CIMM Réunion de comité
Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.
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37e LÉGISLATURE, 3e SESSION
Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration
TÉMOIGNAGES
TABLE DES MATIÈRES
Le lundi 26 avril 2004
¹ | 1530 |
Le président (M. Sarkis Assadourian (Brampton-Centre, Lib.)) |
Dr Hasan Zaidi (président de l'Association canadienne des médecins résidents) |
¹ | 1535 |
Dr Jason Kur (président du comité, Comité consultatif de l'ACMR sur les médecins titulaires de diplômes étrangers, Association canadienne des médecins résidents) |
¹ | 1540 |
¹ | 1545 |
Dr Hasan Zaidi |
Le président |
Mme Anu Bose (directrice générale, National Organization of Immigrant and Visible Minority of Canada, Canadian Opportunities Partnership) |
Le président |
Mme Anu Bose |
M. David Glastonbury (président, Chambre de commerce d'Ottawa, Canadian Opportunities Partnership) |
¹ | 1550 |
¹ | 1555 |
Le président |
M. Mengistab Tsegaye (directeur général, World Skills Ottawa, Canadian Opportunities Partnership) |
º | 1600 |
º | 1605 |
Le président |
M. Art Hanger (Calgary-Nord-Est, PCC) |
Dr Jason Kur |
M. Art Hanger |
º | 1610 |
Dr Hasan Zaidi |
Mme Anu Bose |
M. Art Hanger |
M. David Glastonbury |
º | 1615 |
Le président |
Mme Colleen Beaumier (Brampton-Ouest—Mississauga, Lib.) |
º | 1620 |
Dr Jason Kur |
Mme Colleen Beaumier |
Dr Jason Kur |
Le président |
Mme Anu Bose |
º | 1625 |
Le président |
L'hon. Hedy Fry (Vancouver-Centre, Lib.) |
Dr Jason Kur |
º | 1630 |
L'hon. Hedy Fry |
Dr Hasan Zaidi |
Le président |
Mme Anu Bose |
Le président |
º | 1635 |
Mme Colleen Beaumier |
M. David Glastonbury |
Le président |
M. David Glastonbury |
Le président |
Mme Anu Bose |
Dr Jason Kur |
Le président |
M. David Glastonbury |
Le président |
M. David Glastonbury |
Le président |
º | 1640 |
M. David Glastonbury |
Le président |
Mme Anu Bose |
Le président |
Dr Hasan Zaidi |
Le président |
M. Mengistab Tsegaye |
º | 1645 |
Le président |
M. Art Hanger |
Dr Jason Kur |
Mme Anu Bose |
M. Art Hanger |
Mme Anu Bose |
M. Art Hanger |
Mme Anu Bose |
M. Art Hanger |
M. Mengistab Tsegaye |
M. Art Hanger |
M. Mengistab Tsegaye |
M. Art Hanger |
M. Mengistab Tsegaye |
M. Art Hanger |
º | 1650 |
M. Mengistab Tsegaye |
Le président |
Mme Colleen Beaumier |
Mme Anu Bose |
Mme Colleen Beaumier |
Mme Anu Bose |
Mme Colleen Beaumier |
Mme Anu Bose |
º | 1655 |
Mme Colleen Beaumier |
Mme Anu Bose |
Le président |
L'hon. Hedy Fry |
» | 1700 |
Le président |
L'hon. Hedy Fry |
Le président |
M. Art Hanger |
Dr Jason Kur |
Le président |
Dr Hasan Zaidi |
» | 1705 |
M. Art Hanger |
Le président |
M. David Glastonbury |
M. Art Hanger |
M. David Glastonbury |
Le président |
» | 1710 |
Dr Hasan Zaidi |
Le président |
Mme Anu Bose |
Le président |
Dr. Anu Bose |
» | 1715 |
Le président |
Mme Anu Bose |
Le président |
CANADA
Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration |
|
l |
|
l |
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TÉMOIGNAGES
Le lundi 26 avril 2004
[Enregistrement électronique]
¹ (1530)
[Traduction]
Le président (M. Sarkis Assadourian (Brampton-Centre, Lib.)): Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous allons nous pencher aujourd'hui sur la reconnaissance de l'expérience et des titres de compétences acquis à l'étranger.
Nous recevons des témoins de l'Association canadienne des médecins résidents. M. Hasan Zaidi, vous disposez de 10 à 15 minutes pour nous faire votre exposé. Mais avant, j'aimerais que vous nous présentiez la personne qui vous accompagne. Ensuite, nous céderons la parole aux représentants du Canadian Opportunities Partnership et nous ferons de même.
Merci beaucoup.
Dr Hasan Zaidi (président de l'Association canadienne des médecins résidents): Bonjour, mesdames et messieurs.
Je m'appelle Hasan Zaidi. Je suis président de l'Association canadienne des médecins résidents. Je suis aussi médecin résident en médecine interne, ici même, à Ottawa. Je suis accompagné du Dr Jason Kur, médecin résident à Vancouver, en Colombie-Britannique, qui préside notre comité national chargé d'étudier les questions concernant les médecins diplômés à l'étranger. Nous sommes vraiment ravis d'être ici aujourd'hui pour vous exposer les perspectives de jeunes praticiens à l'égard de l'intégration au Canada de médecins formés à l'étranger.
Pour vous situer un peu, sachez que l'Association canadienne des médecins résidents est le porte-parole national des médecins en formation. Nous représentons plus de 5 500 médecins résidents ou nouveaux médecins, partout au pays. Nous sommes un groupe engagé de travailleurs de la santé fiers d'être des intervenants de première ligne oeuvrant 24 heures sur 24, sept jours par semaine. En tant que jeunes médecins, nous sommes à la fois des prestataires de soins, des apprenants, des enseignants et des chercheurs. Nos membres reflètent la diversité de la société canadienne. Nous avons été formés pour acquérir une série de compétences, de comportements et de valeurs destinés à soutenir, à améliorer et à réformer le système de soins de santé dans notre pays. Nous sommes en quelque sorte le nouveau visage de la médecine.
Les médecins résidents sont des praticiens ayant obtenu leur diplôme de premier cycle et terminé leurs études de médecine. Ils ont souvent fini leur huit années d'études postsecondaires et sont prêts à suivre une formation de niveau supérieur pour se spécialiser dans une variété de disciplines allant de la médecine familiale à la chirurgie, en passant par la psychiatrie, l'obstétrique et la gynécologie, pour n'en citer que quelques-unes.
La formation de médecin résident consiste essentiellement à fournir des services et des soins médicaux aux patients. Notre apprentissage passe d'abord par les services aux patients, grâce à la formation assurée dans les hôpitaux et d'autres institutions, que ce soit en milieu urbain, dans les zones rurales et les régions éloignées ou septentrionales. Être résident, c'est surtout avoir un contact direct avec le patient. Vingt-quatre heures par jour, sept jours par semaine, les résidents travaillent en première ligne pour s'occuper de tous les aspects de la santé. Dans la plupart des grands hôpitaux, le résident est en fait la première personne que rencontrent les malades.
La réalisation d'activités cliniques permet aux médecins résidents d'obtenir l'accréditation de l'un ou l'autre des collèges suivants : le Collège des médecins de famille du Canada ou le Collège Royal des médecins et chirurgiens du Canada. Pour les diplômés canadiens, l'accréditation de l'une de ces deux institutions est requise pour obtenir l'autorisation d'exercer et, en fin de compte, pratiquer la médecine de manière indépendante dans notre grand pays.
La passion et l'engagement de l'ACMR à l'égard de l'accessibilité et du maintien de notre système de soins de santé sont connus de longue date et remontent à l'avènement de la Loi sur la santé, qui a vu le jour il y a plus de 20 ans. En outre, depuis 1982, l'ACMR participe activement au débat entourant l'intégration des médecins diplômés à l'étranger.
En 2002, l'ACMR a créé un comité consultatif interne sur les médecins diplômés à l'étranger, un groupe de travail constitué de représentants des quatre coins du pays. Les membres de ce groupe ont eu pour mandat d'étudier l'évolution des domaines sans cesse changeants de l'accréditation et de l'évaluation des médecins diplômés étrangers, ainsi que de revoir et d'évaluer les recommandations formulées par le groupe de travail canadien sur l'accréditation des médecins diplômés à l'étranger.
L'Association canadienne des médecins résidents est déterminée à contribuer à l'intégration, au Canada, des médecins formés à l'étranger. Le groupe de travail canadien sur l'accréditation des médecins diplômés à l'étranger a été mis sur pied en septembre 2002. Le Dr Jason Kur, à qui je cède maintenant la parole, a été nommé à ce comité à titre de représentant des médecins résidents.
¹ (1535)
Dr Jason Kur (président du comité, Comité consultatif de l'ACMR sur les médecins titulaires de diplômes étrangers, Association canadienne des médecins résidents): Merci, Hasan.
Les nouveaux médecins s'entendent pour dire que le système actuel visant à intégrer au Canada des médecins formés à l'étranger est totalement inadapté. Néanmoins, à bien des égards, nous applaudissons les efforts déployés jusqu'à présent pour venir à bout des obstacles qui se dressent devant les médecins diplômés étrangers qui cherchent à obtenir des informations concernant l'accréditation au Canada.
Toutefois, alors que nous nous empressons de combler le manque de médecins, nous devons faire attention de ne pas reproduire les erreurs du passé. Cette fois-ci, il ne faut pas se tromper. Il y a dix ans, les gouvernements nous disaient qu'il y avait trop de médecins au Canada et ils ont réduit les possibilités pour des citoyens canadiens de suivre des études de médecine dans leur propre pays. Ils ignorent à quel point ils faisaient fausse route. Cette année, pourtant, il y aura plus de finissants en médecine qu'il n'y a de postes de résidents.
Dans notre empressement à créer des postes pour davantage de professionnels formés à l'étranger, nous devons veiller à ce que le système actuel ait suffisamment de capacité pour accueillir des diplômés canadiens. Cela fait plusieurs années déjà que les représentants de la profession recommandent la création de 120 postes de résidents pour chaque groupe de 100 diplômés en médecine canadiens. Cette recommandation vise trois objectifs. Le premier est de contribuer à assouplir les conditions pour les diplômés canadiens. Beaucoup d'entre nous qui ont suivi des études de médecine trouvent que leurs compétences ne sont peut-être pas adaptées à une spécialité donnée et veulent changer d'orientation en cours de route. Quelqu'un formé en chirurgie générale peut se rendre compte qu'il n'est pas particulièrement prêt à exercer cette spécialité et décider de se consacrer à la médecine familiale. Il pourra le faire si on lui en donne les moyens.
Deuxièmement, le fait d'avoir un excédent de places permet de faire entrer des médecins qui pratiquent déjà. Les médecins de famille travaillant dans des zones rurales veulent souvent se perfectionner en obstétrique ou en chirurgie générale, et il faut aussi qu'ils en aient la possibilité.
Enfin, le fait d'avoir plus de postes que nécessaire en formation permet aux diplômés étrangers qui veulent parfaire leurs connaissances d'accéder au système.
Malheureusement, nous n'en sommes pas encore là. Si l'on n'atteint pas cet objectif, cela nuira à la flexibilité, à la formation et au perfectionnement des médecins, à un moment où ces postes n'ont jamais été aussi rares. Les gouvernements provinciaux ont reconnu la nécessité de former davantage de médecins pour combler les besoins en santé de la population. Ainsi, afin de répondre à la demande projetée, on a légèrement augmenté le nombre de places dans les écoles de médecine canadiennes. Pourtant, le nombre de postes de médecins résidents est demeuré stationnaire et la demande sans cesse croissante doit être absorbée actuellement par les stagiaires du système, les médecins formateurs ainsi que les hôpitaux eux-mêmes.
Si ces problèmes ne sont pas résolus maintenant, nous ne pourrons pas procéder à l'évaluation accrue des médecins formés à l'étranger. Nous devons absolument étendre l'évaluation et la formation des médecins diplômés étrangers. L'annonce récente du gouvernement fédéral, visant à débloquer 4 millions de dollars pour l'évaluation de la formation, est évidemment un pas dans la bonne direction. Toutefois, le soutien accordé au corps professoral et aux résidents constitue un élément essentiel de tout programme élargi; permettez-moi de vous expliquer pourquoi.
Actuellement, beaucoup de programmes destinés à évaluer, au Canada, des médecins diplômés à l'étranger reposent sur le soutien, l'enseignement et la supervision au quotidien de résidents seniors comme nous. Nous sommes souvent ceux qui s'investissent le plus dans la formation et la supervision des MDE et, même si c'est extrêmement enrichissant pour nous et pour le système, cela peut avoir un impact sur l'expérience pédagogique globale des autres étudiants en médecine ou des résidents juniors et, en bout de ligne, avoir des conséquences sur les soins prodigués aux patients. Les MDE ont fréquemment des besoins culturels et éducatifs uniques auxquels il faut consacrer énormément de temps et qui exigent beaucoup de travail de la part de personnes non préparées à fournir ce type d'aide.
Nos membres ont exprimé leur préoccupation face à l'incidence négative éventuelle que pourrait avoir le renforcement de la supervision des MDE sur la cohorte actuelle de personnes se trouvant dans le système de formation. Ce n'est évidemment pas une situation à laquelle nous avons été habitués au fil des ans. Actuellement, le système de formation médicale est soumis à rude épreuve en raison du sous-financement, des ressources inadaptées et du manque d'enseignants. En fait, l'expansion des programmes actuels, due à l'augmentation de l'inscription d'étudiants de premier cycle, exige davantage de planification, d'évaluation et de soutien.
En tant que médecin résident de Colombie-Britannique, je peux vous parler des pressions qui s'exercent sur le système. Avec l'agrandissement de notre école de médecine, les effectifs devraient doubler au cours des cinq à dix prochaines années, et cela donne lieu à des problèmes récurrents liés au manque d'espace, de professeurs et de fonds. Sans une planification soigneuse, les programmes destinés aux MDE ne feront qu'aggraver les pressions qui s'exercent déjà. Par ailleurs, chaque MDE est unique et doit vraiment être évalué individuellement. Chaque MDE qui entre dans le système possède un niveau de compétences et de connaissances différent du nôtre. Avant d'ajouter toute pression supplémentaire sur le système, les décideurs publics devraient s'assurer que celui-ci reçoit l'aide et le financement nécessaires pour garantir la qualité des soins prodigués aux patients.
Cela dit, l'élargissement de l'évaluation des MDE est une excellente initiative que nous appuyons pleinement, à condition toutefois que soient faits les investissements appropriés en ressources financières et humaines.
¹ (1540)
Pour ce qui est des normes, l'ACMR appuie la nécessité d'un processus d'évaluation normalisé pour tous les médecins formés à l'étranger qui ne sont pas diplômés des facultés de médecine canadiennes. Cependant, nous tenons à faire une mise en garde : tout changement apporté aux exigences d'accréditation doivent s'appliquer également à tous. Autrement dit, les mêmes critères d'accréditation doivent s'appliquer à toute personne qui souhaite pratiquer la médecine au Canada.
L'obtention d'un diplôme médical au Canada ne se borne pas au fait de réussir les examens nationaux. Pour les diplômés canadiens, c'est l'aboutissement d'un long processus d'auto-évaluation, d'évaluation par les pairs et d'évaluation par le personnel enseignant. Les outils dont on se sert maintenant pour évaluer les connaissances sont conçus pour les étudiants du système d'enseignement canadien et ils n'ont pas fait leurs preuves pour ce qui est d'évaluer des personnes qui ont reçu leur formation dans d'autres établissements. En fait, ils servent à sanctionner les dernières étapes de la formation avant le début de la pratique. Nous n'avons pas de preuve que ces outils ont été validés ou qu'ils sont applicables aux personnes qui n'ont pas été formées dans les établissements d'enseignement canadiens accrédités.
Par conséquent, il serait inopportun et même risqué d'utiliser ces outils comme seul mécanisme d'évaluation des études de 1er cycle ou de 2e ou 3e cycle. Si nous voulons sérieusement intégrer davantage de médecins diplômés à l'étranger dans le système, il nous faut mettre au point de nouveaux outils qui nous permettront d'évaluer de façon opportune et appropriée leurs compétences.
En tant que nouveaux médecins, nous croyons fermement que tous les médecins au Canada doivent être soumis aux mêmes normes d'excellence. Nous voulons que les Canadiens aient confiance dans tous les membres de la profession. Lorsqu'un patient entre dans le bureau d'un médecin, il ne devrait pas avoir besoin de vérifier sur le mur pour savoir quelle école il a fréquentée, quels examens il a réussis, ainsi que quelles accréditations il a obtenues. Nous voulons que les Canadiens sachent que tous les médecins satisfont à une certaine norme d'excellence et qu'ils soient ainsi convaincus d'obtenir les meilleurs soins possibles, qu'ils habitent au centre-ville de Toronto, ou encore à Fort Smith, dans les Territoires du Nord-Ouest. Abaisser les normes au plan académique pour combler des postes ne serait pas dans l'intérêt de la santé des Canadiens à long terme.
Nous pensons également qu'il faut établir une stratégie globale pour régler le problème de la pénurie de médecins au Canada et même si bien des gens y voient une solution à court terme, l'intégration des MDE à la profession n'est qu'une partie de la solution. Une planification définie à long terme s'impose. Pour se constituer un bassin de médecins pour l'avenir, le Canada ne doit pas dépendre de la production de médecins dans d'autres pays, sur laquelle il n'a aucun contrôle.
En tant que nouveaux médecins qui travailleront dans le système des soins de santé au cours des prochaines décennies, nous sommes d'avis qu'il faut s'attacher davantage à déterminer les besoins au lieu d'ouvrir la porte à un nombre indéterminé de médecins diplômés à l'étranger. Le nombre de places dans les programmes de formation postdoctorale à temps plein ou à temps partiel disponibles pour les médecins diplômés à l'étranger au Canada devrait être établi en fonction des besoins du système de soins de santé et réévalué constamment, tout comme on le fait au niveau de l'admission aux études de 1er cycle en médecine.
Des tendances récentes montrent que le nombre de Canadiens qui font leurs études de médecine à l'étranger croît rapidement. Les écoles de médecine de la République d'Irlande et d'Australie deviennent des enclaves de Canadiens qui ont dû s'expatrier pour recevoir leur formation en raison d'une pénurie de places ici. Chose certaine, le Canada a le pire ratio de débouchés pour les étudiants en médecine de tous les pays de l'OCDE.
Malheureusement, en raison des différences entre les systèmes d'enseignement, ces personnes, qui n'ont pas fait d'études de 2e ou 3e cycle ou de résidence, comme ici, cherchent souvent à accéder à la formation à mi-chemin de leur progression dans le cycle de formation médical canadien. Cette tendance est inquiétante et témoigne du manque de possibilités de faire des études en médecine au Canada. Le Canada doit s'efforcer d'offrir suffisamment de place de 1er cycle et de 2e et 3e cycle pour répondre aux besoins de sa population. Nous ne pouvons dépendre de facultés médicales étrangères à but lucratif pour répondre à ces besoins.
De toute évidence, les médecins diplômés à l'étranger sont une ressource précieuse et constitueront toujours une composante importante de notre effectif médical. Cela dit, dans le contexte académique mondial, le Canada a l'obligation morale d'offrir une formation spécialisée aux médecins qui retourneront pratiquer dans leur pays d'origine. Cependant, l'ACMR soutient que le Canada doit être auto-suffisant pour ce qui est de produire le nombre de médecins nécessaires pour répondre à ses besoins en matière de santé. Il est également discutable, sur le plan éthique, de rechercher, de recruter ou de débaucher des médecins provenant de pays en voie de développement. Même si le Canada est une nation d'immigrants, à notre avis, le recrutement actif de médecins hautement compétents dans les pays pauvres en ressources est répréhensible.
Les médecins diplômés de l'étranger ont toujours apporté et continueront d'apporter une contribution importante à la qualité des soins médicaux dispensés au Canada. Ils sont membres de notre organisation et ils deviendront nos collègues. Cependant, dans notre hâte pour accroître l'accessibilité des MDE à la pratique, il est impératif de ne pas compromettre les normes élevées que nous avons établies au Canada en matière d'enseignement médical.
¹ (1545)
Dr Hasan Zaidi: En terminant, j'aimerais vous communiquer quatre conclusions. Premièrement, il faut régler le problème de l'incapacité du système d'éducation d'accueillir les diplômés canadiens avant de songer à ajouter des médecins formés à l'étranger. Deuxièmement, toute réforme du système d'accréditation au Canada doit se faire dans le contexte d'une stratégie nationale des effectifs médicaux, stratégie qui n'existe pas à l'heure actuelle. Troisièmement, les diplômés des facultés de médecine du Canada doivent avoir accès à une formation de 2e ou de 3e cycle. Enfin, le Canada doit adopter une politique officielle d'autosuffisance pour ce qui est de son effectif médical.
Au nom de l'Association des médecins résidents du Canada, nous vous remercions de nous avoir donné l'occasion de comparaître devant vous aujourd'hui.
Le président Merci beaucoup, docteur Zaidi, docteur Kur.
Notre prochain témoin, Canadian Opportunities Partnership, comprend trois groupes. Peut-être pourrait-on m'expliquer cet arrangement. Nous accueillons Anu Bose, directrice générale, National Organization of Immigrant and Visible Minority Women of Canada; David Glastonbury, président, Chambre de commerce d'Ottawa, et Mengistab Tsegaye, directeur général de World Skills Ottawa.
Allez-y, je vous prie. Merci.
Mme Anu Bose (directrice générale, National Organization of Immigrant and Visible Minority of Canada, Canadian Opportunities Partnership): Merci, monsieur le président.
Je souhaite un bon après-midi aux membres du Comité permanent de la citoyenneté de l'immigration, au greffier, M. Farrel, et à l'attaché de recherche, M. Dolan.
Je m'appelle Anu Bose, et je suis la directrice générale de la National Organization of Immigrant and Visibility Minority Women of Canada, un groupe de femmes en quête d'égalité. Notre organisation connaît bien votre comité car nous avons l'habitude d'assister à vos séances. Mais c'est la première fois que nous comparaissons devant vous, monsieur Assadourian, et nous en sommes reconnaissantes.
Le président: Merci.
Mme Anu Bose: Nous sommes ici aujourd'hui en tant que volet de Canadian Opportunities Partnership, une coalition d'organisations et de particuliers, d'ONGs et de gens d'affaires qui souhaitent que la question de la diversité demeure au coeur de la vie publique canadienne.
Trois porte-parole sont ici aujourd'hui. Je suis accompagnée de M.Glastonbury, ancien président de la Chambre de commerce d'Ottawa et un allié des ONG dans le dossier du gaspillage des compétences; et de M.Mengistab Tsegaye, directeur général de World Skills, LASI, dont l'organisation est à la tête du combat pour la reconnaissance des compétences acquises à l'étranger. Chacun d'entre nous a un message particulier à livrer à votre comité et nous vous sommes reconnaissants de nous avoir permis de comparaître à trois, un peu comme les trois mousquetaires.
David.
M. David Glastonbury (président, Chambre de commerce d'Ottawa, Canadian Opportunities Partnership): Monsieur le président, on dit qu'une image vaut mille mots. J'aimerais utiliser plusieurs images verbales en guise de préambule.
Je vous demanderais de vous reporter à l'an 136, année où les ingénieurs romains ont terminé le mur d'Hadrien. J'ai eu la chance de voir ce mur il y a un certain nombre d'années et je peux vous dire que c'est tout un exploit. Cette structure qui a été construite dans le but d'empêcher les tribus du nord d'envahir la Bretagne romaine, cette merveille d'ingénierie est toujours debout aujourd'hui, même si la région été évacuée en l'an 383.
En 1862, Anna Leonowens, une veuve mère de famille, a occupé le poste de gouvernante à la cour du roi de Siam. Au cours des cinq ans où elle y a travaillé, elle a exercé une grande influence sur le futur dirigeant du Siam, aujourd'hui la Thaïlande.
Le canal Rideau, qui amorce son trajet vers le sud à côté de la colline du Parlement, a été construit au début du XIXe siècle. Dans ce bijou d'ingénierie moderne, les pierres utilisées dans les nombreuses écluses témoignent de l'habileté des tailleurs de pierre écossais.
Quel est le lien commun entre les trois exemples que j'ai utilisés? Le lien, c'est que dans l'environnement réglementé du Canada au XXIe siècle, aucune des personnes de talent évoquées dans ces exemples n'aurait pu obtenir un emploi ici.
En dépit du fait qu'ils ont conçu et construit des infrastructures pendant des années dans les régions sous l'emprise de Rome, les ingénieurs romains ne seraient pas autorisés à exercer leur profession ici en raison de leur manque d'expérience au Canada. Et même si l'on peut voir en Europe des viaducs, des aqueducs et bien d'autres types d'infrastructure qui sont toujours debout depuis 2 000 ans, leurs auteurs ne pourraient pas travailler ici.
Malgré ses cinq années d'enseignement au service de la grande famille du roi du Siam, Anna ne serait pas admissible à un poste d'enseignante au Canada. Soit dit en passant, mes recherches m'ont appris qu'elle était morte à Montréal en 1914.
Bien qu'ils aient travaillé pendant des années pour bâtir, dans des conditions extrêmement difficiles, le canal Rideau, juste au bout de la rue ici, entre le lac Dow et le Château Laurier, les tailleurs de pierre écossais ne seraient pas autorisés à travailler dans le Canada d'aujourd'hui.
En 2002, un peu plus de 229 000 immigrants sont arrivés au Canada. Plus de la moitié d'entre eux—136 525—étaient des professionnels et des travailleurs qualifiés. Cette classe économique, comme on l'appelle, englobait 77 000 personnes titulaires de diplômes universitaires, dont plus de 17 000 avaient des maîtrises et plus de 3 000 des doctorats.
D'après Statistique Canada, entre 1991 et 2002, on attribue aux immigrants 70 p. 100 de la croissance totale de la main-d'oeuvre. Et d'ici l'an 2011, c'est pratiquement toute la croissance de la main-d'oeuvre qu'on leur devra.
Le Conference Board calculé que le Canada se prive en un an d'avantages économiques d'une valeur de 5,9 milliards de dollars à cause de cette situation. Le résultat de notre incapacité à exploiter les compétences de ces personnes qui sont prêtes à travailler, c'est qu'on augmente les rangs des petits salariés.
S'agissant de main-d'oeuvre, l'un des grands défis que doit relever la Ville d'Ottawa tient au fait que 70 p. 100 des familles sur les listes d'attente municipales pour des logements subventionnés en 2002 étaient des immigrants ayant un revenu annuel moyen de 18 011 $. Un résident d'Ottawa sur cinq est né à l'étranger et un sur cinq fait partie d'une minorité visible.
Qu'est-ce qui vient en premier, la poule ou l'oeuf? Le gouvernement fédéral a laissé savoir qu'il voulait contribuer à améliorer la situation des villes canadiennes. Cet engagement se traduira-t-il par un investissement plus important dans le logement social? Est-ce là où il faut mettre l'accent?
Chose certaine, les demandes de financement accru sont fondées sur des arguments crédibles, mais nous attaquons-nous aux symptômes plutôt qu'à la cause? Notre système de réglementation prive les nouveaux arrivants d'occasions de devenir des contributeurs nets au bien commun. Au lieu de cela, en dépit du fait qu'elles soient en grande demande, ces ressources ne peuvent réaliser leur plein potentiel.
¹ (1550)
Il semble que le goulot d'étranglement auquel se heurtent les immigrants est davantage présent dans les domaines les plus réglementés. J'attire votre attention sur la situation que l'on a connue au plus fort du boom de la haute technologie. Nous ne pouvions trouver suffisamment de talents assez rapidement dans ce domaine. Qu'ils aient obtenu leur diplôme à Hong Kong, en Inde ou au Bangladesh, il suffisait que les personnes en question aient le bagage voulu pour qu'on les considère aptes à occuper un emploi.
Dans des professions comme l'enseignement et la médecine et dans les métiers spécialisés, pourquoi existe-t-il tant d'obstacles à l'accès des immigrants compétents? C'est précisément dans ces domaines qu'il existe une abondance de candidats talentueux et compétents qui attendent impatiemment d'avoir l'occasion de contribuer à l'économie de leur nouveau pays. À titre d'exemple, on chiffre à 250 et on estime à plus de 400 le nombre de médecins qualifiés d'origine étrangère résidant à Ottawa. Essayez de trouver un omnipraticien à Ottawa qui accepte de nouveaux patients. Et pourtant, il y a des centaines d'immigrants diplômés en médecine qui n'attendent que l'occasion de servir.
Mon pharmacien local vient de déménager dans un nouvel immeuble. Il a délibérément construit ses nouveaux locaux en prévoyant un cabinet de médecin à l'étage. Il travaille à cet endroit depuis plusieurs mois et il a interviewé quelques personnes, mais il attend toujours qu'un médecin s'installe. Il conserve ce local qui représente un débouché. Il cherche toujours quelqu'un qui viendrait l'occuper.
Trop souvent, dans la société canadienne, on opte pour la solution de facilité pour résoudre nos problèmes, c'est-à-dire qu'on réclame davantage d'argent. Le financement actuel nous permet d'obtenir des résultats prometteurs, mais c'est comme s'attaquer à un iceberg avec un pic à glace.
S'agissant des métiers spécialisés au Canada, par exemple les briqueteurs, bon nombre sont âgés de plus de 60 ans. Je ne pense pas qu'on puisse trouver un tailleur de pierre de moins de 60 ans. Dans une perspective commerciale, je ne comprends pas ce qui est différent. Si l'on fait venir un briqueteur d'Italie, va-t-il poser les briques à l'envers? Aura-t-il besoin d'acquérir une expérience canadienne pour les poser à plat? Je blague, mais c'est le genre de problème qui survient. Les infirmières formées à l'étranger sont-elles susceptibles de poser leurs bandages à l'envers, au point qu'il nous faut les reformer? C'est la question que je vous pose.
Ma première recommandation est de nommer un tsar de l'emploi des immigrants pour pulvériser toutes ces barrières à tous les niveaux. Deuxièmement, il faut s'attaquer à la racine du mal de la pauvreté chez les immigrants, et non aux symptômes. Troisièmement, il faut recentrer les dépenses pour maximiser les résultats et non pas faire davantage d'études et alourdir davantage l'appareil bureaucratique.
Merci.
¹ (1555)
Le président: Merci beaucoup.
Monsieur Tsegaye, je vous prie.
M. Mengistab Tsegaye (directeur général, World Skills Ottawa, Canadian Opportunities Partnership): Il est difficile d'ajouter quoi que ce soit à ces remarques.
Je m'appelle Meng Tsegaye et je travaille pour LASI Word Skills. Il s'agit d'une agence locale au service des immigrants. C'est un partenariat de six organisations : Catholic Immigration Centre, Immigrant Women Services Ottawa, Jewish Family Services, Lebanese and Arab Social Services, Ottawa Chinese Community Service Centre et Ottawa Community Immigrant Services Organization. Nous travaillons ensemble en vue d'offrir des services d'emploi, mais nous fournissons aussi toute une gamme de services variés dans la région d'Ottawa-Carleton.
Aujourd'hui, je veux partager avec vous une initiative que nous avons mise oeuvre ici à Ottawa et qui pourrait peut-être servir de modèle dans d'autres secteurs. Vous êtes tous au courant des nombreux obstacles et défis auxquels se heurtent les professionnels d'origine étrangère. Par conséquent, je ne reviendrai pas sur bon nombre des problèmes qui ont déjà été documentés.
Le projet en question s'adresse aux enseignants formés à l'étranger. Nous avons environ 600 enseignants formés à l'étranger dans notre banque de données. Nous avons conclu un partenariat avec le Conseil des écoles publiques d'Ottawa et l'Université Queen. Le programme s'adresse essentiellement aux enseignants formés à l'étranger qui ont déjà le bagage académique et l'expérience voulus mais à qui il manque le certificat d'enseignement d'un an au Canada exigé pour pratiquer en Ontario.
Le programme est financé par le ministère de la Formation, des Collèges et des Universités. Il s'agit d'un projet pilote de trois ans qui accueillera 90 personnes. Une fois qu'elles auront terminé le programme, ces personnes obtiendront leur certificat, ce qui leur permettra d'enseigner en Ontario.
Nos premiers participants ont reçu leur diplôme l'année dernière, en octobre. Vingt-six personnes faisaient partie de la première cohorte, et seize d'entre eux travaillent maintenant dans leur profession. Certaines vivaient de l'aide sociale ou de l'assurance emploi avant le lancement du programme. Lorsqu'une personne qui vivait de l'assistance sociale en septembre gagne un salaire de 55 000 $ en janvier, nul besoin de faire des recherches ou des études pour savoir si ce genre d'initiative est un succès ou non.
À partir d'une liste de 600 personnes, nous avons dû en choisir 90 en nous fondant sur un critère fort simple. Nous avons puisé dans le bassin des personnes qui touchaient l'assurance-emploi et qui participaient au programme Ontario au travail parce qu'elles avaient au moins accès à des ressources en formation. Mais un grand nombre d'enseignants immigrants formés à l'étranger ne seront pas en mesure d'accéder à ce programme et d'obtenir cette formation.
L'autre volet important de cette initiative pour nous est le partenariat développé entre les établissements de formation, l'organisme de réglementation et les organisations communautaires. Nous considérons que cette initiative, qui était très nouvelle pour nous, a été précieuse. Nous avons vécu une excellente expérience avec le Collège des enseignants et enseignantes de l'Ontario. En fait, à partir de cette expérience, nous sommes en train d'explorer d'autres types de partenariat.
Pour vous donner un exemple, la plupart des 26 diplômés de la première cohorte participaient à Ontario au travail ou touchaient l'assurance-emploi et ils étaient parrainés par ces programmes. Cinq autres personnes voulaient vraiment participer au programme, mais elles ne pouvaient avoir accès à du financement pour leur formation. Nous avons donc dû les aider à obtenir des prêts privés pour qu'elles puissent participer.
Dans la foulée de ce partenariat, nous avons constaté qu'il existe des barrières structurelles, mais qu'en s'unissant, il y a bien des choses qu'on peut réaliser. Par exemple, la théorie dispensée dans le cadre du programme se donnait en partie à Kingston et en partie à Ottawa. Évidemment, les stages pratiques se faisaient au sein du conseil scolaire. Mais au cours des sept semaines où les participants devaient être à Kingston, les responsables de l'Université Queen's ont eu une idée pour les aider financièrement. Ils ont décidé que ce volet du programme serait offert pendant l'été, et, comme les étudiants sont absents, la résidence était libre.
º (1600)
Ce n'est qu'un exemple; l'argent n'est pas toujours la solution et il existe dans le cadre de partenariats d'autres façons créatives de procéder qui donnent de bons résultats.
D'après notre expérience, je crois qu'il faut probablement envisager quatre façons de concevoir ou de prévoir des initiatives d'harmonisation pour les professionnels formés à l'étranger. La coordination entre tous les ordres de gouvernement, centres de formation et organismes d'accréditation en est une.
Un accès universel à la formation et à des possibilités de recyclage pour les nouveaux venus pose un gros problème. Si vous venez d'arriver ici, vous n'avez pas travaillé au Canada et vous n'avez pas accès au service social ni non plus à la formation nécessaire pour mettre à jour vos compétences.
Pour ce qui est d'un financement de base durable d'initiatives d'emplois, nous avons ce programme et je vous ai dit jusqu'à quel point il était réussi. C'est un projet pilote qui va se terminer en 2005 et aucun engagement n'a été pris pour le poursuivre.
La stratégie permettant d'engager les employeurs dans le processus d'intégration des nouveaux venus au sein de la main-d'oeuvre est encore une fois un élément important de l'équation. Nous avons vu quelques autres modèles. Le programme Ontario au travail prévoit un incitatif pour les employeurs qui leur permet de compenser les coûts initiaux de formation d'un nouvel employé. On pourrait envisager une solution de ce genre pour que les employeurs s'engagent à cet égard.
Nous pensons qu'un partenariat devrait s'instaurer entre les divers ordres de gouvernement. Il y a toujours une initiative du gouvernement fédéral, une autre de la province. Il faut trouver un moyen de coordonner ces initiatives.
La question des professionnels formés à l'étranger intéresse tout le monde selon nous, bien qu'elle ne soit pas vraiment la priorité de qui que ce soit. Si nous prévoyons recruter les meilleurs et les plus talentueux professionnels des quatre coins du monde, nous devrions certainement prévoir un plan d'intégration au sein de la main-d'oeuvre.
Merci.
º (1605)
Le président: Merci beaucoup.
Monsieur Hanger, dix minutes.
M. Art Hanger (Calgary-Nord-Est, PCC): Merci, monsieur le président.
J'aimerais remercier nos invités pour leurs exposés.
Il y a quelque chose que je ne comprends pas bien. Les deux personnes à ma droite semblent très convaincues, mais je ne sais pas vraiment ce que veulent dire les autres, ni non plus si nous partageons les mêmes points de vue. J'imagine que ce n'est pas le cas. D'après M. Zaidi et M. Kur, l'affaiblissement des normes d'éducation est un problème; elles peuvent permettre d'évaluer les médecins titulaires de diplômes étrangers, mais les besoins de ces médecins en matière d'éducation sont en quelque sorte un obstacle. J'aimerais plus de précisions à ce sujet. Que voulez-vous dire lorsque vous parlez de besoins en matière d'éducation?
Dr Jason Kur: Peut-être puis-je vous donner un exemple personnel. Je suis résident senior à l'Hôpital St. Paul de Vancouver. Mon équipe se compose habituellement de deux ou trois étudiants en médecine, de deux résidents juniors et souvent, d'un médecin formé à l'étranger qui suit un programme particulier mis au point à notre hôpital en vue de recruter davantage de médecins formés à l'étranger. Chaque nouveau médecin formé à l'étranger vient d'un contexte différent, d'un système d'éducation différent et possède des connaissances différentes. On ne peut pas vraiment tirer de conclusions au sujet de la capacité d'une personne tant qu'on ne l'a pas vue en action, ce qui prend du temps. Cela peut nous empêcher d'assumer d'autres responsabilités liées à notre emploi, car ces fonctions s'ajoutent et nous devons les remplir, puisque c'est notre rôle.
Il est donc véritablement important d'avoir les outils permettant de nous assurer que les personnes que nous affectons aux soins des patients ont la formation voulue et sont capables de jouer ces rôles. Je prétends que nous n'avons pas tous les outils nécessaires qui permettent de savoir rapidement et efficacement que telle ou telle personne qui vient de tel ou tel pays ou de tel ou tel système d'éducation peut jouer tel ou tel rôle dans notre système. Ces gens ont-ils les connaissances d'un étudiant en médecine? D'un résident junior? Sont-ils prêts à exercer la médecine? Nous avons tous ces genres de médecins qui proviennent de pays étrangers. Nous devons avoir les outils qui nous permettent de les placer rapidement dans tel ou tel poste. À l'heure actuelle, les médecins formés à l'étranger occupent des postes de résidents, car c'est en quelque sorte une solution de facilité, puisque ces postes sont assez supervisés. On peut alors par la suite décider si telle ou telle personne peut avoir plus de responsabilités en matière de soins des patients et passer des examens. À mon avis, nous manquons de tels outils et nous avons besoin d'un peu plus de soutien pour ceux qui ne sont pas régulièrement appelés à régler ces problèmes.
Je ne veux pas que votre comité ait l'impression qu'en tant que nouveaux médecins, nous faisons preuve de protectionnisme. Ce n'est certainement pas notre attitude. Il y a tellement de médecins titulaires de diplômes étrangers qui contribuent énormément à notre système et qui sont membres de nos organisations, mais ce qui compte, c'est la sécurité des patients et le fait que tous les Canadiens doivent pouvoir s'attendre à la même qualité de soins, quel que soit le médecin chez lequel ils se rendent.
M. Art Hanger: Pour reprendre l'analogie de M. Glastonbury, vous avez un briqueteur italien qui a de la difficulté à entrer dans notre pays. Regardons les choses en face, la moitié des briques de notre pays ont été probablement posées par des Italiens. Il y a toutefois une grande différence entre un briqueteur qui a les compétences voulues de sa profession et un médecin qui doit déterminer l'état de santé d'un patient. Je peux comprendre qu'il est nécessaire d'avoir un mécanisme d'évaluation, mais je me demande la rapidité avec laquelle vous souhaitez qu'un médecin, déjà formé peut-être, qui a de l'expérience dans son propre pays, peut être accepté dans notre système.
º (1610)
Dr Hasan Zaidi: Il y a effectivement une grande différence entre le briquetage et l'enseignement de la médecine, la façon de s'occuper des malades et d'obtenir la confiance du public. Si je déménageais dans un autre pays, je m'attendrais à ce que l'on évalue mes titres de compétence. J'espérerais que cela ne se fasse pas de manière accélérée car, à mon avis, c'est dangereux pour la sécurité du public et irresponsable. Les médecins titulaires de diplômes étrangers et les médecins étrangers continuent de jouer un rôle énorme dans la prestation des services de soins de santé. Un médecin sur cinq est un médecin formé à l'étranger. Pour reprendre ce que dit Jason, il ne faut pas sacrifier les façons pertinentes d'évaluer les titres de compétences et d'accorder l'autorisation d'exercer et il faut respecter les mêmes normes afin d'assurer la sécurité optimale des patients.
Mme Anu Bose: Je consulte un nouveau médecin qui est un Sikh du Yorkshire. Il porte un turban et parle avec un fort accent du Yorkshire. C'est un MRCP de Grande-Bretagne. Je lui ai demandé comment il s'était arrangé pour intégrer le milieu médical canadien. Il m'a répondu que c'était une dot de son épouse canadienne qui lui a donné l'argent voulu pour passer les examens. Ce n'est pas tout le monde qui se trouve dans une situation pareille, je le crains.
Examinons l'exemple de la Grande-Bretagne. Le Service national de la santé de ce pays fermerait si on n'y retrouvait pas tous ces médecins formés dans les pays du Commonwealth; la Grande-Bretagne dispose de moyens d'évaluation. C'est certainement au Collège royal des médecins et des chirurgiens qu'il appartient de se pencher sur la question. En outre, un médecin est par définition un médecin. Il a peut-être besoin de se familiariser avec la culture médicale du Canada, qui est probablement même plus ouverte que celle de la Grande-Bretagne. Il nous incombe également d'examiner l'expérience australienne. J'ai mentionné à votre attaché de recherche qu'il pourrait examiner la façon dont l'Australie a mis au point ces protocoles conjoints avec les États pour assurer la qualité à l'échelle de ce continent. Nous pouvons donc tirer des leçons de certains pays.
Comme je l'ai déjà dit, si le gouvernement du Canada est prêt à réfléchir aux questions de santé, il pourrait également réfléchir aux titres de compétences. Nous attendons depuis très longtemps et je ne crois pas que nous puissions attendre plus longtemps.
M. Art Hanger: Je comprends qu'il faut avoir un genre de protocole, mais ce n'est pas l'impression que je retire des propos de ceux qui se trouvent au bout de la table. En fin de compte, il faut que notre pays fixe la norme et la fasse respecter. J'ai l'impression qu'il y a une certaine résistance d'un côté tandis que de l'autre, on souhaite faire avancer les choses beaucoup plus rapidement. Je suis toujours en train de me demander où nous nous situons, en tant que pays, au sujet d'un tel protocole qui permettrait d'analyser les titres de compétences, notamment les titres de compétences des médecins étrangers. À mon avis, le gros risque, c'est qu'on puisse le proposer, mais qu'il ne soit pas accepté par les autorités provinciales, si bien que le fédéral risque d'exercer des pressions exagérées sur elles. Une vaste coopération de cette nature ne semble pas exister d'après les exposés que nous avons entendus cet après-midi.
Où nous situons-nous?
M. David Glastonbury: Je crois qu'on peut dire nulle part. J'ai cité le chiffre de 6,9 milliards de dollars. L'écart est énorme, avec tout le respect que je dois à ces messieurs ici, lorsqu'ils disent qu'il faut s'assurer qu'il y ait des places pour tous les candidats canadiens en faculté de médecine. À l'épicerie Loblaws, par exemple, on ne jette pas les fruits et légumes, on veut en tirer parti. La même chose s'applique, j'imagine, dans le cas des spécialistes qui viennent dans notre pays. Nous voulons profiter de leurs compétences avant qu'ils ne les perdent.
Loin de moi l'idée qu'il faudrait se passer de critères. Ce n'est pas simplement parce qu'une personne a un diplôme d'un niveau d'études donné qu'on va l'accepter sans poser de questions. Il faut prévoir des obstacles à franchir, mais d'après moi, pour l'instant, ce n'est pas le cas, on peut plutôt parler de barrières. Je vous ai donné l'exemple du secteur de la haute technologie. Lorsque nous avons eu besoin de spécialistes, on ne s'est pas préoccupé de leur pays d'origine, tant qu'ils avaient l'expérience et la formation requises.
J'irais jusqu'à prendre des risques en disant : pourquoi ne pas fermer toutes les facultés de médecine pendant deux ans, accepter tous les immigrants, et s'occuper des Canadiens par la suite?
º (1615)
Le président: Merci. Ça suffit.
Madame Beaumier.
Mme Colleen Beaumier (Brampton-Ouest—Mississauga, Lib.): Merci.
En tant que Canadienne de race blanche, je ressens beaucoup de honte chaque fois que je prends un taxi à l'aéroport. Nous avons des médecins, des vétérinaires et des titulaires de maîtrise et de doctorat qui conduisent des taxis dans notre pays—s'ils ont de la chance.
Je sais qu'il y a des façons d'évaluer... Je vais parler de la situation des médecins. Un jour, mon livreur de journaux est venu frapper à ma porte pour que je paye la facture car il allait aux États-Unis—il était médecin et ne pouvait exercer la médecine au Canada. Il n'avait pas les ressources pour exercer la médecine au Canada et il allait aux États-Unis où, au bout de six mois, il allait pouvoir exercer la médecine. Quelle honte que dans notre pays nous soyons devenus si arrogants et nous permettions de rejeter des gens éduqués. Éduquer les gens coûte beaucoup d'argent or, notre arrogance nous pousse encore aujourd'hui à rejeter ces gens.
Vous parlez des briqueteurs qui posent des briques différemment. Prenons l'exemple d'un diplômé d'une école de médecine en Inde reconnue à l'échelle internationale; êtes-vous en train de me dire que les gens en Inde ont leurs reins ici et leur coeur dans les orteils? Je sais que ce n'est pas aussi simple. Toutefois, il existe des écoles de médecine reconnues à l'échelle internationale et cela ne change toujours rien.
Il faut mettre quelque chose en place et l'Association des médecins, si elle le veut bien, pourrait proposer un genre de programme semblable. Je ne sais pas si vous avez examiné les programmes des États-Unis qui permettent aux médecins de se qualifier; je crois que c'est une responsabilité qu'il faut assumer. Non seulement est-ce sensé au plan économique, mais aussi, à mon avis, au plan moral. C'est le premier point.
Deuxième point, je suis heureuse, David, de vous en entendre parler, surtout que vous représentez le conseil d'administration des la Chambre des commerce. Lorsque je vais à la banque et que j'observe les gens qui s'y trouvent... Ma circonscription se compose à 62 p. 100 de Canadiens de première génération et probablement 90 p. 100 d'entre eux sont membres de minorités visibles. Je vais à la banque—et les banquiers sont intelligents—et il peut y avoir 14 personnes qui font la queue et je suis la seule personne de race blanche. J'observe les gens autour de moi et je m'aperçois que la banque est le reflet de la réalité démographique du Canada, parce que c'est bon pour les affaires.
Toutefois, si je me rends à la mairie de Brampton, j'ai du mal à trouver un membre d'une minorité visible. Les pratiques d'embauche au gouvernement ne sont pas représentatives démographiquement parlant des gens qui payent les impôts et c'est pour moi une autre source de honte.
Désolée, j'ai dit ce que j'avais sur le coeur; je me sens beaucoup mieux—je peux partir maintenant.
J'aimerais savoir comment, d'après vous, nous pouvons... Devons-nous dire aux gens, si vous êtes médecins, inutile de présenter une demande, parce que vous allez vous retrouver balayeurs—si vous avez de la chance, vous serez balayeurs dans un hôpital ou vous serez chauffeurs de taxi. Que pouvons-nous faire? Faut-il simplement empêcher les médecins de venir ici?
º (1620)
Dr Jason Kur: Il me semble que les personnes présentes ici se demandent ce que l'on fait actuellement pour améliorer la situation. Avec tout le respect que je vous dois, je crois que beaucoup de choses se font. Le groupe de travail national chargé d'examiner l'autorisation d'exercer des médecins formés à l'étranger a pris beaucoup de mesures ces deux dernières années. J'y participe depuis maintenant deux ans et je peux dire que l'on arrive maintenant à centraliser l'information. À l'heure actuelle chaque province a des règles différentes pour les diplômés canadiens, sans parler des médecins formés à l'étranger.
Les représentants de ces organismes disent que la situation des médecins titulaires de diplômes étrangers est un véritable fiasco. Il faut commencer à prévoir un point central d'information où chacun peut légitimement demander ce qu'il faut pour devenir médecin au Canada—faut-il avoir A, B, C et D? À l'heure actuelle nous n'avons pas ce point central d'information, mais on s'y emploie actuellement.
On retrouve de plus en plus de programmes à l'échelle du pays, mais le problème, c'est que les programmes de l'Ontario, du Manitoba, de la Colombie-Britannique et des Maritimes sont indépendants les uns des autres. Il faut commencer à partager les outils utilisés pour l'évaluation et c'est ce qui commence à se produire grâce à un échange d'idées fructueux quant à l'évaluation des médecins titulaires de diplômes étrangers. Les organismes de réglementation sont alors aussi obligés de se demander comment répondre à cette question qui, au bout du compte, va permettre de faciliter les choses pour tous ceux qui exercent la médecine au Canada.
Il se passe donc beaucoup de choses et je crois que nous allons dans la bonne direction, mais cela prend du temps. Il est difficile d'évaluer qui que ce soit en l'espace de quelques mois ou semaines, pour lui permettre d'exercer. Permettez-moi de vous donner un exemple. Si je décidais de quitter la profession de médecin aujourd'hui et de ne pas travailler pendant dix ans, je ne pourrais pas obtenir une autorisation d'exercer dans dix ans. Il faudrait que mes compétences soient réévaluées. Ces règles s'appliquent à tout le monde, et pas seulement aux médecins formés à l'étranger.
Il se passe donc des choses qui visent à rationaliser le système; l'information devient centralisée et les organismes d'accréditation se réunissent. Représentant le nouveau visage de la médecine, nous voulons que les choses se simplifient encore davantage car, nous en convenons, c'est un peu un fiasco.
Mme Colleen Beaumier: Eh bien, pourquoi mon livreur de journaux peut-il aller aux États-Unis et avoir l'autorisation d'exercer la médecine au bout de six mois? Qu'ont-ils que nous n'avons pas, si ce n'est peut-être un peu de bon sens économique?
Dr Jason Kur: Malheureusement, la médecine et la formation sont différentes aux États-Unis. Certaines écoles sont accréditées conjointement avec des écoles de médecine canadiennes, ce qui fait que le Canada et les États-Unis ont toujours eu de bonnes relations pour ce qui est de l'échange de ces professionnels. Il y a toutefois des diplômés des États-Unis qui ne fréquentent pas ces écoles de médecine et qui se heurteraient aux mêmes difficultés que n'importe quel autre médecin formé à l'étranger.
J'en reviens de nouveau à la norme. Aux États-Unis, les patients s'informent au sujet des titres de compétence de leur médecin pour savoir s'il est certifié. Où ce médecin a-t-il reçu sa formation? Qu'a-t-il fait? Peut-on lui faire confiance? Ce n'est pas la même chose au Canada, puisque les diplômés de nos écoles ont une formation uniforme. C'est quelque chose, je crois, que beaucoup de Canadiens prennent pour acquis et je ne pense pas qu'il faudrait en faire le sacrifice pour aller plus vite.
Le président: Madame Bose.
Mme Anu Bose: J'allais dire que je suis d'accord avec Mme Beaumier, et que je suis contente qu'elle ait abordé le sujet.
Comment se fait-il que la Grande-Bretagne est en mesure d'évaluer les titres de compétence de médecins originaires du Bangladesh, du Pakistan, de l'Inde, du Ghana et du Nigeria, mais pas le Canada? Il doit bien être possible de demander aux Britanniques—même si nous n'achetons pas leur expertise—comment ils s'y prennent. Ils sont maintenant obligés d'évaluer les titres de compétence des médecins formés dans les pays membres de l'UE. Ils ont supprimé l'arrangement préférentiel appliqué aux pays du Commonwealth. L'expertise est là, et les outils aussi.
Ce que dit M. Kur est vrai. Il y a beaucoup de programmes ponctuels qui sont mis en oeuvre à l'heure actuelle, et nous devons les regrouper sous un même toit.
Je crois que Mme Fry est ici. Je sais qu'on lu a confié la responsabilité spéciale de coordonner cet effort. Ce que nous proposons, c'est que le comité recommande que Mme Fry soit nommée à la tête d'un secrétariat munie de ressources adéquates, pour qu'elle puisse réunir les intéressés et aller de l'avant avec son travail. Laissons la place aux femmes si les hommes sont incapables de le faire.
º (1625)
Le président: Nous avons absolument besoin de vous, madame Fry. Allez-y.
L'hon. Hedy Fry (Vancouver-Centre, Lib.): Merci beaucoup.
En fait, je suis contente que M. Kur ait mentionné certaines des mesures qui ont été prises à la suite du dépôt du rapport du groupe de travail sur l'accréditation des médecins diplômés à l'étranger. Ces mesures se font attendre depuis longtemps. Nous sommes en train de discuter de la nécessité de mettre en place un mécanisme d'évaluation pancanadien. Je voudrais plutôt vous parler d'un autre sujet que je juge très, très important.
Je fais de la politique depuis maintenant dix ans. Si je voulais, demain, recommencer à exercer la médecine, il faudrait que je suive une formation médicale continue pendant un certain nombre d'heures ou de mois pour me mettre à jour. Quand je pratiquais la médecine, je lisais six revues médicales par semaine. Si je ne le faisais pas, je découvrais, six mois plus tard, des traitements nouveaux qui m'étaient inconnus six mois plus tôt. La médecine évolue très rapidement. L'impact des médicaments, leur efficacité sur les patients, les méthodes, tout change. Il faudrait donc que je suive une nouvelle formation. Je ne pourrais pas tout simplement recommencer à pratiquer la médecine du jour au lendemain.
Il y a, à mon avis, deux problèmes qui se posent. J'aimerais savoir ce qu'en pense M. Kur. Il y a d'abord l'aide offerte aux médecins diplômés à l'étranger qui conduisent des taxis depuis six ans. Comment pouvons-nous les aider à avoir accès aux ressources dont ils ont besoin non seulement pour passer les examens, pour se préparer, mais aussi pour trouver un poste de résident ou suivre une formation qui leur permettra d'exercer de nouveau leur métier? Le stage de formation des diplômés en médecine familiale est moins long que celui qui s'adresse aux diplômés spécialisés dans un domaine particulier. Je sais que l'absence de ressources constitue un problème énorme, surtout si vous avez occupé un emploi faiblement rémunéré pendant tout le temps que vous n'avez pas été en mesure d'exercer votre profession.
Nous avons investi, il y a un mois de cela, entre 3 et 4 millions de dollars dans ce projet. J'en ai fait l'annonce à Calgary. Mais cet effort ne permettra de résoudre qu'une partie du problème, puisqu'il y a encore beaucoup de médecins qui ont besoin d'aide et de ressources. Je voudrais que M. Kur nous dise combien nous devons investir pour venir à bout de cette situation.
Il est vrai, comme le dit M. Kur, que le programme de résidence constitue un aspect clé de la formation d'un médecin. Peu importe les titres de compétence qu'ils possèdent, les médecins doivent participer à un programme de résidence pour être en mesure de faire montre de leur expérience. À votre avis, comment pouvons-nous garantir à ces médecins des postes de résidents, étant donné qu'il y a très peu de postes de ce genre dans les hôpitaux d'enseignement et de soins tertiaires? Comment pouvons-nous offrir à ces personnes des postes de formation dans d'autres régions du Canada, et non seulement dans les grandes villes? Est-il possible de le faire? Quelles ressources nous faut-il pour y arriver? Comment ces médecins seront-ils formés et supervisés?
Dr Jason Kur: Vous posez beaucoup de questions. Je vais essayer d'y répondre du mieux que je peux.
Je vais commencer par la dernière, à savoir comment aider les médecins, surtout ceux formés à l'étranger, à s'installer dans d'autres régions du Canada. Fait important à signaler, nous avons tendance à croire que l'arrivée de médecins formés à l'étranger va permettre de répondre aux besoins de toutes les collectivités rurales du Canada. Or, d'après les études qui ont été réalisées, les immigrants, au Canada, ont tendance à se concentrer dans les grandes villes. Nous devons donc élaborer une stratégie pour encourager ces personnes à s'installer dans les autres collectivités.
Cette stratégie doit, par ailleurs, également s'appliquer aux diplômés canadiens. Nous devons essayer de comprendre pourquoi les médecins formés non seulement à l'étranger, mais aussi au Canada, ne s'installent pas dans les petites collectivités. Si nous fournissons le soutien et l'infrastructure nécessaires à ces collectivités, elles vont être en mesure d'attirer des diplômés non seulement canadiens, mais aussi étrangers. C'est une piste de solution parmi d'autres. Nous avons examiné de près, dans diverses provinces, la problématique des ressources médicales dans les collectivités rurales. Des initiatives ont été mises en place pour essayer d'y attirer des médecins. Ces initiatives doivent également s'appliquer aux médecins diplômés à l'étranger. Il n'y a pas de solution universelle.
Pour ce qui est des postes, la situation est compliquée par le fait que chaque province applique ses propres règles. Il y a des provinces qui réservent un certain nombre de postes de recyclage aux médecins formés à l'étranger. Il y en a d'autres qui ne font aucune distinction entre les médecins formés à l'étranger et ceux formés au Canada quand vient le temps d'offrir des postes de résidence. Notre association souhaite qu'il y ait, dans chaque province, un nombre bien précis et distinct de postes réservés aux médecins formés à l'étranger, et ce, pour qu'ils sachent, à tout le moins, s'ils ont de bonnes chances d'entrer dans le système. En effet, il est difficile pour les médecins formés à l'étranger de savoir s'ils ont la possibilité de participer au programme quand tout le monde est placé dans le même panier.
Le programme mis en place en Ontario prend de l'expansion; il va accepter cette année—je ne sais plus quels sont les chiffres—plus d'une centaine de médecins formés à l'étranger. Il y a donc de bonnes chances que le nombre de postes de formation en Ontario augmente.
Il nous faut donc un nombre précis de postes dans les programmes de recyclage, que soit pour les résidents à temps plein ou à temps partiel, les médecins qui ont un statut d'observateur, ainsi de suite.
Enfin, votre première question était la suivante : comment pouvons-nous aider les médecins diplômés à l'étranger à avoir accès aux ressources. Il est difficile de répondre à la question, car il nous faut, pour y arriver, non seulement du capital humain, mais aussi, malheureusement, du capital financier. J'ai dit, dans mon exposé, que la situation pose problème en Colombie-Britannique parce qu'ils veulent doubler le nombre d'admissions à l'école de médecine, ce qui n'est pas sans créer de nombreuses et nouvelles difficultés. Ils essaient d'encourager les médecins à s'installer dans les collectivités, et je pense que les diplômés en médecine internationaux peuvent jouer un rôle à ce chapitre. Nous devons avoir une vue d'ensemble des choses. Nous disons que nous voulons qu'un plus grand nombre de personnes suivent une formation, mais où sont les postes qui leur permettent de le faire?
Beaucoup de personnes, dans les centres-villes, commencent à regarder au-delà de la tour d'ivoire qu'est l'école de médecine. Nous avons des médecins brillants à Kelowna et à l'intérieur de la Colombie-Britannique qui sont eux-mêmes formés à l'étranger. Bon nombre d'entre eux veulent remplir un rôle de formateur. Nous devons exploiter ce bassin que représentent les médecins qui travaillent à l'extérieur du milieu universitaire et qui veulent s'occuper d'évaluation et de formation.
C'est à ce niveau là qu'il nous faut plus de soutien, car ces médecins vont remplir de nouveaux rôles comme enseignants et évaluer les connaissances des diplômés en médecine internationaux. Ils vont avoir besoin de matériel technologique, si nous voulons qu'ils aient accès, sur Internet, aux revues médicales les plus récentes et aux ressources que nous tenons pour acquis dans les grands centres. Ces outils vont profiter aux diplômés canadiens qui s'installent dans les collectivités rurales, et aussi aux diplômés formés à l'étranger qui occupent un plus grand nombre de postes de résidents.
Nous devons absolument tirer parti de l'expérience des médecins formés à l'étranger, qui représentent le quart des effectifs médicaux au Canada. Ils représentent un potentiel énorme que nous devons exploiter pour venir en aide aux autres médecins qui viennent aussi de l'étranger.
º (1630)
L'hon. Hedy Fry: J'ai une brève question à poser. Il y a, en fait, beaucoup de personnes qui n'ont pas exercé leur métier pendant un certain temps, par exemple, et qui doivent être évaluées. Elles doivent reprendre les examens; nous savons qu'elles doivent en passer trois, et qu'ils coûtent plus de 1 000 $ chacun.
Que devons-nous faire? Est-ce que le gouvernement fédéral a un rôle à jouer à ce chapitre? Même si nous ne voulons plus être considérés comme une vache à lait, nous voulons tout de même savoir comment nous pouvons les aider à passer ces examens et à se faire évaluer s'ils n'ont pas d'argent. Pouvons-nous leur accorder des prêts ou des subventions? Ou peut-être les deux? Comment devons-nous nous y prendre?
Dr Hasan Zaidi: Je pense qu'il faut leur offrir une combinaison de tout ce que vous venez de mentionner : des subventions, des bourses d'études et des prêts.
Je suis moi-même en train de préparer des examens. J'ai en passé quelques-uns, et ils coûtent très chers. Les examens finaux du Collège royal coûtent quelques milliers de dollars.
Mais pour revenir à votre question concernant le soutien, je pense que les sept recommandations formulées par votre groupe de travail—centralisation de l'information, création de sites Web, examen offert plus souvent—sont toutes des mesures qui vont dans le bon sens. Elles vont permettre de fournir les ressources nécessaires pour ce qui est de l'infrastructure, de l'évaluation de la formation.
Le président: Madame Bose.
Mme Anu Bose: Merci, monsieur Assadourian.
Je pense que je vais pouvoir répondre, en partie, à votre question, madame Fry.
Votre prédécesseur, M. Fontana, a déclaré, dans le dernier rapport du comité permanent, que les immigrants versaient beaucoup plus en droits d'établissement et en droits de traitement des demandes que ce qu'ils recevaient en retour. Il a suggéré, de façon très audacieuse—et il n'était pas question ici que le gouvernement agisse comme vache à lait—que l'on accorde à chaque immigrant ne faisant pas partie de la catégorie de la famille—et c'est nous qui ajoutons ce mot ici—un « bon » de 3 000 $ pour les aider à intégrer la population active. Ils pourraient utiliser cet argent pour faire évaluer leurs titres de compétence, améliorer leurs connaissances linguistiques ou autres. Ce montant serait négociable en banque, mais ne pourrait être utilisé à des fins de consommation.
Monsieur Assadourian, nous souhaiterions que vous acceptiez de relever ce défi.
Le président: Je vais faire la suggestion à Mme Fry.
Le premier ministre doit rencontrer ses homologues provinciaux. Mme Fry devrait peut-être encourager le premier ministre ou les premiers ministres provinciaux à se pencher là-dessus.
J'aimerais, si je puis me permettre, poser une question. Nous avons ici une association professionnelle, et un groupe qui représente les travailleurs. Nous avons parlé, plus tôt, des briqueteurs. C'est le lien que je veux établir.
º (1635)
Mme Colleen Beaumier: Je ne me souviens pas d'avoir parlé des briqueteurs.
M. David Glastonbury: C'est moi qui en ai parlé.
Le président: Je pense que les besoins des deux groupes, les professionnels et les gens de métiers comme les briqueteurs, sont deux choses différentes, n'est-ce pas?
M. David Glastonbury: Non, monsieur le président, je ne suis pas d'accord. Nous sommes en train de parler de barrières qui sont érigées par diverses, disons, guildes, qui empêchent les immigrants d'atteindre leur plein potentiel. Ces barrières s'appliquent aux médecins, aux ouvriers qualifiés, aux...
Le président: Ce que j'essaie de savoir, c'est ce qui se passe quand un médecin, disons, du Royaume-Uni, qui a obtenu son diplôme de l'Université de Londres, vient s'installer ici. Il doit participer à un programme de résidence dans un hôpital pendant un certain temps avant de pouvoir pratiquer au Canada, n'est-ce pas? Il en va de même pour le médecin canadien qui s'installe en Angleterre...
Pardon?
Mme Anu Bose: Les règles sont différentes.
Dr Jason Kur: En fait, je ne sais pas quelles étapes le médecin canadien, en Angleterre, doit franchir pour obtenir l'autorisation d'exercer la médecine. Je ne sais pas ce qu'il doit faire.
Le président: Il serait bon de le savoir, parce qu'on pourrait, à ce moment-là, tirer parti de leur expérience, ou vice versa. Quelqu'un a dit, plus tôt, qu'ils peuvent pratiquer la médecine à Londres, mais pas dans les pays de l'UE. Voilà pour le premier point.
Deuxièmement, selon M. Glastonbury, il n'y a aucune différence entre un briqueteur de Rome, par exemple, et d'ici. Je suis également d'accord avec vous sur ce point. Vous avez dit qu'il n'est pas nécessaire d'être un génie pour travailler comme briqueteur, qu'il n'y a qu'une seule façon de poser des briques. Comment se fait-il que nous n'arrivons pas à faire venir des ouvriers qualifiés au Canada, alors que nous savons fort bien qu'ils n'ont pas, comme les médecins, à participer à un programme d'internat ou de résidence? Comment se fait-il que nous n'arrivons pas à les faire venir au Canada?
M. David Glastonbury: Eh bien, encore une fois, c'est à cause des barrières, monsieur le président. Il est vrai que, dans le cas des métiers spécialisés, il y a des préoccupations en matière de sécurité qui entrent en ligne de compte. La personne qui veut pratiquer un métier, ici, doit se familiariser avec les règlements de sécurité en vigueur sur les chantiers. C'est tout à fait normal, et nous nous entendons là-dessus. Or, certaines barrières sont tout à fait artificielles. Je n'irais pas jusqu'à les qualifier de protectionnistes, mais c'est tout comme.
Il y a de nombreuses associations professionnelles qui ont des ressources. J'aimerais qu'elles en consacrent davantage à la recherche de solutions qui leur permettraient de tirer parti de ces talents et de les ajouter à leur liste de membres, et qu'elles évitent d'ériger une autre barrière qui empêche ces nouveaux arrivants d'entrer dans le domaine.
Le président: Avant de céder la parole à Mme Bose et à M. Zaidi, je tiens à préciser qu'on nous a dit, dans le passé, que le Canada avait la difficulté à recruter des travailleurs de pays européens. Toutefois, pourquoi est-il difficile de faire venir des travailleurs de l'Inde, par exemple?
M. David Glastonbury: Comme je l'ai mentionné plus tôt, c'est en raison des règlements qu'appliquent ces secteurs, qu'il s'agisse de guildes, d'associations professionnelles ou de syndicats. Ils érigent des barrières.
Le président: Qui érige ces barrières?
º (1640)
M. David Glastonbury: Les associations professionnelles, les syndicats, ainsi de suite. Inutile de vous dire qu'il y a, ici, absence totale d'uniformité. Le Canada recrute de nouveaux talents prometteurs. Les critères sont tels que si vous êtes scolarisé ou que vous pratiquez un métier, le Canada est prêt à vous accueillir. Toutefois, dès que vous descendez du bateau, vous vous trouvez à chauffer un taxi ou à préparer des hamburgers.
Le président: D'accord.
Madame Bose, monsieur Zaidi et ensuite monsieur Tsegaye.
Mme Anu Bose: Monsieur Assadourian, comme vous le savez, les conditions d'entrée ont été resserrées à l'époque où M. Coderre occupait le poste de ministre de l'Immigration. Vous ne risquez pas de voir arriver, sous peu, des menuisiers ou des briqueteurs. Il semble y avoir absence totale d'uniformité entre les conditions d'entrée et les conditions d'établissement. Il n'y a aucune planification de la main-d'oeuvre—je sais que le mot planification est à proscrire depuis l'effondrement de l'ancien bloc soviétique.
Cela dit, je suis moi-même victime du fait que j'ai un diplôme du Royaume-Uni. J'ai un doctorat en économie d'une grande université britannique, et on me dit qu'il n'est pas aussi valable que celui de l'Université Carleton. Je suis donc moi aussi une victime de la politique protectionniste. Je commence à me demander s'il ne faut pas parler de discrimination raciale plutôt que de discrimination pratiquée par les associations.
Le président: Monsieur Zaidi.
Dr Hasan Zaidi: Concernant tout cette question du protectionnisme, je suis membre d'une minorité visible; je ne peux pas vous le cacher. Je fais partie d'une famille d'immigrants qui est venue de l'Inde il y a bien des années. J'ai eu la chance de pouvoir mener la carrière de mon choix parce que mon père a été capable de travailler. Je ne crois pas vraiment que l'establishment médical fasse montre de protectionnisme ou dresse des barrières artificielles. Je crois qu'on s'efforce simplement de tenir à jour des normes, en tenant compte du fait que les choses évoluent très rapidement dans la médecine actuelle. Si l'on pense par exemple aux maladies cardiovasculaires, les médicaments et les traitements que nous utilisons aujourd'hui sont complètement différents de ceux auxquels on avait recours il y a sept ou huit ans à peine. Une grande partie des médicaments dont nous nous servons maintenant n'existaient même pas à l'époque. Alors, il faut assurer la formation continue du personnel médical, évaluer les titres de compétence, etc.
Je crois que nous avons fait de grands progrès en ce sens grâce au groupe de travail national des DME et au comité que la Dre Fry a mis sur pied et dont le Dr Kur fait partie. Les choses évoluent, malheureusement plutôt lentement, mais je crois que nous allons dans la bonne direction.
Le président: Merci.
Monsieur Tsegaye.
M. Mengistab Tsegaye: Je vais être très bref.
Nous passons probablement plus de temps à parler des médecins, mais traitons un peu d'une manière générale de tous les professionnels formés à l'étranger. Personne ne nous demande d'abaisser nos normes pour l'éducation; ou de réduire telle ou telle autre exigence. Je suis persuadé qu'aucun médecin formé à l'étranger ne craindrait de subir l'examen canadien et d'être soumis à notre système d'évaluation. Nous cherchons en fait à leur faciliter les choses et à leur offrir les possibilités ou les ressources nécessaires pour se prêter à ce mécanisme, que ce soit en médecine, en enseignement, dans les métiers, etc. Je crois que nous passons parfois du temps sur des sujets qui n'intéressent même pas les professionnels formés à l'étranger.
La principale question à régler a été mentionnée précédemment. Le gouvernement fédéral est responsable du recrutement des professionnels formés à l'étranger. La province et l'agence de réglementation s'occupent de toutes les questions liées à l'octroi des autorisations d'exercer et à l'accréditation. L'employeur peut participer au processus à l'échelon local. Il n'y a absolument aucune connection entre ces trois instances. Je pense que c'est à ce niveau qu'une certaine coordination est nécessaire.
Pour terminer, j'aimerais faire valoir que le recrutement de professionnels formés à l'étranger doit être vu comme un investissement. Ce n'est pas une dépense, c'est un investissement. Plutôt que de chercher à déterminer combien coûtera leur intégration, nous devons considérer ce qu'elle va nous rapporter.
Ce sont là les questions sur lesquelles nous devons nous pencher, tout en envisageant la mise en commun des programmes. J'en reviens à la question posée tout à l'heure par la Dre Fry. Que devons-nous faire pour favoriser l'intégration dans la collectivité? Il existe de nombreuses pratiques exemplaires à cet égard. La province a mis en oeuvre des initiatives de rapprochement à l'intention des professionnels formés à l'étranger dans le cadre de neuf projets distincts. Il y a entre autres un projet pour les infirmières, un projet pour les enseignants, dont je vous ai parlé tout à l'heure, et un projet pour les gens de métier. Je crois que nous pouvons tirer de nombreux enseignements de ces initiatives.
º (1645)
Le président: Merci.
Monsieur Hanger, vous avez cinq minutes pour cette deuxième série de questions.
M. Art Hanger: Mme Beaumier a parlé devant ce comité d'écoles de médecine reconnues à l'échelle internationale. Existe-t-il une liste de ces écoles?
Dr Jason Kur: Il existe un répertoire, un annuaire téléphonique en fait, indiquant l'emplacement des écoles de médecine. Des mesures sont actuellement prises par les organismes d'accréditation du Canada et des États-Unis qui souhaitent évaluer les systèmes étrangers afin de déterminer la valeur relative de la formation médicale offerte dans les différents pays, mais cette liste se limite, pour l'instant, à un annuaire téléphonique des écoles de médecine de la planète. Il commence à y avoir davantage de dialogue quant à la formation offerte par les différentes écoles, mais ces renseignements ne sont pas encore mis en commun.
Mme Anu Bose: Nous pourrions certes demander à l'un des attachés de recherche de communiquer avec le British Council pour savoir ce que renferment leurs registres. Je suis persuadée que nous pourrions également obtenir l'aide des gens de l'Australian High Commission, parce qu'ils sont probablement les chefs de file en la matière actuellement.
M. Art Hanger: Doit-on comprendre que le Canada ne dispose pas d'une liste comparable à celle établie par la Grande-Bretagne ou l'Australie pour l'évaluation de ces écoles?
Mme Anu Bose: Non, ce n'est pas ce que je veux dire, mais pour autant que je sache, comme l'indiquait le Dr Kur, cela se limite pour l'instant à une fiche de blanchisserie.
M. Art Hanger: À un annuaire téléphonique.
Mme Anu Bose: Par ailleurs, la Grande-Bretagne a beaucoup d'expérience dans le recrutement de médecins du Commonwealth et tient effectivement à jour une liste à cet effet. Sans cet apport, le National Health Service devrait fermer ses portes, M. Hanger. Il serait en effet bien difficile d'y trouver un seul médecin de race blanche.
M. Art Hanger: Monsieur Tsegaye, vous avez parlé d'un projet pilote avec des enseignants formés à l'étranger qui a obtenu du financement pour une période de trois ans. Le premier groupe comptait 26 diplômés. Quel a été le résultat en bout de ligne?
M. Mengistab Tsegaye: C'est un projet pilote de trois ans comptant trois cohortes. Chacune d'elles regroupera entre 25 et 30 participants. Il y a eu 26 diplômés dans la première cohorte.
M. Art Hanger: Pendant combien de temps ont-ils participé à ce programme?
M. Mengistab Tsegaye: C'est un programme d'une année, incluant 14 semaines de formation théorique et cinq ou six mois de formation pratique en classe. Le programme offre une certaine flexibilité, ce qui permet aux participants de travailler à temps partiel pendant qu'ils le suivent. Si le programme a été réalisé en collaboration avec l'Université Queen's, c'est parce qu'on n'était pas prêt à Ottawa. Ce n'est pas idéal d'offrir un programme à Kingston pour des gens qui résident à Ottawa, mais il s'agit d'un nouveau programme et l'Université Queen's était prête à le donner.
M. Art Hanger: À quelles normes satisferont les enseignants après leur participation à ce programme d'une année?
M. Mengistab Tsegaye: Ils devront subir les examens de l'Université Queen's, comme tout diplômé en éducation, par exemple. En fait, ils doivent aussi passer le nouvel examen d'accréditation des enseignants. Ils ont d'ailleurs été les premiers à se soumettre à cette épreuve. Alors, ils doivent suivre exactement le même programme. Il n'y a aucune différence. S'ils doivent remplir cette exigence, c'est uniquement parce que le certificat d'enseignement d'un an n'est pas requis partout; dans certains pays, vous pouvez enseigner dès que vous finissez l'université. Alors, certains ont des diplômes universitaires et 10 à 15 années d'expérience, mais n'ont pas le certificat d'enseignement d'une année.
M. Art Hanger: Alors, ils satisfont à cette exigence en participant à ce programme.
Si nous devions mettre en oeuvre un projet pilote de ce genre pour la profession médicale, quelle forme prendrait-il?
º (1650)
M. Mengistab Tsegaye: Les exigences établies varient d'une profession à l'autre. Il est donc important de créer une ressource permettant d'aider les participants à mettre leurs compétences à niveau en réunissant tous les intervenants concernés afin de planifier un programme à cet effet. Comme les professions n'ont pas toutes les mêmes caractéristiques, les programmes vont différer, mais c'est un modèle dont on peut s'inspirer.
Le président: Madame Beaumier.
Mme Colleen Beaumier: D'accord, parlons du moment où une personne décide de venir s'établir au Canada. Pour faire valoir qu'elle détient un doctorat qui équivaut à ce que nous accordons ici, elle fait parvenir les documents afférents à l'Université de Toronto. On y évalue les documents en question en examinant les normes et les mesures d'évaluation utilisées par l'université concernée avant de formuler une recommandation : « Si vous avez une maîtrise, nous vous octroyons un baccalauréat et vous devrez suivre trois autres cours. » Je ne sais pas pourquoi l'association médicale ou les écoles de médecine n'adoptent pas un système semblable.
Je crois toutefois que nous sommes confrontés à un autre problème d'importance. Vous avez demandé s'il s'agissait de protectionnisme, si c'était du racisme. J'aimerais connaître le point de vue adopté par vos associations ou par vous-mêmes à cet égard, parce que j'estime que le racisme est associé à la peur. Le racisme tire son origine de la crainte de l'autre et a effectivement un rôle à jouer.
Notre entreprise a embauché un chimiste. Il s'est présenté à nous en disant avoir besoin d'expérience de travail au Canada. Il était détenteur d'un doctorat en chimie et n'arrivait pas à trouver un emploi. Il est maintenant le travailleur le plus productif et le plus rentable à l'emploi de l'entreprise de mon époux. Que pouvons-nous faire pour éliminer cette peur, cette attitude des entreprises qui craignent d'être considérées comme une minorité dans leur propre pays ?
Je crois que Tim Hortons devrait gagner un prix parce qu'à Brampton, les deux tiers des employés sont des femmes noires. C'est d'autant plus choquant qu'il s'agit de femmes qui ont de l'instruction.
Mme Anu Bose: La xénophobie est certes un élément de l'équation, mais je crois que le Canada dispose de deux exemples qui pourraient éclairer sa démarche. Qu'est-il advenu des médecins qui ont émigré ici après la révolution hongroise et de ceux qui sont arrivés au pays à la suite du printemps de Prague? Voilà assurément des précédents dont le Canada pourrait tirer certains enseignements.
Mme Colleen Beaumier: Tout à fait. Je suis d'accord avec vous. Mais laissons un peu les médecins de côté. Tout le monde s'en prend aux médecins—ils le méritent sans doute un peu—mais il y a aussi d'autres secteurs. Tous les professionnels qui émigrent au Canada ne sont pas médecins. Il y a des enseignants, des gens qui ont un doctorat et des scientifiques. Comment pouvez-vous acquérir de l'expérience au Canada si aucun employeur canadien ne veut vous embaucher lorsque vous n'en avez pas?
Mme Anu Bose: C'est un peu un cercle vicieux, je dois l'admettre, mais lorsque les intérêts des producteurs se confondent avec ceux des responsables de la réglementation, il y a certes un problème.
J'inciterais certes M. Assadourian, notre nouveau chef de file dans ce domaine, à examiner la suggestion faite par M. Tony Clement lorsque nous avons interrogé les candidats à la direction du Parti conservateur quant aux mesures qu'ils préconisent pour régler ce problème. Il propose la mise sur pied d'un institut qui pourrait prendre en charge de façon centralisée le problème des compétences professionnelles acquises à l'étranger. Il pourrait s'agir d'une instance temporaire dont les fonctions consisteraient à élaborer des protocoles communs, exactement comme cela a été fait en Australie.
Pour ce qui est de la xénophobie, c'est une réalité avec laquelle nous devrons toujours vivre, et ce ne sont pas les événements du 11 septembre qui vont améliorer les choses.
Mme Colleen Beaumier: J'ose espérer que vous ne manifestiez pas votre appui pour Tony Clement.
Mme Anu Bose: Je n'affiche aucune opinion politique. Je ne pourrais même pas vous appuyer, madame Beaumier, si vous vous présentiez.
º (1655)
Mme Colleen Beaumier: Il sera mon adversaire lors des prochaines élections.
Mme Anu Bose: Je l'ignorais. Alors, il ne faut lui laisser aucune chance et le pourchasser dans tous les coins.
Le président: Madame Fry.
L'hon. Hedy Fry: J'aimerais mettre en perspective certaines des questions qui ont été soulevées précédemment.
L'institut proposé par M. Clement ferait exactement ce que je suis moi-même censée faire : présenter au premier ministre un plan d'action sur le traitement à accorder aux personnes qui arrivent au Canada, qu'elles soient membres ou non d'une profession réglementée, quelles que soient leurs compétences—et nous avons vraiment besoin de compétences... toujours la vieille histoire du briqueteur et du carreleur.
Toutes ces questions ont donc été regroupées sous une seule et même rubrique et j'estime que des points très importants ont été soulevés. Vous avez parlé de la nécessité de réunir tous les intervenants et je crois que cela est primordial.
Le plus gros problème jusqu'à maintenant vient bien sûr du fait que les professions non réglementées et réglementées relèvent de la compétence des provinces. Cette compétence leur est octroyée par des dispositions législatives qui permettent également aux corps professionnels, aux conseils, aux syndicats ou peu importe, de déterminer qui doit poser des briques et qui doit pratiquer la médecine.
Pour ce qui est de la médecine, nous avons réuni différents intervenants. Des progrès ont été réalisés à l'égard de bon nombre des suggestions que vous avez mises de l'avant ici depuis février. De toute évidence, des fonds ont été investis. Quant à savoir s'ils sont suffisants... C'est justement ce que je veux demander au Dr Kur : combien d'argent nous faudra-t-il injecter encore?
Mais le problème avec les projets pilotes, c'est que l'Ontario a pris de nombreuses mesures à l'échelle provinciale. Nos préoccupations sont d'envergure nationale, parce que nous voulons que tous les professionnels, pas seulement ceux formés à l'étranger, les Canadiens également, puissent passer d'une province à une autre pour exercer leur profession. De nombreux intervenants, y compris les conseils sectoriels, ont donc suggéré lors de nos premiers pourparlers que nous nous réunissions tous—établissements d'enseignement, organismes accordant les titres et les certificats, conseils sectoriels, syndicats—pour créer un genre de portail sur le Web où les gens pourraient faire évaluer leurs titres et leur formation et savoir s'ils se situent au niveau requis ou ce qu'ils doivent faire pour l'atteindre.
Il faut également intervenir auprès des employeurs privés. Dans le cas des employeurs publics, la tâche est facile pour les provinces parce qu'il s'agit de médecins, d'enseignants, d'infirmières, etc. Mais il faut proposer certains incitatifs aux employeurs du secteur privé pour les amener à offrir des possibilités d'expérience de travail au Canada et c'est l'un des aspects de la question sur lesquels nous nous penchons actuellement. Comment pouvons-nous établir des incitatifs, des mesures d'aide ou toute autre forme de soutien nécessaire pour faire en sorte que les employeurs privés souhaitent embaucher une personne, lui offrir de la formation en cours d'emploi ou lui permettre d'acquérir la formation qui lui manque; l'aider à apprendre la langue si nécessaire; lui permettre d'acquérir de l'expérience au Canada? C'est donc un élément très important que nous examinons de près.
J'aimerais formuler quelques observations—il s'agit bien de commentaires et non d'une question—au sujet d'une situation dont nous devons nous méfier. Comme vous l'avez mentionné, la xénophobie est encore bien présente partout où nous allons, mais je ne crois pas qu'il soit profitable de considérer la question sous l'aspect de la discrimination raciale. Nous accueillons des gens en provenance de l'Ukraine, de la Russie et de l'Europe de l'Est qui sont confrontés aux mêmes problèmes quand vient le temps de faire reconnaître leurs titres. Il ne s'agit donc pas d'opposer ici minorités visibles et minorités non visibles. Le problème, c'est que des personnes formées à l'étranger n'obtiennent pas le respect qu'elles méritent et n'ont pas la possibilité de mettre à profit leurs compétences. Je crois que c'est sur cet aspect que nous devons concentrer nos efforts. Comment y parviendrons-nous?
J'aimerais y aller de quelques commentaires sur une autre question. On a beaucoup parlé de ce qui a été fait en Grande-Bretagne avec le système national de soins de santé et de ce que l'Union européenne (UE) a réalisé en un temps record. De nombreuses personnes ont analysé les mesures prises par l'UE. Les responsables ont pris le taureau par les cornes en essayant d'assurer la libre circulation des personnes et la reconnaissance des titres dans tous les pays membres de l'UE. Les résultats n'ont pas été à la hauteur des attentes et je crois qu'il nous faut faire montre de prudence avant d'emboîter le pas à un mécanisme qui n'a pas encore fait ses preuves.
Selon moi, le système australien est efficace. Nous analysons actuellement ce système. Il nous faut également collaborer avec les pays d'origine de nos immigrants afin d'établir avec eux le genre de relations qui nous permettront de faire valoir le modèle pancanadien d'évaluation partout dans le monde. Le Canada a d'ailleurs profité de la conférence de Durban pour présenter une recommandation en faveur de l'établissement d'une formule mondiale d'évaluation pour toutes les compétences acquises.
Vous pouvez donc constater que certains dossiers progressent. Les changements ne se feront pas du jour au lendemain. Il y a des besoins urgents à combler, mais l'important demeure selon moi... Je suis moi-même une personne formée à l'étranger. J'ai fait mes études en Irlande. Je suis venue pratiquer ici dans les années 70 et je n'ai eu aucune difficulté à m'intégrer. J'ai dû passer l'examen du Conseil médical du Canada. Je l'ai réussi et, bang, je pratiquais la médecine.
» (1700)
La raison en est qu'il y avait une grave pénurie à cette époque. Ce qu'il faut savoir, c'est que lorsque cette pénurie a été comblée dans les années 80, même les jeunes Canadiens ne pouvaient étudier en médecine parce que les admissions avaient été réduites de façon draconienne. Il faut comprendre que le problème ne touche pas seulement les immigrants, mais qu'il y a aussi un bon nombre de Canadiens qui...
Le président: [Note de la rédaction : Inaudible]
L'hon. Hedy Fry: Non, ce n'était pas cela. On faisait les calculs économiques habituels, en utilisant une formule simple selon laquelle si on a X nombre de personnes, il faut X nombre de médecins pour X nombre de personnes. On jugeait à cette époque qu'un trop grand nombre de médecins étaient formés et qui si on ne faisait pas attention, il y aurait une surabondance de médecins au Canada.
Si l'on s'en tient seulement à ce document, ces choses se sont produites dans les années 80, même si les professions médicales dénonçaient la réduction des admissions dans les écoles de médecine. C'est ce qui se produit aujourd'hui. Ce n'est pas seulement nos jeunes qui doivent aller étudier ailleurs et qui ne peuvent revenir ici pour travailler; ce n'est pas seulement un problème d'immigration, mais aussi un problème de titres de compétences.
On vise maintenant à dresser un plan à long terme pour jumeler l'immigration avec les besoins en main-d'oeuvre, tout en assurant aux Canadiens d'origine un accès aux emplois qui les intéressent.
Je ne crois pas que ces deux choses soient incompatibles, parce que Statistique Canada nous dit qu'en 2011—c'est-à-dire dans sept ans—le Canada dépendra de l'immigration pour combler la totalité des besoins nets du marché du travail, peu importe que nous prenions tous les jeunes et que nous leur donnions une formation universitaire, ou que nous en faisions tous des maçons et faisions tout le reste que nous devons faire.
Il faut donc commencer à planifier maintenant et cesser d'agir comme nous le faisons depuis 30 ou 40 ans, c'est-à-dire être en mode réactif, faire venir subitement une foule de monde, fermer nos portes puis les rouvrir, ce qui est vraiment insensé. C'est pour cette raison que nous cherchons à établir un plan à long terme qui sera proactif et que nous devons déterminer ce que seront nos besoins, effectuer des recherches sur les tendances et voir ce que nous devons faire à long terme.
Ce qu'il faut faire à l'heure actuelle, c'est s'occuper des gens qui sont ici, qui sont Canadiens. Nous parlons des immigrants, mais je ne suis pas immigrante; je suis Canadienne. Excusez-moi. Je suis arrivée ici en 1970. Lorsque vous devenez citoyen du Canada, vous devenez Canadien. Ne parlons donc pas des immigrants, mais parlons des Canadiens—des Canadiens de première génération et des immigrants potentiels qui souhaitent s'établir dans ce pays—et la façon dont on peut utiliser leurs compétences au profit du Canada, non seulement pour notre productivité, notre développement économique et notre compétitivité, mais aussi pour favoriser la cohésion sociale et construire notre pays.
Voilà ce qui est important de faire, et je crois qu'il faut s'attacher à examiner ce que nous devons faire à court, à moyen et à long terme et qu'il faut s'abstenir de blâmer quiconque; il faut plutôt jeter des ponts et former des groupes qui nous permettront d'unir nos forces et de passer à l'action.
Le président: Merci.
Monsieur Hanger, une dernière question.
M. Art Hanger: On parle beaucoup de Canadiens qui quittent le pays pour faire leurs études universitaires ailleurs. Comment évaluez-vous ce phénomène?
Dr Jason Kur: À mon avis, il s'agit d'un symptôme d'un problème, et ce problème, c'est le manque de possibilités pour les Canadiens ici. Dans quelques années... nous commençons à peine à voir tous ces Canadiens qui ont été forcés d'aller à l'étranger pour recevoir leur formation.
Cette situation crée des problèmes particuliers, parce que les systèmes de formation sont différents, et un grand nombre de personnes n'ont pas la chance de terminer leur formation dans ces pays. Elles doivent revenir ici pour leur résidence, du moins en médecine. Cette situation crée des problèmes particuliers, mais nous devons accroître la capacité pour pouvoir offrir à un plus grand nombre de personnes une formation spécialisée, que ce soit des citoyens Canadiens d'origine qui ont dû s'exiler ou que ce soit des personnes formées à l'étranger qui se sont installées au Canada pour des raisons légitimes d'immigration.
On ne peut traiter les gens différemment selon leur pays d'origine. Il faut tenir compte de l'endroit où ils ont reçu leur formation. Il devrait y avoir plus de possibilités pour tous les membres de ce groupe.
Le président: Merci.
Nous allons demander au Dr Zaidi de répondre à cela.
Dr Hasan Zaidi: Le Dr Kur a mentionné un peu plus tôt que le Canada était probablement le pays où il était le plus difficile de poursuivre une carrière en médecine. Par exemple, l'année où j'ai présenté une demande d'admission en médecine, l'Université de Calgary a reçu environ 980 demandes pour 66 places. C'était il y a environ quatre ans.
C'est donc extrêmement difficile de poursuivre une carrière en médecine au Canada. C'est pour cette raison que des gens vont en Irlande ou ailleurs pour faire leurs études de premier cycle en médecine et les intégrer...
Il ne s'agit donc pas uniquement d'un manque de possibilités pour les gens formés à l'étranger, mais aussi d'un manque de possibilités pour les étudiants de premier cycle dans les universités canadiennes.
» (1705)
M. Art Hanger: Un de mes proches avait deux diplômes en génie et il a conçu l'équipement au laser pour les médecins de l'hôpital Foothills, à Calgary. On lui a suggéré d'aller faire sa médecine, et c'est ce qu'il a fait. Il a ensuite cherché un emploi. Il était alors très qualifié dans plusieurs domaines différents, mais il n'a jamais eu la chance d'utiliser ses compétences au Canada. Il vit maintenant à Houston.
Les Canadiens peuvent avoir des possibilités de formation et de perfectionnement—cette personne est née et a grandi ici—, mais la force de gravité semble les attirer vers le sud, et non vers le nord. Ils ne semblent pas avoir ces belles perspectives d'emploi ici non plus.
Que faisons-nous alors? Est-ce que nous ne faisons qu'entretenir le problème en attirant des personnes de l'étranger et en leur offrant une nouvelle formation?
La force de gravité semble toujours agir en faveur du sud. Je crois que nous assistons à ce phénomène également.
Le président: C'est vrai.
M. David Glastonbury: Monsieur le président, je ne voudrais pas que l'on s'éloigne du problème qui touche les travailleurs qualifiés et les professionnels formés à l'étranger. Lorsque ces gens arrivent ici, leurs compétences sont habituellement à jour. Je suis d'accord pour dire qu'ils ont des compétences à jour dans leur pays d'origine, mais il y a une durée de validité en jeu pour ces personnes.
Le médecin a indiqué un peu plus tôt que les choses changent dans le domaine médical. Je dirais que c'est la même chose dans de nombreux autres domaines. Plus nous attendons avant de leur offrir des possibilités, plus leurs compétences perdent de la valeur. J'aimerais qu'on garde cela en tête. Nous les admettons ici alors que leurs compétences sont relativement à jour, peu importe ce qu'elles sont, mais plus nous attendons avant de leur offrir un emploi, plus leurs compétences se perdent. C'est comme une pile qui se décharge. Le temps est un facteur à considérer ici.
M. Art Hanger: Je crois tout de même que nous parlons du même problème, si les possibilités n'existent même pas ici, pour les personnes que nous formons déjà. Il est clair que nous avons un nombre de postes limité.
On s'indigne actuellement des pénuries, par exemple dans le secteur des soins de santé. Nous cherchons des médecins à l'étranger alors que nos médecins nous quittent presque à la même cadence. Ne faudrait-il pas s'attaquer à ce problème?
M. David Glastonbury: Oui, mais je dis que nous avons ce talent. Je ne veux pas dire qu'il ne faut pas permettre aux gens qui sont nés au Canada de profiter de ces occasions également. Toutefois, en ce qui a trait à la rareté des ressources, etc., lorsque nous avons ces personnes qui ont déjà une certaine formation—et je vous laisse le soin de décider quel niveau de formation elles ont reçu—pourquoi devrions-nous en faire fi et commencer à neuf avec quelqu'un qui n'a aucune formation?
Le président: Puis-je faire deux dernières observations?
D'abord, docteur Zaidi, vous avez dit que lorsque vous étiez à l'école de médecine de Calgary, il n'y avait que 66 places. Qui a décidé d'ouvrir 66 places au lieu de 166? Nous savons tous qu'il y a une liste d'attente dans les hôpitaux de Calgary. Pourquoi ne pas admettre 166 étudiants? Voilà ma première question.
Par ailleurs, vous avez dit un peu plus tôt qu'aux États-Unis, vous pouviez aller dans le cabinet d'un médecin et vérifier ses diplômes. Si ses diplômes vous plaisent, alors vous vous assoyez; dans le cas contraire, vous consultez un autre médecin. Je crois que c'est ce que vous avez dit. Au Canada, c'est partout pareil. Cette situation s'explique-t-elle par le fait que les primes d'assurance sont très élevées aux États-Unis, alors qu'elles sont très basses ici à cause de cette uniformité et qu'il y a moins de risques pour les médecins formés au Canada? Est-ce là l'explication?
» (1710)
Dr Hasan Zaidi: Je vais répondre à vos deux observations.
Votre première question porte sur le nombre de places dans les facultés. Le problème des longues listes d'attente s'explique par un certain nombre de choses, non seulement le nombre de médecins, mais aussi l'infrastructure de l'hôpital, le nombre d'heures en salle d'opération, etc. Il se pourrait qu'un chirurgien soit prêt à vous opérer ou à vous examiner, mais qu'il ne dispose pas du temps clinique ou du temps d'opération nécessaire, parce que c'est l'hôpital ou l'infrastructure dans laquelle il travaille qui décide de cela. Les listes d'attente et ce genre de contraintes sont attribuables à un certain nombre de facteurs, et non seulement au nombre de médecins.
En deuxième lieu, qui décide du nombre de places offertes au premier cycle? Normalement, tout dépend du financement qu'une école de médecine reçoit du ministère provincial. Comme nous le savons tous, les soins de santé constituent un enjeu important pour les provinces. Le financement de ces places est déterminé en grande partie par l'argent dont disposent les provinces.
Selon le groupe de travail un et le groupe de travail deux, et des études menées par l'intermédiaire de l'Association médicale canadienne et d'autres organisations, il est clair qu'il faut produire un plus grand nombre de médecins, et les admissions aux études de premier cycle ont augmenté. Lorsque j'ai obtenu mon diplôme de l'Université de Calgary, il y avait 68 autres personnes avec moi; aujourd'hui, je crois qu'il y a près de 100 étudiants par classe. Les études ont montré qu'il fallait augmenter les admissions au premier cycle, alors les écoles de médecine, presque partout au pays, ont augmenté dans une certaine mesure le nombre de places, mais ce nombre est limité par le financement, car la formation d'un médecin est très coûteuse.
Voilà pour répondre à votre première question. Concernant le deuxième point que vous soulevez—à savoir qu'aux États-Unis il faut vérifier si un médecin est accrédité ou non—au Canada, nous avons la chance de ne pas nous préoccuper de cet aspect. Si vous consultez votre médecin de famille ou un spécialiste, cette question ne se pose pas. Vous n'avez pas à chercher si votre médecin est accrédité ou non. Ce problème n'existe pas au Canada, et je crois que nous en sommes très chanceux. Tous les médecins qui pratiquent sont accrédités soit par le Collège des médecins de famille ou par le Collège royal des médecins et chirurgiens. Ces accréditations répondent à des normes qui sont parmi les plus élevées au monde et ne devraient jamais être sacrifiées. Tous les médecins qui pratiquent devraient répondre à ces mêmes normes.
Je crois que nous sommes très chanceux dans ce sens. Les patients n'ont pas à se soucier de l'accréditation d'un médecin. Je crois que ce phénomène est attribuable à des facteurs économiques aux États-Unis, où le secteur privé est beaucoup plus présent. On y trouve un plus grand nombre d'OSIS et d'organismes dispensateurs de services à tarifs préférentiels qui se font concurrence pour obtenir les services les moins chers. Beaucoup d'autres influences de ce genre existent aux États-Unis, et nous avons la chance de ne pas connaître ces situations parce que notre système est assuré en grande partie par un seul payeur.
Pour ces raisons, je crois que notre système est très bon et nous ne devrions pas chercher à adopter le système américain, dans lequel les patients ne sont pas aussi protégés.
Le président: J'allais conclure notre entretien sur cette note positive.
Vous avez levé la main, madame Bose. Nous vous écoutons, avant de clore nos discussions.
Mme Anu Bose: Je vous demanderais quand même de terminer sur une note positive, monsieur Assadourian, parce qu'après tout, vous êtes notre champion.
Le président: Merci beaucoup.
Dr. Anu Bose: J'allais dire que c'est devenu un simple problème de gestion de l'offre—je ne trouve pas d'autres mots—et ce n'est pas seulement la profession médicale, mais bien d'autres professions. Nous avons un gâteau, et ce gâteau ne grossira pas, mais il y aura plus de monde qui en voudront.
Je suis tout à fait en faveur de la protection universelle. Je crois dans le système universel canadien, dans le système de santé national britannique—qui s'est toutefois affaibli considérablement et qui a cédé la place à un système médical à deux vitesses.
Toutefois, je dis quand même que la mise au rancart des immigrants se fait au détriment de nous tous. Il y a un vide de 6 milliards de dollars que les immigrants auraient pu contribuer à combler si on leur avait permis de pratiquer la profession pour laquelle ils ont été formés, sans parler de l'exode des cerveaux des pays plus pauvres, que nous n'avons pas pris en considération.
Nous aimerions conclure sur une note optimiste en vous remerciant de nous avoir accueillis ici et en vous disant que nous espérons que vous porterez le flambeau.
» (1715)
Le président: Merci beaucoup. Ce fut un échange d'idées très intéressant, et je crois que nous apprenons toujours un peu plus à chacune de nos rencontres. D'ici à ce que nous ayons terminé cette étude, je crois que nous aurons beaucoup appris. Merci beaucoup.
Demain après-midi, Mme Fry nous présentera un exposé, je crois. Vous pouvez y assister, si vous le voulez. Merci beaucoup.
Mme Anu Bose: Nous aimerions certes y assister.
Le président: Vous êtes les bienvenus. Merci.
La séance est levée.