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Madame la Présidente, nous débattons ce soir du projet de loi , soit l'accord de continuité de la relation commerciale entre le Canada et le Royaume-Uni. C'est toujours un privilège de m'exprimer au Parlement au nom des gens de Kings—Hants. Cela dit, cet accord revêt une importance particulière pour la Nouvelle-Écosse. Vu la proximité géographique entre la côte Est et le Royaume-Uni, cette relation commerciale est très importante pour les producteurs agricoles de ma circonscription et pour l'ensemble des entreprises, d'ailleurs. Mes propos de ce soir porteront surtout sur l'importance de cet accord de continuité pour le maintien de ces relations harmonieuses ainsi que de cette relation d'affaires.
Le Canada est un pays commerçant. Nous avons ce que le monde veut, que ce soit nos ressources naturelles, nos produits, nos services ou notre ingéniosité. Nous jouons un rôle important pour ce qui est de satisfaire les besoins des autres pays du monde. Établir des relations commerciales constitue certainement une priorité pour le gouvernement afin de nous permettre d'exporter nos produits. Comme il a déjà été établi, le projet de loi est relativement simple. Le gouvernement a déjà établi une solide relation commerciale avec l'Union européenne au moyen de l'Accord économique et commercial global. Le présent projet de loi confirme le prolongement de l'application des dispositions établies concernant le Royaume-Uni à la suite du Brexit. Le gouvernement a également manifesté son désir de négocier avec le Royaume-Uni pour conclure un accord global afin d'établir des liens encore plus forts entre nos deux pays, du moins dans la mesure du possible, et je présume que c'est possible.
En tant que député de la Nouvelle-Écosse, je veux parler un instant de la manière dont je vois le futur accord de continuité commerciale, que celui-ci voie sa portée élargie ou demeure dans sa forme actuelle, et de ce qu'il signifie pour les entreprises de chez nous. Je le répète: l'agriculture est le moteur économique de Kings—Hants. Il y a des exploitations agricoles assujetties à la gestion de l'offre, comme des producteurs de volailles, d'œufs et de produits laitiers, dont il a beaucoup été question ce soir durant le débat sur le projet de loi , mais nous sommes aussi célèbres pour notre production de pommes. Il existe une longue tradition, en particulier dans la vallée de l'Annapolis, liée aux variétés de pommes qui nous sont propres. Elles sont une source de fierté et sont exportées partout dans le monde.
Je m'en voudrais de ne pas mentionner la station de recherche de Kentville, qui est financée par Agriculture et Agroalimentaire Canada. Elle est établie dans ma circonscription depuis plus de 100 ans. Beaucoup de travaux de recherche menés à la station de Kentville aident nos producteurs en faisant en sorte qu'ils offrent des variétés qui sont vraiment recherchées.
Pour la gouverne des députés présents à la Chambre ce soir, je signale que chaque pomme vendue à Londres durant la Deuxième Guerre mondiale et, assurément, durant une certaine période par la suite, venait de la vallée de l'Annapolis, en Nouvelle-Écosse. Voilà qui illustre la relation commerciale que notre région entretient avec les pays du Commonwealth partout dans le monde.
J'ai parlé avec les producteurs de pommes de la signification que revêt l'accord de continuité pour eux en particulier. Certes, nous dépendons largement des États-Unis, comme beaucoup d'autres régions au pays, mais ces producteurs voient dans l'accord de continuité l'occasion de renouer avec le Royaume-Uni certaines des relations commerciales du passé, en raison de notre proximité. Je ne m'attends pas à ce que, du jour au lendemain, 100 % des pommes vendues à Londres proviennent de la vallée de l'Annapolis. Nous avons diversifié nos marchés partout sur la planète, mais nous avons la possibilité de consolider nos relations existantes et nos liens culturels.
Je tiens à parler brièvement du secteur viticole. Les vignerons de la région produisent des vins de qualité qui se distinguent de plus en plus sur la scène internationale. Personnellement, je suis un fervent partisan de la réduction des entraves au commerce interprovincial, car les producteurs de la Nouvelle-Écosse pourraient alors vendre leurs produits à tous les Canadiens qui en veulent. Le gouvernement libéral a déjà éliminé les formalités qui empêchaient l'élimination de ces entraves, mais il reste encore beaucoup de travail à faire auprès de certaines provinces, et c'est quelque chose que j'appelle de tous mes vœux, que ce soit ici ou à l'extérieur de la Chambre. Nous devons tout faire pour que nos incomparables produits puissent satisfaire les consommateurs du monde entier. Or, comme ce secteur a connu une croissance importante, c'est à nous de faire le nécessaire pour que ses produits puissent faire leur chemin jusqu'aux consommateurs britanniques, qui apprécieraient à n'en pas douter une bonne bouteille de Tidal Bay, l'une des appellations signature de la vallée de l'Annapolis.
Je suis curieux de voir ce que certains de mes collègues d'en face vont penser de ce projet de loi. Chaque accord commercial suscite bien évidemment son lot de critiques, par exemple pour les répercussions qu'il aura sur le secteur agricole. Dans le cas présent, le gouvernement a tenu bon, même si je ne peux évidemment pas parler pour la , puisque je n'étais pas présent à la table des négociations.
Je suis persuadé que le Royaume-Uni souhaitait ardemment avoir accès aux secteurs canadiens assujettis à la gestion de l'offre, mais c'était hors de question pour le gouvernement, car ces secteurs sont trop importants pour les circonscriptions rurales du pays, dont la mienne, Kings—Hants.
Le débat qui se poursuit ce soir nous incite entre autres à établir toutes sortes de comparaisons. Certains députés ont laissé entendre que le gouvernement s'est montré inflexible et n'a pas soutenu suffisamment ce secteur. Rien n'est plus faux. Le gouvernement américain précédent, sous le président Trump, n'a cessé de parler du secteur laitier. Nous étions au fait des problèmes posés par l'offre excédentaire de l'industrie laitière américaine. En fait, de nombreux producteurs américains envisagent de mettre en place un système semblable à ce qui se fait ici, au Canada, car ils réalisent bien que nous possédons un certain contrôle sur nos systèmes d'approvisionnements. À l'heure des changements climatiques, il nous apparaît plus important que jamais de réduire nos émissions de carbone et de veiller à commercialiser uniquement des produits qui seront utilisés. L'ancien président n'a cessé de vouloir trouver des débouchés sur le marché canadien pour les producteurs laitiers des États-Unis.
Nous avons su préserver l'intégrité du système de gestion de l'offre. Plusieurs députés bloquistes se sont exprimés aujourd'hui à propos du projet de loi . Je crois qu'ils avaient appuyé l'entrée en vigueur de l'ACEUM. Si je ne m'abuse, le premier ministre du Québec avait exhorté tous les parlementaires à appuyer cet accord. Par ailleurs, l'ancienne cheffe intérimaire du Parti conservateur, Rona Ambrose, a déclaré qu'il s'agissait du meilleur accord possible pour le Canada.
Je suis fier des mesures prises par le gouvernement pour protéger le système. Je les compare, par exemple, à celles du gouvernement précédent. Nous parlons de l'Accord économique et commercial global. Nous étions vraiment avancés lorsqu'il a été mis en œuvre, mais le député d' pourrait probablement en parler. La situation politique était différente en ce qui concerne les pressions exercées sur le gouvernement pour qu'il renonce à l'accès afin que l'accord commercial se concrétise et les attentes à cet effet. C'est un point que je signale à mes producteurs laitiers quand j'en ai l'occasion. Ils semblent reconnaître la nuance.
Tout commentaire dans le débat de ce soir ou à d'autres occasions qui laisse entendre que le parti n'a pas à cœur la gestion de l'offre est faux.
Enfin, je veux parler des liens culturels qui unissent le Royaume-Uni et le Canada, mais plus particulièrement la Nouvelle-Écosse. Nous avons beaucoup d'histoire commune. Par exemple, la Nouvelle-Écosse compte la plus grande population gaélique en dehors de l'Écosse. Il y a une longue histoire d'immigration du Royaume-Uni, en particulier de l'Écosse, vers la Nouvelle-Écosse. Mon arrière-grand-père a des liens avec le Pays de Galles et est d'origine galloise. Ma fiancée a des liens avec l'Écosse.
Comme je l'ai dit, cet accord commercial est l'occasion, non seulement d'échanger biens et services, ce qui est avantageux pour l'économie et les relations d'affaires, mais aussi de poursuivre l'intégration et de multiplier les possibilités, que ce soit dans le secteur du tourisme ou de la recherche universitaire, de renforcer nos liens avec un pays dont nous sommes encore un dominion afin de pouvoir soutenir nos entreprises et nos particuliers et pour faire en sorte que ces liens culturels sont forts et restent solides.
Je me ferai un plaisir de répondre aux questions de mes collègues.
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Madame la Présidente, je prends la parole aujourd'hui pour débattre du projet de loi , Loi portant mise en œuvre de l’Accord de continuité commerciale entre le Canada et le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord. Depuis que l'Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis a été négocié et signé par le gouvernement conservateur de M. Mulroney dans les années 1980, le libre-échange a joué un rôle essentiel dans l'économie canadienne. Le Canada a conclu plus d'une douzaine d'accords commerciaux avec plus de 50 pays au total. Les accords ont fait tomber les barrières commerciales et ils ont donné aux entreprises canadiennes un meilleur accès au marché mondial.
L'un de ces accords commerciaux, l'Accord économique et commercial global, est entre le Canada et l'Union européenne. Le Royaume-Uni s'étant séparé de l'Union européenne, il serait naturel, ou du moins on pourrait le penser, que le Canada élabore un nouvel accord commercial global avec le Royaume-Uni, avec qui nous avons des liens historiques, des valeurs communes et un partenariat de confiance en matière de renseignement, afin de répondre aux besoins et aux souhaits des deux pays.
Le Royaume-Uni est l'un des plus importants partenaires commerciaux du Canada. En fait, c'est notre troisième marché d'exportation en importance et la quatrième source d'investissements étrangers directs en sol canadien. En ce qui concerne ma province, la Colombie-Britannique, elle est à l'origine de près d'un demi-milliard de dollars d'exportations vers le Royaume-Uni enregistrées en 2019. Parmi les produits exportés, on compte le bois, le bois d'œuvre et le poisson. Au cours de la dernière décennie, les exportations de la Colombie-Britannique vers le Royaume-Uni ont connu une tendance à la hausse. De toutes les provinces et de tous les territoires au Canada, seuls l'Ontario, Terre-Neuve-et-Labrador et le Québec exportent davantage au Royaume-Uni que la Colombie-Britannique. Il est évident que ce lien commercial est très important pour la Colombie-Britannique et l'ensemble du Canada. Je souhaite sincèrement que cette relation commerciale continue de prendre de l'ampleur et de concourir à la prospérité des petites entreprises, de St. John's à Victoria.
Par contre, ce que je ne m'explique pas, c'est pourquoi, étant donné l'importance manifeste de cette relation commerciale pour l'économie canadienne, le gouvernement libéral n'a-t-il pas été mieux préparé et plus disposé à s'asseoir avec l'un de nos plus proches alliés pour négocier un accord commercial qui servirait mieux les intérêts de notre pays? Nous savons que le gouvernement libéral a quitté la table des négociations au mois de mars 2019, pour y revenir seulement en juillet 2020 alors qu'il ne restait que cinq mois pour compléter les négociations et légiférer pour mettre en place un nouvel accord commercial avant que l'accord en vigueur n'expire.
À ce moment-là, il n'y avait pas assez de temps pour bien faire les choses. Nous nous retrouvons maintenant avec un accord qui maintient le statu quo. Le temps passant, le gouvernement libéral a accepté un accord de continuité commerciale qui reprend des dispositions de l'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne. C'est cet accord intérimaire, un copier-coller, que les libéraux veulent maintenant inscrire dans une loi. On pourrait se demander ce qu'il y a de mal à maintenir le statu quo. Je tiens à dire clairement que l'Accord économique et commercial global est un accord avantageux pour le Canada, mais il s'agit d'un accord multilatéral entre le Canada et quelque 27 pays de l'Union européenne, chacun avec son économie, ses biens et ses services uniques.
Il n'a jamais été question que cet accord serve d'accord bilatéral entre le Canada et le Royaume-Uni. Cet accord dupliqué ne fait rien pour résoudre les problèmes commerciaux qui ont surgi depuis les négociations de l'Accord en 2014 ni les problèmes existants ayant trait aux barrières non tarifaires. Les parties intéressées demandent à juste titre un premier accord avec le Royaume-Uni, et non un deuxième Accord économique et commercial global. Il est aberrant que le gouvernement libéral n'ait même pas laissé suffisamment de temps pour adopter cet accord intérimaire avant l'échéance du 31 décembre. Sachant que l'échéance approchait, le gouvernement a signé un protocole d'entente le 22 décembre pour gagner du temps, 90 jours exactement. Cependant, alors que nous débattons aujourd'hui du projet de loi à l'étape de la troisième lecture, même cette prolongation ne nous laisse que jusqu'à la fin du mois pour terminer cette étape et faire passer le projet de loi par toutes les étapes au Sénat. Qu'arrivera-t-il si nous sommes incapables de respecter la nouvelle échéance? Il y aura plus d'incertitude pour les entreprises canadiennes, à un moment où elles sont déjà en difficulté et où elles ont plus que jamais besoin de certitude.
Si le gouvernement avait fait son travail pendant les quatre ans et demi qui se sont écoulés depuis que le Royaume-Uni a décidé, en 2016, de quitter l'Union européenne, nous aurions devant nous un accord commercial complet, moderne et bien adapté, fondé sur des consultations rigoureuses avec des entreprises et des organisations syndicales de notre grand pays. Le gouvernement aurait dû consulter des exportateurs de bois d'œuvre de la Colombie-Britannique, des mineurs des mines d'or de l'Ontario, des pêcheurs de Terre-Neuve-et-Labrador et des producteurs de bœuf de l'Alberta et du Québec. Au lieu de cela, il a laissé traîner les choses et il a laissé les Canadiens dans l'ignorance.
Bien qu'on nous ait dit qu'il ne s'agissait que d'une solution temporaire, comme le ruban adhésif qui colmate un tuyau qui fuit, dans les faits, l'accord ne contient aucune disposition de caducité, donc aucune date de fin. Bien que l'accord indique qu'il faudra engager des négociations portant sur un nouvel accord au plus tard un an après la ratification de l'accord de continuité et conclure ce nouvel accord dans les trois ans, on ne prévoit aucune pénalité spécifique si l'une ou l'autre partie choisit de ne pas se présenter à la table de négociations.
Le point 4 de l'article IV de l'accord de continuité dit ceci: « Les Parties s'emploient à conclure les négociations [...] dans les trois ans à compter de la date de l'entrée en vigueur du présent accord. » Dans les faits, le devoir de négocier n'est vraiment pas un devoir. Cet accord pourrait rester en vigueur éternellement, à toutes fins pratiques, et n'être jamais remplacé par l'accord complet et bien réfléchi que méritent les Canadiens.
Le gouvernement libéral a pris l'habitude dangereuse de faire adopter à toute vitesse des projets de loi importants sans consultation appropriée. Je l'ai constaté trop souvent, notamment dans le cadre de mon travail en tant que membre du comité de la justice, et c'est ce qui se produit encore en ce moment. Le Royaume-Uni a voté pour son retrait de l'Union européenne en juin 2016; or, en 2021, nous nous en remettons encore à un protocole d'entente qui arrivera à échéance dans trois semaines.
Étant donné que le gouvernement libéral n'a pas pris cette relation commerciale au sérieux, les Canadiens doivent composer avec un protocole d'entente en attendant la conclusion d'un accord commercial temporaire avec notre cinquième partenaire commercial en importance. Le gouvernement libéral a donc causé inutilement de l'incertitude pour les innombrables entreprises canadiennes qui importent des produits du Royaume-Uni, qui exportent des produits vers ce pays ou qui sont tributaires d'investissements en provenance du Royaume-Uni.
La dernière chose dont les Canadiens ont besoin en ce moment, c'est plus d'incertitude. Or, c'est ce que le gouvernement libéral leur a apporté à maintes reprises. Qu'il s'agisse de son incapacité à négocier un nouvel accord adapté à nos besoins ou de son refus de présenter un budget fédéral depuis deux ans, il devient évident que le gouvernement considère l'économie, les emplois et le commerce comme des questions secondaires. On peut cependant se demander pendant combien de temps les Canadiens pourront se permettre de tels échecs et combien de temps il faudra attendre avant que les Canadiens, qui font normalement preuve de résilience, finissent par en avoir assez.
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Madame la Présidente, je commencerai mon intervention comme je le fais si souvent: en racontant une anecdote. J'ai le privilège de pouvoir représenter à la Chambre les braves gens de Calgary Midnapore et de parler en leur nom. Je vais maintenant raconter l'une de mes histoires favorites.
Il y a plusieurs années, quand j'étais plus jeune et en meilleure condition physique, j'ai reçu la médaille d'or du Prix du Duc D'Édimbourg. J'étais très emballée de me voir décerner ce prix. Je sais que de nombreux jeunes Canadiens d'un bout à l'autre du pays y aspirent et que le prix comporte plusieurs niveaux différents. J'étais très motivée à obtenir la médaille d'or. Pour ce faire, je devais compléter quelques volets, notamment la condition physique, le plein air et le service communautaire. J'ai déployé beaucoup d'énergie pour décrocher cette médaille, qui m'a été décernée par le prince Philip. Il était merveilleux de pouvoir le rencontrer. Je souhaite lui adresser, à lui et à sa famille, mes meilleurs vœux. C'était l'une des occasions où j'ai le plus appris à connaître le Royaume-Uni et tout ce qu'il a à offrir.
Bien sûr, les affaires étrangères et la diplomatie ont continué de m'intéresser et, au début des années 2000, lorsque j'ai passé l'examen du service extérieur et que j'ai heureusement été acceptée, je suis partie en service temporaire en Argentine. Je suis ensuite devenue chargée d'affaires au Salvador, ce qui a été pour moi un moment de grande fierté.
C'était une période merveilleuse pour représenter le Canada à l'étranger. En tant que chargée d'affaires, lorsque le chef de mission était à l'extérieur du pays, j'avais l'honneur d'agir en tant que représentante du Canada. Ma cérémonie d'accréditation a eu lieu au Salvador, au palais présidentiel. Le cortège a traversé le pays. Lorsque l'ambassadrice canadienne et moi avons reçu notre accréditation, on m'a dit de toujours rester aux côtés de l'ambassadrice, sauf lorsqu'elle était hors du pays. J'étais très fière d'assumer ce rôle.
Je me rappelle une fois où j'ai eu de la chance. Le projet de loi , un accord entre quatre pays d'Amérique centrale et le Canada, était en cours de négociations et un des cycles de négociations devait avoir lieu alors que la cheffe de mission était à l'étranger. C'était donc à moi de représenter le Canada. J'étais très excitée et nerveuse. Je me suis rendue dans la salle sécurisée, comme le faisaient les diplomates à l'époque, où j'ai trouvé un document transmis par télécopie. Je l'ai pris et j'ai lu les notes sur la position canadienne sur le porc et le sucre un grand nombre de fois. Je me suis préparée encore et encore.
Le grand moment est arrivé et je suis partie pour le bureau du ministre du Commerce au Salvador, avec mes papiers et des idées claires sur nos positions. Le ministre du Commerce s'est approché de moi, m'a pris l'enveloppe des mains et m'a dit d'informer mon gouvernement que son pays prendrait contact avec le mien dans les deux semaines. Le grand moment pour lequel je m'étais préparée était passé.
Ce que je veux dire, c'est que les diplomates ne font que ce que leur gouvernement leur demande de faire. J'en ai aussi parlé plus tard à la Chambre lorsque le chef actuel de l'opposition officielle m'a demandé d'expliquer ce qui s'était malheureusement passé à notre haut-commissariat en Inde, lorsque le gouvernement y avait organisé un événement auquel un terroriste présumé avait participé. J'ai expliqué à la Chambre ce qui se passe dans un tel cas. J'ai expliqué au caucus ce qu'implique l'examen d'une liste de personnes invitées à un événement et comment cela se passe.
Je persiste à penser qu'une diplomate ou une négociatrice commerciale obéit aux directives de son gouvernement, comme en témoigne ma propre expérience de négociation ayant conduit au projet de loi . Malheureusement, le nouvel accord a eu pour effet de mettre fin à la participation d'autres pays et a entraîné la signature d'un accord unilatéral avec le Honduras. Au moins, nous avons eu certains résultats.
Je suis déçue par la réponse du gouvernement à l'égard de plusieurs enjeux, dont cet accord, car on pourrait faire beaucoup plus. Je pense notamment aux débouchés commerciaux qui auraient pu être saisis par le gouvernement en contexte de pandémie. Il va sans dire que nous avons vécu une année très difficile. Nous approchons du premier anniversaire de la pandémie, ce qui me rappelle la journée où nous avons tous dû quitter cette magnifique enceinte.
Lorsque cet événement s'est produit et que nous avons tous assisté à des bouleversements planétaires, je me suis dit qu'il serait particulièrement opportun pour le Canada de réévaluer sa position dans le monde. Si j'avais été première ministre, j'aurais fait l'inventaire complet des ressources naturelles du pays d'un océan à l'autre: les énergies, les minéraux, l'agriculture, les textiles, etc. Par ailleurs, j'aurais tenu compte des changements sur les marchés et des économies émergentes. Je me serais probablement efforcé de réduire notre dépendance envers la Chine et l'Europe, tout en explorant les possibilités offertes par les marchés sur le continent américain.
On constate que de belles occasions ont été ratées dans ce projet de loi. C'est malheureusement un mauvais pli qu'a pris le gouvernement. La fâcheuse situation survenue en Inde dont j'ai parlé et celle qui concerne l'accord dont il est question relèvent du fait que le gouvernement n'est pas guidé par des valeurs en politique étrangère. C'est toujours la même histoire qui se répète. La façon dont le gouvernement gère la situation avec la Chine en est un autre exemple, tout comme le fait que les deux Michael demeurent incarcérés. Nous l'avons également constaté avec l'absence manifeste de volonté et de bon sens du gouvernement, qui a refusé de dénoncer la Chine lorsque la motion concernant les Ouïghours a été présentée. Les messages de la vice-première ministre sur Twitter au sujet de l'Arabie saoudite en sont également un exemple. J'aurais aussi voulu que nous adoptions une position plus ferme à l'endroit du Venezuela.
Tout cela nous indique que le gouvernement ne respecte aucune valeur en politique étrangère. Encore une fois, l'accord commercial à l'étude n'est qu'un sous-produit de l'incapacité du gouvernement à se doter d'une politique étrangère stratégique et cohérente visant à défendre les intérêts des Canadiens et du Canada.
Ce qui m'attriste le plus, ce sont les occasions ratées par le gouvernement, comparativement à ce qu'a accompli le gouvernement précédent, dont a fait partie l'intervenante précédente, le gouvernement des Harper, Kenney et Baird, de grands politiciens. J'ai eu la chance d'être conseillère politique à l'époque. J'ai mis ma carrière au service extérieur sur la glace pendant un an pour servir l'actuel député de , qui était ministre d'État responsable des Amériques à l'époque.
Nous étions guidés par des principes, dont la démocratie. Défendons-nous vraiment la démocratie ici au Canada et servons-nous d'exemple pour le monde en ce moment? Je ne le pense pas. Est-ce que nous défendons la justice? Je ne le pense pas. Est-ce que nous défendons la prospérité du monde et celle des Canadiens en ce moment? Je ne le pense pas. Ce n'est certainement pas ce que je vois dans l'accord commercial.
Je ne me limite pas à l'accord commercial. Comme je l'ai dit, j'ai l'impression que le gouvernement libéral n'a fait que rater des occasions. Nous l'avons vu avec la pandémie; il aurait pu mieux se préparer, mieux préparer les Canadiens et ainsi éviter bien des difficultés, des cas d'infection et des décès au cours de la dernière année, qui a été désastreuse. Le gouvernement n'était pas bien préparé sur le plan économique et a raté de belles occasions. J'inclurais l'accord commercial dans l'incapacité du gouvernement à regarder vers l'avenir.
Cette incapacité à penser à l'avenir pour assurer la prospérité économique du Canada est au cœur de la motion de l'opposition dont nous sommes saisis aujourd'hui. Enfin, c'est une occasion ratée pour la politique étrangère de défendre des valeurs canadiennes solides, notamment au moyen de l'accord commercial.
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Madame la Présidente, d'abord, je m'exprime à titre de porte-parole du Bloc québécois en matière de commerce international.
Le Bloc, comme nous l'avons dit, est en faveur du projet de loi concernant l'Accord de continuité commerciale entre le Canada et le Royaume-Uni, mais sans débordement d'enthousiasme. Notre position est claire, elle l'a toujours été: nous sommes en faveur de l'ouverture commerciale qui est nécessaire à nos PME et en faveur de la diversification des marchés. C'est particulièrement intéressant pour nous, à la lumière de l'histoire, de constater qu'il est possible pour un pays qui gagne ou qui regagne son indépendance et donc sa souveraineté commerciale, comme c'est le cas du Royaume-Uni après le Brexit, de reproduire rapidement les accords qui ont été signés avant par le grand ensemble douanier qu'il quitte.
Bien sûr, ce nouveau pays sera ensuite appelé à renégocier des accords sur une base plus permanente, mais il n'y a pas de trou noir. Il n'y a pas de période de vide où le pays, nouvellement indépendant, se retrouverait sans partenaires commerciaux ou sans ententes internationales. À ce sujet, c'est assez intéressant parce que nous, indépendantistes québécois, nous prenons des notes. Nous avons pris des notes de cet épisode et nous serons prêts à répondre adéquatement et à contrer les arguments de peur qui émaneront assurément sur cette question depuis ce Parlement quand la question de l'avenir du Québec se posera à nouveau.
Nous sommes donc en faveur de l'ouverture commerciale, mais nous n'accorderons jamais de soutien béat et inconditionnel au libre-échange si celui-ci en venait à mettre à mal notre modèle agricole, s'il nuisait à l'environnement, s'il favorisait une privatisation des services publics, s'il minait l'octroi de contrats à nos entreprises. Nous ne serons jamais en faveur non plus d'accords s'ils devaient entraîner une perte de souveraineté et de démocratie au profit de multinationales qui ont pour but le profit.
En regardant l'Accord de continuité commerciale Canada—Royaume-Uni, ou ACCCRU, on peut dire que le pire a été évité. Il n'y a pas de brèche dans la gestion de l'offre, fort heureusement; le travail avait tristement déjà été fait dans l'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne, ou AECG.
Finalement cet accord est peu audacieux, mais il permet quand même de garder un accès à court terme. Je dis à court terme, parce que cet accord est censé être transitoire. Rappelons-le, nous devons en arriver à un accord permanent par la suite.
Quand on parle de libre-échange, cela a toujours l'air très abstrait, mais en réalité, si on se trouve au ras des pâquerettes, cela finit par avoir une allure très concrète. Selon toute vraisemblance, le projet de loi sera adopté dans les prochaines heures, et rien ne nous interdit maintenant de nous tourner vers l'avenir.
Il y a quelque chose de fâchant dans ce type de processus, et c'est que nous, parlementaires, en venons toujours à estampiller un accord tel qu'il nous est présenté. Le texte est là, le voici, nous n'avons plus rien à dire. Nous ne sommes jamais consultés en amont, alors que nous devrions l'être avant même que les négociateurs partent négocier. Nous devrions pouvoir leur donner des mandats, nous sommes parlementaires, nous sommes là pour porter les positions de nos concitoyens, nous devrions être consultés beaucoup plus souvent, nous devrions avoir des rapports à différentes étapes de la négociation. Malheureusement, nous n'avons rien de tout cela.
D'ailleurs, c'est la raison pour laquelle une des premières choses qu'il nous faut exiger dès maintenant, c'est plus de transparence. Les provinces et les parlementaires doivent être davantage impliqués lors des prochains pourparlers. Les élus de la Chambre des communes sont chargés de défendre les intérêts et les valeurs de leur population. Ils doivent faire autre chose que seulement estampiller des accords au terme d'un processus cachotier. Nous sommes autre chose que des figurants.
D'ailleurs, entre 2000 et 2004, le Bloc québécois a déposé à la Chambre plusieurs projets de loi à cet effet. Bien sûr, lors de l'Accord Canada—État-Unis—Mexique, il y a eu cette entente entre nos collègues du Parti libéral et ceux du Nouveau Parti démocratique pour l'obtention d'un engagement à transmettre davantage d'information aux élus. La s'y était engagée à ce moment-là. Malheureusement, même si c'est un pas dans la bonne direction en apparence, le gouvernement nous a demandé avant les Fêtes d'étudier l'accord avec le Royaume-Uni sans en avoir le texte. Nous recevions des témoins comme la , mais nous n'avions pas le texte.
C'est à ce moment-là que nous en aurions eu besoin. Peut-on imaginer à quel point c'était une scène burlesque, un théâtre de l'absurde? Le Comité permanent du commerce international a dû étudier cet accord sans en avoir le texte et je pense qu'on ne comprend pas à quel point c'était absurde.
Comme parlementaires, nous devons êtes tenus au courant à chaque étape des procédures, avant même que le négociateur ne prenne l'avion ou ne se prépare à sa rencontre virtuelle. Cela évitera aux parlementaires de se prononcer sur un accord sans avoir les informations et les renseignements nécessaires, les empêchant ainsi de faire un choix éclairé. Cela va apporter plus de transparence au processus de négociation.
En ce qui concerne les provinces, rappelons que, lors des négociations avec l'Europe qui ont mené à la ratification de l'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne en 2017, le Québec a pu envoyer son représentant lors des discussions. Toutefois, cette participation du Québec n'était pas une volonté canadienne, mais résultait plutôt d'une demande de l'Europe, l'Union européenne devant passer par les parlements de ses États membres et ayant donc demandé que les provinces canadiennes soient présentes.
L'accord de continuité commerciale Canada—Royaume-Uni comporte des éléments pour lesquels le représentant du Québec s'est battu. Ainsi, la Société de transport de Montréal a des droits acquis lui permettant d'avoir 25 % de contenu local et donc d'offrir des contrats pour des wagons, des autobus ou autres.
C'est un recul par rapport à ce qui prévalait avant l'entente avec l'Europe, mais on peut quand même dire qu'on a sauvé les meubles malgré tout dans ce nouvel accord avec le Royaume-Uni. Ce n'est pas parce que le Canada s'est battu pour cela, mais parce que c'est un copier-coller de l'entente avec l'Europe. On peut s'attendre à ce que cela saute lorsqu'il y aura une entente permanente, ce qui constitue une raison de plus pour que les provinces et les parlementaires s'entendent avant les négociations afin de mandater les négociateurs.
D'ailleurs, le Québec et les provinces peuvent officiellement refuser l'application d'un accord sur leur territoire. Nous affirmons avec force le prolongement des compétences du Québec au-delà de ses frontières, comme le Conseil privé de Londres l'a lui-même reconnu dans une décision rendue il y a plusieurs décennies, laquelle a mené à l'établissement de la doctrine Gérin-Lajoie, très importante au Québec.
À terme, seule l'indépendance va nous permettre de véritablement faire valoir nos positions sur la scène internationale, puisqu'un négociateur canadien aura toujours tendance à privilégier les intérêts du reste du Canada au détriment de ceux du Québec. D'ici là, il demeure nécessaire de pouvoir autant que possible faire entendre notre voix.
Il faut donc que le Parlement se dote de procédures pour augmenter le niveau de contrôle démocratique exercé sur les accords. Nous n'avons pas le choix. Le ministre responsable de la ratification d'un accord devrait être obligé de déposer devant le Parlement un mémoire explicatif et prévoir un délai suffisant pour obtenir l'approbation des parlementaires avant toute ratification. Cela devrait être le strict minimum dans le Parlement d'un pays prétendument démocratique. Cela devrait aller de soi.
Parlons aussi de ce que nous pouvons anticiper. J'ai donné l'exemple de l'octroi de contrats, et on parle beaucoup d'achat local depuis le début de cette pandémie. À l'heure actuelle, la gestion de l'offre demeure protégée, heureusement, mais on sait que le Royaume-Uni souhaite exporter davantage de fromage. Nous l'avons échappé belle pour l'instant, mais l'accord permanent pourrait être encore pire et nous réserver des lendemains qui déchantent sur cette question. J'aurais donc tendance à dire qu'il faudrait pour cette raison adopter le projet de loi , qui protège la gestion de l'offre et notre modèle agricole dans son intégralité. Cela nous éviterait d'avoir à nouveau de mauvaises surprises. Nos producteurs de lait, de volailles, d'œufs ont assez donné. Cela suffit.
Un autre élément très important et l'une des raisons pour lesquelles nous appuyons l'accord est que le fameux mécanisme de règlement des différends investisseurs-États ne s'appliquera pas pendant au moins deux ans. Qui plus est, il pourrait ne pas s'appliquer dans deux ans s'il n'y a pas eu d'entente au sein de l'Union européenne.
Faisons un scénario de politique-fiction. Si jamais les deux ans étaient écoulés, qu'il y avait une entente au sein des pays de l'Europe, qu'on en arrivait à un tel mécanisme et qu'on n'avait pas relancé les discussions sur un accord permanent, il faudrait trouver quelque chose comme un échange de lettres ou une autre formule du genre pour ne pas que cela s'applique. D'ailleurs, il ne faut pas que cela figure dans tout autre accord à venir. L'Accord Canada—États-Unis—Mexique a éliminé cette possibilité, fort heureusement.
C'est quelque chose d'extrêmement grave. Dans l'ancien ALENA de 1994, on avait inclus, au chapitre 11, la protection des investisseurs étrangers dans un territoire donné et la capacité de ces investisseurs, si jamais ils étaient expropriés ou s'ils étaient victimes de ce qu'on appelait l'équivalent d'une expropriation, de poursuivre les États devant un tribunal d'arbitrage créé pour l'occasion.
Sur papier, cela semble tomber sous le sens. Quand on investit quelque part, on ne veut évidemment pas être victime des politiques de l'État où l'on est. Par contre, quand on regarde ce que cela donne concrètement, on réalise que ce qu'il y a là-dedans est extrêmement grave. On constate qu'il y a un risque réel d'appliquer le mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États à l'ensemble des règles ou des lois de nature économique qui pourraient porter préjudice au profit privé. Est-ce que cela ouvre la voie au démantèlement des politiques nationales? Chose certaine, il devient de plus en plus ardu pour un État de légiférer sur des questions liées, par exemple, à la justice sociale, à l'environnement, aux conditions de travail ou à la santé publique. Si telle ou telle société transnationale se croit lésée dans sa capacité à faire des profits, elle va avoir un recours. Là, on se demande ce que cela donne concrètement. Tout d'abord, je précise qu'un litige commercial est généralement long et, par conséquent, extrêmement lucratif pour les cabinets d'avocats. Un document de deux organisations non gouvernementales a déjà démontré tout l'intérêt des grands cabinets spécialisés en droit commercial à se lancer dans les litiges complexes.
Le ralentissement des ententes multilatérales, depuis quelques années, n'a rien changé au fait que plus de 3 000 traités bilatéraux sur la protection des investissements existent actuellement dans le monde. Je vais donner un exemple et l’on me demandera encore ce que cela donne concrètement. Je vais dresser une petite liste des poursuites commerciales subies par les États à cause de tels mécanismes. Cela donne froid dans le dos.
En 1997, le Canada a décidé de restreindre l'importation et le transfert de l'additif à carburant MTM, soupçonné d'être toxique. Ethyl Corporation a poursuivi le gouvernement canadien pour lui arracher des excuses et 201 millions de dollars.
En 1998, S.D. Myers Inc. a déposé une plainte contre le Canada relativement à l'interdiction, entre 1995 et 1997, d'exporter des déchets contenant des BPC. Les BPC sont des produits chimiques synthétiques extrêmement toxiques employés dans l'équipement électrique. Le Canada a perdu devant le tribunal constitué sous l'ALENA.
En 2004, en vertu de l'ALENA, Cargill, une compagnie de boissons gazeuses, a obtenu 90,7 millions de dollars américains du Mexique, reconnu coupable d'avoir créé une taxe sur certaines boissons gazeuses, lesquelles sont à l'origine d'une grave épidémie d'obésité au pays.
En 2008, Dow AgroSciences a déposé une plainte après que le Québec a adopté des mesures visant à interdire la vente et l'utilisation de certains pesticides sur les surfaces gazonnées. Le cas a fait l'objet d'un règlement à l'amiable impliquant la reconnaissance. Le Québec a dit qu'il fallait arrêter la poursuite. On va dire que les produits ne présentent pas de risque tant qu'on lit l'étiquette.
Il y a plusieurs autres exemples. En 2009, l'entreprise Pacific Rim Mining a poursuivi le Salvador pour perte de profits escomptés. Le Salvador ne lui avait pas octroyé de permis pour exploiter une mine d'or, parce que l'entreprise n'était pas conforme aux exigences nationales. En 2016, le Salvador a finalement obtenu gain de cause. Au moins l'État a gagné, mais la poursuivante lui a payé seulement les deux tiers de ses dépenses de défense. On s'entend pour dire que le Salvador n'est pas un pays qui roule sur l'or. Les 4 millions de dollars américains perdus dans un pays qui en arrache auraient bien pu servir à des programmes sociaux dans ce pays.
En 2010, AbitibiBowater a fermé certaines de ses installations terre-neuviennes et mis à pied des centaines d'employés, ce à quoi le gouvernement de la province a répondu en reprenant l'actif hydroélectrique. AbitibiBowater ne l'a pas accepté et a intenté une poursuite. Pour éviter un long conflit juridique, Ottawa a offert 130 millions de dollars à l'entreprise. Il y a eu une entente à l'amiable, avec un chèque à la sortie.
Dans AbitibiBowater, il y a le nom Abitibi. L'Abitibi se trouve au Québec, et ce dernier fait encore malheureusement partie du Canada. De plus, sachant que son siège social se trouve à Montréal, en quoi est-ce un investisseur étranger?
Cela montre aussi tous les stratagèmes qui existent. L'entreprise s'est enregistrée au Delaware, un paradis fiscal, afin de se présenter comme un investisseur étranger.
Prenons d'autres exemples. En 2010, Tampa Electric a obtenu 25 millions de dollars du Guatemala, qui avait adopté une loi pour établir un plafond sur les tarifs électriques. La plainte, qui remontait à l'année précédente, avait été faite en vertu de l'Accord de libre-échange de l'Amérique centrale. En 2012, le groupe Veolia a, quant à lui, poursuivi l'Égypte à cause de la décision du pays d'augmenter le salaire minimum.
Il y a de nombreux autres exemples, mais ce pourrait être très long de les énumérer. Ici, le cas le plus récent remonte à 2013, quand Lone Pine Resources avait annoncé son intention de poursuivre Ottawa à cause du moratoire québécois sur les forages sous les eaux du fleuve Saint-Laurent.
Tout cela nous indique que le mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États permet une véritable confiscation de la démocratie par les puissances multinationales, qui n'ont pour seul but que le profit.
Il est à noter, comme je le disais tout à l'heure, que plusieurs entreprises étaient issues du pays qu'elles poursuivaient, où il y avait moyen de s'enregistrer ou de s'incorporer. Les transnationales n'ont pas toujours gagné ces poursuites, fort heureusement, mais ces dernières continuent de se multiplier. Les États doivent fournir des ressources financières et techniques pour assurer leur défense. Ce mécanisme est à sens unique: l'État est toujours défendeur et la multinationale est toujours demanderesse.
Selon un rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement, datant de 2013, les États ont gagné ces poursuites dans 42 % des cas, contre 31 % pour les entreprises. Le reste a été l'objet de règlements à l'amiable. Cela signifie donc que les poursuivants ont pu faire reculer, en totalité ou de façon partielle, la volonté politique et démocratique des États dans 60 % des cas.
Ces chiffres sont énormes, mais ils négligent un facteur non quantifiable, à savoir la pression permanente que fait peser ce mécanisme sur les États. Les décideurs publics s'autocensurent. Ainsi, derrière les portes des ministères, ils décident de ne pas mettre en place telle politique parce qu'ils ne veulent pas être poursuivis. L'existence de cette pression et d'un climat d'autocensure est évidente. En 2014, un rapport de la Direction générale des politiques externes de l'Union européenne disait qu'il y avait bel et bien un effet de dissuasion sur les décisions politiques.
Je vais donner un exemple. En 2012, l'Australie a imposé le paquet de cigarettes neutre, interdisant ainsi de mettre un logo. La compagnie de produits de tabac Philip Morris International, qui avait aussi poursuivi l'Uruguay en 2010 pour ses politiques en matière de tabac, a poursuivi l'État australien en s'appuyant sur un traité entre Hong Kong et l'Australie. Au moment où cela s'est passé, la Nouvelle-Zélande a suspendu l'entrée en vigueur de la politique du paquet neutre et, au Royaume-Uni, le débat qui devait avoir lieu a été reporté. On voit donc qu'il y a un climat d'autocensure. La France a attendu trois ans avant de mettre en place cette politique dans l'Hexagone.
Les multinationales sont parfois plus puissantes que les gouvernements, et, si les volontés et la sécurité des peuples nuisent à leurs profits, on les écarte. Cela est extrêmement grave. En ces temps de pandémie, en particulier, nous n'avons pas besoin de ce mécanisme dans de futurs accords. S'il ne s'applique pas à court terme dans l'accord avec le Royaume-Uni, tant mieux. Nous allons tout faire pour qu'il ne s'applique jamais. Nous exigeons du Canada qu'il s'y oppose lors des futures négociations avec le Royaume-Uni en vue de l'établissement de l'accord permanent.
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Madame la Présidente, je suis heureux de prendre la parole de nouveau pour parler des liens commerciaux entre le Canada et le Royaume-Uni. D'abord, je pense que nous pouvons tous nous mettre d'accord sur l'importance de nouer des liens commerciaux avec le Royaume-Uni. Il va sans dire que nos rapports commerciaux avec le Royaume-Uni remontent à très longtemps, aux origines mêmes de notre pays en fait.
Le débat d'aujourd'hui s'articule plutôt autour des modalités de nos échanges commerciaux avec le Royaume-Uni. Je suis satisfait que les discussions aient notamment porté sur le règlement des différends entre investisseurs et États dans les accords commerciaux, car c'est un irritant de longue date pour de nombreux Canadiens. Le NPD est très fier d'avoir fait entendre la voix de ces Canadiens mécontents au fil des ans.
Le député qui vient de parler a énuméré les nombreuses façons dont le Canada a été exploité et a perdu de l'argent et des occasions de mettre en œuvre de bonnes politiques publiques en raison des dispositions sur le règlement des différends entre les investisseurs et l'État — je sais que de nombreux députés, dont beaucoup de néo-démocrates, les ont énumérées par le passé. Lorsque nous examinons les modalités d'un accord, comme le ferait n'importe quelle entreprise, nous voulons déterminer les cas où ces modalités sont logiques et ceux où nous payons un coût trop élevé pour un type d'avantage particulier.
En réalité, les dispositions sur le règlement des différends entre les investisseurs et l'État ont eu un effet paralysant sur les bonnes politiques publiques, que ce soit dans le domaine de l'environnement, des droits des travailleurs ou de la santé publique. Si on tient compte de leurs répercussions et des avantages que le Canada a reçus en échange, ces dispositions n'ont jamais valu la peine et ne le valent pas davantage aujourd'hui.
Au cours de la présente législature, j'ai l'honneur de siéger au comité du commerce international. Toutefois, d'une part, des groupes nous disent attendre avec impatience que le Canada signe le prochain accord de libre-échange et, d'autre part, ils soulèvent tous les problèmes qui découlent des accords commerciaux et demandent pourquoi ils n'obtiennent pas l'accès aux marchés qu'ils sont tellement ravis d'obtenir sur papier, mais qu'ils n'obtiennent pas en réalité. Je pense notamment à l'industrie bovine, qui est très frustrée de ne pas obtenir l'accès aux marchés qu'elle était censée obtenir au titre de l'Accord économique et commercial global. Les fabricants canadiens, qui sont pourtant des partisans du libre-échange, nous disent qu'ils sont incapables de profiter des occasions que ces accords leur offrent sur papier. Selon un rapport récent, le déficit commercial du Canada avec l'Europe a augmenté considérablement depuis la signature de l'Accord économique et commercial global.
Tôt ou tard, il faudra examiner tous ces éléments et se demander si ces accords fonctionnent vraiment plutôt que de simplement adopter la position idéologique et dogmatique qui est, bien franchement, propre aux libéraux et aux conservateurs. Depuis très longtemps, ces deux partis et les grands médias au Canada s'entendent pour dire que, peu importe l'accord commercial, ce qu'il contient est bon.
Pendant les travaux du comité, j'ai eu l'occasion de demander à des représentants du monde des affaires quelles données empiriques pourraient — ne serait-ce qu'en principe, au-delà des données actuelles — les convaincre qu'un accord de libre-échange ne servirait peut-être pas les intérêts du Canada. Plus d'une fois, j'ai eu comme réponse qu'aucune donnée ne pourrait les convaincre. Dès que l'étiquette « accord de libre-échange » est donnée à quelque chose, ils considèrent que c'est une bonne idée, peu importe de quoi il s'agit. Le truc en question aura beau être catastrophique, s'il porte l'étiquette « accord de libre-échange », ils fonceront tête baissée.
Ce que les néo-démocrates tentent de faire valoir depuis des années, c'est que les modalités d'un accord ont de l'importance, comme les gens d'affaires prudents devraient aussi le souligner. De quoi la Chambre est-elle saisie actuellement? Il s'agit prétendument d'un accord de continuité, parfois désigné comme un « accord commercial transitoire », une fausseté évidente, comme je l'ai déjà expliqué.
Je prends un moment pour revenir sur le long fiasco qu'a été ce processus. Je me souviens que, pendant la dernière législature, tandis que nous débattions de l'Accord économique et commercial global, le Royaume-Uni organisait un référendum pour déterminer s'il resterait ou non dans l'Union européenne.
Sur les banquettes néo-démocrates, nous pensions que cela changeait les choses si l'Accord économique et commercial global était avantageux ou non. Puisque 40 % des exportations du Canada vers l'Europe sont destinées au Royaume-Uni, on serait porté à croire que le fait que ce pays soit inclus ou non dans l'accord aurait de l'importance. Or, les néo-démocrates se sont fait dire qu'ils ne comprenaient rien au commerce ou au monde des affaires. Encore une fois, on retrouve le même sous-entendu: ce qui est inclus ou non dans l'accord ne fait aucune différence. Apparemment, il n'est même pas important de savoir quelles parties signent l'accord, pourvu qu'on le désigne comme un accord de libre-échange, c'est tout ce qui compte. Nous n'avions même pas besoin d'en connaître le contenu. Qui s'en préoccupe? Les magnats du monde des affaires nous ont simplement dit que c'était une bonne idée, alors nous leur avons demandé où apposer notre signature. C'était ridicule.
Personne n'essayait de prédire le résultat du référendum sur le Brexit. Les néo-démocrates faisaient seulement valoir qu'il était important d'en connaître l'issue et qu'il ne rimait à rien de recourir à l'attribution de temps pour forcer la ratification de l'Accord économique et commercial global avant de savoir si le Royaume-Uni sortait ou non de l'Union européenne. On nous avait répondu non, que le Canada devait ratifier l'accord sans tarder. Tout avait été signé, scellé et livré avant même de connaître le résultat du référendum. Puis, évidemment, le référendum n'a pas donné le résultat qu'espéraient bon nombre de gens. De nombreuses autres personnes ont plutôt vu leur souhait s'exaucer. La saga du Brexit est ainsi née.
Le Canada s'est retrouvé dans une position défavorable parce qu'il avait déjà signé un accord, et peu de temps après, les modalités fondamentales de cet accord étaient déjà en train de changer. Il était clair pour tous que, avant que le Canada ne ratifie l'accord, il y avait une possibilité très réelle que nous nous retrouvions dans la position dans laquelle nous nous sommes finalement retrouvés.
Que s'est-il passé ensuite? Pas grand-chose. Il y a quelques années, des conversations initiales ont eu lieu pour essayer de parvenir à un accord. On a fait beaucoup état de l'enthousiasme du gouvernement libéral à l'idée d'être l'un des premiers à signer un accord avec le Royaume-Uni, mais cela n'est pas arrivé, car, comme on le sait, il a quitté la table des négociations pendant plus un an. Puis il a essayé de se reprendre à la toute dernière minute, comme il l'a fait dans de nombreux autres dossiers.
Le gouvernement a enfin décidé de reprendre les négociations à la fin de l'été dernier. Il en a résulté une copie carbone d'un accord, qui était assez trompeuse. Depuis le début, on nous disait que l'occasion de conclure un accord robuste était révolue. L'occasion d'essayer de conclure un accord commercial progressiste modèle — et non un accord qui laisserait les multinationales décider des politiques publiques — était révolue. L'occasion de conclure un accord commercial présentant des dispositions s'inspirant des besoins des gens et des travailleurs ordinaires — plutôt que des besoins des multinationales — était révolue.
On a tergiversé jusqu'à ce que cette occasion soit révolue, mais on nous a dit de ne pas nous inquiéter, car nous aurions un accord transitoire. Je pense que toute personne raisonnable aurait cru qu'il s'agirait d'un accord temporaire, une solution provisoire pour maintenir le statu quo pendant un certain temps en attendant que les négociations reprennent. Nous saurions alors que nous allions avoir soit un nouvel accord distinct et — espérons-le — meilleur, soit rien du tout, soit un accord de prolongation.
C'est au contraire cet accord-ci qu'on nous propose, et sans la moindre consultation préalable. Nous savons qu'il n'y a pas eu de consultations parce que nous avons posé la question aux gens du comité et qu'ils ont répondu qu'il n'y en avait pas eu. Certains l'ont dit haut et fort, d'autres en étaient plus ou moins embarrassés, mais personne n'a prétendu avoir été consulté au sujet de l'accord que voici.
Comble de la malhonnêteté, le gouvernement a même tenté de nous faire croire que les consultations qui ont précédé la conclusion de l'Accord économique et commercial global valaient aussi pour celui-ci. Or, cela n'a rien à voir, car s'il s'agit ici d'un accord bilatéral, l'Accord économique et commercial global engageait au contraire 26, 27 ou 28 États. Les éléments à prendre en considération sont tout à fait différents dans ce cas-ci, car les possibilités, les risques et les avantages ne sont pas les mêmes selon qu'on parle d'un accord bilatéral avec le Royaume-Uni ou d'un autre, multilatéral, avec la totalité des pays d'Europe. Ce point semble avoir échappé aux libéraux quand, pendant la dernière législature, le Royaume-Uni a annoncé qu'il tiendrait un référendum sur sa sortie de l'Union. Le pire, c'est qu'ils ont fait la même erreur quand ils ont prétendu que les consultations qui ont mené à la conclusion de l'Accord économique et commercial global valaient aussi pour le futur accord avec le Royaume-Uni, car ils ont fait preuve du même aveuglement dans un cas comme dans l'autre.
Malgré cela, les libéraux font fi du fait que les consultations concernant l'Accord économique et commercial global ont eu lieu en bonne partie — ou plutôt en totalité — lorsque le Royaume-Uni faisait partie de l'Europe. C'est donc dire que la nature même de l'Accord économique et commercial global a changé considérablement. Par conséquent, il est tout simplement faux d'affirmer que les consultations menées à l'égard de cet accord étaient aussi suffisantes pour conclure un accord bilatéral avec le Royaume-Uni, étant donné que les entreprises et les autres intervenants ont donné leur avis sur l'accord commercial avec l'Europe à une époque où, contrairement à aujourd'hui, le Royaume-Uni faisait encore partie de l'Europe.
Nous sommes donc saisis d'un accord conçu à la dernière minute qui vise à maintenir une entente qui, en toute franchise, ne me semblait déjà pas très avantageuse. On a fait valoir que cet accord devait être temporaire, mais nous apprenons maintenant qu'il ne sera pas temporaire, mais permanent. Une fois cet accord adopté, il n'y aura plus rien à faire. Ce seront ces modalités qui encadreront les échanges entre le Canada et le Royaume-Uni, à moins de mettre en place un nouvel accord. Ces modalités n'arriveront jamais à échéance.
En comité, nous avons proposé des amendements à la loi habilitante afin qu'elle prévoie l'expiration de certaines modalités, mais ils ont été rejetés. Le gouvernement s'y est vivement opposé. Nous avons maintenant un accord conclu avec une instance qui n'existe plus, c'est-à-dire l'Union européenne sans le Royaume-Uni. Il dicte les conditions des échanges commerciaux avec deux parties importantes: ce qui reste de l'Union européenne et le Royaume-Uni. Nous avons un accord qui n'a jamais été conçu pour l'une ou l'autre de ces relations commerciales et qui va dicter les conditions des échanges commerciaux avec les deux. Cela ne semble pas très sensé. Je ne suis pas un homme d'affaires, mais cela ne me semble pas très sensé.
Il me semble que les Canadiens auraient dû avoir l'occasion de discuter de cet accord et d'être consultés, mais cela ne s'est pas produit. Le gouvernement s'est permis de signer cet accord permanent et, autant que je sache, il n'avait pas du tout le mandat pour le faire. Comme les libéraux l'ont mentionné précédemment, il s'agissait d'établir un mandat en vue d'un accord temporaire, pas permanent. Cependant, lorsqu'ils ont annoncé que l'accord était conclu, il était permanent. Ils nous ont demandé de ne pas nous inquiéter de tout le temps qu'ils avaient gaspillé et qui aurait pu servir à des consultations, à négocier un accord véritablement conçu pour le pays avec lequel nous commerçons, par exemple un réel accord commercial bilatéral et non la copie conforme d'un accord multilatéral. Ils m'ont dit: « Ne vous en faites pas. Nous allons conclure un accord pour trois raisons et vous n'avez aucun souci à vous faire, monsieur Blaikie, merci beaucoup. » Très bien, alors quelles sont ces raisons?
Les règles d'origine sont parfois problématiques pour certains produits destinés à la chaîne d'approvisionnement européenne pour faciliter l'acheminement des biens du Royaume-Uni vers le Canada. Très bien. C'est l'une des raisons pour lesquelles le Royaume-Uni pourrait vouloir négocier, mais je ne sais pas si c'est un motif suffisant. En toute honnêteté, je ne crois pas que personne ne le pense.
L'autre raison qui me ferait bien rire si l'enjeu n'était pas aussi sérieux est que, selon les libéraux, les fromagers du Royaume-Uni ont en ce moment des contingents tarifaires de l'OMC pour exporter leurs produits au Canada, mais que ceux-ci arriveront à échéance. Le Royaume-Uni devrait donc vouloir négocier. À quelles fins? Est-ce pour avoir un accès au marché canadien du fromage qu'il n'a pas déjà?
Les députés ministériels ont juré à maintes reprises au comité, à la Chambre et à quiconque voulait bien les entendre qu'ils n'allaient pas sacrifier ne serait-ce qu'une seule autre fois les producteurs laitiers et que ces derniers n'avaient pas à s'inquiéter parce qu'aucune part du marché canadien ne ferait partie des négociations. Pourquoi donc le Royaume-Uni voudrait-il négocier une entente différente si la raison qui devait le pousser à le faire était d'obtenir des parts du marché du fromage?
Cet enjeu sera soit utilisé comme moyen de pression pour inciter le Royaume-Uni à revenir à la table des négociations, ce qui laisse clairement entendre qu'il y aura des concessions sur les produits laitiers, ou il ne sera pas utilisé à cette fin. C'est l'un ou l'autre. Lequel? Nous ne le savons pas. J'ai posé la question, mais on ne m'a pas répondu. Ce serait bien de le savoir avant de voter, mais je n'y compte pas trop.
La dernière raison est que cet accord repose sur un engagement de bonne foi. Il n'est pas juridiquement contraignant. Il n'exige pas qu'un nouvel accord soit signé. On y parle seulement d'un engagement. C'est formidable. C'est vraiment très bien. C'est un commencement, et nous pourrions bien finir par obtenir un nouvel accord. Je ne peux pas le dire avec certitude. Cependant, je peux dire qu'il se pourrait bien qu'il y ait un autre gouvernement au Canada avant cela, de préférence un gouvernement social-démocrate. Nous travaillons à l'atteinte de cet objectif, et j'aimerais qu'il se concrétise. Peut-être que cela se produira ou peut-être pas. Il se peut fort bien qu'il y ait un nouveau gouvernement au Royaume-Uni. Il se pourrait que les deux gouvernements, même s'ils demeurent inchangés, se réunissent pour parler de ce à quoi ressemblerait un accord bilatéral. Une seule des parties — puisqu'il s'agit d'un accord permanent — doit décider qu'il est impossible d'obtenir un meilleur accord.
Cet accord n'est peut-être parfait pour aucune des deux parties, mais celles-ci doivent simplement se rendre compte qu'elles ne peuvent pas en obtenir un meilleur et laisser tomber. Nous savons tous que les relations commerciales peuvent changer du jour au lendemain. On l'a appris au cours des quatre dernières années avec l'administration Trump aux États-Unis. Rien ne dit qu'une chose comme celle-là, ou même beaucoup moins extrême, ne se produira pas à l'avenir entre le Canada et le Royaume-Uni, de sorte qu'une des parties conclue qu'elle n'est pas satisfaite des modalités commerciales.
Pensons à ce que l'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne a apporté à l'Europe. Le déficit commercial du Canada a doublé dans le cadre de cet accord. Si les choses vont vraiment bien pour le Royaume-Uni dans le cadre de cet accord, il pourrait décider de s'en contenter. Nous avons tous entendu dire que, pour que le Royaume-Uni adhère au partenariat transpacifique, il devait avoir conclu un accord commercial permanent avec au moins une des parties. C'est ce que cet accord permet de faire. Ce n'était pas censé être le cas. On nous a parfois dit que le Royaume-Uni serait poussé à conclure un nouvel accord avec le Canada parce qu'il doit signer un accord avec au moins un autre pays pour pouvoir adhérer à l'Accord de partenariat transpacifique, et c'est ce que le présent accord accomplit. Aucune clause de cet accord ne dit qu'il n'équivaut pas à un accord commercial permanent, assurant ainsi l'adhésion du Royaume-Uni à l'Accord de partenariat transpacifique.
Le fait que nous nous retrouvions avec un accord commercial permanent plutôt qu'une mesure provisoire ne signifie pas qu'il y a un échéancier à court terme. Cela ne signifie pas qu'il y aurait eu une incertitude inhérente et cyclique pour les entreprises du Canada et du Royaume-Uni. Il aurait pu y avoir une échéance après trois ans ou après cinq ans. Il aurait pu y avoir n'importe quelle échéance établie par les deux gouvernements pour se contraindre à discuter et à régler les différends pour la conclusion d'un accord. Au lieu de cela, la solution choisie a été de lever toute pression sur les futurs gouvernements et d'espérer que tout se passera bien. Je ne crois pas que ce soit suffisant, surtout que, si on étudie l'accord de continuité commerciale comme tel, on constate que l'infrastructure de l'Accord économique et commercial global s'y trouve déjà.
L'accord de continuité commerciale est très court. Il tient sur environ cinq pages. Au moins 20 % de l'accord concerne l'établissement d'un mécanisme visant le maintien des dispositions de règlement des différends entre les investisseurs et l'État de l'Accord économique et commercial global. Beaucoup de Canadiens sont préoccupés par ces dispositions et ils ont raison de l'être. Le Canada est le grand perdant sur la scène internationale pour ce qui est de verser des compensations aux multinationales pour avoir tenté d'établir de bonnes politiques publiques. Comme c'est ridicule de voir des gouvernements contraints de démanteler leurs bonnes politiques publiques, de s'excuser auprès d'une multinationale quelconque et de lui verser une compensation. C'est complètement ridicule.
Nous savons que ce l'est parce que la a pris la parole à la Chambre, au Parlement, et a dit elle-même qu'elle était très fière qu'il n'y ait plus de dispositions concernant les différends entre les investisseurs et l'État dans l'Accord Canada—États-Unis—Mexique. Pourquoi non moins de 20 % de cet accord de continuité commerciale ont-ils été voués à maintenir en vigueur les dispositions concernant les différends entre les investisseurs et l'État? Qui les réclamaient? Nous n'entendons rien de la part de la Grande-Bretagne qui laisse croire que ces dispositions s'inscrivent dans son programme de commerce international ou qu'elles constituent une priorité à inclure dans sa négociation d'accords avec l'étranger. Alors, qui les réclamaient? Pourquoi le gouvernement libéral jure-t-il haut et fort qu'il est fier que les dispositions investisseur-État ne fassent plus partie de l'ALENA ou de l'Accord Canada—États-Unis—Mexique, quel que soit son nom maintenant, et pourquoi a-t-on déployé autant d'efforts pour maintenir en vigueur ces dispositions dans cet accord qui n'a jamais été conçu pour une relation commerciale bilatérale entre le Canada et le Royaume-Uni?
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Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole à la Chambre ce soir pour parler des avantages du projet de loi , Loi portant mise en œuvre de l'Accord de continuité commerciale entre le Canada et le Royaume-Uni.
Je vais partager mon temps de parole avec le député de . C'est probablement la toute première fois que je partage mon temps de parole avec lui, et j'ose croire que ce sera probablement la dernière. J'interviens à la fois en tant que député de Scarborough—Guildwood et en tant que président de l'Association interparlementaire Canada-Royaume-Uni. Je m'intéresse à toutes les questions qui concernent à la fois le Canada et le Royaume-Uni.
Toutes les entreprises peuvent profiter de la prévisibilité et de la stabilité offertes par cet accord. Le Royaume-Uni est l'un des plus importants partenaires commerciaux du Canada, et c'est le premier marché européen en importance pour le Canada. C'est aussi l'une de nos principales sources d'investissements étrangers directs et de partenariats dans le domaine des sciences et de la technologie. La valeur des partenariats bilatéraux entre le Canada et le Royaume-Uni s'est élevée à 29 milliards de dollars en 2019, ce qui fait du Royaume-Uni le cinquième partenaire commercial en importance du Canada, après les États-Unis, la Chine, le Mexique et le Japon.
L'accord de continuité commerciale dont la Chambre est saisie permettrait au Canada de maintenir et de développer ces relations en préservant les principaux avantages de l'AECG, soit l'accord commercial que le Canada a conclu avec l'Union européenne en 2017, dont nous profitons depuis peu de temps.
Si les avantages de l'Accord économique et commercial global sont reproduits, 98 % des exportations du Canada vers le Royaume-Uni seraient toujours exemptes de droits de douane. On parle notamment d'importants secteurs d'exportation du Québec et de l'Ontario, comme les produits manufacturés, les métaux et les produits minéraux. À compter du 1er janvier 2024, nous espérons que 99 % des produits seront exempts de droits de douane. L'accord de continuité commerciale entre le Canada et le Royaume-Uni préserverait aussi l'accès préférentiel, qui a été établi dans l'Accord économique et commercial global, des secteurs de l'agriculture et de l'agroalimentaire au marché britannique, ce qui renforcerait la relation commerciale bilatérale entre les deux signataires. En même temps, cette entente protégerait entièrement les secteurs du lait, de la volaille et des œufs et ne céderait aucun accès accru au marché du fromage ou de tout autre produit sous la gestion de l'offre.
Le Royaume-Uni n'est surpassé que par les États-Unis en ce qui a trait aux échanges de services avec le Canada, ses exportations ayant représenté près de 7,1 milliards de dollars l'année dernière. Dans le cadre de l'accord de continuité commerciale entre le Canada et le Royaume-Uni, tout comme le prévoit l'Accord économique et commercial global, les fournisseurs de services auraient un accès préférentiel au marché britannique et profiteraient d'une transparence accrue. Ils auraient ainsi un meilleur accès au marché, qui serait plus sûr et prévisible, pour des choses comme les services environnementaux.
En matière d'investissements, le Royaume-Uni est la quatrième source d'investissements étrangers directs au Canada. Ces investissements s'élevaient à 62,3 milliards de dollars en 2017. Le Canada investit aussi beaucoup au Royaume-Uni, à hauteur de 107 milliards de dollars, ce qui fait du Royaume-Uni la deuxième destination de l'investissement direct étranger du Canada. Comme dans le cadre de l'accord avec l'Union européenne, l’Accord de continuité commerciale entre le Canada et le Royaume-Uni dont nous sommes saisis aujourd'hui garantirait un accès plus certain et transparent aux investisseurs canadiens et étrangers ainsi qu'une protection accrue des investissements, tout en préservant le droit des gouvernements concernés d'adopter des lois et des règlements dans l'intérêt public. Tout comme dans l'accord avec l'Union européenne, l'accord de continuité commerciale Canada–Royaume-Uni créerait des conditions plus favorables pour les exportateurs canadiens et québécois grâce à des engagements importants concernant la réduction des barrières non tarifaires et l'établissement de mécanismes permettant au Canada et au Royaume-Uni de réduire et de chercher à éliminer ces barrières, dans la mesure du possible.
Même si je crois que la Chambre appuiera le projet de loi, je ne pense pas qu'il fera l'unanimité. Je veux donc attirer l'attention des députés sur un élément des négociations qui pourrait constituer soit un terrain d'entente, soit une pierre d'achoppement.
La plupart des Canadiens évitent d'acheter sciemment des biens produits par des esclaves. La Grande-Bretagne est un chef de file à l'échelle de la planète en matière de réponse législative à l'esclavagisme dans la chaîne d'approvisionnement. Au Royaume-Uni, toutes les grandes entreprises doivent publier sur leurs sites Web une déclaration dans laquelle elles affirment avoir examiné leurs différentes chaînes d'approvisionnement et être satisfaites qu'aucune trace d'esclavagisme ne s'y dissimule nulle part. C'est une initiative qui a été bien reçue par le public et les législateurs. Elle sera probablement bientôt revue afin de consolider cette politique de la fermeté et d'imposer des sanctions encore plus sévères. Ce point fera inévitablement l'objet de discussions, peut-être pas dans cet accord, mais lors de négociations ultérieures. La Grande-Bretagne demandera vraisemblablement au Canada d'adopter une mesure législative semblable afin de ne pas être désavantagée sur le plan commercial. Cela serait préférable, pour qu'il n'y ait pas de différence entre les deux pays.
Actuellement, le projet de loi , anciennement le projet de loi , que j'avais présenté, moisit au Sénat. Il est plus rigoureux que la loi britannique en la matière et représenterait la réponse à toute question soulevée par le Royaume-Uni. J'ai eu une discussion très positive avec la très compétente et distinguée haute-commissaire britannique, Susan le Jeune d'Allegeershecque. Malheureusement, elle part cette année. Elle a brillamment représenté son pays ces trois dernières années. Elle a exprimé un grand intérêt pour le projet de loi , qu'elle se disait prête à soutenir de toutes les manières possibles et imaginables.
Le Canada importe chaque année pour plus de 34 milliards de dollars de biens entachés par l'esclavage, allant de vêtements à des crevettes, en passant par des tomates, voire certains articles de haute technologie. En matière de concurrence, il est désavantageux pour un pays d'être gouverné par des lois strictes alors que d'autres ne le sont pas. Au même titre que les entreprises et les travailleurs canadiens ne peuvent concurrencer le travail forcé, un pays ne peut se désavantager lui-même dans un accord commercial en permettant le fléau de l'esclavage dans l'autre pays partie à cet accord. J'exhorte donc le gouvernement du Canada à adopter ce projet de loi plus tôt que tard de sorte que tout irritant commercial puisse être atténué et que le Canada et la Grande-Bretagne puissent former un obstacle commercial commun au travail forcé.
L'accord reporte également de l'Accord économique et commercial global les mesures de facilitation du commerce conçues pour réduire la paperasse à la frontière et réduire certains coûts qui empêchent les entreprises de faire des affaires.
La diversification du commerce a le potentiel d'enrichir le Canada. Les PME comptent sur nous pour créer des débouchés pour leurs exportations. En veillant à ce qu'il existe des occasions accessibles à l'étranger et en maintenant des conditions attrayantes au sein de ces marchés pour les PME, nous soutenons leur prospérité et la création d'emplois au Canada. L'Accord de continuité commerciale Canada—Royaume-Uni va dans ce sens.
Alors que nous pensons à la sortie de la pandémie de COVID-19 — Bon Dieu que nous avons hâte qu'elle soit derrière nous —, il est encore plus important d'offrir aux entreprises canadiennes le plus grand nombre possible de solutions et d'occasions. L'Accord de continuité commerciale Canada-Royaume-Uni permet le maintien des liens cruciaux et d'un traitement commercial préférentiel avec l'un des principaux partenaires commerciaux du Canada et il fera en sorte que les entreprises canadiennes n'aient pas à affronter de perturbations supplémentaires. D'ailleurs, l'absence d'accord serait un autre coup dur pour les entreprises, et ces dernières auraient du mal à l'encaisser.
Les échanges commerciaux internationaux fructueux créent de bonnes occasions d'emploi. Comme un emploi sur six au Canada est directement lié aux exportations, nous entendons faire croître le commerce international et offrir des occasions à toutes les PME du Canada. C'est pour cette raison que j'invite tous les députés à appuyer le projet de loi . Leur appui aidera les PME à continuer de se démarquer sur le marché du Royaume-Uni.
Je serai heureux de répondre aux questions de mes collègues.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
Je suis heureuse de participer aujourd'hui au débat à l'étape de la troisième lecture du projet de loi , Loi portant mise en œuvre de l'Accord de continuité commerciale entre le Canada et le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord, ou l'ACCCRU. Je veux remercier mes collègues de tous les côtés de la Chambre d'avoir accepté à l'unanimité de débattre du projet de loi ce soir, afin qu'il poursuive son cheminement au Parlement.
Le Royaume-Uni est notre cinquième partenaire commercial en importance et constitue notre troisième plus grand marché d'exportation. Il faut procurer de la certitude à nos exportateurs et à nos importateurs, de même qu'à toutes les entreprises et à tous les travailleurs qui comptent sur le commerce avec le Royaume-Uni. Durant la première partie de mon discours, je veux prendre le temps d'expliquer certains échéanciers et de parler des raisons qui font que nous nous retrouvons maintenant, en mars 2021, à débattre de l'accord commercial entre le Canada et le Royaume-Uni, qui aurait dû être conclu et mis en œuvre il y a des mois.
Étant donné que le Royaume-Uni s'apprêtait à quitter l'Union européenne, nous savions que notre accord commercial avec l'UE, c'est-à-dire l'Accord économique et commercial global, ou AECG, ne serait pas applicable aux échanges commerciaux avec le Royaume-Uni une fois le fait accompli, le 1er janvier 2021. À maintes occasions tout au long de l'année dernière, les conservateurs ont posé des questions au gouvernement sur l'état des négociations commerciales avec le Royaume-Uni. Ils ont demandé si les échéanciers seraient respectés et si un nouvel accord serait conclu avant la fin de 2020. Nous n'avons pas reçu beaucoup de réponses, et celles qu'on nous a données étaient vagues et peu détaillées.
Au cours du printemps et de l'été 2020, les libéraux ont mis fin aux travaux du Parlement et de plusieurs comités, comme celui du commerce international, ce qui n'a pas aidé. L'an dernier, le comité du commerce international ne s'est réuni qu'une seule fois entre avril et septembre. Il aurait pu accomplir un travail important durant cette période, tout comme le comité auquel je siégeais auparavant, celui de l'industrie, qui tenait une réunion à distance deux fois par semaine sur des enjeux cruciaux. Lorsque le comité du commerce international a enfin repris ses activités à l'automne dernier, les conservateurs ont présenté une motion proposant d'entreprendre une étude préliminaire sur un accord commercial possible entre le Canada et le Royaume-Uni, d'entendre des intervenants susceptibles d'être touchés par un tel accord, ou son inexistence, et d'étudier les répercussions qui pourraient survenir si un accord n'était pas conclu.
Pendant cette étude, nous avons appris que les libéraux s'étaient retirés des négociations commerciales avec le Royaume-Uni en mars 2019, et ils ne sont retournés à la table de négociations qu'à l'été 2020. Pendant ce temps, d'autres pays ont négocié et conclu des accords. Enfin, après des années de travail sur cet accord, à la fin de novembre 2020, soit un mois avant l'arrivée à échéance des dispositions de l'AECG concernant l'Union européenne, le gouvernement a annoncé qu'il avait enfin conclu un accord avec le Royaume-Uni, soit l'Accord de continuité commerciale entre le Canada et le Royaume-Uni, qui ne faisait que maintenir les dispositions qui étaient en vigueur dans le cadre de l'AECG. Après quatre années de pourparlers menés de façon intermittente, on se contente de maintenir les dispositions déjà en place.
Les libéraux n'ont pas pris au sérieux nos échanges commerciaux avec le Royaume-Uni, et ils n'ont pas su mener correctement ce processus. J'ai rencontré bon nombre d'organismes, de travailleurs et d'entreprises qui m'ont parlé des échanges commerciaux entre le Canada et le Royaume-Uni. Ils espéraient un nouvel accord commercial pour le Canada et non un deuxième AECG. Ils voulaient des solutions aux problèmes émergents, qu'il s'agisse d'éliminer les barrières non tarifaires qui font obstacle aux exportations vers le Royaume-Uni, ou de prendre des mesures pour résoudre les déséquilibres commerciaux entre les deux pays. Certains voulaient qu'on adopte de nouvelles dispositions, comme de meilleures mesures pour aider les petites entreprises à saisir des débouchés commerciaux, ou que l'on puisse corriger des problèmes de longue date, comme les inégalités causées par le gel des pensions. Rien de cela n'a été fait.
À l'automne 2020, le déclarait publiquement, d'un ton condescendant, que le Royaume-Uni n'avait pas la capacité de négocier un accord commercial avec le Canada. Pendant ce temps, le gouvernement du Royaume-Uni a négocié avec d'autres pays et a conclu des accords commerciaux complets. Les ministres britanniques du Commerce ont rejeté ces affirmations du premier ministre. De tels commentaires à propos du Royaume-Uni, l'un de nos plus anciens alliés, n'ont certainement pas été utiles.
De plus, de nombreux représentants des entreprises et des syndicats ont dit que le gouvernement ne les avait pas consultés. J'ai entendu des députés libéraux affirmer qu'ils n'avaient pas besoin de mener de vastes consultations parce qu'il y en avait déjà eu dans le cadre de l'Accord économique et commercial global. Or, ces consultations remontaient à plusieurs années lorsque le temps est enfin venu de négocier cette entente. De nouvelles questions devaient vraiment être prises en compte.
Enfin, le 9 décembre 2020, alors qu'il ne restait que deux jours de séance avant que la Chambre des communes ajourne ses travaux jusqu'à la fin de l'année et à peine quelques semaines avant que l'Accord économique et commercial global cesse de s'appliquer au Royaume-Uni, le gouvernement a présenté son projet de loi portant la mise en œuvre de l'accord de continuité commerciale entre le Canada et le Royaume-Uni, le projet de loi . Le gouvernement a littéralement attendu la dernière semaine du dernier mois de la dernière année pour présenter le projet de loi de mise en œuvre d'un accord sur la continuité des échanges commerciaux avec l'un de nos alliés les plus importants.
Personne n'a donc été surpris que le gouvernement ne soit pas parvenu à faire adopter le projet de loi au Parlement avant la fin de 2020 et avant que l'Accord économique et commercial global cesse de s'appliquer au Royaume-Uni. Cela s'est produit même si les conservateurs avaient pressé le gouvernement d'agir pendant des mois pour que les entreprises canadiennes ne soient pas plongées dans l'incertitude.
Étant donné que le gouvernement n'a pas respecté l'échéancier de l'accord commercial entre le Canada et le Royaume-Uni en ne faisant pas adopter le projet de loi par les deux Chambres du Parlement avant la fin de 2020, il a dû annoncer des mesures de transition au moyen d'un protocole d'entente la dernière semaine de décembre comme solution provisoire pour se donner plus de temps. Sinon, les entreprises canadiennes auraient été assujetties à des droits de douane. Le protocole devait durer 90 jours, soit jusqu'à la fin de mars.
Le projet de loi a été adopté par le comité du commerce, et nous avons été très surpris de voir qu'il ne figurait pas à l'ordre du jour du gouvernement de cette semaine, étant donné que la Chambre des communes siège seulement deux semaines au mois de mars et que le projet de loi doit aussi être adopté par le Sénat. Le gouvernement préférait étudier cette semaine une mesure législative visant à nous permettre de tenir des élections durant la pandémie. C'était là la priorité du gouvernement. Maintenant, nous sommes rendus le 9 mars, et nous ne savons toujours pas si le projet de loi C-18 franchira toutes les étapes du processus parlementaire avant l'expiration du protocole d'entente dans quelques semaines. Les réponses de la ministre nous ont donné une impression de déjà vu parce que nous les avions entendues l'année dernière, avant la dernière échéance imminente. Elles étaient vagues et évasives. Le gouvernement préparait-il des mesures transitoires pour un protocole d'entente transitoire et une autre prolongation?
C'est pourquoi les conservateurs ont demandé le consentement unanime pour faire adopter le projet de loi à l'étape de la troisième lecture à la Chambre des communes ce soir, même si les libéraux ont mal géré leur calendrier parlementaire. Quand les libéraux prévoyaient-ils de soumettre au débat le projet de loi C-18, si nous ne l'avions pas fait ce soir? Les entreprises, les travailleurs et les exportateurs auraient été à nouveau laissés dans l'ignorance.
Je tiens à être claire. Les conservateurs ont entendu les exportateurs et ils soutiennent le projet de loi , car il assurerait une continuité commerciale entre le Canada et le Royaume-Uni. Nous sommes reconnaissants à notre équipe de négociateurs d'avoir travaillé dur pour y parvenir, malgré la mauvaise gestion du gouvernement libéral concernant cet accord.
Les conservateurs se sont dits préoccupés par certains aspects de cet accord, qui auraient pu être mieux pensés. D'abord, les libéraux prétendent qu'il s'agit d'un accord provisoire, mais il y a beaucoup de signes qui tendent à montrer que ce n'est pas le cas. L'accord stipule que les gouvernements du Canada et du Royaume-Uni pourraient revenir à la table des négociations pour négocier un autre accord dans l'année suivant la ratification, et que dans les trois ans, les gouvernements du Canada et du Royaume-Uni devront finaliser ce dernier accord. Toutefois, il n'y a pas de disposition de caducité et cet accord provisoire pourrait très bien devenir permanent.
Nous avons également appris en questionnant des représentants commerciaux à l'étape de l'étude en comité que les portions qui prévoient que le Canada et le Royaume-Uni doivent négocier un nouvel accord ne sont pas exécutoires. Un nouvel accord est important pour mieux refléter la relation Canada—Royaume-Uni, et je suis déçue que l'accord de continuité ne soit pas plus ferme pour faire en sorte que cela se concrétise. L'accord ne remédie pas aux déséquilibres commerciaux qui existent dans certains secteurs, notamment celui du bœuf, ni aux barrières non tarifaires.
Une fois que l'accord sera ratifié et en vigueur, les conservateurs tiendront le gouvernement responsable quant à la priorité de conclure un nouvel accord. Les citoyens, les travailleurs et les entreprises du Canada le méritent.
À l'heure actuelle, alors que nous traversons une période de grande incertitude, nous savons que les entreprises ont besoin de prévisibilité. Elles nous le disent. Voilà pourquoi nous ne voulons pas retarder le projet de loi et avons à cœur d'en faire progresser l'étude. Nous souhaitons procurer de la certitude et une certaine prévisibilité aux entreprises en cette période où tant d'imprévus les guettent. Tant et aussi longtemps que la pandémie sévira, les entreprises seront éprouvées et compromises. Beaucoup d'entreprises exportatrices canadiennes œuvrent dans le domaine de l'agriculture. Il est très important qu'elles puissent jouir d'une certaine stabilité en ce moment.
Je suis très heureuse que nous débattions ce soir du projet de loi , que nous puissions le faire avancer et que nous puissions l'inscrire dans le programme législatif. Les entreprises peuvent compter sur le Parlement pour travailler pour elles et pour respecter les échéances.
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Monsieur le Président, je remercie ma collègue la députée de et ministre du cabinet fantôme de l'opposition officielle en matière de promotion des exportations et de commerce international de partager son temps de parole avec moi. Je sais qu'elle sert bien les intérêts des résidants de Kelowna—Lake Country. Elle a fait de l'excellent travail dans ce dossier et à l'égard de ce projet de loi, et je l'en remercie.
Je prends la parole à distance en tant que ministre du cabinet fantôme en matière d'agriculture et d'agroalimentaire pour parler de l'importance de maintenir et de développer les échanges commerciaux entre le Canada et le Royaume-Uni après le Brexit, puisque les dispositions de l'Accord économique et commercial global ne s'appliquent plus au Royaume-Uni depuis qu'il a quitté l'Union européenne.
En commençant, je veux dire que les liens qui unissent le Canada et le Royaume-Uni sont peut-être évidents, mais qu'ils valent tout de même la peine d'être soulignés. D'abord et avant tout, Sa Majesté la reine est la souveraine à la fois du Canada et du Royaume-Uni. Elle est également à la tête du Commonwealth des nations, dont les deux pays sont des membres fondateurs. Par ailleurs, la Loi constitutionnelle de 1867 du Canada s'appelait à l'origine l'Acte de l'Amérique du Nord britannique, une loi du Parlement de Westminster.
Jusqu'à l'adoption du Statut de Westminster de 1931, le Royaume-Uni dirigeait les relations internationales du Canada. L'ancien Empire britannique, dont le Canada faisait partie, était la plus grande union commerciale et douanière au monde. Quand il était premier ministre, feu le très honorable John Diefenbaker souhaitait rétablir cette union commerciale et douanière. C'est pourquoi, de nos jours, notre relation commerciale avec le Royaume-Uni figure parmi nos plus importantes, y compris pour le secteur de l'agriculture.
Selon Industrie Canada, en 2019, les exhortations totales du Canada vers le Royaume-Uni s'élevaient à 18,9 milliards de dollars, tandis que les importations de ce pays s'élevaient à 9,2 milliards de dollars. Le commerce bilatéral entre le Canada et le Royaume-Uni, quant à lui, dépassait les 28 milliards de dollars. Cela fait du Royaume-Uni le cinquième partenaire commercial en importance du Canada.
La même année, les importations de produits agricoles et agroalimentaires en provenance du Royaume-Uni ont été évaluées à plus de 404 millions de dollars, et les exportations canadiennes du même type de produits représentaient plus de 344 millions de dollars. Ces données incluaient plus de 13,4 millions de dollars de machines agricoles et plus de 3,6 millions de dollars de produits de distilleries. Tous les autres produits agricoles exportés par le Canada se chiffraient à 326 millions de dollars. Par conséquent, en tant que marché d'exportation des produits agricoles, le Royaume-Uni est le 17e partenaire en importance du Canada sur la planète. En Europe, le Royaume-Uni occupe le troisième rang, après la France et la Belgique.
Le Canada produit et exporte des aliments de la meilleure qualité au monde, et les agriculteurs d'ici sont fiers de leurs produits. En 2019, les exportations canadiennes de blé vers le Royaume-Uni ont été évaluées à 116,3 millions de dollars, et les consommateurs britanniques savent que le blé dur canadien est un produit de première qualité pour la fabrication de la farine destinée à la boulangerie et de la semoule pour les pâtes. La demande pour les autres céréales, les légumineuses et les oléagineux est élevée parce que les produits canadiens sont d'une qualité pratiquement sans égale.
Parlons plus en détail des produits agricoles qui représentent les plus importants échanges commerciaux avec le Royaume-Uni.
Les exportations de maïs se sont élevées à 42,8 millions de dollars. Les pois et les haricots secs, à 104,7 millions de dollars. Le soja, à 338 millions de dollars. Les plantes oléagineuses, hormis le soja, à 3,2 millions de dollars. Les noix et les fruits autres que les agrumes, à 1,7 million de dollars. Les exportations de cultures diverses, y compris d'autres cultures céréalières, ont été de 18 millions de dollars. Ces produits sont tous cultivés par des agriculteurs qui s'enorgueillissent de la qualité de leur produit et qui sont heureux de leur relation avec le Royaume-Uni, y compris des agriculteurs de ma circonscription, Lambton—Kent—Middlesex.
Le Royaume-Uni est un important marché pour un large éventail de services et de produits agricoles. Le présent accord protège les secteurs agricoles du lait, de la volaille et des œufs ainsi que la viabilité des exploitations qui approvisionnent le Canada en produits canadiens de ces secteurs. Il n'offre aucun accès progressif au marché pour les produits assujettis à la gestion de l'offre. Toutefois, le marché du Royaume-Uni est à toutes fins utiles fermé à d'autres produits agricoles canadiens, notamment le bœuf.
En raison de cela, toutes négociations commerciales futures entre le Canada et le Royaume-Uni devront examiner les éléments suivants. Le premier est ce que le Canada doit faire pour rouvrir le marché du Royaume-Uni aux exportations de bœuf canadien. Le deuxième consiste à trouver une occasion de promouvoir les produits agricoles canadiens afin que nous puissions nous approprier une plus grande part du marché existant au Royaume-Uni.
Par exemple, les exportations de produits de distillerie du Royaume-Uni vers le Canada totalisaient presque 270 millions de dollars en 2019, comparativement à 3,6 millions pour ces exportations du Canada vers le Royaume-Uni. Des discussions devraient être menées pour créer ce qui deviendrait un nouveau débouché pour d'autres produits canadiens, dont le canola. En plus de produire une huile de cuisson de haute qualité, le canola peut servir de matière première pour la production de biodiésel. Malheureusement, à l'heure actuelle, le Royaume-Uni n'est pas un marché important pour le canola. Le gouvernement du Canada fait-il tout en son pouvoir pour promouvoir les produits agricoles canadiens au Royaume-Uni?
En outre, notamment selon la , si ce projet de loi n'était pas adopté et que la relation commerciale entre le Canada et le Royaume-Uni devait de nouveau reposer sur les dispositions relatives à la nation la plus favorisée et être assujettie au régime de l'Organisation mondiale du commerce, les exportations de produits alimentaires compteraient parmi celles qui seraient les plus touchées. Alors que les producteurs canadiens ont vu les marchés s'atrophier ou fermer leurs portes aux produits agricoles en Chine et ailleurs dans le monde, nous devons travailler à garder ouverts et à élargir les marchés existants pour les producteurs canadiens.
Notre étude du projet de loi et de la continuité commerciale avec le Royaume-Uni dans l'après-Brexit ne doit pas être perçue comme signifiant la fin des discussions. Cet accord doit être vu comme un point de départ en vue de l'établissement d'une relation commerciale améliorée, amicale, fructueuse et prospère entre les deux pays et entre leurs producteurs et fournisseurs de services respectifs.
Je veux maintenant décrire comment la performance du gouvernement libéral n'a pas été à la hauteur des attentes des Canadiens. Comme l'a souligné ma collègue la ministre du cabinet fantôme en matière de promotion des exportations et de commerce international, les libéraux ont présenté le projet de loi à la dernière minute pour remplacer un accord commercial qui allait expirer à la fin 2020, ce qu'ils savaient depuis un certain temps.
Je le répète, comme ma collègue l'a souligné, nous sommes ravis que le Canada et le Royaume-Uni aient conclu un accord commercial qui reprend les dispositions de l'Accord économique et commercial global, mais nous sommes mécontents que les libéraux aient attendu au dernier moment pour présenter un projet de loi de mise en œuvre. Voilà un autre exemple de la mauvaise gestion et de l'incompétence des libéraux.
Il ne faut pas se méprendre, le Parti conservateur préconise le libre-échange bien réglementé. Sir John A. Macdonald a voulu obtenir la réciprocité commerciale avec les États-Unis immédiatement après la Confédération. Comme je l'ai déjà mentionné, le premier ministre John Diefenbaker a tenté de rétablir le libre-échange dans le Commonwealth. C'est l'ancien premier ministre Brian Mulroney et son ministre du Commerce international, le regretté John Crosbie, qui ont négocié et mis en œuvre l'Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis. Le très honorable Stephen Harper a négocié plus de 30 accords commerciaux bilatéraux, ainsi que l'Accord économique et commercial global et le Partenariat transpacifique. Le Parti conservateur sait que la prospérité du Canada et la création d'emplois dépendent de l'accès que les producteurs canadiens ont aux marchés internationaux pour acheminer leurs biens et leurs services, notamment les biens et les services agricoles.
Je répète que le Parti conservateur est le parti du libre-échange bien réglementé. Sur une note plus personnelle, comme c'est le cas pour bien des collectivités dans l'ensemble des régions, des provinces et des territoires du Canada, ma circonscription, Lambton—Kent—Middlesex, dépend fortement d'un accès sûr et fiable aux marchés pour vendre ses produits agricoles. Comme c'est le cas pour les circonscriptions représentées par mes collègues de ce côté-ci de la Chambre et par mes collègues de tous les partis, les emplois et le gagne-pain de nos concitoyens et leur capacité de subvenir aux besoins de leur famille et de leurs proches dépendent des marchés locaux et mondiaux pour les produits agricoles. Ils ne peuvent pas se permettre de perdre un marché, dont celui du Royaume-Uni, en tant que marché pour les produits agricoles.
En résumé, je souligne à nouveau l'évidence. Les relations du Canada avec le Royaume-Uni sont anciennes et cordiales. Au-delà de ces points communs, la relation commerciale du Canada avec le Royaume-Uni est trop précieuse pour être perdue, notamment pour les agriculteurs canadiens et les producteurs canadiens de biens et de services agricoles. Les producteurs agricoles canadiens sont prêts à fournir des produits de qualité supérieure au Royaume-Uni et au reste du monde.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Par ailleurs, s'agissant d'une autre question pratique relevant de la régie interne, je dois dire que mes enfants sont sur le point d'aller se coucher. Donc, Matthew et Emerson: bonne nuit! Je vous aime. Je leur demanderais aussi d'écouter sagement leur mère.
Nous sommes mardi, et il est presque 21 heures. Normalement, la Chambre aurait ajourné il y a plusieurs heures, mais, comme mes collègues conservateurs et moi le disons clairement, nous sommes prêts à collaborer avec le gouvernement quand il est disposé à se comporter en bon partenaire. Je crois que notre bonne volonté se manifeste dans notre désir de voir deux choses se produire ce soir. Premièrement, nous voulons que le projet de loi dont la Chambre est saisie reçoive toute l'attention qui lui est due. En tant que législateur, je prends très au sérieux mon obligation d'examiner, de débattre et de discuter des enjeux les plus sérieux auxquels notre pays doit faire face. Ce soir, nous discutons d'une relation commerciale importante, donc le présent dialogue est, lui aussi, important. Deuxièmement, nous voulons que les perspectives et les voix de tout le monde, d'un bout à l'autre du pays, soient entendues.
On me demande souvent pourquoi il y a tant de sièges vides à la Chambre. Assurément, en temps normal, il y aurait une seule explication, mais, ces jours-ci, il y a une autre raison. Il faut respecter les règles sécuritaires de distanciation physique afin de lutter ensemble contre la COVID-19. Toutefois, pour la première fois de l'histoire, nous voyons des députés siéger et participer au débat à distance, ce qui marque un jalon décisif. Il importe que nous tenions ces discussions très sérieuses.
Pour ce qui est du commerce en général, l'une des obligations les plus cruciales du Parlement du Canada, comme l'indiquent les documents fondateurs du pays, a toujours été la gestion des relations commerciales internationales, que ce soit il y a 150 ans, en tant que nouveau pays membre de l'Empire britannique, ou aujourd'hui. Nous avons un système en commun et les premiers mots de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique indiquent que notre structure est semblable à celle du Royaume-Uni. Nos histoires respectives se rejoignent et nous avons des systèmes juridiques et des structures semblables. En fait, le tapis vert de l'enceinte où nous avons l'honneur de débattre représente le fondement de la démocratie, pas seulement au Canada, mais aussi dans quelques-unes des plus anciennes structures démocratiques du monde moderne. C'est dans ce contexte que nous entreprenons le débat de ce soir. Il est bien de veiller à la stabilité de la relation du Canada avec l'un de ses plus importants partenaires commerciaux. Nous allons certainement travailler avec le gouvernement.
Je vais parler du contenu du projet de loi sous peu, mais juste avant, j'aimerais mentionner que, à la période des questions aujourd'hui, j'ai entendu les libéraux accuser les conservateurs de retarder toutes sortes de mesures. Je trouve cela plutôt ironique, puisque ce sont les libéraux qui dictent le programme du gouvernement. Il semble que dès qu'une chose ne fait pas leur affaire, ils blâment simplement l'opposition. Ils introduisent des considérations tactiques et politiques dans le débat, sans parler de la prorogation, qui nous a fait perdre quelque 35 jours de travaux législatifs. À de multiples reprises, nous avons dû débattre de projets de loi pour corriger les erreurs commises dans les projets de loi antérieurs. De plus, pendant des mois, la Chambre n'a pratiquement pas siégé, quoique ce fût pour des raisons bien concrètes. Assurément, la démocratie est un service essentiel. Je suis fier d'avoir pris la parole et d'en avoir débattu il y a de cela presque un an, puisque nous amorçons la deuxième année de la pandémie de COVID-19.
Revenons au projet de loi à l'étude. Je trouve le débat très intéressant. Même si je n'ai été élu qu'en 2019, j'ai travaillé un certain temps à Ottawa comme membre du personnel avant d'être élu.
Il est toujours merveilleux de voir l'héritage que lèguent les bons gouvernements. Or, la teneur du projet de loi dont nous débattons aujourd'hui est l'un des héritages du gouvernement conservateur. En effet, si nous revenons au début des négociations de l'accord Canada-Union européenne, nous constatons que ce dernier a été signé après les élections de 2015. Cependant, le contenu de cet accord, l'un des plus importants accords jamais signés par le Canada, a été négocié par un gouvernement conservateur, qui a reconnu l'importance que le commerce libre et équitable revêt pour un pays riche en ressources ayant une grande expertise dans la capacité de production et de fabrication, la protection des chaînes d'approvisionnement et les innovations technologiques. Les conservateurs ont mené la charge pour nous aider à nouer une grande variété de relations commerciales. Il y a eu une croissance massive du nombre de pays avec lesquels le Canada a conclu des accords commerciaux durant les près de 10 ans où Stephen Harper était premier ministre. C'est un honneur de siéger dans le même caucus que le député d' et de l'entendre raconter des anecdotes sur certaines de ces négociations commerciales.
Pour ce qui est de la teneur du projet de loi dont nous parlons aujourd'hui, même si les rapports du Royaume-Uni avec l'Union européenne ont considérablement changé dans les dernières années, lorsqu'on se penche sur les détails de l'accord de continuité commerciale et sur l'histoire récente de cet accord, on se rend compte que l'expertise des conservateurs s'est avérée fort utile jusqu'à présent. Même si je n'étais pas encore élu à cette époque, j'ai vu des articles expliquant que les libéraux ont failli faire échouer l'AECG, mais qu'ils ont finalement mené à bien un accord qui avait été négocié principalement par les conservateurs. Je m'en réjouis. Entretenir de bonnes relations commerciales qui favorisent le commerce libre et équitable est essentiel pour notre pays.
Les mesures dont nous débattons aujourd'hui sont le résultat de circonstances quelque peu regrettables, puisque c'est une série de maladresses qui nous ont menés là où nous en sommes actuellement. Les négociations entre le Canada et le Royaume-Uni ont été interrompues il y a environ un an et demi. Les libéraux se sont empressés d'invoquer des problèmes de surcharge de travail pour le Royaume-Uni, et il faut dire en toute honnêteté que le Royaume-Uni a dû gérer une foule de problèmes considérables lorsqu'il a décidé de quitter l'Union européenne. Cependant, cela n'a pas empêché l'Australie et d'autres États de négocier des améliorations considérables à leurs accords commerciaux.
Il est malheureux que les négociations aient été rompues entre nos deux pays et qu'il ait fallu attendre à la 11e heure avant que cet accord provisoire soit présenté. L'entente manque de clarté. Le commerce international et les investissements étrangers ont besoin de certitudes, et c'est ce qui est nécessaire ici. L'accord est un pas dans la bonne direction, mais il est malheureux que le projet de loi ne fixe aucun échéancier précis pour que des mesures concrètes soient prises afin d'arriver à une entente à long terme. Parmi les choses qu'un tel accord devrait inclure, mentionnons notre savoir-faire exceptionnel et nos ressources extraordinaires. Je suis fier de représenter une région qui produit un pétrole carboneutre. Nous avons les méthodes de production d'énergie les plus durables sur le plan environnemental et les plus éthiques au monde: il y a de quoi être fier. Nous avons un solide bilan dans ce domaine ainsi que de nombreuses occasions de développement agricole. Je viens d'une forte région agricole aux multiples débouchés.
Puisque mon temps de parole est presque écoulé, je tiens à dire que les Canadiens devraient réfléchir au fait que des considérations idéologiques semblent avoir miné la capacité du et des libéraux à négocier avec un gouvernement conservateur d'un autre pays. Il est malheureux que les Canadiens soient ceux qui paient réellement le prix de l'aveuglement idéologique qui, à mon avis, frappe parfois les libéraux.
C'est un honneur de discuter de ce projet de loi important et de continuer à soutenir le développement de liens commerciaux solides avec le Royaume-Uni alors qu'il vit un changement majeur. Je répondrai avec plaisir aux questions de mes collègues.
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Monsieur le Président, c'est aussi une première pour moi: je n'ai jamais partagé le temps de parole d'un député conservateur. Dans un esprit de coopération, je tiens à remercier le député conservateur de .
Je suis heureux d'avoir l'occasion de prendre la parole à la Chambre aujourd'hui au sujet du chapitre sur l'investissement et du mécanisme de règlement des différends en matière d'investissement dans l'Accord de continuité commerciale Canada—Royaume-Uni. Je commencerai par dire que le maintien des relations solides en matière d'investissement entre le Canada et le Royaume-Uni constitue une priorité absolue pour le gouvernement. Comme nous le savons tous, le Canada et le Royaume-Uni ont joui historiquement de relations commerciales et d'investissements mutuellement fort avantageux. Notre relation d'investissement bilatérale, déjà solide, a évolué rapidement dans le cadre de l'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne, ou AECG.
Le Royaume-Uni constitue le plus grand marché européen du Canada, en plus d'être une importante source d'investissements étrangers directs. En 2019, l'investissement direct étranger provenant du Royaume-Uni se chiffrait à plus de 62 milliards de dollars. Les Canadiens aussi cherchent des occasions d'investissements au Royaume-Uni; l'investissement direct étranger du Canada au Royaume-Uni était estimé à plus de 107 milliards de dollars en 2019, ce qui fait du Royaume-Uni la deuxième plus grande destination pour les investissements directs provenant du Canada.
L'accord de continuité commercial qui a été conclu le 9 décembre 2020 entre le Canada et le Royaume-Uni permettra aux deux parties de maintenir et d'approfondir l'excellente relation qu'ils entretiennent déjà en inscrivant les avantages de l'Accord économique et commercial global dans un nouvel accord bilatéral. Surtout, puisqu'il est fondé sur un texte que les Canadiens connaissent déjà, cet accord sera un gage de continuité et de stabilité pour les entreprises, les exportateurs, les travailleurs et les consommateurs canadiens, qui sauront ce que l'avenir leur réserve. Cette stabilité est plus importante que jamais en contexte pandémique.
Une fois que cet accord sera ratifié et entièrement en vigueur, il continuera de protéger les investisseurs canadiens en rendant l'avenir prévisible pour eux aussi, en plus de préserver les excellentes dispositions de l'Accord économique et commercial global portant sur le règlement des différends. Les entreprises d'ici nous ont dit que ce qui compte le plus pour elles ces temps-ci, c'est la stabilité, et c'est exactement ce que leur offrira l'accord de continuité commerciale à l'étude le temps que nous négociions un nouvel accord avec le Royaume-Uni, plus complet et servant au mieux les intérêts du Canada sur le long terme.
Je vais expliquer deux parties très importantes de l'accord de continuité commerciale: le chapitre sur les investissements et le mécanisme de règlement des différends en matière d'investissement, qui vise à protéger les investisseurs canadiens.
Comme mes collègues l'ont indiqué, l'accord de continuité commerciale est un accord provisoire qui reprend les dispositions de l'Accord économique et commercial global pour assurer la stabilité des entreprises canadiennes dans la situation unique que constitue le Brexit. Par conséquent, le chapitre exhaustif sur les investissements de l'Accord économique et commercial global a été reproduit dans l'accord de continuité commerciale pour assurer une transition en douceur et offrir une prévisibilité aux Canadiens. Ainsi, en vertu de cet accord, les investisseurs canadiens ainsi que les institutions financières canadiennes qui ont des investissements au Royaume-Uni profiteront du même degré élevé de protection qu'en vertu de l'Accord économique et commercial global.
Regardons de plus près la disposition concernant le règlement des différends en matière d'investissement.
L'accord de continuité commerciale reprend les dispositions de l'AECG concernant les différends en matière d'investissement, y compris le tribunal d'investissement permanent et le tribunal d'appel prévus par l'AECG; seules quelques modifications techniques mineures ont été apportées pour tenir compte du fait qu'on parle seulement du Royaume-Uni plutôt que des 28 États membres de l'Union européenne. Cela dit, les dispositions concernant le règlement des différends en matière d'investissement seront suspendues temporairement à l'entrée en vigueur de l'accord de continuité commerciale, jusqu'à ce que les parties les examinent. Cet examen aura pour but de déterminer quelle approche refléterait le mieux la relation bilatérale entre le Canada et le Royaume-Uni. Il devra être entamé dans les trois mois suivant l'entrée en vigueur de l'accord de continuité commerciale et être terminé dans les trois ans, à moins que le Canada et le Royaume-Uni choisissent de le prolonger. Si les deux pays ne s'entendent pas sur l'approche à adopter pour le règlement des différends en matière d'investissement ou sur la prolongation du processus d'examen, un tribunal d'investissement permanent et un tribunal d'appel semblables à ceux que prévoit l'AECG interviendront, à la condition que les dispositions équivalentes de l'AECG soient entrées en vigueur.
L'accord de continuité commerciale protégerait à la fois les investisseurs canadiens et le droit du Canada de réglementer dans l'intérêt public. Comme c'est le cas avec l'AECG, l'accord de continuité commerciale exigerait que les investisseurs tant canadiens qu'étrangers respectent les lois et règlements du Canada dans des domaines comme l'environnement, le travail, les soins de santé et la sécurité.
Pendant le processus de transition sans précédent qu'il a dû mener en raison du Brexit, le gouvernement s'est efforcé d'offrir des garanties et des protections aux Canadiens. Cet objectif s'est avéré encore plus important lorsque nous avons dû faire face à d'autres incertitudes et répercussions économiques en raison de la pandémie de COVID-19.
Le gouvernement est très fier d'avoir conclu cet accord de continuité commerciale avec le Royaume-Uni. Au moment des négociations, notre objectif a toujours été de créer des dispositions temporaires pour offrir de la stabilité aux entreprises canadiennes pendant le processus de transition du Brexit. Précisons que l'accord de continuité commerciale est bon pour les investisseurs du Canada et du Royaume-Uni et pour le maintien des solides relations mutuelles en matière de commerce et d'investissement que les deux pays entretiennent depuis 150 ans.
Tandis que l'AECG continuera d'encadrer les échanges commerciaux entre le Canada et l'Union européenne, cet accord de continuité commerciale offrira de la prévisibilité et dissipera certaines incertitudes pour les Canadiens qui font des affaires avec le Royaume-Uni et au sein de ce pays. Cet accord ne vise pas seulement à assurer la continuité des échanges et à maintenir le statu quo. Il est aussi essentiel pour préparer l'avenir de nos relations commerciales avec le Royaume-Uni.
Il est essentiel que l'accord de continuité commerciale soit ratifié et mis en œuvre le plus tôt possible pour offrir des garanties aux entreprises. Par conséquent, j'exhorte tous les députés à appuyer le projet de loi afin que le gouvernement puisse mettre en œuvre l'accord de continuité commerciale entre le Canada et le Royaume-Uni dans les meilleurs délais.