propose que le projet de loi , Loi modifiant la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés, apportant des modifications corrélatives à d’autres lois et modifiant le Règlement sur l’immigration et la protection des réfugiés, soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Monsieur le Président, depuis près de 10 mois, les Canadiens regardent avec horreur et consternation l'invasion injuste, odieuse et illégale que la Russie mène en Ukraine. C'est le 24 février 2022 que les forces russes ont lancé, sans provocation, cette attaque inacceptable, qui constitue une violation flagrante du droit international, de la Charte des Nations unies et de l'ordre international fondé sur des règles.
[Français]
Ces étapes ont entraîné une dévastation généralisée des infrastructures et des biens ukrainiens ainsi que la mort inutile d'Ukrainiens, en particulier de civils.
[Traduction]
Ces actions constituent une continuation et une accélération des mesures violentes prises par la Russie depuis le début de 2014 pour miner la sécurité, la souveraineté et l'indépendance de l'Ukraine. Le gouvernement du Canada est déterminé à soutenir ceux qui fuient la destruction et la dévastation en Ukraine et à offrir un refuge à ceux qui fuient leur pays d'origine déchiré par la guerre.
Comme nous l'avons dit depuis le début, qu'il s'agisse de soutien militaire, politique ou économique, le Canada continuera d'être là pour l'Ukraine et de réclamer des comptes à la Russie. Face à un tel mépris éhonté de l'ordre international, le gouvernement du Canada a réagi à l'invasion de l'Ukraine par la Russie en recourant à des mesures économiques, notamment des sanctions, pour envoyer un message clair et sans équivoque comme quoi l'agression dont fait preuve le régime russe ne sera pas tolérée.
Ces mesures font pression sur les dirigeants russes pour qu'ils mettent fin à leur guerre insensée, qui a entraîné la perte de milliers de vies et causé des souffrances indescriptibles au peuple ukrainien. Ces mesures représentent le plus récent exemple de l'engagement indéfectible du Canada envers l'Ukraine et son peuple.
Depuis le début de l'invasion de l'Ukraine en février, le gouvernement du Canada a imposé des sanctions selon les dispositions prévues par la Loi sur les mesures économiques spéciales à près de 1 200 personnes en Russie, en Ukraine et au Bélarus.
[Français]
D'autres sanctions ciblées sont prévues en réponse à l'agression russe, ce qui démontre que le Canada est un chef de file dans l'effort international visant à tenir les dirigeants russes responsables de cette attaque violente et non provoquée contre l'Ukraine.
[Traduction]
Récemment, le gouvernement du Canada a imposé des sanctions supplémentaires contre des responsables iraniens en vertu de la Loi sur les mesures économiques spéciales en réponse aux graves atteintes à la paix et à la sécurité internationales et aux violations flagrantes des droits de la personne perpétrées par le régime iranien. Parmi ces violations, mentionnons la persécution systémique des femmes, en particulier les actes scandaleux commis par la prétendue police des mœurs de l'Iran qui ont entraîné la mort de Mahsa Amini alors qu'elle se trouvait en détention.
Des sanctions ciblées ont été imposées contre de hauts responsables iraniens et d'importantes entités qui imposent directement des mesures répressives, violent les droits de la personne et répandent la propagande et la désinformation du régime iranien.
Les modifications que nous proposons d'apporter à la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés conféreraient au Canada des pouvoirs fort nécessaires pour mieux harmoniser les sanctions imposées par le gouvernement avec les pouvoirs liés à l'application de la loi en matière d'immigration ainsi qu'à l'accès au Canada. La Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés définit à quel moment une personne est interdite de territoire au Canada et établit les critères applicables pour tout ressortissant étranger ou tout résident permanent souhaitant entrer ou demeurer au Canada.
Cependant, dans sa forme actuelle, la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés ne cadre pas avec notre régime d'interdiction de territoire. Ses dispositions ne correspondent pas aux motifs justifiant la majorité des sanctions prévues dans la Loi sur les mesures économiques spéciales qui ont été imposées contre la Russie et l'Iran.
Imposer des sanctions contre ces pays en raison d'une grave atteinte à la paix et à la sécurité internationales, laquelle a donné lieu à la situation préoccupante qui sévit aujourd'hui, n'entraîne pas automatiquement l'interdiction de territoire. Ainsi, à moins qu'elles soient autrement déclarées interdites de territoire, la plupart des personnes visées par des sanctions en vertu de la Loi sur les mesures économiques spéciales peuvent tout de même voyager au Canada, y entrer ou y demeurer.
[Français]
Cela va à l'encontre des objectifs politiques du Canada en ce qui concerne l'application mesurée de sanctions et de restrictions à l'égard des ressortissants étrangers qui font partie des régimes russe ou iranien ou qui sont des partisans clés de ces régimes.
[Traduction]
Il est urgent d'apporter des modifications législatives pour harmoniser la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés avec le régime d'interdiction de territoire de la Loi sur les mesures économiques spéciales.
C'est pourquoi je présente aujourd'hui le projet de loi , Loi modifiant la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés, notamment, dans le but d'harmoniser explicitement la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés avec la Loi sur les mesures économiques spéciales pour veiller à ce que tous les ressortissants étrangers visés par des sanctions prévues dans la Loi sur les mesures économiques spéciales soient interdits de territoire au Canada.
Si ce projet de loi est adopté, les motifs justifiant une interdiction de territoire pour sanctions seront élargis. Ainsi, quel que soit le motif invoqué, les ressortissants étrangers frappés de sanctions au titre de la Loi sur les mesures économiques spéciales seront interdits de territoire au Canada. Cela inclurait non seulement les ressortissants étrangers sanctionnés qui sont originaires de la Russie, du Bélarus, de l'Ukraine et de l'Iran, mais aussi ceux provenant du Myanmar, du Soudan du Sud, de la Syrie, du Venezuela, du Zimbabwe et de la Corée du Nord.
En outre, ces modifications législatives moderniseraient le cadre d'interdiction de territoire pour sanctions qui est prévu à l'heure actuelle dans la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés.
[Français]
Je vais me permettre d'expliquer l'importance de cette mesure législative et les raisons pour lesquelles je cherche à ce qu'elle devienne une loi.
[Traduction]
Les modifications proposées dans le projet de loi permettraient de traiter de manière cohérente et uniforme toutes les sanctions liées à des motifs d'interdiction de territoire; de renforcer la législation sur l’interdiction de territoire déjà en place, de sorte que les personnes frappées de sanctions seraient interdites de territoire au Canada; de veiller à ce que les sanctions imposées par le gouvernement du Canada aient des conséquences directes en matière d'immigration et d’accès au Canada; et d'autoriser les fonctionnaires d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada à refuser de délivrer des visas de résident temporaire ou de résident permanent à l’étranger, ainsi que les fonctionnaires de l’Agence des services frontaliers du Canada à refuser l’entrée au Canada aux personnes visées par des sanctions ou à les expulser.
Une fois mises en œuvre, ces modifications s'appliqueraient à tous les ressortissants étrangers faisant l'objet de sanctions imposées unilatéralement par le Canada ainsi qu'aux membres de leur famille immédiate. Ces modifications garantiraient que tous les responsables russes et iraniens sanctionnés en vertu de la Loi sur les mesures économiques spéciales, ainsi que leurs partisans sanctionnés, soient interdits de territoire au Canada.
Sans ces modifications, les personnes sanctionnées en réponse aux situations en Ukraine et en Iran ne sont pas nécessairement interdites de territoire, à moins qu'elles n'aient violé une autre disposition de la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés. Ce projet de loi comblerait complètement cette lacune.
[Français]
Cette approche s'aligne également sur l'activité législative récente qui a été fortement soutenue, et elle s'en inspire.
[Traduction]
Par exemple, dans son rapport de 2017 intitulé « Un cadre efficace et cohérent de mise en œuvre des régimes de sanctions du Canada: honorer la mémoire de Sergueï Magnitski et aller plus loin », le Comité permanent des affaires étrangères et du développement international recommandait de modifier la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés pour que toutes les personnes désignées par un règlement pris en vertu de la Loi sur les mesures économiques spéciales soient interdites de territoire au Canada.
Par la suite, également en 2017, la Loi sur la justice pour les victimes de dirigeants étrangers corrompus, la loi de Sergueï Magnitski, soit le projet de loi , entrait en vigueur et créait deux nouveaux motifs d'interdiction de territoire. D'autres modifications ont été ensuite apportées à la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés afin que les agents délégués de l'Agence des services frontaliers du Canada, plutôt que la Section de l'immigration de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié, puissent prendre des mesures de renvoi directement aux points d'entrée en ce qui concerne les personnes interdites de territoire sous le régime des nouvelles dispositions relatives à l’interdiction de territoire pour sanctions.
[Français]
Cela a permis d'éviter que ces personnes ne soient physiquement renvoyées au Canada pour des audiences d'admissibilité devant la Section de l'immigration.
[Traduction]
Enfin, dans le budget de 2018, le gouvernement a accordé à l'Agence des services frontaliers du Canada les fonds nécessaires pour collaborer avec Affaires mondiales Canada et Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada afin de s'assurer que les personnes frappées de sanctions d'interdiction de territoire soient repérées le plus tôt possible dans le continuum des voyages afin de les empêcher de se rendre au Canada.
Les modifications législatives proposées et pour lesquelles je sollicite votre appui aujourd'hui permettraient de renforcer ces investissements et le travail efficace des agents des services frontaliers et de l'immigration au Canada et à l'étranger.
De plus, bien que les fonds octroyés dans le cadre du budget de 2018 aient permis de s'assurer que les modifications proposées soient prêtes en temps opportun, l'échéancier de cette mesure législative a été modifié afin de tenir compte des priorités en matière de gestion des frontières et de sécurité publique dans le contexte de l'intervention nécessaire en raison de la pandémie de COVID‑19. Cependant, le fait que les modifications prévues dans le projet de loi aient été élaborées de manière proactive a permis d'intervenir rapidement face à l'invasion de l'Ukraine par la Russie et aux mesures répressives prises par le gouvernement iranien contre des manifestants civils.
Outre ce qui a déjà été fait, le projet de loi prévoit des dispositions complémentaires et de coordination nécessaires pour arrimer les dispositions relatives à l'interdiction de territoire aux dispositions relatives aux sanctions tout en préservant l'intégrité des deux cadres.
Premièrement, toutes les dispositions relatives à l’interdiction de territoire pour sanctions seront traitées de manière cohésive et cohérente. Cela inclut, par exemple, l'ajout d'un élément temporel à toutes les dispositions relatives à l’interdiction de territoire pour sanctions, ce qui signifie qu'une personne n'est interdite de territoire que tant qu'elle reste inscrite sur une liste de sanctions. En outre, comme c'est le cas aujourd'hui dans la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, les membres de la famille immédiate des étrangers interdits de territoire pour sanctions sont également interdits de territoire. De même, les dispositions actuelles de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés qui portent sur l'immigration, la détention et les personnes sanctionnées s'appliqueraient aux nouveaux motifs de sanction.
Deuxièmement, d'autres modifications législatives dans le projet de loi garantiraient que le cadre d'interdiction de territoire pour sanctions multilatérales, comme les sanctions décrétées de concert avec les Nations unies, soit élargi pour inclure les groupes et les entités non étatiques et non seulement les États sanctionnés, comme c'est le cas aujourd'hui. À l'heure actuelle, les sanctions imposées contre des groupes et des entités non étatiques, comme Al-Qaïda ou l'État islamique en Irak et au Levant, n'entraînent pas automatiquement une interdiction de territoire pour sanctions. Les modifications proposées faciliteraient davantage l'interdiction et l'application des sanctions imposées de manière multilatérale.
Il ne faut pas se leurrer, les modifications proposées amélioreraient la capacité du Canada à identifier et à arrêter les étrangers sanctionnés avant qu'ils ne puissent entrer au Canada. Au cas où certains se présentent tout de même à nos frontières, les agents délégués de l'Agence des services frontaliers du Canada auraient le pouvoir de prendre des mesures de renvoi immédiatement aux points d'entrée pour toutes les personnes interdites de territoire pour sanctions.
[Français]
Il est important de noter que la sanction d'interdiction de territoire constitue le mécanisme le plus efficace et le plus efficient pour identifier rapidement les personnes interdites de territoire le plus tôt possible dans le processus de voyage et pour les empêcher d'obtenir un visa pour se rendre au Canada.
[Traduction]
D'autres dispositions en matière d'interdiction de territoire peuvent s'appliquer à certaines personnes visées par des sanctions, mais il ne faut pas conclure que toutes ces personnes sont également interdites de territoire pour d'autres motifs. Qui plus est, avant d'être retenus et d'entraîner des conséquences, d'autres motifs d'interdiction de territoire pertinents, notamment la participation à des crimes de guerre, exigent une enquête approfondie, une analyse au cas par cas, et des audiences devant la Commission de l'immigration et du statut de réfugié. On ne s'attend pas à ce que toutes les personnes sanctionnées puissent également être interdites de territoire pour d'autres motifs au titre de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés.
À moins qu'un motif clair et précis d'interdiction de territoire énoncé dans la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés puisse être retenu, les agents de l’immigration et des services frontaliers n'ont pas le pouvoir discrétionnaire de refuser l'entrée au Canada. Ces modifications sont donc essentielles pour assurer une parfaite concordance entre l'interdiction de territoire et les sanctions.
Le projet de loi doit également appuyer le recours à d'autres mesures d'interdiction de territoire et d'application de la loi sur l'immigration en ce qui concerne l'Iran. Des mesures additionnelles contre le régime iranien ont été annoncées le 7 octobre. Le avait alors annoncé que le gouvernement du Canada s'emploierait à désigner le régime iranien au titre de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés. En pratique, cela signifie qu'outre les sanctions individuelles, la moitié de la classe supérieure des hauts fonctionnaires et des dirigeants du régime iranien les plus responsables des violations flagrantes et répétées des droits de la personne sera considérée interdite de territoire au Canada dès lors que le régime aura été désigné, ce qui est déjà fait.
D'autres modifications sont prévues dans le projet de loi . Par exemple, il corrige une incohérence créée par le projet de loi dans la politique sur les réfugiés. En vertu de la loi de Sergueï Magnitski, les ressortissants étrangers inadmissibles à revendiquer le statut de réfugié sont interdits de territoire. Toutefois, les sanctions multilatérales comme celles prévues au titre de la Loi sur les Nations Unies n'ont pas la même conséquence dans la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés.
[Français]
La Convention sur les réfugiés elle-même ne détermine pas non plus les sanctions en tant que telles comme suffisantes pour justifier l'exclusion de la protection des réfugiés.
[Traduction]
Les modifications législatives proposées dans ce projet de loi corrigeraient cette incohérence. Elles feraient en sorte que les ressortissants étrangers n'aient pas le droit de revendiquer le statut de réfugié auprès de la Section de la protection des réfugiés de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, et ce, pour la simple raison qu'ils sont visés par des sanctions qui concordent avec les obligations internationales du Canada.
Si, compte tenu des mesures en vigueur ayant pour effet d'interdire l'accès à notre territoire aux ressortissants étrangers ciblés par des sanctions, il y avait de rares cas où l'un d'eux pourrait demander le statut de réfugié au Canada, cet individu n'aurait pas le droit d'obtenir le statut de résident permanent tant et aussi longtemps que les sanctions seraient en vigueur. Ce serait aussi le cas pour tous les ressortissants étrangers visés par des sanctions qui demanderaient le statut de réfugié ou de personne protégé. C'est une approche à la fois équilibrée et ferme.
De plus, une personne inadmissible en raison de sanctions qui ferait l'objet d'une procédure de renvoi aurait le droit de présenter une demande d'évaluation des risques avant d'être renvoyée. Les autorités canadiennes pourraient ainsi faire une évaluation juste des risques auxquels la personne serait exposée dans son pays d'origine avant de l'expulser du Canada.
Les sanctions étant l'expression d'une politique du gouvernement, d'autres modifications sont proposées pour éliminer au maximum la possibilité de contourner les dispositions rendant des personnes inadmissibles en raison des sanctions prévues selon la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés.
Je crois que l'annulation de la sanction est le mécanisme à utiliser pour éviter les conséquences liées à cette sanction. Le projet de loi propose donc d'éliminer l'accès à une dispense ministérielle dans le cas des personnes qui sont interdites de territoire pour sanctions. Ajoutons qu'en vertu des modifications proposées, les personnes qui sont interdites de territoire pour sanctions ne pourraient pas interjeter appel de la décision concernant l'interdiction de territoire devant la Section d'appel de l'immigration, ni demander la résidence permanente pour motif d'ordre humanitaire. Toute demande de recours en lien avec des sanctions devra être faite à l'entité qui a imposé les sanctions.
[Français]
Par exemple, les personnes interdites de territoire en raison de sanctions imposées par le Canada pourraient présenter une demande de radiation au ministre des Affaires étrangères.
[Traduction]
De plus, comme c'est le cas pour toutes les décisions prises en vertu de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, la Cour fédérale continuera d'avoir le pouvoir de mener une révision judiciaire des décisions concernant les interdictions de territoire fondées sur des sanctions.
Le projet de loi prévoit aussi des dispositions de coordination qui modifieraient la Loi sur les mesures d'urgence et la Loi sur la citoyenneté, de manière à maintenir et à préciser les pouvoirs existants concernant les interdictions de territoire pour sanctions dans ces mesures législatives.
[Français]
Maintenant plus que jamais, nous devons agir pour aligner le régime de sanctions de la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés sur celui de la Loi sur les mesures économiques spéciales.
[Traduction]
Les sénateurs ont convenu d'adopter la motion et ont désigné ce projet de loi comme étant « très urgent », pour reprendre les propos de la sénatrice Omidvar. J'exhorte les députés à étudier le projet de loi avec le même sentiment d'urgence. Le projet de loi donnera au Canada des pouvoirs bien nécessaires pour mieux arrimer les sanctions gouvernementales et les pouvoirs nécessaires afin que les agents de l'immigration puissent refuser l'accès au Canada. Nous serons aussi plus à même de contribuer à des mesures concertées avec nos partenaires internationaux.
[Français]
Le projet de loi que nous présentons aujour'hui à la Chambre est une approche prudente et complète qui permettrait à notre gouvernement de répondre à l'agression des régimes russe et iranien par des conséquences appropriées en matière d'immigration.
[Traduction]
Ce projet de loi et ces modifications législatives indiqueraient de façon claire et sans équivoque que le gouvernement du Canada peut appliquer un ensemble complet de sanctions qui ont des effets concrets et directs, non seulement d'un point de vue économique, mais aussi en ce qui a trait à l'immigration et à l'accès au Canada. Nous pourrions ainsi mieux défendre les droits de la personne tant au Canada qu'à l'étranger.
:
Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec l'excellent député de .
C'est toujours un plaisir de prendre la parole au sujet des projets de loi à la Chambre. Aujourd'hui, nous débattons du projet de loi , qui a pour objet d'interdire de territoire au Canada les étrangers visés par des sanctions économiques.
Comme nous parlons des droits de la personne, je veux profiter de l'occasion pour parler de ce qu'a subit en fin de semaine une personne très importante pour le Parlement, soit Irwin Cotler, lors de la première d'un documentaire sur sa vie et son inlassable travail en matière de droits de la personne partout dans le monde. M. Cotler a été harcelé et critiqué lors de cet événement, qui fut donc perturbé et tourné en ridicule. Les gens présents étaient très mal à l'aise. Tout le monde devrait être ouvert à la critique et au débat publics, comme l'a toujours été M. Cotler, mais notre société est en train de perdre son sens moral s'il est devenu acceptable de traiter nos semblables de la sorte.
Souvent, la critique à l'endroit des Juifs accomplis relève d'une certaine forme d'antisémitisme. Il est normal d'avoir des désaccords et nous devons toujours encourager le débat, mais la liberté d'expression vient avec la responsabilité de traiter les autres avec respect et décence.
La Russie mène sa guerre d'agression contre l'Ukraine depuis maintenant 10 mois, mais c'est en 2014 que la Russie est passée à l'action en annexant la Crimée. Cette manœuvre éhontée constituait une violation flagrante du droit international. En plus d'avoir causé la destruction généralisée d'infrastructures et de biens en Ukraine, l'offensive russe a entraîné la mort de nombreux civils, dont des femmes et des enfants. Ces actes s'inscrivent dans la continuité de l'agression croissante menée par la Russie contre l'Ukraine et menacent l'ordre international fondé sur des règles. Le Canada a riposté, notamment au moyen de sanctions économiques, comme bon nombre de ses alliés. Ces sanctions, qui sont énoncées dans la Loi sur les mesures économiques spéciales, visent environ 1 000 citoyens russes, ukrainiens et bélarusses.
Si je comprends bien, le projet de loi dont nous sommes saisis vise à modifier la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, ou LIPR, comme vient de le dire le ministre, afin d'atteindre plusieurs objectifs.
Premièrement, le projet de loi vise à réorganiser les dispositions existantes en matière d’interdiction de territoire relatives aux sanctions dans le but d’établir un motif distinct d’interdiction de territoire pour sanctions.
Deuxièmement, il vise à élargir la portée de l’interdiction de territoire pour ces sanctions en incluant les sanctions imposées non seulement à l’égard d’un pays, mais aussi à l’égard d’une entité ou d’une personne. Il s'agit d'un aspect important étant donné que nous avons désigné des personnes, et pas seulement des pays, dans le cadre de nos sanctions économiques.
Troisièmement, le projet de loi vise à élargir la portée de l'interdiction de territoire pour sanctions en incluant tous les décrets et règlements pris en vertu de l'article 4 de la Loi sur les mesures économiques spéciales.
Enfin, il vise à modifier le Règlement sur l'immigration et la protection des réfugiés pour prévoir que le ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile, au lieu de la Section de l'immigration, aura le pouvoir de prendre des mesures de renvoi en raison de l'interdiction de territoire pour sanctions visée à un nouvel alinéa de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés. Cela donnera au Canada les pouvoirs nécessaires pour mieux arrimer les mesures du gouvernement avec les sanctions économiques à l'égard des personnes qui tentent de venir au Canada pour y mener une belle vie.
La Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés définit les circonstances où une personne est interdite de territoire au Canada et établit les critères qui s'appliquent à l'ensemble des ressortissants étrangers et des résidents permanents qui veulent entrer ou rester au Canada. Cependant, dans la majorité des cas, ses dispositions sur l'interdiction de territoire ne sont pas arrimées avec les critères sur lesquels on se fonde pour imposer des sanctions économiques. Par conséquent, une personne visée par des sanctions économiques peut quand même venir au Canada et y demander l'asile. Elle peut donc venir profiter des conditions de vie qui sont offertes au Canada. Il est évident qu'il s'agit d'une échappatoire qui mine la confiance dans notre régime et nos lois, et que les Canadiens n'accepteront pas qu'on permette à des personnes visées par des sanctions de rester au Canada.
Cette échappatoire ne s'applique pas seulement aux ressortissants russes. N'oublions pas les ressortissants des autres pays qui ont été visés par de telles sanctions, à savoir le Bélarus, le Myanmar, le Soudan du Sud, la Syrie, le Venezuela, le Zimbabwe, la Corée du Nord et, bien entendu, l'Iran.
Dans le cas de l'Iran, j'aimerais ajouter que le Canada devrait sévir beaucoup plus qu'il ne le fait présentement. Nous venons d'assister aux échanges entre des députés de l'opposition et le à ce sujet. Il est crucial d'inscrire le Corps des Gardiens de la révolution islamique sur la liste des organisations terroristes. C'était la volonté de la Chambre des communes en 2018 et cette volonté a été réaffirmée très récemment. Nous devons agir avec beaucoup plus de rigueur contre le Corps des Gardiens de la révolution islamique. C'est ce que les Canadiens attendent de nous.
Le Canada est souvent à la traîne lorsqu'il s'agit de prendre certaines mesures en réponse à ce qui se passe dans le monde. Malheureusement, cela ternit notre réputation sur la scène internationale. Il a tardé à imposer les sanctions prévues dans la loi de Magnitski. Le gouvernement attend souvent de voir quel vent souffle sur le paysage politique avant d'agir. Il craint trop d'offenser qui que ce soit.
Examinons la réponse officielle du gouvernement à l'égard des manifestations en Iran, comme nous en avons discuté, ou le traitement que le Parti communiste chinois réserve à la population ouïghoure. Nous exhortons le gouvernement à en faire davantage dans ces dossiers, mais il se dérobe constamment à sa responsabilité. Par conséquent, le Canada n'est pas considéré aussi sérieusement qu'auparavant par la communauté internationale.
Trop souvent, la position du Canada manque de fermeté et ne repose pas sur des principes. Bref, le Canada tarde à agir et lorsqu'il le fait, il prend des demi-mesures. Songeons par exemple à la position frénétique du gouvernement à l'égard de la Chine. Si on n'aime pas la politique canadienne dans ce dossier, il suffit simplement de s'adresser à un autre ministre pour finalement obtenir la réponse recherchée. On constate souvent que le gouvernement n'a pas de plan et que ce n'est que lorsqu'il est publiquement mis dans l'embarras qu'il se décide à agir.
Pensons par exemple à l'engagement international de lutter contre le blanchiment d'argent en établissant un régime et un registre de la propriété effective. Cela vise à empêcher les gens soumis à des sanctions économiques de cacher leurs avoirs partout dans le monde. Les lois du Canada pour déterminer la propriété effective des avoirs sont parmi les plus faibles au monde. Nous sommes l'un des seuls pays à ne pas avoir encore établi un registre de la propriété effective. Le gouvernement avait déjà promis de le faire en 2019, puis avait dit que cela devrait attendre jusqu'en 2025. Maintenant, il affirme qu'il instaurera ce registre d'ici la fin de l'année prochaine, mais nous attendons encore qu'il présente une mesure législative à cette fin.
Oui, le gouvernement a accepté d'accélérer l'adoption du projet de loi, mais il reste encore beaucoup à faire. Tous les autres pays nous devancent de beaucoup en matière de lutte contre le blanchiment d'argent à l'échelle internationale. Encore une fois, cela a un lien avec la mesure législative à l'étude parce que les particuliers visés par les sanctions ont des avoirs partout dans le monde. Alors, même si nous ne les autorisons pas à entrer au Canada maintenant, ils pourraient néanmoins cacher leurs avoirs ici parce que nous sommes incapables de déterminer qui est propriétaire de quoi dans notre pays. Nous devons prendre bien d'autres mesures et agir bien plus rapidement dans ce dossier.
Encore une fois, le gouvernement dit tout ce qu'il faut dire, mais n'agit pas dans bien des cas. Oui, il a pris quelques mesures, mais je suppose que, comme le dit le proverbe, même une horloge en panne donne l'heure juste deux fois dans la journée.
J'attends avec impatience les travaux du comité sur le projet de loi . C'est une mesure législative importante. Des députés de l'opposition ont déjà demandé à la Chambre pourquoi le processus est aussi long. Nous avons hâte de renvoyer le projet de loi au comité, où nous pourrons peut-être étudier certains des amendements proposés par le NPD. C'est une étape très importante pour le pays: mettre en place des mesures pour que les individus qui ont violé les droits de la personne et le droit international aient plus de difficulté à venir ici, à rester dans ce magnifique pays que nous avons bâti et à profiter des avantages des systèmes politiques et juridiques que nous avons établis.
C'est avec grand plaisir que j'appuie le projet de loi et je me réjouis à la perspective qu'il soit renvoyé au comité.
:
Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi , Loi modifiant la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés, apportant des modifications corrélatives à d’autres lois et modifiant le Règlement sur l’immigration et la protection des réfugiés. Le projet de loi dont nous sommes saisis vise à apporter plusieurs modifications à la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés.
Le projet de loi propose de réorganiser les dispositions existantes en matière d’interdiction de territoire relatives aux sanctions. Cette proposition vise à établir un motif distinct d’interdiction de territoire pour des sanctions que le Canada peut imposer en réponse à un acte d'agression.
Lorsque le dictateur russe, Vladimir Poutine, a envahi l'Ukraine, le monde a regardé avec horreur. Un pays démocratique, dans une région du monde où tant de Canadiens et moi-même avons des racines familiales, subissait des attaques et des bombardements dans le cadre d'une agression hostile.
Depuis le début de l'invasion de l'Ukraine en février, le gouvernement du Canada a imposé des sanctions au titre de la Loi sur les mesures économiques spéciales à plus de 1 000 personnes en Russie, en Ukraine et au Bélarus. Cependant, ces sanctions à elles seules n'étaient pas des motifs suffisants pour empêcher les amis de Vladimir Poutine d'obtenir la citoyenneté, la résidence permanente ou le statut de réfugié au Canada. Le projet de loi sert à corriger cette lacune.
Le projet de loi propose également d'élargir la portée de l'interdiction de territoire pour ces sanctions. Il recommande d'inclure les sanctions imposées non seulement à l'égard d'un pays, mais aussi à l'égard d'une entité ou d'une personne. De telles sanctions sont de plus en plus courantes étant donné que les citoyens d'États dictatoriaux ne doivent pas être tenus responsables des agissements tyranniques du dictateur qui les dirige.
Les sanctions contre un pays, bien qu'elles servent à exprimer l'opposition du Canada contre les agissements d'un État voyou, nuisent surtout aux populations. Ce sont les citoyens de ces États qui feront maintenant les frais des agissements d'un dictateur corrompu et qui subiront les conséquences imprévues des sanctions canadiennes.
Le projet de loi propose aussi d'élargir la portée de l'interdiction de territoire pour sanctions en incluant tous les décrets et règlements pris en vertu de l'article 4 de la Loi sur les mesures économiques spéciales.
Il prévoit la modification du Règlement sur l'immigration et la protection des réfugiés pour prévoir que le ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile, au lieu de la Section de l'immigration, aura le pouvoir de prendre des mesures de renvoi en raison de l'interdiction de territoire pour sanctions visée au nouvel article 35 de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés.
Voilà qui me donne à réfléchir. Je comprends l'intérêt de donner au ministre de la Sécurité publique la capacité d'intervenir si la situation le justifie, mais l'actuel ministre n'est certainement pas un modèle en termes de responsabilité, de reddition de comptes et de confiance.
N'oublions pas que c'est l'actuel qui, dans ses fonctions antérieures de ministre de l'Immigration, a négligé de protéger les interprètes afghans sur lesquels le Canada comptait durant la guerre en Afghanistan.
N'oublions pas que c'est l'actuel qui a introduit la plus sévère mesure législative d'urgence au Canada contre ses propres citoyens en invoquant la Loi sur les mesures d'urgence afin d'éviter de rencontrer les organisateurs du convoi de la liberté qui étaient venus ici pour être entendus par le gouvernement.
N'oublions pas que c'est le même qui a demandé à ses collègues libéraux de faire évoluer le projet de loi pour qu'il passe d'une simple interdiction pour les honnêtes citoyens de posséder une arme de poing et de pratiquer le tir sportif à une véritable attaque en règle contre les chasseurs, les agriculteurs et les Autochtones canadiens.
Si je devais passer en revue tous les échecs de l'actuel , j'aurais besoin de bien plus de temps, et je sais que mes collègues attendent impatiemment de prendre la parole. Je peux me consoler en me disant que les pouvoirs prévus dans cette loi relèveront d'un ministre de la Sécurité publique conservateur après les prochaines élections, mais je m'égare.
À l'heure actuelle, la législation canadienne ne prévoit pas précisément que les sanctions internationales puissent servir de justification pour rejeter les demandes de résidence permanente, de citoyenneté ou de statut de réfugié. Néanmoins, nous faisons confiance aux fonctionnaires quant aux décisions qu'ils prennent concernant la protection du Canada et l'obtention du statut de citoyen, de résident permanent ou de réfugié. Ce nouveau cadre permettra la prise de décisions claires et directes qui respectent pleinement la volonté du Parlement et tirent le maximum des lois existantes, comme la Loi sur la justice pour les victimes de dirigeants étrangers corrompus, aussi appelée loi de Magnitski.
Le projet de loi garantit aussi que pratiquement aucune personne sanctionnée ne pourrait faire appel des mesures prises contre elle et de la décision concernant sa demande de citoyenneté, de résidence permanente ou de statut de réfugié étant donné l'imprécision des lois. À défaut du projet de loi S‑8, un fonctionnaire ne pourrait pas simplement rejeter une demande parce que le demandeur est une personne sanctionnée. On doit maintenant passer par un processus moins traditionnel consistant à exclure le demandeur pour les motifs au vu desquels il figure sur la liste des sanctions, ce qui peut entraîner un manque de précision dans le rejet.
Nous savons que les personnes sanctionnées viennent généralement au Canada avec des gains mal acquis. Elles ont donc les moyens de retarder le processus, de contester les décisions et non seulement d'encombrer nos tribunaux et nos procédures d'appel pour ceux qui le méritent, mais aussi de faire perdre du temps et de l'argent au gouvernement et aux contribuables canadiens avec ces procédures.
Je suis heureux que le gouvernement ait enfin pris le temps, à la Chambre, de mettre en œuvre la loi de Magnitski d'une manière qui lui donne du mordant. Les conservateurs appuient ce projet de loi. Nous avons toujours soutenu fermement les sanctions contre les personnes, les entités et les pays qui menacent l'intérêt national ou le droit international. Nous avons critiqué les cas où des personnes ayant des liens avec des organisations désignées, mais qui ne figurent pas nécessairement sur une liste de terroristes, ont été autorisées à entrer au Canada. Nous avons toujours accordé la priorité à l'intérêt national dans les dossiers concernant la citoyenneté et l'immigration. En outre, les conservateurs soutiennent vigoureusement la loi de Magnitski.
Les Canadiens ne doivent pas craindre que des personnes sanctionnées cherchent à accéder aux collectivités canadiennes, alors que tant de candidats respectueux de la loi attendent d'immigrer. Nos alliés doivent également être assurés que nous maintiendrons nos sanctions.
En conclusion, comme on l'a mentionné précédemment, ce projet de loi a été présenté au Sénat en mai de cette année. Il a été adopté par le Sénat en moins d'un mois. Cela comprend les étapes de la première lecture, de la deuxième lecture avec débat, de l'étude en comité, du rapport et de la troisième lecture avec débat.
Le gouvernement libéral a présenté le projet de loi à la Chambre des communes le 4 octobre, et ce n'est que le 12 décembre qu'il a enfin droit à un débat. Nous nous demandons pourquoi il a fallu tant de temps aux libéraux pour combler cette lacune en matière d'immigration. Qu'est-ce qui les a retardés? Il semblerait que les libéraux soient à court de projets de loi générateurs de dettes et qu'ils aient décidé de profiter de ces derniers jours de séance avant Noël pour mettre en avant les priorités législatives des Canadiens.
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Monsieur le Président, je remercie mes collègues. Cela n'arrive pas souvent, mais je vais le dire: pour une fois, nous sommes tous d'accord.
C'est comme le projet de loi que nous étudions. C'est assez simple dans le fond, on veut être cohérent. On parle d'imposer des mesures contre des individus ou des États, particulièrement contre des individus — on pense tous aux oligarques russes présentement, mais cela pourrait être des groupes iraniens ou des groupes d'autres nations, qui seraient visés par des sanctions. Ils seraient donc refusés de séjour ou qui pourraient être expulsés du pays pour ces motifs.
Le projet de loi touche un paquet de lois. J'ai lu le résumé législatif et c'est assez complexe. Il y a la Loi sur les mesures économiques spéciales, la Loi sur la justice pour les victimes de dirigeants étrangers corrompus, ou loi de Sergueï Magnitski, ainsi que la Loi sur les Nations Unies. On vient donc modifier un paquet de lois pour qu'il y ait une cohérence dans le système de sanctions imposées par le Canada à des délinquants étrangers. Utilisons les vrais mots, ce sont des criminels, des gens qui ont fait souffrir des populations ou simplement, et ce n'est pas mieux, des gens qui ont usurpé les richesses économiques de leur pays et de leur nation et qui viennent dans un pays comme le Canada pour mener une belle vie tranquille.
On a vu trop de cas dans l'histoire de criminels de guerre et de gens qui avaient commis des infractions épouvantables et que finalement on retrouvait rendus à 89 ans dans un pays du Sud; pendant les 40 dernières années, ils se la coulaient douce sur le bord de la piscine ou sur le bord de la plage, avec leur petit verre, pendant que les gens qu'ils ont fait souffrir ne s'en sont jamais remis; c'est-à-dire les gens qui sont morts, les enfants qui ont été blessés ou tués, et les femmes qui ont été violées. Avec toutes ces horreurs, il faut qu'on soit cohérent et qu'on les dénonce.
Par contre, cela soulève plusieurs questions. Il y a une question très pertinente qui a été soulevée par mon collègue conservateur, juste avant moi. Il se demandait pourquoi cela arrive à la Chambre le 12 décembre. Je ne sais pas si quelqu'un va voter contre cela. On a toujours le droit, mais je ne pense pas que cela va arriver. Je pense que le projet de loi va être adopté de façon assez unanime. Je pense qu'on pourrait le faire rapidement et passer à autre chose.
Comment se fait-il que cela ait pris plus que deux mois pour que le projet de loi soit présenté à la Chambre? Pendant ces mois, des gens sont au Canada et se la coulent douce. C'est cela, l'enjeu. Ce sont des gens visés par des sanctions qui profitent du niveau de vie, des services de santé et ainsi de suite que le Québec et le Canada peuvent offrir, en toute impunité. J'ai de la misère avec cela.
Quand on parle de la loi Magnitski, on parle de gens qui ont subi des tortures et des mauvais traitements. Je pense entre autres à Evgenia Kara-Murza, que j'ai eu le grand privilège de rencontrer au Comité permanent de la justice et des droits de la personne, il y a quelques mois. Elle se tient bien droite, courageuse et parle de son mari autant qu'elle peut. Son mari est emprisonné actuellement en Russie par les gens qui l'ont déjà empoisonné deux fois. J'invite les députés à s'arrêter 30 secondes et à essayer de s'imaginer être dans une telle situation. Elle fait le tour des pays occidentaux, essaie d'avoir des pressions internationales et de faire parler de son mari le plus possible, en espérant pouvoir lui sauver éventuellement la vie.
Comment pourrions-nous permettre aux gens qui empoisonnent des dissidents, qui les mettent en prison de façon injustifiée et qui créent des centaines de prisonniers politiques de venir au Canada ou au Québec mener une belle petite vie tranquille? On ne peut pas faire cela. De là vient l'unanimité qu'on voit à la Chambre.
Les interdictions pour motif de sanctions viennent s'ajouter aux motifs de sécurité, d'atteinte aux droits de la personne, de criminalité, d'activités criminelles organisées, de motifs sanitaires, de motifs financiers, de fausses déclarations, de non-respect de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés et d'interdiction de territoire familial. Cela inclut, dans ce projet de loi, l'interdiction de territoire pour les individus qui seraient membres d'une organisation non étatique, comme les groupes terroristes.
Je vais faire une petite parenthèse. On est capable d'identifier des groupes terroristes. Il y a bien sûr des groupes qu'on voudrait voir inscrits et qui ne le sont pas encore, mais on travaille là-dessus. Néanmoins, on est capable d'inscrire des groupes terroristes, de mettre en place des sanctions précises pour ces gens et de leur retirer certains droits. Puisqu'on est capable de le faire dans ce contexte, comment se fait-il qu'on ne soit pas capable d'établir un registre des organisations criminelles pour aller contrôler les armes à feu illégales? Je ne comprends pas cela.
Je souhaite à tous d'être épargnés par les virus grippaux, qui sont assez sévères. Au cours des dernières semaines, ils ont provoqué quelques absences de ma part. Je suivais quand même de loin ce qui se passait à la Chambre. Je suis d'ailleurs très fier de mes collègues du Bloc québécois qui ont géré, de main de maître, la crise provoquée par le gouvernement sur la gestion des armes à feu et qui ont exigé que des rencontres supplémentaires aient lieu avec des spécialistes. C'est une chance d'avoir ici un groupe de gens qui travaillent de façon professionnelle et sérieuse. Ces gens, ce sont ceux du Bloc québécois.
Je regardais tout cela avec un peu de recul et je trouvais cela très triste. Quand je vois que les gens qui font partie de groupes terroristes seront interdits de séjour, je trouve cela parfait. On n'a pas à accorder de faveur à ces gens. Cependant, comment se fait-il qu'on fasse des faveurs aux membres connus de groupes criminels qui se font des fêtes la fin de semaine en arborant leurs couleurs et leur veste? Je ne comprends pas cela.
Ce n'est pas une question de démocratie. C'est une question de trafic d'armes. Mon collègue de , qui siège au comité de la justice, a déposé un projet de loi brillant sur les organisations criminelles. J'invite les gens du gouvernement à reprendre cela, un peu sur le modèle du projet de loi qu'on étudie. On n'a pas à donner de chance à des criminels, des abuseurs, des gens qui ont fait souffrir d'autres personnes.
Cette loi-là est d'une évidence totale. Le Bloc québécois pense que le Canada et le Québec doivent être un refuge pour les gens qui fuient la guerre, mais pas être un refuge pour les gens qui l'ont provoquée et qui ont fait souffrir les gens de leur nation d'origine, ni pour des voleurs, des arnaqueurs, des criminels ou des profiteurs.
J'invite donc tout le monde à voter en faveur de cela rapidement. Avant de terminer, j'aimerais seulement soulever une crainte afin qu'on soit vigilant pour la suite des choses. Tantôt, mon collègue du NPD a soulevé une bonne question quant à laisser un droit de regard aux parlementaires pour la suite de ce projet de loi, et je trouve cela très pertinent. Néanmoins, je soulève un autre doute.
Les oligarques qui sont ici ont de l'argent. Ils sont capables de se payer des avocats et d'exercer des recours. Voici une de mes craintes: ces gens pourraient multiplier les recours pour dire que l'expulsion n'est pas justifiée. Ils se retrouveraient alors ici pendant encore plusieurs années à profiter du soleil et du beau temps pendant que les gens qu'ils ont fait souffrir sont morts ou sont en prison dans leur pays d'origine. Si certains de mes collègues ont des réponses pour moi, je les remercie à l'avance.
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Monsieur le Président, c'est toujours un défi de prendre la parole après mon collègue de . Je le salue aujourd'hui parce que je le retrouve après quelque temps d'absence. Je suis bien contente de le retrouver et je lui souhaite la santé pour la nouvelle année. Je pense que c'est la moindre des choses.
J'écoute les échanges depuis tout à l'heure. Il y a une expression qui dit qu'on ne peut pas être contre la tarte aux pommes. J'essaie de trouver un meilleur exemple pour le temps des Fêtes. Je pourrais parler de tourtière ou de bûche de Noël. J'ai vraiment l'impression de me retrouver devant un projet de loi qui fait en quelque sorte l'unanimité à la Chambre.
Cela fait beaucoup de bien en cette fin d'année durant laquelle, d'une part, le gouvernement a trop souvent proposé des projets de loi mal ficelés et, d'autre part, une autre formation politique s'est amusée à faire de l'obstruction pour faire de l'obstruction et pour faire de la petite politique. Combien de fois ai-je dit qu'il faudrait plus d'enfants comme nous dans la pièce? Enfin, je veux parler d'adultes dans la pièce. Cela dit ce que cela veut dire. C'est une position sensée et raisonnable pour un projet de loi qui doit être adopté.
Je prends la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi qui modifie le texte de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés pour réorganiser les dispositions qui existent en matière d'interdiction de territoire relatives aux sanctions dans le but d'établir un motif distinct d'interdiction de territoire pour sanctions. Le projet de loi vise aussi à élargir la portée de cette interdiction de territoire pour sanctions et à inclure les sanctions imposées non seulement à l'égard d'un pays, mais aussi à l'égard d'une entité ou d'une personne. Finalement, le projet de loi vise aussi à élargir la portée de l'interdiction de territoire pour sanctions en incluant les décrets et les règlements pris en vertu de l'article 4 de la Loi sur les mesures économiques spéciales. Cela permet d'avoir encore plus de poids.
Il apporte en outre des modifications à la Loi sur la citoyenneté et à la Loi sur les mesures d'urgence. Enfin, il modifie le Règlement sur l'immigration et la protection des réfugiés pour prévoir notamment que le ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile, au lieu de la Section de l'immigration, aura le pouvoir de prendre des mesures de renvoi en raison de l'interdiction de territoire pour sanctions visées par la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés.
Je vais donc aborder dans mon exposé quelques informations sur le projet de loi, je vais parler de différents points de vue et je vais énumérer quelques lacunes à combler.
Tout d'abord, le projet de loi, qui a été adopté au Sénat, met à jour la Loi sur l'immigration et les réfugiés afin de marquer d'une interdiction de territoire les individus et leur famille immédiate qui sont visés par des sanctions comme celles imposées aux entreprises et aux individus. Comme on le voit, c'est dans la foulée des agressions commises par la Russie depuis l'annexion illégale de la Crimée en 2014 et l'invasion de l'Ukraine le 24 février 2022. C'est dans ce contexte que cela s'inscrit.
La modification de la Loi avait été appelée par la recommandation 13 du rapport du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international de 2017 sur la mise en œuvre des régimes de sanction du Canada, le rapport Sergueï Magnitski. Ce dernier était un avocat russe décédé en prison russe dans des circonstances troubles après avoir mis au jour la corruption d'oligarques russes. Sa mort a donné naissance, au Canada, mais aussi aux États‑Unis, à des régimes de sanction en vertu de la Loi sur la justice pour les victimes de dirigeants étrangers corrompus, ou la loi de Sergueï Magnitski de 2017.
Je vais faire une parenthèse, parce que ce phénomène existe encore en 2022. J'ai une pensée ici pour les journalistes qui sont décédés dans des circonstances troubles au Qatar après avoir dénoncé ce qui se passait avec les communautés LGBTQ+. C'est franchement inquiétant. J'espère que ce projet de loi sera un premier pas et qu'il aidera à envoyer clairement le message que cela ne peut plus se produire aujourd'hui.
La mise en œuvre de cette recommandation s'est imposée comme priorité au printemps dernier dans la foulée de l'invasion de l'Ukraine, comme je l'ai dit.
Comme l'a dit mon collègue de Berthier—Maskinongé, les interdictions de territoire pour motif de sanctions portent sur la sécurité, l'atteinte aux droits de la personne internationaux, la criminalité, les activités de crime organisé, les motifs sanitaires, les motifs financiers, les fausses déclarations, le non-respect des conditions stipulées par la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés et l'interdiction de territoire familiale. C'est quand même intéressant.
De plus, le projet de loi inclut dans son interdiction de territoire les individus qui seraient membres d'une organisation non étatique comme les groupes terroristes. On nomme cet aspect et c'est intéressant.
Le projet de loi devrait être adopté à l'unanimité. Comme je l'ai dit, lorsque j'écoutais les débats à la Chambre, j'ai eu l'impression qu'il y avait unanimité. C'était le cas au Sénat. Après tout, le projet de loi ne fait que rendre cohérente la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés avec les sanctions économiques que le Canada veut imposer et doit imposer aux pays belliqueux.
On l'a vu, le 17 mai dernier, le projet de loi a d'abord été présenté au Sénat avant d'aboutir à la Chambre des communes. On voit qu'il y a un beau chemin pour ce projet de loi.
Selon ce qu'on a entendu, il semblerait que les conservateurs et le NPD vont appuyer le projet de loi. Quelque chose d'intéressant se passe en cette fin de travaux parlementaires. J'aimerais souligner ce qu'a dit le sénateur MacDonald dans son discours au Sénat:
Je reconnais qu’il existe une jurisprudence qui permet littéralement à n’importe qui de présenter une demande d’asile à un point d’entrée du Canada, et je crains que certains n’en abusent inévitablement, en se frayant un chemin dans cette brèche pour entrer au pays. De tels individus pourraient alors exploiter la lenteur de notre système judiciaire pour rester au Canada pendant longtemps.
Non seulement il y a la lenteur du système, mais il y a aussi les moyens dont certains peuvent profiter, notamment les moyens financiers.
Au Bloc québécois, nous avons exigé et défendu les sanctions économiques contre l'invasion injustifiée de la Russie en Ukraine. Nous croyons que les individus visés par ces sanctions devraient être interdits de territoire parce qu'elles sont un outil de politique étrangère qui permette de combattre les violations du droit international et des normes internationales.
Les Québécois et les Québécoises, comme les Canadiens et les Canadiennes, souhaitent que le Québec et le Canada soient une terre d'accueil pour les personnes qui fuient la guerre, la corruption et les persécutions et non pas un havre pour les criminels. Cela a été dit et nous le répétons.
Chez moi, à Granby, au cœur de ma circonscription, c'est une terre d'accueil. Nous vivons donc toutes sortes de situations; c'est d'autant plus important.
Le Québec souhaite être une terre d'asile pour celles et ceux qui ont fui la guerre, la corruption et l'oppression. Ceux qui provoquent la guerre et ceux qui bafouent les droits de la personne ne devraient pas être les bienvenus ici.
Le Bloc québécois va donc appuyer le projet de loi S‑8.
Selon l'Organisation des Nations unies, la Russie aurait commis un nombre considérable de crimes de guerre durant son invasion en Ukraine, notamment des bombardements « sur des zones civiles, de nombreuses exécutions, [de] la torture, [d]es mauvais traitements ainsi que [d]es violences sexuelles. » C'est un bilan qui pourrait même s'alourdir avec le conflit qui se poursuit, ce qui serait d'autant plus inquiétant.
Depuis le début du conflit en Ukraine, le Bloc québécois a avancé plusieurs propositions concrètes qui ont été reprises par le gouvernement afin d'accélérer l'accueil des réfugiés et des familles ukrainiennes. C'est notamment le cas pour la levée de l'exigence de la prise de données biométriques pour certaines catégories de gens et le nolisement de vols. Je sais qu'il y a même certains députés qui ont accueilli des familles ukrainiennes, dont mon collègue le député d'. Dans des cas comme celui-là, comment pouvons-nous nous mobiliser et accueillir ces gens?
De plus, il faut absolument mettre à jour la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés pour qu'elle soit conséquente avec les régimes de sanctions. Le projet de loi met à jour cette loi pour que les différents régimes de sanctions se rajoutent aux motifs existants de l'interdiction de territoire. Donc, on veut que tout cela s'arrime.
Rappelons que le projet de loi va de pair avec les différentes sanctions adoptées sous le Règlement sur les mesures économiques spéciales visant l'Ukraine en vertu de la Loi sur les mesures économiques spéciales. Ce règlement a été modifié plus de 40 fois depuis l'annexion illégale de la Crimée par la Russie en 2014 et l'invasion de l'Ukraine depuis février. On le voit, cela avance.
Si le projet de loi S‑8 venait à être adopté, les différents régimes de sanctions tels que ceux issus de la Loi sur les Nations Unies, la Loi sur les mesures économiques spéciales ou encore des organisations dont le Canada est membre, comme l'OTAN, pourront s'appliquer; c'est intéressant.
Le projet de loi permettrait de refouler, par un agent frontalier, un individu visé par un régime de sanctions, et ce, dès son arrivée. Cela simplifierait grandement la procédure d'expulsion. Le projet de loi permettra aussi de corriger les lacunes dans la loi pour que le Canada respecte les droits d'asile et qu'il s'assure que ses obligations internationales sont remplies en matière d'accueil des réfugiés.
L'individu visé par un régime de sanctions pourrait demander l'asile. Toutefois, ce dernier se verrait dans l'impossibilité de recevoir le statut de résident permanent tant et aussi longtemps qu'il sera visé par un régime de sanctions. Cela ajoute du poids.
Le projet de loi S‑8 permettra également de corriger les lacunes qui ont été introduites par la Loi sur la justice pour les victimes de dirigeants étrangers corrompus qui interdisait aux individus visés par un régime de sanctions de présenter une demande d'asile. Cette correction est conforme à la convention sur les réfugiés qui stipule que seule « une condamnation définitive pour un crime ou délit particulièrement grave, constitue une menace pour la communauté dudit pays. » Donc, c'est un motif suffisant pour expulser ou refouler un réfugié. Tout cela est intéressant.
J'aimerais terminer avec un peu d'humanité. Au-delà de ce dont on parle aujourd'hui et du débat concernant la façon dont les gens sont accueillis ici, je veux souligner que Granby, comme je l'ai dit, est une terre d'accueil. Je ne peux passer sous silence le travail exceptionnel de Solidarité ethnique régionale de la Yamaska, ou SERY, qui célèbre cette année son 30e anniversaire.
L'organisme travaille pour l'intégration des nouveaux arrivants. Il fait un travail exceptionnel pour la communauté et pour la région. Comme le dit si bien le slogan de l'organisme, « chez nous, c'est aussi chez vous. »
J'aimerais terminer sur cette note positive et souligner le travail des gens de l'organisme SERY.
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Monsieur le Président, c'est toujours un grand honneur de prendre la parole à la Chambre au nom des habitants d'Edmonton Strathcona. Je suis particulièrement ravie de prendre la parole aujourd'hui au sujet de notre régime de sanctions et du travail qui doit être fait pour le renforcer et s'assurer qu'il est aussi adéquat et aussi contraignant que possible.
Nous savons que les sanctions sont l'un des outils dont nous disposons pour obliger les gouvernements et la population du monde entier à respecter la primauté de droit, les droits de la personne, la démocratie ainsi que l'équité et la justice à l'égard des citoyens. Depuis très longtemps, de nombreux députés travaillent d'arrache-pied et de concert pour tenter d'accroître l'efficacité de notre régime de sanctions et de le rendre mieux à même d'atteindre l'objectif escompté, à savoir amener le gouvernement à changer ses orientations et la population, sa perspective, ainsi que leurs comportements respectifs, et les punir pour les torts qu'ils ont causés sans causer de préjudice aux personnes et aux citoyens innocents.
Nous débattons aujourd'hui du projet de loi , qui vise à modifier la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, à apporter des modifications corrélatives à d'autres lois et à modifier le Règlement sur l'immigration et la protection des réfugiés.
La mesure législative proposée modifie la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés et fournit au Canada des capacités fort nécessaires pour mieux relier les sanctions gouvernementales au travail des autorités chargées de l'application de la loi sur l'immigration. Nous sommes sans doute tous d'accord pour dire qu'ainsi, non seulement les ressortissants étrangers sanctionnés à la suite de l'invasion de l'Ukraine seront interdits de territoire au Canada, mais aussi toutes les personnes précédemment sanctionnées provenant d'endroits comme l'Iran, le Myanmar ou la Birmanie, le Soudan du Sud, la Syrie, le Venezuela et le Zimbabwe, seront interdites de territoire.
Le NPD et moi-même sommes très favorables au projet de loi, mais il faut considérer — et la plupart de mes commentaires aujourd'hui porteront sur ce point — qu'il n'accomplit qu'une petite partie de ce qui doit être fait pour renforcer le régime de sanctions du Canada.
En effet, le projet de loi ne corrigerait pas certaines des choses que nous réclamons depuis un certain temps, par exemple, l'absence de surveillance parlementaire. Le régime de sanctions fait l'objet de très peu de surveillance parlementaire. J'y reviendrai un peu plus tard.
Cela ne réglerait pas non plus la question de l'application de la loi dans des domaines qui ne sont pas liés à l'immigration, par exemple, la saisie de biens. Encore une fois, j'en parlerai plus en détail plus tard, mais je tiens à rappeler à la Chambre qu'à ce jour, environ 121 millions de dollars ont été saisis auprès d'oligarques russes dans le cadre de notre régime de sanctions destiné à pousser la Russie à mettre fin à sa guerre illégale en Ukraine. Si ces 121 millions de dollars représentent une somme considérable pour moi et probablement pour la plupart d'entre nous ici et au pays, ce n'est pas le cas pour les oligarques russes.
Le projet de loi ne résoudrait pas non plus le problème du manque de clarté auquel nous sommes confrontés en tant que parlementaires. En effet, rien n'est prévu pour expliquer au Parlement pourquoi le gouvernement choisit d'ajouter certains noms à la liste des personnes visées par des sanctions, comment ces décisions sont prises et le moment choisi pour prendre de telles décisions. Nous savons que nous collaborons avec nos alliés et d'autres pays. C'est très important pour assurer l'efficacité des sanctions. Cependant, en tant que parlementaires, nous devons être mieux informés de la façon dont ces décisions sont prises.
Alors que nous poursuivons notre examen du régime de sanctions dans l'optique de le renforcer, il y a des gens à la Chambre qui ont accompli un travail très important dans ce dossier. Je dois saluer mon collègue le député conservateur de pour son excellent travail sur les sanctions prévues dans la loi de Magnitski. La a aussi effectué un travail extraordinaire pour assurer l'adoption de cette loi. Bien sûr, comme certaines personnes l'ont déjà mentionné, y compris ma collègue bloquiste il y a quelques instants, rien ne sert d'adopter un projet de loi si nous ne l'appliquons pas ou que nous ne veillons pas à ce qu'il soit appliqué correctement.
Les sanctions prévues dans la loi de Magnitski en sont un parfait exemple. Nous sommes censés les examiner après cinq ans, et cet examen quinquennal est prévu pour 2022. Or, le Sénat les examine actuellement, mais il n'y a pas eu d'examen au sein du comité des affaires étrangères ou à la Chambre. Cela me pose un problème.
J'ai parlé brièvement du besoin de renforcer notre régime de sanctions. Depuis des années, les néo-démocrates réclament un régime de sanctions plus sévère. Nous nous réjouissons des changements importants que propose le projet de loi, mais il y a d'autres mesures que nous demandons depuis des années, notamment dans le cadre de l'étude effectuée en 2017 par le comité des affaires étrangères sur le régime de sanctions du Canada. Nombre des recommandations issues de cette étude n'ont pas été mises en œuvre. Nous sommes impatients que le gouvernement accélère quelque peu ce processus, d'autant plus que nous constatons, à l'heure actuelle, l'importance vitale de faire des sanctions un élément essentiel de notre réponse à la guerre en Ukraine.
L'exemption qui a été accordée est un autre exemple qui illustre pourquoi notre régime de sanctions n'est pas aussi efficace qu'il pourrait l'être. Pendant l'été, à la mi-juillet, le gouvernement a mis en place une exemption qui allait annuler une partie des sanctions importantes que nous avions imposées à la Russie. Je ne vais pas prétendre que le gouvernement ne se trouvait pas devant une décision très difficile. Nos alliés allemands et ukrainiens avaient des demandes contraires, ce qui a créé une situation très difficile. Même si je n'approuve pas la décision que le gouvernement a prise, je reconnais que la tâche n'était pas simple.
Cela dit, l'exemption visait à permettre le renvoi d'une pièce d'équipement en Allemagne pour qu'elle soit récupérée par la Russie. Premièrement, la Russie ne l'a pas récupérée. Deuxièmement, on a fait exploser le pipeline auquel la pièce d'équipement devait servir. Il n'y a donc plus aucune raison pour nous de laisser en place cette exemption et de continuer à alléger nos sanctions contre la Russie. C'est pourtant ce que nous faisons.
Le gouvernement du Canada n'a toujours pas annulé l'exemption, ce qui est consternant. Il devrait le faire sur-le-champ. Je sais que le comité des affaires étrangères le recommandera si nous pouvons enfin échapper aux manœuvres d'obstruction de certains de nos collègues du Parti conservateur.
L'autre aspect du régime de sanctions sur lequel je veux en savoir plus est la façon dont nous pouvons effectuer des vérifications pour confirmer que les sanctions sont adéquates et imposées correctement. J'ai parlé un peu de la surveillance des sanctions, et nous savons que des sanctions ont été imposées après l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février. Cependant, nous savons également que ces sanctions ont été appliquées au compte-gouttes après des mois et des mois. Nous avons appris que de nombreux oligarques ont eu l'occasion de transférer leurs actifs du Canada afin d'éviter qu'ils ne soient saisis. C'est une occasion manquée, car ces actifs étaient censés contribuer à la reconstruction de l'Ukraine et aux initiatives de reconstruction.
Nous savons également que le gouvernement n'a pas fourni les précisions que nous espérions relativement aux sanctions. Par exemple, j'ai demandé des précisions à ce sujet à maintes reprises à la Chambre et au moyen de questions au Feuilleton afin d'obtenir plus d'informations et de détails sur les personnes sanctionnées, ce qui fait l'objet des sanctions, ce qui a été saisi, la manière dont cela a été saisi et les processus utilisés. Cependant, je n'ai jamais pu obtenir une réponse adéquate de la part du gouvernement.
En fait, on m'a retourné l'une des questions au Feuilleton, accompagnée d'une réponse disant que le gouvernement n'était pas entièrement sûr de pouvoir me donner des renseignements précis. Conclusion: il ne m'a fourni aucun renseignement. Voilà une tactique intéressante. J'aimerais bien voir quelqu'un essayer de dire dans un cours au niveau secondaire ou universitaire que, puisqu'il n'est pas sûr de donner tous les renseignements, il n'en donnera aucun. C'est une attitude qui nous pose problème. Nous n'avons pas encore le niveau de clarté souhaité.
J'ai une autre préoccupation. Lorsque le gouvernement a présenté la dernière loi d'exécution du budget, il a instauré un changement dans le traitement des sanctions. Dans le passé, le Parlement exerçait une surveillance, car le gouvernement devait enregistrer le recours au régime de sanctions ou à la loi sur les sanctions et en faire part au Parlement. Le recours au régime de sanctions devait être présenté au Parlement.
Dans la , cette exigence a été supprimée. Par conséquent, le gouvernement n'a plus l'obligation d'informer le Parlement de ces sanctions ou de ce qui a été saisi. Nous pourrions le découvrir en attaquant le gouvernement en justice et en ayant un recours aux tribunaux, mais nous ne pouvons pas le faire simplement par la voie des processus parlementaires.
Cela prive tous les parlementaires du droit à la transparence pour comprendre comment les sanctions sont choisies, comment elles sont appliquées et si elles fonctionnent. Une sanction n'est pas vraiment utile si elle n'est pas appliquée. Une sanction n'est pas vraiment importante si les pays ou les personnes savent qu'elle ne sera pas appliquée au Canada.
J'ai découvert une chose intéressante en faisant quelques recherches sur les sanctions. Si nous voulons savoir quelles marchandises entrent au Canada en provenance de Russie, nous pouvons consulter les registres d'expédition russes. Par contre, nous ne pouvons pas obtenir cette information en consultant les registres d'expédition canadiens.
Je trouve très intéressant qu'il y ait une certaine transparence aux États‑Unis, au Royaume‑Uni, dans l'Union européenne et en Russie, mais pas ici.
C'est un autre aspect de notre régime de sanctions qui me pose problème. Comme je l'ai dit au début, le projet de loi à l'étude permettrait d'améliorer certains aspects de ce régime. J'appuierai le projet de loi avec plaisir et je me réjouis de savoir qu'il comblera certaines lacunes. J'ai toutefois l'impression qu'il s'agit d'une opération superficielle de rafistolage.
Nous sommes informés du travail qu'a fait le Sénat au sujet du projet de loi . Voici ce qu'a dit la plus grande experte de la politique en matière de sanctions au Canada, Andrea Charron, pendant les audiences du Sénat; il s'agit de l'une des citations les plus importantes:
Même s’il n’y a rien de mal à souligner dans la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés qu’il est possible d’être interdit de territoire du fait de sanctions, le Canada confirme sa tendance à peaufiner les détails de la loi sans s’attaquer aux problèmes fondamentaux de ses politiques et processus. Si nous voulons continuer d’imposer indépendamment des sanctions, comme le font nos alliés, nous devons régler les problèmes fondamentaux de nos politiques et nos processus.
Je crois que nous avons encore beaucoup de pain sur la planche. Il faut examiner en profondeur le régime de sanctions du Canada. Le NPD a proposé que le comité des affaires étrangères mène une étude à ce sujet. L'étude en question devait avoir lieu cet automne. Nous espérons fortement qu'elle sera lancée dès le début de la session d'hiver. J'encourage vivement mes collègues du Parti conservateur à cesser de faire de l'obstruction au comité des affaires étrangères, afin que nous puissions y accomplir le travail crucial qui nous attend.
Nous pouvons faire en sorte que les sanctions soient appliquées plus efficacement. Nous pouvons présenter un projet de loi qui soit conforme aux recommandations du rapport de 2017 du comité des affaires étrangères, qui réclamait une plus grande transparence. Ce rapport préconisait un examen de notre régime de sanctions et demandait la création d'un organe parlementaire composé de représentants de tous les partis qui aiderait à déterminer quels noms et quelles personnes devraient figurer sur la liste Magnitski et être sanctionnés par le gouvernement du Canada.
L'un de nos plus gros problèmes, et je l'ai dit à maintes reprises, c'est que si nous ne parvenons pas à corriger notre régime de sanctions, celui-ci deviendra très rapidement moins efficace et moins utile que nous le souhaitons.
Je pense que les députés ont évoqué des circonstances où c'est le cas. Nous savons que, par exemple, pour ce qui est de l'Ukraine, les sanctions sont l'un des principaux outils dont nous disposons pour obliger la Russie à rendre compte de son invasion illégale en Ukraine. C'est l'un des principaux moyens dont dispose le Canada pour forcer la Fédération de Russie à reconsidérer cette attaque horrible et illégale contre des civils.
C'est aussi une des mesures dont nous pouvons nous servir lorsque d'autres violations des droits de la personne sont perpétrées partout dans le monde. Nous constatons les attaques horribles perpétrées contre les manifestants iraniens. Pas plus tard que ce matin, j'ai appris à mon réveil qu'un autre manifestant avait été exécuté parce qu'il luttait pour sa liberté. Nous savons que beaucoup d'Iraniens sont exposés en ce moment à de graves dangers. Si nous pouvons corriger le régime de sanctions pour aider les Iraniens ne serait-ce qu'un tout petit peu, il faut le faire.
J'aimerais qu'on se penche sur l'imposition de sanctions à une foule de personnes dans le monde que nous savons responsables d'atroces violations des droits de la personne, comme on l'a vu au Yémen et en Arabie saoudite. Nous devons veiller à ce que le Canada se serve des outils à sa disposition pour défendre les droits de la personne.
J'aimerais aussi préciser que le régime de sanctions est un outil qui permet également de mettre en œuvre la Politique d'aide internationale féministe du Canada et la politique étrangère féministe que nous aimerions certainement voir le gouvernement présenter très bientôt. Nous savons qu'un très grand nombre de personnes visées par des sanctions Magnitski et d'autres sanctions prévues dans la Loi sur les mesures économiques spéciales commettent des violations des droits de la personne qui touchent démesurément les femmes et les filles partout dans le monde. Nous savons que la violence sexuelle et la violence fondée sur le sexe ont été employées pour faire taire des journalistes et des personnes qui militent pour les droits de la personne partout dans le monde. Nous savons qu'on a eu recours au viol. Cette violence est inacceptable pour un pays comme le Canada, qui met en œuvre une politique étrangère et une politique d'aide internationale féministes, et il faut en tenir compte dans nos politiques étrangères.
Je vais terminer mon intervention sur cette note. Hier, pendant mon trajet d'Edmonton à Ottawa, j'ai pris le temps de lire certains des discours prononcés par les lauréats du prix Nobel, et je veux lire une citation à la Chambre. Elle vient d'Oleksandra Matviïtchouk, du Centre pour les libertés civiles, qui a reçu le prix Nobel de la paix de 2022. Elle m'a parlé de la nécessité d'imposer des sanctions et m'a expliqué pourquoi il est si important de collaborer avec nos alliés pour renforcer notre régime de sanctions.
Elle a affirmé ceci:
La paix, le progrès et les droits de la personne sont inextricablement liés. Un État qui tue les journalistes, emprisonne les militants et disperse les manifestations pacifiques représente une menace pour ses citoyens, mais aussi pour l’ensemble de la région, et pour la paix dans le monde entier. En conséquence, le monde doit répondre de manière adéquate à ces violations systématiques du droit. Il faut que les droits de la personne aient autant de poids dans les décisions politiques que les bénéfices économiques ou la sécurité, en particulier dans le domaine de la politique étrangère.