La Chambre reprend l'étude, interrompue le 12 décembre 2022, de la motion portant que le projet de loi , soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
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Madame la Présidente, c'est un véritable plaisir de prendre la parole au sujet d'un projet de loi portant sur une question qui fait l'objet de débats et de discussions à la Chambre depuis un bon moment par rapport à deux régimes politiques étrangers qui ont des répercussions sur le monde d'aujourd'hui.
Les députés de l'opposition parlent beaucoup de l'inflation. En tenant compte des taux d'inflation partout sur la planète, je prends souvent la parole pour souligner que les événements mondiaux causent, en partie, l'inflation. Je pense notamment aux deux régimes dont je parlerai à l'instant. J'aborderai aussi les raisons qui expliquent pourquoi nous sommes saisis de cette mesure législative aujourd'hui.
Le guerre en Ukraine cause tant de souffrances. Il y a des Ukrainiens partout dans le monde, pas juste en Ukraine. Je crois que le Canada compte la deuxième — ou peut‑être la troisième après les États-Unis — population ukrainienne en importance dans le monde. Je dis cela parce que, habituellement, les Canadiens se soucient sincèrement de tout ce qui se passe en Ukraine, que ce soit aujourd'hui, en 2014 à la place Maïdan ou place de l’Indépendance, ou au début des années 1990 lorsque l'Ukraine a déclaré son indépendance. Ce n'est guère surprenant lorsqu'on regarde la composition démographique de notre pays. En effet, plus de 1,3 million de personnes d'origine ukrainienne habitent au Canada.
Ce ne sont pas que les personnes d'origine ukrainienne qui ont fait ce lien, ce sont aussi en grande partie les voisins, le milieu de travail et les établissements d'enseignement, où il y a beaucoup de discussions concernant l'Ukraine. Je dois avouer que je suis bien plus au courant de ce qui se passe en Ukraine qu'en Iran, et je veux être en mesure d'en savoir encore plus. Je sais que beaucoup de gens dans ma province, notamment à Winnipeg, suivent la guerre en Ukraine ou la guerre qui se déroule en Europe. Cette fin de semaine, j'organise un dîner spécial dans l'une de nos églises ukrainiennes locales. Il ne fait aucun doute que le principal sujet dont je parlerai dimanche après-midi est la guerre illégale qui fait rage en Ukraine.
J'ai demandé des chiffres, et d'après les données fournies par les organisations communautaires, on estime à plus de 12 000, voire 15 000, le nombre de personnes déplacées d'Ukraine qui vivent maintenant au Manitoba. À la lumière de ces chiffres, et en parcourant Winnipeg ou les collectivités rurales, qu'il s'agisse de Dauphin ou même de Gimli, on constate que la population appuie considérablement l'Ukraine, comme en témoignent les drapeaux ukrainiens aux fenêtres des maisons et des immeubles de bureaux. J'insiste là-dessus, car depuis un an, on assiste à un véritable élan de solidarité envers la communauté ukrainienne et au sein de celle-ci, non seulement en Ukraine, au Canada et aux États‑Unis, mais aussi partout dans le monde. Les amis de l'Ukraine, des gens qui ne sont pas forcément d'origine ukrainienne, reconnaissent, comme le Canada et ses alliés, la nécessité de soutenir l'Ukraine de façon très concrète.
Je me souviens d'avoir pris la parole à la Chambre pour aborder la façon dont le Canada devait apporter son soutien à l'Ukraine. C'était il y a peut-être un peu plus d'un an. Le m'avait alors précisé de ne pas oublier de mentionner les armes létales. Il est important que l'aide que nous apportons à l'Ukraine en collaboration avec nos alliés contribue réellement à changer les choses. Une partie de cette aide est directement liée à la mesure législative dont nous sommes saisis aujourd'hui. En effet, celle-ci porte sur certains types de mesures que nous prenons pour montrer au monde que le Canada soutient l'Ukraine, à savoir les sanctions contre la Russie.
Quand la guerre a éclaté en Ukraine, le gouvernement du Canada a reçu de nombreuses demandes. Il n'était pas nécessaire d'en parler publiquement, puisque différents ministres assumaient leur rôle et prenaient déjà des mesures. Cependant, il y avait littéralement des milliers de personnes partout au pays qui se rassemblaient pour demander: « Qu'est-ce que le Canada peut faire pour défendre les intérêts de l'Ukraine? » Il a notamment été question d'aide humanitaire. Je me souviens que nous avions dit que le gouvernement allait égaler les dons des Canadiens pour l'aide humanitaire et il me semble qu'il s'agissait d'un engagement de 12 millions de dollars, si je ne m'abuse. En quelques semaines à peine, voire quelques jours, ce montant avait été atteint et nous l'avons augmenté parce que les Canadiens voulaient qu'une aide humanitaire soit apportée aux Ukrainiens.
Du côté militaire, plus de 35 000 soldats ukrainiens ont profité de la formation donnée par les Forces canadiennes. Le Canada a fourni différents types de munitions et du soutien sous diverses formes. Très récemment, l'Ukraine a reçu un de nos chars, un Leopard, je crois. Les députés peuvent constater que nous fournissons de l'aide sous différentes formes.
Je veux simplement faire ressortir notre soutien, qu'il prenne la forme d'armes létales, d'aide humanitaire ou de solidarité pour faire front commun avec nos alliés en nous opposant à la Russie. Là où le Canada a fait d'importants progrès, c'est dans le recours aux sanctions, qui ont des répercussions. Le Canada a adopté une approche très solide avec la multitude d'outils qu'il peut employer pour indiquer très clairement qu'il y aura des conséquences à ce qui se passe en Europe, dans cette guerre inhumaine non provoquée que la Russie a déclenchée contre l'Ukraine l'année dernière.
D'ailleurs, la population russe commence à ressentir les effets des sanctions économiques qui ont été imposées à son pays et au régime même. Le Canada continuera de soutenir l'Ukraine en cette période de besoin en tenant la Russie responsable de ses actes. L'interdiction d'entrée au Canada visant les proches associés et les principaux partisans du régime de Poutine, y compris les responsables de l'attaque non provoquée de l'Ukraine par la Russie, est l'un des nombreux moyens par lesquels nous tenons la Russie responsable de ses crimes. Nous continuerons d'exploiter toutes les options pour défendre la liberté et la démocratie.
Les modifications proposées dans le projet de loi aligneraient les cadres régissant les sanctions et l'interdiction de territoire au pays, de sorte que les responsables de l'attaque russe déjà visés par des sanctions soient interdits de territoire au Canada.
Les personnes et les entités frappées de sanctions pour avoir appuyé des activités terroristes ou des violations systémiques flagrantes des droits de la personne sont interdites de territoire au Canada. Les modifications que nous proposons permettraient à l'Agence des services frontaliers du Canada de refuser l'entrée au Canada et d'expulser du pays les personnes sanctionnées. De plus, elles permettraient aux fonctionnaires d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada de rejeter leurs demandes de visa. Une fois entrées en vigueur, ces modifications à la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés s'appliqueraient à tous les ressortissants étrangers visés par des sanctions canadiennes, de même qu'à tout membre de la famille qui les accompagne.
Nous pouvons examiner de nombreux actes qui sont commis actuellement, durant cette guerre, ou ceux qui ont été commis au cours des 10 ou 11 derniers mois en Ukraine. On nous parle de violations des droits de la personne. Pas plus tard qu'hier, nous discutions de la disposition de dérogation à la Chambre et de l'importance de la Charte canadienne des droits et libertés ainsi que des valeurs canadiennes. Si nous devions transposer les valeurs canadiennes à la situation en Ukraine, ce serait très éloquent. Nous pourrions l'expliquer à une classe d'élèves de première année. Nous pourrions nous asseoir et l'expliquer à un enfant, et celui-ci le comprendrait très facilement. C'est dire à quel point les actions menées par la Russie en Ukraine, en temps de guerre, sont criantes d'injustice. Nous pourrions donner des exemples précis de ces actions, qui vont du meurtre de masse au viol, sans oublier toutes les formes de manipulation et de torture qui ont lieu en Ukraine. Il est donc assez facile d'invoquer cet argument.
Je peux aussi parler de l'Iran et du régime iranien, car même si je parle surtout de l'Ukraine, la mesure législative s'appliquerait également au régime iranien. Il est difficile d'imaginer ce que les femmes, en particulier, doivent supporter aujourd'hui en raison des exactions commises par le régime iranien. Encore une fois, le Canada continuera d'exiger que le régime iranien rende des comptes pour les crimes et les violations des droits de la personne qu'il commet.
Nous sommes solidaires des femmes et des manifestants qui, partout en Iran, défendent leurs droits et leurs libertés. C'est pourquoi nous appliquons les sanctions les plus sévères du monde, y compris l'interdiction de séjourner au Canada pour des agents clés du Corps des Gardiens de la révolution islamique. Le gouvernement demeure inébranlable dans son engagement à assurer la sécurité des Canadiens en prenant toutes les mesures appropriées pour contrer les menaces terroristes au Canada et dans le monde. Nous avons la responsabilité morale d'exiger des comptes du régime iranien, et c'est ce que nous ferons.
Les restrictions imposées aux femmes sont très choquantes. J'ai souligné ce qui se passe en Ukraine; cela peut s'expliquer assez facilement à pratiquement tous ceux qui sont disposés à écouter. La situation en Iran existe depuis un certain temps. Elle est très difficile à certains égards pour les femmes, et elle est fondée sur le sexe. Les difficultés économiques et sociales qu'elles doivent surmonter sont attribuables au fait qu'elles sont de sexe féminin et non masculin.
En ce qui concerne les droits de la personne et les valeurs canadiennes, nous devons tous nous préoccuper de la situation dans certaines régions du monde et nous efforcer de militer plus énergiquement et plus vigoureusement pour que, partout dans le monde, les droits des femmes soient reconnus et les femmes prennent la place qui leur revient dans la société. Il reste beaucoup de travail à faire en ce sens. Malheureusement, dans certains pays, il y a des comportements extrêmes qui sont complètement inadmissibles, notamment en ce qui concerne la discrimination envers les femmes. Certains pays soutiennent le terrorisme et cherchent à semer la peur en tuant des gens de façon arbitraire et en privant leurs propres citoyens de leurs droits et libertés.
Dans cette enceinte, nous débattons souvent de la question des droits de la personne et de ce que nous pouvons faire pour les promouvoir. Si nous voulons que tout le temps que nous avons consacré à débattre de cette question au fil des années mène à des mesures concrètes et substantielles, nous devrions appuyer ce projet de loi.
Le projet de loi dont nous sommes saisis enverrait un message très clair, que ce soit à la Russie, à l'Iran ou à d'autres pays qui ne partagent pas les valeurs du Canada. Nous avons des outils que nous pouvons utiliser pour promouvoir nos valeurs. C'est ce que permet le projet de loi . Il s'agit d'avoir des sanctions et de pouvoir empêcher des gens d'entrer au Canada ou d'y séjourner. Le projet de loi nous permettrait également d'expulser du pays les personnes qui sont directement visées par des sanctions.
J'encourage tous les députés à appuyer le projet de loi. Son adoption dans les plus brefs délais enverrait un merveilleux message.
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Madame la Présidente, je partagerai mon temps de parole avec la députée de . Je sais que les députés oublient souvent de l'indiquer et que cela provoque un peu de consternation au Bureau, alors je tenais à le mentionner d'emblée.
Pour que mes concitoyens comprennent l'objet du débat, nous parlons du projet de loi , qui modifierait l'alinéa 35.1(1)a) de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, que beaucoup d'entre nous appellent affectueusement la LIPR, parce qu'il est tout simplement plus facile d'utiliser un sigle pour tout au gouvernement.
Essentiellement, ce projet de loi modifierait les motifs d'interdiction de territoire au Canada en vertu de la LIPR afin qu'ils correspondent à notre liste de sanctions. Une partie du débat au cours des 18 derniers mois a porté sur le fait que le gouvernement devait rattraper le temps perdu et sanctionner de nouvelles personnes afin de faire correspondre les sanctions à ceux que nous voulons interdire de territoire à mesure que nous inscrivons de nouvelles organisations, de nouvelles personnes et de nouveaux événements qui se produisent dans le monde entier.
Beaucoup d'entre nous ont été saisis par les manifestations de femmes défendant leurs droits en Iran après la mort de Jina Mahsa Amini, une femme kurde dont la ville natale était Saqqez, si je prononce correctement. Je suis certain que mes amis kurdes ne tarderont pas à me corriger par courriel. En visite à Téhéran, elle a été arrêtée par la police des mœurs. Je suis sûr qu'ils ont remarqué sur ses papiers d'identité qu'elle n'était pas de Téhéran et ont rapidement compris qu'elle était kurde. Ils l'ont battue alors qu'elle était en détention, et elle est morte quelques jours plus tard, ce qui a déclenché des protestations massives en Iran.
Le gouvernement a alors décidé de commencer à sanctionner des parcelles du régime afin de montrer qu'il était du côté des manifestants. Beaucoup d'Iraniens au Canada ont demandé pourquoi le gouvernement continuait à laisser entrer des membres du régime, des gens à qui le régime a profité, des proches du régime, comme des femmes ou des amies de cœur, ou des proches du régime venus au Canada pour étudier.
Des gens m'envoyaient des vidéos et des photos qui montraient des personnes connues pour être membres du régime arriver à l'aéroport Pearson de Toronto. Je leur répondais toujours: « Vous avez des informations que nous n'avons pas. Vous devriez transmettre ces renseignements à la GRC. » Or, quand ils s'adressaient à la GRC, on leur répondait généralement que les personnes ou les organisations en question ne faisaient pas l'objet de sanctions et qu'elles n'avaient pas été considérées interdites de territoire au Canada.
Le projet de loi à l'étude corrigerait en partie cette faille, une correction déjà réclamée par le passé par bon nombre d'entre nous et certains de nos concitoyens inquiets. Nous savons aussi que si on ne fait pas respecter les sanctions et les interdictions de territoire, ajouter plus de gens à la liste n'aura aucun effet. Nous avons besoin d'un gouvernement qui est prêt à agir, à imposer réellement des sanctions à des gens et à les faire respecter, ce qui suppose de recueillir et de partager des renseignements afin d'identifier les personnes visées qui se trouvent au Canada.
Je souhaite attirer l'attention de la Chambre sur une personne en particulier, dont on me parle souvent quand je vais à des manifestations et à des rassemblements pour l'Iran au Canada. Morteza Talaei a déjà été chef de la police de Téhéran. Il était chef de la police quand Zahra Kazemi, femme irano-canadienne et montréalaise, a été arrêtée. Elle a été battue et est morte en détention.
Le fait que le gouvernement n’applique pas les sanctions qu’il a imposées est l’un des prochains débats dont nous serons saisis. J’espère que ce projet de loi sera renvoyé en comité et qu’il franchira toutes les étapes pour entrer en vigueur parce que le gouvernement pourra ensuite prendre le temps d'assurer son application. Pour ce faire, le gouvernement a non seulement le pouvoir d’attribuer les ressources nécessaires, mais il peut aussi donner la directive politique à l’Agence des services frontaliers du Canada de détenir et d'expulser les individus visés.
Selon la réponse que j’ai obtenue à la suite d’une question inscrite au Feuilleton, il y a quelques mois, le gouvernement ne donne suite qu’à la moitié des ordonnances d’expulsion visant des individus déjà déclarés interdits de territoire au Canada. Ce taux est déjà choquant, mais il a chuté depuis le début de la pandémie. J’estime que c’est très inquiétant.
J’aimerais aborder la situation en Iran, puis parler brièvement de la République populaire de Chine et de la guerre d’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine. Lorsqu'il s'agit de notre régime de sanctions et des individus que nous ne voulons pas voir entrer au Canada, ce sont souvent là les trois pays nous viennent à l’esprit.
À propos de l’Iran, j’appuie fortement les manifestations. À mon bureau de circonscription, j’ai reçu certains dossiers de personnes que je m'efforce de défendre, autant en intervenant directement auprès du qu’en collaborant avec des députés des deux côtés de la Chambre.
Je tiens à dire que j'ai apporté mon parrainage politique à Mohammed Amin Akhlaghi, qui a été condamné à mort par le régime simplement parce qu'il avait protesté pacifiquement. J'ai aussi apporté mon parrainage à Amir Mohammed Jafari, qui a été arrêté à son école lorsqu'il avait 17 ans. Il a été emprisonné, torturé, puis condamné à 25 ans de prison et ensuite à l'exil après avoir purgé sa peine, tout cela pour le crime d'avoir répandu la corruption sur Terre, une accusation générale que l'on porte contre beaucoup de gens en Iran.
Plusieurs membres de la famille de ces personnes ont communiqué avec moi. Ce n'est qu'une accusation générale. Le régime peut faire ce qu'il veut. Il agit par l'entremise de tribunaux contrôlés par le Corps des Gardiens de la révolution islamique et d'un système de justice où il n'y a aucune justice.
De nombreuses organisations ont été sanctionnées. Nous avons sanctionné différents rouages du régime. Toutefois, dans bien des cas, le fait que nous apportions notre parrainage politique aux accusés les protège. Cela montre au régime iranien que nous surveillons des cas précis. J'assure un suivi quelques fois par semaine. Je vérifie auprès de mon personnel et je m'assure que rien ne leur est arrivé.
Le gouvernement doit en faire plus. Le peu qui se trouve dans le projet de loi n'est pas suffisant, à mon avis. Le gouvernement doit statuer que certaines personnes sont inadmissibles et assurer un suivi concernant des cas comme celui de Morteza Talaei et d'autres ressortissants iraniens qui sont arrivés au Canada avec divers visas, qui ont peut-être dépassé la durée autorisée de leur séjour et qui sont donc toujours ici. Il faudrait aussi examiner leur visa. J'espère que cette mesure législative permettra d'y veiller.
Sur la question de l'application des sanctions, un député néo-démocrate a pris la parole pour rectifier les faits alors qu'un député d'une des circonscriptions de Winnipeg parlait au nom du gouvernement. Cependant, notre propre ministre du cabinet fantôme en matière de commerce international a reçu une réponse à une question inscrite au Feuilleton montrant qu'au cours des dernières années, à notre frontière, le gouvernement canadien a saisi à hauteur de zéro dollar de marchandises en provenance de la province du Xinjiang, en République populaire de Chine, où se pratique le travail forcé.
En comparaison, les États‑Unis ont saisi des milliards de dollars de marchandises à leurs frontières. Ce n'est pas comme si nos marchés étaient très différents. Nous achetons beaucoup de marchandises. De nombreuses entreprises achètent des marchandises, comme des t‑shirts, des chaussettes et beaucoup d'articles en coton.
Au Xinjiang, le coton est l'un des principaux produits fabriqués au moyen du travail forcé. Les entreprises doivent s'assurer qu'elles ont une chaîne d'approvisionnement éthique, mais il incombe au gouvernement de donner à l'Agence des services frontaliers du Canada la directive de saisir ces produits à la frontière. Il est impossible que la valeur des produits saisis soit de zéro dollar.
Le fait que nous ayons obtenu cette réponse à une question inscrite au Feuilleton prouve que le gouvernement n'en fait pas assez. J'espère que, après que le projet de loi aura fait l'objet d'un débat approfondi à la Chambre, au comité, à l'étape du rapport et à l'étape de la troisième lecture, les députés auront la satisfaction de savoir que le gouvernement appliquera bel et bien la loi.
Finalement, comme je l'ai déjà mentionné, en ce qui a trait à la Fédération de Russie, nous n'appliquons pas les sanctions les plus sévères au monde. Encore là, nous appliquons les sanctions à la pièce à différents rouages du régime.
J'ai un proverbe yiddish à ce sujet et je vais le citer à la toute fin de mon discours.
Nous avons sanctionné différents rouages du régime russe. Le projet de loi fait mention de la loi de Sergueï Magnitski. J'ai travaillé sur cette mesure législative lorsque nous en avons débattu à l'époque au comité des affaires étrangères.
Pour ceux qui l'ignorent, Sergueï Magnitski était l'avocat de Bill Browder en Russie. Il avait mis au jour un cas de fraude fiscale à hauteur de plus de 200 millions de dollars.
C'était un avocat passionné qui tentait de découvrir la vérité. Pour sa peine, il s'est fait arrêter par le régime russe. Il a été gardé en isolement. Il a été battu, torturé et tué simplement parce qu'il avait tenté de faire respecter les lois fiscales et de faire en sorte que les contribuables russes reçoivent leur dû.
On ne peut faire confiance au régime hautement corrompu dirigé par le président Poutine et les oligarques en Russie. Ils sont maintenant passés à une guerre chaude. Ils ont commencé la guerre en 2014, mais sont passés à une guerre chaude l'année dernière. L'approche fragmentaire qui consiste à sanctionner différentes parties du régime n'a pas fonctionné. De nombreux pays européens ont imposé des sanctions beaucoup plus sévères que les nôtres.
Plus tôt, j'ai donné l'exemple de la République de Pologne. Elle a interdit non seulement toutes les importations de charbon, mais aussi la diffusion de la propagande russe. Elle a retiré Russia Today des ondes et a pris bien d'autres mesures.
De nombreux pays de l'Europe de l'Est ont une histoire encore plus longue de tentatives de résistance à ce que beaucoup d'entre eux appellent leur oppresseur séculaire. C'est pourquoi beaucoup d'entre eux sont devenus membres de l'OTAN après l'effondrement du Pacte de Varsovie.
Je me suis écrit une note pour faire part à la Chambre du proverbe yiddish suivant: « Si vous voulez faire rire Dieu, parlez-lui de vos projets. » Le yiddish est merveilleux parce qu'il essaie toujours de dire quelque chose de manière positive, mais il signifie vraiment quelque chose de plutôt insultant.
Dans ce cas particulier, d'ici quelques mois, nous passerons à d'autres projets de loi. Je suis convaincu que le caucus gouvernemental accusera les conservateurs de retarder des projets de loi parce que nous voulons débattre des enjeux et soulever des questions et des cas précis qui à notre avis méritent d'être entendus à la Chambre. Il nous dira qu'il faut étudier à toute vapeur les projets de loi parce qu'il faut les adopter.
Je me rappellerai le moment présent, lorsque nous avons débattu du projet de loi , une mesure législative sur laquelle nous étions tous d'accord.
Il incombe au leader du gouvernement à la Chambre de fixer le calendrier des ordres émanant du gouvernement et de veiller à ce que les priorités du gouvernement soient adoptées. Je constate que le projet de loi émanant du gouvernement dont nous sommes saisis nous vient du Sénat. On repassera pour une Chambre de second examen objectif, alors que c'est nous qui étudions un projet de loi du Sénat.
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Madame la Présidente, à l'intention des habitants de ma circonscription, je dirai que nous débattons un projet de loi qui propose d’établir un cadre juridique pour déclarer une personne interdite de territoire au Canada ou pour l'expulser du pays conformément à la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés, et ce, parce qu’elle, son pays d’origine ou l’organisme pour lequel elle travaille fait l’objet de sanctions.
À l’instar de mon collègue, j’aimerais aborder le thème de l’application des sanctions. Je pense que l’objectif du gouvernement qui sous-tend ce projet de loi est de s’assurer que personne ne passe à travers les mailles du filet, même si nos lois comportent déjà beaucoup de mécanismes pour éviter que les personnes interdites de territoire entrent au Canada. Donc, au chapitre de l’application des sanctions — le député de Calgary Shepard vient tout juste d’aborder certains des problèmes qui y sont liés —, la a ajouté qu'il est possible que des individus se trouvant au Canada soient visés par des sanctions, mais que le gouvernement n'ait pas encore agi pour les appliquer. C’est troublant. Le gouvernement a eu huit ans pour gérer les cas de ce genre, mais il ne l’a pas fait. Toutefois, ce projet de loi à lui seul est insuffisant pour capter tout ce qui passe à travers les mailles du filet de notre système d’immigration.
Afin d'expliquer pourquoi j'estime que ce projet de loi ne traite pas adéquatement des mécanismes d'application de la loi, j'aimerais attirer l'attention de mon collègue sur un article publié il y a quelques instants dans le Globe and Mail, dans lequel on affirme qu'une sénatrice a délivré 640 documents à des ressortissants afghans — j'en ai vu un exemple —, qui indiquaient apparemment que des personnes avaient obtenu un visa pour entrer au Canada. Cette histoire a été découverte à la suite d'interrogatoires menés au cours des derniers jours. L'actuel a déclaré que ces documents avaient été délivrés sans l'autorisation d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, qui a déclaré que cette sénatrice n'avait pas le pouvoir — aucun parlementaire ne l'a — pour délivrer des visas.
Hier, au comité de l'immigration, j'ai donné l'exemple de la famille d'un de mes concitoyens qui a reçu cette lettre, qui m'a vraiment trompée pendant près d'un an. Ils pensaient avoir reçu un visa ou une autorisation d'entrer au Canada, mais même après avoir essayé de communiquer avec pratiquement tous les ministères du gouvernement du Canada pendant un an, nous n'avons jamais pu obtenir de confirmation quant à la documentation que le gouvernement utilise ou n'utilise pas. Alors que cette histoire est dévoilée au grand jour, nous apprenons maintenant, dans un affidavit présenté hier dans le cadre d'une affaire judiciaire connexe par la personne concernée de l'autre endroit ainsi que par une consultante nommée Laura Robinson, que 640 lettres semblables auraient été délivrées.
Le pire, c'est que je sais qu'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, Affaires mondiales Canada et d'autres organismes étaient au courant, à tout le moins, du cas dont je m'occupais, et, pour autant que nous sachions, aucune mesure n'a été prise pendant cette période. Toutefois, aujourd'hui, l'affidavit produit par cette personne concernant l'affaire indique également que cela a été fait à la demande du chef de cabinet du ministre de la Défense de l'époque, qui s'appelle George Young, je crois. Ainsi, cette personne a envoyé les documents à la sénatrice et lui a dit qu'elle pouvait les utiliser. Les documents indiquent que les personnes avaient obtenu un visa et ils portent un sceau du gouvernement du Canada qui paraît très authentique, du moins c'est le cas des documents que j'ai vus. Il ne s'agit pas d'un simple courriel, mais d'un document qui porte le sceau du gouvernement et qui prétend accorder à quelqu'un l'entrée au Canada.
Selon l'article du Globe and Mail, la sénatrice a indiqué dans son affidavit qu’elle envoyait régulièrement des courriels à l'ancien ministre des Affaires étrangères, à l'ancien ministre de la Défense nationale et à l'ancien ministre de l'Immigration, qui est maintenant ministre de la Sécurité publique, ainsi qu'à leurs hauts fonctionnaires. Les noms qu'ils ont donnés sont Mike Jones et Olga Radchenko.
Le problème que j'ai par rapport à cela n'a rien avoir avec le fait d'accueillir des ressortissants afghans au Canada, surtout lorsque celui-ci a le devoir de les protéger, comme dans le cas de la famille de cette personne qui habite ma circonscription. Nous aurions dû en faire beaucoup plus. Le problème que j'ai, c'est que le gouvernement a déclenché des élections fédérales et a permis, d'après cette déclaration sous serment, la mise en place d'une procédure de contournement des règles, dont aucun député ne pouvait se prévaloir, mais qui permettait, semble-t-il, à des personnes non dûment mandatées par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada d'envoyer ces lettres.
Il y a une raison pour laquelle notre processus d'immigration fonctionne indépendamment de la sphère politique. Cela nous permet de nous assurer que le processus est équitable et irréprochable, et que lorsqu'il faut prendre des décisions difficiles pour déterminer qui peut venir au Canada, surtout en temps de crise, nous pouvons assurer à nos concitoyens que ces décisions découlent d'une procédure juste et équitable, ce qui permet de maintenir la confiance des Canadiens envers le gouvernement et ses institutions.
Cela a de profondes répercussions, et pas seulement sur l'intégrité du processus d'immigration. Encore une fois, le gouvernement présente une mesure législative, car je crois qu'il n'a pas réussi à se servir des mécanismes d'application de la loi qui existent déjà. Cependant, dans l'affaire dont il est question aujourd'hui, des vies ont également été mises en danger.
Les membres de la famille de cette personne de ma circonscription croyaient que la lettre qu'ils avaient reçue — qu'ils croyaient avoir été envoyés par un fonctionnaire canadien — leur permettrait d'entrer au Canada. Ils ont sorti de leur repaire et se sont exposés au danger pour essayer de se rendre à l'aéroport. Puis, comme ils étaient en possession de cette lettre, mon cabinet a tenté de les aider pendant près d'un an. Nous étions convaincus qu'ils avaient obtenu une approbation et nous ne comprenions pas pourquoi ils ne pouvaient pas venir au Canada. Ils ne pouvaient pas faire de demande en vertu d'autres programmes et, comme ils ont fait leur demande tardivement, le gouvernement leur a dit: « Désolé, il n'y a plus de place ici. »
Cela m'amène à me questionner au sujet des autres programmes mis en place par le gouvernement pour permettre aux Afghans de venir au Canada. Maintenant qu'il y a une poursuite au civil et différentes autres choses qui se passent, je me demande comment fonctionnait le processus de sélection. Les personnes choisies seront-elles impliquées dans la poursuite que le gouvernement essaie de faire disparaître?
Ce n'est pas de gaieté de cœur que je soulève ces questions à la Chambre, mais c'est le gouvernement qui s'est exposé à ce genre de questions, parce que, pendant un an, il a apparemment refusé — et j'ignore comment cela a pu arriver — d'utiliser des mécanismes d'application de base pour vérifier si la documentation présentée était authentique. Si le gouvernement n'avait pas de processus pour évacuer des gens d'Afghanistan, il n'aurait pas dû déclencher des élections fédérales. C'est la simple vérité.
J'ai été vice-présidente du comité de l'immigration durant quatre ans. Je connais bien ce domaine. Pourtant, ces documents que mon bureau a obtenus m'ont dupée. Pourquoi? Parce que le gouvernement n'a fait preuve d'aucune transparence à l'égard du processus qu'il utilisait pour intervenir dans cette situation.
Je comprends que la situation était chaotique, mais une partie du devoir et de la responsabilité du gouvernement consiste à anticiper ce genre de choses. D'ailleurs, de nombreux députés en parlaient depuis des mois. Nous savions que cela s'en venait. Le gouvernement savait que cela risquait de se produire, mais au lieu de mettre en place un processus équitable, il semble avoir trouvé un moyen détourné de procéder parce qu'il a cédé à la panique, et je crois qu'il a utilisé pour ce faire une personne bien intentionnée. Les libéraux étaient au courant de ces démarches et ils auraient dû y mettre fin pour plutôt mettre en place un processus en bonne et due forme, ou, encore, ils n'auraient pas dû déclencher des élections. Le résultat, c'est que ce manque de compassion mine l'intégrité de notre système d'immigration et expose à des risques les gens comme la famille de la personne dont j'ai parlé.
Le gouvernement doit faire tout son possible pour déterminer ce qui s'est passé et exiger des comptes des personnes responsables. Autrement, le projet de loi à l'étude aujourd'hui ou tout autre mécanisme soulèveront toujours des questions du genre: obtenir un faux visa délivré par un député ou un sénateur constitue-t-il le meilleur moyen d'accéder au Canada?