Nous allons commencer la 24e séance du Comité permanent du commerce international. Nous nous penchons aujourd'hui sur l'entente du 1er juillet 2006 conclue par les gouvernements des États-Unis et du Canada au sujet du bois d'oeuvre.
Nos témoins d'aujourd'hui sont John Brodrick, gestionnaire de projet chez Buchanan Lumber, qui est également maire de High Prairie en Alberta -- merci beaucoup d'être venu, monsieur le maire -- David Milton, président de l'Association des manufacturiers de bois de sciage de l'Ontario et Guy Chevrette, président-directeur général du Conseil de l'industrie forestière du Québec.
Nous allons commencer, comme d'habitude, par de brefs exposés. Veuillez les limiter à six minutes chacun. Nous passerons ensuite aux questions et cela dans le même ordre que celui des noms figurant sur la liste.
Monsieur Brodrick, allez-y, s'il vous plaît.
Avant de commencer, je voudrais préciser à quel titre je suis ici aujourd'hui. Je suis actuellement le maire de High Prairie. Je travaille dans l'industrie forestière de l'Alberta depuis 40 ans. Je siège au conseil d'administration de l'Alberta Forest Products Association, de même que comme suppléant à l'Alberta Softwood Lumber Trade Council. Les opinions que je vais exprimer ici aujourd'hui sont les miennes et tiennent compte principalement de mes préoccupations de maire.
High Prairie est une ville du nord de l'Alberta dont l'économie et, dans une large mesure, la survie dépendent largement de l'industrie forestière. Les deux usines de fabrication de produits forestiers de la région emploient environ 400 personnes et ce chiffre atteint 600 à 700 pendant la saison d'abattage hivernale. Ces deux entreprises apportent à l'économie locale 22 millions de dollars sous forme de salaires et 40 millions de dollars sous forme d'achats et de contrats.
Bon après-midi. Je vous remercie de m'avoir invité à venir ici aujourd'hui, le dernier jour. Je ne sais pas qui a proposé mon nom, mais j'espère que vous n'aurez pas changé d'avis après mon exposé. Vous avez entendu un grand nombre d'opinions différentes au sujet de l'accord que nous avons sous les yeux aujourd'hui. Je vais ressasser certaines des choses qui vous ont déjà été dites par le gouvernement, les associations d'exploitants forestiers, les conseils commerciaux, les entreprises et les particuliers, mais j'espère apporter également des éléments nouveaux, si la chose est possible.
Tout d'abord, je dirais que cette entente ne va pas apporter la paix à l'industrie canadienne. Je voudrais vous faire part de mes préoccupations au sujet de cet accord.
Oui, c'est depuis longtemps une épine dans le pied de l'industrie et cette situation perdurera si la clause d'extinction au bout de deux ans est maintenue. Le gouvernement fédéral a toujours insisté sur le fait qu'il n'accepterait pas une entente à n'importe quel prix. Pourquoi a-t-il renoncé à cet élément crucial des négociations? Le paiement d'un demi-milliard de dollars aux entreprises qui ont intenté ces recours contre notre industrie nous garantit un cinquième recours suite à cette clause d'extinction.
Selon le texte du projet d'accord qui a été distribué entre le 27 avril et le 1er juillet, 250 millions de dollars devaient servir à financer des initiatives conjointes dans l'intérêt du marché du bois d'oeuvre nord-américain. Dans la version du 1er juillet de l'accord, ce montant a été réduit à 50 millions de dollars, ce qui ne représente pas grand-chose. De plus, sur ces 50 millions de dollars, 10 millions sont réservés au règlement des différends ce qui laisse seulement 40 millions pour améliorer le marché nord-américain du bois d'oeuvre. Selon le projet d'entente, 250 millions de dollars devaient servir à financer, aux États-Unis, des initiatives méritoires désignées par le gouvernement américain en consultant le Canada. Dans l'accord du 1er juillet, ce montant est porté à 450 millions de dollars. Nous allons donc une fois de plus, aider la coalition et les collectivités où elle opère, aux dépens de nos propres collectivités, ici, au Canada.
Le fait que cet accord oblige une entreprise à vendre ses produits alors qu'à un moment donné on l'avisera qu'elle a dépassé son quota et qu'elle va devoir payer des droits supplémentaires de 50 p. 100 sur toutes les livraisons qu'elle a faites au cours de cette période rend les casinos de Las Vegas très attrayants. Si cet accord était signé aujourd'hui, l'option A obligerait l'industrie à payer 15 p. 100 et peut-être même 22,5 p. 100 au lieu de 10,8 p. 100 si le mécanisme en cas de dépassement était déclenché. Dans le marché d'aujourd'hui, cela signifierait la faillite de nombreuses entreprises et causerait des difficultés à des collectivités comme la nôtre. Avec l'option B et la situation actuelle du marché, les entreprises canadiennes seront limitées à 30 p. 100 et non pas 34 p. 100 du marché américain. Attendez-vous à ce que nos livraisons de bois soient renvoyées à l'expéditeur lorsqu'elles arriveront à la frontière.
Le premier ministre Harper et son ministre du Commerce international se sont hâtés de négocier cet accord pour marquer des points politiques et non pas pour favoriser le commerce. Voilà où est le problème. Il est très facile d'obtenir un mauvais accord. Il faut de véritables hommes d'État et de solides négociations pour obtenir un bon accord. Le Canada remporte la totalité des principaux différends devant les tribunaux, mais nous avons décidé d'abandonner la partie alors que nous avions les quatre as en main. Nous sommes certainement les pires joueurs de poker au monde. Lorsqu'on négocie, toutes les parties doivent se faire des concessions mutuelles. Dans ce cas-ci, nous avons été les seuls à en faire.
Je voudrais maintenant répondre à quelques-unes des déclarations de certains représentants de notre gouvernement.
M. Harper a déclaré que cette entente était la meilleure que le Canada puisse obtenir et que son rejet condamnerait l'industrie du bois d'oeuvre à une guerre commerciale perpétuelle. En réalité, c'est cette entente qui va garantir une guerre commerciale perpétuelle. Voici ce qui se passe lorsqu'une industrie américaine intente un recours commercial contre une industrie canadienne: pendant cinq ans, l'industrie américaine réalise des profits records parce que son recours commercial grossit son marché; tous ses frais juridiques lui sont remboursés cinq fois à dix fois; les collectivités dans lesquelles elle est implantée bénéficient d'une manne de 450 millions de dollars pour s'équiper de terrains de base-ball et de soccer, etc. Une industrie inefficace se voit garantir 66 p. 100 à 70 p. 100 de son marché national, sans aucune concurrence.
Cet accord n'ouvre absolument pas la porte au libre-échange ou à un commerce équitable. Lorsqu'il expirera, que ce soit dans deux ans, sept ans ou neuf ans — et à mon avis ce sera dans deux ans — nous nous retrouverons devant un cinquième litige. En attendant, ne vous étonnez pas lorsque d'autres industries américaines poursuivront leur rêve américain grâce à l'argent des Canadiens en intentant, elles aussi, un recours commercial.
Si ce différend commercial a duré aussi longtemps c'est parce que nous n'avons jamais pris la peine d'aller jusqu'à la victoire complète, une victoire que nous avons maintenant à portée de la main.
Je dirais à M. Emerson qu'au lieu de négocier âprement et de menacer l'industrie canadienne de la laisser tomber, il aurait mieux valu qu'il consacre son temps à obtenir pour le Canada un accord que nous serions tous prêts à appuyer et à signer.
J'ai parlé à des chefs d'entreprise de l'Ontario, de la Colombie-Britannique et de l'Alberta et je n'en ai pas trouvé un seul qui aime cet accord. Je les ai plutôt entendu dire: « Je ne peux pas me battre contre les Américains sans l'aide du gouvernement fédéral »; « Si je ne signe pas, qu'arrivera-t-il la prochaine fois que je soumettrai une demande à Ottawa? »; et « Je ne veux pas être le seul à tenir bon, mais je n'arrive pas à savoir ce que font les autres entreprises ».
Par conséquent, même si cet accord est ratifié, il faudra reconnaître qu'il s'agit en réalité d'une victoire bien mince qui a été remportée par des méthodes douteuses. Cette entente garantira la fermeture d'usines et de villes dans tout le nord du Québec et de l'Ontario, et l'Alberta verra augmenter son taux de chômage et son économie ralentir comme jamais auparavant.
Pour terminer, je voudrais remercier le comité de son invitation. J'espère également que la Chambre sera réunie au complet lorsque cet accord lui sera soumis.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie le comité de m'avoir invité une nouvelle fois à comparaître. Même si mon association est toujours très occupée à défendre les intérêts de l'industrie forestière de l'Ontario, rien n'est plus important que le projet de règlement du conflit avec les États-Unis concernant le bois d'oeuvre. Je vous suis donc reconnaissant pour cette occasion de vous adresser la parole.
Bien entendu, je vais seulement vous parler en mon propre nom et au nom de mon association, mais je suppose que les dirigeants des autres associations de l'industrie partagent mon désarroi lorsque le gouvernement nous reproche, comme il le fait souvent, de critiquer l'entente proposée. Aussi bizarre cela puisse-t-il paraître, je crois nécessaire de vous rappeler que nos associations ont pour rôle de faire part de leur opinion collective et que leurs dirigeants représentent leurs membres et parlent en leur nom. Nos membres ne sont pas toujours prêts à s'exprimer personnellement et ils comptent sur nous pour défendre fidèlement leurs opinions. Si nous ne faisions pas notre travail, nous serions remplacés. Le gouvernement a peut-être remarqué qu'aucun de nous, qu'aucun des dirigeants des associations du pays, n'a été remplacé. Lorsque le gouvernement essaie de nous diviser en disant qu'il doit s'adresser aux véritables décideurs ou que les véritables décideurs et les dirigeants des associations avaient des opinions différentes, il ne sert les intérêts de personne. Il remplace la recherche de la vérité par la démagogie.
Nous parlons au nom de nos membres et nous disons ce qu'ils veulent que nous disions.
Lorsque j'ai comparu devant vous le 31 mai, j'ai dit que mes membres n'étaient pas opposés à une entente, que jusqu'ici l'histoire des ententes sur le bois d'oeuvre n'avait pas été très positive et que les modalités de l'accord du 27 avril laissaient un peu trop de place à l'imagination. Nous voulions en savoir beaucoup plus avant de pouvoir prendre une décision éclairée au sujet de cette entente.
Nous en savons maintenant beaucoup plus, mais je suis sidéré de voir qu'un très petit nombre des questions que j'ai posées en mai ont obtenu une réponse. Voici quelques exemples: Notre part global du marché des États-Unis pourrait-elle dépasser 34 p. 100 à cause des provinces de l'Atlantique qui, selon les termes actuels de l'entente, sont autorisées à exporter vers les États-Unis la totalité de leur bois d'oeuvre manufacturé? Ou encore, du fait que la Colombie-Britannique pourrait opter pour une taxe à l'exportation progressive au lieu de limiter la quantité de bois d'oeuvre qu'elle peut exporter, et en supposant que l'Ontario accepte un quota, le volume de bois d'oeuvre que l'Ontario pourra expédier vers les États-Unis va-t-il diminuer parce que la Colombie-Britannique pourra augmenter ses livraisons qui seront seulement limitées par la taxe à l'exportation?
Même si nous sommes en possession du texte dit définitif, nous ignorons toujours comment les quotas d'une province peuvent être touchés par les taxes à l'exportation en vigueur dans d'autres provinces. Nous savons toutefois que nous ferons l'objet d'une surveillance mensuelle et que les modalités, les règles d'application, ne sont pas viables sur le plan commercial. Nous savons que les provinces qui optent pour les quotas ne les atteindront sans doute jamais, car c'est une industrie saisonnière et les règles prévues imposent de lourdes pénalités si les quotas sont dépassés au cours d'un mois donné.
Nous savons aussi que la fin du litige signifie l'élimination de nos victoires juridiques. Lorsque j'ai comparu le 31 mai, j'ai souligné combien il était important pour nous que ces victoires soient préservées. Nous savons maintenant qu'un mécanisme de règlement des différends exclut entièrement l'industrie et nous oblige à compter uniquement sur le gouvernement du Canada pour protéger nos intérêts pendant la durée de l'accord. Nous savons que cette durée a changé, qu'elle n'est plus de sept ans, mais de deux ans et que pour ces deux années suivies d'une année de statu quo, ce qui ne sera pas suffisamment long pour nous protéger contre le dumping qui s'ensuivra inévitablement, nous allons payer un milliard de dollars. Et même si le libellé de l'entente du 27 avril nous a portés à croire qu'environ la moitié de cet argent financerait une initiative conjointe qui pourrait aider l'industrie à coopérer avec l'industrie américaine, nous savons maintenant qu'environ 40 millions de dollars seulement seront consacrés à cette initiative et que les 450 millions de dollars restants représenteront peut-être l'aide étrangère la plus importante qu'aient jamais reçue les États-Unis et que leur président pourra dépenser pratiquement à sa guise.
Le premier ministre et M. Emerson ont dit à tout le monde que le texte final du 1er juillet respectait fidèlement les modalités de base de l'entente du 27 avril, mais qu'elles avaient été améliorées. Ils ont dit que nous obtiendrions davantage d'argent sans mentionner qu'en raison de la suspension de la contestation extraordinaire comme nous donnons plus d'argent au départ, il est normal que nous récupérions davantage d'argent.
Ils disent que cet argent nous sera rendu plus rapidement, mais sans préciser que c'est parce que les contribuables canadiens vont nous l'avancer et qu'ils vont également avancer un milliard de dollars aux États-Unis. Il n'est pas nécessaire de conclure une entente avec les États-Unis pour que le gouvernement canadien nous avance l'argent qui nous appartient légalement. En fait, nous avons seulement demandé des garanties de prêt, ce qui n'aurait rien coûté aux contribuables.
Par conséquent, même si nous en savons plus, nous en savons beaucoup moins qu'il ne le faudrait. Cela ne nous a pas rendus plus enthousiastes.
Le gouvernement dit que c'est le mieux qu'il pouvait faire, le mieux que qui que ce soit ait jamais fait. Ce n'est pas le cas. Les efforts déployés précédemment pour gérer le commerce n'ont peut-être pas été couronnés de succès, mais ils étaient quand même préférables. Ils étaient au moins logiques sur le plan commercial, ils nous donnaient des portes de sortie, ils ne nous ont pas coûté une fortune et n'ont pas enrichi nos adversaires pour leur permettre de renouveler leurs munitions pour nous attaquer de nouveau dans trois ans.
Il faut cesser de faire de la propagande et d'essayer de sauver la face. C'est un très mauvais accord. Il y a pourtant des membres de notre association qui sont prêts à l'accepter à cause des menaces du gouvernement: il n'y aura pas d'aide, pas de coopération, pas de négociations.
La dernière fois que je suis venu ici, j'ai dit qu'un grand nombre d'entreprises de l'Ontario feraient faillite. C'est encore plus vrai que ce ne l'était au mois de mai. Nous allons souffrir. Les contribuables devront nous aider davantage suite à ces faillites que ce n'est le cas maintenant malgré notre victoire.
Le gouvernement déclare d'une part que les victoires sur le plan de l'ALENA nous aident à négocier, mais d'autre part, que le litige ne nous a rien donné et qu'il doit cesser. Il faudrait qu'il se branche. Nous estimons que le gouvernement n'a pas su profiter de son avantage.
Le ministre Emerson a déclaré au comité, le 31 juillet, qu'il s'étonnait que nous récupérions 80 p. 100 de notre argent. Pourquoi? Le 7 avril, le Tribunal du commerce international des États-Unis a jugé que l'industrie américaine n'avait aucun droit à notre argent, à pas un sou, peu importe la façon dont évoluerait le litige. Ensuite, 20 jours plus tard, le gouvernement a promis à l'industrie des États-Unis 500 millions de dollars qui nous appartiennent, plus 500 millions supplémentaires comme aide étrangère, toujours avec notre argent. Étant donné que les États-Unis n'avaient pas droit à un seul sou et que nous leur faisons cadeau d'un milliard de dollars, ne devrions-nous pas obtenir plus en échange que deux années de commerce hautement réglementé?
Pour terminer, je poserai quelques questions supplémentaires. Le Parlement va-t-il se porter à notre secours en nous accordant immédiatement, dès qu'il reprendra ses travaux le mois prochain, les garanties de prêt qui nous permettront de terminer le combat? Insistera-t-il pour ranimer l'ALENA au lieu de l'abandonner? Promettra-t-il de travailler avec l'industrie au lieu de la menacer? Si le Parlement ne le fait pas, nous capitulerons; nous n'allons pas appuyer l'accord ou nous en réjouir, mais nous devrons rendre les armes, parce que nous n'aurons pas d'avenir et nous n'aurons pas le choix. Nous demandons au Parlement de nous donner ce choix.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Madame la secrétaire d'État, messieurs les députés, permettez-moi d'abord de vous présenter l'industrie forestière québécoise et de vous montrer par la même occasion que sa complexité ne se retrouve pratiquement nulle part ailleurs.
On a des compagnies intégrées et des compagnies non intégrées, de très gros producteurs de même que de tout petits. On a également de grands, de très grands et de tout petits exportateurs. Le domaine du sciage résineux compte présentement 110 membres. On a des compagnies frontalières qui s'approvisionnent presque exclusivement en bois américain et d'autres qui s'approvisionnent presque exclusivement sur des terres publiques du Québec. On a des compagnies dont les activités se déroulent dans plusieurs provinces canadiennes.
Je dirais qu'environ le quart de l'approvisionnement québécois provient de forêts privées. Ça vous donne une idée de ce qu'est l'industrie québécoise et de ce qu'implique cette situation pour ceux qui la vivent.
Le 27 avril dernier, nous avons voté très majoritairement en faveur de l'entente-cadre, principalement parce qu'on nous promettait une paix de sept ans assortie d'une option de deux ans. Il y avait aussi d'autres motifs. Il reste qu'on nous donnait à penser que la souplesse serait de mise, et ainsi de suite.
Le 1er juillet dernier, on a déchanté. On a voté contre l'entente et proposé quatre amendements. On ne devrait pas les appeler ainsi, si j'ai bien compris ce que M. Wilson a dit ce matin, on devrait plutôt parler de petits changements ou d'améliorations. Appelez cela comme vous le voudrez, mais il reste qu'on a proposé quatre points assez importants portant sur la clause de résiliation, sur la flexibilité des règles en matière d'exportation, sur l'anticontournement et sur les remanufacturiers.
Il y a eu des pourparlers — je ne parlerai pas de négociations puisque je veux faire plaisir à tout le monde —; cependant, dans la lettre que M. Emerson a envoyée à nos membres, on remarque les améliorations, clarifications ou changements suivants. Je les mentionne parce qu'ils ont eu de l'effet sur le vote du 18 août.
Tout d'abord, nous croyions qu'un préavis de 6 mois plutôt que de 30 jours constituait une amélioration. Ce genre de délai permet, par exemple, de faire des campagnes de sensibilisation, voire de l'action publique visant à modifier les points de vue. Quoi qu'il en soit, dans ce genre de combat, nous sommes d'avis que 6 mois sont préférables à 30 jours.
De plus, le fait d'ajouter une période de 12 mois aux 7 ans déjà existants, en l'occurrence un autre stand still après 7 ans, est à notre avis une amélioration. Quant au comité traitant de la souplesse, nous l'envisageons avec confiance parce que nous savons que la partie américaine est déjà au courant de l'ensemble du problème de flexibilité relatif aux règles sur l'exportation. Nous voulons être en mesure d'honorer nos contrats commerciaux, ce qui n'est pas sorcier. Ça ne coûte rien. Par ailleurs, nous avons l'autorisation de transiger du bois annuellement, et nous ne voyons pas pourquoi il serait nécessaire de se soumettre chaque mois à des tracasseries.
Nous croyons qu'un comité agissant de bonne foi pourrait arriver facilement à une entente sur ce sujet bien précis. En outre, nous avons l'intention de participer activement et positivement aux travaux de ce comité. Nous espérons y être associés. De fait, les propos tenus par M. Wilson ce matin donnent à penser que l'industrie serait associée très étroitement au travail de ce comité portant sur la flexibilité. Notre espoir est donc très grand à cet égard.
Quant à l'anticontournement, je vais vous avouer bien candidement que nous avons eu plus de facilité à expliquer à la partie américaine qu'à notre représentant de Québec tout ce que cela exigeait. Selon nous, l'anticontournement doit s'appliquer spécifiquement au bois d'oeuvre de sciage résineux, et non au régime forestier. Je vous expliquerai, à la fin de mon intervention, la nuance importante que cela comporte, selon nous.
Si on laisse dans un texte légal l'expression « régime forestier », rien ne pourra empêcher la partie américaine, ou même le gouvernement d'une province, de se baser sur ce fait pour refuser tout amendement au régime forestier, même si cela ne touche pas le bois d'oeuvre. Sur ce point, nous n'avons pas obtenu des gouvernements l'assurance d'une clarification qui préciserait que l'entente ne porte que sur le bois d'oeuvre résineux. Cependant, la partie américaine nous a donné cette assurance. Par conséquent, nous avons fait confiance à la partie américaine sur ce point; je le dis candidement. En ce qui a trait aux remanufacturiers, nous avons laissé tombé, tout comme les autres associations nationales.
Le 18 août, l'industrie québécoise s'est demandée s'il valait mieux accepter une entente un peu imparfaite ou ne pas en avoir. Le consensus a été d'accepter une entente imparfaite, et cela pour une multitude de raisons. Si on me pose la question, j'y répondrai. Au Québec, nous vivons une crise structurelle majeure. Comme un intervenant l'a dit un peu plus tôt, les coûts de production sont énormes, la matière ligneuse est la plus chère au monde, les copeaux sont les plus chers au monde. Nous traversons une crise structurelle très grave. Elle est sans précédent. Ce n'est plus une crise conjoncturelle qui ne serait attribuable qu'au dollar. C'est faux. Il existe vraiment des raisons beaucoup plus profondes. Le fédéral ne peut régler à lui seul la crise structurelle; il faut que notre gouvernement s'en occupe également.
En terminant, nous allons nous pencher très prochainement sur cette négociation et nous allons en faire un bilan. Je vous avoue qu'en ce qui a trait au processus, il faudrait se regarder dans le miroir. C'est un processus bâtard, permettez-moi l'expression. Comme le disait notre représentant le 27 avril, c'était à prendre ou à laisser. Malgré cela, nous avons attendu et nous avons réussi. Le CIFQ a obtenu, seulement au cours de l'avant-midi du 27 avril, que les calculs ne soient pas basés sur une année, mais sur une moyenne allant de 2001 à 2005.
C'était également à prendre ou à laisser le 1er juillet. Pourtant, nous avons obtenu des amendements depuis cette date, que l'on peut appeler des améliorations de clarification. Il y a eu de petits changements.
On ne peut pas agir par ultimatum. On ne peut pas non plus constamment profiter, au cours d'un processus, de l'état et de la situation d'une industrie. Je pense qu'il va falloir parler de processus beaucoup plus intelligent et plus important.
En terminant, j'ai hâte, pour ma part, que le libre-échange soit autre chose que le commerce du droit. J'ai également hâte que les gouvernements, qui doivent trouver des mécanismes pour gérer les règles de l'exportation, ne « technocratisent » pas ad nauseam les règles du jeu. Si on « technocratise » ad nauseam les règles du jeu, il en coûtera encore davantage à une industrie qui a de la difficulté à joindre les deux bouts.
Je vous remercie.
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Je vous remercie de votre témoignage, qui est assez troublant. Quand on entend cela, on voit bien qu'une partie de l'industrie appuie presque par défaut l'accord, parce qu'elle ne voit pas de lumière au bout du tunnel. Cela me fait m'interroger sur la qualité de l'appui à cet accord.
Avant de continuer, j'aimerais poser une question à MM. Chevrette et Milton, pour que cela apparaisse dans le compte rendu du comité. Je voudrais rappeler qu'on a vérifié auprès du Bureau du vérificateur général: les garanties de prêt n'apparaissent pas dans les crédits. Il ne s'agit pas d'une dépense du ministère de l'Industrie et par conséquent, cela n'apparaît du tout dans les crédits. C'est une des nombreuses demi-vérités, pour ne pas dire autre chose, qui a été colportée dans ce dossier.
Monsieur Chevrette, je voudrais revenir à la question du processus. Je vais vous lire le dernier paragraphe de la lettre que M. Emerson a fait parvenir à vos membres. C'est un peu paradoxal:
Le gouvernement a fait participer votre industrie et les provinces à toutes les étapes de ce processus. Je suis conscient que ce dernier s'est avéré long et complexe et je tiens à vous remercier de votre collaboration jusqu'à présent.
Selon le ministre, il semble que le processus a été parfait. On nous a constamment dit que l'industrie était consultée et partie prenante et que les provinces l'étaient également. D'autre part, vous avez utilisé une expression, et je disais la même chose en d'autres mots à l'ambassadeur, M. Wilson, ce matin. Nous avons senti tout au long du processus que c'était toujours à prendre ou à laisser. Même quand il s'agissait de modifications techniques relativement mineures, on aurait dit que modifier un texte dans le sens des préoccupations de l'industrie faisait extrêmement mal au gouvernement. Vous avez mentionné que le processus était à revoir.
Selon vous, cette approche du « crois ou meurs » nuit-elle beaucoup à votre capacité de faire valoir vos préoccupations et d'apporter des modifications à l'entente afin qu'elle soit moins imparfaite?
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Ma question s'adresse à M. Chevrette.
Monsieur Chevrette, je vous remercie de votre témoignage. Nul doute, l'industrie est bien servie par quelqu'un comme vous. Vous avez fait état de la situation de l'industrie québécoise en quelques lignes de façon claire pour des gens qui la connaissent moins bien que vous. Si je comprends bien, on produira un bilan. Nous en prendrons connaissance avec attention. Malgré tout, il est sûr qu'il y avait plusieurs lignes de conduite et que le gouvernement devait suivre la sienne.
Je veux bien comprendre le sens de votre témoignage. Malgré que vous puissiez avoir des remarques à faire au sujet de certains aspects des négociations, il faut quand même souligner que des demandes qui ont été faites par l'industrie québécoise ont été satisfaites. Je pense ici à la dénonciation et à d'autres points, comme le stand still, notamment.
Je veux seulement bien comprendre. L'industrie québécoise voit-elle cela comme un apport d'oxygène? Vous avez dit que plusieurs raisons ont motivé le vote positif, et ce n'était pas seulement une question d'argent. Des demandes ont été satisfaites.
Avant de poser ma question, je voudrais apporter deux correctifs importants. Le premier concerne l'extinction.
Ce matin, nous avons entendu dire que l'accord était en vigueur pour 23 mois et qu'il y aurait ensuite un mois de préavis. Ensuite, M. Julian a fait valoir qu'il s'agissait de 18 mois. Ce qu'il n'a pas mentionné c'est qu'il y avait ensuite un préavis de six mois. C'est l'industrie qui a demandé ce changement et c'est un changement positif pour elle, car cela lui laisse davantage de temps pour réagir.
Néanmoins, ce qu'il faut retenir c'est que dans les deux cas, il s'écoulera 24 mois avant l'annulation de l'accord. Si j'en parle c'est parce que M. Julian devrait faire preuve d'une plus grande franchise. Quand il a été question de 23 mois, il n'a fait aucune mention du préavis d'un mois. En fait, il a interrompu notre ambassadeur lorsqu'il a répondu à cette question. Quand l'ambassadeur a répondu complètement à la question, M. Julian l'a résumée en disant « 18 mois ». Non, ce n'est pas la réponse qui a été donnée.
J'invite donc tous mes collègues à s'exprimer en phrases complètes lorsque nous parlons de clauses importantes comme la clause d'extinction. Si vous parlez de « 18 mois », ajoutez le préavis de six mois. Et en même temps, vous pourriez aussi mentionner qu'au bout des 24 mois, il y aura une période de statu quo de 12 mois.
La deuxième rectification que je voudrais apporter concerne les prix repères. Quelqu'un a dit qu'aux prix actuels, l'industrie paierait davantage en droits de douane qu'avec les droits américains actuellement en vigueur. Il y a toutefois certains faits à préciser. Le premier est que les États-Unis vont réviser ces droits cette année et qu'ils seront portés à 14 p. 100. Le nouvel accord prévoit que c'est le Canada qui percevra cet argent et non pas le Trésor américain. Il est important de le souligner. D'autre part, les taux ne seront pas révisés chaque année.
Encore une fois, lorsque nous parlons de ces clauses importantes, il faut faire des phrases complètes afin qu'on sache exactement ce qu'il en est.
La question que je voudrais poser à M. Chevrette est la suivante: pourriez-vous indiquer au comité certains des principaux avantages que cet accord offre, selon vous, à l'industrie du bois d'oeuvre?
Merci.
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Pour ce qui est des points soulevés par M. Paradis, je les ai abordés au début et je vais y revenir rapidement.
Tout d'abord, l'ajout d'une période de 12 mois après les 7 ans est pour nous un élément positif. Un terme de six mois plutôt que d'un mois, même si cela ne change pas les 24 mois, est à notre avis un changement positif parce que cela nous permet de poser des gestes et, éventuellement, de changer la direction du vent. Ces six mois nous permettront d'entamer des pourparlers, des négociations, des campagnes publicitaires, bref à peu près n'importe quoi sur le plan des communications.
En ce qui concerne le comité portant sur la flexibilité, c'est pour nous un point positif. Nous sommes convaincus que les Américains en savent déjà assez long sur la question de la flexibilité. En fait, nous sommes nous-mêmes allés leur expliquer à quel point elle était importante dans le cadre des transactions commerciales. On peut présumer qu'ils connaissent un peu le sujet. La partie américaine traitera sûrement de cette question avec son industrie qui, pour sa part, y est très sensibilisée.
La partie américaine nous assure qu'on nous entendra en ce qui concerne l'anticontournement. L'objectif est de bien se concentrer sur le bois d'oeuvre de sciage résineux, et non sur le régime forestier. Vous savez ce que cela implique. Une province pourrait invoquer le fait que dans l'entente, il est question de « régime forestier » et que par conséquent, elle ne peut rien changer. Je vous donne un exemple. Si on faisait le changement, dans le cas du bois de pâte, qui vaut peut-être 25 ¢ le mètre cube, et du bois attaqué par le dendroctone du pin ponderosa, en Colombie-Britannique, il serait possible d'avancer que le régime forestier a changé. On pourrait nous pénaliser, alors que cela n'a rien à voir avec le bois d'oeuvre de sciage résineux.
En ce qui a trait à la question relative aux avantages de l'entente, j'ai en bonne partie répondu à M. Lemieux.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie également pour vos exposés.
Je suis certainement d'accord avec M. Brodrick lorsqu'il dit que le gouvernement révise constamment sa position; je ne dirais pas pour autant qu'il obtienne quelque chose de plus. Nous avons commencé, le 27 avril, avec une clause d'extinction de sept ans qui a été réduite à 23 mois le 1er juillet. Nous sommes maintenant le 21 août et il n'y a plus que 18 mois. Comme M. Wilson l'a confirmé ce matin, l'article XX porte qu'à compter de 18 mois après son entrée en vigueur, l'une ou l'autre des deux parties peut annuler l'entente. Bien entendu, cela ne tient pas compte du fait que les États-Unis peuvent y mettre fin n'importe quand en alléguant que les conditions n'ont pas été respectées.
Par conséquent, lorsque le gouvernement dit que c'est une entente ferme, c'est seulement parce qu'elle sent la ferme et qu'elle sent de plus en plus le fumier. Je ne dirais certainement pas qu'il s'agit d'une entente ferme.
Je voudrais en revenir à vos excellents exposés. Je vais commencer par M. Brodrick.
Vous avez émis de graves inquiétudes quant aux répercussions que ces négociations bâclées et cet accord sérieusement déficient pourraient avoir dans votre ville et votre région. J'aimerais que vous me précisiez davantage, si possible, ce que disent vos concitoyens et à quelles conséquences vous vous attendez dans votre région si cette entente est adoptée hâtivement.
Monsieur Milton, vous avez soulevé deux questions très importantes. L'une d'elle concernait les règles d'application de l'accord. J'aimerais que vous nous parliez un peu plus, si possible, des diverses mesures punitives qui seront imposées rétroactivement et des répercussions qu'elles pourraient avoir sur une entreprise. Vous avez dit que les quotas étaient établis mensuellement, mais j'aimerais que vous nous fournissiez plus de précisions, car M. Wilson nous a dit ce matin qu'aucun changement n'avait été apporté aux règles.
Vous avez également mentionné les révélations de M. Feldman selon lesquelles la Maison-Blanche obtiendra $450 million. On doit avoir de bonnes raisons de vouloir imposer cet accord. Les conservateurs veulent peut-être aider leurs amis républicains. J'aimerais beaucoup avoir un peu plus de précisions à ce sujet.
[Français]
Pour terminer, monsieur Chevrette, je dois dire que je suis vraiment attristé de savoir que l'industrie du Québec a été si mal traitée et divisée par ce gouvernement. Vous avez dit que les garanties de prêt auraient changé l'approche de l'industrie du Québec face à cette entente.
Si, tel qu'exprimé par notre vote il y a une heure à peine, des garanties de prêt étaient octroyées au cours des prochains jours, est-ce que la situation changerait, dans la mesure où il serait possible d'offrir à l'industrie québécoise l'aide dont elle a tant besoin?
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Pour répondre à votre question concernant High Prairie, le dendroctone du pin a été repéré à 100 kilomètres de notre ville. Vous pouvez donc comprendre nos inquiétudes.
Une des réponses que j'ai entendues à une réunion précédente aujourd'hui était que la disposition anticontournement nous permettrait de nous attaquer au problème du dendroctone du pin. C'est sans doute vrai pour la gestion forestière, mais cela ne nous autorise pas à expédier davantage de bois de l'autre côté de la frontière. Qu'allons-nous faire de ce bois? Voilà le problème. L'Alberta se retrouvera dans la même situation que celle où se trouve actuellement la Colombie-Britannique.
En fait, j'ai assisté, à Calgary, à un sommet sur le dendroctone du pin qui était organisé par le gouvernement provincial. On nous a envoyés faire un tour en Colombie-Britannique où j'ai rencontré plusieurs maires. Les dégâts sont tels qu'ils ne savent plus quoi faire.
Cela ne touche pas seulement le bois d'oeuvre. Il y a aussi le problème de l'envasement, des forêts mortes, des incendies de forêt, des inondations et tout le reste. Si vous n'avez pas une couverture végétale…
Quelques villes étaient en train de développer les activités touristiques en milieu sauvage. Je suis sûr que personne parmi vous ne voudrait camper dans un forêt morte; moi non plus. C'est un des problèmes.
En quoi cela toucherait-il notre ville? C'est une petite municipalité de 3 000 habitants même si nous desservons environ 17 000 personnes dans la région avoisinante. Mais si vous supprimez 600 emplois, je ne sais pas ce que nous ferons. Je ne sais vraiment pas.
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Parlons un peu des règles d'application de l'accord. Il faut voir à la fois ce qu'elles devaient être, s'il est nécessaire d'en avoir, et ce quelles sont supposément.
Pendant longtemps, nous avons cru, en Ontario, que si l'on concluait une entente, elle ne serait pas très différente de certaines des ententes précédentes qui prévoyaient des quotas.
Votre entreprise obtient un quota qui se base, par exemple, sur vos exportations passées, un certain pourcentage du volume ou votre production. Vous pouvez être obligé d'expédier un certain volume tous les 90 jours sans pouvoir le varier de plus ou moins de 5 p. 100, sans que la différence ne puisse être accumulée ou reportée. Mon collègue, M. Chevrette, parle de la même chose et des conditions qui ont été imposées aux entreprises. Même les petites et moyennes entreprises peuvent y faire face.
D'après ce que nous en savons, les règles d'application prévoient des ajustements mensuels, des mécanismes en cas de dépassement et certains pourcentages que vous pouvez reporter. Il y a un pourcentage que vous pouvez reporter rétroactivement, mais que vous ne pouvez pas ajouter ou soustraire. Qu'arrive-t-il à la fin d'une période? Ces règles sont si difficiles à comprendre parce qu'elles ne sont écrites nulle part que c'en est ridicule et risible. Nous ne les connaissons pas vraiment. Chaque réponse soulève une nouvelle question. Vous vous dites: « Qu'arrivera-t-il si…? »
Je dirais que si vous devez renoncer à exporter 10 p. 100 ou 15 p. 100 au cours d'un mois, d'un trimestre ou de n'importe quelle autre période, cela dépasse largement votre marge bénéficiaire. Ces règles vont donc vous achever, sans parler de tout le reste. Mais le simple fait d'observer les règles d'application peut vous conduire à la faillite.
Mais pour ce qui est des 450 millions pour la Maison-Blanche, il s'agit d'une allégation. Je n'hésite pas à la reprendre, car le fait que c'est peut-être vrai peut amener les gens à se demander à quoi serviront ces 450 millions de dollars? Quelles sont les initiatives méritoires? Voyons cela d'un peu plus près. Quelle est la liste des initiatives méritoires?
Lorsqu'il a été question d'un accord, l'industrie pensait que cet argent devait servir à améliorer le marché des produits forestiers en Amérique du Nord. Nous étions prêts à consacrer de l'argent à cette initiative et en fait, les Canadiens étaient prêts à payer la part du lion, la part la plus importante. Tout ce qu'il nous fallait c'était l'accord des États-Unis et un mécanisme.
Je vous remercie de votre attention.
Monsieur Milton, je vous remercie d'abord d'avoir répondu à cette première question: à quoi l'accord aurait-il dû ressembler et qu'aurions-nous dû obtenir?
Je vais poser trois questions, une à chacun d'entre vous.
Le gouvernement de l'Ontario a accepté l'entente vendredi et comme on nous a dit qu'entre-temps il y avait eu des améliorations —voici comment je calcule — nous sommes passés de 84 mois à 23 mois et nous sommes ensuite tombés à 18 mois. Ce n'est pas une amélioration. Je vais donc vous laisser essayer de répondre à cela: quelles sont les améliorations?
Monsieur Chevrette, la clause anticontournement inquiète particulièrement le nord-ouest de l'Ontario. Les prix de l'énergie sont les mêmes dans les différentes régions de la province. Le nord-ouest de l'Ontario produit de l'énergie pour moins cher que les autres régions de la province. Un mouvement a été amorcé pour que l'industrie, et surtout l'industrie forestière obtienne de l'aide sur ce plan et je me demande quels seront les effets de cette clause. Également, en ce qui concerne la modernisation des usines et l'aide aux travailleurs, pourrons-nous faire face aux dispositions anticontournement?
Monsieur le maire, lorsque nous parlons de remboursements et d'erreurs de calcul sans mécanisme d'appel, comment votre association pourrait-elle appuyer cet accord en sachant que si elle fait une erreur de 1 million, 2 millions ou 3 millions de dollars pour l'Alberta vous n'aurez aucun recours pour récupérer cet argent ou régler ce différend?
Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je voudrais remercier les témoins pour leurs témoignages.
Il y a seulement une ou deux choses que je voudrais souligner ici.
Je ne sais pas si vous avez eu l'occasion de lire tous les témoignages que le comité a reçus jusqu'ici, mais je pense que ce serait une excellente idée, surtout pour ce qui est du témoignage de Gordon Ritchie qui est, bien sûr, l'un des artisans de l'Accord de libre-échange Canada—États-Unis sur lequel se basait l'ALENA. Certaines de ses observations vous seront sans doute très utiles, car elles remontent aux origines de toute cette initiative. Il dit que, dès le départ, les États-Unis n'avaient jamais eu l'intention d'inclure le bois d'oeuvre dans l'ALENA. En fait, à un moment donné, un protocole d'entente a été rédigé pour exclure le bois d'oeuvre.
Par conséquent, l'entente que nous avons sous les yeux, celle que notre ministre, M. Emerson, a pu négocier, contient un mécanisme de règlement des différends. Certains ont dit que la simple présence de ce mécanisme justifiait que l'on signe cet accord étant donné la procédure qu'il prévoit. Je me ferais un plaisir de vous en parler plus en détail plus tard, car je sais que notre temps de parole est limité. Je me demande si vous avez eu l'occasion d'examiner ce mécanisme de règlement des différends et si vous avez des observations à formuler à ce sujet.
D'autre part, je vois qu'il y a beaucoup de désinformation qui circule ici au sujet des initiatives méritoires et du conseil binational. Premièrement, sur les 500 millions que recevra la coalition, n'oubliez pas que cette dernière est composée de représentants des petites entreprises et que c'est eux qui toucheront cet argent. Il s'agit de négociations et, bien entendu, les négociations doivent s'arrêter un jour ou l'autre. Il ne peut pas en être autrement. Tout le monde espère pouvoir obtenir quelque chose de plus, mais ce n'est pas toujours le cas. Il faut arrêter à un moment donné; les négociations doivent finir par s'arrêter.
Les initiatives méritoires ou les 450 millions de dollars qui y seront consacrés, seront prises et désignées en consultant le Canada. Je pense pouvoir dire — et je serais même prête à le parier — qu'en ce qui concerne l'échange d'argent entre le Canada et les États-Unis, nous allons surveiller de très près ce qui en sera fait et les décisions qui seront prises à cet égard.
D'autre part, pour dire un mot au sujet du conseil binational, vous devez reconnaître qu'il est très avantageux d'avoir un conseil binational où siégeront des représentants de l'industrie des deux pays qui travailleront ensemble non seulement pour améliorer l'accord, mais également pour renforcer la confiance entre les deux pays, donner suite à l'accord et préparer la suite après les sept années prévues. Et peut-être prendront-ils la décision de faire durer l'accord la totalité des neuf ans.
Je voudrais donc savoir ce que vous pensez des éléments très positifs dont je viens de parler.
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Je pourrais peut-être commencer.
En ce qui concerne Gordon Ritchie et le protocole d'entente, c'est un dossier qui remonte à longtemps. J'ai commencé à m'intéresser à la question en 1982. Gordon Ritchie et moi-même travaillons sur ce dossier depuis longtemps, de même que plusieurs autres.
L'Accord de libre-échange initial entre le Canada et les États-Unis excluait spécifiquement le bois d'oeuvre du libre-échange. Nous nous demandons parfois si le bois d'oeuvre a déjà fait l'objet d'un libre-échange étant donné le caractère conflictuel de nos relations depuis 1789 et Aroostook. Le règlement des différends représentait un espoir et une promesse d'amélioration. C'est ce que notre collègue, l'ambassadeur Wilson, a soutiré aux États-Unis à la onzième heure dans le cas de l'ALENA afin que le mécanisme de règlement des différends inclus dans cet accord dans deux chapitres différents permette de régler un conflit. Dans le contexte actuel, il semble que cela ne marche pas très bien si vous y renoncez si près du but.
Le nouveau mécanisme de règlement des différends sera-t-il plus efficace dans le contexte du bois d'oeuvre? Excusez-moi, mais je viens de Hearst et je crois seulement ce que je vois.
Pour ce qui est des initiatives méritoires qui seront entreprises en consultant le Canada, pourrais-je proposer d'ajouter mon nom à la liste des personnes qui examineront ces initiatives? J'aimerais beaucoup savoir ce dont il s'agira avant qu'elles ne soient entreprises. Nous craignons fort qu'une initiative qui sera jugée méritoire parce qu'elle consistera à reconstruire quelque chose dans une région touchée comme celle de la Nouvelle-Orléans devra passer par tous les méandres de la politique avant d'aboutir.
Merci de votre attention.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Brodrick, pour faire suite à ce que vous avez dit au sujet des associations de l'industrie, l'Alberta n'est certainement pas seule. Il y a eu la Saskatchewan ainsi que les associations de l'Ontario et de la majeure partie de la Colombie-Britannique. De toute évidence, les associations de l'industrie ont dit que ces négociations très déficientes leur posaient d'énormes problèmes.
Je voulais aborder une ou deux questions pour terminer.
Monsieur Milton, vous avez mentionné qu'il était ironique que le gouvernement refuse des garanties de prêt à l'industrie du bois d'oeuvre alors qu'il veut que les contribuables versent une avance — pour la deuxième fois par l'entremise d'Exportation et développement Canada — pour que les entreprises puissent récupérer un certain montant d'argent. J'aimerais que vous nous parliez du produit de ce crime commercial, des milliards que recevront les États-Unis, de l'argent canadien, obtenu illégalement comme nous le savons tous. Il était évident, à toutes les étapes de la procédure judiciaire, que c'était illégal.
En récompensant l'industrie américaine pour son crime commercial, en lui donnant une tape sur l'épaule en lui disant qu'on lui donne un milliard de dollars pour avoir pris la peine de commettre ce crime, pensez-vous que nous augmentons la probabilité d'une guerre du bois d'oeuvre? Cela va-t-il accroître le trésor de guerre grâce auquel cette industrie s'attaquera de nouveau à nous?