La Chambre reprend l'étude, interrompue le 18 février, de la motion portant que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
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Madame la Présidente, j'ai l'honneur de prendre la parole au sujet du projet de loi , autre tentative des conservateurs d'introduire un crédit d'impôt ultraciblé. Nous savons qu'à l'époque où ils gouvernaient, les conservateurs étaient extrêmement populaires pour ce genre de mesure, car, bien entendu, ils aiment accorder des crédits d'impôt aux riches au détriment de tous les autres, et c'est exactement ce que vise le projet de loi C-234.
Le projet de loi à l'étude modifierait la Loi de l'impôt sur le revenu afin d'offrir un crédit d'impôt non remboursable au taux de 15 % pour un maximum de 5 000 $ de dépenses admissibles engagées par le contribuable pour des mesures de sécurité domiciliaire. Les mesures admissibles comprennent les dépenses liées à l'achat, à l'installation, à l'entretien et à la surveillance d'un système de sécurité.
En réponse à la proposition, je tiens d'abord à souligner que le gouvernement s'est engagé à mettre en place un système fiscal équitable et viable pour la classe moyenne. Deuxièmement, la proposition contenue dans le projet de loi est loin de correspondre à cet objectif. On s'attend à ce que les avantages d'un crédit d'impôt pour les dépenses de sécurité domiciliaire profitent aux ménages à revenu élevé, qui sont plus susceptibles d'avoir les moyens de se permettre de telles dépenses. En profitant de façon disproportionnée aux Canadiens à revenu élevé, ce projet de loi compromettrait l'objectif visant le maintien d'un régime fiscal équitable.
Comme les députés le savent bien, le régime d'impôt sur le revenu des particuliers génère des recettes en fonction de la capacité de paiement des personnes. Dans ce contexte, les crédits d'impôt et autres types d'allégements fiscaux visent principalement à reconnaître et à compenser les effets de certains facteurs comme le revenu, la composition de la famille, l'âge et l'état de santé sur la capacité d'une personne à payer ses impôts. Contrairement à ce qui est proposé dans le projet de loi , le système fiscal canadien ne reconnaît généralement pas les dépenses personnelles et discrétionnaires d'autres particuliers. Un crédit d'impôt pour les dépenses de sécurité résidentielle serait donc subventionné par tous les contribuables, y compris ceux qui choisissent de ne pas engager de telles dépenses, ceux qui ne peuvent pas se le permettre et ceux qui ne peuvent absolument pas demander le crédit, comme les locataires.
Au lieu de demander aux Canadiens de subventionner les dépenses des Canadiens qui peuvent se permettre un système de sécurité résidentielle, le gouvernement a pris des mesures au cours des dernières années pour éliminer les exemptions fiscales mal ciblées, injustes et inefficaces et s'est engagé à effectuer un autre examen des dépenses fiscales afin que ce processus se poursuive. Le gouvernement a réduit les impôts des Canadiens de la classe moyenne, les a augmentés pour le 1 % le plus riche et a augmenté les prestations pour les familles et les travailleurs à faible revenu.
Le gouvernement a également amélioré l'équité fiscale en éliminant des échappatoires et des mesures favorisant de façon disproportionnée les riches et en luttant contre l'évasion fiscale. Tout le monde doit payer sa juste part, surtout au cours d'une crise. Tous les Canadiens méritent un système fiscal juste et équitable. Le crédit d’impôt pour la sécurité domiciliaire proposé, qui favoriserait de façon disproportionnée les Canadiens à revenu élevé, ce qui, comme je l'ai mentionné tout à l'heure, a toujours été une priorité du Parti conservateur, irait à l'encontre de la position du gouvernement sur ce genre de mesures fiscales très ciblées.
L'approche du gouvernement est d'adopter des mesures de soutien qui ciblent la classe moyenne et ceux qui aspirent à en faire partie. Le gouvernement estime que le crédit d'impôt proposé coûterait chaque année au fédéral environ 130 millions de dollars. Cet aspect du projet de loi devrait aussi être pris en considération, surtout à un moment où le gouvernement s'efforce d'aider les Canadiens à surmonter les difficultés qu'ils vivent à cause de la pandémie de COVID-19. Le gouvernement s'emploie aussi à relancer l'économie pour mettre en place les conditions nécessaires à la création d'emplois et à la croissance, aujourd'hui et dans les années à venir.
Dans le cadre de notre Plan d’intervention économique pour répondre à la COVID-19, nous avons présenté la Prestation canadienne d'urgence, qui a permis d'aider plus de 8 millions de Canadiens. Ensuite, en août dernier, le gouvernement a remplacé la PCU par une série de nouvelles prestations temporaires: la Prestation canadienne de relance économique, la Prestation canadienne de relance économique pour les proches aidants et la Prestation canadienne de maladie pour la relance économique. Ces trois programmes demeureront en vigueur jusqu'à l'automne 2021 pour aider les personnes touchées directement par la pandémie de COVID-19. L'année dernière, au début de la pandémie, nous avons aussi versé un paiement spécial unique par l'intermédiaire du crédit pour la taxe sur les produits et services pour les personnes et les familles à revenu faible ou modeste et nous avons haussé les montants de l'Allocation canadienne pour enfants pour les familles avec enfants.
En 2021, pour les familles à revenu faible ou moyen avec de jeunes enfants âgés de moins de 6 ans, le gouvernement offrira une aide supplémentaire allant jusqu'à 1 200 $ au titre de l'Allocation canadienne pour enfants. Nous allons aussi verser des paiements aux personnes handicapées et aux aînés pour compenser les dépenses exceptionnelles qu'ils doivent effectuer. Avec le budget de 2021, le gouvernement a renouvelé son engagement à prendre tous les moyens nécessaires pour aider les Canadiens à traverser cette pandémie.
Tout en composant avec cette pandémie, nous allons continuer d'évaluer la situation pour déterminer si une aide supplémentaire est nécessaire. Cette énorme responsabilité doit être au cœur de nos préoccupations lorsque nous étudions d'autres propositions. J'ajouterais que les modifications de nature fiscale devraient idéalement être examinées dans le cadre du processus budgétaire pour que le gouvernement puisse étudier tous les compromis possibles, assurer un équilibre entre les différentes priorités et ne prendre de nouveaux engagements financiers que si on en a les moyens. C'est plus que jamais nécessaire en cette période où nous prenons des engagements financiers sans précédent pour aider les Canadiens à composer avec les difficultés liées à la pandémie de COVID-19.
Dans cette optique, et en prenant en considération nos inquiétudes par rapport à ce projet de loi, il serait très difficile d'appuyer le projet de loi . Je me permettrais d'ajouter que de tels crédits d'impôt ultraciblés ont déjà été proposés par le gouvernement conservateur précédent. On ne compte plus les fois où les conservateurs ont démontré qu'ils s'intéressent seulement aux mesures d'aide destinées aux riches. Ils ne tiennent absolument pas compte des répercussions éventuelles de ce projet de loi.
Comme je l'ai demandé dans mon discours, comment pensent-ils que les Canadiens vont pouvoir assumer le fardeau financier associé à ce projet de loi? L'argent proviendrait des recettes fiscales générales, qui devront être adaptées dans la foulée de cette mesure. Cela signifie que tous les contribuables les plus vulnérables et ceux de la classe moyenne seront touchés. Le projet de loi demande essentiellement aux Canadiens les plus démunis de subventionner un crédit d'impôt ultraciblé pour les gens dont la propriété est munie d'un système de sécurité. On parle d'une tranche de la population qui a les moyens financiers de se procurer ce luxe. La sécurité domiciliaire n'est pas un besoin essentiel ni une exigence, surtout pas dans un pays comme le nôtre.
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Madame la Présidente, je prends la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi . Tout comme mon collègue de l'a déjà exprimé dans un précédent discours, je ne surprendrai personne en affirmant que le Bloc québécois votera contre le projet de loi C-234. Nous doutons fortement de l'efficacité d'un tel projet de loi et jugeons qu'il ne ferait que pousser les gens à dépenser pour des systèmes de sécurité qui ne les protégeront pas davantage.
Ce projet de loi vise à modifier la Loi de l'impôt sur le revenu afin de créer un crédit d'impôt non remboursable pour l'achat d'un système de sécurité domiciliaire pour les particuliers. Il crédite un taux maximum de 5 000 $ et comprend le total des sommes dépensées pour la sécurité domiciliaire. Cela comprend l'acquisition, l'installation, l'entretien et la surveillance d'un système de sécurité installé au domicile d'un particulier. Le domicile admissible comprend les constructions séparées de la maison, comme un garage ou même une grange. Le crédit peut être utilisé chaque année. Toutefois, en cas de dépenses faites par plusieurs membres d'un même domicile, le montant total du crédit ne pourra dépasser 5 000 $.
J'aborderai ce discours sous trois angles, d'abord en expliquant pourquoi nous croyons que cet argent pourrait être beaucoup mieux utilisé. Je parlerai ensuite de la question de la hausse de la criminalité, dont nous avons notamment discuté au Comité permanent de la condition féminine. Finalement, je proposerai des pistes de solutions pour contrer ce problème.
Tout d'abord, si nous nous opposons au projet de loi C-234, c'est parce que nous croyons que l'argent dépensé pour subventionner l'achat de tels systèmes serait beaucoup mieux dépensé si on le transférait aux corps de police provinciaux, aux policiers autochtones et à la GRC. Les corps de police des Premières Nations manquent cruellement de ressources, et le gouvernement doit commencer par les financer adéquatement afin d'aider les communautés éloignées. J'ai aussi eu l'occasion de discuter du problème du manque de ressources à la GRC dans le cadre d'un remplacement que j'ai fait cette semaine même au Comité permanent de la sécurité publique et nationale.
Le projet de loi , déposé par le député de , du Parti conservateur, dit que l'augmentation de la criminalité dans les zones rurales est plus prononcée que dans les régions urbaines. Il attribue ce fait aux régions parfois mal desservies par les forces de l'ordre. Les citoyens se tourneraient ainsi parfois vers des systèmes de sécurité, comme des caméras ou des systèmes d'alarme. Si la police a déjà de la difficulté à intervenir, à quoi bon investir dans un système d'alarme?
Il est évident que l'intervention policière serait trop lente pour prévenir le crime, de toute façon. Habitant moi-même en région dite rurale, je me suis parfois butée à ce type de problème et de réalité. Le député a d'ailleurs lui-même reconnu que son projet de loi ne résoudra pas le problème. Le Bloc québécois n'est évidemment pas insensible à cette préoccupation, et je ne le suis pas non plus, ayant entendu des témoignages au Comité permanent de la condition féminine. Toutefois, pourquoi ne pas investir davantage dans la GRC et dans les corps de police provinciaux en transférant ces montants au Québec, aux provinces et aux territoires?
En donnant un tel crédit d'impôt, on encourage plutôt les gens à dépenser pour des systèmes qui n'aideront probablement pas à prévenir les crimes. Le préambule du projet de loi C-234 tente pourtant de justifier la pertinence du projet de loi en mentionnant:
Attendu: que le Comité permanent de la sécurité publique et nationale de la Chambre des communes, dans son trente-troisième rapport de la quarante-deuxième législature, reconnaît que la criminalité en milieu rural est de plus en plus préoccupante pour les résidents des régions rurales de l'ensemble du pays; que le Comité a entendu que, même si la criminalité en milieu rural est un problème plus criant dans l'Ouest canadien, les provinces de l'Est sont également aux prises avec un taux de criminalité élevé en milieu rural; que des témoins ont rapporté au Comité des incidents liés aux crimes contre les biens, tels des introductions par effraction, des vols et, dans certains cas, des agressions avec violence, notamment de violence sexuelle et de violence envers les femmes, [...]
Je le répète, ce projet de loi ne fera que pousser les gens à dépenser pour des services et des produits qui ne donneront qu'un faux sentiment de sécurité.
Les communautés autochtones manquent cruellement de ressources et sont souvent mal desservies par les corps de police. L'argent dépensé par ce projet de loi serait beaucoup mieux investi s'il l'était dans la sécurité pour les communautés des Premières Nations, qui demandent que cela devienne un service essentiel. Selon le vice-président de l'Association des chefs de polices des Premières Nations, Jerel Swamp, « les ressources des services de police autochtones sont limitées ». Ce que nous avons pu constater au Comité permanent de la condition féminine, c'est que les femmes autochtones étaient souvent les plus touchées par les problèmes de sécurité. Il est difficile d'imaginer que ces services de police soient les seuls au Canada à ne pas être classés comme étant un service essentiel.
Je cite un autre exemple, celui du service de police de Rama, en Ontario, qui n'a pas d'argent pour financer une unité médicolégale ou criminelle ou pour procurer de l'aide aux victimes. Cela est pourtant essentiel, notamment dans les cas d'agressions sexuelles.
Le gouvernement fédéral s'était pourtant engagé dans son discours du Trône à accélérer la mise en place d'un cadre juridique pour reconnaître les services de police des Premières Nations comme un service essentiel. Il avait déjà promis de prendre des mesures à ce sujet peu après les élections de 2019. Ces engagements avaient été renouvelés après les manifestations autochtones contre le projet d'oléoduc de Coastal GasLink, en Colombie-Britannique. Or, les Autochtones attendent toujours la sanction royale.
Toujours selon M. Swamp, le ministère de la Sécurité publique finance les services par l'entremise du Programme des services de police des Premières Nations, mais le financement reçu est insuffisant pour fournir les services dont les communautés ont besoin.
La promesse fédérale de faire des services de police des Premières Nations un service essentiel est un pas dans la bonne direction. Nos ministères de la Sécurité publique ont dit que l'adoption d'une loi visant à faire de la police autochtone un service essentiel nécessitait la mise en place d'un meilleur cadre financier.
Le Programme des services de police des Premières Nations a été créé en 1991 pour financer des accords entre le gouvernement fédéral, les gouvernements provinciaux ou territoriaux et les collectivités des Premières Nations ou inuites, afin de fournir des services de police à ces collectivités. Le gouvernement fédéral assume 52 % du financement du Programme des services de police des Premières Nations, le reste étant assuré par les gouvernements provinciaux et territoriaux. Le Programme fournit des services de police à près de 60 % des collectivités des Premières Nations et inuites.
En 2018-2019, le ministère de la Sécurité publique a dépensé plus de 146 millions de dollars dans le cadre du Programme, pour soutenir 1 322 postes d'agent de police dans plus de 450 communautés des Premières Nations et inuites. Selon M. Swamp, ce financement ne serait cependant pas uniforme et ne s'applique qu'à court terme. Cela rend donc la planification difficile et entraîne un manque de prévisibilité. Malgré tout, le chef de police croit que ces services sont efficaces pour enquêter sur des crimes violents tout en ne disposant que de ressources limitées.
Deuxièmement, dans le cadre d'une étude sur les femmes en milieu rural, le Comité permanent de la condition féminine a abordé la problématique de la criminalité, non seulement dans les milieux urbains, mais aussi dans les régions rurales.
Parmi les autres pistes de solution proposées par des témoins ayant comparu devant le Comité, il a notamment été suggéré que le gouvernement transfère au Québec, aux provinces et aux territoires un financement d'exploitation durable pour les refuges et maisons de transition qui viennent en aide aux femmes touchées par la violence dans les collectivités. Il a aussi été proposé que plus d'investissements soient transférés au Québec et aux provinces pour aider les survivantes d'actes violents.
Certains ont recommandé, notamment pour la GRC, de la formation mieux adaptée aux réalités des femmes, dans le but de lutter contre les préjugés et de tenir compte du traumatisme qu'elles ont pu subir. Pour d'autres, il faut que l'on travaille à sortir les femmes de la pauvreté, notamment en leur permettant d'avoir un meilleur accès au marché du travail en bénéficiant de services de garde universels.
À ce sujet, il faut donner au Québec un droit de retrait du programme fédéral proposé, avec pleine compensation, étant donné que le Québec possède déjà un tel programme, lequel a fait ses preuves puisqu'il a permis à beaucoup de femmes de sortir de la pauvreté.
Je demanderais d'ailleurs ici une sortie de crise qui soit féministe et économique et qui tienne compte du fait que les programmes sont souvent mal adaptés aux femmes entrepreneures.
Troisièmement, il faut aussi travailler en prévention, notamment en bonifiant les programmes sociaux qui améliorent notre système de santé, particulièrement dans le domaine de la santé mentale. Pour cela, il n'y a pas de solution magique: cela va prendre plus de moyens, notamment financiers. Une hausse des transferts en santé est plus que nécessaire, et ce, d'une façon substantielle, permanente et prévisible, et qui couvre jusqu'à 35 % des coûts des systèmes de santé, ce qui nous permettra de prendre soin de notre monde.
En conclusion, je crois tout comme collègue de que la lutte contre la criminalité passe d'abord par la lutte contre la pauvreté. Il faut travailler en amont à améliorer la situation et à viser une plus grande égalité des chances. C'est une valeur qui est importante pour nous au Québec. La fin justifie les moyens: si nous évitons que des gens se retrouvent dans un état de vulnérabilité, sans nourriture et dans un logement insalubre et inadéquat, nous contribuons à réduire un terreau fertile à la criminalité. Nous avons donc le devoir d'agir.
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Madame la Présidente, je prends la parole à distance au sujet du projet de loi .
Je tiens à exprimer ma sympathie pour les résidants des régions rurales de partout au pays, qui craignent de plus en plus d'être victimes d'un crime. Cette peur grandit alors que la population de bien des municipalités rurales diminue. Les gens sont plus isolés. Il ne s'agit pas seulement d'un sentiment de vulnérabilité, mais d'une réalité. Il est important de reconnaître que nous devons trouver des moyens pour réduire cette vulnérabilité accrue. La question est de savoir quelle est la meilleure façon de s'y prendre.
Le projet de loi vise à créer un crédit d'impôt pour les Canadiens qui installent un système de sécurité à leur domicile. Il est à noter qu'un tel programme a un coût. Ces mesures fiscales ont des répercussions sur le Trésor public. La question est donc de déterminer si l'argent est dépensé efficacement pour réduire cette vulnérabilité.
Je vais d'abord faire des observations générales sur ces types de remboursements d'impôt comme façon de mettre en œuvre des politiques. Lorsque cette approche en matière de politiques publiques est adoptée, il importe de noter que l'aide est majoritairement utilisée par les gens qui ont déjà les ressources nécessaires. Les gens doivent déjà avoir l'argent pour installer le système de sécurité. Ce n'est que plus tard qu'ils peuvent récupérer une partie de ces coûts. Plus les gens gagnent un revenu élevé, plus ils sont en mesure d'installer un système de sécurité. Plus ils paient de l'impôt, plus ils ont les moyens et plus ils peuvent profiter d'un remboursement.
Il s'agit là d'un problème fondamental, dans la mesure où les gens qui ont le plus de ressources pour résoudre le problème sont ceux qui obtiennent le plus d'aide. Bien sûr, même si les gens gagnant un revenu plus élevé sont plus avantagés par un tel programme, la vulnérabilité à la criminalité en milieu rural n'est pas proportionnelle aux revenus. En effet, les personnes à faible revenu ne sont pas moins vulnérables à la criminalité en milieu rural. Par souci d'équité, il serait logique d'adopter des solutions qui avantagent également toutes les personnes, peu importe leur revenu et le montant d'impôt qu'elles paient. Nous avons besoin de solutions qui conviennent à tous.
Quand nous examinons l'étude sur la criminalité en milieu rural qui a été réalisée durant la dernière législature à la suite de la motion présentée par l'ancienne députée néo-démocrate Christine Moore, nous constatons que certains problèmes ont été soulignés. Quand j'ai eu le plaisir de travailler avec les membres de la GRC sur la question de la négociation collective, ils ont indiqué très clairement qu'au moins la moitié des postes des détachements locaux sont souvent vacants. C'est ce que m'ont dit des membres de la GRC qui habitent dans Elmwood—Transcona, mais qui sont parfois affectés à des localités à l'extérieur de Winnipeg et qui ont donc de l'expérience policière en milieu rural. Même s'il existe des postes de policiers dans les collectivités rurales, il manque souvent d'agents formés pour occuper ces postes.
Si nous envisageons d'investir des fonds publics pour réduire la criminalité en milieu rural, nous devrions veiller à ce que les détachements de la GRC soient dotés des effectifs recommandés plutôt que de demander aux agents de se débrouiller avec des effectifs réduits et de travailler des tonnes d'heures supplémentaires et, dans bien des cas, d'intervenir seuls lorsqu'ils sont appelés sur les lieux d'un crime. Dans certains cas, ils doivent faire une heure de route, voire plus, pour répondre à un appel. Il me semble que pourvoir ces postes vacants serait une utilisation plus judicieuse des fonds publics.
Le rapport nous informe également sur la façon dont la GRC fonctionne. Dans bien des cas, on affecte les nouvelles recrues aux postes en milieu rural. Ces agents ont peu d'expérience et ne suivent pas de formation spéciale sur les particularités des collectivités rurales et des collectivités autochtones auxquels ils fournissent des services de police.
Il faut de l'argent pour mieux former les agents de la GRC, de manière à ce qu'ils aient une meilleure compréhension des collectivités où ils travaillent. J'ose espérer que cela leur permettrait de faire un meilleur travail, surtout s'ils disposent de ressources et d'effectifs adéquats qui leur éviteraient d'avoir à se diviser et à se surmener comme c'est le cas à l'heure actuelle. Il faut les aider avec une formation adéquate pour qu'ils puissent offrir de vrais bons services de police, en collaboration avec les collectivités qu'ils ont la responsabilité de protéger, et ainsi remédier aux causes profondes de la hausse de la criminalité en milieu rural.
Il a été dit plus tôt, et c'est tout à fait vrai, qu'un système de sécurité domiciliaire n'est efficace que si les autorités locales interviennent rapidement. Tant et aussi longtemps que nos détachements de la GRC et nos autres services de police en milieu rural souffriront d'un manque chronique de personnel, leurs délais d'intervention ne seront tout simplement pas à la hauteur. À tout le moins, on pourrait dire que ce projet de loi met la charrue devant les bœufs. Il y a encore beaucoup à faire, tel que fournir de l'argent pour augmenter les effectifs policiers dans le Canada rural et pour les former de telle sorte qu'ils puissent offrir des services de police adéquats ayant l'incidence voulue dans les collectivités.
Pour ce faire, en plus de prévoir des effectifs suffisants et une formation adéquate, il faut veiller à ce que les bons mécanismes de soutien soient présents dans les collectivités. Il peut s'agir de services de santé mentale, chose qui fait chroniquement défaut dans les régions rurales du Canada. La situation y est encore pire que dans les régions urbaines, où les ressources en santé mentale ne sont pas suffisantes non plus.
La santé mentale n'est pas adéquatement intégrée au système de santé du pays, et on le ressent davantage dans les collectivités rurales. Offrir de meilleurs services aux Canadiens des régions rurales est un élément important de la solution, non seulement en ce qui concerne la santé mentale, mais aussi la santé des femmes, notamment lorsqu'elles sont victimes de crimes sexuels ou violents.
Comment ces personnes réussissent-elles à gérer ces problèmes et ce sentiment de vulnérabilité? Même si une protection adéquate fait partie de la solution, il faut aussi des services dédiés pour qu’elles sentent qu’elles peuvent accéder à du soutien d’entrée de jeu, et que, si quelque chose arrive, elles ne seront pas laissées pour compte. Nous ne voulons pas qu’elles se sentent isolées sous leur propre toit, avec seulement quelques amis et voisins sur lesquels compter, mais qui se trouvent à une distance considérable.
Ce problème a notamment été soulevé par le député d', qui s’inquiète de certains comportements qui ne constituent pas des agressions à proprement parler au sens où la loi l’entend. Il est préoccupé par le fait qu’en isolant les gens, on établit un contexte propice à certains types d'agressions. Plus les agresseurs peuvent isoler leur victime et être leur seul recours, plus le terrain est propice aux types d’agressions que nous ne souhaitons à aucun Canadien. Il est donc extrêmement important d’investir dans des formes de soutien utiles.
Lorsque nous, les néo-démocrates, analysons les besoins, nous constatons qu’il faudrait surtout avoir suffisamment d’effectifs, comme cela a déjà été recommandé. Le problème est qu’il y en a assez sur papier, mais pas dans les faits.
Nous constatons la nécessité d'une formation appropriée et peut-être de l'affectation d'agents plus chevronnés dans les communautés rurales. Ainsi, ce ne sera pas seulement de nouveaux agents peu formés qui essaient de comprendre la dynamique d'une communauté et les sensibilités particulières, culturelles et autres, et qui essaient de trouver leurs marques alors qu'ils doivent gérer des situations difficiles.
Puis, bien sûr, il est nécessaire de prévoir du soutien pour les personnes susceptibles de commettre des actes criminels. Il est également nécessaire de soutenir les victimes potentielles de crimes afin qu'elles sachent qu'elles disposent des ressources nécessaires pour mener une bonne vie, même si elles ne vivent pas dans un centre urbain, ce qui devrait être parfaitement possible dans un pays comme le Canada. Je sais qu'il y a beaucoup de gens qui sont fiers de vivre dans des communautés rurales, et ils devraient pouvoir le faire en toute sécurité.
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Madame la Présidente, je ne suis pas du tout d'accord avec les trois députés qui sont intervenus avant moi, à tel point que je ne suis même pas sûr que je vais consulter les notes que j'ai devant moi, mais voyons voir si je peux trouver quelque chose à dire aux absurdités que j'ai entendues et aux faux arguments qui ont été présentés au sujet de ce très important projet de loi d'initiative parlementaire.
Ces dernières années, les taux de criminalité ont augmenté dans l'ensemble du Canada et les crimes sont de plus en plus graves. Cela est particulièrement vrai dans les régions rurales du Canada. En 2017, le taux de criminalité était 23 % plus élevé que dans les centres urbains. Dans certaines régions du pays, notamment dans les Prairies, il est stupéfiant: entre 36 et 42 % plus élevé. Alors que les gouvernements provinciaux ont réagi en prenant des mesures concrètes pour contrer ce grave problème, le gouvernement libéral a non seulement refusé de prendre des mesures significatives, mais il a en fait aggravé la situation.
Je tiens à remercier mon collègue le député de d'avoir présenté ce projet de loi d'initiative parlementaire, le projet de loi , qui vise à créer un crédit d'impôt non remboursable pour les mesures de sécurité domiciliaire. Il est malheureux que ce projet de loi soit nécessaire, mais le gouvernement libéral refuse d'apporter les changements nécessaires à notre système de justice, ce dont personne ne veut parler au Parti libéral, au Bloc québécois et au Nouveau Parti démocratique. C'est une mesure nécessaire pour protéger les résidants des collectivités rurales du pays. C'est un problème qui touche le système de justice.
Nous devons faire ce que nous pouvons pour aider les Canadiens qui veulent se procurer et installer des appareils et des mécanismes pour se sentir en sécurité ou avoir à tout le moins l'impression de l'être dans leur propre maison.
Lors d'une étude récente, le Comité permanent de la condition féminine a entendu le témoignage de deux femmes qui ont été victimes d'actes criminels à plusieurs reprises dans leur collectivité rurale. Ces femmes ont expliqué au comité à quel point la santé mentale d'une personne est affectée quand elle craint toujours d'être victime à répétition de ce genre d'actes criminels. Elles disent que des récidivistes provenant de l'extérieur de leur collectivité viennent s'en prendre à elle parce qu'ils savent que les forces de l'ordre auront une longue distance à parcourir pour leur venir en aide et parce que les criminels ont généralement le temps de s'enfuir bien avant l'arrivée des policiers.
Elles nous ont raconté que la majorité des gens de leur collectivité avaient été victimes d'actes criminels, souvent à répétition, et que la population ne prenait plus la peine de rapporter les crimes: les gens ne voient pas l'utilité de le faire, parce que le système de justice les laisse continuellement tomber. Elles ont ajouté que les criminels sont souvent armés et qu'ils n'hésitaient pas à se servir de leurs armes. Pourtant, le gouvernement libéral s'en prend honteusement aux agriculteurs, aux chasseurs et aux propriétaires d'armes à feu respectueux de la loi, alors qu'il adoucit les peines concernant l'utilisation illégale d'armes à feu.
Le fait que des Canadiens ont abandonné l'idée d'obtenir justice devrait choquer tous les députés. Les gens qui voient qu'un système ne les sert plus perdent confiance en ce dernier. Quand il s'agit de la police et des tribunaux, si on ne fait rien, les conséquences sont désastreuses. C'est déjà commencé: un sondage Angus Reid mené en janvier 2020 a révélé que la confiance envers la GRC, les forces de l'ordre locales et les tribunaux pénaux diminue de façon constante depuis 2016. Ce même sondage montre que, en 2020, 48 % des Canadiens affirmaient avoir constaté une augmentation de la criminalité, alors que seulement 5 % croyaient qu'il y avait eu une diminution.
Les gens se demandent peut-être comment on en est arrivé là. J'ai grandi dans une ferme. Quand j'étais jeune, la criminalité n'inquiétait personne. On pouvait laisser les portes ouvertes pendant qu'on travaillait dans les champs ou qu'on allait en ville. On pouvait laisser les clés sur le contact de la camionnette avec les fenêtres baissées lorsqu'on se garait quelques instants pour faire une course. On ne se réveillait pas la nuit par crainte de se faire voler par un rôdeur armé. Le seul problème que l'on pouvait avoir de temps en temps, c'était qu'une personne pouvait venir faire le plein de sa voiture avec le réservoir d'essence qui se trouvait dans notre cour.
Le monde est différent aujourd'hui. Depuis environ cinq ans, la situation ne cesse d'empirer. Comme l'a montré le député de , le gouvernement libéral ne comprend pas les réalités des régions rurales de l'Ouest ou ne s'en soucie tout simplement pas. Il ne mentionne jamais ni la criminalité ni le système judiciaire, sur lesquels porte pourtant ce projet de loi. Il omet de dire que les entreprises, contrairement aux particuliers, peuvent déduire toutes ces dépenses. Tout cela est passé sous silence.
Pour les libéraux, on dirait très souvent que les Canadiens des régions rurales sont le cadet de leurs soucis. Les politiques qui sont présentées comme de grandes réalisations du gouvernement sont habituellement mises en œuvre au détriment des Canadiens des régions rurales: la taxe sur le carbone, l'interdiction des pétroliers, le projet de loi anti-pipelines et la saisie d'armes à feu, pour ne nommer que celles-là.
Une autre politique extrêmement nuisible qui a contribué à l'augmentation de la criminalité en milieu rural est le projet de loi de la législature précédente. Le projet de loi C-75 a transformé un certain nombre d'infractions très graves en infractions mixtes afin qu'elles puissent être punies d'une amende ou d'une peine minimale de prison. Il a aussi rendu obligatoire la possibilité d'être libéré sous caution à la première occasion aux conditions les moins sévères possible.
Mon collègue a présenté cette mesure législative en partie en réponse à l'arrêt Jordan rendu par la Cour suprême du Canada. L'arrêt précise que l'échéance à respecter pour la tenue d'un procès vise à permettre à la Couronne de respecter le droit protégé par la Constitution de subir un procès dans un délai raisonnable.
On pourrait penser que, si le système de justice était surchargé de cas graves au point où des procès étaient abandonnés, la décision logique serait d'en renforcer la capacité pour qu'il soit en mesure de traiter les cas adéquatement.
Cela aurait permis de respecter le droit à un procès équitable en temps opportun pour des accusés, et de respecter les objectifs clés que sont la sécurité publique et l'administration de la justice pour les Canadiens.
Au lieu de cela, les libéraux ont choisi la voie de la moindre résistance. Ils ont décidé de réduire les arriérés d'infractions graves en donnant la possibilité aux procureurs de proposer des peines légères pour des infractions graves. Ils ont aussi fait en sorte que davantage de personnes soient libérées sous caution pour faire bonne mesure. Avec les changements qu'il a apportés, le gouvernement libéral n'a fait qu'accélérer le rythme de la porte tournante du système judiciaire.
Dans les régions rurales, cela signifie que les délinquants qui ciblent régulièrement certains résidants reviennent dans la communauté peu de temps après leur arrestation. Au Canada rural, où un petit détachement de la GRC peut avoir la responsabilité de grandes étendues, le gouvernement a créé une tâche pratiquement impossible à accomplir. Au lieu de se montrer sévère à l'endroit des criminels, ce que le actuel a déjà qualifié de « stupidité », et je m'en souviens très bien, le gouvernement a décidé de faire passer les besoins des criminels avant ceux des victimes des collectivités rurales et de leur famille.
Il importe de noter que ces politiques de répression de la criminalité, qui faisaient sourire d'un air suffisant le , ont été extrêmement efficaces, que ce soit pour réduire le taux de criminalité et l'indice de gravité de la criminalité ou pour accroître la confiance dans notre système de justice. Au lieu de reproduire la formule des conservateurs et de placer la sécurité publique au cœur du système de justice, le gouvernement libéral a maintenant présenté le projet de loi . Cette mesure législative réduit les peines d'un certain nombre d'infractions graves liées aux armes à feu, en plus de prévoir que toutes les infractions que le gouvernement libéral a transformées en infractions mixtes au moyen du projet de loi sont admissibles à l'emprisonnement avec sursis, ce qui revient essentiellement à purger une peine à domicile.
Les gens de ma circonscription sont absolument choqués par les décisions du gouvernement libéral, qui font passer les désirs des criminels avant les besoins et la sécurité des Canadiens respectueux des lois. Au lieu d'assurer à la population qu'ils comprennent le problème et qu'ils travaillent à restaurer la confiance dans notre système de justice, les libéraux font exactement le contraire.
Cela nous ramène au projet de loi , qui vise à commencer à réparer ce que les libéraux ont brisé depuis qu'ils forment le gouvernement, soit depuis 2015. Depuis, les crimes sont de plus en plus graves et fréquents, et les libéraux ne prennent aucune mesure d'importance pour les réduire; au contraire, ils ne font qu'exacerber le problème. C'est pourquoi mes collègues et moi-même avons formé le caucus conservateur sur la criminalité en milieu rural, qui a pour but de trouver des solutions à cette épidémie dont le ne semble pas vouloir se soucier.
Le projet de loi dont nous discutons aujourd'hui est une première étape majeure dans la lutte contre l'épidémie de criminalité rurale. Il aidera les Canadiens à se procurer les outils nécessaires pour se protéger et protéger leur domicile des criminels en leur offrant un crédit d'impôt non remboursable. Des outils tels que des barrières de sécurité et d'autres dispositifs de contrôle d'accès pour sécuriser la cour pourraient contribuer à dissuader les criminels, en rendant plus difficiles les introductions par effraction. Les caméras et les alarmes pourraient fournir aux forces de l'ordre des informations précieuses pour identifier et attraper les criminels, même si la police n'a pas le temps d'arriver sur les lieux pendant que le crime se déroule, à cause de la trop grande distance à parcourir.
Bien que ce projet de loi soit une étape importante, les conservateurs comprennent que ce n'est pas la seule. Dissuader les criminels de s'en prendre à des victimes moins bien préparées n'est pas une solution permanente. C'est pourquoi j'ai eu le plaisir de présenter en avril dernier mon projet de loi d'initiative parlementaire , qui vise à considérer comme une circonstance aggravante le fait de s'en prendre à des personnes ou à des biens plus vulnérables du fait de leur éloignement des services policiers ou médicaux d'urgence.
Mon projet de loi faciliterait l'application des facteurs aggravants au cambriolage de propriétés rurales, en tenant compte des réalités de la criminalité rurale. Enfin, le projet de loi ferait en sorte que, lorsqu'au moment de fixer la peine, le juge envisage de prendre en compte la période passée sous garde avant le procès, il examine attentivement les raisons pour lesquelles le délinquant n'a pas été libéré sous caution.
La criminalité dans les régions rurales est un problème complexe. Étant donné les difficultés uniques que posent la géographie et la modestie des ressources dans de nombreuses collectivités, il faut, pour y répondre, une approche minutieuse et à multiples facettes, et le gouvernement fédéral doit être un partenaire engagé. En fait, il y a plus d'un an, les gouvernements provinciaux et fédéral se sont entendus pour créer un groupe de travail pancanadien sur la criminalité dans les zones rurales. Depuis lors, c'est silence radio du côté du gouvernement libéral. Alors que les gouvernements provinciaux dans l'Ouest se sont empressés de joindre le geste à la parole, c'est l'inertie totale du côté des libéraux. Les provinces ont fait un travail admirable, mais on ne peut pas faire abstraction de la réalité: il faut un leadership fédéral dans ce dossier.
La décision ne devrait pas être difficile à prendre pour le gouvernement, ce qui soulève la question de savoir pourquoi il rechigne tant à faire ce qu'il faut. Est-ce parce qu'il ne comprend vraiment pas les difficultés auxquelles sont confrontés les Canadiens des régions rurales? Est-ce parce que la criminalité rurale est essentiellement un problème dans l'Ouest et qu'électoralement parlant, ce n'est pas un enjeu très intéressant alors que le gouvernement a encore beaucoup de politiques à mettre en œuvre? Est-ce parce que le est tellement aveuglé par l'idéologie et tellement déterminé à dorloter les voyous qu'il est prêt à laisser les Canadiens ruraux faire les frais de son inaction?
Les Canadiens ont le droit de vivre libres et en sécurité. Le gouvernement libéral ne crée pas les conditions nécessaires à la concrétisation de ces droits dans de nombreuses zones rurales de notre pays.
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Madame la Présidente, j'aimerais remercier tous les députés d'examiner le projet de loi .
Afin de mettre les choses en perspective, cette idée est née à la suite d'assemblées publiques dans ma circonscription où de 300 à 400 personnes se présentaient pour parler du problème grandissant des crimes commis en milieu rural et de la criminalité en général. Elles ont parlé des entrées par effraction dont elles ont été victimes, par seulement une fois, mais deux fois, voire trois fois. Elles ont exprimé leur désarroi de ne plus pouvoir obtenir d'assurance.
Nous invitions à ces assemblées des membres de la GRC, qui parlaient des récidivistes, du programme de surveillance Crime Watch et des moyens dont ils disposent pour protéger les gens et leur famille. Ils ont parlé des outils dont ils ont besoin pour arrêter ces individus qui, la plupart du temps, sont des récidivistes reliés à des gangs faisant de nombreux allers-retours dans le système de justice criminelle, et pour s'assurer qu'ils seront traduits en justice.
Entre autres choses, il a été question lors de ces assemblées publiques, de ce projet de loi. Le Parti conservateur ne cherche pas à créer un crédit d'impôt ultraciblé pour aider les riches, comme le député libéral l'a insinué aujourd'hui. C'est totalement faux. Il s'agit plutôt de reconnaître que le gouvernement fédéral doit faire quelque chose pour régler ce problème. Ce projet de loi n'est qu'une solution parmi d'autres. Quand je l'ai présenté, j'ai précisé que ce n'est pas une panacée, mais bien une partie de l'ensemble des mesures qu'il faut mettre en place pour lutter contre le crime, surtout dans les régions rurales du Canada.
J'ai dit que je serais tout à fait disposé à laisser le comité le modifier, l'améliorer et avoir une véritable discussion sur la criminalité. C'est pourquoi j'ai été très déçu aujourd'hui d'entendre les propos de mes collègues d'en face et des autres partis. Lorsque j'ai écouté le député du Parti libéral, je ne l'ai pas entendu mentionner la criminalité. Il ne comprend pas l'objectif du projet de loi, c'est-à-dire de nous amener à parler d'un problème très grave dans les régions rurales du Canada et partout au pays. Or, le député a parlé de fiscalité, d'injustice, de boutiques et de partisanerie. Je ne suis pas une personne excessivement partisane. Le député le sait, et les autres députés aussi. Je cherche à obtenir des résultats.
Je dois féliciter les députés du Bloc et du NPD. Au moins, ils ont parlé du problème auquel j'essaie de m'attaquer. Si mon projet de loi finit par avoir un effet bénéfique, ce sera parce que nous aurons soulevé la question, que nous l'aurons présentée à tous les députés de la Chambre des communes et que nous aurons commencé à débattre le sujet. Si le gouvernement décide de faire la sourde oreille, il le fera à ses risques et périls. C'est un sujet dont les Canadiens des régions rurales et les Canadiens en général veulent parler.
Il est intéressant de voir toutes les personnes qui viennent assister à ces assemblées publiques pour parler, entre autres, du programme de surveillance Crime Watch. Parmi elles, il y a des membres de la GRC. Il y a même eu un procureur, qui est venu dire à quel point il est frustrant de tenter de poursuivre les auteurs de ces crimes. Cependant, nous n'avons jamais vu de juge à ces assemblées. Le ministre, lui, n'aborde jamais ces enjeux. Ni lui ni son secrétaire parlementaire n'ont jamais examiné le problème et communiqué avec moi pour me dire que j'aborde un problème auquel nous devions peut-être nous attaquer. C'est le silence total. Le gouvernement refuse complètement d'admettre qu'il y a un problème de criminalité, et il demeure muet à ce sujet. C'est extrêmement problématique. Les Canadiens veulent que la Chambre des communes débatte du sujet. Il s'agit d'un problème grave. Si nous nous y attaquions comme il se doit, cela aiderait les gens partout au pays et leur permettrait de se sentir davantage en sécurité. Cela réglerait le problème de criminalité.
Malheureusement, le projet de loi n'ira probablement pas de l'avant. J'espère que les députés du Bloc et du NPD se raviseront, car il y a des producteurs laitiers au Québec qui appuient le projet de loi. Des éleveurs de bétail en Saskatchewan appuient le projet de loi. Des travailleurs syndiqués des régions rurales appuient le projet de loi. Espérons qu'ils communiqueront avec ces partis pour leur demander de changer d'avis, pour que le projet de loi soit à tout le moins renvoyé au comité afin qu'on puisse en débattre, l'amender et l'améliorer.
Si un crédit d'impôt ultraciblé n'est pas la solution, ils devraient nous dire ce qu'est la voie à suivre. À tout le moins, reconnaissons qu'il s'agit d'un véritable enjeu. Proposons des solutions pour régler le problème. Malheureusement, si le projet de loi n'est pas adopté, j'ignore quand la question de la criminalité en milieu rural ou de la criminalité tout court sera soulevée de nouveau à la Chambre des communes au cours de la présente législature, à moins qu'un autre projet de loi d'initiative parlementaire soit présenté par un député conscient de la gravité du problème.
Je remercie tous les députés de la Chambre de l'attention qu'ils ont portée au projet de loi. J'espère que les députés y réfléchiront avant la tenue du vote. Peut-être le verrons-nous renvoyé au comité. Ce serait l'endroit approprié pour s'attaquer aux problèmes et peut-être faire en sorte qu'une bonne mesure législative soit mise en place par la Chambre des communes.