:
Bonjour, monsieur le président, mesdames et messieurs.
[Français]
D'abord, permettez-moi de me présenter. Je m'appelle Nicholas Robinson et je suis le directeur général de l'Aviation civile à Transports Canada, responsable de la sécurité aérienne au Canada.
Aujourd'hui, j'ai à mes côtés mon collègue David Turnbull, qui est le directeur de la Certification nationale des aéronefs à Transports Canada.
[Traduction]
Nous sommes heureux d'être ici aujourd'hui dans le cadre de l'étude sur la certification des aéronefs.
Monsieur le président, je dirai d'abord que le système d'aviation civile du Canada est l'un des plus sûrs au monde. Nous sommes arrivés à ce résultat grâce à un engagement inébranlable envers la sécurité et à un niveau exceptionnel d'expertise et d'expérience technique. Nous pouvons ainsi prendre des décisions en matière de sécurité axées sur des données probantes dans cet environnement extrêmement complexe et en constante évolution.
La certification d'un aéronef implique un examen minutieux de la conception proposée pour vérifier que l'appareil est conforme aux normes et à la réglementation en matière de navigabilité aérienne — en un mot, tout ce que nous attendons d'un aéronef pour qu'il puisse voler en toute sécurité au Canada.
Dans le cas d'une entreprise canadienne qui construit un aéronef ou qui fabrique un produit aéronautique, tel qu'un moteur, Transports Canada est l'autorité de certification. Ainsi, les autorités des États s'attendent globalement à ce que le Canada s'assure que le produit satisfait aux normes élevées de sécurité qu'il a établies.
Ce processus est aligné sur la pratique recommandée que l'Organisation de l'aviation civile internationale, ou l'OACI, a définie à l'annexe 8 de sa convention, pratique selon laquelle les États ne déterminent pas la conformité aussi en détail que l'a déjà fait l'État de conception. Au lieu de cela, les États peuvent accepter la certification initiale ou l'utiliser comme base pour valider la certification.
[Français]
La certification d'un produit aéronautique ne se fait pas du jour au lendemain. Depuis la date de la demande jusqu'à l'approbation, le processus entier dure des années. Transports Canada travaille de très près avec le constructeur pendant cette période.
Un examen des projets du passé nous permet de dire que nous pouvons nous attendre à ce que la phase des essais et des analyses dure environ deux ans ou plus.
[Traduction]
À titre d'exemple, prenons la certification par Transports Canada de l'A220, anciennement connu sous le nom de Bombardier C Series 100 ou 300, qui a demandé bien au-delà de 150 000 heures-personnes échelonnées sur plusieurs années.
Quand il s'agit de produits qui ne sont pas fabriqués au Canada, le rôle de Transports Canada consiste à valider les décisions de certification prises par l'État de conception, c'est-à-dire le pays d'origine du constructeur. Le ministère s'assure alors que l'utilisation de l'aéronef ou du produit est sécuritaire au Canada et qu'il est conforme à la réglementation canadienne et à nos attentes.
Selon un processus semblable à celui des produits certifiés par le Canada, nous nous tournons vers une autre grande autorité de certification comme l'Agence européenne de la sécurité aérienne, ou l'AESA, l'Administration fédérale de l'aviation des États-Unis, ou la FAA, ou l'Agence nationale de l'aviation civile du Brésil, ou l'ANAC, pour diriger cet examen. Pour le Boeing 737 MAX, ce sont les États-Unis qui en sont l'État de conception. La FAA est donc l'autorité de certification de cet aéronef, et les autres États, dont le Canada, s'occupent de la validation.
Je voudrais maintenant parler plus précisément des deux accidents tragiques impliquant des aéronefs Boeing 737 MAX.
D'abord et avant tout, monsieur le président, nos pensées accompagnent toujours les victimes et les familles de celles et ceux qui ont été touchés par les accidents de Lion Air et d'Ethiopian Airlines. Le Canada ne ménage aucun effort pour éviter que d'autres familles aient à traverser de semblables tragédies.
Les mesures prises par Transports Canada concernant le Boeing 737 MAX visaient d'abord à répondre à l'accident de Lion Air en octobre 2018. À la suite de cette tragédie, le Canada a élaboré et mis en œuvre, en collaboration très étroite avec les trois transporteurs canadiens qui font voler le MAX, c'est-à-dire Air Canada, Sunwing et WestJet, des exigences renforcées en matière de formation pour les pilotes, qui dépassaient les normes prévues dans la consigne de navigabilité des États-Unis et appliquées dans d'autres pays.
L'objectif de ces exigences consistait à répondre au problème d'emballement du stabilisateur, qui avait été retenu comme facteur contributif dans l'accident de Lion Air et qui avait été largement discuté dans les médias. Ces exigences s'ajoutaient aux mesures prises par les États-Unis en tant qu'État de conception, et le Canada a été le seul pays à mettre en place des mesures supplémentaires.
À la suite de l'accident d'Ethiopian Airlines du 10 mars 2019, les représentants de Transports Canada ont immédiatement commencé à évaluer les risques et le besoin de mesures supplémentaires au-delà de celles qui avaient déjà été prises dans le monde et par le Canada de façon indépendante. Après avoir reçu et analysé de nouvelles données satellitaires, le ministère a fermé l'espace aérien canadien à cet aéronef, le Boeing 737 MAX, à partir du 13 mars 2019. Nous avions reçu les nouvelles données le matin même.
Cette mesure montre que le Canada prend des décisions fondées sur des données probantes et qu'il n'hésite pas à agir quand des problèmes de sécurité sont relevés. Transports Canada poursuit en toute indépendance son examen et sa validation des modifications au Boeing 737 MAX, tout en collaborant étroitement avec l'État de conception ainsi que les autorités de l'aviation civile en Europe, au Brésil et ailleurs dans le monde pour créer les conditions de retour en service mondial de cet aéronef. À cet égard, le Canada assume un rôle de premier plan auprès des autorités internationales pour déterminer tous les facteurs nécessaires à un retour en service en toute sécurité. L'étendue de notre examen et nos préoccupations ont été communiquées à la FAA, et les représentants de Transports Canada continuent de solliciter de l'information et des garanties sur ces points.
Il y a, pour Transports Canada, trois grands sujets de préoccupation qui vont au-delà du système de stabilisation en vol destiné à éviter un décrochage de l'avion, ou le MCAS, dont il a été beaucoup question. Ces sujets touchent à une charge de travail acceptable pour les pilotes, à l'architecture du système des commandes et à une formation minimale obligatoire pour les membres d'équipage afin qu'ils opèrent l'aéronef de façon sécuritaire.
[Français]
Tant que nous n'aurons pas de réponse satisfaisante à nos questions et à nos préoccupations, Transports Canada ne lèvera pas la restriction relative à l'espace aérien pour cet aéronef.
De plus, le Canada rejoint la FAA, la National Aeronautics and Space Administration, ou NASA, et d'autres autorités dans la réalisation d'un examen technique complet du système des commandes du Boeing 737 MAX. Le 11 octobre, la FAA a publié le rapport indépendant du Joint Authorities Technical Review, ou JATR, sur le processus de certification de l'aéronef, rapport qui comprend des recommandations proposées par le comité du JATR.
[Traduction]
Nos experts en transport continuent de travailler inlassablement à l'examen de cet aéronef, et je suis fier de la place prépondérante qu'ils occupent jusqu'à présent. Monsieur le président, je peux vous assurer, à vous et au reste du Comité, que Transports Canada demeure résolu à ne pas laisser le Boeing 737 MAX voler au Canada tant que nous n'avons pas de réponses à toutes nos préoccupations de la part du constructeur et de la FAA, et que des procédures de sécurité appropriées concernant les équipages ne sont pas en place.
J'espère vivement que l'information présentée a permis de préciser le processus de certification des aéronefs en général et le rôle de Transports Canada dans l'examen en cours du Boeing 737 MAX. Nous serons ravis de répondre aux questions du Comité sur ces deux sujets.
Merci.
Je n'avais pas compris que j'allais être la première à poser des questions, mais je suis reconnaissante d'avoir cette occasion. Je suis heureuse d'être de retour à une réunion du comité des transports.
Je remercie les témoins de leur déclaration liminaire.
Je tiens à souligner que moins de 18 mois se sont écoulés depuis la tragédie qui a coûté la vie à 189 personnes, et moins de 12 mois depuis la tragédie qui a coûté la vie à 157 personnes. Comme vous l'avez mentionné, nos pensées et nos prières accompagnent ces familles qui ont perdu des êtres chers. Non seulement elles doivent gérer un deuil, mais encore elles doivent composer avec beaucoup trop de questions sans réponses. À mon avis, il faut obtenir des réponses à un grand nombre de ces questions alors que le 737 MAX demeure cloué au sol.
À la lumière de votre témoignage, je pense que nous constatons tout le travail qui a été fait, et je me réjouis que le comité des transports entreprenne cette étude. Il a décidé d'adopter la motion qui lui avait été présentée à la législature précédente, mais qui avait été bloquée par les députés d'en face sans donner aucune raison.
C'est une question non partisane, et je pense que nous nous entendons tous sur l'objectif. Il est nécessaire de bien comprendre le processus de certification qui est suivi non seulement par le Canada, mais également par ses partenaires du monde entier pour permettre à des aéronefs de voler ici.
Dans votre déclaration liminaire, vous avez dit que vous vous êtes joints à la FAA, à la NASA et à d'autres autorités de navigabilité civile pour mener un examen technique complet du système des commandes du Boeing 737 MAX et que le rapport indépendant comprend des recommandations.
Pourriez-vous nous donner ces recommandations?
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Nous vous fournirons toute la liste. Le rapport du Joint Authorities Technical Review donne 12 recommandations. Comme certaines d'entre elles se recoupent, je vais tenter de présenter un portrait global.
Le premier thème des recommandations porte sur l'application de la règle dite du produit modifié, qui détermine les normes applicables à un aéronef ayant fait l'objet d'un changement. Certains parlent de « modèle dérivé » dans les cas où un modèle existant est modifié pour en créer un nouveau. De telles modifications sont apportées à plusieurs reprises au fil des ans. Dans le cas du 737, il y a eu de nombreuses générations ou moutures du modèle initial.
Ce thème souligne la difficulté d'adopter une interprétation ou une application commune de la règle à l'échelle internationale. Même si la règle a été complètement harmonisée et que, d'un point de vue réglementaire, elle est commune à toutes les autorités, c'est l'application en tant que telle qui est parfois ouverte à l'interprétation.
Voici le fond de la question: à quel moment, après des modifications ou des ajouts successifs, doit-on appliquer les nouvelles normes ainsi que les nouvelles interprétations des normes ou des processus qui ont été établies au fil du temps pour évaluer un aéronef?
Pour ce qui est du 737, on a fait valoir que l'aéronef avait eu de nombreuses moutures ou qu'il avait subi de nombreux changements. Pourtant, dans certains cas, les anciennes normes s'appliquant aux moutures précédentes ont été conservées. Il serait donc possible que l'étendue de l'examen, en ce qui concerne l'évaluation des changements, n'ait pas été aussi vaste qu'elle aurait dû l'être. En fait, nous nous penchions déjà sur cet aspect avant les accidents. Nous ne sommes donc pas surpris que la règle du produit modifié soit une question qui nécessitera un peaufinage et une harmonisation internationale accrue.
Le deuxième thème — et je répète que je regroupe les 12 recommandations sous trois thèmes en raison des contraintes de temps — concerne bien sûr les systèmes de délégation. Je ne doute pas que vous en avez entendu parler. Une des recommandations propose une autre étude des divers systèmes de délégation actuels. Les autorités disposent-elles du personnel nécessaire pour exercer une surveillance suffisante des travaux exécutés par les entités déléguées? De plus, les systèmes et les protections en place sont-ils suffisants pour éviter toute pression indue sur ces délégués, qui sont des employés de l'entreprise?
Le troisième thème porte sur ce que nous appelons les pratiques en assurance de développement. Il renvoie, dans une certaine mesure, à la règle du produit modifié. Les aéronefs sont devenus plus complexes. Aujourd'hui, ils sont dotés de systèmes qui ne sont plus séparés, que nous qualifions de « fédératifs ». Ce sont des systèmes hautement interactifs qui sont en général contrôlés par des logiciels. En d'autres mots, ils s'échangent de l'information.
Autrefois, nous avions l'habitude d'analyser des défaillances circonscrites que nous pouvions prédéterminer. Dans un aéronef moderne et plus complexe, il faut adopter une approche d'assurance de la conception, qui tient compte de la nécessité de trouver une méthode plus systémique d'évaluation des défaillances et des répercussions par rapport à ce que nous faisions auparavant, pour suivre l'évolution des technologies.
En ce qui concerne la règle du produit modifié, nous reconnaissons qu'une partie du défi est que, après l'introduction de nouvelles technologies dans un modèle plus ancien, il faudrait peut-être passer à une approche plus moderne d'assurance de la conception, où il ne suffit pas d'étudier ce qui a été changé, mais où on tient aussi compte des répercussions dans l'ensemble de l'aéronef. C'est un autre exemple où les pratiques en assurance de développement sont bien implantées pour les aéronefs entièrement nouveaux, ou conçus à partir de zéro, mais ne sont pas nécessairement appliquées avec la même rigueur aux modèles dérivés d'aéronefs existants.
Voilà donc un portrait global des idées principales présentées dans le rapport du Joint Authorities Technical Review.
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À la suite de l'écrasement d'Ethiopian Airlines le dimanche, nous avons pris des mesures immédiates, dans le cadre de notre processus de maintien de la navigabilité, pour recueillir de l'information sur les causes de l'accident. Quelles étaient les conditions au moment du vol? Qu'était-il arrivé au vol? Quel segment du vol l'avion parcourait-il? Disposions-nous d'information sur le fonctionnement de l'aéronef pendant ce vol? Nous avons obtenu ces renseignements auprès de l'organisme de réglementation de l'État de conception, la FAA, qui recevait des données de Boeing. Nous cherchions à recueillir de l'information de l'endroit où l'accident avait eu lieu et de toutes les autres sources possibles.
Cette étape fait partie du processus habituel que nous suivons en cas d'accident. Nous tentons de recueillir le plus d'information possible pour ensuite prendre les mesures que nous considérons comme nécessaires.
Nous n'attendions pas les données d'Aireon en particulier. En fait, ces données ne faisaient pas partie de la boîte à outils que nous utilisions pour examiner les accidents d'aéronefs avant le vol 302 d'Ethiopian Airlines. C'est un type d'information relativement nouveau.
J'assure au Comité, monsieur le président, que ce sont maintenant des données que nous consultons immédiatement après les accidents. Je peux même nommer le premier accident de cette nouvelle ère: l'écrasement du vol PS752 en Iran. La tragédie a eu lieu en soirée. Nous avions les données d'Aireon le matin suivant parce que nous avions appris des façons d'améliorer le processus. Nous tirons des leçons après chaque accident.
Nous avons reçu les données d'Aireon le 13 mars. En plus de toutes les autres données que nous avions recueillies, c'était le morceau de casse-tête final qui nous a permis d'aller de l'avant sans hésitation et de décider de fermer l'espace aérien canadien à ce type d'aéronef. C'est Transports Canada qui a pris la décision.
Cette information était cruciale parce qu'elle démontrait clairement — en ce qui concerne les accidents de Lion Air et d'Ethiopian Airlines — des problèmes de fonctionnement similaires qui n'étaient possibles qu'en cas de défaillances similaires. C'est ce qui explique notre décision à ce moment-là.
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En général, on s'implique à hauteur de ce qui est nécessaire.
[Traduction]
L'élaboration d'ententes bilatérales repose sur la compréhension fondamentale que nous reconnaissons, par expérience, que même s'il y a des interprétations différentes, le résultat final donne un niveau de sécurité équivalent. C'est l'élément essentiel.
Notre association avec la FAA et nos ententes bilatérales remontent à 1938. Évidemment, des événements surviennent, c'est-à-dire des incidents qui suscitent des préoccupations et qui nous amènent à poser ces questions très valables, mais la confiance en nos partenaires internationaux est essentielle à notre façon de procéder.
Comme mon collègue l'a expliqué, nous n'avons pas besoin de revoir le processus actuel. Il est adaptable. Pensons à un bouton de réglage du volume. Lorsque de tels incidents se produisent, nous pouvons augmenter le volume, c'est-à-dire accroître notre participation. Lorsque nous enquêtons sur une approbation, comme c'est actuellement le cas avec le Boeing 737 MAX 8, nous emboîtons le pas à la FAA. C'est à elle qu'il incombe de certifier toutes les mesures prises par Boeing. Elle est l'autorité de certification. Nous allons donc suivre les développements, mais, dans bien des cas, nous communiquons directement avec Boeing. La FAA est toujours présente. Ainsi, nous n'avons pas à nous demander si la FAA est au courant de ce que fait Boeing; nous allons plutôt directement à la source, jusqu'à un certain point, pour le découvrir par nous-mêmes.
C'est pourquoi je n'ai aucune réserve à affirmer que oui, nous nous fions à nos partenaires bilatéraux. Nous avons confiance en la FAA, mais nous nous réservons le droit de valider l'information en enquêtant de notre côté. Il s'agit de faire confiance puis de vérifier.
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Merci, monsieur le président.
Merci, messieurs Robinson et Turnbull, d'avoir accepté de comparaître devant le Comité aujourd'hui.
J'aimerais revenir sur la dernière question de mon collègue concernant le processus de validation.
Le 19 novembre 2018, après l'écrasement de l'avion de Lion Air, Transports Canada et la FAA ont signé la « Feuille de route pour l'amélioration de la validation », comme vous le savez, dans laquelle les deux autorités se sont engagées à prendre des mesures progressives en vue de réduire, voire d'éliminer, les interventions techniques poussées de l'autorité de validation en fonction du niveau de risque.
Je suis curieux. Compte tenu des derniers événements, Transports Canada a-t-il toujours l'intention de poursuivre ses efforts d'harmonisation, comme le prévoit la feuille de route?
Était-ce une erreur de signer cet accord alors qu'on avait déjà exprimé des inquiétudes relativement à la sécurité du Boeing 737 MAX?
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Nous avons parlé du processus mené par le comité mixte d'évaluation opérationnelle. C'est lors de ce processus que nous demandons à des pilotes de ligne de suivre la formation et de l'évaluer. Les résultats de leur évaluation nous permettent de déterminer si la formation est suffisamment adaptée aux besoins.
Nous n'avons cependant pas mentionné que de nombreux pilotes participent aussi à notre propre programme. Dans le cadre de notre groupe de certification nationale des aéronefs, des pilotes font des vols d'essai, ils participent au processus de certification, ils pilotent l'avion ou ils conçoivent des plans de travail en vue de la certification de l'avion. Il y a aussi nos propres inspecteurs — nombre d'entre eux sont aussi pilotes — qui participent au processus du comité mixte d'évaluation opérationnelle et qui examinent les manuels des avions et les procédures d'atténuation des risques aux fins de l'évaluation. On détermine si les procédures peuvent s'appliquer et fonctionner dans une situation réelle. Les pilotes participent régulièrement au processus.
J'aimerais parler plus particulièrement d'un aspect quelque peu différent de ce processus. On s'est beaucoup penché sur le Boeing 737 Max. Au début, nous avons dit que Transports Canada ne va pas se contenter de collaborer avec les autres autorités avec lesquelles nous avons des ententes bilatérales pour ensuite communiquer les résultats aux autorités canadiennes. Les trois transporteurs qui exploitent des Boeing Max ainsi que les trois associations qui représentent les pilotes de Boeing Max au Canada participent au processus depuis le début. Ils nous font part de leurs observations et de leur rétroaction dans le cadre du processus. Évidemment, ils ont manifesté un vif intérêt, puisque nombre d'entre eux pilotent des Boeing Max pour gagner leur vie, et ils veulent voir comment le processus de validation avance, alors nous travaillons régulièrement avec eux. Nous rencontrons souvent les représentants des transporteurs sur une base hebdomadaire pour leur indiquer comment le processus évolue. Nombre de ces gens sont eux-mêmes pilotes, et un grand nombre d'entre eux ont des qualifications pour ce type d'avion et travaillent avec les associations des équipages aériens pour les tenir au courant du processus.
Ils ont posé des questions. Boeing et d'autres autorités les ont tenus au courant du processus. Nombre d'entre eux nous ont consultés pour comprendre certaines procédures d'atténuation des risques que nous explorons, pour comprendre pourquoi le Canada se penche là-dessus ou pourquoi tel aspect pose problème, pour que nous leur fournissions une autre procédure d'atténuation des risques ou pour nous signaler un problème. Nous avons saisi ces occasions de les consulter. Nous avons passé en revue toutes nos observations, et c'est ce qui nous a amenés à assumer un rôle de chef de file et à exiger que la FAA et d'autres intervenants se penchent sur certains incidents auxquels nous croyons qu'il faudrait remédier. Dans bien des cas, cette approche s'est avérée bénéfique.
J'espère que le Comité aura l'occasion de consulter ces transporteurs canadiens ainsi que ces associations canadiennes pour savoir comment ils participent à ce processus, car ils y ont grandement contribué.
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Merci, monsieur le président.
Ma question s'adresse à M. Robinson.
Le premier accident est survenu le 29 octobre 2018 et le deuxième, le 10 mars 2019. Je pense que la population a commencé à être pas mal inquiète après le deuxième accident, puisque le premier pouvait être une erreur de parcours.
À la suite de ces incidents, dans un article de La Presse paru en mai 2019, vous avez dit: « Nous avons pleine confiance en la FAA et en leurs processus ». Peu de temps après, il y a eu plusieurs nouvelles internationales, notamment à l'Agence France-Presse et ailleurs.
En septembre 2019, un article de l'Agence France-Presse nous apprenait que ce sont les salariés de Boeing qui ont inspecté le système anti-décrochage MCAS en cause dans les accidents. On apprenait aussi que, depuis 2016, dans le cadre de la nouvelle procédure baptisée « ODA », Boeing choisissait elle-même les ingénieurs qui inspectaient ses propres avions et la FAA ne faisait qu'apposer un sceau.
De plus, en février 2020, un ancien directeur technique, qui a travaillé 30 ans pour la compagnie, a dit que l'entreprise faisait le plus de travail possible au coût le plus faible et le plus rapidement possible afin de faire voler ses avions.
Depuis ce temps, faites-vous toujours autant confiance au processus de certification de la FAA?
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D'accord. Chacun des ministres aura donc une heure.
Monsieur Rogers, avec tout le respect que je vous dois, je pense que les lettres de mandat des ministres sont un élément très important de ce que les Canadiens et les Canadiennes attendent de leur part. Malheureusement, nous n'avons pas eu le temps d'en parler auparavant, parce que les comités n'avaient pas encore été convoqués. Je pense que nous devrions nous concentrer sur les lettres de mandat pour l'instant.
Habituellement, quand nous parlons des budgets supplémentaires des dépenses, nous demandons aux fonctionnaires d'être présents. Malheureusement, si nous convoquons les fonctionnaires en même temps que les ministres, nous allons manquer de temps pour parler des lettres de mandat. Je préfère donc que nous nous concentrions, lors de leur visite, sur leurs lettres de mandat, c'est-à-dire sur le volet politique. Par la suite, nous pourrons inviter les ministres et les représentants des ministères pour parler des budgets supplémentaires des dépenses et d'autres questions qui pourront être soulevées.
Si nous faisons ce que vous proposez, nous n'aurons malheureusement pas assez de temps pour questionner les ministres sur leurs lettres de mandat. Je ne peux donc pas appuyer cette motion.