pour offrir du soutien et des services de counseling aux familles qui ont perdu un proche.
Il ne m’est pas nécessaire de rappeler à la Chambre les ravages que font les personnes qui prennent le volant avec des facultés affaiblies. Selon l’organisme MADD, la conduite avec facultés affaiblies demeure la première cause des décès criminels au Canada. Ce crime tue presque deux fois plus de personnes chaque année que toutes les catégories d’homicide combinées.
En 2010, la conduite avec facultés affaiblies a causé environ 1 082 décès, 63 281 blessures et des dommages financiers et sociaux s’élevant à 20,62 milliards de dollars. Soulignons également que, selon Statistiques Canada, 53 % des victimes adultes avaient entre 18 et 35 ans. Autrement dit, le Canada a perdu de jeunes esprits qui auraient façonné l’avenir de notre pays.
De plus, le bilan de la lutte contre la conduite avec facultés affaiblies au Canada n’est pas brillant par rapport à ceux d’autres pays industrialisés. Des millions de Canadiens s’obstinent à conduire après avoir consommé de l’alcool, convaincus qu’ils ne risquent pas vraiment de se faire arrêter.
Selon les résultats d’un examen mené sur 15 pays, le Canada est le deuxième pays où l'alcool cause le plus d’accidents mortels. De plus, une étude de Transports Canada a révélé que sur huit pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques, le Canada affiche le taux de facultés affaiblies le plus élevé chez les conducteurs tués dans un accident. Le Canada affiche aussi, parmi 13 pays, le taux d’accidents de la circulation mortels dus à l’alcool le plus élevé par rapport au nombre total d’accidents routiers mortels.
Bien que les programmes de tests d’haleine sélectifs marquent un grand progrès dans la lutte contre la conduite avec facultés affaiblies, la majorité des conducteurs qui ont bu avant de prendre le volant ne sont pas détectés en passant aux contrôles routiers. Selon l’organisme MADD, sur les quatre à cinq millions de conducteurs qui passent par un contrôle routier chaque année, moins de 1 % subit un test d’haleine effectué à l’aide d’un appareil de dépistage approuvé.
C’est pourquoi la mesure principale que contient mon projet de loi, l’autorisation d’utiliser des détecteurs d’alcool passifs, est essentielle et se fonde sur des données probantes. Ces appareils détectent la présence d’alcool et en indiquent le volume approximatif dans l’haleine du conducteur en analysant l’air ambiant qui entoure sa bouche.
Cet appareil contient aussi une pompe qui aspire l'air au-dessus d'un senseur qui détecte l'alcool et qui donne un relevé en quelques secondes.
Les détecteurs d'alcool passifs représentent un moyen facile, fiable et non intrusif de contrôler efficacement un grand nombre de conducteurs dans un minimum de temps, ce qui, au final, sauvera davantage de vies année après année.
Les détecteurs d'alcool passifs existent depuis un certain temps. La technologie n'est pas nouvelle, mais il s'agissait cependant, à l'origine, d'unités autonomes. Il importe de signaler, lorsqu'il est question de détecteurs d'alcool passifs, que nous discutons simplement, pour l'essentiel, d'une fonctionnalité incorporée à beaucoup d’appareils de détection approuvés qu'utilisent déjà les agents de la paix. Autrement dit, l'autorisation expresse du détecteur d'alcool passif permettra vraisemblablement aux agents de continuer d'utiliser les appareils actuels, ce qui optimisera les outils qu'ils ont déjà en main.
Comme le disait Robert Solomon, professeur de droit à l'Université Western: « [...] rien n'empêche actuellement les policiers canadiens d'utiliser les détecteurs d'alcool passifs ».
Quoi qu'il en soit, il serait utile de modifier le Code criminel pour autoriser explicitement les policiers à utiliser les détecteurs d'alcool passifs. On établirait ainsi une norme nationale qui, au bout du compte, diminuerait la confusion attribuable à l'existence de 13 différentes autorités et pratiques provinciales et territoriales en matière d'application de la loi. Les policiers seraient aussi plus enclins à utiliser les détecteurs d'alcool passifs si la loi leur en conférait expressément le pouvoir. De plus, la publicité entourant l'adoption d'un programme national de détecteurs d'alcool passifs et le fait que les policiers appliqueraient désormais des méthodes de détection plus perfectionnées augmenteraient la perception qu'ont les conducteurs du risque de se faire prendre, ce qui, à la longue, aurait un effet dissuasif.
Au cours des derniers mois, j'ai consulté de nombreux agents et chefs de police partout au pays. Il est évident que l'idée de donner plus d’outils à la police fait très largement consensus.
En conclusion, le Parlement doit s'attaquer plus efficacement au problème de l'ivresse au volant. Mon projet de loi a pour but non seulement de modifier notre perception des infractions de conduite avec facultés affaiblies, mais également de réduire le nombre de décès et de blessures grâce à la technologie moderne. Il est à espérer que l'adoption du projet de loi contribuera à décourager l'alcool au volant afin de protéger les Canadiens, leurs familles et nos collectivités.
J'ai bien hâte de voir ce projet de loi renvoyé au comité et je suis réceptif aux amendements qui pourraient être proposés.
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Monsieur le Président, c'est un privilège de prendre la parole à propos du projet de loi .
Je tiens tout d'abord à féliciter le député de de son discours enflammé. Bien qu'il me soit impossible d'appuyer ce projet de loi pour des raisons que j'expliquerai dans un instant, je reconnais les bonnes intentions qui l'inspirent et la noblesse des objectifs que poursuit le député.
La conduite avec facultés affaiblies est la principale cause de décès attribuable à un acte criminel au Canada. Cette situation est tout simplement inadmissible en 2016. Cela dit, il faut reconnaître que la conduite avec facultés affaiblies a considérablement diminué au cours des dernières décennies. Depuis 20 ans, on note une baisse du pourcentage de décès survenus dans des accidents de la route et impliquant un conducteur aux facultés affaiblies. Ce pourcentage peut avoir parfois augmenté d'une année à une autre, mais la tendance est clairement à la baisse. Bien qu'il soit trop tôt pour célébrer, ces résultats montrent l'effet positif de la combinaison de mesures déployées au cours des dernières décennies, axées sur la sensibilisation de la population, le travail policier et les changements législatifs.
Néanmoins, il demeure que des personnes continuent de conduire avec les facultés affaiblies et qu'elles font des ravages sur les routes. Ce sont des personnes comme Johnathan Pratt. En 2011, celui-ci a tué trois jeunes hommes à l'extérieur de Beaumont, en Alberta. M. Pratt avait un taux d'alcoolémie trois fois supérieur à la limite légale et conduisait à 199 kilomètres à l'heure sur une autoroute lorsqu'il a embouti un véhicule dans lequel se trouvaient les jeunes hommes, qui sont morts écrasés.
Il y a également Roger Walsh, qui a tué une femme en fauteuil roulant alors qu'il conduisait avec les facultés affaiblies. C'était la 19e fois qu'il était reconnu coupable de conduite avec facultés affaiblies.
La grande majorité des Canadiens comprennent que la conduite avec facultés affaiblies est dangereuse, illégale et tout à fait répréhensible. La grande majorité des Canadiens comprennent ces faits. Ils en tiennent compte et prennent la décision de ne pas conduire lorsque leurs facultés sont affaiblies.
Cependant, certaines personnes choisissent de conduire alors que leurs facultés sont affaiblies. Ces personnes ne correspondent pas à un profil particulier. Dans de nombreux cas, ce sont des gens qui conduisent rarement ivres ou qui choisissent de le faire un soir fatidique et qui, en fin de compte, causent des blessures ou qui causent la mort de personnes sur la route. Une grande partie du problème, toutefois, ce sont les personnes qui conduisent en état d'ébriété de façon régulière et répétée et qui font des ravages sur nos routes.
La question que nous devons poser en tant que parlementaires est la suivante. Quelles mesures devons-nous prendre pour remédier au problème que pose un nombre relativement faible de personnes qui causent énormément de douleur, de morts et de blessures sur nos routes? La réponse, c'est que nous devons faire en sorte que ces contrevenants répondent de leurs actes par tous les moyens légaux. Malheureusement, certaines lois à l'heure actuelle ne sont tout simplement pas efficaces à cet égard.
C'est pourquoi j'étais très heureux de voir mon collègue, le député de , présenter le projet de loi d'initiative parlementaire , qui contient des mesures importantes visant à tenir responsables de leurs actes les conducteurs qui se rendent coupables d'infractions graves liées à la conduite avec facultés affaiblies. Le projet de loi imposerait des peines minimales obligatoires aux personnes qui conduisent avec facultés affaiblies et sont responsables de la mort d'autres personnes. Il ferait passer de 10 ans à 14 ans la peine pour la conduite avec facultés affaiblies causant des lésions corporelles. Il permettrait aussi d'imposer des peines consécutives dans le cas de conduite avec facultés affaiblies causant de multiples pertes de vie afin que toutes les victimes soient prises en considération.
Malheureusement, je crois que, contrairement au projet de loi , le projet de loi ne tient pas les personnes qui conduisent en état d'ébriété de façon régulière et répétée suffisamment responsables de leurs actes. Le projet de loi C-247 ne va pas assez loin sur ce plan, mais il imposerait un contrôle aléatoire du taux d'alcool à l'aide de détecteurs passifs. Je reconnais certes que le projet de loi C-226 ne prévoit pas de détecteurs passifs, mais j'ai certaines réserves à propos de toute forme de contrôle aléatoire du taux d'alcool.
Ce type de contrôle contreviendrait certainement aux articles 8 et 9 de la Charte. On peut certainement soutenir que les manquements à ces articles peuvent être justifiés par l'article premier de la Charte. Je crois qu'il y aurait des chances raisonnables que cela se produise. Cependant, la question est de savoir dans quelle mesure ces contrôles réduiraient le nombre de conducteurs en état d'ébriété et de morts sur nos routes. Les avis sont partagés à cet égard.
En fait, selon certains corpus de données statistiques, ce type de test n’est pas plus efficace pour réduire la conduite avec facultés affaiblies que les outils actuellement utilisés par les organismes d’application de la loi, tels que les contrôles routiers. Ces dernières années, la ville d’Edmonton a utilisé un moyen qui s’est avéré très efficace, en diffusant des affiches qui invitaient les gens à signaler au 911 les conducteurs en état d’ébriété. Je pense donc que nous devrions envisager des solutions autres que les tests d’haleine aléatoires. Qui plus est, je crois que cette loi n’est tout simplement pas suffisante pour sanctionner les délinquants les plus dangereux.
Pour toutes ces raisons, j’ai le regret de ne pas appuyer ce projet de loi. Je félicite toutefois le député qui l’a présenté, car cela donne lieu à un débat sur un sujet important dont le Parlement doit continuer de se saisir.
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Monsieur le Président, je tiens à préciser que j'appuierai le projet de loi présenté par mon collègue libéral. Nous considérons que c'est un outil pour mieux détecter l'alcool, mais il reste que le problème d'alcool au volant est beaucoup plus complexe que cela. C'est donc une mesure parmi plusieurs autres qui doivent être mises en place pour mieux détecter l'alcool au volant.
Le projet de loi permettrait aux policiers d'utiliser des détecteurs passifs d'alcool. En quelque sorte, ce sont des bandes de couleur rapprochées, qui détectent la présence d'alcool dans l'air ambiant. Pour qu'un policier puisse procéder à un alcootest, il doit avoir un soupçon qu'il y a eu consommation d'alcool. On parle de consommation d'alcool, ce qui veut dire qu'il ne doit pas nécessairement soupçonner que la personne est en état d'ébriété, mais seulement qu'il y a eu consommation d'alcool. Il peut ainsi procéder à un alcootest.
Par conséquent, cette bande ne sera pas utilisée comme preuve, mais elle va lui donner l'outil suffisant pour pouvoir procéder à l'alcootest, et peut-être ainsi détecter davantage de gens qui ont bu de l'alcool. Cela pourrait peut-être contribuer à la prévention de l'alcool au volant. Chaque année, trop de familles sont victimes de l'alcool au volant. C'est pour cela qu'on ne doit pas se priver des outils disponibles. Par ailleurs, on doit aller beaucoup plus loin dans la prévention de l'alcool au volant. Il y a beaucoup de facteurs à considérer. Quand il s'agit des régions rurales, il y a toutes les questions d'infrastructure, de transports en commun ou d'organismes qui organisent, par exemple, des services de raccompagnement.
Lorsqu'il y a peu d'options de rechange pour que les gens puissent retourner à la maison après une soirée, cela peut malheureusement avoir un impact négatif sur la sécurité routière. Il faudra explorer ces aspects. Une statistique a révélé que cela peut prendre jusqu'à trois ans avant que quelqu'un qui conduit en état d'ébriété soit détecté par les forces policières.
Par exemple, dans nos régions rurales, les personnes qui boivent peuvent décider d'utiliser des petites routes de campagne peu fréquentées pour retourner à la maison, afin d'éviter les contrôles routiers. Il y a aussi des gens qui consomment de l'alcool le matin. Déjà à midi, ces personnes peuvent être en état d'ébriété. Souvent, les barrages routiers se font le soir. Cela ne nous permet pas nécessairement de détecter toutes les personnes susceptibles d'avoir les facultés affaiblies. En outre, ce n'est peut-être pas la première chose à laquelle on pense lorsqu'on intercepte quelqu'un qui aurait, par exemple, omis d'effectuer un arrêt obligatoire à 11 heures le matin.
En utilisant l'outil en question, nous pourrions peut-être détecter davantage de ces gens. C'est donc un bon outil, mais il faut faire beaucoup plus pour dissuader les gens de conduire avec les facultés affaiblies. Bien sûr, quand on augmente le risque d'une arrestation, soit le risque de se faire prendre, cela peut avoir un impact sur le nombre de conducteurs aux facultés affaiblies, mais on peut faire beaucoup plus.
Malheureusement, il y a des gens qui récidivent régulièrement. C'est très difficile d'en venir à bout. On voit aussi des cas où il n'y a aucun doute sur l'état de la personne. Quand ces personnes décident de conduire avec les facultés affaiblies et qu'ils ne causent pas de blessures à autrui, les conséquences ne sont malheureusement pas si grandes pour eux. Cela peut donc s'étirer sur une très longue période de temps et, par conséquent, la sécurité de la population est à risque pendant cette même période.
Par conséquent, il faut vraiment adopter une approche plus éclairée et examiner le problème d'alcool au volant dans sa globalité.
Comme je l'ai dit, nous allons appuyer la mesure présentée par mon collègue, mais c'est une petite mesure parmi un ensemble beaucoup plus grand de mesures qui doivent être mises en place pour réussir à faire diminuer le problème de l'alcool au volant.
Dans ma circonscription, le taux de personnes qui conduisent avec les facultés affaiblies n'est pas proportionnel à la population. Par exemple, dans la MRC du Témiscamingue, qui a la plus petite population parmi les quatre MRC que je représente, on trouve davantage de cas d'alcool au volant. C'est aussi la MRC qui a le territoire le plus étendu, et il y a très peu de services de taxi.
Ville-Marie est la principale ville de la MRC du Témiscamingue, et je crois qu'il y a un seul taxi qui dessert son territoire. De plus, il ne travaille pas le soir. Cela démontre qu'il y a un manque d'infrastructure. Il n'y a pas de services de taxi parce que la demande n'est pas assez importante, et il n'y a pas non plus d'organisme local qui fournit des services raccompagnement. Cela peut entraîner des gens à prendre des risques qu'ils ne devraient pas prendre. Localement, on fait beaucoup de sensibilisation. On essaie de faire comprendre aux gens qu'ils doivent planifier leur retour avant même de commencer à boire. C'est un travail constant.
Les organismes qui visent à prévenir l'alcool au volant devraient être appuyés davantage, surtout dans les régions rurales, où les gens disposent de peu d'alternatives. On ne peut pas leur dire de prendre l'autobus, de marcher ou de prendre leur bicyclette. C'est tout simplement impensable. Par exemple, il y a des gens qui demeurent à 30 kilomètres de la ville. C'est très difficile. Même en taxi, ce n'est pas évident.
Alors, en matière d'alcool au volant, il faut avoir une meilleure stratégie que les détecteurs passifs. Il faut mieux comprendre la situation et prendre le temps de parler avec les gens sur le terrain. Il faut discuter avec les gens qui ont été reconnus coupables de conduite avec facultés affaiblies, afin de déterminer ce qu'ils auraient pu faire pour éviter de prendre le volant. Il faut apprendre des erreurs du passé pour prévenir la perte de vies. Ce n'est vraiment pas facile.
En tant que soignante, j'ai déjà reçu en pleine nuit une personne inconsciente à l'hôpital qui, quelques minutes plus tôt, était au volant de sa voiture avec plus de deux fois la limite potentiellement mortelle d'alcool dans le sang. Quand on voit des gens dans cet état-là, on ne parle plus de personnes en état d'ébriété, mais plutôt de gens qui sont saouls comme des bottes — je m'excuse pour l'expression.
Quand on est témoin d'une telle situation, on ne peut qu'espérer que davantage d'efforts seront déployés pour régler le problème de l'alcool au volant. Cela fait des années que cela perdure, et je ne crois pas qu'on y arrive en y allant pièce par pièce. Il faut avoir un plan global. J'espère qu'un tel plan sera déposé et qu'on fera un grand pas vers l'avant en matière de prévention de l'alcool au volant.
Il ne faut pas oublier qu'une grande partie de la population canadienne a perdu un proche à cause de l'alcool au volant. J'espère que mes enfants ne seront jamais exposés à ce danger, que je vais pouvoir leur offrir des infrastructures et que je vais leur apprendre à être responsables quant à leur consommation d'alcool. J'espère que davantage de vies ne seront pas ainsi perdues et que davantage de familles ne seront pas brisées.
Cela m'a fait plaisir de m'exprimer. J'ai hâte de suivre l'étude en comité et j'espère qu'un plan beaucoup plus complet suivra.
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Monsieur le Président, c’est pour moi un très grand honneur et un plaisir de prendre part à la deuxième lecture du projet de loi présenté par le député de .
Je commencerai pas féliciter le député de pour la passion et l’engagement qu’il manifeste à propos de ce très grave problème de société.
Lui et moi avons eu le privilège de nous entretenir des soucis que suscite chez lui la conduite avec facultés affaiblies et des diverses approches qu’il a proposées pour lutter contre ce phénomène. Il m’a rapporté certaines histoires, comme il l’a fait aujourd’hui concernant le décès de Kassandra, mais d’autres motifs l’ont poussé à présenter ce projet de loi et je tiens à le féliciter pour sa passion et son dévouement à cette cause importante.
On ne saurait trop insister sur l’incidence sociale de la conduite avec facultés affaiblies au Canada. On connaît les statistiques, mais il est important de voir par quelles conséquences elles se traduisent dans les familles et les collectivités du pays.
Chaque année en moyenne, près de 1 500 Canadiens périssent parce qu'un Canadien a décidé de prendre le volant d'un véhicule motorisé sous l'influence de l'alcool. Autrement dit, en moyenne, près de quatre personnes par jour perdent la vie; toutes les localités canadiennes et presque toutes les familles canadiennes ont été secouées par cet effroyable crime. Comme on l'a déjà mentionné, la conduite avec facultés affaiblies est la principale cause de décès attribuable à un acte criminel au Canada.
Comme l'a fait remarquer mon collègue, le député de , la situation s'est améliorée dans les dernières décennies dans la mesure où le comportement en question est condamné plus sévèrement par la société et le nombre de conducteurs aux facultés affaiblies a diminué, mais il reste encore tant de travail à faire.
Il est important de réfléchir aux raisons pour lesquelles la situation s'est améliorée. Je commençais ma carrière de policier en 1979 lorsque Toronto a lancé son premier programme de dépistage routier, le programme RIDE, suite au grand succès qu'il a connu dans sa localité d'origine, Etobicoke. Mes jeunes collègues policiers et moi avaient l'ordre d'arrêter des véhicules au hasard afin de déterminer si leur conducteur était en état d'ébriété.
Ce programme avait deux objectifs très importants. Le premier objectif était de détecter les gens qui conduisaient avec les facultés affaiblies et de les tenir responsables de leurs actes. Le deuxième objectif, et celui qui avait peut-être le plus d'impact et le plus d'importance, était de dire très clairement à quel point la société condamnait la conduite avec facultés affaiblies et à quel point la société, la police et les instances judiciaires prenaient au sérieux cette infraction. Le programme a également inculqué davantage à la population qu'il s'agit d'un crime, un crime contre lequel nous lutterions efficacement, un crime dont nous augmenterions la probabilité de détection et dont les conséquences seraient plus certaines, seraient considérables et seraient suffisamment graves pour décourager ce comportement criminel.
D'autres outils et technologies ont amélioré l'efficacité de ces interventions routières. Par exemple, il y a de nombreuses années, des appareils de détection utilisés sur les lieux de l'infraction ont été mis au point pour permettre aux policiers de faire subir un test aux personnes qu'ils soupçonnaient raisonnablement d'avoir consommé de l'alcool avant de prendre le volant d'un véhicule.
Si je le puis, je vais expliquer un peu à mes collègues la procédure. J'ai acquis tout de même assez d'expérience en vérifications ponctuelles routières dans le cadre du programme RIDE en tant que policier à Toronto. Je crois que cela fait 20 ans que je passe la veille du jour de l'An en bordure de la route avec d'autres policiers à arrêter des véhicules.
Lors de ces vérifications au hasard, l'agent de police demande au conducteur de s'arrêter, fait certaines observations et pose certaines questions. Parmi les observations, l'agent de police tentera de détecter si le conducteur présente une odeur d'alcool, a les yeux vitreux ou a des difficultés d'élocution. On demandera à ces conducteurs s'ils ont bu de l'alcool.
Si, d'après ses observations, un agent de police soupçonne le conducteur d'avoir consommé de l'alcool — et il faut que ce soit des soupçons raisonnables, pas de simples soupçons, mais pas non plus des motifs raisonnables et probables —, il est autorisé à obliger le conducteur à passer un alcootest, et les résultats de ce test peuvent entraîner d'autres conséquences, dont je vais parler. Toutefois, comme les agents de police arrêtent des milliers de véhicules en une soirée, la possibilité de déterminer si une personne a consommé de l'alcool est plutôt limitée.
D'après l'expérience des agents de police du pays qui procèdent à ces vérifications au hasard, les gens n'admettent pas avoir consommé de l'alcool ou les signes de consommation ne sont pas évidents. Nous savons que de nombreuses personnes passent sous le radar, malgré le très grand nombre de ressources déployées et les grands efforts réalisés pour améliorer nos communautés. Pour ceux d'entre nous qui ont travaillé dans les rues de nos communautés et vu le carnage, l'impact de l'alcool au volant sur les familles et des milliers de personnes qui ont perdu un proche, il est évident que nous devons en faire plus.
Le système judiciaire actuel traite près de 60 000 causes criminelles associées à la conduite avec facultés affaiblies chaque année. En plus de cela, des dizaines de milliers de personnes sont blessées parce qu'une autre personne a décidé de conduire après avoir bu. Il faut en faire plus. Le projet de loi d'initiative parlementaire présenté par mon ami de donne un outil de plus aux autorités policières pour faire leur travail.
Le projet de loi propose de modifier le Code criminel afin d'autoriser expressément la police à utiliser au bord de la route un appareil que l'on appelle détecteur passif, ou détecteur d'alcool passif, afin de mieux repérer les conducteurs aux facultés affaiblies. Ces appareils peuvent détecter la présence d'alcool dans l'air ambiant. Il n'est pas nécessaire que le conducteur souffle dans une machine. Le détecteur passif peut inciter l'agent de police à avoir des motifs raisonnables de soupçonner que le conducteur a les facultés affaiblies; il lui demande alors de subir un alcootest sur place.
Il y a à peine deux semaines, le député de a aussi présenté un projet de loi d'initiative parlementaire, dans lequel il a formulé des propositions très importantes. De nombreux députés, tous partis confondus, sont intervenus à la Chambre pour dire qu'il faut en faire plus afin d'éliminer la conduite avec facultés affaiblies. Je pense que le projet de loi d'initiative parlementaire dont nous sommes saisis aujourd'hui s'inscrit tout à fait dans ce contexte. Il s'agit d'un autre outil important qui pourrait nous aider à assurer la sécurité de nos collectivités.
Nous savons depuis toujours qu'un certain nombre de mesures permettent de réduire la criminalité dans notre société. Une des choses les plus importantes que nous puissions faire comme société, c'est d'accroître les probabilités d'intercepter et de condamner ceux qui choisissent de commettre un crime. Nous savons que l'infraction de conduite avec capacités affaiblies passe souvent inaperçue, même sur les sites de dépistage routier où les agents de police arrêtent les voitures au hasard. Nous savons que le projet de loi d'initiative parlementaire augmenterait les probabilités d'interception.
Nous savons également qu'il importe de renforcer la condamnation sociétale de la conduite avec capacités affaiblies. Nous pouvons y arriver par la sensibilisation du public, c'est-à-dire en renseignant la population sur les risques et les conséquences de la conduite avec capacités affaiblies. Je peux donner un exemple qui montre comment la probabilité accrue d'interception et de conséquences a réellement permis d'améliorer la sécurité de nos collectivités.
Dans plusieurs provinces, les conducteurs de moins de 21 ans sont tenus de respecter la règle de zéro alcool au volant, faute de quoi leur permis est suspendu. La probabilité de subir des conséquences à la suite d'une activité de dépistage routier a eu un effet très considérable sur les conducteurs de moins de 21 ans d'un bout à l'autre du pays dans leur décision de ne pas prendre le volant après avoir bu. Cette approche a changé les attitudes sociales des jeunes à ce sujet et elle a amélioré la sécurité sur nos routes. Toute mesure que nous pouvons prendre pour inciter les gens à ne pas conduire en état d'ébriété contribuera à la sécurité routière.
Dans le peu de temps qui m'est imparti, je voudrais également parler de l'autre élément important du projet de loi , qui propose de changer le nom de deux infractions de conduite avec capacités affaiblies, à savoir l'infraction de conduite avec capacités affaiblies causant la mort et l'infraction d'alcoolémie supérieure à la limite de 80 causant la mort. En effet, il est proposé de les renommer « homicide au volant causé par des capacités affaiblies ». Je crois qu'il y a lieu d'examiner ces deux recommandations. J'ai hâte de pouvoir renvoyer cette question au comité de la justice pour plus ample discussion.
Selon moi, il est très important que la Chambre fasse tout en son pouvoir pour réagir aux tragédies qui frappent les familles et les collectivités à cause de la conduite avec capacités affaiblies.
En terminant, je profite de l'occasion pour féliciter le député de de son engagement, et je tiens à l'assurer de notre volonté de tout faire afin de rendre nos routes plus sûres pour nos citoyens.
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Monsieur le Président, c’est avec plaisir que je prends la parole aujourd'hui pour ajouter quelques réflexions sur le projet de loi d'initiative parlementaire. Essentiellement, je l’ai dit tout à l’heure sous forme de question, le député de a réussi à déposer un projet de loi sur un grave problème qui sévit dans toutes les circonscriptions.
Comme plusieurs députés le savent peut-être, je siège comme député depuis un certain nombre d'années. Mon collègue et moi, le député de , avons été élus pour la première fois en 1988. Je me rappelle avoir consulté les résidents que je représentais peu après mon élection, pour savoir quelles questions leur tenaient à cœur. Un des problèmes qui revenait toujours était l’alcool au volant.
Voilà à peine plus de huit mois et quelques journées de séance que le député est parmi nous et il a déjà visé en plein dans le mille en se penchant sur ce grave problème qui touche toutes les circonscriptions. Je le félicite d’avoir mis le doigt sur ce problème d’une réelle importance. Il a présenté ce projet de loi, qui fera vraisemblablement l’objet d’un vote à la Chambre. Avec un peu de chance, nous verrons le projet de loi se rendre à l’étape de l’étude en comité. Je sais que le député est ouvert aux amendements et je crois qu’il y a de fortes chances qu'il y en ait qui soient présentées.
Je souhaite ajouter quelques réflexions de mon cru en ce qui concerne le projet de loi.
L’orateur qui m’a précédé, l’ancien chef de police de la région de Toronto, si ma mémoire est bonne, a parlé des attitudes sociales et du degré auquel la société a changé à cet égard. J’ai trouvé intéressant qu’il mentionne le fait que les premières campagnes de sensibilisation, les premiers contrôles routiers, remontaient à 1979.
Avant 1979, je me revois à l’âge de 12 ou 13 ans, en 1975-1976, quand j’étais pompiste pour un concessionnaire automobile. Pas très loin de moi, les mécaniciens, en compagnie d’autres personnes, consommaient de l’alcool à qui mieux mieux et trouvaient tout naturel de prendre le volant par la suite. Personne n'en faisait cas, ce n’était pas du tout mal vu. En fait, quand j’étais au secondaire, on donnait même des surnoms à ceux qui s’étaient fait arrêter pour conduite en état d’ébriété, et ce surnom faisait référence au montant de l’amende payée.
Que d’eau a passé sous les ponts. Quand j’assiste à des cérémonies de remise de diplômes, comme nous le faisons tous, je constate, depuis quelques années surtout, que ce sont les jeunes qui prennent des initiatives pour changer les comportements liés à l’alcool au volant. Nous voyons de plus en plus d’écoles secondaires locales promouvoir le programme « Finissants sans accident » au sein de nos collectivités. Les invités peuvent participer aux activités du bal, mais ils doivent signer un document, et si les jeunes savent qu’ils vont boire, ils doivent désigner un chauffeur. J’ai vu des dépliants sur le programme « Finissants sans accident », de véritables petits recueils des responsabilités. Au nord de Winnipeg seulement, que ce soit à la Sisler High School, au Maples Collegiate, à la R.B. Russell Vocational School ou à la St. John’s High School ou ailleurs, on reconnaît l’importance de changer les comportements. Ce changement s’est amorcé, je pense, à la fin des années 1970 et au début des années 1980, lorsque nous avons commencé à voir des corps policiers en imiter d’autres ou prendre les devants face à la nécessité de changer les attitudes sociales. Je lève mon chapeau à tous ces pionniers du changement.
Comme on l’a trop souvent fait remarquer, chaque jour des centaines de personnes perdent la vie par la faute de l’alcool au volant. Quelle terrible façon de finir ses jours, parce que quelqu’un a stupidement décidé de conduire en état d’ébriété.
Nous devons chercher des moyens de corriger ce problème. Et je ne parle pas des milliers de Canadiens qui, chaque année, perdent un membre ou sont blessés dans des accidents de ce type. Quand nous parlons de ces victimes, nous ne pensons pas aux membres de leur famille qui ont perdu un être cher et qui sont eux aussi des victimes, ni aux personnes qui devront assurer les soins nécessaires aux blessés. Cela peut aller d’une jambe cassée à la paralysie.
Les coûts ainsi imposés à la société sont énormes, que ce soit sur le plan social ou sur le plan économique. C’est pour cette raison que lorsque nous cherchons à adopter de bonnes politiques publiques, nous devrions nous efforcer de trouver des initiatives qui donneront vraiment des résultats.
Si j’ai bien compris, le détecteur d’alcool passif auquel le député fait allusion aiderait les policiers à mieux repérer les conducteurs en état d’ébriété. C’est un objectif louable car, pour diverses raisons, il y a des gens qui ont encore de la difficulté à comprendre qu’il ne faut pas conduire en état d’ébriété. Nous avons ici une suggestion qui, par voie législative, pourrait avoir un véritable impact sur le problème de l’alcool au volant. En tant que législateurs, lorsque nous pouvons prendre des mesures pour régler des problèmes de cette nature, je crois que nous devons le faire.
Quand j’ai posé ma question au député, j’ai mentionné le fait que nos corps policiers accomplissaient un travail fantastique pour assurer la sécurité dans nos rues et nos collectivités. Pour ce faire, ils disposent de divers outils. Le projet de loi propose d’ajouter un nouvel outil à leur panoplie.
S’il nous faut examiner des façons de modifier la loi pour aider les policiers à rendre nos rues encore plus sûres, nous devrions le faire. C’est pour cette raison que je salue sans réserve les efforts du député.
Le député a dit qu’il était prêt à envisager des amendements. J’ai hâte que le projet de loi arrive à l’étape de l’étude en comité, car j’espère qu’au bout du compte, nous aurons des collectivités plus sûres grâce à un député qui a voulu agir en proposant un projet de loi apte à sauver des vies et à améliorer la sécurité dans nos collectivités.