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Bonjour à tous et bienvenue à cette 14
e séance du Comité permanent des langues officielles.
Après la relâche pascale, conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous reprenons ce matin nos travaux, qui portent sur l'étude sur la télédiffusion et services en français des Jeux olympiques de 2010 de Vancouver.
Nous recevons notre commissaire favori, M. Graham Fraser, du Commissariat aux langues officielles. Il est accompagné de la commissaire adjointe, Mme Ghislaine Charlebois, à qui nous souhaitons la bienvenue. Nous recevons également Mme Tremblay, une habituée de notre comité, commissaire adjointe par intérim, Politiques et communications, ainsi que M. Carsten Quell, directeur, Politiques et recherche.
Monsieur Fraser, sans plus tarder, je vous cède la parole.
[Traduction]
Bonjour.
[Français]
Mesdames et messieurs les parlementaires, membres du Comité permanent des langues officielles, monsieur le président, bonjour.
[Traduction]
Je vous remercie d'avoir présenté mes collaborateurs que je ne vous présenterai pas à nouveau.
Je suis très heureux de pouvoir vous rencontrer afin de vous entretenir des Jeux olympiques et paralympiques d'hiver qui auront lieu en 2010 à Vancouver.
Les Jeux constituent un événement d'envergure internationale et une occasion unique de mettre en évidence la dualité linguistique comme valeur fondamentale du Canada. II s'agit également d'une occasion de célébrer la richesse culturelle de nos communautés francophones et anglophones. L'intérêt que vous manifestez pour les Jeux de 2010 arrive à point. À moins d'un an des Jeux, des progrès ont été réalisés afin d'assurer la dualité linguistique. Il reste toutefois du chemin à faire.
Selon moi, il faut tenir compte de trois grands volets: la diffusion des Jeux en français et en anglais, I'état de préparation du Comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques d'hiver de 2010 à Vancouver (COVAN) et du Secrétariat fédéral des Jeux olympiques et paralympiques d'hiver de 2010, ainsi que la prestation de services par les institutions fédérales dans Ie contexte des Jeux.
Pour les Canadiens et les Canadiennes qui ne pourront se rendre à Vancouver ou à Whistler, la diffusion des Jeux leur permettra de vivre les divers événements qui s'y tiendront et de prendre part à la fête. Puisque les cérémonies d'ouverture et de clôture seront diffusées de par Ie monde, il s'agit d'une occasion unique de mettre en évidence la dualité linguistique canadienne.
[Français]
Pour 2010, les droits de télédiffusion au Canada ont été accordés à un consortium formé de Bell Globe Media et Rogers Media pour le volet anglophone, et de TQS, RDS et RIS pour le volet francophone. Il s'agit d'un contrat commercial conclu directement entre le Comité International Olympique et les radiodiffuseurs. Ainsi, ni mon bureau, ni le CRTC, ni le COVAN n'ont le pouvoir d'intervenir relativement à ce contrat.
Les réseaux TQS, RDS et RIS ne sont pas tous diffusés sur les canaux de base dans l'ensemble du Canada. Ainsi, les francophones et les francophiles de nombreuses régions canadiennes pourraient être privés de l'occasion de suivre les jeux en français à la télévision, à moins de s'abonner à des services de diffusion additionnels.
Par contre, le consortium s'est engagé à permettre l'accès sans frais au signal de TQS, RDS pour les entreprises de distribution de radiodiffusion — ce que l'on appelle les EDR — pour la durée des jeux. Nous avons appris que le signal de TQS et de RDS sera débrouillé et accessible un mois avant et durant les jeux, et ce, grâce à une entente entre le consortium et les câblodistributeurs. Également, le consortium a indiqué qu'il diffuserait toutes les compétitions en direct sur son site Internet. Même s'il s'agit là d'une mesure très encourageante, elle ne permettra pas une diffusion dans l'ensemble du Canada. Le consortium devra persévérer dans la poursuite de solutions afin que tous les Canadiens d'expression anglaise et française partout au pays aient un accès égal aux jeux.
Dans mon rapport publié le 2 décembre 2008, j'ai souligné que le COVAN manifestait un intérêt certain à l'égard du bilinguisme, mais que des efforts demeuraient nécessaires dans divers domaines. Ainsi, une attention particulière doit être accordée aux communications avec le grand public, les médias et les athlètes. Mon étude comporte 18 recommandations concernant tant la traduction et l'interprétation simultanée que le recrutement des bénévoles bilingues, la signalisation, la participation des commanditaires, le rôle du secrétariat des jeux, les manifestations culturelles et les ressources allouées à la fonction des langues officielles.
Le COVAN a mis en oeuvre une partie de la recommandation 17 en créant un comité consultatif sur les langues officielles. Comme je l'ai recommandé, Patrimoine canadien préparera un rapport de progrès trimestriel formel. J'ai aussi appris que le groupe Gesca et le COVAN ont conclu une entente qui permettra au COVAN de diffuser des informations et des publicités sur les jeux dans les journaux de la chaîne. Ce sont là des signes très encourageants.
Or, afin que les langues officielles soient pleinement intégrées et omniprésentes lors des jeux, le COVAN et le gouvernement fédéral devront aller au-delà de la mise en oeuvre des 18 recommandations de mon rapport. Aller au-delà signifie intégrer pleinement les langues officielles dans toutes les activités, et ce, à toutes les étapes. Le respect de la dualité linguistique doit constituer un réflexe lors de la planification et l'exécution, et non pas une réflexion après coup. Les événements survenus lors des célébrations entourant le compte à rebours au mois de février dernier devraient nous servir de leçon.
La traduction et l'interprétation simultanée constituent toujours un défi important. En effet, le budget prévu me semble insuffisant, compte tenu de la tâche à accomplir. Notre étude et nos informations nous portent à croire que le COVAN est mal outillé pour assurer la bonne prestation de ces deux services aux Jeux olympiques de 2010.
Par ailleurs, nous savons que l'expertise du gouvernement fédéral en la matière, en raison du travail effectué par le Bureau de la traduction, est reconnue mondialement. Par conséquent, je m'attends à ce que le COVAN et le gouvernement fédéral s'attaquent à cette question, et ce, dans les plus brefs délais. Les jeux doivent être un exemple du leadership du Canada en matière de services linguistiques.
Je m'inquiète également de la signalisation. Les voyageurs ne sauront faire la différence entre la signalisation des municipalités de la province, du COVAN et du gouvernement fédéral. Comme je le mentionnais dans mon rapport, le gouvernement fédéral et le COVAN doivent exercer leur leadership auprès des autres partenaires afin que toute la signalisation soit dans les deux langues officielles.
Il ne faudrait pas non plus que le COVAN et le gouvernement fédéral négligent leurs propres obligations en matière d'affichage bilingue.
[Traduction]
Je tiens à mentionner que la municipalité de Whistler est un modèle à suivre à ce chapitre. Cette municipalité a décidé, de son propre chef, d'assurer des services en français et en anglais, ainsi que d'offrir une programmation culturelle représentative de la dualité linguistique. D'autres municipalités pourraient s'inspirer de I'exemple de Whistler.
Récemment, mon bureau a entrepris une campagne de sensibilisation auprès des institutions fédérales. L'expérience que connaîtront les visiteurs, les journalistes et les athlètes canadiens et étrangers dépendra en grande partie du travail des institutions fédérales. En plus de nos athlètes canadiens, des athlètes en provenance notamment de 30 pays de la Francophonie arriveront à Vancouver, et leur expérience olympique canadienne commencera dès leur arrivée au pays. Cette campagne de sensibilisation vise des interventions à plusieurs niveaux tant auprès des sous-ministres que des fonctionnaires chargés de mettre en oeuvre des programmes et des initiatives dans Ie cadre des Jeux, et ce dans de nombreux domaines, tels que la sécurité, Ie transport et les services directs au public.
En termes de pratiques exemplaires et d'initiatives encourageantes, Parcs Canada préparera un DVD sur I'offre active à l'intention de ses employés. D'autres institutions rappelleront à leurs employés I'importance de I'offre active et les mesures à prendre afin que les gens puissent recevoir un service dans la langue officielle de leur choix.
D'ailleurs, mon personnel a rencontré beaucoup de gens très motivés, désireux d'offrir aux visiteurs et aux athlètes une expérience positive. Pour ce faire, ils doivent non seulement avoir les ressources, mais aussi savoir que la dualité linguistique est une priorité pour la haute direction. La bonne volonté de base ne peut se concrétiser de façon cohérente que si elle est appuyée par un leadership fort à la tête de chaque institution.
En terminant, j'estime qu'il reste encore beaucoup de travail à faire d'ici à février 2010. Je continuerai de suivre Ie dossier et je prévois faire un suivi à notre étude. Ce suivi sera rendu public à I'automne, ce qui permettra les ajustements de dernière minute, s'il y a lieu.
Le gouvernement doit faire preuve de leadership et mettre la dualité linguistique canadienne sous les projecteurs du monde entier. J'espère que tous les partenaires sauront relever ce défi avec brio et que Ie Canada continuera d'être perçu comme un chef de file à I'échelle internationale en matière de dualité linguistique.
[Français]
Merci de votre attention. J'aimerais prendre le temps qu'il nous reste pour répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président. Bonjour à vous tous.
Le 31 mars dernier, nous avons reçu des témoins membres de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada, ainsi qu'une sous-ministre adjointe, et il a été question des Jeux olympiques de 2010 de Vancouver. Lors de votre présentation, monsieur Fraser, vous avez parlé de la richesse culturelle de nos communautés. Mme Bossé, de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada, soulignait le mécontentement de son organisme. Je vais vous lire le passage en question et j'aimerais obtenir vos réactions à cet égard:
Nous étions assez mécontents d'apprendre que les éléments de langue française dans le spectacle du 12 février dernier à Vancouver, marquant le décompte d'un an avant les jeux, se limitaient à un musicien qui a lui-même admis qu'il avait sans doute été choisi parce qu'il portait un nom francophone. [...] Parmi les participants, on trouve le groupe québécois Beast, qui chante en anglais, la formation instrumentale québécoise Bell Orchestre, qui affiche un site Web unilingue anglais, et le groupe Manitoba Métis Music and Dance, dont on nous dit qu'il présente à tout le moins une vidéo sur Louis Riel tout le long du spectacle.
C'était tout ce qui se rapprochait un tant soit peu de la francophonie. On nous avait dit qu'il y avait un chorégraphe dont le spectacle a été présenté. À cela ma collègue, Mme Guay, a rétorqué: « En passant, madame, le français n'est pas une chorégraphie mais une langue. »
Cela s'est passé avec le COVAN le 12 février 2009; c'est tout récent. C'était donc un an avant les jeux comme tels. On en est là en ce qui a trait à la qualité du français sur le plan culturel.
J'aimerais entendre vos commentaires à cet effet et savoir de quelle façon on pourrait lancer un message clair à l'effet qu'on est insatisfaits de la façon dont le COVAN considère la culture d'expression française pour l'ensemble du territoire canadien.
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L'autre sujet, c'est Tourisme Colombie-Britannique. Ce qu'on voit sur leur site Web est regrettable.
[Traduction]
Je trouve ça tout à fait inacceptable. Je ne sais pas si Tourisme Colombie-Britannique nous écoute aujourd'hui, mais il y a deux langues officielles au pays.
C'est tellement triste de voir sur son site Internet les divers pays avec diverses langues. Ils ont l'Australie. Et le Canada est là, et quand vous cliquez sur Canada, le site n'est qu'en anglais. Ils ont le Mexique, qui évidemment ne sera sans doute pas en français. Il y a les États-Unis et le Royaume-Uni et tout, sauf le français, alors qu'il y a plus d'un million de francophones à l'extérieur du Québec, dans le reste du pays. En Colombie-Britannique, les francophones sont très nombreux.
C'est un site international. Qu'en est-il de la France, qui va participer à nos Olympiques?
Je trouve déplorable qu'ils n'aient pas encore corrigé ça, ou qu'ils pensent ou affirment que la loi ne s'applique pas à eux et qu'ils n'ont pas à le faire. Et pourtant, c'est le site Touriste Colombie-Britannique qui fait la promotion des Olympiques pour notre pays.
Bonjour, monsieur Fraser, et bonjour à votre équipe. Ce matin, vous êtes, comme on le disait plus tôt, le commissaire favori du Comité des langues officielles.
J'aimerais aborder avec vous un préambule pour être sûr de la teneur de vos recommandations. J'attire votre attention sur le document que vous avez bien voulu préparer afin que les membres du comité puissent voir l'évolution de ce qui a été fait.
Premièrement, le but du comité consiste à voir qu'il y a des problèmes, à vous en faire part et, peut-être, à vous aider à les corriger. Si tout était réglé, on n'aurait pas besoin d'un comité. C'est justement parce qu'il y a des problèmes qu'on essaie de les régler du mieux que l'on peut. Comme M. Godin le disait plus tôt, il y a des problèmes. On est justement ici pour vous en faire part.
J'attirerais votre attention sur la première recommandation que vous avez faite dans votre document. Je la lis et je vous parlerai ensuite d'une autre recommandation, sur laquelle j'aimerais connaître votre opinion. On peut lire ce qui suit: « Que Patrimoine canadien renforce, dans les prochaines ententes, les dispositions relatives aux services offerts par un tiers [...] » Je me suis arrêté au mot « tiers ». Selon la discussion, ce mot peut concerner la télévision, le service touristique de la Colombie-Britannique, des personnes qui ne dépendent pas nécessairement du gouvernement, mais auxquelles la Loi sur les langues officielles s'applique.
À votre recommandation 13, on peut lire:
Que le COVAN insère des dispositions linguistiques dans les ententes avec de futurs commanditaires et que, avec l’appui du Secrétariat fédéral des Jeux, il incite fortement les commanditaires actuels à utiliser les deux langues dans leurs activités publicitaires.
Il y a de grands commanditaires comme Samsung, Coca-Cola, etc. Avez-vous reçu ou visionné ce qu'ils préparent? Du moins, vous leur avez fait des recommandations. Si nous faisons un effort pour que la dualité linguistique soit acceptée, proposée, promue et que certains commanditaires, par exemple Air Canada, ne font pas un effort, on a un problème.
Puisque c'est votre première recommandation, avez-vous vérifié les tiers? Vous semblez avoir une « fixation » sur les tiers qui semblent se faire tirer un peu l'oreille, si je peux m'exprimer ainsi. J'aimerais entendre vos explications. Qu'avez-vous constaté jusqu'à maintenant et que pouvez-vous leur recommander? En tant que comité, que peut-on faire? Nous pourrions, à notre niveau, faire une recommandation pour exiger que les tiers respectent intégralement la Loi sur les langues officielles.
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Il s'agit de Tourism BC, en effet.
À l'annexe A d'une entente conclue entre le gouvernement fédéral, la province de la Colombie-Britannique, la Ville de Vancouver, la Resort Municipality of Whistler, le COVAN, le Comité paralympique canadien et la Société de la candidature de Vancouver, il est question des exigences du Canada en matière de langues officielles.
Si ce n'est pas couvert, est-ce un oubli volontaire? Je ne peux imaginer une telle chose. Au Canada, on a deux langues officielles. Le gouvernement du Canada consacre environ 26 millions de dollars à la publicité des Jeux olympiques. Or, malgré tout, un organisme qui appartient à la Colombie-Britannique n'a aucune obligation en matière de langues officielles. Les Jeux olympiques ne représentent pas uniquement Vancouver, mais tout le Canada. Il y a toutes les langues, sauf le français.
Parfois, on se demande pourquoi on doit adopter des lois pour qu'il y ait des juges bilingues à la Cour suprême. On devra peut-être adopter une loi pour s'assurer qu'à l'avenir, la présentation des Jeux olympiques se fasse dans les deux langues officielles.
J'aimerais entendre vos commentaires à ce sujet.