La Chambre reprend l'étude, interrompue le 27 septembre, de la motion portant que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
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Monsieur le Président, c'est avec plaisir que je me joins au débat sur le projet de loi , qui établirait un comité de parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement.
Je partagerai mon temps de parole avec le député de Charlesbourg—Haute-Saint-Charles.
La sécurité nationale revêt de plus en plus d'importance ces dernières années. À l'étranger, nous voyons mois après mois d'horribles attaques de djihadistes dans des pays comme la France, la Belgique et même les États-Unis.
Ici même, au Canada, en octobre 2014, il y a eu une attaque inspirée par les djihadistes. L'adjudant Patrice Vincent a été tué au Québec, et le caporal Nathan Cirillo a été tué à quelques pas de l'endroit où nous nous trouvons aujourd'hui, alors qu'il montait la garde devant le Monument commémoratif de guerre du Canada. Nombre d'entre nous qui servions dans la législature précédente se rappellent avoir été ce jour-là enfermés, sans savoir ce qui se passait. Cette journée est gravée dans notre mémoire.
Il est important que les organismes de sécurité nationale disposent des outils nécessaires pour accomplir leur tâche et nous protéger des terroristes. Voilà pourquoi le gouvernement conservateur précédent a adopté en 2015 la Loi antiterroriste, communément appelée projet de loi . C'est une bonne mesure législative qui offre un équilibre convenable entre la protection de la sécurité nationale et celle de la vie privée.
En fait, le directeur du SCRS a déclaré récemment au comité de l'autre endroit que les agents du service avaient eu recours au moins une vingtaine de fois aux pouvoirs conférés par cette loi. Ce bilan en dit long.
Je n'ai pas l'intention de parler aujourd'hui de ce projet de loi, mais plutôt du projet de loi et des moyens de faire en sorte que les droits et libertés des Canadiens soient convenablement protégés grâce à l'examen et à la surveillance des organismes de sécurité nationale.
Si les employés de ces organismes font quotidiennement un excellent travail pour nous protéger, il reste important de pouvoir compter sur un tiers pour jouer un rôle de chien de garde. À l'heure actuelle, les organismes de sécurité nationale sont soumis à un solide mécanisme d'examen. Le SCRS est examiné par le Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité, qui se compose d'anciens parlementaires et d'éminents Canadiens. Le Centre de la sécurité des télécommunications est pour sa part examiné par le commissaire du Centre de la sécurité des communications, et la GRC, par la Commission civile d'examen et de traitement des plaintes.
Toutefois, nous soulignons que, dans leur plateforme, les libéraux ont promis qu'ils créeraient « un comité multipartite qui devra surveiller les opérations de tous les ministères et organismes fédéraux chargés de la sécurité nationale ». Malheureusement — ou peut-être heureusement, selon la façon dont on voit les choses —, le projet de loi dont nous sommes saisis aujourd'hui ne respecte pas cette promesse.
Premièrement, le projet de loi ne prévoit aucun mécanisme de surveillance des organismes de sécurité nationale. En fait, le terme « surveillance » ne figure même pas dans le projet de loi. Il ne se trouve ni dans la description, ni dans le corps du projet de loi. Il prévoit bien un mécanisme d'examen a posteriori, mais il est assorti de nombreuses exceptions. En effet, l'article 14 du projet de loi renferme sept grandes exceptions.
Ces exceptions permettent au Cabinet d'empêcher un comité formé de parlementaires dûment élus et tenus au secret d'accéder à tout renseignement confidentiel du Conseil privé de la Reine, tout renseignement sur les opérations militaires, tout renseignement relatif à la Loi sur Investissement Canada, ainsi que tout renseignement qui pourrait donner lieu à des accusations criminelles.
Cela couvre pratiquement toute l'information détenue par les Forces armées canadiennes, la Gendarmerie royale du Canada et le Service canadien du renseignement de sécurité. Or, c'est à peu près toute l'information dont aurait besoin ce soi-disant comité afin de s'acquitter du mandat de surveillance pour lequel il a été créé.
Malheureusement, ce projet de loi prévoit un comité qui en fait n’aura pas accès à l’information pertinente. Qui plus est, ce n’est pas vraiment un comité parlementaire. Au paragraphe 4(3), on peut lire noir sur blanc que le comité n’est pas un comité parlementaire, mais bien un comité formé de parlementaires.
Nous voici donc aujourd’hui avec un comité formé de parlementaires qui n’a pas l’autorisation de recueillir de l’information. Nous apprendrons également qu'il n’a absolument aucun mordant parce qu’on interdit à ses membres de divulguer quoi que ce soit à l'extérieur du comité et que le et des ministres ont le pouvoir de purger tout rapport avant même que le Parlement en soit saisi.
Nous nous retrouvons avec, pour ainsi dire, rien de plus qu’un groupe d’amitié parlementaire, puisque le comité ne peut examiner aucun renseignement. Il ne peut rien faire avec l'information dont il dispose parce que si, pour une raison ou pour une autre, le premier ministre la juge inappropriée, son Cabinet ou lui ont le loisir de la modifier. À vrai dire, ce comité est une grosse coquille vide, rien de plus.
J’aimerais dire quelques mots sur l’article 12, qui a pour effet d'éroder le privilège parlementaire en établissant clairement que tout dénonciateur pourrait être poursuivi pour avoir rendu un renseignement public. Arrêtons-nous une minute pour réfléchir à cela.
Les libéraux ont dit souhaiter que le comité règle une situation qui, selon eux, laisse le public mal représenté et mal informé sur des questions déterminantes, sauf qu'avec ce projet de loi ils mettent en place un système érigeant en infraction criminelle la divulgation de quoi que ce soit à l’extérieur du comité. Dans ce cas, comment les Canadiens ordinaires peuvent-ils avoir accès à l’information?
Le projet de loi dont nous sommes saisis ne frôle même pas le respect des engagements électoraux des libéraux. En fait, il sert à centraliser encore davantage le pouvoir au Cabinet du premier ministre.
Normalement, comme c’est le cas aux États-Unis et en Grande-Bretagne, ce type de comité relève directement du législatif plutôt que de l’exécutif. Pourtant, dans le projet de loi, le peut s’immiscer entre le comité et le Parlement.
Selon le paragraphe 21(1) du projet de loi, le recevra tous les rapports annuels, tous les rapports spéciaux et toute autre conclusion. Il aura donc l’occasion de tout examiner avant le Parlement et de modifier le contenu de n’importe quel rapport à son goût. On peut également lire au paragraphe 21(5) que le premier ministre peut, à sa discrétion, refuser la communication de renseignements.
Les libéraux ont déclaré que cette mesure vise à protéger les renseignements graves à portée nationale et les renseignements sur la sécurité. Toutefois, voyons ce que dit le projet de loi au juste:
[...] si le premier ministre est d’avis qu’un rapport annuel ou spécial contient des renseignements dont la communication porterait atteinte [...] aux relations internationales [...] il peut ordonner au Comité de lui présenter un rapport révisé [...]
Je tiens à rappeler au secrétaire parlementaire que le peut ordonner au Comité de présenter un rapport révisé. Dans le cas qui nous intéresse, il ferait cela parce que le rapport porterait atteinte aux relations internationales.
Qu'est-ce que cela veut dire? Cela veut dire que le premier ministre et son Cabinet pourraient supprimer des renseignements qui, selon eux, risqueraient de porter atteinte aux relations internationales. Si je me fie à ce qui s'est passé dernièrement, faut-il en déduire que, si le contenu du rapport montrait que les autorités chinoises ont un comportement répréhensible, le premier ministre insisterait pour qu'on garde le silence là-dessus afin de ne pas offusquer les autorités chinoises? Le premier ministre s'inquiéterait peut-être au sujet de son projet visant à obtenir un siège au Conseil de sécurité des Nations unies de manière à dorer sa propre image?
Compte tenu des motifs du et vu la naïveté dont il semble faire preuve, il est très inquiétant que le Cabinet du premier ministre détienne le pouvoir d'examiner cette information et d'en éliminer tout ce qu'il ne jugerait pas avantageux pour les relations internationales. On ne peut pas appeler cela de la transparence.
On ne peut vraiment pas parler de transparence quand, plusieurs mois avant le dépôt de cette mesure législative, nous avons appris par les médias qu’on avait offert au député d’ la présidence du comité sur un plateau d'argent. En soi, c'est très malhonnête.
Le gouvernement et les libéraux auraient pu à tout le moins faire preuve de respect pour le Parlement et pour leur propre plateforme en s'abstenant de dévoiler cette information. Je ne vois pas pourquoi ils ont cru qu’il fallait faire cette annonce, et si rapidement, à moins que cela n’ait à voir avec une entente à l’interne qu’ils étaient en train de concocter.
Comment quelqu’un peut-il devenir président d’un comité qui n’a même pas encore été constitué en vertu d'une loi adoptée par le Parlement? Ce genre de nomination partisane montre clairement à quel point le gouvernement ne prend pas l'objectif de faire de ce comité une entité non partisane au sérieux.
Examinons les faits. Le et de nombreux libéraux qui ont parlé avant moi ont fait valoir que le comité proposé est inspiré du modèle britannique, mais la nomination partisane du président par les libéraux est très loin du modèle britannique, qui permet à son comité d’élire son propre président.
Deuxièmement, le comité fait rapport au , et non au Parlement, et le premier ministre a la possibilité de lui demander d’exclure des renseignements et d’exiger des rapports révisés.
Je pourrais m’étendre en longueur sur ce projet de loi, mais au bout du compte, il devient de plus en plus évident qu’il s’agit d’une coquille vide. Ce comité sera constitué de parlementaires sans pouvoir d’action et incapables d’obtenir des renseignements, et le passera au crible toute l’information. Une fois de plus, les libéraux donnent l'impression de vouloir respecter une promesse électorale, mais dans les faits, ils ne la respectent pas et se montrent malhonnêtes en prétendant agir en ce sens.
À moins que des changements majeurs soient apportés au projet de loi, je ne peux l’appuyer.
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Madame la Présidente, je remercie ma collègue de de son discours qui m'amène au mien. Je suis très heureux aujourd'hui de prendre la parole pour partager mes préoccupations au sujet du projet de loi .
Le premier point qui soulève mon interrogation — je ne suis pas le seul à en faire part depuis deux jours —, c'est que le projet de loi comprend dans son titre les mots « Comité des parlementaires ». Or lorsque l'on fait la lecture du projet de loi , on comprend rapidement quel genre de comité sera vraiment créé. Décortiquons cela ensemble.
L'article 3 du présent projet de loi se lit comme suit:
3 Le gouverneur en conseil peut désigner tout membre du Conseil privé de la Reine pour le Canada à titre de ministre chargé de l’application de la présente loi.
C'est donc un comité de parlementaires qui est formé par le gouverneur en conseil, le gouvernement, donc, par le premier ministre lui-même.
Toujours dans la même lignée, le paragraphe 5(1) stipule que:
5 (1) Le gouverneur en conseil nomme, sur recommandation du premier ministre, les membres du Comité, qui exercent leur charge à titre amovible jusqu’à la dissolution du Parlement qui suit leur nomination.
Même pour la nomination d'un sénateur comme membre du Comité, l'assentiment du premier ministre est nécessaire, comme le décrit le paragraphe 5(2):
5 (2) Un sénateur ne peut être nommé membre du Comité qu’après consultation d’un ou de plusieurs autres sénateurs par le premier ministre.
Nous voyons que les mots « premier ministre » reviennent très souvent. Même lorsque vient le temps de démissionner de leurs fonctions, les membres du comité doivent informer le premier ministre, comme l'oblige le paragraphe 5(5):
5 (5) Le membre peut démissionner du Comité en avisant par écrit le premier ministre; [...]
Comme nous avons un premier ministre qui a le plus grand respect pour cette institution et les élus qui en font partie, que devine-t-on? Le premier ministre s'est aussi gardé le droit de regard sur qui sera le président de ce comité. C'est ce que stipule le paragraphe 6(1):
6 (1) Le gouverneur en conseil désigne, sur recommandation du premier ministre, le président du Comité parmi ses membres.
Au départ, on se rend rapidement compte, par la façon dont le projet de loi a été rédigé, que c'est le comité du premier ministre et non des parlementaires. C'est lui qui choisit qui sera membre et qui sera président. Ce n'est pas un comité des parlementaires, c'est un comité du premier ministre pour démontrer que le gouvernement passe aux actes concernant une question sur laquelle il éprouve beaucoup de difficulté à formuler une position claire.
La meilleure réponse que le gouvernement a trouvée est de créer un comité qui sera aseptisé au maximum, et que le premier ministre et son bureau contrôleront totalement.
En outre, le soi-disant Comité des parlementaires ne fera pas rapport au Parlement comme on pourrait le penser en raison de sa dénomination. Il le fera — j'espère que mes collègues sont bien assis — au premier ministre lui-même. C'est ce que confirme le paragraphe 21(1):
21 (1) Chaque année, le Comité présente au premier ministre un rapport sur les examens effectués au cours de l’année précédente. [...]
Le paragraphe 21(2) confirme aussi que le comité peut présenter au ministre concerné et au premier ministre un rapport spécial.
L'ensemble des travaux du Comité des parlementaires ne sera pas déposé à la Chambre pour informer les autres membres du Parlement, car on a tous bien compris que tout doit passer par le bureau central qui contrôle tout dans ce comité. De qui parle-t-on ici? Du premier ministre.
C'est assez déconcertant à lire, mais c'est écrit par des professionnels de la consultation, de la transparence, de l'ouverture et de la bonne gouvernance.
Qu'on me laisse citer à nouveau cette pièce d'anthologie qu'est le projet de loi , cette fois-ci au paragraphe 21(5), qui porte sur les renseignements exclus du rapport:
21 (5) Après consultation du président du Comité, si le premier ministre est d’avis qu’un rapport annuel ou spécial contient des renseignements dont la communication porterait atteinte à la sécurité ou à la défense nationales ou aux relations internationales ou des renseignements protégés par le privilège relatif au litige – en droit civil, [...] – ou par le secret professionnel de l’avocat ou du notaire, il peut ordonner au Comité de lui présenter un rapport révisé qui ne contient pas ces renseignements.
Par conséquent, si le premier ministre n'aime pas les rapports reçus par le Comité, il peut demander des modifications aux divers rapports pour déposer un rapport qui fera l'affaire du gouvernement.
Au paragraphe 21(6), on parle du dépôt du rapport:
21 (6) Sous réserve du paragraphe (4), suivant la présentation du rapport annuel ou spécial, le premier ministre en fait déposer un exemplaire devant chaque chambre du Parlement dans les quarante-cinq premiers jours de séance de celle-ci. Si le premier ministre a ordonné au Comité de lui soumettre un rapport révisé, il dépose celui-ci au lieu du rapport original, mais selon le même délai que s’il n’avait pas ordonné la révision.
C'est uniquement ce rapport aseptisé, qui risque d'être loin de la vérité, qui sera déposé au Parlement pour informer les Canadiens. Même Maurice Duplessis n'aurait pas fait mieux pour tenter de cacher que c'est lui qui tient la plume et non le Comité lui-même.
Maintenant que j'ai suffisamment démontré que ce comité que le gouvernement propose de former n'est pas un comité des parlementaires, mais bien un comité des parlementaires qui seront les scribes du , je vais parler d'un autre endroit que je trouve problématique dans le projet de loi .
En plus de choisir qui fera partie de ce comité chargé de surveiller les activités de plusieurs agences importantes dans la sécurité des Canadiens et du Canada, le gouvernement libéral ne laisse pas beaucoup de latitude au comité pour la conduite de ses travaux. Bien qu'en théorie le comité puisse avoir accès à une multitude d'informations très sensibles, voire classées de sécurité nationale, le gouvernement s'est gardé le droit de refuser plusieurs demandes qui seraient formulées par le comité. C'est ce dont nous informe le paragraphe 16(1), qui se lit comme suit:
16 (1) Le ministre compétent d’un ministère peut refuser de communiquer au Comité un renseignement qui relève de ce ministère et auquel, n’eût été le présent article, le Comité aurait un droit d’accès, mais il ne peut le faire que s’il est d’avis que, à la fois:
a) le renseignement est un renseignement opérationnel spécial, au sens du paragraphe 8(1) de la Loi sur la protection de l’information;
b) sa communication porterait atteinte à la sécurité nationale.
Ce refus de communiquer de l'information est définitif et sans appel, comme le souligne le paragraphe 31(1):
31 (1) La décision du ministre compétent portant que l’examen visé à l’alinéa 8b) porterait atteinte à la sécurité nationale ou sa décision de refuser de communiquer un renseignement au Comité en vertu du paragraphe 16(1) est définitive.
Le projet de loi ne prévoit donc aucun mécanisme permettant au comité d'en appeler de cette décision, qui peut être discutable et peut indisposer le gouvernement sans être nécessairement une menace pour la sécurité nationale. Le projet de loi C-22 ne prévoit rien, comme le souligne le paragraphe 31(2), qui se lit ainsi:
31 (2) S’il est en désaccord quant à l’une ou l’autre de ces décisions, le Comité ne peut saisir les tribunaux de la décision, mais il peut faire état de son désaccord dans un rapport visé à l’article 21.
Le comité peut bien faire rapport de son désaccord, mais ce rapport risque de n'avoir aucunement l'oreille du gouvernement, car les membres du comité seront tenus de ne rien dire pour pouvoir siéger au comité. À cela s'ajoute le fait que ce rapport de protestation ne sera jamais déposé à la Chambre.
Tout cela, d'après la façon dont cela nous a été présenté, demande beaucoup de travail afin d'obtenir l'appui unanime de la Chambre. Or je crois fermement qu'un tel projet se doit d'obtenir l'appui unanime de l'ensemble de la Chambre. On parle ici de la revue des organismes chargés d'assurer la sécurité des Canadiens et des Canadiennes. On ne parle pas de politique partisane. Hélas, d'après la façon dont le projet de loi est présenté, tout semble indiquer que le haut de la pyramide veut s'assurer de pouvoir diriger l'ensemble des travaux sans aucun problème.
Qu'on me comprenne bien, notre intention n'est pas d'étaler sur la place publique des secrets d'État ou des informations pouvant compromettre la sécurité nationale, loin de là. Nous voulons seulement nous assurer que le comité pourra bénéficier de la latitude et de l'autonomie nécessaires afin de bien accomplir son mandat. Tant qu'à faire les choses, mieux vaut bien les faire.
Pour terminer, ce qui est très important pour moi, c'est que la base d'un tel comité repose sur la confiance. Il doit y avoir une confiance totale entre les gens du gouvernement et ceux de l'opposition, tous partis confondus. Dans le cas d'un tel comité sur la sécurité nationale, il faut vraiment travailler avec une confiance absolue. Je suis le premier à le dire.
Faisons donc preuve d'écoute face à nos collègues du gouvernement et prenons-en acte tous ensemble.
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Madame la Présidente, j'interviens pour appuyer le projet de loi qui prévoit la création d’un comité de parlementaires pour surveiller les organismes de sécurité du Canada. Pour la première fois dans l’histoire, un groupe multipartite de députés et de sénateurs exigerait que les agences qui forment le système national de sécurité rendent des comptes.
Le projet de loi C-22 est une initiative libérale qui remonte à 2005 et qui vise à remplir un engagement clé de notre campagne électorale auprès des Canadiens, celui d’annuler les effets de l’ancien projet de loi . Je suis fier de l’appuyer, ainsi que l'important principe selon lequel la sécurité du Canada ne doit jamais être assurée aux dépens des droits et libertés.
D'entrée de jeu, je remonte au début de 2015, au moment de la présentation du projet de loi C-51 par l’ancien gouvernement.
Dans ma circonscription, Parkdale—High Park, l’an dernier, en faisant du porte-à-porte, je n’ai cessé d’entendre parler du projet de loi C-51. Les résidants de ma collectivité à Toronto sont intelligents. Ils sont engagés et, lorsqu’ils perçoivent une injustice, ils la dénoncent. Ils m’ont dit s’attendre à mieux de la part de leur gouvernement; que la sécurité publique est une responsabilité de premier plan de tout gouvernement, mais qu’il est inacceptable de l’assurer à tout prix. Les gens de ma circonscription, et en fait tous les Canadiens, veulent un gouvernement qui respecte les droits des Canadiens et qui mette en place les mécanismes nécessaires pour protéger ces droits.
En tant qu’avocat spécialisé dans les domaines des droits de la personne et du droit constitutionnel, et en tant que candidat à la dernière élection, j’ai entendu les voix de ces personnes. J’ai communiqué ces préoccupations très légitimes à mon parti, qui a réagi. En 2015, pendant la campagne électorale, nous avons pris pour engagement, si nous avions la chance de gagner le respect des Canadiens et de former le gouvernement, de modifier en profondeur ce projet de loi boiteux et de mettre en place les mécanismes que les Canadiens souhaitent pour protéger leurs droits, tout en assurant leur sécurité. Voilà l'objectif que vise le projet de loi .
Toutefois, nous ne pouvons prendre tout le mérite de cette mesure. L’idée d'assujettir à l’examen des parlementaires des organismes de sécurité comme la GRC, le SCRS et le CSTC ne nous est pas venue comme une révélation. C’est exactement ce que font nos alliés depuis de nombreuses années. Chacun des membres du Groupe des cinq, sauf le Canada, dispose d’un mécanisme de surveillance. Il s’agit de l’Australie, du Royaume-Uni, de la Nouvelle-Zélande et des États-Unis.
Dans un important rapport, publié en 2003, le vérificateur général a établi qu’une surveillance parlementaire s’imposait. Notre parti a lancé cette idée en 2005, au moment où la ministre de la Sécurité publique, Anne McLellan, a déposé le projet de loi C-81. Ce projet de loi est mort au Feuilleton, les partis de l’opposition ayant voté contre le gouvernement minoritaire du premier ministre d’alors, Paul Martin, déclenchant ainsi l’élection qui a porté au pouvoir le premier ministre Stephen Harper.
Des députés ont tenté pas moins de quatre autres fois de créer un comité de surveillance semblable avec des projets de loi d'initiative parlementaire. Le député libéral Derek Lee a essayé à deux reprises, en 2007 et 2009. Le député de a essayé en 2013. La députée de , Joyce Murray, qui est assise juste à côté de moi, a essayé, elle aussi. Chaque fois, le projet de loi n'a pas été adopté par la Chambre.
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Madame la Présidente, merci.
Je crois maintenant que la sixième fois sera la bonne. Le gouvernement majoritaire formé par mon parti a présenté le projet de loi , enfin, après 11 années de tentatives systématiquement bloquées par le parti formant aujourd'hui l'opposition. Ce projet de loi vise à instaurer la surveillance parlementaire des organismes de sécurité et de renseignement du Canada.
Cependant, nous ne contentons pas de reproduire ce qui existe déjà parmi nos alliés du Groupe des cinq. Nous allons faire mieux. Voici le point de vue de nul autre que Craig Forcese, le réputé professeur de droit de l'Université d'Ottawa qui a été l'un des critiques les plus notoires de l'ancien projet de loi C-51:
[...] ce comité possédera des pouvoirs plus importants que les comités semblables au Royaume-Uni et en Australie. L'obligation de rendre des comptes des organismes canadiens de sécurité nationale changera radicalement [...] C'est un bon projet de loi [...] je lui accorderais facilement la note de passage [...]
Je voudrais donc parler du contenu du projet de loi dont le professeur Forcese parle avec enthousiasme.
[Français]
Le comité des parlementaires aura le mandat du gouvernement pour réviser les affaires concernant la sécurité nationale dans tous les ministères et toutes les agences de sécurité du gouvernement. Les membres du comité auront une habilitation de sécurité élevée, et ils pourront faire des demandes pour avoir un accès sans précédent à du matériel confidentiel.
De plus, le comité devra faire un rapport annuel au Parlement. Toutefois, il pourra faire rapport au Parlement plus fréquemment, par le biais de rapports spéciaux, dans le cas où le comité juge qu'un rapport spécial est nécessaire pour protéger l'intérêt public.
Les membres du comité seront indépendants. Ils auront l'autorité de prendre l'initiative de passer en revue le cadre législatif, réglementaire, politique, financier et administratif de la sécurité nationale au Canada. Le mandat des membres du comité sera en place jusqu'à la dissolution de la Chambre.
[Traduction]
Ce comité ne sera pas dominé par des députés du gouvernement, parce que ceux-ci n’y seront pas majoritaires. Le projet de loi précise que le comité comprendra neuf personnes, dont quatre députés ministériels seulement. Les cinq autres doivent provenir des partis de l’opposition. Il ne s’agit pas d’une simple formalité; on parle de reddition de comptes et d’examen des ministères et organismes du gouvernement par une majorité de parlementaires de l’opposition.
Je me permets de donner un exemple. Tout au long du débat en profondeur au sujet de l’ancien projet de loi , les gens de ma circonscription, Parkdale—High Park, se sont fait beaucoup entendre concernant le partage d’information entre les ministères et organismes gouvernementaux. À juste titre, les Canadiens ont dit que le partage généralisé d’information pouvait compromettre leur droit à la protection de la vie privée. Il s’agit précisément du type de situation que ce nouveau comité d’examen scrutera à la loupe, étant donné qu’il aura le mandat large, à l’échelle du gouvernement, de surveiller tous les ministères et organismes chargés de la sécurité nationale. On s’assurera ainsi que, lorsque de l’information est partagée aux fins de la collecte de renseignements de sécurité, les droits des Canadiens ne seront pas violés ou compromis. Le comité pourra faire rapport aux Canadiens des cas de violation, par l’entremise du Parlement.
Évidemment, il y a ceux qui sont d’avis que ce projet de loi ne va pas suffisamment loin. À ceux-là, je répondrai qu’il comprend une disposition d’examen obligatoire. Ainsi, tous les cinq ans, en vertu de la loi, un comité doit étudier ce projet de loi et faire rapport au Parlement sur la façon de le renforcer. Ainsi, le débat des Canadiens dans ma circonscription, Parkdale—High Park, et ailleurs au pays sur la façon d’établir un équilibre entre la sécurité et la protection des droits et libertés ne stagnera pas. Il demeurera dynamique.
Cela m’amène au troisième point. Nous souhaitons avoir l’avis des Canadiens, non pas seulement dans cinq ans, mais aujourd’hui. Notre gouvernement a entrepris des consultations à l’échelle du Canada concernant le cadre de sécurité nationale. Ces consultations nous permettront de discuter des autres engagements que nous avons pris pendant la campagne électorale, pour combler les lacunes de l’ancien projet de loi , y compris l’inclusion d’une disposition de caducité, afin de s’assurer qu’aucun juge ne puisse émettre un mandat qui viole la Charte des droits et libertés, de garantir le droit constitutionnel de défense d’une cause et de manifestation, ainsi que de restreindre la définition trop large de ce qui constitue de la « propagande terroriste ».
Ces consultations nationales nous permettront de sonder les Canadiens sur ce qu’ils attendent d’autre de leur gouvernement. Nous ne voulons pas nous limiter à mettre en œuvre nos engagements de la campagne électorale, nous voulons aussi les améliorer. Tout au long de ce processus, un élément sera toujours prioritaire, à savoir que dans la recherche de l’équilibre entre la sécurité et la protection des droits et libertés, nous travaillerons avec les collectivités canadiennes, et non contre elles.
Je m’adresse ici à la Chambre à titre de membre musulman du caucus libéral. Le nouveau gouvernement ne cherche pas à dénigrer des groupes ou à semer la dissension, mais plutôt à faire participer les collectivités et à écouter leurs préoccupations. C’est ce que nous avons fait dans le cadre de nos vastes efforts en vue de contrer l’islamophobie. Nous l’avons fait aussi grâce à notre engagement budgétaire de 2016 de plus de 35 millions de dollars sur cinq ans, en vue de créer un bureau de coordonnateur de la sensibilisation des collectivités et de la lutte contre la radicalisation. Nous l’avons fait aussi grâce à nos efforts en vue d’accueillir, et non de rejeter les victimes de Daech, ce qui s’est traduit par l’accueil de près de 31 000 réfugiés syriens à ce jour. Nous l’avons fait enfin grâce à nos efforts en vue d’améliorer aujourd’hui les droits de ceux qui, par inadvertance, se retrouvent sur des listes d’interdiction de vol, en créant le Bureau des demandes de renseignements du Programme de protection des passagers, et en mettant sur pied le Groupe de travail Canada—États Unis pour faciliter les demandes de rectification.
Je sais que les Canadiens préfèrent cette approche. C’est une approche qu’ils ont appuyée en octobre 2015. C’est une approche qui vise à traiter des questions de sécurité sur plusieurs fronts à la fois et qui inspire confiance à tous les Canadiens, y compris les groupes minoritaires comme le mien, qui ont subi en nombre disproportionné le gros de la surveillance du gouvernement précédent.
Je termine avec ceci: c’est un équilibre subtil. Assurer la sécurité tout en protégeant les droits et les libertés n’est pas chose facile, mais je suis sûr que le projet de loi permettra justement d’y arriver. Je suis fier d’appuyer cette législation qui a nécessité onze ans de travaux. Pour le moment, je conseille vivement aux députés de l’opposition de l’appuyer plutôt que de nous bloquer la route.
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Madame la Présidente, je suis heureuse de prendre la parole pour parler du projet de loi sur le Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement.
Présenté à la Chambre des communes le 16 juin, ce projet de loi vise à constituer un comité de parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement.
Nous savons que le mandat du comité, tel qu’articulé dans le projet de loi, consiste à examiner les cadres législatif, réglementaire, stratégique, financier et administratif de la sécurité nationale et du renseignement, les activités des ministères liées à la sécurité nationale ou au renseignement et toute question liée à la sécurité nationale ou au renseignement dont il est saisi par un ministre.
Je crois que le principe général du projet de loi est pertinent et nécessaire, étant donné la réalité actuelle. Cependant, ses membres auront beaucoup de responsabilités et, sur plusieurs fronts, devront posséder de vastes connaissances et un esprit critique. C’est pourquoi des éléments du projet de loi m’inquiètent quelque peu, surtout du fait qu’on ne demande pas aux membres du comité d’avoir quelque expérience en matière de sécurité ou de renseignement.
Je vais placer le problème dans son contexte.
D’un point de vue personnel et en qualité d’ancienne mairesse d’une ville située à la frontière des États-Unis et qui compte le deuxième poste frontalier le plus important au pays après Windsor, en Ontario, j’ai déjà témoigné devant le département de la Sécurité intérieure des États-Unis. Ma ville comptait le plus important détachement de la GRC au Canada, et j’ai également traité de dossiers importants d’ordre financier, législatif et sécuritaire, de la prolifération du gangstérisme jusqu’à l’importation de drogues en provenance de la Chine, du Mexique et du Moyen-Orient, en passant par le trafic transfrontalier de drogues et d’armes à feu et des enquêtes sur ces cas d'homicide.
Je ne saurais trop insister. Les membres du comité doivent avoir la faculté de comprendre des renseignements de nature délicate, confidentielle et secrète en lien avec la sécurité nationale et le renseignement et avoir de l’expérience à cet égard.
Le projet de loi concerne la sécurité de notre pays et le comité et ses méthodes doivent être transparents. Peu importe notre opinion politique, nous avons tous quelque chose d'unique à contribuer à cette discussion et à ce débat.
Le président ne devrait pas être nommé, mais élu. J'aimerais prendre un instant pour répondre au député ministériel, qui a affirmé que le porte-parole a dit dans une lettre que le président devrait être nommé. Cependant, je souligne de nouveau le point sept de la lettre, qui fait valoir que le comité devrait élire lui-même son président parmi ses membres. C'est la pratique adoptée par le comité du Royaume-Uni et par d'autres pays alliés. La mise en place de cette pratique faisait également partie des engagements pris par le . Voilà précisément ce qu'a fait valoir notre porte-parole auprès du .
Il ne fait aucun doute que cela pose problème. Il est dommage que le président du comité ait déjà été nommé par le , avant même que le mandat du comité n'ait été établi. On porte ainsi atteinte à l'intégrité du comité avant même qu'il se mette au travail.
Nous devons prendre pour modèle le comité du Royaume-Uni, que l'on a réformé en 2013 afin d'en faire un comité de parlementaires dont les membres sont nommés par le Parlement et qui rend des comptes au Parlement, sauf dans certains dossiers liés à la sécurité nationale, pour lesquels il fait rapport au premier ministre.
Il y a une nette différence avec le projet de loi , qui propose que le nomme le président, que les membres du comité soient recommandés par le , et que le comité rende des comptes au .
De plus, le projet de loi précise ce qui suit:
Après consultation du président du Comité [qui est nommé par le premier ministre], si le premier ministre est d’avis qu’un rapport annuel ou spécial contient des renseignements dont la communication porterait atteinte à la sécurité ou à la défense nationales ou aux relations internationales ou des renseignements protégés par le privilège relatif au litige — en droit civil, l’immunité de divulgation — ou par le secret professionnel de l’avocat ou du notaire, il peut ordonner au Comité de lui présenter un rapport révisé qui ne contient pas ces renseignements.
Même si certaines parties du paragraphe 21(5) du projet de loi sont tout à fait logiques, je pense aussi qu'il a une grande portée et qu'il est extrêmement général. Le peut, pour ainsi dire, demander au comité de récrire n'importe quel rapport s'il n'aime pas son contenu. Je pense que les paramètres doivent être beaucoup plus contraignants et que leur portée doit être bien plus limitée.
Tout ce que nous souhaitons, c'est qu'on fasse preuve d'ouverture et de transparence. Ce sont les objectifs que nous voulons tous atteindre, tout en préservant l'intégrité et la confidentialité des renseignements de nature délicate ou classifiés. Dans sa forme actuelle, le projet de loi ne nous inspire pas confiance dans le processus — et il est de même chose de la population en général —, étant donné que le président du comité, qui est nommé par le , et ce dernier peuvent réviser et modifier les rapports du comité comme bon leur semble. La censure à l'égard du comité ne fonctionnera tout simplement pas.
Comme je l’ai dit tout à l’heure, je suis convaincue de la nécessité de créer un comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement. Toutefois, nous devons faire cela correctement, parce qu’il s’agit de la sécurité de notre pays et de sa population.
Alors je présente trois recommandations. D’abord, le président de ce comité devrait être élu. Ensuite, le comité devrait avoir les pleins pouvoirs pour convoquer les témoins qu’il veut et exiger qu’ils donnent ou qu’ils produisent les preuves dont le comité pense avoir besoin pour remplir son mandat. Enfin, le comité devrait soumettre un rapport annuel au Parlement. Toutefois, après avoir consulté le et son conseiller en matière de sécurité nationale, le comité devrait exclure de ce rapport tous renseignements qui pourraient, en cas de divulgation, compromettre la sécurité nationale.
Je suis convaincue que ces trois recommandations rehausseraient le niveau de transparence, car le comité travaillerait indépendamment du Cabinet du premier ministre, ce qui inspirerait confiance au grand public.
Je suis convaincue que tous les députés appuient ces principes et qu’ils désirent sincèrement que nous fassions les choses correctement. Nous voulons assurer la sécurité de notre personnel du renseignement et nous ne voulons pas que la surveillance de nos opérations de sécurité nationale soit polarisée ou politisée.
Par conséquent, je me trouve dans l’incapacité d’appuyer le projet de loi dans sa forme actuelle.
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Madame la Présidente, pendant une bonne partie de l’histoire de l’humanité, les menaces contre l’intégrité nationale émanaient d’autres États-nations et d’entités quasi étatiques. Il est arrivé qu’un extrémiste inattendu, un assassin solitaire ou un groupe marginalisé ait représenté une menace pour un État, mais cette menace était rare et souvent sans gravité. Voilà pourquoi, de l’époque romaine jusqu’au milieu du XX
e siècle, les responsables de la sécurité de l’État s’inquiétaient surtout de la menace que représentaient les États voisins, les grandes puissances et les armées stationnées près de leurs frontières.
De ce point de vue, le Canada est béni par sa géographie. Nous sommes protégés par de majestueux océans sur trois côtés et, sauf pendant la guerre de 1812, qui a eu lieu plus d’un demi-siècle avant la Confédération, grâce à l’amitié solide qui nous unit à nos voisins du Sud, notre pays n’a jamais eu à affronter de menace tangible à ses frontières.
Cependant, et rares sont ceux qui le contesteraient, les menaces à la sécurité nationale prennent des formes sans précédent au XXIe siècle. Si de vastes océans nous protégeaient hier contre les armées de l’envahisseur, l'évolution technologique et la multiplication alarmante des acteurs infraétatiques et non étatiques violents font aujourd’hui peser des menaces nouvelles sur le Canada.
Notre pays est encore un endroit où l’on peut vivre en sécurité, mais sa protection devient un défi plus complexe que tout ce qu’auraient pu prévoir nos prédécesseurs. Heureusement, à mesure que les défis augmentent, de nouveaux outils nous aident à les surmonter.
Dans le monde moderne, la collecte et l’analyse du renseignement sont devenues des armes cruciales dans la lutte contre le terrorisme et les autres menaces visant la sécurité nationale. Dans le village planétaire d'aujourd'hui, où nous sommes souvent menacés par les mêmes ennemis que nos alliés, le Canada participe à divers accords d’échange de renseignements, notamment le Groupe des cinq. Ce groupe, composé du Canada, des États-Unis, du Royaume-Uni, de la Nouvelle-Zélande et de l’Australie, est considéré comme l’une des alliances du renseignement les plus puissantes jamais constituées. Elle nous associe à certains de nos plus proches partenaires.
Le Groupe des cinq est un excellent exemple de coopération internationale fondée sur la mise en commun de pratiques exemplaires et de renseignements.
Il est inquiétant de constater, cependant, que nos partenaires du Groupe des cinq, qui comptent des agences de renseignement parmi les plus puissantes du monde, se sont tous dotés d’un mécanisme pour les contrôler, alors que le Canada ne l’a pas fait.
Plus précisément, le Canada est le seul membre de cette alliance qui soit dépourvu d’un organe chargé de surveiller sa communauté du renseignement. Nous avons le Comité de la sécurité publique et nationale, c’est vrai, mais nos partenaires ont compris depuis longtemps la nécessité d’exercer une surveillance spécifique et spécialisée à l’égard des activités de renseignement. Les États-Unis ont d’ailleurs créé les comités permanents sur le renseignement au lendemain du scandale du Watergate, il y a 40 ans, après que le comité Church eut enquêté sur des collectes de renseignement illégales menées par la CIA, la NSA et le FBI.
Nous avons vraiment beaucoup de chance, au Canada, d’avoir des hommes et des femmes dévoués qui se consacrent à notre protection avec courage et détermination. Nous avons l’occasion de mettre en place les mécanismes de surveillance voulus à un moment où notre appareil de sécurité entre dans une ère nouvelle. En tant qu'élus de la population canadienne, nous devons être en mesure de surveiller la communauté du renseignement pour garantir qu’elle continue d’agir dans l’intérêt des Canadiens. Il y a longtemps que nos alliés ont compris l’importance de le faire. À mes yeux, il est grand temps de mettre en place un mécanisme de surveillance des activités de renseignement au Canada.
Qu'on me comprenne bien. Le fait de réclamer une surveillance ne signifie pas que nous n'avons pas confiance dans nos organismes de renseignement. Depuis des décennies, les parlementaires exercent une forme de surveillance des services de police et des forces armées. Cela n'a rien à voir avec leur capacité à servir et protéger les Canadiens. La surveillance est au coeur de notre rôle de parlementaires. Nous le devons à nos électeurs. Nous devons veiller à ce que le gouvernement agisse dans l'intérêt de tous les Canadiens.
Veiller à ce que les organismes de renseignement et de sécurité agissent dans l'intérêt des Canadiens constitue une partie importante de notre travail. En tant que députés élus pour faire valoir les opinions, les convictions et les aspirations de nos concitoyens, nous devons atteindre un équilibre entre le besoin d'avoir un système de sécurité efficace et le devoir de défendre les droits démocratiques des Canadiens.
Pendant la campagne électorale, nous avions promis de parvenir à ce genre de surveillance en créant un comité à cette fin. Le gouvernement tient sa promesse en proposant maintenant la création d'un comité qui aurait un mandat large et la liberté d'examiner et d'analyser des documents portant sur la sécurité nationale. Ce comité pourrait examiner des activités liées à la sécurité nationale et au renseignement, dont des sujets renvoyés par un ministre, et procéder à un examen stratégique et systémique des cadres législatif, réglementaire, stratégique, financier et administratif qui régissent ces activités. Le comité bénéficierait de solides pouvoirs afin d'accéder à de l'information importante pour mener ses examens, de l'information qui n'est normalement pas accessible aux parlementaires.
Le gouvernement croit qu'il est important de tenir des consultations et de tenir compte des différents points de vue. Nous sommes ici pour servir les gens qui nous ont élus, pour être à l'écoute des Canadiens et pour défendre et protéger leurs intérêts supérieurs. Cela fait partie intégrante de notre devoir et de notre rôle en tant que députés, et la surveillance est un aspect important de nos responsabilités. Il s'agit de l'un des meilleurs moyens de veiller à ce que nos services de renseignement continuent de rendre des comptes aux Canadiens.
La reddition de comptes est un élément fondamental de notre démocratie, et, à mon avis, créer un comité permanent chargé de veiller à ce que nos services de renseignement rendent des comptes est l'un des meilleurs moyens pour le gouvernement de s'assurer que les organismes chargés de protéger les Canadiens et le pays font bien leur travail.
Le gouvernement comprend également que la reddition de compte par les services de renseignement du Canada et par tous les secteurs du gouvernement est plus efficace lorsqu'elle est accompagnée de discussions avec des Canadiens ordinaires. C'est pourquoi je suis si heureux de constater que ce comité sera créé au même moment que le tient des consultations publiques sur la sécurité nationale. Je crois fermement que, tant et aussi longtemps que le gouvernement favorisera la discussion sur la sécurité nationale, tant au Parlement que dans l'ensemble du pays, le Canada pourra trouver la meilleure façon de relever les nouveaux défis sur le plan de la sécurité nationale, alors que nous luttons contre le terrorisme et prenons des mesures afin d'assurer la sécurité des citoyens.
Nous vivons dans une nouvelle ère en matière de sécurité, une ère où les changements sont rapides et imprévisibles. Nous devons désormais nous assurer d'utiliser tous les outils à notre disposition. Comme tout autre outil valable, toutefois, il faut l'utiliser de façon convenable et appropriée. En créant ce comité, le gouvernement veille à ce que nos ressources en matière de renseignement soient utilisées pour servir au mieux les intérêts des Canadiens.
C'est une bonne journée pour la démocratie canadienne. Grâce à ce comité, nous serons plus forts et plus en sécurité alors que nous nous préparons à relever les défis du XIXe siècle.
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Madame la Présidente, j'interviens pour parler du projet de loi , qui créera un comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement. Il ne peut y avoir d'obligation plus importante que la responsabilité de protéger la sécurité de ses citoyens, tant au pays qu'à l'étranger.
Le gouvernement d'un pays tel que le Canada, qui tient à ses libertés chèrement gagnées, à sa démocratie et à la règle de droit, a une autre obligation, celle de maintenir la Constitution du Canada et de veiller à ce que toutes les lois respectent les droits et les libertés dont nous bénéficions en tant que personnes vivant dans une société libre et démocratique.
Le besoin de remplir simultanément ces deux obligations clés est au coeur même du projet du projet de loi à l'étude. Ce projet de loi répond aux menaces et aux attaques qui ont affligé divers pays dans le monde entier, notamment le Canada et certains de nos plus proches alliés. Face à ces violences, nous devons demeurer alertes et ne jamais baisser sa garde.
En outre, le projet de loi donne suite aux nombreux appels lancés au fil des ans au renforcement de la reddition de comptes des ministères et organismes exerçant des fonctions en matière de sécurité nationale. Les honorables députés se rappelleront que ces appels se sont multipliés, l'an dernier, lorsque l'ancien gouvernement a présenté la loi antiterroriste de 2015, connue sous le nom de projet de loi . À ce moment, notre parti a fait valoir que l'approche du Canada en matière de loi sur la sécurité nationale devrait non seulement éviter la naïveté, mais aussi les propos alarmistes.
Les menaces sont réelles; l'impératif de défendre nos libertés civiles l'est aussi. C'est pour cette raison que des améliorations ont été apportées à notre cadre de sécurité nationale, comprenant la création d'un comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement, et que ces améliorations ont été un élément important de notre programme électoral aux dernières élections.
Le projet de loi à l'étude mettrait sur pied un comité composé de neuf membres. Sept membres proviendraient de la Chambre des communes, et de ceux-ci, seuls quatre pourraient être des députés du gouvernement. Deux membres proviendraient du Sénat. Ce comité sera différent des autres comités et bureaux qui ont été créés pour examiner les questions liées à la sécurité et au renseignement.
Dans le système de responsabilité maintenant en place, certains organismes d'examen peuvent avoir accès à des documents classifiés, mais uniquement pour un ministère ou un organisme précis. Les membres de ces comités ne sont pas des parlementaires en fonction. Même si les parlementaires jouent un rôle, ils n'ont pas accès à des documents classifiés. Les organismes d'examen indépendants comprennent le Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité, chargé de l'examen du SCRS, le Bureau du commissaire du Centre de la sécurité des télécommunications et la Commission civile d'examen et de traitement des plaintes relatives à la GRC. Aucun de ces organismes n'est composé de parlementaires en fonction.
D'un côté, les comités parlementaires examinent les questions liées à la sécurité et au renseignement, mais ils s'acquittent de leur mandat principalement en écoutant des témoignages lors de leurs réunions publiques. De l'autre côté, le Comité sénatorial permanent de la sécurité nationale et de la défense a le large mandat d'examiner les mesures législatives et les questions concernant la défense et la sécurité nationale.
Au surplus, à la Chambre, le Comité permanent de la sécurité publique et nationale examine les lois ou les autres questions liées à la sécurité publique du Canada et les autres organismes relevant du portefeuille de la sécurité publique. Ils font un travail extrêmement précieux mais, en règle générale, aucun de ces comités n'a accès à des renseignements classifiés. Ils n'ont ni le mandat ni les ressources pour approfondir les détails des questions de sécurité nationale de manière à tenir le gouvernement et les organismes de sécurité nationale réellement responsables.
En vertu du projet de loi à l'étude, les membres du comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement obtiendront la cote de sécurité de niveau approprié, et ils auront aussi accès à des renseignements de sécurité hautement classifiés au sujet des activités de sécurité nationale et de renseignement dans l'ensemble du gouvernement du Canada.
Je soulignerai que nos partenaires du Groupe des cinq ont mis sur pied des organismes qui fonctionnent de manière similaire. Dans ces pays, les parlementaires choisis ont accès à des renseignements extrêmement sensibles, qui leur permettent d'assurer la protection de l'intérêt du public relativement aux droits civils ainsi que d'aider également à protéger la sécurité publique en veillant au fonctionnement efficace des organismes de sécurité nationale.
Jusqu'à maintenant, le Canada a été le seul parmi les partenaires du Groupe des cinq à ne pas avoir de comité où les représentants parlementaires peuvent avoir accès à des renseignements classifiés. Le présent projet de loi comble cette lacune.
En fait, à certains égards, notre proposition va un peu plus loin que celle de nos alliés des démocraties fondées sur le modèle de Westminster. Ce comité examinera tous les ministères et organismes dont les activités sont liées à la sécurité et aux renseignements. Il aura également l'autorité de mener des enquêtes sur les opérations en cours.
Lorsqu'il est question d'établir un mécanisme de responsabilisation en matière de sécurité nationale, le projet de loi à l'étude établit une nouvelle norme que certains de nos alliés pourraient même suivre.
De solides pouvoirs sont conférés à ce comité et à ses membres, ainsi qu'à son secrétariat. Le comité pourra accéder à n'importe quel renseignement nécessaire pour mener ses examens, sous réserve de certaines limites précises et raisonnables. Comme c'est le cas pour des comités similaires dans d'autres pays, même si les membres du comité ne seront pas en mesure de divulguer les renseignements classifiés auxquels ils auront accès, ils pourront faire beaucoup pression sur un organisme donné ou sur le gouvernement au pouvoir en avisant les Canadiens que quelque chose ne va pas.
Manifestement, ce nouveau comité représente une étape importante, afin de renforcer la responsabilité de notre système de sécurité nationale et de renseignements. Il donnera aux élus une véritable occasion d'évaluer nos politiques et activités de sécurité nationale et d'assurer la protection des Canadiens et des libertés civiles.
J'encourage les députés à se joindre à moi pour appuyer ce projet de loi qui revêt une importance capitale.
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Madame la Présidente, je prends la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi , Loi constituant le Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement.
Il va sans dire que la sécurité des Canadiens compte parmi les principales priorités de tout gouvernement. Tous les députés en conviendront, j'en suis certain.
Comme beaucoup de députés, j'ai passé les derniers mois à parcourir ma circonscription. J'ai parlé à une multitude de gens des questions qui leur tenaient à coeur. Pour un grand nombre, c'étaient évidemment les emplois et l'économie. Comme conservateur, je suis fier de dire que notre bilan dans ces deux dossiers parle de lui-même.
J'ai aussi entendu des gens qui étaient préoccupés par la sécurité publique et nationale. Les attaques terroristes se multiplient partout sur la planète. Il y a quelques années, on pensait que le Canada en serait épargné, mais maintenant, compte tenu du climat politique, la menace terroriste ne peut être écartée.
Comme nous le savons, il y a eu des attentats dans notre propre pays, et des complots ont été déjoués maintes fois par les courageux membres des forces de l'ordre. Qu'on me comprenne bien: je n'essaie pas de semer la peur dans le coeur des Canadiens, mais je pense qu'il est important que nous ne soyons pas naïfs quant à notre situation dans le monde.
L'exemple le plus frappant est celui du 22 octobre 2015. Encore, plus récemment, en août, les organismes policiers ont prévenu un attentat. Il y a eu des attentats en Europe — en France, en Belgique et en Allemagne, entre autres — et, bien entendu, aux États-Unis. Si je dis tout cela, c'est parce qu'il est important de mettre en contexte ce sur quoi les membres du comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement devront se pencher.
Les organismes policiers, militaires et de renseignement jouent un rôle capital pour assurer la sécurité des Canadiens. Ce projet de loi prévoit un comité aux caractéristiques bien précises. Je pense que nous sommes d'accord sur son essence, mais il y a des éléments qui me préoccupent, et certains collègues des banquettes conservatrices et néo-démocrates semblent avoir les mêmes réserves.
Le comité sera présidé par la personne que recommandera le . Il comprendra jusqu'à huit autres parlementaires, dont un maximum de quatre seront des députés ministériels et un maximum de deux seront des sénateurs. Un membre du comité ne pourra pas occuper des fonctions de ministre, de ministre d'État ou de secrétaire parlementaire. Le gouverneur en conseil nommera les membres du comité sur recommandation du premier ministre et, dans le cas des membres qui ne seront pas des députés ministériels, sur recommandation également du chef de leur parti.
On veut que le comité échappe aux influences partisanes et qu'il jouisse d'une grande indépendance. Pourtant, le gouvernement libéral en a nommé le président en janvier, avant même que le projet de loi ait été élaboré. Le comité examinera les activités d'organismes hautement spécialisés et très efficaces dans leur domaine, mais aucune disposition n'exige que ses membres possèdent de l'expérience en matière de sécurité publique ou de sécurité en général.
Je m'inquiète par ailleurs de voir que le gouvernement a refusé de consulter les partis de l'opposition, même si les conservateurs et le NPD ont manifesté publiquement leur désir de discuter de la création de cet important comité. Le porte-parole de l'opposition officielle a même écrit deux fois au ministre à propos du comité. Selon le texte actuel du projet de loi, le comité sera formé par le Cabinet du premier ministre et lui rendra des comptes.
Je crois, à l'instar de la plupart des députés de mon parti, que le comité devrait oeuvrer dans la transparence et rendre des comptes au Parlement. Pendant la campagne électorale, le a dit préconiser une réduction du rôle du Cabinet du premier ministre. Or, nous savons tous que les gestes sont plus éloquents que les paroles.
Le comité a pour mandat d’examiner les cadres législatif, réglementaire, stratégique, administratif et financier de la sécurité nationale et du renseignement et d’examiner les activités des ministères liées à la sécurité nationale ou au renseignement ainsi que toute question liée à la sécurité nationale ou au renseignement dont il est saisi par un ministre.
Je vais maintenant citer le document d'information du gouvernement:
De solides pouvoirs seraient conférés au Comité afin de lui permettre d’accéder aux renseignements nécessaires pour mener ses examens, sous réserve de certaines restrictions précises, notamment pour protéger des tiers, pour éviter de nuire à des opérations militaires actives ainsi que pour ne pas porter atteinte à l’indépendance des fonctions d’application de la loi. Le CPSNR aurait un droit d’accès aux renseignements demandés, mais les ministres seraient en mesure, en vertu des dispositions législatives, de refuser de divulguer des renseignements opérationnels spéciaux dans les seuls cas où leur divulgation porterait atteinte à la sécurité nationale. Le ministre responsable serait tenu de fournir au Comité les raisons justifiant la décision de ne pas divulguer des renseignements.
Les conclusions et recommandations du CPSNR seraient présentées au Parlement.
Cela dit, on peut aussi lire ce qui suit dans ce document, et c'est de là que viennent mes principales inquiétudes:
Le gouvernement examinerait le rapport du Comité avant son dépôt, de manière à s’assurer qu’il ne contient aucun renseignement classifié.
Je trouve profondément troublant que le projet de loi établisse de nombreuses exceptions et autorise les organismes gouvernementaux et les ministères à refuser de divulguer des renseignements aux fins d'examen. De telles dispositions affaiblissent la surveillance et ne permettent pas au comité de s'acquitter de son mandat.
Je trouve aussi inquiétant que l'on propose essentiellement d'accorder au un droit de veto sur le contenu des rapports de ce comité supposément indépendant. Ne serait-il pas préférable que ce soient des fonctionnaires non partisans ou les membres du comité qui décident de ce qui peut être publié ou non? Le gouvernement en place ne devrait pas avoir de droit de veto sur ce que le comité peut examiner ou inclure dans ses rapports.
Dans tout comité, le président joue un rôle crucial pour faciliter et orienter l'ensemble des travaux. Il est donc curieux que le gouvernement ait déjà choisi qui sera nommé président d'un comité aussi important, censé être indépendant et non partisan. Nous savons qu'il s'agit du député d'. J'ai beaucoup de respect pour lui, mais il a, comme nous tous, des allégeances politiques.
Je suis convaincu que de nombreux députés aimeraient faire partie de ce comité, et le député d'Ottawa-Sud aurait sans doute été choisi comme président s'il y avait eu une élection libre, car il est très respecté par les députés des deux côtés de la Chambre. Cependant, le gouvernement ne veut même pas donner aux députés la possibilité de choisir le président. Qu'est-il advenu du sens des responsabilités et de la transparence des libéraux? Ils ont promis du vrai changement. Or, comme je l'ai dit, le président a été nommé avant même que le comité soit créé.
L'article 14 du projet de loi prévoit sept exceptions, dont le fait que le comité ne peut pas tenir compte d'enquêtes en cours pouvant mener à des poursuites. Sauf erreur, cela englobe toutes les enquêtes et toutes les activités des organismes d'application de la loi et de sécurité dans ce pays.
Il a été dit clairement que le Canada n'est pas le premier pays à créer ce genre de comité de surveillance. Nombre de nos alliés ont créé des systèmes de surveillance semblables, notamment la Grande-Bretagne, l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Je ne reviendrai pas sur tous les détails, puisqu'ils ont été abordés par mes collègues.
Je tiens à remercier mon collègue, le député de et porte-parole de l'opposition officielle en matière de sécurité publique, de son travail dans ce dossier important.
On ne saurait trop insister sur l'importance d'un comité sur la sécurité nationale et le renseignement, et nous l'avons entendu tout au long du débat. Il est donc essentiel que la mesure législative soit bien rédigée. Comme je l'ai dit plus tôt, nous sommes tous d'accord sur l'essence même du comité. Il n'y a que quelques détails à régler, afin de rassurer les députés de ce côté-ci de la Chambre.
Le comité de parlementaires ne devrait pas relever du ni du gouvernement. C'est une question que les libéraux ont soulevée à maintes reprises au cours de la législature précédente et dont ils ont parlé pendant la campagne électorale. Ils ont affirmé que le Cabinet du premier ministre détenait trop de pouvoir, et qu'il fallait redonner le pouvoir au Parlement. Que constate-t-on en ce qui concerne cette mesure législative? Le gouvernement libéral n'est nullement différent des autres gouvernements qui l'ont précédé. Tout ce qui le distingue, c'est qu'il parle de voies ensoleillées.
Dans sa forme actuelle, la mesure législative prévoit que le gouvernement aura la capacité d'approuver ou de bloquer les décisions prises par le comité. Celui-ci n'est donc pas du tout indépendant, contrairement à ce qu'a déclaré le gouvernement. En effet, en vertu du projet de loi actuel, le comité serait contrôlé par le Cabinet du premier ministre, qui a déjà nommé le président. J'espère que tous les députés conviendront qu'il faut laisser de côté la politique dans ce dossier. Après tout, c'est ce qu'avaient promis les libéraux pendant la campagne électorale.
Il revient aux députés de veiller à ce que les organismes d'application de la loi aient les outils et l'équipement nécessaires pour assurer la sécurité des Canadiens.
Je tiens à prendre un instant pour remercier les hommes et les femmes qui risquent leur vie tous les jours, qui sont en service ou qui l'ont été, que ce soit ici ou à l'étranger, en temps de conflit ou de paix. Je leur suis reconnaissant de leur sacrifice. Nous n'oublierons jamais. Ils veillent à la protection de nos droits et nos libertés. Je remercie de leur travail les membres des Forces armées canadiennes, les services de renseignement, les policiers et les pompiers, de même que les premiers intervenants.
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Madame la Présidente, c'est avec plaisir que je prends part au débat sur le projet de loi . Je ne parlerai pas des raisons pour lesquelles j'appuie ce projet de loi puisqu'elles ont été abondamment expliquées par les membres du gouvernement. Je profiterai plutôt de mon temps de parole pour répondre à certaines des préoccupations soulevées par les partis de l'opposition.
J'aborderai certains des grands thèmes dont a parlé l'opposition et j'essaierai de rassurer cette dernière.
Le premier thème à avoir été repris par les députés de l'opposition officielle, c'est celui voulant que la structure même du projet de loi compromette l'indépendance des parlementaires, prétendument parce que l'exécutif aurait préséance sur le législatif. Les députés ont invoqué les différentes dispositions du texte qui accordent au le pouvoir de nommer les membres du comité — il s'agit de l'article 5 — ou aux ministres celui de refuser de communiquer un renseignement dans certaines situations — article 16. Ils se sont élevés contre le fait que le pourra, en consultation avec le président du comité, caviarder les passages du rapport proposé par le comité qui pourraient compromettre la sécurité nationale ou contenir de l'information visée par le secret professionnel ou susceptible de porter atteinte aux relations étrangères du Canada.
Je comprends leur argument parce que nous évoluons dans un régime de type britannique, ce qui veut dire que l'exécutif et le législatif ne font qu'un. La suprématie de l'exécutif y est particulièrement frappante, contrairement à ce qu'on voit, par exemple, aux États-Unis, qui ont adopté un régime présidentiel, c'est-à-dire où les trois types de pouvoir sont bien distincts et où l'exécutif est complètement séparé du législatif.
J'aimerais rappeler à mes collègues un élément sur lequel le a particulièrement insisté dans son allocution. Le mandat du comité sera très vaste. En fait, si on regarde de près le libellé de l'article 8 du projet de loi, on peut y lire que le Comité a pour mandat:
a) d'examiner les cadres législatif, réglementaire, stratégique, financier et administratif de la sécurité nationale et du renseignement;
b) à moins que le ministre compétent ne détermine que l'examen porterait atteinte à la sécurité nationale, d'examiner les activités des ministères liées à la sécurité nationale ou au renseignement;
c) d'examiner toute question liée à la sécurité nationale ou au renseignement dont il est saisi par un ministre.
Comme on peut le constater, le rôle de surveillance et d'examen, tel qu'il est défini dans le projet de loi, est très vaste. Je fais toutefois remarquer aux députés que c'est précisément l'objet du projet de loi, c'est-à-dire l'examen du mandat général des organismes de sécurité et de renseignement du Canada. Il ne s'agit pas de s'ingérer dans les opérations de l'armée ou des services de police pour scruter certains aspects bien précis des dossiers opérationnels en cours. Selon moi, il incombe à l'exécutif de réagir en temps réel aux possibles menaces à la sécurité nationale, de s'en occuper. Le comité devra se pencher sur ces mandats particulièrement vastes.
Le comité a aussi pour mandat de voir à ce que les services de sécurité et de renseignement du Canada disposent de bons outils législatifs et de ressources suffisantes, à ce que ces organismes collaborent bien entre eux et à ce que le cadre législatif permette la mise en commun des renseignements. Je dirais aussi que son mandat couvre certains aspects soulevés par le troisième parti, c'est-à-dire que le comité doit voir aussi à ce que les personnes qui pourraient subir les effets des mesures des organismes de sécurité du Canada soient protégées par de bonnes garanties procédurales.
Je crois que ce sont là les mesures d'examen appropriées, et non pas l'examen en tant que tel d'enjeux opérationnels précis en cours. Pour utiliser une image, je dirais que le rôle du comité n'est pas d'être le « M » de MI6 dans un film de James Bond. Son rôle consiste à exercer une surveillance sur l'exercice du pouvoir exécutif.
Le deuxième thème que je souhaitais aborder et qui, selon moi, fait l'objet d'exagérations de la part de l'opposition, c'est la capacité d'avoir accès aux renseignements et de les censurer. De nouveau, j'inviterais les députés d'en face à examiner soigneusement le libellé du projet de loi dans la mesure où il s'applique à ces limites précises.
Prenons par exemple les articles 13 et 14 du projet de loi qui portent sur l'accès à l'information, plus particulièrement l'article 14, qui énumère les exceptions. Les députés d'en face ont fait remarquer que le projet de loi prévoyait sept exceptions qui, selon eux, posent problème. Cependant, si on les examine soigneusement, on se rend compte qu'elles se prêtent à une interprétation très étroite. En gros, elles doivent être interprétées dans le contexte d'autres droits, immunités et privilèges consentis à des catégories de personnes qui ne sont pas des parlementaires.
Encore une fois, je pense qu'il est quelque peu trompeur d'affirmer que le Parlement et le rôle des parlementaires ont préséance sur les droits, les privilèges et les immunités d'autres catégories de personnes. Je ne crois pas qu'il s'agisse d'une interprétation juste des choses. Je pense que nous devons toujours prêter attention à ces enjeux et veiller à ce qu'il y ait un équilibre.
Jetons un coup d'oeil aux sept exceptions prévues à l'article 14. La première est « tout renseignement confidentiel du Conseil privé de la Reine pour le Canada, au sens du paragraphe 39(2) de la Loi sur la preuve au Canada ». En langue ordinaire, cela veut dire les renseignements confidentiels du Cabinet. La question est de savoir si les parlementaires devraient pouvoir prendre connaissance des délibérations du Cabinet. Là encore, je ne pense pas.
La deuxième porte sur « les renseignements concernant les activités de renseignement de défense en cours qui soutiennent des opérations militaires ». Mon argument est qu'il s'agit de décisions opérationnelles. Encore une fois, je ne pense pas qu'il soit du ressort du comité d'examiner des opérations militaires en cours.
La troisième, ce sont « les renseignements dont la communication est visée au paragraphe 11(1) de la Loi sur le Programme de protection des témoins ». Quand une personne participe au Programme de protection des témoins, je ne pense pas que nous ayons besoin de connaître son identité.
La quatrième, c'est « l’identité d’une personne [...] à qui on a proposé de devenir une source confidentielle d’information ou d’assistance pour le gouvernement fédéral ». Encore là, si une personne est disposée à faire de l'espionnage pour le compte du Canada, je ne pense pas que nous ayons besoin de le savoir.
La cinquième concerne « les renseignements qui ont un lien direct avec une enquête en cours ». Encore une fois, il s'agit d'une question opérationnelle. Nous pouvons certainement l'examiner rétrospectivement pour voir s'il y avait un problème, mais je ne crois pas que le comité devrait pouvoir compromettre une enquête en cours.
La sixième concerne les renseignements visés par la Loi sur Investissement Canada, et la septième, les renseignements recueillis par le Centre d’analyse des opérations et déclarations financières du Canada au titre de la Loi sur le recyclage des produits de la criminalité et le financement des activités terroristes. Je le répète, ces dispositions donnent lieu à une interprétation très étroite.
Par conséquent, les restrictions énoncées dans le projet de loi sont très strictes. Je dirais que ce sont des domaines très restreints qui sont exclus et que le mandat du comité est en réalité très large.
L'autre point soulevé porte sur le paragraphe 21(5), qui traite de la rédaction des rapports et de la capacité du de les faire modifier.
J'invite mes collègues à lire attentivement ce paragraphe pour bien en saisir le sens. Il ne signifie pas que le récrit le rapport, mais qu'il l'examine pour s'assurer qu'il ne contient pas de renseignements confidentiels sensibles qui seraient par la suite communiqués au public. C'est seulement cette information qui serait censurée. Après consultation du président du comité, ces renseignements seraient examinés et pourraient être supprimés si leur divulgation portait atteinte à la sécurité nationale ou aux relations internationales ou s'ils devaient demeurer confidentiels en raison du privilège relatif au litige.
Je le répète, l'interprétation est très étroite. Je fais simplement remarquer à mes collègues...
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Madame la Présidente, c'est loin d'être mon premier discours à la Chambre, mais c'est mon premier discours à titre de porte-parole en matière de sécurité publique. Cette fois, j'ai le plaisir de m'exprimer sur un projet de loi crucial.
Il s'agissait d'un élément parmi tant d'autres débattus lors de la dernière législature, dans le cadre du débat sur le projet de loi et les engagements électoraux des différents partis. Soyons clairs, nous avons beaucoup de critiques à exprimer, et je vais les énumérer au cours de mon discours.
Nous sommes prêts à appuyer le projet de loi à l'étape de la deuxième lecture, si ce n'est que parce que c'est un bon premier pas. Après tout, il faut procéder à la création de ce comité, chose à laquelle le NPD croyait. Toutefois, il y a beaucoup de graves lacunes dans l'approche du gouvernement.
[Traduction]
Avant de parler de la composition du comité, je pense qu'il est important de souligner les nombreuses incohérences dans l'approche du gouvernement lorsqu'il s'agit de proposer quoi que ce soit dans ce dossier. Malgré les nombreuses propositions que le ministre a énumérées, hier, à la période des questions, on ne nous a toujours pas dit ce que l'on compte faire exactement. Comme il le fait trop souvent, le gouvernement parle beaucoup, mais il n'a toujours pas présenté de projet de loi.
Or, il y a déjà un projet de loi, parrainé par mon collègue, le député d', qui vise à abroger le projet de loi .
Malgré cela, le gouvernement continue de nous parler de tous ses grands projets pour apporter du changement, mais il ne propose aucune mesure législative concrète.
[Français]
L'autre élément problématique, c'est qu'on peut mettre sur pied des comités et on peut créer toutes sortes de mécanismes, mais des mécanismes existent déjà. L'un me vient à l'esprit, et c'est le Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité. Ce comité, qui existe actuellement, révise les activités du SCRS. Dans l'état actuel des choses, compte tenu du budget que le gouvernement a déposé en mars 2016 et selon les employés de ce même comité, il y aura une perte de 2,5 millions de dollars par année. Au cours des prochaines années, cela mènera à une perte de 11 employés attitrés à la surveillance du SCRS. On peut bien former un comité, mais quand la fondation est mise en péril par manque de ressources en raison de coupes, la chose ne démarre pas bien, c'est sûr et certain.
[Traduction]
Il y a aussi un autre enjeu important, qui a été soulevé à quelques reprises. Loin de moi l'idée de me moquer de la situation, mais nous avons analysé dans les moindres détails certains mots. Le semble vouloir que nous établissions une distinction entre le terme « discussions » et le terme « négociations ». À ce sujet, j'aimerais que le gouvernement comprenne la différence entre le mot « examen » et le mot « surveillance ». Ces termes ne sont pas interchangeables, même si certains nos collègues de l'autre côté de la Chambre les ont employés indifféremment dans leurs discours.
Pour être en mesure de protéger les droits et les libertés des Canadiens, il est impératif de mettre en place des mesures de surveillance appropriées. Il ne suffit pas d'effectuer après coup un examen, à la demande du ministre et du . Pour répondre à la question posée par ma collègue lors de l'intervention précédente, le mot « examen » est un autre mot que nous devrions probablement analyser de façon approfondie.
Je conviens que les rapports ne seront probablement pas modifiés, mais il sera difficile de comprendre de quoi il est question une fois que le aura raturé de grands pans au marqueur noir, au nom de la sécurité nationale. C'est inquiétant.
[Français]
Après tout, les députés qui feront partie de ce comité vont prêter serment et sont dignes de confiance. Dans le projet de loi, on laisse beaucoup de discrétion au et au , et cela me rappelle l'argument des conservateurs quand on débattait du projet de loi lors de la dernière législature.
Les conservateurs arguaient — peut-être pas explicitement, mais de façon fortement sous-entendue — qu'il fallait faire confiance aux autorités concernées, que nous ne pouvions pas faire confiance aux parlementaires pour faire ce genre de révisions et que des comités indépendants existaient déjà.
Je trouve cela drôlement inquiétant parce que, quand on laisse autant de pouvoirs au conseil des ministres, cela me rappelle l'argument des conservateurs. Encore une fois, on se retrouve dans une situation où on a peut-être changé de couleur, mais on n'a pas nécessairement changé d'approche.
Comme je l'ai dit, nous appuyons évidemment le projet de loi en deuxième lecture pour pouvoir essayer d'apporter des changements importants. En effet, au bout du compte, on ne peut pas dire non à la mise sur pied de ce comité car, après tout, c'est ce qu'on souhaitait. Toutefois, il y a de sérieuses lacunes que l'on doit combler, comme je l'ai mentionné d'entrée de jeu.
Évidemment, la première lacune est l'élection du président. Au bout du compte, le président permettra une certaine indépendance du travail du comité, une indépendance qui sera très difficile à avoir s'il est choisi par le .
[Traduction]
Comme je l'ai mentionné dans la question que j'ai posée plus tôt, nous avons entendu le point de vue de nos cousins du Royaume-Uni, qui sont venus ici à la demande du ministre lui-même, la semaine dernière. Ils nous ont dit à quel point l'élection du président avait été un enjeu de taille dans le cadre du débat sur la création d'un comité similaire à celui que nous nous apprêtons à créer. J'ai entendu mes collègues du Parti libéral faire valoir que ce n'est pas important, car de toute façon, la majorité des membres du comité feront partie de l'opposition. Ce n'est pas ce qui pose problème ici. La question n'est pas de savoir quel parti détiendra la majorité, mais plutôt de ne pas confier tous les pouvoirs au Cabinet, qui est responsable du comité. Les parlementaires de tous les partis doivent avoir leur mot à dire. Je suis convaincu que les libéraux qui seront membres du comité feront un choix judicieux pour garantir l'indépendance de ce dernier, pour lui donner plus d'indépendance par rapport aux directives venant du Cabinet du premier ministre.
[Français]
Nous devrons apporter un autre changement important. Encore une fois, je reviens aux points que j'ai soulevés plus tôt. Il s'agit du pouvoir discrétionnaire qui est accordé au ministre et au . Nous avons de sérieuses préoccupations à cet égard et nous allons vouloir en discuter.
Je profite de l'occasion pour revenir sur les nouvelles qui sont sorties hier et sur le rapport du commissaire à la protection de la vie privée.
[Traduction]
Voici un passage du chapitre portant sur le projet de loi du rapport du commissaire à la protection de la vie privée:
Le Commissariat a accueilli favorablement le projet de loi visant à créer un comité parlementaire chargé de surveiller les activités de l’État liées à la sécurité nationale. Il s’agit selon nous d’un premier pas dans la bonne direction. Cependant, nous avons aussi recommandé que les institutions autorisées à recevoir de l’information aux fins de la sécurité nationale soient soumises à une supervision, à des examens par des experts ou à des examens administratifs indépendants.
Autrement dit, le gouvernement ne peut pas s'asseoir sur ses lauriers une fois le projet de loi adopté. J'espère sincèrement que ce ne sera pas le cas. Le projet de loi n'est qu'une des pièces d'un casse-tête beaucoup plus gros et compliqué.
[Français]
Il demeure que le poste d'inspecteur général du SCRS a été supprimé par le gouvernement conservateur. Nous, au NPD, demandons le rétablissement de ce poste depuis longtemps, pour permettre une surveillance indépendante accrue menée avec une certaine expertise que nous, parlementaires, n'avons pas nécessairement. Ce sont deux choses qui sont fortement liées, et c'est cela qui est important.
Pour renforcer cet argument, je mentionnerai la réponse que le ministre nous a donnée concernant l'approche du gouvernement, lorsque nous lui avons posé des questions sur les directives ministérielles concernant la torture. Je profite de l'occasion pour dire officiellement à la Chambre que le NPD réclame l'abrogation de ces directives, parce qu'il est complètement inacceptable qu'un pays comme le Canada permette l'utilisation d'informations acquises au moyen de la torture. D'ailleurs, cela ne garantit en rien la sécurité des gens, ce qui, soyons francs, est immoral et va à l'encontre de nos engagements internationaux.
Quand nous avons posé la question au ministre, il nous a dit de ne pas nous inquiéter et que le gouvernement mettrait sur pied un comité qui allait traiter de ces questions et assurer une surveillance. Voyons donc! C'est absurde de nous dire que c'est correct de maintenir une telle directive parce qu'on planifie la création d'un comité.
[Traduction]
Avec tout le respect que je dois à la Chambre, je vais le répéter pour le dire dans les deux langues officielles: le Nouveau Parti démocratique insiste pour que soit abrogée la directive ministérielle qui permet d'utiliser les renseignements obtenus sous la torture. Il est tout à fait inacceptable qu'un pays comme le Canada puisse même songer à utiliser de tels renseignements. Ce genre d'informations n'assurent en rien la protection des Canadiens et elles sont contraires à nos valeurs et à nos engagements internationaux. Je le répète, il est absurde que le ministre soutienne devant la Chambre que le projet de loi rend la chose acceptable et qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter puisque tout cela sera supervisé. Le projet de loi sert d'échappatoire aux libéraux et c'est inadmissible.
[Français]
Il est essentiel de comprendre que c'est un premier pas dans la bonne direction. Aussi flou et imparfait que puisse être le projet de loi qui est devant nous, il rejoint le concept que nous avons aussi proposé, au NPD. C'était un des éléments parmi tant d'autres soulevés dans le cadre du débat sur le projet de loi . J'espère que des députés de l'autre côté vont nous entendre.
Je répète que nous faisons confiance aux députés libéraux qui siègent à ce comité pour élire un président et accéder à l'information sans que le exerce son droit de veto et applique le marqueur noir sur cette information.
Après tout, nous ne voulons certainement pas que le projet de loi devienne une excuse pour ne pas abroger le projet de loi , un projet de loi qui vient bafouer les droits et libertés des Canadiens, ou y apporter de sérieux changements.