a) rappelle son vote unanime du 1er novembre 2023 demandant au gouvernement « de revoir ses cibles d’immigration dès 2024, après consultation du Québec, des provinces et des territoires, en fonction de leur capacité d’accueil, notamment en matière de logement, de soins de santé, d’éducation, de francisation et d’infrastructures de transport, le tout dans l’objectif d’une immigration réussie »;
b) demande au premier ministre de convoquer une rencontre avec ses homologues du Québec, des provinces et des territoires afin de les consulter sur leur capacité d’accueil respective;
c) demande au gouvernement de déposer en Chambre, d’ici 100 jours, un plan de révision des cibles fédérales d’immigration dès 2024 en fonction de la capacité d’accueil du Québec, des provinces et des territoires.
— Madame la Présidente, j'ai eu peur de ne jamais pouvoir prendre la parole parce que mon estimé collègue a lu à peu près quatre boîtes de céréales. C'était super intéressant. Comme l'aurait dit La Fontaine, c'est la fable du libéral qui avait peur de laisser parler le bloquiste. Mon collègue s'est donc dit qu'il allait parler le plus longtemps possible, afin d'empiéter sur le temps consacré à la journée de l'opposition.
Comme tous ceux qui lisent les journaux francophones, il a vu, ce matin, un sondage Léger selon lequel les Québécois et les Canadiens sont essentiellement profondément en désaccord avec les politiques en matière d'immigration de ce qu'il reste de ce gouvernement. Cependant, cela me donne une belle occasion de redire à la Chambre ce que j'ai eu l'occasion de dire ailleurs: quiconque vit sur le territoire québécois et veut être Québécois est un Québécois. Quelle que soit l'origine, quel que soit le nombre de générations ou quel que soit le nombre de jours depuis lequel ces gens sont sur le territoire québécois, ils sont québécois autant que n'importe qui à la Chambre.
Le monde va devenir de plus en plus petit, pas nécessairement sur le plan géographique, bien que la surface des continents va marginalement rapetisser avec la montée des océans, mais bien parce que nous sommes de plus en plus nombreux sur la planète et que les ressources vont devenir de moins en moins abondantes; cela contraindra de plus en plus de gens à chercher une vie meilleure ailleurs. Le « ailleurs », c'est surtout l'hémisphère nord, l'Amérique et le Québec. Il faudra, avec générosité, mais responsabilité, gérer cette responsabilité à l'endroit des gens qui choisiront de s'installer au Québec. J'ai envie de dire qu'il faudra le faire dans le respect des règles et de l'État de droit, ce qui est aussi une variable que le gouvernement comprend assez peu.
Par devoir et par tradition, la société québécoise, une société d'accueil extrêmement généreuse, doit nourrir une réflexion à cet égard. Il y a des gens qui viennent sur le continent un peu sur la base de fausses représentations. Ils arrivent au Québec alors que, dans leurs rêves, ils s'en venaient en Amérique. Quand on pense à l'Amérique, on pense davantage aux États‑Unis qu'au Canada ou au Québec. Dans bien des cas, on leur avait dit que le Canada était un pays où l'on parle anglais. Or ils sont arrivés au Québec, où on parle français. Ils se demandent donc dans quelle place de fous ils sont arrivés. On leur a dit que c'est un endroit français dans un pays anglais. Ils sont arrivés à Dorval, où tout est en anglais. On leur a dit qu'ils peuvent choisir de parler la langue de leur choix, parce que n'importe qui va s'adapter. Toutefois, on leur suggère de choisir l'anglais s'ils sont sur l'île de Montréal, parce qu'ils vont se faire comprendre partout. Ils se demandent dans quelle place de malades ils sont arrivés. C'est un peu embêtant. On leur envoie des messages ambigus qui, à la limite, sont des fausses représentations.
Lorsque ces gens s'informent et consultent les médias, c'est un choc pour eux de voir qu'il y a tout un débat entourant la langue: ils entendent parler du Québec et du Canada, du français et de l'anglais. Ils réalisent qu'on s'obstine et qu'on finance l'anglicisation. Le message qu'on leur envoie est tout à fait ambigu, au mieux.
Dans ce débat, ce qu'il y a de systémique, ce sont les accusations contre les Québécois qui veulent pérenniser leur langue tout en offrant un accueil généreux. La première responsabilité d'une société, c'est d'enseigner la langue. Si on s'installe en Italie, on se fait suggérer d'apprendre l'italien. Si on s'installe en Suède, on se fait suggérer d'apprendre le suédois, même si beaucoup de gens parlent anglais là-bas. Au Québec, on est méchant si on dit aux gens que ce ne serait pas une mauvaise idée d'apprendre le français. Parler français, cela peut être utile au travail ou lorsqu'on va chercher une pinte de lait au dépanneur. Ce n'est pas une anomalie. L'anomalie, c'est de culpabiliser les gens qui font cette demande. C'est une stratégie très habile, mais franchement vicieuse.
Cela dit, les questions en lien avec les demandeurs d'asile interpellent tous les Québécois et, je suppose, tous les Canadiens. Quand je dis « tous », je le dis en incluant les Québécois issus d'une immigration plus ou moins récente. Il faut donc que les gens de toutes les origines participent à cette discussion, parce qu'ils font partie du « nous ».
Je me demande parfois si les gens issus de l'immigration récente sont à ce point enthousiastes à l'idée de recevoir des demandeurs d'asile qui ne le sont pas.
À l'heure actuelle, les chiffres étant ce qu'ils sont, des gens d'un peu partout, notamment de certains lieux de prédilection, arrivent au Québec et au Canada, surtout au Québec malgré les batailles de chiffres puériles auxquelles on assiste, sous à peu près n'importe quel prétexte et avec à peu près n'importe quel visa, principalement le visa touristique. Ils se disent alors qu'ils vont demander le statut de réfugié parce qu'ils savent que, dans le pire des cas, même si ce n'est pas vrai du tout, ils en ont pour des années à s'installer bien tranquilles et c'est une aubaine.
Bientôt, au cours d'une petite tournée, nous allons aller parler aux Québécois issus de l'immigration. Je me demande si ces Québécois trouvent ça correct. Je me demande s'ils ne se posent pas les mêmes questions que nous. On sait très bien qu'il y a des gens qui se faufilent à travers la passoire canadienne et qui ont des comportements criminels sur le territoire comme, au premier chef, les passeurs, mais aussi les voleurs d'autos, dont on parle ces temps-ci, les trafiquants d'armes et les trafiquants de drogues. Les gens issus de l'immigration doivent se poser ces questions. Cela ne veut pas dire que c'est généralisé, je pense que c'est une toute petite minorité.
Les gens qui choisissent le Québec et le Canada pour y avoir une vie meilleure sont tout aussi honorables que n'importe qui d'autre qui est sur le territoire, et plus honorables qu'un sacré paquet d'entre eux, dont je ne donnerai pas les noms par ordre alphabétique.
Je me demande si les gens issus de l'immigration de la communauté musulmane sont contents qu'on accueille stupidement ici des extrémistes radicaux qui font la promotion de la violence avec la bénédiction du gouvernement, lequel refuse de sévir à cause du petit paravent hypocrite de la religion. Je me demande si ces gens n'ont pas simplement la même opinion qu'à peu près n'importe qui d'autre. Moi, j'en doute et je pense que notre devoir est celui qui va à l'endroit d'une immigration réussie.
Je veux briser une approche: on parle d'immigration comme s'il s'agissait d'une seule affaire homogène, comme si tous les immigrants étaient tous pareils. Ce n'est pas du tout le cas, et je vais les catégoriser d'une façon qui n'est pas absolue.
Bien sûr, il y a les étudiants étrangers, qui représentent beaucoup de monde. Non seulement c'est une source de financement importante pour les institutions universitaires ou postsecondaires du Québec, mais c'est aussi une source de connaissance et de culture et une manière de les propager. C'est même la vocation première. C'est une catégorie que le Québec accueille et veut continuer d'accueillir généreusement.
Il y a les travailleurs étrangers temporaires. Il y a au Québec des secteurs économiques importants qui en ont absolument besoin. Il y a des abus de gens qui renouvellent automatiquement pendant des années des permis de travail qui se voulaient temporaires. Ils sont tout à fait intégrés, mais ce, rarement dans les régions et rarement en français. C'est donc un système qui mérite d'être amélioré. Or, l'immigration de travailleurs étrangers sur une base temporaire est extrêmement importante. Il y a bien sûr, et j'en ai parlé, l'immigration temporaire issue des demandeurs d'asile.
Outre la guerre de chiffres, on constate que le Québec fait largement plus que sa part. Très vraisemblablement, au-delà de la moitié des immigrants sont sur le territoire québécois. On a observé l'accumulation d'un ensemble de dépenses qui est de l'ordre de 470 millions de dollars. Le fédéral a dit que nous devions payer ça et qu'il allait nous rembourser. Quand est venu le temps de rembourser, on a entendu des propos au mieux grossiers de la part du , duquel j'attends encore des excuses pour avoir dit que j'avais comparé les immigrants à des thermopompes. C'est vulgaire, c'est sans dessein, c'est menteur et ça mérite des excuses, et je suis sûr que le Président tranchera dans ce sens.
Outre cela, quand est venu le temps de payer la dette, les libéraux ont dit qu'ils ne paieraient pas cette dette, mais qu'ils allaient donner 100 millions de dollars en logements temporaires. Pour les 100 millions de dollars en logements temporaires pour l'avenir, on ne connaît pas du tout le calcul. Le Québec a la moitié des gens, mais n'a pas la moitié de l'argent. Par contre, Toronto est bien correcte, comme d'habitude. Or, ça ne paie pas la dette passée, mais on essaie de faire passer ça auprès de la population.
Bref, le Canada est un mauvais payeur à l'endroit du Québec, mais pourquoi dire quelque chose qu'on sait déjà?
L'immigration temporaire liée aux demandeurs d'asile n'est pas à caractère économique. On n'accueille pas des demandeurs d'asile pour des raisons économiques. On les accueille pour des raisons humanitaires. C'est ce qui rend l'abus du système encore plus odieux. Il y a des gens qui ont vraiment besoin d'aide, et il y en a d'autres qui viennent prendre l'aide dont les premiers ont besoin. Ils essaient de se l'approprier sous de fausses représentations.
C'est une contribution humanitaire qui implique des dépenses payées par l'entièreté des citoyens du territoire, peu importe leur origine ou le temps vécu sur le territoire. Ce sont des dépenses en éducation, en santé, en service de garde et en revenu de base. Ça, c'est simplement le nombre de personnes. Il y a une pression inflationniste. Il y a une augmentation de la demande sans une augmentation conséquente de l'offre avec une pression inflationniste. On ne cible personne. C'est le nombre.
Il y a aussi une pression sur la crise du logement. Encore une fois, ce n'est pas plus la faute de l'un que de l'autre. Mes enfants qui vont à l'université et qui veulent un logement mettent autant de pression sur le parc locatif que quelqu'un qui arrive du Mexique. C'est le nombre total qui a cet effet. On ne peut pas le nier.
On a l'obligation de faire bien ou, au moins, de faire mieux, et on ne le fait pas. Le résultat de cela est un affaiblissement. Au Québec, il y a bien sûr la variable linguistique. C'est un affaiblissement culturel et économique de l'État québécois. Nous ralentissons cela, ici. Si nous n'étions pas là pour défendre le Québec ou pour dénoncer ce qui se fait à Ottawa, je ne veux pas imaginer le tsunami qui nous passerait sur le corps. Dieu merci, nous sommes là.
Dans les derniers jours, la ministre de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration du Québec n'a pas nié l'hypothèse d'un référendum, qui avait déjà été mentionné par le gouvernement du Québec, pour demander aux Québécois si on devrait rapatrier l'entièreté des pouvoirs en matière d'immigration.
J'ai trouvé cela amusant parce qu'on s'est fait chanter la faribole du main dans la main tellement de fois. Chaque fois que nous nous levons pour poser une question sur l'immigration, on nous répond travailler main dans la main. On nous a fait le même coup en santé, en parlant du main dans la main. Ils sont à la veille d'avoir des ampoules dans les mains à force de se les taponner.
La vraie vie, c'est que, si le Québec envisage un référendum pour retirer tous les pouvoirs d'immigration d'Ottawa et les ramener à Québec, ce n'est certainement pas parce qu'il est content. C'est un désaveu des politiques en immigration du gouvernement fédéral. C'est un désaveu des échecs en immigration du gouvernement et c'est un désaveu du ministre de l’Immigration de ce gouvernement.
Je pense que c'est une fort bonne idée, surtout si on comprend que c'est normal pour un gouvernement de consulter sa population par voie de référendum. De plus, cela contribue à arrêter de démoniser le mot même de « référendum ».
L'automne dernier, nous avons fait adopter unanimement par cette Chambre une motion qui enjoignait le gouvernement à consulter le Québec et les provinces pour établir les seuils d'immigration. C'est une motion unanime du Parlement, qui est la voix souveraine de l'État canadien, s'il existe une telle chose. Le gouvernement s'en est foutu comme de l'an quarante. Il n'y a rien eu, aucune consultation. Il met de l'avant des positions qui ressemblent beaucoup à un rouleau compresseur qui va passer sur le corps du gouvernement du Québec et de l'État québécois.
Le est au-dessus des lois. En fait, le premier ministre est un peu au-dessus de tout le monde. C'est culturel et peut-être un peu génétique. Dans ce Parlement, presque tout le monde est disposé à imposer son idéologie avant le sens de l'État ou la sagesse populaire. Pourtant, aujourd'hui, on y revient. On va de nouveau devoir voter là-dessus.
Avant, c'était une patente de Québécois. Avant, on disait que les Québécois étaient contre l'immigration parce que ce sont des racistes. Or, maintenant, les gens de Toronto disent qu'ils ont des problèmes à gérer le volume migratoire; mettez-les à la place de Montréal deux minutes, ils vont poigner quelque chose.
D’autres grandes villes canadiennes ont des difficultés similaires. Dans ce contexte, ce n’est plus une question de Québécois xénophobes, mais un défi pancanadien qui vaut la peine d’être considéré avec le plus grand sérieux.
Tout le monde est étouffé par les coûts en santé, en éducation et autres et par l’échec des politiques d’immigration de ce gouvernement. Même les Québécois et les Canadiens qui sont issus de l’immigration paient la facture du qui, parfois, a la gentillesse de nous honorer de sa présence, sauf qu’il ne rembourse pas ses dettes. Je suggère donc qu’il paie ses dettes comme n’importe quel citoyen le moindrement honorable. Qu’il paie ses factures, surtout si c’est lui qui a dit à l’autre de ramasser la facture. Qu’il ne refasse pas la blague niaiseuse et insultante de dire que j’ai comparé les immigrants à des thermopompes. J’espère qu’il aura en sa présence le plaisir de pouvoir s’excuser d’insulter le monde avec autant de grossièreté.
Le devrait — c’est ce que la motion suggère — convoquer tout le monde à une rencontre où on pourrait discuter d’immigration. Comme l’entièreté du Parlement les y a enjoints, les premiers ministres et les ministres de l’immigration des provinces pourraient avoir une discussion afin de fixer des seuils qui tiennent compte de la capacité de gestion et d’accueil par les provinces et le Québec.
Hier, le premier ministre nous a dit, avec toute la sagesse qu’on lui connaît, que les pays ont des responsabilités. Si la seule façon pour le Québec d’assumer sa responsabilité, c’est d’être un pays, ma foi, je suis pour. La meilleure manière de bien accueillir les immigrants au sein de la nation québécoise, c’est d’avoir une nation québécoise qui, dans sa tradition et sa culture généreuse et bienveillante, n’aura pas sans cesse à lutter et à s’opposer à des politiques canadiennes qui vont à l’encontre de sa volonté, de ses intérêts, de sa langue et de sa pérennité sur un continent où elle est une contribution essentielle. Oui, il y a donc des choses qui relèvent de pays. Faisons donc du Québec un pays.
Dans l’intervalle, je souhaite et je demande au gouvernement d’avoir le minimum de décence et de sens des responsabilités et de convoquer l’ensemble des premiers ministres et des ministres de l’Immigration pour fixer conjointement des seuils d’immigration qui tiennent compte de la capacité d’accueil et de paiement du Québec et des provinces.
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Madame la Présidente, avant de commencer mon discours, j'aimerais souligner que nous sommes situés sur le territoire non cédé de la nation anishinabe algonquine.
Cela me fait plaisir de prendre la parole aujourd'hui pour discuter de cette motion et fournir des informations aux députés sur les cibles d'immigration prévues par le gouvernement du Canada.
Dans le domaine de l'immigration, nous restons déterminés à collaborer avec nos partenaires dans les provinces, les territoires et les municipalités pour répondre à l'évolution de leur situation et à leurs besoins en constante évolution. Bien entendu, cela inclut le travail que nous accomplissons avec le gouvernement du Québec.
Je tiens à préciser que le Canada est dévoué à sa valeur fondamentale de prendre soin de ceux qui arrivent dans ce pays à la recherche d'une vie meilleure. Je pense qu'il s'agit d'une valeur fondamentale que tous les Canadiens soutiennent, et j'ose espérer que les parlementaires de tous les partis sont d'accord avec moi sur ce point.
Ces dernières années, le Canada a accueilli un nombre important de résidents permanents. Cela s'explique principalement par le fait que nous avons besoin des nouveaux arrivants autant qu'ils ont besoin de nous. L'immigration est essentielle pour accroître notre main‑d'œuvre, pour assurer la prospérité de notre économie et pour garantir la qualité des services sociaux dont dépendent les Canadiens. Face au vieillissement de la population, nous avons besoin de nouveaux arrivants qualifiés et talentueux pour assurer notre prospérité économique future. C'est vrai pour l'ensemble du Canada, mais aussi pour ma province natale, le Québec.
À l'heure actuelle, le Québec connaît l'une des pénuries de main‑d'œuvre les plus graves du pays. Au troisième trimestre 2023, le nombre de postes vacants était estimé à 175 000, principalement dans le secteur des soins de santé. Sans immigration, les entreprises canadiennes et québécoises n'auraient pas les travailleurs dont elles ont besoin, et les Canadiens n'auraient pas les services sociaux sur lesquels ils comptent.
Ces dernières années, le Canada a accueilli un nombre important de résidents permanents, c'est sûr. Cela s'explique par le fait que nous en avons besoin, comme je l'ai dit. L'immigration continuera donc à jouer un rôle important dans le soutien des priorités de la nation dans les années à venir.
Alors que nous avons tendance à mesurer l'immigration d'une année à l'autre et à considérer les gens comme des demandeurs d'asile, des réfugiés ou des immigrants économiques, nous devrions nous rappeler que le potentiel des nouveaux arrivants dépasse largement la somme de ces circonstances. Les avantages de l'immigration s'étendent sur plusieurs générations. Un enfant qui arrive aujourd'hui au Canada pourrait être l'inventeur, l'athlète, l'infirmière ou l'entrepreneur de demain, ou encore un bénévole qui soutient et inspire des immigrants qui viendront après lui. Nous ne pouvons pas nous contenter de voir comment les nouveaux arrivants peuvent contribuer à notre économie aujourd'hui, mais nous devons aussi tenir compte des avantages plus larges et à plus long terme que l'immigration apporte à nos communautés et à la société dans son ensemble.
De même, nous devons examiner les points de pression actuels liés à l'immigration dans une perspective plus large. Le paysage de l'immigration est bien différent aujourd'hui de ce qu'il était il y a dix ans ou même il y a trois ans. L'établissement et l'intégration dans ce paysage évoluent également. Le Canada accueille de plus en plus de personnes déplacées de force, en provenance d'endroits différents et ayant des besoins fort complexes. Le Canada n'est pas à l'abri des conséquences de ces déplacements forcés provoqués par la montée des conflits et les catastrophes liées au climat. Toutefois, nous avons l'obligation morale et légale d'agir et de maintenir un système d'immigration équitable, efficace et humain.
Face à l'évolution de la démographie et des besoins de notre pays, mon ministère travaille d'arrache-pied pour rester à l'avant-garde de toutes ces transformations. Comme le député le sait sans doute, nos cibles d'immigration sont déposées à la Chambre le 1er novembre de chaque année, comme la loi le demande. Je peux assurer à la Chambre que le ministère a mené des consultations approfondies sur les cibles d'immigration pour les années 2024 à 2026, comme nous le faisons d'ailleurs chaque année.
Le plan d'immigration du Canada est axé sur les données et est donc basé sur les commentaires et la rétroaction des employeurs, des communautés, des provinces et des territoires. Les objectifs en matière d'immigration sont fondés sur ces commentaires, sur cette rétroaction que nous avons reçue sur notre dernier plan d'action en matière de cibles d'immigration. Ils s'appuient sur ces informations ainsi que sur les commentaires des parties prenantes. Le travail se poursuit tout au long de l'année, au fur et à mesure que nous recueillons les commentaires et les informations auprès des gouvernements, des communautés, des parties prenantes et de nos partenaires.
Nous travaillons sans cesse à améliorer le plan chaque année en procédant à une évaluation continue et en intégrant les transformations, les commentaires et les données que nous recevons. Le gouvernement fédéral consulte ses homologues ministériels provinciaux et territoriaux pour établir les cibles d'immigration et déterminer des nombres d'admissions appropriés. Par exemple, le Forum des ministres responsables de l'immigration se réunit plusieurs fois chaque année. Le Québec est invité à ces réunions et participe en tant qu'observateur.
Nous demandons aux organisations partenaires telles que les centaines d’organisations d’aide à l’établissement de partout au pays de nous faire part de leurs défis, tant au niveau mondial que local. Nous prenons connaissance des communautés rurales et urbaines qu’elles servent et soutiennent, où les nouveaux arrivants entrent sur le marché du travail et cherchent à faire reconnaître leurs titres de compétences étrangers, apprennent le français et l’anglais et recherchent des services dans les deux langues officielles partout au pays. Ce dialogue se tient entre les fonctionnaires de différents niveaux lors d'événements et de conférences et dans le cadre des consultations officielles.
Nous rencontrons les représentants de nombreuses municipalités tout au long de l’année, que ce soit pour solliciter leur avis ou pour répondre à leurs défis et leurs préoccupations. Ils nous disent comment les nouveaux immigrants s’intègrent et nous indiquent quels sont nos programmes et nos services qui conviennent le mieux à leur communauté. Ces discussions ne sont pas un événement unique, mais un dialogue continu. En effet, l’année dernière, nous avons mené des consultations encore plus approfondies, car les niveaux et le mélange des catégories que nous accueillerons étaient également un facteur essentiel dans notre examen stratégique de l’immigration et sur l’avenir de celle-ci au Canada.
Nous avons mené des consultations sur l’avenir et afin de déterminer quels systèmes, programmes et services sont nécessaires pour soutenir nos provinces, nos territoires et les municipalités. Les consultations ont aussi porté sur la manière dont nous pouvons soutenir les employeurs dans tous les secteurs, en particulier dans les secteurs signalés comme prioritaires par les provinces, les territoires et les municipalités, comme le logement, les soins de santé et la technologie, comme on le voit au centre-ville de Montréal, dans ma belle circonscription.
En plus de solliciter des contributions de tout le pays, nous avons organisé des sessions approfondies, dont une à Montréal. Nous avons rencontré des experts concernant les questions clés comme le logement, l’immigration rurale, l’attraction des compétences et la cohésion sociale. Nous avons également recueilli les commentaires des Canadiens partout au pays et de nouveaux arrivants qui ont utilisé nos services au moyen d’un sondage en ligne. En fait, nous avons entendu les témoignages de près de 18 000 personnes, plus de 2 000 organisations et plus de 2 100 anciens clients sur ce dont ils ont besoin pour l’avenir que l’immigration peut leur offrir.
Nous avons rencontré des leaders autochtones, des chefs d’entreprise, des communautés rurales éloignées, des conseils de jeunes, des gouverneurs provinciaux et territoriaux et des groupes et des établissements d’enseignement qui offrent des services d’appui aux nouveaux arrivants, afin de recueillir un large éventail de commentaires et de comprendre leur point de vue.
Le gouvernement fédéral recueille des commentaires sur ses programmes et services partout au Canada. Le Québec possède ses propres contrôles et systèmes en matière d’immigration. Il est important de souligner que la province de Québec fixe ses propres niveaux, qui sont respectés par notre gouvernement fédéral. En effet, en vertu de l’Accord Canada‑Québec de 1991, le Canada établit le nombre annuel d’immigrants pour le pays en tenant compte du nombre d’immigrants que le Québec souhaite recevoir. En effet, cela tient compte de la capacité du Québec à accueillir les nouveaux arrivants et à remédier aux pénuries de main-d’œuvre dans les secteurs clés tels que l’agriculture et les soins de santé.
Le Québec a des droits et des responsabilités quant au nombre d’immigrants destinés au Québec et à l’accueil et à l’intégration de ces immigrants. Les niveaux d’immigration annoncés par le Québec sont, depuis quelques années, inférieurs au niveau fédéral par habitant. On le concède.
Le 1er novembre 2023, juste après que j’aie présenté le Plan des niveaux d’immigration 2024‑2026 du Canada, le gouvernement du Canada a maintenu ses niveaux à 500 000 admissions par an pour 2024 et 2025.
En vertu de l’Accord Canada-Québec, le gouvernement fédéral verse une subvention annuelle au Québec pour l’aider à traiter les nouveaux arrivants et financer les services et l’aide qu’il fournit, notamment la francisation. Depuis 2015, le gouvernement fédéral a transféré plus de 4,4 milliards de dollars à la province. Cette année seulement, nous avons fourni plus de 700 millions de dollars au Québec pour répondre à ses besoins en matière de services, de traitement et d’établissement. Ce n’est pas un montant négligeable.
Selon l’Accord, le Québec est le seul responsable de la sélection des immigrants économiques et humanitaires et de l’application des critères de sélection fédéraux pour la réunification familiale, alors que le gouvernement fédéral est responsable de la sélection et de l’admission des demandes au titre de la catégorie famille. Par conséquent, nous travaillons dans le cadre du plan des niveaux du Québec et nous ne traitons que les demandes qui ont reçu l’approbation de la province.
Si le député et les députés s’inquiètent du nombre de nouveaux arrivants au Québec ou des niveaux d’immigration établis par leur province, c’est une conversation qu’ils devraient plutôt avoir directement avec le gouvernement du Québec. Or, on sait qu’ils n’ont pas consulté Québec relativement à cette motion.
Le gouvernement fédéral travaille sur un plan de croissance complet et coordonné qui rassemble les gouvernements et les partenaires pour s’assurer que nous disposons des infrastructures, des services et des appuis dont les nouveaux arrivants ont besoin pour réussir. Cela signifie qu’il faut renforcer nos capacités en matière de logement, de soins de santé, d’éducation et de formation linguistique, entre autres.
Le travail d'élaboration d'un plan d'immigration plus intégré qui reflète le rôle de nos autres partenaires et présente la table de façon plus complète en ce qui concerne les besoins de tous les nouveaux arrivants est déjà en cours. Cela nous aidera à mieux comprendre ce dans quoi nous devons investir davantage, du logement aux soins de santé, en passant par les infrastructures de transport pour les nouveaux arrivants et pour que tous les Canadiens réussissent.
Par ailleurs, nous continuerons à travailler avec les provinces, les territoires et les municipalités pour que les demandeurs d'asile aient un abri au-dessus de leur tête. Pour le Québec et tout le pays, j'ai récemment annoncé un montant supplémentaire de 362 millions de dollars pour le Programme d'aide au logement provisoire afin de continuer à soutenir ce travail excessivement important. Nous avons versé entre autres 150 millions de dollars au Québec cette année, et près de 50 % de tout le financement de ce programme depuis 2017 est allé au Québec. La ministre québécoise de l'Immigration a même déclaré que cette mesure était un pas dans la bonne direction.
Il en reste plus. Nous continuerons à être là pour le Québec sur ce point de vue et dans d'autres domaines pour soutenir les nouveaux arrivants. Le gouvernement du Canada travaille avec tous ses partenaires pour trouver un juste équilibre entre le soutien nécessaire pour nos employeurs et notre économie, le respect de nos engagements humanitaires de longue date et la garantie que nos plans d'immigration sont alignés sur les besoins et les priorités de chaque communauté.
Un plan qui stabilise les niveaux d'immigration du Canada à l'avenir permettra également de mieux tenir compte des problèmes de capacité et des évolutions imprévues dans les différentes provinces. Les niveaux d'immigration pour 2024 reflètent déjà les besoins des Canadiens de toutes les régions du pays et soutiennent la croissance démographique du Canada, tout en modérant ses conséquences sur des systèmes nationaux essentiels, tels que le logement, les infrastructures et les nouveaux arrivants, qui sont d'une importance vitale pour nos communautés. Un grand nombre de résidents temporaires et permanents au pays travaillent dans des secteurs clés tels que la santé, les transports, l'agriculture et la fabrication. Les nouveaux arrivants font partie de la solution pour l'avenir du Canada et sont essentiels pour notre croissance à l'avenir.
Le Plan des niveaux d'immigration de 2024-2026 vise fondamentalement à attirer des travailleurs qualifiés qui contribueront à l'économie canadienne. Nous sommes plus confiants que jamais que nous pouvons préserver notre système d'immigration de premier ordre, qui fait l'envie du monde. Nous réduirons les temps d'attente; nous continuons de le faire. Nous favoriserons la réunification familiale et continuerons d'appuyer les populations les plus vulnérables du monde au moyen de l'un des meilleurs programmes de réinstallation des réfugiés au monde.
Le Canada a une longue tradition d'accueil de nouveaux arrivants. Les Canadiens et Canadiennes sont fiers à juste titre de leur passé en matière d'immigration. C'est aussi par l'immigration que notre pays est devenu fort et a pu continuer de progresser, sans oublier qu'elle a permis de tisser des liens entre les gens en diversifiant nos collectivités et en agissant comme moteur économique.
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Madame la Présidente, je suis heureux de participer au débat sur une motion de l’opposition du Bloc. Pour la résumer brièvement, elle rappelle un vote de la Chambre qui liait les cibles en matière d’immigration au Canada aux capacités dans les domaines des services sociaux, de la formation linguistique en français et en anglais, des infrastructures de transport, de la santé, des postes à pourvoir et de l'éducation. Ce vote a eu lieu à la fin de l’année dernière, au même moment où, généralement, le gouvernement présente au Parlement son plan pour les résidents permanents, mais aussi pour les résidents temporaires. Un plan triennal évolutif est présenté. Cette motion y fait référence en demandant au gouvernement de refaire ses devoirs à la lumière des nombreuses annonces qui ont été faites depuis.
Ce débat concerne le . D’après mon expérience au sein du comité de l’immigration, des invectives sont souvent lancées à des députés qui formulent simplement des questions, des réserves ou des observations. Quelques bloquistes ont déjà dit que chaque fois qu’ils expriment une réserve au sujet de la capacité d’intégration au Québec, en particulier sur l’île de Montréal, où les ressources sont insuffisantes, par exemple pour la formation en langue française, il n'est pas rare que le ministre de l’Immigration s'empresse de les traiter de tous les noms et de les insulter à l’extérieur de la Chambre. Cela s’est d'ailleurs produit une fois encore hier, à la réunion du comité et sur le compte Twitter du ministre.
Les conservateurs subissent très souvent le même traitement de la part des députés libéraux. Quand les libéraux sont à court d’arguments, ils se rabattent sur les insultes. Margaret Thatcher se plaisait d'ailleurs très souvent à le rappeler.
Aujourd’hui, je vais présenter ce que je pense être une proposition conservatrice pleine de bon sens sur les facteurs dont il faudrait tenir compte à la révision des cibles. En grande partie, elle s’inspire directement de sources gouvernementales, comme en font foi les arguments du gouvernement et les déclarations des différents ministres. Nous nous trouvons aujourd’hui dans une situation bizarre: il y a un ministre officiel de l’Immigration et un ministre officieux de l’Immigration. Le nouveau affirme ouvertement que le système est hors de contrôle. Il l’a dit à plusieurs reprises. Il a été cité dans le National Post. Il l’a dit à l’émission Question Period sur CTV. Il a également déclaré que le volume de demandes est vraiment déconcertant et que le régime est manifestement devenu incontrôlable.
Un article en anglais du journaliste Ryan Tumilty était intitulé: « “Hors de contrôle”: le ministre de l’Immigration déclare vouloir réduire le nombre d’étudiants étrangers accueillis ». On pouvait lire ensuite que l’augmentation serait l’un des nombreux facteurs qui alimentent la pénurie de logements et la hausse des loyers au pays. Voilà pour le lien avec le logement.
Ensuite, il y a le ministre officieux de l’Immigration, qui est maintenant , et il a beaucoup de regrets, parce que pendant deux ans et demi, il a essentiellement laissé le système devenir hors de contrôle. C’est ce que le dit aujourd’hui à propos du travail de son prédécesseur. Ce ne sont pas les conservateurs, les bloquistes ni les néo-démocrates qui le disent. Au cours des trois derniers mois, deux ministres se sont affrontés en public pour savoir qui était responsable de ce système devenu incontrôlable.
Le ministre officieux de l'Immigration, soit l’actuel , est allé encore plus loin. Dans un autre article de Touria Izri dans Global News, il aurait déclaré que les programmes d’immigration temporaire exercent une pression sur le système de logement et créent un grave problème auquel nous devons nous attaquer. Pourquoi ne s’est-il pas attaqué à ce problème lorsqu’il était ministre de l’Immigration? Pourquoi vient-il juste de s'en rendre compte?
En fait, les journalistes ont parlé d'une note d’information remise au ministre, au nouveau , le ministre officieux de l’Immigration, qui l'avisait que les cibles fixées par le gouvernement du Canada, surtout en ce qui concerne les permis de séjour temporaire pour les étudiants étrangers, les permis de travail pour les participants au programme des travailleurs étrangers temporaires et le programme de mobilité internationale, allaient exercer des pressions sur le secteur du logement locatif. Les gens allaient avoir du mal à se payer un logement, qu’il s’agisse d’un achat ou d’une location.
Selon la Banque du Canada, 60 % des nouveaux arrivants seraient locataires, surtout pendant les 10 premières années. J’en sais quelque chose, car j’ai moi-même été un nouvel arrivant. Lorsque mon père est arrivé ici en 1983, il était locataire. Lorsque le reste de la famille est arrivé en 1985, nous avons été locataires pendant de nombreuses années sur la Rive-Sud de Montréal. Je sais très bien ce que vivent les nouveaux arrivants. Lorsqu’ils arrivent au Canada, ils louent, et les loyers augmentent dans tout le pays.
Au cours des neuf dernières années, les loyers ont doublé. La mise de fonds nécessaire à l'achat d'une maison a doublé. Le prix des logements est hors de contrôle, et ce n’est pas la faute des immigrants ou des nouveaux arrivants. C’est la faute du gouvernement qui a dépensé beaucoup trop d’argent pendant la pandémie, soit 600 milliards de dollars de dépenses liées à la pandémie, dont 205 milliards n’avaient rien à voir avec la pandémie.
Quand il y a beaucoup d'argent en circulation, mais que l'offre est restreinte, les prix augmentent. Quand le ministre de l’Immigration reçoit une note de synthèse de son propre ministère l'avisant des préoccupations associées à l'accueil incessant d'un grand nombre de nouveaux arrivants au pays, c'est-à-dire de bien plus d’un million l’an dernier et, il me semble, de plus d'un million avant la même échéance cette année, ainsi que de plus d’un million au cours des six prochains mois, alors le système est hors de contrôle. Je cite ici le pseudo-ministre de l’Immigration. Le système est désorganisé. Je cite ici le officieux de l’Immigration, qui porte le titre de du Logement.
Ils ont des regrets, c'est évident. Ils participent à différents balados, se plaignent du travail de l’autre et attirent l’attention sur celui qui est à blâmer. C’est la faute des libéraux. Ils sont au pouvoir depuis neuf ans. Ils sont responsables du chaos qui règne aujourd’hui dans nos rues, où la criminalité est hors de contrôle. Ils sont responsables. Si nous constatons une augmentation de 20 ou de 30 % au renouvellement de notre bail cette année, nous n’avons que 3 personnes à blâmer: le , son du Logement et son de l’Immigration.
Tous les autres ministres qui occupent les banquettes avant sont responsables des décisions qu’ils prennent au sein du Cabinet. Ce ne sont pas les conservateurs qui le disent, mais bien les ministres eux-mêmes. Ils ont fait l’actualité. À la fin de novembre, Mia Rabson de La Presse canadienne a cité le ministre officieux de l’Immigration, qui occupe aussi le poste de ministre du Logement.
À propos du régime de visas pour les étudiants, l’actuel a déclaré que c’est « un peu désorganisé pour le moment et [qu']il est temps de maîtriser la situation ». Il a ensuite parlé des chauffeurs Uber. En ce qui concerne le Programme des étudiants étrangers, il a fait des comparaisons, disant que certains de ces collèges se comportaient comme des usines à chiots. C'est quoi ce commentaire bizarroïde destiné à insulter les étudiants étrangers qui sont déjà ici?
J’ai été un étudiant étranger aux États-Unis et je ne me souviens pas d’avoir été insulté de la sorte. En fait, c'est le ministère qui, depuis deux ans et demi, délivre les visas pour le compte de ces établissements et collèges privés que le ministre accuse maintenant d’être des usines à chiots. Pourquoi a-t-il agi de la sorte? On l'avait pourtant mis en garde.
Une note de synthèse avait circulé. Certains journalistes l’ont, mais pas moi. Un journaliste du Toronto Star m’a d’ailleurs demandé si je l’avais. C’est celle qui établit un lien entre les chiffres de l’immigration temporaire et le risque d'une crise du logement. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est le ministère. Le ministère de l’Immigration a averti le précédent, qui est maintenant du Logement, que cela pourrait se produire. Les articles sur le sujet foisonnent.
Ces deux ministres se livrent à un débat public, à une dispute. Je suis sûr que cela a commencé au sein du Cabinet. Un proverbe yiddish me vient à l’esprit, car j’adore les proverbes yiddish, comme le savent de nombreux députés. Ma grand-mère les disait en polonais, mais le yiddish était une langue et une culture communes en Europe de l’Est. Le proverbe dit que lorsqu’un idiot et un sage débattent, il n’y a que deux idiots qui débattent. C’est parfois l’impression que j’ai lorsque j’assiste à ce débat public, parce que…
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Madame la Présidente, selon un proverbe yiddish que j’adore, et que les rabbins adorent aussi, quand un sage et un idiot débattent, ce sont deux idiots qui débattent. J’ai parfois l’impression que c’est ce qui se passe ici. J’ai écouté le balado d’Herle Burly, auquel le nouveau a participé à deux reprises. Il ne mâche pas ses mots dans ce balado. Ensuite, il vient ici et nous serine que tout va bien.
Notre système d’immigration accuse un arriéré de 2,2 millions de demandes. J'ai tout entendu là-dessus, y compris que la transition au numérique réglerait le problème, qu’un nouveau système serait mis en place et que les effectifs seraient renforcés. Depuis 2015, ce ministère a plus que doublé ses effectifs et son budget, mais rien ne s’est amélioré. Rien n’a bougé. Vers la fin de la pandémie, l’arriéré était d’environ 2,9 millions de demandes et il n’a guère diminué depuis. Un million de personnes sont toujours en attente d’une réponse.
Nous en entendons constamment parler. Les députés et leurs bureaux de circonscription sont inondés de demandes d’intervention, et de 80 à 90 % de nos dossiers concernent le ministère de l’Immigration. Les familles sont brisées parce qu’elles ne peuvent pas faire venir leurs proches. Des petites entreprises du coin ont besoin d’un employé bien précis à un poste clé avant de pouvoir embaucher d’autres Canadiens, mais ce n'est pas possible. Il arrive que des étudiants étrangers souhaitent changer d’établissement ou s’inscrire dans un nouveau programme ou encore présenter une demande de permis de travail postdiplôme, mais ils se font dire qu’ils n’y sont plus autorisés. D’autres présentent une demande d’emploi, mais leur permis de séjour arrive à expiration et ils perdent ainsi l’emploi temporaire qu’ils occupaient. Tous ces problèmes sont dus à la piètre qualité du service à la clientèle au ministère de l’Immigration, un service qui ne s'est pas amélioré. J’entends rarement le dire qu’on va régler le problème.
Les conservateurs sont toujours préoccupés par la médiocrité du service et par les retards interminables dans le traitement des dossiers d’immigration. Personne ne semble vouloir assumer la responsabilité des décisions prises. Je crois qu’en près de neuf ans, nous avons vu se succéder cinq ou six ministres de l’Immigration, et la situation ne s’est toujours pas améliorée. Rien ne s’améliore, à part les déclarations des ministres successifs qui blâment tous leurs prédécesseurs pour un système devenu hors de contrôle ou désorganisé. Ce n’est pas moi qui le dis. Je fais allusion aux propos de deux ministres qui se disputent en public pour savoir à qui revient la faute et qui s’accusent mutuellement. Le plus incroyable dans tout cela, c’est qu’ils se font mutuellement des reproches.
[Français]
Dans notre grand pays, nous avons bien sûr deux langues officielles. Je voudrais donc faire quelques commentaires en français aussi.
Nous avons déjà eu ce débat à la Chambre. Nous l'avons eu en octobre ou en novembre alors que nous débattions d'une autre motion lors d'une journée d'opposition du Bloc. On en fait d'ailleurs mention dans la motion d'aujourd'hui.
Bien sûr, nous savons que le gouvernement n'a pas réagi à la motion. Il n'a rien fait. D'après ce que nous pouvons voir, il a fait quelques petites annonces pour les étudiants étrangers qui sont ici, au Canada. Nous savons que plus de 1 million d'étudiants internationaux sont déjà ici, selon une question à laquelle on a répondu à la Chambre en octobre. Nous savons aussi que le gouvernement réagit très lentement quand les partis d'opposition lui offrent des solutions au sujet de nouveaux défis pour lesquels on doit avoir une réponse.
L'un de ces nouveaux défis que nous avons aujourd'hui, ce sont les demandeurs d'asile qui ont le droit de venir au Canada, en particulier ceux provenant d'un pays avec lequel il y a un énorme problème. C'est une question sur laquelle nous nous penchons forcément puisque le premier ministre du Québec, M. Legault, a dû écrire en janvier une lettre de presque quatre pages qu'il a adressée directement au gouvernement.
S'il y a eu des consultations, il est évident qu'on n'a pas écouté le premier ministre du Québec puisque ce dernier a été obligé d'écrire une lettre. Dans cette lettre, on peut lire ceci: « Au fil du temps, nous avons accueilli des réfugiés chiliens, vietnamiens, haïtiens, syriens et plus récemment, des ressortissants ukrainiens que nous continuons d'ailleurs d'accueillir. »
Nous savons que nous avons maintenant des problèmes avec un pays en particulier alors que ce gouvernement a retiré en 2016 l'obligation pour les citoyens du Mexique d'obtenir un visa pour venir au Canada. On peut aller en ligne et, pour 7 $ ou 8 $, obtenir la permission de venir au Canada. Maintenant, à Montréal, des dizaines de milliers de personnes font des demandes d'asile après ne pas avoir dit au gouvernement la raison de leur voyage au Canada.
En 2016, environ 250 demandeurs d'asile sont venus au pays de cette façon lorsqu'il y avait une obligation de visa. J'ai un communiqué de presse que le gouvernement avait publié à l'époque. Il est seulement en anglais, malheureusement. Je vais lire la section pertinente. Cela vient du site Web du premier ministre et c'est daté du 28 juin 2016. Peut-être que cela a été retiré du site Web, mais peut-être que c'est encore sur le site. Voici un extrait du communiqué:
[Traduction]
Une collaboration plus étroite entre le Canada et le Mexique sur les questions de mobilité favorisera aussi les déplacements entre les deux pays, tout en empêchant une augmentation éventuelle des demandes d'asile ou de migration irrégulière. Les fonctionnaires prévoient se rencontrer régulièrement pour faire valoir ces intérêts mutuels.
[Français]
On est passé de 250 demandes d'asile faites en 2016 à des dizaines de milliers de demandes faites en 2023. D'après les chiffres que j'ai vus en ligne, 11 % des demandes ont été acceptées. Cela veut dire que 89 % des demandes d'asile ont été rejetées. Ce n'est pas nous qui les rejetons, c'est le tribunal indépendant qui les rejette. Le tribunal dit qu'il a vu le dossier et que les règles pour devenir réfugié au Canada ne sont pas respectées.
Dans le communiqué de presse de 2016, on indiquait que des systèmes seraient mis en place pour prévenir une augmentation des demandes d'asile. Hier, j'ai demandé au ministre de nous donner des exemples de programmes mis en œuvre et d'actions entreprises pour s'assurer que les demandeurs d'asile qui viennent d'un pays, dans ce cas du Mexique, ne feront pas de fausses demandes d'asile. Bien sûr, 11 % des demandes ont été acceptées. Hier, le ministre a dit que c'était beaucoup plus, soit 30 %. Ce sont des chiffres donnés au cours des débats. Peut-être qu'il peut nous donner les chiffres en comité. Même avec ces chiffres, cela veut dire que 70 % des demandes d'asile ont été rejetées. Or, ces gens sont venus ici parce que l'obligation de visa avait été retirée. On doit se demander ce que le gouvernement fait. Il n'a créé aucun programme.
Le seul exemple que le ministre de l'Immigration a pu me donner portait sur des programmes mis en œuvre durant la pandémie. Ce sont des politiques publiques dont le ministre s'est débarrassé en décembre, soit il y a un mois et demi, car, disait-il, elles n'étaient plus utiles. Je lui ai rappelé qu'en 2016 il n'y avait pas de pandémie. La pandémie a commencé au début de 2020. Il n'y avait donc aucun rapport entre les deux. En comité, il n'avait aucun autre exemple à nous donner pour démontrer ce qu'il avait fait pour empêcher ce phénomène.
Dans sa lettre, le premier ministre Legault parle du coût de ces décisions. Il s'agit de centaines de millions de dollars. Or, il y a aussi les coûts relativement aux vies humaines. Il s'agit de gens qui sont venus au Canada en pensant être capables de faire des demandes d'asile pour plusieurs raisons. Le premier ministre Legault dit que, au cours des « 11 premiers mois de 2023, pas moins de 59 735 nouveaux demandeurs d'asile ont été recensés au Québec. Les projections montrent qu'un nombre record de 65 000 demandeurs serait atteint cette année au Québec », et cela continue. Bien sûr, avec toutes ces demandes d'asile qui ont augmenté, il y a un coût humain. De vraies personnes vont être touchées par la négligence du gouvernement libéral. Deux ministres de l'Immigration sont en train de s'attaquer publiquement. Ils se pointent du doigt et s'accusent mutuellement d'avoir créé les problèmes, le gâchis et les dégâts en matière d'immigration et de logement.
Je vais parler de deux articles de Romain Schué. Dans « Les cartels de l'immigration », on peut lire ceci: « Enquête a mis au jour des réseaux de passeurs et de fabricants de faux passeports liés à de puissantes organisations criminelles mexicaines, de plus en plus impliquées dans le trafic d'humains à la frontière canado-américaine. »
Plus précisément, il y a deux cartels mexicains, soit le cartel de Sinaloa et le cartel de Jalisco Nouvelle Génération, qui sont partiellement liés à un trafic de personnes.
Le gouvernement n'a même pas pu parler d'un programme. J'ai demandé qu'il me nomme un programme, n'importe lequel. Le ministre aurait pu en nommer un seul, mais il n'en avait même pas un à nommer.
Dans l'autre article, intitulé « Un réseau criminel sud-américain à l'assaut de maisons canadiennes », le journaliste commence à décrire exactement ce qui arrive aujourd'hui parce que le gouvernement a fait cette modification en 2016 et n'a pas fait le suivi. C'est un exemple que je veux donner puisque c'est à peu près la même chose qui arrive avec les rapports qui sont présentés au Parlement sur l'immigration permanente, comme le ministre l'a dit plus tôt. Ils sont déposés à la Chambre chaque mois de novembre. Ils portent aussi sur l'immigration temporaire. Il y a beaucoup de gens qui viennent au Canada en tant qu'immigrant temporaire. Ils viennent ici pour travailler et étudier. Beaucoup d'entre eux changent leur statut de temporaire à permanent après leur arrivée.
Selon les informations transmises par le ministère, à peu près la moitié des immigrants temporaires deviennent des immigrants permanents par l'intermédiaire de programmes comme le Programme des candidats des provinces et le programme d'immigration pour les travailleurs de la construction, entre autres. À peu près la moitié de ces gens sont déjà au Canada et ont un logement, qu'il soit loué ou acheté. Il s'agit donc simplement de changer leur statut.
Selon nous, les conservateurs, ce qui est très important, c'est l'expérience des nouveaux arrivants au Canada. Aujourd'hui, ce n'est pas l'expérience que j'ai eue quand je suis arrivé au Canada. Je suis arrivé au Québec, bien sûr, puisque, à l'époque, mon père travaillait au chantier maritime de Sorel.
Le chef du Bloc québécois a parlé du fait que beaucoup d'immigrants qui viennent au Canada se font dire que le Canada est un pays anglophone, mais, quand ils arrivent au Québec, ils réalisent qu'on y parle français, surtout au travail. C'est ce qui est arrivé à mon père; je le sais, car il en parlait souvent.
Comme on peut le voir, le Cabinet n'est pas capable de décider à qui est la faute concernant ce gâchis. Le système d'immigration est hors de contrôle, et c'est de leur faute. Même quand le gouvernement nomme un nouveau ministre de l'Immigration, c'est de sa faute. En neuf ans, le gouvernement a détruit le consensus canadien en matière d'immigration.
Nous avons besoin d'un gouvernement du gros bon sens, et c'est ce que nous allons avoir quand le député de deviendra premier ministre, aux prochaines élections. Nous allons offrir de l'espoir aux Canadiens pour ce qui est du système d'immigration.
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Madame la Présidente, d'entrée de jeu, j'aimerais indiquer que je vais partager mon temps de parole avec ma formidable collègue de . Je tiens aussi à préciser que la très bonne question que cette dernière a posée au représentant du Parti conservateur n'a pas du tout été répondue. Le Parti conservateur semble vouloir cacher ses intentions en ce qui concerne ses objectifs en matière d'immigration. Au-delà des beaux discours, l'opposition officielle reste vague et floue et joue un peu à des jeux de cachette. Je trouve cela dommage que ma collègue de Vancouver‑Est n'ait pas eu la réponse à laquelle elle avait droit quand elle a posé une question très simple et très directe au représentant du Parti conservateur.
Le débat d'aujourd'hui est une discussion importante qui enflamme parfois les esprits, les médias et certains chroniqueurs. C'est une question tout à fait légitime sur le type de société qu'on veut construire, le type de terre d'accueil qu'on veut être, le développement économique qu'on veut avoir et la contribution des gens qui veulent venir partager leur vie ici, avec nous, au Québec ou au Canada.
Il y a une blague que je fais depuis un certain temps. Évidemment, le Québec et le Canada sont des terres d'immigration. Je suis moi-même immigrant de la 13e génération. Le premier est arrivé à la fin du XVIIe siècle. Il s'appelait Jean et il était potier, un « tourneur » du roi. D'ailleurs, le nom Boulerice ne s'écrivait pas du tout ainsi à l'époque; au départ, c'était un nom breton qui s'écrivait en deux mots.
Je pense qu'il faut continuer cette tradition d'intégration et de terre d'accueil que nous avons depuis plusieurs siècles. Cependant, il faut bien le faire et de manière positive. Il faut également le faire en ayant un regard positif sur la contribution de tous ceux et de toutes celles qui, pour diverses raisons, veulent venir s'établir chez nous dans l'espoir d'une vie meilleure, pour rechercher la protection ou fuir la persécution ou pour espérer mieux pour leurs enfants et leur famille.
Ce sont des gens qui travaillent extrêmement fort et qui apportent une contribution à notre développement et à notre activité économique de façon extraordinaire et formidable. Selon les statistiques récentes, 33 % des immigrants récents créent leur propre petite entreprise lorsqu'ils arrivent ici et embauchent ensuite des gens qui sont parfois ici depuis plus longtemps. Ce sont donc des entrepreneurs et des créateurs d'emplois, des gens qui contribuent aussi à mettre la main à la pâte dans divers secteurs de notre société.
Il y a aussi 20 % des immigrants qui travaillent dans le secteur de la construction. En pleine crise du logement, ces gens viennent travailler. Oui, ils habitent des maisons et des appartements, mais ils vont aussi en construire. Un immigrant sur cinq travaille en construction. Ce n'est quand même pas rien. Il faut le souligner.
D'un bout à l'autre du pays, 1,6 million d'immigrants travaillent dans notre secteur de la santé. Ils donnent des soins à nos amis, à nos parents et à nos grands-parents, aux gens qui sont malades chez nous. C'est massif, 1,6 million.
Quand nous avons cette discussion sur les seuils d'immigration et les capacités d'accueil, il faut être capable de voir cela dans cette perspective; non seulement c'est positif, mais c'est nécessaire pour contribuer à notre activité économique.
La plupart des chambres de commerce disent qu'il y a une pénurie de main-d'œuvre au Québec et qu'on a besoin de bras et de cerveaux pour venir travailler. Ce n'est pas tous les jours qu'on va entendre un député néo-démocrate citer les chambres de commerce ici, mais les néo-démocrates s'entendent sur cette nécessité. Partout à Montréal et dans les régions du Québec, on sent ce même besoin. Des entreprises voudraient en faire davantage et avoir plus de contrats. Elles voudraient entreprendre de nouveaux projets, mais elles n'ont pas les gens pour le faire. Il faut donc être capable de les accueillir et de bien les accueillir.
Je le dis tout de suite, moi, les discussions portant sur le nombre d'immigrants économiques au Québec, à savoir si on doit en accueillir 50 000, 70 000 ou 35 000, je n’en ai aucune idée. Je ne suis pas un expert en la matière, ni un démographe ou un économiste. Cela dépend du contexte, cela dépend des besoins et cela dépend de notre capacité de bien les recevoir et de bien les intégrer. Encore là, cette notion de capacité d'accueil est très floue.
Évidemment, aujourd'hui, il y a une crise du logement. Il y a de la pression sur nos services publics. Il y a de la pression sur les groupes communautaires qui travaillent avec ces immigrants et ces réfugiés. Il faut en prendre acte, mais fermer l'accueil n'est pas nécessairement la réponse, parce que cela va créer des dommages collatéraux sur le développement économique ainsi que sur nos PME et nos entreprises qui ont besoin de ces gens. Il faut avoir une réponse adaptée, intelligente et, surtout, fondée sur les faits et la réalité au lieu de tenir des discours qui peuvent parfois être assez discriminatoires ou xénophobes vis-à-vis les gens qui viennent ici.
De la part de certains chroniqueurs, c'est assez fréquent et je trouve cela absolument dommage qu'on pointe du doigt les immigrants, par exemple pour la crise du logement. C'est complètement ridicule. Nous ne pouvons pas blâmer les immigrants d'aujourd'hui pour notre inaction des 30 dernières années sur la construction de logements abordables et sociaux. Nous ne pouvons pas dire aux immigrants qu'ils nous ont empêchés de construire des logements sociaux dans les 30 dernières années. Eux, ils arrivent ici et ils veulent participer, fonder une famille, envoyer leurs enfants à l'école et à l'université. C'est l'inaction des gouvernements libéraux et conservateurs dans les dernières années qui a causé cette crise du logement. Avant que ces immigrants et ces travailleurs migrants temporaires ne viennent ici pour travailler et apporter leur contribution, la crise du logement existait. De la part de certains chroniqueurs, pointer du doigt ces gens est non seulement irresponsable et discriminatoire, mais, en plus, c'est faux.
Quand le gouvernement libéral fédéral a arrêté d'investir en 1994 dans le logement social et dans les coopératives d'habitation, il a commencé à créer le problème, qui a été nourri par le gouvernement Harper par la suite. C'est cela, la réalité.
Aujourd'hui, quand on regarde la réalité sur le terrain, on voit que le taux d'inoccupation des logements est de 1,5 % à Montréal, qui reçoit beaucoup de nouveaux arrivants et d'immigrants, et qu'il est de 0 % à Rimouski. Il manque plus de logements à Rimouski qu'à Montréal en pourcentage, et ce n'est pas parce que Rimouski accueille beaucoup plus d'immigrants en proportion que Montréal.
Il faut être capable de rétablir les faits. Pour nous, au NPD, c'est important d'en être capable. Ma collègue la va avoir des suggestions constructives tantôt pour être capable de regarder la réalité dans tous ses aspects et dans toutes ses nuances. Arrêtons de dire, comme l'ancien ministre de l'Immigration du Québec, que les immigrants ne veulent pas s'intégrer, ne veulent pas parler français et ne veulent pas travailler. Ce n'est pas vrai.
Je suis à Montréal. Il y a beaucoup de nouveaux arrivants qui travaillent extrêmement fort. Ils travaillent tous extrêmement fort. Ils veulent bâtir une nouvelle vie ici, chez nous. Ils apportent une contribution absolument extraordinaire. Ils veulent apprendre le français. Le problème, c'est qu'il n'y a pas assez de professeurs, il n'y a pas assez de services de francisation. Les listes d'attentes pour aller suivre des cours de français sont interminables. C'est en partie parce que le gouvernement du Québec n'utilise pas les fonds que le gouvernement fédéral lui verse pour la francisation des immigrants. Il les dépense pour d'autres choses, mais c'est un autre débat. Tout de même, dire que ces nouveaux arrivants, ces travailleurs et ces travailleuses ne veulent pas s'intégrer, ne veulent pas contribuer et ne veulent pas parler français, c'est non seulement odieux et irresponsable, mais c'est totalement faux quand on regarde la réalité sur le terrain.
J'ai eu la chance, vendredi dernier, d'avoir une réunion avec des représentants d'un organisme situé Rosemont—La Petite-Patrie, qui s'appelle la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes. Ils faisaient le même constat, c'est-à-dire que nous avons besoin de ces gens. Le débat sur le chiffre est un peu faux en soi, mais, la réalité, c'est que ces groupes qui aident ces personnes à atterrir et à gérer toute l'administration avec les écoles et les hôpitaux sont débordés et n'ont pas les ressources nécessaires. C'est là que nos gouvernements, ici à Ottawa et à Québec, doivent en faire plus pour soutenir ces acteurs sur le terrain, qui sont là pour assurer une bonne intégration et qui en sont capables. Notre capacité d'accueil repose beaucoup sur le dos et sur la pression de ces groupes communautaires qui n'en ont pas assez et qui sont débordés en ce moment. Eux‑mêmes nous disent que ce n'est pas parce qu'il y a trop d'immigrants, c'est parce qu'ils n'ont pas les ressources humaines et financières pour pouvoir faire un bon travail.
En effet, il faut construire plus de logements. En effet, il faut construire des logements sociaux et abordables. Cependant, je pense qu'il faut voir la suite logique des choses. Ce ne sont pas les immigrants qui ont causé la crise du logement. Les immigrants sont là pour être accueillis par nous, que ce soit des demandeurs d'asile, des réfugiés ou des immigrants économiques, qui sont choisis par le gouvernement du Québec, d'ailleurs, avec des points pour la connaissance du français. Faisons mieux.
Je suis prêt à accueillir les questions de mes collègues. Cela va me faire plaisir d'y répondre.
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Monsieur le Président, je dois dire que je vais partager mon temps de parole avec la députée de , qui s'appelle aussi ma belle whip d'amour. Il faut toujours être gentil avec la whip.
Ottawa doit revoir ses cibles en immigration s'il veut bâtir un modèle d'immigration réussie et garantir que les nouveaux arrivants puissent trouver ici de bonnes conditions de vie. Lors de sa journée d'opposition du mardi 31 octobre 2023, le Bloc québécois invitait les élus de tous les partis représentés à la Chambre à voter en faveur de sa motion demandant au gouvernement fédéral de revoir ses cibles d'immigration après, bien sûr, consultation du Québec, des provinces et des territoires.
Aujourd'hui, le Bloc québécois réitère cette invitation et demande à la Chambre de réaffirmer son vote unanime du 1er novembre 2023 demandant au gouvernement « de revoir ses cibles d’immigration dès 2024, après consultation du Québec, des provinces et des territoires, en fonction de leur capacité d’accueil [...], le tout dans l’objectif d’une immigration réussie ». Également, le Bloc québécois « demande au de convoquer une rencontre avec ses homologues du Québec, des provinces et des territoires afin de les consulter sur leur capacité d’accueil respective ». Finalement, il demande « de déposer en Chambre, d’ici 100 jours, un plan de révision des cibles fédérales d’immigration dès 2024 en fonction de la capacité d’accueil du Québec, des provinces et des territoires. »
Il est incontestable que le Québec et les provinces sont les plus aptes à connaître la réalité sur leur propre terrain. Tenir compte de leur capacité d'accueil en matière de services de santé, d'éducation, de langue et de logement est une nécessité pour bâtir un modèle d'immigration réussie et pour garantir que les nouveaux arrivants puissent trouver de bonnes conditions de vie ici, avec nous. Ottawa doit respecter notre capacité d'accueil.
Le Québec est généreux, accueillant. Ce qu'on souhaite, c'est que tous les nouveaux arrivants puissent être reçus de la bonne manière: avec un accès au logement, aux services de santé, de garderie et d'éducation, et, bien sûr, à la francisation afin de pouvoir s'intégrer pleinement chez nous, avec nous, et de devenir « nous », eux aussi. Dans le fond, ce qu'on veut, c'est avoir les moyens d'accueillir notre monde par la grande porte et avec la dignité et le respect qu'on leur doit.
Ce qui est dommage, pour ne pas utiliser d'autres mots, c'est qu'au moment même où ils appuyaient la motion du Bloc québécois en faveur d'une immigration réussie, les libéraux rendaient publiques de nouvelles cibles d'immigration sans avoir consulté le Québec. Le 1er novembre 2023, le fédéral rendait donc publiques ses cibles sans savoir si les nouveaux arrivants allaient avoir accès à un logement, aux services de santé, aux services de garderie pour leurs enfants, à l'éducation et à la francisation. C'est bien dommage pour le fédéral, mais, au Bloc québécois, on ne lâchera pas le morceau.
Récemment, le premier ministre du Québec a adressé une lettre au du Canada. Dans cette lettre, il abordait surtout la question des demandeurs d'asile. Comprenons-nous bien, cette question fait aussi appel à la capacité d'accueil du Québec. Les organismes d'aide sont à bout de souffle. À lui seul, le Québec a accueilli plus de 55 % des demandeurs d'asile qui se trouvent sur l'ensemble du territoire canadien. Cela constitue une charge financière importante. D'ailleurs, le Québec attend toujours le remboursement des 470 millions de dollars qu'il a déboursés pour l'accueil des demandeurs d'asile, une compétence fédérale. Le fédéral s'est vautré, comme d'habitude, dans la bonne vertu en annonçant un montant de 100 millions de dollars, pensant faire taire le Québec. À mon avis, ce n'est pas ça, être responsable.
Comme on le sait, je suis un amoureux de la démocratie. Il est normal et sain, dans un Parlement démocratique comme le nôtre, de tenir des débats publics sur des sujets importants qui dessinent notre futur. Il est aussi essentiel pour le gouvernement de considérer les demandes des partis de l'opposition, comme nous devons nous aussi respecter les divergences d'idées. On comprendra donc que je ne suis pas ici aujourd'hui pour faire de la politique sur le dos de la vie des personnes migrantes et des demandeurs d'asile. Au contraire, je crois que, comme parlementaire, il est plus que nécessaire de se montrer à la hauteur des plus vulnérables et de ceux et celles qui sont à la recherche d'une vie meilleure.
Le parcours migratoire n'est pas facile. Il est souvent coûteux, parfois périlleux. Devant une telle situation, il est de notre devoir de nous montrer responsables et dignes de la confiance des gens qui quittent leur maison et parcourent des kilomètres avec leur famille et leurs enfants dans l'espoir de trouver une communauté d'accueil et des jours plus heureux. Le problème, c'est que le fédéral ne laisse pas la chance au Québec de continuer à le faire comme du monde. Le Québec a largement dépassé sa capacité d'accueil, laquelle lui est si chère parce que c'est elle qui lui permet d'accueillir dignement les gens et de leur souhaiter la bienvenue chez eux.
Depuis la reprise des travaux, nous avons eu droit à tous les noms, et « gérants d'estrade » est le plus risible. C'est malheureusement le respect que le gouvernement réserve aux partis de l'opposition, comme le Bloc québécois, à la Chambre. On nous envoie promener de la main, on nous traite de noms et on utilise la bonne vieille insulte canadienne selon laquelle les Québécois cherchent la chicane. Pire encore, on fait la sourde oreille lorsque nous parlons. D'après ce que je comprends, c'est aussi, malheureusement, le sort que réserve le fédéral au gouvernement du Québec quand vient le temps de discuter des seuils en immigration.
La ministre de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration du Québec disait hier que le Québec est au « point de rupture » et que « la situation est devenue insoutenable ». C'est tellement insoutenable que, en ce moment, de l'autre côté du pont, on songerait à faire un référendum pour rapatrier tous les pouvoirs en immigration.
Dois-je vraiment expliquer ma position là-dessus? Au Bloc québécois, nous avons toujours été favorables à ce qui est bon pour le Québec et nous appuierons toujours ce qui est bon pour le Québec. Si la relation avec le fédéral est si bonne que cela, comme nous dit le , et que cela va si bien que cela avec Québec, comme il le prétend chaque fois qu'on lui pose la question, je pense qu'il serait temps qu'il fasse preuve d'un peu plus d'ouverture, parce qu'il y a quelque chose qui me dit que cette relation bat de l'aile.
La ministre québécoise de l'Immigration disait hier qu'elle n'avait senti aucune ouverture de la part du ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté. C'est sa citation qui a été rapportée dans les médias. La ministre dit qu'elle est obligée de réfléchir à la possibilité de tenir un référendum pour rapatrier tous les pouvoirs en immigration au Québec et en même temps le ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté dit que cela va tellement bien, que la relation est bonne et qu'il y a de bonnes discussions. Je pense que j'ai plus confiance dans les dires de la ministre de l'Immigration du Québec qu'en ceux du ministre de l'Immigration du Canada.
La motion du Bloc québécois que nous renouvelons aujourd'hui a pour but d'assurer un avenir meilleur pour tous les Québécois et pour ceux qui aspirent à le devenir. Cela ne se fait pas n'importe comment ni à n'importe quel prix. Cela se fait de façon responsable en montrant aux nouveaux arrivants et à leur famille que, au Québec, nous sommes dignes de confiance.
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Monsieur le Président, c'est avec plaisir que je prends la parole aujourd'hui, dans le cadre de la journée d'opposition du Bloc québécois, sur l'important sujet de l'immigration réussie.
Qu'est-ce que je peux ajouter à ce qu'a dit le porte-parole du Bloc québécois en matière d'immigration, le député de Lac‑Saint‑Jean? Comme il a une grande maîtrise du dossier et une connaissance très pointue des problèmes, j'ai décidé de parler plus précisément de ce qu'est l'immigration réussie et de ce que cela veut dire, dans les faits, pour ma circonscription. Dans certains discours que j'ai entendus ce matin, on a souvent eu tendance à parler de l'immigration réussie en présentant des statistiques et des chiffres, mais, aujourd'hui, je veux parler des gens de ma circonscription.
Ma circonscription, Salaberry—Suroît, est semi-urbaine ou semi-rurale. Autrement dit, on y retrouve deux grandes villes industrielles et plusieurs municipalités rurales. Quand je parle de ruralité, je parle aussi du manque de transport et du manque d'accès aux services de proximité.
Je suis députée depuis 2019, mais j'ai été aussi députée de 2006 à 2011. Depuis mon retour en politique, j'ai constaté que, dans ma circonscription, la question de l'immigration, du grand nombre de nouveaux arrivants, est relativement nouvelle. Nous ne vivions pas cela auparavant. Nous avions quelques nouveaux arrivants, surtout des travailleurs temporaires. Aujourd'hui, nous sommes bien contents et bien heureux de voir nos communautés s'enrichir. Les personnes qui arrivent chez nous, à Salaberry—Suroît, contribuent au développement de la région en s'y installant, en fondant une famille, en y travaillant et en partageant leur culture. Nous formons une grande famille. Pour nous, c'est quelque chose de relativement nouveau, surtout en comparaison avec Montréal ou d'autres grandes villes, comme Toronto ou Vancouver.
L'arrivée de tous ces gens chamboule un peu les choses. Comme le dit mon collègue de Lac‑Saint‑Jean, il n'y a pas eu de discussions ou de conversations entre les gouvernements provinciaux et fédéral dans le but de planifier l'immigration. Planifier l'immigration réussie, cela veut dire qu'il faut déterminer combien de personnes on veut accueillir et savoir quelle est notre capacité d'accueil.
J'ai le goût de raconter une petite histoire à mes collègues. Dans ma circonscription se trouve Huntingdon, une ville ouvrière ou industrielle, qui loge une grande entreprise où l'on transforme des patates douces en frites. Cette importante entreprise a dû avoir recours aux travailleurs temporaires pour être en mesure de faire fonctionner son usine. Je dois le dire, la Maison Russet et Les Fermes Valens sont des entreprises qui ont fait appel à de la main-d'œuvre étrangère et qui, surtout, se préoccupent de la qualité de l'accueil. Elles se disent que si elles accueillent bien les travailleurs étrangers ou temporaires qui veulent s'installer dans la communauté et qu'elles les accompagnent dans le processus migratoire, ces gens vont sentir qu'ils sont une partie intégrante de la communauté et ils vont avoir envie de rester à Huntingdon.
Puisque ma circonscription est une région rurale où l'immigration est assez nouvelle, on a discuté ensemble de l'enjeu de la francisation. À Huntingdon, il y a une polyvalente et deux écoles primaires, mais il y a peu de services de proximité. Comme cette arrivée massive n'avait pas été planifiée ou discutée, on s'est retrouvé sans classe de francisation, dans le secteur de l'usine qui employait beaucoup de travailleurs, pour accompagner ces derniers dans leur processus de francisation. Quand un problème survient, la marque de commerce de ma circonscription, c'est de se réunir pour essayer de trouver des solutions. Nous nous sommes donc réunis à plusieurs occasions et, finalement, nous nous sommes dit que la meilleure chose à faire était de mettre sur pied des services de francisation à proximité des lieux où les gens travaillent, et auxquels ils peuvent se rendre sans transport en commun. C'est un peu ça, le défi. Comme le gouvernement fédéral ne pense pas à la planification et a peu d'intérêt à réfléchir à la capacité d'accueil, les communautés ne sont pas organisées pour faire face au flot.
Nous nous sommes assis autour d'une table. Nous nous sommes dit que, si la polyvalente Arthur‑Pigeon ouvrait des classes le soir — les classes sont vides la plupart du temps le soir —, elle pourrait à la fin du quart de travail recevoir les travailleurs étrangers temporaires pour qu'ils puissent venir y apprendre le français. Nous avons pensé que cela prenait des professeurs, des locaux et de l'argent pour financer cela. Nous nous sommes rendu compte que notre institution scolaire n'avait pas prévu dans ses finances de développer en grand nombre les classes de francisation. Encore une fois, quand on parle d'immigration réussie, on parle surtout de discussions autour de la planification des seuils pour la capacité d'accueil.
Donc, nous avons réussi, en nous parlant et en faisant preuve d'innovation, à trouver des locaux, des professeurs et tout cela. Maintenant que nous sommes capables de faire la francisation grâce à notre travail d'équipe et que nous nous sommes parlé, nous nous sommes demandé ce que nous allions faire pour les autres services dont ces travailleurs et leurs familles ont besoin. Je parle de toute la question de prestation de services.
Est-ce qu'il y a un centre de la petite enfance près? Est-ce que les gens ont accès à un service de transport pour se rendre à ces services? C'est compliqué parce que nous travaillons en réaction à un phénomène que nous aurions pu planifier et examiner si, du côté du gouvernement, on avait pris cet enjeu au sérieux et, surtout, si on avait considéré les provinces comme des acteurs majeurs importants dans l'analyse de l'enjeu de la capacité d'accueil. On voit vraiment qu'il y a un manque de prévision du côté du gouvernement fédéral. On dit que les provinces manquent d'argent pour accueillir les immigrants, mais les premières victimes de ce manque de planification, ce sont les immigrants.
C'est pourquoi, au Bloc québécois, nous pensons que, pour vivre une immigration réussie, il faut que le gouvernement fédéral arrête de jouer aux grands patrons et de prendre toutes les décisions sans considérer les provinces, sans les mettre autour d'une table. Il doit accepter d'écouter et trouver des solutions. Le Bloc québécois, dans la motion qu'il présente aujourd'hui, propose une solution. La motion a été amendée avec des délais bien précis. Nous attendons du gouvernement de propositions bien concrètes pour mesurer la qualité de la capacité d'accueil respective des provinces et donc du Canada.
Je dis que les premières victimes du manque de planification sur la qualité de l'intégration ou la capacité d'accueil sont les immigrants. Je vais donner quelques statistiques. J'avais dit que je n'en donnerais pas, mais je ne peux pas m'empêcher de le faire.
Combien de temps est-ce que cela prend pour traiter une demande de résidence permanente, par exemple dans le cas de quelqu'un qui se présente à notre bureau et qui attend sa résidence permanente? Actuellement, cela prend 11 mois pour obtenir sa résidence permanente.
Combien est-ce que cela prend de temps pour faire un processus de réunification familiale? Cela prend 34 mois.
Combien de temps un réfugié ou un demandeur d'asile doit-il attendre avant de recevoir son permis de travail? Quand il arrive, il n'a pas de permis de travail et, tant qu'il n'a pas de permis, il ne peut pas travailler. La réponse, c'est que cela prend trop de temps.
Comme députée fédérale et comme députée de ma circonscription qui veut le meilleur pour les immigrants et qui veut le meilleur pour une immigration réussie, j'encourage tous mes collègues à la Chambre à soutenir la motion d'opposition du Bloc québécois, qui demande de revoir les cibles d'immigration dès 2024 après consultation avec le Québec, les provinces et les territoires, en fonction de la capacité d'accueil de chacun en matière de logements, de soins de santé, d'éducation, de francisation et d'infrastructures de transport, le tout pour la réussite véritable d'une immigration respectueuse des humains que nous voulons recevoir ici, au Québec.
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Monsieur le Président, j'ai le plaisir de partager aujourd'hui mon temps de parole avec la députée de .
J'aimerais remercier l'honorable député de son intérêt à l'égard du rôle des gouvernements fédéral et québécois dans l'établissement d'objectifs pour l'accueil de nouveaux résidents permanents au Canada. Lorsque nous parlons de politiques d'immigration, nous oublions souvent que ces décisions ont un effet réel sur la vie des individus ici, au Canada, mais aussi à l'étranger. Ces décisions ont une incidence sur des vies, aujourd'hui, et pour les générations à venir. Il est important que nous continuions à avoir ces conversations sur cette question très importante. Si on a déjà assisté à une cérémonie de citoyenneté, on connaît sûrement déjà tout le travail que doivent faire les résidents permanents pour devenir des citoyens. On a déjà vu la joie sur leur visage lorsqu'ils prêtent le serment de citoyenneté et continuent à construire leur vie avec leur famille au Canada.
Au cours des dernières années, le Canada a connu de nombreux changements, et l'immigration a pris une nouvelle importance. Le recensement de 2021 montre clairement que la population du Canada vieillit. L'immigration est désormais le principal moteur de la croissance démographique et de la stabilité de la main-d'œuvre. Beaucoup ne le réalisent pas, mais les jeunes familles, les étudiants et les travailleurs d'autres pays qui choisissent de venir ici sont essentiels à notre vie quotidienne et à la croissance de notre économie. Les Canadiens vivent plus longtemps et les familles ont moins d'enfants. Il y a 50 ans, le ratio entre les travailleurs et les retraités était de 7 pour 1. Beaucoup de choses ont changé depuis. Ce ratio est aujourd'hui de près de 3 pour 1. À cet égard, le Globe and Mail a récemment rapporté que le taux de fécondité du Canada atteindrait son niveau le plus bas en 2022. Si nous n'accueillons pas davantage de nouveaux arrivants, ce taux approchera les 2 pour 1 dans les décennies à venir. Cette évolution exercerait une pression supplémentaire sur nos infrastructures et nos programmes clés, tels que les soins de santé et l'éducation, et les exposerait à des risques excessifs.
Lorsque l'honorable a annoncé le dernier plan de niveaux d'immigration du Canada, il a déclaré que le gouvernement stabilisait les objectifs d'immigration à l'avenir afin de s'assurer que le logement et les services sociaux sont disponibles pour tous les Canadiens et les nouveaux arrivants. Ces niveaux d'immigration nous permettent d'attirer les compétences et les talents nécessaires pour combler les pénuries de main-d'œuvre et pour soutenir la prospérité économique du Canada, tout en aidant à réunir les familles et à rester un chef de file mondial en matière de réinstallation des réfugiés. Les niveaux d'immigration s'inscrivent dans le cadre d'une stratégie à long terme axée sur la croissance économique, la catégorie économique représentant environ 60 % des admissions de résidents permanents.
Selon Statistique Canada, au troisième trimestre de 2023, il y avait près de 180 000 postes vacants au Québec. Ce chiffre comprend plus de 44 000 postes vacants dans le secteur de la santé. En fait, la pénurie de main-d'œuvre dans le secteur manufacturier du Québec coûte 7 milliards de dollars à l'économie. Cet été, j'ai eu la chance de visiter le Québec à vélo. Partout où je regardais, je voyais des panneaux sur lesquels on pouvait lire « nous embauchons ». Je ne peux m'empêcher de me demander pourquoi le Bloc québécois a présenté cette motion qui demande essentiellement au gouvernement fédéral de réduire ses niveaux d'immigration, alors que les faits montrent que le Canada et le Québec font face à des pénuries de main-d'œuvre qui affectent les petites entreprises dans tout le pays. Sont-ils pour la stagnation économique?
Le gouvernement fédéral reconnaît la nécessité d'aligner nos niveaux d'immigration sur les besoins et la capacité d'accueil des nouveaux arrivants dans les communautés de tout le pays, y compris au Québec. Bien entendu, nous ne sommes pas parvenus à nos objectifs par hasard. Notre gouvernement a mené de vastes consultations sur le nombre de résidents permanents que le gouvernement du Canada devrait accueillir et sur l'équilibre entre les différentes catégories de nouveaux arrivants. Nous avons sollicité les points de vue et les priorités des partenaires fédéraux, des représentants régionaux, des provinces et des territoires, des communautés autochtones, des parties prenantes, ainsi que du grand public. Ces niveaux d'immigration permettront de fixer le rythme de la croissance économique et démographique du Canada tout en modérant ses effets sur des systèmes essentiels tels que les infrastructures et le logement.
Ils maximisent également les avantages économiques et sociaux de l'immigration qui seront ressentis dans toutes les régions du Canada, y compris dans les communautés francophones hors Québec. Dans ma circonscription, Milton, il y a une communauté francophone dynamique. Il y a de merveilleuses écoles de français et il y a une communauté francophone extraordinaire. J'aimerais donc prendre un moment pour saluer l'engagement de notre gouvernement à soutenir les communautés francophones à l'extérieur du Québec en augmentant l'immigration francophone hors Québec à 6 % de l'immigration totale en 2024, à 7 % en 2025 et à 8 % en 2026.
Le a aussi récemment annoncé une nouvelle politique d'immigration francophone qui attirera des travailleurs francophones talentueux du monde entier, ce qui contribuera au développement économique et culturel des communautés francophones en situation minoritaire. Par exemple, les changements récents apportés au programme Entrée express nous ont permis d'inviter plus de 1 500 travailleurs de métiers de l'étranger, y compris ceux qui peuvent aider à construire de nouvelles maisons dans tout le Canada afin d'atténuer les pressions sur notre système de logement.
Sous l'égide de l'Accord Canada‑Québec sur l'immigration, le Québec a des droits et des responsabilités quant au nombre d'immigrants destinés au Québec et à la sélection, l'accueil et l'intégration de ces immigrants. Le Canada établit le nombre annuel d'immigrants pour le pays en tenant compte du nombre d'immigrants que le Québec souhaite recevoir. Le Québec est lui seul responsable de la sélection des immigrants économiques et humanitaires au Québec. Il est lui seul responsable de l'application des critères de sélection fédéraux pour la réunification familiale. Quant au gouvernement fédéral, il est responsable de la sélection et de l'admission des demandes au titre de la catégorie « famille ».
Cela signifie que, pour la planification des niveaux futurs, nous élaborerons un plan plus intégré afin d'équilibrer l'immigration avec les besoins en matière de logement, de soins de santé et d'infrastructures entre les ministères fédéraux, et ce, tout en collaborant avec les provinces, les territoires et les municipalités.
En réalité, le potentiel d'un nouvel arrivant est bien plus grand que la somme de ses circonstances actuelles. Les avantages de l'immigration doivent être mesurés en termes de générations. Un enfant qui arrive au Canada aujourd'hui pourrait être l'inventeur, le leader, l'athlète, l'infirmière ou l'entrepreneur de demain, ou encore un bénévole qui soutient et inspire les immigrants qui arriveront après lui.
N'oublions pas ce que le gouvernement a dit plus tôt: nous avons besoin des nouveaux arrivants autant qu'ils ont besoin de nous et nos niveaux d'immigration actuels reflètent cette réalité. Le Canada restera un pays accueillant qui comprend les avantages de l'immigration et offre un refuge à ceux qui fuient les persécutions, la guerre et les bouleversements. Nous continuerons à bénéficier de la diversité et de l'ouverture de nos communautés. Ce ne sont là que quelques-unes des raisons pour lesquelles le Canada est l'une des meilleures destinations au monde pour les personnes de tous horizons.
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Monsieur le Président, c'est un grand plaisir de pouvoir fournir des informations à mes collègues sur la façon dont le gouvernement fédéral travaille avec ses partenaires provinciaux, territoriaux et municipaux pour accueillir et intégrer les nouveaux arrivants.
Nous savons tous que l'immigration est une des caractéristiques déterminantes du Canada. Nous sommes un pays très accueillant, où les nouveaux arrivants peuvent sentir qu'ils font partie intégrante d'une communauté. Nous sommes dans un pays où nous comprenons que l'immigration contribue à la croissance de notre économie et de notre diversité et à l'édification des communautés dans lesquelles nous vivons.
Bien que notre système d'immigration soit considéré comme étant de classe mondiale, nous sommes aussi conscients qu'avec près de 110 millions de personnes déplacées dans le monde, nous sommes confrontés à des crises migratoires mondiales. Le Canada n'est pas le seul à en ressentir les effets.
Nous continuons aussi à avoir une demande importante de nouveaux arrivants, en particulier pour des travailleurs qui apportent des compétences et des atouts nécessaires pour répondre aux besoins économiques de notre pays, qui sont en constante évolution, notamment dans les secteurs de la santé, de la construction et de la technologie.
Pour conserver notre position de chef de file mondial et pour continuer à attirer de nouveaux arrivants, le gouvernement fédéral reconnaît que nous devons planifier l'avenir de notre système afin qu'il soit efficace, résilient et novateur. Voilà pourquoi Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada a lancé l'initiative intitulée Un système d'immigration pour l'avenir du Canada, un examen stratégique de l'immigration qui a eu lieu entre février et mai de l'année dernière.
Cette initiative de consultation à grande échelle avait pour but d'examiner la façon dont les politiques et les programmes du Canada en matière d'immigration peuvent favoriser une vision commune pour l'avenir du Canada. Le ministre a travaillé en collaboration avec des partenaires, des intervenants et des Canadiens des quatre coins du pays pour répondre aux questions suivantes. À quoi ressemblent l'avenir et le système d'immigration pour l'avenir du Canada? Comment pouvons-nous répondre aux besoins des employeurs, qui évoluent rapidement? Comment pouvons-nous faire en sorte que les nouveaux arrivants au Canada puissent s'intégrer rapidement dans nos collectivités?
[Traduction]
Les commentaires fournis à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada par des partenaires, des intervenants et des Canadiens nous ont permis de préparer des mesures qui amélioreront le système d’immigration du Canada et qui seront mises en œuvre au moyen d’une approche pangouvernementale et d’une collaboration à l’échelle de la société. En plus de solliciter des commentaires dans toutes les régions du pays, nous avons organisé une séance approfondie avec des experts sur des enjeux clés comme le logement et la capacité d'attirer des gens possédant les compétences dont notre économie a besoin.
Les progrès dans ces secteurs auront une incidence inestimable sur l'amélioration et l'évolution de notre système d'immigration. Les conclusions ont révélé une voie à suivre fondée sur trois thèmes clés: améliorer l'accueil et l'intégration des nouveaux arrivants, mieux harmoniser nos objectifs en matière d'immigration avec les besoins du marché du travail canadien et, surtout, élaborer un vaste plan coordonné qui rassemble tous les ordres de gouvernement et tous les partenaires pour faire en sorte que nous offrions les services et les mesures d'aide dont les nouveaux arrivants ont réellement besoin.
[Français]
Afin d'améliorer l'accueil et l'intégration des nouveaux arrivants, nous travaillons à rendre nos systèmes plus adaptés aux besoins des demandeurs et plus faciles à utiliser. Des décisions prévisibles et claires seront rendues selon nos normes de service, ce qui permettra aux utilisateurs de faire des choix éclairés.
De plus, nous allons continuer à travailler avec les communautés et nos partenaires pour nous assurer que les services de soutien nécessaires pour attirer et garder les nouveaux arrivants dans ces communautés sont accessibles à tout le monde.
Nos plans des niveaux d'immigration sont un outil essentiel pour pallier les pénuries de main-d'œuvre. L'immigration demeure un outil important afin de nous assurer que nous avons suffisamment d'infirmiers et d'infirmières dans nos hôpitaux, que nous avons des travailleurs de métiers pour construire de nouvelles maisons et des travailleurs du secteur des technologies pour soutenir nos entreprises novatrices.
En reliant les stratégies sectorielles, fédérales et provinciales en ce qui concerne les besoins des travailleurs et des employeurs à nos priorités en matière d'immigration, nous contribuons non seulement à stimuler la croissance économique, mais nous nous dotons aussi d'un avantage concurrentiel à l'échelle mondiale.
IRCC a lancé une nouvelle politique en matière d'immigration francophone pour favoriser le développement économique et l'épanouissement des communautés francophones en milieu minoritaire partout au Canada, comme la mienne. Afin de renforcer la présence du français au Canada, nous avons aussi renouvelé et élargi l'Initiative des communautés francophones accueillantes et nous poursuivons la mise en œuvre du Plan d'action pour les langues officielles. Ces mesures contribueront à l'accroissement du poids démographique des communautés francophones partout au Canada.
L'immigration permet également de combler les pénuries de main-d'œuvre dans le secteur des soins de santé. Le 15 janvier, le a annoncé une série de mesures pour accélérer la reconnaissance des titres de compétences d'environ 6 600 professionnels de la santé formés à l'étranger.
[Traduction]
Nous savons que l’optimisation de notre système d’immigration n’est pas une tâche facile, mais le gouvernement fédéral est déterminé à continuer de travailler en harmonie avec les provinces, les territoires, les municipalités et tous les autres partenaires pour mettre en œuvre des solutions novatrices et durables qui bénéficieront à tous les Canadiens.
Le gouvernement fédéral est également déterminé à continuer de faire progresser le leadership humanitaire du Canada sur la scène mondiale, à protéger notre avantage concurrentiel en attirant les talents et les compétences dont notre économie a besoin et, surtout, à accueillir les nouveaux arrivants d'une manière qui justifie les décisions difficiles qu'ils ont prises pour changer leur vie en venant ici.
Grâce à cet examen de la stratégie, le gouvernement fédéral est maintenant mieux équipé non seulement pour répondre aux besoins des nouveaux arrivants dans les communautés qui les accueillent, mais aussi pour répondre aux besoins de la société canadienne dans son ensemble.
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Monsieur le Président, je souhaite d'abord indiquer que je partagerai mon temps de parole avec mon honorable collègue de .
Je suis très content d'intervenir aujourd'hui sur un sujet extrêmement important, dossier délicat si l'en est, et je dirais que le Bloc québécois a été pas mal le premier à soulever les limites de la capacité d'accueil quand on en est venu à parler des seuils d'immigration. À l'époque, comme on le sait, c'était un dossier délicat. Des gens nous ont traités de xénophobes. Ils ont dit que nous n'aimions pas les immigrants, que nous étions même racistes. Évidemment, ces épithètes étaient parfois collées aux Québécois dans l'ensemble.
Il est cependant nécessaire de faire un débat respectueux à la Chambre sur un sujet aussi important. Je sais que de faire un débat respectueux avec le , c'est aussi facile que d'attraper une mouche avec des baguettes. On va quand même essayer dans le futur. Je veux dire par là que le ministre comme tel n'a pas un comportement extrêmement honorable, même si on l'appelle « L'honorable ». Nous aimerions donc avoir un débat respectueux.
Nous sommes un peu passés pour des gens qui étaient à côté de la plaque alors que, dans le monde du multiculturalisme ou du Canada postnational, on faisait l'éloge d'une immigration massive. Nous avons dit qu'il fallait peut-être nous écouter et penser à la capacité d'accueil. Depuis ce temps, des économistes de la Banque Nationale, MM. Marion et Durocher, ont dit que la croissance démographique était trop élevée comparativement à la capacité d'absorption. Cela ressemble un peu à ce que nous disions, à savoir que la demande de logements était beaucoup plus forte que l'offre, qu'il y avait des pénuries.
Certaines personnes disent que la production d'un pays est ce qu'il y a de plus important — le PIB. Évidemment, s'il y a de plus en plus de gens qui occupent l'espace canadien, le PIB va augmenter. Est-ce qu'on est vraiment plus riche? Ce qui va être à l'image de la richesse d'un pays, d'un peuple, des individus qui composent cette nation, c'est le PIB par habitant. Or, le PIB par habitant stagne depuis six ans au Canada. On ne s'enrichit pas. Pourquoi? C'est parce que nos capacités de production ne sont pas assez élevées en termes de capital fixe pour justement faire en sorte que les nouveaux arrivants puissent amener une forte productivité. Nous sommes limités. Cela fait partie de la capacité d'accueil.
Pas longtemps après, la SCHL a dit qu'on manquait de logements, qu'il fallait en construire 3,5 millions d'ici 2030 à cause de l'immigration qui est extrêmement importante. La SCHL a dit que cela amenait des problèmes pour loger l'ensemble de la population. Quand on parle de l'offre et de la demande pour ce qui est des logements, on ne dit pas « la demande issue de ceci » ou « la demande issue de cela ». On dit « la demande », et la demande est la somme des gens qui veulent avoir un foyer, un logement. On ne commence pas à faire de la ségrégation. On n'a pas besoin d'avoir un doctorat en mathématiques pour comprendre que, plus il y a de gens qui arrivent au pays, plus la demande en matière de logement augmente. C'est tout de même une évidence. La pression à la hausse de la demande est donc soulignée, soulevée. Elle amène un problème qui fait en sorte que la crise du logement va être exacerbée.
Immédiatement après, la CIBC dit que la SCHL est déjà en retard dans les nouvelles et que ce sont 5 millions de logements qu'il va falloir bâtir d'ici 2030. C'est plus que le double de l'offre actuelle. L'Université de Waterloo en rajoute et dit que l'immigration amène une baisse de la richesse, une baisse du PIB par habitant. Ce n'est pas le Bloc québécois ni notre chef qui le dit, mais l'Université de Waterloo. Ensuite, la Banque TD en rajoute et dit que l'immigration amène une forte hausse de la demande et que, la Banque centrale ayant monté le taux d'intérêt, ce qui a conduit à une baisse de l'offre, on arrive à une pénurie de 500 000 logements en deux ans.
Ce n'est pas le Bloc qui le dit. Nous ne sommes pas des marionnettistes. Nous ne nous promenons pas avec des marionnettes un peu partout, avec des systèmes de poulies à l'emporte-pièce. Ce n'est pas nous qui le disons. C'est la Banque TD, la Banque Nationale, la SCHL, la CIBC. Finalement, la fonction publique de ce gouvernement a tapé sur l'épaule du gouvernement et lui a dit qu'avec sa politique d'immigration, il était en train d'aggraver la pénurie de logements. Qu'est-ce que le gouvernement a répondu à cela? Le a dit qu'ils allaient faire venir des immigrants et que ces derniers allaient construire eux-mêmes leur logement.
Sait-il que Bob le bricoleur est un dessin animé et que ça n'existe pas dans la réalité? Sait-il cela, avec sa petite capine? Ce n'est pas vrai. Ce n'est pas de même que ça marche. On ne peut pas arriver avec ses bonnes intentions et dire qu'on va construire son propre logement. Pour commencer, il faut un terrain, et, dans la région de Montréal, il n'y en a plus, car il y a ce qu'on appelle le zonage agricole. Il faut trouver un terrain, mais il n'en pleut pas. Dans ce cas, il faut peut-être aller plus loin. Dans mon coin, il y en a qui ont des terrains, mais ils n'ont plus d'eau potable. Il faut donc construire des infrastructures.
Qu'est-ce qu'il fait alors, Bob le bricoleur avec son uniforme et son coffre à outils, s'il n'y a pas d'eau potable? Il ne peut pas construire de logement. Il va peut-être être obligé d'aller le construire en dehors de la région de Montréal, mais, s'il veut travailler à Montréal, il a un problème de transport, d'infrastructures. Que va-t-il faire, embarquer sur une libellule? Il faut qu'il se rende.
Ce sont toutes des affaires que le et le gouvernement fédéral n'ont pas l'air de comprendre. Ce sont des idéologues. C'est ça, le problème. Ils n'ont pas les deux pieds dans la réalité. Ils n'ont aucune espèce d'idée de ce qu'est la capacité d'accueil.
Quand on parle de capacité d'accueil, le logement en fait partie. Oui, on peut jouer un peu sur l'offre, mais la demande en logement explose à cause de leurs politiques d'immigration. Aussi, ils ne gèrent ni la santé ni l'éducation. Ils n'éduquent ni ne soignent notre monde. Ils n'ont aucune espèce d'idée de ce que c'est. En ce qui a trait au français et à la francisation des immigrants, leurs politiques aggravent la situation au Québec. Pour que ces gens puissent s'intégrer; il faut qu'ils parlent français.
Ce sont là des réalités qu'ils ne connaissent pas au fédéral. Dans ce cas, ils devraient consulter les provinces et le Québec, mais non, ils ne consulteront pas. Ils ne peuvent pas consulter, ils savent tout. C'est Ottawa knows best. Comme ils savent tout, ils n'ont pas besoin de parler à personne. Or, quand c'est le temps de payer, ils ne paient pas. Ils font semblant d'être atteints de surdité sévère avec un visage approximatif. Ils sont surpris de devoir payer. Ils ont une dette de 470 millions de dollars parce que Québec accueille leurs demandeurs d'asile. Ce sont les leurs, parce que c'est leur responsabilité, mais ils ne remboursent pas leur dette.
Le banquier du ministre de l'Immigration doit être nerveux quand il le voit arriver, parce qu'il doit se dire qu'il ne paie peut-être pas ses dettes. Je ne le sais pas. Ce n'est pas de même qu'il va se faire un nom, lui ou le premier ministre. Il faut qu'il fasse attention.
J'ai des chiffres qui sont impressionnants. En 2023, juste pour l'éducation des immigrants qui sont arrivés, le Québec a été obligé de créer 1 150 classes d'accueil. C'est 50 écoles primaires à construire en un an. C'est ça, avoir des problèmes d’accueil. Ces gens doivent être accueillis comme ils le méritent pour avoir une vie heureuse, remplie de joie et de bonheur, qui leur permettra de s'épanouir.
La base de cette décision du gouvernement, c'est McKinsey. La députée de a demandé à M. Barton:
[V]ous avez dit tout à l'heure que vous étiez préoccupé par la question du français.
Dans l'Initiative du Siècle et dans les rapports du Conseil consultatif en matière de croissance économique, quelles sont les recommandations qui mettent de l'avant la protection, le développement et la valorisation du français au Québec et au Canada?
Voici la réponse de M. Barton, de la firme McKinsey:
Je crois que l'accent, au conseil consultatif sur la croissance, portait uniquement sur l'économie. On ne pensait pas au contexte social. On pensait à la productivité.
Depuis ce temps, les économistes ont prouvé que la productivité n'augmentait pas avec l'augmentation de l'immigration.
Sur ce, je laisse la Chambre avec cette réflexion. Nous avons une responsabilité. Nous devons être humanistes envers les gens qui arrivent ici. Nous avons un devoir et une responsabilité. Il faut les accueillir intelligemment. Pour ce faire, il faut avoir la capacité d'accueil nécessaire pour cela.
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Monsieur le Président, c'est toujours un peu intimidant de prendre la parole après mon leader. Je vais essayer de ne pas le décevoir afin que je puisse encore avoir accès à son bureau quand je veux aller lui voler des amandes.
C'est moi qui avais pris la parole en premier à l'automne quand nous avons tenu un débat relativement similaire sur la question des seuils d'immigration et de la capacité d'accueil du Québec et des provinces. Étant la première, j'avais ouvert mon discours avec un souhait, celui d'entendre par la suite des discours dans lesquels on proposerait des arguments plutôt que des discours comportant des attaques faciles et des insultes. J'avais même proposé quelques épithètes que j'espérais ne pas entendre au courant de la journée, soit les mots « raciste », « xénophobe » et « anti-immigration ». Force est de constater que depuis octobre, malheureusement, mon vœu pieux s'est limité à être une voix dans le désert, parce que le discours sur une question aussi importante et sensible n'a pas reçu cet accueil, notamment du gouvernement, mais particulièrement de son . Nous aurions souhaité un accueil important.
Ce matin, le député de , le chef du Bloc québécois, a utilisé une expression que j'avais moi-même utilisée, à savoir que l'insulte est l'argument de ceux qui n'en ont aucun. Je cherche encore ce que sont les arguments du côté du gouvernement pour s'opposer au contenu de notre motion que je trouve particulièrement posée, équilibrée, raisonnable et axée sur quelque chose d'important, soit l'immigrant lui-même. Notre motion est axée sur la capacité qu'on a de bien l'accueillir, de bien l'intégrer et d'assumer cette responsabilité qu'on a automatiquement à partir du moment où on dit « bienvenue ».
Depuis le mois d'octobre, il n'y a pas juste la voix du Bloc québécois qui s'est fait entendre. Mon collègue le député de en a un peu parlé et moi aussi je souhaite le faire. Il y a aussi Toronto qui a tiré la sonnette d'alarme en disant que sa capacité d'accueil est de loin dépassée, que les organismes communautaires ne savent plus où donner de la tête, que les refuges sont pleins et qu'on n'a pas le financement nécessaire pour bien accueillir les gens. Tout d'un coup, on dirait que ça attire un peu plus l'attention du gouvernement, parce que, quand c'est Québec qui parle, on peut faire la sourde oreille. Quand c'est Toronto, c'est un peu plus fatigant.
Mon collègue de La Prairie a aussi mentionné les banques. Ces dernières ne sont généralement pas les premières à dire qu'il faudrait peut-être reconsidérer ce qu'on fait avec l'immigration et revoir les seuils. Les milieux économiques sont généralement pro-immigration massive. Or ils ont commencé à dire que trop d'immigration, sans tenir compte de la capacité d'accueil, peut avoir une incidence. Ils ont commencé à s'inquiéter des effets néfastes d'un influx trop rapide d'une immigration qui ne serait pas contrôlée et qui viendrait mettre une pression sur plusieurs secteurs. Ils ont principalement nommé le logement et c'est ce dont on entend parler beaucoup présentement, mais il y a également l'ensemble des services publics et la qualité de ceux-ci.
Des universitaires ont aussi commencé à parler d'immigration et de capacité d'accueil. Entre autres, Brahim Boudarbat de l'École de relations industrielles de l'Université de Montréal disait que, lorsque la population augmente, peu importe que ça vienne de la natalité, de l'immigration permanente ou de l'immigration temporaire, la pression sur les services et les infrastructures augmente en conséquence. Il disait que les augmentations brusques et fortes réduisent le temps nécessaire pour s'ajuster et, par conséquent, engendrent des problèmes sur le plan du logement, des garderies et des hôpitaux, comme on est en train de le constater. En outre, la rapidité de l'augmentation ne permet pas qu'on s'ajuste en temps réel et offrir des services adéquats et adaptés aux gens qu'on accueille.
Comme mon collègue le mentionnait aussi, la SCHL a commencé à dire qu'on a un problème avec le nombre de logements. D'ici 2030, c'est environ 3,5 millions de logements qu'il faudrait en fonction du scénario de base d'augmentation des seuils que le gouvernement anticipe. Je comprends que c'est même encore davantage. Or, on ne fait pas apparaître 3,5 millions de logements du jour au lendemain. Cela prend du temps.
Je vais me permettre de faire un petit rappel. Le Bloc n'a jamais tenu le discours selon lequel la crise du logement est causée par les nouveaux arrivants et nous ne le tiendrons jamais. Les nouveaux arrivants en sont une des nombreuses victimes, mais ils n'en sont pas la cause, pas plus qu'ils ne sont la cause du manque de classes pour les enfants, pas plus qu'ils ne sont la cause de la lenteur des services de santé dans certains cas. Ils en sont des victimes.
Si on n'est pas responsable pour ce qui est de la gestion des seuils, on est utlimement responsable des résultats, à savoir une dépréciation de la qualité des services pour l'ensemble de la population et, principalement, pour les plus vulnérables, soit les immigrants.
Plus récemment, hier ou aujourd'hui, d'autres gens ont ajouté leurs voix concernant les questions de l'immigration, des seuils, de la capacité d'accueil et de l'intégration. Il s'agit des gens de la population générale. Les Canadiens et les Québécois, par la voix d'un sondage, ont passé le message qu'il y a vraiment des problèmes en lien avec la capacité d'accueil. Le sondage Léger mentionne l'échec de l'intégration, mais il faut quand même tempérer la façon dont on présente ce discours. On a parfois tendance à dire que c'est simplement un discours anti-immigration. Pourtant, une donnée ressort des sondages: les Québécois reconnaissent beaucoup plus que les habitants du Canada les bienfaits de l'immigration, notamment en ce qui concerne l'économie, la main-d'œuvre et le vieillissement de la population. Cela a fait dire à Jean‑Marc Léger que le fait que les Québécois désirent qu'on revoie les seuils d'immigration, ce n'est pas parce qu'ils sont anti-immigration. Au contraire, c'est parce qu'ils veulent que les services qu'on offre à ces gens soient meilleurs. Ils veulent des solutions pour les gens que nous accueillons.
Bref, tout ce beau monde, soit les banques, la mairesse de Toronto, la Société canadienne d'hypothèques et de logement, les universitaires et la population générale, a commencé à tenir un discours à peu près similaire à celui du Bloc. Ça fait pas mal de monde que le peut insulter plutôt que développer un argumentaire. Je me permets d'espérer que, plus le temps va avancer, plus il va se calmer et proposer de vraies réponses.
Je parlais du logement, mais ce n'est pas le seul élément en lien avec la capacité d'accueil. C'est la raison pour laquelle il faut tenir une discussion plus large, pour savoir ce que nous pouvons faire pour améliorer notre capacité d'accueil. Cela touche à des questions comme la langue, un aspect essentiel au Québec et un aspect névralgique pour la capacité d'intégration.
Nous pouvons aussi parler des infrastructures. C'est bien beau de vouloir construire des logements, mais, s'il n'y a pas de zonages qui le permettent, s'il n'y a pas de nappe phréatique ou s'il n'y a pas suffisamment d'accès à des infrastructures d'eau potable et à des infrastructures sanitaires, on ne peut pas construire de nouveaux logements. Certaines villes n'ont plus de terrains sur lesquels construire de nouveaux logements. Il faut avoir cette réflexion avec différents acteurs du milieu.
Concernant la santé et l'éducation, même si on construisait des hôpitaux et des écoles, il faut qu'il y ait des professeurs et des professionnels de la santé. D'ailleurs, cela prend des gens qui sont beaucoup plus spécialisés en immigration, notamment en ce qui concerne les demandeurs d'asile. Dans le cas d'enfants, ceux qui arrivent au Canada ont parfois avec des besoins plus particuliers en orthopédagogie ou en travail social. Malheureusement, ils arrivent souvent avec des traumatismes qu'on doit gérer de façon beaucoup plus adaptée. Il faut donc qu'il y ait des professionnels.
Cela va au-delà de la question financière. Ce serait déjà bien si le gouvernement fédéral remboursait les 470 millions de dollars qu'il doit au Québec, mais cela ne règlera pas tout. En effet, ce n'est pas en faisant pleuvoir de l'argent que nous allons faire apparaître des professionnels de la santé, des logements et des capacités de francisation. Il s'agit d'une discussion qu'on doit avoir avec les différents acteurs, mais nous ne l'avons pas eue. Malgré la position unanime qu'il y a eu à l'automne sur la motion du Bloc québécois, le lendemain, le ministre annonçait des nouveaux seuils qui n'avaient visiblement pas été discutés avec les provinces et le Québec, sans qu'on sache d'où ça vient.
C'est pour ça que nous proposons cette motion avec une demande précise: qu'une consultation soit organisée, dans les 100 jours, avec les homologues des provinces et du Québec. Nous demandons aussi que, dans ce même délai, le gouvernement présente un plan précis et donne des réponses exactes pour justifier les seuils qu'il va établir, dont les discussions ayant permis d'arriver à un nombre X, Y ou Z. Cela permettra d'avoir une preuve concrète, cette fois, que le vote du gouvernement en faveur de notre motion, le cas échéant, ne sera pas qu'un simple « cause toujours, je ferai la sourde oreille peu importe mon vote ».
Comme je le mentionnais d'entrée de jeu, les premières personnes visées par le débat sont celles qui sont les plus vulnérables et qu'on souhaite accueillir. Même si j'ai plus ou moins confiance qu'il va se réaliser, je réitère le vœu que j'ai fait la dernière fois: il faut qu'on puisse tenir ce débat de façon saine, collaborative et globale avec l'ensemble des acteurs plutôt que de se perdre dans une litanie d'insultes qui ne servent absolument à rien et qui ne servent certainement pas la cause de ceux que la motion vise, c'est-à-dire les nouveaux arrivants.
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Monsieur le Président, je vous indique que je partagerai mon temps de parole avec le député de .
Je suis heureux de prendre la parole aujourd'hui pour discuter du système d'immigration au Canada en ce qui concerne les demandes d'asile.
Comme nous en sommes tous conscients, le monde entier continue de faire face à une crise migratoire sans précédent. Le Canada n'est pas le seul pays à accueillir un nombre important de personnes qui fuient la violence, la guerre et la persécution dans leur pays pour chercher refuge à nos frontières.
Le Canada s'est engagé par le truchement de la législation nationale et des conventions internationales à fournir un soutien aux personnes qui présentent une demande d'asile.
Le gouvernement fédéral respecte ses obligations juridiques et humanitaires et nous continuons à fournir un soutien à un niveau qui reflète les conséquences continues des demandes d'asile partout au pays.
Notre gouvernement continue de travailler avec nos partenaires provinciaux, territoriaux et municipaux pour déterminer comment nous pouvons mieux les soutenir et les soutenir le plus efficacement possible. À cet égard, nous avons mis des ressources supplémentaires à leur disposition. Alors que les provinces et les municipalités sont responsables du logement et du soutien aux demandeurs d'asile, nous reconnaissons la nécessité pour le gouvernement fédéral de jouer un rôle et pour tous les ordres de gouvernement de continuer à travailler ensemble pour trouver des solutions. Nous avons été présents tout au long du processus et nous continuerons de l'être.
Depuis son établissement en 2017, le Programme d'aide au logement provisoire, ou PALP, du gouvernement fédéral fournit des fonds aux gouvernements provinciaux et aux administrations municipales sur la base d'un partage des coûts afin d'atténuer les pressions en matière de logement et pour augmenter la capacité à mieux répondre au nombre accru de demandes d'asile. Le PALP rembourse les dépenses directes de logement telles que les refuges, les chambres d'hôtel ou d'autres arrangements de logement provisoire, les opérations de triage et de transport, ainsi que les coûts indirects tels que les repas. Les montants par zone de responsabilité sont fixés à la suite du dépôt des demandes de remboursement et alloués en fonction de l'enveloppe disponible.
À ce jour, le gouvernement fédéral a fourni aux provinces et aux municipalités près de 750 millions de dollars dans le cadre du PALP pour les aider à atténuer les pressions exercées sur le logement liées aux demandeurs d'asile. Depuis 2017, notre gouvernement a fourni près de la moitié de tous les fonds du PALP à la province de Québec pour soutenir les besoins accrus de logements pour les demandeurs d'asile.
Le gouvernement du Canada est déterminé à continuer à collaborer harmonieusement avec les provinces et les municipalités pour mettre en œuvre des solutions de logements permanents. C'est pourquoi, en juillet dernier, le gouvernement a lancé un financement supplémentaire de 212 millions de dollars par le truchement du PALP et une prolongation du Programme en réponse à l'augmentation de nombreux demandeurs d'asile.
La semaine dernière, mon collègue, le a annoncé un autre financement supplémentaire de 362,4 millions de dollars au programme. En tout, une somme totale de 150 millions de dollars a été accordée au Québec sous le PALP au cours de cette année financière. Ce nouveau financement permettra aux provinces et aux municipalités qui font face à une demande accrue de places dans les centres d'hébergement de mieux répondre à la demande. Cela contribuera à éviter que les demandeurs d'asile se retrouvent sans abri.
J'aurais voulu parler du programme Vers un chez-soi: la stratégie canadienne de lutte contre l'itinérance du gouvernement fédéral, mais je vois que mon temps de parole est écoulé.