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Monsieur le Président, je propose que le septième rapport du Comité permanent de la justice et des droits de la personne, présenté le mercredi 7 décembre 2022, soit adopté.
Je vais partager mon temps de parole avec le député de .
Le septième rapport du Comité permanent de la justice et des droits de la personne porte sur l'amélioration du soutien aux victimes d'actes criminels. Je peux honnêtement dire, et je pense que tous les Canadiens seront d'accord avec moi, que si l'on prête foi aux dires des médias, le soutien que le gouvernement accorde aux victimes d'actes criminels est terriblement inadéquat. Je peux même aller plus loin, puisque lorsqu'il est question des victimes de la criminalité, il est aussi question des familles de ces dernières, ce que notre rapport souligne on ne peut plus clairement. Encore une fois, nous parlons aujourd'hui de l'incidence négative que le système de justice à portes tournantes du gouvernement a sur les victimes d'actes criminels et leurs familles.
Je parlerai de certaines des mesures contenues dans notre rapport.
L’une des choses que nous avons entendues à cor et à cri est la nécessité de remédier aux peines à rabais en cas de meurtres multiples. Au Canada, une personne reconnue coupable d’un meurtre au premier degré est condamnée à la prison à vie, mais elle est admissible à la libération conditionnelle après 25 ans seulement. C'est tout à fait ridicule. Par exemple, à Moncton, au Nouveau-Brunswick, une personne a tué trois agents de la GRC, trois policiers qui essayaient simplement de faire leur travail, et cette personne aurait été admissible à la libération conditionnelle au bout de 25 ans, comme si elle n’avait tué qu’une seule personne. Nous avons vu des auteurs de massacre, des personnes qui tuent trois, cinq ou six personnes, purger exactement la même période d’inadmissibilité à la libération conditionnelle que quelqu'un qui a tué une personne.
De ce côté-ci de la Chambre, nous pensons que chaque vie compte, que chaque victime doit être prise en compte et que la famille doit être respectée. C’est pourquoi, lorsque nous formions le gouvernement, nous avons présenté un projet de loi visant à mettre fin aux peines à rabais en cas de meurtres multiples. Cela signifiait qu’un individu ayant commis plusieurs meurtres se verrait imposer plusieurs périodes consécutives d’inadmissibilité à la libération conditionnelle. C’est pourquoi celui qui a tué les trois agents de la GRC à Moncton s'est vu imposer une période d'inadmissibilité à la libération conditionnelle de 75 ans. D’autres auteurs de meurtres multiples condamnés au Canada depuis l'adoption de cette loi ont reçu des peines semblables.
Malheureusement, la Cour suprême a annulé cette disposition. Nous savons tous qu’un dialogue sur la charte a lieu entre le Parlement et la Cour suprême, et il est absolument scandaleux que le gouvernement n’ait pas réagi à cette décision de la Cour suprême. Nous lui demandons depuis plus d’un an de réagir à cette décision, de rectifier le tir et d’écouter les familles des victimes.
Cette question est revenue très fréquemment dans le cadre de notre étude sur le soutien aux victimes d'actes criminels. L’un de nos témoins était Sharlene Bosma. De nombreux députés se souviendront de ce nom, car c’est son mari qui a été tué par un tueur en série, quelqu’un qui a assassiné au moins trois personnes. Les propos de Sharlene ont profondément touché les députés, du moins de ce côté-ci de la Chambre.
Elle a dit que tout au long des audiences quotidiennes devant le tribunal, sa seule consolation quand l'individu qui a enlevé la vie de son mari a été condamné, c’est que sa fille n’aura jamais à assister à des audiences de libération conditionnelle et à faire face à ce monstre. Or, une seule décision de la Cour suprême lui a ôté ce réconfort. Désormais, cet individu sera admissible à la libération conditionnelle après ce qui lui reste de ses 25 ans, et Sharlene Bosma, sa fille et les familles d’autres victimes seront ainsi confrontées à des audiences d’admissibilité à la libération conditionnelle inutiles. Une fois de plus, le gouvernement a baissé les bras.
Même dans les manchettes d’aujourd’hui, on apprend que l’un des pires tueurs du Canada, l’un des plus notoires, le violeur de Scarborough, Paul Bernardo, a été transféré, à la grande horreur des familles des victimes et de tous les Canadiens, d’un pénitencier à sécurité maximale, où il aurait dû passer le reste de sa vie, à une prison à sécurité moyenne. De l’autre côté, nous voyons une indignation feinte. Nous voyons des larmes de crocodile. Nous entendons « Comment cela a-t-il pu se produire? Nous allons nous pencher là-dessus », mais nous constatons chaque jour que le était au courant. Nous découvrons maintenant que le était au courant.
Pourquoi cela s’est-il produit en premier lieu? Les mesures législatives du gouvernement y sont pour quelque chose. Lorsque le gouvernement a présenté le projet de loi , qui modifiait l’article 28 de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition, cela signifiait que, lors des transfèrements, le test décisif introduit par le gouvernement était que les délinquants devaient être détenus dans l’environnement le moins restrictif possible. En adoptant cette mesure législative et en refusant d’agir lorsqu’ils ont appris qu'aurait lieu ce transfèrement, ils ont rendu cette situation inévitable. C’est la faute du gouvernement libéral.
Je voudrais également aborder la question de la mise en liberté sous caution dans notre pays. Cette question a été soulevée à maintes reprises dans notre étude sur les victimes. Il y a des victimes dont le sort était tout à fait évitable. Elles le sont devenues parce que notre système judiciaire n’a pas réussi à les protéger contre les récidivistes violents. Pas plus tard que la semaine dernière, une femme venue témoigner au comité de la justice a dit une chose qui m’a frappé. Elle a dit que nous n’avons pas de système de justice; nous avons un système juridique, et que de nombreuses victimes ne voient pas la justice dans notre système.
Les Canadiens ne voient pas de justice quand le présent gouvernement, au moyen du projet de loi , instaure un mécanisme de retenue en matière de caution. Cela a conduit à la situation scandaleuse où des récidivistes violents et des individus qui se sont fait prendre pour des infractions liées aux armes à feu, se retrouvent en liberté sous caution et commettent une autre infraction liée aux armes à feu. C’est ce qui se passe à Toronto, et la police de cette ville nous a fourni des statistiques à ce sujet. Alors qu’ils sont en liberté sous caution après avoir commis une infraction avec arme à feu, les délinquants commettent une autre infraction avec arme à feu et sont à nouveau libérés sous caution. C’est scandaleux. Les libéraux diront: « C’est dommage. Il est malheureux que des crimes commis avec des armes à feu aient lieu ». Or, ces crimes sont le résultat direct de leurs actions et de leur inaction, de leur incapacité à réagir face à un système judiciaire qui encourage les récidives. Je peux dire aux députés que les Canadiens en ont assez.
Il n'y a qu'un parti qui s'engage à mettre fin aux portes tournantes, à veiller à ce que les victimes soient entendues, à abroger les mesures du projet de loi qui ont mené à ces portes tournantes, un seul qui s'engage à mettre fin à la situation scandaleuse où des personnes qui commettent des crimes avec une arme à feu ne reçoivent pas plus qu'une tape sur les doigts. Il n'y a qu'un parti qui s'engage à ce que les responsables d'un incendie criminel ne soient pas admissibles à une peine d'emprisonnement avec sursis après avoir incendié la maison de quelqu'un. Qu'est-ce qu'une peine d'emprisonnement avec sursis? C'est l'assignation à résidence. Au titre du Code criminel, quelqu'un peut incendier une maison et purger sa soi-disant peine en jouant à des jeux vidéo dans le confort de sa demeure.
Quand nous formions le gouvernement, nous avions proposé une mesure législative pour changer cela, pour mettre un terme aux portes tournantes, pour que les actes criminels aient des conséquences et pour protéger les plus vulnérables. Nous avons veillé à ce que les délinquants sexuels figurent au Registre des délinquants sexuels et purgent leur peine en prison et non dans la collectivité où ils ont sévi.
Toutefois, tant l'apathie que les mesures prises par le gouvernement actuel ont pour résultat d'accroître le risque dans les collectivités. Les députés n'ont pas à me croire sur parole; ces renseignements sont publics. Les crimes violents ont augmenté de 32 % au pays. Les homicides attribuables aux gangs ont presque doublé au pays. L'approche des portes tournantes, qui permet aux récidivistes de continuer de sévir, ne fonctionne pas. Un gouvernement conservateur dirigé par Pierre Poilievre remédierait...
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Madame la Présidente, c’est toujours un privilège et un honneur de prendre la parole à la Chambre, surtout pour faire entendre la voix des gens de Brantford—Brant. Sur un sujet comme celui-ci, pratiquement sans préavis, il est encore plus important que je m’exprime bien en leur nom.
Je participe aux débats sur des questions relatives à la justice pénale et aux victimes en connaissance de cause. Je sais que plusieurs députés m’ont entendu expliquer mes antécédents, mais pour ceux qui ne les connaissent pas, je tiens à souligner qu’avant d’être élu en septembre 2021, j’ai mené pendant 30 ans une carrière de juriste. Au cours de ces 30 années, j’ai vu les deux côtés de l’équation. J’ai défendu les pires individus pendant 12 ans. J’ai défendu des personnes accusées de vols à l’étalage, de méfaits, d’infractions où il était question de paintball et de graffitis, et j’ai même défendu des personnes accusées de meurtre.
J’ai décidé, après avoir réfléchi à mes 12 années de pratique comme avocat de la défense, que je n’en retirais pas de satisfaction parce que, en fin de compte, lorsque je procédais au contre-interrogatoire de victimes de crime de tous les milieux, depuis les jeunes enfants jusqu'aux personnes âgées, je me désolais de voir comment fonctionne notre système de justice pénale. Il est fortement axé sur la confrontation. L’avocat de la défense a un travail à faire, qui est de s’assurer qu’il y ait un procès équitable, mais pour cela, il doit parfois sacrifier ses convictions et ses principes.
Après 12 années, j’étais sur le point de me marier et je voulais fonder une famille. Je me suis demandé quel genre d’époux et de père je voulais être. Je faisais en sorte que des délinquants violents et dangereux échappent à la justice et n’aient pas à rendre des comptes. Même si l’avocat de la défense a la responsabilité de veiller à ce que le procès soit équitable, et qu'il doit même s'efforcer d'avoir gain de cause, son travail est certainement de nature à détruire la confiance que la victime peut avoir envers le système de justice. Mon collègue, le député de , n’aurait pas pu mieux l’exprimer: dans notre rôle de parlementaires, nous entendons souvent dire que ce n’est certainement pas un système de justice, mais seulement un système juridique.
Lorsque je suis devenu procureur de la Couronne en 2004, chaque jour passé au service de la province de l’Ontario m’a procuré un sentiment de satisfaction. Non seulement je contribuais à l’équité de notre système juridique, de notre système de justice, en obligeant les délinquants à rendre des comptes, mais je donnais aussi aux victimes, à ma modeste échelle, la voix qu’elles estimaient avoir perdue en devenant des victimes, en n’étant pas crues par les services de police, en n’étant pas crues par les spécialistes du droit, ou en n’étant pas crues par les juges. Je me suis donné comme mission personnelle de dissiper autant de mythes que possible lorsque je fais mon travail de procureur, qu'il s'agisse, comme je l’ai dit, d’un vol à l’étalage, qui a un impact sociétal, ou de meurtres multiples. J’ai tout vu au cours de mes 18 années en tant que procureur de la Couronne. Je me suis fixé comme objectif de faire ma modeste contribution pour que les victimes retrouvent leur intégrité.
Si les délinquants qui sont punis finissent généralement en prison, selon la nature du crime, ils purgent leur peine et reprennent le cours de leur vie. Il n’en va pas de même pour les victimes de la criminalité. Certaines d’entre elles vivent avec le traumatisme de cette expérience jusqu’à la fin de leurs jours. Il était important pour moi, en tant que procureur de la Couronne pour la province de l’Ontario, d’aider les victimes qui ont traversé ce processus horrible et de leur fournir les outils nécessaires pour reconstruire leur vie après le crime.
On peut se demander pourquoi j’ai choisi de quitter une carrière très gratifiante et satisfaisante en tant que procureur de la Couronne pour siéger dans cette enceinte. La réponse est simple. J’en avais assez de voir l’escalade de la criminalité d’un bout à l’autre du pays, mais surtout dans ma petite circonscription, Brantford—Brant.
Je suis né et j’ai grandi dans ma circonscription. Je me souviens qu’en grandissant, tout au long de mes études secondaires, de mes études universitaires, de mes études de droit et, finalement, de ma carrière d’avocat et de procureur de la Couronne, ma circonscription était un endroit sûr où vivre et élever une famille. Au cours des dix dernières années de ma carrière de procureur de la Couronne, j’ai constaté une augmentation progressive de la criminalité, mais surtout du nombre de crimes violents graves.
Au début de ma carrière de procureur, il était courant que le titulaire d'un poste comme le mien n'ait à poursuivre personne pour homicide pendant plusieurs années. Or, en 2020 et 2021, lorsque j’ai fini par prendre congé pour entrer en politique, nous qui n'étions qu'un petit bureau de six procureurs de la Couronne avions 12 dossiers d'homicide en cours. Nous en étions débordés.
Les homicides n'étaient pas les seuls crimes commis. Il y avait aussi des fusillades, du trafic de drogue, de fentanyl et toutes sortes d’autres activités criminelles horribles dont la Chambre parle littéralement tous les jours et que nous décrivent des reportages en ligne ou dans les journaux. Voilà ce qui était en train de se produire. J’ai senti que mon travail de procureur ne pourrait avoir que des effets limités. Je voulais être un instrument de changement. Je voulais corriger les problèmes du système judiciaire.
Je dois dire que, lorsque je suis arrivé à la Chambre, j'ai été frustré d’entendre le gouvernement vanter le prétendu sérieux avec lequel il considérait le système judiciaire, obligeait les délinquants à rendre des comptes et protégeait les droits des victimes. C'est tout le contraire de ce qu’il fait en réalité.
Comme mon collègue l'a déjà mentionné, le projet de loi est un désastre. C'est encore un désastre. Les délinquants qui ont commis les infractions les plus graves et les plus violentes vont avoir la possibilité de purger leur peine dans le confort de leur foyer. Et ce n'est pas tout, car les délinquants qui bénéficient de peines avec sursis, ou de la détention à domicile, peuvent travailler, passer du temps dans leur communauté et aller magasiner.
Ce n'est pas ce que j'appelle tenir un délinquant responsable de ses actes, et c'est ce qui me ramène à la raison de notre présence ici. Nous sommes ici parce que les Canadiens et la Chambre ne font plus confiance au , et je demande pour cette raison que la motion soit amendée.
Je propose:
Que la motion soit modifiée par substitution, aux mots suivant le mot « Que » de ce qui suit:
le septième rapport du Comité permanent de la justice et des droits de la personne, présenté le lundi 17 avril 2023, ne soit pas maintenant adopté, mais qu’il soit renvoyé au Comité permanent de la justice et des droits de la personne avec l’instruction de le modifier de manière à recommander que le ministre de la Sécurité publique démissionne immédiatement, compte tenu du manque total d’égard dont il a fait preuve envers les victimes de crime en gérant mal le dossier du transfert de l’un des pires tueurs en série de l’histoire canadienne vers un établissement aux conditions plus confortables, du fait que ce transfert inacceptable a scandalisé la population et ravivé le traumatisme vécu par les familles des victimes, et du fait que, même s’il avait été au courant trois mois à l’avance du transfert de Paul Bernardo, le Cabinet du ministre de la Sécurité publique a décidé de cacher le transfert aux familles plutôt que de le bloquer.
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Madame la Présidente, je commencerai mon intervention en disant que parfois, le rôle que les conservateurs estiment devoir jouer peut être assez dérangeant. Toutefois, avant de poursuivre, je voudrais saisir l'occasion d'avoir une pensée pour les victimes, Kristen French et Leslie Mahaffy, ainsi que pour leur famille. Il est extrêmement difficile pour chacun d'entre nous d'imaginer l'horreur de ce qui s'est passé et l'impact que cela a eu, non seulement sur les familles de ces deux victimes, mais aussi sur leurs amis et les personnes qui ont eu connu Kristen et Leslie.
L’horreur causée par Bernardo ne fait aucun doute dans mon esprit, et nombreux sont ceux qui ont parlé de ce crime horrible. À l’époque des faits, je vivais dans les Prairies et j’étais député provincial. Je me souviens de nombreuses nuits passées à regarder les nouvelles sur le procès, et je me souviens aussi de la colère suscitée par cet horrible crime. Je ne crois pas qu’un seul député, quel que soit son parti politique, puisse dire de quelque manière que ce soit que les actes commis par Bernardo à l’époque n’étaient pas tout à fait horribles. Lorsque nous assistons à un événement de cette nature, nous voulons nous assurer que la justice sera faite.
Il ne fait aucun doute dans mon esprit qu’aujourd’hui, à l'instar de ce que nous avons vu hier, cette question continuera d’être débattue à la Chambre. Je pense qu’il y a de fortes chances qu’elle soit abordée lors de la période de questions. J’encourage le parti conservateur, en particulier, à envisager de présenter une motion de l’opposition sur cette question. Je dis cela parce que beaucoup de questions intéressent sans aucun doute les Canadiens.
J’ai une préoccupation concernant le débat que les conservateurs ont amorcé ce matin, et je l’ai exprimée sous la forme d’une question posée au député plus tôt. C'est que les députés d’en face savent que nous avons peu de temps pour étudier les projets de loi. Ils continuent néanmoins à présenter des motions d’adoption de rapport. Ils savent qu’en agissant ainsi, ils nous empêchent de débattre des projets de loi du gouvernement.
Ils choisissent un rapport comme on sort un lapin de son chapeau et disent que c’est une question urgente. C'est ce qu'ils ont fait récemment concernant le logement et la crise du logement. Nous avons eu une discussion à ce sujet. Avant cela, les députés de l’opposition nous ont présenté des motions d’adoption de rapport afin d’empêcher la Chambre de débattre des projets de loi. Le Parti conservateur continue de le faire au cours de la présente législature comme il l'a fait les années précédentes, mais je ne l’ai jamais vu présenter une motion d'adoption de rapport lors d’une journée de l’opposition. Il ne l'a pas fait une seule fois. Il me semble important que les Canadiens sachent que la question soulevée par les conservateurs sera débattue plus tard dans la journée, pour que personne ne soit dupe.
Il s’agit d’une question importante. Les gens sont réellement inquiets. Comme le l’a clairement indiqué hier, et comme l’indiquent les communications du gouvernement du Canada, nous sommes réellement préoccupés par cette question. Elle est au premier plan. Nous sommes tous consternés par l’impact que cela a non seulement sur les membres des familles, mais aussi sur nos collectivités dans leur ensemble.
Les conservateurs n’ont pas à me dire que je ne me préoccupe pas de cette question, car je m’en préoccupe. Ils essaient de donner une fausse impression, comme si seul le Parti conservateur du Canada voulait parler d’une question ou faire en sorte qu’elle soit abordée. C’est une fausse impression.
Hier soir, j’étais ici, je crois que c’était vers 21 h 30, et j’ai pris la parole. J’ai parlé de la garde d’enfants. Nous pouvons parler de l’inflation et de l’impact positif du programme de garde d’enfants, et il reste environ 20 minutes de débat à ce sujet. Nous allons ensuite adopter ce projet de loi.
Si les conservateurs veulent continuer à siéger pendant le mois de juin et jusqu’en juillet, cela ne me dérange pas. Honnêtement, je reviendrais en juillet. Je siégerai autant de jours que l’opposition le souhaite. Je suis ouvert à cela. Cela ne me dérange pas que la Chambre siège jusqu’à minuit.
Ce qui me dérange, c’est que les conservateurs jouent continuellement et systématiquement le rôle de force destructrice empêchant l’adoption des projets de loi du gouvernement. Nous en avons été témoins lorsque le a déclaré qu’il parlerait sans arrêt jusqu’à ce que le gouvernement et le modifient le projet de loi d’exécution du budget. Quelques heures plus tard, le projet de loi a été adopté.
Il a été adopté parce qu’il y a un processus et que les conservateurs n’ont pas pu présenter une motion d’adoption. Sinon, qui sait quelle motion d’adoption ils auraient proposée.
Les Canadiens ont élu un gouvernement minoritaire en 2021, mais ce qu’ils attendaient, c’était non seulement un gouvernement responsable, mais aussi une opposition conservatrice responsable. À l’exception de certaines choses qui se sont peut-être produites pendant la pandémie au cours de la législature précédente, je n’ai pas été témoin de cela. Au lieu de cela, je constate que les conservateurs montent sur leurs grands chevaux chaque fois qu’ils en ont l’occasion, même s'ils n'ont aucune raison légitime de le faire.
Au lieu de cela, les conservateurs lancent des campagnes de salissage et des choses de ce genre. Je ne dis pas cela à la légère. Je n’essaie pas de minimiser l’importance de ce rapport, mais nous l’avons vu avec la proposition d’amendement. Les députés ont proposé un amendement. Nous pourrions nous demander en quoi cet amendement est directement lié au rapport lui-même. Je dirais que les conservateurs proposent un amendement qui est motivé par des considérations politiques. Ils sont plus préoccupés par la politique que par la question, et ce n’est pas la première fois.
Nous avons vu que les conservateurs ont toujours tendance à favoriser la collecte de fonds et la partisanerie par rapport au sujet dont il est question. Nous l’avons vu non seulement avec la présentation d’une motion d’adoption, mais aussi avec la proposition de l’amendement. Cet amendement était-il même nécessaire?
Nous avons des comités permanents de la Chambre qui se réunissent pour débattre d’une grande variété de questions. Ils présentent des rapports et une série de recommandations, puis les rapports sont soumis à la Chambre. La grande majorité des rapports ne font jamais l’objet d’une motion d’adoption, mais c’est un outil qui peut être utilisé à l’occasion. Je l’ai même utilisé lorsque j’étais dans l’opposition il y a des années, mais j'ose croire que je n’en ai jamais abusé.
Comparons cela avec le comportement du parti conservateur du Canada en matière de motions d’adoption de rapports. Il suffit de regarder. Pourquoi les conservateurs en ont-ils présenté une aujourd’hui et pourquoi ont-ils ensuite proposé un amendement à la motion d’adoption? S’ils voulaient vraiment traiter du rapport, c’est sur ce point que le débat aurait dû porter. Nous aurions alors tous approuvé le rapport ou, si nous voulions voter contre, nous l’aurions fait. Toutefois, ce n’était pas l’objectif de la motion d’adoption du rapport. Il s’agit du sujet délicat du meurtre — et qui sait quoi d’autre; je ne vais pas entrer dans les détails sordides — de Kristen French et de Leslie Mahaffy. Les conservateurs s’emparent de cette question aujourd’hui et l’utilisent en partie pour faire de l’obstruction. C’est une honte.
Ils réussiront peut-être à en berner quelques-uns, mais la plupart des gens connaissent la vérité, puisque cet amendement en témoigne clairement. Que contient réellement le rapport? Quelles sont ses recommandations? J’ai ici une copie du rapport et une série de recommandations. On m’a même fourni certaines des réponses ministérielles aux recommandations. Je ne vois rien, absolument rien de tout cela dans la modification proposée par le Parti conservateur.
Sur la question de la criminalité, je constate systématiquement que les conservateurs se complaisent à faire du vent et à se montrer sévères. La dernière fois qu’ils ont tenu ce genre de discours sur une question comme celle-ci, c’était il y a quelques années. Il est rare que je me cite moi-même, mais je vais me le permettre. C'est dans le hansard du 4 février 2020. Au sujet du Parti conservateur, j’ai dit ce qui suit:
Ils voulaient faire croire que c'était la faute du gouvernement du Canada, comme si le gouvernement avait, en fin de compte, autorisé le placement en pavillon de ressourcement de Mlle McClintic. Je rappelle aux conservateurs que, le débat avançant, nous avons découvert que c'était en fait le gouvernement de Stephen Harper qui l'avait fait transférer dans un établissement à sécurité moyenne, ce qui lui a permis de demander son placement en pavillon de ressourcement. Nous avons également découvert que, sous le gouvernement Harper, d'autres meurtriers d'enfant ont été placés dans des établissements à sécurité moyenne.
Il s'agit d'un crime tout à fait différent, d'un crime horrible, et les conservateurs bondissaient de leur siège pour en donner des détails sordides. Voilà comment je peux me rappeler un discours que j'ai donné il y a quelques années. On a donné des détails sordides du crime perpétré et on blâmait le gouvernement du Canada. Où était cette passion à l'époque pour les meurtriers d'enfants? N'était-elle pas quelque peu déplacée quand nous avons appris que c'était en fait le gouvernement de Stephen Harper qui avait autorisé ces transfèrements dans des établissements à sécurité moyenne?
Aujourd'hui, il est question d'un incident très médiatisé, probablement l'un des pires et des plus horribles dans l'histoire du pays, ou à tout le moins parmi les deux ou trois en tête de liste. Il a eu une résonance à l'échelle du pays, même si cet incident s'est produit dans une collectivité relativement petite.
Tout le monde était au courant de cette affaire; on en parlait aux nouvelles du soir. Les députés de l'opposition utilisent cette tragédie pour surfer sur un rapport d'un comité permanent qui a formulé 13 recommandations. Il y a bien des façons dont l'opposition pourrait traiter de ce dossier. Ce rapport est une façon pour elle d'imposer le sujet de la criminalité pendant trois heures, à des fins de prévention, dit-elle, mais aussi pour mettre le feu aux poudres. Que prévient-elle en fait?
En fait, si nous étions passés aux affaires du gouvernement, nous aurions débattu du projet de loi , pour lequel il restait moins d'une demi-heure de débat. Ce projet de loi nous permettra d'avoir, pour la première fois dans l'histoire du Canada, un programme national de garderies d'un océan à l'autre. Ce programme a déjà permis de mettre en place des garderies à 10 $ par jour dans un certain nombre de provinces et, si j'ai bien compris, dans au moins un territoire. Il a une incidence bien concrète sur la vie des Canadiens. Le pourcentage de femmes qui travaillent aujourd'hui n'a jamais été aussi élevé. Pour l'élaboration de ce programme, le gouvernement fédéral s'est inspiré de ce qu'il a vu au Québec. C'est de cela que nous étions censés débattre aujourd'hui. Fidèles à leur habitude, les conservateurs, comme l'a montré leur , font tout ce qu'ils peuvent pour empêcher l'adoption d'un projet de loi à la Chambre des communes.
Nous aurons probablement l'occasion d'examiner les 13 recommandations de ce rapport. Ce que nos collègues constateront, c'est dans quelle mesure ce rapport a été manipulé et même modifié à des fins partisanes. Cela vient saper les efforts qu'un grand nombre de députés des deux côtés de la Chambre lui ont consacré.
Je vais simplement citer une ou deux des recommandations:
Que le ministère de la Justice crée un groupe de travail national, composé de représentants des gouvernements fédéral et provinciaux et d’organismes communautaires œuvrant auprès des victimes, ainsi que de victimes, afin de convenir de pratiques exemplaires et de normes minimales à l’échelle du pays pour les victimes d’actes criminels, notamment quant au niveau de soutien et aux services offerts à celles-ci.
Le député parlait des victimes. Le gouvernement est conscient de l'importance de soutenir les victimes. L'amélioration du financement faisait partie des recommandations, en tenant compte du fait que notre système judiciaire est une responsabilité conjointe. Nous devons travailler avec les communautés provinciales, territoriales et autochtones, et nous le faisons. Le député nous fait des reproches au sujet des victimes. Le gouvernement a non seulement reconnu les victimes, mais il leur a aussi octroyé des fonds. Voici une partie de la réponse du ministre au rapport: « Plusieurs recommandations du Comité portent sur la nécessité d’améliorer le financement des services aux victimes et des activités axées sur les victimes. Le Fonds d’aide aux victimes est un élément clé de la SFAV, une initiative horizontale gouvernementale dirigée par Justice Canada. Lorsqu’il a été créé en 2000, le Fonds d’aide aux victimes disposait de 5 millions de dollars [...] Depuis, le financement disponible a augmenté pour atteindre un peu moins de 32 millions de dollars en 2022‑23 ».
Le gouvernement comprend l'importance des victimes. Le Parti conservateur n'a pas besoin de nous l'expliquer. Nous comprenons le mal que peuvent causer des incidents horribles, et nous continuerons de nous concentrer sur les Canadiens.
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Madame la Présidente, avant toute chose, je demande la permission de mes collègues pour partager mon temps de parole avec mon collègue de .
Je vais parler du rapport, qui est l'objet principal de nos débats d'aujourd'hui. Quant à l'amendement proposé par les conservateurs, je vais laisser le ministre se défendre de la façon qu'il juge opportune. Au Bloc québécois, nous sommes aussi scandalisés par le traitement, je ne dirais pas le traitement de faveur, mais le traitement accordé à M. Bernardo. On semble faire fi des droits de victimes dans cette affaire. C'est choquant pour nous aussi, mais je vais laisser le ministre soumettre les arguments qu'il juge opportuns. On verra au moment venu.
J'étais fier de siéger au Comité permanent de la justice et des droits de la personne lorsque nous avons étudié ces dispositions. Parmi l'ensemble des champs de compétence qui relèvent du fédéral, la question du Code criminel est parmi les plus importantes. Je ne veux pas diminuer l'importance des relations internationales, de l'environnement ou d'autres sujets, mais le Code criminel a une incidence sur le quotidien pour un bon nombre de citoyens. Le pouvoir que le fédéral exerce sur le Code criminel et sur les activités criminelles, c'est quelque chose de majeur. J'étais bien fier de participer à ces débats.
Le rapport renferme un certain nombre de recommandations. Elles sont toutes importantes, mais je voudrais particulièrement attirer l'attention de mes collègues sur les dispositions prévues aux recommandations nos 7, 8, 9 et 10 quant à la participation des victimes au processus.
Je pense que cette question est essentielle. On décide souvent, dans un procès criminel, des sanctions qu'on va imposer ou pas à un accusé. On pense aussi au sort des victimes des crimes dont il est question, mais on n'y pense peut-être pas toujours suffisamment. Du moins, on ne permet peut-être pas aux victimes de participer efficacement dans les procès qui les concernent. Au Comité, nous avons entendu bon nombre de témoins sur cette question. Ce qui est ressorti assez fréquemment, c'est l'absence d'information. Les victimes ne savent pas à quoi elles ont droit dans un procès contre leur agresseur.
On pense que ce serait important de faire des campagnes d'éducation sur cette question, tout en tenant compte — on reconnaîtra mes sensibilités personnelles — des champs de compétence. Il ne faudrait pas pour autant empiéter sur les compétences du Québec et des provinces. On pense qu'il peut y avoir des discussions là-dessus, mais on doit nécessairement mettre en place des campagnes d'éducation publiques afin de bien informer les citoyens des droits qu'ils ont lorsqu'ils sont victimes d'un acte criminel.
Il y a toute la question de l'ombudsman. Le poste a été vacant pendant un bon bout de temps, mais il a finalement été doté l'automne dernier. Un nouvel ombudsman a été nommé. Cependant, les budgets accordés au bureau de l'ombudsman sont plutôt faméliques. Je pense qu'il y aurait lieu de revoir cela et de s'assurer qu'il y a une équipe complète, formée de gens compétents, qui travaille avec l'ombudsman, parce que le rôle de l'ombudsman est essentiel dans le processus judiciaire criminel. Les campagnes d'information et l'ombudsman, ce sont des choses importantes que l'on retrouvera plus en détail aux recommandations nos 7, 8, 9 et 10 du rapport. Je ne voudrais pas pour autant minimiser l'importance de la lecture de l'ensemble des 13 recommandations.
Je voudrais également attirer l'attention de mes collègues sur les recommandations nos 11 et 12. On en a encore récemment parlé. Des mouvements importants le demandent. Des motions ont été présentées en ce sens à la Chambre. Il faut absolument s'assurer que les ordonnances de non-publication rendues dans les dossiers criminels ont la portée et l'effet souhaités.
On rend des ordonnances de non-publication pour protéger les victimes, pas pour protéger la population. Cependant, dans le système actuel, la plupart du temps, les ordonnances de non-publication sont demandées par le procureur de la Couronne, quelquefois de façon quasi automatique, souvent sans que les victimes soient consultées.
Une fois que l'ordonnance de non-publication est rendue, la victime n'a pas le pouvoir de demander qu'elle soit levée. Or, souvent, la victime d'un crime souhaite intervenir publiquement dans les médias au sujet du crime dont elle a été victime. Elle souhaite intervenir au sujet des conséquences de ce crime sur sa vie et sur celle de sa famille. Elle souhaite intervenir au sujet des sanctions qu'elle considère comme appropriées dans ce cas.
Dans tous les cas, la victime se voit confrontée à l'ordonnance de non-publication qu'elle n'a pas le droit de violer, à défaut de quoi elle pourrait elle-même être poursuivie pour avoir violé l'ordonnance de non-publication. Cela me semble aberrant. Des victimes sont venues témoigner à notre comité sur cette question. Je ne comprends même pas que ce soit ainsi présentement. Elles ont tout à fait raison. Il faut permettre les ordonnances de non-publication, car, dans plusieurs cas, c'est essentiel. Il y a des victimes qui disent qu'elles n'ont pas envie qu'on parle du crime dont elles ont été victimes. Elles n'ont pas envie que leur famille, leurs voisins, leurs enfants lisent cela dans les médias.
Par contre, il y a d'autres victimes qui disent que ce serait thérapeutique pour elles d'en parler. Il faut tenir compte des besoins et des droits des victimes. En ce qui concerne les ordonnances de non-publication, je pense qu'on est au cœur des droits des victimes et de leurs besoins. Je recommande à la Chambre de porter une attention particulière à cette question, dont on traite aux recommandations 11 et 12 du rapport. Cela m'apparaît être quelque chose d'essentiel.
Il y a également la recommandation 13, qui porte sur la question des ordonnances de dédommagement. Effectivement, dans un système de justice qu'on voudrait de plus en plus réparatrice, il faudrait peut-être prévoir un meilleur accès au dédommagement des victimes. Une fois qu'on a tenu un procès pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines, il est peut-être logique de penser que le juge qui siège a une bonne idée des dommages subis par les victimes et qu'il pourrait être opportun que le juge statue sur certains de ces dommages et s'assure que les ordonnances rendues sont exécutoires et que les victimes ont la possibilité d'en assurer l'exécution. L'accès au dédommagement est important.
Les ordonnances de non-publication devraient être ordonnées ou même demandées par la Couronne uniquement après que la victime ait consenti à l'ordonnance de non-publication. Par exemple, le juge pourrait s'informer ou exiger l'accord de la victime avant de rendre une ordonnance de non-publication. Si la victime n'est pas d'accord, il pourrait y avoir une discussion avec le juge et la Couronne sur les motifs pour lesquels il faudrait ou il ne faudrait pas en avoir une. Il faut nécessairement trouver un mécanisme pour faire en sorte que les victimes participent à ces ordonnances et soient en mesure de les faire lever lorsque c'est dans leur intérêt.
Je ne saurais trop insister, encore une fois, sur le soutien aux victimes. J'en ai parlé au début de mon intervention, mais il faut investir des fonds relativement à l'information qui doit être rendue disponible aux victimes. Présentement, l'information est famélique. Je ne veux pas utiliser deux fois le même mot, mais c'est un adjectif qui m'apparaît assez approprié en ce qui concerne autant le Bureau de l'ombudsman que les services d'information. Une personne qui est victime d'un acte criminel présentement ne sait pas trop à quoi elle a droit. Selon le procureur au dossier, sa participation au processus va être plus ou moins importante. Je pense qu'on doit informer les victimes, mais aussi les procureurs de la Couronne sur les choses qu'ils doivent proposer aux victimes afin de s'assurer qu'elles participent, qu'elles comprennent le processus et qu'elles sont en mesure d'y exercer leurs droits.
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Madame la Présidente, mon collègue va sûrement convenir avec moi qu'il y a une ironie là-dedans. Je retire mon mot. Nous siégeons donc tous les soirs jusqu'à minuit. C'était mon introduction.
Maintenant, il faut parler de ce grave et très important sujet du droit des victimes. Ce rapport de comité me semble fondamental. Par contre, il faut être très vigilant sur la question du champ de compétence. Dans la première recommandation du rapport, on parle de créer un groupe de travail national pour convenir de normes et de pratiques uniformes ou, en tout cas, le plus uniforme possible. Je comprends le bien-fondé de cette proposition. Mon collègue de l'a mentionné tantôt. Par contre, il faudra être très vigilant dans la collaboration avec les gouvernements du Québec, des provinces et des territoires parce que ce sont eux qui sont responsables de l'administration de la justice, donc de l'ensemble de ces conditions.
Comme l'indique la deuxième recommandation du rapport, iI faut revoir la Charte canadienne des droits des victimes pour y mettre le droit au soutien. Ça, c'est fondamental.
Je vais raconter une histoire triste de l'année passée. Il y a eu un accident de la route dans ma circonscription. C'est un accident qui a été causé par quelqu'un qui était en état d'ébriété. Cela devient donc un acte criminel. Le corps du jeune de 17 ans qui a été tué dans l'accident est devenu — j'ai de la misère à ne pas devenir émotif quand je parle de cela parce que ce sont des gens que je connaissais très bien — une pièce à conviction. C'est un exemple du droit des victimes. Les députés peuvent me regarder drôlement, mais ils vont comprendre le lien. Donc, le corps du jeune est devenu une pièce à conviction. Après trois jours, la mère m'a appelé en détresse absolue, parce qu'elle n'était pas capable de récupérer le corps de son enfant qu'elle venait de perdre.
Je comprends l'enquête policière et on comprend tous les processus, mais on voit tout le trou qu'il y a dans notre système. Pendant tout ce temps, on ne disait rien aux parents; ils n'étaient pas là. Ce sont des victimes directes de l'acte criminel qui a été causé et on ne s'occupe pas d'eux. On a fait le lien avec le député de et cela s'est réglé par la suite. Cependant, ces gens ont souffert pendant plusieurs heures.
Peut-être qu'on peut arranger cela et qu'on pourrait faire mieux. Il faut informer les gens, parce que dans mon exemple, personne ne donnait d'information aux parents et ne leur disait à quel moment cela serait terminé. Je suis certain qu'on comprend ce que je veux dire. C'est super important qu'on s'occupe des gens qui ont été victimes d'actes criminels.
La quatrième recommandation du rapport du comité parle de l'information aux victimes. Cela aussi, c'est fondamental. Il faut que ce soit automatique et que les victimes n'aient pas besoin de se battre pour obtenir de l'information. Cela n'est pas normal non plus. La personne est déjà victime d'un acte criminel et est déstabilisée dans sa vie; il faut donc qu'on lui vienne en aide et qu'on ne lui mette pas de nouvelles embûches et de nouveaux défis sur son chemin. C'est fondamental. Encore faut-il évidemment que cette victime désire avoir l'information. Rendre disponible l'information me semble la base de toute chose.
Ensuite, il faut qu'on fasse de l'information pour les gens qui sont victimes. Dans l'exemple de la mère dont j'ai parlé tantôt, personne ne lui a donné d'information. Il faut qu'on informe les gens sur ce que sont leurs recours et leurs droits. Pour cela, cela va prendre de l'argent. Cela a été mentionné tantôt.
Il faut aussi permettre aux victimes de faire partie du processus et d'être informées. Imaginons une victime d'un crime extrêmement violent. Un processus de remise en liberté est en cours, mais elle n'est pas mise au courant, elle est mise devant le fait accompli. Imaginons son angoisse. La victime peut se demander si la personne va revenir la voir, s'il y aura des représailles. C'est important que les victimes soient intégrées dans le processus judiciaire, qu'on les respecte et qu'on les soutienne adéquatement. Ça aussi, c'est une question de ressources.
Mon collègue de Rivière‑du‑Nord a aussi insisté sur l'importance des recommandations qui portent sur les ordonnances de non-publication. Parfois, on va aller très rapidement et on va émettre cela. Si j'en crois les conclusions du rapport du comité, on le fait sans le consentement de la victime.
Or, la première personne à consulter dans tout le processus, c'est la victime. Il se peut que la victime ne veuille pas de cette ordonnance de non-publication. Cela comporte aussi le risque suivant: une personne qui a été ébranlée, qui communique, mais qui fait une erreur en communiquant trop d'informations, peut se retrouver en contravention avec la cour. Ce n'est évidemment pas acceptable.
Au-delà de tout cela, il y a une question d'affectation de ressources. J'ai interrogé un de mes collègues conservateurs qui a fait une intervention ce matin. Je lui ai demandé si on avait les ressources nécessaires dans notre système de justice pour bien représenter, entre autres, la Couronne. J'ai un gros doute à cet égard. On devrait peut-être transférer plus de sous vers Québec et vers les provinces. C'est aussi très important.
Parlons des ressources en appui. Ce que nous observons, quand nous travaillons dans notre circonscription, c'est qu'il y a beaucoup d'organismes communautaires. Ces organismes communautaires ont des gens extrêmement dévoués qui sont là pour les bonnes raisons, pour aider les gens. Quand on se renseigne sur les conditions de vie de ces gens, on se rend compte qu'ils travaillent un nombre d'heures incroyable pour un salaire famélique. Cela demande une force morale. Quand on reçoit la souffrance des gens et qu'on s'en va souper avec sa famille à la fin de sa journée, on reste avec cela. Ces gens rendent des services extraordinaires à la communauté. Je rêve du jour où on aura suffisamment de financement pour ces gens qui, à mon sens, font de la sous-traitance au rabais pour l'État, puisque, prendre soin des gens, ce sont des responsabilités collectives.
Dans le cas des victimes d'actes criminels, en particulier, il faut qu'on prenne les gens par la main, qu'on les accompagne et qu'on les informe de ce qu'ils peuvent faire. Il faut leur demander ce qu'elles veulent et ce qu'elles ne veulent pas. Par exemple, si elles choisissent d'accorder l'ordonnance de non-publication, il faut leur dire ce que cela implique. Il faut leur demander si elles sont prêtes à vivre avec cela. Souvent, on procède rapidement et on n'explique pas les choses parce qu'on n'a pas les ressources, parce qu'on n'a pas le temps. Les gens doivent avoir le temps de s'occuper des victimes.
En terminant, parlons de l'amendement. Nous ne nous mettrons pas à défendre le ministre qui semble être au courant de très peu de choses dans sa vie. Par contre, un peu comme mon collègue de Rivière‑du‑Nord, je remets en doute la pertinence de relier cela à ce rapport-ci, bien qu'il y ait effectivement un lien indirect. Je pense qu'il y aurait d'autres façons de traiter cela. Il ne faut pas négliger l'importance du rapport et il faut l'adopter.
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Madame la Présidente, je suis partagé quant au débat de ce matin, car un débat d’adoption sur un rapport unanime, qui porte sur un sujet très important, est une bonne chose, mais je me demande si l’intention réelle de ce débat n’est pas de détourner l’attention des autres affaires du Parlement plutôt que de parler des recommandations importantes de ce rapport.
Il est certain que nous avons entendu un large éventail de personnes au comité sur ce rapport. De nombreuses victimes d’actes criminels sont venues raconter, au prix de grands sacrifices de leur part, ce qui leur était arrivé et les conséquences de leur état de victime d’actes criminels. Nous avons entendu de nombreuses organisations qui fournissent des services aux victimes d’actes criminels. Je tiens à remercier tout particulièrement l’organisme Les mères contre l’alcool au volant, qui dispose d’un programme très actif de défense des victimes.
Nous avons entendu l'ombudsman des victimes, et je tiens ici à rendre hommage à la précédente ombudsman des victimes, Heidi Illingworth, et à l'ombudsman actuel, Benjamin Roebuck, pour l’important travail de recherche et de défense qu’ils accomplissent dans l'intérêt des victimes dans ce pays.
J’espère que nous pourrons, au cours de ce débat, continuer à nous concentrer sur ce que nous ont dit ces victimes et ces protecteurs des victimes, ainsi que sur les recommandations qui ont été approuvées à l’unanimité par le Comité permanent de la justice et des droits de la personne. Une fonction importante de ce débat aujourd’hui pourrait être d’encourager le gouvernement, dans les nombreux ministères concernés, à progresser dans la mise en œuvre de ces recommandations.
Il existe d’autres mécanismes au sein de cette Chambre pour demander des comptes aux ministres du gouvernement. Je sais que les députés du Parti conservateur le savent, qu’ils les ont utilisés, et j’insiste donc à nouveau pour que nous ne tenions pas ce débat à d’autres fins, quand d’autres mécanismes existent. Quoi que l’on croie au sujet de cette question, ils existent, ils ont été utilisés et ils peuvent continuer de l’être. J’espère donc qu'on ne se concentrera pas sur une autre question, qui est importante, certes, mais tout à fait autre que les questions soulevées dans ce rapport. Encore une fois, je tiens à ce que nous continuions à nous concentrer sur la mise en œuvre des recommandations de ce rapport.
Ce rapport comporte un certain nombre de chapitres, et j’ai été quelque peu étonné de constater qu’en fin de compte, sur un sujet qui a souvent été controversé au sein du Parlement, nous avons été en mesure de parvenir à un consensus sur 13 recommandations. C’est un genre de petit miracle, surtout dans un Parlement minoritaire et sur un sujet qui a déjà été si controversé.
J’attire l’attention sur le chapitre 4, qui traite des services aux victimes d’actes criminels, et j’y reviendrai dans une minute. Ce rapport contient tout un chapitre sur le droit à l’information sur la procédure judiciaire. Il contient des recommandations sur le droit des victimes de participer à la procédure judiciaire et sur la manière dont nous aplanissons les difficultés que les victimes doivent surmonter lorsqu’elles tentent de participer à cette procédure. Un chapitre est consacré au droit à la protection des victimes lorsqu’elles participent à la procédure, et j’y reviendrai un peu plus tard.
Il y a un chapitre important sur la notion du dédommagement, sur le fait que souvent les victimes d’actes criminels ne peuvent pas être rétablies complètement sur le plan financier et le plan circonstanciel. Le dernier chapitre porte sur les mécanismes de plainte et les voies de recours, c’est-à-dire les moyens dont disposent les victimes pour faire connaître leur situation au système et à ceux qui ont le pouvoir de changer les choses lorsque le système ne fonctionne pas correctement.
En ce qui concerne les services, l’une des choses importantes que j’ai apprises est que la Charte des droits des victimes ne prévoit pas de droit d’accès aux services pour les victimes d’actes criminels. Je crois que c’est un oubli, et ce comité, à la recommandation 2, dit que nous devrions y remédier. Nous savons que ce sera un défi. Le gouvernement fédéral partage le domaine de la justice avec les provinces, et l’administration de la justice revient aux provinces.
C’est pourquoi la recommandation 3 de ce rapport parle de collaboration pour fixer des normes minimales en matière de services de soutien offerts aux victimes et de participation aux différents volets de la procédure judiciaire. J’ai été très heureux d’entendre mon collègue du Bloc québécois convenir que nous devons travailler ensemble pour établir des normes minimales. Encore une fois, cela fait partie du miracle de ce rapport, à savoir que même sur des questions fédérales-provinciales litigieuses, nous avons pu nous entendre sur la manière de mieux servir les victimes.
De quoi les victimes ont-elles vraiment besoin? Il y a toute une série de choses, mais ce que nous avons entendu le plus souvent, c’est qu’elles ont besoin de services de soutien adaptés à leurs besoins et que, très souvent, ces besoins varient.
Les victimes issues de milieux différents ont des besoins différents pour les aider à participer au processus et à se rétablir en tant que victimes d’actes criminels. Bien souvent, les services dont nous disposons ne prennent pas en compte les différences de situation, en particulier celle des personnes les plus marginalisées de notre société, et notamment des Autochtones. La mise à disposition de services culturellement pertinents et adaptés aux victimes est un point sur lequel nous échouons souvent et nous ne faisons pas du bon travail.
Lorsque nous parlons de services aux victimes d’actes criminels, nous avons tendance à ignorer les services de santé mentale. Là encore, mon collègue de Comox a été un grand défenseur des services de santé mentale. Ce rapport reconnaît que les victimes ont souvent besoin de thérapies très précises pour retrouver leur pleine participation à la société après avoir été victimes d’un acte criminel. Je recommande ce chapitre à tous les députés. C’est un chapitre très important sur les lacunes de nos approches.
J’ai été surpris d’apprendre que l’aide juridique n’est généralement pas disponible, sous quelque forme que ce soit, pour les victimes d’actes criminels. Bien qu’ayant enseigné la justice pénale pendant de nombreuses années, je n’étais pas vraiment conscient du fait que cette question se posait du point de vue des victimes. Nous fournissons une aide juridique aux accusés et, bien sûr, nous avons des procureurs qui sont payés par le public. Cependant, lorsqu’il s’agit de la participation de victimes d’actes criminels, l’aide juridique n’est généralement pas disponible pour elles. Nous dépendons d’organisations de défense des droits pour fournir ces conseils et cette aide aux victimes d’actes criminels.
Cela m’amène au chapitre sur le droit à l’information. Là encore, nous avons fait quelque chose de particulier lorsque nous avons établi les droits des victimes et que nous avons dit que les victimes avaient le droit de demander des renseignements sur le système. Ce que nous avons entendu à maintes reprises de la part des victimes et de leurs organisations de défense, c’est que bien souvent, les victimes ne savent même pas quoi demander. Le système est si peu familier pour elles, si complexe et si impitoyable. En particulier pour les personnes ayant subi un traumatisme, il est si difficile de s’y retrouver qu’elles ne savent même pas quels sont leurs droits ou comment y accéder.
Une recommandation importante de ce rapport, la recommandation no 4, demande qu'on précise que les renseignements auxquels les victimes d’actes criminels ont droit ne doivent pas être fournis sur demande, mais bien de manière automatique. D'un endroit à l'autre, les services offerts aux victimes et les droits de celles-ci ne leur sont pas aussi bien expliqués. Là encore, nous dépendons dans une large mesure de ces organismes bénévoles pour informer les victimes de leurs droits. Cependant, à moins d’être en contact avec un de ces organismes, la personne ne saura pas comment naviguer dans notre système judiciaire très complexe.
Au lieu de dire que c’est à la victime de demander les renseignements, mentionnons que c’est à quelqu’un en particulier de les fournir. Nous n’avons pas essayé de régler ce problème dans ce rapport, mais nous avons indiqué qu’il est nécessaire de désigner quelqu’un en particulier. Nous ne pouvons pas nous contenter de dire que les victimes ont droit à l’information sans préciser qui doit leur communiquer cette information. C’est la tâche des gouvernements, encore une fois, parce que les compétences en matière de justice sont réparties entre divers ordres de gouvernement. Il leur appartient donc de collaborer pour décider qui veillera à ce que les victimes obtiennent les renseignements dont elles besoin.
Nous pourrions notamment fournir un financement de base aux organismes d’aide aux victimes qui font déjà ce travail. Si nous leur fournissions un meilleur financement, elles pourraient veiller à ce que les victimes obtiennent les renseignements dont elles ont besoin pour savoir comment elles peuvent se faire entendre au sein du système judiciaire, mais aussi des renseignements sur les services mêmes qui leur sont peut-être offerts dans la collectivité.
Le chapitre 7 porte sur le droit à la protection de l’identité des victimes et le droit à la protection de leur vie privée. Là encore, c’est probablement une des parties les plus surprenantes du rapport. Nous avons entendu des témoignages très émouvants et percutants de victimes d’agression sexuelle, comme Morrell Andrews, qui a parlé de quelque chose que nous avons fait, il y a des années, dans notre système judiciaire. Nous avons mis en place des ordonnances de non-publication afin que l’identité des victimes d’agression sexuelle ne devienne pas publique.
Au fil des années, notre compréhension des agressions sexuelles a évolué, et beaucoup de victimes d’agression sexuelle étaient surprises d’apprendre qu’elles faisaient l’objet d’une ordonnance de non-publication, qu’il leur était interdit de parler de ce qui leur était arrivé. Nombre de ces victimes d’agression sexuelle estimaient également que l’ordonnance de non-publication, en protégeant leur identité, protégeait aussi celle de l’agresseur.
Ce qui ressort très clairement des témoignages que nous avons entendus, des témoignages très éloquents de personnes pour qui il était très difficile de raconter leur propre agression, c’est que les dispositions actuelles privent les victimes d’agression sexuelle de leur libre arbitre.
Donc, à la recommandation 11, le comité recommande ceci: premièrement, que les personnes faisant l’objet d’une ordonnance de non-publication soient informées et consultées avant que l’ordonnance de non-publication prenne effet; et deuxièmement, qu’elles aient le droit de se soustraire à cette ordonnance.
Beaucoup de députés savent que j’ai parlé un certain nombre de fois à la Chambre du fait que j’ai été victime d’agression sexuelle pendant mon enfance. Le voile du secret qui m’entourait alors m’a aidé, mais il a surtout aidé l’agresseur, qui avait huit autres victimes. Il aurait été très important pour moi, même si en tant que mineur, je ne pouvais probablement pas prendre cette décision, que quelqu’un décide que le public devait voir cette information. Les victimes adultes d’agression sexuelle nous ont dit très clairement qu’elles veulent retrouver leur libre arbitre. Elles veulent pouvoir parler de ce qu’elles ont vécu, elles veulent pouvoir mettre en garde d’autres personnes et elles ne veulent pas être traitées comme des enfants en ce qui concerne les agressions sexuelles.
Ce ne sont que quelques faits saillants de ce rapport.
Je dis que nous devons essayer de nous concentrer sur ces recommandations afin de pouvoir avancer, mais je tiens à parler un instant d’une mesure prise par le gouvernement par suite de ce rapport.
Le Sénat étudie actuellement le projet de loi . La dernière fois que j’ai vérifié, il y a deux jours, le Comité sénatorial de la justice était sur le point de terminer son examen de ce projet de loi qui vise à donner force de loi à la recommandation 11 du rapport. Quand le Sénat en aura terminé, le projet de loi S-12 reviendra à la Chambre et nous pourrons, en l’approuvant, redonner leur libre arbitre aux victimes d’agression sexuelle et leur donner le droit d’être informées des ordonnances de non-publication avant qu’elles soient imposées afin de pouvoir s’y soustraire.
Quand je dis qu’il est important de nous concentrer sur ces recommandations pour avancer, il y a un exemple très précis des nombreuses choses qui se trouvent dans ce rapport, de sorte que, si nous nous attachons à obtenir le soutien unanime à ces recommandations, je crois que nous pourrons progresser en matière de droits des victimes et de services aux victimes.
Encore une fois, nous sommes dans un Parlement minoritaire où les débats sont souvent houleux. Cependant, au comité de la justice, sur bien des questions, nous réussissons à travailler ensemble pour parvenir à l’unanimité. Le rapport intitulé « Améliorer le soutien aux victimes d’actes criminels » est mon meilleur exemple de la façon dont le Parlement peut travailler. Le Parlement peut être très fonctionnel, et nous pouvons formuler des recommandations qui sont importantes pour la vie des Canadiens.
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Monsieur le Président, je suis venue ici ce matin en m’attendant à traiter du projet de loi . Je suis tout à fait d’accord avec les recommandations de ce rapport. Comme l’a indiqué mon collègue, nous devrions nous concentrer sur ces recommandations tout en allant de l’avant.
L’amendement que mon collègue a proposé dans le rapport d’adoption n’est qu’un autre effort en vue de politiser une autre question très grave qui nous préoccupe, en blessant les victimes mêmes à l'égard desquelles le comité permanent de la justice recommande qu'on soit plus sensibles. Avec l’amendement qui a été proposé plus tôt, c’est exactement le contraire.
Je veux parler aujourd’hui du projet de loi , qui représente l’engagement du gouvernement à l’égard des victimes d’actes criminels. Je vais mettre en lumière différentes parties du projet de loi S-12, Loi modifiant le Code criminel, la Loi sur l’enregistrement de renseignements sur les délinquants sexuels et la Loi sur le transfèrement international des délinquants.
Le projet de loi a trois principaux objectifs: premièrement, répondre à la décision de la Cour suprême du Canada d'octobre dernier dans l’affaire R. c. Ndhlovu, qui a annulé certains éléments du registre national des délinquants sexuels; deuxièmement, renforcer l’efficacité du registre; et troisièmement, donner plus de pouvoir aux survivants et aux victimes d’actes criminels en modifiant les règles régissant les ordonnances de non-publication et le droit des victimes à l’information; ces trois éléments sont prioritaires.
Aujourd’hui, je souhaite expliquer certaines des réformes proposées qui visent à garantir que le registre demeure un outil efficace et efficient pour l’application de la loi. La GRC et l’Association canadienne des chefs de police ont fait l’éloge du projet de loi , et nous sommes heureux que cette mesure législative garantisse que les services de police disposent de ce dont ils ont besoin pour faire leur travail, qui est de mieux protéger les victimes d’actes criminels et de prévenir d’autres crimes.
Le projet de loi ajouterait à la liste des infractions qui rendent un condamné admissible à l’enregistrement. En particulier, le projet de loi ajouterait à la liste l’infraction de distribution non consensuelle d’images intimes. Le projet de loi vise également la « sextorsion » en ajoutant l’extorsion à la liste lorsqu’il est démontré qu’elle a été commise dans l’intention de commettre un crime sexuel. Il s’agit d’une avancée importante pour aider la police à identifier les auteurs de délits, qui sont de plus en plus fréquents à l’ère numérique.
Le projet de loi propose également un nouveau pouvoir d’arrestation dans le Code criminel pour régler le problème du non-respect des obligations d’enregistrement. Actuellement, on estime que jusqu’à 20 % des personnes ayant des obligations liées au registre national des délinquants sexuels ne les respectent pas. Cette situation n’est acceptable ni pour les parlementaires que nous sommes, ni pour les Canadiens.
Le seul mécanisme législatif permettant de faciliter le respect du registre en vertu de la loi actuelle consiste à arrêter un individu et à porter une accusation en vertu du Code criminel. Cependant, le dépôt d’une accusation distincte n’entraîne pas nécessairement le respect du registre, ce qui est l’objectif. Le projet de loi crée un mandat de conformité qui permet à la police de demander un mandat d’arrestation pour amener les délinquants sexuels qui ne se conforment pas à la loi à un centre d’enregistrement afin qu’ils remplissent leurs obligations en vertu de la Loi sur l'enregistrement de renseignements sur les délinquants sexuels.
Autre changement important: le projet de loi exige désormais que les délinquants sexuels enregistrés fournissent à la police un préavis de 14 jours avant de voyager, ainsi qu’une liste des adresses spécifiques où ils séjourneront au cours de leurs déplacements. La police disposera ainsi de suffisamment de temps pour procéder à une évaluation des risques et pour avertir, au besoin, les forces de l'ordre compétentes, conformément aux pouvoirs qui lui sont conférés en vertu de la la Loi sur l'enregistrement de renseignements sur les délinquants sexuels.
Ensuite, j'aimerais parler des interdictions de publication et du droit des victimes à l’information. Il s'agit de mesures essentielles pour répondre directement aux requêtes des victimes à l'égard de notre système de justice — ce qui correspond en grande partie à la teneur du rapport du comité permanent de la justice — et nous assurer d'être à l'écoute de ces dernières.
Le projet de loi propose des réformes concernant les interdictions de publication qui répondent directement aux requêtes des survivants de violence sexuelle. Les victimes méritent une plus grande place dans le processus de justice pénale; elles doivent avoir la possibilité de raconter leur propre histoire si elles le souhaitent. Il est clair qu'en ce moment, on ne leur accorde pas suffisamment la priorité et qu'on ne leur donne pas assez d'occasions de se raconter.
Les diverses dispositions du Code criminel relatives aux interdictions de publication visent à protéger les témoins et les victimes contre tout nouveau préjudice en dissimulant leur identité. Les interdictions de publication peuvent favoriser le témoignage de victimes et de témoins qui, sans elles, n'oseraient peut-être pas parler. Comme nous l'avons entendu à maintes reprises au cours des derniers mois au sujet des interdictions de publication, les personnes qui les ont acceptées pour diverses raisons souhaitent en fait les voir levées. Certains survivants d'actes criminels et certaines victimes d'actes criminels ont constaté que les interdictions de publication avaient eu pour effet de les réduire au silence ou de leur imposer des limites. C'est quelque chose que nous avons entendu à plusieurs reprises la semaine dernière. En fait, j'ai récemment vu un reportage où l'on racontait que huit femmes qui étaient toutes soumises à ces interdictions de publication voulaient qu'elles soient levées, alléguant qu'elles souhaitaient pouvoir parler de ce qu'elles avaient vécu et saisir cette occasion pour sensibiliser d'autres personnes.
Selon le régime actuel, des victimes ont été condamnées pour avoir violé une interdiction de publication pourtant destinée à leur seule protection et à leur seul bénéfice. La situation est clairement inacceptable. Ces survivants méritent de faire connaître leur propre histoire s’ils le souhaitent; le choix doit absolument leur revenir, et à eux seuls, et non figurer parmi les conditions d'un quelconque règlement qui les contraindrait à jamais au silence. Une à une, de nombreuses interdictions de publication sont levées à la demande de victimes, à la demande de femmes qui souffrent encore d’un incident survenu dans leur vie il y a des années.
Pour résoudre ce problème, le projet de loi propose que les juges demandent aux procureurs de confirmer que des mesures raisonnables ont été prises pour consulter la victime sur l’opportunité d’imposer une interdiction de publication. Cette proposition s'arrime à la recommandation 11 du septième rapport du Comité permanent de la justice et des droits de l’homme, intitulé « Améliorer l’aide aux victimes d’actes criminels ». En outre, le projet de loi S‑12 clarifierait le processus de modification ou de révocation d’une interdiction de publication en vigueur en le codifiant, puisqu'il n’existe actuellement qu’en common law, c’est-à-dire en application de la jurisprudence.
Le projet de loi garantirait également que les interdictions de publication s’appliquent au matériel en ligne, un domaine qui demeurera d'une extrême importance. Les jeunes Canadiens sont exposés à tout un tas de choses sur Internet, et les problèmes se multiplient au fur et à mesure que les jeunes voient et font des alors qu’ils ne le devraient pas. Toutefois, une grande partie du matériel en ligne peut avoir été publiée avant qu’une interdiction ait été imposée.
Ces deux mesures tiennent compte du fait que les victimes et les survivants doivent avoir le droit de changer d’avis. La décision de révoquer ou de modifier une interdiction de publication doit être dictée par les souhaits de la victime ou du survivant et non par ceux d’un employeur ou d’une autre organisation. Néanmoins, le projet de loi propose de laisser au juge un certain pouvoir discrétionnaire afin de refuser une telle demande si elle risque, par exemple, de divulguer l'identité d'une deuxième victime qui souhaite rester anonyme. On s'attend à ce que ce type de scénario soit extrêmement rare et à ce que, dans l’immense majorité des cas, l’interdiction de publication soit levée lorsqu'une victime ne souhaite manifestement pas son maintien.
Il n'existe pas de bonnes façons d'être une victime. Ce projet de loi donne un choix aux victimes et aux survivants et leur octroie le pouvoir de décider. Le fait de remettre ce pouvoir entre les mains des victimes et des survivants de violence sexuelle peut être un élément essentiel du processus de guérison et peut éviter de les traumatiser à nouveau dans le cadre du processus de justice pénale. Dernièrement, beaucoup de témoins au Comité permanent de la condition féminine ont parlé de leur expérience, de la difficulté qu'elles éprouvaient à parler des problèmes qu'elles rencontraient et du peu de soutien qu'elles avaient.
Il est important de bien faire les choses. Je présume que bon nombre de députés, tout comme moi, ont déjà entendu le témoignage de survivants lorsqu'ils travaillaient sur ce dossier. Je suis convaincue que beaucoup de mes collègues des deux côtés de la Chambre ont entendu beaucoup de victimes, hommes et femmes, leur parler de ce qu'elles ont vécu.
Les survivants veulent que nous corrigions ce problème dans le régime d'interdiction de publication pour mieux les outiller et pour les traiter avec dignité et respect. Lorsqu'une interdiction de publication est en place, ils ne peuvent parler à personne de leur douleur et de leur souffrance. En supprimant l'interdiction de publication, comme il est proposé dans le projet de loi , ils pourraient le faire.
Je serai heureuse de travailler avec tous mes collègues pour que l'on puisse s'assurer de parvenir à cet équilibre délicat. Le comité pourrait examiner cette question et voir si le libellé peut être renforcé.
Je voudrais prendre un moment pour parler du droit d’une victime à obtenir des renseignements sur le dossier d’un délinquant qui lui a causé un préjudice. Ce droit est inscrit dans la Charte canadienne des droits des victimes, aux articles 6, 7 et 8. Le projet de loi faciliterait aux victimes l'accès aux renseignements concernant leur affaire après la détermination de la peine ou après qu’un accusé a été déclaré non criminellement responsable pour cause de troubles mentaux.
Pour atteindre cet objectif, le projet de loi propose plusieurs mesures. Premièrement, il exigerait que le juge demande au procureur s’il a pris des mesures raisonnables pour déterminer si la victime souhaite obtenir ces renseignements. Deuxièmement, il permettrait aux victimes d’exprimer ce souhait dans leur déclaration. Enfin, le projet de loi exigerait que le tribunal fournisse au Service correctionnel du Canada le nom de la victime et, le cas échéant, les renseignements qu'elle a exprimé le souhait de recevoir. Donner aux victimes le droit d'obtenir ces renseignements constitue un volet absolument crucial de projet de loi. En effet, ce n'est pas tout le monde qui souhaite le faire, puisque, très souvent, il en découle une revictimisation.
Une fois de plus, cette approche dénote un respect des besoins des victimes en cherchant à leur procurer la latitude nécessaire pour obtenir les renseignements au moment de leur choix. Je note que cette proposition a particulièrement retenu l'attention et gagné le soutien de l'ombudsman fédéral des victimes d’actes criminels.
Les changements envisagés dans ce projet de loi répondraient à l'urgence d'arrimer les lois régissant le Registre national des délinquants sexuels à la Charte. Parallèlement, le registre serait mieux à même de répondre à son objectif d'une importance vitale, c'est-à-dire fournir aux forces de l'ordre des renseignements fiables et à jour pour prévenir les crimes de nature sexuelle ou enquêter sur eux. Le projet de loi nous donnerait également l'occasion de rendre la justice pénale de mieux répondre aux besoins des survivants et des victimes d’actes criminels, y compris lorsque les infractions sont d'ordre sexuel.
Ces réformes sont ciblées, mesurées et judicieuses. Elles feront sensiblement la différence dans la vie des victimes de certains des pires actes criminels en droit canadien. Elles cadrent avec le soutien résolu que manifeste le gouvernement à l'endroit des victimes d'actes criminels. Nous n'abandonnerons jamais les victimes à elles-mêmes, et nous cherchons constamment à rendre le système de justice plus sensible à leurs besoins.
Le rapport présenté ce matin, qui fait l'objet d'une motion d'adoption, Comité permanent de la justice et des droits de la personne. Il contient 13 excellentes recommandations qui visent d'abord et avant tout à améliorer la vie des victimes et à mieux répondre à leurs besoins. J’ai hâte de discuter de ces recommandations au fil du débat d'aujourd'hui.
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Monsieur le Président, c’est avec une grande déception que je prends la parole aujourd’hui, car, une fois de plus, au cours des derniers jours, le libéral et son Cabinet ont laissé tomber les Canadiens d’une façon assez incroyable. Ils ont caché la vérité et ont induit le public en erreur. Ils ont commis des erreurs flagrantes et n’en ont pas assumé la responsabilité. Ils trouvent des excuses et rejettent la faute sur tout le monde sauf sur eux-mêmes. Ils n’ont que très peu, voire pas du tout, rendu de comptes et, en attendant, ce sont les Canadiens, et certainement les plus vulnérables d’entre eux, qui en pâtissent.
C’est pourquoi l’amendement que les conservateurs ont proposé aujourd’hui à la Chambre demande la démission immédiate du , compte tenu de la façon dont il a trompé encore et encore la Chambre et les Canadiens, et en particulier de son manque très grave de leadership et de sens des responsabilités à un poste ministériel qui, plus que beaucoup d’autres, requiert la confiance du public et un ministre responsable et irréprochable à cet égard, compte tenu de l’ampleur des dossiers dont il a la charge.
Pour ceux qui ont été attentifs, nous parlons du déménagement de Paul Bernardo, qui est certainement le violeur et le tueur d’enfants le plus connu de l’histoire du Canada. Il a récemment été transféré, au nez et à la barbe du et du gouvernement libéral, d'un établissement à sécurité maximale à un autre à sécurité moyenne. Nous parlons d'un homme qui — je suppose, de l'avis de tous les Canadiens, et à juste titre selon moi — devrait croupir en prison pour le reste de sa vie et qui a maintenant été transféré dans une prison à sécurité moyenne, avec plus de privilèges. Ce qui a été révélé ces dernières heures et ces derniers jours sur ce que le et le savaient et sur ce qu’ils disent que leurs bureaux savaient — et nous y reviendrons — est tout simplement très préoccupant et dénote un faible sens des responsabilités.
On ne sait plus très bien s’il y a un responsable à la Sécurité publique, car il semble qu’il n’y en ait pas. Cette question, ce qu’a fait cet ignoble tueur, est extrêmement sensible et est vraiment restée gravée dans l’esprit des Canadiens. Elle a certainement suscité chez moi une réaction très émotionnelle et beaucoup de colère face à l’absence de responsabilité et de leadership de la part du et certainement du , raison pour laquelle nous demandons sa démission aujourd’hui.
Le 1er juin, il y a quelques jours à peine, les Canadiens ont appris que le Service correctionnel du Canada transférait cet ignoble tueur d’une section isolée d’une prison à sécurité maximale, où il devrait rester jusqu’à sa mort, à une prison à sécurité moyenne, une prison plus ouverte, de type campus. De mon point de vue et du point de vue de la plupart des Canadiens, cet individu ne mérite certainement pas ce transfert.
Les femmes en particulier, mais je crois que la plupart d’entre nous, hésitent à voir son nom glorifié dans le hansard ou à en parler. Il ne mérite rien de tout cela, c’est pourquoi, à partir de maintenant, je me contenterai de l’appeler le violeur en série et le tueur d’enfants le plus infâme du pays. Pour que nous sachions vraiment de quoi nous parlons, il s’agit d’un homme qui, à la fin des années 1980 et au début des années 1990, a enlevé, violé, sodomisé, torturé à plusieurs reprises, souvent en enregistrant ses actes sur une vidéo, puis assassiné des jeunes femmes âgées de 14 ans à peine.
J’ai une collègue qui, à l’époque, avait le même âge et qui vivait en Ontario. Elle m’a raconté qu’à l’école, on disait aux filles de son âge de faire attention à une camionnette blanche et d’être prudentes lorsqu’elles rentraient de l’école à pied. Ces horreurs sont restées gravées dans la mémoire des femmes de cet âge, des femmes en général, et certainement des parents qui avaient des enfants, en particulier des jeunes filles, à cette époque.
Il s’agit d’un individu vraiment horrible, et l’idée qu'il puisse et qu'il ait effectivement été transféré dans une prison de sécurité moyenne a évidemment suscité l’indignation de la population.
Bien entendu, le a nié avoir été courant. Il a plutôt déclaré avoir été choqué par cette nouvelle, ce qui, à bien des égards, est très frustrant, car nous avons appris, dans les derniers jours, que cette version des faits était peut-être totalement fausse. Il est fort possible qu’il savait et n’a rien fait, que le savait et n’a rien fait, et que tous deux n’ont pris aucune mesure pour empêcher ce transfert. Le Globe and Mail a très bien décrit la situation.
Comme l’indique l’article en question, le ministre de la Sécurité publique a soulevé l’ire du Parlement et des familles des victimes de M. Bernardo mercredi, après que CBC News a révélé que son bureau avait été informé du transfert de cet homme vers un établissement à sécurité moindre en mars. La veille, le ministre avait déclaré à la Chambre des communes que son bureau ne l’avait pas informé de ce transfert avant qu’il n’ait lieu.
Comme c’est pratique qu’il ne l’ait pas informé! Nous avons appris dans ce même article du Globe and Mail, signé Robert Fife et Steven Chase, je crois, que le Cabinet du avait également été alerté des mois avant le transfert, ce que le porte-parole du cabinet du premier ministre a confirmé. Les libéraux ne le nient même pas. Je leur accorderai donc un tout petit peu de mérite sur ce point, même s’ils ne se sont certainement pas montrés coopératifs depuis quelques jours que la nouvelle est publique. Comme le souligne le Globe and Mail, cela élargit grandement le cercle de fonctionnaires, et pratiquement de leurs chefs, les politiciens, qui étaient au courant et qui n’ont pourtant rien fait jusqu’à ce que, par erreur, le public soit informé. Nos élus chargés de la sécurité publique et de la justice, autrement dit, chargés de veiller à ce que les pires assassins de notre histoire reçoivent la peine qu’ils méritent, se déclarent maintenant choqués et déçus. La sécurité publique n’est pas assurée, et justice n’est pas rendue.
Quand toute l’affaire a éclaté, j’étais abasourdie. Combien de fois les ministres libéraux et le comptent-ils s’en sortir en disant qu’ils ne savaient pas, qu’on ne les avait pas informés, que leurs collaborateurs ne leur avaient rien dit ou que le SCRS ou la GRC ne leur avait pas fait savoir et que l’information ne leur était pas vraiment parvenue? Combien de fois devons-nous entendre cela, en tant que Canadiens ou en tant que porte-parole de l’opposition? Combien de fois devons-nous les croire et passer à autre chose, comme si de rien n’était?
Nous avons vu cela à maintes reprises. Au sujet de l’ingérence électorale de Pékin, les libéraux ont dit qu’ils n’avaient pas été vraiment tenus au courant ou que personne n’avait décroché le téléphone pour appeler l’ancien ministre de la Sécurité publique pour lui dire que mon collègue, le député de , était menacé par Pékin et que sa famille était en danger. Ils ont dit que le SCRS voulait le lui dire, mais ne l’avait pas fait, ou que ses collaborateurs ne l’avaient pas fait. Ce sont des bobards.
Nous les aurions peut-être crus une fois, mais sommes-nous censés les croire deux fois, cinq fois ou 10 fois et encore et encore, au sujet de questions relatives à la sécurité nationale et à la sécurité publique? Je ne pense pas. C’en est assez. Quelqu’un ici doit démissionner. Quelqu’un doit rendre des comptes. Quelqu’un doit prendre la responsabilité de cette incapacité évidente à gouverner.
En toute franchise, il est très embarrassant pour les Canadiens d'être représentés par des ministres qui ne prennent pas leurs responsabilités dans certains des dossiers les plus cruciaux pour le Canada. Je tiens à préciser pourquoi les Canadiens sont outrés. Nous avons des prisons à sécurité maximale et à sécurité moyenne. Je tiens à dire clairement pourquoi les libéraux auraient dû être outrés et auraient dû remuer ciel et terre pour empêcher ce transfert, et pourquoi ils auraient certainement dû présenter un projet de loi pour l’éviter, mais ils ne l’ont pas fait et j’y reviendrai plus tard.
Cet individu, quand il se trouvait dans une prison à sécurité maximale, avait très peu de liberté de mouvement. Il était tenu à l’écart des autres. Il ne voyait pratiquement personne. Il avait vraiment très peu de privilèges, et à juste titre. Il mérite d’être puni jusqu'à la fin de ses jours. Si je ne m'abuse, il a passé presque 29 ans dans une prison à sécurité maximale. Maintenant qu'il a été transféré dans une prison à sécurité moyenne, sous les yeux du et du , qui étaient au courant du transfert depuis trois mois, cet individu parle avec plus de gens, il est plus libre de ses mouvements et il se voit imposer beaucoup moins de restrictions. Or, il ne le mérite pas. Je pense que tout le monde est d’accord, mais voilà où nous en sommes. Le transfert s'est fait alors que le ministre et le premier ministre auraient pu l’empêcher. Ils savaient trois mois à l’avance que ça allait se faire.
On peut commettre une erreur, ça arrive, et si c’est la première fois, je les croirais peut-être. Si ce n’est pas la première fois mais que les fautifs affirment ne pas avoir su et ne pas avoir été informés, on peut imaginer un instant qu'il est possible de les croire. Mais pourquoi, alors, les libéraux n’ont-ils pas proposé de solutions concrètes pour que cela ne se reproduise jamais? Ils ont une majorité suffisante à la Chambre avec l’appui du NPD. Ils auraient pu présenter un projet de loi pour montrer aux Canadiens qu’ils ne permettront jamais que cela se produise sous leur gouverne, mais ils ne l’ont pas fait.
Les libéraux chahutent chaque fois que les conservateurs tentent de présenter des motions visant à empêcher que cela se reproduise. Nous avons également présenté le projet de loi d’initiative parlementaire du député de . J’ai appuyé ce projet de loi qui garantirait que cela ne se produise plus jamais. Les libéraux disent que ce n’est pas de leur ressort, qu’ils ne peuvent pas vraiment intervenir à ce sujet et que le ne fait que de petits rajustements, mais est-ce vrai? J’ai examiné le projet de loi et je constate que le ministre de la Sécurité publique, le et le adoptent encore une fois une approche laxiste à l’égard des criminels et qu'ils oublient les victimes.
Prenons, par exemple, le projet de loi des libéraux, qui a été adopté en 2019 et qui a créé, à l’article 28 de la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition, une norme selon laquelle le commissaire du Service correctionnel doit s'assurer que le pénitencier choisi pour le détenu l'est en fonction des « restrictions les moins privatives de liberté pour celui-ci ». Ils ont adopté ce projet de loi en 2019. Leur réforme de la mise en liberté sous caution, leur projet de loi laxiste sur la mise en liberté sous caution, a également été adoptée cette année-là.
Les Canadiens ont subi bien des torts pendant cette brève période, en faveur des criminels et aux dépens des victimes. Ce n’est qu’un autre de ces projets de loi. Dans le projet de loi , « les restrictions les moins privatives de liberté » étaient la norme proposée pour les criminels détenus en prison.
Qu’avons-nous maintenant? Nous avons les « restrictions les moins privatives de liberté » pour le tueur en série et le violeur d’enfants le plus vil au pays. Cela se produit, en partie, grâce au projet de loi présenté par les libéraux. Ils ont créé cet environnement. Je ne cesserai de répéter « les restrictions les moins privatives de liberté », car c’était exactement l’objet de leur projet de loi.
En fait, les libéraux ont abrogé une norme antérieure des conservateurs mise en place par l’ancien gouvernement de Stephen Harper et qui prévoyait des « restrictions nécessaires » pour les criminels et les vils meurtriers. En 2019, ces gens ont mis en place la réforme du cautionnement et « les restrictions les moins privatives de liberté » pour les criminels détenus en prison. C’est maintenant chose faite. C’est mission accomplie pour le tueur le plus vil au pays.
Quand les libéraux disent qu’ils ne peuvent rien faire parce que cette décision a été prise en toute indépendance, ce n’est pas vrai, ils peuvent faire quelque chose. Ils peuvent supprimer cet article et même le projet de loi dans sa totalité. Si tout le reste est pareil, il peut aller à la poubelle, en tout cas au moins cet article. Ils auraient dû déjà présenter un projet de loi pour que cela ne se reproduise pas. Cela fait des semaines que c’est arrivé.
Cela dit, l’objectif était que les pires criminels de ce pays puissent profiter d’un environnement le moins restrictif possible. Quand ils disent qu’ils ne peuvent rien faire, ce n’est pas vrai. Les Canadiens ne doivent pas les croire.
Hier, mon collègue le député de a présenté un projet de loi d’initiative parlementaire, le projet de loi , afin que les criminels dangereux, comme l’individu en question, soient maintenus dans des prisons à sécurité maximum. Autrement dit, au lieu de les garder dans un environnement le moins restrictif possible, comme je viens de le dire, les individus seraient incarcérés « dans un milieu où seules existent les restrictions nécessaires ». C’est une formulation pondérée, responsable et en parfait accord avec les valeurs que chérissent les Canadiens.
Deuxièmement, ce projet de loi exige que les individus qui sont considérés comme des « délinquants dangereux » par les tribunaux, dont fait partie l’individu en question, reçoivent des peines indéterminées, c’est-à-dire sans durée précise. Cela s’appliquerait aux auteurs de sévices graves et multiples qui sont considérés comme dangereux pour la population, à des individus comme celui dont nous parlons aujourd’hui et aux criminels reconnus coupables de plus d’un meurtre au premier degré et condamné à la prison à vie.
C’est très clair. Ce genre de type devrait toujours être incarcéré dans un établissement à sécurité maximum. C’est ce que ferait un gouvernement conservateur. J’estime que le projet de loi d’initiative parlementaire est un texte bien pesé et qu’il devrait être adopté à l’unanimité par tous les partis, surtout à la lumière de ce qui vient de se passer.
Parlons maintenant de l’incapacité du à assumer sa responsabilité et à essayer d’empêcher l’application d’une telle décision. L’individu en question se trouve aujourd’hui dans un établissement à sécurité moyenne; il a donc la possibilité de circuler et d’être récompensé s’il se comporte bien. J’estime qu’il ne doit pas être là. Son transfèrement aurait dû être annulé, mais le ministre a été incapable de le faire.
Voici ce qu’a déclaré le Service correctionnel du Canada: « Le courriel du 2 mars contenait des informations les informant [le bureau du ministre de la Sécurité publique] du transfèrement, ainsi que les raisons de ce transfèrement. »
C’est ce qu’a indiqué Kevin Antonucci, porte-parole du Service correctionnel du Canada, dans un communiqué publié mercredi. Il a ajouté qu’en mars, il y a trois mois, la date finale du transfert n’avait pas été fixée. Par conséquent, le cabinet du a également reçu un courriel le 25 mai contenant les messages à jour des communications, et l’information selon laquelle le transfert se ferait le lundi 29 mai.
Si nous lisons entre les lignes la déclaration de Kevin Antonucci, le Service correctionnel du Canada fait le gros du travail en disant qu’il a envoyé le message et averti le cabinet du ministre que le transfert pouvait être bloqué. Au Service correctionnel, on ne cherche pas à rendre service au . On dit qu’on l’a informé, et qu’on l'a informé deux fois, et que cela est resté sans suite.
Nous avons également appris, pas plus tard qu’hier soir, comme je l’ai dit, que le Cabinet du premier ministre avait également été informé. Je vous lis un extrait du Globe and Mail: « Une déclaration distincte du cabinet du ministre, tard dans la journée de mercredi, laissait entendre que lorsque l’équipe [du ministre de la Sécurité publique] a appris le transfert le 2 mars, le Cabinet du premier ministre était déjà au courant. »
Je poursuis: « Lorsqu’un membre du personnel du Cabinet du premier ministre a été alerté en mars par le Bureau du Conseil privé de la possibilité d’un transfert, des demandes d’information ont immédiatement été adressées au cabinet du ministre de la Sécurité publique. »
Lorsque le Cabinet du premier ministre a été informé, il a immédiatement communiqué avec le cabinet du pour lui demander ce qui se passait. Le ministre de la Sécurité publique n’en avait toujours aucune idée et il ignorait totalement que le Cabinet du premier ministre s’adressait à son cabinet pour avoir des informations. C’est un peu difficile à croire. Il n’y a que peu d’interprétations possibles. Le ministre est tellement passif qu’il n’a aucune idée de ce qui est porté à son dossier, ou il a délibérément ignoré l’information, ou alors il était au courant et il induit le public et la Chambre en erreur. C’est assez incroyable.
Compte tenu des antécédents du , que je vais évoquer, je pense que la seconde hypothèse est la bonne. Ce qui est vraiment intéressant dans les déclarations du Cabinet du premier ministre et du cabinet du ministre de la sécurité publique, c'est que l'on commence à s'accuser mutuellement. Ils se pointent du doigt dans des déclarations publiques au Globe and Mail. C'est dire à quel point ils cherchent désespérément à se soustraire au blâme. Personne ne veut prendre la responsabilité de ce qui s'est produit. C'est très embarrassant.
C'est pourquoi je vais simplement passer en revue le comportement malheureux du au cours des derniers mois. Cela ne concerne que l'année dernière.
En janvier 2022, et nous nous en souvenons tous, le a déclaré qu'il s'était appuyé sur l'avis des forces de l'ordre pour appliquer la Loi sur les mesures d'urgence. Vous vous en souvenez, monsieur le Président. Cependant, la commissaire de la GRC et le chef de la police d'Ottawa nous ont appris plus tard, lors de leur témoignage public, qu'ils n'avaient pas demandé au gouvernement d'invoquer la loi. C'était grave. Le ministre a induit la population en erreur de manière importante à propos d'une loi qui prévoyait essentiellement des mesures de guerre et qui n'avait jamais été invoquée auparavant. C'était très grave et il aurait dû démissionner à ce moment-là.
Puis, le 12 octobre 2022, il a été accusé d'avoir induit en erreur un juge fédéral parce que son bureau avait antidaté des documents gouvernementaux dans une affaire d'utilisation d'une marque de commerce. Le a déclaré que la mesure législative en question était entrée en vigueur deux semaines plus tôt que la date véritable, de sorte qu'il a littéralement antidaté les documents juridiques. Le ministre a déclaré qu'il s'agissait simplement d'une erreur humaine. Une tendance se dessine ici.
Le 8 août, le a admis devant un comité que la GRC utilisait des logiciels espions pour obtenir des informations sur les Canadiens, mais il a assuré les députés que cette technologie était utilisée avec parcimonie. La question peut sembler anodine, mais elle est tout à fait ridicule à ce stade. Je n'en suis qu'à trois points; il en reste cinq.
Le 15 janvier, le a déclaré que l'Entente sur les tiers pays sûrs fonctionnait, malgré l'augmentation considérable des passages frontaliers irréguliers par rapport aux cinq années précédentes, et qu'il n'y avait vraiment rien à faire à ce sujet. Puis, deux mois plus tard, M. Biden et le du Canada se sont mis d'accord pour fermer le chemin Roxham. Ils ne disaient donc pas la vérité.
Une fois de plus, le 25 avril dernier, il a prétendu que son projet de loi n'aurait pas d'incidence sur les fusils de chasse. Nous connaissons la suite des choses. En fait, son projet de loi avait une telle incidence que le ministre a dû faire marche arrière. Il a définitivement perdu la confiance des propriétaires d'armes à feu et des chasseurs de ce pays, et il ne la retrouvera jamais tellement il a trompé la population.
Le 5 mai, le a dit qu'il n'avait pas lu le rapport sur la République populaire de Chine qui ciblait un député de notre caucus. Par la suite, il a dit qu'il enquêtait sur les raisons pour lesquelles le rapport ne lui avait pas été transmis. Combien de fois devrons-nous le croire sur parole?
Le 14 mai, après qu'il a dit que les postes de police de la République populaire de Chine au Canada étaient fermés, nous avons appris que ce n'était pas le cas.
Enfin, il y a ce dont nous avons parlé aujourd'hui. Le a dit qu'il n'en avait aucune idée. Même si le Service correctionnel du Canada a communiqué à deux reprises avec son bureau et même si le Cabinet du premier ministre a communiqué avec lui, le ministre affirme qu'il n'en a jamais été informé. Cependant, il n'a congédié personne pour cette omission, ce qui me dit que ce n'est pas vrai. Si les membres du personnel d'un ministre ont si gravement manqué à leur devoir envers le ministre, il est évident qu'on ne peut pas leur faire confiance dans le dossier de la sécurité publique et qu'ils doivent partir. Le ministre n'a congédié personne. C'est lui qui devrait être congédié. Il est l'ultime responsable.
Voici ce que nous demandons:
[...] que le ministre de la Sécurité publique démissionne immédiatement, compte tenu du manque total d’égard dont il a fait preuve envers les victimes de crime en gérant mal le dossier du transfert de l’un des pires tueurs en série de l’histoire canadienne vers un établissement aux conditions plus confortables, du fait que ce transfert inacceptable a scandalisé la population et ravivé le traumatisme vécu par les familles des victimes, et du fait que, même s’il avait été au courant trois mois à l’avance du transfert de [cet ignoble meurtrier], le Cabinet du ministre de la Sécurité publique a décidé de cacher le transfert aux familles plutôt que de le bloquer.
Voilà la motion que nous avons présentée aujourd'hui.
Je me contenterai de conclure en insistant sur le fait que c'est un enjeu de responsabilité ministérielle, une notion qui échappe au gouvernement libéral actuel malgré ses échecs, qui sont nombreux. On ne compte plus les fois où le gouvernement a induit a population canadienne en erreur et n'a pas assumé ses responsabilités. Tout porte à croire que, sous la gouverne des Libéraux, la responsabilité ministérielle n'existe plus dans notre pays.
Je tiens à préciser qu'au bout du compte, la fonction de ministre de la Sécurité publique, dans une plus grande mesure que celle des autres ministres, requiert la confiance de la population canadienne. La population doit avoir confiance dans le . Malheureusement, comme je l'ai fait valoir aujourd'hui, il brise ce lien de confiance et laisse tomber les Canadiens, en direct et à répétition. La coupe est pleine. Le temps est regrettablement venu pour lui de démissionner.
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Monsieur le Président, je suis déçu de prendre la parole au sujet du simulacre de justice et de protection des droits de la personne offert par le . Je suis déçu, mais honnêtement, je ne suis pas surpris. Ce ministre accumule les dossiers mal gérés, ce qui, au bout du compte, dessert la justice au pays ainsi que les victimes. Voilà pourquoi nous débattons aujourd'hui l'amendement proposé par le Parti conservateur qui, en gros, recommande que le ministre démissionne.
Pour que ce soit bien clair et porté encore une fois au compte rendu, notre amendement à la motion dit ceci:
[Que] le septième rapport du Comité permanent de la justice et des droits de la personne, présenté le lundi 17 avril 2023, ne soit pas maintenant adopté, mais qu’il soit renvoyé au Comité permanent de la justice et des droits de la personne avec l’instruction de le modifier de manière à recommander que le ministre de la Sécurité publique démissionne immédiatement, compte tenu du manque total d’égard dont il a fait preuve envers les victimes de crime en gérant mal le dossier du transfert de l’un des pires tueurs en série de l’histoire canadienne vers un établissement aux conditions plus confortables, du fait que ce transfert inacceptable a scandalisé la population et ravivé le traumatisme vécu par les familles des victimes, et du fait que, même s’il avait été au courant trois mois à l’avance du transfert de Paul Bernardo, le Cabinet du ministre de la Sécurité publique a décidé de cacher le transfert aux familles plutôt que de le bloquer.
Manifestement, j'ai fait des déclarations fort provocantes, même dans mes quelques phrases d'introduction. Quoi qu'il en soit, j'aimerais expliquer ma position. Revenons au bilan du . En août 2021, alors qu'il était ministre de l'Immigration, il y a eu la chute de Kaboul et de l'Afghanistan. Qu'a-t-il fait à ce moment-là?
Au lieu de gérer la situation avec les ministres des Affaires étrangères, de l’Immigration et de la Défense nationale en se concentrant principalement sur l’assistance à apporter aux victimes — les Afghans qui ont aidé le Canada — pour qu’ils soient en sécurité, qu’ont-ils fait? Ils ont déclenché des élections. C’est inadmissible.
Le ici présent occupait ce siège. Il aurait pu mettre en place un processus, comme celui mis en place dans les années précédentes sous le gouvernement actuel et sous les gouvernements précédents, afin que, s'il y avait une situation dans le monde pour laquelle le Canada pouvait changer la donne en permettant à des réfugiés et à des personnes en danger de venir au Canada, nous puissions le faire.
Il s’agit d’une question fondamentale à laquelle, hélas, le gouvernement n’accorde toujours pas la priorité ni l’attention qu’elle mérite. Il laisse la bureaucratie et le personnel nuire au travail à accomplir. Ce n’est qu’un exemple. C’est ce que le a fait dès le départ.
Il est depuis les dernières élections. Qu’avons-nous pu observer dans la dernière année seulement en ce qui concerne le projet de loi ? Une fois encore, nous avons vu un ministre qui ne se soucie ni des victimes ni de la justice, mais qui s’en prend plutôt aux chasseurs, aux tireurs sportifs et aux agriculteurs respectueux de la loi, même s’il a affirmé que tel n’était pas le but du projet de loi. Or, le ministre a présenté un amendement de dernière minute qui visait précisément les milliers et les milliers de chasseurs, de tireurs sportifs et d’agriculteurs du pays.
Le projet de loi n’avait pas pour but de s’attaquer aux causes profondes des problèmes de justice qui permettent aux criminels, aux tueurs de masse, aux violeurs, aux gangs ou au trafic de drogue d’exister. Encore une fois, il s'en prenait au mauvais segment de la population.
Je me sers de cet exemple pour établir le contexte. Nous discutons maintenant d’un amendement parce que nous avons la preuve que le et son cabinet ont su trois mois avant que le grand public ne l’apprenne que Paul Bernardo, l’un de nos plus ignobles violeurs et tueurs en série, était transféré d’une prison à sécurité maximale à une prison à sécurité moyenne.
Je souhaite établir le contexte parce que nous sommes tous victimes de nos expériences de vie. Nous vivons dans un système fondé sur le modèle de Westminster qui permet à notre démocratie de fonctionner jour après jour parce que tout repose sur la responsabilité ministérielle. La responsabilité ultime incombe aux ministres.
En ce qui concerne mon expérience, comme de nombreux députés le savent, je viens d'un milieu militaire. On croit à tort que les militaires ne font qu'obéir aux ordres. Ce n'est pas du tout le cas et ce n'est pas ainsi que l'armée fonctionne. L'élaboration d'un plan part de la base, des échelons les plus bas jusqu'aux plus élevés, ce qui permet aux décideurs de prendre les meilleures décisions possible.
Lorsque j'étais aux plus hauts échelons, que ce soit en tant que chef d'état-major ou directeur, et qu'il fallait planifier et exécuter des opérations, on s'appuyait sur un élément commun, à savoir les séances d'information quotidiennes. Qu'il s'agisse d'opérations à l'étranger ou ici, au sein du Commandement des opérations interarmées du Canada, il y avait des séances d'information quotidiennes, et le principal rôle du personnel était de signaler les questions préoccupantes directement aux décideurs, aux commandants, aux personnes qui sont en fin de compte responsables de prendre les décisions, d'orienter les actions et de donner des consignes. Rien de tout cela n'était entravé par des empêcheurs de tourner en rond ou le personnel. Tout était confié au responsable. C'est la clé du fonctionnement de notre démocratie.
Les députés ne sont pas obligés de me croire sur parole. C'est un rapport de CBC qui a essentiellement révélé cette information. Je vais lire un extrait d'un article de CBC qui vient d'être publié:
La demande de démission [du ministre de la Sécurité publique] fait suite à l'information publiée par CBC selon laquelle le personnel du ministre avait été informé aussi tôt que le 2 mars du transfèrement à venir de Paul Bernardo. D'autres reportages ont confirmé que le Cabinet du premier ministre avait également été informé en mars et que le [premier ministre] lui-même avait été breffé au sujet du transfèrement le 29 mai.
Si on se fie au fil des événements, le personnel du ministre n'a de toute évidence pas cru nécessaire de l'informer avant le 30 mai du transfèrement de l'un des meurtriers les plus notoires du Canada, le lendemain de ce transfèrement ainsi que du breffage du . Le fait que le personnel ait négligé d'informer le ministre du transfèrement est en soi déconcertant; c'est à l'évidence un manquement évident au devoir de l'informer. Or, ce qui est encore plus intrigant, c'est que le ministre ait lui-même qualifié le transfèrement de choquant. Comment peut-il être aussi choqué alors que son personnel aurait dû l'informer il y a des mois?
Le ministre a d'abord affirmé que c'était le Service correctionnel du Canada qui avait omis de l'informer, mais il admet maintenant que l'information avait été transmise, en précisant qu'elle ne lui avait pas été communiquée, sauf qu'il n'aurait de toute façon pas pu y faire quoi que ce soit. Cependant, coup de théâtre, qu'a-t-il fait? Il a émis une nouvelle directive précisant qu'il doit être informé, ce qu'il aurait dû faire sur-le-champ. C'est la pratique courante.
Par conséquent, j'en reviens au point suivant: le ministre doit s'entourer d'un personnel compétent et de personnes qui savent reconnaître la gravité d’une situation qui relève de sa responsabilité, car c'est ainsi que nous protégeons notre système de justice et les victimes au pays. En fin de compte, le ministre doit faire ce que l'honneur lui dicte, c'est-à-dire démissionner, car c'est vraiment la seule option qu'il lui reste. S'il refuse de démissionner, alors le doit le renvoyer.
Le gouvernement devrait aussi donner immédiatement suite à la motion d'initiative parlementaire présentée par le député conservateur de en inscrivant dans la loi, et je paraphrase, le fait qu'une fois condamnés, les meurtriers et les criminels les plus notoires doivent demeurer dans une prison à sécurité maximale.