propose que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Madame la Présidente, c'est avec une émotion certaine que je prends la parole aujourd'hui pour présenter, soutenir et défendre, au nom du Bloc québécois et au nom de notre équipe de députés, de nos membres, de nos militants et des milliers de Québécois et de Québécoises qui nous soutiennent, la loi sur la responsabilité en matière de changement climatique. J'ai l'immense honneur d'être l'auteure et la marraine du projet de loi.
Je me suis lancée en politique en connaissant mes convictions. Je suis une démocrate, une indépendantiste québécoise, une féministe et une écologiste. Aujourd'hui, mon objectif est de convaincre les parlementaires, tous les membres de cette assemblée, par ma parole, par mes arguments et par mon honnêteté de cœur et d'esprit, du bien-fondé du projet de loi. Si on lui en donne la chance, il sera, pour des années à venir, la pièce maîtresse de notre œuvre commune pour créer un avenir écologiquement viable.
Viabilité, voilà un mot qui devrait résonner et nous faire réfléchir maintenant. Depuis les derniers mois, nous avons tous collectivement éprouvé une chose bien réelle, mais que nous peinions à mesurer auparavant: la fragilité du monde. La pandémie ne change pas les lois de la nature, mais nous en révèle des portions nouvelles, des portions qui nous étaient autrefois moins perceptibles, plus difficiles à concevoir, ou bien que nous ne voulions tout simplement pas voir.
Notre richesse provient de nos efforts, mais aussi beaucoup des services que nous rend notre environnement naturel. La dégradation de l'environnement augmente les risques pour la santé et compromet notre bien-être économique. Plus que jamais, la relation entre la santé de l'environnement et la santé humaine est révélée.
Le défi actuel ne se substitue pas au précédent, il s'y ajoute. Les gouvernements du monde répondront au défi économique comme ils ont répondu au défi sanitaire. Il faudrait qu'ils y répondent mieux qu'ils ne l'ont fait au sujet du défi climatique depuis toutes ces années.
La crise climatique est aussi réelle que la crise sanitaire. Je sais que tous les partis représentés à la Chambre le reconnaissent. Je crois que, en tant que législateurs et législatrices, nous avons un défi commun qui doit être énoncé, affirmé et entendu de tous les citoyens et citoyennes: la lutte contre la pandémie ne doit pas devenir un prétexte à l'échec de la lutte contre les changements climatiques.
Affirmons maintenant que nous ne nous laisserons pas berner par cette fausse opposition, que ce serait un échec total de la part des pouvoirs publics à répondre au grand défi de l'heure. Prouvons ensemble, malgré nos divergences d'opinions sur certains sujets, que la démocratie peut produire mieux.
Ce n'est pas là qu'un beau discours. L'objectif principal du projet de loi sur la responsabilité climatique, c'est de nous aider à passer de la parole aux actions concrètes.
Je ne doute pas qu'il y ait eu par le passé, au Canada, des décideurs sincères quant à leur volonté de répondre aux défis des changements climatiques, mais il faut se rendre à l'évidence: le Canada n'a jamais atteint les objectifs qu'il s'est donnés en matière de réduction des gaz à effet de serre.
Le Canada a échoué à de multiples reprises. Le Canada a dû se retirer du Protocole de Kyoto. Entre 1990 et 2017, les émissions de gaz à effet de serre du Canada ont augmenté de 18,9 %. Sur la même période, il faut le souligner, les émissions du Québec ont diminué de 8,7 %. Au passage, je note que cette statistique pancanadienne inclut la statistique québécoise.
Néanmoins, je ne suis pas chauvine; le Québec n'est pas parfait et il a encore des défis immenses à relever. Comme toutes les sociétés fortement industrialisées, le Québec a une forte empreinte environnementale et beaucoup reste à faire pour rétablir l'équilibre entre la prospérité et la viabilité écologique. Cependant, dans cette fédération, il a contribué en matière climatique, et ce, même s'il ne maîtrise pas tous les leviers qui devraient légitimement lui revenir pour protéger le territoire qui est le sien. En bref, la réalité politique québécoise et canadienne est telle, mais l'intention de ce projet de loi n'est pas pour autant revancharde, loin de là.
Plusieurs États dans le monde se sont dotés de lois-cadres sur la gouvernance climatique. Ces lois, couramment appelées « lois climat », ont généralement pour objectif de rendre le gouvernement responsable relativement à son action sur le climat. Malgré une société dite progressiste, des jeunes mobilisés et des politiciens qui se disent verts, le Canada n'a pas de loi climat.
Actuellement, le Canada a pour cible la réduction de 30 % de ses émissions de gaz à effet de serre à l'horizon de 2030 par rapport au niveau de 2005. Il s'agit de la cible de Stephen Harper.
Selon les projections les plus optimistes, c'est-à-dire celles qui tiennent compte des effets des mesures de réduction déjà annoncées, le Canada va rater sa cible. Le fait de rendre le gouvernement responsable de son action climatique doit permettre d'éviter cet échec répété. C'est l'objectif du projet de loi.
Ainsi, avec mes mots, je veux susciter l'adhésion. Chacun sait que la pollution ne connaît pas de frontières, même si les sources de pollution sont inégalement réparties dans le territoire. En matière de climat, en politique intérieure comme extérieure, il nous faut composer avec cette inégalité. Plus précisément, pour être un chef de file sur la scène internationale, pour être capable de convaincre les plus grands émetteurs de ce monde d'apporter leur contribution, il y a une condition fondamentale à respecter: il faut prêcher par l'exemple et démontrer qu'on est capable de respecter ses propres obligations.
Il faut faire la preuve de notre crédibilité pour détenir un pouvoir de négociation. Cela me fait de la peine de le dire, mais je crois qu'on manque totalement de crédibilité. On est hors jeu et ce qu'il faut, c'est jouer sur le terrain.
En vertu de l'Accord de Paris, le Canada s'est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre. L'engagement canadien est insuffisant par rapport à l'objectif global, certes, mais il faudrait à tout le moins commencer par respecter nos obligations, ce que permettrait d'accomplir le projet de loi sur le climat dont nous débattons, puisqu'il vise à intégrer dans le droit canadien les engagements du Canada en vertu de l'Accord de Paris.
La loi prévoirait deux choses essentielles. La première serait des cibles de réduction officielles, leur rehaussement et l'établissement de cibles intermédiaires jusqu'à l'atteinte de l'objectif de zéro émission en 2050. Je crois que les députés du Parti libéral seront d'accord avec cet objectif, puisque c'est le leur.
Deuxièmement, le plan d'action du gouvernement devrait être évalué par une autorité indépendante et compétente. Pour cela, nous pouvons compter sur le commissaire à l'environnement. On s'entend tous que, pour avoir le mordant nécessaire, une loi sur le climat doit comporter des mécanismes qui la rendent contraignante. C'est ce qu'on propose ici en octroyant à une entité qui a déjà la confiance de la Chambre le pouvoir d'évaluer la conformité des actions gouvernementales avec les objectifs de la loi.
Le Bloc québécois a rendu public un plan complet comprenant une variété de propositions pour mettre en œuvre une véritable relance verte. Le gouvernement peut y puiser abondamment pour élaborer sa stratégie de relance économique de lutte aux changements climatiques.
Ce qu'il y a de bien dans ce projet de loi, c'est qu'il laisse au gouvernement la liberté de choisir les avenues qu'il préfère pour entreprendre cette lutte. En fait, ce que vise le projet de loi, c'est que ces choix soient compatibles avec les engagements internationaux du Canada et que les actions envisagées soient réalistes et suffisantes.
C'est un projet de loi bien simple, mais tellement important. Il semble déjà susciter l'adhésion au sein des partis de l'opposition. J'ai discuté avec des collègues néo-démocrates, des collègues du Parti vert et des collègues conservateurs, qui s'entendent tous pour dire que le principe est bon, qu'ils sont d'accord sur ce principe et qu'ils reconnaissent l'urgence de se doter d'une telle loi au Canada.
Je comprends que, pour plusieurs personnes, il est difficile de saisir le concept de changements climatiques puisqu'on ne les perçoit pas d'un jour à l'autre. On sait qu'il faut faire des efforts localement, à la maison, comme récupérer, composter, choisir un véhicule à faibles émissions ou encore limiter l'utilisation de plastiques à usage unique. Il y a bien des choses qu'on peut faire individuellement, mais il faut faire beaucoup plus collectivement.
La transition concerne toutes les régions et toutes les localités du Québec et du Canada, parce que les effets des changements climatiques sont dévastateurs et se font sentir partout. Chaque région a ses réalités économiques propres et a des défis distincts. Les municipalités sont aux prises avec des problèmes d'érosion, les insectes ravageurs se multiplient, les pêches sont en transformation. Partout, on peut mesurer l'effet des changements climatiques.
Chez nous, ce sont des municipalités riveraines qui doivent composer avec l'érosion des berges. Des gens doivent quitter leur maison parce que l'endroit où elle a été construite n'est plus viable et est trop à risque. Dans ma circonscription, Sainte-Luce-sur-Mer et Sainte-Flavie sont les deux municipalités du Québec les plus touchées par l'érosion côtière. Nul n'est besoin de rappeler les grandes marées de 2010 pour sensibiliser les gens de chez nous. Plus de 40 résidences avaient été endommagées le long du fleuve à Sainte-Flavie, ce qui fait beaucoup pour une communauté de 800 habitants.
Plus de 50 % des côtes sont sensibles à l'érosion dans le Québec maritime, un phénomène engendré par la hausse du niveau de la mer et par les tempêtes, l'absence de glaces le long du littoral, l'augmentation de la fréquence des cycles de gel et de dégel, les redoux hivernaux et l'avènement des pluies abondantes en hiver, toutes des conséquences des changements climatiques qui résultent de l'activité humaine.
Ce sont des agriculteurs qui doivent composer avec la sécheresse de leurs terres, des producteurs qui perdent leurs récoltes à cause de l'imprévisibilité du climat, ou encore des citoyens et des citoyennes de la région de la Baie-des-Chaleurs qui craignent pour leur santé respiratoire à cause des usines polluantes aux alentours, qui dégradent la qualité de l'air de notre Gaspésie qui nous est si chère.
On a besoin d'un grand effort collectif. On doit se mobiliser.
À grande échelle, cela prend des gouvernements qui prennent leurs responsabilités, qui ont assez de courage pour remplir leurs engagements et qui n'ont pas peur de mettre en place des mesures draconiennes, mais nécessaires pour combattre le plus grand défi qui attend la prochaine génération.
On ne peut malheureusement pas se vanter d'être avant-gardiste dans ce domaine, au Canada. Des pays ont eu le courage d'agir avant nous. Il est possible de laisser tomber les énergies fossiles et de vivre de l'énergie solaire, du vent, de l'eau, de la géothermie. C'est non seulement possible, mais essentiel.
Je pense à des pays comme le Maroc qui, au début des années 2000, ne comptait pratiquement que sur l'importation du pétrole. Aujourd'hui, il génère plus de 40 % de l'énergie nécessaire pour ses besoins grâce à un réseau de centrales d'énergies renouvelables, dont la plus grande centrale solaire au monde.
Je pense aussi aux Pays-Bas, l'un des pays les plus peuplés, qui compte des milliers de producteurs agricoles pour le peu d'espace disponible. Ils ont réussi à produire plus et mieux avec moins — moins d'eau, moins d'engrais, moins de pesticides — et à utiliser leur territoire de façon durable, en émettant moins de CO2. Les Pays-Bas font cela et sont le deuxième exportateur de nourriture au monde.
Je pense également au Costa Rica, où, il y a une centaine d'années, les trois quarts du pays étaient recouverts de forêts. L'exploitation forestière incontrôlée, dans les années 1980, en a rasé la majorité. Puis, le gouvernement a pris le taureau par les cornes en offrant des subventions aux propriétaires qui replantaient des arbres. En seulement 25 ans, la forêt a recouvert la moitié du pays.
Ces pays sont différents du Canada, certes. Ils ne sont pas parfaits, mais ils font de leur mieux, selon leur réalité, parce que leur gouvernement a eu le courage d'agir. C'est un peu de cette graine de courage que cela prend au Canada.
Ironiquement, aujourd'hui, peu importent les résultats de l'élection présidentielle américaine, les États-Unis quittent officiellement l'Accord de Paris, conformément à la décision du président républicain en 2017. C'est déplorable. Cela démontre qu'il faut donner un deuxième effort, montrer que nous sommes plus forts que cela, montrer l'exemple. Je ne le dirai jamais assez: il faut prêcher par l'exemple.
Je ne saurais parler de la question climatique sans faire un lien avec les ambitions légitimes du Québec. On me voit venir: le Canada est un pays pétrolier, celui qui, par habitant, finance le plus le gaz et le pétrole. En revanche, sur son immense territoire, le Québec a accès à une quantité phénoménale de ressources naturelles renouvelables; forêts, eau, ressources minières, terres agricoles. Au Québec, on a bâti un réseau électrique solide et renouvelable qui sera, contrairement au pétrole bitumineux de l'Alberta, un atout pour l'avenir.
Nous pourrions devenir un chef de file mondial en matière d'énergies renouvelables, d'efficacité énergétique et de développement durable. C'est d'ailleurs un de mes arguments préférés pour la souveraineté. On soulignait récemment le 25e anniversaire du référendum, et je dois dire que le Québec a bien changé depuis, et nous aussi. Or cela ne rend pas le projet moins légitime. Le Québec se positionne comme un modèle écologique de création de richesse qui sert d'exemple au reste du monde. Le Canada devrait s'en inspirer sans modération.
Je dois abréger mes explications, mais je suis persuadée que les députés auront déjà étudié attentivement, avant de voter, tous les mécanismes de ce projet de loi, et ce, dans le détail. J'ai bon espoir qu'ils en auront bien évalué les vertus, qu'ils sauront reconnaître qu'ils ont affaire à un projet de loi substantiel, structurant, travaillé et bien pensé, et non pas à un simple énoncé de principes ou à une liste quelconque de mesures arbitraires.
Ce sera là mon dernier argument: les députés auront noté que la loi est rédigée volontairement de manière à conserver, pour un gouvernement démocratiquement élu, la marge de manœuvre nécessaire à la bonne conduite des affaires publiques et à l'exécution de sa mission, suivant les ambitions politiques légitimes de son affiliation politique. Notre aspiration est d'assurer la réussite de la politique climatique, et non d'enchaîner les décideurs.
Cela me rappelle une phrase précise et un style de gouvernance qui m'inspire. La première ministre du Québec Pauline Marois a dirigé avec brio un gouvernement minoritaire, comme le gouvernement actuel. Elle affirmait, en début de mandat: « Nous serons souples dans les moyens, mais restons fermes sur les objectifs. » Ce sont de sages paroles.
Le projet de loi que je présente propose au Canada d'être, pour des années, au nom de l'avenir de la planète et de la justice climatique, souple sur les moyens et ferme sur les objectifs. Au gouvernement actuel, qui affirme à répétition son engagement pour le climat, et au gouvernement futur, je pose la question: sont-ils prêts à être fermes sur les objectifs?
Si oui, je les invite, au nom des miens, humblement et avec au cœur un sentiment du devoir accompli, à voter en faveur de la loi sur la responsabilité en matière de changements climatiques du Bloc québécois.
:
Madame la Présidente, je prends la parole aujourd'hui pour parler du projet de loi .
Le projet de loi C-215 vise à assurer le respect par le Canada de ses obligations aux termes de l'Accord de Paris, en prévoyant notamment l'établissement de cibles de réduction des émissions canadiennes de gaz à effet de serre et des mécanismes de responsabilisation à l'égard de la réduction.
Plus précisément, le projet de loi C-215 comprend un objectif de zéro émission nette de gaz à effet de serre d'ici 2050 et une cible intermédiaire de réduction d'au moins 30 % par rapport au niveau de gaz à effet de serre de 2005 d'ici 2030. Il exige également de fixer d'emblée des cibles intermédiaires de cinq ans, de 2025 à 2040, au moyen d'un plan d'action unique.
Un rapport annuel sur les progrès réalisés par le Canada en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre doit également être préparé et déposé au Parlement. Le projet de loi prévoit un examen du plan d'action et des rapports annuels sur les progrès par le commissaire à l'environnement et au développement durable ainsi qu'un examen de la loi tous les quatre ans.
L'atteinte d'un avenir prospère et zéro émission nette d'ici 2050 demeure une priorité pour le gouvernement canadien. Les Canadiens sont conscients que les changements climatiques menacent leur santé et c'est ce que le gouvernement continuera de faire.
Malgré l'enjeu mondial que représente la pandémie de la COVID-19, les changements climatiques continuent leur progression, et il est presque certain que l'année 2020 sera parmi les quatre années les plus chaudes enregistrées. Comme l'a souligné António Guterres, secrétaire général des Nations unies, tandis que nous luttons contre la pandémie de la COVID-19, nous ne pouvons pas reporter l'action climatique, car la crise climatique n'est pas en suspens.
Tout comme le gouvernement s'est engagé à soutenir les Canadiens et les Canadiennes pendant l'éclosion de la pandémie de la COVID-19, nous continuerons à faire de même en matière d'actions climatiques. Les Canadiens ressentent déjà les répercussions des changements climatiques et des phénomènes météorologiques extrêmes, notamment en ce qui a trait à l'intensité et à la fréquence changeante des inondations, des orages et des incendies, à l'érosion côtière, aux événements de chaleur extrême, à la fonte du pergélisol et à la hausse du niveau de la mer. Ces répercussions présentent un risque important à la sûreté, à la sécurité, à la santé et au bien-être de tous les Canadiens, de nos collectivités, de l'économie et de l'environnement naturel.
Nos mesures de lutte contre les changements climatiques et celles à venir aideront à mettre le Canada sur la voie de réductions d'émissions plus importantes, à soutenir une économie en croissance et à rendre la vie plus abordable et plus sécuritaire pour les Canadiens. Au-delà de ces engagements nationaux, le Canada est un chef de file dans la prise des mesures internationales et dans la lutte contre les changements climatiques.
Les changements climatiques représentent un défi mondial de taille, et c'est dans cette optique que le Canada et 194 autres pays ont adopté l'Accord de Paris pour lutter contre les changements climatiques. Cet accord vise à renforcer les efforts pour limiter l'augmentation de la température moyenne mondiale bien au-dessous de 2 degrés Celsius et, si possible, à limiter cette augmentation de 1,5 degré Celsius.
Rappelons que le Canada s'est engagé dans le cadre de l'Accord de Paris à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 30 % par rapport au niveau de 2005 d'ici 2030. Le Canada est aussi déterminé à renforcer les mesures actuelles de réduction d'émissions de gaz à effet de serre et à en instaurer de nouvelles afin de dépasser l'objectif des réductions d'émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030.
Le Canada est aussi l'un des fondateurs de l'Alliance: Énergiser au-delà du charbon, qui a été créée pour favoriser la croissance propre et la protection du climat par l'élimination progressive et rapide de la production d'électricité à partir de centrales au charbon traditionnelles. À ce jour, l'Alliance compte plus de 110 membres.
Le Canada prend part à de nombreuses autres initiatives en matière de changements climatiques. Par exemple, le Canada participe aux travaux du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat. Il a été coprésident de la Coalition pour le climat et l'air pur, qui vise à réduire les polluants de courte durée de vie ayant un effet sur le climat de 2016 à 2018. Il est membre et coprésident de l'Initiative mondiale sur le méthane, un partenariat international qui vise à réduire la pollution par le méthane et favorise la réutilisation et l'utilisation du méthane en tant que source d'énergie plus propre.
Malgré le report de la COP26 à 2021, en raison de l'éclosion de la pandémie de la COVID-19, le gouvernement du Canada donne toujours la priorité à ses engagements internationaux à lutter contre les changements climatiques.
La COP n'est pas seulement un forum pour les négociations qui orientent l'action internationale en matière de climat, mais également un forum important pour continuer à progresser, avec les partenaires internationaux, sur de nombreuses initiatives et maintenir des relations bilatérales en matière d'action climatique et de protection de l'environnement.
La COP demeurera une tribune où le gouvernement du Canada pourra continuer de témoigner non seulement de ses efforts pour la lutte contre le changement climatique, mais aussi de nombreuses autres initiatives qui renforcent l'intégration de solutions fondées sur la nature, la biodiversité et les océans, comme l'élimination progressive du charbon, l'objectif zéro déchet de plastique, la protection accrue de la nature et la promotion du financement de la résilience des zones côtières.
Ainsi, malgré les effets de la pandémie de la COVID-19, je peux assurer à mes collègues que le Canada poursuit et poursuivra ses initiatives et sa collaboration avec ses alliés à l'international. Ses actions demeurent d'autant plus importantes, car la science est claire: nous ne pouvons pas attendre que les générations futures cessent de polluer ou prennent des mesures pour s'adapter aux effets des changements climatiques. Nous devons agir maintenant.
Pour atteindre notre objectif de l'Accord de Paris, soit limiter l'augmentation de la température de 2 degrés Celsius et s'efforcer de limiter cette augmentation de 1,5 degré Celsius, les émissions mondiales devraient atteindre la cible de zéro émission nette vers 2050. Le Canada reconnaît ces conclusions et convient que des travaux supplémentaires sont nécessaires, d'où son engagement à atteindre son objectif de zéro émission nette d'ici 2050 par l'entremise d'une cible nationale de réduction des gaz à effet de serre de 5 ans, fondée sur l'avis des experts et les consultations menées auprès des Canadiens.
Le Canada n'est pas seul. Neuf pays ont instauré, ou sont en voie d'instaurer, des mesures législatives pour atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. Ces pays incluent la France, la Nouvelle-Zélande et le Royaume-Uni. En comptant le Canada, au moins 120 pays, 14 régions, 398 villes, 786 entreprises et 16 investisseurs se sont engagés à atteindre cet objectif. À l'évidence, plusieurs des composants présentés dans le projet de loi reflètent les priorités de notre gouvernement, tant à l'échelle nationale qu'internationale.
Je remercie la députée d'avoir présenté un sujet aussi important. Je me réjouis à l'idée de poursuivre les discussions sur les mesures visant à lutter contre les changements climatiques et à atteindre zéro émission nette d'ici 2050.
:
Madame la Présidente, je suis heureux d'avoir l'occasion de parler ce soir du projet de loi de la députée d'.
L'objectif déclaré de ce projet de loi est de s'assurer que le Canada s'acquitte de ses obligations en vertu de l'Accord de Paris. C'est certainement un objectif que j'appuie, et mon chef a engagé le Parti conservateur à l'atteindre.
En fait, les cibles de Paris elles-mêmes sont des cibles conservatrices. Au cours de mon premier mandat, le premier ministre précédent a consulté toutes les provinces au sujet de leur capacité de réduction, et il a obtenu une réduction de 30 % d'ici 2030, par rapport au niveau de l'année 2005. Cela fut présenté comme les engagements du Canada en vertu de l'Accord de Paris et cela demeure encore les cibles à ce jour. Ce travail a été fait avec les provinces et met l'accent sur le maintien des possibilités économiques. Aussi, les engagements de Paris sont en tous points conformes à ce que mon parti représente: la protection de l'environnement qui ne se fait pas au détriment de l'économie, et le respect de la compétence et de l'expertise provinciales.
Malheureusement, depuis la signature de cet accord, le gouvernement libéral actuel n'a pris aucune mesure significative pour atteindre ces cibles et a plutôt mené une campagne de division et d'idéologie. Le premier ministre a affirmé que nous sommes sur la bonne voie pour atteindre l'objectif de 2030. Au cours de la dernière campagne électorale, il a dit à plusieurs reprises que le Canada était sur la bonne voie pour atteindre les objectifs.
Ce n'est pas vrai maintenant, et ce n'était pas vrai à l'époque. Il prétend maintenant qu'ils dépasseront les engagements, mais il refuse de fournir des détails. Ils ne peuvent même pas atteindre le strict minimum, mais promettent de dépasser les cibles sans fournir aucune autre raison qu'une promesse forte. Pour moi, cela ressemble à ce gouvernement libéral.
Examinons les faits. Le plus récent rapport de Climate Transparency indique que non seulement le Canada n'est pas sur la bonne voie pour respecter les engagements de Paris, mais que nous sommes parmi les moins préparés des pays du G20. Le Climate Action Tracker a qualifié les mesures prises par le gouvernement d'« insuffisantes », et les propres projections du gouvernement, qui seraient sûrement les plus charitables, disent que le Canada n'est même pas proche d'atteindre les objectifs.
Regardons où nous sommes en ce moment. Même avec les dépenses colossales pour des programmes comme les subventions aux véhicules électriques, même avec la destruction complète de notre secteur pétrolier et gazier par le gouvernement libéral, et même avec le rejet total de la collaboration avec les provinces en faveur d'en haut vers le bas, Ottawa connaît la meilleure approche: ils ne sont encore pas proches d'atteindre les cibles.
Nous sommes donc dans une position où le gouvernement n'a absolument pas respecté les engagements de Paris pris sous le gouvernement Harper. Pourtant, les libéraux s'attendent à ce que nous croyions que tout va bien et qu'ils vont même les dépasser. Nous ne devrions pas poser de questions, parce qu'ils ne peuvent tout simplement pas dire comment cela va arriver.
Nous avons donc un projet de loi d'une députée du Bloc québécois. Comme je l'ai déjà dit, j'appuie l'objectif déclaré d'élaborer un plan responsable pour respecter les engagements de l'Accord de Paris créés par le gouvernement Harper. Dans cet esprit, il y a de nombreux aspects de ce projet de loi que j'aime et que j'appuie.
Le rejet de simplement légiférer sur les cibles pour plutôt se concentrer sur la création d'un plan est une idée très intelligente. Comme nous le savons tous, le Parlement ne peut pas lier le Parlement.
Donc, inscrire des objectifs dans la loi sans aucun plan pour les atteindre n'a essentiellement aucune force juridique et serait tout simplement un exercice de signalisation vertueux.
Heureusement, ce projet de loi demande au gouvernement de créer un cadre et de le présenter à la Chambre, où il pourrait être étudié et débattu. Nous savons que le gouvernement libéral déteste l'examen parlementaire. Il a même fermé le Parlement pour éviter toute surveillance. Les efforts de ce projet de loi pour forcer le gouvernement à déposer un plan sont donc les bienvenus.
Je suis toujours en faveur d'une surveillance parlementaire accrue. J'aime bien l'exigence voulant que le plan soit vérifié par le commissaire à l'environnement. En plus de l'examen parlementaire obligatoire par le Comité permanent de l'environnement et du développement durable, j'aime que le plan requis dans le projet de loi exige des mesures précises pour atteindre les objectifs et évaluer les progrès réalisés.
Toutefois, il y a aussi des demandes de ce projet de loi que je trouve difficiles à accepter. Bien que les objectifs de Paris aient été négociés avec les provinces et soutenus par chaque parti ici, l'engagement zéro émission nette d'ici 2050 n'était pas du lot. Je suis donc surpris de voir ce concept dans le projet de loi, alors que le but avoué de ce dernier est le respect de l'Accord de Paris, lequel ne traite pas d'un objectif de zéro émission nette.
Que le projet de loi soit lié à nos engagements internationaux en vertu de l'Accord de Paris et qu'il affirme d'emblée que le Canada s'engage à atteindre un objectif idéologique de zéro émission nette d'ici 2050 est déconcertant. La question de savoir si 2050 est la bonne date devrait être débattue à la Chambre et devrait faire l'objet de consultations poussées avec les provinces. La date de 2050 semble avoir été choisie parce qu'il s'agit d'un nombre rond choisi par les autres nations, contrairement aux objectifs de l'Accord de Paris qui étaient basés sur la science et la consultation.
Une promesse dans une plateforme libérale n'égale pas un objectif bien établi et convenu. Cet engagement nécessite plus de débat et d'études et il n'est tout simplement pas approprié de l'inclure dans ce projet de loi. Je ferais davantage confiance à ce projet de loi s'il se concentrait sur les objectifs de l'Accord de Paris que tous les partis soutiennent, et non sur un engagement idéologique comme l'atteinte de zéro émission nette d'ici 2050.
J'espère que la députée d' est à l'écoute de ces préoccupations et qu'elle est prête à apporter quelques changements.
Je crois que nous pouvons nous entendre sur un grand nombre d'éléments sur lesquels nous sommes d'accord, mais cela signifie qu'il faut se concentrer sur la science et non sur l'idéologie. Nous sommes d'accord sur les engagements de l'Accord de Paris et voulons voir le gouvernement nous montrer un plan pour y arriver. Allons de l'avant avec cela.
:
Madame la Présidente, je suis ravie d'intervenir aujourd'hui à la Chambre pour appuyer cette mesure législative sur la responsabilité en matière de changement climatique.
Le monde est ébranlé par les conséquences de la COVID-19, mais la crise climatique n'a pas disparu pour autant. Elle constitue une menace grandissante pour l'environnement, les écosystèmes, les chaînes alimentaires, la santé des familles et l'avenir, notamment celui de nos enfants. Par surcroît, la crise climatique menace le bien-être économique et la santé de nos collectivités. Je ne sais pas si je peux exprimer avec justesse la crainte et l'anxiété dont certains jeunes m'ont fait part au sujet de leur avenir ou l'inquiétude que certains parents ont exprimée au sujet du monde que nous laisserons aux enfants, mais le problème ne concerne pas uniquement l'avenir. Les répercussions du changement climatique se font déjà sentir au Canada, entre autres dans la fumée qui se dégage des incendies climatiques et du fait que, au Canada, les températures augmentent deux fois plus vite qu'ailleurs dans le monde et des conséquences que cela entraîne sur le pergélisol. Les changements se font particulièrement sentir dans l'Arctique et le long des côtes et affectent disproportionnellement les communautés autochtones, rurales, marginalisées et racialisées.
La communauté scientifique s'entend largement pour affirmer qu'une augmentation de la température mondiale moyenne de surface de 1,5 degré Celsius ou plus au-dessus du niveau préindustriel entraînerait un changement dangereux. Les Canadiens souhaitent des mesures concrètes pour lutter contre la crise climatique. Ils ne veulent pas que le gouvernement se contente de faire des promesses mais plutôt qu'il respecte ses engagements. Les libéraux ont raté toutes les cibles qu'ils s'étaient fixées dans la lutte contre les changements climatiques et le Canada n'est même pas en voie de respecter les cibles peu ambitieuses qu'avait établies Stephen Harper. Dans un rapport publié à l'automne 2019, la commissaire à l'environnement a déclaré que rien n'appuie la déclaration du gouvernement selon laquelle les mesures actuelles ou envisagées permettraient au Canada d'atteindre les cibles qu'il s'est fixées.
La liste des cibles environnementales des libéraux que le gouvernement actuel n'a pas atteintes ou qu'il est en voie de ne pas respecter est longue. Nous sommes bien loin d'être en voie d'atteindre l'objectif de vendre uniquement des véhicules zéro émission d'ici 2040. Le gouvernement s'est engagé à planter deux milliards d'arbres d'ici 2030, mais pas un sou n'a été investi dans cette initiative. L'établissement d'une norme sur les carburants propres, un aspect essentiel du cadre pancanadien sur les changements climatiques, a été remis à plus tard. Je pourrais donner d'autres exemples, mais il suffit de dire que, de nombreuses façons, ce sont tous des symptômes d'un gouvernement qui ne rend pas de comptes sur les engagements qu'il a pris en matière de lutte contre les changements climatiques. Il faut un mécanisme de reddition de comptes. Le projet de loi se concentre sur les cibles du Canada en matière de lutte contre les changements climatiques. Les rapports sur la façon d'atteindre ces cibles devraient inclure le plan du gouvernement pour mettre en place toutes ces politiques cruciales liées aux changements climatiques.
Comme il a déjà été dit, en 2008, le Royaume-Uni a établi un cadre sur la responsabilité en cette matière, la loi sur les changements climatiques. Cette loi était la première du genre et elle est toujours aussi reconnue. Elle a servi de modèle pour les mesures législatives d'autres États, dont la Suède, le Danemark, la France, l'Allemagne, l'Espagne et la Nouvelle-Zélande. Le Royaume-Uni a établi cinq budgets de carbone, et la présentation régulière de rapports au Parlement a renforcé la transparence et la reddition de comptes. Il a aussi mis sur pied un comité consultatif d'experts, le comité sur les changements climatiques.
En 2006, soit deux ans avant l'adoption de la loi au Royaume-Uni, le chef du NPD de l'époque, Jack Layton, avait présenté le premier projet de loi canadien sur la responsabilité en matière de changements climatiques. Cette mesure législative avait franchi l'étape de la troisième lecture par un vote de 148 contre 116, les conservateurs de Harper s'y opposant. Malheureusement, le projet de loi de Jack Layton est mort au Sénat. Le NPD a présenté un projet de loi d'initiative parlementaire sur la responsabilité en matière de changements climatiques au cours des 39e, 40e et 41e législatures, par l'entremise de Jack et de l'ex-députée Megan Leslie.
Au cours de la présente législature, ma collègue néo-démocrate, la députée de , a présenté le projet de loi , Loi concernant un cadre d’action contre l’urgence climatique, qui prévoit l’élaboration et la mise en œuvre d’un cadre d’action pour lutter contre l’urgence climatique. Ce projet de loi indique clairement la nécessité que le cadre d'action permette une transition vers une économie verte; l’augmentation du nombre d’emplois dans les secteurs de l’énergie et de l’infrastructure vertes et du logement écologique; et le bien-être économique.
Plus important encore, il y est expressément énoncé que le cadre d’action contre l’urgence climatique — ou la loi sur la responsabilité en matière de changements climatiques — doit respecter les dispositions de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.
Le projet de loi dont nous sommes saisis aujourd'hui, présenté par ma collègue du Bloc, est un très bon point de départ. Il va dans la bonne direction, mais il comporte à mon avis certaines lacunes et des éléments qui doivent être renforcés.
Tout d'abord, comme on le précise dans le projet de loi de la députée de , le projet de loi , une loi sur la responsabilité climatique doit reposer expressément sur une base qui reconnaît le droit inhérent des Autochtones à l'autonomie gouvernementale, qui respecte les dispositions de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones et qui tient compte des connaissances scientifiques, notamment des savoirs autochtones, ainsi que des responsabilités que nous avons à l'endroit des générations futures.
Je suis heureuse de voir que le projet de loi prévoit des cibles intermédiaires à atteindre chaque cinq ans, bien que l'année 2045 semble absente de la liste, et je suis heureuse de voir aussi qu'il exige qu'on décrive le mode de calcul, les mesures à prendre et les outils de mesure et d'évaluation des réductions des émissions de gaz à effet de serre. Il faudrait toutefois, à mon avis, renforcer le projet de loi sur le plan des cibles à proprement parler. On utilise l'Accord de Paris comme point de référence, mais nous devons reconnaître que les cibles de cet accord et l'objectif de zéro émission nette d'ici 2050 ne sont pas suffisants. Nos cibles de réduction des gaz à effet de serre doivent être ambitieuses et correspondre à la juste part du Canada. Elles doivent être suffisamment importantes pour nous aider à maintenir une hausse de température inférieure à 1,5 degré Celsius.
Le plus récent rapport du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat indique que nous devons réduire d'au moins de moitié nos émissions d'ici 2030, et les nouvelles cibles doivent en tenir compte. Oui, il faut que nos cibles soient enchâssées dans la loi; par contre, nous devons aussi prévoir des mécanismes permettant de les renforcer selon les avis des experts.
Autre point à améliorer, la reddition de comptes. Il nous faut des experts non seulement pour renforcer les cibles, mais aussi pour préparer les rapports et les analyses qui nous permettront de suivre nos progrès. Il est essentiel que ces experts soient indépendants et que leur mandat soit axé sur la responsabilité en matière de changements climatiques.
Le NPD a d'ailleurs fait des pressions pour que l'on crée un bureau indépendant de la responsabilité en matière de changements climatiques et que l'on nomme à sa tête un commissaire. Ce dernier aurait pour mandat d'effectuer des recherches et de recueillir de l'information et des données provenant d'analyses sur le plan des cibles à atteindre ou du plan révisé; de préparer un rapport qui inclut des conclusions et des recommandations quant à la qualité et à l'exhaustivité des preuves et des analyses scientifiques, économiques et technologiques sur lesquelles se fonde chaque cible prévue au plan; et de prodiguer des conseils sur toute question pertinente en matière de changements climatiques et de développement durable.
Des défenseurs de l'environnement et des organismes environnementaux ont eux aussi réclamé la création d'un comité consultatif indépendant d'experts en matière de climat dont les membres proviendraient de toutes les régions du pays. Ce comité émettrait des conseils au sujet des objectifs à long terme, des budgets carbone sur cinq ans et des rapports sur les répercussions climatiques. Ces experts surveilleraient aussi les progrès du gouvernement en matière de respect des budgets carbone à court terme, des objectifs à long terme et des plans d'adaptation et en feraient rapport, et ils conseilleraient le gouvernement en matière de politiques climatiques.
Il faut aussi se pencher sur les budgets carbone, tant à l'échelle nationale qu'infranationale.
Même si tous ces domaines méritent notre attention, je crois qu'il est possible de s'en occuper en comité. Il est essentiel de procéder immédiatement à l'adoption d'une mesure législative portant sur la responsabilité en matière de changement climatique. Nous avions besoin d'une telle mesure en 2006, lorsque Jack Layton en a présenté une pour la première fois. Nous avions besoin d'une telle mesure chaque fois que le GIEC publiait un nouveau rapport soulignant les effets catastrophiques du réchauffement climatique. Nous avions besoin d'une telle mesure l'an dernier, lorsque les jeunes manifestaient dans les rues, suppliant les politiciens et les décideurs d'écouter les scientifiques. Nous avons besoin d'une telle mesure maintenant.
Les libéraux ont promis une mesure législative sur la responsabilité en matière de changement climatique dans leur plateforme électorale, puis dans le discours du Trône. En fait, dans le tout dernier discours du Trône, ils ont dit qu'ils allaient immédiatement présenter un plan qui permettra de surpasser les objectifs climatiques du Canada pour 2030, et qu'ils allaient également légiférer sur l’objectif canadien de zéro émission nette d’ici 2050. C'était en septembre. Je ne sais pas trop quelle est la définition libérale du mot « immédiatement », mais nous sommes maintenant en novembre et aucune de ces déclarations ne s'est concrétisée. Si les libéraux votent contre ce projet de loi, ils illustreront une fois de plus comment ils aiment bien faire des promesses en matière de changements climatiques, mais qu'ils refusent d'agir en conséquence. N'oublions pas qu'il s'agit ici du même gouvernement qui a déclaré une urgence climatique une journée, puis acheté un pipeline le lendemain.
J'exhorte tous les députés à appuyer cette motion. Je...
:
Madame la Présidente, je suis très heureuse de prendre la parole aujourd'hui aux côtés de ma collègue d'Avignon—La Mitis—Matane—Matapédia, qui présente le projet de loi .
La responsabilité est un terme qui réjouit. Lorsqu'on la constate dans la société et autour de nous, on ne condamne pas cette façon d'être. Devant une personne responsable, on est rassuré. Être responsable, c'est offrir un comportement qui est appréciable et louable.
Dans le cas présent, qu'est-ce qu'être responsable? C'est légiférer en matière de responsabilité climatique pour les élus que nous sommes. C'est répondre au souhait d'une population qui s'attend à voir une démarche vers le progrès et vers l'action.
Rappelons qu'en 32 ans et sous quatre premiers ministres, pas moins de neuf cibles différentes ont été énoncées par l'État fédéral. Le Canada a échoué aux cibles de 2000, de 2005, de 2010 et de 2012, et va échouer à celles de 2020, ces dernières ayant été présentées par le gouvernement Harper.
Il y a 30 ans, les émissions canadiennes de gaz à effet de serre, ou GES, étaient de 602 mégatonnes. En 2017, elles avaient augmenté de 18,9 % alors que, durant la même période, le Québec avait réduit les siennes de 8,7 %.
Le gouvernement fédéral doit prendre la pleine mesure de ce qui se passe. Le scénario le plus optimiste révèle tout de même un manque à gagner de 77 mégatonnes pour atteindre l'objectif que le Canada s'est fixé.
Il n'y a pas d'excuse à l'inaction. La population canadienne représente 0,5 % de la population mondiale, mais émet 1,5 % des émissions mondiales de GES, au 10e rang de quelque 200 États. Le Canada fait partie des pays développés qui ont une responsabilité historique particulière au chapitre des émissions de GES et de la dégradation planétaire.
Comme le précisait plus tôt ma collègue, il s'agit d'un projet de loi substantiel pour lequel l'analyse et la réflexion n'ont pas été ménagées. Il comporte la souplesse requise pour assurer la pérennité, car c'est bien avec cet objectif de pérenniser l'action climatique que le Canada peut espérer rejoindre des États qui se sont mobilisés. Ainsi, avec ce projet de loi, les gouvernements qui se succéderont jusqu'en 2050 et au-delà pourront détenir la marge de manœuvre requise pour la poursuite de sa mise en œuvre. Tout pourra être adapté aux besoins en fonction des progrès obtenus: plans, mesures de mitigation, politiques, cibles sectorielles, etc.
Ce projet de loi sur la responsabilité climatique est mesuré et son travail de conception a été guidé par la certitude qu'il pourra permettre au Canada de mener cette lutte conjointement à la crise sanitaire, tandis que les efforts qui en découleront seront au service de la santé humaine et de l'environnement. Dans mes discours, je parle souvent du lien entre les deux. Je vais donc me répéter.
Il faut savoir que les liens entre les problèmes de santé humaine et les conséquences des changements climatiques sont amplement étudiés et démontrés. Qu'il s'agisse de la pollution de l'air ou du phénomène des virus, dont l'accélération indéniable de la transmission prend racine dans la perte de la biodiversité et dans les bouleversements climatiques, toutes les populations sont vulnérables. La COVID-19 nous en donne un aperçu, mais il est bon de savoir que les effets existaient déjà avant cette pandémie. Ils étaient mesurés et des milliers de chercheurs travaillaient et travaillent encore sur le dossier des liens entre la santé et l'environnement.
Je considère donc qu'accorder un soutien à ce projet de loi à ce moment précis est sans nul doute l'une des meilleures façons de contribuer aux efforts gouvernementaux pour lutter contre la pandémie.
En 2007, la Chambre des communes adoptait le projet de loi du député de l'opposition, aujourd'hui leader du gouvernement, l'honorable collègue d'. La Loi de mise en œuvre du protocole de Kyoto se voulait dans une large mesure une protection législative aux ambitions et aux engagements du Canada sur la scène internationale.
En 2020, le Bloc québécois prend l'initiative dans le même esprit, mais dans un contexte de crise climatique d'une urgence sans commune mesure. Ce projet de loi vise à assurer le respect des engagements pris par le Canada en matière de réduction de ses émissions de GES et, plus encore, sa responsabilité dans sa démarche essentielle pour atteindre les cibles de réduction que le gouvernement a lui-même établies.
Je vais maintenant parler d'un cas spécifique, soit celui du Protocole de Montréal relatif aux substances qui appauvrissent la couche d'ozone.
Le Canada avait fait preuve de leadership, notamment en épaulant les pays moins nantis vers l'élimination de ces substances, en déployant des ressources de surveillance atmosphérique de l'Arctique et bien plus. Depuis 1987, ce traité est passé à 165 pays membres et la liste des substances continue d'être mise à jour. C'est un exemple de réussite.
Cependant, le défi présenté par les exigences et le contexte de l'Accord de Paris est d'une telle ampleur qu'il est inconcevable de ne pas mettre en place des mesures adaptées. Même avec l'élimination des substances citées dans le Protocole de Montréal, les émissions de gaz à effet de serre ont maintenu leur croissance.
J'ai participé aux différentes COP depuis celle de Paris. C'était une occasion d'apprentissage, particulièrement sur l'accélération du phénomène climatique, mais aussi sur la mobilisation et l'expertise grandissante sur la question.
Malgré le fait que ces priorités soient sur toutes les tribunes — politique, académique, économique et sociale —, il faut encore faire des rappels. Au rythme où vont les choses, le réchauffement climatique pourrait atteindre quatre à cinq degrés Celsius d'ici la fin du siècle, c'est-à-dire d'ici 2100.
Les parents ou les grands-parents doivent penser au fait que c'est cette génération qui vivra toutes les conséquences, à chaque étape de la vie. Les enfants qui naissent aujourd'hui seront les aînés à la fin du siècle. Que va-t-on leur laisser: un réchauffement de quatre à cinq degrés Celsius?
Les océans, les eaux douces, la qualité de l'air et les sols sont affectés par les phénomènes liés aux changements climatiques. La flore, la faune, les constructions humaines, la santé publique, la sécurité publique et l'économie sont aussi à considérer.
Évidemment, toutes les législations en matière de lutte contre les gaz à effet de serre n'ont pas le même mordant, comme le disait ma collègue. Voyons en rafale quelques États qui ont un bilan qui procure de l'espoir, une gracieuseté de National Geographic et de Climate Action Tracker. D'autres collègues en ont nommé, ce soir. La Norvège a choisi une législation engageant une réduction des gaz à effet de serre de 40 % d'ici 2030 et de 80 à 95 % d'ici 2050, par rapport au niveau de 1990. À l'heure actuelle, 60 % des véhicules vendus en mars étaient des véhicules électriques. On est loin du compte.
Le Royaume-Uni serait-il un cas d'école? Il y a eu une baisse des émissions de gaz à effet de serre de 44 % entre 1990 et 2018 en parallèle à une croissance économique de 75 %. En juin de cette année, l'État a codifié l'objectif de carboneutralité pour 2050.
Je parlerai maintenant de l'Inde. Ce pays a fait le choix, en plein essor économique, de donner la priorité à ses investissements vers les énergies renouvelables et a déjà atteint son objectif d'assurer 40 % de ses besoins énergétiques par des sources renouvelables. L'Inde avait fixé cet objectif à 2030, et nous sommes en 2020.
Ma collègue a parlé du Maroc, là où se trouve le plus important champ de panneaux solaires du monde. Il est l'équivalent de 3 500 terrains de football. Il y a aussi la Gambie, qui s'est engagée à restaurer 10 000 hectares de forêt et de savane.
Tous ces exemples démontrent que tous font leur part. Tous les pays, petits et grands, ont un rôle à jouer pour éviter le pire. Le Canada ne doit plus se retrouver dans le même camp que la Russie, le Brésil, l'Arabie saoudite ou son voisin du Sud à l'égard de ses efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il doit s'élever et il doit aspirer au progrès. Or, pour progresser, il faut déployer des efforts, et le projet de loi de ma collègue en est un exemple.