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Bonjour à tous. Je vous souhaite un bon retour.
Après une semaine durant laquelle nous avons travaillé avec ardeur dans nos comtés, nous sommes ravis d'être de retour pour commencer notre première étude de la session. Comme tout le monde le sait, nous parlerons de l'industrie forestière.
Nous allons tout d'abord entendre les témoignages des représentants du ministère des Ressources naturelles, avec lesquels j'ai discuté avant la réunion. Je leur ai dit qu'ils devaient donner le ton à la réunion et ils ressentent donc une grande pression.
Nous accueillons deux représentants du Service canadien des forêts du ministère: la sous-ministre adjointe, Beth MacNeil; et le directeur général de la Direction du commerce, de l'économie et de l'industrie, M. Jeff Waring. Je vous remercie tous les deux de votre présence.
Il n'est pas nécessaire que je vous explique le fonctionnement des comités, car vous le connaissez très bien. Je rappelle à tous que la réunion d'aujourd'hui est télévisée. Je vous demande donc de bien vous conduire.
Cela dit, je vous cède la parole, madame MacNeil. Je crois que c'est vous qui allez lancer nos travaux.
En tant que chef du Service canadien des forêts de Ressources naturelles Canada, je veux vous dire que c'est un privilège d'être ici aujourd'hui pour discuter avec vous de l'état du secteur forestier canadien — des défis et des possibilités. Merci de l'invitation.
[Français]
Comme les membres du Comité le savent déjà, les forêts et le secteur forestier jouent un rôle important pour notre économie, pour l'environnement, pour le bien-être des Canadiens et des Canadiennes et pour notre avenir.
[Traduction]
Avec un PIB de 25,8 milliards de dollars, représentant 6 % des exportations du Canada et soutenant plus de 210 000 emplois et 300 communautés rurales, le secteur forestier est un moteur économique majeur d'un océan à l'autre. De plus, il figure parmi les employeurs les plus importants pour les peuples autochtones au pays, avec plus de 11 000 Autochtones employés dans le secteur. De plus, nous travaillons à l'amélioration du recrutement, du maintien en poste et de l'avancement des femmes, d'un plus grand nombre d'Autochtones et des Néo-Canadiens, et ce tout au long de la chaîne de valeur.
J'aimerais vous parler des principaux facteurs qui, aujourd'hui, ont une influence sur le secteur partout au Canada et vous expliquer pourquoi bien des gens croient que le secteur se trouve à la croisée des chemins. Parmi les facteurs qui ont un effet cumulatif sur la compétitivité du secteur, il y a les différends commerciaux; les problèmes d'approvisionnement en fibre forestière attribuables à une augmentation des perturbations associées aux changements climatiques, comme les feux de forêt et les invasions de ravageurs; le désir de préserver les espaces et les espèces afin de protéger la biodiversité du Canada; la capacité des infrastructures à acheminer nos produits vers les marchés; et, de temps à autre, la remise en cause de la réputation environnementale du Canada, malgré le fait que le Canada est un chef de file mondial dans la gestion durable de ses forêts.
[Français]
La conséquence d'un ou de plusieurs de ces facteurs a été la fermeture temporaire ou permanente de plusieurs usines au Canada, soit en Colombie-Britannique, au Nouveau-Brunswick, à Terre-Neuve-et-Labrador et en Nouvelle-Écosse, avec des conséquences dramatiques pour des milliers de travailleurs d'un bout à l'autre de la chaîne de valeur.
Plus récemment, nous avons constaté des répercussions sur le secteur en raison des barrages ferroviaires, et nous surveillons les répercussions possibles du COVID-19.
[Traduction]
De plus, le secteur doit faire face au protectionnisme croissant, particulièrement de la part des États-Unis, notre principal marché. Bien que le Canada ait réglé un différend commercial avec la Chine, sur la pâte pour transformation chimique, ainsi que deux différends avec les États-Unis, sur le papier surcalandré et le papier de pâte mécanique non couché, les droits d'importation imposés par les États-Unis sur le bois d'oeuvre canadien sont toujours en place. Ces droits ont un impact considérable sur la compétitivité des producteurs de bois d'oeuvre et limitent leurs activités. Compte tenu de la nature intégrée du secteur forestier, les répercussions de ces droits se répercutent sur les producteurs de pâtes et papiers et d'autres utilisateurs de résidus de scierie, comme les copeaux de bois.
[Français]
Plus récemment, l'Inde a démarré une enquête sur le papier journal canadien, ce qui pourrait avoir comme résultat l'imposition de droits de douane. Ces droits pourraient avoir un impact considérable puisque les producteurs font déjà face à un marché en déclin.
[Traduction]
Tel que mentionné, le secteur forestier se trouve à la croisée des chemins. Dans un contexte où l'industrie forestière de certaines régions du pays ne pourra plus se permettre de se contenter comme avant de ses activités et de ses produits traditionnels, de nouvelles possibilités se présentent au Canada pour qu'il émerge comme chef de file mondial de la bioéconomie circulaire en utilisant la foresterie et les produits dérivés de la forêt comme des solutions basées sur la nature à plusieurs des problèmes auxquels nous faisons face aujourd'hui. Par exemple, il n'existe pas de solution aux changements climatiques sans les forêts.
Le rôle actuel du Canada comme chef de file dans la gestion durable des forêts peut permettre au pays de devenir un chef de file pour la transition vers une économie faible en carbone et vers la bioéconomie circulaire. À Ressources naturelles Canada, nous avons d'importants programmes scientifiques, menés en collaboration avec les provinces et les territoires, sur des thèmes comme la gestion durable des forêts, les feux de forêt et les ravageurs forestiers, ce qui inclut la recherche sur le dendroctone du pin ponderosa et la tordeuse des bourgeons de l'épinette. Nous avons hâte de concrétiser l'engagement du gouvernement de planter deux milliards d'arbres. Il s'agit là d'une façon d'augmenter la séquestration du carbone tout en offrant d'autres avantages pour l'environnement, comme la conservation de l'eau et d'habitats pour la faune.
[Français]
Nous avons également des programmes industriels qui présentent plusieurs avantages, dont l'amélioration de la compétitivité du secteur forestier, le soutien au développement économique des Autochtones et la possibilité d'offrir des solutions pour le climat fondées sur la nature par le biais de façons innovantes d'utiliser la fibre de bois.
[Traduction]
Nous utilisons nos connaissances scientifiques, notre connaissance de l'industrie, nos programmes et nos partenariats pour appuyer les acteurs du secteur afin qu'ils puissent diversifier leurs marchés et produits, et fabriquer des bioproduits de plus grande valeur. Les bioproduits, les produits biochimiques et la bioénergie peuvent remplacer des produits traditionnels et réduire la demande en matériaux non renouvelables qui dépendent des énergies fossiles, comme le plastique, le ciment et l'acier.
Le World Business Council on Sustainable Development estime que les débouchés pour la bioéconomie circulaire vaudront entre 150 et 240 milliards de dollars en 2030. En 2017, les ministres fédéral, provinciaux et territoriaux responsables des forêts ont reconnu l'importance des forêts canadiennes pour la bioéconomie et ont approuvé le Cadre de bioéconomie forestière pour le Canada. Le Canada peut être un chef de file mondial dans ce domaine. En ce moment, Ressources naturelles Canada cherche à soutenir des initiatives qui utilisent les résidus de fibres pour produire des bioproduits qui seraient compostables à 100 %. Ces produits seraient donc jetés dans le bac de compostage plutôt que dans le bac de recyclage.
J'aimerais vous donner quelques exemples concrets de la façon dont le secteur forestier canadien offre de vraies solutions. Au cours des dernières années, nous avons construit de grands bâtiments en bois, dont Brock Commons, une résidence d'étudiants de 18 étages à l'Université de la Colombie-Britannique. Cette construction est non seulement une merveille architecturale, mais c'était jusqu'à récemment la plus grande construction en bois au monde. Elle change également la donne sur le plan environnemental. Construite en neuf semaines et demie, elle stocke près de 1 600 tonnes de dioxyde de carbone et a permis de réduire les émissions en gaz à effet de serre de 1 000 tonnes. Cela équivaut à retirer 500 automobiles de nos routes.
[Français]
Il y a aussi l'exemple de l'édifice Origine, une tour d'habitation en copropriété de 13 étages dans l'écoquartier de la Pointe-aux-Lièvres, à Québec. Il s'agit de la plus haute tour d'habitation en copropriété faite entièrement en bois au monde.
[Traduction]
Dans le cadre de l'Initiative de foresterie autochtone et de l'Initiative autochtone pour réduire la dépendance au diesel, nous soutenons plusieurs communautés éloignées dans la conversion de leurs systèmes de chauffage à base de diesel à la biomasse. Par exemple, la nation Kwadacha, en Colombie-Britannique, convertit le bois mort à cause du dendroctone du pin ponderosa en combustible pour une centrale bioénergétique communautaire. La nation crie d'Oujé-Bougoumou, au Québec, entreprend des rénovations de son système de chauffage à la biomasse afin d'en améliorer l'efficacité et la fiabilité.
Alors que les travailleurs, les collectivités et les entreprises font face aux graves conséquences des pertes d'emplois et des fermetures d'usines, les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux ont la possibilité de travailler ensemble à la transformation du secteur afin qu'il soit un acteur central dans la bioéconomie circulaire et qu'il soutienne les travailleurs et permette aux collectivités dépendantes du secteur forestier d'être plus résilientes. Le gouvernement du Canada et les gouvernements provinciaux continuent de travailler avec les différents intervenants du secteur forestier afin d'assurer que les mesures qui soutiennent les travailleurs, les collectivités et l'industrie concordent et sont pleinement utilisées, et qu'on puisse déceler et corriger les lacunes existantes.
Pour conclure, alors que le secteur forestier fait face à de nombreux défis qui ont des effets considérables, il se trouve devant de nombreuses possibilités également. Le Canada possède la fibre, la réputation environnementale et l'ingéniosité nécessaires pour avoir un des secteurs forestiers les plus compétitifs du monde, et pour être un chef de file en ce qui a trait aux solutions basées sur la nature et à la bioéconomie circulaire émergente.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Madame MacNeil, j'ai apprécié votre intervention.
Pour mettre les choses en perspective, je viens du Saguenay—Lac-Saint-Jean, l'une des grandes régions forestières du Québec, où l'usine de Produits forestiers Résolu a dû cesser ses opérations. Je souligne au passage qu'une partie de ma campagne électorale a porté sur l'industrie forestière, et cela va peut-être paraître tout à l'heure.
Vous avez dit que le secteur forestier se trouvait à la croisée des chemins, et cela m'a marqué. Si ma femme me disait que nous sommes à la croisée des chemins, j'aurais un peu peur, car cela voudrait dire qu'il faut que j'agisse assez rapidement.
Je ne sais pas si vous serez d'accord avec moi, mais j'ai l'impression que, depuis les 20 dernières années, le gouvernement n'a pas agi à cet égard. Il y a deux grands fronts dans l'industrie forestière. D'abord, il y a les batailles commerciales qui n'ont pas été menées par le gouvernement fédéral ces dernières années. L'autre grand front est celui de la recherche-développement.
Cela fait 15 ans qu'on me parle de la pâte celluloïd. On me dit que c'est meilleur que le pain tranché et que cela viendra remplacer éventuellement de nombreux composants de la peinture et du plastique. Or jamais ce secteur n’a bénéficié d'un soutien financier intéressant du gouvernement fédéral. Je ne sais pas si vous serez d'accord avec moi.
J'ai gardé cette image en tête pendant ma campagne électorale. En fouillant, j'ai trouvé qu'à partir du début des années 1970 jusqu'au début des années 2000, on a investi collectivement 70 milliards de dollars, parce que la technologie qui permettrait de rendre les sables bitumineux rentables n'existait pas. Pourtant, on l'a rendue rentable. Je ne veux pas tourner le fer dans la plaie, mais le Québec n'y a rien gagné.
Maintenant, il y a une crise climatique à laquelle on devra faire face. Plusieurs spécialistes de la question nous annoncent que le secteur forestier est probablement l'un des mieux placés.
C'était un long préambule et je m'en excuse. Voici donc ma question.
Depuis les 20 dernières années, le soutien à la recherche-développement du gouvernement fédéral n'est pas à la hauteur des attentes. Êtes-vous d'accord avec moi là-dessus? Cette première question était longue, pardonnez-moi.
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Je vous suis, mais nous ne faisons peut-être pas la même lecture de la situation. Je n'ai peut-être pas le même engouement que vous pour ces sommes investies.
Je vous parlais de deux secteurs qui m'embêtent: d'un côté, la recherche-développement, et de l'autre, nos guerres commerciales constantes avec le marché américain.
Ce qui me frappe, quand je vais en Europe, particulièrement quand je vais en France, c'est toutes les infrastructures en bois que je vois. Pourtant, ce ne sont pas les Français qui disposent de cette ressource. Ce ne sont pas eux qui sont des producteurs de bois. Quand on se promène en France, on voit des infrastructures telles que des ponts totalement faits en bois laminé et collé. On peut voir de nombreuses infrastructures, qui des édifices gouvernementaux, qui des maisons, entièrement faites de bois.
Comment se fait-il que, au Canada, où nous disposons de cette ressource, nous n'ayons pas réussi à développer cette culture?
Pourquoi le bois, dans le domaine de l'ingénierie, fait-il encore l'objet de nombreuses réticences?
Y a-t-il un lobby de la poutre d'acier ou du béton qui ferait en sorte de détourner le secteur de la construction du bois?
Merci de vous être déplacés. M. Simard a volé ma première question, mais je vais tenter de la reformuler. Elle porte sur les produits du bois novateurs, plus particulièrement le bois massif et le bois d'ingénierie.
Il y a deux vendredis, j'étais à un sommet sur l'industrie forestière en Colombie-Britannique. J'ai entendu entre autres l'histoire d'une entreprise forestière suédoise, Stora Enso, dont 70 % des revenus proviennent dorénavant de produits qu'elle ne fabriquait pas il y a 10 ans. Je crois que les produits de bois massif novateurs représentent l'une des plus grandes occasions du Canada, non seulement pour stocker du carbone et lutter contre les changements climatiques, mais aussi pour créer un véritable marché intérieur pour nos produits forestiers, ce qui nous protégerait contre, par exemple, l'imposition de droits de douane par l'Inde sur notre papier ou par les Américains sur notre bois d'œuvre.
Pour donner suite à ce que disait M. Simard, j'avais un projet de loi d'initiative parlementaire qui demandait au gouvernement, en toutes lettres, d'essentiellement faire plus de marchés publics pour des constructions en bois. Vous avez parlé de ponts en bois, mais en a-t-on fait autant pour les bâtiments en bois? On m'a dit que c'est ce que faisait Travaux publics l'année dernière. Pouvez-vous donner de l'information là-dessus? Ces entreprises — par exemple Structurlam à Penticton, en Colombie-Britannique, et Kalesnikoff à Castlegard, qui construit une énorme usine — ont besoin que le gouvernement donne l'exemple pour que leurs efforts soient récompensés. Ce sont déjà des chefs de file dans le domaine, et elles ne veulent pas que cela change.
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Monsieur le président, j'aimerais tout d'abord corriger mon collègue du Bloc québécois. Il a dit que les investissements effectués dans les sables bitumineux au cours des 60 dernières années n'ont pas profité au Québec. C'est une fausseté incroyable. Les investissements dans les sables bitumineux ont profité au Québec, tout comme au Canada, bien sûr.
Je remercie les témoins d'être là.
Il y a quelques semaines, j'ai tenu une rencontre avec les gens de l'industrie du bois dans ma circonscription, Montmagny—L'Islet—Kamouraska—Rivière-du-Loup. Dans la région de Saint-Pamphile, qui est au sud de ma circonscription et adossée à la frontière américaine, la grande majorité des usines utilisent le bois américain. En fait, elles achètent le bois américain en dollars américains et doivent payer une taxe de 20 %. Avec le taux de change actuel, elles sont donc doublement taxées par rapport à leurs exportations.
Y a-t-il des négociations entre les Américains et les Canadiens sur les taxes mises en place par les Américains? Je sais que cette question a été portée devant les tribunaux, mais, malgré cela, y a-t-il des négociations qui sont menées?
Un autre produit est fabriqué dans cette région, et c'est le bardeau de cèdre qu'on met sur les murs ou les toits des maisons. Actuellement, ce produit est taxé, et il ne l'était pas sous l'ancien régime. Encore une fois, nous sommes touchés par ces nouvelles taxes en place.
Y a-t-il des négociations pour éliminer ces taxes? C'est ma première question.
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Merci, monsieur le président.
Avant de commencer, je veux remercier les témoins d'être parmi nous.
Je suis très heureux, moi aussi, de parler des forêts. Bien que je sois le député de Sudbury, une ville minière, je viens de Kapuskasing, une ville de pâtes et papiers et de forêts. Mon père a travaillé à l'usine Spruce Falls pendant 40 ans comme soudeur. Mon grand-père avait aidé à construire la scierie durant les années 1920 et 1930. Pendant longtemps, nous avons exporté notre papier pour qu'il serve au quotidien The New York Times, ce dont nous étions très fiers.
Toute ma famille a travaillé dans le secteur de la foresterie. Je suis très heureux d'en parler. Je suis un homme de forêt. J'ai pu bénéficier des bons emplois qu'elle créait. Contrairement à mon père, j'ai pu faire des études universitaires, et ce, grâce aux bons emplois offerts par ce secteur.
M. Simard a parlé d'investissements, et j'aimerais y revenir. De son point de vue, il s'agit d'un manque d'investissement. Madame MacNeil, vous avez parlé des investissements qu'a faits notre gouvernement dans le secteur forestier au cours des quatre dernières années. Il y a le Plan d'action sur le bois d'œuvre. On parle ici de 900 millions de dollars, d'investissements de 250 millions de dollars dans le cadre du budget fédéral de 2019 et d'un autre montant de 100 millions de dollars en 2018. C'est donc dire qu'environ 1,2 milliard de dollars ont été investis dans le secteur, ce qui est beaucoup.
Nous reconnaissons cependant qu'il y a des difficultés. C'est clair.
[Traduction]
Vous avez dit que nous sommes maintenant à la croisée des chemins, ce qui a des répercussions sur le secteur, c'est-à-dire sur le potentiel des bioproduits et la bioéconomie, et le rôle qu'ils peuvent jouer.
Je l'ai vu de mes propres yeux. Quand je me suis rendu à Chibougamau et à Chapais, au Québec, j'ai vu les investissements faits là-bas et comment ils ont transformé... Mais nous voyons aussi tout le potentiel ailleurs dans une économie qui se chiffre en milliards de dollars et qui attend de... et nous voyons que la transition est difficile à faire.
Peut-être que, avec votre expertise et ce que vous entendez... Le défi réside dans l'adoption. FPInnovations fait un travail formidable. On fait énormément de recherche, et nous sommes des chefs de file mondiaux au Canada.
Au moment d'adopter ces choses dans notre monde commercial, quels sont les obstacles sur lesquels nous pourrions nous pencher dans la politique publique lorsque nous préparerons notre rapport au Parlement? Que pouvons-nous recommander au Parlement?
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Merci, monsieur le président. Je remercie les deux témoins d'être avec nous aujourd'hui. Nous vous savons gré de nous fournir ces renseignements.
Je viens de Terre-Neuve-et-Labrador, et je n'ai pas besoin de vous dire que nous avons perdu notre industrie il y a 10 ou 12 ans lors de la fermeture de deux de nos trois usines de pâtes et papiers. Puisqu'il n'y avait pas de débouchés pour les sous-produits, la situation a eu une incidence sur une grande partie des activités de nos usines. Nous avons été témoins de fermetures massives dans toute la province. Contrairement à aujourd'hui, nous n'avions pas de programmes d'innovation à l'époque. Il n'y avait pas d'aide financière qui aurait permis une transition au sein de l'industrie.
Je suis très heureuse de constater que ces programmes existent aujourd'hui et que l'accent est mis sur l'innovation, la formation dans les métiers spécialisés et, de toute évidence, le développement des marchés pour les produits. Dans ma province, il y a des régions, y compris ma circonscription, qui sont entièrement dévouées au développement de produits dans l'industrie forestière, mais qui n'ont plus d'industrie. Il reste très peu d'entreprises. On n'a même pas construit de nouvelles routes forestières depuis 15 ans. C'est regrettable, parce qu'il y a toujours une teneur en fibres durables et la possibilité d'envisager de nouveaux développements au sein de l'industrie. Je suis vraiment ravie de voir les programmes qui sont offerts.
Ma question porte justement sur ces programmes. Il y a notamment le programme d'innovation forestière, dans lequel je sais que nous allons investir 92 millions de dollars au cours des trois prochaines années. Comment ce programme est-il mis en œuvre? Est-il appliqué par les provinces et les territoires? Est-il offert directement par le gouvernement fédéral? Comment les régions qui veulent trouver des façons nouvelles et novatrices de développer l'industrie forestière ou les produits forestiers peuvent-elles avoir accès à ces programmes dès maintenant?
Je vous remercie beaucoup de m'offrir l'occasion de participer à cette étude.
[Traduction]
Je m'appelle Elisha Ram, et je suis le sous-ministre adjoint délégué d'Emploi et Développement social Canada, ou EDSC. Je travaille dans les programmes d'emploi et de développement des compétences.
Je suis accompagné aujourd'hui de mes collègues: Alan Bulley, qui fait partie de l'équipe d’élaboration des programmes d'emploi et des politiques, et Katie Alexander, qui s'occupe des opérations des programmes.
Nous sommes ici aujourd'hui pour parler du secteur forestier. Comme vous l'avez entendu dans la première partie de la séance, ce secteur est un pilier de l'économie canadienne et joue un rôle important dans la création d'emplois et le soutien des marchés du travail locaux dans l'ensemble du pays. Vous avez également entendu que le secteur rencontre un certain nombre de défis, qui se traduisent par des fermetures, des réductions de la production et des licenciements aussi. Par conséquent, les travailleurs et les collectivités qui dépendent du secteur forestier pour leur subsistance en subissent les effets.
Dans ce genre de situation, notre ministère — EDSC — est prêt à fournir des services essentiels aux travailleurs, aux collectivités et aux employeurs. Ces services comprennent des mesures de soutien telles que: les efforts d'intervention rapide à l'échelle locale par Service Canada; la prévention des mises à pied en utilisant le programme Travail partagé; l'aide immédiate aux travailleurs déplacés par l'entremise des prestations de revenu de la partie I de l'assurance-emploi; les mesures de soutien à la formation et à la transition vers le réemploi offertes par les provinces et les territoires dans le cadre des ententes de transfert relatives au marché du travail, accompagnées d'une aide financière fédérale; et d'autres ressources en matière de formation axée sur les compétences et de marché du travail qui sont offertes par notre ministère.
Si vous me le permettez, je vais vous fournir des précisions sur certaines de ces initiatives.
Comme beaucoup d'entre vous le savent, et comme nous l'avons déjà entendu, il y a eu le Plan d'action sur le bois d'œuvre en 2017, qui comprenait plusieurs mesures de notre ministère pour soutenir les travailleurs et les employeurs touchés par les droits de douane américains sur les produits du bois d'œuvre. Le plan prévoyait des investissements supplémentaires dans la formation axée sur les compétences et l'aide à l'emploi, ainsi que l'atténuation des pertes d'emploi grâce à la souplesse qu'offre Travail partagé.
EDSC dispose d'un éventail de programmes et de services qui sont actuellement disponibles et peuvent être mis en place rapidement dans tous les secteurs de l'économie, y compris dans l'industrie forestière. Pour s'assurer que les gens sont au courant des soutiens qui leur sont offerts, Service Canada surveille activement les conditions du marché du travail dans tout le pays, évalue les effets possibles du chômage à l'échelle locale et régionale et s'engage dans des activités de sensibilisation proactives auprès des intervenants, notamment les employeurs, les organisations syndicales et les collectivités touchées.
Par exemple, lorsque nous prenons connaissance de licenciements à la suite d'une annonce publique, Service Canada communique avec les employés touchés dans les 48 heures pour évaluer leurs besoins et leur proposer des séances d'information. Ces séances sont généralement offertes en partenariat avec des représentants provinciaux ou territoriaux, ce qui permet aux employés touchés de se renseigner sur les programmes et services provinciaux, territoriaux ou fédéraux auxquels ils pourraient avoir droit.
J'ai déjà mentionné le programme Travail partagé, qui permet aux employeurs et aux employés d'éviter les mises à pied lors d'une période de réduction temporaire du niveau normal des activités d'une entreprise, qui est hors du contrôle de l'employeur. Dans le cadre de ce programme, le gouvernement du Canada offre un soutien du revenu aux employés admissibles aux prestations d'assurance-emploi et dont l'horaire de travail a été réduit temporairement pendant que leur employeur redresse la situation. Ce soutien aide les employeurs à conserver leurs employés qualifiés et à éviter le processus lié au recrutement et à la formation. Cela permet aussi aux travailleurs de demeurer des employés, de maintenir leurs compétences et de recevoir de l'assurance-emploi pour les jours où ils ne travaillent pas.
Pour ce qui est du soutien du revenu, les prestations régulières d'assurance-emploi fournissent un soutien du revenu temporaire aux Canadiens qui ont perdu leur emploi pour des raisons indépendantes de leur volonté, pendant qu'ils cherchent du travail ou améliorent leurs compétences. Le nombre de semaines de prestations d'assurance-emploi qu'une personne peut recevoir est fondé sur le taux de chômage dans sa région et sur le nombre d'heures d'emploi assurables qu'elle a accumulées, jusqu'à un maximum de 45 semaines.
Pour soutenir la formation axée sur les compétences et l'emploi des Canadiens, le gouvernement du Canada fournit aux provinces et aux territoires environ 3 milliards de dollars par année dans le cadre des ententes de transfert relatives au marché du travail, qui comprennent les ententes sur le développement du marché du travail et les ententes sur le développement de la main-d'œuvre. Ces fonds permettent aux gouvernements provinciaux et territoriaux d'offrir un éventail de formations axées sur les compétences et de soutiens à l'emploi pour aider les Canadiens à améliorer leurs compétences, de même qu'à trouver et à conserver de bons emplois.
Les provinces et les territoires ont la possibilité de concevoir et d'offrir des programmes d'emploi qui répondent aux besoins de leurs marchés du travail locaux. En plus du financement de base de près de 3 milliards de dollars par année, dans le budget de 2017, le gouvernement du Canada a effectué d'importants investissements supplémentaires de 2,7 milliards de dollars sur six ans pour améliorer les ententes de transfert relatives au marché du travail, à compter de l'exercice 2017-2018. Cela comprend l'élargissement de l'admissibilité aux programmes et aux services des ententes sur le développement du marché du travail pour permettre à un plus grand nombre de personnes de bénéficier d'une formation axée sur les compétences et d'une aide à l'emploi financées par l'assurance-emploi. En vertu des ententes sur le développement de la main-d'œuvre, les provinces et les territoires ont davantage de souplesse pour offrir des programmes de formation axée sur les compétences et des programmes d'emploi qui répondent aux divers besoins de leurs clients, en mettant l'accent sur les personnes les plus éloignées du marché du travail et sur celles qui souhaitent se perfectionner.
J'ai parlé du Plan d'action sur le bois d'œuvre. Les mesures suivantes d'EDSC y ont été intégrées pour soutenir les travailleurs et les employeurs ciblés dans le secteur forestier. D'une part, 50 millions de dollars sur deux ans en financement supplémentaire ciblé ont été prévus pour les administrations dans le cadre des ententes sur le développement du marché du travail, dans le but d'améliorer la formation axée sur les compétences et les aides à l'emploi à l'intention des travailleurs forestiers touchés. D'autre part, 30 millions de dollars sur deux ans ont été prévus pour que les provinces et les territoires entreprennent des projets de recherche sur les suppléments de rémunération ciblés, avec des aides à l'emploi complémentaires pour faciliter les transitions professionnelles des travailleurs ciblés. De plus, des mesures spéciales temporaires ont été prises dans le programme régulier de Travail partagé pour soutenir la viabilité à long terme des entreprises et l'atténuation des pertes d'emploi. Ces mesures prolongent la durée des accords de Travail partagé, suppriment la période de répit obligatoire entre les accords, et accordent aux employeurs une certaine souplesse en ce qui concerne le plan de redressement obligatoire qu'ils doivent adopter dans le cadre de Travail partagé. Ces mesures spéciales de Travail partagé restent disponibles jusqu'à la fin du mois.
À l'époque, ces initiatives étaient conçues pour soutenir les travailleurs d'un secteur qui, selon les prévisions, devait subir d'importantes pertes d'emplois et fermetures en raison des droits de douane américains qui étaient imposés. Cependant, nous avons constaté que le prix du bois d'œuvre est demeuré plutôt élevé pendant cette période et que le secteur était rentable. Ainsi, la demande pour les ressources additionnelles qui ont été débloquées dans le cadre du Plan d'action sur le bois d'œuvre a été minime. Seules quelques provinces ont décidé d'en profiter pour l'aide à la formation et à l'emploi, et peu de gens ont tiré parti des occasions de Travail partagé.
Plus tard, compte tenu de la nature intégrée du secteur forestier, on a élargi les critères d'admissibilité aux mesures d'ajustement de la main-d'œuvre qui étaient prévus dans le Plan d'action sur le bois d'œuvre, de façon à inclure les travailleurs touchés par tout différend commercial dans le secteur forestier, et pas seulement par celui du bois d'œuvre. Par conséquent, dès la deuxième année, le financement a été mis à la disposition de l'ensemble des provinces et des territoires. Cinq provinces ont profité des fonds la deuxième année, à savoir la Colombie-Britannique, la Saskatchewan, l'Ontario, le Québec et l'Île-du-Prince-Édouard. Ainsi, les provinces ont touché près de 40 millions de dollars de financement ciblé supplémentaire, ce qui leur a permis de fournir des programmes de formation axée sur les compétences et de soutien à l'emploi aux travailleurs du secteur forestier qui sont touchés.
En plus de ces programmes, notre ministère collabore régulièrement avec ses homologues d'autres ministères fédéraux qui ont des responsabilités dans le secteur forestier, comme RNCan. Nous communiquons régulièrement avec les provinces et les territoires afin de comprendre les besoins du marché du travail à l'échelle locale et de voir comment les aides que nous offrons peuvent combler ces besoins. De plus, nous échangeons fréquemment avec d'autres joueurs, notamment les syndicats, les entreprises et les collectivités qui ont un intérêt dans le secteur forestier. Nous pouvons ainsi comprendre leurs besoins et trouver la meilleure façon de les aider avec nos programmes.
Je vous remercie de votre attention. Mes collègues et moi serons heureux de répondre à vos questions.
J'ai écouté attentivement votre présentation. Or si je parle spécifiquement de ma région, je peux affirmer que les graves crises vécues dans le secteur du bois d'œuvre ont engendré un taux anormalement élevé de gens ayant perdu leur emploi. Comme vous l'avez souligné tout à l'heure, c'est une situation difficile. En effet, ces gens ont passé leur vie en forêt, ont un certain âge, sont au seuil de la retraite, sont habitués à un certain train de vie et, du jour au lendemain, doivent se trouver un nouvel emploi. Il s'agit d'appliquer ces mesures de transition. À ce sujet, je suis d'accord sur ce que vous avez affirmé. Contrairement à mes amis conservateurs, je n'ai pas d'objection à ce que cela soit appliqué à des secteurs autres que celui du bois. Je vais vous expliquer pourquoi.
J'ai de la difficulté à voir en quoi ce programme — dont on parlait tout à l'heure et dont l'acronyme en français est PABO, une blague qui fonctionne en français, mais peut-être pas en anglais — offre un soutien essentiel aux gens qui perdent leur emploi. Concrètement, comment peut-il soutenir l'industrie forestière?
Quelque chose m'a peut-être échappé. Pouvez-vous éclairer ma lanterne à ce sujet?