:
Madame la Présidente, comme je l’ai mentionné, c’est un honneur pour moi de prendre la parole aujourd’hui au sujet du projet de loi , sous sa forme amendée par nos collègues de l’autre endroit.
Tout d’abord, vu notre volonté constante de parfaire les politiques et les lois pour améliorer le sort familles au Canada et, dans ce cas-ci, de parfaire une mesure législative d'une telle importance, je tiens à souligner les recommandations formulées par le Sénat et l'excellent travail qu’il a effectué. Je tiens en particulier à remercier la marraine du projet de loi au Sénat, qui n'a ménagé aucun effort pour qu’il soit adopté, ainsi que le représentant du gouvernement au Sénat, qui a assuré la liaison avec les sénateurs tout au long de l’étude du projet de loi, et enfin le sénateur du Nouveau-Brunswick, qui a présenté cet amendement pour défendre résolument les intérêts de sa région et des gens qui y vivent.
Pour mieux comprendre l’amendement, il serait utile que je récapitule à l’intention des députés le travail important que le projet de loi consacrerait dans la loi.
Premièrement, une fois adoptée, cette mesure législative historique confirmerait le rôle du gouvernement fédéral en tant que partenaire au long cours dans les domaines de l'éducation préscolaire et de la garde d'enfants. Elle consacrerait dans la loi la vision fédérale d'un système à l'échelle du Canada et les principes qui le régissent, un système qui donne aux familles, où qu’elles vivent au Canada, accès à des programmes et à des services abordables, inclusifs et de haute qualité.
[Français]
C'est sans oublier que, dans ce contexte, cela représenterait également l'engagement à maintenir un financement fédéral à long terme en faveur de l'apprentissage et de la garde des jeunes enfants.
Deuxièmement, cette mesure législative augmenterait la responsabilité du Parlement quant aux progrès réalisés pour créer un système d'apprentissage et de garde des jeunes enfants à l'échelle du Canada.
[Traduction]
Enfin, le projet de loi édicterait le Conseil consultatif national sur l’apprentissage et la garde des jeunes enfants.
Comme c'est un projet de loi très ambitieux, je vais en présenter les divers éléments. Parlons d'abord des principes clés que le projet de loi entend soutenir: l'abordabilité, la qualité, l'accès et l'inclusion. Qu'est-ce qu'un investissement durable du fédéral apporterait pour chacun de ces principes?
En matière d'abordabilité, cela signifie que le gouvernement peut continuer de poursuivre son objectif de rendre les frais de garderie plus abordables en ramenant le coût des places en garderie réglementées à 10 $ par jour en moyenne d'ici mars 2026 et en s'assurant qu'il demeure abordable pour des années à venir.
[Français]
Cela signifie que les parents, normalement les mères, peuvent se permettre de retourner sur le marché du travail ou à l'école et d'atteindre leur plein potentiel économique. Non seulement cela soutient les familles, mais cela contribue également à bâtir une économie forte et une meilleure égalité des genres. Cela signifie que les enfants de toutes les familles, peu importe leur revenu, peuvent avoir le meilleur départ possible dans la vie, parce qu'ils pourront bénéficier de programmes et de services de garde de grande qualité.
[Traduction]
Pour offrir des services de qualité, il faut que les investissements fédéraux dans les services d'éducation préscolaire et de garde d'enfants favorisent le développement social, émotionnel, physique et cognitif des jeunes enfants. Cela mène à des résultats positifs pour la réussite scolaire future des enfants et à des résultats positifs considérables et durables tout au long de la vie d'une personne.
Cela exige d'investir continuellement dans le personnel des garderies. Ces éducateurs hautement qualifiés contribuent à façonner nos futurs dirigeants. Un soutien accru et de meilleures conditions de travail pour les éducateurs de la petite enfance favoriseront le recrutement et le maintien en poste.
En ce qui concerne le principe d'accessibilité des services d'éducation préscolaire et de garde d'enfants, il exige de maintenir les importants partenariats avec les partenaires provinciaux, territoriaux et autochtones, et d'assurer l'accessibilité des services de garde, peu importe le lieu de résidence des familles, pour les générations à venir.
Cela m'amène au dernier principe, l'inclusivité, car lorsque nous parlons d'inclure « tous les enfants », nous voulons vraiment dire tous les enfants, y compris ceux des collectivités rurales et éloignées, des groupes systématiquement marginalisés, des communautés noires et racialisées et des familles à faible revenu, ainsi que les enfants handicapés ou qui ont besoin d'un soutien accru ou personnalisé.
[Français]
Évidemment, il y a aussi les enfants des communautés francophones et anglophones en situation minoritaire.
[Traduction]
Cela s'ajoute aux investissements fédéraux visant expressément à soutenir les services d’apprentissage et de garde des jeunes enfants autochtones.
Il est important de souligner que le projet de loi reconnaît que les familles et les enfants inuits, métis ou issus des Premières Nations reçoivent un meilleur soutien lorsque les services et programmes d’apprentissage et de garde des jeunes enfants sont dirigés par des Autochtones. En outre, il renforce l'engagement du gouvernement du Canada à travailler en collaboration avec les Autochtones pour mettre sur pied et maintenir des systèmes d’apprentissage et de garde des jeunes enfants fondés sur les connaissances, la culture et les langues autochtones et guidés par le Cadre d’apprentissage et de garde des jeunes enfants autochtones, qui a été élaboré conjointement avec eux.
[Français]
Voici un autre grand objectif de ce projet de loi: la reddition de comptes. Ces investissements fédéraux sont considérables. La reddition de comptes et la transparence sont des principes essentiels pour assurer la bonne gestion des fonds publics.
C’est pourquoi ce projet de loi exige que la ministre de la Famille, des enfants et du Développement social présente au Parlement un rapport annuel sur les progrès du système d’apprentissage et de garde des jeunes enfants partout au Canada.
[Traduction]
Un long chemin nous attend alors que nous travaillerons avec nos partenaires provinciaux, territoriaux et autochtones à la mise en place de ce système pancanadien. Les familles, les exploitants et les autres parties prenantes du secteur de l'apprentissage et de la garde des jeunes enfants doivent et continueront de devoir composer avec toute une série de problèmes et de défis. Voilà pourquoi le Conseil consultatif national sur l'apprentissage et la garde des jeunes enfants est si important. Il s'agit d'un forum essentiel qui nous permettra d'entendre les points de vue du secteur en vue de la mise en œuvre de ce système, et ses membres fourniront les conseils d'experts nécessaires à son amélioration continue.
[Français]
Le gouvernement du Canada reconnaît les réussites des partenaires provinciaux, territoriaux et autochtones. Ce sont eux les responsables de la conception et de la mise en œuvre des services de garde d’enfants sur leur territoire respectif. Ce sont eux qui sont les mieux placés pour déterminer leurs propres priorités.
Cela dit, de toute évidence, les provinces, les territoires et les organisations autochtones bénéficient d’une projection accrue et de l’assurance d’un engagement fédéral à long terme en faveur de l’apprentissage et de la garde des jeunes enfants.
[Traduction]
Depuis la dernière fois que nous avons étudié ce projet de loi, nos collègues de l'autre Chambre en ont amendé l'article 8. Pour paraphraser la version amendée, le projet de loi reconnaîtrait l'engagement du gouvernement à fournir un financement à long terme pour les programmes d’éducation préscolaire et de garde d’enfants partout au pays, y compris pour les Autochtones et les communautés de langue officielle en situation minoritaire. La version amendée du projet de loi reconnaît toujours que le financement fédéral serait principalement fourni au moyen d'ententes conclues avec les provinces, les territoires, les corps dirigeants autochtones et d'autres entités autochtones.
C'est grâce aux efforts de nos collègues de l'autre Chambre que nous sommes saisis de ce projet de loi amendé qui souligne l'engagement à l'égard du financement à long terme des programmes et des services d’éducation préscolaire et de garde d’enfants, y compris pour les communautés de langue officielle en situation minoritaire.
[Français]
J’aimerais remercier nos honorables collègues de l’autre Chambre de leurs efforts visant à renforcer cette mesure législative.
[Traduction]
Je tiens à réitérer l'engagement du gouvernement à soutenir et à maintenir la dualité linguistique du Canada. Nous continuerons de travailler avec les provinces et les territoires pour veiller à ce que les services de garde répondent pleinement aux besoins de tous les enfants, y compris ceux des communautés de langue officielle en situation minoritaire.
Je vois que mon temps de parole est écoulé. Je répondrai avec plaisir aux questions.
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Madame la Présidente, aujourd'hui, alors que nous discutons de l'amendement fait par le Sénat au projet de loi , j'aimerais attirer l'attention de mes collègues, et bien sûr de tous les Canadiens et les Canadiennes, sur le fait que ce projet de loi est une mesure législative significative et véritablement historique.
Il s'agit de la concrétisation de l'engagement du gouvernement fédéral à l'endroit des familles de tout le pays. C'est une mesure législative qui inscrirait dans la loi tout ce travail qui est en cours pour instaurer un système d'apprentissage et de garde des jeunes enfants à l'échelle du Canada; un système abordable, accessible, inclusif et de grande qualité; un système dans lequel les familles de partout au Canada, quel que soit leur lieu de résidence, ont accès à des programmes et à des services abordables, inclusifs et de grande qualité.
Nous n'en sommes pas là aujourd'hui par pur hasard. Il y a plus de 50 ans, la Commission royale d'enquête sur la situation de la femme au Canada déposait son rapport au Parlement. Ce rapport réclamait déjà à l'époque des services de garde d'enfants abordables et accessibles à ceux qui en ont besoin.
Il aura fallu le plaidoyer de deux générations de femmes et d'alliés pour contribuer à faire de ces recommandations une réalité. C'est grâce à la résilience des familles et des experts et des expertes dans le domaine que l'histoire a été écrite. Je ne parle pas seulement de garde d'enfants.
Nous avons devant nous un amendement du Sénat qui touche également la question des communautés de langue officielle en situation minoritaire. Cela me ramène à l'historique de la question de la dualité linguistique canadienne, telle qu'elle est inscrite dans Loi sur les langues officielles, qui est le produit des travaux de la Commission royale sur le bilinguisme et le biculturalisme.
C'est grâce à plusieurs efforts de sensibilisation et davantage de revendications que les droits linguistiques ont été inscrits dans la Constitution canadienne en 1982. C'est donc un projet de loi encore plus fort que nous avons devant nous, grâce aux efforts de nos honorables collègues du Sénat. Je tiens d'ailleurs à remercier l'honorable sénateur du Nouveau‑Brunswick, qui a proposé cet amendement, ainsi que tous nos autres collègues de l'autre Chambre pour leur étude de cette importante mesure législative et pour les efforts qu'ils ont déployés pour la renforcer.
L'amendement dont nous sommes saisis aujourd'hui concerne l'article 8; il s'agit de la clause de financement. Dans cet article, on demande que « le gouvernement du Canada s'engage à maintenir le financement à long terme des programmes et services d'apprentissage et de garde des jeunes enfants, » y compris les programmes et les services d'apprentissage et de garde des jeunes enfants « destinés aux peuples autochtones, » et, tel qu'amendé, « aux communautés de langue officielle en situation minoritaire ».
Ensuite, cet article reconnaît le fait que le financement continuera d'être fourni principalement au moyen « d'accords avec les gouvernements provinciaux et les corps dirigeants autochtones et autres entités autochtones qui représentent les intérêts d'un groupe autochtone et de ses membres. »
Cet amendement souligne le travail déjà en cours avec nos partenaires provinciaux, territoriaux et autochtones pour bâtir un système d'apprentissage et de garde des jeunes enfants de haute qualité, adapté à la culture et accessible à tous les enfants du Canada. Nous avons signé des ententes avec chaque province et chaque territoire dans le cadre de la mise en œuvre d'un système à l'échelle du Canada. Cela comprend aussi le Québec, qui a toutefois une entente asymétrique, puisqu'il a déjà mis en place il y a longtemps un système de garde d'enfants abordable.
Dans chacune des ententes, chaque gouvernement, à l'exception de celui du Québec, s'engage à prendre en considération les besoins des communautés de langue officielle en situation minoritaire. Voici quelques exemples de ce à quoi cela ressemble en réalité.
Dans le plan d'action de l'accord avec la Colombie‑Britannique, la province s'engage à continuer de travailler en partenariat avec le programme des Affaires francophones de la Colombie‑Britannique et les représentants de la communauté francophone. Ensemble, ils doivent voir aux besoins des jeunes enfants des familles francophones de la Colombie‑Britannique. Ils doivent aussi veiller à ce que le soutien à la main-d'œuvre tienne compte des besoins des éducateurs francophones.
Du côté de l'accord avec le Nouveau‑Brunswick, la province souligne que les centres d'apprentissage de la petite enfance francophones doivent suivre les lignes directrices de la province en matière d'acquisition linguistique et d'identité culturelle. L'objectif est d'aider à protéger et à promouvoir la langue et la culture francophone et acadienne.
Du côté du Yukon, le plan d'action prévoit une priorité de 1 million de dollars, au cours des deux premières années, pour la création d'espaces pour les Premières Nations, les garderies à but non lucratif de langue française et d'autres programmes à but non lucratif. Le plan d'action met également en lumière les trois programmes de français langue première du Yukon, ainsi que son engagement à soutenir l'expansion des places en garderie dans la langue de la minorité.
Dans un système de garde d'enfants à l'échelle nationale, les services de garde culturellement adaptés sont primordiaux. Les enfants de tous les milieux doivent avoir accès à de tels services. Pour les communautés autochtones, cela peut prendre plusieurs formes. Par exemple, cela peut passer par la transmission de savoirs et d'apprentissages traditionnels ou encore par la préservation des langues autochtones. C'est selon les priorités autochtones.
L'apprentissage et la garde des jeunes enfants contribuent à produire des résultats positifs durables et de grande envergure tout au long de la vie d'une personne. Cela est particulièrement vrai pour les enfants et les familles autochtones, dont l'accès à des services d'apprentissage et de garde d'enfants dirigés par des Autochtones et culturellement pertinents est crucial pour créer les bases de l'identité culturelle, du sentiment de valeur et de la réussite future d'un enfant. Pour les communautés de langue officielle en situation minoritaire, il s'agit de veiller à ce que les enfants aient accès à des services de garde dans la langue officielle de leur choix. Ainsi, on favorise la transmission linguistique et la construction de l'identité.
Maintenant, je m'en voudrais de ne pas mentionner qu'au-delà des accords, en matière d'apprentissage et de garde des jeunes enfants, le gouvernement du Canada investit de manière considérable dans les langues officielles. Le Plan d'action pour les langues officielles 2023‑2028 porte notre investissement total dans les langues officielles à 4,1 milliards de dollars sur cinq ans. Il s'agit du plus gros investissement dans les langues officielles jamais réalisé par un gouvernement canadien dans l'histoire du pays. Encore une fois, c'est historique.
Le plan d'action actuel s'appuie sur les réussites antérieures grâce au programme de soutien au développement de la petite enfance. Ce plan s'engage à réaliser de nouveaux investissements dans l'apprentissage et la garde des jeunes enfants. Premièrement, 50 millions de dollars sont investis pour créer un réseau d'intervenants en petite enfance. Ce réseau va faciliter la coordination entre les différents secteurs pour mettre en œuvre des initiatives spécifiques aux communautés francophones minoritaires partout au Canada. Deuxièmement, un financement de 14,2 millions de dollars permettra de poursuivre le développement de programmes de formation continue et spécialisée. L'objectif est de répondre aux défis auxquels est confronté le secteur de la petite enfance dans les communautés de langue officielle en situation minoritaire. Il est entre autres question ici de renforcer les compétences des éducateurs, tout cela en favorisant l'accès à des services de garde de qualité pour les enfants et leur famille dans ces communautés.
Je veux aussi souligner que la mise en œuvre de ce système n'est pas simple. C'est pourquoi le Conseil consultatif national sur l'apprentissage et la garde des jeunes enfants, qui sera entériné comme organe statutaire par le truchement du projet de loi, est important. Il sert de forum pour entendre les personnes concernées dans le secteur, et ses membres fournissent les conseils d'experts nécessaires à une amélioration continue. Le projet de loi ferait du Conseil un organe statutaire, à l'instar du Conseil consultatif national sur la pauvreté et du Conseil national du logement. Le Conseil reflète la diversité de la société canadienne, y compris la dualité linguistique du Canada.
Il est clair que le gouvernement du Canada travaille fort pour soutenir toutes les communautés et soutenir le bilinguisme au Canada. Je pense qu'il est aussi très clair que le projet de loi C‑35 est primordial. J'attends avec impatience le moment où nous célébrerons la sanction royale de ce projet de loi historique.
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Madame la Présidente, j'ai hâte d'entendre ce que mon collègue a à dire là-dessus. Je vais parler des amendements.
Si on revient à la façon dont le programme a été déployé, les libéraux se plaisent à dire qu'il est transformationnel. C'est tout à fait vrai. Le nombre d'enfants sur les listes d'attente des garderies couvertes par le programme a explosé. La croissance des garderies est insuffisante pour répondre à la demande. Les activités des garderies ne sont pas rentables. Il y a un parti pris contre les garderies dirigées par des entrepreneurs, et certains demandent ouvertement qu'on les fasse graduellement disparaître, ce qui rendrait l'accès encore plus difficile. Les personnes qui ont le plus besoin de services de garderie abordables n'arrivent pas à en obtenir. Le programme n'est pas équitable. Ce n'est pas l'enfant qui est la priorité dans cette entente, c'est l'idéologie.
Les parents n'ont pas de choix. Les enfants qui ont des besoins spéciaux, qui sont de plus en plus nombreux avec l'augmentation des cas de neurodivergence, n'obtiennent pas l'aide dont ils ont besoin dans le cadre de cette entente. L'accès aux services de garderie a diminué, ce qui signifie que, au lieu de soutenir le renforcement socioéconomique des femmes, le programme réduit le nombre de choix auxquels elles ont accès et, oui, j'ai les données pour le prouver. On s'arrange pour faire porter le blâme aux provinces alors qu'elles ont été contraintes de signer un contrat avec le fédéral qui leur est défavorable.
Décortiquons tout cela. En fait, il est plutôt facile de décortiquer le tout, puisque nous n'avons qu'à prendre le téléphone et répondre aux appels qui ont été, j’en suis sûre, nombreux dans les bureaux de circonscription de partout au pays. Commençons par quelques brèves statistiques sur ce qui s'est passé.
On sait que 77 % des parents à revenu élevé ont accès à des services de garde, contrairement à 41 % des familles à faible revenu. Voilà les chiffres actuels. En quoi est-ce équitable? Ne devrait-on pas offrir le service aux gens qui en ont le plus besoin?
Le taux de participation des femmes au marché du travail était de 61,5 % en septembre 2023, comparativement à un sommet de 61,7 % en 2015. Le nombre de femmes sur le marché du travail est en baisse et non en hausse. Le taux d'emploi des jeunes femmes est en forte baisse depuis février 2023, avec une baisse cumulative de 4,2 % au cours de cette période. C'est le taux le plus bas depuis mai 2000, si on exclut la pandémie.
Le nombre d'enfants de moins de cinq ans en garderie a diminué de 118 000 entre 2019 et 2023, ce qui représente une diminution de 8,5 % à l'échelle nationale. En 2023, 46,4 % des parents ont déclaré avoir de la difficulté à trouver des services de garde, comparativement à 36,4 % auparavant. En Ontario, le pourcentage d'enfants en garderie était de 48 % en 2023, contre 54 % en 2019. Les déserts de services de garde touchent près de 50 % des jeunes enfants au Canada.
La liste est longue, et les chiffres, bien réels, sont là pour le confirmer. Cependant, c'est quand on commence à écouter les histoires qu'il faut vraiment porter attention. Comme je l'ai dit à maintes reprises à la Chambre, l'incompétence et le gaspillage du gouvernement ont de véritables conséquences humaines.
Nous avons récemment entendu Andrea Hannen. Elle supervise l'association des exploitants de garderies de l'Ontario. Elle représente des garderies agréées indépendantes, aussi bien commerciales que sans but lucratif. Le comité de la condition féminine, dont je fais partie, mène une étude sur l’autonomisation économique des femmes. Devant ce comité, Mme Hannen a dit: « [Nous] avons un secteur de l'économie qui a été créé en grande partie par des femmes. Il est essentiel à l'égalité des femmes sur le marché du travail. C'est l'un des seuls secteurs économiques du pays où les femmes sont équitablement représentées en tant que propriétaires et gestionnaires, et il est non seulement sous-évalué par le gouvernement, mais voué à être remplacé par un système géré par l'État. »
Ce qui est encore plus troublant dans ce témoignage, c’est qu’aucun des députés libéraux membres du comité ne l’a contesté. En fait, d’après leurs questions, il est clair que les libéraux ne voyaient pas d'inconvénient à l'idée d’éliminer arbitrairement les petites entreprises. Il semble maintenant qu'il s'agissait de leur plan pour les services de garde. Voilà la réalité de la situation, et c'est pourquoi on pense que ce régime est fondé sur l'idéologie. Les libéraux ont eu la possibilité à de nombreuses occasions d’aider ces propriétaires de petites entreprises dirigées par des femmes qui sont assises chez elles et qui veulent reprendre leur travail, mais qui ne peuvent pas laisser leurs enfants seuls à la maison.
Elles pensent qu’elles vont faire deux choses: démarrer leur propre entreprise pour devenir entrepreneures et aider les autres femmes dans leur entourage ainsi que les familles qu’elles connaissent. Elles vont inviter les enfants chez elles, en prendre soin et leur offrir des services de qualité. Ce que j’ai entendu à maintes reprises partout au pays, c’est que ces garderies privées dirigées par des femmes sont ciblées, qu’elles perdent de l’argent et qu’elles risquent de fermer leurs portes.
Une femme de Simcoe m’a écrit. Je tiens à dire aux députés qu’elle m’a dit que, à l’heure actuelle, elle débourse personnellement entre 20 000 $ et 30 000 $ par mois uniquement pour payer les factures et maintenir l'offre de services de garde. Elle a dit que son équipe est déterminée à aider les parents qu'elle sert en participant à Apprentissage et garde des jeunes enfants à l'échelle du Canada. Je parle ici du système pancanadien d’éducation préscolaire et de garde d’enfants. Cette entrepreneure m’a aussi dit qu’en réalité, faire partie de ce système mènera sa garderie à la faillite, causant la perte de 250 places. De plus, 45 employés dévoués se retrouveront au chômage. Ce système va entraîner la fermeture de son entreprise qu’elle a mis tant d’années à bâtir.
Voilà ce que fait ce programme en réalité. Les députés n'ont pas besoin de me croire sur parole. Je suis convaincue que des gens à la maison se disent que c'est mon boulot de n'avoir rien de positif à dire sur les libéraux. Malheureusement, les libéraux nous prouvent constamment qu'ils sont incapables de gérer adéquatement l'argent des contribuables. Toute la semaine, l'application ArnaqueCAN a fait les manchettes. Elle devait coûter 80 000 $, mais d'après les estimations actuelles, elle aurait coûté 60 millions de dollars. En fait, c'est probablement plus. Les libéraux ont dépensé 1,36 milliard de dollars pour lutter contre l'itinérance, mais si on regarde dehors, il semble y avoir beaucoup plus de campements qu'auparavant.
Le gouvernement est connu pour cultiver la dépendance des gens, pour ensuite leur retirer ce dont ils dépendent et les détruire. Il l'a fait avec les médias et bien d'autres industries. Il le fait en ce moment avec l'éducation postsecondaire et l'immigration pour les étudiants. Le gouvernement a fermé la vanne, alors les universités sont prises au dépourvu.
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Monsieur le Président, j'aimerais remercier ma collègue de Peterborough—Kawartha qui fait un excellent travail au Comité permanent des ressources humaines, du développement des compétences, du développement social et de la condition des personnes handicapées. Ça a été un plaisir pour moi de l'accompagner dans la section des langues officielles sur ce projet de loi.
C'est toujours un plaisir pour moi de me lever à la Chambre pour débattre des sujets importants qui concernent les Canadiens et les Canadiennes.
Les gens qui me connaissent savent que je suis un fervent défenseur du fait français alors je suis particulièrement enthousiaste de parler des langues officielles, évidemment en français.
La question se pose. Pourquoi parle-t-on des langues officielles dans le cadre de la Loi relative à l'apprentissage et à la garde des jeunes enfants au Canada? La réponse est toute simple. Le gouvernement libéral actuel a encore une fois oublié les communautés francophones en situation minoritaire. Ce n'est pas une surprise.
Par contre — on l'a déjà vécu lors du processus de modernisation de la Loi sur les langues officielles —, le gouvernement libéral qui se proclame champion des langues officielles manque de courage quand vient le temps de passer aux mesures concrètes. C'est ce que sont les libéraux: des grands parleurs et des petits faiseurs, comme on dit par chez nous.
Par ce manque de vision et d'ambition du gouvernement libéral, l'éléphant a accouché d'une souris, comme je me plais à le dire pour décrire de quoi on a accouché avec le projet de loi visant à moderniser la Loi sur les langues officielles. C'était le premier processus de révision des langues officielles depuis plus de 30 ans. Le gouvernement a fait la sourde oreille aux intervenants des quatre coins du pays. Encore une fois, c'est une belle occasion ratée, mais c'est ce qu'on vit fréquemment avec le gouvernement libéral qui est en place depuis huit ans.
Il n'y a pas d'obligation de dénombrer les ayants droit. Il y a une dilution des pouvoirs des instances fédérales. Il n'y a pas d'agence centrale. Il n'y a pas de reddition de comptes. C'est comme ça: avec les libéraux, personne n'est jamais responsable. Que dire du commissaire aux langues officielles qui attend encore le décret lui accordant ses pouvoirs? C'est écrit dans la Loi, mais qui va déposer le décret au gouvernement? Est-ce que c'est la ? Est-ce que c'est la , qui est l'une des deux ministres cités dans la loi, mais qui ne va même pas se présenter au Comité permanent des langues officielles? Est-ce que c'est le ? Est-ce que c'est le ? Qui est-ce? On ne le sait pas, et le commissaire attend pour agir. Je voudrais rappeler qu'il y a un déclin du français partout au Canada. L'approche des libéraux face aux langues officielles n'est pas sérieuse et cela démontre le peu d'intérêt qu'ils ont pour le bilinguisme de ce pays.
Le projet de loi a été adopté ici, à la Chambre, à l'unanimité en juin dernier. Cependant, aujourd'hui, nous débattons d'un amendement du Sénat proposé par le sénateur Cormier, un Acadien qui s'est tenu debout pour les francophones. Il ajoute les mots « communautés de langue officielle en situation minoritaire » à la première phrase de l'article 8, après « notamment ceux destinés aux peuples autochtones »; et il scinde en deux paragraphes l'article 8. Ce n'est pas compliqué. Pourtant, nous sommes encore à débattre de ça aujourd'hui. Wow.
Le premier paragraphe énonce l'engagement financier du gouvernement. Le deuxième paragraphe précise les mécanismes par lesquels le gouvernement fédéral accordera le financement. Le fait d'ajouter la mention des « communautés de langue officielle en situation minoritaire » après le mot « notamment » ne retire aucun droit à aucune autre minorité ni aux peuples autochtones, mais a pour but d'éliminer toute ambiguïté devant les tribunaux. Les libéraux avaient mal fait leur travail et le Sénat a levé le drapeau et a corrigé le tir, parce que les libéraux improvisent toujours à la dernière minute. Il n'y a pas de rigueur.
Nous savons très bien combien d'efforts et de ressources les communautés de langue officielle en situation minoritaire doivent dépenser pour faire valoir leurs droits linguistiques. Parlons-en. La Fédération des francophones de la Colombie‑Britannique, même avec un jugement favorable de la Cour d'appel fédérale dans sa cause contre Emploi et développement social Canada, doit se battre avec le ministre des Langues officielles pour faire respecter ce jugement. C'est incroyable. C'est une belle perte de temps. C'est une belle perte d'argent. Toutefois, avec libéraux, nous l'avons vu encore aujourd'hui, l'argent se multiplie et pousse dans les arbres.
La petite enfance représente une période cruciale pour l'apprentissage de la langue et le développement identitaire des enfants. L'accès aux services de la petite enfance en français est trop souvent une condition essentielle à la transmission de la langue et de la culture des communautés francophones en situation minoritaire.
Ces services constituent des vecteurs de francisation en assurant l’apprentissage des compétences langagières requises pour préparer les enfants à une éducation dans leur langue et faciliter leur intégration dans les écoles francophones partout au Canada. Ils contribuent ainsi à la mise en œuvre du droit à l’instruction, enchâssé à l’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés. Nous croyons que cet amendement est pertinent et nécessaire.
J’aimerais d’ailleurs souligner que les références aux communautés de langue officielle en situation minoritaire se retrouvant déjà à l’article 7 et à l’article 11 sont le fruit du Parti conservateur du Canada. C’est moi qui suis allé les déposer. J’ai reçu l’appui du Bloc québécois, mais le NPD et les libéraux ont voté contre certains amendements que nous avons déposés. Nous avons toutefois réussi à en faire accepter quelques-uns. Les autres n’ont malheureusement pas été acceptés et nous avons dû passer par le Sénat. Le Parti conservateur du Canada a veillé à ce que les francophones de partout au Canada soient inclus dans les ententes bilatérales pour les services à la petite enfance.
J’aimerais également prendre le temps de remercier les gens de la Commission nationale des parents francophones et ceux de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada pour leur travail acharné dans ce dossier.
Les libéraux ne sont pas en faveur de cet amendement parce qu’ils ont dû passer par le Sénat. Même le président du Sénat, le représentant du gouvernement, a mentionné très clairement qu’il n’appuierait pas cet amendement du sénateur Cormier. Cela a été prêché et indiqué par le gouvernement libéral. Ce fut un flip-flop, encore une fois. Ce sont les francophones qui se sont levés.
Les libéraux ne sont pas en faveur de cet amendement, comme je le mentionnais. La position du gouvernement est que cet amendement n'est pas nécessaire et n'est pas approprié. Or aujourd’hui, comme si cela sortait d'un nuage, les libéraux disent qu'ils sont en faveur. Comment le gouvernement peut-il justifier cette position?
Chaque individu devrait avoir accès à des services de garde de jeunes enfants dans la langue officielle de son choix, et ce n’est pas négociable tant et aussi longtemps que notre pays, le Canada, sera un pays bilingue. J'insiste sur la notion de bilinguisme français et anglais parce qu’il faut rappeler que ce gouvernement a nommé une gouverneure générale qui est bilingue, mais qui ne parle pas français. J'ajouterai qu'au Canada, une seule province est bilingue. Ce gouvernement a nommé une lieutenante-gouverneure unilingue, mais qui ne parle pas français, évidemment, parce que les libéraux ne sont pas cohérents. Leur intention et leur volonté transpirent au-delà des faits qui sont écrits dans les lois. Malheureusement, avec le gouvernement libéral, les bottines ne suivent pas les babines.
Les libéraux ont réalisé qu’ils allaient perdre des appuis dans les régions francophones et ont décidé de se rallier au gros bon sens du Parti conservateur du Canada. Oui, c’est le gros bon sens. Tant et aussi longtemps que nous aurons un pays bilingue, nous allons être cohérents et protéger les deux langues officielles.
Cette tactique des libéraux, nous l'avons vue avec la pause au sujet de la taxe sur le carbone au Canada atlantique. C’est assez particulier. Les libéraux réagissent sans vision lorsqu'ils sont en panique. Ils ont puni tous les autres citoyens canadiens à l’extérieur des provinces atlantiques en disant que ceux-ci n'avaient pas le droit pour ce qui est des thermopompes. Il y a un problème. C’est réactionnel.
Après, les libéraux se sont ravisés et ont dit que les gens de l’Alberta et de la Colombie‑Britannique allaient peut-être pouvoir utiliser le crédit. Encore une fois, c’est de l’improvisation. C’est malheureux. Avec ce gouvernement, nous allons dans le mur. C’est une honte de tenter de faire des gains politiques sur le dos de l’identité bilingue de notre pays.
En terminant, mon message pour les francophones de partout au pays est simple: ici, à la Chambre des communes, le Parti conservateur du Canada est le seul parti qui pourra réellement protéger leurs intérêts. Nous allons continuer de faire des actions concrètes et de freiner le déclin du français, qui est une réalité, partout au Canada, ainsi que de protéger et promouvoir nos deux langues officielles. Nous ne mettons pas le français en opposition avec l’anglais. Nous allons protéger les deux langues officielles, le français et l’anglais.
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Monsieur le Président, j'aimerais indiquer que je vais partager mon temps de parole avec ma collègue de .
Je suis heureuse de me lever de nouveau pour parler du projet de loi .
Je veux profiter de mon temps de parole pour souhaiter une bonne Saint-Valentin à toutes et à tous, et plus particulièrement à mon conjoint, Marc, malgré la distance qui nous sépare.
Ce projet de loi est de retour à la Chambre parce qu'il nous revient avec un amendement adopté au Sénat. En effet, en décembre dernier, le Sénat a adopté un amendement pour maintenir le financement à long terme des services de garde destinés aux communautés de langue officielle en situation minoritaire, ainsi que des services de garde destinés aux peuples autochtones.
Voici le libellé de l'amendement:
Que le projet de loi C‑35 […] soit modifié à l'article 8, à la page 6, par substitution aux lignes 14 à 22, de ce qui suit:
« 8 (1) Le gouvernement du Canada s'engage à maintenir le financement à long terme des programmes et services d'apprentissage et de garde des jeunes enfants, notamment ceux destinés aux peuples autochtones et aux communautés de langue officielle en situation minoritaire.
(2) Ce financement doit être accordé principalement dans le cadre d'accords avec les gouvernements provinciaux et les corps dirigeants autochtones et autres entités autochtones qui représentent les intérêts d'un groupe autochtone et de ses membres. »
À la lecture de cet amendement, on constate donc que son objectif consiste à ajouter les mots « communautés de langue officielle en milieu minoritaire » dans le projet de loi. Cet amendement s'inscrit dans les demandes de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada et de la Commission nationale des parents francophones, qui souhaitaient voir les sommes engagées à long terme, pour les francophones hors Québec surtout. Comme le Québec possède déjà sa propre entente avec Ottawa, cette modification ne devrait pas s'appliquer au Québec.
Dans sa forme actuelle, le projet de loi n'est pas parfait d'un point de vue québécois. En comité, j'ai pourtant tenté de le parfaire, mais tous les amendements que j'ai proposés lors de l'étude article par article de ce projet de loi n'ont pas été retenus. Bref, les demandes du Bloc québécois et les demandes de Québec n'ont pas été entendues et respectées.
Je vais faire un petit rappel des événements. Tout au long de l'étude du projet de loi en comité, nous avons entendu des témoins parler de l'importance d'avoir des garderies abordables et de qualité pour le développement des tout petits, pour une meilleure conciliation travail-études-famille, pour l'émancipation des femmes et aussi pour le retour sur investissement dans l'économie. Tout au long de cette étude, le Québec a été cité comme modèle. À de nombreuses reprises, on a mentionné que le modèle québécois en était un dont il fallait s'inspirer.
Lorsqu'est venu le temps d'inscrire l'expertise du Québec dans le projet de loi, j'ai vu les trois autres partis présents au comité rejeter cette réalité du revers de la main. La même chose s'est produite pour nos amendements qui visaient à inscrire dans le projet de loi la possibilité pour le Québec de se retirer complètement de tout programme fédéral avec pleine compensation financière. Il y a eu une ouverture à un seul endroit, soit lors de l'inscription de l'expertise québécoise dans le préambule, le seul endroit où ces paroles n'avaient en fin de compte aucun effet concret sur la mesure législative.
Ainsi, le Québec ne bénéficie pas de la possibilité d'un retrait complet de ce programme avec pleine compensation. Présentement, l'entente conclue avec le gouvernement québécois s'échelonne sur une période de cinq ans. Toutefois, l'inscription du plein droit de retrait du Québec de ce programme aurait permis d'éviter une autre querelle entre Québec et Ottawa dans le cas où le fédéral voudrait s'ingérer dans les champs de compétence du Québec comme il sait si bien le faire. Les hauts fonctionnaires ayant travaillé sur ce projet de loi ont également annoncé à plusieurs reprises, lorsqu'ils étaient interrogés à ce sujet, que bien que rien n'empêcherait le gouvernement fédéral d'imposer des conditions dans une future entente, le projet de loi avait été conçu en ayant toujours une pensée pour l'asymétrie de la réalité québécoise comparativement aux autres provinces canadiennes.
Les différents députés du gouvernement libéral qui se sont exprimés au sujet du projet de loi ont aussi mentionné à de multiples reprises que les libéraux avaient l'intention de continuer à travailler avec le Québec dans ce dossier. L'entente actuelle plaisait également à Québec puisqu'on ne s'ingérait dans aucun champ de compétence et qu'on laissait la pleine attitude au gouvernement québécois de dépenser l'argent dans les secteurs de son choix.
Avec l'actuelle entente entre Ottawa et Québec et la volonté exprimée du gouvernement fédéral de continuer à travailler en ce sens, on peut croire que le Canada ne semble pas avoir l'intention de venir faire la leçon à Québec dans le dossier des garderies.
Nous croyons donc qu’une autre entente bilatérale serait possible, probable et nécessaire, puisque c'est Québec, l’inspiration, et que le gouvernement canadien s’en inspire.
Par la suite, à l’étape du rapport à la Chambre, rien de substantiel n’a été ajouté au débat. Les conservateurs ont continué à marteler leurs propos sur le fait que ce projet de loi comporte des lacunes très importantes, notamment en matière d’accessibilité, puisque les garderies privées ne sont pas incluses dans les subventions prévues par ce projet de loi. En résumé, le NPD, quant à lui, a continué à demander au gouvernement d’augmenter son ingérence dans les champs de compétence du Québec et des provinces.
Il est aussi important de se rappeler que depuis de nombreuses années, plusieurs familles canadiennes envient et jalousent le programme de garderie instauré au Québec, puisque, souvent, celles-ci doivent consacrer une majeure partie de leur revenu familial pour payer la garde de leurs enfants. Ces familles rêvent depuis longtemps de bénéficier du même service que celui offert aux familles québécoises depuis très longtemps. Il est donc grand temps que toutes les familles canadiennes puissent profiter d’un service de garderie sans se ruiner.
Le programme de garderie au Québec permet depuis quelques années aux Québécois et aux Québécoises de profiter d’une meilleure conciliation famille-travail ou études, d’un accès à des congés de maternité et des congés parentaux plus généreux. Il a aussi permis d’étendre aux travailleurs et aux travailleuses autonomes ou ayant des horaires atypiques les programmes d’aide aux familles. Ce modèle est une richesse et une fierté pour toute la nation québécoise. En effet, les centres de la petite enfance, par leur gestion démocratique qui implique parents et éducateurs, sont l’une des réussites les plus évidentes, ne serait-ce que par l’appui qu’ils reçoivent dans la population, de la nouvelle économie sociale.
Aussi, il est important de se rappeler qu’au Québec, les services de garde éducative ont une triple mission: celle de veiller au bien-être, à la santé et à la sécurité des enfants qui leur sont confiés, celle de leur offrir un milieu de vie propre à stimuler leur développement sur tous les plans, de leur naissance à leur entrée à l’école, et, enfin, celle de prévenir l’apparition ultérieure des difficultés d’apprentissage, de comportement ou d’insertion sociale.
Selon moi, une véritable politique familiale comme celle du Québec, qui comprend des éléments tels que les congés parentaux, du soutien au revenu et un réseau accessible de services de garde, doit être intégrée dans un tout cohérent pour être efficace et, donc, ne doit relever que d’un seul palier de gouvernement.
Malgré tous les manques et les imperfections dans le texte actuel du projet de loi , le Bloc québécois l’appuiera. Il est plus que temps que les familles hors Québec profitent elles aussi des avantages d’un système d’apprentissage et de garde des jeunes enfants. Avec les prix qui augmentent un peu partout, l’adoption du projet de loi C‑35 permettra assurément à de nombreuses familles d’améliorer leur santé financière. En plus de donner un souffle financier aux familles canadiennes, nous savons que cela permettra aussi à plus de mères d’intégrer le marché de l’emploi.
Le projet de loi C‑35 viendra assurer une meilleure santé de la langue française à l’extérieur du Québec et éviter l’assimilation en anglais. Comme l’a dit M. Jean‑Luc Racine, de la Commission nationale des parents francophones, « [n]otre expérience sur le terrain démontre clairement que, dès que les enfants (francophones) rentrent à l’école anglophone, c’est terminé... Une fois que vous passez du côté anglophone, en quelques années, vous allez avoir oublié le français ». Voilà donc des arguments importants qui me motivent à soutenir le projet de loi C‑35.
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Monsieur le Président, c'est un réel plaisir de pouvoir parler du projet de loi . Il sera toutefois difficile pour moi de rendre encore plus justice au projet de loi après ma chère collègue, qui l'a piloté en comité avec brio, passion et engagement. Je la remercie.
Nous sommes le 14 février. Certains collègues ont décidé de souhaiter une joyeuse Saint-Valentin à toutes les personnes qu'ils aiment. Moi, j'ai plein d'amour à offrir à mon pays, le Québec.
Si nous sommes devant le projet de loi tel qu'il est, c'est parce que le Québec a été un précurseur il y a 27 ans, en 1997, en mettant en place un modèle unique non pas de services de garde, mais de services éducatifs à la petite enfance piloté par la ministre de l'Éducation, Mme Pauline Marois, qui est devenue la première femme première ministre au Québec. Toute la société civile s'est mise autour de ce projet de loi pour faire en sorte qu'on se donne une politique familiale rigoureuse et vigoureuse, avec un double objectif. Je parle bien sûr de la conciliation famille-travail. On a vu tout l'essor que cela a apporté sur le marché du travail pour les femmes, mais également nos tout-petits. Cela donne une égalité des chances à nos tout-petits.
Dans le cadre de la semaine de la persévérance scolaire, aujourd'hui, on voit comment cela fait toute une différence d'avoir une politique de services éducatifs à la petite enfance avec un grand e pour l'éducation. On peut très bien définir tout le parcours des enfants de 0 à 5 ans. C'est vraiment merveilleux.
Je tiens aussi à souligner l'engagement, le dévouement, la passion pour nos petits des travailleuses, des travailleurs, des éducatrices qui travaillent dans nos services de garde à la petite enfance. Je leur dis bravo.
Je dirais qu'au Québec, on a fait plus que cela. Quand on a mis en place les services éducatifs à la petite enfance, le ministère de l'époque a accrédité l'ensemble des femmes qui offraient des services de garde à leur domicile. On les a accréditées avec une politique. Elles participent à la même mission, à la même politique. On a fait une lutte syndicale, sociale et féministe parce qu'on a contribué au droit à la syndicalisation et à la négociation. Vraiment, le Québec s'est doté de politiques sociales, comme une politique familiale pour les services éducatifs à la petite enfance. On a aussi le régime québécois d'assurance parentale; une loi proactive en matière d'équité salariale qui date, elle aussi, d'il y a 25 ans. Je pourrais citer plein de mesures qui reflètent les choix que le Québec a faits. Le Québec a fait des choix de société. Les politiques sociales dont il s'est doté font une différence sur notre nation, parce que cela vient contribuer sur le plan de l'économie à réduire des inégalités sociales. Nous en sommes très fiers.
Je dirais qu'on s'est pas mal, beaucoup, passionnément inspiré de ce qui se fait au Québec pour le projet de loi C‑35. J'ai envie de dire que c'est tant mieux pour les femmes et pour les tout-petits hors Québec si on peut s'en inspirer. J'ai participé à des missions à l'OCDE où le Québec était représenté. J'ai participé à des missions à l'ONU Femmes, où j'ai entendu des femmes d'autres provinces réclamer, depuis longtemps, qu'il y ait des politiques de services de garde dans leur province.
Néanmoins, la réussite de cela n'est pas que le fédéral est venu une fois de plus s'ingérer dans des compétences qui touchent les politiques familiales et l'éducation. Il faut le faire, quand même. Encore une fois, on vient s'ingérer dans les compétences des provinces. La réussite de cela, c'est que le Québec a fait un choix de société. Pourquoi faut-il compter sur Ottawa pour qu'il y ait les mêmes progrès dans les autres provinces?
À terme, le programme fédéral vise quelque 200 000 places partout au Canada. Au Québec, on a à peu près 250 000 places. Cela dépend des choix que chacun fait. On ne peut pas demander à Ottawa de se substituer aux provinces pour les choix qu'elles ne font pas. Le Québec n'a pas attendu après Ottawa pour mettre en place ses services.
C'est ce qui me désole. Cela me choque, mais comme c'est la Saint-Valentin, je vais rester posée.
J'aurais pu parler d'autres programmes. Je vais y arriver. Au Québec, nous avons un régime de soins dentaires. Au Québec, nous avons un régime public d'assurance-médicaments. Au Québec, nous avons une loi antibriseurs de grève, qui date de 1977. Pendant ce temps, le fédéral va continuer, par son pouvoir de dépenser, à mettre des politiques en place qui vont venir encore une fois s'ingérer dans les compétences du Québec.
Depuis que je suis ici, j'en ai assez de cela. On semble oublier que le Canada est une fédération et que chaque province a ses responsabilités et ses compétences. Pendant qu'Ottawa continue de faire des chèques pour mettre ses drapeaux et bien paraître, il ne s'occupe pas de ses vraies responsabilités, de ses vraies politiques de filet social et de sécurité sociale pour les Canadiennes et les Canadiens.
Je vais donner trois exemples.
On affame les provinces en termes de transferts en santé alors que la santé est une priorité et que c'est une compétence des provinces. On fait exprès pour imposer des conditions lorsqu'on leur donne de l'argent. C'est quand même grave. Pendant ce temps, nous n'avons pas nos vrais leviers.
C'est la même chose en ce qui concerne la loi antibriseurs de grève. Selon cette belle entente, on va déposer un projet de loi antibriseurs de grève, mais cela fait 14 jours de séance de la Chambre qu'on n'en parle pas et le projet de loi n'a pas été rappelé.
On peut aussi parler des aînés. La pension de la Sécurité de la vieillesse est un programme du gouvernement fédéral, mais il a décidé de discriminer les aînés sur la base de l'âge en accordant une hausse de la pension de la Sécurité de la vieillesse de 10 % aux personnes de 75 ans et plus et en accordant une hausse de 0 % aux personnes de 65 à 74 ans. C'est dans son programme.
Il y a un autre projet de loi que nous attendons depuis huit ans: la réforme globale de l'assurance-emploi. Cela aussi relève du fédéral. Alors, plutôt que de s'immiscer dans des programmes et dans des compétences provinciales alors que nous faisons nos choix, le fédéral devrait s'occuper de renforcer ses propres programmes sociaux. Le Québec, dans tous ses programmes, apporte une contribution unique partout en Amérique du Nord sur bien des plans, et c'est reconnu.
Ce n'est pas parfait. Nous pourrions faire mieux, et, le moyen de faire mieux, c'est d'avoir tous nos leviers et de faire notre indépendance.
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Monsieur le Président, je suis heureuse de prendre la parole aujourd'hui pour appuyer l'amendement que le Sénat a adopté dans le but de préciser que le financement des services de garde d'enfants destinés aux minorités de langue officielle se ferait dans le cadre d'ententes bilatérales avec les provinces et les corps dirigeants autochtones. Comme je l'ai appris au cours de mes rencontres avec différents groupes francophones, il y a une grave pénurie de services de garde d'enfants en français destinés aux communautés francophones hors Québec.
Il s'agit d'un problème qui pourrait donner à une constestation en vertu de la Charte. Selon l'article 23, l’instruction dans la langue de la minorité est un droit. Il s'agit également d'un amendement que des organismes francophones comme la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada et la Commission nationale des parents francophones Inc. ont réclamé, et la motion du gouvernement s'inscriraitn dans le droit fil de cet amendement. C'est donc avec grand plaisir que je prends la parole pour l'appuyer.
Essentiellement, l'amendement du Sénat au projet de loi divise l'article 8, qui porte sur les engagements financiers, en deux sections et ajoute un droit pour les minorités de langue officielle. Il prévoit que le projet de loi C‑35 soit lu une troisième fois. En ce qui concerne le paragraphe 8(1), on peut lire: « Le gouvernement du Canada s'engage à maintenir le financement à long terme des programmes et services d'apprentissage et de garde des jeunes enfants, notamment ceux destinés aux peuples autochtones [et ce qui suit est ajouté] et aux communautés de langue officielle en situation minoritaire. » L'ajout des mots « et aux communautés de langue officielle en situation minoritaire » représente un amendement crucial et c'est pourquoi je me réjouis de l'appuyer à la Chambre avec mes collègues du NPD.
Il existe une stratégie nationale en matière de garde d’enfants. J’ai très souvent mentionné à la Chambre que je suis très fière d'avoir été éducatrice de la petite enfance. Je peux affirmer que l’une des raisons pour lesquelles j’ai quitté le domaine, c’est que cette noble profession ne bénéficie pas du respect qu'elle mérite. En 2019, il y avait 300 000 travailleurs en garderie au Canada. Ces personnes sont moins susceptibles que les autres travailleurs d’être syndiqués ou couverts par une convention collective, et moins susceptibles d’avoir un emploi permanent. La probabilité qu'ils soient travailleurs autonomes est dix fois plus élevée, et nous savons que le Québec a le plus grand nombre de travailleurs en garderie par rapport à sa population active. C’est une statistique très ancienne, mais on peut certainement dire que le Québec est en avance sur son temps en matière d'éducation de la petite enfance.
À l'heure actuelle, le tiers des travailleurs en garderie sont des immigrants ou des résidents non permanents. On sait que depuis la pandémie, le taux d'emploi chez les travailleurs en garderie a chuté de 21 % entre février 2020 et février 2021, comparativement à une baisse globale de seulement 3 % dans d'autres domaines. Pourquoi y a-t-il une baisse du nombre de personnes qui veulent devenir éducatrices de la petite enfance? On sait que 82 % des fournisseurs de services de garde avaient de la difficulté à trouver du personnel ayant les compétences requises. En Alberta, le taux de roulement du personnel était en fait de 25 %, et selon les données d'Emploi et Développement social Canada, en 2022, le salaire moyen des éducatrices de la petite enfance en Alberta était de 18,50 $ l'heure. Les éducatrices de la petite enfance ont besoin de meilleurs salaires, de meilleurs avantages sociaux, de meilleurs congés et d'un meilleur fonds de pension.
Le salaire médian est vraiment bas. En 2022, il était de 21 000 $ par an, une hausse par rapport à 20 000 $ en 2021. Il est inacceptable que nous tentions de mettre en place un programme national de garderies, alors que les éducatrices de la petite enfance sont censées être les martyres d'un système qui les exploite et les sous-paie. Je souligne encore une fois que la majorité d'entre elles sont issues de communautés autochtones, noires et de couleur et qu'elles sont principalement des immigrantes et des résidentes non permanentes.
Au risque de trahir mon âge, ce sont les mêmes combats que nous menions il y a plus de 30 ans. Lorsque j'ai vu le combat mené au Manitoba pour obtenir un salaire annuel de 21 000 $, l'exploitation que les travailleurs en garderie subissent actuellement m'a sauté aux yeux. Le gouvernement libéral se dit féministe. Pourtant, dans un domaine qui, nous le savons, emploie principalement des femmes, des immigrants et des résidents non permanents, les travailleurs ne touchent même pas un salaire de subsistance. Ce n'est pas seulement une question de main-d’œuvre, mais une question d'égalité, notamment des sexes. Nous savons que les emplois principalement occupés par des femmes sont généralement moins rémunérés. C'est une question d'équité. Le tiers des travailleurs des garderies agréées ne touche pas de prestations de maladie, pas un sou.
J'ai décidé de quitter mon emploi d'éducatrice de la petite enfance, un emploi que j'adorais. J'adorais les tout-petits. Je les faisais tous participer à des activités de gymnastique. Nous chantions des chansons. Nous avions une routine quotidienne. J'adorais les enfants de deux ans et demi, qui étaient si fiers de leurs réalisations quotidiennes. Ils étaient aimants, tendres et ouverts d'esprit. C'était un grand honneur de travailler avec des esprits qui n'étaient pas encore ternis par le monde. Ce fut une expérience révélatrice et vraiment inspirante.
Cependant, j'ai quitté le secteur. J'ai décidé de suivre une formation d'enseignante, et je vais vous dire pourquoi. À 21 ans, j'ai su qu'un jour, je voudrais des avantages relatifs aux soins de santé. Je savais qu'un jour, je voudrais gagner plus que le salaire minimum pour pouvoir payer mon loyer — et je ne savais rien de la crise du logement qui allait nous frapper ni du fait que les loyers allaient être si élevés. Déjà à l'époque, j'avais à peine les moyens de payer mes factures. Les salaires actuels des éducateurs de la petite enfance ne sont pas suffisants, ce qui dissuade les personnes de travailler dans ce domaine ou les incite à le quitter pour vivre dans la dignité.
Si le gouvernement fédéral veut vraiment que la stratégie nationale de garde d'enfants prenne son envol, il doit mettre en place une stratégie pour les travailleurs qui prévoit que le financement dépend de l'offre de salaires de subsistance, d'avantages relatifs aux soins de santé et de régimes de pension pour les travailleurs. Ce n'est qu'alors que nous verrons une stratégie nationale de garde d'enfants.