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Monsieur le Président, je suis très heureux que nous débattions du projet de loi à l'étape de la troisième lecture. Ce projet de loi est deuxième dans l'ordre de ce qui nous est arrivé de meilleur aujourd'hui, selon mes collègues.
Le projet de loi propose l'inversion du fardeau de la preuve lors des enquêtes sur le cautionnement, dans le cas de certaines infractions liées aux armes à feu.
Le nouveau gouvernement du Canada donne suite à son engagement de durcir le ton envers les criminels. C'est pourquoi, depuis le printemps dernier, nous avons présenté 11 projets de loi pour rendre nos milieux de vie plus sûrs. Nous avons ainsi traité de problèmes importants comme les crimes commis avec des armes à feu, la conduite sous l'effet de l'alcool ou des drogues, les courses de rue et les prédateurs sexuels adultes, contre lesquels les jeunes ont besoin d'être protégés.
Le gouvernement actuel écoute ce que lui disent les Canadiens. Nous faisons des progrès et nous sommes en train d'améliorer le Code criminel en tenant vraiment compte de leurs inquiétudes.
Il est important de préserver la confiance qu'ont les Canadiens à l'égard du système de justice pénale. C'est exactement ce que vise le projet de loi , de concert avec d'autres projets de loi. Le gouvernement est en train de faire la preuve, au moyen du projet de loi , qu'il a bel et bien l'intention de s'assurer que les individus qui sont accusés d'infractions graves commises avec des armes à feu ne traînent pas dans les rues après avoir été libérés sous caution.
Je pense que les modifications législatives prévues dans le projet de loi sont taillées sur mesure pour apaiser les craintes exprimées par de nombreux Canadiens concernant la remise en liberté des individus qui sont accusés de crimes graves commis avec des armes à feu et qui constituent un danger public.
Dans le projet de loi , il est proposé de transférer le fardeau de la preuve de l'État à l'accusé lors des audiences sur la libération sous caution afin que les personnes accusées d'infractions graves commises avec une arme à feu ne bénéficient pas d'une présomption favorable. Il leur incombera donc de démontrer pourquoi il ne serait pas justifié de les garder en détention pendant toute la durée prévue par la loi.
Avec le projet de loi , l'inversion du fardeau de la preuve s'appliquerait à différents cas.
Tout d'abord, le projet de loi renverserait le fardeau de la preuve dans le cas de huit infractions graves commises avec une arme à feu. Ce sont: la tentative de meurtre; le déchargement d'une arme à feu dans l’intention de causer des lésions corporelles; l'agression sexuelle armée; l'agression sexuelle grave; l'enlèvement; la prise d'otages; le vol qualifié; et l'extorsion. Il est évident que ce sont là des infractions graves et que leur gravité n'est qu'accentuée par le fait qu'elles sont commises avec une arme à feu.
Deuxièmement, le projet de loi propose de renverser le fardeau de la preuve dans le cas de trafic d'armes, de possession d'armes en vue d'en faire le trafic et d'importation ou d'exportation non autorisée d'armes. Bien que le trafic et l'importation ou l'exportation non autorisée soient des infractions qui ne se font pas en utilisant une arme à feu, elles restent des infractions très graves. Les individus qui s'adonnent au trafic et à l'importation ou à l'exportation non autorisée d'armes fournissent illégalement des armes à des individus qui ne peuvent pas les posséder légalement et qui sont susceptibles de les utiliser pour commettre des infractions criminelles.
Le Code criminel prévoit déjà l'inversion du fardeau de la preuve dans le cas des personnes accusées de trafic et de contrebande de drogue. Il devrait également prévoir l'inversion du fardeau de la preuve dans les cas de trafic et d'importation ou d'exportation non autorisée. Tout comme les trafiquants de drogue, les trafiquants d'armes à feu sont aussi impliqués dans le crime organisé et payant. Dans certains cas, ces activités sont menées de pair par les mêmes réseaux d'individus.
Peu importe si les accusations portent sur le trafic et l'importation ou l'exportation d'armes à feu ou de drogue à des fins criminelles, c'est l'accusé qui devrait porter le fardeau de la preuve. Le risque que les individus continuent leurs activités répréhensibles est élevé, même après leur arrestation et leur remise en liberté. Du point de vue de la sécurité publique, les trafiquants d'armes à feu jouent un rôle non négligeable dans le problème des homicides commis avec des armes à feu. Leur implication constitue une menace indirecte, mais importante, pour la sécurité de la population.
Le projet de loi prévoit également l'inversion du fardeau de la preuve dans le cas de toute infraction mettant en jeu une arme à feu ou une autre arme réglementée si elle a été commise pendant que l'accusé fait l'objet d'une ordonnance d'interdiction de port d'arme.
Des ordonnances d'interdiction de port d'arme sont imposées dans bien des cas, par exemple, lorsqu'une personne est condamnée pour un acte criminel avec violence, menace ou tentative de violence contre la personne. Elles sont imposées à des personnes condamnées pour certaines infractions de trafic et de contrebande de drogue, ainsi que pour des infractions liées à des armes à feu. Elles demeurent en vigueur pendant plusieurs années et, dans certains cas, elles s'appliquent à vie.
Les ordonnances d'interdiction de port d'arme constituent d'importants outils de notre droit pénal, car elles permettent de prévenir les actes de violence commis avec une arme à feu, qu'il s'agisse d'homicides ou d'autres crimes mettant en jeu une arme à feu, en plus des accidents et des suicides.
Je souligne qu'environ 35 000 ordonnances d'interdiction sont actuellement en vigueur dans notre pays. Cette disposition liée à l'inversion du fardeau de la preuve peut s'appliquer à un certain nombre de cas où le risque que d'autres actes de violence avec arme à feu soient commis soulève des préoccupations. Les accusés ne devraient pas avoir droit à une mise en liberté sous caution s'ils se sont montrés incapables de respecter une ordonnance du tribunal leur interdisant d'être en possession d'armes à feu ou d'autres armes réglementées.
Enfin, le projet de loi prévoit d'autres critères liés expressément aux infractions mettant en jeu une arme à feu que le tribunal doit prendre en considération lorsqu'il décide si la détention de l'accusé est justifiée.
Cet amendement ne constitue pas une nouvelle disposition liée à l'inversion du fardeau de la preuve. Le tribunal pourra justifier de rejeter la mise en liberté sous caution d'une personne accusée d'une infraction mettant en jeu l'utilisation d'une arme à feu ou d'une infraction liée à une arme à feu qui fait l'objet d'une peine minimale d'emprisonnement d'au moins trois ans.
Aux termes du projet de loi , même dans une situation autre que celles dans lesquelles la cour peut normalement garder quelqu'un en détention, elle pourra le faire si c'est nécessaire pour maintenir la confiance du public envers l'administration de la justice.
Le projet de loi tient compte de la situation d'ensemble de la criminalité au Canada. La situation relativement aux crimes commis avec une arme à feu a changé, et nous devons nous y adapter.
Les organisations criminelles et les gangs de rue sont maintenant armés, c'est la réalité. Ils sont souvent armés d'armes de poing ou d'autres armes illégales ou dont l'utilisation est restreinte. Notre système de justice pénale doit avoir les outils nécessaires pour répondre aux défis présentés par ce nouveau type de criminalité.
Plusieurs de nos grands centres urbains doivent réagir tant bien que mal à l'utilisation criminelle et à la possession illégale d'armes à feu par des membres de gangs de rue ou par des trafiquants de drogue. Des innocents sont touchés par la violence qui existe entre les gangs, les fusillades aléatoires, les vols à main armée et, comme nous l'avons vu récemment, les meurtres dans les écoles. Il y a quelques semaines à peine, un autre jeune, Jordan Manners, a été tué par balle dans une école de Toronto.
Nous nous adaptons à la réalité actuelle et à l'évolution de la criminalité. Le projet de loi renforcera le régime de cautionnement de manière à refléter notre condamnation collective des crimes commis avec une arme à feu.
Je suis très heureux que le projet de loi ait obtenu l'appui de tous les partis de la Chambre et de divers intervenants. J'aimerais exprimer combien je suis heureux que le Bloc ait récemment décidé d'appuyer le projet de loi. En effet, l'examen du projet de loi au comité nous a donné la possibilité d'entendre d'importants points de vue, et de permettre à tous les partis de reconnaître la valeur du projet de loi. C'est la preuve que les comités peuvent fonctionner.
Le gouvernement estime que le projet de loi est très sensé. Ses objectifs sont clairs, il est musclé et il est bien conçu. J'espère qu'il sera bien reçu au Sénat et que les sénateurs l'étudieront rapidement.
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Monsieur le Président, je suis ravi d'intervenir au sujet du projet de loi .
Le procureur général de ma province appuie le projet de loi, à l'instar du Parti libéral du Canada. Ce projet de loi fait partie d'une série d'initiatives ministérielles que nous avons tenté de faire adopter à toute vapeur en mars, notamment la loi sur l'âge du consentement et bon nombre d'autres projets de loi. Nous nous sommes employés à les faire avancer, mais, inexplicablement, le gouvernement a contrecarré nos efforts pour faire adopter à la Chambre en un seul jour quatre importantes mesures législatives visant à sévir contre les criminels et contre les activités criminelles. La moitié du programme législatif du gouvernement concernant les activités criminelles aurait pu être adopté, mais le gouvernement en a décidé autrement. Les députés d'en face pourront s'expliquer auprès des électeurs de leur circonscription.
Les gens ont énormément d'idées fausses au sujet des auteurs de crimes commis avec des armes à feu et de la provenance des armes utilisées. Ce ne sont pas des citoyens respectueux de la loi qui commettent des meurtres, des citoyens qui se soumettent à une vérification de leurs antécédents, qui obtiennent un certificat d'acquisition d'arme à feu et qui s'en vont ensuite à la chasse ou qui s'adonnent au tir à la cible. Les meurtres sont commis par des criminels qui obtiennent des armes généralement importées au Canada par des trafiquants.
Les armes à feu sont souvent intimement liées au narcotrafic. En fait, le trafic de drogue, d'armes à feu, d'autres types d'armes ou de marchandise de contrebande est une des sources de financement du crime organisé. Les armes à feu ne sont qu'un des produits du crime organisé. La grande tragédie dans cette histoire, c'est que les armes à feu servent entre autres à tuer des gens. Bon nombre des armes utilisées dans les cas d'homicide sont entrées au Canada illégalement. Elles ne sont pas entre les mains de citoyens respectueux de la loi qui obtiennent une autorisation d'acquisition d'armes à feu. Ce sont des fiers-à-bras qui les utilisent. Compte tenu de la stricte réglementation entourant la possession d'armes à feu, ces fiers-à-bras ne peuvent s'en procurer qu'illégalement. Elles viennent principalement des États-Unis.
Il est important de mettre l'accent là-dessus. Il est important de ne pas dévier vers des initiatives qui ne visent absolument pas les auteurs de ces crimes. En définitive, ces initiatives ne réduiront pas le taux de criminalité au Canada, voilà pourquoi nous appuyons la présente mesure législative.
Ce projet de loi fait partie d'une série de mesures législatives que nous avons présentées lorsque nous étions au pouvoir. Elles auraient fait en sorte que le Canada possède les lois les plus dures du monde à l'égard des pédophiles. Les projets de loi que nous avons présentés prévoyaient des mesures sévères contres les prédateurs sexuels, des peines plus longues dans le cas des délinquants violents et des individus qui participent à des activités du crime organisé. Ces individus ne sont ni plus ni moins que des criminels déguisés en hommes d'affaires.
Il est également important que nous prenions d'autres mesures qui rendront notre pays plus sûr. L'une des plus importantes responsabilités qui nous incombent, à titre de représentants élus, c'est de prendre les moyens nécessaires pour assurer la sécurité de nos citoyens dans leur milieu de vie.
Parlons de la population carcérale et de certaines des raisons pour lesquelles ces personnes se retrouvent derrière les barreaux. Quel genre de personnes trouve-t-on dans les prisons? Certaines sont mauvaises et méchantes, raison pour laquelle le gouvernement fédéral devrait écouter ses homologues provinciaux. Je discutais avec un de mes collègues ici. Les provinces ont un gros problème. La police a un problème sur le terrain du fait que les gens qu'elle arrête passent par le système et sont remis en liberté rapidement. C'est démoralisant, immoral et frustrant pour nos agents de police et nos agents correctionnels, qui travaillent avec ardeur pour que nos rues soient sûres.
Que pourrait faire le gouvernement? Un grand nombre de détenus ont un problème de toxicomanie et des problèmes psychiatriques. On estime que 40 p. 100 d'entre eux sont atteints du syndrome d'alcoolisation foetal ou des effets de l'alcool sur le foetus. C'est un chiffre perturbant quand on pense que le syndrome d'alcoolisation foetal et les effets de l'alcool sur le foetus constituent la principale cause de lésions cérébrales évitables au Canada. Ce problème est tout à fait évitable. Il serait très judicieux que le ministre de la Santé et le ministre de la Justice collaborent avec leurs homologues provinciaux à la recherche de solutions globales, applicables et efficaces pour prévenir le syndrome d'alcoolisation foetal.
C'est à fendre l'âme de voir ces enfants au quotient intellectuel moyen de 70. Ils éprouvent d'énormes difficultés à l'école et finissent par passer à travers les mailles du filet. Les enseignants ne peuvent pas s'en occuper, ce qui fait que certains jeunes finissent par commettre des actes qui leur attirent des conséquences bien prévisibles. Lorsqu'on se rend dans une prison et qu'on voit qui s'y trouve, on constate que les problèmes des délinquants sont très différents les uns des autres.
J'espère que le gouvernement s'emploiera à élaborer une politique nationale contre les drogues, mais pas une politique du genre de celle qui, aux États-Unis, a entraîné une augmentation de la consommation de drogues dures et de drogues douces, une augmentation de la population carcérale, des dépenses accrues pour les contribuables et des rues moins sûres. Ce genre de politiques ne fonctionne pas.
Nous ne sommes pas obligés de rester enfermés dans une logique binaire, où il n'y a que la solution canadienne et la solution des États-Unis. Nous pourrions jeter un coup d'oeil du côté de l'Europe, où l'on a appliqué certaines solutions très intelligentes pour mettre en oeuvre une politique de lutte contre les drogues qui en réduit grandement les méfaits. Je sais que le gouvernement n'aime pas particulièrement l'idée de réduire les méfaits. Il a prolongé d'une année seulement le financement du site d'injection sûr Insite, à Vancouver, au lieu de le prolonger de trois ans. Ce serait une erreur catastrophique de la part du gouvernement s'il mettait fin à ce programme.
Pourquoi le gouvernement ne collabore-t-il pas avec les scientifiques et les chercheurs qui, sur le terrain, ont réalisé un travail intelligent en vue de réduire les méfaits des drogues? Au site d'injection sûr Insite, par exemple, on a constaté non seulement une réduction des crimes contre la propriété, mais également une augmentation du nombre de personnes qui font appel au système de santé. Elles peuvent ainsi être amenées à suivre une cure de désintoxication. Nombre de toxicomanes reçoivent ce que l'on appelle un diagnostic double, ce qui signifie qu'ils souffrent non seulement de toxicomanie, mais aussi de troubles psychiatriques. Dans certains cas, les deux problèmes vont de pair. On ne peut pas vaincre ces problèmes isolément. Nous devons pouvoir traiter les gens globalement. Les stratégies de réduction des méfaits fonctionnent très bien.
Le programme Insite fonctionne bien parce que les gens ne traînent plus dans les rues. Bien que ce soit sans doute un grand pas à faire pour le gouvernement, il serait plus judicieux d'adopter une formule comme celle du projet NAOMI, à Vancouver, où des toxicomanes reçoivent de la drogue dans un environnement qui les oblige à rompre les liens avec la rue et qui les empêche de continuer d'acheter de la drogue en s'adressant aux complices du crime organisé.
Le coup le plus mortel que nous pourrions porter au crime organisé, un coup qui lui ferait plier les genoux et le mettrait dans tous ses états, serait de rompre les liens qui existent entre l'utilisateur de drogue et le crime organisé. Nous sommes en mesure de le faire. Certains diront que les pouvoirs publics n'ont pas à fournir de drogues aux toxicomanes, mais ces derniers iront en acheter à des fournisseurs liés au crime organisé, ce qui n'est dans l'intérêt de personne.
Nous pouvons intégrer les toxicomanes au système de soins de santé en leur faisant fréquenter des endroits permettant de réduire les préjudices causés par la toxicomanie, notamment des endroits où ils peuvent obtenir leur drogue. Nous pouvons alors les faire participer à des programmes de désintoxication, à des thérapies et à tout traitement jugé utile. C'est une approche que le gouvernement pourrait raisonnablement adopter pour régler ce problème.
Lorsque le gouvernement incarcère des gens, il ne devrait réduire leur peine qu'à condition qu'ils participent sincèrement à des activités de formation, à une thérapie pour toxicomanes ou à d'autres formes de thérapie qui leur seraient imposées par le tribunal.
Les gens verraient leur peine réduite du tiers automatiquement, même si la réduction est parfois plus considérable, et aucune condition ne leur serait imposée. Il serait beaucoup plus intelligent de rendre la libération conditionnelle aux efforts que la personne est disposée à consentir pour se comporter correctement.
Les intéressés seraient tenus de respecter les paramètres établis au moment de la détermination de la peine, y compris la thérapie pour toxicomanes ou autre forme de thérapie, les mesures de réduction des préjudices, aussi bien que la formation. En quittant la prison, la personne aurait les compétences voulues pour trouver un emploi, son problème de consommation de drogue serait vraisemblablement réglé, tout au moins relativement, et elle serait intégrée au système médical et donc en mesure d'obtenir des soins pour ses problèmes psychologiques.
Certains problèmes d'ordre psychiatrique sont chroniques. Il peut parfois s'agir de psychose majeure, difficile à traiter, mais au moins les intéressés auraient une longueur d'avance en quittant la prison. Si ces problèmes ne sont pas traités au moment de l'incarcération, il arrive souvent que les personnes concernées reviennent à la case départ. C'est ce qui explique les taux de récidive de certains segments de la population.
Il importe également de tenir compte des crimes commis avec une arme à feu et de ceux qui les commettent. À Toronto, par exemple, entre 40 p. 100 et 50 p. 100 des personnes qui commettent des infractions violentes avec une arme à feu le font alors qu'ils sont en liberté conditionnelle ou en liberté sous caution. Ce sont des récidivistes. Après leur condamnation, ils ont été libérés sous caution et entre 40 p. 100 et 50 p. 100 d'entre eux avaient commis des infractions avec une arme à feu. L'idée de leur imposer l'inversion du fardeau de la preuve me semble excellente puisque ce sont des personnes qui font partie d'un groupe très précis d'individus qui ont commis des crimes avec violence.
L'autre chose qu'il importe de ne pas oublier, c'est que la plupart des gens qui commettent un meurtre n'utilisent pas une arme à feu. Ils se servent d'un couteau, d'un bâton de baseball et d'autres objets pour tuer quelqu'un. Il serait sage d'appliquer la notion de l'inversion du fardeau de la preuve aux individus qui ont perpétré un crime violent, comme une agression sexuelle, des voies de fait causant des blessures, une tentative de meurtre et un meurtre, pour commencer. Nous aurions alors affaire à un groupe de gens dont il est prouvé qu'ils sont un danger et une menace pour la société. Nous pourrions examiner ce petit groupe et déterminer lesquels dans ce groupe, selon leur comportement et leurs activités en prison, peuvent être remis en liberté.
La chose la plus difficile que j'aie eu à faire lorsque je travaillais dans une prison, c'était évaluer un détenu sur le point d'être remis en liberté. Certains de ces détenus avaient à leur actif une très longue liste d'incidents dénotant un comportement extrêmement violent. Je me souviens d'avoir été attaqué par un détenu dans sa cellule, ce qui apportait la preuve que le détenu devait être interné dans un institut psychiatrique. Cependant, que faire si les agents correctionnels ne savaient pas ou n'avaient pas appelé un médecin pour qu'il évalue le détenu en cause afin de l'envoyer à l'hôpital? Le système devrait pouvoir examiner un détenu pour déterminer s'il peut être remis en liberté sans danger.
Nous sommes sur un terrain très délicat en matière de droits de la personne, mais je ne doute pas que des gens intelligents puissent concevoir un système où les droits individuels des détenus seraient protégés au même titre que ceux de la société.
C'est certes un domaine délicat sur le plan de l'éthique, mais il importe que le gouvernement s'y attaque. Je ne doute pas qu'il y a beaucoup de députés, de fonctionnaires et d'autres Canadiens qui ont l'expérience et les connaissances voulues dans ce domaine pour guider le gouvernement dans la mise en oeuvre d'une politique rationnelle en la matière.
Je tiens à souligner que nous pouvons faire beaucoup de choses pour prévenir un grand nombre de problèmes. Nous pouvons faire des choses pour ceux qui sont condamnés et emprisonnés. Il ne s'agit pas simplement d'imposer des peines plus sévères aux criminels. Cela est important dans certaines circonstances, mais nous devons réfléchir davantage à la question pour mettre en oeuvre des solutions qui donneront des résultats.
Je l'ai probablement déjà dit 100 fois à la Chambre au cours des 14 dernières années, mais je vais le redire encore une fois. Le programme Bon départ pour les enfants fonctionne du point de vue de la réduction de la criminalité chez les jeunes. Si je disais à la Chambre qu'il existe un plan qui permet de réduire la criminalité de 60 p. 100 chez les jeunes et qui fait économiser 7 $ aux contribuables pour chaque dollar investi, les députés ne penseraient-ils pas que le gouvernement devrait adopter ce plan? Un gouvernement avisé l'examinerait au lieu de l'écarter du revers de la main comme s'il s'agissait d'une notion qui n'a ni queue ni tête.
En réalité, ces programmes existent depuis plus de 25 ans et ils ont été analysés par des chercheurs très compétents. Les programmes Bon départ renforcent le lien entre les parents et l'enfant. Ils aident les parents, et en particulier ceux qui sont vulnérables, à acquérir des compétences parentales essentielles. Cela a une incidence profonde sur le développement de l'enfant.
C'est pendant les huit premières années de la vie que les connexions neurologiques se développent dans le cerveau. Il s'agit d'une période critique. Si les choses se passent bien, les connexions fonctionneront bien et l'enfant possédera les ressources et le ressort psychologiques nécessaires pour surmonter de nombreuses difficultés. Toutefois, si l'enfant est victime de violence, d'agression sexuelle ou de malnutrition, ou si ses parents ne s'en occupent pas bien, les connexions neurologiques ne fonctionneront tout simplement pas aussi bien. C'est souvent ce qui se passe, bien que pas toujours.
Si nous pouvons assurer à l'enfant un bon départ et si son cerveau se développe bien pendant les huit premières années critiques de sa vie, alors cet enfant pourra vraiment réaliser tout son potentiel. Le fait de ne pas combler ces besoins fondamentaux chez un enfant ou de lui faire subir des choses horribles entraîne des dommages qui sont parfois permanents.
Nous entendons souvent des histoires d'horreur concernant des personnes qui commettent des crimes terribles. Il est parfois difficile pour nous de comprendre ces personnes étant donné les choses horribles qu'elles ont faites. Elles en subissent les conséquences. Nous devrions réfléchir au fait que la personne qui commet des crimes horribles a vécu des choses dans son passé.
Si nous étions intelligents, nous collaborerions avec les provinces pour mettre en oeuvre le programme Bon départ, car il fonctionne. Je vais essayer de l'implanter dans ma circonscription cet été. Quatre enseignants se sont portés volontaires pour le mettre en place. J'espère que d'ici septembre, le programme sera en vigueur comme projet-pilote dans Esquimalt—Juan de Fuca. S'il est fructueux, peut-être que des enseignants d'ailleurs au pays pourraient l'appliquer.
Le Hawaii Healthy Start Program compte parmi les programmes les plus remarquables. Il a permis de réduire la violence faite aux enfants dans une proportion ahurissante de 99 p. 100. Le programme était destiné aux parents vulnérables, qui n'avaient pas de bonnes compétences parentales et qui vivaient eux-mêmes dans des environnements fragiles et parfois horribles. Ces parents étaient jumelés avec des femmes qui avaient eu des enfants et qui avaient de solides compétences parentales. Ce programme de mentorat avec les parents vulnérables a réduit de 99 p. 100 le taux de violence envers les enfants. C'est ahurissant.
Ce n'est pas difficile. Ce n'est pas sorcier. C'est assez facile à faire. Il faut faire preuve de leadership. Ce leadership pourrait s'exercer au niveau fédéral, même si la mise en oeuvre et le fonctionnement des programmes relèveraient des autorités provinciales. Nous savons tous que nos homologues des provinces veulent que nous fassions preuve de leadership. Ils veulent de l'aide. Ils veulent que nous leur donnions un coup de main et le problème n'est pas que nous n'avons pas de plan ou de programme pour cela.
J'encourage le gouvernement à travailler de concert avec ses homologues des provinces à ce chapitre. J'encourage fortement le gouvernement à envisager des stratégies efficaces de réduction des préjudices, à les adopter et à les appuyer à l'échelle nationale.
Pour l'amour du ciel, je demanderais au gouvernement de ne pas cesser les efforts de réduction des préjudices. Je lui demanderais de ne pas éliminer le site d'injection sûr Insite. Je lui demanderais de ne pas mettre fin au projet NAOMI à Vancouver. Il devrait plutôt examiner ces projets et faire en sorte que les autres collectivités canadiennes qui veulent les adopter puissent y avoir accès.
Le défaut d'agir se solderait par la mort de milliers de personnes au pays et par la propagation de maladies transmissibles, certaines mortelles. Les coûts pour le contribuable seraient faramineux.
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Monsieur le Président, le projet de loi , que vient tout juste de nous renvoyer le comité législatif spécial, porte sur deux points. Le principal, celui dont beaucoup de gens ont entendu parler, est le renversement du fardeau de la preuve qui obligerait l'accusé à établir pourquoi il devrait être mis en liberté, et l'autre, le point secondaire qui découle du premier, est l'ajout de certains critères dont le juge tiendrait compte pour décider de libérer ou non un accusé sous caution.
Afin que tout le monde comprenne bien, je préciserais que le Code criminel prévoit le renversement du fardeau de la preuve dans beaucoup de circonstances, il suffit de comprendre comment cela se présente. Nous, l'assemblée législative, insistons auprès des magistrats pour qu'ils appliquent plus particulièrement cette disposition aux crimes commis avec une arme à feu et à l'utilisation d'armes à feu dans la perpétration d'actes criminels. Une personne accusée d'avoir utilisé une arme à feu dans la perpétration d'un crime grave serait obligée de démontrer pourquoi on devrait la libérer sous caution en attendant son procès ou toute décision concernant les chefs d'accusation.
Il était intéressent d'entendre les témoignages. Le tout premier témoin, à part le ministre et les employés du ministère de la Justice, représentait une association canadienne d'avocats de la défense. Je dois dire en toute honnêteté qu'il a stupéfié le comité quand, dans son introduction, il a dit que son organisation ne s'opposait pas au projet de loi .
Cela a été confirmé par beaucoup d'autres témoins, mais il a établi, par la suite, à notre satisfaction, que le projet de loi est simplement un reflet de ce qui se passe actuellement dans les tribunaux du pays. Lui et d'autres témoins de l'association des avocats de la défense, ainsi que d'autres dont on se serait attendu qu'ils s'opposeraient au projet de loi, dans certains cas par principe, ont tour à tour dit la même chose.
Du moins dans tous les grands centres urbains canadiens, les tribunaux ont déjà commencé à inverser le fardeau de la preuve. Bien que cela ne soit pas inscrit en droit, c'est ce qu'ils font dans les faits presque quotidiennement, tout particulièrement quand il s'agit de crimes mettant en jeu des jeunes et des armes à feu.
Je sais que j'ai déjà prononcé cette partie de mon discours, mais je vais la répéter. Quand nous dévions d'une pratique acceptée dans notre système de justice pénale, nous le faisons seulement lorsque nous sommes confrontés à un problème très grave. Nous savons que, malgré le fait que le taux d'homicides dans ce pays continue de baisser, comme il le fait régulièrement depuis 25 ans, ce taux a connu des pics, mais en général il est en baisse, et le taux de crimes violents a diminué dans des proportions similaires au cours de cette même période de 25 ans.
J'ouvre ici une parenthèse pour quelques instants. Je mentionne la période de 25 à presque 30 ans maintenant parce que c'est la période pour laquelle nous avons des statistiques fiables en matière de criminalité au pays. Pour la période précédente, les chiffres sont un peu douteux quant à leur fiabilité.
Depuis 25 à 30 ans, le taux d'homicides a continué de baisser et le taux des crimes violents continue de baisser, mais il y a quelques exceptions et ce sont ces exceptions que ce projet de loi tente, dans une grande mesure, de rectifier.
Un des domaines où les crimes mettant en jeu des armes à feu ont connu un pic — laissant même déceler une certaine tendance — c'est le phénomène des gangs de rue, surtout dans les grands centres urbains dans l'ensemble du pays. Le taux est plus élevé dans certaines régions, mais en général, la tendance se manifeste dans l'ensemble du pays.
Nous le savons parce que les gangs ont eu accès à un plus grand nombre d'armes de poing et d'armes illégales, surtout des armes à tir rapide, grâce au crime organisé et tout particulièrement aux bandes de motards. Ces derniers ont importé beaucoup plus d'armes au cours des dix dernières années environ, lesquelles aboutissent directement dans les mains des membres des gangs de rue.
Nous constatons donc une importante augmentation de la criminalité dans ce groupe en particulier. Nous ne pouvons nous empêcher de penser que si cela ne s'était pas produit, si ces armes ne s'étaient pas retrouvées dans les mains de ces gens, le taux de crimes violents au pays, à la fois au chapitre des meurtres et des crimes de violence en général, aurait chuté de façon encore plus grande que ce que nous avons pu voir au cours de cette période de 25 à 30 ans.
Le projet de loi traite précisément de cet aspect en apportant une modification, non seulement pour inverser le fardeau de la preuve, mais aussi pour définir précisément, selon les faits et les circonstances, ce dont le tribunal doit tenir compte au moment d'accorder une libération sous caution. Nous avons ajouté deux articles dont un modifie un article existant.
Nous avions autrefois prévu des directives, à l'article 515 du Code criminel, indiquant aux tribunaux ce dont ils devaient tenir compte. Cet article de nature générale prévoit que la détention est nécessaire pour maintenir un bon niveau de confiance à l'égard de l'administration de la justice, en tenant compte de toutes les circonstances, dont le texte contient la liste. La libération sous caution sera refusée si cela risque de saper la confiance à l'égard de l'administration de la justice.
Comme je l'ai dit plus tôt, les témoins nous ont dit que les juges d'un peu partout au pays, dans la région métropolitaine en particulier, se préoccupaient de la question de la confiance à l'égard de l'administration de la justice. Ils avaient commencé à dire aux gens qui comparaissaient devant eux, qui étaient accusés de crimes commis à l'aide d'armes à feu et comportant de graves actes de violence, qu'ils devaient prouver pourquoi ils devraient pouvoir être libérés en attendant la tenue de leur procès ou l'issue des accusations portées contre eux.
Ces articles s'appliquaient déjà et, pour déterminer si l'administration de la justice risquait d'être discréditée, le juge devait tenir compte de la solidité du dossier de la poursuite, de la gravité de l'infraction et, enfin, des circonstances entourant la perpétration de l'infraction.
Nous avons maintenant ajouté, en présumant que la Chambre donnera son accord, un élément portant sur l'utilisation d'une arme à feu. Cet élément constituerait bien sûr un élément négatif dont il faudrait tenir compte et qui pourrait justifier le refus de libérer l'accusé sous caution.
Nous avons ensuite ajouté un facteur supplémentaire. Si l'accusé est passible sur déclaration de culpabilité d'une peine d'emprisonnement possiblement longue, nous avons ajouté, dans le cas d'une infraction mettant en jeu une arme à feu, une peine d'emprisonnement minimale de trois ans ou plus.
Par conséquent, le juge qui a devant lui une personne accusée d'une infraction mettant en jeu une arme à feu tiendrait compte de la peine possible et, si celle-ci est de plus de trois ans, cela serait de nouveau un élément négatif au moment de déterminer si l'accusé pourrait être libéré sous caution. Dans ce cas, la réponse serait très probablement non.
Cela a commencé à se produire dans l'ensemble du pays. Ce que nous faisons avec ce projet de loi confirme, je suppose, à nos juges que nous sommes d'accord avec eux, que c'est une bonne pratique de leur part et que nous leur conférons un pouvoir législatif supérieur à celui qu'ils possèdent déjà afin de leur permettre de continuer cette pratique lorsqu'il est opportun de le faire.
Il y avait un certain nombre de préoccupations à propos du projet de loi qui ont été soulevées par des témoins. Une portait sur une question de principe. Nous n'avons pas recours à l'inversion du fardeau de la preuve dans ce pays, car de tout temps, la présomption d'innocence a prévalu.
Toutefois, je le répète, nous avons prévu des exceptions à quelques occasions, et c'est l'une d'entre elles, car la crise avec laquelle nous sommes aux prises, à savoir l'utilisation d'armes dans de pareilles circonstances, justifie le recours à cette mesure.
Une autre préoccupation qui a été exprimée à plusieurs reprises, et que le député du Parti libéral a soulevée, concerne quelques statistiques qui montrent le nombre d'infractions commises lors d'une mise en liberté sous caution.
Je tiens à ce qu'il soit très clair que nous avons convoqué certains des premiers témoins, notamment des représentants de Juristat et de Statistique Canada, qui tiennent des statistiques sur les mises en liberté sous caution. On n'a commencé à le faire que très récemment. On ne peut pas connaître avec une certitude absolue le nombre d'infractions commises lors d'une mise en liberté sous caution.
Le chiffre cité a été fourni par une des associations de police. Il a été établi pour une période assez limitée et pour un nombre restreint d'infractions mettant en jeu des armes à feu et pour lesquelles on avait accordé une libération sous caution. Il est difficile de fonder cette décision sur des statistiques réelles incontestables. Nous n'en avons tout simplement pas.
Nous prenons cette décision à la lumière d'expériences anecdotiques qui nous ont été rapportées. Nous ne possédons pas de statistiques incontestables. Cependant, on commence maintenant à en recueillir. Les forces policières de l'ensemble du pays fournissent des données à Statistique Canada, mais elles n'ont commencé à le faire qu'il y a trois ans environ.
Il faut un certain temps, jusqu'à dix ans, pour établir la validité des données, pour avoir des certitudes quant à l'expérience pratique. Combien de personnes obtiennent une libération sous caution et commettent ensuite une infraction? Nous l'ignorons. Nous obtiendrons des données scientifiques fiables à cet égard dans six ou sept ans, je crois, mais, pour l'instant, nous n'en avons pas.
Toutefois, une des données statistiques qui est exacte et qui a été rendue publique porte sur le nombre de personnes détenues en attendant leur procès. Ces personnes n'ont pas été trouvées coupables d'une infraction, mais elles sont détenues. Cela pose un problème sérieux aux gouvernements provinciaux parce qu'il y a, au Canada, davantage de personnes en détention préventive que de personnes condamnées à purger une peine d'emprisonnement dans un pénitencier fédéral ou dans un établissement carcéral provincial.
J'ai essayé de trouver les chiffres, mais sans succès. Il y a chaque jour, au Canada, environ 9 000 personnes emprisonnées avant la tenue de leur procès sans avoir été reconnues coupables de quoi que ce soit. Il y a 9 000 personnes emprisonnées avant la tenue de leur procès, et 7 000 détenus dans nos prisons fédérales et provinciales.
C'est une source de préoccupation en raison des coûts. Ce sont les provinces qui sont responsables des coûts du système d'emprisonnement avant procès. Il y a bien sûr un certain partage des coûts entre les gouvernements fédéral et provinciaux, mais il n'y a pas de transfert fédéral précis à cette fin.
La meilleure estimation que nous avons obtenue était que le projet de loi aurait une très faible incidence sur le nombre de personnes incarcérées avant leur procès au Canada, puisque les juges appliquent déjà ce que le projet de loi propose. Voilà pour l'impact immédiat.
À plus long terme, en présumant que les juges reculent un peu et que le taux de criminalité mettant en jeu des armes à feu diminue, il se pourrait très bien que le projet de loi fasse en sorte que le taux d'emprisonnement avant procès demeure élevé par rapport à ce qu'il serait si les juges avaient conservé leur pouvoir discrétionnaire.
Nous allons devoir demeurer vigilants à cet égard en utilisant un de ces deux moyens: soit nous allons modifier cette loi à un certain moment dans l'avenir, soit nous allons devoir trouver des façons d'augmenter l'argent versé aux provinces pour les aider à couvrir les coûts de l'emprisonnement avant procès.
Nous allons devoir continuer de nous pencher là-dessus. Le gouvernement actuel ou ses éventuels successeurs devront continuer de surveiller les coûts.
J'aimerais revenir au projet de loi lui-même pour parler de notre façon de procéder. La semaine dernière, nous avons étudié et adopté le projet de loi , qui porte sur les peines minimales. J'avais alors parlé de l'importance de réfléchir à l'utilisation du système de justice pénale dans certains domaines précis lorsque nous avons un problème particulier, majeur ou critique dans ces domaines.
C'est ce que nous faisons relativement au projet de loi . Notre magistrature s'est déjà penchée sur la question — en partie, du moins.
Le projet de loi confirme simplement que le problème existe dans notre pays. En tant que pouvoir législatif, nous envoyons le message aux gangs de rue, aux jeunes Canadiens qui portent des armes à feu et qui s'en servent pour commettre des crimes, qu'ils ne seront pas libérés sous caution, mais qu'ils seront plutôt incarcérés et que, s'il sont condamnés, ils devront purger des peines très sévères.
Nous devons envoyer ce message de façon très ciblée. Je crois qu'en combinant les projets de loi et , nous y parvenons partiellement.
Je vais terminer en disant ceci. L'un des témoins que nous avons entendus est un professeur de criminologie et de sociologie renommé, un expert hautement respecté. Il est probablement le plus grand expert au pays. Il y en a peut-être d'aussi bons, mais certainement pas de meilleurs.
Il a formulé une critique à l'égard du projet de loi. Il a dit que l'une de ses lacunes, c'est qu'il crée des attentes qu'il ne pourra pas remplir, parce que c'est déjà ce qui se passe à l'heure actuelle. Il a dit qu'on donnait l'impression que cette mesure allait réduire considérablement le nombre de crimes commis avec des armes et, en particulier, avec des armes à feu illégales. Il a dit que cela ne se produirait pas et il a raison.
Cela ne se produira pas. Le projet de loi aura peut-être une incidence modeste, et nous sommes prêts à le reconnaître. Certains députés ministériels laissent entrevoir une incidence profonde, mais ils se trompent.
Pour réduire le taux de criminalité, en particulier les infractions mettant en jeu des armes à feu et les crimes graves avec violence, nos services de police doivent faire preuve de plus de sévérité dans l'application des lois. À Toronto, par exemple, le chef Blair a réussi à dissoudre plusieurs gangs de rue, simplement en appliquant les lois et les méthodes existantes, avant même qu'il soit question des projets de loi et . Il a cependant besoin de ressources additionnelles. C'est aussi le cas d'un bon nombre d'autres chefs de police d'un bout à l'autre du pays.
Nous devons également mettre au point des programmes qui empêcheront les personnes à risque, en particulier les jeunes, de s'associer à des gangs de rue, de façon à ce qu'ils n'arrivent jamais au point de prendre la décision de se munir ou non d'une arme à feu. À moins de mettre énergiquement l'accent sur ces programmes de prévention, nous n'arriverons jamais à obtenir de réduction significative des crimes mettant en jeu des armes à feu au Canada.
Voilà donc à quoi le gouvernement et la présente législature doivent continuellement faire face. Je répète encore, au risque de friser le cliché, qu'un seul crime violent dans ce pays c'est déjà trop. En tant que législature, nous devons tenter de faire tout ce que nous pouvons pour empêcher tous les crimes violents dans le pays.
Y arriverons-nous un jour? Je ne suis pas naïf au point de penser que nous finirons par réaliser la société idéale, mais j'ai appris en étudiant les expériences tentées dans le monde entier que nous pouvons faire encore bien plus en matière de prévention du crime. C'est vraiment le but que devrait viser notre législature en améliorant le système de justice pénale au cours des dix prochaines années.