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Monsieur le Président, le Parlement est aujourd'hui saisi d'une motion très importante, et je tiens à remercier le chef du Parti conservateur ainsi que notre caucus de l'avoir présentée. Ce débat est un exemple de la manière dont le Parlement peut s'acquitter de ses fonctions, demander des explications au gouvernement et exiger des comptes de sa part pour un bilan plutôt maigre en matière d'affaires étrangères, mais également proposer des méthodes plus fructueuses. Voilà le but de cette motion de l'opposition, qui propose la création d'un comité parlementaire spécial sur les relations sino-canadiennes.
D'abord, j'aimerais formuler deux réflexions. La première, c'est qu'il y a aujourd'hui un an que les Canadiens Michael Spavor et Michael Kovrig ont été arrêtés par les autorités chinoises, qui les détiennent sans les avoir mis en accusation ni leur donner accès à un avocat, au mépris de la primauté du droit. La détention arbitraire de ces hommes est une réaction diplomatique à une arrestation à des fins d'extradition effectuée légalement par le Canada, un État de droit, au nom des États-Unis et à la suite de la décision d'un tribunal américain. Le Canada a agi dans le plein respect de ses traditions honorant la primauté du droit, et les actions de la Chine montrent et nous rappellent que ce pays ne respecte pas la primauté du droit.
Je suis convaincu que l'ensemble des conservateurs, des parlementaires et des Canadiens soutiennent, comme moi, la famille des deux Michael. Nous voulons que leur bien-être soit assuré et nous voulons qu'ils rentrent au Canada le plus tôt possible. Aujourd'hui, nous discuterons de différents aspects des relations sino-canadiennes ainsi que des nombreux défis et des quelques occasions qu'elles recèlent. Par contre, nous n'en dirons pas davantage au sujet des deux Michael, par respect pour l'affaire en cours, afin qu'elle puisse connaître une fin heureuse.
Le comité spécial que nous proposons constitue l'un des éléments prometteurs de cette motion. Il s'agirait d'un comité omnipartite et pluridisciplinaire qui serait habilité à étudier tous les aspects des relations sino-canadiennes — dossiers consulaires complexes, enjeux de sécurité nationale, commerce international, affaires mondiales — et à pouvoir le faire à huis clos s'il faut protéger des renseignements secrets ou sensibles. Ce serait probablement le meilleur endroit où discuter d'une solution permettant de régler rapidement l'affaire impliquant M. Spavor et M. Kovrig. J'espère que les députés ministériels y penseront au moment de la mise aux voies de notre motion, un peu plus tard.
J'espère que tous les députés comprennent que nous avons là l'occasion de mettre de côté l'élément politique tout en nous permettant de faire notre travail. Les Canadiens s'inquiètent du sort de ces citoyens. Les Canadiens sont bien au fait des questions liées à la Chine, qu'il s'agisse des îles de la mer de Chine méridionale, de Huawei, de la situation des Ouïghours ou des ambitions de la Chine dans l'Arctique, alors qu'elle s'autoproclame « État quasi arctique », un tout nouveau terme diplomatique qu'elle a elle-même créé.
L'épineuse relation que le Canada entretient avec la Chine constitue pour lui l'enjeu d'une génération en matière de politique étrangère. La situation se prête parfaitement à la mise sur pied d'un comité de parlementaires spécial chargé d'étudier cette relation afin de veiller à ce que le Canada arrive à bien concilier tous les éléments pertinents.
Voici le deuxième point que je veux soulever d'entrée de jeu: la Chine recèle un énorme potentiel. Or, pour pouvoir tirer parti de ce potentiel, surtout sur le plan des affaires et de l'exportation, le Canada ne peut pas et ne doit pas renoncer à son soutien sans faille de la primauté du droit et des droits de la personne ni cesser d'appuyer ses alliés et amis dans le monde. Dans bien des cas, si le Canada devait y laisser les valeurs qui lui méritent le respect depuis toujours, le jeu n'en vaudrait plus la chandelle.
Tous les gouvernements de l'ère moderne, à commencer par celui dirigé par le père du actuel, ont tenté d'atteindre un équilibre entre, d'une part, la nécessité de tisser des liens commerciaux et de faire des affaires avec la Chine ainsi que de contribuer au développement de ses régions et, d'autre part, l'obligation de promouvoir les droits de la personne, la réforme démocratique, la primauté du droit et des normes plus élevées sur le plan des affaires mondiales. Ce pays recèle donc un énorme potentiel.
Je suis exaspéré de constater que, ces dernières années, le Parti communiste chinois semble avoir tourné le dos à l'engagement qu'il avait pris de devenir une puissance mondiale sérieuse et respectueuse des lois.
Il y a des années, avant mon élection en tant que député, j'ai pris la parole lors d'un déjeuner d'affaires à Toronto. Comme de nombreuses entreprises exportatrices canadiennes, le cabinet d'avocats devant lequel je suis intervenu était conscient de l'énorme potentiel de croissance de la Chine. En effet, la Chine est la deuxième économie mondiale, et ses taux de croissance sont dans les deux chiffres depuis quelques décennies. À l'époque, j'ai présenté l'ambassadeur du Canada en Chine, qui s'adressait à des gens d'affaires de Toronto. J'ai alors cité un proverbe chinois: une génération plante des arbres, et c'est la génération suivante qui profite de l'ombre qu'ils procurent.
C'est sous le gouvernement dirigé par Pierre Trudeau que s'est amorcé l'excellent travail nécessaire pour assurer le développement initial de la Chine moderne. Tous les premiers ministres qui se sont ensuite succédé ont poursuivi ce travail, et nous devons aussi une fière chandelle à de célèbres Canadiens comme Norman Bethune ainsi qu'aux centaines de missionnaires et d'autres citoyens canadiens qui tissent des relations avec la Chine. C'est grâce à ces relations que nous avons planté des arbres. Nous avons fait de l'excellent travail. Nous devrions maintenant profiter de l'ombre. L'ambassadeur a fini par faire de ce proverbe son expression favorite, car il définit l'essence même de la diplomatie: nous faisons de l'excellent travail pour que les générations futures puissent en récolter les fruits.
Le Canada a été un partenaire important dans le développement de la Chine qui, de pays en développement, est devenue la deuxième économie du monde, une puissance mondiale. Nous avons joué un rôle de premier plan avec le Dr Bethune. Nous avons aidé ce pays à améliorer ses pratiques agricoles. Nous y avons exporté la technologie CANDU, pour que ce pays fortement dépendant du charbon ait accès à une source d'énergie sans émission de gaz à effet de serre grâce aux centrales nucléaires. Nous y avons établi des relations commerciales. Nous avons accueilli des pandas et effectué des missions commerciales. D'extraordinaires entreprises dans les secteurs des services financiers, de l'agriculture et des transports, des entreprises de premier plan comme Manuvie, Bombardier, Agrium, et j'en passe, brassent des milliards de dollars en affaires avec la Chine depuis des décennies. Nous devrions en être très heureux, mais aussi nous montrer très prudents.
Depuis quelques années, particulièrement à la lumière du 19e congrès national, la Chine se retire d'engagements sérieux pris sur la scène internationale. Le Parti communiste exerce son influence dans toutes les sphères de la vie chinoise, notamment par l'entremise de sociétés d'État et de leur action internationale. Nous connaissons l'initiative la Ceinture et la Route, qui rend les pays qui y participent redevables à la Chine pour des infrastructures et d'autres projets.
Compte tenu des changements observés en Chine au cours des 10 dernières années, il y a lieu d'être prudent. Plutôt que de profiter de l'ombre des arbres plantés par les générations précédentes, notre génération risque de se perdre en forêt, car nous ne savons plus comment maintenir cette relation importante sans sacrifier les valeurs canadiennes.
Pourquoi soulevons-nous ce débat dans le cadre de notre première motion de l'opposition? C'est parce que nous nous inquiétons sérieusement de la capacité du de gouverner dans l'intérêt national sur la scène internationale. Aucun Canadien ne lui fait confiance lorsqu'il part à l'étranger.
Nous déplorions le fait qu'on ne parlait jamais du Canada sur la scène internationale. Aujourd'hui, il est impossible de regarder une émission de fin de soirée ou Saturday Night Live sans voir le être le sujet de railleries pour ses agissements sur la scène mondiale, ses gaffes qui nuisent à l'intérêt national. Lors du sommet de l'OTAN, le premier ministre s'est moqué du président américain, celui-là même dont nous avons besoin pour exercer des pressions en faveur de la libération des Canadiens en Chine.
Tout cela se produit à un moment où l'OTAN est remise en question par les présidents de la France et des États-Unis. Le Canada pourrait jouer son rôle traditionnel de pivot, comme disait Winston Churchill entre l'Europe et l'Amérique du Nord. Nous sommes membres du G7, de l'OTAN, du NORAD et du Groupe des cinq. Le Canada n'est jamais le plus gros joueur, mais il a des relations qu'il est généralement en mesure de faire jouer en faveur de l'intérêt national, de la liberté, celles des autres notamment, ainsi que des intérêts de l'alliance atlantique. Cela a changé. Aujourd'hui, c'est la visite d'État du en Inde qui illustre le mieux l'image qu'a le Canada aujourd'hui, une visite où il a placé les photographes, son image de marque et les intérêts du Parti libéral devant l'intérêt national du Canada.
Concernant la Chine, nos craintes remontent aux toutes premières actions du gouvernement. J'espère que bon nombre des nouveaux députés libéraux sont à l'écoute, parce que c'est leur rôle dans le caucus de poser des questions maintenant. Ils devraient être aussi inquiets que les conservateurs en ce qui concerne la Chine.
Un ancien ambassadeur canadien en Chine, David Mulroney, a qualifié de naïve l'approche du à l'égard de ce pays, et je suis d'accord. Je vais faire peu de cas des propos que le premier ministre a tenus avant les élections, où il déclarait son admiration pour le régime chinois, qui est essentiellement une dictature. Je ne sais pas si c'était une blague ou si ses propos ont été mal interprétés. Chose certaine, c'était une réponse carrément ridicule.
Cependant, on a pu observer l'influence d'une faction fortement en faveur de Pékin au sein de la garde rapprochée du dès les premiers jours du gouvernement. Le président du Conseil commercial Canada-Chine était à la tête de l'équipe libérale de transition en 2015. Il siège maintenant au Sénat, après avoir été nommé par le premier ministre.
En mai 2016, la première année du gouvernement libéral, il a été révélé que le avait participé à des activités de financement donnant un accès privilégié en compagnie de grands personnages, d'oligarques ayant des liens étroits avec l'État chinois. Je me rappelle du moment où mon collègue de a souligné avec éloquence à la Chambre non seulement que ces activités remplissaient les coffres du Parti libéral, mais aussi qu'un riche entrepreneur associé à l'État chinois avait fait un don de 200 000 $ à la Fondation Trudeau. En fait, on avait réservé une somme pour l'érection d'une statue de Pierre Trudeau. Nous en étions aux premiers jours.
Dans les premiers mois de leur mandat, les libéraux ont également infirmé une décision visant à empêcher la vente d'une entreprise technologique à une société contrôlée par des intérêts chinois. En effet, l'une des dernières choses qu'a faites le gouvernement Harper a été de bloquer la vente d'ITF Technologies à O-Net Communications pour des motifs de sécurité, puisque des éléments de recherche-développement dans le domaine de l'énergie auraient pu directement servir à des fins militaires. La vente a donc été bloquée en juillet 2015. Quelques mois à peine après être arrivés au pouvoir, les libéraux ont toutefois décidé de lever l'interdit et, quelques mois plus tard, la vente d'une entreprise à qui l'on doit des technologies potentiellement militaires à une entreprise d'État chinoise était autorisée.
Monsieur le Président, croyez-vous vraiment que cette transaction n'a pas attiré l'attention de nos alliés du Groupe des cinq? Ils ont au contraire estimé que la sage décision qu'avait prise le gouvernement conservateur venait d'être infirmée simplement parce que le nouveau souhaitait négocier un accord de libre-échange avec la Chine.
Ce n'est pas tout. L'année suivante, les libéraux ont autorisé la vente de Norsat à Hytera, une autre entreprise détenue par des intérêts chinois, ce qui a fait sursauter le Pentagone, qui avait des contrats avec cette entreprise canadienne de communications militaires. Pour tout dire, voici ce qu'un commissaire au commerce américain, pourtant un démocrate nommé par Obama, a trouvé à dire de cette transaction:
L'autorisation, par le Canada, de la vente de Norsat à une entité chinoise soulève de graves préoccupations liées à la sécurité nationale des États-Unis, puisque l'entreprise en question figure parmi les fournisseurs de nos forces armées [...]
Le Canada semble disposé à négliger ses propres intérêts dans le domaine de la sécurité pour s'attirer les faveurs de la Chine.
Il a ajouté que ce n'était pas une raison pour compromettre la sécurité d'un proche allié. On parle ici du commissaire de la commission d'étude sur l'économie et la sécurité États-Unis—Chine, c'est-à-dire d'un démocrate nommé par celui-là même avec qui le entretenait une bromance, le président Obama.
Ce ne sont pas de propos provocateurs. Ce sont des préoccupations légitimes qui ont été portées à l'attention des membres du comité des affaires étrangères lorsqu'ils se sont rendus à Washington. Nous avons vite constaté que des ventes pouvaient être conclues rapidement — ce qu'on aurait probablement dû interdire pour des motifs de sécurité — afin d'adoucir les angles dans les relations.
Il y a aussi de nombreuses violations des droits de la personne. J'ai dit à la Chambre plus tôt cette semaine que depuis des mois, des millions de personnes protestent dans les rues de Hong Kong. Le gouvernement n'en a pratiquement pas parlé. Quelque 300 000 Canadiens vivent là-bas. Il y a 78 ans cette semaine, des soldats des Winnipeg Grenadiers et des Royal Rifles combattaient pour défendre Hong Kong. Des centaines d'entre eux sont morts pendant cette bataille qui a pris fin le jour de Noël, et des centaines d'autres sont par la suite décédés dans des camps de prisonniers au Japon. Il n'y a donc pas que des intérêts et des citoyens canadiens à Hong Kong. Du sang canadien y a déjà été versé, et le gouvernement s'est montré avare de commentaires.
Il s'est aussi montré avare de commentaires au sujet de l'internement et de la rééducation de près d'un million de Ouïghours, un phénomène très préoccupant. Il s'agit d'un dossier où les valeurs de notre pays devraient peser dans la balance des négociations commerciales.
Sous la direction de l'actuel , tous les autres dossiers ont été relégués à l'arrière-plan. En réalité, les libéraux se préparaient à annoncer un accord de libre-échange avant le voyage officiel du premier ministre là-bas, qui a eu lieu en 2016. Manifestement, le premier ministre et le gouvernement libéral ont fait prévaloir les intérêts commerciaux du Canada sur plusieurs enjeux: les questions de sécurité nationale; une décision par rapport à Huawei qui n'a jamais été concrétisée; la multitude de causes liées aux droits de la personne; les inquiétudes de nos partenaires de l'Asie-Pacifique concernant la militarisation des îles artificielles créées dans la mer de Chine méridionale. Soixante-dix pour cent des échanges commerciaux mondiaux s'effectuent dans cette mer. Les dernières manoeuvres de l'une de nos frégates dans ces eaux ont été surveillées par la Chine du début à la fin. La Chine s'efforce d'isoler Taïwan par rapport aux organismes internationaux comme l'Organisation mondiale de la santé, dont le but est d'endiguer les épidémies dans le monde. Encore une fois, le Canada manque de fermeté.
Les conservateurs demandent la création de ce comité spécial afin que le Canada adopte une position équilibrée par rapport à la Chine. Durant les quatre dernières années où le a été au pouvoir, cet équilibre n'a jamais été atteint.
En ce triste anniversaire de la détention de ces deux citoyens canadiens, j'en profite pour dire qu'au cours de la dernière année, les conservateurs ont recommandé au gouvernement d'émettre des avertissements à l'intention des voyageurs. Celui-ci a mis trois mois pour le faire. Quelques semaines plus tard, nous avons demandé au de s'en mêler directement. Il a refusé de le faire en disant qu'il s'agissait d'un simple dossier relevant des affaires consulaires. Ce n'était pas le cas. Au moment où lui et l'ancienne ministre ont finalement tenté d'intervenir, on n'a pas répondu à leurs appels. Nous leur avons indiqué que la Loi sur l'extradition permettait de confier l'affaire Meng à un autre tribunal qui serait en mesure de trancher plus rapidement. En plus de rendre service à nos citoyens, cela aurait accéléré le processus, dans le respect de la primauté du droit et de la Loi. Les libéraux n'ont pas écouté.
Le comité a appelé M. McCallum à comparaître à huis clos. Je ne peux pas en parler, mais j'aurais souhaité que sa comparution soit télévisée. Les députés comprennent probablement pourquoi il n'est plus ambassadeur. Il s'est contredit à plusieurs reprises et a dû démissionner. Nous voulions qu'un ambassadeur soit nommé immédiatement, mais les libéraux ont attendu jusqu'aux élections pour nommer M. Barton, sans consulter les partis de l'opposition. Nous leur avons demandé d'annuler la participation du Canada à la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures. Nous leur avons demandé de déposer immédiatement une contestation devant l'OMC relativement au canola et à d'autres produits injustement touchés par le commerce. Les libéraux ont attendu jusqu'à deux jours avant les élections, autrement dit, six mois. Nos alliés ne sont pas là pour nous en raison du manque de sérieux du sur la scène internationale.
En terminant, je vais citer la dernière déclaration de M. McCallum, qui montre pourquoi nous avons besoin de ce comité et devons être sérieux avec la Chine. Lorsqu'il est parti en mission, il a dit:
Lorsque la Chine et le Canada ont eu des désaccords par le passé — car cela arrive parfois —, les trois premiers ministres que j'ai servis ont tous tiré parti de ce lien d'amitié en vue de parler avec respect et franchise à leurs homologues chinois. Je suis persuadé que cette longue tradition se poursuivra.
Elle ne s'est pas poursuivie. Avec ce comité spécial, elle pourra se poursuivre, et nous pourrons faire les choses avec sérieux et avoir une approche équilibrée vis-à-vis de la Chine.
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Monsieur le Président, je suis heureuse de prendre la parole à la Chambre aujourd'hui au sujet de la motion présentée par le député de . Je tiens d'abord à souligner que, il y a un an jour pour jour, Michael Kovrig et Michael Spavor se sont fait emprisonner arbitrairement en Chine. Il faut préciser qu'ils sont et demeureront la priorité absolue du gouvernement et des Canadiens.
Le Canada entretient depuis longtemps une relation étroite avec la Chine. En ces temps difficiles, nous devons nous concerter pour résoudre les différends qui nous opposent à ce pays en gardant à l'esprit que la sécurité des Canadiens demeure notre principale priorité.
[Français]
Nous travaillons avec persévérance, soin et détermination pour les ramener au Canada.
[Traduction]
Malgré l'ampleur des liens bilatéraux du Canada avec la Chine, nos relations diplomatiques avec ce pays, à l'instar de tout autre pays, ne sont pas exemptes de difficultés. Nous traversons actuellement une période particulièrement difficile. Comme les deux côtés de la Chambre l'ont mentionné, les Canadiens s'inquiètent profondément de la détention arbitraire de Michael Kovrig et de Michael Spavor ainsi que de la condamnation à mort arbitraire de Robert Schellenberg.
Les Canadiens sont aussi préoccupés par les violations des droits de la personne des musulmans ouïghours et d'autres minorités en Chine. Les récents développements à Hong Kong inquiètent particulièrement la population canadienne, étant donné que 300 000 Canadiens y vivent. Le gouvernement du Canada continue à partager ces préoccupations et a toujours dénoncé la situation.
[Français]
Notre gouvernement soulèvera toujours avec le gouvernement chinois des questions d'importance pour les Canadiens, telles que le respect de la démocratie, les droits de la personne et la primauté du droit. Le Canada demeurera ferme et résolu dans la défense de ses principes et de ses intérêts. Comme le et le l'ont clairement indiqué, tous les paliers gouvernementaux sont concernés par les dossiers des Canadiens détenus et condamnés de façon arbitraire en Chine.
Nous saluons le courage et la force morale de MM. Kovrig et Spavor, ainsi que celui de leurs familles dans ces circonstances extrêmement difficiles. Aujourd'hui, le 10 décembre, cela fait exactement un an que Michael Kovrig et Michael Spavor ont été arrêtés de façon arbitraire par les autorités chinoises. Depuis le début de leur détention, ils n'ont pas eu accès à un avocat et se sont vu refuser tout contact avec leurs familles et leurs proches.
Le gouvernement a mentionné très clairement que la détention de ces deux Canadiens est inacceptable, que leur emprisonnement est arbitraire, et qu'ils doivent être immédiatement libérés. Nous avons soulevé cette question auprès de tous les paliers de gouvernement chinois, et nous continuerons de le faire chaque fois que nous le pourrons jusqu'à ce que ces hommes soient libérés.
L'ambassadeur Barton, l'équipe diplomatique en Chine et notre gouvernement continueront de fournir des services consulaires à ces hommes et à leurs familles afin de les appuyer.
[Traduction]
Cette question ne préoccupe pas seulement le Canada, elle préoccupe aussi tous ceux qui cherchent à défendre l'ordre international fondé sur des règles. La détention arbitraire et la détermination de la peine des Canadiens vont totalement à l'encontre des principes de la primauté du droit.
Malgré ce que le député d'en face a dit, plusieurs pays ont exprimé les mêmes préoccupations au sujet des mesures prises par la Chine, notamment l'Australie, la République tchèque, la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni, les États-Unis, les Pays-Bas, la Lettonie, la Lituanie, l'Espagne, l'Estonie, l'Union européenne et l'OTAN.
De grosses pointures du monde universitaire, du secteur privé et de la société civile sont du même avis. Une lettre ouverte signée par des diplomates et des universitaires de 19 pays n'est qu'un exemple parmi tant d'autres montrant que les préoccupations que suscitent les agissements de la Chine vont bien au-delà des frontières du Canada.
De concert avec les ambassadeurs du Canada dans le monde entier, nous continuerons de parler de cette question avec les homologues étrangers et d'autres intervenants, en soulignant le précédent troublant que constituent ces mesures arbitraires.
En effet, des citoyens d'autres pays ont également été victimes de ces mesures.
Il est important que la Chine reconnaisse que son comportement nuit à sa réputation non seulement aux yeux du Canada, mais à ceux de nombreux autres pays, et que cela envoie un mauvais signal à la communauté internationale.
Nous sommes conscients que l'arrestation, au Canada, de Mme Meng Wanzhou préoccupe la Chine au plus haut point. Mme Meng a été arrêtée conformément aux obligations juridiques internationales du Canada aux termes du Traité d'extradition canado-américain. Cela n'avait rien à voir avec notre relation avec la Chine ou les États-Unis. C'était plutôt dicté par l'engagement inébranlable du Canada à respecter la primauté du droit et à remplir ses obligations juridiques.
Le Canada a conclu plus de 50 accords bilatéraux d'extradition, et nous les respectons tous avec la même rigueur. Comme la Chine a, elle aussi, des dizaines d'accords bilatéraux en matière d'extradition, elle devrait bien comprendre le processus.
Pour le Canada, la primauté du droit n'est pas une option. C'est la pierre angulaire de notre démocratie et une valeur canadienne fondamentale. Le Canada ne compromettra ni ne politisera la primauté du droit et l'application régulière de la loi.
Le Canada mène une procédure judiciaire équitable, impartiale et transparente à l'égard de Mme Meng. À preuve, le Canada a accordé l'accès consulaire à la Chine à peine quelques heures après l'arrestation de Mme Meng, qui a ensuite été libérée sous caution. Mme Meng est représentée par un avocat chevronné et elle pourra soulever toute question qui, selon elle ou son avocat, s'avère pertinente chaque fois que l'occasion se présentera tout au long des procédures judiciaires.
Cela tombe bien puisque, aujourd'hui, le 10 décembre, c'est la Journée des droits de l'homme dans le monde entier.
Le Canada demande systématiquement à la Chine de respecter, de protéger et de promouvoir la liberté d'opinion et d'expression, la liberté de réunion et d'association pacifiques et la liberté de religion ou de croyance pour tous les citoyens chinois.
Nous continuons de soulever les questions relatives aux droits de la personne et à la primauté du droit auprès de nos homologues chinois à tous les échelons.
[Français]
La promotion et la protection des droits de la personne font partie intégrante de la politique étrangère canadienne et demeurent une priorité absolue pour le gouvernement du Canada. Si la croissance économique de la Chine a entraîné une amélioration générale du niveau de vie de la population chinoise, le respect des droits civils et politiques a connu un recul inquiétant dans le pays. La liberté de religion ou de croyance est également menacée.
Le Canada est gravement préoccupé par l’intimidation et la répression persistante des minorités ethniques, des groupes religieux et des groupes vulnérables en Chine, notamment des bouddhistes tibétains, des Ouïghours et d’autres musulmans, des chrétiens, des adeptes du Falun Gong, des femmes et des filles, ainsi que des membres de la communauté LGBTQ.
Le Canada a manifesté ses préoccupations au sujet de la réduction de l'espace accordé à la société civile en Chine. L’intensification des actions contre les défenseurs des droits de la personne, y compris les avocats, les journalistes et les acteurs de la société civile, est également préoccupante.
[Traduction]
Le gouvernement n'a cessé d'exprimer auprès des autorités chinoises ses préoccupations à propos du respect des droits de la personne en Chine et au sujet de la situation au Xinjiang. Nous nous sommes prononcés publiquement devant le Conseil des droits de l'homme des Nations unies et avons pressé la Chine de libérer tous les membres de la minorité ouïghoure détenus arbitrairement au Xinjiang. Des déclarations à cet égard ont été faites en septembre 2018, novembre 2018 et mars 2019. En juillet 2019, le Canada s'est joint à 21 pays, dont l'Australie, le Danemark, la Finlande, la France, l'Allemagne, les Pays-Bas, la Norvège, la Suède, le Japon et le Royaume-Uni, pour présenter une lettre au Conseil des droits de l'homme afin de faire connaître ces préoccupations.
Plus récemment, le 29 octobre, lors de la Troisième Commission de l'Assemblée générale des Nations unies, le Royaume-Uni a dénoncé au nom de 23 pays, dont le Canada, la détention arbitraire des membres de la minorité ouïghoure et les atteintes aux droits de la personne commises au Xinjiang, en Chine, devant le comité sur l'élimination de la discrimination raciale. Nous continuerons de soulever à la moindre occasion ces questions et d'autres préoccupations relatives aux droits de la personne et d'exiger que le gouvernement chinois veille au plein respect des droits de ses citoyens.
Le Canada continue de surveiller de près les troubles qui secouent actuellement Hong Kong. Le Canada presse tous les partis concernés par cette crise à faire preuve de retenue, à éviter d'user de violence et à entamer un dialogue pacifique et inclusif.
Comme 300 000 Canadiens vivent à Hong Kong, le Canada a intérêt à promouvoir la stabilité et la prospérité de Hong Kong. Nous continuons d'appuyer le droit de manifester pacifiquement ainsi que l'autonomie de Hong Kong comme le prévoient la Loi fondamentale et le cadre juridique « un pays, deux systèmes ».
[Français]
Le Canada félicite le peuple de Hong Kong pour l'élection pacifique de son conseil de district le 24 novembre. Ce fut une occasion importante pour les citoyens de Hong Kong d'exprimer leur point de vue. Nous espérons que les élections aideront à tracer la voie du dialogue et de la réconciliation pacifique.
[Traduction]
Malgré les défis qu'elles présentent, nous devons reconnaître que les relations bilatérales entre le Canada et la Chine ont toujours comporté de nombreux volets de coopération fort utile. Dans les dernières années, nous avons amélioré le cadre de mécanismes officiels de dialogue dont nous nous servons. Même si nous regrettons que le gouvernement chinois ait choisi de restreindre la collaboration, le Canada continuera ses efforts de dialogue à tous les niveaux.
Le fait que les ambassadeurs à Ottawa et à Pékin ont récemment tous deux été relevés nous permet d'espérer que le dialogue officiel et informel pourra se poursuivre. Mon collègue le a fait valoir ses attentes quant à la poursuite du dialogue lorsqu'il a rencontré le ministre des Affaires étrangères de la Chine en marge des rencontres du G20 à Nagoya à la fin de novembre.
Le gouvernement du Canada est hautement préoccupé par la décision des autorités chinoises de restreindre l'importation de canola canadien et, dans le cadre de discussions bilatérales à l'OMC, nous demandons le rétablissement complet de ces échanges.
Les efforts que nous déployons pour défendre l'ensemble du pays ont permis de rétablir le commerce de porc et de bœuf et nous allons continuer de défendre les intérêts du Canada chaque fois que ce sera nécessaire.
Dans certains secteurs, il est évident que la collaboration pratique est nécessaire. La lutte contre les changements climatiques et la protection de l'environnement requièrent des solutions à l'échelle planétaire et la Chine constitue un partenaire essentiel à cet égard. Le Canada a réussi à mettre en œuvre des mécanismes de collaboration avec la Chine sur ces enjeux et il continuera de le faire.
Le domaine de la santé est un exemple de l'importance d'une collaboration et d'un dialogue en continu pour promouvoir une coopération concrète. Les pandémies mondiales présentent des risques importants. Le Canada et la Chine travaillent en collaboration depuis longtemps dans le domaine de la santé, notamment la santé à l'échelle internationale.
La culture est un autre domaine important de coopération bilatérale entre le Canada et la Chine. Il y a de plus en plus d'échanges organisés de manière indépendante par des organisations artistiques, et ces échanges contribuent à l'enrichissement de nos cultures respectives, au partage du savoir et à la tolérance. Le Canada doit chercher à mieux comprendre la Chine.
Ce sont là quelques exemples de relations bilatérales qui constituent un précieux rappel de l'importance d'un dialogue suivi avec nos homologues chinois.
Je voudrais insister sur le fait que, pendant cette période difficile sur le plan de ses relations avec la Chine, le Canada continuera à miser sur un engagement stratégique et réfléchi. Le dialogue avec la Chine est important pour soutenir et promouvoir les intérêts du Canada à l'échelle mondiale. C'est pourquoi il importe que les voies de communication restent ouvertes, mais que,simultanément, le Canada exprime clairement à la Chine sa ferme intention d'obtenir la libération de Michael Kovrig et de Michael Spavor et de faire respecter les valeurs et les principes canadiens.
Au bout du compte, la Chine doit comprendre qu'en prenant des mesures arbitraires contre des ressortissants étrangers pour faire pression sur un autre pays, elle envoie un mauvais signal à la communauté internationale. Ce n'est pas une manière efficace de résoudre les différends bilatéraux.
Nous allons appliquer une approche pancanadienne et continuer de faire front commun. Ce n'est pas une question partisane, et ce n'est pas en se servant de cette question à des fins partisanes qu'on aidera M. Kovrig et M. Spavor.
Le Canada continuera de défendre ses principes et l'ordre international fondé sur des règles qui a permis de maintenir la paix et la prospérité dans le monde pendant des décennies. Dans nos rapports avec la Chine, notre approche fondée sur des principes nous amène à chercher la collaboration lorsque c'est possible et à défendre nos valeurs et nos intérêts lorsque c'est nécessaire.
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Monsieur le Président, vous me permettrez de commencer par des propos liminaires, parce qu'il m'était déjà arrivé de faire mes adieux à cette Chambre. Eh oui, j'ai eu l'occasion de dire au revoir à mes collègues de la Chambre des communes parce que la vie m'amenait ailleurs. La vie m'amenait à l'Assemblée nationale du Québec, où j'ai siégé pendant 13 ans, avant de devenir secrétaire général du Collège de Rimouski. Par un curieux hasard, le destin m'a ramené ici.
Je fais maintenant un discours d'introduction en tant que « re-nouveau » député à la Chambre des communes. C'est pour moi un très grand plaisir, et je veux évidemment remercier les citoyennes et les citoyens de la circonscription de Montarville de m'avoir accordé leur confiance, le 21 octobre dernier.
Je dois dire que c'était pour moi doublement inattendu de revenir à la Chambre des communes, cette fois dans la circonscription voisine de Montarville. Évidemment, nous avons un excellent député dans la circonscription de . Il était donc hors de question de faire du maraudage. Sainte-Julie, la municipalité la plus populeuse de la circonscription québécoise de Verchères, se trouve dans la circonscription fédérale de Montarville, où on m'a demandé de me présenter. Ma foi, je dois dire que la greffe a plutôt bien pris puisque non seulement je me plais dans cette nouvelle circonscription, mais il semble que les citoyennes et les citoyens de la circonscription de Montarville ont également cru qu'ils se plairaient avec moi.
Me revoici donc ici, à la Chambre, à saluer les collègues, à féliciter chacune et chacun pour leur élection et à leur dire que je serai très heureux de travailler en collaboration avec eux. En effet, comme l'a déjà indiqué le , le 21 octobre dernier, les citoyennes et les citoyens nous ont demandé de collaborer. Je pense que nous avons aujourd'hui un premier test de collaboration, qui nous est présenté par le Parti conservateur. J'aurai l'occasion d'y revenir dans quelques instants.
Je termine mes propos liminaires simplement en disant que, lorsque j'ai fait mes adieux à la Chambre, c'était dans la Chambre des communes située à l'édifice du Centre. Lorsque celle-ci a fermé pour que la Chambre s'établisse temporairement ici, je me souviens m'être fait la remarque que je n'aurais jamais siégé dans cette nouvelle Chambre. Vraiment, le destin nous réserve quelquefois de très curieuses surprises.
Quoi qu'il en soit, je réitère que je suis très heureux d'être là et d'avoir la possibilité de m'exprimer aujourd'hui à l'occasion de ce premier test de collaboration, qui nous est proposé par le Parti conservateur. Je parle d'un premier test de collaboration, car que nous demande-t-on?
Ce qu'on nous demande, au-delà des mots — je reviendrai sur les mots dans quelques instants —, c'est l'occasion de créer un comité ad hoc sur les relations sino-canadiennes afin que nous puissions éventuellement trouver des moyens ensemble d'améliorer ces relations.
Manifestement, je suis obligé de dire que cela me semble être une bonne idée. Il me semble que c'est une bonne idée, dans un gouvernement minoritaire, de chercher à collaborer avec l'ensemble des formations politiques. Il me semble que c'est une bonne idée de s'asseoir, dans un comité parlementaire, et de chercher des solutions à une problématique qui est réelle. Personne ne peut nier que les relations entre la Chine et le Canada, qui étaient jusqu'à tout récemment excellentes, se sont considérablement détériorées ces dernières années. On pourra épiloguer longuement sur les raisons pour lesquelles les relations se sont détériorées, mais, chose certaine, on peut constater que les relations entre la Chine et le Canada se sont détériorées.
Il y a un problème. Une fois qu'on prend conscience du problème, que fait-on? On peut faire comme l'a fait le gouvernement libéral pendant un certain temps, c'est-à-dire fermer les yeux et laisser vacant pendant huit mois le poste d'ambassadeur du Canada à Pékin. Je dis bien pendant huit mois.
Ce n'est pas une façon de trouver des solutions. Dans une situation où le gouvernement est minoritaire, on doit faire appel à l'ensemble de la bonne volonté de la Chambre. Nous nous assoyons ensemble et nous cherchons des solutions. C'est essentiellement l'esprit de la motion que nous avons sous les yeux.
Je vais reprendre chaque élément de la motion. Une fois qu'on a bien compris l'esprit de la motion, il faut s'attarder plus attentivement à la lettre de la motion.
Que, compte tenu de la crise diplomatique qui perdure avec la Chine, la Chambre nomme un comité spécial chargé de tenir des audiences servant à examiner tous les aspects des relations sino-canadiennes, y compris ceux qui ont trait aux relations consulaires, économiques et diplomatiques, au droit et à la sécurité:
Jusque-là, il n'y a pas de problème. Cela revient à peu près à ce que je viens de dire.
a) que le Comité soit composé de 12 membres, dont six proviendront du parti ministériel, quatre de l'opposition officielle, un du Bloc québécois et un du Nouveau Parti démocratique;
C'est pratiquement la composition des comités permanents. Jusque-là, il n'y a donc pas de problème non plus. Personne n'a rien à y redire.
b) que les changements apportés à la composition du comité entrent en vigueur dès le dépôt de l'avis du whip auprès du greffier de la Chambre;
C'est une pratique usuelle. Jusque-là, il n'y a pas de problème.
c) que les membres du Comité puissent se faire remplacer au besoin, conformément à l'article 114(2) du Règlement;
Encore une fois, il s'agit d'une pratique usuelle. Il n'y a rien à dire de ce côté.
d) que les membres soient nommés par le whip de leur parti respectif par dépôt, auprès du greffier de la Chambre, de la liste des membres qui siégeront au comité au plus tard le 15 janvier 2020;
Il me semble que c'est logique.
e) que le greffier de la Chambre convoque une réunion d'organisation du comité au plus tard le 20 janvier 2020;
Encore une fois, il me semble que c'est logique. Comme on peut le voir, tout va bien jusqu'à présent. Cela me rappelle la blague suivante: un homme tombe du 20e étage. Pendant qu'il tombe, il passe devant le 10e étage. Lorsque la personne au 10e étage lui demande si ça va, il lui répond que, jusque-là, tout va bien.
f) que le Comité soit présidé par un membre du parti ministériel;
Je ne vois pas ce que le Parti libéral aurait à redire à ce sujet. Encore une fois, jusque-là, tout va bien.
g) que nonobstant l'article 106(2) du Règlement, outre le président, le Comité compte un vice-président de l'opposition officielle, un vice-président du Bloc québécois et un vice-président du Nouveau Parti démocratique;
Dans un esprit de collaboration, je dois dire que cela semble logique. Jusque-là, tout va bien.
h) que le quorum du Comité soit conforme aux dispositions de l'article 118 du Règlement, et que le président soit autorisé à tenir des séances afin de recevoir et de publier des témoignages en l'absence de quorum, si au moins quatre membres sont présents, dont un membre de l'opposition et un membre du gouvernement;
Encore une fois, il s'agit d'une pratique usuelle. Jusque-là, tout va bien.
i) que le Comité dispose de tous les pouvoirs que le Règlement confère aux comités permanents, ainsi que le pouvoir de voyager, accompagné du personnel nécessaire, à l'intérieur et à l'extérieur du Canada;
Si nous voulons nous pencher sur les relations sino-canadiennes, c'est logique que nous puissions éventuellement nous déplacer. Jusque-là, tout va bien.
j) que le Comité dispose du pouvoir d'autoriser la diffusion vidéo et audio d'une partie ou de la totalité de ses délibérations;
À mon avis, cela est logique.
J'ai lu presque tous les éléments de la motion. Selon moi, aucun de ces éléments ne devrait poser problème au gouvernement. Il reste l'alinéa k).
k) que le premier ministre, le ministre des Affaires étrangères, le ministre de la Sécurité publique et l'ambassadeur du Canada en Chine soient, à l'occasion, convoqués à témoigner devant le Comité, au moment qui conviendra au Comité.
J'ouvre une parenthèse pour dire que je présume que nos amis chinois écoutent attentivement les délibérations d'aujourd'hui. Je suppose qu'ils sont très intéressés par ce que nous disons. Je suis obligé de leur dire qu'il y a peut-être des problèmes entre le Canada et la Chine. Il faut que nous nous penchions là-dessus afin de trouver des solutions.
Il y a également des problèmes internes concernant la politique canadienne. Malheureusement, il y a parfois une volonté des partis de marquer des points politiques. Sans vouloir prêter d'intentions à mes collègues du parti conservateur, je pense que le point k) démontre une volonté de marquer des points politiques, puisqu'il vise à contraindre le , le et l'ambassadeur du Canada en Chine à témoigner. Cela pousse vraisemblablement le Parti libéral à s'y opposer, ce qui permet au Parti conservateur de déchirer sa chemise. Comment cela nous permet-il d'améliorer les relations entre la Chine et le Canada? Cela ne nous aide pas du tout.
Le Parti conservateur marquera probablement des points dans l'opinion publique en disant à quel point les libéraux ne sont pas gentils de ne pas accepter une motion aussi raisonnable. Effectivement, j'ai lu chacun des éléments de la motion, et ils sont tous parfaitement raisonnables. Il n'y a aucune raison plus plausible qu'une boule de neige en enfer de refuser une telle motion. Cela tombe sous le sens. Cependant, avec le point k), les conservateurs ont manifestement voulu embarrasser le gouvernement libéral. Cela amènera le gouvernement libéral à dire que cette motion n'a pas de bon sens et qu'on ne fera pas comparaître le . On répondra: « Pourquoi pas? ». Cependant, n'est-ce pas aux membres du comité de déterminer qui devra témoigner devant eux? Il me semble qu'on aurait dû laisser aux membres du comité le soin de déterminer leur liste de témoins.
Pourquoi chercher à embarrasser le gouvernement en exigeant trois témoins, à savoir le , le et l'ambassadeur du Canada en Chine? Si c'était une façon de s'assurer que cette motion très raisonnable ne sera pas adoptée, il ne s'agit pas d'une façon très raisonnable de procéder. Si l'objectif final est de trouver des solutions au problème des relations difficiles entre la Chine et le Canada, il faut s'asseoir et trouver des solutions.
Comme je le disais d'entrée de jeu, c'est un test de collaboration. Il s'adresse au gouvernement libéral, bien sûr, mais aussi au Parti conservateur. Si celui-ci acceptait de retirer le point k), je pense qu'il n'y aurait aucune objection à ce que cette motion soit adoptée unanimement par la Chambre des communes. Nous avons l'obligation de répondre au mandat que nous ont confié les Québécois et les Québécoises de même que les Canadiennes et les Canadiens, soit celui de faire fonctionner le Parlement. Je le répète, il s'agit ici de notre premier test. J'en appelle au gouvernement libéral et à l'opposition officielle d'être à la hauteur du défi que l'opposition officielle elle-même vient de nous lancer. Cela exige de la maturité et un sens des responsabilités.
Comme le disait le dans une conversation que nous avons eue il y a quelques instants, il faut se demander ce qui est le plus dommageable pour les relations entre la Chine et le Canada. Est-ce la création d'un comité au moyen duquel nous allons chercher des solutions pour améliorer les relations entre les deux pays, ou est-ce une déclaration du selon laquelle c'est l'arbitraire total qui règne à Pékin dans le cas des deux Canadiens emprisonnés?
Alors, quand le gouvernement accuse l'opposition de vouloir mettre de l'huile sur le feu avec cette motion, je pense qu'il devrait d'abord se regarder dans la glace et constater qu'au-delà de la rhétorique, il n'y a rien de déraisonnable dans cette motion. J'en ai fait la lecture.
Donc, j’en appelle au gouvernement pour qu’il fasse preuve de maturité et de sens des responsabilités et pour qu’il donne une chance à la collaboration entre les partis de la Chambre. J’en appelle à l’opposition officielle. Si elle est sérieuse dans sa volonté de collaborer, qu’elle retire ce défi qu’elle lance au gouvernement avec le point k). Faisons en sorte de travailler ensemble, dressons la liste des témoins. Si cette liste doit comprendre le nom du , celui du et celui de l’ambassadeur du Canada, eh bien, qu’il en soit ainsi. Que l'opposition ne donne pas un prétexte au gouvernement pour refuser le tout, pour jeter le bébé avec l’eau du bain, en imposant le point k).
Je parlerai maintenant des relations entre la Chine et le Canada, puisqu’il me reste quatre minutes. Le Canada, qui s’érige toujours en modèle de vertu partout dans le monde, a toujours défendu la protection des droits de la personne, jusqu’à ce qu’un précédent gouvernement libéral, celui de Jean Chrétien, décide de mettre l’accent sur la promotion commerciale. L’argument était qu'en commerçant, on allait amener naturellement ces gens à épouser nos façons de faire. En effet, le niveau de vie allait augmenter et s'ensuivrait un accroissement de la demande au chapitre de la consommation et sur le plan du respect des droits de la personne.
Deux décennies plus tard, que peut-on tirer comme conclusion de cette stratégie? Manifestement, il faut conclure, compte tenu des difficiles relations sino-canadiennes actuelles, que ce n’était peut-être pas cela qu’il fallait mettre en avant. On voit devant quelle impasse nous nous retrouvons aujourd’hui. Je pense qu'il y avait de bonnes intentions derrière ce changement de politique mis en œuvre par le gouvernement libéral de Jean Chrétien. Je pense qu'on était profondément convaincu qu’on amènerait les changements par le commerce. Ce n’est pas en invoquant de façon incantatoire les droits de la personne qu’on allait véritablement changer les choses dans les faits. Ces changements passaient, pensait-on, par le commerce. L’impasse devant laquelle nous nous trouvons présentement démontre que ce n’était peut-être pas la voie à suivre. Or, quelle est la voie à suivre? Je crois en la sagesse collective de cette institution pour que nous puissions trouver les voies à suivre.
C’est pourquoi je pense fondamentalement qu'indépendamment du point k), la motion présentée par l’opposition officielle est une invitation à faire appel à la sagesse collective de cette institution pour que nous puissions trouver la voie à suivre afin d'améliorer les relations avec ce pays, qui ont toujours été bonnes. Il suffit de penser à l’héritage Henry Norman Bethune, ou à l’héritage du père de l’actuel , qui a permis aux relations sino-canadiennes d’être excellentes jusqu’à tout récemment.
J’implore le gouvernement libéral de changer son attitude par rapport à la motion conservatrice, et j’implore l’opposition officielle de retirer le point k) pour que nous puissions adopter unanimement cette motion et faire en sorte d’aller chercher le meilleur de chacun et de chacune d’entre nous afin d'améliorer les relations commerciales et politiques avec ce grand pays qu’est la République populaire de Chine.
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Monsieur le Président, comme il s'agit de mon premier discours complet à la Chambre, j'aimerais remercier les gens de St. John's—Est de m'avoir fait l'honneur de les représenter encore une fois à la Chambre des communes. J'ai été en congé sabbatique involontaire au cours de la dernière législature, mais je suis très heureux d'être de retour. J'apprécie l'honneur que m'a fait la population de St. John's—Est et je l'en remercie.
C'est une résolution très importante qui a été présentée à la Chambre et je tiens à remercier le député de d'en avoir eu l'initiative. Je pense qu'il y a eu des discussions sur la pertinence de créer un comité spécial vu les circonstances. Je pense que le député et l'opposition, par le biais de leur motion de l'opposition, ont présenté des faits qui préoccupent de nombreux Canadiens.
L'incarcération de Michael Kovrig et Michael Spavor s'est poursuivie pendant un an après leur arrestation arbitraire. Ils vivent dans des conditions déplorables, sans accès à un avocat ni contact avec leur famille. Cette situation épouvantable inquiète beaucoup les Canadiens d'un océan à l'autre.
Les Canadiens sont aussi préoccupés par une foule d'autres questions, non seulement par nos relations avec la Chine, mais par ce qui se passe en Chine. Les manifestations à Hong Kong font la une des journaux et sont commentées aux bulletins télévisés depuis des mois maintenant. Les Canadiens s'inquiètent pour les habitants de Hong Kong, les citoyens canadiens à Hong Kong, les droits de la personne à Hong Kong et la volonté du gouvernement chinois de tenir la promesse qu'il a faite au monde entier d'adhérer au cadre « un pays, deux systèmes ». C'est un dossier dans lequel nous voulons que le gouvernement s'engage complètement, comme certains l'ont mentionné.
Nous avons un grave problème — depuis plus ou moins un an — sur le plan diplomatique. Lorsque M. McCallum a été nommé ambassadeur en Chine, les choses étaient très différentes. Cette nomination s'est révélée très peu judicieuse, en partie en raison des propos déplacés qu'il a tenus. Il est intéressant de voir à quelle vitesse des relations comme celle du Canada avec la Chine peuvent s'en aller à vau-l'eau et comment le gouvernement libéral a été incapable de gérer la chose efficacement.
À l'occasion des dernières élections, nous avons vu que les Canadiens ont aussi décidé de porter un jugement sur les gestes du gouvernement du Canada et du . En effet, ils trouvaient que c'était une mauvaise idée d'accorder le contrôle total du Parlement aux libéraux et ont voulu leur offrir un peu d'aide. La population canadienne, dans sa grande sagesse, a décidé que les libéraux ne devaient pas obtenir la majorité. Elle a estimé qu'il devait y avoir un meilleur équilibre, ainsi qu'une occasion de collaborer, et que les libéraux devraient écouter les autres partis et être disposés à coopérer afin que le Canada puisse fonctionner de façon optimale, tant à l'interne que dans ses rapports avec d'autres pays, en l'occurrence la Chine.
Cette motion mettrait en œuvre le genre de collaboration que les Canadiens ont voulu voir au sein du gouvernement du Canada. Nous avons toujours un gouvernement libéral et nous avons toujours le même , mais nous avons également d'autres voix qui s'expriment à la table et qui auront une certaine influence.
Le député de vient d'examiner en détail toutes les sections de la proposition de comité, y compris la structure proposée et le mandat du comité, qui couvrirait tous les aspects de la relation entre le Canada et la Chine. Il ne s'agit pas seulement des deux personnes incarcérées, mais aussi de nos relations commerciales. Comme le dit la motion, on parle de « tous les aspects des relations sino-canadiennes, y compris ceux qui ont trait aux relations consulaires, économiques et diplomatiques, au droit et à la sécurité ».
Le comité pourrait donc examiner toutes les facettes des relations sino-canadiennes et voir comment il serait possible d'aller au-delà de ce qui se fait maintenant et d'adopter d'autres méthodes pour améliorer ces relations. Peut-être découvrirons-nous des éléments qui nous avaient échappé ou de nouvelles possibilités. Si le , le ou l'ambassadeur du Canada sont présents, et que le comité agit et adopte un ton approprié, il pourrait établir une nouvelle relation et signaler à la Chine ce que nous recherchons et comment nous pourrions atteindre ces buts d'une manière unique.
Je ne peux pas préjuger de ce qui se passera au comité. Nous avons néanmoins certaines réserves. Dans son discours, le député de a abordé le fait qu'il n'est pas nécessairement souhaitable de faire de ce comité le terrain d'une bataille politique entre l'opposition et le gouvernement ou l'occasion de trouver des coupables. Une telle approche ne permettrait probablement pas d'améliorer la situation. Il faut donc faire preuve de prudence. Au fil du débat sur la motion aujourd'hui, j'ai hâte d'entendre ce que d'autres députés conservateurs pensent faire pour éviter cet écueil.
C'est une chose de critiquer les échecs du gouvernement des dernières années, plus particulièrement en ce qui concerne cette crise depuis un an. Très souvent, ces échecs ne font aucun doute. Je pense notamment au fait de ne pas avoir nommé un ambassadeur dans un délai raisonnable. On a aussi peiné à réagir de façon adéquate. Les libéraux ont trop tardé avant d'assurer au gouvernement chinois que les mesures entourant l'arrestation de Mme Meng Wanzhou s'imposaient dans le cadre du traité entre le Canada et les États-Unis. C'est quelque chose qui aurait pu et aurait dû être fait très rapidement. Ce ne serait pas difficile de formuler d'autres critiques sur les actions du gouvernement au cours de la dernière année.
Pour l'heure, toutefois, il faut décider comment nous allons procéder dans nos relations avec la Chine. Y a-t-il des façons de faire qui n'ont pas encore été essayées? De toute évidence, les tentatives jusqu'à maintenant se sont soldées par des échecs. Nous avons donc l'occasion ici de trouver de nouvelles pistes de solution qui pourraient fonctionner à partir de maintenant.
Nous pourrions notamment préparer un protocole consulaire pour traiter les différents cas d'arrestation en Chine, un protocole convenu entre les parties et prévoyant les mesures à prendre par le Canada et la Chine pour s'occuper de ces dossiers. Nous avons signé un traité d'extradition avec les États-Unis, mais nous pourrions trouver des façons d'examiner les questions qui se posent sur le traitement réservé aux prisonniers, sur leur accès à un avocat, et cetera. Nous pouvons difficilement nous attendre à ce que la Chine respecte tous les aspects de nos lois, mais nous pourrions conclure une entente sur la marche à suivre dans ces dossiers.
Il y a eu d'autres suggestions. Je ne sais pas dans quelle mesure il s'agissait d'un coup de sonde, mais on a suggéré qu'un échange de prisonniers pourrait être une bonne solution. Franchement, je ne pense pas que ce serait très utile. Les circonstances ne sont pas les mêmes, et l'analogie avec la Guerre froide n'est pas appropriée. Nous ne voulons pas que la situation entre le Canada et la Chine et entre la Chine et le reste du monde se transforme en un affrontement semblable à la Guerre froide, qui a duré si longtemps.
Cette motion offre au Canada et à la Chine une occasion de rétablir leurs relations et d'éviter certaines conséquences négatives qui pourraient en découler. Voilà une occasion positive, qu'il faut toutefois mettre en oeuvre avec prudence et circonspection. L'opposition officielle et les autres partis d'opposition devront faire preuve d'une grande retenue dans ce dossier.
Nous devons reconnaître que la nature même des relations diplomatiques est justement diplomatique. L'ensemble des députés, tant ceux qui pourraient participer aux travaux de ce comité que les autres, doivent établir et maintenir ces relations dans un esprit de bonne volonté. C'est quelque chose qu'il ne faudrait jamais perdre de vue dans le cadre des travaux d'un tel comité. En effet, sans cet esprit de collaboration, la relation pourrait se dégrader. Pour les députés, ce sera un acte de foi et une occasion de mettre à l'épreuve leur volonté de collaborer et de vérifier si le Parlement est mûr pour créer et piloter un tel comité afin de trouver une solution qui répond aux besoins du Canada. Il s'agit aussi d'une occasion de formuler des critiques constructives, ou du moins, de tenter de découvrir ce qui fonctionne et ne fonctionne pas.
C'est une proposition positive et optimiste. Je ne crois pas qu'elle soit naïve. Je crois que nous devons éviter de faire preuve d'une trop grande naïveté. Il est question ici d'un pays important d'une grande puissance dans le monde qui possède une très longue histoire.
Comme l'a mentionné le député de lorsqu'il a présenté sa motion ainsi que d'autres députés, les relations sino-canadiennes ne datent pas d'hier. Le Dr Norman Bethune exerçait une grande influence en Chine et y était très respecté. Le Canada a reconnu son oeuvre. D'ailleurs, on trouve une statue de lui à Montréal, près de l'Université Concordia. J'invite les députés à aller la voir. Nous avons effectivement un passé. Espérons que nous aurons l'occasion d'apporter une contribution positive aux relations avec la Chine dans l'avenir.
Le Canada a une relation commerciale complexe et importante avec la Chine. Nous avons vu comment la perturbation de ces échanges commerciaux peut nuire rapidement et sérieusement aux Canadiens. Ce fut notamment le cas pour les producteurs canadiens de canola, de soja, de pois, de boeuf et de porc. Le blocage de ces exportations a fait perdre des millions de dollars aux Canadiens, et il leur coûte encore des millions pour ce qui est du canola. Une partie du problème a été résolue, mais il reste des choses à régler. La relation commerciale entre le Canada et la Chine est importante. Nous devons la prendre très au sérieux.
Cette relation est complexe, et ce, plus particulièrement parce que le système politique de la Chine ne nous satisfait pas sur le plan des droits de la personne. La situation à Hong Kong ne nous satisfait pas. Nous comprenons les questions soulevées par les manifestants et leur désir de pouvoir manifester pacifiquement pour tenter d'influer sur l'avenir de Hong Kong. Ils veulent avoir voix au chapitre sur la situation, ce que nous appuyons. Nous dénonçons certaines des tactiques employées par les forces policières dans le cadre de ces manifestations.
Qui plus est, la situation des Ouïghours soulève de grandes inquiétudes au Canada sur le plan du respect des droits de la personne. Il nous faut trouver des moyens d'exercer des pressions pour tenter d'arriver à régler ces problèmes. La situation du Tibet est un autre sujet qui nous préoccupe depuis longtemps.
Ces problèmes subsistent depuis longtemps et ils ne seront pas réglés par un tel comité. Je ne crois pas que nous puissions avoir de trop grandes attentes à cet égard. Cependant, nous pouvons essayer de trouver un moyen de veiller à ce que le Canada fasse tout en son pouvoir, dans le cadre de cette relation, pour obtenir la libération de Michael Kovrig et de Michael Spavor dès que possible. Selon moi, il est primordial de régler cette question à la date anniversaire de leur incarcération, et je crois que de nombreux Canadiens — et surtout, les proches de ces deux personnes — partagent cet avis. Tous les Canadiens estiment qu'il faut régler cette situation. L'une des personnes en cause est un diplomate canadien qui est en congé du Service extérieur. Il travaillait avec l'International Crisis Group, un important organisme international. Le fait que lui ou tout autre Canadien soit exposé à des arrestations et détentions arbitraires, comme c'est le cas, pose de graves problèmes.
Je terminerai en disant que nous appuierons cette motion de l'opposition, à condition qu'elle tienne compte des mises en garde que je viens d'exprimer.
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Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Comme c'est la première fois que je prends la parole dans le cadre de la 43e législature, je voudrais d'abord remercier les habitants de Portage—Lisgar. Je suis touchée de la confiance et du soutien qu'ils m'ont témoignés et je les en remercie. C'est la quatrième fois que je suis élue dans Portage—Lisgar et j'en suis plus reconnaissante que jamais.
Je remercie chaleureusement tous les amis, bénévoles et autres personnes qui m'ont aidée pendant la campagne et qui m'ont appuyée. Je souhaite dire un merci particulier à mon conjoint, Michael. C'est la première campagne électorale à laquelle il a contribué et il l'a fait sans se ménager. Je suis extrêmement reconnaissante de l'amour et du soutien que me témoignent ma famille, mes amis et les habitants de Portage—Lisgar.
Je sais que les habitants de Portage—Lisgar m'ont réélue pour que je défende leurs intérêts avec vigueur, mais aussi pour que je fasse les constats qui s'imposent et que je prenne les mesures nécessaires. Je sais que tous les députés prennent cette responsabilité très au sérieux.
Le parti d'opposition a présenté la motion dans cette optique. Nous aurions pu soulever plusieurs enjeux aujourd'hui. Beaucoup de questions de la dernière législature ne sont toujours pas résolues en ce qui concerne l'éthique, la responsabilisation, le gouvernement et la primauté du droit. Il ne faut pas oublier les hausses d'impôt pour les Canadiens et le besoin d'un véritable plan pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre. La motion de l'opposition aurait pu porter sur toutes sortes d'enjeux aujourd'hui, mais nous avons choisi ce sujet pour différentes raisons.
Je me réjouis que nous ayons décidé de présenter cette motion. Elle porte sur un dossier extrêmement complexe: la relation entre le Canada et le gouvernement chinois. Cela dit, ce dossier appelle la collaboration de tous pour trouver une solution. C'est dans cet esprit que la motion a été présentée.
La motion vise à créer un comité permanent spécial qui se pencherait uniquement sur cette question. Le comité ne s'attaquerait pas à d'autres dossiers, mais examinerait uniquement la détérioration de nos relations avec la Chine et les façons d'y remédier. Je sais que les libéraux se demandent pourquoi nous ne voulons pas laisser le comité des affaires étrangères s'en occuper.
Les libéraux, en particulier, n'ont de cesse de répéter que nous ne devons pas dire aux comités ce qu'ils doivent ou ne doivent pas examiner. Les libéraux sont un peu en contradiction avec eux-mêmes lorsqu'ils disent aujourd'hui que nous devrions présumer que le comité des affaires étrangères s'en chargerait. C'est ce qui explique pourquoi les conservateurs ne s'attendent pas simplement à ce que ce comité examine la situation.
Ce n'est pas un problème qui peut être réglé en cinq ou six rencontres. Le problème comporte de multiples facettes. Il concerne les affaires étrangères, le commerce et la primauté du droit. Il y a, par exemple, des questions de sécurité publique qui entourent la société Huawei. C'est un problème qui comporte de multiples facettes, et nous avons besoin d'un comité qui s'y consacre exclusivement pour tenter de trouver une solution. Les parlementaires peuvent, même avec un gouvernement minoritaire, trouver ensemble une solution à ce problème.
Je vais me pencher sur quelques points importants.
Pourquoi faut-il trouver une solution et pourquoi faut-il le faire maintenant? De toute évidence, les tensions et la détérioration des relations avec le gouvernement chinois ont des répercussions réelles, substantielles et très sérieuses sur les Canadiens, pas seulement sur les producteurs de canola et les éleveurs de porc et de boeuf. Ces répercussions affectent également les emplois, les familles et l'ensemble des acteurs qui gravitent autour de ces industries. Mais, particulièrement aujourd'hui, elles ont une véritable incidence sur nos vies. La vie privée des Canadiens est menacée. Il s'agit certainement d'un enjeu dont nous devrions tous être saisis.
Par surcroît, il importe de souligner que notre réputation sur la scène mondiale est également mise à mal par cette situation. La plupart de nos partenaires savent qu'il n'est pas facile de traiter avec le gouvernement chinois et que la question est complexe. Le monde a les yeux tournés sur la façon dont le Canada réagit à ce que la Chine fait aux Canadiens. Force est de reconnaître que les répercussions ne se limitent pas à la population canadienne et qu'elles touchent également la nation, et qu'il faut se pencher sur la situation.
Comment en sommes-nous arrivés à ce point? J'estime que c'est en partie attribuable au fait que l'actuel gouvernement a fait preuve d'incompétence et a pris de mauvaises décisions et qu'il importe de le reconnaître. On ne peut pas revenir en arrière et réparer tous les pots cassés. Cependant, à défaut de reconnaître certaines erreurs, notamment certaines mauvaises décisions, il est impossible d'aller de l'avant.
Il est évident qu'il faut discuter de la complexité des relations avec un gouvernement comme celui de Pékin. Elles sont très complexes. Il s'agit d'un régime qui ne respecte pas la primauté du droit. Il ne respecte pas non plus la démocratie à bien des égards, comme on peut le constater à Hong Kong. Il ne respecte pas ses propres citoyens. Je crois que nous pouvons tous admettre qu'il n'est pas facile de traiter avec un tel gouvernement. Le problème actuel provient du fait que des erreurs ont été commises et de la complexité inhérente aux relations avec le gouvernement chinois.
J'aimerais expliquer cela en quelques mots.
Une grande partie des problèmes ont commencé avant que le n'occupe son poste actuel, lorsqu'il a déclaré son admiration pour la dictature chinoise. Je ne sais pas si un seul d'entre nous, à ce jour, peut comprendre pourquoi il pourrait penser une telle chose, et encore moins pourquoi il le dirait à voix haute. Une telle attitude soulève bien des questions, et j'espère sincèrement qu'il a changé d'avis depuis. J'espère qu'il reconnaît maintenant que la dictature et le comportement de la Chine ne méritent pas son admiration. Il faut reconnaître les faits pour ce qu'ils sont.
Ce n'est pas ce qu'on pourrait qualifier de bon départ. Il est ensuite devenu . Dès 2015, toute l'année 2016 et même pendant une partie de 2017, le gouvernement a pour ainsi dire fait la cour à la Chine et à de nombreuses entreprises fidèles au régime chinois, multipliant les courbettes dans l'espoir qu'elles s'intéressent à lui. C'était pénible à voir, et bon nombre de spécialistes en ont fait la remarque.
J'aimerais citer les paroles d'un ancien ambassadeur en Chine, David Mulroney. En décembre 2018, M. Mulroney a dit ceci: « Je crois que les libéraux ont tendance à faire preuve de naïveté et que cela date d'avant l'arrivée du premier ministre actuel. Chose certaine, qu'il ait pu affirmer, dans certaines de ses déclarations [...] que c'est le gouvernement qu'il admire le plus est très certainement naïf. »
Dans une chronique datée de février 2019, Terry Galvin a écrit ce qui suit:
Dès ses débuts sur la scène nationale, le premier ministre [...] a fort bien accepté la manière dont le Canada accueillait le lobby des affaires chinois, et son enthousiasme n'est pas passé inaperçu. De la nomination de Peter Harder, du Conseil d'affaires Canada-Chine, à la tête de son équipe de transition — M. Harder est aujourd'hui [...] l'homme de confiance [du premier ministre] au Sénat — aux activités privées de financement donnant un accès privilégié aux milliardaires chinois présents, [le premier ministre] était de loin le favori de Pékin parmi les dirigeants du G7.
Je ne crois pas avoir besoin de préciser qu'être le favori de Pékin parmi les dirigeants du G7 n'a rien d'enviable, au contraire. Le régime chinois le surnommait sa petite patate.
Cette erreur a vraiment donné le ton à notre relation. Par la suite sont survenues des situations où les Canadiens et le gouvernement canadien ont respecté la primauté du droit. En vertu d'un mandat d'extradition, nous avons arrêté une certaine dirigeante d'entreprise chinoise. En guise de représailles, le gouvernement chinois a pris deux Canadiens en otages. Tout est allé de mal en pis ensuite. Notre ancien ambassadeur, John McCallum, a mal géré le dossier, a gaffé, s'est mal exprimé. Un autre grand manque de jugement.
Dans une entrevue accordée au Globe and Mail, Guy Saint-Jacques, un ancien ambassadeur, a dit « mis à part obtenir l'appui d'alliés... je ne vois pas vraiment quelle est la stratégie du gouvernement canadien. Une meilleure communication pourrait être utile ».
Une stratégie pourrait être utile. Si on en a une, elle est bien cachée. Le comité proposé permettra au gouvernement de recueillir des idées et d'obtenir les points de vue et l'adhésion du Parlement, d'une part, et de montrer au gouvernement chinois que nous sommes unis et que nous allons défendre les Canadiens et le Canada, d'autre part. Nous ne sommes pas des gens naïfs. Nous sommes des gens avertis et forts, capables de trouver une solution.
Nous demandons à tous les partis d'appuyer la motion pour trouver une solution à cette crise qui perdure.
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Madame la Présidente, je vous souhaite la bienvenue au fauteuil. C'est formidable de donner mon premier discours à la Chambre devant vous.
Je tiens aussi à profiter de l'occasion pour remercier les habitants de la circonscription de Prince Albert, en Saskatchewan, de m'avoir élu pour les représenter dans cette auguste Chambre.
Ma circonscription est très spéciale. Trois premiers ministres en sont originaires. Bien sûr, l'un des plus célèbres est John Diefenbaker. Qu'a-t-il fait pour devenir si célèbre? Il a accompli bien des choses, comme nommer la première femme à un poste de ministre, créer la Déclaration canadienne des droits et permettre aux Autochtones de voter pour la première fois. C'est John Diefenbaker, un conservateur, qui a accompli tout cela. Il a été le premier dirigeant mondial à critiquer l'apartheid en Afrique du Sud. Il est arrivé à concilier toutes ces questions ainsi que la nécessité de faire du commerce avec la Chine.
En 1961, c'était la famine généralisée en Chine. Le pays avait de gigantesques problèmes économiques. John Diefenbaker, par l'entremise de la Commission canadienne blé, a offert de vendre à la Chine 40 millions de boisseaux de blé. Par compassion, il a décidé d'accorder un crédit à la Chine, rien de moins. Il a été critiqué. Nos voisins du Sud étaient furieux contre lui.
Toutefois, il savait qu'il était important de trouver le juste milieu entre les exigences envers la Chine en matière de droits de la personne et d'autres enjeux importants pour les Canadiens. Je pense que c'est ce que les Canadiens attendent de n'importe quel gouvernement.
Nous avions une relation vraiment bonne avec la Chine jusqu'aux alentours de 2017. En effet, en 2015, lorsque les Canadiens sont allés aux urnes, ils ne s'étaient jamais attendus à ce que la relation avec la Chine pose problème avec le actuel. Ils ont présumé qu'elle continuerait de s'épanouir. Nous étions certes préoccupés par les questions de respect des droits de la personne et de sécurité, mais nous discutions en adultes avec la Chine en vue de régler ces questions et de trouver ensemble des solutions. Or, en 2017, tout cela a changé.
Je vais aborder la question sous l'angle du commerce et en soulignant l'importance de ce marché pour le Canada. Il ne faut pas voir le problème seulement sous cet angle, cependant. La Chine compte énormément pour le Canada et la Saskatchewan. Elle représente 4,3 % de l'ensemble de nos exportations. Évidemment, les États-Unis arrivent au premier rang, avec 75 %.
La Chine est notre deuxième partenaire commercial en importance pour les marchandises et le cinquième pour les services. Nos échanges commerciaux se chiffrent à environ 100 milliards de dollars par année et ils augmentent. La population de la Chine compte 1,4 milliard de personnes et elle grandit. Le PIB de la Chine équivaut à 23,3 billions de dollars, ce qui est énorme. Il s'agit d'un gigantesque marché d'exportation pour le monde entier.
Le Canada a vendu 2,6 milliards de dollars de canola et 40 % de la récolte est allé à la Chine. Cette récolte n'a plus nulle part où aller. L'actuel gouvernement n'a pas présenté de solutions à cet égard ou suggéré une manière de dédommager les producteurs de canola. Le Canada exporte pour 2,4 milliards de dollars de pâte de bois.
Ce sont là quelques exemples d'exportations qui montrent l'importance du marché chinois pour nous. Nous voulons voir ces exportations durer, car il s'agit de marchandises dont la Chine a besoin et que nous produisons en abondance.
Le 1er décembre 2018, l'arrestation de la dirigeante principale des finances de Huawei, Meng Wanzhou — je m'excuse si j'ai mal prononcé son nom — a causé un problème. Je le comprends.
Or, la résolution de ce problème reposait sur la séparation entre le système judiciaire et le système politique du Canada. La Chine respectait cela jusqu'à ce que le décide de s'ingérer dans le fonctionnement du système judiciaire du Canada, dans le cadre de l'affaire SNC-Lavalin, car c'est ce qu'il a fait. C'est là que les problèmes ont commencé.
En avril 2019, la Chine a interdit l'importation de graines de canola en provenance du Canada. En mai, elle a interdit le porc canadien, alors qu'elle importait 20 % de cette production. En juin, elle a interdit le bœuf et le veau canadiens. Le Canada s'est vu exclu de son cinquième marché d'exportation en importance. Pendant ce temps, nous n'avions aucun ambassadeur. Il n'y avait pas de plan stratégique ou de réplique par rapport à ce qui se produisait.
Il faut se demander pourquoi c'est arrivé. Que s'est-il passé dans les coulisses pour que notre pays, qui entretenait des rapports respectueux avec la Chine, se retrouve dans une situation où les représentants de la Chine ne veulent même pas nous parler ou reconnaître qu'il nous faut un ambassadeur? Que s'est-il passé? Il faut demander à un comité de se pencher là-dessus.
Heureusement, en novembre 2019, l'embargo sur la viande a été levé. Cela m'a réjoui, car les agriculteurs canadiens avaient besoin de cette bonne nouvelle. Espérons que nous pourrons poursuivre sur cette lancée. Peut-être que le comité pourrait analyser ce qui s'est passé pour déterminer ce qui nous a permis de recommencer à vendre de la viande à la Chine.
Il est vraiment difficile de déterminer lequel des comités existants devrait étudier ce dossier, car toutes sortes de facteurs ont une incidence sur le commerce, notamment les droits de la personne et la sécurité.
Un des aspects positifs du commerce, et j'estime que cela vaut pour tous les pays avec lesquels nous avons des échanges commerciaux, c'est qu'il ouvre la porte au dialogue. N'est-il pas préférable de pouvoir discuter de nos préoccupations en matière de droits de la personne ou des femmes avec des pays comme la Chine et l'Arabie saoudite?
N'est-il pas préférable que nous puissions remettre leur comportement en question et les encourager à s'améliorer? N'est-il pas préférable de pouvoir s'entretenir avec ces pays et leur montrer la voie vers une société meilleure? Sans dialogue, quelle influence avons-nous? Sans dialogue, nous n'avons aucun moyen de les faire évoluer de manière constructive.
L'importance du commerce international pour le Canada est immense. Vu le rôle du Canada dans le monde et son influence, le commerce international est l'un des outils dont il dispose et qu'il pourrait utiliser efficacement. Lorsque le Canada n'a pas accès à certains marchés et que certains pays refusent de discuter avec lui à cause de ce que le a fait ou à cause de mauvaises politiques ou de mauvaises décisions en matière d'affaires étrangères, ce sont les producteurs de nos exportations qui en souffrent.
Ce n'est pas le qui paiera de sa poche. Par exemple, un agriculteur canadien produit 1 000 acres de canola. Le marché chute pour atteindre environ 1,50 $ le boisseau. Cet agriculteur produit environ 50 boisseaux à l'acre, ce qui représente à peu près entre 60 $ et 70 $ l'acre. Cet agriculteur a perdu 70 000 $ de sa poche à cause de ce que le a fait.
C'est important. C'est très significatif. On parle d'une partie importante du gagne-pain de cet agriculteur. On lui impose en plus une taxe sur le carbone, mais ne nous lançons pas sur ce sujet et sur les multiples conséquences de cette taxe, notamment l'augmentation des coûts de séchage, ce dont les libéraux ne semblent pas être au courant. Je ne veux pas m'aventurer sur ce terrain, car c'est un autre sujet de débat. Ce n'est qu'un exemple de ce qui fait que les gens de l'Ouest sont très en colère. Ce sont toujours eux qui font les frais des erreurs du gouvernement libéral.
Puis, il y a la question de Huawei. Un des éléments qui est passé sous silence au sujet du gouvernement chinois est l'investissement massif qu'il a fait dans le secteur des ressources de l'Ouest du Canada. Lorsque le gouvernement chinois a compris qu'il ne pourrait pas obtenir de pipelines et qu'il ne pourrait pas acheminer les ressources vers les marchés, ses investissements se sont taris. Comment aurait-il pu en être autrement? Les Chinois ont besoin des ressources du Canada.
Nous voulons nous assurer de vendre notre pétrole et notre gaz naturel aux Chinois, car chaque fois que nous le faisons, il y a une centrale au charbon de moins. Cela est utile pour nos régions nordiques et pour nous. Cela contribue à la lutte contre le changement climatique de manière générale. Encore une fois, lorsque la Chine ne nous parle pas et ne veut pas commercer avec nous, nous devons en chercher les raisons. Que d'occasions ratées!
Il est important que le comité se penche sur la question parce que les gens ne font pas confiance au pour mener la discussion avec la Chine. Par contre, ils font confiance au Parlement. Le premier ministre a besoin des conseils du comité pour avancer et reconstruire la relation. Les députés peuvent travailler ensemble et coopérer dans l'intérêt de l'ensemble du Canada.
J'ai hâte que le comité se réunisse. J'ai hâte de travailler avec tous les partis de la Chambre de façon positive et constructive. J'ai hâte, non seulement d'analyser ce qui a mal tourné, mais surtout de trouver des solutions. Les Canadiens ont besoin de solutions. Le Parti conservateur a des solutions et il est ravi de les communiquer pour le bien de tous les Canadiens.
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Madame la Présidente, c'est un privilège de représenter de nouveau les gens de Don Valley-Ouest. Je les remercie de la confiance qu'ils m'accordent. Je partagerai mon temps de parole avec la députée d'.
Nous discutons actuellement d'une motion cruciale pour la Chambre des communes et les députés. Les relations diplomatiques entre le Canada et la Chine sont complexes, délicates et importantes pour nous. Je suis très heureux que le député de ait présenté cette motion aujourd'hui, car elle nous permet d'en discuter.
Je souhaite dire à tous les députés que, du côté du gouvernement, nous écoutons tous les arguments présentés à propos de la motion. Nous écoutons attentivement toutes les préoccupations mentionnées. Cela dit, j'espère que l'ensemble de la Chambre reconnaît l'importance de notre relation avec la Chine. Les relations commerciales, culturelles et personnelles, de même que les questions consulaires, revêtent une grande importance pour les députés.
Dans le cadre des débats d'aujourd'hui, soyons très clairs: si l'intention de la motion est de discuter en profondeur de ces idées, c'est sans contredit une bonne initiative. Ce que nous nous demandons, de ce côté-ci de la Chambre, c'est quel serait le meilleur véhicule pour avoir cette discussion. Est-il préférable qu'elle ait lieu à un comité permanent, à plusieurs comités permanents ou encore à un comité spécial? Nous écoutons attentivement les arguments afin de déterminer le meilleur endroit pour mener cette discussion.
Au-delà de toutes ces questions, qu'il s'agisse de commerce international ou de sécurité, nous devons tous penser aux Canadiens qui sont détenus arbitrairement en Chine, d'autant plus que les arrestations remontent à un an. Comme le et le l'ont dit très clairement, Michael Kovrig et Michael Spavor sont et demeureront notre grande priorité. De plus, dans le cas de Robert Schellenberg, l'application arbitraire de la peine de mort par la Chine est extrêmement inquiétante.
Par le passé, en tant que secrétaire parlementaire, je me suis rendu en Chine où j'ai parlé de ces cas avec des représentants chinois. J'ai aussi eu l'occasion d'observer les activités diplomatiques discrètes, mais extrêmement efficaces du corps diplomatique à Pékin. Je félicite tous les membres de cette équipe, qui ont fait preuve de leadership et d'une profonde compréhension des subtilités de ce dilemme consulaire.
Les cas relevant des affaires consulaires sont les dossiers les plus délicats qu'un gouvernement doive régler. La famille, les amis, la communauté jouent un très grand rôle dans chacun d'entre eux. Si on décide d'assumer cette responsabilité, il faut la prendre au sérieux et en comprendre l'importance. Il n'y a rien de plus important pour nous en tant que gouvernement que la sécurité des Canadiens au pays et à l'étranger.
Chaque dossier concerne une personne, un Canadien, et est unique. Nos agents consulaires sont des experts bien formés qui savent de quelle manière — une manière unique et différente d'un pays à l'autre — aborder chaque dossier.
[Français]
Aujourd'hui, en ce 10 décembre, il y a un an que Michael Kovrig et Michael Spavor ont été incarcérés arbitrairement en Chine.
Le 23 novembre, le troisième jour de son mandat, le a soulevé ces cas directement auprès de son homologue chinois au G20. En marge de cette réunion, il a eu une réunion bilatérale avec Wang Yi, le ministre des Affaires étrangères de la Chine, durant presque une heure. Il a saisi cette occasion pour exprimer les graves préoccupations du Canada quant aux cas de Michael Spavor et de Michael Kovrig.
Le ministre a réitéré que ces cas sont sa priorité absolue comme ministre des Affaires étrangères du Canada. En particulier, il a exprimé sa préoccupation et celle de tous les Canadiens et les Canadiennes en ce qui concerne les conditions de leur détention. Il a dit très clairement que la détention de ces deux Canadiens était inacceptable, que leur emprisonnement était arbitraire et qu'ils devaient être immédiatement libérés.
Je demande aux députés de la Chambre de prendre le temps aujourd'hui de réfléchir à ce que vivent ces personnes et leur famille. Nous devons tous continuer à soutenir Michael Kovrig, Michael Spavor et leurs proches.
Le gouvernement continuera de travailler sans relâche jusqu'à ce que ces hommes soient libres à nouveau.
[Traduction]
Le Canada s'oppose toujours à la peine de mort. Par conséquent, nous continuerons en même temps à défendre Robert Schellenberg. Conformément à ce principe, le gouvernement demande la clémence pour tous les Canadiens qui risquent la peine de mort partout dans le monde. Ce sont des situations difficiles, surtout pour les personnes concernées et leur famille. Le gouvernement et ses agents consulaires continuent de leur offrir des services consulaires.
Je trouve insultant d'entendre les députés conservateurs insinuer que nous ne faisons pas absolument tout ce qui est en notre pouvoir. Forts de notre grande expérience, du soutien des fonctionnaires, du ministre et du et de nos relations diplomatiques, nous discutons de ces dossiers ainsi que d'autres questions diplomatiques en cours importantes pour tous les députés de cette Chambre dès que l'occasion se présente. Nous nous efforçons aussi d'assurer un dialogue actif avec la communauté internationale.
À l'instar de ces Canadiens qui ne sont pas seuls, le Canada non plus n'est pas seul. Le Canada est heureux de compter de nombreux alliés qui ont pris sa défense, comme l'Australie, la République tchèque, la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni, les États-Unis, les Pays-Bas, la Lettonie, la Lituanie, l'Espagne, l'Union européenne, l'OTAN, ainsi que des membres respectés de la société civile et des universitaires. Ils ont tous fait écho aux déclarations concernant les agissements de la Chine et ils appuient le Canada. Eux aussi ont demandé la libération de M. Kovrig et de M. Spavor, ainsi que la tenue d'un procès impartial en bonne et due forme pour M. Schellenberg.
Le Canada et le gouvernement actuel continueront de faire état de leurs profondes préoccupations et de souligner le dangereux précédent créé par les agissements de la Chine. Il s'agit d'un précédent qui, à n'en point douter, inquiétera tout pays, toute entreprise, toute organisation et toute personne qui envisage de tisser des liens plus étroits avec la Chine. Au bout du compte, la Chine devra comprendre que de se servir de la détention arbitraire de citoyens étrangers et de l'imposition arbitraire de la peine de mort pour exprimer son mécontentement à l'endroit d'un autre pays envoie un message fort négatif à l'ensemble de la communauté internationale.
Le gouvernement du Canada a soulevé certains cas précis ainsi que son opposition à la peine de mort auprès du gouvernement de la Chine. Nous poursuivrons ces efforts sans relâche. Nous continuerons également de défendre fermement les droits de la personne, les institutions démocratiques et la primauté du droit sans pour autant renoncer à une relation importante avec un pays, en l'occurrence, la Chine. Nous maintiendrons des échanges stratégiques voulus où nous exprimerons nos graves préoccupations par rapport à ces personnes.
Mon expérience à titre de président d'un comité permanent m'incite à croire que les comités permanents constituent la tribune la plus appropriée pour la tenue de cette discussion. Nous devrions laisser les comités faire leur travail. La Chambre peut charger un comité d'étudier un certain dossier. Elle l'a déjà fait bien des fois. Toutefois, nous devons gérer nos ressources de manière judicieuse. Nous devons également laisser les comités permanents être maîtres de leurs travaux. C'est ce que le gouvernement entend continuer de faire. Nous continuerons de respecter les comités.
Nous écouterons le reste des échanges d'aujourd'hui. Nous promettrons de toujours collaborer. Nous attendons impatiemment les suggestions constructives pour améliorer nos relations diplomatiques. Nous compterons sur l'opposition pour garder Michael Kovrig et Michael Spavor dans leur cœur et dans leur esprit, aujourd'hui et tous les autres jours, de sorte que la sécurité de ces hommes l'emporte sur les intérêts politiques ou personnels.
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Madame la Présidente, comme c'est la première fois que je prends la parole à la Chambre, en cette 43
e législature, j'aimerais profiter de l'occasion pour remercier les gens d'Ottawa-Ouest—Nepean de m'avoir accordé le privilège de les représenter ici.
Je tiens à remercier mes collègues d'en face d'avoir porté à l'attention de la Chambre une question d'une aussi grande importance et de nous donner à tous l'occasion de faire part de nos inquiétudes au sujet de la détention arbitraire de nos concitoyens en Chine. C'est ce dont je vais parler aujourd'hui.
[Français]
Le gouvernement du Canada partage la détresse de nombreux Canadiens face aux mesures arbitraires prises contre des citoyens canadiens en Chine. Comme le et le l’ont clairement indiqué, nous sommes touchés, dans tous les secteurs du gouvernement, par les affaires concernant Michael Kovrig, Michael Spavor et Robert Schellenberg.
Aujourd’hui, le 10 décembre, cela fait exactement un an que Michael Kovrig et Michael Spavor ont été arrêtés arbitrairement par les autorités chinoises. Nous continuerons de souligner que ces détentions arbitraires sont inacceptables. Nous continuerons d'interpeller le gouvernement chinois afin qu'il libère immédiatement MM. Kovrig et Spavor. Nous le ferons à chaque occasion, jusqu’à ce que les hommes soient libérés.
[Traduction]
En cette date anniversaire de leur incarcération, je demande aux députés de prendre le temps aujourd'hui de réfléchir à ce que subissent ces personnes et leur famille. Nous devons tous continuer d'appuyer Michael Kovrig, Michael Spavor et leurs proches.
Ce qui est utile pour ces Canadiens, c'est de savoir que nous faisons front commun pour défendre leurs intérêts. Je suis heureuse de voir que c'est exactement ce que nous démontrons aujourd'hui, à la Chambre. Nous avons obtenu l'appui de partenaires internationaux, d'alliés, de membres de la société civile, de diplomates et de Canadiens d'un bout à l'autre du pays, qui font écho à notre appel en faveur de la libération de ces deux personnes. Travailler ensemble est dans l'intérêt de ces Canadiens.
Nous restons également saisis du cas troublant de Robert Schellenberg. Nous nous opposons à la décision arbitraire d'imposer une peine de mort et nous continuons de demander à la Chine d'accorder la clémence à M. Schellenberg.
Les Canadiens sont certes troublés par les agissements de la Chine, mais il est important de reconnaître que ce problème ne touche pas seulement les Canadiens. Bien d'autres citoyens du monde partagent notre profonde inquiétude à l'égard des mesures arbitraires prises par la Chine contre des ressortissants étrangers. Nous demandons à la Chine de reconnaître que son comportement nuit à sa réputation mondiale, ce qui n'est pas dans son intérêt.
[Français]
Plusieurs pays se sont fait l'écho des préoccupations exprimées par la Chine, notamment l'Australie, la République tchèque, la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni, les États-Unis, les Pays-Bas, la Lettonie, la Lituanie, l'Estonie et l'Espagne, ainsi que l'Union européenne et le secrétaire général de l'OTAN.
Le président américain, Donald Trump, le vice-président, Mike Pence, et le secrétaire d'État, Mike Pompeo, ont tous exprimé ouvertement leurs préoccupations. M. Trump a personnellement soulevé la question auprès du président chinois. Le secrétaire d'État, M. Pompeo, a déclaré que les États-Unis se rangeaient aux côtés du Canada en réaction à la détention arbitraire et inacceptable des citoyens canadiens par la Chine.
Le Congrès américain a également adopté deux résolutions, l'une au Sénat et l'autre à la Chambre des représentants des États-Unis, félicitant le gouvernement du Canada de respecter la primauté du droit et ses obligations juridiques internationales. De plus, le Congrès s'est joint au Canada pour demander la libération immédiate de Michael Spavor et Michael Kovrig, et le respect de la légalité pour Robert Schellenberg.
[Traduction]
Suite à leur rencontre à Saint-Malo en avril dernier, les ministres des Affaires étrangères des pays du G7 ont publié un communiqué commun pour signaler leurs vives inquiétudes au sujet des mesures arbitraires prises contre des citoyens étrangers par les autorités chinoises.
L'Union européenne a également formulé ses inquiétudes auprès des autorités chinoises lors de la 37e session du dialogue UE-Chine concernant les droits de l'homme, qui s'est tenue à Bruxelles en avril. L'Union européenne a souligné la nécessité de respecter l'application régulière de la loi, ainsi que l'importance de veiller à ce que les Canadiens soient traités convenablement pendant leur détention en Chine.
Le président de l'Union européenne, Donald Tusk, a également exprimé son appui personnel dans les médias sociaux: « Le Canada et l'Union européenne défendent tous les deux la primauté du droit, qui constitue le socle de l'ordre mondial. L'Union européenne réclame la libération des citoyens canadiens détenus en Chine. »
La ministre australienne des Affaires étrangères, Marise Payne, a dénoncé elle aussi les agissements de la Chine, tout en faisant valoir les préoccupations de son gouvernement au sujet de telles détentions arbitraires.
Le secrétaire d'État aux Affaires étrangères du Royaume-Uni, Dominic Raab, a fait part des préoccupations de son gouvernement. Le Royaume-Uni s'inquiète particulièrement des « allégations de motifs politiques » qui entourent la détention de MM. Kovrig et Spavor. La France et l'Allemagne font partie des pays ayant exprimé des préoccupations semblables.
[Français]
En plus de ces préoccupations, les gouvernements, dont ceux de l'Espagne et des Pays-Bas, ont fait des déclarations soulignant l'importance de veiller à ce que Michael Spavor et Michael Kovrig reçoivent un traitement équitable en Chine. Le Canada est préoccupé par les conditions de détention en Chine et il en a fait part aux autorités chinoises.
Il s'agit notamment d'appeler la Chine à respecter les normes de détention internationale reconnues, y compris les Règles Nelson Mandela, c'est-à-dire l'ensemble des règles minimales et les principes fondamentaux des Nations unies en lien avec le traitement de détenus.
[Traduction]
Les gouvernements étrangers n'ont pas été les seuls à exprimer des inquiétudes. Des leaders du milieu universitaire, du secteur privé et de la société civile ont également joint leurs voix au concert d'inquiétudes. Une lettre ouverte signée par des diplomates et des universitaires de 19 pays montre à quel point la consternation devant les actions de la Chine s'étend bien au-delà des frontières du Canada. Selon la lettre publiée le 21 janvier, la détention de M. Kovrig et de M. Spavor envoie le message que les efforts visant à établir des liens avec la Chine et à mieux comprendre ce pays ne sont « pas bien accueillis et comportent même des risques en Chine [...] Cela affaiblira le dialogue, suscitera la méfiance et minera les efforts déployés pour gérer les désaccords et trouver un terrain d'entente. La Chine et le reste du monde ne s'en porteront que plus mal. »
Le Canada est reconnaissant à tous ceux qui se sont joints à lui pour soulever ces préoccupations. Le gouvernement poursuivra ses efforts diplomatiques pour régler le problème et encourager ses partenaires internationaux à se ranger du côté du Canada. Nos partenaires internationaux reconnaissent que les mesures arbitraires prises par la Chine créent un précédent troublant pour la communauté internationale. Il est important que nous fassions tous passer le message suivant: ce n'est pas en prenant des mesures arbitraires contre des ressortissants étrangers qu'on remédie à des préoccupations bilatérales.
En terminant, j'aimerais souligner que le Canada continuera de collaborer avec ses amis et partenaires du monde entier, à l'aide d'engagements prudents et stratégiques, afin de traverser cette période difficile. Le Canada et ses alliés continueront de s'en tenir à leurs principes et de défendre l'ordre international fondé sur des règles qui assure la paix et la prospérité mondiales depuis des décennies.
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Madame la Présidente, je vous félicite d'avoir été renommée au fauteuil.
Je suis ravi d'être de retour à la Chambre des communes. Bien que je sois intervenu au cours de la période des questions et du comité plénier d'hier soir, il s'agit de ma première allocution à la 43e législature. J'en profite pour remercier les habitants de Selkirk—Interlake—Eastman de m'avoir accordé leur confiance encore une fois. Je suis honoré de leur appui. C'est la sixième fois que je suis élu et j'ai toujours hâte de les représenter et de faire entendre leur voix à la Chambre.
Je vais partager mon temps de parole avec la députée d' .
La motion de l'opposition officielle arrive à point. Elle traite d'une question qui inquiète de plus en plus les Canadiens et je l'appuie sans réserve. Notre relation de plus en plus tendue avec la Chine a eu des répercussions directes sur la circonscription de Selkirk—Interlake—Eastman. Il y a quelque temps, les agriculteurs et les producteurs de porc et de bœuf ont été touchés par des sanctions qui les ont empêchés d'exporter leurs produits en Chine. Le canola canadien fait toujours l'objet de restrictions lourdes de conséquences pour le secteur agricole de Selkirk—Interlake—Eastman et du reste du pays. La mauvaise gestion de ce dossier par les libéraux nuit à notre économie, complique notre collaboration avec la Chine en matière de sécurité nationale et entrave la défense nationale.
J'ai toujours milité avec ferveur pour les droits de la personne. J'ai présenté à la Chambre le projet de loi visant à commémorer l'Holodomor, le génocide ukrainien. J'ai parrainé le projet de loi visant à mettre en place une loi Magnitski afin que des sanctions soient prévues contre les dirigeants étrangers corrompus qui commettent de graves violations des droits de la personne. Je milite depuis un certain temps pour que les dirigeants chinois responsables de ce genre de violations des droits de la personne soient ajoutés à la liste des personnes visées par les sanctions prévues dans la loi Magnitski du Canada.
Nous savons maintenant comment l'État chinois s'est comporté. Nous savons que le gouvernement de la Chine a permis à certaines personnes de s'enrichir en prélevant des organes sur des prisonniers politiques et en les exportant partout dans le monde. Nous savons que le gouvernement de la Chine a intentionnellement visé les adeptes du Falun Dafa, souvent appelé le Falun Gong, parce qu'il ne leur reconnaît pas le droit de tenir des assemblées pacifiques ou de pratiquer leur foi ou leur méditation comme ils le veulent. L'État les emprisonne et prélève leurs organes et leurs tissus, qui sont exportés partout dans le monde. Je considère que c'est une pratique répugnante à laquelle il faut mettre fin. Ce comité pourrait notamment se pencher sur ces violations des droits de la personne, ainsi que sur la façon dont l'État chinois traite les moines tibétains ou dont ces derniers vont jusqu'à s'immoler par le feu dans les rues en guise de protestation.
Nous avons constaté que les Chinois musulmans, les Ouïghours, sont également ciblés et emprisonnés. En ce moment, l'État chinois mène une campagne de salissage contre eux. Le régime à Pékin discrédite les groupes minoritaires et religieux en Chine. C'est un autre dossier que le comité pourrait étudier en profondeur en invitant divers organismes et groupes confessionnels à témoigner des violations des droits de la personne qu'ils subissent. Dernièrement, nous avons été témoins de manifestations pro-démocratie à Hong Kong. Nous savons que l'armée chinoise s'est déployée à la frontière de Hong Kong pour en menacer les habitants. On leur a dit qu'ils devaient obtempérer, faute de quoi ils pourraient subir une oppression militaire et Hong Kong pourrait devenir un État policier. Cette menace plane toujours. Essayer d'apaiser la Chine ou de banaliser les relations avec celle-ci est, à mes yeux, extrêmement décourageant.
Nous savons que le , le et l'ancienne n'ont pas considéré la Chine comme une menace. Pourtant, nos alliés, que ce soient ceux du Groupe des cinq ou du groupe des deux — c'est-à-dire l'OTAN —, n'ont pas cessé de faire état des vives inquiétudes que suscite l'accès à notre réseau 5G par une entreprise chinoise comme Huawei.
Nous connaissons déjà les problèmes auxquels doivent faire face les pays qui ont fait de Huawei leur principal fournisseur de sans-fil. Cette entreprise a accès indirectement à leurs systèmes d'information, ce qui présente un risque non seulement pour la sécurité nationale, mais aussi pour la protection des citoyens. En effet, ces derniers doivent prendre les moyens nécessaires pour empêcher que leur identité soit volée et qu'elle circule dans le cyberespace ou que leurs renseignements personnels soient volés et utilisés à mauvais escient.
Un forum sur la sécurité s'est tenu récemment à Halifax. Le y a participé. Le 22 novembre, il a déclaré ce qui suit:
Nous ne considérons pas la Chine comme un adversaire. Deux Canadiens sont détenus arbitrairement en Chine, et nous demandons aux autorités de ce pays de les libérer sans attendre. C'est extrêmement important pour nous.
Nous apprenons maintenant que ces deux Canadiens vont subir un procès à Pékin pour des infractions liées à la sécurité nationale.
Prenant la parole tout de suite après le , Robert O'Brien, conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, a déclaré: « Le cheval de Troie que représente Huawei est effrayant et terrifiant. »
Nous savons que de nombreux membres du Congrès américain assistent toujours au forum d'Halifax sur la sécurité. Le 23 novembre, CBC a indiqué que « les sénateurs démocrates et républicains [...] ont parlé d'une seule voix et affirmé que, si on donne le feu vert à Huawei, les dangers vont l'emporter sur les avantages d'une telle décision. »
Le sénateur Angus King a déclaré ce qui suit:
Nous ne sommes pas d'accord sur tout, mais, sur cette question, nous le sommes. Laisser Huawei s'introduire dans votre pays comporte beaucoup plus de risques que d'avantages.
Nous voulons donc protéger nos systèmes et nos infrastructures en matière de finances et de transport et veiller à ce que tout fonctionne bien et, bien sûr, protéger le gouvernement canadien et la sécurité nationale.
Pour quelle raison laisserions-nous une compagnie comme Huawei s'introduire dans notre réseau sans fil alors qu'elle donne indirectement au gouvernement chinois des renseignements?
Si on laisse Huawei s'introduire dans notre réseau Internet par le biais du 5G, il n'y a pas que la menace pour la sécurité nationale à prendre en compte, il faut aussi penser à la menace que cela représenterait sur le plan militaire.
Lors du débat d'hier soir dans cette enceinte, j'ai parlé du renforcement de la présence militaire russe et j'ai indiqué que le contre-amiral responsable de la flotte du Nord de la Fédération de Russie anticipe un conflit dans l'Arctique canadien. Je signale aux députés que s'ils tournent Ieur regard vers la Chine maintenant, qui n'est pas une nation de l'Arctique, ils constateront que ce pays s'est doté d'une politique appelée la « route polaire de la soie ». Cette politique envisage d'emprunter les eaux canadiennes et russes de l'Arctique pour le transport. Compte tenu de la disparition de la glace marine dans cette région, on penserait que, si elle est approuvée, cette politique permettrait l'augmentation de la circulation maritime dans l'Arctique, ce qui pourrait être avantageux. Toutefois, pourquoi la Chine, qui n'est pas une nation de l'Arctique, possède-t-elle actuellement deux navires de recherche polaire et six brise-glaces de la marine de l'Armée populaire de libération chinoise?
Nous constatons que le gouvernement chinois possède des brise-glaces lourds. Nous constatons qu'il a la capacité non seulement de naviguer dans l'Arctique, mais aussi d'y faire la guerre. Les bâtiments dont il est question sont des navires de combat. Par conséquent, nous devons être prêts à toute éventualité. Or, à ma connaissance, le gouvernement n'a rien dit quant à la façon dont il se prépare pour défendre la souveraineté du Canada dans l'Arctique.
Il s'agit d'un autre sujet dont nous pourrons discuter après la création du comité omnipartite. Nous pourrons nous occuper des éléments essentiels, notamment la souveraineté dans l'Arctique et la protection du domaine canadien, et surveiller la Chine, qui prend des mesures comme militariser la mer de Chine méridionale, qui continue à intimider ses voisins comme le Japon et la Corée du Sud et qui appuie toujours les efforts de la Corée du Nord visant à construire des missiles balistiques. Ces points méritent que nous les examinions attentivement.
Je sais que, en 2019, les États-Unis ont soumis la Chine à son évaluation des menaces mondiales. Ce pays est très inquiet des capacités militaires de la Chine et de la concentration du pouvoir au sein du régime de Pékin. Nous devons nous assurer de défendre avant tout le Canada, les droits de la personne et la primauté du droit.
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Madame la Présidente, c'est un honneur pour moi d'être de retour à la Chambre. Comme c'est la première fois que je prends la parole, je tiens à remercier les gens d'Aurora—Oak Ridges—Richmond Hill de m'avoir réélue. Cette fois-ci, j'ai été candidate pour le Parti conservateur et je suis heureuse que la population ait jugé bon de me renvoyer ici à titre de députée conservatrice. C'est humblement que je saisis l'occasion qui m'est offerte. Je prends cette responsabilité très au sérieux et je tiens à remercier tous les bénévoles et toutes les personnes qui m'ont appuyée partout au pays. Je tiens également à remercier ma famille, sans qui je serais vraiment perdue.
Nous sommes ici aujourd'hui pour parler d'une motion très importante concernant un point tournant de notre histoire. Les relations entre le Canada et la Chine représentent probablement le plus grand défi diplomatique du moment pour le Canada. C'est pourquoi nous proposons la formation d'un comité spécial.
Nous avons besoin qu'un comité spécial se penche sur tous les aspects des relations sino-canadiennes parce que nos comités permanents traitent de sujets bien précis. Les affaires étrangères, le commerce international, les langues officielles et la santé et le bien-être en sont des exemples. Ils ont aussi bien d'autres questions à étudier. Ces comités doivent avoir la possibilité d'étudier les questions importantes pour le pays qui relèvent de leur mandat. Le sujet dont il est question ici est complexe et de vastes ampleur et portée. Il doit être examiné sous différents angles: affaires étrangères, santé et sécurité, cybersécurité et défense. La seule façon d'étudier tous ces aspects est de mettre sur pied un comité spécial.
Voilà pourquoi nous proposons un tel comité. Pourquoi accorde-t-on une telle importance aux relations sino-canadiennes maintenant? Qu'est-ce qui est en jeu au juste?
Depuis cinq ans, ces relations se détériorent à un rythme effarant. Des mesures comme la détention non justifiée et arbitraire et les pressions en matière de commerce sont employées. La Chine achète pour 4,7 milliards de dollars de produits agricoles du Canada, mais, à l'heure actuelle, elle ne respecte pas nos accords commerciaux et elle punit les producteurs de canola canadiens. Cela se répercute sur la vie des gens. Les relations sino-canadiennes et la mauvaise gestion de ces relations ont des répercussions sur les Canadiens.
On constate aussi la présence d'entreprises spécialisées dans les ressources naturelles et de sociétés spécialisées dans la technologie qui appartiennent à des États étrangers. Dans ce contexte, on se demande comment il est possible de protéger la viabilité et les intérêts nationaux du Canada en matière de sécurité. Le gouvernement chinois a déjà mené des cyberattaques contre des ministères fédéraux. Nous craignons que la présence de Huawei au pays entraîne des problèmes d'influence, d'ingérence et d'espionnage dans nos réseaux de télécommunication.
D'autres pays ont décidé de bannir Huawei de leurs réseaux de communication internes pour ces raisons. En même temps, le Canada doit examiner la situation et en discuter de façon approfondie, afin de déterminer s'il convient de les imiter.
Dans le contexte des relations canado-chinoises, les Canadiens ordinaires doivent aussi faire face à des problèmes sur le plan de la santé et de la sécurité. Des quantités effarantes de drogues illicites, dont le fentanyl, entrent au pays et tuent des Canadiens. Nous devons trouver un moyen d'enrayer ce problème et d'en prévenir la réapparition. Pour ce faire, il faut toutefois comprendre comment ces drogues arrivent au pays et d'où elles proviennent. Nous savons que les États-Unis ont réalisé un examen préliminaire du problème. Un documentaire diffusé à l'émission 60 Minutes a montré toute la gravité de la situation. Un comité du Congrès a déclaré que les drogues illicites, y compris le fentanyl, qui entrent aux États-Unis proviennent en grande partie de la Chine.
Avons-nous un problème similaire au Canada?
Nous pouvons parler de défense et de sécurité. J'ai fait mention de Huawei mais d'autres menaces pèsent sur les secteurs des télécommunications, de l'information, des banques et des infrastructures du Canada. Il faudrait probablement se pencher sur le blanchiment d'argent et sur d'autres aspects de l'espionnage.
L'armée chinoise est le deuxième investisseur en importance derrière les États-Unis avec des investissements à hauteur de 250 milliards de dollars. Il s'agit d'investissements substantiels dont il faut se préoccuper. Certains de ces investissements ont servi à l'achat de brise-glaces et de sous-marins qui se retrouvent dans l'Arctique canadien. La Chine se présente actuellement comme un État quasi arctique. Voilà une proposition intéressante. Nous devons comprendre dans quelle mesure cette proposition risque d'affecter notre souveraineté, notre sécurité et notre capacité de profiter des possibilités qu'offre l'Arctique canadien. Voilà des enjeux sérieux qui concernent les Canadiens dans l'immédiat et qui les concerneront dans l'avenir. Nous devons avoir la possibilité de les examiner en profondeur.
La Chine construit actuellement 3 000 kilomètres de pipelines. Elle envisage une expansion massive de l'initiative la Ceinture et la Route et cherche à profiter du potentiel de certains pays simplement en faisant des investissements dans leurs infrastructures.
Voilà certains des enjeux auxquels nous faisons face. À défaut de savoir comment exploiter les ressources que nous possédons, nous ne serons pas en mesure de soutenir la concurrence dans l'avenir.
Il y a aussi les changements climatiques. Il s'agit manifestement d'un enjeu très important et il faut agir dans ce dossier. Les émissions chinoises ont augmenté de façon exponentielle et continuent d'augmenter. Pendant ce temps, l'économie canadienne est toujours en croissance, mais nos émissions n'augmentent pas dans la même proportion. Nous nous efforçons de les réduire et nous disposons pour ce faire de technologies de pointe et d'approches écologiques. Ces possibilités nous permettraient d'aider la Chine à envisager des moyens de réduire ses émissions. Voilà pour nous une autre occasion d'examiner comment nous pourrions faire pencher la balance.
Pourquoi maintenant? Le contexte s'est manifestement détérioré. Nous avons un gouvernement libéral et un qui admirent le gouvernement chinois et qui n'ont ni stratégie ni plan pour que nos relations s'améliorent plus rapidement.
Nous, parlementaires, avons la tâche de mener des examens approfondis et de débattre de certaines questions. C'est pourquoi les comités parlementaires existent, et c'est exactement ce que nous devrions faire. Nous devrions convoquer des experts et des parties prenantes et solliciter la participation des Canadiens dans le cadre de cet important examen.
Voilà pourquoi ce comité est nécessaire. Voilà pourquoi il devrait s'agir d'un comité omnipartite. Voilà ce que nous, parlementaires, pouvons faire pour nous acquitter de notre tâche. Il doit s'agir d'un comité interdisciplinaire afin que nous puissions étudier tous les aspects, comprendre les ramifications et les équilibres en jeu, et apporter des améliorations stratégiques pour l'ensemble des Canadiens.
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Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
Je suis heureux d'avoir l'occasion de parler de la motion dont nous sommes saisis. Étant donné qu'il s'agit de la première fois que je prends la parole à la Chambre en cette 43e législature, je prends un instant pour remercier les électeurs de York-Centre de m'avoir donné l'honneur et le privilège de les représenter de nouveau à la Chambre.
Pour ce qui est de la question à l'étude, je tiens d'abord à dire que la détention de Michael Kovrig et de Michael Spavor est arbitraire et injuste et qu'ils devraient être immédiatement libérés. Le débat sur la motion couvre un vaste éventail de questions liées à la relation entre le Canada et la Chine, mais il ne faut pas perdre de vue la question sous-jacente fondamentale: alors que nous marquons tristement le premier anniversaire de l'emprisonnement de ces deux Canadiens en Chine, qu'en est-il de leur intérêt? Nous pouvons tenir une discussion plus vaste sur les avantages et les inconvénients de la motion, mais nous devons revenir à cette question et la réexaminer. Nos décisions doivent toujours être axées sur cette question.
La relation sino-canadienne est importante pour le gouvernement et pour les députés de tous les partis. Cette relation est importante pour les Canadiens des quatre coins du pays. Actuellement, rien ne compte plus dans la relation sino-canadienne qu'assurer la libération immédiate de Michael Kovrig et de Michael Spavor. Le , le ministre, l'ensemble du gouvernement et les parlementaires de tous les horizons continuent à travailler sans relâche à cette fin.
En tant que président du comité des affaires étrangères lors de la 42e législature, j'ai eu l'occasion de travailler en comité avec le député de , notamment dans ce dossier. En fait, le député était vice-président du comité quand nous avons étudié la question des affaires consulaires et présenté un rapport détaillé, que les conservateurs ont appuyé. L'un des éléments fondamentaux que nous avons appris et que les députés de tous les partis connaissent, c'est que les affaires consulaires délicates, comme la détention de Canadiens à l'étranger, ne doivent pas être débattues en public. Ce n'est ni dans l'intérêt de Michael Kovrig et de Michael Spavor, ni dans l'intérêt de leur famille, ni dans l'intérêt des Canadiens.
J'attire l'attention des députés sur une chronique parue dans le Globe and Mail d'aujourd'hui, rédigée par notre estimé et ancien collègue, Bob Rae. Il souligne, à juste titre, que le Canada et la Chine sont deux pays très différents. La Chine n'est pas une démocratie, et on y retrouve de graves problèmes de droits de la personne qui doivent être réglés. Toutefois, crier dans le vide ne réglera pas la situation. La réponse appropriée est la diplomatie et l'engagement. Ce n'est pas toujours facile et cela prend du temps, mais c'est ce dont les Canadiens ont besoin, et nous savons que c'est essentiel.
Aujourd'hui, c'est aussi la Journée des droits de la personne, qui marque l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Au moment où des dirigeants du monde entier remettent en question l'idée que ces droits sont universels, nous devons continuer à les défendre et les protéger.
La promotion et la protection des droits de la personne sont essentielles à la politique étrangère du Canada et demeurent une priorité absolue. Comme nous le savons grâce à l'expérience que nous avons acquise au comité des affaires étrangères pendant la dernière législature, la défense des droits de la personne à l'échelle mondiale est très importante aux yeux des Canadiens, et la politique étrangère du gouvernement reflète cette priorité.
Nous sommes profondément préoccupés par l'intimidation et la répression persistantes des minorités ethniques, des groupes religieux et des groupes vulnérables en Chine, notamment des bouddhistes tibétains, des Ouïghours, d’autres musulmans, des chrétiens, des adeptes du Falun Gong, des femmes et des filles, ainsi que des membres de la communauté LGBTQ. Le Canada a manifesté ses préoccupations au sujet de la réduction de l'espace accordé à la société civile en Chine. L’intensification des actions contre les défenseurs des droits de la personne, y compris les avocats, les journalistes et les acteurs de la société civile, est également préoccupante.
Chaque fois que l'occasion s'est présentée, le gouvernement a demandé à la Chine de respecter les libertés fondamentales que sont les libertés d'opinion, d'expression, de réunion, d'association et de religion de tous les citoyens chinois. Nous continuons de soulever la question des droits de la personne et de la primauté du droit avec nos homologues chinois à tous les niveaux. Le l'a fait. L'ex-ministre des Affaires étrangères, qui est maintenant , l'a fait et je sais que le nouveau le fera parce que les droits de la personne sont des valeurs canadiennes fondamentales et sont à la base de notre politique étrangère. Publiquement et en privé, dans les forums multilatéraux et les rencontres bilatérales, le Canada a toujours demandé au gouvernement chinois de remédier à ces problèmes.
Nous devrions aussi réfléchir aux situations auxquelles le gouvernement du Canada, libéral ou conservateur, a cherché à remédier, comme l'emprisonnement du Canadien d'origine ouïghoure Huseyin Celil, détenu dans la région du Xinjiang depuis 2006.
Dans le cadre de notre travail au sein du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international, nous nous sommes penchés sur l'engagement du Canada en Asie. Pendant notre étude, un groupe de députés, y compris le député de et le député de , s'est rendu à Pékin et à Hong Kong. Nous avons eu des réunions très franches dans le cadre desquelles nous avons discuté des droits de la personne en soulevant ces questions directement auprès des représentants chinois. Nous savons qu'il y a une façon productive de traiter de ces préoccupations de manière à faire avancer la cause des droits de la personne, mais il y a aussi une façon inefficace de s'y prendre. Nous devons être prudents afin de ne pas miner la cause que nous cherchons à appuyer, notamment lorsqu'il s'agit d'obtenir la libération de Canadiens qui sont détenus arbitrairement.
Lorsque nous étions à Pékin, nous avons soulevé un certain nombre de questions liées aux droits de la personne. Le Canada demeure profondément préoccupé par le respect des droits de la personne dans la Région autonome du Tibet, notamment par: les restrictions accrues des libertés linguistiques, culturelles et religieuses, de la liberté d'expression et de la liberté de mouvement; la destruction d'édifices, de temples et de mosquées historiques; l'éducation patriotique forcée des personnes d'origine tibétaine.
Les Canadiens sont profondément préoccupés par les informations de sources crédibles, selon lesquelles on procède à la détention massive des Ouïghours et d'autres minorités musulmanes dans la province du Xinjiang, notamment dans des camps de rééducation, sous prétexte de lutter contre l'extrémisme. Je sais que le gouvernement partage ces préoccupations et en a parlé publiquement.
L'an dernier, au cours de l'examen périodique universel de la Chine, le gouvernement a exhorté la Chine à respecter ses obligations en matière de droits de la personne, à libérer les membres de la minorité ouïghoure et les autres musulmans détenus arbitrairement et à mettre fin aux poursuites et aux persécutions fondées sur la religion ou les croyances, notamment envers les musulmans, les chrétiens, les bouddhistes tibétains et les adeptes du Falun Gong.
En juillet et en octobre dernier, le Canada s'est joint à plus de 20 pays afin d'exiger qu'on accorde un accès sans restriction au Xinjiang à des observateurs étrangers indépendants, y compris la haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme.
Enfin, je sais que beaucoup de Canadiens, y compris les habitants de ma circonscription, s'inquiètent de la situation à Hong Kong. Comme 300 000 Canadiens vivent à Hong Kong, nous avons intérêt à promouvoir la stabilité et la prospérité de l'endroit. Nous allons toujours appuyer le droit de manifester pacifiquement, l'autonomie de Hong Kong comme le prévoit la Loi fondamentale ainsi que le cadre « un pays, deux systèmes ».
Ayant moi-même été président du comité des affaires étrangères et, précédemment, président du Sous-comité des droits internationaux de la personne, ces questions me tiennent à coeur. Elles reflètent des valeurs canadiennes essentielles.
Le débat et la motion d'aujourd'hui couvrent un large éventail d'enjeux, mais je veux revenir à mon point initial. Il ne faut pas nous laisser distraire de la question fondamentale, c'est-à-dire le sort de Michael Kovrig et Michael Spavor. J'invite tous les députés à y réfléchir durant l'étude de la motion à la Chambre aujourd'hui.
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Madame la Présidente, comme c'est la première fois que je prends la parole depuis le début de la 43
e législature, j'en profite pour remercier les habitants de Don Valley-Est de m'avoir accordé leur confiance.
Je remercie le député d'avoir soulevé la question cruciale des relations sino-canadiennes. J'ai écouté les interventions des différents députés; il faut débattre de la motion en tant que telle et déterminer si elle permettrait d'obtenir les résultats escomptés.
Alors qu'une année s'est écoulée depuis l'arrestation arbitraire de deux Canadiens, nous sommes tous anxieux de les voir libérés rapidement. Cependant, le comité proposé serait-il en mesure de s'occuper de cette affaire? Y a-t-il d'autres comités permanents qui seraient mieux placés pour étudier ces questions?
La motion parle d'une crise diplomatique. J'espère qu'on réfléchit bien à la question. Comment pourrait-on demander à ce comité de se charger d'un enjeu de diplomatie? Les comités permanents des affaires étrangères, du commerce, de la sécurité, etc. peuvent s'occuper des questions qui ont été soulevées.
D'un point de vue logique, je ne crois pas que le fait pour le gouvernement de discuter publiquement des efforts diplomatiques déployés pour obtenir leur libération servent au mieux les intérêts de Michael Kovrig et de Michael Spavor. Certaines questions peuvent être discutées publiquement, alors que d'autres nécessitent la discrétion. La motion proposée ne permettrait pas cela.
Le gouvernement travaille d'arrache-pied pour obtenir la libération de ces deux Canadiens. Nous avons demandé l'aide d'autres pays qui partagent nos vues et nous leur sommes reconnaissants de leur appui.
Les discussions à la Chambre sur ce sujet portent également sur notre industrie agricole.
Nos agriculteurs sont un pilier de notre économie. Le Canada et la Chine ont des liens de longue date, qui s'étendent sur près d'un demi-siècle. La Chine est un marché prioritaire pour le secteur agricole canadien et notre deuxième partenaire commercial en importance après les États-Unis.
L'industrie agricole revêt une grande importance. Le Canada est une grande nation commerçante. Nous comptons parmi les cinq plus grands exportateurs de produits agricoles et agroalimentaires. Nous sommes le plus grand exportateur mondial de canola, de lin, de légumineuses et de bleuets sauvages. Nous comptons parmi les trois principaux exportateurs de blé et de porc. En moyenne, c'est environ la moitié de la valeur de nos produits agricoles qui est exportée.
Nos agriculteurs dépendent des exportations. Plus du tiers de leur récolte de blé, les deux tiers de leur porc, 85 % de leur canola et 90 % de leurs légumineuses sont exportés. Au total, le commerce des produits agricoles et agroalimentaires, des poissons et des produits de la mer génère des exportations dépassant les 66 milliards de dollars et représente 16 milliards de dollars dans notre balance commerciale. Toute cette activité économique est source d'emplois, de croissance et de possibilités pour les Canadiens.
Nous sommes heureux que, grâce à nos efforts diplomatiques, la Chine ait levé l'embargo sur la viande canadienne de qualité supérieure le mois dernier. La nomination de Dominic Barton à titre d'ambassadeur du Canada en Chine permet la reprise des efforts de défense des intérêts du Canada en vue de résoudre les conflits commerciaux et de faire libérer les deux Canadiens détenus.
De tels dossiers ne se résolvent pas sans les efforts soutenus de nos représentants de l'industrie et de nos agents commerciaux, ni, bien entendu, sans le leadership et les efforts diplomatiques de M. Barton.
J'ai entendu des députés mentionner le canola. Nous continuons de travailler dur pour rétablir l'accès du canola canadien au marché chinois. Le secteur du canola contribue à l'économie du Canada à la hauteur de près de 27 milliards de dollars et fournit un emploi à un quart de million de Canadiens. Les Canadiens sont fiers de cette industrie née d'une innovation de scientifiques d'Agriculture et Agroalimentaire Canada.
En avril, nous avons formé un groupe de travail réunissant des représentants de l'industrie et du gouvernement. Ce groupe est coprésidé par le Conseil canadien du canola et Agriculture et Agroalimentaire Canada et compte des représentants des provinces des Prairies. Il se réunit régulièrement pour discuter notamment de l'élaboration de stratégies en vue de résoudre les problèmes d'accès au marché chinois.
Entretemps, pour aider les producteurs de canola, nous avons instauré le Programme de paiements anticipés et accordé un sursis à la mise en défaut pour les avances octroyées en vertu du Programme qui sont en souffrance. Nous avons également repoussé la date limite d'inscription au programme Agri-stabilité.
Le Programme de paiements anticipés aide les producteurs à gérer leurs liquidités tout au long de l'année. Nous avons en outre fait passer les paiements anticipés sans intérêt qui sont offerts aux producteurs de canola de 100 000 à 500 000 $ pour l'année-programme 2019. Au total, pas moins de 1 million de dollars en paiements anticipés seront offerts aux producteurs de canola et autres, comparativement à 400 000 $ auparavant. Je précise d'ailleurs qu'il s'agit d'un changement permanent qui sera reconduit au-delà de 2019.
En collaboration avec nos partenaires provinciaux, nous avons également repoussé de deux mois la date limite d'inscription à Agri-Stabilité.
J'ajouterais que nous collaborons de près avec le secteur canadien du canola à chacune des étapes. Comme l'a dit récemment le président du conseil canadien du canola lors de son discours de la moissonneuse-batteuse: « La collaboration entre l'industrie et le gouvernement est essentielle à l'expansion du secteur agricole, tout comme la collaboration entre le gouvernement fédéral et les provinces. »
Les représentants du secteur du canola ont pris part à diverses missions commerciales dans les principaux marchés d'Asie en compagnie de la et de la . Lorsqu'elle a rencontré les ministres de l'Agriculture du G20, plus tôt cette année au Japon, la ministre de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire a profité de l'occasion pour faire valoir les préoccupations du Canada auprès de son homologue chinois.
L'industrie du canola a également salué la nomination de Dominic Barton à titre d'ambassadeur du Canada en Chine pour aider à promouvoir les intérêts de notre pays à ce moment critique. Dernièrement, le Canada a tenu des consultations officielles avec la Chine dans le cadre de l'OMC, afin de régler cette question le plus rapidement possible. Nous continuons de faire pression pour rétablir les affaires avec la Chine.
Si nous voulons que nos agriculteurs tirent pleinement parti des débouchés commerciaux partout dans le monde, nous devons absolument nous pencher sur la question des obstacles non tarifaires et veiller à ce que les agriculteurs disposent des outils nécessaires pour affronter la concurrence à l'échelle mondiale. Les agriculteurs canadiens peuvent rivaliser avec ce que le monde a de mieux à offrir, mais pour ce faire, ils ont besoin de règles du jeu équitables et libres d'obstacles au commerce.
Notre gouvernement est solidaire des producteurs canadiens et des familles d'agriculteurs. Les agriculteurs canadiens doivent savoir que nous les protégeons.
Je remercie le député d'avoir soulevé la question. Pour aborder les questions multidimensionnelles de la mondialisation et de la géopolitique, il est important d'utiliser la diplomatie plutôt que de créer une autre bureaucratie qui pourrait entraver ce processus.
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Madame la Présidente, je suis heureux de prendre la parole sur ce sujet très important.
Je tiens d'abord à dire que je partagerai mon temps de parole avec le député de . Je suis ravi que mon collègue puisse parler de ce dossier. Il le connaît fort bien.
Je tiens à remercier les habitants de Foothills de m'avoir réélu. Je suis très honoré qu'ils m'aient fait confiance en me confiant à nouveau le mandat de les représenter.
Il est à propos que le premier sujet dont je vais parler au début de la 43e législature soit la crise du canola qui touche nos concitoyens et qui a été provoquée par la Chine. À mon avis, cette motion visant à créer un comité spécial qui aurait l'occasion de discuter en profondeur de ce grave problème permettrait de résoudre la crise, et c'est pourquoi il est si important de l'appuyer.
Je reviens au moment où tout a commencé, il y a presque un an. Nous avons souligné la crise du canola au gouvernement libéral précédent, pendant la 42e législature, qui n'a rien fait pour y remédier, et elle se poursuit sous le gouvernement actuel.
Selon moi, le fait que le discours du Trône ne fait pas mention de cette crise souligne que rien n'a changé. Elle n'est toujours pas une priorité pour le gouvernement libéral. Le fait que la crise du canola et l'embargo commercial contre la Chine n'ont pas été mentionnés dans le discours du Trône en dit long aux producteurs canadiens de canola sur les priorités du gouvernement libéral. Celui-ci n'a aucunement l'intention de défendre les producteurs canadiens ou de se tenir debout devant la Chine pour rouvrir un de nos marchés de canola les plus importants.
Je pense que le gouvernement libéral fait preuve d'un grand manque de vision, car il refuse de comprendre l'ampleur des répercussions de cette crise sur le secteur canadien de l'agriculture. Cela démontre aussi à quel point le gouvernement est déconnecté de la réalité.
Pour mettre les choses en perspective, disons que plus de 40 % de nos exportations de graines de canola sont destinées au marché chinois, c'est-à-dire plus de 40 % de la production canadienne.
Cela n'a rien à voir avec la qualité de notre produit, qui est sans égale. Les conservateurs savent qu'il s'agit d'une décision purement politique et que c'est l'ineptie et la maladresse du gouvernement libéral qui ont mené au problème avec le gouvernement chinois.
L'industrie de 2,7 milliards de dollars des producteurs de canola canadiens est complètement négligée par le . Elle représente 250 000 emplois qui sont compromis, et ce, non seulement dans l'Ouest canadien, mais dans l'ensemble du pays.
Nous avons abordé cette question l'an dernier. Nous avions alors dit au gouvernement libéral qu'il pouvait prendre certaines mesures pour essayer de remédier à la situation. Il pouvait déposer une contestation officielle devant l'OMC. Il pouvait retirer le financement accordé à la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures. Il pouvait, à tout le moins, nommer un ambassadeur en Chine.
Le gouvernement a mis plus de huit mois à prendre l'une de ces trois mesures. Il a fini par nommer un ambassadeur en Chine. Il laisse maintenant entendre qu'il pourrait peut-être déposer une contestation devant l'OMC, mais il a quand même accordé 250 millions de dollars à la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures, qui construit des infrastructures, dont des pipelines, en Chine.
Pendant ce temps, plus de 150 000 travailleurs canadiens du secteur de l'énergie sont sans emploi et les libéraux ne font rien pour remédier au problème. À présent, le Canada risque de perdre 250 000 emplois dans le secteur du canola et, encore une fois, le gouvernement libéral ferme les yeux sur le problème.
Je prendrai un moment pour répondre à une observation de la députée d'en face, selon laquelle les libéraux sont venus en aide aux producteurs de canola puisqu'ils ont élargi le Programme de paiements anticipés.
Remettons les choses en perspective. Les libéraux ont élargi le programme, en effet. Ils ont réagi comme ils le font pratiquement chaque fois qu'ils sont confrontés à un problème: ils ont versé de l'argent en espérant que cela réglerait tout. D'une certaine manière, c'est comme si le gouvernement avait augmenté la limite de la carte de crédit des producteurs de canola, mais jusqu'à un point qui dépassait les moyens de la plupart d'entre eux. Ensuite, le gouvernement ne les a pas laissés payer la dette à son échéance. Je tiens toutefois à rappeler très clairement que cette dette viendra effectivement à échéance.
Quand les producteurs participent au Programme de paiements anticipés, ils doivent encore payer de l'intérêt sur une portion de la somme reçue. Les producteurs ont procédé à la récolte, une récolte épouvantable selon les producteurs de partout au pays. C'était assurément l'opinion des gens de l'Alberta, de la Saskatchewan et de l'Ouest du pays.
Dans le Nord de l'Alberta, plus de la moitié de la production de canola est encore sous la neige, et il est donc impossible d'y accéder. Après avoir été incapables de vendre leur canola à l'un de leurs principaux clients durant toute une année, les producteurs ont connu cette année une récolte épouvantable.
Les producteurs de canola ont eu accès au Programme de paiements anticipés, mais ils ne peuvent pas vendre leur récolte, du moins la partie qu'ils ont pu moissonner. En effet, la moitié des récoltes se trouve encore sous la neige. Il leur est impossible de rembourser les montants reçus dans le cadre du Programme de paiements anticipés, la solution de fortune que les libéraux ont proposée pour régler le problème. En fait, le gouvernement néglige le véritable problème, c'est-à-dire l'accès à la Chine.
La réouverture de ce marché est un problème crucial dont il n'a pas été question dans le discours du Trône. Nous offrons au gouvernement l'occasion de créer un comité spécial afin de se pencher sur les difficultés qui existent entre notre gouvernement et celui de la Chine.
Nous avons tenté de faire la même chose l'an dernier au comité du commerce international et au comité de l'agriculture. À ce moment-là, certains ministres ont refusé de même se présenter devant ces comités ou de faire connaître leur position. Ils ont déclaré que la crise avec la Chine n'était pas suffisamment importante pour envoyer une délégation de haut niveau.
Je vais terminer mon allocution après la période des questions.