:
Je vous remercie de me donner l'occasion de participer à cette discussion aujourd'hui et de vous présenter un état de situation au sujet du dossier du bois d'œuvre résineux.
Je suis accompagné de Michael Owen, conseiller principal et directeur exécutif à la Direction générale du droit commercial international; de Colin Barker, directeur de la Direction du bois d'œuvre résineux d’Affaires mondiales Canada; et de Ronnie Hayes, conseiller principal en affaires, Biotech industrielles et innovation forestière, Direction des pratiques multisectorielles.
Le secteur forestier du Canada est à l'origine de plus de 211 000 emplois dans 300 collectivités à l’échelle du pays. En 2018, la production de bois d'œuvre résineux représentait 25,8 milliards de dollars du PIB du Canada. Nous sommes pleinement conscients que le secteur forestier a récemment été aux prises avec des turbulences économiques importantes. Cela a eu de graves répercussions sur les travailleurs et les collectivités qui en dépendent. Les conditions de ce marché sont actuellement difficiles; entre autres, il y a une réduction de l'approvisionnement en bois récoltable, principalement en Colombie-Britannique, et une concurrence accrue dans les marchés étrangers.
Les droits de douane que les États-Unis imposent au bois d’œuvre résineux canadien constituent évidemment un autre obstacle. Étant donné la proximité géographique du Canada et ses liens commerciaux étroits avec les États-Unis, il n'est pas surprenant que ces derniers soient notre premier marché d'exportation du bois d'œuvre résineux en importance. Aujourd'hui, le marché des États-Unis représente près de 80 % des exportations de bois d'œuvre résineux du Canada. Depuis plusieurs dizaines d'années, les États-Unis dépendent du bois d'œuvre résineux canadien pour combler l'écart entre leur capacité de production nationale et leur demande en bois d'œuvre.
Malgré cette relation mutuellement avantageuse, le conflit sur le bois d'œuvre résineux entre le Canada et les États-Unis est devenu l'un des différends commerciaux les plus longs entre les deux pays. Au cours des dernières décennies, l'industrie américaine du bois d'œuvre a fréquemment demandé à son gouvernement d'adopter des mesures protectionnistes contre les importations de bois d'œuvre résineux canadien, y compris au moyen de l'application de droits à l'importation.
La plupart des mesures qu'ont prises les États-Unis à l'égard du bois d'œuvre résineux canadien reposent sur les différences dans la manière dont les forêts sont gérées au Canada et aux États-Unis. Ces derniers affirment toujours que la gestion publique, par rapport à la propriété privée, donne lieu à des subventions injustes à la faveur des producteurs de bois d'œuvre canadiens. Ces arguments ont été jugés dépourvus de fondement à maintes reprises. Le Canada a déposé des contestations en vertu du chapitre 19 de l'Accord de libre-échange nord-américain, l'ALENA, ainsi que devant l'Organe de règlement des différends de l'Organisation mondiale du commerce, l'OMC, pour s'opposer aux décisions concernant les droits de douane. Les États-Unis ont perdu ces processus de règlement de différends à de nombreuses reprises parce que le Canada ne subventionne pas la production du bois d'œuvre résineux.
Plus récemment, après l'échéance, en 2015, de l'Accord sur le bois d'œuvre résineux de 2006 et du moratoire d'un an qui a suivi, les États-Unis ont entrepris une nouvelle enquête sur les pratiques canadiennes en matière de bois d'œuvre résineux, à la demande de l'industrie américaine du bois d'œuvre. En janvier 2018, à la suite des enquêtes sur les droits antidumping et compensateurs du département du Commerce des États-Unis, le pays a une fois de plus commencé à imposer des droits de douane sur les importations canadiennes de bois d'œuvre résineux.
Ces droits compensateurs et antidumping sont totalement injustifiés. Nous croyons fermement que ces décisions ne sont pas conformes au droit américain et aux obligations en matière de commerce international prises par les États-Unis dans le cadre de l'OMC. Le gouvernement du Canada conteste actuellement les derniers droits imposés par les États-Unis sur le bois d'œuvre résineux au moyen de cinq processus juridiques, dont trois en vertu du chapitre 19 de l'ALENA et deux devant l'Organe de règlement des différends de l'OMC.
Le Canada s’appuie sur le chapitre 19 de l'ALENA pour contester les décisions définitives sur les droits compensateurs et antidumping prises par le département du Commerce des États-Unis ainsi que la décision de la Commission du commerce international des États-Unis quant au dommage sensible subi par l'industrie américaine. Les groupes spéciaux mis sur pied en vertu du chapitre 19 examinent la conformité de ces décisions au droit américain.
Permettez-moi d'ajouter ici que l'Accord Canada–États-Unis-Mexique, ou le nouvel ALENA, préserve le processus de règlement des différends fondé sur des groupes spéciaux binationaux pour les recours commerciaux qui est prévu dans le chapitre 19 de l'ALENA. Ce processus protège les entreprises et les travailleurs canadiens de l'application injuste de droits compensateurs et antidumping par les États-Unis ou le Mexique grâce à un système de règlement des différends transparent et indépendant. La préservation de ce mécanisme dans le nouvel ALENA nous permettra de continuer de veiller à ce que ces mesures soient appliquées en conformité avec les lois internes de chacune des parties. Ce mécanisme est d'une importance cruciale pour la préservation de l'accès au marché qui résulte de l'accord et pour la défense des intérêts du Canada.
Étant donné que le Canada a réussi à conserver le mécanisme de règlement des différends, une fois que le nouvel ALENA sera en vigueur, les contestations du Canada en vertu du chapitre 19 de l'ALENA qui sont soumises à l'examen au regard du droit américain suivront leur cours, et ce, en parallèle avec toute autre contestation relevant du chapitre 10 du nouvel ALENA concernant l'imposition par les États-Unis de droits injustifiés ou injustes fondés sur les examens administratifs annuels.
La contestation du dommage sensible est la plus avancée des contestations en cours en vertu de l'ALENA ou devant l'OMC. Le 4 septembre 2019, le groupe spécial de l'ALENA a rendu sa décision au sujet de la contestation du dommage sensible par le Canada. Il a conclu que plusieurs questions clés qui sont au cœur de la décision de la Commission du commerce international des États-Unis à l'égard du dommage sensible n'étaient pas fondées sur des preuves substantielles et ne sont donc pas conformes au droit américain. Il a renvoyé la décision devant la Commission.
Cette décision, bien qu'elle ne mette pas immédiatement fin aux droits imposés par les États-Unis, a représenté un grand pas dans la bonne direction. Même si la Commission a décidé de ne pas modifier de manière importante sa décision de première instance, nous poursuivrons notre contestation et demanderons au groupe spécial de reconnaître une fois de plus que cette décision n'est pas conforme au droit américain.
Dans le cadre de ce processus, nous souhaitons que la Commission infirme sa décision initiale et conclue qu'en fait, l'industrie américaine n'a pas subi de dommage sensible, ou que le groupe spécial de l'ALENA lui en donne l’ordre. Ce processus pourrait prendre encore un certain temps et nous le poursuivrons au cours de l'année. Si la décision rendue conclut qu'il y a absence de dommage sensible, l'imposition des droits de douane ne sera plus fondée et les droits seront éliminés.
Le Canada conteste deux autres décisions définitives du département du Commerce des États-Unis concernant des droits compensateurs et antidumping en vertu de l'ALENA. Nous en sommes encore au processus de mise sur pied des groupes spéciaux dans ces cas.
Nous contestons aussi deux décisions sur les droits par l'entremise de l'Organe de règlement des différends de l'OMC. Les audiences du groupe spécial sur ces deux contestations ont déjà eu lieu. De ces deux contestations, la plus compliquée et peut-être celle qui a la plus grande incidence est celle qui vise la décision sur les droits compensateurs. Au cours de la dernière année, le groupe spécial de l'OMC a tenu deux audiences sur la question, lors desquelles le Canada a présenté des arguments au groupe spécial pendant plusieurs jours, ainsi que de nombreuses observations par écrit. Nous attendons la prise d'une décision au cours de l'été.
Dans des circonstances normales, les décisions prises par un groupe spécial de l'OMC peuvent être portées en appel, comme le Canada l'a fait dans le cas de la contestation de la décision sur les droits antidumping. Cependant, l'impasse actuelle de l'OMC concernant la nomination de nouveaux membres de l'Organe d'appel entraînera des retards dans le règlement définitif de ces deux contestations; c'est pourquoi il est important de poursuivre les contestations en vertu du chapitre 19 de l'ALENA.
Pendant le déroulement de ces processus juridiques, nous travaillons en étroite collaboration avec les provinces et l'industrie. Il existe un groupe d'avocats qui permet aux avocats du gouvernement du Canada de travailler directement avec les avocats qui représentent les provinces, les associations industrielles et les entreprises individuelles. Il s'agit réellement d'une approche du type « Équipe Canada » qui permet à notre argumentaire juridique d'être le plus efficace possible.
En plus des processus juridiques, d'importantes interactions se poursuivent avec des décideurs des États-Unis pour faire progresser les discussions en vue de parvenir à une solution au conflit actuel. Le , la et la demeurent actifs dans ce dossier. Nous saisissons toutes les occasions de soulever la question auprès d'homologues américains, de membres du Congrès et de représentants d'États américains.
La discute régulièrement de la question du bois d'œuvre avec le secrétaire Ross, du département du Commerce américain, et le représentant américain au Commerce, M. Lighthizer. Plus récemment, la vice-première ministre et plusieurs premiers ministres des provinces ont rencontré ce dernier à Washington et ont discuté du dossier du bois d'œuvre résineux à cette occasion.
La entretient aussi un dialogue direct avec les parties prenantes de l'industrie, les dirigeants syndicaux et les premiers ministres des provinces et territoires du Canada afin de comprendre les différents points de vue dans le pays à l'égard de ce conflit. Les gouvernements et les parties prenantes des provinces sont généralement d'accord avec la poursuite des litiges en vertu de l'ALENA et devant l'OMC, et reconnaissent que les décisions juridiques qui seront prises renforceront la position du Canada dans le cadre des négociations en vue d'un nouvel accord sur le bois d'œuvre résineux.
Le gouvernement du Canada poursuit donc un ensemble vigoureux de contestations juridiques tout en cherchant sans cesse des occasions d'engager un dialogue avec le gouvernement des États-Unis en vue de conclure un nouvel accord. Le Canada continue de croire qu'un accord négocié avec les États-Unis sert les intérêts des deux pays.
Malheureusement, l'industrie américaine empêche le gouvernement de participer constructivement aux négociations, préférant le maintien des droits de douane et des prix élevés du bois d'œuvre qu'entraînent ces droits, au détriment des consommateurs américains. Entretemps, nous comprenons l'effet néfaste des droits imposés par les États-Unis sur les travailleurs et les collectivités qui dépendent de cet important segment de l'industrie forestière.
En juin 2017, le gouvernement a annoncé le Plan d'action sur le bois d'œuvre, qui prévoit 867 millions de dollars sur trois ans pour répondre aux besoins des travailleurs et des collectivités touchés, ainsi que de l’industrie. Une somme supplémentaire de 251 millions de dollars a été affectée dans le budget de 2019 aux programmes d’innovation et de diversification du secteur forestier de Ressources naturelles Canada.
Selon Affaires mondiales Canada, il est essentiel de poursuivre la diversification des échanges commerciaux pour assurer la santé des industries de la foresterie et des produits du bois du Canada à l'avenir. La diversification aidera à maintenir et à accroître les emplois dans le secteur forestier canadien et à appuyer les collectivités qui dépendent de ces industries.
Affaires mondiales Canada appuie les innovateurs des produits forestiers dans la recherche de partenaires dans le secteur de la technologie, d'investisseurs étrangers et de débouchés dans de nouveaux marchés pour leurs produits forestiers de prochaine génération, y compris les bioproduits. Affaires mondiales Canada travaille en étroite collaboration avec les provinces et territoires à la promotion et à la défense de la réputation du Canada sur le plan de l'environnement dans les marchés du monde entier.
Les accords économiques et commerciaux bilatéraux et multilatéraux du Canada qui sont déjà conclus ou en cours de négociation visent à accroître le caractère concurrentiel de nos industries des ressources naturelles, y compris le secteur forestier, sur la scène internationale. Par exemple, l'Accord économique et commercial global avec l'Union européenne et l'Accord de Partenariat transpacifique global et progressiste ont ouvert de nouvelles possibilités d'exportation pour l'industrie forestière canadienne en Europe et en Asie.
La Stratégie de diversification du commerce du gouvernement comprend un investissement de 290 millions de dollars sur cinq ans pour aider les entreprises canadiennes à exporter et à prendre de l'expansion en renforçant le Service des délégués commerciaux et en augmentant le soutien que celui-ci offre aux exportateurs canadiens, y compris dans le secteur forestier.
En conclusion, nous reconnaissons que les États-Unis demeureront le plus important marché des exportateurs de bois d'œuvre canadiens. Selon les analyses, l'écart entre la demande et l'offre des États-Unis en matière de bois d'œuvre résineux augmentera concrètement au cours des 10 prochaines années; les États-Unis devront donc en importer davantage.
Naturellement, en raison de sa proximité géographique et de nos liens commerciaux étroits, le Canada est le mieux placé pour répondre à cette demande. Par conséquent, nous sommes persuadés qu'un règlement qui apporte stabilité et prévisibilité à l'industrie du bois d'œuvre résineux est la meilleure solution pour les deux pays.
Tout au long de ce processus, nous avons collaboré étroitement avec les provinces, les territoires et les parties prenantes de l'industrie pour nous assurer que le Canada adopte une approche unifiée à l'égard de ce différend. Nous continuerons de travailler en étroite collaboration au fur et à mesure de nos avancées dans ce dossier.
Je vous remercie encore de cette invitation à comparaître aujourd'hui. Mes collègues et moi sommes impatients de répondre à vos questions.
:
Je vous remercie, messieurs, de votre présentation.
Quelque chose m'a frappé dans votre réponse à la question visant à savoir pourquoi le bois d'œuvre n'avait pas fait partie des négociations dans l'Accord Canada—États-Unis—Mexique, ou ACEUM. Je ne sais pas si cela vient des interprètes, vous me le direz. Vous sembliez vouloir dire que nous devions nous concentrer sur d'autres priorités, et ce n'est pas la première fois que j'entends cela. N'y a-t-il pas eu une tournure de phrase qui ressemblait à cela?
L'expression « se concentrer sur d'autres priorités » est pour moi assez révélatrice. J'ai l'impression que les différentes crises du bois d'œuvre que nous vivons sont en partie dues au fait que le Canada a une économie assez intégrée à celle des États-Unis dans le secteur de l'automobile et qu'il ne veut pas fragiliser ce secteur. Cela me laisse l'impression que, la monnaie d'échange, c'est souvent le bois d'œuvre.
Je ne me rappelle pas exactement, mais je sais que nous avons eu gain de cause dans de nombreux recours que nous avons portés devant l'Organisation mondiale du commerce, ou OMC. Je sais que, dans l'un des règlements relatifs à ces litiges, une portion de l'argent que devaient nous reverser les États-Unis ne l'a jamais été. Sauf erreur, cela représente près d'un milliard de dollars.
J'ai assisté à une présentation à ce sujet par des représentants d'une entreprise de ma région, Produits forestiers Résolu. Cette entreprise, qui mène ses activités dans le domaine forestier et l'exportation de bois d'œuvre, considère cela comme une forme de rançon. Elle paie encore aujourd'hui la surtaxe, soit entre 15 % et 20 %, qui s'applique depuis 2017.
Voici ce qui m'inquiète. Si nous obtenons un règlement pour les cinq affaires en cours dont vous parlez, nous serons encore tentés, pour entretenir de bonnes relations avec nos voisins américains, d'accepter ce système de rançon où nous ne recevons pas, en fin de compte, la juste part des compensations qui nous seraient offertes à la suite d'une décision des tribunaux.
J'aimerais avoir vos commentaires là-dessus.
:
Merci, monsieur le président.
Je remercie également tous les membres du Comité.
Le secteur forestier est un important moteur économique pour les régions du Québec. En 2018, le secteur générait 6,6 milliards de dollars de production, soit 1,8 % du PIB du Québec, et il employait 58 000 travailleurs, soit à peu près 1,4 % de l'emploi total. Ce sont 160 collectivités québécoises qui sont tributaires de cette industrie.
[Traduction]
Ces dernières années, le secteur forestier a connu plusieurs contrecoups, causés en partie par les conflits commerciaux sur le bois d'œuvre, par l'effondrement du marché résidentiel américain et par la chute de la demande mondiale pour le papier journal.
[Français]
À chaque fois, Développement économique Canada pour les régions du Québec, ou DEC, a été là pour appuyer l'activité économique dans les zones touchées par des initiatives temporaires et ciblées, qui sont maintenant complétées. Voici quelques exemples.
Entre 2009 et 2011, dans le cadre du Fonds d'adaptation des collectivités, nous avons conclu sept ententes avec le gouvernement du Québec pour atténuer, à court terme, les répercussions du ralentissement économique par la réalisation de travaux sylvicoles et de restauration de ponts et de ponceaux sur les chemins à vocation multiressources.
Nous avons investi 119 millions de dollars dans des projets qui ont contribué à la création et au maintien de 8 000 emplois, tout en répondant aux défis liés à la transition et à l'adaptation des collectivités. De 2010 à 2013, l'Initiative ponctuelle de renforcement des économies forestières du Québec, communément appelée l'IPREFQ, nous a permis d'appuyer 210 projets de diversification et de croissance, pour un total de 80,5 millions de dollars en contributions.
De 2014 à 2018, l'Initiative stratégique contre la tordeuse de bourgeons d'épinette au Québec nous a permis de mettre en place des mesures d'intervention contre ce parasite afin de maintenir la possibilité forestière ainsi que de préserver les emplois.
[Traduction]
DEO a pour mandat de soutenir le développement économique à long terme des entreprises et des régions. À ce titre, le rôle à valeur ajoutée que nous jouons auprès de l'industrie forestière réside davantage dans l'appui des projets visant les deuxièmes et troisièmes transformations du bois. C'est ce que nous privilégions dans nos interventions.
Notre stratégie est fondée sur l'approche des principaux acteurs de l'industrie dans la province, qui mise sur l'innovation, la modernisation et la diversification comme levier de développement à long terme du secteur.
[Français]
À DEC, nous misons, entre autres, sur des projets innovants et sur des technologies vertes, en particulier dans le secteur de la bioéconomie. Nous estimons qu'il s'agit d'un domaine en plein essor, car la valeur potentielle de la biomasse, dont regorgent nos forêts, permet de développer et d'offrir une plus grande gamme de produits une fois transformés. Cela présente un potentiel économique important sur le marché et pour l'industrie forestière. Voici quelques exemples.
Nous avons appuyé des centres collégiaux de transferts de technologie, ou CCTT, qui transforment la biomasse à des fins commerciales. Les projets auxquels ils ont contribué ont eu beaucoup de succès. Ce sont de belles histoires de réussite. Agrinova, un CCTT de Mashteuiatsh, au Lac-Saint-Jean, travaille à la revalorisation des résidus forestiers par la production du biocharbon.
Nous avons aussi appuyé le Groupe Damabois, une entreprise spécialisée dans la fabrication de palettes de manutention qui souhaitait diversifier ses activités et qui en avait besoin. Le Groupe Damabois commercialise maintenant des bûches énergétiques fabriquées à partir d'écorce de tremble, un sous-produit du bois que l'entreprise génère pendant ses activités. Notre contribution a aidé l'entreprise à acquérir la technologie nécessaire pour mettre au point et produire ce nouveau produit.
En conclusion, les projets liés à la transformation des bioproduits forestiers, comme les granules de bois, sont encore peu nombreux, mais DEC est bien placé pour continuer à les soutenir dans leurs premières démarches de commercialisation sur les marchés étrangers. En tant qu'agence de développement économique régional, DEC a le rôle d'appuyer le développement et la diversification des entreprises et des régions. C'est pourquoi nous nous sommes engagés à promouvoir l'innovation pour créer de la prospérité économique. C'est ce que nous souhaitons pour l'avenir de l'industrie forestière.
Je vous remercie de m'avoir permis de vous parler de l'industrie et du travail que nous faisons à DEC pour soutenir les collectivités qui en dépendent.
:
Monsieur le président, merci beaucoup de me donner cette possibilité de m'adresser à vous aujourd'hui.
Je suis Gerry Salembier, sous-ministre adjoint de la région de la Colombie-Britannique au ministère de la Diversification de l'économie de l'Ouest canadien.
[Français]
En français, cela s'appelle Diversification de l'économie de l'Ouest Canada, ou DEO.
[Traduction]
Nous employons l'abréviation DEO, en français.
Je vais vous parler des effets qu'a la situation actuelle dans le secteur forestier sur les collectivités, principalement, de ce que fait DEO pour appuyer ces collectivités, et des autres mesures qui, selon nous, pourraient être prises.
Je sais que mes collègues de Ressources naturelles Canada vous ont déjà parlé des défis que doivent affronter l'industrie et les travailleurs, et du fait que la situation est particulièrement difficile en Colombie-Britannique. Je ne vais pas répéter les raisons puisque vous les avez entendues plusieurs fois. Je me contenterai de dire que nous ne considérons pas cette situation comme une étape normale du cycle industriel.
[Français]
Vous connaissez déjà les répercussions de cette situation sur l'industrie et les travailleurs.
Je centrerai donc mon intervention sur les défis plus larges que cette situation impose aux collectivités qui dépendent du secteur forestier, un domaine où nous considérons que DEO a un rôle à jouer.
Le secteur forestier occupe une place beaucoup moins importante qu'avant dans l'activité économique globale en Colombie-Britannique, mais il continue à être un important moteur économique pour plusieurs collectivités rurales et autochtones. Il y a 98 collectivités de la province qui sont considérées, sur le plan économique, comme dépendantes du secteur forestier.
[Traduction]
Il est difficile de surestimer les difficultés que doivent aujourd'hui affronter ces collectivités. J'ai pu entendre directement les préoccupations d'un grand nombre d'entre elles grâce au groupe de travail sur les fermetures d'usines. Ce groupe est le fruit d'une collaboration avec un groupe d'organisations communautaires de développement économique, qui est formé de sociétés d'aide au développement des collectivités dont DEO finance les fonds de fonctionnement de base.
Ce que ces gens disent, c'est que les conséquences de la situation actuelle ne touchent pas uniquement les exploitants d'usine et leurs employés, mais aussi les exploitants de la chaîne d'approvisionnement, d'autres entreprises locales et les fournisseurs de services communautaires. C'est dans la réponse à ces effets généraux que les collectivités constatent un manque de soutien.
J'aimerais aussi souligner que 10 % des employés du secteur forestier de la Colombie-Britannique s'identifient comme étant des Autochtones, alors que les Autochtones ne représentent que 6 % de la population provinciale. Cela signifie que les peuples et les collectivités autochtones sont touchés de façon disproportionnée par la situation.
Alors, que fait DEO?
[Français]
La majeure partie du soutien que DEO apporte aux collectivités rurales et dépendantes du secteur forestier en Colombie-Britannique est administrée par le réseau des Sociétés d'aide au développement des collectivités, ou SADC, comme je l'ai mentionné.
Il y a 34 SADC qui servent les collectivités rurales dans l'ensemble de la Colombie-Britannique, dont quatre sont spécifiquement autochtones.
DEO leur accorde plus de 10 millions de dollars par année pour offrir une variété de services aux propriétaires de petites entreprises et aux entrepreneurs dans les collectivités rurales.
[Traduction]
Nous travaillons avec ce groupe sur une initiative ciblée de résilience communautaire, qui s'inspire d'une initiative couronnée de succès que nous avons financée et qui a été mise en œuvre par les Sociétés d'aide au développement des collectivités, ou SADC, en réponse aux saisons record de feux de forêt dans la province en 2017 et en 2018. Cette initiative de résilience communautaire sera axée sur les priorités locales et le soutien aux collectivités, et je peux fournir de plus amples détails si le Comité le souhaite.
En ce moment, nous participons activement à l'élaboration du projet avec les SADC, et nous cherchons d'autres partenaires qui y contribueront également, puisque le propre financement de DEO n'est pas à l'échelle requise ici pour régler le problème.
J'aimerais aussi souligner brièvement l'Initiative sur l'énergie propre pour les Autochtones de la Colombie-Britannique, qui vise à accorder du soutien aux collectivités autochtones qui travaillent sur des projets d'énergie propre pour leur peuple, dont des projets de bioénergie dans lesquels la biomasse forestière est utilisée. L'initiative est financée conjointement par nous et par la province de la Colombie-Britannique, et a été décrite par les dirigeants des Premières Nations touchées comme un exemple de ce à quoi peut ressembler une relation de nation à nation.
[Français]
Par ailleurs, DEO a également soutenu des projets axés sur le secteur forestier, souvent pour favoriser la participation des Autochtones dans le secteur.
Nous coordonnons également nos actions avec celles d'autres ministères fédéraux et provinciaux au sein du Comité intergouvernemental de soutien aux travailleurs et aux collectivités du secteur forestier que ma collègue Beth MacNeil a mentionnés récemment devant votre comité.
[Traduction]
Le travail de ce groupe interministériel fédéral et provincial correspond à ce que j'entends du groupe de travail sur les fermetures d'usine en Colombie-Britannique.
Que pouvons-nous faire de plus?
Nous espérons contribuer à combler certaines des lacunes relevées grâce à l'initiative de résilience communautaire, mais, comme je l'ai dit, l'ampleur et la portée des défis méritent une action qui dépasse nos ressources.
En dehors de nos programmes de base, DEO a déjà accordé de temps à autre des fonds fédéraux à des initiatives d'adaptation communautaire visant le secteur de la foresterie. Si le Comité le souhaite, je serai heureux de lui fournir des détails à ce sujet.
[Français]
Pour terminer, j'aimerais remercier le Comité de m'avoir donné l'occasion de présenter mon point de vue aujourd'hui.
C'est avec plaisir que je vais répondre à vos questions.
Merci.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, bonjour. Merci de m'avoir invité à comparaître devant vous aujourd'hui.
Le secteur forestier est un employeur important et un contributeur majeur à l'économie du Canada atlantique. En 2019, ce secteur a employé environ 19 200 personnes. Les exportations de la région ont totalisé plus de 2,7 milliards de dollars en produits l'année dernière. Près des trois quarts de ces produits, soit 72 %, sont allés aux États-Unis.
Le secteur forestier de la région connaît une période de transition alors que la demande mondiale de produits du bois se réoriente, que l'intendance environnementale s'accroît et que la demande locale diminue.
Trois grands problèmes ont touché le secteur du Canada atlantique. Il y a eu la fermeture de l'usine Northern Pulp dans ma province, la Nouvelle-Écosse; les répercussions des tarifs et de la fluctuation des prix; et l'augmentation des niveaux de population de la tordeuse des bourgeons de l'épinette, surtout au Nouveau-Brunswick.
[Français]
À l'Agence de promotion économique du Canada atlantique, ou APECA, nos programmes aident à faire croître l'économie, à créer des emplois et à diversifier les économies des collectivités.
Nous avons des programmes souples qui appuient les entreprises dans de nombreux secteurs et qui soutiennent les mesures de développement communautaire.
Nous collaborons avec les entreprises pour bâtir une capacité d'exportation, mener des projets à valeur ajoutée et investir dans l'automatisation et l'innovation des produits. Grâce aux activités de recherche-développement, nous collaborons avec l'industrie pour appuyer la viabilité du secteur.
[Traduction]
Au cours des 10 dernières années, l'APECA a investi près de 60 millions de dollars dans environ 200 projets du secteur. Ces projets portaient sur la gestion durable des forêts, la recherche et le développement, l'innovation et la diversification reliée aux produits à valeur ajoutée, la sensibilisation du public et le perfectionnement des compétences.
[Français]
Pour terminer, je dirai que l'APECA continuera à collaborer avec les intervenants du secteur forestier — y compris les petites et moyennes entreprises, les gouvernements provinciaux, Ressources naturelles Canada et les leaders communautaires de la région — pour s'assurer que ce secteur pourra profiter des occasions nouvelles et pourra demeurer dynamique, et ce, afin de créer des emplois et d'aider à faire croître notre économie.
[Traduction]
Merci de votre temps, monsieur le président.
:
Merci infiniment, monsieur le président.
[Français]
Bonjour à tous nos témoins.
Je vous souhaite la bienvenue à votre Chambre des communes.
Je suis député du Québec. Dans ma circonscription, il n'y a pas, à proprement parler, de territoires forestiers et d'entreprises forestières aussi vastes et performants que celles dont vous avez fait état tout à l'heure.
Cependant, je tiens quand même à souligner que cette industrie est très importante pour l'économie québécoise. Tout à l'heure, Mme Brassard nous a bien brossé le tableau de la réalité: l'industrie est beaucoup plus que de la production de planches, c'est beaucoup plus que du travail de bûcheron, c'est aussi de la haute technologie.
Il y a trois ans, je suis allé dans la région du Fjord, dans la circonscription de Chicoutimi—Le Fjord, et j'ai découvert le parfum du bois. J'étais bien heureux de découvrir cette odeur, une odeur que j'aime respirer lorsque je me promène. De plus, le bois entre dans la composition de nombreux dérivés. Comme Mme Brassard le disait tout à l'heure, l'industrie se modernise, elle donne lieu à de la plus-value. Elle doit changer, s'améliorer, c'est exactement ce qui se passe.
Mme Brassard faisait aussi état des investissements qui ont été faits et des démarches effectuées par Développement économique Canada. Au cours des années 2009 à 2013, alors que je siégeais au gouvernement provincial, il y avait des collaborations fructueuses et intéressantes, qui se sont révélées profitables pour les travailleurs québécois dans le secteur forestier. Je suis très heureux de souligner aussi que ces années coïncident avec l'époque où je faisais partie du gouvernement.
Par la suite, nous ne pouvons pas dire que les choses se sont améliorées. Curieux hasard, il y a exactement quatre ans aujourd'hui, le 11 mars, savez-vous où était notre ? Il était à la Maison-Blanche, en compagnie de son bon ami, le président de l'époque, M. Barack Obama — c'est bien d'avoir d'excellentes relations comme celles-là —, et cela aurait été une occasion extraordinaire de régler le différend qui oppose le Canada et les États-Unis sur la question du bois d'œuvre.
Ce qui existait il y a quatre ans existe encore aujourd'hui. Malheureusement, il y a quatre ans, alors que l'harmonie était parfaite entre les deux chefs d'État, celui de l'État canadien et celui de l'État américain, notre a échoué dans sa volonté de régler ce problème qui, malheureusement, frappe le secteur forestier, tant au Québec que partout au Canada, c'est-à-dire la question des tarifs.
La question du problème tarifaire est immense; il s'agit tout de même d'un tarif de 20 % dont l'application a des répercussions. Nous avons remporté une autre victoire au mois de septembre dernier. Encore une fois, le tribunal d'arbitrage nous a donné raison, à nous les Canadiens. Et alors? Le problème, c'est que cette victoire reste encore à démontrer et qu'il faut encore aller plus loin.
Madame Brassard, pouvez-vous nous expliquer quelles sont les répercussions que le tarif américain antidumping, qui a été contesté par le tribunal, a eu sur l'industrie forestière au Québec?
:
Je reviens sur le sujet de la lutte contre la tordeuse des bourgeons de l'épinette. Une partie du travail a été fait en collaboration avec le Québec pour évaluer ce problème. Les montants investis reflètent son importance relative.
À l'époque, nous avions travaillé avec la Société de protection des forêts contre les insectes et les maladies, ou SOPFIM. Un épandage avait été fait sur 44 000 hectares de forêts sur des terres publiques. Il y a quand même eu de nombreuses choses réalisées dans ce domaine. Cela a permis à la SOPFIM de tester et d'améliorer ses stratégies d'intervention contre la tordeuse. Je ne veux pas vous donner l'impression que le montant investi représentait peu de choses.
J'ai parlé d'initiatives antérieures et de nos programmes actuels. J'ai travaillé de telle sorte que DEC se positionne comme une agence de développement économique régional. Nos efforts et notre façon de travailler sont davantage axés sur l'aide aux collectivités. Il faut souvent diversifier les activités quand il s'agit d'une région très dépendante d'une seule industrie, mais nous ne sommes pas particulièrement sectoriels.
Nous avons eu des projets dans l'industrie forestière, au cours des dernières années, d'une valeur de 14 millions de dollars. Nous avons mené des projets avec FPInnovations. Nous avons posé des gestes de cette nature pour donner le plus d'ampleur à nos actions. Nous travaillons avec des centres de recherche et FPInnovations qui, eux-mêmes, vont aider davantage les entreprises.
Ce qui passe un peu inaperçu, c'est ce que nous faisons dans le domaine manufacturier pour aider l'industrie forestière et tous les équipementiers du secteur. Nous voulons les aider à poursuivre leur travail et soutenir l'industrie. J'ai aussi évoqué les efforts que nous faisons dans le secteur de la biomasse. Ils ne sont peut-être pas suffisants, mais nous continuons d'y travailler.
Nous avons des partenaires, il y a des projets, c'est nouveau et cela comporte un élément de risque. Le fait d'offrir les meilleures conditions qui soient fait partie de notre stratégie. Quand nous travaillons avec des organismes à but non lucratif, ou OBNL, c'est de l'aide qui ne sera pas remboursable. Le travail auprès des entreprises va être de l'aide remboursable, mais qui demande de la patience, car cela est sans intérêt. Pour ce qui est du remboursement, nous pouvons attendre deux, parfois, trois ans.
Comme vous le savez sans doute, nous avons des équipes réparties dans la province qui connaissent bien les intervenants et les petites et moyennes entreprises. Elles sont très à l'écoute de leurs préoccupations. Quand il y a un projet dans le secteur, nous allons les aider. Chacun a sa méthode, mais notre approche ne se limite pas à des appels de propositions, nous fonctionnons en continu. Quand de bons projets nous sont présentés, nous sommes à l'écoute.
Nous continuons de travailler avec les représentants du gouvernement du Québec et des industries dans les domaines qu'ils représentent pour nous assurer d'avoir une présence soutenue et importante, et qui aura des retombées positives.