:
Merci, monsieur Doherty.
Y a-t-il d'autres questions ou d'autres commentaires? Je vais mettre l'amendement proposé par M. Bittle aux voix.
(L'amendement est rejeté.)
Le président: Nous passons maintenant au vote sur la motion de M. Doherty.
(La motion est adoptée. [Voir le Procès-verbal])
Le président: Merci, monsieur Doherty.
Nous passons maintenant aux travaux prévus à l'ordre du jour. Nous étudions le processus de certification des aéronefs.
Nous avons le privilège de recevoir des témoins aujourd'hui. Je vous présente ceux qui comparaissent de 15 h 30 à 16 h 30. Nous accueillons tout d'abord M. Sylvain Alarie et M. Gilles Primeau, tous deux ingénieurs, qui comparaissent à titre personnel. De plus, nous recevons des représentantes du Bureau canadien d'enquête sur les accidents de transport et de la sécurité des transports: la présidente, Mme Kathleen Fox; et la directrice des enquêtes aéronautiques, Mme Natacha Van Themsche.
Bienvenue à tous. C'est un privilège et un honneur de vous recevoir.
Bien entendu, nous allons tout d'abord écouter vos exposés. Vous disposez de 10 minutes chacun. Les membres du Comité vous poseront des questions par la suite.
Je ne sais pas qui veut commencer.
La parole est à vous, madame Fox.
:
Bonjour. Je tiens à remercier le Comité d'avoir invité le Bureau de la sécurité des transports du Canada, le BST, à discuter de la certification des aéronefs.
[Français]
Aujourd'hui, je suis accompagnée de ma collègue Natacha Van Themsche, directrice des enquêtes aéronautiques. Elle détient une vaste expérience, entre autres comme ingénieure aérospatiale et membre des Forces canadiennes depuis plus de 20 ans.
[Traduction]
Comme de nouveaux membres se sont joints au Comité, je veux prendre un bref moment pour vous expliquer qui nous sommes et ce que nous faisons.
Le BST a été créé en 1990 par la Loi sur le Bureau canadien d'enquête sur les accidents de transport et de la sécurité des transports. Notre mandat, et notre seul but, consiste à promouvoir la sécurité du transport aérien, maritime, ferroviaire et pipelinier relevant de la compétence fédérale.
Nous le faisons en procédant à des enquêtes indépendantes, en constatant les lacunes en matière de sécurité et en déterminant leurs causes et les facteurs contributifs, en formulant des recommandations et en publiant des rapports. Autrement dit, lorsqu'un incident ou un accident survient, nous menons une enquête afin de savoir non seulement ce qui s'est passé, mais aussi pourquoi cela s'est produit. Ensuite, nous rendons publiques nos conclusions, afin que celles et ceux qui sont les mieux placés pour prendre les mesures nécessaires — c'est-à-dire les organismes de réglementation et les intervenants de l'industrie — puissent le faire.
Le BST est un organisme qui mène ses activités indépendamment des ministères et des organismes gouvernementaux. Nous rendons des comptes au Parlement par l'intermédiaire du président du Conseil privé de la Reine pour le Canada. Cela nous permet d'être impartiaux et libres de toute influence extérieure réelle ou perçue.
[Français]
Il est également important de préciser ce que le BST ne fait pas. Nous ne sommes pas un organisme de réglementation ni un tribunal. Nous n'attribuons et ne déterminons pas les responsabilités civiles ou pénales. Nous ne menons pas d'inspections ni de vérifications. Ces fonctions reviennent aux organismes de réglementation et autres.
[Traduction]
Quant au sujet d'aujourd'hui, de manière générale, la certification des aéronefs sort du cadre du mandat du BST tel qu'il est défini dans la Loi sur le Bureau canadien d'enquête sur les accidents de transport et de la sécurité des transports. Nous ne pouvons pas certifier les aéronefs ou l'équipement aéronautique. Cette fonction relève plutôt du mandat de Transports Canada. Le BST n'interviendrait dans ce domaine que si, au cours d'une de ses enquêtes, la certification des aéronefs ressortait comme une lacune de sécurité importante. Bien que ce ne soit pas courant, une telle situation s'est produite à quelques reprises. Permettez-moi de vous donner deux exemples qui ont été très médiatisés, pour vous permettre de comprendre comment et dans quelles circonstances cela peut se produire.
Le 2 septembre 1998, l'avion du vol 111 de SwissAir a quitté New York pour un vol régulier à destination de Genève. Environ 53 minutes après le départ, l'équipage de conduite a senti une odeur anormale dans le poste de pilotage. Un incendie se propageait au-dessus du plafond dans la partie avant de l'avion. Cela a entraîné une succession rapide de défaillances liées aux systèmes de bord. L'équipage de conduite a déclaré une situation d'urgence, mais quelques minutes plus tard, l'avion s'est écrasé au sud-ouest de Peggy's Cove, en Nouvelle-Écosse, causant la mort des 229 personnes à bord.
L'enquête complexe et exhaustive du BST a permis d'établir de nombreux faits, dont deux causes de l'accident qui touchaient directement la question de la certification. Premièrement, le BST a découvert que les normes de certification des avions en matière d'inflammabilité des matériaux étaient inadéquates, en ce sens qu'elles permettaient l'utilisation de matériaux isolants qui pouvaient s'enflammer, et entretenir et propager un incendie. Deuxièmement, nous avons appris qu'il n'était pas obligatoire d'envisager la possibilité d'une défaillance causée par un incendie lors de l'analyse de la sécurité des systèmes requise pour la certification.
Le deuxième exemple est celui du 12 mars 2009, lorsque la boîte de transmission principale d'un hélicoptère Sikorsky S-92A de Cougar Helicopters a subi une perte soudaine d'huile. Peu après, l'hélicoptère s'est écrasé dans l'Atlantique à environ 35 milles marins de St. John's, à Terre-Neuve-et-Labrador, causant la mort de 17 des 18 personnes à bord.
L'enquête subséquente du BST a révélé des problèmes dans le processus de certification de la boîte de transmission principale, notamment le fait que les normes de certification n'exigeaient pas que l'hélicoptère puisse continuer à voler pendant 30 minutes après une perte de lubrifiant de la cuve du filtre à huile, comme cela s'est produit dans cet événement.
[Français]
Depuis, d'autres enquêtes du BST ont fait ressortir des lacunes de sécurité, comme la conception et la certification des radiobalises de repérage d'urgence, ou ELT, et la conception des issues de secours et leur caractère fonctionnel en cas d'évacuation d'urgence.
[Traduction]
Au fil des ans, le BST a diffusé des communications de sécurité liées à la certification, notamment des avis de sécurité et des recommandations du Bureau, et ces communications portaient entre autres sur la capacité d'enregistrement des enregistreurs de conversations de poste de pilotage, ou CVR, les normes d'inflammabilité des matériaux d'isolation mentionnées précédemment, les performances des avions dans des conditions de givrage et l'installation de systèmes avertisseurs de décrochage.
Dans chaque cas, après avoir formulé une recommandation, nous évaluons la réponse du ministre et nous procédons à une réévaluation annuelle des nouvelles réponses reçues. Nous évaluons les progrès réalisés en vue de réduire ou d'éliminer la lacune de sécurité relevée et nous rendons compte publiquement de ce qu'il reste à faire.
Je dois souligner une fois de plus que le BST ne participe pas directement au processus de certification. Comme je l'ai dit précédemment, il n'est pas un organisme de réglementation. Son seul objectif est de promouvoir la sécurité des transports en décelant les lacunes de sécurité et en rendant compte publiquement de ce qui doit être fait pour réduire ou éliminer les risques cernés.
Merci. Je serai ravie de répondre à vos questions le moment venu.
Je vous remercie. C'est un honneur d'être ici.
[Traduction]
Je suis ingénieur en aérospatiale. Je travaille dans le domaine de l'aérospatiale depuis 30 ans, soit depuis que j'ai obtenu mon diplôme. J'ai commencé à titre de dessinateur et j'ai gravi les échelons. J'ai été concepteur, analyste structurel, ingénieur de projet et ingénieur de système. Jusqu'à tout récemment, j'étais ingénieur en chef de grands systèmes de commandes de vol électriques, et je suis maintenant ingénieur-conseil spécialisé dans le développement de systèmes critiques, comme les commandes de vol, les circuits de carburant et les systèmes hydrauliques.
Mon approche à l'égard du processus de certification se base principalement sur le point de vue des fournisseurs du système. Je vais vous en parler un peu pour vous aider à orienter vos questions.
Depuis la fin des années 1990, un processus s'est développé. Les avionneurs qui demandent le certificat de type transmettent les exigences en matière de certification par contrat aux fournisseurs de système. Les fournisseurs de système, selon leur système, négocieront sur la question de savoir quels règlements de Transports Canada s'appliquent à leur système et, tout au long du processus d'élaboration, ils collaboreront avec l'avionneur et, du même coup, avec Transports Canada pour concevoir un système conforme aux règlements. De plus, ils prépareront tous les plans et les produits de familiarisation et de vérification nécessaires à la certification du système sur la cellule et la certification de type elle-même.
En tant qu'ingénieur en chef, mon rôle consistait à superviser la conception, mais j'étais également responsable de la certification et des coûts, du calendrier et des risques pour les programmes, ce qui crée une dichotomie intéressante où il faut gérer différentes priorités.
Comme je l'ai dit, lorsque j'examine le processus de certification, c'est davantage dans une perspective ascendante. Dans quelle mesure les systèmes sont-ils conformes? Comment appliquons-nous la Réglementation applicable aux produits modifiés lorsque nous modifions notre système? Comment informons-nous les avionneurs que la modification au système s'en vient? Comment composons-nous avec le changement avec Transports Canada?
Je serai ravi de répondre à vos questions. Merci.
:
Bonjour, monsieur le président, messieurs les vice-présidents, mesdames et messieurs.
[Français]
Je m'appelle Gilles Primeau. Je tiens à remercier ce comité de m'avoir invité à comparaître, ce que je fais aujourd'hui en tant qu'individu, ingénieur professionnel et pilote privé.
[Traduction]
Les problèmes de commandes de vol sont le facteur dominant dans les accidents des 737 MAX de Lion Air et d'Ethiopian Airlines. C'est là que résident mon expertise et mon expérience. En début de carrière, je les ai simulés et j'ai passé des centaines d'heures, notamment dans des simulateurs de vol de niveau D pour des 737-300. Plus tard, pour plusieurs types d'avions, j'ai travaillé à la conception, aux tests et à la certification de commandes de vol réelles, et au compensateur du stabilisateur horizontal en particulier.
C'est probablement le plus important de tous les systèmes d'aéronef; si son vérin se casse, ou si son contrôleur agit anormalement et que la situation ne peut pas être maîtrisée, on perd l'avion. Cela s'est produit avant les écrasements des 737 MAX; l'avion du vol 261 d'Alaska Airlines s'est écrasé en 2001 à cause du vérin du système, et en 2011, un Falcon 7X a été presque perdu à cause du contrôleur du système.
Il y a un an aujourd'hui, le deuxième écrasement d’un 737 MAX s'est produit. Ce jour-là, j'ai commencé mon étude indépendante, neutre et volontaire sur les causes de ces accidents. Contribuer à la prévention de tragédies similaires dans l'avenir est devenu pour moi une obligation professionnelle et morale et la meilleure façon de m'assurer que les 346 victimes n'ont pas péri en vain.
Pour me préparer à la réunion d'aujourd'hui, j'ai lu la transcription de la séance du 25 février à laquelle des dirigeants de Transports Canada en matière de certification ont participé, et je suis d'accord avec eux pour ce qui est de la haute qualité de la surveillance réglementaire et du dossier de sécurité enviable au Canada. De plus, j'approuve l’initiative du Canada quant au besoin de formation sur simulateur de haute qualité, en particulier concernant le MCAS. Mon expérience en tant que pilote, dans trois vols distincts au cours desquels j’ai connu des difficultés spécifiques, dont lors de mon premier vol en solo, m'a absolument convaincu que devant l'inattendu, une bonne formation est la meilleure alliée.
Je conviens également que l'harmonisation internationale de la réglementation devrait être améliorée. La Réglementation applicable aux produits modifiés en est un bon exemple. Cela pourrait également s'appliquer à l'article 25.1309, le plus important concernant les systèmes d'aéronef.
Je me demande maintenant s'il pourrait être utile pour chaque autorité nationale de certification qui supervise les avionneurs de son propre pays, d'envoyer en permanence certains de ses propres représentants dans chacun des autres pays dans la même situation. Si chacun agit de bonne foi, la qualité du contrôle de nouveaux développements pourrait être améliorée grâce à la contribution de toutes les parties prenantes.
Toujours en ce qui concerne le processus de certification des aéronefs, il y a presque neuf mois, j'ai conclu qu'il serait possible d'adopter deux nouveaux règlements.
Premièrement, en ce qui concerne la Réglementation applicable aux produits modifiés et la soi-disant « clause de droit acquis », aucun privilège de droits acquis ne devrait être accordé si quelque chose est relié, nouveau ou modifié, à un système critique qui a été précédemment certifié. Ce dernier doit alors être certifié de nouveau. Avec cette règle, l'introduction du MCAS aurait forcé la modernisation du compensateur du stabilisateur horizontal.
Deuxièmement, en ce qui concerne la mise à l’essai — et c'est lié à une recommandation clé du JATR, le Joint Authorities Technical Review —, la mise à l'essai de tout système critique devrait obligatoirement être effectuée de manière intégrée avec tous les systèmes qui y sont reliés, peut-être en vertu de l'article 25.1309. Certains appellent cela des essais au niveau de l'aéronef. En d'autres termes, la mise à l'essai des systèmes critiques de façon isolée ne suffit pas. Avec cette règle, le simple essai d'un capteur d'angle d'attaque défectueux aurait facilement permis de découvrir ses multiples effets, et des modifications à l'architecture du 737 MAX se seraient imposées.
Les modifications apportées au logiciel MCAS rendront le 737 MAX plus sûr. Cependant, le compensateur du stabilisateur horizontal sera alors devenu le maillon le plus faible de la chaîne, et aucune chaîne n'est plus forte que son maillon le plus faible. J'ai désigné neuf motifs techniques pour justifier la nécessité de moderniser le compensateur du stabilisateur horizontal du 737 MAX.
Une autre constatation clé a été qu’un capteur AOA défectueux, en plus de provoquer une activation erronée du MCAS, a également provoqué une forte augmentation des forces de la colonne de commande en raison de la détection de décrochage erronée. Les forces élevées de la colonne, ainsi que les forces élevées de la roue de trim manuel — un problème connu depuis longtemps —, ont rendu extrêmement difficile pour l’équipage du vol ET302 de lever le nez de l’avion, pour troquer de la vitesse pour gagner de l’altitude, ce qu’ils devaient faire pour éviter d’entrer en collision avec des pics locaux. Google Earth près d’Addis-Abeba révèle pourquoi l’équipage du ET302 a demandé au contrôle aérien une altitude de 14 000 pieds. C’est ce qu’il s’efforçait d’atteindre.
Les conclusions de mon étude ont été compilées dans un document de 44 pages qui a été récemment transmis à Boeing; il contient notamment 24 questions techniques principales, il formule des suggestions visant à rétablir la confiance envers Boeing, et il donne un résumé de ce qui s’est probablement produit dans chaque vol au cours duquel un accident est survenu, sur la base des résultats de mon étude. En raison des liens avec la réglementation et de l’incitatif précité d’harmonisation internationale, la FAA et Transports Canada ont également été mis en distribution de ce document.
[Français]
Je vous remercie de votre attention et je suis maintenant prêt à répondre à vos questions.
:
Je vais répondre à cette question.
Premièrement, je vais mettre en contexte l'Annexe 13 à la Convention relative à l’aviation civile internationale de l'Organisation de l’aviation civile internationale, ou OACI. C'est cette annexe qui régit les enquêtes internationales sur les accidents et les incidents aériens. Elle comprend des rôles et des responsabilités très clairs.
Par exemple, en théorie, le pays où a lieu l'accident devrait être responsable de l'enquête. Ensuite, les pays qui forment l'équipe de l'enquête, c'est-à-dire ceux qui vont mener activement l'enquête sur l'accident, sont l'État d'immatriculation ou de l'exploitant de l'avion, l'État où l'appareil a été conçu et construit, ainsi que l'État où les moteurs ont été conçus et construits. Ces pays jouent un rôle très actif dans l'enquête.
Dans le cas de l'accident du vol de Lion Air, le Canada ne répond à aucun de ces critères. Le cas du vol d'Ethiopian Airlines est différent. L'annexe dont je parlais stipule que, lorsque des citoyens d'un pays sont à bord d'un avion impliqué dans un accident, ce pays a un statut d'expert. Cependant, ce statut est très limité. En fait, il permet de visiter la scène de l'accident, de recevoir de l'information factuelle qui est prête à être divulguée publiquement par l'État responsable de l'enquête, et finalement, de recevoir une copie du rapport final de l'enquête. C'est ce que l'annexe 13 permet dans ces cas-là.
Alors, dans le cas du vol de Lion Air, nous n'avons aucun statut, et, dans celui d'Ethiopian Airlines, nous avons le statut d'expert. Cela dit...
Premièrement, j'aimerais souhaiter la bienvenue aux témoins qui se joignent à nous pour la fin de la séance.
Nous recevons Jodi Diamant, ingénieure en chef, Navigabilité et certification, chez Pratt & Whitney Canada; Jim Quick, président et chef de la direction de l'Association des industries aérospatiales du Canada, ainsi que Michael Deer, spécialiste de la navigabilité chez Bell Textron Canada Limitée.
Nous accueillons également deux représentants de Viking Air Limited, soit David Curtis, président et chef de la direction, ainsi que Steven Bruce, directeur, Conception et certification. Enfin, nous accueillons David Joseph Watson, gérant, Navigabilité et sécurité aérienne chez De Havilland Aircraft of Canada Limited.
Sur ce, nous commencerons par les exposés.
Monsieur Quick, vous avez levé la main, donc je présume que vous voulez commencer.
:
Merci, monsieur le président. Bonjour.
Au nom des membres de l'Association des industries aérospatiales du Canada, je vous remercie de nous inclure à votre étude sur le processus de certification des aéronefs.
L'aérospatiale est l'une des plus grandes fiertés de notre pays, elle génère 215 000 emplois et 25,5 milliards de dollars chaque année dans l'économie canadienne.
C'est aussi un secteur dans lequel la concurrence est de plus en plus féroce à l'échelle internationale. En toute honnêteté, le Canada commence à tirer un peu de l'arrière sur ce plan. C'est la raison pour laquelle notre association a lancé, il y a un peu plus d'un an et demi, sa vision 2025, une initiative pancadienne menée par l'industrie. Nous avons parcouru l'ensemble du pays, avons sollicité la participation de nos membres, des gouvernements fédéral et provinciaux et de nos 215 000 employés. Il en résulte un rapport détaillé présentant les préoccupations de l'industrie. Nous y formulons également des recommandations.
L'une des grandes priorités ciblées est justement le processus de certification de Transports Canada et la nécessité de garantir son statut d'organisme de réglementation de calibre mondial.
Je tiens à dire d'emblée que l'AIAC fait pleinement confiance à TCAC pour certifier les aéronefs canadiens. Cependant, nous avons quelques recommandations à faire du point de vue de l'organisation et des ressources.
J'aborderai d'abord la structure organisationnelle de TCAC. Mes observations d'aujourd'hui n'ont pas pour but de la critiquer, puisqu'en fait, nous estimons que TCAC a un souci incomparable de la sécurité. Cependant, elle pourrait améliorer l'efficacité de son interaction avec l'industrie.
À l'heure actuelle, TCAC est le seul grand organisme de réglementation de l'aviation civile à faire partie d'un ministère. Ce n'est pas la structure que privilégient nos grands partenaires commerciaux. L'Administration fédérale de l'aviation des États-Unis, la FAA, et l'Agence européenne de la sécurité aérienne, l'AESA, ont une structure différente. TCAC est limitée par sa structure qui la place en concurrence avec Transports Canada, qui s'occupe de tous les moyens de transport, ainsi que par un mode de reddition de comptes interne compliqué.
Le comité technique de l'aviation civile de l'AIAC, qui se compose de représentants du secteur et d'experts en la matière, a examiné cette structure et fait les recommandations suivantes: TCAC devrait être une direction à part de Transports Canada, dotée de toute l'autonomie, les pouvoirs et la structure de responsabilité nécessaire. Un haut fonctionnaire qualifié, fort d'une expérience pertinente en aviation — minimalement un SMA — devrait être nommé et se voir confier la responsabilité globale des questions liées à l'aviation civile au Canada. Un énoncé de mission fort et clair pour l'aviation civile devrait être publié. Enfin, nous recommandons que TCAC travaille avec nous, avec l'AIAC, pour rétablir et redynamiser le Conseil consultatif sur la réglementation aérienne canadienne, le CCRAC, afin de garantir une bonne collaboration entre le gouvernement et l'industrie pour évaluer les enjeux et recommander des changements réglementaires grâce à un processus de réglementation coopératif.
Cela m'amène à l'aspect investissement. Notre industrie croît à un rythme de 5 % par an, mais les investissements dans TCAC ne suivent pas la cadence. Notre plus grand partenaire commercial, les États-Unis, finance la FAA de manière très proactive et transparente. C'est de notoriété publique. Ainsi, le comité technique de l'aviation civile de l'AIAC recommande que le gouvernement du Canada crée une équipe de haut niveau composée de représentants de l'industrie et de Transports Canada qui serait chargée d'évaluer les besoins en personnel et en financement de TCAC, puis de proposer des méthodes justes et pratiques pour en assurer la dotation et le financement. Cette équipe devrait avoir la tâche de faire connaître ses conclusions et ses recommandations dans un laps de temps court et bien défini, et cela devrait se faire parallèlement à l'amélioration de l'efficacité de la structure organisationnelle de TCAC.
Je conclurai en rappelant qu'il est impératif de protéger et de renforcer la réputation de TCAC de chef de file parmi les organismes de réglementation de l'aviation civile. Nous estimons que les modifications que nous recommandons nous permettront d'y parvenir.
Merci, monsieur le président.
:
Bonjour, monsieur le président, messieurs les vice-présidents et membres du Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités.
J'aimerais vous remercier d'entreprendre cet examen important du processus de certification des aéronefs de Transports Canada. J'aimerais également offrir mes plus sincères condoléances aux personnes qui ont perdu des proches au cours des évènements tragiques qui ont mené à cette étude.
Permettez-moi de me présenter. Je m'appelle Jodi Diamant — certains m'appellent Joanne. Je suis ingénieure spécialisée en certification des aéronefs. J'ai travaillé pendant 18 ans pour Aviation civile, chez Transports Canada, et depuis les 14 dernières années, je suis ingénieure en chef, Navigabilité et certification, chez Pratt and Whitney Canada. J'ai grandement participé à la mise au point et à l'application de normes en matière de conception, aux processus de certification, de validation et de délégation des aéronefs et à la mise en œuvre des systèmes de gestion de la sécurité. Aujourd'hui, je comparais à titre personnel, car je participe à ce processus depuis 30 ans et j'ai donc les compétences nécessaires pour expliquer son fonctionnement et les améliorations qu'on pourrait lui apporter.
Comme M. Quick l'a indiqué, l'industrie canadienne est un chef de file en matière de conception et de production d'aéronefs, d'hélicoptères et de turbines à gaz. De plus, le processus de certification de Transports Canada est reconnu comme étant l'un des plus rigoureux au monde, ce qui signifie un produit de niveau exceptionnel sur le plan de la sécurité.
Puisque le Canada est un pays de conception en vertu de l'OACI — l'Organisation de l'aviation civile internationale —, Transports Canada est maintenant responsable de la certification et du maintien de la navigabilité de plus de 18 000 aéronefs et hélicoptères et de plus de 60 000 moteurs de Pratt and Whitney Canada en vol dans le monde, y compris au Canada.
La certification des aéronefs et des moteurs — qui est exceptionnellement complexe, comme l'ont expliqué les représentants de Transports Canada en février dernier — représente seulement le point de départ de la sécurité aérienne, avant même la mise en service des produits. Toutefois, c'est une étape indispensable. Il s'agit d'un partenariat dans lequel les participants au processus de certification ont des rôles, des obligations et des responsabilités bien définis, et je vais vous les décrire rapidement.
Il y a les organismes de réglementation, à savoir l'OACI, dont Mme Fox vous a parlé, ainsi que la FAA. Il y a aussi les demandeurs, c'est-à-dire les représentants de l'industrie qui sont ici, et les délégués.
Je dois insister sur le fait que peu importe sa description, le système n'est pas fondé sur l'autocertification et ce n'est pas un système de réglementation. Pour simplifier, en commençant par l'échelon le plus élevé, l'OACI — dont vous a parlé Mme Fox — est un organisme international. C'est un organisme spécial des Nations unies qui existe depuis 1944. Le Canada est l'un des signataires principaux de cet organisme et manifestement, l'OACI a son siège social ici. L'organisme définit les responsabilités, les exigences et les processus de haut niveau qui sont utilisés par les pays, les organismes de réglementation et l'industrie dans la conception et la certification d'un produit sécuritaire. Il mène les partenariats bilatéraux et l'harmonisation. Il faut préciser que cette approche est exclusive au secteur de l'aviation. En effet, aucune autre industrie n'a le même modèle de gouvernance et de surveillance de la réglementation internationale.
Transports Canada, en se fondant sur les exigences de l'OACI, établit les normes et les processus en matière de conception qui servent à déterminer le niveau de sécurité des produits et les méthodes acceptables pour démontrer la conformité aux exigences, et la façon de le prouver.
L'industrie et les entreprises qui conçoivent les produits — on nous appelle « le demandeur » — doivent faire appel aux nombreux fournisseurs et à leur propre expertise. Nous devons satisfaire aux normes en matière de conception et cela peut prendre des années. Ensuite, nous devons nous prouver à nous-mêmes et, surtout, à Transports Canada qu'un produit est conforme à toutes les normes en matière de conception qui ont été établies par Transports Canada, et qu'il est donc sécuritaire.
Dans le cas d'un aéronef, il y a plus de 1 200 exigences. Pour un moteur, il y a au moins 100 exigences. Nous devons prouver que chacun de ces produits satisfait à toutes les exigences.
Transports Canada approuve seulement un aéronef ou un moteur lorsque l'entreprise ou l'industrie a prouvé que chaque exigence, sans exception, avait été satisfaite. Les intervenants du ministère doivent être convaincus que c'est le cas.
Au début du processus de certification et tout au long de celui-ci, Transports Canada et le demandeur sont en communication constante. Ils ne se contentent pas de se parler au début pour se revoir seulement à la fin du processus. Ils sont en communication tout au long du processus.
Transports Canada utilise une approche fondée sur le risque pour déterminer sa participation à l'étape du processus qui vise la démonstration de la conformité. Les intervenants du ministère se concentrent sur les éléments essentiels à la sécurité, sur les nouveaux processus et sur les méthodes liées à la conception et à la conformité. Ils observent des mises à l'essai et lisent des rapports. Ils participent à tous les aspects du processus.
Après la certification, le détenteur de certificat — parce que sa conception a maintenant été approuvée — a l'obligation de surveiller les produits sur le terrain, de cerner et d'analyser les problèmes qui pourraient causer des conditions dangereuses, de collaborer avec Transports Canada pour prendre les mesures correctives appropriées et d'appliquer les leçons apprises en matière de conception et de certification de nouveaux produits. C'est un cycle perpétuel d'améliorations.
Le processus de certification des aéronefs de Transports Canada est fondamentalement rigoureux. Il débouche sur un niveau de sécurité exceptionnellement élevé pour les produits. Toutefois, comme nous le savons, compte tenu de l'augmentation continuelle de la complexité des produits et de l'intégration, de l'évolution constante des technologies et des pressions qui s'exercent sur la commercialisation, le processus peut toujours être amélioré. Mes recommandations à l'industrie exigent que les organismes qui participent à la certification et à la fabrication des produits se dotent de systèmes de gestion de la sécurité.
Permettez-moi d'expliquer les systèmes de gestion de la sécurité — ou les SGS. Au début des années 2000, le Canada était reconnu comme étant un chef de file dans la mise en œuvre d'un SGS pour les gros exploitants dans le cadre du RAC 705. Toutefois, il a pris une pause, en quelque sorte. De nombreux membres du Comité peuvent comprendre son cheminement.
En ce qui concerne la certification, permettez-moi de préciser que les SGS ne remplacent absolument pas le processus ou les exigences en matière de certification. Ces éléments ne changent pas. Le SGS renforce plutôt le processus en exigeant que le système de gestion d'un organisme cerne et gère les risques liés à la sécurité d'un produit associé aux processus et aux décisions de l'entreprise. Ce système rend la direction de l'entreprise responsable de la sûreté du produit et exige l'élaboration d'une culture organisationnelle axée sur la sécurité.
L'OACI reconnaît l'importance des SGS non seulement pour le fonctionnement, mais aussi pour notre secteur de l'industrie. C'est pourquoi cette exigence a été ajoutée à l'annexe 19 de l'OACI. Transports Canada devrait mettre en œuvre les processus et les ressources nécessaires pour évaluer et reconnaître les organismes qui souhaitent ou qui devraient mettre en œuvre un SGS à titre volontaire avant l'établissement de règlements ou à la place de règlements.
Il faut exiger la mise en œuvre de SGS. Pour répéter les paroles de M. Quick, c'est très important pour Transports Canada, pour la population canadienne et pour les industries dont les représentants sont assis à cette table. Il faut conserver les compétences en certification par l'entremise de la rétention et de la formation d'experts qui ont les compétences nécessaires pour participer aux étapes essentielles du processus de certification et de maintien de la navigabilité.
Cela concerne l'élaboration de normes, les partenariats bilatéraux, la participation aux processus de certification de produits et la surveillance des processus utilisés par les entreprises pour obtenir la certification, ainsi que les SGS. De plus, Transports Canada doit veiller à ce que la structure organisationnelle appropriée soit harmonisée avec les principaux partenaires bilatéraux.
Les suggestions formulées plus tôt permettront de renforcer le processus de certification déjà rigoureux et le bilan de sécurité des produits de Transports Canada.
J'aimerais vous remercier de votre attention. Au moment approprié, je serai heureuse de répondre à vos questions sur la certification, la délégation, la validation et les SGS.
Merci.
:
Monsieur le président et membres du Comité, je vous remercie de m'avoir invité à comparaître aujourd'hui.
À des fins de précision, je suis président et chef de la direction de Viking. Je suis aussi président exécutif de Longview Aviation Capital, l'entreprise propriétaire de Viking et de plusieurs autres entités d'aviation au Canada, notamment De Havilland Canada.
Longview, par l'entremise de ses filiales De Havilland Canada et Viking Air, basées à Victoria, Calgary et Toronto, s'occupe de la conception, de la certification, de la fabrication et de la modification d'aéronefs commerciaux à turbopropulseurs, y compris l'aéronef régional à turbopropulseurs Dash 8-400 — le meilleur de sa catégorie —, l'aéronef de renommée mondiale DHC-6 Twin Otter et le bombardier à eau très spécialisé Canadair CL-415.
Le groupe d'entreprises Longview emploie près de 2 000 personnes directement et 4 000 personnes indirectement au sein de la chaîne d'approvisionnement du secteur canadien de l'aérospatiale. Aujourd'hui, nous représentons plus de 1 milliard de dollars en ventes, dont 95 % sont des exportations. Depuis que Bombardier s'est retirée du secteur de l'aviation commerciale, Longview est le plus grand fabricant d'équipement commercial d'origine pour les aéronefs à turbopropulseurs en Amérique du Nord. Nous sommes propriétaires de plus de 23 modèles d'aéronefs différents et 21 d'entre eux ont été conçus et fabriqués au Canada au cours des nombreuses décennies précédentes.
Pourquoi est-ce digne de mention? Parce que la certification de modèles d'aéronefs entièrement nouveaux nécessite d'énormes investissements en capital. Nous n'avons qu'à penser à la mise au point récente de l'aéronef de série C de Bombardier, maintenant le Airbus A220, pour mieux comprendre. Notre modèle d'affaires est entièrement axé sur le développement d'un deuxième ou d'un troisième cycle de vie pour un produit à partir de modèles robustes et éprouvés.
Le Twin Otter, par exemple, a reçu sa première certification en 1965 et a été fabriqué jusqu'en 1988. Ensuite, il n'a pas été fabriqué pendant 22 ans, mais Viking a relancé sa production en 2010. L'aéronef a été assujetti à un processus rigoureux de RAPM par Transport Canada et 150 autres exemplaires de ce nouveau modèle modifié ont été livrés depuis. La même chose s'applique au Dash 8. Il a été fabriqué pour la première fois en 1983, et des produits dérivés ont été mis au point et ont permis de prolonger la vie de production de l'aéronef Dash 8 pendant plus de 37 ans.
Le processus de certification des aéronefs et l'application de la RAPM — la Réglementation applicable aux produits modifiés — sont des éléments extrêmement importants pour Longview et ses filiales. Le processus de RAPM permet de mener une évaluation rigoureuse du modèle modifié pour s'assurer qu'un niveau de sûreté acceptable est maintenu. L'évaluation des nouveaux changements proposés et le rendement en service confirmé de l'aéronef sont des éléments fondamentaux pour établir les critères de la certification et pour veiller à ce que les moyens et les méthodes de conformité appropriés soient employés.
La participation de Transports Canada au début de l'examen du modèle modifié et du processus de certification permet de prendre des décisions fondées sur les preuves et sur les risques relativement à sa participation dans l'ensemble du processus de certification. L'engagement continu de Transports Canada avec le demandeur à toutes les étapes de la certification permet de surveiller et d'ajuster la participation du ministère à mesure que les facteurs de risque évoluent et que les exigences en matière de surveillance appropriées sont respectées. Par l'entremise de cette surveillance et d'un système établi de délégation, Transports Canada peut compter sur l'organisme délégué pour faire des constats en matière de conformité.
Viking et De Havilland, grâce à leur expérience de travail avec les exigences canadiennes en matière de fonctionnement et de navigabilité, ont déterminé qu'elles ont les connaissances et les compétences nécessaires pour permettre aux membres autorisés de leurs équipes de formuler des constats sur la conformité au nom du ministre, et non à titre d'employé du fabricant d'équipement commercial d'origine.
Transports Canada est un chef de file mondial respecté dans le domaine de la certification des aéronefs. Lorsqu'un aéronef est certifié et que nous le vendons à l'échelle mondiale, le ministère devient un partenaire pour obtenir la certification dans d'autres pays. Il intercède pour nous. La reconnaissance du rôle de Transports Canada à titre d'organisme d'homologation par le pays de conception par l'entremise d'accords bilatéraux solides avec d'autres organismes de réglementation étrangers est essentielle pour la survie de notre entreprise.
Le Twin Otter et le Dash 8 sont validés partout dans le monde. Cette activité n'aurait pas été possible si Transports Canada n'avait pas conservé sa réputation d'organisme de réglementation de premier plan dans l'industrie.
Merci.
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J'aimerais remercier les membres du Comité de me donner l'occasion de discuter du processus canadien de certification. Bell conçoit et fabrique des hélicoptères dans son usine de Mirabel depuis plus de 30 ans. Afin d'appuyer la certification de nos produits, nous avons établi une relation solide avec Transports Canada et nous détenons depuis plus de 28 ans la désignation d'organisme d'approbation de conception de Transports Canada, qui se fonde sur le système de délégation de Transports Canada.
Dans mon rôle chez Bell, je suis responsable de la gestion et du processus de certification pour Bell Canada et de la validation de nos produits à l'échelle mondiale. À ce titre, j'ai eu l'occasion d'observer comment Transports Canada se compare à d'autres instances et comment ces dernières perçoivent le ministère.
Je peux dire qu'Aviation civile de Transports Canada jouit d'une solide réputation dans le monde entier à titre d'organisme de certification par excellence. En raison de la réputation de Transports Canada et de solides partenariats bilatéraux, d'autres pays reconnaissent les compétences de Transports Canada et font confiance au processus canadien de certification, ce qui permet à des produits aéronautiques comme les nôtres, qui sont conçus et certifiés au Canada, de satisfaire aux normes en matière de sécurité qui ont été établies par les instances de calibre mondial dans le domaine.
Comme il a été mentionné plus tôt, Transports Canada utilise une approche fondée sur le risque pour la certification. Le processus de certification de Transports Canada, avec son système de délégation, est efficace et rigoureux. La surveillance exercée par le ministère, qu'on appelle le niveau de participation, se fonde sur une évaluation du risque pour déterminer où et quand le ministère interviendra dans les projets de certification, afin que son attention puisse être dirigée sur les éléments les plus importants qui ont le plus grand impact sur la sécurité.
Bell conçoit des produits sécuritaires par l'entremise d'une relation ouverte avec Transports Canada. Le processus de certification est structuré de façon à établir la communication avec le ministère au début du cycle de vie de la mise au point du produit. Le système canadien de délégation est mature et fondé sur la confiance. Il comprend le niveau de participation de Transports Canada pour assurer la sécurité des produits. On encourage donc les communications précoces et ouvertes entre les spécialistes du ministère et ceux de Bell pour veiller à établir un engagement et une compréhension commune à l'égard de notre conception et pour assurer la conformité aux normes applicables.
Un système de délégation rigoureux est nécessaire pour optimiser l'efficacité du processus de certification et pour veiller à ce que les ressources de Transports Canada soient concentrées sur les éléments qui ont l'impact le plus important sur la sécurité. Les autorités qui exercent une surveillance sur le processus de certification ont des ressources limitées, ce qui signifie que la délégation et un partenariat solide avec Transports Canada sont nécessaires à la réussite de l'industrie canadienne. La collaboration précoce, la confiance, la délégation continue et le recours à l'expertise des fabricants d'équipement d'origine sont nécessaires pour poursuivre la mise au point de produits sécuritaires.
Il est également essentiel d'établir de solides partenariats bilatéraux avec d'autres grandes instances. Si le processus de certification de Transports Canada inspire confiance, les instances étrangères peuvent aussi se concentrer sur les éléments qui présentent un risque plus élevé.
Nous sommes reconnaissants de notre partenariat avec Transports Canada. Il est important, pour Bell, que Transports Canada dispose des ressources nécessaires et d'un financement stable et prévisible pour maintenir une présence robuste à l'échelle nationale et internationale.
J'aimerais aussi me faire l'écho de la recommandation formulée par Mme Diamant sur les systèmes de gestion de la sécurité. Bell a déjà entamé le processus consistant à volontairement intégrer des systèmes de gestion de la sécurité à son fonctionnement. En effet, nous les avons déjà adoptés dans plusieurs autres installations et nous sommes également en train d'adopter, sur une base volontaire, un système de gestion de la sécurité ici, au Canada.
Merci.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je souhaite la bienvenue à nos témoins.
Je présente moi aussi mes condoléances aux membres des familles alors que nous discutons de ce sujet très important.
La CBC a parlé aujourd'hui de deux rapports, l'un de l'équipe d'enquête éthiopienne, qui pointe sans contredit Boeing du doigt, et l'autre de la Chambre de représentants des États-Unis, que je trouve quelque peu troublant, puisqu'il fait état de de la pression financière considérable qui a poussé les concepteurs à lancer le produit, de la culture de secret, du fait que les lacunes du MCAS ont été cachées aux pilotes du 737 Max et de problèmes clés de sécurité n'ont pas été détectés. À l'évidence, les auteurs du rapport remettent en question le processus de certification de la Federal Aviation Administration. Voilà que je trouve assez préoccupant.
Au regard des observations sur la Federal Aviation Administration, l'échec de ses procédures, ses lacunes et sa collaboration avec Boeing au cours de certains processus de certification, pourquoi continuerions-nous à faire confiance au processus de certification? Je présume que ma question est la suivante: comment pensez-vous que d'autres pays réagiraient si nous nous retirions du système international et cessions de reconnaître son processus de certification? Si d'autres pays ne reconnaissaient plus la certification canadienne, quelles pourraient être certaines des répercussions sur les entreprises canadiennes?
Je demanderai à Mme Diamant et peut-être à M. Curtis de répondre à cette question.