La Chambre reprend l'étude, interrompue le 12 décembre 2023, de la motion portant que le projet de loi , soit lu pour la troisième fois et adopté, ainsi que de l'amendement.
:
Madame la Présidente, je suis heureux de prendre la parole à la Chambre aujourd'hui à l'appui de ce projet de loi historique visant à mettre en œuvre une version modernisée de l'Accord de libre-échange Canada-Ukraine.
Il s'agit d'un accord extrêmement important pour le Canada et l'Ukraine, et j'aimerais profiter de l'occasion pour rappeler ce que ce projet de loi accomplirait.
Le Canada et l'Ukraine entretiennent depuis longtemps une relation bilatérale unique et inébranlable, qui s'est toujours démarquée par le soutien indéfectible du Canada à l'indépendance, à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de l'Ukraine. Récemment, l’aide du Canada est devenue encore plus cruciale en raison de l'agression prolongée de la Russie à l'étranger, ainsi que de la montée de l'isolationnisme ici au pays. L'aide canadienne à l'Ukraine en cette période difficile comprend un soutien militaire, diplomatique, économique et humanitaire. Le commerce, un élément majeur du soutien économique du Canada, ne doit pas être négligé.
L'accord de libre-échange modernisé entre le Canada et l'Ukraine est un important volet de nos mesures de soutien envers nos alliés ukrainiens. En effet, en plus de contribuer à renforcer les liens économiques bilatéraux entre nos deux grands pays, il fournirait au monde une autre preuve du soutien inébranlable que le Canada apporte à ses alliés ukrainiens. Cet accord constitue une mesure de soutien qui ne serait pas uniquement avantageuse à court terme, mais bien après la fin de la guerre illégale et injustifiée menée par la Russie. Effectivement, il permettrait de renforcer les bases sur lesquelles les entreprises canadiennes et ukrainiennes peuvent travailler ensemble lors du redressement et de la reconstruction économique de l'Ukraine, étayant ainsi les relations économiques à long terme entre nos deux pays.
Nous savons que l'économie ukrainienne peut bénéficier de l'expertise et des investissements canadiens dans des secteurs clés comme les infrastructures, les ressources, l'énergie et les finances. Cet accord permettrait aux entreprises canadiennes de fournir plus facilement des biens et des services à l'Ukraine pendant la reconstruction, ainsi que d'investir et d'exercer ses activités sur le marché ukrainien avec une plus grande confiance, tout en appuyant les entreprises ukrainiennes et en exportant leurs biens et leurs services vers le Canada.
Comme les députés le savent, le et le président ukrainien Zelensky ont annoncé leur intention de moderniser l'accord commercial entre le Canada et l'Ukraine en 2019. Cette annonce a fait suite à une disposition de l'accord initial de 2017, qui engage le Canada et l'Ukraine à passer en revue l'accord dans les deux ans suivant son entrée en vigueur en vue de l'élargir. Bien que complet sur le plan du commerce et des marchandises, l'accord de 2017 ne comprenait pas de chapitres sur le commerce des services ou l'investissement. Ces domaines ont été expressément désignés par la disposition d'examen à titre d'ajouts potentiels; toutefois, rien n'empêche les parties d'explorer d'autres domaines. Il s'agissait donc d'une occasion de faire de cet accord un accord complet au même titre que les accords de libre-échange les plus exhaustifs du Canada.
C'est pour atteindre cet objectif que le gouvernement a annoncé le lancement des négociations sur la modernisation de l'accord en janvier 2022. Malheureusement, à peine quelques semaines plus tard, la Russie a lancé son invasion illégale à grande échelle de l'Ukraine. Dans le cadre de notre soutien à l'Ukraine, les représentants commerciaux du Canada ont fait savoir à leurs homologues ukrainiens qu'ils étaient prêts à poursuivre les discussions sur la modernisation de l'accord pourvu que l'Ukraine le veuille ou le puisse.
En mai 2022, les représentants ukrainiens ont indiqué sans équivoque qu'ils étaient prêts à entamer, voire à accélérer, les négociations sur la modernisation de l'accord commercial et qu'ils étaient impatients d'aller de l'avant et résolus à le faire pour conclure l'accord le plus rapidement possible. Nos représentants commerciaux se sont donc mis au travail immédiatement dans le but de conclure rapidement un accord ambitieux et de grande qualité.
Tout au long du processus, et malgré des circonstances difficiles, les représentants ukrainiens se sont montrés impatients de parvenir rapidement à un résultat ambitieux dans des délais très serrés en vue de faciliter l'accroissement des échanges commerciaux entre nos deux pays, non seulement pour répondre aux besoins immédiats de reconstruction, mais aussi aux besoins à long terme. Cet empressement montre à quel point l'accord modernisé est complet, non seulement en ce qui concerne le commerce des biens, mais aussi les nouveaux chapitres et les dispositions, entre autres, sur les investissements, les services, le travail, l'environnement et le commerce inclusif. Dans le contexte actuel, en raison des nouveaux domaines couverts par l'accord modernisé, ce dernier est beaucoup plus qu'un simple accord commercial.
Comme la première vice-première ministre ukrainienne Svyrydenko l'a expliqué, cet accord est une façon de démontrer que l'économie de l'Ukraine est:
[...] fondée sur les mêmes principes de respect pour les travailleurs et l'environnement, comme au Canada. C'est le premier accord qui confirme que l'Ukraine partage le programme commercial du Canada, des États-Unis, de l'Union européenne, du Japon et de nos autres partenaires. Son texte est fondé sur les normes de l'Accord Canada—États-Unis—Mexique et de l'Accord de partenariat transpacifique. [...] Ainsi, l'Ukraine se joint [...] à des pays qui partagent les [mêmes] principes en matière de politique économique. En fait, il s'agit d'un accord commercial moderne et juridiquement contraignant avec des partenaires qui favorisent notre sécurité.
C'est pourquoi cet accord modernisé est si important pour l'Ukraine et pourquoi, malgré des circonstances vraiment graves et difficiles, l'Ukraine a consacré ses maigres ressources à l'atteinte de cet objectif et a fait la promotion de cette modernisation avec le Canada. Au-delà des avantages à court terme liés aux efforts de reconstruction qui seront nécessaires, elle l'a fait parce qu'elle reconnaît l'importance à long terme de bâtir et de protéger un système commercial mondial ouvert, inclusif et fondé sur des règles, un système qui contribue à créer des économies vigoureuses et résilientes et qui favorise la croissance à long terme.
L'accroissement des échanges commerciaux du Canada et l'attraction d'investissements constituent des priorités pour le gouvernement, tout comme l'appui soutenu du Canada à l'égard de l'Ukraine, pendant la guerre et longtemps après celle-ci. Pour cette raison, j'exhorte tous les députés à appuyer le projet de loi et à permettre au gouvernement de mettre rapidement en œuvre l'Accord de libre-échange Canada-Ukraine modernisé.
:
Madame la Présidente, c'est avec plaisir que je prends la parole aujourd'hui au sujet du projet de loi , sur l'Accord de libre-échange Canada-Ukraine.
Je partagerai mon temps de parole avec la députée de .
Je tiens à dire très clairement, d'entrée de jeu, que les conservateurs appuient l'Ukraine. Je tiens à le répéter, car les députés d'en face propagent beaucoup de mésinformation à ce sujet. Les conservateurs sont solidaires de l'Ukraine et l'appuient entièrement, comme ils l'ont toujours fait.
Rappelons que le Canada était dirigé par un gouvernement conservateur lorsqu'il est devenu, en 1991, le premier pays occidental à reconnaître l'indépendance de l'Ukraine. Ajoutons que c'est le gouvernement de Stephen Harper qui a négocié le premier Accord de libre-échange Canada-Ukraine. Nous avons donc déjà un Accord de libre-échange Canada-Ukraine. La discussion d'aujourd'hui devrait porter, selon moi, sur les éléments qui devraient en faire partie et ceux qui ne devraient pas y être.
Je souhaite aussi mentionner à la Chambre les démarches que j'ai faites, personnellement, en appui à l'Ukraine. Quand la guerre a été déclenchée et que les gens ont dû fuir la région, le gouvernement libéral n'a pas envoyé d'avions pour les aider. Il a plutôt mis en place un processus bureaucratique de deux mois qui permet d'obtenir les documents nécessaires pour venir au Canada. Pour ma part, j'ai embauché du personnel supplémentaire dans mon bureau et j'ai collaboré avec des organismes de ma région et avec des gens qui étaient sur le terrain en Ukraine afin de faire venir 200 familles dans Sarnia—Lambton, de trouver des parrains et des logis pour les accueillir, et de trouver des services de recherche d'emploi et d'apprentissage de l'anglais pour eux. Bref, oui, je soutiens l'Ukraine sans réserve.
Cependant, examinons le bilan des libéraux. D'abord, lorsque le président Zelensky a demandé de ne pas fournir une turbine à la Russie pour que cette dernière puisse alimenter et financer sa machine de guerre. Le gouvernement libéral a envoyé la turbine. Il a permis au Canada de fournir des détonateurs pour les mines terrestres qui sont utilisées contre les Ukrainiens. Comment peut-on parler de soutien? L'Ukraine a demandé du gaz naturel liquéfié au Canada afin de remplacer le carburant russe qu'elle utilisait, et le Canada a refusé. C'est un point qui devrait apparaître dans cet accord, mais il n'y est pas. De plus, même si le gouvernement libéral a promis des missiles sol-air il y a plus d'un an, on ne les a toujours pas livrés. De toute évidence, il est difficile de croire que les libéraux sont à l'écoute des demandes de l'Ukraine, car rien de tout cela n'apparaît dans le projet de loi. Au lieu de cela, les libéraux ont décidé de parler de la taxe sur le carbone dans cet accord.
Les conservateurs ont négocié plus de 50 accords commerciaux, et tous les accords commerciaux qui ont été négociés avec le Canada n'ont jamais contenu une telle formulation. Pourquoi était-ce nécessaire, puisque l'Ukraine dispose déjà d'un mécanisme de tarification du carbone pour les émissions industrielles? Il s'agit d'une mesure mineure, mais il est certain que, pour les Ukrainiens qui tentent de se relever et de gagner une guerre, la dernière chose dont ils ont besoin, c'est d'être soumis au même régime que les Canadiens, qui a fait grimper le coût des aliments, du chauffage domestique et ainsi de suite. Les Ukrainiens n'ont absolument pas besoin de cela.
Je souhaite mettre l'accent sur d'autres actions en cours. Bien entendu, nous avons toujours soutenu l'opération UNIFIER pour apporter notre aide, mais le Canada peut en faire plus. L'Ukraine nous demande des munitions, mais les libéraux ont voté contre la motion des conservateurs en faveur de leur envoi. Ils continuent de retarder l'envoi des munitions qui aideraient véritablement l'Ukraine à gagner cette guerre.
En ce qui concerne le bilan des libéraux, il est clair qu'ils veulent donner l'impression de mettre à jour un accord commercial existant, mais ils n'y ajoutent pas les éléments dont nos partenaires auraient besoin. Je pense que le nœud du problème, c'est qu'ils refusent également de modifier le projet de loi.
Lorsque le projet de loi a été renvoyé au comité, le député de a présenté de nombreux amendements qui auraient amélioré cette proposition de loi. Tout d'abord, nous avions convenu que si les libéraux supprimaient les références à la tarification du carbone et aux fuites de carbone, les conservateurs soutiendraient volontiers l'accord, mais le gouvernement a refusé, même si, comme je l'ai dit, l'Ukraine a déjà pris ses décisions concernant la taxe sur le carbone. Il s'agit d'un pays souverain qui a tout à fait le droit de le faire. On ne devrait pas inclure cela dans un accord commercial.
Le député a également présenté un amendement qui prévoit le commerce de produits énergétiques et de technologie nucléaire, comme les petits réacteurs modulaires. C'est capital. Il y a actuellement une crise énergétique en Europe ainsi que des possibilités en matière d'énergie, mais chaque fois que l'Europe demande notre aide, les Canadiens, qui veulent offrir de l'aide, s'étonnent de voir les libéraux refuser.
L'Allemagne voulait nous donner 58 milliards de dollars pour notre gaz naturel liquéfié. Ils ont déclaré que ce ne serait pas rentable, et l'Australie a donc accepté l'offre. Les Pays‑Bas voulaient conclure un accord avec nous, mais nous avons répondu que ce n'était pas rentable; le Qatar a donc accepté l'accord. Le Japon a également voulu faire affaire avec nous. Il y a une longue liste de situations où nous avions les moyens d'apporter une aide réelle, mais nous avons refusé de le faire.
Tous les amendements proposés ont été rejetés. Je ne sais pas pourquoi ils ont rejeté un amendement au sujet de la technologie nucléaire. Il s'agit d'une technologie très verte. Elle devrait cadrer avec ce que le gouvernement libéral propose de faire.
Il est également très troublant qu'ils aient voté contre un autre amendement visant à donner plus de matériel de défense à l'Ukraine. L'Ukraine est à court de munitions. Il y en a beaucoup dont nous n'avons pas besoin actuellement dans l'ensemble du pays; on pourrait les réaffecter et les envoyer là-bas. Or, les libéraux ont voté contre cet amendement, tout comme le NPD. Ce sont les néo-démocrates et les libéraux qui font front commun pour ne pas soutenir l'Ukraine. Je ne comprends vraiment pas comment ils peuvent ignorer, jour après jour, qu'ils ne répondent pas aux besoins de l'Ukraine.
Autre fait troublant, ils ont voté contre un amendement visant à ce que la Banque de développement du Canada appuie des projets en Ukraine pour l'aider à développer ses propres capacités de fabrication de munitions. Je pense que cela aurait été une façon concrète pour le Canada d'offrir son soutien. Nous envoyons déjà des milliards de dollars dans le monde entier. Quel pays en a plus besoin que l'Ukraine, un pays actuellement en guerre avec la Russie, qui représente une menace pour tout l'Occident? Je ne sais pas pourquoi les libéraux ne donnent pas aux Ukrainiens ce qu'ils demandent. Voilà la vraie question dont il faut discuter.
Nous avons déjà un accord de libre-échange. Nous allons faire du commerce avec l'Ukraine. Les conservateurs sont déterminés à soutenir l'Ukraine, mais nous n'allons pas imposer un régime de taxe sur le carbone qui empirera la situation. Nous laisserons l'Ukraine faire ce qu'elle veut avec sa souveraineté. En parallèle, nous voulons donner à l'Ukraine ce qu'elle demande au Canada, c'est-à-dire de l'aider dans le dossier du gaz naturel liquéfié, dans celui des munitions et dans celui de l'aide financière visant à soutenir des projets de reconstruction du pays. Voilà le genre d'éléments qui devraient figurer dans un accord de libre-échange entre le Canada et l'Ukraine si nous voulons moderniser celui qui existe déjà; hélas, ce n'est pas le cas.
Dans ma circonscription, on continue de constater les difficultés que les Ukrainiens éprouvent lorsqu’ils essaient de venir en aide à d’autres qui arrivent ici. Alors que les ravages de la guerre progressent, d'autres Ukrainiens veulent venir au Canada, mais les libéraux ne leur facilitent pas la tâche. Je pense que s'ils veulent vraiment aider les Ukrainiens, les libéraux devraient reconnaître que les besoins sont énormes.
Il y a des besoins dans d'autres secteurs où nous pourrions apporter de l'aide. Nous disposons de beaucoup d'ambulances blindées, par exemple. Nous ne nous en servons pas. Nous en avons acheté de nouvelles, mais nous avons encore les anciennes. Il leur faut peut-être un changement d'huile et de nouveaux pneus. C'est le genre d'équipement que nous pourrions envoyer aux Ukrainiens. Ils transportent les blessés dans des voitures brisées parce qu'ils n'ont plus d'ambulances là-bas. C'est le genre de choses auxquelles nous devrions réfléchir, je crois.
Pour conclure, je vais revenir là où j'ai commencé. L'appui des conservateurs à l'Ukraine est indéfectible. Nous soutenons l'Ukraine. Nous l'avons montré clairement dès 1991 lorsque nous avons reconnu son indépendance. Nous l'avons montré clairement lorsque le président Zelensky a demandé l'aide du Canada. Ma collègue Candice Bergen a pris la parole à la Chambre pour affirmer que nous soutenions l'Ukraine. Notre actuel a dit que le parti appuyait l'Ukraine sans réserve. Il suffit de consulter le compte rendu. Il faut corriger la mésinformation et la désinformation que propagent les députés d'en face. Nous devons aider l'Ukraine.
:
Madame la Présidente, je remercie ma collègue de Sarnia—Lambton de son discours. Je veux d'abord dire que, dans son discours, ma collègue mentionne que les conservateurs appuient inconditionnellement l’Ukraine et que ce n’est pas vrai qu’ils sont contre l’Ukraine. Or c’est un peu faux. C'est du moins la perception qui nous en avons.
Les conservateurs sont forts en perception, on en conviendra. La perception, c’est qu’ils votent contre ce projet de loi simplement parce qu'on y fait mention de la tarification sur le carbone et que cela va contre leur idéologie actuelle. C’est très dommage parce que cela va à l’encontre du bien que fera cet accord.
Ma question concerne autre chose, par contre. Il y a une lutte contre la corruption en Ukraine. Les Ukrainiens se sont engagés à lutter fermement contre la corruption. Le Canada s’est aussi engagé en ce sens dans le traité, notamment à l’article 15.14. Il n’y avait toutefois pas de mécanismes pour inciter à la coopération et à la vérification de cela.
Mon collègue de a fait adopter en comité le seul amendement au projet de loi , cet amendement fait justement en sorte qu’on est capable maintenant de lutter ensemble contre la corruption, parce que cela va être un enjeu majeur lors de la reconstruction après la guerre.
J'aimerais savoir, malgré l’opposition que les conservateurs manifestent à l'égard du projet de loi C‑57, ce que ma collègue pense de cette notion de lutte contre la corruption et des outils qu’on se donne pour y arriver.
:
Madame la Présidente, je commencerai par citer un de mes anciens collègues, qui a dit: « L'Ukraine se défend contre une agression injustifiée — la tentative manifeste du Kremlin de détruire la souveraineté, les infrastructures et l'identité d'un pays. »
« Le soutien collectif total à la victoire de l'Ukraine est la bonne ligne de conduite juridique, morale [...] militaire et stratégique. »
J'appuie fermement cette position. La guerre d'agression de Poutine ne se limite pas à l'Ukraine. Sa machine de guerre tente de saper le consensus occidental en faveur de la démocratie, de la primauté du droit et de la recherche de l'égalité des chances.
J'en viens maintenant au rôle du Canada dans cette lutte et à l'objet du projet de loi. Celui-ci propose des mises à jour de l'accord de libre-échange existant entre le Canada et l'Ukraine. Je suis favorable au libre-échange avec l'Ukraine, mais je n'appuie pas toutes les mesures dans le projet de loi. Je m'oppose en particulier à l'inclusion par les libéraux d'une taxe sur le carbone dans le libellé. Je m'y oppose parce que, dans le contexte canadien, la taxe sur le carbone des libéraux a considérablement augmenté le coût de la vie pour toutes les personnes que je représente, sans pour autant aider le Canada à atteindre le moindrement ses objectifs de réduction des émissions. Elle ne règle pas la question urgente des changements climatiques. Il s'agit d'une politique clairement lacunaire qui crée des préjudices économiques, et les gens qui adhèrent à l'idéologie sans se poser de questions dressent des obstacles qui étouffent l'innovation stratégique nécessaire à la réduction des émissions.
Je peux soutenir le libre-échange avec l'Ukraine et sa victoire sur Poutine tout en m'opposant à la taxe sur le carbone. Des dizaines de millions d'autres Canadiens sont du même avis. Le fait que les libéraux, les néo-démocrates, les bloquistes ou d'autres personnes laissent entendre que, pour que le Canada trouve des moyens de soutenir l'Ukraine, je dois revoir ma position sur la taxe sur le carbone montre qu'ils n'ont rien compris à la démocratie, ce pour quoi nous tentons manifestement de nous battre.
Dans une situation de crise grave comme celle dans laquelle se trouve l’Ukraine, qui lutte contre la guerre d’agression menée par Poutine, c’est le gouvernement libéral qui aurait dû collaborer pour trouver une voie à suivre commune. Si ses députés ne sont pas prêts à bouger sur l'inclusion d'une taxe sur le carbone dans l'accord, il leur incombait alors d'établir un consensus avec la population canadienne et de reconnaître qu'on peut avoir des divergences internes sur la taxe sur le carbone tout en soutenant l'Ukraine.
C'est un jeu dangereux, potentiellement même mortel, que jouent le et d'autres députés en laissant entendre sans cesse que, si un Canadien s’oppose à la taxe sur le carbone, c'est qu'il doit appuyer Poutine. C'est une calomnie dégoûtante, immorale et fondamentalement antidémocratique motivée par des considérations politiques qui ne sert qu'à diviser le pays, à un moment où celui-ci a désespérément besoin d'un leadership rassembleur. Cela n'aide ni l'Ukraine ni la diaspora ukrainienne au Canada.
Le a rejeté cette approche en ne déposant pas cet accord au Parlement 90 jours civils avant le début des négociations. En février 2020, avant la renégociation de l'Accord Canada—États‑Unis—Mexique, la ministre de l’époque avait pris l’engagement d'exiger « [...] qu'un avis d'intention d'entamer des négociations en vue d'un nouvel accord de libre-échange soit déposé devant la Chambre des communes au moins 90 jours civils avant le commencement de telles négociations. » Cela ne s'est pas produit dans ce cas-ci. Il n'y a eu aucun effort de collaboration.
Je tiens à répéter que je m'opposerai à la taxe libérale sur le carbone. Cette taxe n'aide pas mes concitoyens. Elle ne réduit pas les émissions de gaz à effet de serre. Elle ne permet pas d'atteindre les cibles de réduction des émissions. C'est une politique mauvaise et inefficace. Je soutiendrai l'Ukraine à la Chambre tout en disant que quiconque suggère que nous devrions faire de la politique à ce sujet aide en fait Poutine. Ce genre d'attaque me dégoûte, parce que je connais les gens qui disent ces choses et je sais qu'elles ne sont pas dupes. Si elles veulent gagner les votes des Canadiens, elles devraient se concentrer sur les enjeux qui les font reculer si loin dans les sondages, plutôt que d’essayer désespérément de s’accrocher à une sorte de discours fallacieux qui ne fait que diviser notre pays, qui ne fait qu'aider les ennemis de notre pays. Ce discours me répugne et doit cesser immédiatement.
Plus tôt aujourd'hui, le député de a refusé de s'engager à demander au gouvernement de réaffecter les actifs russes saisis. Je ne me mettrai pas à clamer qu'il appuie Poutine, et aucun député d'en face ne devrait laisser entendre que je l'appuie simplement parce que, en me fondant sur des données probantes, je rejette fermement la taxe sur le carbone. C'est exactement le genre de discours que recherche la machine de guerre russe. Il faut arrêter cela.
En même temps, l'accord devrait inclure des moyens d'aider concrètement nos alliés. Il y a quelques instants, le du Parti conservateur a publié un communiqué de presse disant que le doit envoyer des roquettes CRV à l'Ukraine. Selon lui, le Canada doit envoyer ses armes excédentaires pour aider nos alliés dans leur combat contre Poutine. Voilà une façon concrète d'aider que nous devrions adopter au lieu de nous dénigrer les uns les autres ou de tenter de diviser notre pays à ce sujet.
J'implore de tout mon cœur les députés à faire une autre chose. Je vais lire un court paragraphe provenant d'une note qu'une collègue d'Ukraine m'a fait parvenir. Elle écrit: « On estime que la valeur des actifs russes gelés est d'au moins 320 milliards de dollars. Puisqu'il y a peu de chances que la Russie verse bientôt une indemnisation à l'Ukraine et que l'Ukraine a besoin d'une aide financière tant à court qu'à long terme, les actifs russes confisqués s'avèrent la seule option viable, surtout étant donné qu'il faudra jusqu'à 1 billion de dollars pour que l'Ukraine se rétablisse pleinement. Les contribuables de nos pays partenaires », dit la députée ukrainienne, « ne devraient pas assumer seuls le fardeau du rétablissement de l'Ukraine, d'autant plus qu'ils ont gelé les actifs des agresseurs responsables de la dévastation et peuvent s'en servir. »
Ces gens sont de hauts fonctionnaires du gouvernement ukrainien actuel. Par le passé, certains d'entre eux ont laissé entendre que l'armée canadienne était impuissante. Si le gouvernement veut adopter cette posture, il devrait au moins se servir des lois en vigueur — qui ont déjà été approuvées par tous les députés — pour réaffecter les actifs russes saisis et mener une offensive auprès du G7 afin de forcer nos alliés occidentaux à faire précisément ce que l'Ukraine réclame à cor et à cri dans ce dossier.
La guerre de Poutine est une guerre d'agression, et l'Ukraine doit être indemnisée par ses agresseurs russes. À tout le moins, si le Canada est sincère et cherche à prouver son rôle d'intermédiaire et sa pertinence dans le monde, il devrait profiter de cette occasion en or. Nous devrions être le premier pays à agir. Nous disposons des mécanismes juridiques nécessaires. Or, il n'y a rien dans cet accord à ce sujet, absolument rien.
Cet outil est à la disposition du gouvernement depuis deux ans maintenant, mais il n'a rien fait. Est-ce que je vais en profiter pour accuser le gouvernement de ne pas soutenir l'Ukraine? Je pourrais le faire, mais je préférerais plutôt le voir agir.
Cette question transcende la petite politique partisane et la tentative désespérée du , qui a 16 points de retard dans les sondages, de s'accrocher à une bouée de sauvetage odieuse pour marquer des points politiques. Il faut travailler ensemble.
C'est la démocratie dans le monde qui est en jeu, chers collègues. En ce moment, nos alliés sont en guerre. Nous avons perdu de vue ce qui compte. Honnêtement, si quelqu’un ose remettre en question le fait que je vais défendre mes concitoyens contre une politique qui ne fait rien pour les aider, cela ne fait rien pour lutter contre les changements climatiques.
J'ai porté attention au débat en cours. J'ai entendu des pontifes et d'anciens collègues dire que les conservateurs devraient peut-être capituler dans ce dossier. C'est hors de question. En temps de crise, c'est le rôle du gouvernement de créer un consensus, et il a failli à la tâche.
J'implore le gouvernement de faire quelque chose qui ressemble à du travail et de collaborer avec nos partenaires pour stopper le financement de la machine de guerre russe en transportant davantage de gaz naturel du Canada à l'étranger.
Cela aurait dû apparaître dans cet accord, mais ce n'est pas le cas. À tout le moins, aujourd'hui, il y a 300 milliards de dollars. C'est plus que la totalité de l'aide qui a été envoyée à l'Ukraine. Le Canada pourrait faire figure de chef de file dans ce dossier. Au lieu de cela, des députés libéraux prennent la parole en Chambre et disent ce genre de choses. Ils ont perdu de vue ce qui compte. Les Canadiens le savent. Les Canadiens ne sont pas dupes. Faisons mieux.
J’implore le gouvernement de revoir sa position, tant sur la taxe sur le carbone que ses politiques relatives à cet enjeu, et de cesser de se traîner les pieds à l’égard des mesures sensées que les conservateurs réclament depuis un certain temps, des mesures qui font déjà consensus à la Chambre des communes et dans tout le pays.
:
Madame la Présidente, je suis heureux d'avoir l'occasion de parler ce matin d'une question qui est très importante pour le Canada, pour l'Ukraine et pour les gens de ma circonscription, Etobicoke—Lakeshore. Je parle bien sûr de l'Accord de libre-échange entre le Canada et l'Ukraine. Nous ne sommes pas ici pour débattre de la tarification du carbone.
C'est un honneur pour moi de prendre la parole aujourd'hui pour appuyer le projet de loi qui mettra en œuvre l'accord de libre-échange modernisé entre le Canada et l'Ukraine. Comme on l'a déjà mentionné, l'exercice de modernisation de cet accord a permis non seulement d'y ajouter de nouveaux chapitres, mais aussi d'en mettre à jour des chapitres existants et de tenir compte des pratiques les plus récentes dans le domaine des accords commerciaux internationaux.
D'entrée de jeu, je tiens à souligner les mises à jour importantes apportées aux chapitres sur le travail et l'environnement. Les dispositions modernisées obligeraient le Canada et l'Ukraine à respecter les normes les plus élevées en matière de droits du travail et de protection de l'environnement. Ces mises à jour contribueraient à faire de cet accord un accord commercial moderne et complet qui uniformise les règles du jeu tout en offrant suffisamment de souplesse aux parties pour qu'elles puissent poursuivre des objectifs de politique publique cruciaux dans ces domaines. Permettez-moi de donner un aperçu des neuf chapitres modernisés de l'accord.
Sur la question des règles d'origine et des procédures d'origine, le Canada et l'Ukraine ont accepté de mettre en place le principe du cumul de l'origine, qui fait en sorte que les matières originaires d'un autre pays que le Canada et l'Ukraine avec lequel les deux parties ont un accord de libre-échange sont considérées comme étant originaires des parties aux fins de l'exportation selon le traitement tarifaire préférentiel. Par conséquent, les matières originaires de l'Union européenne, des pays membres de l'Association européenne de libre-échange — dont la Suisse, le Liechtenstein, la Norvège et l'Islande —, d'Israël et du Royaume‑Uni peuvent être prises en compte au moment de déterminer si un produit fini peut être considéré comme étant originaire d'une des parties aux termes de l'accord et avoir droit au traitement tarifaire préférentiel. Concrètement, cette disposition donnera plus de flexibilité aux producteurs dans l'approvisionnement auprès de pays avec lesquels le Canada et l'Ukraine ont tous deux un accord de libre-échange.
Le nouveau chapitre de l'accord modernisé sur le commerce numérique constitue une mise à jour importante par rapport aux engagements précédents du chapitre sur le commerce électronique visant à accroître les certitudes sur le plan réglementaire pour les entreprises qui cherchent à participer à l'économie numérique dans les deux marchés, ainsi que celles qui cherchent plus particulièrement à participer au commerce numérique transfrontalier entre le Canada et l'Ukraine. Le chapitre contient maintenant des engagements ambitieux visant à faciliter l'utilisation du commerce numérique comme moyen d'échanges commerciaux entre le Canada et l'Ukraine. Il comprend des engagements relatifs à la circulation transfrontalière des données, à la localisation des données, à la divulgation des codes sources, aux données gouvernementales ouvertes et à la protection des données personnelles. Sur ce dernier point, il convient de noter que, pour la première fois, un accord commercial conclu par Canada comprendra une disposition interdisant aux autorités gouvernementales d'utiliser les renseignements personnels recueillis auprès d'organismes privés pour faire de la discrimination contre une personne pour des motifs tels que la race, le sexe, l'orientation sexuelle, la religion ou les opinions politiques.
L'accord modernisé comprend maintenant un chapitre distinct sur les politiques en matière de concurrence, ainsi que des obligations nouvelles et modernisées visant à promouvoir un marché concurrentiel. Le chapitre permet au Canada et à l'Ukraine d'atteindre leurs objectifs pour promouvoir un environnement commercial équitable, transparent, prévisible et concurrentiel, en prévoyant notamment le renforcement des obligations des autorités responsables de la concurrence en ce qui concerne l'équité et la transparence procédurales, ainsi que de nouvelles obligations en matière d'identification et de protection des renseignements confidentiels. Ces nouvelles obligations visent à garantir le respect de principes fondamentaux comme les droits des défendeurs dans le cadre des procédures d'enquête et d'application des mesures législatives en matière de concurrence.
Le chapitre sur les monopoles et les entreprises appartenant à l'État a également été mis à jour pour inclure d'importantes définitions concernant les entreprises appartenant à l'État et les monopoles désignés, de même que pour mettre à jour les engagements en matière de transparence et de coopération technique.
Dans le chapitre modernisé sur les marchés publics, le Canada et l'Ukraine clarifient qu'ils peuvent tenir compte des considérations environnementales, socio-économiques ou liées au travail dans le cadre de leur processus de passation des marchés. Ainsi, il est maintenant clair que l'accord n'empêcherait pas les parties d'adopter des politiques et des programmes nationaux pour appuyer des initiatives telles que l'approvisionnement écologique et social. Le chapitre mis à jour comprend également un nouvel article pour garantir l'intégrité des processus de passation des marchés en obligeant les parties à mettre en place des mesures juridiques ou administratives visant à lutter contre la corruption dans leurs marchés publics. Enfin, le chapitre mis à jour facilite également une participation accrue des PME canadiennes et ukrainiennes aux marchés publics.
Le chapitre amélioré sur le travail est solide et approfondi, en plus d'être entièrement assujetti au mécanisme de règlement des différends de l'accord. Il vise à améliorer les normes du travail et les conditions de travail dans les deux pays en s'appuyant sur les principes et les droits internationaux du travail. Deux articles particulièrement intéressants ont été ajoutés: une interdiction importante des biens fabriqués en tout ou en partie par le travail forcé, et un article distinct sur la violence contre les travailleurs. En outre, ce chapitre confirme que le Canada et l'Ukraine s'engagent pleinement à respecter les normes les plus élevées en matière de droits du travail et qu'ils acceptent de collaborer davantage à cet égard.
Le chapitre modernisé de l'Accord de libre-échange Canada-Ukraine sur l'environnement est le plus vaste et le plus ambitieux jamais réalisé dans un accord de libre-échange canadien. Pour la première fois, le chapitre comprend des dispositions reconnaissant l'importance de politiques commerciales et de lutte contre les changements climatiques qui s'appuient mutuellement, y compris des approches axées sur le marché et des mesures climatiques liées au commerce pour atteindre les objectifs généraux de la croissance verte. Le chapitre modernisé présente également de nouveaux articles portant sur des enjeux environnementaux mondiaux clés, comme la pollution par le plastique et les déchets de plastique, et il favorise le commerce des biens et services environnementaux de même que l'économie circulaire. Ce chapitre reflète le leadership du Canada et de l'Ukraine en matière de commerce et d'environnement, ainsi que notre engagement commun à renforcer notre coopération à cet égard pendant encore longtemps.
Enfin, le nouveau chapitre sur la transparence, la lutte contre la corruption et la conduite responsable des entreprises s'appuie sur la version de 2017 et l'améliore de façon importante. Il prévoit un cadre visant à promouvoir la transparence et l'intégrité parmi les agents publics et le secteur privé et à améliorer l'exécution des lois anticorruption. Par conséquent, le nouveau chapitre appuie l'objectif du Canada et de l'Ukraine de soutenir un système d'échanges commerciaux international ouvert et fondé sur les règles qui fait la promotion de mesures visant à prévenir et à combattre la corruption. Le chapitre compte également une nouvelle partie qui incite les entreprises à agir de façon responsable et à respecter des normes, des lignes directrices et des principes internationalement reconnus.
Je remercie la Chambre de m'avoir donné l'occasion de décrire les améliorations importantes apportées aux chapitres existants de l'accord de 2017 dans le cadre de cet effort de modernisation. Je crois que j'ai montré clairement en quoi ces améliorations contribueront à faire de cet accord de libre-échange un accord moderne et complet qui répond aux besoins des parties.