Que: a) la Chambre reconnaisse que (i) les exportations canadiennes d’armes ont presque doublé au cours de la dernière décennie et que le Canada est maintenant le deuxième exportateur d’armes au Moyen-Orient, (ii) les Canadiens s’attendent à ce que leur gouvernement respecte une norme élevée pour ce qui est de la protection des droits de la personne à l’étranger, (iii) les Canadiens se préoccupent des ventes d’armes à des pays connus pour leur non-respect des droits de la personne, dont l’Arabie saoudite, la Libye et le Soudan, (iv) les Canadiens, par l’entremise du Parlement, doivent exercer une surveillance à l’égard des ventes d’armes actuelles et futures; b) l'article 104(2) du Règlement soit modifié par adjonction, après l’alinéa b), de ce qui suit: « c) le Comité de l’examen des exportations d’armes »; c) l'article 108(3) du Règlement soit modifié par adjonction de ce qui suit: « i) celui du Comité de l’examen des exportations d’armes comprend, notamment, (i) l’étude du régime canadien des licences d’exportation d’armes et la présentation de rapports à ce sujet, (ii) l’étude des ventes d’armes internationales proposées et la présentation de rapports à ce sujet, (iii) l’examen des rapports annuels du gouvernement concernant les ventes d’armes et la présentation de rapports à ce sujet, (iv) l’étude de l’utilisation faite de ces armes à l’étranger et la présentation de rapports à ce sujet, (v) l’examen de toute question et tendance générale liée aux exportations actuelles et futures d’armes par le Canada et la présentation de rapports à ce sujet. »; d) le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre dresse la liste des députés devant composer le nouveau comité permanent créé en vertu du présent ordre et en fasse rapport à la Chambre dans les cinq jours de séance suivant l'adoption du présent ordre; e) le Greffier soit autorisé à apporter au Règlement les modifications de forme et les modifications corrélatives qui s’imposent.
— Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec la députée de .
Je suis vraiment très heureuse de pouvoir me lever ce matin pour présenter cette motion visant la création d'un comité multipartite sur les exportations d'armes.
Pourquoi un nouveau comité est-il nécessaire? D'abord, il l'est parce que l'exportation d'armes, un enjeu très complexe qui implique notamment des questions de commerce, de défense, d'affaires étrangères, de droits de la personne et d'industrie. Or cet enjeu très complexe ne tombe sous l'autorité d'aucun comité existant. En effet, aucun comité n'a le mandat d'étudier cette question et d'en faire une revue en profondeur.
Nous suggérons que ce comité soit permanent et qu'il fasse plus qu'une seule étude qui accumulerait la poussière sur une tablette et qu'on oublierait. Il est certain que, pour une seule étude, bien des choix seraient possibles.
Par exemple, ce comité pourrait se demander comment il se fait que le gouvernement libéral ait approuvé une importante vente d'armes à l'Arabie saoudite, tout en faisant fi de nos règlements existants. On se prétend des défenseurs des droits de la personne et on se présente comme tel, cependant, on vend des armes à l'Arabie saoudite et on ne suit même pas ses propres procédures.
Rappelons que le Canada a des règlements et une politique interdisant la vente d'armes à des pays qui ont un mauvais dossier en matière de droits de la personne, à moins qu'il n'y ait pas de risque raisonnable que ces armes soient utilisées contre les civils.
Or l'évaluation qui a été faite avant que le actuel permette cette exportation démontrait que la question n'avait pas été couverte adéquatement. Le comité pourrait aussi faire une étude sur le groupe STREIT, qui vend des armes au Soudan et en Libye, souvent en contravention de sanctions et d'embargo. En ce moment, il ne semble pas y avoir de mécanismes pour gérer une telle situation. Il y a pire encore: il apparaît que le ministère des Affaires étrangères a donné des contrats sans appel d'offres à ce même groupe pour des camions blindés, entre autres.
De plus, j'aimerais bien savoir si le ministre a effectivement approuvé des permis d'exportation d'armes à la Thaïlande, qui est sous le joug d'un régime militaire.
Par ailleurs, le dernier rapport annuel sur les ventes d'armes du Canada diminue et affaiblit nos normes actuelles. Bien qu'elles ne soient probablement déjà pas assez fortes, cela les affaiblit encore davantage, et cela affaiblit encore plus l'étude des droits de la personne dans les dossiers de vente d'armes.
C'est déjà un beau paquet, mais il y a encore plus que cela. Comme le mentionne la motion, les exportations d'armes canadiennes ont plus que doublé au cours des 10 dernières années, et nous sommes maintenant au deuxième rang des exportateurs d'armes au Moyen-Orient, devant des pays où on retrouve des situations vraiment très préoccupantes pour ce qui est du respect des droits de la personne et qui sont au bas de la liste à cet égard.
De plus, nos ventes d'armes augmentent en Chine, qui n'est pas vraiment une démocratie. Le admire cette administration, mais on ne peut quand même pas affirmer que c'est une démocratie. L'Algérie et d'autres pays sont aussi problématiques.
De grandes questions se posent. Y a-t-il des trous dans nos règlements et nos pratiques? Comment nos règlements sont-ils appliqués? D'autres pays se posent d'autres questions. Par exemple, que constitue une arme? Pour un régime totalitaire, des appareils de surveillance constituent-ils des armes?
Voici un autre élément très important. Comme les ventes d'armes ont beaucoup augmenté, et elles ne s'arrêteront pas demain matin. Il faut donc établir un suivi constant pour savoir, par exemple, à qui le Canada vend des armes, quelles armes il vend, et pourquoi, comment et sous quelles conditions il le fait.
Les Canadiens sont très préoccupés par ces questions, comme l'ont indiqué les sondages. Les Canadiens veulent avoir des réponses. Ils ont droit à la transparence et à l'ouverture que le gouvernement libéral leur a promis. C'est ce pour quoi la création d'un comité serait un pas dans la bonne direction.
[Traduction]
Oui, en effet, les Canadiens sont inquiets et ils veulent savoir dans quels pays et à qui le Canada vend des armes. Bien entendu, il y a la fameuse entente sur la vente d'armes à l'Arabie saoudite, à laquelle les libéraux ont donné le feu vert. Nous savons que l'Arabie saoudite n'est pas un modèle à suivre pour ce qui est du respect des droits de la personne. Nous avons aussi des raisons de croire que les armes vendues par le Canada à l'Arabie saoudite ont été utilisées au Yémen. Or, le rapport de l'ONU accuse l'Arabie saoudite d'avoir commis des crimes de guerre dans ce pays.
Qui plus est, dans ce cas bien précis, le processus n'a évidemment pas été respecté. Selon les règles et les procédures en vigueur, il est interdit de vendre des armes à un pays qui viole les droits de la personne, sauf si on peut prouver qu'il n'existe aucun risque raisonnable que les armes en question soient utilisées contre la population civile. Je ne crois pas que le gouvernement a bien étudié cette question; c'est pourtant ce qu'il doit faire.
Il y a tant d'enjeux dans ce dossier. Prenons par exemple Streit Group, qui vend des armes à la Libye et au Soudan malgré les embargos. Nous savons aussi que le Canada est devenu le deuxième exportateur d'armes en importance au Moyen-Orient. N'oublions pas non plus qu'on assouplit les exigences relatives à la situation des droits de la personne quand vient le moment de délivrer des permis d'exportation; cet aspect a été mentionné dans le dernier rapport annuel. Il y a énormément d'enjeux liés à la vente et à l'exportation d'armes.
Les Canadiens veulent savoir. Les Canadiens sont inquiets, non seulement à ce sujet, mais aussi au sujet de la vente d'armes en général. Voilà pourquoi il nous faut un comité permanent qui pourrait examiner les ventes passées et à venir, mais aussi dans une plus vaste mesure les tendances, les options, les règles et les règlements ainsi que la façon dont ils sont appliqués.
Un comité multipartite de la Chambre pourrait se pencher sur une foule de questions liées aux exportations d'armes, tout comme le fait actuellement un comité britannique. Il pourrait examiner les types et les quantités d'armes exportés, dans quels pays et à qui exactement. Il pourrait repérer des échappatoires dans les lois actuelles, dans la réglementation et dans les pratiques car, comme on l'a constaté récemment, même lorsqu'une réglementation est en place, elle n'est pas toujours bien respectée.
Aucun comité actuel ne peut se pencher sur ces enjeux de façon permanente, car il est question de défense, de commerce, d'affaires étrangères, de développement, de droits de la personne et d'industrie. Il nous faut un comité particulier, qui pourrait examiner l'ensemble de la situation. Aucun des comités actuels ne dispose d'un mandat suffisamment large pour étudier l'ensemble de la question, et aucun ne dispose de l'espace pour surveiller les ventes d'armes de façon permanente. J'ai déjà dit que les exportations canadiennes d'armes ont presque doublé au cours des 10 dernières années. À ce rythme, il faudra se pencher sur cette question en permanence et non pas procéder à un examen ponctuel de temps à autre, ce qui est nettement insuffisant. Il faut ratisser plus large et s'assurer la participation de tous.
Le gouvernement libéral a promis ouverture et transparence. Voici une occasion de faire preuve d'ouverture et de transparence sur un sujet qui préoccupe les Canadiens.
[Français]
Au moment où le Canada veut revenir sur la scène mondiale, tous ensemble, nous pourrions montrer que nous pouvons agir de façon responsable et transparente en matière de vente d'armes, de sécurité mondiale et de défense des droits de la personne.
:
Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui pour appuyer fièrement notre motion présentée en cette journée de l'opposition, qui vise à créer un comité permanent de la Chambre des communes chargé de surveiller les exportations d'armes. Il s'agit d'un problème de longue date qui est devenu de plus en plus urgent, compte tenu de l'absence totale de transparence du système actuel du gouvernement, ainsi que du nombre de plus en plus élevé d'allégations inquiétantes selon lesquelles des armes canadiennes seraient utilisées pour commettre des violations des droits de la personne dans des pays auxquels nous ne devrions jamais vendre des armes, c'est-à-dire des pays comme l'Arabie saoudite, le Yémen, la Chine et le Soudan du Sud.
Dans le cadre de mes fonctions de députée néo-démocrate, je suis tenue de surveiller le dossier des droits internationaux de la personne. J'aimerais donc intervenir au sujet de notre motion dans l'optique des droits de la personne, qui, selon moi, est l'optique la plus importante. Je sais que de nombreux députés ne contesteraient pas l'importance de cette optique et je sais aussi que je ne suis pas la seule à penser que les droits de la personne sont prioritaires, compte tenu des foules de personnes qui sont à Ottawa aujourd'hui pour participer au Sommet One Young World. Cela me confirme qu'il est primordial d'aller de l'avant et de ne pas faire preuve de cynisme quant à la façon dont nous appuyons et favorisons la transparence et la reddition de comptes dans un domaine qui a une incidence directe sur les droits de la personne.
Si nous étudions une telle motion à la Chambre, c'est surtout à cause du tollé qu'a soulevé la décision du Canada de donner le feu vert à la vente de véhicules pouvant être utilisés à des fins militaires, d'une valeur de 15 milliards de dollars, au Royaume d'Arabie saoudite, un pays qui, comme beaucoup le savent, a l'un des régimes les plus brutaux et les plus despotiques de la planète, au même titre que la Corée du Nord.
Chose horrible, comme l'a mentionné ma collègue et comme le confirme Jane's, la publication de l'industrie de la défense, le Canada est maintenant le deuxième marchand d'armes en importance au Moyen-Orient, derrière les États-Unis. De plus, on a appris cette année que du matériel tactique de fabrication canadienne serait utilisé par les forces saoudiennes dans des descentes effectuées contre des dissidents. En effet, selon Cesar Jaramillo, directeur général de Project Ploughshares, de l'équipement militaire portant la mention « Fabriqué au Canada » aurait été trouvé « sur les lieux d'une descente meurtrière menée contre des civils chiites dans la région de Qatif, située dans la province orientale de l'Arabie saoudite ».
Malheureusement, la situation ne se limite pas aux Saoudiens. Le gouvernement du Canada refuse même de confirmer si le a délivré, plus tôt cette année, un permis d'exportation pour la vente de matériel militaire à la Thaïlande, un pays dirigé par une dictature militaire. Pas plus tard qu'hier, Amnistie internationale a dû annuler le lancement public d'un rapport sur la torture en Thaïlande après que la police de Bangkok a prévenu le groupe de défense des droits que ses représentants risquaient d'être arrêtés et poursuivis en justice pour violation de visa. Pensons-y.
Certains militants affirment que les Saoudiens ont envoyé des véhicules fabriqués au Canada à Bahreïn, en 2011, dans le but de réprimer le soulèvement populaire en faveur de la démocratie. Des armes canadiennes se sont aussi retrouvées au Soudan du Sud pendant une période où de graves violations des droits de la personne ont été commises. Les Nations unies et Human Rights Watch sonnent l'alarme, notamment auprès du Sous-comité des droits internationaux de la personne de la Chambre.
D'après les données d'Affaires mondiales Canada, les ventes d'armes canadiennes en Chine, un pays à la réputation peu enviable en matière de respect des droits de la personne, se sont élevées à 48 millions de dollars en 2015. Comme on le signale souvent à la Chambre, et comme l'a dit pas plus tard que ce matin le député de , la situation en Chine est inquiétante. Dans ce pays, la liberté d'expression et la liberté de conscience sont inexistantes. D'après Human Rights Watch, les défenseurs des droits de la personne et les personnes qui militent pour la démocratie font fréquemment l'objet d'arrestations, de détentions arbitraires, d'enlèvements, de poursuites politiques et de torture par les autorités. Or, tout cela n'est rien par rapport aux violations des droits de la personne qui sont commises en Arabie Saoudite.
J'aimerais vous donner un bref aperçu du bilan effroyable du Royaume d'Arabie saoudite en matière de droits de la personne. Je dis « bref » parce que je pourrais facilement passer le reste de la journée à énumérer les horreurs innombrables qui composent le bilan du régime de ce pays sur le plan des droits de la personne.
En janvier dernier, l'Arabie saoudite a procédé à l'exécution de 47 civils reconnus coupables de terrorisme dans 12 provinces de ce pays. Quarante-trois ont été décapités et quatre ont été fusillés. Selon l'interprétation de la loi islamique faite par l'Arabie saoudite, de telles attaques sont du banditisme et sont automatiquement punies par la peine de mort suivie par l'exposition publique des dépouilles.
Il n'y a pas de liberté d'expression en Arabie saoudite ni de liberté de presse. Les autorités arrêtent, poursuivent en justice et emprisonnent ceux qui critiquent le gouvernement, y compris les blogueurs et d'autres commentateurs sur Internet, les militants politiques, les membres de la minorité chiite, les défenseurs des droits de la personne et les militants pour ces droits, y compris ceux qui défendent les droits de la femme. Ce sont des faits qui sont rapportés par Amnistie internationale, un organisme respecté.
Les signalements de personnes torturées durant leur incarcération sont courants. On punit souvent les condamnés par flagellation en public, les prisonniers pouvant recevoir plus de 1 000 coups de fouet. Le blogueur bien connu, Raif Badawi, par exemple, a été condamné à recevoir 1 000 coups de fouet l'année dernière, dont 50 lui ont été administrés en janvier dernier.
Mikhlif al-Shammari, blogueur et militant pour les droits de la personne, a été condamné par un tribunal pénal spécial à deux ans de prison et à 200 coups de fouet. Au cours des dernières années, il a été arrêté à plusieurs reprises pour les activités qu'il a menées afin de promouvoir la réforme démocratique et les droits de la personne au royaume. Un des chefs d'accusation porte sur le fait qu'il ait affirmé sur Twitter son intention de prier dans une mosquée chiite.
Pire encore, l'Arabie saoudite est l'un des pays les plus notoires pour sa misogynie. Les femmes n'ont pas le droit de conduire. Elles ne peuvent pas ouvrir un compte bancaire ni obtenir un passeport, entre autres choses, sans le consentement écrit d'un membre de sa famille de sexe masculin. Il leur est interdit de marcher dans la rue en plein jour sans être accompagnées d'un membre de la famille de sexe masculin ou d'un gardien, et je ne parle même pas de la hausse des cas de violence conjugale. Certes, il existe des lois qui l'interdisent, mais elles ne sont pas appliquées.
J'ai parlé plus tôt du blogueur saoudien bien connu, Raif Badawi, un homme d'un courage exceptionnel qui, en janvier dernier, a reçu publiquement, à Djeddah, les 50 premiers coups de fouet des 1 000 coups prévus par sa peine. Aux députés qui pourraient se poser la question, je rappelle que son crime a été de critiquer des dirigeants religieux bien connus sur son blogue.
Plus tôt cette année, la soeur de M. Badawi, Samar, a été arrêtée et interrogée, avant d'être relâchée. J'ai rencontré la femme de M. Badawi, la formidable Ensaf Haidar, et leurs enfants, qui ont obtenu l'asile au Canada. J'ose à peine imaginer ce que Mme Haidar doit penser du soutien que le gouvernement canadien a accordé au contrat de 15 milliards de dollars touchant la vente de véhicules militaires à ce pays. Dans quelle situation éprouvante, paradoxale et désespérante doivent se trouver Mme Haidar et les milliers d'autres qui, comme elle, savent par expérience comment les choses se passent vraiment. Après tout, le a déclaré publiquement qu'il n'entendait pas intervenir au nom de son mari auprès des autorités saoudiennes, même s'il est personnellement intervenu en mettant tout son poids politique pour que le contrat de 15 milliards de dollars soit conclu.
Les crimes de l'Arabie saoudite ne s'arrêtent pas à ses frontières. Ce pays s'est plus que certainement rendu coupable de crimes de guerre au Yémen, où il dirige une coalition regroupant neuf États arabes ayant pour objectif, selon la revue américaine Foreign Affairs, d'influer sur l'issue de la guerre civile qui ravage ce pays.
Le Conseil des droits de l'homme des Nations unies doit discuter cette semaine d'une résolution présentée par les pays bas demandant qu'un groupe d'observateurs impartiaux se rende au Yémen pour y recueillir des preuves des violations des droits de la personne qui sont commises là-bas. Depuis la suspension des pourparlers de paix, en août, l'ONU a constaté une nette recrudescence du nombre de morts parmi les civils.
J'ai peine à croire que je pose la question, mais franchement, est-ce bien là le genre de situation à laquelle le Canada veut être mêlé, même indirectement? Je réponds: non, absolument pas. Ayons assez confiance en nous pour affirmer notre identité souveraine.
Les droits de la personne n'ont rien de facultatif. Ce ne sont pas les mots qui définissent un gouvernement — ou une personne —, ce sont ses gestes. J'ose donc espérer que, dans le dossier de la vente d'armes canadiennes à l'étranger — en fait dans le dossier des relations internationales en général —, la réalité reflétera bientôt de plus près les beaux discours...
:
Monsieur le Président, nous sommes heureux de prendre la parole pour discuter de ce sujet très important. Nous constatons avec plaisir que les députés de la Chambre sont déterminés à oeuvrer au maintien de normes élevées en matière de paix, de sécurité et de droits de la personne.
[Traduction]
Si nous apprécions le souci que la députée manifeste pour les droits de la personne, les processus transparents et les contrôles serrés des armements, nous sommes déçus par l'indifférence que suscite le gagne-pain de dizaines de milliers de Canadiens. L'industrie canadienne de la défense emploie directement 70 000 personnes. Il s'agit d'emplois bien payés, dont bon nombre sont syndiqués, qui appuient des familles dans tout le pays. Les gens du secteur de la défense travaillent dur pour créer des produits qui aident les familles et protègent les Canadiens et leurs alliés.
Le mépris que manifeste le NPD pour ses concitoyens est clair quand on lit le préambule de sa motion, selon lequel « les exportations canadiennes d’armes ont presque doublé au cours de la dernière décennie ». Est-ce que la députée d'en face ne trouve pas qu'il est important d'assurer la sécurité de nos forces, d'offrir à nos alliés l'équipement dont ils ont besoin pour fonctionner efficacement et d'être une source d'innovation et d'appui pour l'aviation, les communications et les transports? Souhaitons-nous vraiment réduire les budgets de la défense?
Pendant des années, les néo-démocrates n'ont eu de cesse d'attaquer l'industrie de la défense. La seule fois où ils se sont abstenus, c'était lors des dernières élections, alors qu'ils cherchaient à conserver une circonscription à London. Lorsqu'en octobre 2015 on a demandé au chef du NPD s'il annulerait la vente d'armes à l'Arabie saoudite, il a répondu: « On n'annule pas un accord après coup [... ] Cela ne se fait tout simplement pas. » La députée de a même ajouté qu'il s'agissait d'un contrat signé, que son parti honorerait. Maintenant que les élections sont terminées, le NPD abandonne à nouveau le secteur de la défense et les familles vaillantes qu'il appuie.
Nous reconnaissons que l’exportation d’armements doit être assujettie à une réglementation et à un contrôle rigoureux, et nous mettons la barre haut. En raison de leur nature, ces marchandises doivent être strictement contrôlées, mais cela ne signifie pas pour autant que cette industrie ne doit plus exister.
Comme je l’ai dit à la Chambre à d'autres occasions, notre système de contrôle des exportations est l’un des meilleurs au monde. Il s’applique non seulement aux équipements militaires, mais aussi aux marchandises et aux technologies à double usage, aux marchandises et aux technologies nucléaires, aux marchandises et aux technologies liées aux missiles et aux véhicules aériens sans pilote, ainsi qu’aux marchandises et aux technologies qui pourraient servir à fabriquer des armes chimiques ou biologiques. Toutes les demandes de licence d’exportation de marchandises contrôlées sont examinées avec le plus grand soin, compte tenu de tous les intérêts canadiens en matière de défense et de politique étrangère. L’objectif de cet examen est de s’assurer que des exportations en provenance du Canada ne nuisent pas aux intérêts du Canada ou de nos alliés, ne nuisent pas à la sécurité nationale ou internationale, n’aggravent pas des conflits régionaux ou un climat déjà instable, ne contribuent pas à la fabrication d’armes de destruction massive ou de leurs vecteurs, ne sont pas utilisées dans la commission de violations des droits de la personne, et ne sont pas en contravention des sanctions économiques.
Nous nous réjouissons de pouvoir compter sur l’appui des députés pour maintenir des normes élevées en matière de paix, de sécurité et de droits de la personne. J’observe que, même si notre système de contrôle des exportations a bien servi les intérêts du Canada jusqu’à présent, il est toujours possible de l’améliorer, et le gouvernement s’engage à rendre le processus encore plus rigoureux et encore plus transparent, en empruntant toutes sortes de voies parallèles.
Comme nous l’avons promis pendant la campagne électorale, le Canada deviendra un État partie du Traité des Nations unies sur le commerce des armes, le TCA, en 2017. Le Canada s’est engagé à ratifier le Traité sur le commerce des armes. La mise en œuvre de ce traité multilatéral par le Canada et d’autres États parties contribuera à endiguer le commerce illicite d’armes qui facilite les actes terroristes, le crime organisé transnational et la violation des droits de la personne. Ces objectifs sont conformes aux valeurs canadiennes et aux politiques que nous avons arrêtées en matière de réduction des conflits et des situations instables, de promotion des droits de la personne et de lutte contre le terrorisme.
Le gouvernement Harper avait tort de refuser de ratifier le Traité sur le commerce des armes. En ratifiant ce traité, le Canada rejoint ses partenaires de l’OTAN et du G7. Cela permettra également au Canada de participer pleinement aux réunions des États parties du TCA, tout en donnant au gouvernement les moyens d’être plus efficace dans sa quête d’une plus grande transparence et d’une plus grande responsabilité dans le domaine du commerce des armes, au Canada et dans le monde entier.
Il convient de noter que le Canada satisfait déjà à la grande majorité des obligations du TCA. En fait, le TCA visait à amener les autres pays à respecter les normes élevées que le Canada applique déjà. Par exemple, le Canada contrôle déjà l’exportation de toutes les marchandises visées par le TCA. Il a déjà mis en place des mesures pour empêcher que des marchandises exportées soient détournées à d’autres fins, et il évalue déjà toutes les demandes d’exportation d’équipements militaires, pas seulement les marchandises couvertes expressément par le TCA, pour identifier tout risque mentionné dans le TCA comme le risque que des marchandises soient détournées vers des activités terroristes, soient utilisées à des fins qui ne sont pas compatibles avec la paix et la sécurité internationales, ou servent à commettre des violations des droits de la personne.
Je vous ferai remarquer que le Canada procède actuellement à l’examen de toutes les demandes d’exportation de tous les produits assujettis à une surveillance, et pas seulement des équipements militaires prévus par le Traité sur le commerce des armes. À vrai dire, le Canada respecte intégralement les 28 articles du traité, à l’exception de deux: l’article 7, qui porte sur les critères d’évaluation des demandes d’exportation, et l’article 10, qui porte sur le courtage.
L’article 7 du TCA oblige chaque État partie à tenir compte d’un certain nombre de facteurs avant d’autoriser une exportation. En fait, nous tenons déjà compte de ces facteurs conformément à notre politique, mais ces derniers sont maintenant inscrits dans la loi.
En particulier, la modification de la Loi sur les licences d’exportation et d’importation et de ses règlements d’application obligerait le ministre des Affaires étrangères à prendre en considération les critères du TCA pour l’évaluation de toutes les demandes d’exportation d’équipements militaires couverts par le traité, par exemple les chars de combat, les armes légères et les armes de petit calibre.
Le TCA interdit aux États parties d’autoriser une exportation s’ils estiment qu’il existe un risque prépondérant de réalisation de conséquences négatives qu’on ne peut pas atténuer, et que ce risque est supérieur aux retombées positives de l’exportation. Nous avons l’intention d’arrêter une politique claire sur la façon dont le appliquera ce concept de risque prépondérant.
L’article 10 du TCA oblige chaque État partie à réglementer les activités de courtage, lorsqu’un Canadien facilite un transfert d’armes entre des entités étrangères, ou sert d’intermédiaire, et que ce transfert échappe par conséquent aux mesures canadiennes de surveillance des exportations. Ce serait un nouveau secteur de réglementation pour le gouvernement. C'est un bon exemple des mesures que nous prendrons pour rendre nos contrôles d'exportation plus rigoureux.
Nous avons l’intention de présenter un projet de loi au cours de l’automne pour mettre en œuvre tous ces changements. Une fois que la loi et les règlements auront été adoptés, nous soumettrons un instrument d’adhésion au secrétaire général de l’ONU. Notre objectif est de faire en sorte que le Canada devienne un État partie du TCA en 2017.
Le gouvernement précédent prétendait que la ratification du TCA risquait d’avoir un impact sur la législation canadienne en matière d’armes à feu, mais c’est absolument faux, et c’est important de le dire. Le traité régit l’importation et l’exportation des armements classiques, et non le commerce d’armes à feu utilisées par des citoyens canadiens respectueux de la loi à des fins sportives. La ratification du traité n’aura aucun impact sur la réglementation canadienne relative à la propriété d’armes à feu.
Outre notre adhésion au TCA, nous avons annoncé, de concert avec la , d’autres mesures visant à accroître la transparence du système canadien de surveillance des exportations. Les rapports annuels sur l’administration de la Loi sur les licences d’exportation et d’importation, et les rapports sur les exportations militaires du Canada, seront plus transparents, plus conviviaux, plus documentés, et ils devront être déposés chaque année, à la date prévue, conformément à la loi.
Dorénavant, les Canadiens et d’autres parties prenantes pourront compter sur la publication de ces rapports au plus tard le 31 mai de chaque année. Comme par le passé, ils seront disponibles en ligne dès qu’ils auront été déposés au Parlement, et les Canadiens pourront alors s’informer sur les activités entreprises en vertu de la Loi sur les licences d’exportation et d’importation, et sur la valeur, l’ampleur, le type et la destination des équipements militaires qui sont exportés à partir du Canada.
Ce n’est qu’un début. En même temps que nous nous préparons à ratifier le TCA, nous nous proposons de consulter les ONG et l’industrie pour voir comment ces rapports pourraient être plus détaillés, plus transparents et plus faciles à comprendre. Il est certainement possible d’avoir des rapports plus détaillés, par souci d’une plus grande transparence, sans pour autant nuire à des entreprises canadiennes ou aux emplois des Canadiens qui travaillent dans ce secteur.
Le gouvernement est résolu à mener à bien ses engagements, et à le faire de façon à protéger la compétitivité de l’industrie de la défense et de la sécurité au Canada.
L’industrie de la défense n’est pas seulement la principale source d’approvisionnement des Forces armées canadiennes, contribuant ainsi directement à la protection du Canada, mais c’est aussi un moteur de l’innovation. Elle permet au Canada de rester à la pointe de la technologie parmi les pays du G7, non seulement dans le secteur de la défense, mais aussi dans ceux de l’information, de l’aéronautique, de l’automobile et de bien d’autres.
L’industrie de la défense a des ramifications dans tous les autres secteurs industriels du Canada et de l’Amérique du Nord. En 2014, elle représentait 6,7 milliards de dollars du PIB du Canada. Elle offre plus de 70 000 emplois aux Canadiens, des emplois rémunérateurs et très qualifiés qui sont répartis dans plus de 700 entreprises disséminées dans toutes les provinces et dans tous les territoires du pays. Ces emplois offrent des salaires en moyenne supérieurs de 60 % au salaire industriel canadien moyen. La plupart de ces emplois sont syndiqués.
Bref, ce sont de bons emplois, que le gouvernement va s’efforcer de protéger par tous les moyens, et c’est donc d’autant plus décevant de voir le NPD faire tout ce qu’il peut pour les compromettre. Je regrette tout particulièrement que la députée de ne daigne pas se lever pour défendre les intérêts de ses électeurs, alors qu’elle a dans sa circonscription 3 000 de ces emplois convoités.
Chaque région du Canada a bénéficié d’investissements importants pour la création de centres de production spécialisés pour diverses filières industrielles rattachées à la défense. Par exemple, il y a des pôles de l’industrie aérospatiale au Québec et dans l’Ouest du Canada, un pôle de fabrication de véhicules terrestres en Ontario, et des pôles de l’industrie navale sur deux côtes. Les équipements de défense et de sécurité fabriqués au Canada sont recherchés par les alliés du Canada et par ses partenaires étrangers en matière de sécurité. L’industrie de la défense représente près de 7 milliards de dollars du PIB du Canada. Les entreprises canadiennes sont novatrices et concurrentielles. Leur prospérité profite à notre secteur de la fabrication et à notre économie.
Les équipements militaires stratégiques sont assujettis à des contrôles rigoureux, précisément à cause des utilisations auxquelles ils sont censés se prêter. Pour ces raisons, les exportateurs qui souhaitent approvisionner des importateurs étrangers en produits canadiens doivent se conformer aux exigences de notre système de contrôle des exportations. Il n’en demeure pas moins que toutes les entreprises canadiennes implantées à l’étranger doivent respecter le droit canadien et le droit international, y compris les droits de la personne.
Le Canada favorise un meilleur rendement à cet égard par la promotion des Principes directeurs relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme des Nations Unies, des Principes directeurs de l’OCDE à l’intention des entreprises multinationales et des Principes volontaires sur la sécurité et les droits de l’homme mis en relief dans la stratégie améliorée du Canada en matière de responsabilité sociale des entreprises. Les missions canadiennes à l’étranger facilitent les partenariats entre les entreprises, les gouvernements et la société civile afin de promouvoir le respect des droits de la personne. Le travaille chaque jour à l’amélioration des exigences relatives à la responsabilité sociale des entreprises.
La motion de l’opposition souligne le rôle important que jouent les parlementaires en exigeant des gouvernements qu’ils rendent des comptes sur l’engagement du Canada à l’étranger. En fait, des représentants du ministère et leurs collègues de la fonction publique comparaissent régulièrement devant les comités pour étudier ces questions. Plus précisément, nous nous réjouissons à l’idée de travailler avec le Comité permanent des affaires étrangères et du développement international au cours des mois à venir alors que nous présenterons un projet de loi de mise en œuvre de l’adhésion du Canada au traité sur les armes.
Nous respectons et apprécions les travaux des comités existants de la Chambre des communes et du Sénat, qui étudient ces questions. Ces comités sont habilités et indépendants, et ils sont à la hauteur pour accomplir leur mandat, c'est-à-dire étudier ce qu’ils jugent pertinent d’étudier, y compris le commerce des armes au Canada.
La création du comité proposé est superflue et ne ferait qu’imposer des charges supplémentaires et excessives à une industrie déjà hautement réglementée et contrôlée. C’est peut-être ce que souhaite le NPD, surcharger l’industrie, je n’en suis pas sûr, mais ce qui est certain, c’est que la députée de n’a pas exprimé son soutien aux familles qu’elle représente.
Les Canadiens exigent que le gouvernement exerce une surveillance et un contrôle efficaces sur l’exportation des armes canadiennes. Le Canada a déjà un processus rigoureux en place, et des améliorations sont possibles. Notre gouvernement répond à ce besoin de manière responsable. Nous déployons des efforts pour être à la hauteur de nos engagements en matière d’amélioration du système et d’adhésion au traité sur le commerce des armes. Nous sommes impatients de faire avancer les choses au cours des semaines et des mois à venir.
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Monsieur le Président, je tiens à préciser dès le départ que je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Je tiens d’abord de préciser qu’il y a dans le préambule de cette motion certaines déclarations avec lesquelles nous, députés de l’opposition officielle et du gouvernement précédent, sommes tout à fait d’accord. Les conservateurs s’entendent avec le NPD pour dire que les Canadiens s’attendent à ce que leur gouvernement soit à la hauteur pour ce qui est de protéger les droits de la personne à l’étranger.
Les conservateurs ont toujours appuyé les efforts déployés pour établir et maintenir des normes internationales relatives au transfert d’armes afin d’empêcher des transferts illicites d’armes et de matériel qui seraient utilisés pour alimenter les conflits et faciliter les actes terroristes ou les activités criminelles.
Sous le régime conservateur antérieur, le Canada s’était doté de certains des plus puissants mécanismes de contrôle des exportations du monde, notamment des lois et règlements tels que la Loi sur les licences d’exportation et d’importation et la liste des pays désignés pour les armes automatiques.
En outre, quand nous étions au pouvoir, le ministère des Affaires étrangères de l’époque évaluait rigoureusement toutes les exportations de biens et technologies militaires, au cas par cas.
Maintenant, en ce qui concerne un autre point soulevé dans le préambule de la motion de la députée néo-démocrate de , nous, les députés de l’opposition officielle, reconnaissons aussi que les exportations canadiennes d’armes ont augmenté au cours des 10 dernières années. Ce n’est pas, en soi, une mauvaise nouvelle. Les exportations d’armes n’étaient autorisées par le gouvernement conservateur que si et quand les contrats étaient conformes aux politiques étrangères et en matière de défense du Canada. Je reviendrai plus tard sur ces considérations.
Aujourd’hui, les députés et les Canadiens doivent garder en tête que des milliers de postes au Canada reposent sur les exportations — la vente légitime et étroitement réglementée des produits de l’industrie canadienne de la défense et des industries connexes.
La vente de véhicules blindés à l’Arabie saoudite, qui a fait couler beaucoup d'encre, a permis de créer, et permettra de conserver, plus de 3 000 emplois dans le Sud-Ouest de l’Ontario, région du Canada qui est au centre de notre secteur manufacturier, comme le savent mes collègues de la Chambre. Ce contrat permettra, à lui seul, de créer des milliers d’emplois indirects partout au pays au moyen d’une chaîne d’approvisionnement comportant 500 entreprises d’un océan à l’autre.
Nous, les députés de l’opposition officielle, étions fiers d’offrir ces retombées économiques au Sud-Ouest de l’Ontario quand nous étions au pouvoir, des retombées qui ont rejailli sur l’ensemble du Canada. Ce contrat unique et qui crée des emplois n’est que l’un des nombreux marchés des industries canadiennes de la défense en expansion continue, notamment nos secteurs de l’aérospatiale, de la construction navale et de la haute technologie.
Cela dit, les contrats avec l’utilisateur final sont un volet important des ventes à l’exportation des systèmes de défense. En ce qui concerne les véhicules blindés vendus à l’Arabie saoudite, je rappelle aux députés que la vente en soi était conditionnelle. En effet, l’acheteur s’était engagé à ne pas utiliser les véhicules en question contre la population de l’Arabie saoudite. Pendant leurs années au pouvoir, les conservateurs n’ont découvert ou signalé aucune mauvaise utilisation du genre.
Cependant, l’opposition officielle s’attend à ce que le gouvernement libéral continue aujourd’hui de veiller à ce que les conditions de ce contrat soient respectées. Comme nous l’avons répété à plusieurs reprises ces derniers mois, si le gouvernement estime que les modalités de ce contrat ont été enfreintes, il devra prendre les mesures qui s’imposent. Les libéraux ne peuvent tout simplement pas tourner la tête quand il est question de contrats d’exportation de produits de défense assujettis à des conditions importantes.
Je voudrais revenir sur les points que j’ai soulevés précédemment au sujet de la nécessité que les contrats d’exportation d’armes soient conformes aux politiques étrangères et en matière de défense du Canada.
Malgré les craintes exprimées à propos de la vente de véhicules blindés à l’Arabie saoudite, nous ne devons pas oublier que ce pays est un allié dans ce qui est probablement la région la plus violemment contestée du monde. L’Arabie saoudite est un membre influent de la coalition des alliés dans la guerre contre le groupe État islamique. Le soutien accordé par l’Iran au terrorisme constitue une menace permanente et grandissante à la stabilité de cette région, en particulier au Yémen et en Arabie saoudite.
En Syrie, le régime iranien a fourni une aide militaire accrue au régime Assad. Nous venons tout juste d’apprendre que 3 000 combattants iraniens de plus ont été déployés pour appuyer les forces du régime Assad dans cette bataille tragique qui perdure pour le contrôle de la ville d’Alep.
Reste à voir si l’Iran se conformera à l’accord nucléaire P5+1, même si le régime continue d’ignorer les résolutions des Nations unies contre la mise au point de missiles balistiques. L’Iran continue de proclamer avec véhémence son but — détruire l’État d’Israël. Ici, bien entendu, l’Iran figure parmi les pires violateurs des droits de la personne.
Cela dit, la récente exécution du religieux chiite Nimr al-Nimr en Arabie saoudite a outrageusement et inutilement enflammé encore davantage les tensions entre sunnites et chiites partout dans la région. Même si nous partageons les préoccupations de l’Arabie saoudite concernant les efforts de l’Iran pour exporter son idéologie de destruction violente dans la région, nous croyons que de s’aliéner des chiites modérés en cette période chaotique est grandement contre-productif.
Nous encourageons fortement le gouvernement du Canada à profiter de toute occasion offerte pour faire valoir notre opinion sur les droits de la personne et la liberté de religion auprès des autorités saoudiennes et de la communauté internationale. Le Canada doit poursuivre sa collaboration dynamique avec nos alliés pour favoriser la stabilité, et un jour la prospérité, du Moyen-Orient, sous la bannière de la liberté, de la tolérance et du pluralisme propices au respect total des droits de la personne, en particulier des membres des minorités qui sont aujourd’hui persécutées.
Ma collègue a soulevé la question du Traité sur le commerce des armes. J’aimerais faire quelques remarques à ce sujet, même s’il n’en est pas directement question dans la motion du NPD aujourd’hui.
Nous, de l’opposition officielle, estimons que tout traité sur le commerce des armes devrait reconnaître la légitimité de la propriété légale des armes à feu par des citoyens responsables que ce soit à des fins personnelles ou récréatives, y compris le tir sportif, la chasse et même le trappage. Le fait que les libéraux sont allés de l’avant avec un traité qui ne respecte pas spécifiquement le commerce ou l’utilisation légitime des armes à feu pour la chasse ou le sport nous déçoit.
Nous sommes aussi préoccupés par le fait que les libéraux n’ont à peu près pas consulté les propriétaires d’armes respectueux de la loi avant de décider unilatéralement de signer ce traité. Voilà les préoccupations des Canadiens respectueux des lois face à l’effet que pourrait avoir le traité sur les propriétaires d’armes à feu responsables. Les conservateurs continueront d’exprimer ces préoccupations tout à fait légitimes.
Cela m'amène à l'objectif principal de la motion du NPD, c'est-à-dire un résultat visé par ce parti à quelques reprises par le passé. Le NPD souhaite répondre aux préoccupations légitimes de nos concitoyens sur les exportations canadiennes d'armes par la tenue d'un examen sur les ventes d'armes passées et actuelles, le régime des licences d'exportation d'armes, les conditions d'utilisation finale et leur application, ainsi que les tendances générales à l'échelle internationale. Ce sont tous des sujets qu'il vaut la peine d'examiner. Toutefois, la motion propose de créer un tout nouveau comité permanent de la Chambre, qui serait chargé de mener un examen de cette nature.
L'opposition officielle ne va pas appuyer cette motion. La raison en est bien simple. Le comité des affaires étrangères est déjà habilité à étudier ces questions ou à créer un sous-comité qui en serait responsable. Selon nous, la mise sur pied d'un tout nouveau comité voué uniquement à l'examen des ventes d'armes aurait pour effet d'imposer un fardeau inutile aux ressources déjà limitées de la Chambre des communes. L'opposition officielle s'opposera donc à la motion proposée par la députée de .
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Monsieur le Président, c’est un plaisir de prendre la parole dans le cadre de ce très important débat. C’est un privilège de prendre le relais de mon collègue, notre porte-parole en matière d’affaires étrangères, qui accomplit un travail remarquable pour défendre les droits de la personne et préconiser l’adoption d’une approche rigoureuse et fondée sur des principes en matière d’affaires étrangères.
Je souhaite féliciter la députée de d’avoir présenté cette motion. Comme l’a fait savoir mon collègue, nous n’allons pas l’appuyer; j’ai toutefois été ravi de travailler avec elle sur ces enjeux et j’apprécie son bagage de connaissances et son engagement.
D’une manière générale, force est de constater que la position des conservateurs et des néo-démocrates, en fait de toute l’opposition, concernant l’importance des droits de la personne dans le monde est malheureusement très différente de celle qui transpire des politiques proposées par le gouvernement, du moins par les députés des banquettes ministérielles.
Je vais aborder cinq points distincts.
Premièrement, je voudrais exposer les raisons de procédure pour lesquelles mes collègues et moi-même, en tant qu’opposition officielle, ne pouvons appuyer cette motion. Comme je l’ai mentionné plus tôt, le jour où cette motion a été présentée, je me suis prononcé, de même que mes collègues, pour la création d’un sous-comité chargé d’étudier la question du commerce des armes. Cela aurait été une façon très efficace de faire une étude approfondie de cet enjeu et d’intégrer le débat sur le contrôle des armes à feu dans celui sur les affaires étrangères en général.
Évidemment, nous avons un autre sous-comité, celui des droits internationaux de la personne. Ce sous-comité joue un rôle important en transmettant de l’information à la Chambre par le biais du comité des affaires étrangères.
Le recours aux sous-comités n’impose pas de surcharge aux ressources de la Chambre comme cela se produirait si on créait un nouveau comité. Cela permet également de prévoir et de dégager du temps. Si ce sous-comité n'a pas été créé, c'est que tous les députés libéraux siégeant au comité des affaires étrangères se sont opposés à sa création. À l’époque, les néo-démocrates et nous-mêmes étions d'accord sur cette proposition.
Il y a toute une gamme d’options possibles pour donner suite à certains des objectifs de cette motion. Il vaudrait la peine d’envisager la création d’un sous-comité mixte des affaires étrangères et de la défense.
Concernant l’étude de cette question, la secrétaire parlementaire a semblé dire que le comité des affaires étrangères avait entamé ou était sur le point d’entreprendre une étude sur le contrôle des armes à feu. À ma connaissance, ce n’est pas le cas. Je crois que le comité est en train d’examiner des rapports et qu’il entreprendra très bientôt des études sur d’autres enjeux très importants; il n’a toutefois pas prévu se lancer à brève échéance dans une étude sur cette question.
Nous savons pertinemment qui doit faire ce travail et dans quel contexte il peut être accompli. À mon avis, il n’est pas nécessaire de créer un comité distinct. Le véritable obstacle à la réalisation des objectifs exposés par la députée néo-démocrate est l’approche adoptée par les députés du gouvernement qui siègent au sein de ce comité. C’est pourquoi, pour des motifs de procédure importants, nous ne pouvons appuyer cette motion, bien qu’elle contienne, comme l’a souligné mon collègue le député de , de nombreux points qu’il est important d’affirmer.
Deuxièmement, je tiens à souligner qu'il est essentiel d'appliquer un régime de contrôle des armes rigoureux et efficace. C'est un aspect qui est particulièrement important pour nous, les députés de l'opposition officielle. Mon collègue a très habilement exposé les divers aspects du régime de contrôle des armes en vigueur, que nous tenons à conserver. Il s'agit, par exemple, de la Loi sur les licences d'exportation et d'importation et de la liste des pays désignés pour les armes automatiques. Bien entendu, dans le contexte de l'accord sur les véhicules blindés légers conclu avec l'Arabie saoudite, dont il a été déjà question et qui sera probablement encore mentionné à maintes reprises aujourd'hui, il y a aussi les permis d'utilisation finale, qui visent à contrôler et à restreindre l'utilisation finale de ces véhicules. Des mécanismes ont été mis en place pour nous permettre d'intervenir en cas de violation, et nous nous attendons à ce que le gouvernement prenne ces obligations très au sérieux.
Mes collègues ont bien fait de mentionner qu'un grand nombre d'emplois au Canada sont liés à cet accord. Parallèlement, nous, les députés de l'opposition officielle, savons que notre identité et nos valeurs doivent passer en premier, ce qui se reflète dans notre approche: oui, nous voulons trouver des débouchés commerciaux pour le Canada, mais la protection des droits de la personne demeure pour nous un principe fondamental.
Le troisième point que je tiens à soulever aujourd’hui porte sur les droits de la personne, droits que nous devons défendre à tout prix. Nous devons clairement afficher nos valeurs. Nous devons parler de nos valeurs et nous devons admettre que, dans certains cas, leur défense peut imposer des sacrifices, notamment commerciaux. Ce qui définit notre pays, les valeurs et les principes qui caractérisent les Canadiens et qui reflètent les normes internationales enracinées dans les principes universels applicables aux droits et à la dignité de la personne, doit avoir préséance sur les considérations strictement matérielles ou économiques. Souvent, nous parvenons à faire converger ces deux éléments, mais nous devons défendre sans équivoque les droits de la personne.
Je crois qu’il convient de rappeler au gouvernement, puisque le discours des libéraux sur la politique étrangère en fait fi, qu’il existe un principe qu’on appelle la morale absolue.
Il y a plus ou moins un an, j’ai assisté à une allocution prononcée par le à l’Université d’Ottawa. Il a traité de l’abandon d’une politique étrangère strictement fondée sur des principes éthiques au profit de ce qu’il a appelé la conviction raisonnable. En fait, selon ce que j'ai compris, c’est une façon de dire qu'il ne faut pas tenir mordicus aux concepts de morale absolue, qu'il faut plutôt réagir avant tout en fonction du contexte et de la situation, en quelque sorte.
J’estime pour ma part que, dans un monde où on a peine à voir clair, la clarté morale s’impose. Le gouvernement doit affirmer ouvertement les valeurs canadiennes et son refus de transiger avec les principes fondamentaux entourant les droits de la personne. Que ce soit dans les négociations avec l’Arabie saoudite, la Chine, la Russie, l’Iran ou toute autre partie, nous ne pouvons pas nous ériger en véritables défenseurs des droits de la personne si nous ne considérons pas les droits de la personne comme des principes absolus.
De ce côté-ci de la Chambre, nous estimons que le Canada doit afficher sa clarté morale malgré la confusion qui règne dans le monde. Pour cela, il faut dénoncer quiconque viole sans vergogne les droits de la personne et aussi avoir la volonté d'aborder la question des droits de la personne avec nos alliés.
Le quatrième point que je tiens à soulever au sujet de la motion porte expressément sur l’Arabie saoudite et le régime saoudien, qui motivent une bonne partie du présent débat. À de nombreux égards, je perçois l’État saoudien comme un gouvernement plein de contradictions, ce qui nécessite par conséquent l'application de ce que l'on pourrait qualifier de politique de contradictions. Autrement dit, il faut lutter contre ce que nous jugeons déplorable dans l’État saoudien tout en collaborant avec l'État saoudien dans les domaines où nous pouvons et devons le faire. Cela ne signifie pas que nous devions mettre nos valeurs de côté, mais plutôt qu'il faut reconnaître la nécessité de réagir de différentes façons à différentes positions de cet État.
Nous savons tous, bien entendu, que l'Arabie saoudite est à certains égards une monarchie conservatrice et que certains de ses programmes internationaux d’enseignement jouent un rôle, peut-être indirect, dans la montée de l’extrémisme. C’est un pays affublé d’un dossier consternant sur les droits de la personne et mu par une idéologie, dans la forme où elle s’exprime à l’intérieur de ses frontières, qui s’oppose tout à fait aux valeurs canadiennes. Cependant, c’est aussi un pays qui adopte depuis toujours des politiques internationales plutôt pro-occidentales, un pays avec lequel le Canada parvient à collaborer sur certains volets importants pour la protection de ses intérêts, dans le respect de ses valeurs.
Mon collègue s’est montré fort éloquent, par exemple, sur la nécessité de réfréner les ardeurs l’Iran et sur le fait que si, encore une fois, on ne peut absolument pas qualifier l’approche de l’Arabie saoudite face à Israël de pro-israélienne, le problème que l’Iran représente pour la stabilité de la région fait consensus. L’entente avec l’Iran sur l’énergie nucléaire suscite d'ailleurs des craintes généralisées.
Il faut tenir compte de tout cela dans les relations avec les Saoudiens, mais, surtout, il faut assurer la survie de l’État saoudien parce que, dans les circonstances actuelles, si une révolution semblable à celle que connaît la Syrie se produisait en Iran, les conséquences sur les droits de la personne ainsi que sur la paix et la sécurité dans le monde seraient tout à fait catastrophiques.
Je vais exposer brièvement mon cinquième point. Concernant l’équilibre stratégique des puissances du Moyen-Orient, il faut pouvoir contrer efficacement l’influence iranienne. Nous connaissons les graves problèmes que suscite l’influence croissante de l’Iran. Dans la mesure où il permet de contrer cette influence, le partenariat avec l’Arabie saoudite important tant pour les droits de la personne que pour la paix et la sécurité dans le monde.
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Monsieur le Président, d'entrée de jeu, j'aimerais dire que je partagerai mon temps de parole avec mon collègue de .
Je suis heureux d'avoir l'occasion de parler en faveur de la motion présentée aujourd'hui par ma collègue de . De toute évidence, il s'agit d'un enjeu très important.
J'aimerais tout d'abord exprimer la déception que j'ai ressentie ce matin lorsque j'ai appris au cours du débat que le gouvernement libéral, malgré ses belles paroles sur l'ouverture et la transparence, s'opposera à la création d'un comité dont le but serait de faire l'examen des exportations d'armes.
Tout en reconnaissant le discours sur les droits de la personne, que l'on peut en partie apprécier, et l'appui offert par le Parti conservateur à ma collègue de au sujet de sa proposition au Comité permanent des affaires étrangères et du développement international sur la création d'un sous-comité sur la question, je suis néanmoins déçu de savoir qu'ils n'appuieront pas la proposition.
D'ailleurs, quand j'ai entendu le discours de l'honorable secrétaire parlementaire, j'ai eu une sensation de déjà-vu. C'est exactement le genre de discours que j'ai entendus lors du dernier Parlement. On nous a dit que la création d'un tel comité n'était pas nécessaire, car les outils existaient déjà et qu'il fallait penser à l'économie, entre autres. Cela me déçoit énormément.
En ce qui concerne les questions liées à l'économie, je dois dire que la beauté de la création de ce comité, c'est qu'il nous permettrait d'étudier tous les aspects de la question. Actuellement, le mandat du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international est trop restreint. En outre, la beauté de la création d'un tel comité, c'est qu'il permettrait d'étudier la question du commerce international, de discuter des politiques canadiennes en matière de défense et de celles de l'industrie, en plus d'examiner les questions liées aux affaires étrangères et à la protection des droits de la personne. Tous ces aspects méritent une considération robuste.
L'argument présenté par le gouvernement soutient que la création d'un tel comité n'est pas nécessaire, car le Comité permanent des affaires étrangères et du développement international entame actuellement une étude. Cela induit la Chambre et les Canadiens en erreur. Pourquoi? Tout d'abord, parce que notre adhérence au Traité sur le commerce des armes fait en sorte que l'on étudie l'implantation et les modifications à la loi. C'est seulement un aspect précis.
De plus, il faut savoir qu'un comité fait des études et entend des témoins. Toutefois, le temps est très limité, soyons honnêtes. Parfois, nous aimerions creuser le sujet davantage, mais il arrive qu'un projet de loi nécessite un changement au calendrier et, par ricochet, aux travaux du comité.
À cause de toutes ces limitations, nous croyons fermement, compte tenu de la violation des droits de la personne dans les différents pays où le Canada exporte des armes, ainsi que de la préoccupation légitime des Canadiens, que la question mérite une étude plus approfondie et permanente.
Il y a eu un précédent. En effet, en 1999, le Royaume-Uni a créé un comité semblable. Il était chargé d'effectuer le même genre d'études, par exemple sur le rapport annuel fourni par le gouvernement. Le comité du Royaume-Uni fait aussi un rapport annuel sur la question des exportations d'armes et il entend plusieurs témoins, en plus d'étudier ces questions de façon plus approfondie.
J'ai entendu des députés conservateurs demander où on s'arrêterait par rapport à la création de comités permanents. Ils se demandaient si on allait créer un comité pour chaque question. À mon avis, la question devant nous aujourd'hui mérite la création d'un comité permanent. Pourquoi? Parce que nous constatons une augmentation des exportations d'armes par le Canada. En effet, le Canada occupe la deuxième place, après les États-Unis, en ce qui a trait aux exportations d'armes au Moyen-Orient, et cela soulève bien des préoccupations. Bien entendu, c'est aussi pour les mêmes raisons que celles évoquées par la secrétaire parlementaire dans son discours. Dans son allocution, elle a plusieurs fois parlé de l'importance de cette industrie au Canada.
Selon moi, c'est une raison de plus en faveur de la création d'un tel comité. Cela nous permettrait de faire une révision parlementaire et de mener une étude parlementaire constante au sujet d'une industrie si importante.
Le plus important selon les néo-démocrates, dont moi-même, c'est la question liée aux droits de la personne. Ce qu'il y a d'intéressant, c'est que je sais qu'on va nous ressortir les citations faites lors de la campagne électorale. Il n'y a pas de contradiction. Ce que l'on demande au gouvernement, c'est de respecter ses engagements d'ouverture et de transparence et de respecter son engagement de donner plus de pouvoir aux parlementaires, en dehors du Conseil des ministres. Un comité comme celui-là nous permettrait d'atteindre les objectifs. C'est décevant de voir que l'on écarte cette solution, surtout après avoir entendu toutes ces belles paroles au sujet de l'ouverture de la transparence.
Toutefois, revenons aux critiques qui pourraient être soulevées. Je prends en note toutes les informations qui ont vu le jour depuis la campagne électorale. On a même vu des vidéos publiées par le Globe and Mail qui démontrent l'utilisation que l'Arabie saoudite fait de ces armes ou de ces jeeps, comme le aime bien les appeler. Soyons honnêtes, ces problèmes sont très graves et ces nouvelles informations sont matière à réflexion. Ce n'est pas une question de contrat, mais plutôt une question d'approbation des permis d'exportation. C'est une nuance très importante que le gouvernement et le ministre ne semblent pas avoir saisie.
D'ailleurs, le ministre a dit à la Chambre qu'il serait prêt à reconsidérer la chose s'il y avait de nouvelles informations. Or il ne l'a pas fait. Voilà une raison de plus pour créer un comité qui se penchera sur cette question, afin que les parlementaires ne soient pas entravés par le pouvoir discrétionnaire du ministre. Il faut que nous puissions mener cette étude nous-mêmes sans être coincés par le comité existant. Devant le refus des députés libéraux de créer un sous-comité sur l'exportation des armes, nous constatons que nous ne pouvons pas nous fier à la bonne foi d'un comité existant. On doit mettre sur pied un comité spécifique afin d'étudier cette question en profondeur.
Je me demande pourquoi les libéraux ont peur de la création de ce comité. Je n'ai entendu aucun argument percutant, voire pertinent de la part d'un député libéral qui justifie leur refus de créer ce comité. Tous les partis ont de belles paroles au sujet du respect des droits de la personne à l'étranger. Alors, pourquoi ne pas assurer un suivi et permettre aux parlementaires de fournir des rapports à la Chambre, afin de respecter nos engagements internationaux et nos valeurs en matière de respect des droits de la personne?
Cela m'inquiète énormément qu'on nous dise, de façon assez intransigeante, que cela n'est pas nécessaire et qu'on n'a pas assez de ressources, et qu'on nous donne des citations de la campagne sans importance. Nous voulons entendre un vrai argument contre la création d'un comité.
Après tout, c'est un comité où les libéraux seraient majoritaires. Ils n'ont même pas besoin d'avoir peur d'être piégés, que nous les mettions mal à l'aise ou que nous les poussions à agir contre la volonté de leur gouvernement. Nous voulons seulement assurer la transparence du processus afin que les Canadiens aient à nouveau confiance dans le système.
Nous soulevons le même argument que celui d'hier, lors du débat sur la création d'un comité sur la surveillance des agences de sécurité nationale. Il ne s'agit pas seulement de la révision des faits et de l'implication des parlementaires, il s'agit aussi de notre relation avec les Canadiens. Les sondages et nos conversations avec nos concitoyens démontrent qu'ils ont perdu leur confiance à l'égard de ce processus, d'autant plus que le Canada ne fait aucun suivi de ses exportations d'armes.
Malgré ce que nous dit la secrétaire parlementaire lorsqu'elle parle de l'excellence de notre réglementation et des évaluations que fait le Canada avant d'exporter des armes, le suivi est aussi important, car le monde change rapidement. Comme on l'a dit plusieurs fois ce matin, il y a des situations diplomatiques très complexes qui existent partout dans le monde. J'ose croire que le gouvernement reconnaît l'importance d'en faire le suivi.
En conclusion, nos concitoyens sont de plus en plus des citoyens du monde. Nous savons que les gens ont à coeur la protection des droits de la personne. Au Canada, nous avons des valeurs et des engagements internationaux.
On nous répète sans cesse la fameuse phrase creuse « Canada is back », mais nous ne voulons pas seulement l'entendre; nous voulons qu'elle se concrétise. Nous voulons une véritable transparence, ainsi que la création d'un comité qui va se pencher sur cette question et redonner le pouvoir aux parlementaires et, par le fait même, aux Canadiens, afin que ceux-ci regagnent leur confiance à l'égard de leurs institutions et du travail que nous faisons.
Pour protéger les droits de la personne, il faut assurer le suivi de cette situation qui est de plus en plus inquiétante. C'est pourquoi je suis heureux d'appuyer la proposition de ma collègue de . J'espère que, malgré la position du gouvernement, les libéraux verront cela du même oeil.
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Monsieur le Président, j'ai apprécié le débat.
Mes collègues ont très bien souligné les détails de cette motion, les raisons qui font qu'elle est importante et certaines des objections auxquelles il faut prêter attention.
De mon point de vue, je pense que nous nous sommes quelque peu égarés. Je peux peut-être commencer par raconter ce que nous sommes censés faire ici. Quand j'ai été élu, en 2011, une des premières décisions qu'on m'a demandé de prendre a été de soutenir ou non la mission pour l'envoi de chasseurs en Libye. Cette décision a été très difficile, pour les nouveaux députés comme pour toutes les parties concernées. Je crois que la motion faisait allusion à une mission contre Mouammar Kadhafi, qui était un fléau international et un des pires auteurs de violations des droits de la personne que l'histoire ait connus.
Ce qui m'a frappé dans les discussions qui ont alors eu lieu, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de nos murs, c'est qu'il était réellement question de tuer des gens. C'est exactement ce qui arrive quand on envoie des chasseurs en Libye ou des armes en Arabie saoudite. En fin de compte, en tant que parlementaires, nous décidons qui va vivre et qui va mourir, d'une façon ou d'une autre. Voilà ce que nous devrions avoir à l'esprit tout au long des discussions d'aujourd'hui.
C'est pour cette raison que le Parlement et la démocratie sont importants. Dans les dictatures, auxquelles nous nous opposons parce que ce n'est pas ainsi qu'on administre et qu'on gouverne un pays, c'est en général une personne ou un petit groupe qui décide de la vie ou de la mort de leurs concitoyens ou quand intervenir militairement contre d'autres pays.
Cependant, en démocratie, nous sommes censés nous rassembler dans des endroits comme le Parlement et le Sénat pour discuter de manière très ouverte et transparente de ce que nous considérons comme notre place dans le monde et dire si nous devrions ou non procéder à certaines interventions.
Voilà qui résume le débat d'aujourd'hui, selon moi. C'est vraiment la même chose. La question ne porte pas sur une motion directe pour savoir si nous devrions ou non intervenir directement dans un pays, soutenir tel ou tel régime ou nous y opposer; il s'agit davantage d'une vaste discussion sur la place que nous considérons avoir dans le monde, sur les moyens par lesquels nous parvenons à des décisions et, en l'occurrence, sur l'opportunité de vendre des armes à certains pays. Gardons cela à l'esprit.
Nous avons un comité des affaires mondiales qui s’occupe des affaires étrangères. Je crois savoir qu’il a été proposé de former des sous-comités. On propose ici de créer un nouveau comité permanent. Je crois que les Canadiens qui suivent notre débat aimeraient vraiment que nous déterminions comment nous allons nous acquitter de notre devoir de parlementaires pour prendre ces décisions très importantes, qui les préoccupent aussi, parce qu’ils votent pour nous. Les électeurs nous choisissent comme députés des différents partis politiques. Nous venons prendre ici des décisions dont certaines peuvent avoir des conséquences fatales ou coûter des vies dans différents pays.
Les Canadiens seront choqués d’apprendre de notre débat que les exportations d’armes du pays ont doublé au cours de la dernière décennie. Cela pourrait être en fait un de nos vilains petits secrets. Les Canadiens aiment se percevoir d’une certaine façon. Ils aiment croire que nous sillonnons le monde avec des Casques bleus pour maintenir la paix. C’est par ses efforts de maintien de la paix qui lui ont déjà valu un Prix Nobel que le Canada est vraiment apparu sur la scène internationale.
Nous aimons croire que nous apportons de l'aide et contribuons généreusement à réduire la pauvreté dans le monde. Toutefois, le débat révèlera aux Canadiens que nous avons doublé nos exportations d’armes. Nous sommes maintenant le deuxième plus important exportateur d’armes au Moyen-Orient.
Nous voilà donc devant un conflit de valeurs. Les Canadiens qui regardent le débat ou qui s’en informent dans les journaux pourraient croire que les décisions du gouvernement et de ceux qui l’ont précédé ne concordent pas avec l’image qu’ils se font d’eux comme Canadiens.
C’est pourquoi nous sommes ici. Il y a des choix difficiles à faire. C’est ici que nous décidons de vendre ou non des armes à un pays ou à un autre, avec raison. Des décisions ont maintenant déjà été prises, tant par les industries qui produisent ces armes que par les organismes gouvernementaux qui en approuvent la vente et l’exportation à d’autres pays. Je crois que bien des Canadiens diraient que cela ne cadre pas avec ce qu’ils croient que le Canada fait, ce qui est correct.
Je répète que c’est pour cela que nous sommes ici. Nous sommes appelés à discuter des faits qui sous-tendent chacune des décisions que nous devons prendre, pour qu’elles soient les bonnes. Nous débattons en public, à la télévision, nos propos font l'objet d'un compte rendu et nous votons sur les mesures à prendre. Des décisions sont prises, et elles ont des conséquences.
Le résultat de ces décisions est que des gens vont mourir. Nous ne pouvons pas vendre des armes à un pays et croire qu’il ne les utilisera pas, surtout les armes de petit calibre et les véhicules munis d’armes de petit calibre. Il y a donc lieu d’en débattre de manière plus approfondie pour nous assurer de connaître les faits. Je crois que la plupart de mes collègues à la Chambre conviendront que ces questions sont probablement les plus importantes dont nous parlons dans cette enceinte.
La population ne se préoccupe pas du mécanisme. Qu'il s'agisse d'un comité permanent, d'un sous-comité ou d'un comité spécial, je ne crois pas que cela fasse une grande différence. Mais quand nous prenons des décisions aussi graves que celles qui nous occupent et que nous évaluons si nous sommes disposés à ce que quelqu’un meurt, les Canadiens s’attendent à ce que nous en débattions sérieusement.
Par conséquent, à la lumière de nouveaux faits révélés sur ces ventes, parce que la manière dont elles ont été conclues demeure nébuleuse, qu’on ne sait trop qui elles avantagent ou pas à court terme, ni quels sont les impacts à long terme de ces ententes, nous proposons de créer un comité permanent.
Évidemment, sur le plan de procédure, il s'agit d'une décision passablement importante. La mise sur pied d'un nouveau comité permanent constitue un engagement substantiel. Cependant, le comité envisagé étudierait une question extrêmement importante, voire des plus importantes qu'il nous soit donné d'examiner. Le comité serait en fait chargé d'établir dans quelle mesure le Canada joue un rôle dans la mort de personnes partout dans le monde.
Les interventions militaires sont parfois nécessaires. Comme je l'ai dit, après avoir mûrement réfléchi, j'ai voté pour la mission en Libye. D'ailleurs, cette mission a été approuvée à l'unanimité en 2011.
Cependant, le comité permanent envisagé nous donnerait la possibilité de nous pencher sur certaines décisions relatives aux exportations d'armes et d'en examiner les répercussions. Nous pourrions recevoir des rapports réguliers d'experts du domaine, avoir une meilleure compréhension de l'industrie canadienne de l'armement et assister à des séances d'information, parce que le monde évolue. À certains endroits où la guerre fait actuellement rage, il y aura bientôt la paix et, ailleurs, où règne actuellement le calme, la guerre surviendra malheureusement à un moment ou un autre. Par conséquent, les membres d'un tel comité pourraient assister à des séances d'information sur divers enjeux et tenir des discussions approfondies.
Il faut s'arrêter quelques instants sur certaines questions qui méritent d'être examinées. Je sais que les partis ont déjà décidé dans quel sens ils voteront. Cependant, je demande aux députés de réfléchir à la gravité de la question dont nous sommes saisis. Il s'agit en fait de l'un des enjeux les plus importants sur lesquels nous nous prononcerons en tant que parlementaires. Les députés devraient se demander si de telles décisions méritent bel et bien d'être examinées individuellement.
Je siège à titre de parlementaire depuis plus de cinq ans et j'aurais certainement accueilli cette idée favorablement plus tôt. Un comité chargé de l'examen des exportations d'armes aurait énormément de pain sur la planche et un sous-comité ne suffirait pas. Toutefois, un tel comité aurait besoin d'une indépendance substantielle pour faire un examen approfondi des enjeux. Par conséquent, j'exhorte le gouvernement à revoir sa position et à ne pas écarter cette proposition du revers de la main.
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Monsieur le Président, je partagerai le temps qui m’est alloué avec mon collègue de .
Je prends la parole aujourd’hui au sujet de l’engagement du gouvernement vis-à-vis des droits de la personne. Je le fais comme parlementaire, comme député représentant une ville dont la prospérité dépend en partie du secteur de la défense, et comme enseignant de la politique en matière de droits de la personne pendant un certain nombre d’années à l’Université Western. C’est une question qui me tient extrêmement à coeur.
La promotion et la protection des droits de la personne font partie intégrante de l’engagement constructif du Canada dans le monde. Nous voyons les droits de la personne comme étant universels, indivisibles, interdépendants et interreliés.
Nous avons tous constaté comment la haine et la xénophobie ont pris racine. Un nombre record de réfugiés sont maintenant déplacés. Il faut que chacun fasse davantage pour protéger les personnes les plus vulnérables et les plus marginalisées dans le monde aujourd’hui. C’est en encourageant la diversité que nous pouvons y arriver.
La semaine dernière, le s’est adressé à l’Assemblée générale des Nations unies et a déclaré au monde que le Canada était plus fort et non plus faible du fait de nos différences. Il a dit qu’il fallait encourager la diversité. En sa qualité de société multiculturelle, multiconfessionnelle et inclusive, le Canada est bien placé pour se faire le champion du pluralisme pacifique, du respect de la diversité et des droits de la personne sur la scène internationale.
Comment y parvenir? Le Canada multiplie ses efforts par le truchement d’organisations multilatérales et d'engagements bilatéraux et au moyen de l’aide au développement et de services liés au commerce et aux politiques. Les Nations unies constituent la principale tribune ou nous présentons nos objectifs internationaux en matière de droits de la personne.
Le Canada participe activement comme observateur au Conseil des droits de l’homme des Nations unies et est pleinement engagé dans la Troisième Commission de l’Assemblée générale des Nations unies. Le Canada est également signataire de sept traités sur les droits de l’homme des Nations unies, qui permettent de surveiller régulièrement si les États qui y adhèrent en observent les dispositions. Le Canada participe activement au processus d’examen périodique universel, qui permet d’évaluer à intervalles réguliers le rendement en matière de droits de la personne des 193 États membres des Nations unies. Le Canada a été soumis à cet examen en 2013 et le sera de nouveau en 2018.
La promotion et la protection des droits de la personne font partie intégrante du programme de développement et de l’aide humanitaire du Canada. Notre programme de développement intègre les principes d’inclusion, de participation, d’égalité et de non-discrimination. Notre aide humanitaire se fait sous le signe du respect des droits de la personne conformément au droit international.
Pour ce qui est du commerce, le Canada s’attend à ce que les entreprises canadiennes présentes à l’étranger respectent les droits de la personne et favorisent un meilleur rendement en appliquant les principes directeurs des Nations unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme, les directives de l’OCDE pour les entreprises multinationales, et les principes volontaires sur la sécurité et les droits de l’homme, en présentant également la stratégie renouvelée du Canada en matière de responsabilité sociale des entreprises.
Les missions du Canada à l'étranger favorisent les partenariats entre les entreprises, les gouvernements et la société civile axés sur le respect des droits de la personne. Le Canada consulte régulièrement des organismes de la société civile, ici et à l'étranger, par l'intermédiaire d'un réseau de missions, dont notre mission permanente à l'ONU, à Genève et à New York. Le Canada défend avec vigueur à l'ONU la participation entière de la société civile. Cela devient de plus en plus important compte tenu des efforts de certains pays pour limiter tout débat public tant à l'ONU qu'en général.
Le Canada reconnaît aussi le rôle de leader important joué par le Haut-Commissariat aux droits de l'homme et y versera directement 50 millions de dollars au cours des trois prochaines années.
Le Canada travaille aussi à rehausser les normes internationales dans des domaines importants et fait la promotion des droits de la personne partout dans le monde sur différentes tribunes multilatérales, allant d'organismes de l'ONU au G7. Par exemple, le Canada fait progresser les droits des femmes dans le cadre de son adhésion à la Commission de la condition de la femme à l'ONU. Les principaux enjeux défendus par le Canada concernant les droits de la femme comprennent la violence envers les femmes, la violence sexuelle ou sexiste, la santé des mères, des nouveau-nés et des enfants de même que les femmes, la paix et la sécurité, l'égalité des sexes et l'autonomisation économique des femmes. Le Canada a été élu pour siéger à la Commission de la condition de la femme en mars 2016. Le Canada soutient aussi la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU sur les femmes, la paix et la sécurité.
Le Canada fait activement la promotion des droits des enfants et a contribué à diriger les efforts internationaux pour mettre fin aux mariages forcés d'enfants. Le Canada a joué un rôle déterminant pour que la question des enfants utilisés dans les conflits armés soit incluse dans les priorités internationales et continue d'appuyer les efforts pour mettre fin aux violations des droits des enfants dans les conflits.
Depuis 13 ans, le Canada, en partenariat avec un groupe solide de pays aux vues similaires, pilote la résolution sur la situation des droits de la personne en Iran à l'Assemblée générale des Nations unies. Cet automne, le Canada pilote cette résolution une fois de plus.
Le Canada s'est joint à un mouvement mondial d'appui aux droits des lesbiennes, des gais, des bisexuels, des transgenres et des personnes intersexuées. Nos ambassades partout dans le monde appuient des organisations LGBTI communautaires qui luttent contre la discrimination, la violence et les lois injustes. En juillet dernier, la a participé à une conférence mondiale sur les droits des LGBTI où, avec des représentants de 29 autres pays, elle a participé à la création d'une coalition sur l'égalité des droits. Le Canada est aussi un pays fondateur de la Freedom Online Coalition, qui cherche à protéger et à promouvoir les droits de la personne en ligne. Nous travaillons également de façon bilatérale et multilatérale à promouvoir la liberté sur Internet, qui demeure un élément important de la démocratie ouverte.
Le soutien que le Canada accorde aux droits de la personne à l'étranger s'étend aussi à d'autres domaines. Le gouvernement du Canada s'oppose à la peine de mort et appuie son abolition partout dans le monde. Le gouvernement lance des appels à la clémence dans tous les cas où des Canadiens risquent la peine de mort à l'étranger.
Le Canada reconnaît le rôle clé que jouent les défenseurs des droits de la personne dans la protection et la promotion des droits de la personne ainsi que le renforcement de la primauté du droit, et nous sommes déterminés à appuyer leurs efforts. Nous sommes préoccupés par le fait que par l'entremise de nouvelles lois et de pratiques de plus en plus sévères, des gouvernements et d'autres acteurs restreignent la société civile, favorisent la discrimination à l'endroit de groupes vulnérables et marginalisés et menacent les défenseurs des droits de la personne et d'autres acteurs de la société civile.
Le Canada croit fermement que la liberté de religion ou de croyance est un droit universel. Le 17 mai 2016, le du Canada a annoncé la création du Bureau des droits de la personne, des libertés et de l'inclusion. Ce nouveau bureau élargit la portée du travail entrepris par l’ancien Bureau de la liberté de religion en regroupant tous les efforts sous une stratégie globale qui tient compte de l’ensemble des droits de la personne et traite d'enjeux portant sur le respect de la diversité et de l'inclusion.
Bien entendu, il reste beaucoup à faire. Nous continuerons de chercher des occasions de renforcer les droits de la personne partout dans le monde. J'ai souligné cet élément parce qu'il est important dans l'ensemble. Mes collègues néo-démocrates parlent eux aussi des droits de la personne, comme ils le devraient. Il s'agit là d'une valeur importante.
Je voudrais aborder le débat actuel sous l'angle économique. L'économie est importante pour tous les députés, mais comme nous discutons de questions ayant une incidence directe sur la ville de London, en Ontario, et comme je suis le député de London-Centre-Nord, je ferais preuve de négligence si j'omettais de parler de l'importance de General Dynamics Land Systems dans l'économie de London. Cette société emploie plus de 2 000 personnes et injecte 230 millions de dollars chaque année dans l'économie de London, une ville qui a été durement frappée par les pertes d'emplois dans le secteur secondaire. Les produits de pointe de GDLS ont une très grande importance. De plus, ils engendrent la création de 10 000 emplois indirects dans la région de London. Ce sont des emplois bien rémunérés qui permettent aux parents de la classe moyenne de mettre du pain sur la table, d'envoyer leurs enfants à l'école, de les élever et d'assurer la prospérité de leur famille.
GDLS a en outre un réseau de 500 fournisseurs qui font de bonnes affaires grâce à elle dans toutes les régions du Canada. Il est extrêmement important que la Chambre le comprenne. Grâce à GDLS, ses fournisseurs créent des emplois un peu partout au pays, dans des circonscriptions représentées par les députés. Par ailleurs, 650 ingénieurs travaillent pour GDLS, et des dizaines de millions de dollars ont été investis dans la recherche et le développement. À l'heure où le gouvernement et le pays axent leurs efforts sur l'innovation, comme il est opportun de le faire, voilà un exemple qui met bien en évidence l'importance d'une société comme GDLS.
Les députés d'en face ont changé de position. Ils appuyaient le travail de GDLS par le passé, mais plus maintenant. J'invite tous les députés du NPD à aller s'adresser aux travailleurs de GDLS à London pour justifier clairement leur volte-face. Pourquoi appuyaient-ils le travail de GDLS auparavant? Il s'agit de travailleurs représentés par Unifor. Pourquoi les néo-démocrates ont-ils changé d'idée? Je les prie de nous répondre.
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Monsieur le Président, je vous remercie de me donner l'occasion de prendre la parole sur ce dossier important. C'est encourageant de constater que les députés partagent l'intérêt du gouvernement et de l'ensemble des Canadiens pour ce qui est de maintenir des normes élevées en matière de paix, de sécurité et de droits de la personne.
Une priorité clé de la politique étrangère du Canada est le maintien de la paix et de la sécurité. Il importe de noter que les contrôles à l'exportation appliqués par le Canada se classent parmi les plus solides au monde et qu'ils s'alignent sur ceux de nos alliés et de nos partenaires en matière de sécurité. Toutes les exportations de marchandises et technologies contrôlées, y compris le matériel militaire, font l'objet d'un examen attentif, pour veiller à ce qu'elles soient conformes aux objectifs mentionnés, ainsi qu'à d'autres objectifs clés en matière de politique étrangère, comme la protection des droits de la personne.
En outre, le gouvernement s'emploie actuellement à renforcer la rigueur et la transparence des mesures canadiennes de contrôle des exportations en ce qui concerne le matériel militaire, ainsi que les marchandises et les technologies stratégiques. Comme l'a indiqué le plus tôt cette année, le gouvernement prend actuellement des mesures dans de nombreux domaines.
Nous allons adhérer au Traité sur le commerce des armes de l'Organisation des Nations unies. Ce traité vise à mettre un terme aux transferts d'armes non réglementés, qui accentuent et prolongent les conflits, et à établir des normes internationales communes pour l'exportation d'armes. Pour ce faire, nous apporterons toutes les modifications qui s'imposent aux mesures législatives et réglementaires, de sorte que nous puissions remplir toutes les obligations prévues dans le traité.
Il faut souligner que le Canada respecte déjà presque toutes ces obligations. Il reste toutefois du travail à faire. Cela dit, je tiens à préciser que le traité visait à doter les autres pays de mécanismes de contrôle des exportations aussi rigoureux que les nôtres.
Les critères que nous utilisons actuellement pour évaluer les demandes de permis d'exportation, qui sont mis en oeuvre au moyen d'une politique depuis de nombreuses années, devront maintenant être obligatoirement pris en considération.
Le Canada réglementera aussi les activités de courtage des Canadiens qui facilitent le transfert d'armes entre pays tiers. Il s'agit d'une nouvelle zone de réglementation pour le Canada, et nous consultons les représentants de l'industrie et des organisations non gouvernementales sur la meilleure façon de nous acquitter de cette obligation. Nous présenterons une mesure législative dans le but d'apporter les changements qui s'imposent afin que le Canada dispose des lois et des règlements nécessaires pour adhérer au Traité sur le commerce des armes en 2017.
Nous apportons aussi des modifications afin d'accroître la transparence, notamment en mettant à la disposition des Canadiens plus de renseignements sur les exportations de matériel militaire et stratégique. Les rapports annuels sur l’administration de la Loi sur les licences d’exportation et d’importation, et les rapports sur les exportations militaires du Canada seront plus transparents, plus conviviaux, plus documentés, et ils devront être déposés au Parlement, à la date prévue, à compter de l'année prochaine.
Je souligne que le 17 juin de cette année, date à laquelle le Traité sur le commerce des armes était présenté à la Chambre des communes, le gouvernement a également clarifié la situation par rapport au précédent gouvernement et publié les rapports de 2014 et 2015 sur les exportations canadiennes de biens et de technologies militaires. Comme le l’a confirmé, ces rapports auront désormais une date de publication fixe, soit le 31 mai de chaque année, disposition qui sera inscrite dans la loi.
Les nouveaux rapports ont été beaucoup améliorés comparativement aux anciens. Toutefois, nous comptons aller plus loin encore. Nous consultons actuellement les intervenants concernés, notamment les ONG et l’industrie, sur la manière dont nous pouvons rendre ces rapports plus informatifs, plus transparents et plus faciles à comprendre encore par le public canadien. Notre objectif est de fournir d’autres données factuelles et d’autres explications et de mieux décrire le contenu et le contexte afin que les rapports soient clairs et plus utiles pour l’ensemble des lecteurs.
Nous nous efforçons de fournir le plus d’informations possible pour améliorer la transparence, mais nous devons le faire de façon à ne pas nuire aux intérêts commerciaux du Canada, à la concurrence ou au gagne-pain des citoyens canadiens ordinaires qui sont employés dans cet important secteur industriel.
C’est une question primordiale pour moi en tant que députée de London-Ouest. Beaucoup de mes électeurs travaillent à General Dynamics Land Systems, entreprise établie dans la circonscription de London—Fanshawe. Ces Canadiens qui travaillent dur et leur famille dépendent des emplois que crée cet employeur régional. L’effectif de GDLS, huitième employeur régional, est de plus de 2 400 personnes, dont 2 100 travaillent dans les installations de London et d’Edmonton. GDLS est notre chef de file local et international dans le domaine des plateformes de véhicules blindés légers et de l’intégration de sous-systèmes. Cette entreprise compte plus de 35 années d’expérience en matière de dispositifs de soutien et de protection de nos soldats.
Pendant la campagne électorale, un certain nombre d’électeurs m’ont demandé si le gouvernement libéral sacrifierait les emplois de GDLS à cause des préoccupations liées au contrat avec l’Arabie saoudite. Pendant la campagne, j’ai déclaré que je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour continuer à défendre les emplois de GDLS, et je reste absolument ferme sur cette position.
Depuis longtemps, le Canada a de solides relations de collaboration avec l’industrie de la défense. Dans les années 1950, mon père a travaillé au projet de l’Avro Arrow, comme dessinateur du moteur de ce remarquable avion. Il a été l’un des 5 000 employés qui ont perdu leur emploi ce jour sinistre où le gouvernement conservateur a décidé d’annuler le projet de l’Avro Arrow. Je ne laisserai pas une telle chose se produire une autre fois.
GDLS Canada attend du gouvernement du Canada qu’il définisse les politiques relatives au commerce et à l’exportation en vertu desquelles l’entreprise mène ses opérations commerciales. Les biens de la défense font partie des produits d’exportation les plus réglementés au Canada. GDLS Canada exporte en se conformant intégralement aux lois et aux règlements établis par le gouvernement du Canada. Les Canadiens comptent sur un système de contrôle des exportations rigoureux, transparent et prévisible, et c’est précisément ce que nous leur offrons.
Nous honorons notre engagement de campagne électorale en adhérant au Traité sur le commerce des armes, ce qui est un gage en faveur de la responsabilité, de la transparence et de la reddition de comptes dans la réglementation du commerce mondial des armes conventionnelles. C’est ce qu’il convient de faire. Nous avons à cœur de préserver les emplois à General Dynamics Land Systems, contrairement aux députés du troisième parti, qui tournent maintenant le dos aux milliers de travailleurs de la région de London qui comptent sur ces emplois.
Nous sommes convaincus de pouvoir trouver le juste équilibre entre la préservation des intérêts commerciaux des entreprises canadiennes et notre engagement à rehausser la rigueur et la transparence du processus de contrôle des exportations tout en adhérant au Traité sur le commerce des armes. Ce traité fait suite aux préoccupations internationales croissantes que suscitent les répercussions directes et indirectes du commerce mondial des armes sur les conflits, les droits de la personne et le développement.
Le Traité sur le commerce des armes ne limite pas le type et la quantité d’armes qu’un pays peut exporter, mais il exige que ces armes soient exportées de manière responsable. Il vise à s’assurer que chaque État a un système efficace de contrôle des exportations en place pour réglementer le commerce légitime des armes, tout en ayant recours à des mesures de transparence pour lutter contre le commerce illicite.
Le Traité sur le commerce des armes établit des règles mondiales robustes pour freiner la circulation d’armes, de munitions et d’articles connexes vers des pays où ces produits seraient certainement utilisés à des fins monstrueuses, dont le génocide, les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre. Il exige que tous les États signataires assujettissent l’exportation des armes conventionnelles à des normes élevées afin qu’elles ne servent pas à bafouer les droits de la personne et le droit humanitaire international ou à alimenter le terrorisme international ou le crime organisé.
Pour la première fois, il exige expressément que les États évaluent également leurs exportations à la lumière du risque qu’elles poseraient si elles étaient utilisées pour perpétrer de graves actes de violence fondés sur le sexe ou contre les femmes et les enfants, cherchant ainsi à protéger ceux qui sont si souvent victimes de l’utilisation des armes conventionnelles.
Il est important de souligner que le Traité sur le commerce des armes n’exige pas que les États signataires mettent automatiquement fin à toutes les exportations d’armes vers les pays qui ont une feuille de route discutable en matière de droits de la personne ou autres. Les États doivent plutôt évaluer le risque qu’une exportation donnée soit utilisée à des fins répréhensibles et envisager des mesures aptes à réduire ce risque. En d’autres mots, les États doivent faire preuve de diligence raisonnable dans l’examen de leurs exportations et soupeser à la fois les risques et les avantages de l’exportation des armes conventionnelles.
Le Traité sur le commerce des armes exige aussi une transparence et des efforts visant à prévenir le détournement d’armes, un facteur critique dans la lutte contre le transfert illicite d'armes conventionnelles. Lorsqu’elles font l’objet d’un commerce illicite, ces armes tendent trop souvent à tomber entre les mains de gens qui ne respectent pas les droits de la personne ou qui commettent des actes de terrorisme.
Il est maintenant essentiel que nous soutenions nos partenaires et alliés internationaux dans les efforts qu’ils déploient collectivement par l’intermédiaire du Traité sur le commerce d’armes. Le Canada est en effet le seul allié de l’OTAN et le seul pays membre du G7 à ne pas avoir signé ou ratifié le Traité. Cela ne correspond ni aux valeurs canadiennes ni à nos objectifs stratégiques plus vastes, à savoir réduire les conflits et l’instabilité, promouvoir les droits humains et lutter contre le terrorisme.
Le fait d’adhérer au Traité sur le commerce des armes viendrait compléter l’actuel engagement du Canada en ce qui touche le commerce responsable des armes conventionnelles. Cela permettrait au Canada d’être plus efficace et de travailler de façon multilatérale dans sa quête d’un commerce des armes plus transparent et plus responsable non seulement ici au Canada, mais partout dans le monde.
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Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec ma collègue, la députée de .
Monsieur le Président, je prends la parole pour appuyer la motion à l'étude. Pour commencer, je vais répéter ce que mes collègues disent depuis ce matin à la Chambre: depuis trop longtemps, les Canadiens ne sont pas suffisamment informés au sujet des exportations d'armes du Canada vers des pays au bilan douteux en matière de droits de la personne. Cela doit changer.
Les libéraux ne sont pas entièrement transparents envers les Canadiens au sujet des exportations d'armes. Nous avons le droit de savoir avec qui le Canada fait des affaires et selon quelles conditions.
Il y a de plus en plus d'allégations voulant que des armes canadiennes soient utilisées pour commettre des violations des droits de la personne dans des pays comme l'Arabie saoudite, le Yémen et le Soudan.
Il est clair que la politique d'exportation d'armes du Canada ne fonctionne pas. Il est grand temps de tenir un dialogue national sur les exportations d'armes par l'entremise d'un comité multipartite de la Chambre des communes où tous les députés collaboreraient.
Les droits de la personne ne sont pas facultatifs. Si le gouvernement veut montrer au Canada qu'il donne l'exemple en matière de droits de la personne, alors il doit veiller à joindre le geste à la parole.
J’ai été très émue lors de la cérémonie qui a eu lieu dans ma collectivité, à Nanaimo, directement face à l’océan, le 6 août, date anniversaire du bombardement d’Hiroshima. Les membres de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté, une organisation militante de longue date dans notre collectivité, discutaient du prochain vote aux Nations unies sur le désarmement nucléaire. Ces femmes partageaient mon optimisme — fondé sur des engagements électoraux portant sur la paix, la sécurité et le rétablissement de la réputation internationale du Canada — quant au fait que notre allait diriger le vote du Canada vers des négociations en vue de mettre fin au commerce des armes nucléaires.
Cependant, le mois dernier, le Canada a tristement voté contre des négociations pour un traité mondial bannissant les armes nucléaires. C’était honteux. Ce fut un choc pour tout le monde. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, avait demandé que ces négociations nucléaires aient lieu, et 68 pays ont voté en faveur de cette motion, de sorte que le Canada s’est retrouvé exclu de ce consensus international. Ce vote a pourtant été qualifié de « contribution la plus significative pour le désarmement nucléaire en deux décennies » par l’un des pays membres des Nations unies.
Le vote du gouvernement libéral le mois dernier constituait également un pied de nez à une résolution de 2010 adoptée par la Chambre, qui encourageait le gouvernement canadien à se joindre aux négociations en vue de parvenir à une convention sur les armes nucléaires. La motion avait été adoptée à l’unanimité à la Chambre et au Sénat, avec l’appui de tous les partis, incluant les libéraux. Il est vraiment dommage qu’ils n’aient pas conservé la même ligne et reporté cet engagement, qui aurait fait notre fierté sur la scène internationale. Nous voulons aller de l’avant de façon plus positive. Notre pays pourrait se joindre à d’autres consensus des Nations unies.
Une résolution de 2009 du Conseil de sécurité soulignait l’impact particulier que les conflits armés ont sur les femmes, les enfants, les réfugiés et les personnes déplacées à l’intérieur de leurs frontières, de même que sur d’autres civils ayant des vulnérabilités spécifiques et les personnes âgées, et elle mettait en évidence le besoin de protection et d’assistance de toutes les populations civiles affectées.
En qualité de porte-parole néo-démocrate en matière de condition féminine, je voudrais que l’on observe ce débat du point de vue d’un genre en particulier.
Les Nations unies et les organismes d’aide internationale disent que les femmes sont parmi les victimes les plus lourdement affectées par la guerre. Des dizaines de milliers d’entre elles sont victimes de violence sexuelle ou de viol, ou encore souffrent du manque d’accès à des soins de santé vitaux.
Amnistie internationale affirme que les femmes et les filles sont particulièrement et disproportionnellement affectées par les conflits armés. Ce sont les femmes qui portent le poids de la guerre et elles en constituent la grande majorité des victimes. Les viols et la violence sexuelle sont le lot des femmes et des filles et ils sont couramment utilisés non seulement pour terroriser les femmes, mais aussi comme armes stratégiques de guerre et comme instruments de génocide. En effet, le viol systématique est souvent utilisé comme arme de guerre dans les cas de nettoyage ethnique. En plus du viol, les femmes et les filles sont souvent forcées de se prostituer ou font l’objet de traite des personnes en temps de guerre, parfois avec la complicité des gouvernements et des autorités militaires.
Dans tous les pays du monde, les violences sexuelles contre les femmes érodent le tissu social comme peu d'armes pourraient le faire. Cette triste réalité constitue un défi moral pour le Canada et pour le gouvernement. On estime que 603 millions de femmes vivent dans des pays où la violence familiale n'est pas encore considérée comme un crime. Le Canada exporte-t-il des armes dans ces pays?
Sont monnaie courante à bien des endroits, la répression, le fait de taire les abus de même que les mauvais traitements et l'emprisonnement de femmes, de défenseurs des droits de la personne et de militants. Le Canada exporte-t-il des armes dans ces pays?
Dans certains pays, les femmes sont considérées comme des mineures perpétuelles sur le plan juridique et restent en permanence sous la tutelle d'hommes de leur famille. Le Canada exporte-t-il des armes dans ces pays?
Dans d'autres pays encore, il n'est pas contre la loi de violer son épouse. Le Canada exporte-t-il des armes dans ces pays?
On entend sans cesse dire que les Canadiens souhaitent qu'il y ait un examen plus approfondi quant à la destination des armes que vend le Canada. De plus, nos concitoyens veulent avoir l'assurance que le Canada ne contribue pas à l'aggravation des violations des droits de la personne à l'étranger.
À l'occasion du congrès du NPD, en avril, Stephen Lewis a prononcé un discours très percutant. Je le cite:
Le Canada n'est pas censé envoyer des armes dans des pays qui ont un bilan clairement établi de graves violations des droits fondamentaux de leurs citoyens. L'Arabie saoudite constitue un exemple flagrant de violations répétées dans ce domaine. D'ailleurs, le gouvernement du Canada refuse de publier la prétendue évaluation qu'il a faite de la situation des droits de la personne en Arabie saoudite. Voilà qui ébranle sérieusement la nouvelle politique de transparence.
Il a ajouté que c'était merveilleux que le Canada ait à sa tête un premier ministre qui se qualifie sans la moindre gêne de féministe, mais que c'était contradictoire qu'il accepte de vendre des armes à un régime intrinsèquement misogyne.
N'est-il pas temps d'examiner plus attentivement les régimes vers lesquels le Canada exporte des armes? Des sondages révèlent que la plupart des Canadiens s'opposent à la vente d'armes à des pays qui portent atteinte aux droits de la personne. De nombreux Canadiens seraient stupéfaits d'apprendre que les exportations d'armes canadiennes ont presque doublé depuis 10 ans. Autrefois, le Canada avait l'habitude de vendre des armes principalement à des pays membres de l'OTAN. C'est pendant le règne des conservateurs que le Canada s'est mis à exporter des armes vers de nombreux pays ayant un bilan très inquiétant en matière de droits de la personne. Le Canada se situe maintenant au deuxième rang des plus importants vendeurs d'armes au Moyen-Orient, après les États-Unis, tandis que l'Arabie saoudite occupe la deuxième place des principaux pays acheteurs de matériel militaire fabriqué au Canada, après les États-Unis.
Nos règles régissant les exportations d'armes étaient censées interdire la vente de matériel militaire à des pays dont les gouvernements ne cessent d'enfreindre gravement les droits de leurs citoyens. Cependant, il est évident que nos mécanismes de contrôle des exportations d'armes ne fonctionnent pas. À l'instar du gouvernement conservateur précédent, le gouvernement actuel prétend que le Canada dispose d'une réglementation solide concernant les exportations d'armes. Or, depuis quelques mois, les Canadiens s'inquiètent de plus en plus de la possibilité que les armes canadiennes exportées à l'étranger tombent entre de mauvaises mains.
Le Canada ne contrôle ni ne surveille l'utilisation des armes qu'il exporte. Pire encore, on a appris en août que le gouvernement a assoupli sa politique en matière d'exportation d'armes afin de faciliter la vente de matériel militaire à des pays qui ne respectent pas les droits de la personne.
Il y a, malgré tout, quelques bonnes nouvelles. Je suis très heureuse que le gouvernement ait accepté de ratifier le Traité sur le commerce des armes. Nous avons hâte d'en connaître les détails. C'est un pas dans la bonne direction.
Nous nous rappelons l'engagement que le avait pris avant les élections, en affirmant à la presse que le Canada doit cesser de vendre des armes à des régimes comme l'Arabie saoudite, qui bafouent la démocratie. Cette déclaration a été rapportée par la London Free Press le 10 août 2015.
Le gouvernement se dit résolu à assurer aux femmes des droits égaux et à faire preuve de transparence.
J'exhorte le gouvernement à accepter, dans un esprit de collaboration, la constitution d'un comité de la Chambre qui assurerait la surveillance par le Parlement des exportations d'armes. C'est grandement nécessaire. Ainsi, les partis travailleraient de concert pour évaluer les exportations actuelles et futures d'armes. Nous pouvons suivre l'exemple d'autres pays qui ont agi en ce sens.
Allons de l'avant. Faisons ensemble ce qu'il faut. Faisons de nouveau honneur au Canada sur la scène internationale.
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Monsieur le Président, je remercie ma collègue de d'avoir déposé la motion qui demande au Parlement la création d'un comité permanent de la Chambre des communes sur les exportations d'armes, assurant ainsi un contrôle parlementaire vraiment nécessaire au vu des derniers contrats approuvés par les derniers gouvernements successifs conservateur et libéral.
La proposition de ma collègue est vraiment intéressante, car elle permettrait aux députés d'étudier les exportations actuelles et futures, et de donner leur avis à ce sujet. De plus, cela permettrait aux députés de s'exprimer sur les politiques qui encadrent la vente d'armes, dont la Loi sur les licences d'exportation et d'importation. Enfin, les parlementaires publieraient les rapports des études du comité, afin d'informer les Canadiens des divers enjeux reliés aux exportations, dont les enjeux liés aux droits de la personne, plus particulièrement.
Pourquoi est-il important qu'un tel comité soit mis sur pied? Je me pencherai tout d'abord sur le contexte international. Le Moyen-Orient subit présentement plusieurs conflits d'une intensité incroyable, que ce soit en Syrie, en Irak ou au Yémen, avec une intervention de l'Arabie saoudite.
Du côté du continent africain, c'est la région australe du Soudan du Sud, la Libye et le Mali qui sont extrêmement troublés. Le point commun de presque toutes ces régions est l'implication d'entreprises canadiennes qui vendent des armes à des régimes autoritaires, voire dictatoriaux.
Le journaliste Alec Castonguay, dans L'actualité, nous donne cette information:
Lors de ces deux années, le Canada a également:
exporté pour 882 millions de dollars en armements et équipements militaires à des pays où les droits des homosexuels sont inexistants ou très faibles, notamment l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Nigeria [...]
vendu pour environ 860 millions de dollars d’armes et de technologies militaires à des nations où la liberté d’expression et la liberté de presse sont nulles ou faibles: Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Chine, [...] Viêt Nam [...]
exporté pour 863 millions de dollars vers des pays où l’égalité entre les hommes et les femmes [comme ma collègue vient tout juste de le mentionner] est inexistante ou faible: Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Bahreïn [...]
expédié pour 633 millions de dollars vers des nations où les droits en matière de justice criminelle sont bafoués: [...] Turquie, Égypte, Chine [...]
Il s'agit là d'un bilan indéfendable. J'espère que le gouvernement libéral va changer sa politique, et non pas seulement compter sur son slogan d'après-campagne « Le Canada est de retour ».
Les exemples récents de ventes d'armes ne respectent pas du tout les attentes des Canadiennes et des Canadiens en ce qui a trait aux droits de la personne.
Je commencerai par parler du contrat le plus connu, soit celui de la vente d'armes à l'Arabie saoudite. En avril dernier, le a discrètement approuvé, en espérant se sauver de ce contrat, l'octroi de permis d'exportation d'une valeur de 11 milliards de dollars dans le cadre du contrat de véhicules légers blindés conclu avec l'Arabie saoudite. En fait, il s'agit de véhicules pouvant être équipés de mitrailleuses et de canons de différents calibres. Il ne s'agit donc pas de simples Jeep, comme le aime le dire. C'est le devoir du gouvernement de s'assurer que ces véhicules ne seront pas utilisés contre la population civile.
Enfin, entre la campagne électorale et l'approbation par le ministre, la situation sur le terrain a vraiment changé. On est passé à un contexte de guerre où de plus en plus d'allégations et de rapports ont surgi contre l'armée saoudienne, notamment sur l'utilisation de matériel canadien par la garde nationale contre des populations civiles. C'est ce qui nous inquiète particulièrement.
Le a lui-même reconnu que, si de nouvelles violations des droits de la personne étaient révélées, il annulerait les permis d'exportation. Malgré tous les appels répétés de citoyens et d'organisations non gouvernementales au sujet de la situation alarmante en Arabie saoudite et au Yémen, le n'a jamais changé son fusil d'épaule, c'est le cas de le dire, et il maintient l'entièreté du contrat.
C'est d'autant plus frustrant que le seuil d'exclusion pour annuler ou retarder un contrat n'est pas l'existence d'une preuve que les armes canadiennes sont utilisées, mais c'est le simple fait qu'elles pourraient l'être. C'est vraiment grave. En effet, selon plusieurs allégations, les armes canadiennes pourraient être utilisées dans des cas de violation des droits de la personne.
C'est pour cette raison que le NPD demande aux libéraux de suspendre les permis d'exportation qui ont été accordés dans le cadre du contrat de fourniture de véhicules blindés légers conclu avec l'Arabie saoudite en attendant la tenue d'une enquête sur la situation des droits de la personne.
Le contexte international et cette vente extrêmement douteuse à l'Arabie saoudite demandent un contrôle rigoureux des exportations d'armes. C'est aussi une question de politique interne et de transparence des mesures gouvernementales. Il faut que les Canadiens puissent s'informer auprès d'une source fiable, et cette source fiable, ce doit être un comité parlementaire formé pour examiner la question de nos exportations d'armes.
Nous pouvons prendre l'exemple du Royaume-Uni — nous l'avons noté plusieurs fois depuis le début de ce débat —, où le comité de contrôle des exportations d'armes a pour rôle de diffuser l'information auprès des Britanniques. Chaque année depuis 1999, les membres de ce comité publient un rapport analysant la politique d'exportation. Le comité recueille l'information auprès du gouvernement, mais aussi auprès des universitaires, des chefs d'entreprise et des fonctionnaires qui apportent une réelle richesse au débat. Le comité ne se limite pas à un examen factuel des exportations, mais la question de l'éthique est également mise en avant. Dans le dernier témoignage du comité rendu public, une intervenante du comité a d'ailleurs pris position en déclarant que vendre des armes au Yémen était faire le choix de la prospérité du Royaume-Uni au détriment de la vie des Yéménites. L'exportation d'armes ne relève pas d'une simple logique commerciale, elle nécessite donc une réflexion sur le respect des droits de la personne, une valeur très chère aux Canadiens.
La guerre au Yémen et au Soudan du Sud pose de sévères questions à Affaires mondiales Canada, et pas seulement en termes de diplomatie. Je parle ici du groupe STREIT, une compagnie canadienne, qui utilise ses usines aux Émirats arabes unis pour approvisionner ses clients, notamment au Yémen et au Soudan. Cependant, ce groupe a été épinglé par trois groupes d'études distincts de l'ONU qui assure des mécanismes d'application de sanctions. Ils ont critiqué le groupe STREIT pour avoir vendu des centaines de véhicules blindés à des pays ravagés par la guerre. Le Canada a imposé des sanctions contre chacun de ces pays, dont l'interdiction à des citoyens canadiens, résidant au Canada ou à l'étranger, de leur vendre des armes et du matériel militaire.
Les libéraux ont demandé à la GRC de faire enquête sur les allégations selon lesquelles ce groupe violait les sanctions canadiennes, ainsi que les embargos des Nations unies sur les armes. Or sous prétexte du secret commercial, Affaires mondiales Canada ne veut pas divulguer d'informations à ce sujet, notamment à savoir si des délégués commerciaux ont aidé le groupe STREIT.
Les Américains ont donné une amende de plusieurs millions de dollars à cette compagnie pour ne pas avoir respecté ces règles.
Connaissant leurs agissements passés et la controverse actuelle, nous devons obtenir des réponses à plusieurs questions. Par exemple, dans quelle mesure le gouvernement du Canada a-t-il soutenu le groupe STREIT dans ses activités commerciales? Le groupe STREIT a-t-il reçu l'aide de délégués commerciaux du Canada dans les Émirats arabes unis? Comment Affaires mondiales Canada fait-il preuve de diligence raisonnable à l'égard des entreprises dont il décide de faire la promotion? Quelle échappatoire est-il nécessaire de changer afin de s'assurer que les règles d'exportation canadiennes s'appliquent aux exportations qui émanent d'usines situées à la fois ici, au Canada, et ailleurs à l'étranger?
Les néo-démocrates pensent que les citoyens doivent avoir le droit d'être informés, de pouvoir participer au débat, en particulier pour savoir si des compagnies respectent ou non les mesures législatives et les règlements sur l'exportation d'armes. Évidemment, ils doivent savoir si nos propres entreprises respectent nos propres exportations dans les pays que j'ai nommés précédemment, et si elles font affaire avec des pays qui violent les droits humains ailleurs. La création de ce comité est donc un enjeu lié à la transparence. Le gouvernement doit à présent répondre de ses actes devant les Canadiens.
Le NPD demande aux libéraux de cesser leur politique de retour en arrière et d'appliquer tout ce que les conservateurs avaient mis en avant. Dans ce dossier en particulier, les libéraux avaient promis du changement et de faire en sorte que les droits de la personne seraient respectés. Une preuve a été faite de cette politique avec la fin de la consultation obligatoire des intervenants dans le secteur des droits de la personne ou de l'obligation de produire un document sur l'utilisation finale des armes. Cela n'est pas connu de tous, mais la loi concernant la consultation sur les droits de la personne s'est affaiblie. Le commerce est en train de prendre le dessus sur toutes nos préoccupations relatives aux droits de la personne. C'est vraiment inquiétant. Les Canadiens ont le droit d'obtenir des réponses sur ces questions primordiales.
Je suis prête à répondre aux questions.
:
Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec l'honorable député de .
Aujourd'hui, je parlerai beaucoup d'emplois canadiens, des emplois souvent syndiqués, bien rémunérés et hautement qualifiés et que nous avons le devoir de protéger. Mais avant, j'aimerais souligner, comme d'autres de mes collègues l'ont déjà fait, que ce gouvernement travaille d'arrache-pied pour améliorer la rigueur et la transparence de nos contrôles d'exportation, et il cherche à mettre un terme au commerce illicite des armes à l'échelle mondiale.
Nous honorons notre engagement pris lors de la campagne électorale en adhérant au Traité sur le commerce des armes, ce qui est un gage de responsabilité, de transparence et d'imputabilité dans la réglementation du commerce mondial des armes conventionnelles. C'est ce qu'il convient de faire et nous sommes fiers de notre approche.
La promotion et la protection des droits de la personne font partie intégrante de la politique étrangère canadienne. Comme l'honorable le fait remarquer si souvent, c'est une valeur canadienne que nous continuerons de défendre à toutes les occasions possibles.
En plus de ces efforts, les députés de ce côté de la Chambre savent que les emplois manufacturiers hautement qualifiés et bien rémunérés sont essentiels pour la croissance et la prospérité de la classe moyenne.
Nous savons également que plusieurs des entreprises visées par la motion d'aujourd'hui jouent un rôle crucial dans l'économie canadienne. Ce secteur innovant génère des effets de propagation dans le reste de l'économie, intègre les exportateurs canadiens aux chaînes de logistique mondiale et soutient des emplois manufacturiers bien rémunérés partout au pays.
Ce secteur a contribué 6,7 milliards de dollars au produit intérieur brut du Canada en 2014 et a soutenu près de 63 000 emplois partout au pays. Près de 640 entreprises oeuvrent dans le secteur de la défense et de la sécurité. Ce sont majoritairement des petites et moyennes entreprises. Elles jouent un rôle crucial dans d'autres secteurs manufacturiers et de haute technologie, encore une fois, partout au pays.
[Traduction]
Il y a des députés qui ont essayé de donner une image fallacieuse de ce secteur à la Chambre. C’est un secteur vaste et diversifié qui est présent dans beaucoup des collectivités que nous avons l’honneur de représenter.
Par exemple, il y a le secteur dynamique de l’aérospatiale canadienne, qui inclut les structures, les composantes et la fabrication des aéronefs; la maintenance, la réparation et la révision; les radars aériens et autres senseurs; et les systèmes spatiaux et leurs composantes. Il y a le secteur naval canadien, qui inclut les structures, les composantes et la fabrication des navires. Et il y a le secteur canadien des TIC, qui inclut les systèmes de communication et de navigation, les satellites, la cybersécurité, les logiciels, l’électronique et les composantes.
Ces entreprises fournissent des milliers d’emplois de qualité supérieure très spécialisés, dont profitent des familles dans les localités petites et grandes. Dans tout le pays, nous avons des travailleurs hautement qualifiés qui dispensent des services de maintenance, de réparation et de révision pour toute une gamme de véhicules, d’aéronefs et de navires de la Marine canadienne et de la Garde côtière canadienne.
Toutes les régions du Canada ont bénéficié d’investissements considérables et d'une forte spécialisation dans diverses activités de fabrication liées à la défense. Au Québec et dans l’Ouest, par exemple, on trouve des grappes industrielles très dynamiques dans l’aérospatiale. En Ontario, il y a une grappe automobile. Il y a des grappes navales aux deux extrémités du pays, et des grappes informatiques à Montréal et Ottawa. Dans certaines collectivités, ces entreprises sont le moteur économique local. Le meilleur exemple est le Sud-Ouest de l’Ontario, où se concentre l’industrie canadienne de l’automobile. La protection de ces emplois hautement spécialisés et bien rémunérés est essentielle à la santé générale du secteur automobile dans la région.
Je répète qu'il ne s'agit pas d'emplois non spécialisés à temps partiel. Les travailleurs qu'on y trouvent se distinguent justement par leur haut degré de spécialisation. En 2014, plus de 30 % de la main-d'oeuvre de l'industrie de la défense se composait d'ingénieurs, de scientifiques et de chercheurs. Ce sont des professions que le gouvernement est fier d'appuyer dans notre économie du savoir du XXIe siècle.
Comme c'est un secteur très spécialisé et innovateur, les employés y sont bien payés. En 2014, le salaire moyen des emplois directs dans le secteur de la défense étaient près de 60 % supérieurs à la moyenne des salaires dans le secteur manufacturier.
Les entreprises militaires du Canada ont des liens étroits avec d'importantes chaînes de valeur mondiales, qui génèrent des exportations lucratives. En gros, 60 % des ventes de matériel militaire au Canada sont destinées à d'autres pays. C'est presque 20 % de plus que la moyenne pour l'ensemble du secteur manufacturier canadien.
Comme je l'ai mentionné plus tôt, le secteur de la défense et de la sécurité se compose presque entièrement de PME. Bien qu'il s'agisse essentiellement d'un secteur d'exportation, ces PME dépendent beaucoup des débouchés offerts par les chaînes d'approvisionnement plus grandes.
Notre industrie de la défense a besoin d'exportations pour demeurer viable. Bien entendu, la majeure partie de nos exportations sont expédiées vers le Sud, chez nos amis américains. Le Canada est un fier partenaire de la base industrielle de la défense nord-américaine. Nous sommes, et resterons, de bons voisins et de bons partenaires en Amérique du Nord.
Au Canada, les entreprises du secteur de la défense apportent un dynamisme dans le domaine des technologies et contribuent aux innovations dans divers secteurs, dont les secteurs aérospatial, spatial, maritime et des technologies de l'information et des communications, ou TIC. C'est particulièrement vrai des retombées technologiques des activités de R-D dans des domaines comme la propulsion, la détection, la navigation, les communications, les composites et les matériaux.
Bien entendu, il resterait encore beaucoup de choses à dire sur la dimension économique. L'industrie canadienne de la défense et de la sécurité donne aux Forces armées canadiennes les outils dont elles ont besoin pour réussir leurs missions au pays et à l'étranger. Les Forces armées canadiennes ne pourraient pas s'acquitter de leurs responsabilités sans l'aide de l'industrie canadienne, qui leur permet de disposer des compétences, de l'équipement et de la formation dont elles ont besoin dans chacune de leurs missions.
Si l'industrie canadienne de la défense et de la sécurité n'était pas commercialement viable, elle ne pourrait pas aider nos forces armées, et celles-ci ne pourraient pas atteindre leurs objectifs. Par exemple, dans le secteur maritime, la stratégie nationale en matière de construction navale est en train de permettre à une industrie importante de se rétablir et elle stimule l'innovation au Canada, dans le domaine technologique. En outre, cette stratégie et le renouvellement de la flotte de la Garde côtière canadienne jouent un rôle essentiel pour aider le gouvernement du Canada à assurer la sécurité des Canadiens sur les eaux et à favoriser le passage, dans les eaux canadiennes, de navires transportant des milliards de dollars de marchandise chaque année.
[Français]
Notre gouvernement comprend l'importance d'une force armée qui veillera sur nos côtes, qui protégera notre continent, qui contribuera à la paix et à la sécurité internationale et qui répondra aux catastrophes naturelles, mais tout cela est impossible sans le rôle actif que jouent nos entreprises et nos travailleurs.
En résumé, l'industrie de la défense et de la sécurité canadienne contribue de manière importante à notre économie; elle fournit de l'ouvrage bien rémunéré et innovateur à des milliers de Canadiens et de Canadiennes dans les divers secteurs économiques dans tout le pays. Nous devrons être fiers des Canadiens qui travaillent dans ce milieu.
Le NPD ne devrait pas si insensiblement laisser tomber les milliers de travailleurs dont le gagne-pain dépend de la survie de ces entreprises.
:
Monsieur le Président, je suis ravi de prendre la parole à propos de la motion dont nous sommes saisis aujourd'hui. Il y a plusieurs sujets que j'aimerais aborder. Je tiens d'abord à souligner l'importance des droits de la personne.
C'est un sujet plutôt universel. Les Canadiens se soucient vraiment de ce qui se passe partout dans le monde. Je n'en doute pas. Le Parti libéral non plus. Non seulement le premier ministre et le gouvernement du Canada n'en doutent pas, mais ils sont très proactifs dans ce dossier.
Pierre Elliott Trudeau a donné au Canada sa Charte des droits et libertés. Notre parti est celui de la Charte. Même lorsque je songe aux années que j'ai passées à l'Assemblée législative du Manitoba, je ne peux m'empêcher de penser au regretté Izzy Asper, qui a eu l'idée de créer un musée des droits de la personne. Or, le Canada a maintenant son premier musée national des droits de la personne, le Musée canadien pour les droits de la personne, à Winnipeg.
Il n'y a nul doute que des députés de tous les partis ont joué un rôle de premier plan, dans l'exercice de différentes fonctions, quant aux questions liées aux droits de la personne. Cependant, je ne crois pas un seul instant qu'il nous faille renoncer à nos opinions en matière de droits de la personne. Nous pouvons être d'ardents défenseurs des droits de la personne, mais également reconnaître que, dans l'avenir, le Canada peut faire des contributions fort valables dans de nombreux secteurs.
Nous devons tenir compte de l'industrie de la défense du Canada. Elle joue un rôle important non seulement pour les Forces canadiennes et les missions des Nations unies partout dans le monde, mais elle offre également des milliers d'emplois dans toutes les régions de notre pays. La classe moyenne du Canada compte énormément sur ces emplois. À une certaine époque, même les néo-démocrates appréciaient ces emplois.
Le NPD critique aujourd'hui le contrat pluriannuel conclu avec l'Arabie saoudite qui rapporte des milliards de dollars. Ce n'était toutefois pas le cas il y a quelques mois pendant la campagne électorale. En fait, le chef du NPD avait affirmé très clairement aux Canadiens que les néo-démocrates ne reviendraient pas sur les ententes. Un député local du NPD avait assuré que les néo-démocrates respecteraient les contrats conclus avec l'Arabie saoudite. J'ai trouvé très intéressant qu'un député néo-démocrate déclare que certains faits avaient changé. La seule chose qui a changé, c'est que nous ne sommes plus en période électorale. Pendant la campagne électorale, les néo-démocrates semblaient avoir un intérêt plus grand pour les emplois dans l'industrie de la défense. Aujourd'hui, ils semblent avoir balayé de la main cette industrie.
Le Canada est l'un des pays les plus proactifs en matière de droits de la personne et il est très conscient de l'importance de cette question. Nous avons mis en place des mesures pour faire en sorte que notre politique en matière d'exportation soit la plus responsable possible.
Les néo-démocrates proposent la création d'un nouveau comité permanent. Un député a affirmé que le gouvernement de l'époque et le avaient accepté la création d'un comité permanent distinct sur la parité salariale. C'était une motion présentée par les néo-démocrates. Nous avons reconnu que c'était une bonne idée, nous l'avons acceptée et nous l'avons appuyée. Cette motion-ci, toutefois, n'est pas une bonne idée. Elle n'est tout simplement pas nécessaire.
Je m'étonne que les néo-démocrates aient choisi de politiser comme ils l'ont fait un dossier aussi important. Je pourrais moi aussi citer des propos dégoulinant d'hypocrisie. J'aimerais avoir la verve qu'avait le néo-démocrate Pat Martin pour bien faire passer mon message. Les gens comprendraient alors que le débat d'aujourd'hui revêt une importance capitale et qu'ils peuvent faire confiance au gouvernement du Canada pour bien faire son travail.
Nous nous sommes engagés à rendre le mécanisme de contrôle des exportations canadiennes plus rigoureux et plus transparent. Nous prenons d'ailleurs toutes sortes de mesures pour y parvenir, à commencer par faire le nécessaire pour que le Canada devienne partie au Traité sur le commerce des armes des Nations unies.
Ce traité vise à mettre un terme aux transferts d'armes non réglementées, qui intensifient et prolongent les conflits, favorisent l'instabilité régionale, contribuent aux violations du droit humanitaire international et des droits de la personne et entravent le développement social et économique. Il fait également la promotion de la responsabilité, de la transparence et de la reddition de comptes dans le commerce mondial des armes.
Le Canada contrôle déjà rigoureusement les exportations des marchandises et des technologies figurant sur la Liste des marchandises et technologies d'exportation contrôlée, et pas seulement l'équipement militaire, comme l'exige le Traité, mais toutes les marchandises et technologies à double usage. Il peut par exemple s'agir de produits chimiques pouvant être utilisés comme armes chimiques ou d'équipement militaire. Le gouvernement du Canada sait pas mal de choses, et c'est précisément pourquoi le pays s'est doté de telles normes d'exportation.
Le gouvernement entend accroître la transparence afin que le système de contrôle des exportations tienne à la fois compte de la sécurité nationale, des droits de la personne et des emplois des Canadiens. Je rappelle d'ailleurs qu'il n'y a rien de mal à défendre les emplois de nos concitoyens ou les entreprises canadiennes du domaine de la défense qui fournissent nos militaires. C'est la logique même.
Nous avons fait preuve d'un leadership exemplaire dans le dossier du Traité sur le commerce des armes. Le gouvernement a d'ailleurs l'intention de tout faire pour que le Canada y adhère.
Lloyd Axworthy vient de Winnipeg, et il est l'un de ceux qui s'activent le plus pour que les mines terrestres soient interdites. Nous avons défendu toutes sortes de causes humanitaires sur la scène internationale. Nous ne nous contentons pas d'agir dans notre cour, nous nous intéressons aussi à tous les rôles que le Canada peut jouer à l'étranger pour que l'on prenne les meilleures décisions possible et que les droits de la personne soient respectés partout sur la planète.
Le Traité étant entré en vigueur en décembre 2014, le Canada doit y adhérer pour en devenir un État partie. L'adhésion à ce traité est l'une des priorités du et du gouvernement, mais elle prendra du temps parce que des modifications législatives et réglementaires sont attendues et nécessaires avant que le Canada puisse atteindre cet objectif.
J'encourage mes collègues du Nouveau Parti démocratique à se tourner vers nos comités permanents existants. La députée néo-démocrate siégeant au Comité permanent des affaires étrangères sait que le Comité examine actuellement cette question. Au lieu de se livrer à des manoeuvres politiques à la Chambre, j'encourage les députés à examiner le travail fait dans ce dossier par le Comité permanent, qui s'est engagé à mener une étude à ce sujet. C'est ce que je les encourage à faire.
J'ai posé une question plus tôt à une députée néo-démocrate. Je lui ai demandé quelle était la position actuelle de son parti à l'égard de l'accord avec l'Arabie saoudite. Durant la campagne électorale, les députés de ce parti, y compris la députée de London-Fanshawe et le chef du Nouveau Parti démocratique, ont indiqué très clairement qu'ils appuyaient cet accord. Je tiens à demander aux députés actuels qui participent au débat d'aujourd'hui s'ils ont fait volte-face. Si c'est ce le cas, c'est correct. Je respecte cela. Toutefois, ils devraient au moins faire preuve de transparence envers les Canadiens en leur disant ce qu'ils espèrent accomplir et s'ils sont en faveur de l'accord avec l'Arabie saoudite.
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Monsieur le Président, je suis ravi de prendre la parole dans le cadre de cet important débat. Avant de commencer, je devrais indiquer que je vais partager mon temps de parole aujourd'hui avec le député de .
Je crois qu'il est vraiment important de faire d'abord la distinction entre ce qui fait partie de la question à l'étude et ce qui n'en fait pas partie. Il s'agit d'une motion tournée vers l'avenir, conçue pour accroître la transparence et améliorer la surveillance. Elle demande au Parlement de créer, par la modification du Règlement, un comité de surveillance pour la question de la vente d'armes à l'étranger et des questions procédurales connexes.
L'objectif est de déterminer comment nous pouvons faire mieux à l'avenir en nous fondant sur ce que nous avons fait par le passé. La motion à l'étude aujourd'hui propose que nous créions un comité qui étudierait la question, car nos alliés font un bien meilleur travail que nous à cet égard, et nous n'avons pas l'information dont ils disposent pour faire ce travail. Voilà sur quoi j'aimerais concentrer mes observations aujourd'hui.
Ces derniers jours, nous avons étudié une autre initiative importante, le projet de loi , pour lequel le gouvernement du Canada se réfère généreusement à l'expérience du Royaume-Uni relativement à son comité de surveillance du renseignement de sécurité, et propose une reddition de comptes accrue grâce à la création d'un tel comité ainsi qu'un meilleur accès, pour les parlementaires, à l'information concernant les activités liées à la sécurité nationale au pays.
La motion à l'étude vise la même chose dans un contexte différent. Elle propose la surveillance de l'exportation d'armes par le Canada, notamment lorsqu'on soupçonne des violations des droits de la personne dans un pays donné.
Voyons comment on s'y prend chez les Britanniques. Tout comme le gouvernement souhaite s'inspirer de leur expérience en matière de surveillance des activités de sécurité nationale, je propose que la Chambre profite des leçons apprises par le Royaume-Uni dans le domaine de l'exportation d'armes.
Il y a plus de 15 ans, le Royaume-Uni a mis sur pied un comité parlementaire sur le contrôle des exportations d'armes. Ce comité était composé de membres de divers comités parlementaires et étudiait tous les aspects de l'exportation d'armes par le Royaume-Uni, de l'octroi de permis aux enjeux politiques plus généraux, comme les droits de la personne. Le gouvernement du Royaume-Uni publie annuellement un rapport sur l'exportation d'armes. Un récent rapport traite des exportations vers des pays dits préoccupants, dont beaucoup sont les mêmes que ceux mentionnés dans le débat d'aujourd'hui. Par exemple, le gouvernement britannique se penche sur l'incidence des exportations d'armes du Royaume-Uni à l'Arabie saoudite sur la guerre au Yémen, ce qui est, bien entendu, en grande partie à l'origine du débat d'aujourd'hui.
C’est une question de surveillance, mais qu’en est-il du besoin de transparence et de renseignements accrus? Par l’intermédiaire de ce comité, la population britannique peut beaucoup plus facilement savoir ce qui se passe et peut donc demander des comptes à son gouvernement quant aux exportations d’armes vers des pays où la plupart des Britanniques ne voudraient pas qu’elles se retrouvent.
Quelle est la situation au Canada? Nous avons la Loi sur l’accès à l’information, mais ses exceptions engloutissent la règle. Dès que surgit un problème lié aux affaires internationales ou à la politique étrangère, c’est le trou noir. C'est très difficile de savoir réellement ce qui se passe. Ce comité permettrait d’entendre non seulement la population, les ONG et autres instances semblables, mais aussi des représentants de l’industrie — ce qui est tout à fait approprié —, du gouvernement et du grand public afin que nous ayons une conversation nationale plus vaste au sujet de cette question importante.
J’ai eu l’honneur de travailler avec l’ancien député de Mont-Royal, Irwin Cotler, un champion des droits internationaux de la personne, et nous faisons tous les deux partie du Comité Raoul Wallenberg sur les droits de la personne, dont les membres proviennent de tous les partis représentés ici. Nous avons eu l’occasion de rencontrer l’épouse de Raïf Badawi ici à Ottawa; son mari a été arrêté dans son pays pour avoir insulté l’islam et a été condamné à 10 ans d’emprisonnement et à 1 000 coups de fouet. Ce débat international sur les droits de la personne a suscité de vives préoccupations partout au pays.
Depuis quelques années, nous en savons plus que jamais auparavant sur la destination des armes exportées depuis le Canada. Je dois admettre que je n’avais aucune idée à quel point les armes canadiennes étaient devenues une importante composante du commerce international d’armes. Les exportations d’armes depuis le Canada ont presque doublé depuis 10 ans, et je dois avouer que je l’ignorais.
En fait, selon le Jane’s All The World’s Aircraft, la publication de l’industrie de la défense, le Canada arrive au deuxième rang des exportateurs d’armes vers le Moyen-Orient. L’Arabie saoudite, quant à elle, arrive au deuxième rang des acheteurs de matériel militaire fabriqué au Canada, après les États-Unis. Je ne crois pas que beaucoup de Canadiens soient au courant de ce fait. Je suis peut-être le dernier à l’apprendre, mais je trouve très préoccupant — comme beaucoup de Canadiens je suppose — que nous soyons devenus un si grand exportateur d’armes sur la scène internationale.
Je me demande donc ce que nous avons à cacher en tant que pays. Pourquoi ne pouvons-nous pas en savoir plus? Pourquoi ne pouvons-nous pas nous renseigner davantage sur les pratiques des pays où nous exportons des armes? Certes, nous faisons des évaluations, mais celles qui portent sur les droits de la personne ont été diluées au fil des ans. Elles ne sont pas aussi accessibles qu’elles devraient l’être à la population canadienne et à nous; or, nous en aurions bien besoin pour avoir une meilleure idée de la manière dont notre argent est dépensé, des endroits où nous exportons nos armes et de la mesure dans laquelle nous contribuons à la paix dans le monde. Je pense que c’est une chose que nous devons examiner de très près.
De toute évidence, les règles régissant nos exportations de matériel militaire ont évolué au cours des ans. Elles sont censées interdire la vente de matériel aux pays « où les droits humains de leurs citoyens font l'objet de violations graves et répétées de la part du gouvernement [...] » Mais, il y a une condition: « [...] à moins qu'il puisse être démontré qu'il n'existe aucun risque raisonnable que les marchandises puissent être utilisées contre la population civile. » Ces règles ne sont manifestement pas respectées, parce que nous avons vu, dans le cas de l'Arabie saoudite entre autres, comment le matériel militaire que nous y avons exporté pour usage interne a été détourné. Il a servi à réprimer les manifestations des chiites dans une partie des provinces orientales du pays, en plus, semble-t-il, d'avoir été utilisé par les Saoudiens dans des pays comme le Yémen, où les exactions contre les droits de la personne foisonnent. Plus de 6 000 personnes ont été tuées dans ce pays.
Est-ce que les Canadiens se rendent compte que leur matériel militaire peut être déployé sur certains théâtres militaires? Nous importe-t-il de savoir si les véhicules blindés légers utilisés pour tuer ces gens sont effectivement fabriqués au Canada? Il pourrait s'agir d'une saine politique publique. Plutôt que d'ajouter à la charge de travail du comité des affaires étrangères, pourquoi ne créerions-nous pas un comité chargé d'examiner exclusivement cette question? Pourquoi pas un comité autonome, s'intéressant à une industrie importante et en pleine croissance dans notre pays ainsi qu'à ses ramifications? En quoi serait-il différent des autres comités qui s'intéressent à tel ou tel secteur de notre économie et en examinent les ramifications?
Pourquoi la Chambre devrait-elle s'opposer à plus de transparence et de responsabilisation grâce à un outil semblable à celui adopté par les Britanniques? Pourquoi le gouvernement actuel refuse-t-il de voir que ce qu'il a proposé il y a deux jours dans un projet de loi de surveillance et de transparence modelé sur l'exemple du Royaume-Uni pourrait s'appliquer aujourd'hui à un autre sujet important pour notre économie et notre société? C'est ce dont débat la Chambre aujourd'hui. Je ne vois vraiment pas comment cela équivaut à politiser un sujet, comme si nous tentions de discuter d'événements passés, de voir qui était pour et qui était contre et de déterminer la quantité de renseignements disponibles à l'époque par rapport à aujourd'hui.
Quiconque a regardé les vidéos sur la répression des citoyens saoudiens à l'aide des véhicules blindés légers canadiens doit à tout le moins se demander si nous sommes sur la bonne voie. Nous n'avons pas le temps, comme parlementaires, d'examiner chaque point de la politique. Pourquoi ne pas donner à un comité multipartite la possibilité de les étudier, de compiler les renseignements dont ses membres ont besoin et de faire rapport aux Canadiens sur les aspects au sujet desquels il peut légitimement faire rapport en matière d'utilisation de notre argent à l'étranger?
Voilà l'enjeu du débat d'aujourd'hui. Je prie la Chambre de soutenir une motion qui permettrait d'accroître la responsabilité de notre industrie de l'exportation de matériel militaire et de mieux en faire la surveillance.
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Monsieur le Président, c’est un honneur de prendre la parole au sujet d’une motion d'une telle importance. Je remercie ma collègue de l’avoir présentée. Cette motion de fond est le fruit de beaucoup de travail acharné et de réflexion. L'enjeu est important. La motion porte sur plusieurs aspects qui témoignent du fait qu'il s'agit d'un grave problème au sujet duquel notre pays doit donner l'exemple, surtout depuis que le gouvernement clame que « le Canada est de retour ». Je suppose que le message que nous envoyons à l'heure actuelle, c’est que le Canada est de retour et qu'il continue à vendre des armes sans rendre de comptes.
Ce que je trouve aussi très difficile dans cette situation, c’est l’idée que nous puissions nous décharger de notre responsabilité à l'égard des produits et des marchandises une fois que nous les avons vendus en disant: « Ce n’est pas de notre faute, c’est le pays destinataire qui les a revendus à quelqu’un d’autre » ou « ils ont décidé de ne pas respecter les règles établies. »
Toutefois, il ne faut pas se leurrer. Certains des pays qui ont des armes fabriquées au Canada n’ont même pas de vraies relations avec le Canada. Les armes que nous vendons aboutissent dans d’autres pays. Certaines sont vendues directement à des pays où nous avons une ambassade et avec lesquels nous entretenons d’autres types de liens, et cetera. Nos débats portent sur le premier cycle de vie de ces armes. Mais, par la suite, au cours de leur deuxième, voire de leur troisième cycle de vie, elles peuvent finir à l’étranger. Il n’est pas nécessaire de chercher plus loin que les guerres par procuration comme celle qui se déroule au Yémen pour se convaincre que de telles situations se produisent.
Tout ce que nous réclamons, c’est un retour de la responsabilité à la Chambre pour que tous les Canadiens soient en mesure de savoir ce qu'il advient des produits et des services exportés à l’étranger et qu'ils aient leur mot à dire à ce sujet par l'entremise de représentants informés sur la question. Un comité est saisi du dossier. Quand des témoins sont convoqués devant le comité, s’ils mentent ou inventent des informations qui ne sont pas exactes et les présentent sciemment au comité, il y a parjure. Le système des comités comporte une forme de responsabilisation qui va au-delà de l’opprobre et de l’opinion publics; c’est la loi.
Je pense que c’est ce qu’il y a de plus juste à faire quand certains de nos clients utilisent notre équipement, notre matériel à des fins autres que celles qui étaient prévues.
Si j'ai parlé tout à l'heure de l'amiante, c'est pour rappeler que le Canada exporte pour ainsi dire la mort en exportant ce matériau. L'ancien député Pat Martin s'est occupé de ce dossier pendant plus d'une décennie. Il soulevait souvent la question, rappelant qu'il est fréquent que des hommes, des femmes et des enfants manipulent l'amiante sans que des normes adéquates de sécurité les protègent. Ce produit est aujourd'hui illégal au Canada, mais nous jugeons acceptable que d'autres s'en servent. Tant qu'il est hors de notre territoire, nous disons: « Ne vous inquiétez pas, nous n'en avons plus besoin. »
Comment pouvons-nous dire la même chose dans un dossier aussi important que celui qui nous occupe? Nous savons pourtant que la clientèle s'élargit dans les régions où sévissent de vastes conflits armés et où des régimes utilisent souvent les armes contre la population civile. Devons-nous nous soustraire à nos responsabilités?
J'estime que, si nous prenons les mesures qui s'imposent pour exiger des comptes, nos clients devront se montrer plus responsables, et il y aura moins de risque que des armes illégales se finissent encore dans d'autres pays ou d'autres régions.
En fait, le Canada n'est pas le seul pays à s'engager dans cette voie. Le Royaume-Uni fait aussi la même chose, par exemple. En quoi est-ce important? C'est que des deniers publics sont souvent en cause. Les gouvernements ont donc leur mot à dire.
Certains programmes fédéraux aident les fabricants d'armes. Parmi ceux-ci, mentionnons des programmes de recherche-développement, des mesures de soutien à l'exportation et, grâce aux gouvernements précédents, une série d'allégements fiscaux qui ne permettent pas de savoir à quoi servent les fonds accordés. Quoi qu'on fasse, il arrive souvent qu'une bonne part de ces fonds quittent le Canada, mais il faut savoir que les Canadiens ont tout intérêt, sur le plan des finances, de l'éthique et de la justice sociale, à ce que des comptes soient rendus à la Chambre. Il n'y a pas meilleur endroit pour cela.