Que la Chambre déplore l’attitude du premier ministre du Canada durant la conférence des premiers ministres du 26 octobre 2004 et après, et qu’elle demande au gouvernement fédéral de tenir les promesses, faites les 5 et 27 juin 2004, de laisser les provinces de Terre-Neuve-et-Labrador et de Nouvelle-Écosse conserver la totalité des revenus qu’elles tirent de l’exploitation pétrolière et gazière au large de leurs côtes.
--Monsieur le Président, je partagerai le temps qui m'est alloué avec notre chef adjoint, le député de Nova-Centre.
Le 5 juin dernier, le premier ministre est arrivé à St. John's, la capitale de Terre-Neuve-et-Labrador. Le contexte était le suivant. Dans le cadre de sa campagne électorale, le premier ministre devait répondre à un engagement de longue date pris par les conservateurs garantissant que les provinces de l'Atlantique pourraient jouir de 100 p. 100 des redevances provenant de leurs ressources non renouvelables.
Cet engagement avait été pris par moi dans le cadre de mes fonction de chef de l'Alliance canadienne. Il découlait des intentions de l'Accord Atlantique signé par l'ex-premier ministre Mulroney vers le milieu des années 80. Notre engagement de donner à ces provinces 100 p. 100 des redevances provenant de leurs ressources non renouvelables remonte donc très loin. Cet engagement tenait avant et pendant les élections et il tient encore aujourd'hui.
Le premier ministre s'était opposé à cet accord pendant 11 ans et pendant la majeure partie de sa carrière politique. Mais tout à coup, le 5 juin, en pleine campagne électorale, il a rencontré le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, Danny Williams. Après cette rencontre, il a déclaré ce qui suit:
Je crois que Terre-Neuve-et-Labrador devrait être le premier bénéficiaire des ressources au large des côtes et ce que j'ai dit au premier ministre, c'est que je crois que la proposition qu'il a présentée met certainement en place les fondements d'un accord entre lui et moi.
Le premier ministre Williams a précisé dans une lettre en date du 10 juin que:
La proposition que mon gouvernement vous a soumise, à vous et à votre ministre des Ressources naturelles, prévoit que 100 p. 100 des recettes provinciales directes provenant de l'exploitation des gisements de pétrole situés au large de la province de Terre-Neuve-et-Labrador reviennent à cette province et ne soient pas assujetties aux dispositions de récupération prévues dans la formule de péréquation...
Le premier ministre a déclaré qu'il approuvait la proposition de son homologue provincial et il a donné sa parole à titre de premier ministre du Canada. À la conférence de presse organisée pour annoncer l'entente, on a demandé au premier ministre Williams comment il pouvait avoir la certitude que le premier ministre fédéral tiendrait parole après les élections. Il a répondu que, comme homme d'honneur, la parole solennelle du premier ministre suffisait. Le premier ministre Williams a affirmé: « C'est une entente verbale et je le prends au mot. Cela me suffit. »
Malheureusement, il s'est révélé que la promesse solennelle de l'actuel premier ministre ne suffisait pas. Le premier ministre fédéral a ignoré des lettres du premier ministre Williams en date du 10 juin, du 5 août et du 24 août l'exhortant à confirmer sa promesse. Subitement, le premier ministre et son ministre des Ressources naturelles n'avaient plus rien à dire.
Enfin, le 24 octobre, deux jours avant la Conférence des premiers ministre, le ministre des Finances a finalement répondu, offrant:
...des paiements supplémentaires annuels qui garantiront que la province, dans les faits, conserve 100 p. 100 de ses recettes au large des côtes...
Puis, le ministre a ajouté deux grosses exceptions limitant l'offre:
...pendant une période de huit ans allant de 2004-2005 à 2011-2012, sous réserve qu'aucun paiement supplémentaire de ce type n'ait pour effet d'augmenter la capacité fiscale de la province suffisamment pour qu'elle dépasse celle de l'Ontario pour n'importe quelle année donnée.
La limite de temps de huit ans et la clause relative à l'Ontario ont, dans les faits, démoli l'engagement pris envers la population de Terre-Neuve-et-Labrador pendant la campagne électorale.
Pourquoi limiter à une période artificielle de huit ans la capacité de Terre-Neuve d'atteindre des niveaux de prospérité comparables à ceux du reste du Canada? Souvenez-vous, en particulier, qu'il s'agit en l'occurrence de richesses non renouvelables qui, en tout état de cause, vont s'épuiser. Pourquoi le gouvernement tient-il tellement à s'assurer que Terre-Neuve-et-Labrador demeure sous le niveau économique de l'Ontario?
La comparaison relative à l'Ontario est injuste et insultante pour la population de Terre-Neuve-et-Labrador. Le message qu'elle envoie à cette province ainsi qu'à la Nouvelle-Écosse et à l'ensemble du Canada atlantique est tout à fait clair. Ces provinces obtiendront ce qu'on leur a promis uniquement si elles acceptent de rester des provinces pauvres pour toujours. C'est absolument inacceptable.
:
Tout le monde au Canada se réjouirait si, un jour, nos provinces atlantiques pouvaient profiter pleinement de leurs ressources naturelles; tout le monde, sauf les libéraux fédéraux.
[Traduction]
L'attitude du gouvernement libéral est aussi prévisible qu'insensée. Il ne convient pas de priver une province pauvre de recettes provenant de ressources non renouvelables. C'est une occasion qui ne se représentera pas. C'est une entreprise à court terme qui permettra aux provinces concernées de stimuler leur développement économique, de cesser d'être des provinces pauvres, de transformer une occasion à court terme en croissance à long terme et en recettes qui enrichiront sans cesse le Trésor fédéral et profiteront à la population de ces régions du pays pendant très longtemps.
C'est ce qui s'est produit dans le cas de ma province, l'Alberta. Celle-ci a découvert du pétrole et du gaz dans les années 40 et 50. L'Alberta était alors une province pauvre. De 1957 à 1965, l'Alberta a touché des paiements de péréquation. Elle a pu conserver la totalité de ses redevances pétrolières, et il n'y a eu aucune récupération de la part du gouvernement fédéral. Cela a permis à l'Alberta de relancer son économie, de la développer et de la diversifier, de construire des universités, d'offrir des services sociaux et de devenir l'un des poids lourds de l'économie canadienne du XXIe siècle.
Bien entendu, les libéraux n'ont ménagé aucun effort pour limiter la croissance des recettes de l'Alberta, le point culminant de leurs efforts étant le Programme énergétique national. Et une fois de plus, le gouvernement fédéral tente de limiter les possibilités qui s'offrent aujourd'hui au Canada atlantique. Le plafonnement au niveau ontarien imposé par le premier ministre limite à 452 $ par personne, à Terre-Neuve-et-Labrador, le montant maximum que la province pourra retirer de l'exploitation des ressources extracôtières. Tout revenu au-delà de ce seuil sera récupéré par Ottawa, même si les recettes atteignent des milliards.
Avant d'être ici, le premier ministre était président d'une société dont les activités se déroulaient en grande partie en mer. Ne comprend-il pas que les ressources énergétiques sont limitées, temporaires et qu'elles offrent des possibilités à court terme? Les provinces de Terre-Neuve-et-Labrador et de la Nouvelle-écosse devraient être autorisées, et même encouragées, à améliorer les conditions de vie de leurs citoyens et à profiter de cette occasion pour attirer chez elles de nouvelles entreprises qui s'y établiraient pour longtemps et remplaceraient les débouchés temporaires offerts par les ressources extracôtières.
Lorsque les provinces de l'Atlantique ont rejeté les dernières offres fédérales, les plafonnements, les limites et les exclusions, le gouvernement a plutôt choisi de diviser pour régner. Cette tactique maladroite a mis au jour l'objectif évident qu'il poursuit, soit empêcher les provinces atlantiques de se développer. Le fédéral a tenté de négocier avec une seule province, mais Terre-Neuve-et-Labrador et la Nouvelle-écosse ont indiqué très clairement qu'elles partagent les mêmes positions et qu'elles veulent être traitées équitablement et simultanément.
Que l'on vive à Terre-Neuve-et-Labrador, en Nouvelle-Écosse, en Alberta ou ailleurs, nous sommes tous Canadiens. Nous avons tous droit à un avenir meilleur. Il n'appartient pas au Parti libéral de décider d'accélérer ou de ralentir notre développement, de le lancer ou de l'interrompre. Ce n'est pas négociable. Le premier ministre a donné sa parole. Les termes de sa proposition étaient clairs. Terre-Neuve-et-Labrador et la Nouvelle-Écosse ont demandé et ont reçu la promesse de toucher la totalité des recettes provenant de l'exploitation des ressources extracôtières, sans récupération par le biais de la péréquation. Ce n'est aucunement négociable.
Ce qui est en jeu ici, c'est l'avenir du Canada atlantique, c'est une occasion sans précédent et historique pour les provinces de cette région de sortir de la pauvreté qui est leur lot depuis des décennies. Ce qui est en jeu, tout simplement, c'est l'honneur même du premier ministre, qui n'a qu'à tenir parole.
:
Madame la Présidente, en ma qualité de Néo-Écossais et de député du Parti conservateur, je suis très honoré de participer à un important débat qui sera, je crois, décisif pour l'avenir de notre province, l'avenir des provinces de l'Atlantique et pour le meilleur avenir économique du pays, car je crois qu'il y va de l'intérêt de chacun, du pays entier, d'apporter à la situation économique des provinces de l'Atlantique les améliorations qui se produisent partout ailleurs au pays.
Je veux entamer mes observations en félicitant le chef de l'opposition pour son plaidoyer passionné et émouvant adressé aujourd'hui aux Canadiens en faveur des provinces de l'Atlantique. Comme il l'a fait à de nombreuses reprises depuis que la Chambre a recommencé à siéger, que ce soit sur l'ESB ou sur des questions commerciales, autant de dossiers qui ont un impact marqué sur la vie des Canadiens, il a fait valoir de manière précise et directe ce qui devrait se produire. C'est le genre de leadership national dont nous avons besoin dans ce pays, et j'applaudis sa démarche dans ce dossier.
Il y a eu beaucoup de discussions, même au tout début du débat, sur les chiffres, sur la manière dont la péréquation est prise en compte en ce qui a trait à l'établissement d'un régime de redevances et sur les recettes que nous voudrions voir dans les provinces de l'Atlantique provenant de notre propres richesses naturelles, surtout du pétrole et du gaz.
Comme l'a dit le chef de l 'opposition, un certain nombre d'accords et d'ententes signés par des gouvernements antérieurs sont déjà établis. Ils remontent aux années 1980. À cette époque, un gouvernement libéral et celui de Brian Mulroney par la suite ont reconnu que l'Atlantique, et la Nouvelle-Écosse et Terre-Neuve en particulier, méritaient le même traitement et les mêmes avantages pour leurs ressources naturelles que d'autres provinces, comme l'Alberta.
On reconnaissait également que durant la période de démarrage d'un secteur, il y a décalage avant que les retombées ne se concrétisent. Ainsi, a-t-on autorisé l'Alberta à continuer de bénéficier de la péréquation. Et, justement, la péréquation signifie le fait d'égaliser les possibilités, financières et autres, pour les citoyens d'une région.
On a permis à l'Alberta de bien lancer le secteur, d'effectuer l'exploration nécessaire, la différence étant--et je tiens à le souligner--que la technologie de l'extraction du sous-sol est loin d'être aussi coûteuse que celle de l'extraction des fonds marins, à des centaines de brasses de profondeur. Il y a donc un parallèle à établir. La Nouvelle-Écosse et Terre-Neuve doivent avoir la capacité d'explorer tout en continuant de bénéficier d'une source de revenus qui leur permettra vraiment de développer leurs capacités technologiques d'exploitation des hydrocarbures exrtracôtiers. Le forage d'un seul puits dans les fonds marins peut coûter jusqu'à 100 millions de dollars. La péréquation, c'est accorder à notre région la capacité de réaliser son potentiel et d'assurer sa croissance future.
Nous sommes devant la situation où le premier ministre a cherché désespérément à séduire les électeurs de cette région du pays en faisant une promesse sur laquelle il revient maintenant. Il voulait simplement acheter des votes dans l'Atlantique. Aujourd'hui, devant l'obligation qu'il a de tenir parole, il fait marche arrière. Il pose des conditions. Il laisse entendre aux gens de l'Atlantique, que, à bien y penser, ce ne sera pas possible de faire exactement ce qu'il avait dit.
Ça ne suffit pas. Ce n'est pas le genre d'entente qui peut être conclue quand c'est l'avenir du Canada atlantique qui est en jeu.
Depuis que la Chambre a repris ses travaux, le Parti conservateur ne cesse de revenir sur la question pour la raison que voici: nous comprenons pleinement que le Canada atlantique veuille être membre à part entière de la Confédération. Nous ne voulons plus être traités de pauvres. Nous ne voulons plus avoir la réputation honteuse d'être incapables de parvenir au même niveau de succès que nos concitoyens dans le reste du pays.
Cette question est d'une importance historique pour le Canada atlantique. Ce n'est pas la première fois qu'un gouvernement souffre de ce que je décrirais comme une « amnésie électorale ». C'est exactement le mal dont est atteint le gouvernement aujourd'hui. Il ne semble pas être au courant que ses propos ont été consignés. Ce qu'il a promis au Canada atlantique a été consigné. Et le seul chiffre qui compte--ce ne sont pas les pourcentages, ce n'est pas la formule de péréquation, ce ne sont pas les calculs que nous sortent les ministériels--c'est 100 p. 100. Cent pour cent de nos recettes.
En septembre, le ministre des Pêches, qui vient de la Nouvelle-Écosse, a dit ceci:
Le genre d'accord ... que nous envisageons permettrait à chacune des provinces de conserver 100 p. 100 des redevances provenant de l'exploitation du pétrole et du gaz marins.
En cela, il se faisait l'écho du premier ministre.
Il a également dit ceci:
J'ai entendu dire qu'on pensait parvenir à un accord avec Terre-Neuve d'ici à la fin de l'été, ce qui me semble raisonnable...
C'est ce qu'a dit le ministre fédéral des Pêches, qui vient de la Nouvelle-Écosse.
L'été est depuis longtemps terminé et on parle encore d'une disposition de récupération aux termes de laquelle, actuellement, sur chaque dollar provenant de nos ressources extracôtières, le fédéral prélève 81¢. Le pourcentage est encore plus élevé pour la province de Terre-Neuve-et- Labrador. De ce fait, des milliards de dollars vont à Ottawa au lieu de rester dans ces régions où ils contribueraient à assurer la prospérité économique et l'avenir des provinces. C'est de ça dont il s'agit.
Cette promesse faite dans un moment de folie électorale, en échange d'une chose qui était d'une grande importance pour le premier ministre, semble maintenant s'évanouir et les gens se rendent compte que sans un véritable engagement de la part du premier ministre à y donner suite, nous ne pourrons pas bénéficier de ce potentiel.
Par conséquent, le premier ministre John Hamm, de la Nouvelle-Écosse, et le premier ministre Williams tiennent vraiment à ce que le premier ministre du Canada respecte ce très sérieux engagement. L'opposition officielle souhaite la même chose. Ces premiers ministres comprennent, tout comme le chef de l'opposition, que la question concerne surtout la population, car il s'agit de permettre aux gens de rester dans la région où ils habitent pour profiter des retombées de cette industrie.
Je voudrais attirer votre attention sur une étude réalisée aux termes de l'Accord Canada-Nouvelle-Écosse sur les hydrocarbures extracôtiers. Cette étude traite de l'impact de cette exploitation sur une province comme la Nouvelle-Écosse. En 2002, le Greater Halifax Partnership a rendu publique une étude réalisée par le Conference Board du Canada sur les retombées économiques dans la province. Selon l'étude, il y aura une croissance constante de l'emploi en Nouvelle-Écosse, où 57 000 emplois de plus seront créés d'ici 2020.
Toujours selon l'étude, la croissance touchera également les secteurs des services, de la construction, de la fabrication et des services publics. Et la Nouvelle-Écosse rurale? Nous savons qu'il y a une coupure de plus en plus nette entre le Canada rural et le Canada urbain, mais, dans ce cas-ci, il y aura des retombées dans la construction et le secteur manufacturier tandis que, dans le secteur du commerce au détail et des services, le phénomène sera presque aussi marqué que dans la capitale, Halifax. L'étude prédit un gain de 1 milliard de dollars dans le seul secteur de la construction d'ici 2020.
Voilà le genre d'incidence que cela aurait. Cela permettrait aux jeunes, notre ressource naturelle la plus précieuse, de demeurer dans leur région; nos jeunes Canadiens, instruits et motivés, qui, malheureusement à l'heure actuelle, doivent quitter leur région pour aller ailleurs, et parfois à l'étranger, pour trouver de l'emploi, pour bâtir leur avenir. À titre d'exemple, le chef de l'opposition a ses racines au Canada atlantique. Sa famille, comme beaucoup d'autres, a quitté cette région pour se faire un avenir ailleurs. Les Canadiens de l'Atlantique souhaitent avoir la possibilité de demeurer chez eux, de contribuer à la croissance de leur propre région, qu'ils connaissent et qu'ils aiment, avec toute la passion qu'ils éprouvent pour cette région, pour l'endroit où ils ont grandi.
Tout cela est fortement relié à la possibilité pour la Nouvelle-Écosse et pour Terre-Neuve-et-Labrador et, en fait, pour toutes les provinces, de jouir de leurs propres ressources naturelles, qui, comme cela a été souligné, ne sont pas renouvelables. Ces avantages, nous ne pourrons en jouir que pendant un temps limité. Il est ridicule de prétendre que nous devrions accepter moins que cela, que nous devrions accepter maintenant ce retrait mitigé de l'engagement du premier ministre.
Les premiers ministres Williams et Hamm continueront à insister pour que le premier ministre canadien fasse ce qui est correct, ce qui est juste, ce qui est équitable, et ce qui est dans l'intérêt de tous les Canadiens: tenir parole et permettre aux provinces de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve-et- Labrador d'atteindre le niveau de développement économique et la prospérité qui existent ailleurs dans notre grand pays.
Au nom de l'opposition officielle, nous allons continuer à faire valoir ce point de vue vigoureusement, avec le fort appui de tous les Canadiens. Je crois que cette notion est inhérente au débat actuel, c'est une question de justice, c'est un principe que tous les Canadiens respectent et comprennent.
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Lorsque le chef de l'opposition a pris la parole, il a tenté d'exprimer avec passion les sentiments qu'il éprouve à l'égard de Terre-Neuve-et-Labrador. Le chef adjoint de l'opposition en a fait autant.
Permettez-moi de revenir aux élections de juin dernier et avant cette date. Le chef de l'opposition a alors parlé très clairement de l'attitude défaitiste des Terre-Neuviens et des Labradoriens. Il dit maintenant que le premier ministre du Canada ne tient pas ses promesses.
Lorsque j'ai demandé au chef adjoint de l'opposition d'expliquer les quatre composantes de l'accord proposé pour Terre-Neuve et la Nouvelle-Écosse, il n'a pas pu le faire. C'est ce que je trouve très déconcertant à ce sujet. L'accord proposé est sur la table. Si des gens le désapprouvent, ils devraient savoir exactement ce qu'ils désapprouvent. C'est bien simple.
Permettez-moi d'expliquer aux députés d'en face en quoi consiste cet accord. D'abord, Terre-Neuve-et-Labrador reçoit la totalité de la part provinciale des recettes, ce qui comprend les redevances, l'impôt sur les entreprises, l'impôt sur les particuliers et tous les autres droits provenant du secteur pétrolier et gazier en mer. Ces choses existent depuis le tout début.
Ajoutons à ces recettes les paiements de péréquation ainsi que le mécanisme compensatoire qui a été intégré à l'Accord Atlantique en 1997, à savoir que 30 p. 100 des recettes ne seront jamais prises en compte dans le calcul des paiements de péréquation. Ces 30 p. 100 sont ensuite ajoutés à la part provinciale des redevances et des recettes, soit 47 p. 100, et cela s'ajoute aux paiements de péréquation.
Dans l'Accord atlantique qui a été signé en 1987, il y avait également les 70¢ de chaque dollar dont nous devons parler. De 1999 à 2003, seulement 7 p. 100 de ces 70¢ ont été récupérés. Autrement dit, nous recevions 93 p. 100 jusqu'à la fin de 2003. En 2004, nous avons utilisé une formule décroissante, où le pourcentage sera réduit à zéro de 2004 à 2011. Ainsi, nous perdrons 100 p. 100 de ces 70¢ si l'Accord Atlantique n'est pas rouvert.
En tant que ministre des Ressources naturelles, je suis responsable de l'Accord atlantique. Par l'intermédiaire du ministre des Finances, le premier ministre s'est engagé à rouvrir l'Accord atlantique, qui devrait prendre fin dans sept ans. Il était prévu que, quand l'accord prendra fin en 2011, on négocierait un nouvel accord. Cependant, bien qu'il ne soit censé prendre fin que dans sept ans, nous l'avons renégocié et avons porté à 100 p. 100 la part des redevances et des recettes destinée aux provinces, à quoi vient s'ajouter 30 p. 100 au titre de la péréquation. Et maintenant, c'est 100 p. 100 du 70¢ en plus.
M. Norman Doyle: Y a-t-il récupération?
L'hon. R. John Efford: Non, il n'y a pas de récupération. Laissez-moi donc m'expliquer.
D'un, 100 p. 100 de la part des recettes destinée aux provinces. De deux, les paiements de péréquation. De trois, le mécanisme de compensation qui offre une protection garantie de 30 p. 100. En plus, nous avons maintenant 100 p. 100 des 70¢. En fin de compte, tout ça combiné donne 100 p. 100.
Tout cela durera huit ans, compte tenu du fait qu'il reste sept ans au mécanisme de compensation prévu dans l'Accord atlantique. Une période de grâce d'un an est accordée afin de négocier un nouvel accord, au besoin. J'y reviendrai sous peu. Si tout se déroule comme prévu, ces quatre éléments devraient ramener Terre-Neuve-et-Labrador au niveau de l'Ontario. Ceci est un cran au-dessus de la norme de cinq provinces, dont on s'est servi pour établir la formule de péréquation.
Tous les Terre-Neuviens et Labradoriens des deux côtés de la Chambre, et tous ceux qui sont en faveur de cet accord avec Terre-Neuve-et-Labrador, espèrent qu'on découvrira toujours plus de pétrole. Je pense qu'il y a beaucoup plus de sources de pétrole à exploiter encore. Je suis optimiste, je l'ai toujours été. C'est pourquoi je pense que l'avenir ne nous réserve que des bonnes choses.
Imaginons seulement la situation suivante. Nous forons deux ou trois puits supplémentaires et nos recettes augmentent. Nous continuons néanmoins de conserver 100 p. 100 des recettes, comme l'Alberta et l'Ontario, et nos recettes continuent d'augmenter. Une fois que nous franchissons le seuil établi par la formule de péréquation, qui s'applique à l'ensemble du Canada, seuls les versements de péréquation commencent à diminuer. Les recettes continuent à augmenter tant qu'elles sont versées à Terre-Neuve-et-Labrador.
Si ces recettes atteignent un jour le niveau de celles de l'Ontario, la formule à cinq provinces, il ne vaudra même plus la peine d'en discuter, car nous serons autosuffisants et nous n'aurons plus besoin de recevoir la péréquation. J'en ai discuté avec le ministre des Finances de Terre-Neuve.
Je parlerai au nom de tous les habitants de Terre-Neuve-et-Labrador en disant que nous avons tous notre fierté. Nous ne voulons pas être une province bénéficiaire. Nous voulons contribuer à l'économie du Canada, sur laquelle est basée la formule de péréquation, pour que toutes les provinces atteignent un niveau raisonnable de parité dans l'ensemble du pays. Nous en rêvons depuis toujours.
Les députés affirment qu'il y a un plafonnement. Le seul plafond qui existe s'applique à la péréquation et il ne s'appliquera qu'une fois que les recettes auront commencé à augmenter. Je vais être encore plus clair. Même lorsque les recettes auront commencé à augmenter, ces 30 p. 100 et les 70¢ par dollar prévus dans le mécanisme d'exploitation des ressources extracôtières resteront intouchés pendant huit ans. Ces montants ne diminueront pas pendant les huit prochaines années même si nos revenus continuent d'augmenter.
Je ne veux pas adopter une attitude critique, mais il y a un malentendu certain sur cette question, et c'est pourquoi nous devons nous asseoir et récapituler du début pour comprendre. Il est tout à fait clair que Terre-Neuve-et-Labrador ne sortira pas perdante de cette entente. N'importe qui veut bien recevoir 100 p. 100 de ses revenus. Nous recevons 100 p. 100 de nos revenus et nous voulons continuer d'en recevoir la totalité. Nous voulons également continuer de recevoir des versements de péréquation dans les limites de la norme définie par le pays, une norme qui contribue à faire de ce pays le meilleur endroit où vivre dans le monde. Aucune partie du Canada ne doit être plus favorisée qu'une autre.
Comme citoyen de Terre-Neuve-et-Labrador, je suis tout à fait convaincu que nos recettes seront un jour supérieures au seuil et que nous serons, comme l'Ontario et l'Alberta, des gens fiers qui participent à l'économie de ce grand pays.
Ce qui est proposé correspond exactement à l'engagement pris par le premier ministre. J'aimerais faire quelques commentaires sur les lettres envoyées par le premier ministre Williams au premier ministre Martin.
La première chose sur laquelle le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador et le premier ministre fédéral se sont entendus après leur rencontre du 5 juin était qu'il fallait honorer l'accord. Rien à redire là-dessus. Cependant, ce sur quoi le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador insistait fortement, et cela a été consigné officiellement et je suis sûr qu'il ne le niera pas, était qu'il désignerait le ministre des Finances et non le ministre des Ressources naturelles, Ed Byrne, un de mes bons amis. Le premier ministre a dit qu'il désignerait son ministre des Finances. Si l'accord avait été conclu en juin, pourquoi le chef du gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador et le premier ministre du Canada ont-ils dit que les ministres des Finances devaient être présents à la table? C'était parce qu'ils avaient convenu des fondements d'un accord. Ont-ils discuté d'échéanciers? Absolument. Je peux assurer les députés que le premier ministre Williams a parlé d'échéanciers avec moi.
Le premier ministre avait-il abordé la question du plafond? Oui, je crois qu'il en avait parlé. Néanmoins, les négociations entre les ministres des Finances devaient se faire de jour en jour ou de semaine en semaine, soit en personne ou par téléphone. Il n'y a aucune autre façon de poursuivre les négociations. Ne venez pas me dire qu'ils ne se sont parlés qu'une seule fois après le mois de juin et qu'ils n'ont plus communiqué jusqu'à ce que l'accord soit terminé. C'est impossible. J'ai parlé au ministre des Finances de Terre-Neuve-et-Labrador à Ottawa. Je l'ai joint par téléphone à plusieurs reprises. J'ai parlé au premier ministre à plusieurs reprises.
Passons au moment où l'entente a censément été conclue. On ne s'entend pas à ce sujet, je le concède. Le vendredi matin, le ministre des Finances m'a informé au sujet de cette entente. Si je n'y croyais pas fermement, je ne l'accepterais pas comme citoyen de Terre-Neuve-et-Labrador. Je mets en jeu mes 20 ans de réputation parce que je suis convaincu que c'est l'entente qu'il nous faut pour Terre-Neuve-et-Labrador. C'est ce que j'ai compris à la séance d'information. Notre ministre des Finances et celui de Terre-Neuve-et-Labrador avaient terminé leurs discussions. Le ministre des Finances devait présenter l'entente conclue au premier ministre pour signature. Le ministre des Finances de Terre-Neuve-et-Labrador devait retourner voir son premier ministre.
Je suis rentré chez moi ce week-end, plein d'enthousiasme mais sans dire mot à quiconque puisque l'entente restait à conclure par les deux dirigeants. À mon arrivée à l'aéroport d'Halifax, j'ai reçu un appel selon lequel l'entente n'avait pas tenu la route. Nous avions convenu de ne pas en parler durant le week-end. Le lundi, nous devions, par téléphone ou en personne, passer en revue les déclarations des deux dirigeants et discuter de tout problème. C'est exactement ce qui est arrivé. Par la suite, nous n'avons eu droit qu'à des paroles creuses. Il faut aller plus loin. Je n'accuserai ni le premier ministre de la province, ni son ministre, ni qui que ce soit. Nous allons tous assumer la responsabilité.
Cette entente est vitale pour l'avenir de notre province. Ne voulons-nous pas tous que Terre-Neuve-et-Labrador soit une province riche? Très certainement. Nous sommes des gens très fiers. Nous n'allons progresser que par ce que nous pouvons faire nous-mêmes sur la côte atlantique. Nous avons perdu nos pêches. Notre province a connu d'importantes disparité économiques et d'autres problèmes, mais une possibilité s'offre à nous maintenant. Les ressources pétrolières et gazières en mer rendent notre prospérité possible.
Pouvons-nous renoncer à la formule de péréquation qui a assuré l'unité du pays, une certaine égalité des régions et un niveau de vie raisonnable à nos concitoyens? Nous ne pouvons pas faire cela, et aucune personne sensée ne le recommanderait. Terre-Neuve-et-Labrador peut-elle devenir une province riche? Certainement. Cette entente le lui permettra.
Reportons-nous à une entente qui avait été conclue en 1984. Je pourrais en photocopier le texte et le distribuer à tous les députés. Jean Chrétien était alors ministre des Mines, et mandaté par le gouvernement du Canada. Il s'était rendu à Terre-Neuve-et-Labrador et avait fait une offre à peu près identique, en 1984, à celle qui est proposée aujourd'hui. J'en ferai une photocopie et la distribuerai. Le gouvernement de l'époque avait refusé la proposition. Puis, en 1987, le même gouvernement avait signé une entente avec un autre gouvernement et avait accepté 30 p. 100. L'entente actuelle permettrait à Terre-Neuve-et-Labrador d'encaisser la totalité des recettes. Cela se passait il y a 20 ans. En additionnant toutes les redevances, les recettes et les revenus perdus depuis 1984, on pourrait peut-être arriver à 200 millions de dollars par année: 200 millions multipliés par 20, c'est quatre milliards.
M. Peter MacKay: Il n'y avait pas d'appareils de forage en 1984. On ne forait pas en 1984.
L'hon. R. John Efford: On parle ici de redevances et de recettes.
M. Peter MacKay: Que rapportait l'exploitation du pétrole et du gaz en 1984? Vous ne savez pas de quoi vous parlez.
L'hon. R. John Efford: Je l'explique une fois de plus. En 1984, l'entente était sur la table. L'exploitation pétrolière et gazière se poursuivra pendant encore 100 ans. Ça ne se terminera pas au bout d'une année. Pourquoi avons-nous signé, en 1987, une entente qui prévoyait 30 p. 100?
M. Peter MacKay: Il n'y avait aucune réduction en 1987. Il n'y avait pas non plus de production. Rendez-vous à la réalité. Réfléchissez un peu.
L'hon. R. John Efford: Le député ne sait pas de quoi il parle. Je lui rappelle, en toute déférence, que l'accord a été signé en 1987 par l'honorable John Crosbie, le très honorable Brian Mulroney et le premier ministre de Terre-Neuve, Brian Peckford. Mes collègues de l'opposition étaient là, à l'époque, et j'y étais aussi lorsque nous avons célébré à Terre-Neuve.
La province n'a commencé à encaisser des recettes qu'en 1999, après recouvrement de toutes les dépenses. À la différence du député d'en face, je sais de quoi je parle. La clause de compensation, dans l'Accord Atlantique, arrive à échéance en 2011. C'est la raison pour laquelle nous avons négocié cette entente, pour que Terre-Neuve-et-Labrador puisse devenir une province riche, pour qu'elle contribue à l'économie canadienne et encaisse la totalité de ses recettes, comme l'Alberta et l'Ontario.
Je suis fier de dire, au nom des habitants de Terre-Neuve-et-Labrador, que c'est ce que souhaitent ces derniers.
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Madame la Présidente, je remercie le Parti conservateur du Canada de l'opportunité qu'il nous donne de discuter des relations fiscales entre le gouvernement fédéral et les provinces. C'est une importante question.
Comme vous le savez, avec la collaboration des deux autres partis d'opposition, que nous remercions d'emblée, nous avons lancé tout le débat sur ce qu'on appelle le déséquilibre fiscal. Le gouvernement fédéral ne voulait pas reconnaître l'existence d'un déséquilibre mais, de plus en plus, cela commence à faire partie de la culture du Parlement. Un comité spécial a même été mis en place, justement avec l'appui des partis, suite à une motion du Bloc québécois que j'ai eu l'honneur de présenter.
Cette motion demande la mise en place d'un comité spécial sur le déséquilibre fiscal. Ce comité doit rendre des comptes avant le 2 juin prochain sur toute cette relation qui fait en sorte que le gouvernement fédéral a beaucoup trop d'argent dans ses coffres par rapport à ses responsabilités alors que les provinces, incluant le gouvernement du Québec, n'ont pas assez de ressources fiscales ni d'espace fiscal pour financer des besoins et des priorités de la population. On parle de la santé, l'éducation, le soutien au revenu des plus démunis, le logement social et d'autres.
Nous comprenons l'indignation de Terre-Neuve-et-Labrador et de la Nouvelle-Écosse. Nous compatissons avec eux. Nous partageons aussi la frustration du premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador et nous la comprenons. En effet, je crois que de plus en plus de provinces canadiennes comprennent les frustrations qui sont périodiques dans le cas du Québec, lorsque le gouvernement ne respecte pas ses engagements. Nous avons vécu plus souvent qu'autrement cette recette et la sauce de mauvais goût du Parti libéral du Canada en ce qui a trait aux nombreuses promesses et engagements du gouvernement.
Cependant, nous sommes d'avis que la motion du Parti conservateur ne présente pas la solution à une plus grande harmonie dans les relations fiscales entre le gouvernement fédéral et les provinces. Elle risque même de créer plus de problèmes d'iniquité et d'injustice que ce qu'on prétend vouloir réparer pour Terre-Neuve-et-Labrador et la Nouvelle-Écosse.
Quelle est la situation? Tout le débat tourne autour de la péréquation. D'ailleurs, l'embryon de débat qu'il y a eu pendant la campagne électorale à cet égard était de savoir si malgré les revenus pétroliers de Terre-Neuve-et-Labrador, les paiements que reçoit cette province seraient réduits par la formule de péréquation. Terre-Neuve-et-Labrador désirait à ce moment-là que, même si les redevances pétrolières augmentaient à l'avenir, cela n'affecte pas les paiements de péréquation qu'elle a l'habitude de recevoir.
Vous savez, un premier ministre qui est dans les câbles, qui a peur que le pouvoir lui échappe est prêt à promettre n'importe quoi. C'est ce qu'a fait le premier ministre durant la campagne électorale. On a pu le lire dans les journaux et le voir aussi à la télévision. Il s'était engagé à ce que la question des redevances de Terre-Neuve-et-Labrador et de la Nouvelle-Écosse ne vienne pas affecter les paiements de péréquation.
Il avait pris cet engagement. Il a pris une série d'engagements, il en a semés à tous vents pour se retrouver, Gros-Jean comme devant, à une conférence des premiers ministres où il ne pouvait pas respecter sa parole.
Le fond du problème est vraiment la question de la péréquation. Il faut comprendre ce qu'est la péréquation, ce qu'elle comporte aussi. Il faut voir quel effet pervers l'adoption d'une motion comme celle présentée par les conservateurs, si elle était concrétisée par le gouvernement, pourrait avoir sur tout le système.
D'abord, qu'est-ce que la péréquation? La péréquation est le seul programme constitutionnalisé. C'est le seul programme de redistribution de revenus qui se retrouve, depuis 1982, dans la Constitution. Ce que dit la péréquation, c'est simplement la chose suivante. Il faut que, d'un océan à l'autre, chaque province ait la possibilité de donner des services publics de qualité à peu près égale pour un niveau de taxation à peu près harmonisé.
Cela fait que les provinces les plus riches, par exemple, contribuent d'une certaine façon, par l'entremise du gouvernement fédéral, à atténuer les disparités qui peuvent exister auprès des provinces les plus pauvres. L'essence de la péréquation est de réduire ces disparités et ces iniquités pour mieux servir la population.
On ne peut envisager autrement la péréquation que de cette façon. Or on parle d'un traitement différencié au chapitre de la péréquation qui ferait en sorte que les redevances obtenues par une province ou par une autre seraient mises de côté.
Ainsi on continuerait, comme si rien de n'était, avec une formule de péréquation qui ne tiendrait pas compte de cette source de revenus. Cela dénaturerait l'essence même de la péréquation et créerait une iniquité qu'on veut justement corriger avec un programme de péréquation constitutionnalisé. Je rappelle que c'est le seul qui soit ainsi.
Comment procède-t-on à l'évaluation de la péréquation? On prend chacune des provinces du Canada et on voit quel montant chacune d'elle est capable d'aller chercher auprès des contribuables en impôt sur le revenu, en impôt sur les profits des sociétés, en taxes diverses, par exemple la taxe de vente, en impôt foncier et en revenus d'exploitation de ressources naturelles comme l'industrie minière, hydroélectrique ou pétrolière. À partir de cela, on évalue le potentiel fiscal de chacune des provinces, on évalue leur capacité respective à tirer des revenus de différentes activités et de différents types de contribuables. Partout, dans chaque province, on procède à une évaluation avec la même assiette fiscale, c'est-à-dire avec les mêmes postes de recettes. À partir de cette évaluation et d'une norme qu'on établit avec la moyenne de cinq des dix provinces canadiennes, on est en mesure de juger si, oui ou non, une province a droit à un paiement de péréquation.
Si une province est très riche et qu'elle égale la moyenne des cinq provinces au chapitre du potentiel de revenus, elle n'aura pas droit à la péréquation. Par contre, si une province est en deçà de la capacité moyenne des cinq provinces d'aller chercher des revenus auprès des contribuables, elle se verra octroyer un paiement de péréquation qui correspondra tout simplement à la différence entre les revenus qu'elle peut aller chercher par personne, par habitant, per capita, et la moyenne de ce même revenu per capita au niveau des cinq provinces retenues pour fins de calcul. C'est exactement ce montant qu'on transférera au Québec, à Terre-Neuve-et-Labrador et à d'autres provinces.
Pour que ce régime fonctionne, comme je l'ai mentionné tout à l'heure, il faut absolument que la même assiette fiscale soit utilisée pour chacune des provinces. En d'autres mots, il faut que les mêmes revenus soient évalués pour chacune des provinces. Or, on se retrouve avec une proposition comme celle présentée par le Parti conservateur. Le premier ministre avait pris un engagement en campagne électorale, mais ne l'a pas respecté, comme plusieurs engagements, sur lesquels nous reviendrons plus tard. On se retrouve dans une situation où ce n'est plus la même chose. On vient d'extraire une source de revenu de la formule de péréquation s'appliquant strictement à une province, en l'occurrence Terre-Neuve-et-Labrador. Cela fait en sorte que lorsqu'on prend le calcul du potentiel fiscal de Terre-Neuve-et-Labrador et qu'on le compare à celui du Québec ou de l'Ontario, on ne compare plus les mêmes choses, puisqu'on n'a pas tout le portrait de la situation.
En partant, par une entente ad hoc, on vient de créer une espèce d'injustice. On a travesti l'esprit et la lettre du programme de péréquation. On ne parle plus de péréquation du tout, puisqu'il existe un traitement différencié. Une injustice vient d'être créée.
Qu'est-ce qui justifierait que nous enlevions les revenus pétroliers du calcul de l'assiette fiscale de la péréquation, ce qui représente le potentiel de revenus de chacune des provinces, mais qu'on y laisse les revenus générés par l'hydroélectricité, par exemple? Ce serait le sens de la proposition du Parti conservateur. Au Québec, de quel droit continuerait-on à tenir compte dans la formule de péréquation de l'impôt sur le revenu, de l'impôt sur les sociétés et ainsi de suite, y compris les dividendes versés par Hydro-Québec au gouvernement du Québec, alors que juste à côté, à Terre-Neuve-et-Labrador, on enlèverait les redevances versées au gouvernement de cette province pour l'exploitation pétrolière?
Il y a là une espèce d'iniquité. On a aussi travesti la formule de péréquation et on a fait en sorte qu'il y ait un traitement injuste par rapport aux autres provinces du Canada.
A fortiori, ce serait comme donner une espèce de prime aux provinces qui produisent du pétrole, donc une prime à l'exploitation des ressources non renouvelables, payée par des provinces qui produisent de l'énergie propre, de l'énergie renouvelable. C'est comme si une partie d'Hydro-Québec subventionnait l'exploitation pétrolière de Terre-Neuve-et-Labrador.
Il y a donc une espèce d'illogisme par rapport à tout ce débat, qui fait une connexion entre les besoins particuliers de Terre-Neuve-et-Labrador et une formule de péréquation qui, par l'essence même de la proposition qui est faite aujourd'hui, dénature complètement cette formule de péréquation. Ou bien il y a de la péréquation au Canada; ou bien il n'y en a plus.
Toutefois, comme c'est un programme qui est constitutionnalisé et comme c'est un des principes du fédéralisme fiscal qui avait été proposé en 1947, si ma mémoire est bonne, par la Commission Rowell-Sirois qui parlait de fédéralisme fiscal, de redistribution de la richesse et de faire en sorte que des citoyens de l'Est et de l'Ouest, par exemple, soient traités équitablement, je pense que cela vaudrait la peine de maintenir ce programme.
Cependant, si on veut parler de réforme de la péréquation, il y a des moyens. Cela fait près d'une douzaine d'années qu'on en discute. Il y a des conférences fédérales-provinciales. Il y a des réunions de fonctionnaires. On ne s'y retrouve plus, parce qu'il y a 33 variables dans cette fichue formule de péréquation. Il y a toutes sortes de travers, toutes sortes de biais dans cette formule. Comme dit le vieil adage, pourquoi faire si simple alors qu'on peut faire compliqué? On dirait que c'est comme cela que la formule de péréquation a évolué depuis plusieurs années. Cela fait 12 ans qu'on parle de les corriger, mais on n'est pas encore parvenu à les corriger. Toutefois, il y a des moyens.
Permettez-moi de souligner trois problèmes qui existent à l'heure actuelle.
En début d'exposé, je vous ai dit qu'on fait une moyenne des revenus de cinq provinces. Cette moyenne des revenus de cinq provinces sert de barème pour savoir si une province ou l'autre doit avoir la péréquation ou non. On prend les revenus potentiels de l'Ontario, du Québec, de la Colombie-Britannique, de la Saskatchewan et du Manitoba et voilà ce qu'on fait: on additionne l'ensemble des revenus de taxes et d'impôts de ces provinces et on divise par cinq. C'est une moyenne arithmétique bien simple. On examine chacun des revenus potentiels des provinces et on conclut que les provinces qui ont des revenus inférieurs à cette moyenne des cinq provinces ont droit à des paiements de péréquation.
Toutefois, suivant quelle logique? Nous n'avons retenu que cinq provinces, alors qu'il y a 10 provinces au Canada, et les territoires bien entendu, mais la péréquation est faite en fonction des provinces. Pourquoi retenir cinq provinces et pas les dix? Ce serait beaucoup plus représentatif, par rapport à une norme pancanadienne de richesse, que de retenir uniquement cinq provinces. Cela fait longtemps que plusieurs des provinces bénéficiaires réclament cette modification. Ce serait beaucoup plus conforme à un portrait réel de la situation au chapitre de la capacité de chacune des provinces à générer des taxes et des impôts.
Pourquoi aussi, ne mesure-t-on pas correctement les revenus? Je vous le disais: pourquoi faire simple, alors qu'on peut faire compliqué? Dans ce cas, vous avez un poste où vraiment les économistes de Statistique Canada et du ministère des Finances ont fait preuve d'une originalité incroyable au cours des dernières années pour trouver des culbutes intellectuelles qui ont conduit à des collines économétriques incroyables d'une difficulté et d'une complexité techniques à décourager le commun des mortels.
Pourquoi ne pas évaluer, par exemple, le véritable impôt foncier qu'on retrouve au Québec comme dans les autres provinces? Eh bien non, on a pris ce qu'on appelle en analyse économique une « proxi ». Je ne veux pas parler contre l'analyse économique, ce serait me tirer dans le pied et prêcher contre ma paroisse, mais il y a des choses que l'on fait bien et il y a d'autres choses que l'on ne fait pas bien, et cela, on ne le fait pas bien.
On a donc pris ce qu'on appelle une « proxi », soit une approximation du potentiel d'impôt foncier que chacune des provinces peut aller chercher, alors qu'on arrive facilement, en ouvrant un catalogue de Statistique Canada, à trouver la véritable valeur des recettes foncières au Québec comme en Ontario ou ailleurs.
Ne serait-ce que cette correction, cela changerait tout le portrait, et cela donnerait l'image exacte.
Je vous donne seulement un petit exemple par rapport à l'impôt foncier. La fameuse « proxi » extraordinaire, très alambiquée et très technique à décourager le plus commun des mortels donne, pour le Québec par exemple, sur le plan de la richesse foncière résidentielle par habitant, un étonnant montant de 71 406 $. Telle est l'évaluation par la formule de péréquation de la richesse foncière par habitant, alors que le chiffre réel, la richesse réelle en 2002 est de l'ordre de 30 621 $. C'est plus que le double. Comprenez-vous?
Donc, cela augmente la richesse potentielle du Québec sur le plan fiscal. De plus, le différentiel entre la richesse du Québec et la moyenne des cinq provinces est faussé, parce que les revenus sont gonflés artificiellement. Le potentiel fiscal sur le plan foncier est celui que je vous ai énoncé, et c'est le potentiel réel, alors que dans la formule, on met plus que le double de ce potentiel.
Il y a aussi l'imprévisibilité. Il y a des années qu'on en parle aussi. Ce n'est pas normal qu'une année, on dise: « Au cours des trois dernières, vous avez eu un paiement en trop de 800 millions de dollars. Vous devez rembourser. » D'ailleurs, il faudrait que toutes les provinces remboursent. On doute que la Saskatchewan ait eu à rembourser ses 590 millions de dollars, mais on y reviendra. On est en train de creuser la question.
À mon avis, on oblige le Québec, avec force et vigueur, à rembourser son 1,2 milliard de dollars de paiements de péréquation reçus en trop, remboursement étalé sur 10 ans. Ils sont gentils. Toutefois—c'est le doute que nous avons—comment se fait-il qu'il y a des indices voulant que la Saskatchewan, qui doit 590 millions de dollars au gouvernement fédéral pour les paiements de péréquation reçus en trop, n'ait pas à payer et qu'on ait peut-être annulé sa dette?
D'une année à l'autre, les sommes sont volatiles. Il peut arriver une année où la péréquation est positive: 400 millions de dollars de plus. L'année suivante, cela repart de plus belle. Il y a deux ans, vous avez eu un paiement en trop, parce que finalement l'estimation que nous avons faite pour l'impôt sur le revenu est différente, la croissance du PIB a aussi été différente de nos estimations, et cela varie comme cela constamment. Il y a aussi des moyens de corriger cela.
Si on corrigeait toutes ces lacunes principales et quelques autres dont je vous passe la démonstration, cela donnerait, relativement au paiement de péréquation de 2004-2005, 168 millions de dollars de plus seulement pour Terre-Neuve-et-Labrador. Seulement la correction de la péréquation lui donnerait 168 millions de dollars de plus. Pour la Nouvelle-Écosse, cela lui donnerait 291 millions de dollars de plus. Ce ne sont pas des petits chiffres. C'est 323 $ de plus par habitant pour Terre-Neuve-et-Labrador, et 311 $ de plus pour l'année 2004-2005 par habitant, pour la Nouvelle-Écosse.
On n'a pas créé d'injustice. On n'a pas créé de traitement préférentiel. On n'a pas dénaturé à la fois l'esprit et la lettre de la formule de péréquation, et, en corrigeant les biens de la péréquation et les imperfections dont je vous ai énoncé la nature tout à l'heure, on vient de donner des revenus supplémentaires à Terre-Neuve-et-Labrador et à la Nouvelle-Écosse. Cela concerne la formule de péréquation et le maintien de cet esprit et de cette lettre de la péréquation.
Par ailleurs, en campagne électorale, nous avons lu le programme du Parti conservateur du Canada. Il était très clair. C'est pour cela que nous craignons que cela aille plus loin que la simple exclusion des revenus pétroliers de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve-et-Labrador.
Ainsi, dans le programme conservateur, on disait qu'il fallait exclure les recettes de l'exploitation de ressources non renouvelables de la formule de péréquation. Est-ce que cela veut dire qu'on va faire cela partout au Canada, et que la première ouverture que l'on donnerait à partir de l'appui à une motion comme celle-là, c'est d'ouvrir plus grand les vannes et maintenir dans la formule des revenus potentiels d'hydroélectricité, comme je le mentionnais tout à l'heure? Cela n'a pas de sens.
Nous voulons travailler à formuler autrement ou à reformuler la formule de péréquation. Nous sommes prêts à travailler avec tous les partis de cette Chambre, mais, pour les raisons que j'ai énoncées, nous ne pouvons adhérer à cette proposition.
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Madame la Présidente, je suis heureux de prendre part à ce débat. Le Nouveau Parti démocratique du Canada a l'honneur de lire à la Chambre l'engagement qu'il a pris envers le premier ministre Williams au cours de la période préparatoire aux dernières élections.
Le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador avait demandé aux chefs des différents partis politiques de réagir par écrit à la situation à laquelle était confrontée sa province, et nous avons été heureux de le faire. Il se peut bien, d'ailleurs, que nous ayons été le premier parti à le faire. Je vais me contenter de lire un extrait de la lettre que nous lui avons fait parvenir à l'époque. Et c'est une position que nous soutenons encore aujourd'hui:
Le NPD est d'accord pour que Terre-Neuve-et-Labrador reçoive la totalité des recettes de son pétrole et de son gaz extracôtiers et qu'elle soit ainsi le « principal bénéficiaire » de ces ressources, conformément aux principes exposés dans l'Accord Atlantique. Ainsi que je vais le répéter plus loin dans ma lettre, ce point de vue est conforme à l'opinion ferme du NPD selon laquelle le Canada a besoin d'une stratégie énergétique nationale qui non seulement corrige les déséquilibres fiscaux relatifs à l'extraction de ressources, mais également place notre pays en meilleure position pour un avenir respectant le Protocole de Kyoto et même au-delà.
Nul doute, les Terre-neuviens et les Labradoriens devraient être en partie propriétaires des projets d'exploitation pétrolière et gazière extracôtiers en participant aux capitaux. À notre avis, une participation à la propriété de tous les futurs projets d'exploitation devrait être une condition préalable à ceux-ci. Le gouvernement du Canada, qui a investi une partie des capitaux nécessaires au projet Hibernia, a déjà recouvré son investissement et devrait transférer à la province sa part s'élevant à 8,5 p. 100 des capitaux.
Nous avons été le seul parti à prendre cet engagement. Ce faisant, nous nous sommes rendus aux arguments très convaincants du chef du Nouveau Parti démocratique de Terre-Neuve-et-Labrador, Jack Harris.
Au sujet de la péréquation, voici ce que disait notre lettre datée du 25 avril adressée au premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador:
Terre-Neuve-et-Labrador a le revenu personnel par habitant le plus faible, le taux de chômage le plus élevé et le taux d'activité de la main-d'oeuvre le plus faible parmi les provinces canadiennes. Le gouvernement fédéral réduit ses transferts à votre province. Le NPD est en faveur d'une nouvelle formule de péréquation fondée sur une norme s'appuyant sur dix provinces, qui instaurerait plus de justice et plus d'égalité à travers le Canada.
L'élimination du financement des programmes établis et du Régime d'assistance publique du Canada a été extrêmement néfaste pour les soins de santé, pour l'éducation postsecondaire et pour les programmes de services sociaux dans l'ensemble du pays et a généré davantage d'inégalité entre les personnes et les provinces. Nous sommes d'accord que restaurer les transferts aux niveaux de 1994-1995, moyennant rajustement pour tenir compte de l'inflation, serait une mesure extrêmement valable en vue de rétablir le financement fédéral nécessaire à ces importants objectifs nationaux.
Il y a certains aspects de cette position que je voudrais aborder aujourd'hui. Tout d'abord, je mentionnerai l'importance qu'il y a à formuler un engagement, puis à le respecter après que nous avons demandé aux électeurs de nous juger à la lumière de ce que nous avons promis. Voilà pourquoi nous avons couché notre engagement sur le papier dans le détail.
La population de Terre-Neuve-et-Labrador, en particulier, a un motif d'être sceptique quant aux positions prises par des chefs nationaux, surtout depuis ces dernières années sous un gouvernement fédéral. Ce gouvernement a fait toutes sortes de promesses pendant la campagne électorale, pour ensuite les rompre. Nous avons vu une liste de promesses rompues faites par le Parti libéral qui est si longue que si nous tentions de les énumérer, cela absorberait non seulement le reste de mon temps de parole, mais probablement aussi le temps de parole de la plupart des autres députés dans le débat d'aujourd'hui.
Ce dont nous parlons aujourd'hui, c'est une promesse rompue, une promesse faite par le premier ministre dans un sprint désespéré visant à recueillir des suffrages pendant la campagne électorale, une promesse envers laquelle il ne s'est pas engagé par écrit, en dépit de la demande du premier ministre provincial que cet engagement soit mis par écrit. Nous voyons maintenant pourquoi cet engagement n'a jamais été mis par écrit. L'actuel premier ministre n'a jamais eu l'intention d'y donner suite. Il voulait donner l'impression que le premier ministre fédéral prenait le même engagement que celui que, par exemple, notre parti prenait, de manière à embrouiller les électeurs ou à les rassurer en leur faisant croire que si seulement la grosse machine rouge était portée au pouvoir, les divers engagements souscrits pendant la campagne électorale seraient tenus.
En fait, ce que nous avons observé dans cette affaire, c'est un exemple de publicité trompeuse, la pire et la plus dégoûtante qui soit. Cela a rehaussé les espoirs des gens qui ont les revenus les plus bas, des gens confrontés à des situations désespérées, une province aux prises avec un énorme défi financier, mais qui possède des ressources dont ne disposent pas certaines autres provinces.
Cela a avivé leurs espoirs, si bien qu'ils sont allés voter en pensant qu'ils obtiendraient enfin réparation pour leur province et qu'ils pourraient enfin récolter une part des fruits des ressources extracôtières. Le réveil a été brutal car on a trahi leur confiance. D'une certaine manière, voilà ce qu'il y a de plus répréhensible dans la question dont nous discutons aujourd'hui.
Ce matin, je me suis entretenu avec Jack Harris, chef du Nouveau Parti démocratique à Terre-Neuve-et-Labrador. Il a formulé des arguments très simples et très directs au sujet de la péréquation. Il m'a dit que si Terre-Neuve-et-Labrador pouvait atteindre ou dépasser la moyenne des cinq provinces ou celle de n'importe quel groupe de provinces, les gens danseraient dans les rues à Terre-Neuve-et-Labrador.
Il semble que l'on veuille parer à l'éventualité où, dans un certain nombre d'années, Terre-Neuve-et-Labrador nagerait dans des milliards de dollars émanant des ressources et se moquerait bien de la péréquation. Cette Terre-Neuve-et-Labrador ne participerait pas aux discussions et afficherait une attitude arrogante à l'égard de la péréquation, ce qui ne cadre pas du tout avec la réputation des gens de Terre-Neuve-et-Labrador, leur esprit communautaire et leur volonté de jouer un rôle au Canada. Honnêtement, c'est insultant, d'autant plus qu'on leur a fait une promesse qu'on est en train de renier.
Il n'y a rien d'étonnant à ce que les collectivités de Terre-Neuve-et-Labrador soient en colère au moment où nous tenons ce débat. Elles recherchent tout simplement la justice et l'équité et elles veulent participer à part entière à la fédération, de manière à ce que la qualité de vie de leurs enfants et de leurs aînés puisse être assurée comme c'est le cas ailleurs au Canada. On leur refuse cette justice, et les faits le prouvent.
Ce que le Parlement doit faire, c'est régler le problème des inégalités qui existent dans notre pays. Nous devons examiner la nature et l'étendue de ces inégalités et proposer des solutions. Voilà ce que nous, du Nouveau Parti démocratique, avons fait. Nous nous sommes assis et nous avons examiné la situation à laquelle fait face la province de Terre-Neuve-et-Labrador. Nous avons examiné ses ressources. Du simple fait de leur nature extracôtière, le gouvernement fédéral peut percevoir 70 p. 100 des recettes provenant de ces ressources à titre de redevances. En quoi cela est-il juste?
AIlleurs au Canada, si les ressources sont souterraines, les recettes qu'elles rapportent sont évidemment beaucoup plus élevées. C'est pour cette raison que l'Accord Atlantique a été conçu: afin de prendre en considération ces facteurs géographiques et d'essayer d'intégrer une certaine part de justice qui pourrait nous permettre d'atteindre une meilleure égalité dans notre pays. Voilà pourquoi il y a eu un engagement fondamental à modifier la façon dont ces ressources allaient être allouées.
Le premier ministre de la province et tous les partis à l'époque, en fait, toute la population de Terre-Neuve-et-Labrador, ont invité les candidats aux dernières élections à prendre un engagement en ce sens. Le premier ministre de la province voulait que nous disions très clairement si nous allions respecter les besoins et honorer les obligations qui existent au sein d'une fédération soucieuse d'assurer un certain niveau d'équité. Nous avons donc couché nos engagements sur papier et nous les avons expliqués très clairement.
Voter en faveur de la motion aujourd'hui est pour nous une façon de reconnaître que nous étions sérieux lorsque nous avons pris ces engagements. Nous sommes certains que, lorsque les ressources commenceront à rapporter des recettes, et nous espérons que cela ne tardera pas afin de redonner espoir aux localités visées, la province de Terre-Neuve-et-Labrador se transformera. La population de cette province pourra mettre à contribution son attitude gagnante parce qu'elle aura enfin à sa disposition certaines des richesses naturelles enfouies au fond de l'océan.
Les habitants de cette région ont été privés de leurs moyens de subsistance à cause de l'effondrement des stocks de morue. Nous sommes conscients que les gens de Terre-Neuve-et-Labrador affrontent des épreuves terribles. Nous avons l'occasion de rétablir l'équilibre. Le ferons-nous? Prendrons-nous position? Ferons-nous pression sur le gouvernement qui ne tient jamais ses promesses afin de l'inciter à prendre les mesures qui s'imposent?
Notre parti défendra la population de Terre-Neuve-et-Labrador, en faisant valoir qu'il est temps qu'elle obtienne justice. Il est temps que ces gens soient traités équitablement et que les promesses soient respectées. Voilà la position du Nouveau Parti démocratique.
Je voudrais maintenant m'attarder aux liens qui existent entre les recettes tirées de l'exploitation des ressources, les redevances, les taxes, etc. Je ne pense pas qu'on ait suffisamment expliqué le fait que, même lorsque les provinces conserveront la totalité des recettes, le gouvernement fédéral touchera d'énormes recettes provenant de l'exploitation pétrolière et gazière grâce à l'impôt sur le revenu des entreprises.
Selon M. Harris, le chef du Nouveau Parti démocratique de Terre-Neuve-et-Labrador, Ottawa touchera 53 p. 100 de la totalité des recettes tirées de l'exploitation des ressources extracôtières, même après la remise des recettes promises à sa province.
Ne faisons pas croire aux gens que le gouvernement fédéral ou les Canadiens ne seront pas adéquatement protégés ou ne partageront pas les recettes provenant de Terre-Neuve-et-Labrador. Les gens de cette province ne font que réclamer leur juste part. Nous sommes d'avis qu'ils ont droit à leur juste part.
Il suffit de voir les conditions de vie à Terre-Neuve-et-Labrador pour se rendre compte que, d'après la plupart des indicateurs, les localités et les habitants y sont en difficulté. Les jeunes abandonnent la province. Elle est déficitaire. Sa dette est massive comparé à sa population. Je ne pense pas qu'on devrait refuser de lui venir en aide sous prétexte que, un jour, elle pourra générer assez de recettes pour résoudre certains de ces problèmes. C'est pourtant l'argumentation que nous entendons.
Il est grand temps que nous nous penchions sur les problèmes actuels et sur les solutions qui existent, et que nous souhaitons mettre en oeuvre, au lieu de jouer au devin en imaginant des scénarios qui pourraient ou non se réaliser et de tenir pour acquis qu'aucun parlement et qu'aucun groupe de provinces ne pourrait y changer quoi que ce soit, quelles que soient leurs bonnes intentions, si les circonstances changeaient éventuellement. C'est là une approche très pessimiste qui ne mène à rien. Les problèmes existent, il faut les résoudre.
En conclusion, l'heure est venue de respecter les engagements que nous avons pris. Le premier ministre est sur le point de revenir sur sa promesse, ce qui est inacceptable. L'heure est venue d'honorer le droit des Terre-Neuviens et des Labradoriens de toucher une part équitable des recettes provenant de leurs ressources extra-côtières afin qu'ils puissent construire le genre de communauté qu'ils essayent déséspérément de construire depuis longtemps. C'est en leur permettant de jouir des ressources qui sont les leurs que nous leur donneront le moyen d'enfin réaliser cet objectif.
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Madame la Présidente, j'ai l'impression que la question revient à demander aux députés de l'opposition de faire le travail du gouvernement. Où était le gouvernement depuis que le premier ministre a fait la promesse à la population de Terre-Neuve-et-Labrador?
On nous suggère maintenant d'élaborer un libellé technique permettant de donner effet aux propositions. Que s'est-il passé pendant les mois de juillet, août, septembre et octobre? Que faisait le gouvernement pendant tout ce temps? Le gouvernement prenait-il des vacances pendant lesquelles il se demandait quelle promesse il pourrait bien briser?
Voilà donc une proposition totalement inacceptable que celle de suggérer aux députés de l'opposition, qui ont l'intention d'appuyer la motion, de s'asseoir et revoir la motion afin d'en élaborer la forme du libellé, faisant ainsi le travail du gouvernement.
Il est tout à fait clair que le gouvernement n'avait aucunement l'intention de tenir sa promesse. Le premier ministre lui-même n'avait aucune intention de la respecter. S'il en avait eu l'intention, il aurait pris le soin de la mettre sur papier.
Il est clair que le chef du Parti libéral de l'époque, premier ministre actuel, était simplement prêt à dire n'importe quoi pour obtenir des votes. Une fois élu, il n'a rien fait pour rédiger une proposition détaillée, dans un langage détaillé, qui aurait donné effet à cette promesse. C'est pourquoi, par la suite, un premier ministre a eu l'impression que les citoyens sa province avaient reçu une grande gifle. Nous partageons ce point de vue et cette analyse.
Il se trouve que le plafonnement qui a été proposé dans l'offre que le gouvernement a faite à la population de Terre-Neuve-et-Labrador coûtera à la population de cette province, l'année prochaine, 100 millions de dollars en recettes perdues. Ce montant atteindra 600 millions en 2007.
Si la Chambre me demandait d'où je tiens ces renseignements, je me contenterais de référer les députés à n'importe quel parti politique de Terre-Neuve-et-Labrador. Ils pourraient tous founir exactement la même analyse. En ce qui me concerne, c'est Jack Harris, le chef du Nouveau Parti démocratique de Terre-Neuve-et-Labrador, qui me l'a fournie.
Les gens de Terre-Neuve-et-Labrador m'ont consacré beaucoup plus de temps pour une analyse d'impact faisant l'objet d'un consensus entre trois partis que le gouvernement. Le gouvernement n'a présenté aucun détail. Il n'a même pas fait preuve d'un peu de bonne foi. Nous n'avons vu que de l'inaction, de la procrastination, des promesses brisées et le traitement injuste des habitants de cette province, et également de la Nouvelle-Écosse, comme le député le démontre dans sa question.
C'est le genre de stratégie et de comportement de la part du gouvernement qui en amènent plusieurs à perdent complètement espoir. Ils commencent à perdre espoir dans le processus politique lorsqu'ils voient que les grandes promesses sont brisées encore et encore. Les promesses sur les services de garderie n'ont pas été tenues en 11 ans. Les promesses visant à arrêter la privatisation des soins de santé n'ont abouti à aucune mesure concrète. La campagne publicitaire préconisant de voter pour les libéraux afin de rejeter un programme du type de George Bush n'a pas empêché la tenue d'entretiens sur la mise en oeuvre du programme de défense antimissile. Toutes les promesses ont été brisées encore une fois. C'est une liste sans fin. On pourrait ajouter Kyoto et le protocole visant à réduire les émissions; une autre promesse brisée. La liste est tellement longue que je ne prendrai pas plus de temps de la Chambre des communes à ce sujet.
Il est important que nous votions sur cette question pour montrer aux habitants de Terre-Neuve-et-Labrador qu'il y a à la Chambre au moins quelques députés, et les néo-démocrates en font partie, qui sont prêts à honorer les engagements pris durant la campagne électorale, car il s'agit d'un élément fondamental d'une démocratie qui se porte bien.
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Madame la Présidente, je suis ce débat et j'essaie d'écouter attentivement. J'ai écouté attentivement les députés ministériels dans leur discussion à propos de la formulation de la motion.
Permettez-moi de lire la motion:
Que la Chambre déplore l'attitude du premier ministre du Canada durant la conférence des premiers ministres du 26 octobre 2004 et après, et qu'elle demande au gouvernement fédéral de tenir les promesses, faites les 5 et 27 juin 2004, de laisser les provinces de Terre-Neuve-et-Labrador et de Nouvelle-Écosse conserver la totalité des revenus qu'elles tirent de l'exploitation pétrolière et gazière au large de leurs côtes.
Parler de la formulation de la motion tient du délire pur et simple. Ce n'est pas un projet de loi. Le gouvernement n'ouvrira pas les vannes demain pour que l'argent se mette à couler dans les coffres de la région de l'Atlantique à cause de cette motion. Cette motion pourrait devenir un projet de loi. Le gouvernement pourra changer la formulation de la motion une fois qu'il aura décidé de lui donner suite. Je n'ai pas envie d'entendre des excuses insensées selon lesquelles pour une raison ou une autre, cette motion n'est pas acceptable pour les députés ministériels libéraux. Nous nageons en plein délire.
Cet accord avec Terre-Neuve-et-Labrador et la Nouvelle-Écosse sur l'exploitation du pétrole et du gaz en mer est une tragédie encore plus grave que celle de l'Ocean Ranger.
Une voix: Oh, oh!
M. Gerald Keddy: J'ai travaillé dans les exploitations en mer. J'y étais. Je ne sais pas où était le député, mais j'y étais, moi. J'ai travaillé dans les installations de forage de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve. J'ai vu un appareil de forage se faire remonter au milieu de la nuit pour qu'il y ait un peu de jeu et que les vagues ne le touchent pas.
C'est une immense tragédie. C'est l'avenir de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve-et-Labrador qui est en jeu.
M. Gerry Byrne: C'est une comparaison inadmissible. Quatre-vingt-quatre personnes sont mortes.
M. Gerald Keddy: Laissez-moi vous dire quelque chose. Si vous voulez me faire rappeler à l'ordre, vous pouvez toujours essayer. J'étais là. Je ne sais pas où vous étiez, mais moi, j'y étais.
Ce que j'ai entendu ici, ce sont de tout nouveaux statisticiens libéraux. Comme nous le savons, il arrive souvent aux statisticiens de se demander d'abord à quel résultat il faut arriver, et ils manipulent ensuite les chiffres de façon à y obtenir ce qu'ils recherchent. Je dirais que nous avons à la Chambre un tout nouveau groupe de statisticiens libéraux, car ils ont d'abord essayé de voir quelle devait être la réponse, et ils cherchent maintenant le moyen d'y parvenir. Voilà ce que les députés ministériels ont fait. Nous ne pouvons pas nous comporter de cette manière. Au nom de l'avenir de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve-et-Labrador, nous devons faire mieux que cela.
Madame la Présidente, je dois préciser que je partage mon temps de parole avec le député de Nouveau-Brunswick-Sud-Ouest.
Ma conviction profonde et sincère, c'est que tous les députés ministériels participant au débat, et surtout le ministre des Ressources naturelles, devraient suivre les sages conseils des anciens: on ne devrait prendre la parole que si on pense pouvoir faire mieux que le silence. Le silence, voilà ce à quoi les députés libéraux nous ont habitués dans ce dossier. Aujourd'hui, soudain, certains ont trouvé la force d'intervenir, mais toute une brochette de ministres et de secrétaires parlementaires libéraux sont restés cois.
Il faut reconnaître que le ministre des Ressources naturelles s'est au moins présenté. Mais il y a tous les autres: le ministre des Pêches et des Océans, le ministre des Travaux publics et des Services gouvernementaux, les ministres du Nouveau-Brunswick et de l'île-du-Prince-Édouard et les secrétaires parlementaires des quatre provinces de l'Atlantique. Aucun d'eux ne juge le débat assez important pour y participer. Ils manquent à leur rôle de parlementaire.
En dehors de tout ce silence, nous avons entendu le ministre des Ressources naturelles multiplier les excuses pour justifier son inaction. Il ne se bat pas pour assurer la prospérité du Canada atlantique. Pendant la campagne électorale, même tardivement, le 27 juin, le premier ministre a donné au Canada atlantique l'assurance qu'il céderait la totalité des redevances sur l'exploitation des ressources en mer, et cela lui a valu des victoires dans la région.
Je peux dire aux députés ce que nous obtenons à l'heure actuelle et je n'ai pas à être un statisticien pour manipuler les chiffres, car ce sont les faits. La Nouvelle-Écosse reçoit 19¢ des recettes provenant de l'exploitation des ressources extracôtières comparativement à 81¢ pour le gouvernement fédéral. Terre-Neuve-et-Labrador touche 27¢ pour sa part. Je ne pense pas que ce soit une part équitable. J'ignore si nos vis-à-vis sont des joueurs de cartes ou des mathématiciens ou je ne sais quoi, mais je ne vois vraiment pas comment on peut parler d'égalité en l'occurrence.
Comment se fait-il qu'à partir du moment où un député devient un ministre au sein du gouvernement, il est tout à coup réduit à l'impuissance et au silence? Comment expliquer que ces ministres ne comprennent plus la raison pour laquelle ils ont été élus dans cette enceinte, soit pour défendre la région du pays d'où ils viennent, quelle qu'elle soit?
Ne confondons pas cela avec la formule alambiquée de péréquation. Cela n'a rien à voir avec la péréquation. C'est une question d'équité et la situation actuelle n'est certes pas équitable.
En 1987, lorsque la Nouvelle-Écosse a signé l'Accord définitif Canada-Nouvelle-Écosse sur les hydrocarbures extracôtiers, il n'y avait pas de ressources extracôtières et il était donc facile pour le gouvernement de l'époque, avec les meilleures intentions du monde, je tiens à le dire, d'affirmer que la Nouvelle-Écosse serait la principale bénéficiaire de toutes les recettes découlant de l'exploitation des ressources extracôtières.
Permettez-moi de dire aux députés, cependant, que la Nouvelle-Écosse n'est pas la principale bénéficiaire de ces ressources extracôtières. Il n'est pas question de modifier le libellé. C'est très simple. Il est question d'équité.
Voyons ce que nous, dans le Canada atlantique, tirons des ressources extracôtières. Cet accord serait un tout premier pas très important pour la région, parce qu'à l'exception des redevances, le Canada atlantique ne tire pas grand-chose de l'exploitation des ressources extracôtières. La plupart des marchés d'approvisionnement des plate-formes sont conclus avec des entreprises étrangères. Les ressources extracôtières ne restent pas dans la région. Le raffinage et le traitement ne se font pas là et les industries pétrochimiques ne sont pas établies dans la région. Même avec l'accord, les provinces atlantiques ne profiteront pas pleinement de leurs ressources extracôtières. Dans des pays comme la Norvège--où les industries sont établies à la source et autour de la côte et les emplois restent dans la région d'exploitation--on touche les redevances en plus de profiter des avantages sur le plan de l'infrastructure.
Comment peut-on bâtir une infrastructure? En gardant les redevances et en ayant les moyens d'établir cette infrastructure qui créerait des emplois supplémentaires en Nouvelle-Écosse et à Terre-Neuve-et-Labrador.
Tous les députés prennent connaissance des communiqués de presse et suivent la question de près, j'en suis convaincu. Ils savent donc que le premier ministre s'est engagé à réformer le régime de péréquation par lequel les provinces riches accordent un soutien aux provinces pauvres. Il n'a pas été en mesure de le faire et, qui plus est, il n'a même pas pu accorder à Terre-Neuve-et-Labrador et à la Nouvelle-Écosse les redevances d'exploitation extracôtière qui leur reviennent. Je m'attends à ce qu'il veuille respecter sa promesse électorale de 100 p. 100 en accordant 100 p. 100 et je suis convaincu qu'il le fera.
J'en ai encore beaucoup à dire dans la minute qui me reste. Je suis abasourdi de constater que, pour ce gouvernement, 100 p. 100 veut dire une entente limitée à huit ans, après quoi il y aura récupération des redevances de Terre-Neuve-et-Labrador et de la Nouvelle-Écosse si, Dieu nous en garde, ces deux provinces deviennent aussi riches que l'Ontario. Peut-on imaginer d'autres provinces devenant aussi riches et puissantes que l'Ontario? Quel scandale. L'Ontario est le grenier du pays et son centre mais nous ne devrions pas établir un lien entre la richesse de l'Ontario et celle d'autres provinces, ni leur reprocher d'être plus riches que l'Ontario. Personne en Ontario ne verrait là une formule équitable. J'invite les députés à trouver une seule personne qui serait prête à le dire en public. C'est insensé.
Au début de mon discours, j'ai parlé des statisticiens. Si j'ai mis à mal de quelque façon la réputation des statisticiens, qui sont des gens dévoués et réputés, je tiens à m'en excuser. Cependant, je n'ai aucune excuse à faire aux députés libéraux d'en face.
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Monsieur le Président, j'aimerais reprendre là où mon collègue de South Shore a laissé.
À mon avis, le débat vise d'abord à rappeler aux Canadiens une promesse que le premier ministre a faite en n'ayant aucune intention de la tenir. Je crois qu'en nous perdant dans les détails de la formule de péréquation, nous oublions de quoi il s'agit réellement.
En plein coeur de la campagne électorale, le premier ministre s'est rendu à Terre-Neuve et, sachant sa campagne dans une passe difficile et prêt à céder à la panique, il a fait ne promesse qu'il n'avait aucune intention de tenir. Un humoriste bien connu a dit qu'il y avait « des mensonges, des vils mensonges et des statistiques ». Le Parti libéral du Canada tente de détourner l'attention en parlant des détails et des diverses dispositions d'une entente.
Cependant, comme le député de Central Nova, notre chef adjoint, l'a dit ce matin dans ses observations, qu'y a-t-il au sujet des 100 p. 100 que les libéraux ne comprennent pas? Le fait est que le premier ministre a promis que la province conserverait 100 p. 100 des recettes provenant des ressources extracôtières et que les recettes ne seraient pas récupérées dans le calcul de la formule de péréquation. C'est aussi simple que cela. Dès que nous nous éloignons de ce principe, nous jouons le jeu du Parti libéral du Canada, car il a fait énormément de promesses extravagantes au fil des ans. En fait, le chef du NPD a en souligné quelques-unes.
Monsieur le Président, vous et moi avons été témoins de quelques-unes de ces promesses. Je veux juste rappeler aux téléspectateurs quelques-unes des promesses que les libéraux n'ont pas honorées. La promesse faite à Terre-Neuve, au beau milieu de la campagne électorale, au sujet des recettes provenant des ressources extracôtières, n'en est qu'une de plus.
Tout le monde se souvient de la TPS. Les libéraux avaient dit qu'il la supprimerait. Combien de députés d'en face ont été élus en 1993 à cause de cette promesse extravagante? Ils n'avaient pas l'intention de la tenir. Ils ne l'ont pas tenue et ils ont quand même été élus pour l'avoir faite.
C'est le même parti qui a dit qu'il déchirerait l'accord de libre-échange, si les députés s'en souviennent. Cela remonte aux élections de 1988, les premières où j'ai été élu. Les libéraux diabolisaient alors les Américains et disaient qu'ils déchireraient l'accord de libre-échange s'ils étaient élus. Évidemment, en 1993, à la promesse d'éliminer la TPS s'est ajoutée celle de renégocier l'ALENA. Ils n'ont pas changé une virgule dans l'ALENA.
Nous parlons des succès de l'Alberta, des champs de pétrole de l'Alberta et de la richesse qui en découle. Nous voulons que le même degré d'équité soit appliqué à Terre-Neuve. Comme le député de Central Nova a fait valoir cet argument ce matin, je ne reviendrai pas là-dessus.
Je veux cependant aborder le Programme énergétique national. À l'époque, l'ancien premier ministre Trudeau avait trouvé une occasion de ravir les recettes de l'Alberta. Le Programme énergétique national consistait à amener toute cette richesse à Ottawa pour que les libéraux puissent la répartir à leur gré. Il a fallu qu'un gouvernement conservateur mette un terme à ce programme. En définitive, je crois qu'il faudra compter sur un gouvernement conservateur pour mettre un terme à la promesse que l'actuel premier ministre a faite.
Le premier ministre a l'habitude de prendre la parole à la Chambre et de faire des promesses extravagantes ou de prétendre qu'il n'était au courant de rien. Il me fait penser à Tony Soprano: « Je ne sais rien à propos de rien. » C'est exactement ce que le premier ministre fait ici, jour après jour. C'est comme lorsqu'il a feint à la Chambre d'ignorer ce que rapportaient à la Société maritime CSL des marchés conclus avec le gouvernement du Canada; il a dit que ces marchés représentaient seulement quelques centaines de milliers de dollars. Or, son entreprise a tiré plusieurs centaines de millions de dollars de marchés conclus avec le gouvernement du Canada pendant qu'il était le ministre des Finances.
On ne peut croire le premier ministre, et les élections de juin dernier en sont la preuve. La motion à l'étude aujourd'hui vise à obliger le premier ministre du Canada à respecter un engagement qu'il a pris en juin dernier, en pleine campagne électorale.
Nous disons que les provinces de Terre-Neuve-et-Labrador et de la Nouvelle-Écosse devraient pouvoir conserver 100 p. 100 des recettes provenant de leurs ressources pétrolières et gazières marines. C'est aussi simple que cela. Nous voulons seulement que le premier ministre respecte une promesse qu'il a faite en campagne électorale simplement pour obtenir l'appui de la population et gagner suffisamment de sièges pour revenir ici à titre de premier ministre du Canada.
J'imagine que la stratégie a fonctionné comme toute stratégie politique judicieuse, mais je pense que ces promesses viennent maintenant hanter le premier ministre et le Parti libéral du Canada. Comme je l'ai dit, ce n'est pas d'hier que les libéraux agissent ainsi.
Faisons ce qui s'impose. Appuyons la motion dont la Chambre est aujourd'hui saisie, continuons d'exercer des pressions sur le gouvernement du Canada et permettons au Canada atlantique d'avoir accès à sa juste part de la prospérité dont bénéficie le reste de notre pays.
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Monsieur le Président, je vous indique d'abord que je vais partager mon temps avec le député de Random--Burin--St.George's.
Je considère que la discussion que nous avons en ce moment sur la motion est très intéressante et porte sur une question très importante. Toutefois, j'ai l'impression que nous faisons davantage de la politique sur cette question que nous ne traitons de la question elle-même.
Comme chaque député le sait, la péréquation fait partie de l'économie et du tissu politique de notre pays depuis pas mal de temps maintenant. Nous parlons d'une question de principe, à savoir que tous les Canadiens, où qu'ils vivent dans notre pays, devraient être traités de la même façon. Ils devraient recevoir des niveaux de services comparables moyennant des niveaux d'imposition raisonnablement comparables. Chacun le sait, nous ne parviendrons jamais à un système parfait. Par ailleurs, de la façon dont les choses ont évolué au cours des dernières années, il semble que le plus grand défi qui se présentera sera celui des écarts entre le Canada rural et le Canada urbain. Mais cela fera peut-être l'objet d'un autre débat à la Chambre des communes.
Si j'en juge d'après les commentaires des différents partis présents à la Chambre, le principe de péréquation recueille certainement l'appui de chaque député et de chaque Canadien, et, de plus, il est inscrit dans notre Constitution. Mais au cours des dernières années, la formule de péréquation a posé des problèmes. Chose certaine, elle m'a valu personnellement quelques difficultés. Je me réjouis de l'accord sur la péréquation intervenu, le 26 octobre, entre le premier ministre du Canada, les premiers ministres des dix provinces et les dirigeants des trois territoires.
L'un des plus gros problèmes, c'est la prévisibilité. J'ai éprouvé beaucoup de sympathie pour les différents ministres provinciaux des finances, qui ne savaient pas au juste quels paiements de péréquation ils recevront dans l'année. La plupart des provinces mettent fin à leur exercice financier le 31 mars, je crois. Elles déposent donc leur budget à la fin de janvier, en février ou en mars de chaque année. Le gouvernement fédéral, en principe, leur indique un montant et c'est ce montant que les premiers ministres inscrivent dans leurs budgets provinciaux. Or, chacun des ministres provinciaux des Finances, actuels et antérieurs, s'est rendu compte que ce montant pouvait être modifié au moins une fois, si ce n'était deux fois, voire trois fois au cours d'une année. Il est même arrivé que de tels ajustements soient passablement marqués, relativement parlant.
Il est tout à fait injuste qu'un ministre provincial des Finances reçoive un appel à 15 h 30 ou 16 heures, un vendredi, et se fasse dire, par des fonctionnaires à Ottawa, que les paiements de péréquation à sa province seraient considérablement réduits. Comme le savent tous les députés de la Chambre et les gens qui nous regardent sur CPAC, une telle nouvelle bouleverse énormément la gestion financière et le fonctionnement d'une province. C'est peut-être dur à croire, mais la situation contraire est tout aussi bouleversante. Les ministres des Finances qui viendraient d'apprendre qu'ils recevraient beaucoup plus que prévu pourraient être tentés de se montrer beaucoup moins prudents avec les deniers publics; ils ne dépenseraient peut-être pas l'argent aussi sagement qu'ils le devraient, le consacrant au budget des services votés, et, l'année d'après, il risque de ne plus en rester. Nous pouvons imaginer les problèmes que cela entraînerait. Le problème devait être résolu, et il l'a été.
Le plafonnement de la péréquation était aussi un problème. On y a mis fin il y a quelques années. On n'en a pas parlé dans le dernier accord conclu par les premiers ministres.
L'autre question qui suscite la controverse, qui n'a jamais quitté l'ordre du jour et qui est toujours d'actualité aujourd'hui, est celle des ressources non renouvelables. La plupart des provinces l'ont toujours affirmé, et nous devons en convenir dans une certaine mesure, les ressources non renouvelables, qu'il s'agisse de l'or, du pétrole, ou de la potasse, s'épuiseront. Une fois que la mine ou le gisement est à sec, la source de revenus l'est aussi. À un moment donné, toutes les mines et tous les gisements seront épuisés.
C'était différent pour chaque province. Ce n'était certainement pas un problème en Alberta puisqu'elle ne recevait pas de montants de péréquation. C'était cependant très important en Nouvelle-Écosse et à Terre-Neuve-et-Labrador puisque ces provinces exploitaient des ressources non renouvelables. C'est ce qui a causé des problèmes.
Certaines des activités de mise en valeur menées à la baie Voisey par Terre-Neuve-et-Labrador ont biaisé des décisions. On n'a qu'à penser aux redevances venant de la baie Voisey. Éventuellement, ces recettes tirées des ressources ont été soustraites des montants auxquels Terre-Neuve-et-Labrador avait droit au titre de la péréquation et, en bout de ligne, il n'y avait plus rien. Je crois que c'est ce qui explique vraiment les importants retards dans la mise en oeuvre de ce projet.
Cette question est passablement litigieuse. J'ai écouté le débat et je crois que tout le monde est sur la même longueur d'onde. Nous voulons tous que la province de Terre-Neuve-et-Labrador puisse prospérer. Nous voulons tous que ses habitants prospèrent. Depuis de nombreuses années, certaines situations dans cette province ne sont pas gérées correctement--Churchill Falls, par exemple, dont les répercussions se font encore sentir aujourd'hui. Il y a également eu la disparition de l'industrie du poisson de fond qui a causé d'énormes problèmes non seulement pour les habitants de Terre-Neuve-et-Labrador, mais aussi pour les habitants du Canada atlantique. Cette situation cause encore des problèmes aujourd'hui.
Je sympathise suite aux commentaires émis aujourd'hui concernant les recettes provenant des ressources pétrolières et gazières de Terre-Neuve-et-Labrador et de la Nouvelle-Écosse. Il est important que le gouvernement du Canada, dans ses pourparlers avec les provinces, particulièrement ces deux provinces, prenne les mesures appropriées dans le meilleur intérêt des habitants de ces provinces.
Si j'avais fait la présente intervention il y a huit mois, j'aurais déclaré que ces provinces méritent une meilleure entente. C'est pour cette raison que j'ai appuyé celle qui est intervenue, en juin dernier, entre le premier ministre et ses homologues provinciaux MM. Hamm et Williams. Le financement serait considérablement accru et les provinces auraient le droit de toucher la totalité des recettes en redevances. Je me suis également réjoui de l'accord conclu le 26 octobre qui aborde, dans une certaine mesure, la question de la prévisibilité. Si à un moment précis en début d'exercice, on informe une province qu'elle a droit à un certain montant en paiements de péréquation, ce montant ne peut être diminué par la suite, peu importe ce qui arrive. Cette disposition confère énormément de certitude aux provinces en ce qui concerne les prévisions financières.
J'étais également heureux de voir que le niveau de financement au titre de la péréquation passera de 8,9 milliards de dollars à 12,5 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années, ce qui ajoutera, si je ne m'abuse, 33 millions de dollars au financement de la péréquation au cours des cinq prochaines années.
Les promesses électorales faites par les conservateurs en mai et juin derniers me préoccupent. Elles préoccupent également les habitants du Nouveau-Brunswick, de l'Île-du-Prince-Édouard et du Manitoba. Le programme électoral conservateur prévoit entre autres ce qui suit:
Un gouvernement conservateur réévaluera également la formule de péréquation... Nous le ferons de telle sorte qu'aucune province, bénéficiant de la péréquation, ne reçoive moins de financement pendant la transition vers la nouvelle formule, que ce que lui assure la formule actuelle.
Lorsqu'on fait les calculs, les résultats sont troublants. Avec une telle formule de péréquation, les paiements de péréquation de ces provinces seraient gelés à tout jamais. Je suis heureux que ce ne soit pas arrivé. S'il y a des gens du Nouveau-Brunswick, de l'Île-du-Prince-Édouard et du Manitoba qui nous écoutent, je leur dis que je suis bien content que nous ayons retenu la présente formule et non celle prônée par...
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Monsieur le Président, je voudrais remercier notre collègue de partager son temps de parole avec moi en cette journée très importante. J'ai écouté avec beaucoup d'intérêt les opinions de tous les députés ce matin et cet après-midi. Je suis heureux de dire que c'est un débat sérieux qui est pris très au sérieux par tous les députés des deux côtés.
Je voudrais tout d'abord dire catégoriquement que j'appuie le désir de Terre-Neuve-et-Labrador d'obtenir 100 p. 100 des recettes tirées de ses ressources extracôtières. Je veux préciser clairement au départ que je suis en faveur de cela.
Je me rappelle fort bien des journées de discussions et de négociations qui ont eu lieu lorsqu'il est devenu évident qu'un Accord atlantique s'imposait. Certains de mes collègues d'en face faisaient de la politique provinciale avec moi à ce moment-là. Nous avons eu droit à un débat émotif et animé. En fin de compte, l'Accord atlantique a été signé.
Le principe de l'Accord atlantique, c'était que Terre-Neuve-et-Labrador et la Nouvelle-Écosse seraient les principaux bénéficiaires de leurs ressources extracôtières. C'est le principe sur lequel l'Accord atlantique a été négocié, discuté et signé.
Il y a deux raisons à cela. Il y a tout d'abord l'emplacement de nos ressources. Elles sont au large des côtes, sous l'eau. Ce matin, quelqu'un a parlé du coût d'extraction, ce qui est tout à fait vrai. L'autre point important dont il faut se rappeler, c'est que Terre-Neuve-et-Labrador et la Nouvelle-Écosse ne sont pas aussi riches que d'autres provinces du Canada. Nous avons une dette énorme. Dans le passé, nous n'avons pas profité comme nous l'aurions dû de nos ressources.
L'Accord atlantique était censé corriger cela. C'est là l'objet du débat d'aujourd'hui. Les gens de Terre-Neuve-et-Labrador ont vraiment le sentiment qu'ils ne sont pas les principaux bénéficiaires de leurs ressources extracôtières. Ils ont nettement l'impression que le gouvernement du Canada profite de leurs ressources extracôtières plus qu'ils ne le font et ils jugent que cela est tout à fait inacceptable.
Depuis que toute cette situation a éclaté au grand jour il y a une quinzaine de jours, j'essaie de comprendre le problème. Pour résoudre n'importe quel problème, il faut le comprendre.
Le premier ministre est sincère et il est convaincu d'avoir offert au premier ministre Williams et à la province de Terre-Neuve-et-Labrador la totalité de ces recettes issues de l'exploitation pétrolière en mer. Le premier ministre Williams est tout aussi sincère, mais il est d'avis que le premier ministre ne lui offre pas la totalité des recettes. Nous sommes en présence d'un différend, purement et simplement, et j'essaie de comprendre où il se situe exactement.
Il y a deux problèmes à l'origine de ce différend. Dans la correspondance envoyée au gouvernement fédéral par le premier ministre Williams, celui-ci parle constamment d'une période correspondant à la durée complète de production de pétrole, ce qui signifie que l'accord continuerait de s'appliquer tant que les puits en mer continueraient à fournir du pétrole.
Or, dans sa réponse envoyée un vendredi il y a quelques semaines au ministre des Finances Sullivan, le ministre des Finances du Canada parle, lui, d'un accord d'une durée de huit ans. Il y a une grande différence entre huit ans et la durée de production de pétrole, qui est inconnue. J'imagine que nous pourrions estimer la longévité de certains puits. On pourrait faire des calculs assez précis, mais la durée de production serait certainement supérieure à huit ans. C'est le premier problème.
L'autre problème est lié à la question de la capacité financière. Les recettes autonomes de Terre-Neuve-et-Labrador sont actuellement de 4 900 $ par habitant. En ajoutant les paiements de péréquation, la capacité financière atteint 6 200 $. Évidemment, dans sa lettre, le ministre des Finances propose d'utiliser comme seuil la capacité financière de l'Ontario, qui se situe entre 6 600 $ et 6 700 $.
Si on tient compte des paiements de péréquation qui s'ajoutent aux recettes autonomes de Terre-Neuve-et-Labrador, l'écart avec l'Ontario ne tardera pas à être comblé par les recettes issues de l'exploitation pétrolière en mer. La province ne pourra pas vraiment recevoir une grande partie de ces recettes. Voilà l'autre problème fondamental aux yeux de la province de Terre-Neuve-et-Labrador.
La province soutient que les paiements de péréquation, qui réduisent l'écart en élevant la capacité financière jusqu'à 6 200 $, ne devraient pas entrer dans le calcul de la capacité financière. Elle est d'avis que sa capacité financière devrait être évaluée en tenant uniquement compte de ses recettes autonomes, qui sont de 4 900 $. Les recettes issues de l'exploitation pétrolière en mer devraient pouvoir s'ajouter aux recettes autonomes jusqu'à ce que ces deux sources d'argent atteignent ensemble la capacité financière de l'Ontario. Si nous ajoutons les paiements de péréquations à l'équation, la province ne devrait pas mettre beaucoup de temps à parvenir à des recettes équivalentes à celles de l 'Ontario, surtout avec des prix à 50 ou 55 dollars américains le baril de brut.
C'est un problème fondamental dont il faut s'occuper si l'on veut en arriver à une entente à ce sujet.
M. Norman Doyle: John ne comprend pas cela. Vous avez raison Bill, vous avez raison.
M. Bill Matthews: Le député de St. John's-Est dit que j'ai raison. Je l'en remercie.
J'ai essayé de comprendre ce que tout cela signifie en discutant avec des représentants du ministère fédéral des Finances, des ministres fédéraux, le premier ministre, le ministre des Finances Sullivan et le premier ministre Williams.
Le ministre des Finances Sullivan m'a dit, pas plus tard que ce matin, que, selon les projections de la province pour l'exercice 2005-2006, à 50 $ le baril, l'exploitation des ressources au large des côtes procurerait un revenu de 426 millions de dollars à la province. Le ministre Sullivan soutient que, selon l'entente qui aurait été proposée par le gouvernement fédéral, la province de Terre-Neuve-et-Labrador ne pourrait garder que 233 millions de dollars. C'est ce que le ministre Sullivan croit fermement. Si c'est effectivement le cas, la différence est de 193 millions de dollars. C'est là un montant important, dans une année financière, pour une province qui manque d'argent et qui a une dette importante qu'elle doit absolument rembourser.
Pour l'exercice 2006-2007, lorsque les trois champs de pétrole en exploitation atteindront un sommet, les prévisions montrent que les recettes de Terre-Neuve-et-Labrador seront de 850 millions de dollars. Le ministre Sullivan dit que, au cours de cet exercice, la province ne pourra conserver que 233 millions de dollars, ce qui représente une différence de 617 millions de dollars. En 2007-2008, la province prévoit obtenir des recettes de 731 millions de dollars. Elle pourra conserver 233 millions, ce qui représente une différence de 498 millions.
J'ai passé ces chiffres en revue parce que nous avons cerné trois problèmes. Il y a la période de huit ans par opposition à la période de production de pétrole, ensuite, la question de savoir si les paiements de péréquation devraient être calculés ou non dans la capacité fiscale de Terre-Neuve-et-Labrador d'atteindre le seuil de l'Ontario et, évidemment, j'ai parlé des prévisions et de ce que Terre-Neuve-et-Labrador soutient qu'elle perdrait si cet accord n'est pas renégocié. Voilà le problème.
Mon objectif en tant que député de Terre-Neuve-et-Labrador est d'obtenir le meilleur accord possible pour Terre-Neuve-et-Labrador. Il ne s'agit de rien d'autre. Je n'ai aucune autre idée en tête. Ce n'est pas une question d'ambition. Il s'agit d'obtenir le meilleur accord possible.
Que faisons-nous maintenant? Il est très important que tous les députés se retiennent de faire de beaux discours et de se lancer des invectives. Les deux côtés de la Chambre en ont convenu. Le premier ministre Williams en a convenu. Le ministre des Finances Sullivan en a convenu. Le premier ministre en a convenu. Le ministre des Finances aussi. Tous les députés de Terre-Neuve-et-Labrador sont d'accord. Nous sommes tous d'accord pour dire que nous devrions mettre fin aux beaux discours et aux invectives et nous atteler à la tâche. Tout ce que je veux faire ici, c'est me remettre au travail et régler ce problème.
Il y a de fortes divergences et de graves malentendus. Il faut trouver des solutions. Si nous voulons éliminer la dette de Terre-Neuve-et-Labrador, si nous voulons pouvoir offrir les services que notre population mérite, c'est maintenant que nous en avons la possibilité.
Au nom de la population que je représente, je n'accepterai pas moins que 100 p. 100 des recettes provenant des ressources extracôtières que reçoit Terre-Neuve-et-Labrador. Je veux que les deux parties se réunissent et recommencent à négocier sérieusement. Qu'on cesse de jouer pour la galerie. S'il y a des malentendus, s'il y a des reproches à faire, n'oublions pas que l'important est de trouver une solution.
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Monsieur le Président, je suis heureux de faire quelques commentaires sur cette importante question. Comme les députés le savent bien, j'ai parlé de cette question à 8 ou 10 reprises dans les quelques dernières semaines, tant au cours de la période des questions que durant les débats. Chaque fois que j'en parle, je me fâche. Je vous promets que je ne me fâcherai pas aujourd'hui. Je vais essayer de garder mon sang-froid.
Il est toujours frustrant de se rendre compte que nous sommes victimes de quelque chose. C'est le fait de constater que nous sommes des victimes dans tout cela qui me choque au plus haut point et c'est la raison pour laquelle je me suis fâché à chaque fois que j'ai pris la parole dans ce débat. Il est normal que nous nous fâchions lorsque nous savons que nous avons été lésés, que nous avons été victimes et que nous avons été traités sans égards. C'est ce qui s'est produit ici au cours des dernières semaines en particulier.
Je me suis fâché de nouveau aujourd'hui quand j'ai entendu les propos du ministre des Ressources naturelles. Il est vraiment le roi du verbiage. Il a dit quelque chose au cours du débat d'aujourd'hui qui vaut, je crois, la peine d'être rectifié. Le ministre a prétendu que le premier ministre et le ministre des Finances de Terre-Neuve-et-Labrador, deux hommes intelligents et instruits, n'ont vraiment pas compris la proposition faite par le ministre fédéral des Finances et le premier ministre, et qu'en conséquence, ils ne vont pas signer l'entente parce qu'ils n'y ont rien compris. Comme nous le savons bien, c'est tout à fait faux.
La résolution qui nous a été proposée aujourd'hui jouera un rôle valable. Elle mettra en évidence la promesse non-tenue qui a été faite par le premier ministre du Canada. Elle devrait également servir à transmettre un message au premier ministre du Canada pour lui dire qu'on ne peut pas faire une promesse de cette importance aux gens de Terre-Neuve-et-Labrador, une promesse qui porte sur des milliards de dollars à long terme et touche l'avenir des gens de Terre-Neuve-et-Labrador, et tout simplement s'en laver les mains par la suite, se dérober et ne pas la tenir, sans en subir les conséquences.
C'est ce qu'a fait le premier ministre du Canada. Il s'agit d'une motion très importante. Il y a quelques minutes, nous avons entendu le discours très sensé du député de Burin—St. George's. Si seulement le ministre des Ressources naturelles avait aujourd'hui le bon sens de faire un tel discours, nous nous en porterions tous beaucoup mieux. Les députés libéraux de Terre-Neuve auront l'occasion d'indiquer aux habitants de Terre-Neuve-et-Labrador où ils se situent sur la question.
Choisirons-nous d'être avares et de nous livrer à de petits jeux politiques partisans, comme le fait le premier ministre depuis les trois ou quatre mois derniers au détriment de Terre-Neuve-et-Labrador, ou choisirons-nous de rappeler au gouvernement fédéral la promesse qu'il a faite aux habitants de Terre-Neuve-et-Labrador, promesse qui lui a valu cinq sièges dans la province et qu'il doit maintenant réaliser?
Ce que je viens de dire est un peu partisan, mais c'est exactement ce qui s'est passé. J'estime que si les sept députés font corps, nous pourrons exiger du gouvernement fédéral qu'il tienne sa promesse.
N'oublions pas que le gouvernement fédéral se trouve dans un contexte de gouvernement minoritaire. Si nous avions l'appui des cinq députés libéraux de Terre-Neuve-et-Labrador, en plus de celui des deux députés conservateurs ici et de notre parti, nous pourrions faire bouger les choses et talonner le gouvernement pour qu'il règle la question.
S'il y a eu un cas où nous avons dû déplorer l'attitude du premier ministre et celle du gouvernement du Canada, c'est bien celui-ci. Il s'agit d'un moment marquant dans l'histoire de Terre-Neuve-et-Labrador, un moment extrêmement important pour la population de la province. Aujourd'hui plus que jamais, nous devons faire valoir notre point de vue.
Je siège ici depuis près de sept ans et demi. Je ne suis pas ce qu'on pourrait appeler un grand vétéran de la Chambre. Ce que j'ai appris au cours de cette période, c'est que nous sommes considérés comme une nuisance par le gouvernement fédéral. Il nous traite comme un boulet qu'il doit tolérer du simple fait que nous existons. Voilà le genre de traitement que nous réserve le gouvernement fédéral. Le premier ministre et le gouvernement fédéral du pays n'ont aucun respect.
Le premier ministre n'éprouve aucune compassion pour les problèmes financiers graves auxquels nous sommes confrontés à Terre-Neuve-et-Labrador. Il ne comprend absolument pas la situation. Il n'a certes pas de compassion pour cette province, sauf en période électorale lorsqu'il grise les électeurs de belles promesses. On lance alors des promesses comme on lance des confettis. Il est très décevant que le ministre des Ressources naturelles ait participé à cela. Il a aidé et soutenu le premier ministre dans ce dossier et il ne s'est pas porté à la défense de la population de Terre-Neuve-et-Labrador.
Je critique sévèrement le ministre des Ressources naturelles parce qu'il est le représentant de Terre-Neuve-et-Labrador au sein du Cabinet fédéral. Pour ce qui est de défendre la population de Terre-Neuve-et-Labrador, il a lamentablement échoué.
C'est peut-être pour cette raison que le mot « déplore » figure dans la motion dont nous sommes saisis aujourd'hui. D'aucuns disent qu'il vaudrait mieux supprimer ce mot, qu'il ne faut pas utiliser de mots incendiaire. Qui sait? Je ne suis pas en mesure de dire que ces mots seront supprimés, car la situation est déplorable. C'est ce que fait ressortir la motion.
Les temps sont durs pour notre province. Il faut parfois durcir le ton, et les circonstances actuelles dictent que nous le fassions. La province de Terre-Neuve-et-Labrador se trouve dans une situation financière très précaire. Ce n'est pas le moment d'utiliser des formules édulcorées. Nous devons faire savoir à la population du Canada et au gouvernement fédéral que le moment est venu pour nous de devenir des partenaires égaux dans la Confédération. Nous devons prendre la défense des habitants de Terre-Neuve-et-Labrador, car la situation est déplorable. Que ceux qui veulent tourner autour du pot s'abstiennent. Ce qu'il faut faire, c'est prendre position soit en faveur de Terre-Neuve-et-Labrador, soit contre.
En faisant front commun dans ce dossier, nous pouvons faire beaucoup pour les gens de Terre-Neuve-et-Labrador. Nous pouvons relancer le premier ministre. Le moment est venu d'agir.
Il s'agit d'une question très importante, la plus importante à toucher les gens de Terre-Neuve-et-Labrador depuis un bon moment. Pourquoi? En raison de la possibilité qui s'ouvre à nous de devenir une province nantie, peut-être pas dans deux, trois, cinq ou même dix ans, mais d'ici 15 à 20 ans. Nos enfants pourraient enfin rester dans la région. Ils pourraient y avoir un avenir, si nous adoptions cette mesure.
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Monsieur le Président, je viens de la Colombie-Britannique et nous attachons beaucoup d'importance à ce débat. Je veux que les gens de l'Atlantique sachent que les Canadiens de toutes les régions du pays sont d'accord avec eux sur cette question.
Je suis situé d'une façon intéressante à la Chambre. À côté de moi, on retrouve un collègue du Manitoba. À côté de lui, il y a notre collègue de St. John's. Nos circonscriptions ont toutes une côte. Nous nous élevons tous contre la façon dont le gouvernement fédéral choisit de contrôler nos ressources ou les recettes que nous en tirons.
La Colombie-Britannique a des ressources pétrolières et gazières extracôtières et cela fait maintenant plus de 30 ans qu'un moratoire imposé par le gouvernement fédéral prive la Colombie-Britannique de la possibilité de faire ses propres choix relativement à ces ressources. Cela doit cesser et ce, bientôt. Deux rapports seront déposés à cet égard au cours du prochain mois, je suppose. Ils mettront l'accent sur un résumé de l'opinion publique sur la question et un résumé de l'opinion des premières nations à ce sujet. Nous attendons une décision sur ce moratoire en 2005 de la part des gouvernements fédéral et provincial.
Cependant, lorsqu'on examine les précédents au Canada, on se reporte bien entendu à Terre-Neuve-et-Labrador et à la Nouvelle-Écosse. Au cours des trois derniers mois, j'ai parlé à pratiquement tous les grands intervenants dans le secteur pétrolier et gazier au Canada. Je peux tirer un message de ce qu'ils m'ont dit au sujet de la question que nous abordons aujourd'hui, soit que si le régime de redevances sur les ressources pétrolières et gazières extracôtières en vigueur à l'heure actuelle en Nouvelle-Écosse et à Terre-Neuve-et-Labrador est maintenu, ils ne sont tout simplement pas intéressés.
Ils ne sont pas intéressés, car tant que le gouvernement fédéral continue de contrôler les recettes tirées des ressources, les taxes imposées et le régime de réglementation comme maintenant, cela crée alors beaucoup de mécontentement au niveau provincial. Les provinces ne contrôlent pas leur propre destin, leurs propres encouragements et leurs propres possibilités de faire les choses comme il se doit. L'industrie est alors victime indirectement de tout ce problème de compétence et les problèmes liés aux recettes font que ces projets ne peuvent être menés à bien. Le débat d'aujourd'hui est donc très important.
Il existe des différences politiques et philosophiques bien ancrées entre mon parti, le Parti conservateur du Canada et le Parti libéral du Canada. Si nous scrutons les racines philosophiques du Parti libéral, ses racines bien profondes, nous pouvons retrouver les déclarations de Marc Lalonde du temps qu'il était le secrétaire principal de Pierre Elliott Trudeau. Durant les premières discussions d'ordre constitutionnel sur les ressources, il a affirmé au sujet du pétrole et du gaz qu'il n'y aurait plus de cas comme l'Alberta. Le Parti libéral n'a jamais changé de position.
Même si le Parti libéral respectait aujourd'hui les promesses faites par le premier ministre les 5 et 27 juin au sujet du pétrole et du gaz, on pourrait s'attendre qu'à la première occasion les libéraux tentent de trouver une façon de défaire ou de miner l'entente ou de la manipuler de manière à ce que Terre-Neuve-et-Labrador et la Nouvelle-Écosse ne touchent pas réellement la totalité des redevances. Cela doit changer.
Lorsque le député de St. John's-Est nous affirme qu'il s'agit d'un jalon ou d'un moment important pour Terre-Neuve-et-Labrador, je suis entièrement d'accord, mais je vais plus loin. Cela pourrait être un point tournant en ce qui concerne la façon dont les provinces et le gouvernement fédéral traitent et partagent les compétences en matière de ressources.
Un grand nombre d'entre nous de la côte ouest ou d'autres régions du Canada avons visité Terre-Neuve-et-Labrador. Nous connaissons la force, l'indépendance et la fierté de ces gens. Ils ne méritent pas moins que les Albertains, qui contrôlent la totalité des redevances provenant de leur pétrole et de leur gaz.
Je suis un Canadien qui est plus vieux que Terre-Neuve-et-Labrador. La province est entrée dans la Confédération en 1949. En 1949, les habitants de la province ont amené avec eux le pétrole et le gaz au large des côtes, dont on ignorait probablement l'existence à l'époque, mais l'Alberta avait déjà obtenu le contrôle de ses ressources en 1930. Il s'agit d'un précédent important et il nous faut faire le nécessaire pour garantir que les provinces puissent bénéficier des recettes provenant de l'exploitation de leurs ressources. Autrement, le système dans son ensemble ne fonctionne pas.
Il y a beaucoup de personnes qui observent ce débat aujourd'hui qui viennent d'autres régions que Terre-neuve-et-Labrador et la Nouvelle-Écosse. Ce débat me concerne pas que les 10 provinces. Le premier ministre des Territoires du Nord-Ouest est directement touché par ce débat. Il concerne le pipeline de la vallée du Mackenzie. À l'heure actuelle, les redevances des Territoires du Nord-Ouest provenant de l'exploitation des ressources s'élèvent à environ 4% après la récupération et tous les autres arrangements. Ceci veut dire qu'il n'y aura pas de progrès relativement à la proposition de pipeline de la vallée du Mackenzie tant que cette question n'aura pas été réglée. Devinez quel est le précédent? C'est la Nouvelle-Écosse et Terre-neuve-et-Labrador, la question même qui nous occupe aujourd'hui. Je comprends très bien la direction qu'ils prennent. Si le gouvernement fédéral choisit de ne pas régler cette question très rapidement, nous pourrions perdre une occasion, car le projet de l'Alaska a obtenu le plein appui de l'État de l'Alaska et du gouvernement fédéral américain, reconfirmé lors des élections aux États-Unis cette semaine. Ce projet va aller de l'avant et pas le nôtre, ce qui serait très néfaste pour notre pays.
Tout cela est porteur d'un message fort pour les Canadiens. Le Premier Ministre libéral a fait des promesses les 5 juin et 27 juin à des fins électorales, et la promesse à la Nouvelle-Écosse a été faite la veille des élections. L'ensemble de ses promesses ne veulent plus rien dire après les élections. Les libéraux doivent en rendre compte.
Je vais donner à la Chambre quelques exemples d'autres promesses que les libéraux ont faites, même si je me rends compte que mon temps est presque écoulé. Ils ont dit que la frontière serait ouverte au plus tard à la fin de l'été. Il savaient qu'il n'en serait rien. Ils ont dit que nous, du parti que je représente, étions des va-t-en-guerre. Les députés savent-ils pourquoi ils ont dit ça? Parce que nous voulions régler le problème des équipements et mettre un terme à la dégradation de notre équipement militaire au sein du ministère de la Défense nationale et régler les autres problèmes structurels fondamentaux; voyons un peu ce qui est arrivé. Les faits nous ont donné raison sur toute la ligne.
Les libéraux ont dit que nous exagérions avec les chiffres du budget. Qui exagérait? Qu'a-t-on déterminé très récemment? Notre excédent était de 9,1 milliards de dollars, pas 1,9 milliard et...
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Monsieur le Président, il appert que je devrai faire une présentation en pièces détachées, puisque je serai bientôt interrompu pour laisser place à la période des déclarations de députés et, par la suite évidemment, la période des questions orales. J'aurai le plaisir après cela de compléter mon allocution.
Depuis le début de ce débat ce matin, j'ai eu l'occasion d'entendre moult arguments qui relèvent bien davantage de la démagogie que du fond des choses. J'entends des collègues conservateurs de Terre-Neuve, des collègues libéraux de Terre-Neuve qui, manifestement, ne partagent pas la même opinion, qui se réclament de l'intérêt supérieur de Terre-Neuve, mais qui, manifestement, cherchent bien davantage leur propre intérêt politique que l'intérêt des citoyennes et des citoyens de Terre-Neuve.
De ce côté-ci, nous partageons l'indignation du gouvernement terre-neuvien. Nous comprenons cette indignation, parce qu'elle est en réaction à l'arrogance traditionnelle du gouvernement libéral qui, encore une fois, aura brisé et trahi une promesse qu'il a faite. Pour nous, ce n'est rien de bien étonnant. Nous avons l'habitude de ce genre d'attitude de la part du gouvernement libéral.
Si le temps me le permet à la fin de mon allocution, j'aurai l'occasion d'en donner quelques exemples. Au Québec, nous avons eu maintes fois l'occasion de voir ce gouvernement et les précédents gouvernements libéraux faire des promesses des plus généreuses aux Québécoises et aux Québécois, et, une fois au pouvoir, se rétracter vilement.
Évidemment, nous comprenons l'indignation de Terre-Neuve. D'un autre côté, on se dit qu'il est quand même étonnant de voir qu'après tant d'années de régime libéral, on se surprenne encore de voir que c'est un peu la marque de commerce de ce gouvernement que de faire des promesses et, après coup, de les balayer sous le tapis.
D'ailleurs, cette attitude du parti gouvernemental quasi institutionnalisé au Canada aura provoqué ce niveau très élevé de cynisme qu'on retrouve dans la population à l'égard des hommes et des femmes politiques, ce cynisme que le premier ministre, lorsqu'il briguait les suffrages à la direction du Parti libéral, disait vouloir éliminer en rehaussant les standards, si je puis me permettre l'expression. Or, tout indique que, dès le moment où il aura pris le pouvoir, il n'aura fait que répéter, copier, imiter l'attitude de ses prédécesseurs. C'est-à-dire que, comme le soulignait mon collègue de Saint-Hyacinthe—Bagot, lorsqu'il arrive en élection, il promet tout et plus encore à tout le monde et à sa mère et, une fois parvenu au pouvoir, évidemment l'attitude change.
Nous sommes évidemment sympathiques aux préoccupations du gouvernement terre-neuvien que traduit d'ailleurs très imparfaitement la motion conservatrice qui est actuellement à l'étude en cette Chambre. Bien que nous comprenions l'indignation du gouvernement terre-neuvien, bien que nous partagions et que nous ressentions une certaine sympathie à l'égard de ses préoccupations, nous ne saurions d'aucune façon appuyer la motion telle que libellée. Je compte bien, après la période des questions orales, expliquer plus en détail les raisons pour lesquelles nous ne pourrons appuyer cette motion.
Dans l'intervalle, qu'il me soit simplement permis de dire que, si nous nous opposons à cette motion, c'est simplement parce que nous croyons que les effets pervers pouvant découler de son adoption et, évidemment d'un accord qui pourrait être conclu en ce sens entre le gouvernement fédéral et les gouvernements de Terre-Neuve et de la Nouvelle-Écosse, pourraient être plus importants encore que les dividendes qu'elle rapporterait, et ce même pour Terre-Neuve et pour la Nouvelle-Écosse.
Ce débat me donne l'occasion de revenir, ne serait-ce que brièvement, sur la conférence des premiers ministres sur la santé, qui a eu lieu au mois de septembre dernier, on s'en souviendra. Tout le monde est sorti de cette conférence en se pétant les bretelles et en se congratulant les uns les autres, en disant à quel point on avait réalisé de grandes choses. Par contre, au sortir de cette conférence, nous avons de notre côté déclaré que nous ne pourrions conclure au véritable succès de cette conférence qu'au sortir de celle du 26 octobre. Manifestement, les résultats parlent d'eux-mêmes. J'aurai l'occasion d'y revenir après la période des questions orales.