Que la Chambre appuie la décision du gouvernement de ratifier l'Accord de Paris aux termes de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques, signé par le Canada à New York le 22 avril 2016; et que la Chambre appuie la Déclaration de Vancouver, du 3 mars 2016, qui appelle le gouvernement fédéral, les provinces et les territoires à travailler ensemble à l'élaboration d'un cadre pancanadien en matière de croissance propre et de changement climatique.
— Monsieur le Président, j’ai eu beaucoup d’occasions depuis quelques années de réfléchir à la réussite du Canada. Chaque fois que nous avons bien fait quelque chose, que ce soit il y a des décennies, avec le système de soins de santé et le RPC, ou plus récemment, avec la réduction de la dette publique dans les années 1990, les mesures prises pour assurer la stabilité de notre système bancaire ou notre réaction à la crise mondiale des réfugiés, notre réussite reposait sur deux éléments.
Premièrement, c’est le fait que, lorsque nous voyons un problème, nous ne le fuyons pas et nous ne nions pas son existence. Nous nous y intéressons plutôt. Nous travaillons fort — et ensemble — pour régler les problèmes qui se posent à nous. Deuxièmement, quand nous disons que nous allons agir, nous agissons. Nous tenons nos engagements. Le monde entier l’attend de nous, et nos compatriotes canadiens aussi, sans oublier les marchés.
C’est dans cet esprit très caractéristique des Canadiens — régler des problèmes et tenir des promesses — que je m’adresse aujourd’hui à la Chambre pour lui faire part du plan du gouvernement pour tarifer la pollution par le carbone.
[Français]
Après des décennies d'inaction et après des années d'occasions manquées, nous allons finalement prendre des mesures concrètes et réelles pour bâtir une économie propre, créer plus d'occasions pour les Canadiens et faire de notre monde un monde meilleur pour nos enfants et nos petits-enfants.
Nous ne bouderons pas la science et nous ne repousserons pas l'inévitable. Compte tenu du plan mis en avant par le gouvernement, toutes les juridictions canadiennes auront tarifé la pollution causée par le carbone d'ici 2018. Pour y arriver, le gouvernement fixera un plancher pour la pollution causée par le carbone. Ce prix sera fixé à un niveau qui aidera le Canada à atteindre ses objectifs en matière d'émission de gaz à effet de serre, tout en assurant aux entreprises une plus grande stabilité et une meilleure prévisibilité.
Les provinces et les territoires pourront choisir la façon dont ils mettront en oeuvre ce tarif. Ils pourront appliquer directement un tarif sur la pollution causée par le carbone ou ils pourront adopter un système de plafond d'échange d'émissions, dans le but que celui-ci sera assez strict pour atteindre ou dépasser le prix plancher fédéral.
Le gouvernement propose que le prix sur la pollution causée par le carbone soit fixé à un minimum de 10 $ par tonne, en 2018. Chaque année, le prix augmentera de 10 $, jusqu'à ce qu'il atteigne 50 $ par tonne, en 2022.
[Traduction]
Les provinces et les territoires qui choisissent de mettre en place un marché du carbone seront tenus de réduire leurs émissions conformément à l’objectif du Canada et aux réductions attendues par les administrations qui auront choisi la tarification. Là où aucun marché du carbone n’aura été mis en place en 2018, le gouvernement du Canada établira la tarification.
Quelle que soit l’approche choisie, la politique sera neutre sur le plan des revenus pour le gouvernement fédéral. Tous les revenus provenant de ce système resteront dans la province ou le territoire qui les aura produits.
Comme la pollution traverse les frontières, toutes les provinces doivent faire leur part, et pour que ce plan reste conforme aux objectifs du Canada, il sera révisé après cinq ans, en 2022.
[Français]
Au moment même où nous nous parlons, ici, la est à Montréal en train de discuter des détails de ce plan avec nos partenaires provinciaux et territoriaux.
Au cours des deux prochains mois, le gouvernement travaillera en étroite collaboration avec les provinces, les territoires et les organismes autochtones pour finaliser ce plan.
Ces discussions sont essentielles, parce que nous savons qu'aucun plan visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre ne peut réussir sans l'aide de nos partenaires provinciaux et territoriaux, qui ont déjà fait preuve d'un grand leadership dans la lutte contre les changements climatiques.
J'ai particulièrement hâte de rencontrer les premiers ministres provinciaux et les leaders autochtones, les 8 et 9 décembre prochains, pour finaliser les détails du cadre pancanadien pour lutter contre les changements climatiques. Non seulement ce cadre inclura le plan pour tarifer la pollution causée par le carbone, mais il tracera également la voie à suivre pour mieux soutenir l'innovation et les emplois dans le secteur de l'énergie propre, gérer les effets des changements climatiques et améliorer notre capacité d'adaptation et de résistance face au climat.
[Traduction]
J'aimerais encore une fois profiter de l'occasion pour féliciter les provinces qui ont pris les devants dans ce dossier, tandis que le gouvernement fédéral précédent, lui, a renoncé à assumer sa responsabilité à l'égard de tous les Canadiens. Cette époque est révolue.
Bien entendu, un plan n'est efficace que dans la mesure où il repose sur de solides principes. J'aimerais donc prendre quelques minutes pour expliquer pourquoi le gouvernement a décidé d'agir maintenant et de mettre un prix sur la pollution causée par le carbone. De nombreuses raisons nous poussent à agir dès maintenant, et je suis convaincu que les députés d'en face les connaissent aussi bien que les députés ministériels, même si leur feuille de route montre le contraire. Cela dit, j'aimerais parler aujourd'hui de trois des principales raisons pour lesquelles il est essentiel, pour le Canada et les Canadiens, de mettre un prix sur la pollution causée par le carbone.
[Français]
Premièrement, fixer une tarification sur la pollution causée par le carbone nous donnera un avantage important alors que nous bâtissons une économie à croissance propre.
Une tarification raisonnable et prévisible sur la pollution causée par le carbone encouragera l'innovation, parce que les entreprises devront trouver de nouvelles façons de réduire leurs émissions et de moins polluer. Cela rendra aussi nos entreprises plus compétitives.
L'économie mondiale est de plus en plus propre, et le Canada ne peut pas se permettre de rester à la traîne. Partout dans le monde, les marchés sont en pleine transformation. Ils délaissent les produits et les services qui entraînent de la pollution causée par le carbone et se tournent vers des options plus propres et plus durables.
En donnant aux entreprises canadiennes des mesures incitatives dont elles ont besoin pour effectuer cette transformation, nous ouvrons la porte à de nouvelles occasions.
Personne n'a besoin de me croire sur parole mais, l'été dernier, des dirigeants d'entreprises de partout au pays se sont prononcés en faveur de la tarification du carbone: des leaders de la vente au détail, comme Canadian Tire, Loblaws, Ikea et Air Canada; des producteurs d'énergie, comme Enbridge, Shell et Suncor; des entreprises du secteur des ressources naturelles, comme Barrick Gold Corporation, les Produits forestiers Résolu et Teck Resources; et des institutions financières comme BMO, Desjardins, la Banque Royale, la Banque Scotia et TD Canada Trust.
Ces entreprises appuient la tarification de la pollution causée par le carbone, parce qu'elles reconnaissent que, lorsque c'est bien fait, c'est la façon la plus efficace de réduire les émissions tout en continuant de faire croître l'économie. Elles savent qu'un environnement propre et une économie forte vont de pair. Elles sont impatientes de profiter des occasions liées à une économie à croissance propre, et elles reconnaissent, comme le fait le gouvernement, que si nous n'agissons pas maintenant, c'est l'économie canadienne qui en souffrira.
[Traduction]
Deuxièmement, nous devons mettre un prix sur la pollution causée par le carbone parce qu'une telle mesure sera avantageuse pour les Canadiens, plus particulièrement ceux qui font partie de la classe moyenne et ceux qui triment dur pour en faire partie. Comme les chefs d'entreprise dont je viens juste de parler l'ont expliqué, la tarification du carbone permet d’utiliser les marchés pour stimuler les décisions d’investissement dans les technologies propres. Elle favorise aussi l'innovation, et cette innovation donne lieu à de nouvelles perspectives d'emploi intéressantes pour les Canadiens.
Par exemple, l'an dernier, près de 333 milliards de dollars ont été investis à l'échelle mondiale dans l'énergie renouvelable, et environ la moitié de cette somme a été investie dans l'énergie provenant des combustibles fossiles. Cette tendance ne pourra que s'accélérer. En termes clairs, des milliards de dollars et des centaines de milliers de bons emplois bien rémunérés s'offriront au Canada si nous prenons les mesures qui s'imposent. Des emplois seront notamment offerts dans le secteur de l'ingénierie, de la conception et de la programmation, dans le secteur de la fabrication, que ce soit pour la production de panneaux solaires ou de véhicules électriques, ainsi que dans le secteur des biocarburants, qu'il s'agisse d'activités de recherche ou de transformation.
Si nous ne tirons pas pleinement profit des possibilités qui s'offrent maintenant à nous, nous rendrons un bien mauvais service aux Canadiens.
[Français]
Finalement, je pense que tous les Canadiens comprendront la troisième raison pour laquelle nous devons mettre en avant la tarification de la pollution causée par le carbone.
Il est prouvé que c'est un bon moyen d'empêcher les grands pollueurs d'émettre les gaz à effet de serre qui alimentent les changements climatiques et menacent toute la planète.
Tarifer le carbone est un moyen efficace de réduire la pollution qui menace la qualité de l'air et de l'eau des océans. Tout juste la semaine dernière, l'Organisation mondiale de la santé a publié un rapport selon lequel neuf personnes sur dix vivent dans des endroits où la qualité de l'air est mauvaise. Les conséquences sur la santé humaine en sont énormes et dévastatrices. Chaque année, 3 millions de décès sont liés à la pollution de l'air. Nous devons et nous allons faire mieux.
[Traduction]
Nous avons vu ce qui peut se passer quand les gouvernements prennent position pour la qualité de l’air. En 2005, à Toronto, il y a eu 53 jours de smog. Dix ans plus tard, en grande partie grâce à l’élimination graduelle des centrales électriques alimentées au charbon, il y a eu zéro jour de smog. C’est très important si votre enfant fait de l’asthme et ne peut pas aller jouer dehors avec ses amis pendant les vacances d’été. Ou si vos grands-parents ne participent pas à des activités familiales parce qu’ils ont du mal à respirer l’air dans leur propre jardin.
Et si vous vivez dans le Nord canadien ou dans nos communautés côtières ou vraiment, monsieur le Président, dans n’importe quelle communauté qui subit les effets de conditions météorologiques extrêmes, ainsi que les inondations, les sécheresses et les feux de forêt qui en résultent, alors il n’est pas possible de nier les effets du changement climatique. Il n’est pas possible d’éviter le changement climatique. Il est réel et il est partout.
Nous ne pouvons pas défaire l’inaction des dix dernières années. Ce que nous pouvons faire, c’est un effort réel et honnête — aujourd’hui et chaque jour — pour protéger notre environnement et, du même coup, la santé de tous les Canadiens.
Le gouverneur de la Banque d’Angleterre — l’une des meilleures exportations du Canada, en passant — a souvent pris la parole à ce sujet. Et M. Carney a une expression intéressante pour en parler. Il appelle le refus d’agir « la tragédie à l’horizon ». Ce qu’il veut dire, c’est que les effets vraiment catastrophiques du changement climatique se feront sentir dans l’avenir. Ou, comme il le dit, au-delà des horizons traditionnels de la plupart des acteurs, ce qui fera peser sur les futures générations le coût que la génération actuelle n’est pas directement incitée à supporter.
J’ai un grand respect pour M. Carney — parce que je pense que pour ce qui est du changement climatique, nous sommes sur la même longueur d’onde — mais je sais que les acteurs actuels, comme le gouvernement, sont directement incités à corriger la situation.
[Français]
Je vais me permettre de parler d'un point de vue plus personnel et dire que j'ai trois motivations: elles s'appellent Xavier, Ella-Grace et Hadrien. Je ne suis pas le seul à m'inquiéter du genre de monde que nous laisserons à la prochaine génération et à celles qui suivront. Dans de nombreuses communautés, j'ai parlé avec des parents et des grands-parents qui m'ont fait part de leurs inquiétudes par rapport à l'avenir et qui ont mis au défi le gouvernement et leurs leaders provinciaux et communautaires d'engager des actions dès maintenant pour éviter des conséquences tragiques et dévastatrices.
Nous entendons leurs préoccupations et nous respectons leurs voix. C'est parce que nous respectons la volonté des Canadiens que nous allons de l'avant avec la tarification du carbone en raison de la pollution qu'il cause.
[Traduction]
Comme les députés le savent, le gouvernement n'est pas obligé de solliciter l’approbation du Parlement avant de ratifier l’accord de Paris; il n’a pas non plus besoin que la Chambre appuie la Déclaration de Vancouver. Nous avons toutefois choisi de soumettre la question à la Chambre, car nous croyons qu’il est important que tous les parlementaires — et à travers eux, tous les Canadiens — aient l’occasion de débattre de cette question cruciale et de voter.
Je me réjouis de ce que j’espère être un débat animé mais respectueux sur cet important sujet. C’en est un qui façonnera le pays où nous vivons pendant des générations.
:
Monsieur le Président, je remercie les députés de me donner l’occasion de participer à ce débat. Dans les trois prochains jours, les parlementaires vont utiliser le temps précieux de la Chambre pour débattre une motion présentée par les libéraux qui nous demande de faire deux choses. Tout d’abord, la motion nous invite à appuyer la décision du gouvernement libéral de ratifier l’accord de Paris sur les changements climatiques. Ensuite, elle nous demande d’appuyer l’interprétation que fait le de la Déclaration de Vancouver, qui découle de sa rencontre avec les premiers ministres des provinces et des territoires au printemps dernier. Beaucoup de confusion règne quant à ce que veut réellement dire la Déclaration de Vancouver.
En novembre dernier, à Paris, les membres de la communauté internationale se sont réunis pour tracer la voie à la lutte contre les impacts très réels des changements climatiques. On a demandé à chaque pays de s’engager résolument à respecter les cibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre. De plus, on a demandé aux pays développés, dont le Canada, de venir en aide aux pays les moins avancés du monde pour que ces derniers puissent atténuer les répercussions des changements climatiques et s’y adapter. L’accord de Paris a vu le jour dans ce contexte.
Je tiens à préciser très clairement que, de ce côté-ci de la Chambre, les conservateurs appuient l’accord de Paris sur les changements climatiques. Nous comprenons clairement que le Canada doit faire sa part pour contribuer à relever les défis environnementaux les plus importants que doit surmonter la planète aujourd’hui. Cependant, ce qui a découlé de la conférence de Paris ne se limite pas à cela.
Les députés se souviendront de la , fraîchement revigorée par le champagne et les canapés servis à Paris, et de la promesse qu'elle avait faite. Elle avait affirmé que, dans un délai de 90 jours après la conférence sur les changements climatiques des Nations unies, le rencontrerait ses homologues des provinces et des territoires afin de leur présenter un cadre pancanadien de lutte contre les changements climatiques. La rencontre a eu lieu à Vancouver au printemps dernier, mais, sans surprise, aucun plan de lutte contre les changements climatiques n’a été présenté. Tout ce qui découle de la rencontre n’est que la Déclaration de Vancouver, qui représente simplement une intention de peut-être s’entendre à un moment donné, accompagnée de quelques études lancées pour la forme.
Nous voilà presqu’un an plus tard, à la Chambre, pour débattre de l’accord de Paris et de la Déclaration de Vancouver, et tout ce que nous obtenons du est une approche dirigiste par laquelle il réitère qu’il va imposer une taxe sur le carbone aux provinces et aux territoires sans leur consentement.
En effet, le se rappelle l’accord de Vancouver qui est survenu le printemps dernier comme ayant permis aux premiers ministres d’accepter qu’il puisse unilatéralement imposer une taxe sur le carbone pour tous. J’étais à la conférence de presse quand que le premier ministre et ses homologues se sont adressés aux médias. Après la déclaration écrite du premier ministre, l’une des premières questions des médias visait à savoir si le premier ministre et ses homologues avaient convenu d’un projet national de taxation du carbone. Après une hésitation interminable, le premier ministre a finalement laissé échapper qu’une taxe nationale sur le carbone serait imposée.
Les premiers ministres ont alors été obligés de venir contredire cette affirmation. Le premier ministre de la Saskatchewan, Brad Wall, s’est hâté de nier que les premiers ministres s’étaient entendus au sujet de la taxe nationale sur le carbone. Les autres premiers ministres ont fait de même, y compris les trois premiers ministres des territoires et M. McNeil, de la Nouvelle-Écosse. En gros, ils ont tous dit qu’ils s’opposaient fermement à ce que le gouvernement impose une taxe sur le carbone à leur province ou à leur territoire.
Le premier ministre Wall a dit que si l’impression qui se dégage cela, c’est à dire de la Déclaration de Vancouver, c'est qu’on va imposer une taxe nationale sur le carbone, il soutiendra le contraire, parce que ce n’est pas du tout ce qu’il avait compris. Le premier ministre McNeil, de la Nouvelle-Écosse, a dit qu’à son avis le gouvernement national devrait fixer une cible nationale et laisser les provinces atteindre cet objectif de la manière qui leur conviendra. Les premiers ministres des trois territoires ont déclaré à l'unisson qu’une taxe sur le carbone aurait un effet négatif sur la qualité de vie des habitants du Nord.
Malgré cela, depuis la conférence, la a saisi toutes les occasions qui s’offraient à elle pour confirmer qu’elle avait bien l’intention d’imposer une énorme taxe sur le carbone aux provinces et aux territoires, avec ou sans leur accord. Aujourd’hui, le l’a confirmé.
Aujourd’hui même, David Heurtel, ministre de l’Environnement du Québec, a souligné que le Québec, l’Ontario et d’autres provinces n’aiment pas du tout cette situation parce que, d’abord, une taxe nationale sur le carbone aura des effets néfastes sur les systèmes actuels comme le régime de plafonnement, ne respectera pas les principes de la Déclaration de Vancouver et empiétera sur les compétences des provinces.
Le gouvernement libéral fait la même erreur que celle qu’a commise Jean Chrétien, à la suite de l'accord de Kyoto, en s’efforçant d’agir seul, sans le soutien des provinces et des territoires. Qu'on me permette de paraphraser ce que disait la mère de Forrest Gump: On est libéral ou on ne l’est pas! Vous souvenez-vous de la promesse électorale du premier ministre? Il disait à qui voulait l’entendre qu’il allait inaugurer une nouvelle ère de fédéralisme coopératif, de collaboration et de respect entre les provinces, les territoires et le gouvernement fédéral, un nouveau partenariat. Il a même repris cette phrase dans sa lettre de mandat à sa ministre de l’Environnement.
Voici ce que le a écrit dans sa lettre de mandat à la ministre de l’Environnement: « Nous nous sommes engagés à poursuivre nos objectifs avec un esprit de collaboration renouvelé. Il est essentiel d’améliorer nos relations avec les gouvernements provinciaux, territoriaux et municipaux, afin d’apporter le changement positif et concret que nous avons promis aux Canadiens ».
« En partenariat avec les provinces et territoires », nous veillerons à ce qu’ils disposent « de la souplesse nécessaire pour élaborer leurs propres politiques pour respecter ces engagements, y compris leurs propres politiques d’établissement du prix du carbone ».
Que s’est-il passé? Toutes ces promesses de fédéralisme coopératif se sont évanouies, et c'est encore une autre des dizaines de promesses que le a trahies. Cette dernière année est jonchée de promesses que le a trahies.
Il ne s’est pas contenté de laisser tomber sa promesse de fédéralisme coopératif. Sans avoir en main un plan national de lutte contre les changements climatiques, l’une des premières choses que le a faites à Paris a été d’engager 2,65 milliards de dollars des contribuables pour lutter contre les changements climatiques. Oh, à propos, il ne s’agissait pas de lutte contre les changements climatiques au Canada, mais dans des pays étrangers. Il n’avait pas établi de plan national de lutte contre les changements climatiques, aucun plan prévoyant la manière dont nous allions aborder le phénomène, mais il a tout de même annoncé à Paris qu’il allait dépenser 2,65 milliards de dollars de l’argent des contribuables dans des pays étrangers. Il cherchait plutôt à se faire des amis aux Nations Unies, pour faire mousser sa réputation dans le monde en la couronnant de ses éternels égoportraits. Quoi qu’il en soit, le s’est hâté d’annoncer que le Canada était de retour. Nous lui avons demandé: de retour de quoi? Des 10 années sombres du gouvernement libéral de Chrétien, qui n’a absolument rien fait pour lutter contre les changements climatiques à part de lancer des promesses illusoires et de fixer des objectifs irréalisables?
Mes collègues se rappelleront qu’à Paris, la a proclamé avec impudence que les cibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre établies par l’ancien gouvernement conservateur ne suffiraient pas. Elle a ajouté qu’elles étaient minimales et qu’elle-même fixerait des cibles beaucoup plus élevées. Aujourd’hui, elle admet d’un ton gêné que le gouvernement libéral va maintenant viser les cibles que nous avions fixées, soit une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 30 % par rapport à celles de 2005 d’ici à 2030. Je félicite le et la d’être enfin revenus à la raison en adoptant les cibles ambitieuses, mais atteignables que le gouvernement conservateur avait fixées, mais je suis époustouflé de constater la fourberie déployée par le gouvernement libéral pour en arriver à cette conclusion.
Nous revoici presque un an plus tard, et le propose ce qu’il prétend être un plan national de lutte contre les changements climatiques, alors qu'il ne fait que répéter ce qu’il a dit aux provinces. Il veut que les premiers ministres acceptent un prix du carbone pour leurs provinces ou pour leurs territoires. S'ils ne l’acceptent pas, il le leur imposera, quitte à utiliser l'artillerie lourde. Nous n'avons droit qu'à des querelles et des bagarres entre les gouvernements fédéral et provinciaux sur le prix du carbone. Il en émane un manque profond de respect de la part du gouvernement libéral envers les compétences des provinces et des territoires et envers leurs difficultés économiques, qui sont pressantes et uniques.
Mais pire encore, cette incertitude continuelle au sujet du plan national de lutte contre les changements climatiques chasse les investisseurs. Le Canada y perd des emplois et voit ses capacités concurrentielles dans les marchés mondiaux diminuer. En fait, au cours de la dernière année, le Canada a connu une fuite massive des investissements, car les investisseurs ont préféré placer leur argent prudemment ou ailleurs dans le monde, là où le climat d'investissement est plus prévisible. Si les libéraux cherchent à blâmer quelqu’un pour le malaise économique qui touche le Canada actuellement, ils n’ont qu’à se regarder dans le miroir.
Mais parlons de façon plus constructive. À quoi ressemblerait un plan national de lutte contre les changements climatiques? Je vais vous proposer cinq stratégies: premièrement, une réglementation intelligente; deuxièmement, de l’innovation; troisièmement, l’harmonisation bilatérale et multilatérale de la réglementation; quatrièmement, la conservation; et cinquièmement, des mesures d’incitation pour les marchés.
Commençons par la première stratégie, celle de la réglementation intelligente.
Longtemps avant l’accord de Paris et bien avant que le gouvernement libéral ne se préoccupe d’imposer des taxes sur le carbone aux provinces et aux territoires, notre ancien gouvernement conservateur avait adopté une approche de réglementation par secteur qui nous permettait de protéger autant notre économie que notre environnement. En fait, notre gouvernement est le seul, de toute l’histoire canadienne, qui ait réduit les émissions de gaz à effet de serre en réglementant deux des principales sources d’émissions, le transport et la production d’électricité. Grâce à cette réglementation, les voitures et les véhicules utilitaires légers émettront beaucoup moins de gaz à effet de serre que les modèles de 2008.
En 2012, nous avons fixé des règlements définitifs sur les émissions de dioxyde de carbone que produit le secteur de l’électricité alimenté au charbon. Le Canada est le premier pays qui ait interdit la construction des centrales polluantes alimentées au charbon. En fait, au cours de ces 21 prochaines années, grâce à ces réglementations, les émissions de gaz à effet de serre diminueront d’environ 240 mégatonnes, ce qui équivaudra à retirer environ 2,6 millions de voitures de la route. C’est une réussite extraordinaire. Nous avons aussi mis sur pied un système de gestion de la qualité de l’air pour lequel nous avons fixé des normes de qualité de l’air ambitieuses sur les particules fines et sur les taux d’ozone au sol, qui constituent les principaux composants du smog, comme le savent les députés.
Lorsque l'ancien gouvernement était au pouvoir, ce programme a permis de réduire les polluants responsables des pluies acides de 15 %. Je constate que le a parlé de mesures de réduction de la pollution atmosphérique. Nous sommes en faveur de toutes les mesures réduisant les effets des toxines sur les bassins atmosphériques du Canada.
Nous avons aussi consacré des milliards de dollars à des initiatives scientifiques et technologiques visant à améliorer la qualité de l'air et à lutter contre les changements climatiques. Ces fonds ont notamment servi à développer des technologies de captage et de stockage de CO2 visant à réduire les émissions atmosphériques de carbone des principales sources. Nous avons lancé le programme écoÉNERGIE pour les biocarburants, qui a consacré 1,5 milliard de dollars à la production de carburants pouvant remplacer l'essence et le diésel.
J'aimerais toutefois faire une mise en garde. Le passé nous apprend que, lorsque les gouvernements augmentent les impôts dans le but d'investir dans les solutions écologiques, comme semblent le proposer les libéraux, ils ont toujours beaucoup de mal à départager les gagnants des perdants. Les investissements technologiques doivent le plus possible être axés sur le marché et à l'abri de toute manipulation politique.
Nous sommes aussi fiers d'avoir mis en oeuvre des initiatives nord-américaines en étroite collaboration avec les États-Unis. En 2009, l'ancien gouvernement conservateur a instauré un dialogue sur l'énergie propre entre les États-Unis et le Canada. Ce dialogue vise à lutter contre les changements climatiques en augmentant la collaboration bilatérale dans le domaine de l'élaboration de technologies propres. En 2015, ces mesures englobaient plus de 50 projets terminés ou en cours de réalisation. Grâce au gouvernement conservateur, des percées considérables ont marqué la connexion des réseaux électriques du Canada et des États-Unis et les mesures transfrontalières de recherche-développement en matière d'énergie propre.
Grâce à l'Accord Canada—États-Unis sur la qualité de l'air, nous avons commencé à harmoniser notre réglementation avec celle des États-Unis afin de réduire les émissions de méthane issues du secteur pétrolier et gazier. Le gouvernement libéral a annoncé le résultat de ces efforts à Washington un peu plus tôt cette année, et nous nous en réjouissons.
Bref, la coopération bilatérale et multilatérale en matière de réglementation égalise les règles du jeu pour les entreprises et les industries au Canada qui souhaitent participer à la lutte contre le changement climatique, mais qui, ce faisant, ne veulent pas perdre leur compétitivité. J'invite l'actuel gouvernement à continuer de promouvoir la coopération en matière de réglementation, particulièrement avec nos partenaires de l'ALENA, les États-Unis et le Mexique.
J'ai quelques faits à mentionner en matière de conservation.
Sous le précédent gouvernement, en l'occurrence conservateur, le Canada a été le premier pays industrialisé à signer et à ratifier la Convention sur la diversité biologique. Nous avons ensuite lancé le Plan de conservation national, dans le cadre duquel nous avons pris des mesures substantielles pour rétablir, conserver et agrandir les espaces naturels du Canada. Ainsi, sur une période de 10 ans, nous avons été en mesure d'augmenter de 50 % la superficie des parcs canadiens qui avaient fait l'objet de mesures de protection.
Alan Latourelle, l'ancien PDG de Parcs Canada, a récemment expliqué ceci:
[...] les 15 dernières années ont été marquées par la réalisation du programme d'expansion des parcs nationaux le plus important de toute l'histoire du Canada [...] Tandis que nous nous préparons à célébrer le 150e anniversaire de notre pays, nous devons célébrer fièrement la contribution exceptionnelle que nous avons apportée à la conservation de la nature dans le monde, tout en traçant une voie inspirante et audacieuse pour l'avenir.
Voici ce que nous avons réussi à créer au cours de ces 10 dernières années: la première zone protégée au monde qui s’étend du sommet d’une montagne au lit marin, soit la réserve d’aire marine nationale de conservation Gwaii Haanas et le site du patrimoine haïda en Colombie-Britannique; la plus grande aire protégée d’eau douce du monde, l’Aire marine nationale de conservation du Lac-Supérieur; l'agrandissement de la superficie de la réserve de parc national de Nahanni, dans les Territoires du Nord-Ouest, qui a été sextuplée; trois nouvelles réserves nationales de faune au Nunavut qui protègent près de 5 000 kilomètres carrés d’habitats côtiers, marins et terrestres, dont le premier refuge au monde pour les baleines boréales; trois nouvelles aires marines protégées par la Loi sur les océans, l’estuaire de la Musquash au Nouveau-Brunswick, le mont sous-marin Bowie au large de la Colombie-Britannique et Tarium Niryutait dans la mer de Beaufort; enfin, l’expansion du réseau des parcs nationaux du Canada par la création du 44e parc national du Canada, la réserve de parc national Nááts'ihch'oh. Nous avons aussi joué un rôle majeur dans la création de l’entente sur la forêt pluviale du Grand Ours en y apportant un investissement écologique de 30 millions de dollars.
Pourquoi la conservation est-elle si importante pour les conservateurs et devrait-elle l'être tout autant pour le gouvernement libéral? Parce que nos espaces naturels capturent et emmagasinent très efficacement le dioxyde de carbone.
On estime en effet que les forêts, les terres humides et les terres agricoles du Canada absorbent chaque année beaucoup plus de dioxyde de carbone que les émissions produites par les Canadiens. Nous savons que, grâce à la taille de notre pays et aux caractéristiques de notre géographie et de notre population, une meilleure gestion de nos forêts, comme la gestion écosystémique, la remise en état des milieux humides, la protection des forêts boréales ainsi que les méthodes de semis directs ou avec faible perturbation du sol, peuvent contribuer considérablement à réduire notre empreinte nationale de carbone et à absorber les émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Le plan national de lutte contre les changements climatiques doit comprendre une stratégie de conservation menée en partenariat avec les Premières Nations et fondée sur les réalisations importantes des 10 dernières années. Malheureusement, la plus grande partie des discussions du gouvernement libéral sur un cadre pancanadien de lutte contre les changements climatiques a été monopolisée par son obsession à taxer le carbone: des taxes, des taxes et encore des taxes.
Cela n’est pas surprenant. Régulièrement, une créature ayant la forme d’un gouvernement libéral renaît de ses cendres. Ses membres se transforment aussitôt en libéral typique, qui taxent et qui dépensent. Ceux-ci se caractérisent par leur tendance à augmenter les impôts afin que leur gouvernement puisse dépenser plus d’argent sur ses propres priorités au lieu de s’occuper de celles des Canadiens. Il est évident que le gouvernement libéral actuel ne se distingue pas des autres. C’est pourquoi les Canadiens entendent parler si souvent de la tarification du carbone. Ce n’est qu’un nouveau moyen d'imposer les Canadiens pour qu'ils agissent dans l'intérêt de l’environnement.
Il est bien triste que la plus grande partie des efforts pour instaurer un prix du carbone dans les provinces s'inscrive dans ce scénario et soit vouée à l’échec. Le gouvernement fédéral est responsable d’observer les erreurs commises en matière de tarification du carbone, tant au Canada qu’à l’étranger.
Voyez l’expérience de l’Europe avec le mécanisme de plafonnement et d'échange. Les prix des crédits de carbone se sont effondrés sous l’effet de la corruption, des abus et du favoritisme. Maintenant, des pays comme l’Allemagne construisent de nouvelles centrales énergétiques alimentées au charbon au lieu d’éliminer graduellement et définitivement le charbon. Récemment, plusieurs de mes collègues du comité de l’environnement et moi-même avons rencontré sept députés norvégiens. Ils nous ont dit à quel point le mécanisme de plafonnement et d'échange de l'Union européenne s’était avéré décevant.
Voyez l’échec des politiques environnementales du gouvernement libéral de Mme Wynne, en Ontario, qui s'est embarqué dans un programme d'énergie verte désastreux et un programme de plafonnement et d'échange qui fera grimper à outrance les impôts des Ontariens. Les prix de l’électricité en Ontario sont maintenant les plus élevés en Amérique du Nord et chassent des milliers d’entreprises créatrices d’emplois de la province.
À la suite de l’échec de la récente vente aux enchères du carbone en Californie, l’avenir du marché nord-américain du carbone s’obscurcit et, peut-être, s’abêtit. D’ailleurs nombreux sont ceux qui prédisent que la Californie devra bientôt fermer son système de plafonnement et d'échange à l’expiration de son mandat législatif.
Ces exemples révèlent que l'augmentation du fardeau fiscal global des Canadiens n'entraînera pas les réductions des émissions que nous voulons atteindre à long terme et ne servira qu'à aggraver les difficultés économiques auxquelles le pays doit faire face.
C'est pourquoi personne ne devrait s'étonner que les provinces et les territoires aient été nombreux à s'opposer vivement à la tentative du et de sa de sortir l'artillerie lourde pour les forcer à accepter un système d'établissement du prix du carbone ou à ajouter une taxe au système provincial en place.
Cela dit, toutes les dépenses fédérales devraient soutenir une approche de l'énergie verte axée sur le marché, accroître la compétitivité du Canada dans l'économie mondiale, permettre l'acheminement de nos ressources vers les marchés d'une manière efficace, responsable et respectueuse de l'environnement ainsi que favoriser la création d'emplois bien rémunérés pour les Canadiens. Je pense que cela reflète les propos du . Nous avons simplement des stratégies différentes pour atteindre l'objectif visé.
À mon avis, les Canadiens sont prêts à faire leur part pour réduire leur empreinte carbone sur la planète. Ce qu'ils n'accepteront pas, c'est que le et la aient une vision du fédéralisme coopératif qui leur permette de forcer les provinces et les territoires à accepter une ponction fiscale extrêmement dommageable sous forme de taxe sur le carbone qui ne fera qu'augmenter la somme que le gouvernement pourra dépenser. Alourdir le fardeau fiscal global des Canadiens qui gagnent durement leur vie et de leur famille en cette période difficile n'est pas la solution.
Pour en revenir à la motion dont nous sommes saisis, je vais résumer. La première partie de la motion dit:
Que la Chambre appuie la décision du gouvernement de ratifier l'Accord de Paris aux termes de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques, signé par le Canada à New York le 22 avril 2016...
Nous appuyons sans réserve cette partie de la motion. Il en va autrement, toutefois, de la seconde partie qui dit:
[...] et que la Chambre appuie la Déclaration de Vancouver, du 3 mars 2016, qui appelle le gouvernement fédéral, les provinces et les territoires à travailler ensemble à l'élaboration d'un cadre pancanadien en matière de croissance propre et de changement climatique.
Comme je l'ai dit, personne ne s'entend sur le sens qu'on a vraiment voulu donner à la Déclaration de Vancouver. Le dit qu'elle lui donne carte blanche, l'autorité morale d'imposer une taxe sur le carbone à toutes les provinces. Les premiers ministres provinciaux disent que ce n'est pas ce qui avait été convenu. Manifestement, il n'y a pas consensus sur ce que signifie vraiment la Déclaration de Vancouver.
J'ajoute que j'estime troublante l'incapacité lamentable du gouvernement libéral à tenir sa promesse d'adopter un cadre pancanadien en matière de changements climatiques pour tous les Canadiens qui ait l'appui de l'ensemble des provinces et des territoires.
Dans la seconde partie de la motion, le et la semblent nous dire: « Faites-nous confiance. Nous sommes l'État », nous demandant ni plus ni moins d'accepter les yeux fermés.
Nous, conservateurs, ne ferons pas cela. Nous ne l'avons jamais fait et ne le ferons jamais. C'est la raison pour laquelle nous ne pouvons pas appuyer et n'appuierons pas la motion telle qu'elle est présentement formulée.
Cela étant dit, j'aimerais proposer:
Que la motion soit modifiée par substitution, aux mots suivant les mots « 22 avril 2016; », de ce qui suit: « et que la Chambre demande au gouvernement fédéral, aux provinces et aux territoires d’élaborer un plan responsable de lutte contre les changements climatiques qui n’empiète pas sur les compétences provinciales et territoriales et qui n’impose pas de hausse fiscale aux Canadiens ».
:
Monsieur le Président, lorsqu’il a proposé sa motion, le gouvernement nous a placés face à un dilemme. Mes électeurs — en fait, la majorité des Canadiens — veulent que le Canada prenne des mesures contre les changements climatiques. La signature de l’accord de Paris a été applaudie. Les Canadiens étaient ravis que leur porte l’engagement du Canada une étape plus loin et agisse dans le but de limiter la hausse de température à 1,5 degré Celsius.
Cependant, tous autant que nous sommes, incluant nos propres collègues, sommes placés face à un dilemme. Sommes-nous devant une répétition de 2002, alors qu’un autre gouvernement libéral avait ratifié le protocole de Kyoto sans avoir de plan pour le mettre en oeuvre et sans rien faire pendant 13 ans? Sans plan d’action concret pour mesurer les réductions de carbone et atteindre cet objectif, n'est-ce pas qu'une simple séance de photo?
Comme la l’a dit ici même en janvier dernier: « Il serait irresponsable de proposer une nouvelle cible sans avoir de plan pour l'atteindre, comme l'ont fait les conservateurs. » N’est-ce pas ce à quoi elle a consenti à Paris, une réduction accrue?
Le ministère de l’Environnement a rapporté que, même avec un plan collectif pour les engagements pris à ce jour par le gouvernement actuel, les provinces et les territoires, le Canada n’atteindra même pas l’objectif de réduction pitoyable établi par M. Harper.
Selon la motion dont nous sommes saisis, la Chambre appuie, premièrement, la décision du gouvernement de ratifier l'accord de Paris puis, deuxièmement, la Déclaration de Vancouver qui appelle le gouvernement fédéral, les provinces et les territoires à travailler ensemble à l'élaboration d'un cadre pancanadien en matière de croissance propre et de changement climatique.
Mais qu'est-ce que le gouvernement s'est engagé au juste à faire en vertu de l'accord de Paris?
À Paris, en décembre dernier, la s'est engagée, au non du Canada, à agir pour appuyer les mesures mondiales visant à réduire de façon importante les gaz à effet de serre. Le Canada s'est engagé à faire sa part dans l'effort mondial visant à contenir l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2 degrés Celsius par rapport aux niveaux industriels et en poursuivant l’action menée pour limiter l’élévation de la température à 1,5 degré Celsius.
Moins d'un an plus tard, le même gouvernement demande à la Chambre d'entériner sa décision de revenir sur sa promesse concernant la réduction des gaz à effet de serre. Même si l'accord de Partis permet aux parties prenantes de rajuster leurs engagements déterminés à l'échelle nationale, le but consiste à réduire davantage, et non moins, les émissions de gaz à effet de serre. Selon cet accord, les parties doivent agir le plus rapidement possible et avoir les cibles les plus ambitieuses possible.
Les Canadiens sont éberlués de constater que les libéraux cherchent un appui pour la ratification de l'accord de Paris tout en essayant de revenir sur leurs promesses faites ici même, au Canada. Le gouvernement actuel adopte ici les mêmes objectifs en matière de réduction que le gouvernement Harper, des objectifs que les libéraux qualifiaient d'inadéquats, parmi les plus faibles et catastrophiques. Et voici qu'aujourd'hui ils nous demandent de les adopter. Cela nous est impossible, et nous ne le ferons pas.
Nos glaciers fondent. Dans l'Arctique, la glace fond plus rapidement que jamais. Hier soir, j'ai appris que le principal glacier du parc national Kluane a tellement fondu qu'il n'alimente maintenant plus qu'une seule des deux rivières. Les collectivités sont aux prises avec des incendies et des inondations catastrophiques, et selon les experts, ces phénomènes naturels ne cesseront de s'amplifier, car ils suivront le rythme des changements climatiques.
Ensuite, la motion demande aux députés de reconnaître que le Canada a bien démontré qu'il a déjà établi un plan d'action et qu'il peut donc s'engager à réduire une partie de ses émissions en appuyant la Déclaration de Vancouver.
Oui, l'accord de Paris oblige aussi le Canada à reconnaître qu'il est essentiel que tous les ordres de gouvernement et les autres intéressés s'engagent à lutter contre les changements climatiques. Le gouvernement en poste a engagé le dialogue avec les provinces et les territoires et a conclu avec eux une entente ambitieuse pour les motiver à agir. Cela dit, la Déclaration de Vancouver n'est qu'un document ambitieux; elle n'est pas une véritable stratégie qui donnera lieu à des mesures concrètes. Elle n'offre aucun plan concret exposant des mesures concrètes qui permettront d'atteindre des cibles de réduction mesurables. Cette déclaration indique simplement que les signataires ont convenu « de travailler ensemble afin de développer ».
L'accord de Paris exige qu'au moment de la ratification, le Canada fournisse des renseignements clairs, exacts et transparents qui expliqueront de façon précise comment il s'y prendra pour atteindre les cibles de réduction. Comme le Réseau action climat l'a dit, il faut des mesures concrètes produisant des résultats tangibles.
On ne nous a pas encore présenté de plan d'action montrant les réductions d'émissions prévues dans le cadre des initiatives provinciales, territoriales et fédérales ou la date à laquelle les cibles de réduction seront atteintes. J'imagine que nous n'avons pas l'intention de ratifier un autre accord international si nous n'avons pas établi un plan d'action clair et crédible et des mesures législatives permettant d'évaluer comment le Canada peut s'acquitter de ses engagements et s'y prendra pour y parvenir. C'est ce que nous avons constaté dans le cas du protocole de Kyoto. Espérons que cette fois-ci, le Canada ne ratifiera pas l'accord de Paris avant d'avoir mis la dernière main à un plan crédible assorti de mesures législatives et d'un échéancier visant à assurer la conformité et de l'avoir présenté.
Les cibles annoncées aujourd'hui peuvent sembler encourageantes, mais où sont les mécanismes qui nous permettraient de les atteindre? À 10 $ la tonne, le prix de départ est même beaucoup moins élevé que ce qu'imposent les provinces. Quelles mesures concrètes la Déclaration de Vancouver contient-elle? En contient-elle, seulement? Voici ce qu'on peut y lire:
Les premiers ministres s'engagent à:
Mettre en oeuvre des politiques d'atténuation des émissions de GES qui atteignent ou dépassent l'objectif du Canada visant une réduction des émissions de 30 p. 100 par rapport au niveau de 2005 d'ici 2030, incluant les cibles et les objectifs spécifiques des provinces et territoires [...]
Je répète que ces cibles constituent un net recul par rapport aux réductions promises par les libéraux.
La Déclaration de Vancouver ne prévoit aucune cible réelle de réduction et ne précise pas davantage les mesures à prendre pour atteindre d'éventuelles cibles. Selon ce qu'on peut y lire, elle sert simplement à énoncer une vision et des principes. Elle ne dit rien sur les réductions concrètes que l'un ou l'autre des engagements permettrait d'obtenir. Or, comme le réclame le Réseau action climat — je le répète —, il faut des mesures concrètes produisant des résultats tangibles.
Les provinces, les territoires et le gouvernement fédéral admettent tous que des mesures doivent être prises pour atténuer les risques climatiques pesant sur la population, les infrastructures, l'économie et les écosystèmes, surtout dans le Nord du pays. Ils conviennent tous que le Canada a besoin d'investir dans des infrastructures vertes résistant aux changements climatiques, y compris dans les mesures d'atténuation des catastrophes naturelles, mais jusqu'ici c'est tout juste si les provinces et les territoires ont accepté d'élaborer une stratégie. Où sont les rapports du groupe de travail? Quels progrès a-t-on réalisés, concrètement? Que l'on sache, aucune stratégie n'a encore été arrêtée, et on est encore très loin d'engagements globaux de réduction. Qu'est-il arrivé à la reddition de comptes?
Nous attendons toujours la loi fédérale qui imposerait des cibles nationales de réduction soit aux émetteurs, soit aux provinces et aux territoires en ouvrant la porte au principe d'équivalence. Certaines provinces ont pris les devants et proposé des mesures concrètes, assorties de dates butoirs. Dans certains cas, elles ont même annoncé vouloir imposer des plafonds à certains secteurs. Je salue d'ailleurs l'Alberta de s'être engagée à accélérer l'abandon progressif de l'électricité produite à partir du charbon et d'avoir plafonné les émissions de gaz à effet de serre des sables bitumineux, mais est-ce assez?
La Déclaration de Vancouver parle de rendre les politiques environnementales plus ambitieuses, de telle sorte qu'avec les années les réductions des émissions de gaz à effet de serre puissent correspondre à ce qui figure dans l'accord de Paris. Or, le gouvernement libéral agit déjà de manière contre-productive en plaçant la barre aussi bas. La Déclaration de Vancouver ne précise pas davantage le délai à l'intérieur duquel les changements doivent avoir lieu, leur ampleur ou les mesures précises à prendre pour qu'ils deviennent une réalité.
Dans la Déclaration de Vancouver, les provinces et les territoires s'engagent à promouvoir une croissance économique propre afin de créer des emplois. Ils affirment pouvoir y parvenir grâce à une transition vers une économie qui émettra peu de gaz à effet de serre et qui résistera aux changements climatiques, mais seulement d'ici à 2050. Entretemps, le Canada continuera d'appliquer la stratégie convenue d'exploitation durable des ressources énergétiques dans le cadre de la transition vers une économie à faibles émissions de gaz à effet de serre.
L'absence totale d'échéance pour atteindre les objectifs de réduction des émissions et l'absence d'enveloppe budgétaire pour l'exploitation des énergies renouvelables, avec les emplois et la formation qu'elle générerait, nous indique jusqu'à quel point le gouvernement se montre velléitaire dans ce dossier. À l'échelon provincial, on voit bien des exemples de volonté réelle, notamment de la part des Territoires du Nord-Ouest, où l'on adopte une stratégie relative à l'énergie renouvelable. L'Alberta s'est enfin engagée à suivre l'exemple d'autres provinces et à se doter d'un programme d'efficacité énergétique.
La Déclaration de Vancouver nous promet l'élaboration d'une approche intégrée, dans l'ensemble des secteurs économiques, pour créer des emplois et stimuler l'innovation, mais uniquement dans une étape à déterminer ultérieurement. Il en va de même pour le financement des technologies propres, en particulier dans les domaines comme l'énergie renouvelable, l'efficacité énergétique et la production d'énergie propre. Peu d'engagements fermes ont été pris, jusqu'à maintenant, pour obtenir des réductions.
Tandis que le gouvernement fédéral et les provinces nous ont promis de réduire grandement les émissions de gaz à effet de serre, de favoriser les technologies propres et de mettre en oeuvre des mesures reposant sur l'idée que la croissance économique propre et la lutte contre les changements climatiques sont globalement avantageuses sur le plan économique, nous attendons toujours les mesures concrètes.
On nous dit qu'il n'y a pas de consensus sur la question centrale de l'imposition d'un prix sur le carbone. Il est également important de reconnaître que la Déclaration de Vancouver fait expressément référence à la stratégie énergétique canadienne, qui a été élaborée sans que l'on permette à la population de donner son avis. Il s'agit d'une stratégie qui, en grande partie, appuie la coopération avec les secteurs énergétiques à forte intensité carbonique et le maintien de ces secteurs.
Quelles mesures concrètes le gouvernement fédéral a-t-il prises pour réduire les émissions de gaz à effet de serre? Dans la Déclaration de Vancouver, le gouvernement fédéral s'est engagé à prendre des mesures précises et rapides, comme investir dans les infrastructures vertes, les infrastructures de transport en commun et dans les infrastructures sociales efficaces au plan énergétique. Or, le gouvernement n'a pas encore publié de plan détaillé pour les infrastructures vertes, y compris des précisions sur la partie des fonds d'infrastructure qui serait consacrée à l'écologisation.
Durant la campagne électorale, les libéraux ont promis de lutter contre les changements climatiques et d'investir dans l'économie verte. Cependant, même leur premier budget laisse beaucoup à désirer. En effet, après avoir promis plus de 3 milliards de dollars pour le transport en commun et la même somme pour les infrastructures vertes durant les deux premières années du programme, le budget de 2016 est à court de plus de 800 millions de dollars pour le transport en commun et les infrastructures vertes. Le budget n'a pas donné suite à la promesse d'éliminer les subventions pour les combustibles fossiles, qui continuent à rapporter des centaines de millions de dollars aux industries polluantes.
La plupart des fonds annoncés en 2016 ne sont que des sommes réaffectées. En effet, sur les 300 millions de dollars promis cette année pour une économie axée sur la croissance propre, seuls 100 millions de dollars sont de l'argent frais. À peine 50 millions de dollars sur quatre ans seront investis dans Technologies du développement durable Canada, une somme bien inférieure aux investissements précédents de 40 millions de dollars par année. Est-ce suffisant pour apporter des changements rapides? Les investissements canadiens dans les technologies propres ont chuté de 41 % au cours de la dernière décennie, alors que les investissements mondiaux dans ce secteur ont connu une croissance exponentielle, dépassant les investissements dans les combustibles fossiles.
Nous avons beaucoup de rattrapage à faire si nous voulons créer des débouchés économiques pour nos jeunes. Les libéraux avaient promis de faire avancer le dossier de l'électrification des transports, de favoriser l'élaboration de plans régionaux de transport d'électricité propre et d'investir dans des solutions d'énergie propre pour les collectivités autochtones, éloignées et nordiques, mais leur budget ne permettra pas d'agir rapidement dans ces dossiers. Leur engagement à réduire considérablement, d'ici 2025, les émissions de méthane provenant de la production de pétrole et de gaz est tout de même une bonne nouvelle, puisque cela nous permettra de rattraper l'Alberta.
Les Canadiens avaient espéré mieux. Ce qui nous préoccupe, c'est l'orientation du plan d'action libéral qui, jusqu'à présent, transfère dans une large mesure aux provinces et aux territoires, ainsi qu'aux municipalités, la responsabilité fédérale en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. À la question de savoir quelles mesures le gouvernement prend à cet égard, la ministre ne fait que répéter le même refrain, c'est-à-dire qu'elle consulte les provinces au sujet d'un plan.
On s'attend à ce que nous acceptions la ratification alors que nous n'avons même pas pu lire les rapports du groupe de travail qui pourraient, semble-t-il, être présentés aujourd'hui, y compris, par exemple, le rapport sur les mécanismes d'établissement du prix du carbone. Il est important de reconnaître que l'utilisation de combustibles fossiles a des répercussions qui vont au-delà des changements climatiques. Ces combustibles émettent un grand nombre de polluants, ce qui a des répercussions bien établies sur notre santé et l'environnement. La stratégie du gouvernement de l'Alberta tient compte de cet aspect, puisqu'elle prévoit l'élimination accélérée des centrales au charbon. Le gouvernement fédéral est appelé à faire de même et à modifier sa réglementation. Il est grand temps que le gouvernement fédéral remplace son absurde norme pancanadienne sur le mercure industriel par des règlements contraignants. En outre, quand le gouvernement fédéral prendra-t-il des mesures relativement aux particules nocives?
Il est également important d'examiner d'autres formes de production d'énergie qui réduisent les répercussions sur l'environnement ou sur les droits reconnus par les traités ou la Constitution. Pour que soient approuvés l'usine de gaz naturel liquéfié de Petronas et le pipeline pour le gaz naturel extrait par fracturation, plus de 190 exigences devront être respectées, ce qui signifie qu'il y aura des répercussions supplémentaires considérables sur l'environnement et sur les droits et les intérêts des Autochtones et, dans certains cas, ces répercussions ne pourront pas être atténuées. Des scientifiques du gouvernement et des scientifiques indépendants ont établi que l'exploitation des sables bitumineux aurait des répercussions environnementales importantes, y compris une charge de pollution à l'échelle locale et à grande distance. Les collectivités autochtones situées à proximité des sables bitumineux attendent toujours une étude sur les conséquences sur la santé et réclament des mesures concrètes.
À quoi ressemblerait une stratégie ambitieuse?
Les accords de Paris et de Vancouver engagent tous deux le gouvernement à effectuer une transition juste vers une économie axée sur l'énergie propre. Le gouvernement fédéral doit contribuer plus généreusement aux programmes déjà en place, y compris pour bâtir une expertise canadienne et offrir de la formation pratique dans les secteurs de l'énergie renouvelable et de l'efficacité énergétique. Dans ma province seulement, l'Institut de technologie du Nord de l'Alberta, l'Institut de technologie du Sud de l'Alberta et le Collège de Lethbridge offrent tous ces programmes, et ils ne suffisent pas à la demande.
Comme l'a déclaré l'Institut Pembina, le Canada doit se tailler une place dans le peloton de tête dans la course pour une économie mondiale propre et viable.
D'abord et avant tout, le gouvernement doit accélérer le retrait promis des subventions aux combustibles fossiles, qui ont un effet pervers. Certains réclament un objectif de production d'électricité à zéro émission d'ici 2050, qui pourrait facilement être rendu possible par un investissement fédéral dans un réseau d'alimentation qui dessert mieux les sources d'énergie renouvelables, y compris les sources locales. Même s'il faut continuer d'appuyer la recherche en matière d'énergie propre, en mettant particulièrement l'accent sur le stockage d'énergie, j'encourage le gouvernement à accroître considérablement son soutien et à accorder une attention beaucoup plus grande à la distribution d'énergie renouvelable en tant que telle.
En imposant enfin un prix sur le carbone et en fixant ce prix selon une courbe ascendante, le gouvernement fédéral fournira un incitatif important pour l'investissement dans les technologies tant renouvelables que plus propres, mais aussi, espérons-le, pour leur mise en oeuvre.
Il y a quelques années, le rapport d'un comité parlementaire indiquait qu'en investissant davantage dans la rénovation des édifices fédéraux, le gouvernement pourrait économiser des centaines de millions de dollars. Le Canada pourrait également suivre l'exemple des États-Unis en publiant des directives sur l'utilisation efficace de l'énergie et de l'eau, et sur l'achat d'énergies renouvelables.
Il y a longtemps que le gouvernement aurait dû réviser le Code national du bâtiment et le Code national de l'énergie pour les bâtiments. Il devrait aussi subventionner plus généreusement les programmes provinciaux et municipaux d'amélioration du rendement énergétique. Certaines personnes demandent même au gouvernement fédéral d'exercer les pouvoirs qui sont les siens en imposant aux fabricants canadiens de véhicules électriques et de véhicules sans émissions des cibles visant à accélérer la réduction des gaz à effet de serre dans le domaine des transports. D'autres demandent des normes de faible teneur en carbone de plus en plus rigoureuses pour tous les carburants.
Qu'en est-il de la promesse de participation du public qu'on a faite dans la Déclaration de Vancouver? Les Canadiens veulent autre chose que des consultations creuses; ils veulent des mesures qui leur permettront de réduire leur facture de chauffage ou d'installer des panneaux solaires. Ils veulent que leurs gouvernements privilégient des sources d'énergie plus écologiques qui ne nuisent pas à leur santé, à l'environnement, aux exploitations agricoles ou aux droits issus de traités.
Enfin, les Canadiens veulent faire valoir leur droit à un avenir énergétique plus propre. Pour ce faire, procédons sans tarder à la réforme des lois, des politiques et des pratiques fédérales touchant la protection de l'environnement, les évaluations environnementales ainsi que l'examen des projets. Je propose donc le sous-amendement suivant.
Je propose, avec l'appui du député de :
Que la modification soit modifiée par:
a) substitution aux mots « , aux provinces et aux territoires » des mots « de travailler avec les gouvernements provinciaux, territoriaux, municipaux et autochtones et le public canadien afin »;
b) substitution, aux mots suivant les mots « de lutte contre les changements climatiques », de ce qui suit: « qui s’engage à atteindre des cibles qui respectent l’engagement du Canada découlant de l’Accord de Paris et finalise les mesures et les investissements précis nécessaires pour assurer cette réduction des gaz à effet de serre avant la ratification ».
:
Monsieur le Président, je suis heureux de partager mon temps de parole avec la députée de .
Comme nous le savons, les changements climatiques se produisent à un rythme rapide partout sur la planète, ce qui aura de profondes répercussions sur la société, la biodiversité et les écosystèmes. Il suffit de regarder dans ma propre circonscription, Hastings—Lennox et Addington, qui s’étend du lac Ontario au parc provincial Algonquin. Cet été, pour la première fois, Quinte Conservation et l’équipe d’intervention en cas de baisse du niveau des eaux ont décrété un niveau 3 d’alerte de bas niveau d’eau, soit le niveau le plus grave qui soit.
Dans certaines parties de ma région, nous avons connu l’été le plus sec depuis 1888. Le niveau des rivières est tellement bas que des agents de protection de l’environnement ont dû se munir de filets pour aller secourir les poissons coincés dans les minuscules étangs causés par la baisse sans précédent du niveau des cours d’eau.
Les répercussions des changements climatiques dans ma communauté sont bien réelles. Je ne saurais vous dire combien de fois j’ai vu des agriculteurs tirer des réservoirs d’eau plusieurs fois par jour pour abreuver leur bétail. Personne ne se rappelle la dernière fois que les puits se sont asséchés aussi vite.
Cette année, les conversations sur la météo qui ont lieu dans des cafés un peu partout dans ma communauté ont pris une tournure plus triste et plus sombre. Les gens sont inquiets. Ce sont des gens qui connaissent bien la terre. Ils sont fiers de s’occuper de leur ferme en vue de la léguer à la prochaine génération.
J’ai aussi rencontré d’innombrables gens provenant de nombreux secteurs d’activité qui m’ont parlé des efforts qu’ils déploient pour s’adapter aux changements climatiques et les combattre. Les agriculteurs, les entreprises, les organismes communautaires et des Canadiens ordinaires font tous preuve de leadership dans la lutte contre les changements climatiques. Notre gouvernement devrait en faire autant.
De plus en plus, les zones protégées sont reconnues pour l’important rôle qu’elles jouent dans la réponse aux changements climatiques et les efforts déployés pour limiter leurs effets. Elles contribueront de nombreuses façons à la solution naturelle aux changements climatiques, grâce aux mesures prises par les ministères et organismes municipaux, provinciaux, territoriaux et fédéraux, les peuples autochtones, les propriétaires privés et les organismes sans but lucratif.
Le Canada a une longue tradition d’établissement et de gestion des zones protégées. Que ce soit sous la forme de parcs nationaux et provinciaux, de réserves fauniques nationales, de sanctuaires d’oiseaux migrateurs, de zones marines protégées, de réserves écologiques ou naturelles, les zones protégées au Canada préservent d’importants écosystèmes et habitats; elles maintiennent les fonctions essentielles des écosystèmes et permettent aux gens de se rapprocher de la nature. Les zones protégées renforcent à la fois la résilience écologique et sociale aux changements climatiques.
Comme tant de Canadiens, j’ai grandi à proximité de magnifiques régions sauvages. J’ai beaucoup de précieux souvenirs de randonnées pédestres dans les forêts de Madoc où j’ai grandi et de promenades avec mes enfants dans le parc provincial de Bon Echo dans la partie nord de ma circonscription, près de Cloyne.
Ceux qui ont visité le parc Bon Echo ont peut-être vu les pictogrammes à la base de cette spectaculaire falaise. Il y a de ces endroits, à travers le temps et les cultures, qui nous fascinent et nous montrent que nous avons beaucoup à apprendre de notre environnement naturel. Je trouve particulièrement approprié que ces anciens pictogrammes autochtones de Bon Echo nous expliquent comment Nanabush, le personnage du filou, a été envoyé par le Gitche Manitou pour transmettre son savoir au peuple ojibwé, nommant les plantes et les animaux autour de nous.
Il nous en reste encore beaucoup à apprendre. J’en suis personnellement conscient. Plus je discute avec les peuples autochtones, tant dans ma circonscription que dans le cadre de mon travail de député, plus je suis convaincu qu’ils peuvent nous enseigner de nombreuses choses sur la protection de nos terres et de notre eau.
L’eau est sacrée, car elle est source de vie. En protégeant nos bassins hydrographiques, nous protégeons aussi la vie qui jaillit autour d’eux. Pourtant, 70 % des milieux humides d’autrefois ont été remblayés ou asséchés dans les zones habitées du Canada, en particulier dans la région des Grands Lacs et du Saint-Laurent. Cette situation contribue aux terribles inondations dont nous avons été témoins aux environs de la rivière Moira, de Thurlow et de Tweed, où, il y a quelques années à peine, des crues printanières sans précédent ont forcé la communauté à se rassembler pour combattre la montée des eaux. La communauté a uni ses forces, car c’est ce que font de bons voisins, mais ces types de phénomènes causent de très lourdes pertes économiques.
En protégeant nos milieux humides et en leur permettant de remplir leur rôle, c’est-à-dire atténuer naturellement les inondations, purifier l’eau et offrir un habitat aux animaux sauvages, non seulement nous vivons en meilleure harmonie avec notre environnement, mais nous réalisons aussi des économies d’argent. En effet, nous veillons ainsi à ce que la population continue de bénéficier des services fournis par des écosystèmes terrestres et aquatiques sains et diversifiés.
Les zones protégées favorisent également le captage et le stockage du carbone par la végétation terrestre et aquatique, les sols et les tourbières. La conservation et la protection d’aires naturelles aident celles-ci à maintenir leur capacité de séquestrer le carbone et ainsi à éviter les émissions de gaz à effet de serre qui découlent des perturbations.
On estime que les aires protégées emmagasinent 15 % du stock mondial de carbone terrestre, soit 312 gigatonnes. Au Canada, plus de 4 milliards de tonnes de dioxyde de carbone sont séquestrées dans 39 de nos parcs nationaux.
Nous savons que les changements climatiques risquent également d’entraîner l’extinction de nombreuses espèces. Les hausses de température prévues pourraient excéder le seuil de tolérance biologique de beaucoup d’espèces et d’écosystèmes au Canada. L’établissement d’un large réseau d’aires protégées diversifiées et interconnectées peut permettre à la faune de s’adapter à l’évolution rapide du climat en faisant en sorte que la perte d’habitats adéquats soit contrebalancée par l’accès à des habitats similaires. Cette initiative garantit que des zones refuges contre les changements climatiques ont été déterminées et sont protégées pour permettre aux espèces menacées d’y migrer.
Le préambule de l’accord de Paris insiste sur l’importance d’assurer l’intégrité de tous les écosystèmes, notamment les océans, ainsi que la protection de la biodiversité lorsqu’on prend des mesures pour lutter contre les changements climatiques. L’article 5.1 de cet accord exige que les parties adoptent des mesures pour conserver et renforcer les puits et les réservoirs de gaz à effet de serre.
L'an dernier, le Canada a adopté les cibles et les objectifs nationaux pour 2020 en matière de biodiversité. Il s'agit des résultats à atteindre au niveau national grâce aux efforts collectifs des intervenants des secteurs public et privé. Les objectifs du Canada correspondent aux cibles mondiales fixées en 2010 dans le cadre de la Convention sur la diversité biologique des Nations unies, qui prévoit un engagement à conserver, d'ici 2020, au moins 17 % des zones terrestres et des eaux intérieures et 10 % des côtes et des zones marines, grâce à des réseaux d'aires protégées et à d'autres mesures de conservation efficaces.
Cette cible offre une occasion opportune et décisive pour le Canada de progresser et de faire preuve de leadership dans la lutte contre les changements climatiques et pour la conservation de la biodiversité. À la fin de 2015, seulement 10,6 % du territoire terrestre et 0,90 % du territoire marin canadiens étaient officiellement protégés.
Parcs Canada et Environnement et Changement climatique Canada collaborent avec les provinces et les territoires pour élaborer une feuille de route pour atteindre la cible visant le territoire terrestre. À l'occasion de la Journée mondiale des océans de 2016, le gouvernement du Canada a annoncé un plan en cinq points pour atteindre les cibles marines qui consistent notamment à porter la protection marine et côtière à 5 % d'ici 2017 et à 10 % d'ici 2020. Ce plan comprend l'établissement de zones déjà en cours de développement, notamment les cinq zones de protection marine prévues dans la Loi sur les océans.
En vertu de la Loi sur les océans, on envisage également la possibilité de créer de nouvelles zones de protection marine dans des zones extracôtières vierges et dans des zones qui subissent les pressions des activités humaines, et de cerner et de mettre en place de nouvelles mesures de conservation efficaces, comme l'interdiction de la pêche pour protéger les secteurs où abondent le corail et les éponges. Le budget de 2016 alloue 81,3 millions de dollars sur cinq ans à Pêches et Océans Canada et Ressources naturelles Canada pour appuyer cet effort.
Dans le budget de 2016, il est également prévu de verser plus de 42 millions de dollars sur cinq ans à Parcs Canada pour poursuivre la création de la réserve de parc national Thaidene Nëné dans les Territoires du Nord-Ouest et d'une nouvelle aire marine nationale de conservation dans le détroit de Lancaster au Nunavut.
En résumé, des écosystèmes sains et diversifiés sur le plan biologique accroissent la résilience aux chocs climatiques, amenuisent la vulnérabilité des collectivités aux changements climatiques et augmentent leur capacité de se remettre de ceux-ci. La gestion et l'expansion prudentes des réseaux de zones protégées aideront le Canada à protéger sa biodiversité et à lutter avec succès contre les changements climatiques.