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Monsieur le Président, je suis ravi de prendre la parole à la Chambre aujourd'hui pour participer au débat sur le projet de loi .
Bien que j'appuie le projet de loi à l'étape actuelle du processus législatif, mes observations d'aujourd'hui sont loin d'être exemptes de critiques à l'égard de cette mesure. En fait, mon discours, comme tous ceux des députés du NPD, vise à dire clairement que des amendements importants sont nécessaires pour que le projet de loi puisse gagner des appuis jusqu'à la fin du processus législatif.
Bien sûr, ces critiques se veulent constructives. Nous exhortons le gouvernement à relever la barre de ses ambitions et nous l'invitons à faire trois choses: réaliser le potentiel énorme de ce projet; concrétiser les rêves d'un grand nombre de vaillants citoyens qui ont toujours su clairement, bien avant lui, que ce projet avait un grand potentiel; et établir un précédent en créant un nouveau genre de parc canadien, un parc urbain national.
Le parc de la Rouge existe déjà. Il fait 47 kilomètres carrés, c'est l'un des plus grands en Amérique du Nord et il est situé dans une région abritant près de 20 % de la population canadienne.
La diversité naturelle et culturelle fait la richesse du parc, qui comprend une forêt carolinienne rare, de nombreuses espèces menacées, des affleurements rocheux issus de la période interglaciaire et des traces de présence humaine remontant à 10 000 ans, y compris des vestiges historiques de villages autochtones et de lieux fréquentés par les Autochtones qui figurent parmi les plus anciens au Canada.
Pendant de nombreuses années, ces ressources ont été gérées par l'Alliance du parc de la Rouge, qui comprend de nombreux groupes, y compris des groupes de citoyens dévoués. Mais, compte tenu de l'engagement de Parcs Canada à assurer l'intégrité écologique des parcs, nous aurions maintenant intérêt à lui confier la gestion de ce parc et l'ajout d'autres ressources.
La création du parc urbain national de la Rouge devrait nous permettre de protéger et de remettre en état des forêts et des terres humides afin d'atténuer les effets du développement urbain, d'améliorer la qualité de l'eau qui coule dans le lac Ontario, de réduire les risques d'inondation, d'érosion et de dommages aux propriétés causés par les changements climatiques. Ce nouveau parc améliorera l'habitat d'espèces rares et menacées. C'est important.
Nous avons construit nos villes et nous continuons de le faire en ne respectant pas suffisamment l'intégrité écologique de la nature qu'elles renferment et qui les borde. Nous ne prêtons pas une attention suffisante à l'application de la notion d'intégrité écologique dans nos plans de développement urbain. Il y a certainement quelque chose de très ironique à cela.
Je cite un extrait du rapport d'Ontario Nature et de la Fondation David Suzuki sur la biodiversité dans la ceinture verte de l'Ontario:
Si des gens ont choisi de s'établir dans cette partie de l'Ontario, c'est en grande partie à cause de la nature riche et diversifiée ainsi que des terres fertiles qu'on y trouve. Des millions de personnes vivent dans cette région, tout comme un grand nombre d'espèces menacées parmi les plus magnifiques qui se trouvent chez nous [...]
Il reste à Toronto des traces des paysages jadis merveilleux. Voici ce qu'en dit un article récent du Toronto Star:
La ville de Toronto s'est construite au détriment de ses cours d'eau. Neuf rivières ou ruisseaux coulent dans ses riches vallées et se jettent dans le lac Ontario. Ils constituent des éléments aussi essentiels du paysage de Toronto que la tour du CN ou Queen's Park.
Dans son livre intitulé Accidental City, Robert Fulford écrit que « les ravins sont à Toronto ce que les canaux sont à Venise et les collines, à San Francisco ».
Certains de ces cours d'eau avaient sombré dans l'oubli, mais ont été redécouverts. Des groupes comme Toronto Green Community et Toronto Field Naturalists offrent des visites guidées de ce qu'ils appellent les « rivières perdues » de la ville. Certaines, comme les rivières Humber, Don et Rouge ainsi que leurs bras et tributaires, font partie de l'essence même de Toronto. Mais surtout, elles constituent une partie essentielle des visions de ce que Toronto pourrait être si nous prenions soin de rétablir l'intégrité écologique de ces cours d'eau et de la protéger.
Dans nos collectivités urbaines, d'innombrables groupes travaillent sur le terrain. Leur objectif est de protéger et de rétablir le patrimoine naturel et culturel de ces rivières, de protéger et de rétablir cet habitat, puisque c'est ce qui a incité les gens à s'établir à cet endroit en premier lieu et à en tirer leur subsistance.
Dans ma circonscription, par exemple, le projet Taylor Massey a été mis en oeuvre il y a dix ans par un groupe de bénévoles. Ces derniers souhaitaient alors mieux faire connaître ce cours d'eau d'une longueur de 16 kilomètres à la collectivité, de même que rétablir le patrimoine naturel des terres de la vallée de ce ruisseau et améliorer la qualité de l'eau et les habitats aquatiques de ce ruisseau en milieu urbain.
Le ruisseau Taylor Massey se jette dans la rivière Don. En 1969, la rivière Don n'était guère plus qu'un égout municipal, ce qui a incité certaines personnes à déclarer que la rivière était morte. Cette année-là, le 16 novembre, 200 personnes sont donc parties du campus de l'Université de Toronto et se sont rendues jusqu'aux berges de la rivière Don, à la manière d'un cortège funéraire. Il y avait même un corbillard.
Si la rivière était bel et bien morte, on peut dire qu'elle est maintenant ressuscitée grâce aux efforts déployés par d'innombrables citoyens. Cependant, elle n'a pas encore été pleinement rétablie, car il reste encore beaucoup à faire. Je remercie les gens qui consacrent leur temps libre et leur énergie à la revitalisation de cette rivière et qui se rendent compte de ce que nous avons l'occasion de faire pour la rivière Rouge et de tout ce que cela représente pour leurs propres projets, leurs propres collectivités et notre intérêt à tous.
En effet, cette mesure législative nous offre une occasion extraordinaire. En ce qui concerne la rivière Rouge, nombreux sont ceux qui ont déployé des efforts pour nous amener là où nous en sommes aujourd'hui et veiller à ce que ces terres puissent être gérées par Parcs Canada. Comme on peut le lire sur le site de cette organisation:
L'objectif de Parcs Canada est de permettre aux gens de profiter des endroits uniques que sont les parcs nationaux sans nuire à leur intégrité. En d'autres mots, l'intégrité écologique est le résultat que nous visons en matière de gestion des parcs [...]
Cependant, au lieu de tenir le même engagement — qui est en fait une priorité prévue dans la loi — en ce qui concerne ce parc urbain, de manière à garantir son intégrité écologique, comme c'est le cas pour les autres parcs gérés par Parcs Canada, la mesure législative ne tiendrait pas compte de cet engagement, ni de cette priorité. En fait, le projet de loi exigerait tout simplement que le ministre « [prenne] en considération la protection des paysages culturels et des écosystèmes naturels du parc, la préservation des espèces sauvages indigènes de celui-ci et le maintien de la santé de ces écosystèmes ». Cette façon de faire va à l'encontre de la loi qui régit Parcs Canada ainsi que des politiques précisant que la préservation ou le rétablissement de l'intégrité écologique par la protection des ressources naturelles et des processus écologiques sont la priorité du ministre pour tous les aspects de la gestion des parcs.
Qui plus est, selon un examen juridique réalisé récemment par Ecojustice, ce libellé offre une protection considérablement inférieure à celle de la Loi sur les parcs provinciaux et les réserves de conservation de l'Ontario. En conséquence, le projet de loi est une atteinte flagrante au protocole d'entente conclu entre Parcs Canada et le gouvernement de l'Ontario, aux termes duquel les politiques régissant le parc urbain national de la Rouge doivent satisfaire aux politiques provinciales ou les surpasser.
Voilà pourquoi le gouvernement de l'Ontario a décidé de geler la cession de terrains à Parcs Canada jusqu'à ce que le gouvernement fédéral s'engage concrètement et, c'est plutôt paradoxal, respecte ses propres priorités et engagements législatifs.
Il faut amender le projet de loi pour le rendre conforme à la Loi sur les parcs nationaux du Canada et faire en sorte qu'il respecte les engagements pris à l'égard du gouvernement de l'Ontario, afin que nous puissions aller de l'avant avec cette belle occasion de créer le premier grand parc urbain national le long du bassin hydrographique de la rivière Rouge.
Permettez-moi de conclure en disant que, en ce qui concerne les nombreuses personnes qui se penchent sur cette question et y mettent leur énergie, nous ne comprenons pas encore très bien en quoi consiste l'intégrité écologique urbaine. J'aborde toutefois cette question avec le même optimisme et la même ambition que je manifeste à l'égard de cette mesure législative. Le terme « urbain » et le concept d'intégrité écologique ne devraient pas être incompatibles. En effet, eu égard à la vitesse fulgurante à laquelle tous les pays du monde s'urbanisent, nous devons donner un sens à la notion d'« intégrité écologique urbaine ». Un premier parc urbain national est le premier pas dans cette direction.
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Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec le député de .
La notion d'intégrité écologique est peut-être mal connue de certains députés d'en face. Le gouvernement semble décidément faire fi de cette notion si on regarde comment il traite, depuis son arrivée au pouvoir, les enjeux liés à la protection et à la mise en valeur de l'environnement.
Le député de , qui vient de poser une question, était ministre de l'Environnement quand a été adopté l'un des projets de loi les plus néfastes pour l'environnement. Cette mesure, le projet de loi d'exécution du budget de 2012, a éliminé la protection environnementale qu'offrait auparavant la Loi sur les évaluations environnementales, et l'a remplacée par une loi qui ne fait pratiquement rien pour protéger l'environnement.
Dans un autre projet de loi d'exécution du budget, ce même gouvernement a éliminé la protection dont bénéficiaient les réseaux hydrographiques et les cours d'eau, donc les rivières, les lacs et les ruisseaux qui parsèment tout le pays. Le nombre de cours d'eau protégés est passé de 250 000 à moins de 100. Bref, on ne peut pas dire que les députés d'en face attachent beaucoup d'importance à l'intégrité écologique.
Quoi qu'il en soit, nous appuyons et sommes prêts à défendre ardemment la création d'une réserve écologique au coeur d'une zone urbaine, particulièrement à Toronto, où j'habite. Nous espérons que cette innovation ouvrira la voie à la création d'autres réserves écologiques dans les zones urbaines du Canada. Après tout, comme l'a souligné le député de , au cours des 40 prochaines années, la croissance de la population sera concentrée dans les villes.
Nous devons prendre des décisions judicieuses. Nous devons concevoir les réseaux de parcs de façon à ce qu'ils protègent l'intégrité écologique. La population croissante des grandes métropoles doit avoir accès aux parcs, mais sans causer leur dégradation. Les réseaux prévus devront aussi s'adapter aux changements climatiques auxquels nous serons confrontés.
Il fut un temps où certains députés d'en face aimaient parler d'adaptation aux changements climatiques. C'était l'expression préférée du député de , en fait. Il répétait que l'objectif n'était pas de se protéger contre les changements climatiques, mais de s'y adapter. Cette idée ne semble plus figurer au programme depuis que quelqu'un s'est rendu compte du coût associé à la protection contre les changements climatiques, mais nous devons tout de même agir.
L’une des façons de procéder consiste à protéger l’intégrité des cours d’eau qui traversent nos zones urbaines, dont la rivière Rouge. La Rouge, dont la source est située dans la moraine d’Oak Ridges, au nord de Toronto, prend l’eau douce de cet immense bassin versant et l’amène jusqu’au lac Ontario. C’est ce qui la protège.
Si on protège les affluents de la Rouge ainsi que les terres qui la bordent, on se trouvera du coup à protéger l’intégrité du lac Ontario. Plusieurs millions de Canadiens tirent leur eau potable du lac Ontario. En fait, comme il aboutit au bout du compte dans le Saint-Laurent, sur lequel est situé l’île de Montréal, on peut dire que de très nombreux autres Canadiens en tirent eux aussi leur eau potable. Nous devrions donc porter une attention toute particulière à la protection de l’intégrité de ce système hydrographique. Or, ce n’est pas en éliminant des protections que nous allons y parvenir, même si c’est exactement ce qu’a fait le gouvernement jusqu'à présent.
À l’heure actuelle, la Loi canadienne sur l’évaluation environnementale ne protège plus l’environnement. En fait, il en est ainsi depuis 2012, c’est-à-dire depuis plus de deux ans. L’annexe 2 n’a pas encore été publiée. Nous ne savons toujours pas quelle sera l’incidence des évaluations environnementales sur la santé humaine. Un certain nombre d’éléments censés être protégés par les évaluations environnementales n’ont pas encore été définis, puisque le gouvernement n’a pas encore publié de règlement.
C’est précisément ce genre de laisser-aller que les députés de ce côté-ci de la Chambre veulent corriger. En appuyant le projet de loi , nous espérons notamment profiter de l’étude qu’en fera le comité de l’environnement au cours des prochaines semaines et des prochains mois pour porter ces lacunes à l’attention de ceux qui l’ont rédigé. Peut-être pourrons-nous y apporter les modifications nécessaires pour le rendre plus rigoureux et pour qu’il constitue un précédent enviable pour les autres villes du pays.
Ce projet de loi doit nous permettre de concrétiser un projet qui est dans l'air depuis longtemps pour le parc de la Rouge. Il nous faut renforcer et mettre en oeuvre la politique de protection environnementale qui est en vigueur, et cela comprend la protection du cours d'eau. Certains se demandent peut-être ce que cela change de nos jours de retirer un cours d'eau de la Loi sur la protection des eaux navigables. Étonnamment, lors d'une réunion entre l'Office de protection de la nature de Toronto et de la région et Enbridge concernant la canalisation no 9, qui traverse le parc et la rivière Rouge, l'office de protection a été informé que le fait de retirer le cours d'eau de la Loi sur la protection des eaux navigables signifiait qu'il n'était plus nécessaire d'installer des robinets d'arrêt là où l'oléoduc traverse la rivière. Voilà l'une des conséquences du retrait de la protection.
S'agit-il d'un geste délibéré de la part du gouvernement? J'espère que non, mais il s'agit d'une conséquence de ce geste, et nous ne pouvons pas nous croiser les bras et ne rien faire. Supposons que nous créons ce parc magnifique et qu'il y a rupture de la canalisation no 9 au-dessus de la rivière. Quel désastre. Quel effet dévastateur sur la rivière Rouge.
En outre, la notion d'étude, dont il est question dans le projet de loi, est l'un des éléments qui nous préoccupent énormément, nous ainsi que la province de l'Ontario. Le libellé cadre avec l'approche généralement adoptée par le gouvernement en matière d'environnement, c'est-à-dire que « nous allons y réfléchir, mais nous ne serons pas tenus de respecter quoi que ce soit et nous ne garantissons pas que nous allons faire quoi que ce soit ». C'est l'une des raisons pour lesquelles la province de l'Ontario a retiré son appui au moment de transférer les terres au gouvernement. L'Ontario craint que le terme « étudier » signifie que les ressources écologiques du parc pourront être compromises d'une façon qu'elle n'aurait pas permise.
J'estime que la province de l'Ontario a peut-être raison. Nous ne sommes pas toujours d'accord avec ce qu'elle fait, mais je crois qu'elle a raison dans cette situation. Nous devons corriger le projet de loi pour protéger et préserver l'intégrité du parc et de l'ensemble du réseau.
Par ailleurs, le projet de loi offre à ses rédacteurs et au gouvernement l'occasion d'appliquer les protections qui y sont proposées à un territoire bien plus grand que celui qu'il prévoit, en incluant les biens-fonds de Pickering, soit les terres situées au nord du parc. Nous ne devrions pas rater cette occasion de mieux protéger la moraine d'Oak Ridges en la reliant au parc. Cette jonction est impossible à tout autre endroit, étant donné le développement important que connaît la ville de Stoufville en ce moment. Il serait donc judicieux de relier la moraine d'Oak Ridges au parc de la Rouge par les biens-fonds de Pickering.
Et pour finir, je veux aborder une question dont le député de a parlé et qui porte sur les risques d'inondations, de ravages liés aux changements climatiques et d'autres formes de catastrophes naturelles dans certains secteurs de la ville de Toronto. Dans ma circonscription, nous avons découvert que les mesures prises par l’Office de la protection de la nature de Toronto et de la région étaient insuffisantes pour empêcher les ravages causés par les inondations qui ont suivi la tempête du 8 juillet, dont les précipitations ont été plus abondantes que celles de l'ouragan Hazel, qui a pourtant duré plus longtemps. Cette inondation a été directement causée par les profondes transformations que connaissent les systèmes climatiques, auxquels nous ne sommes pas préparés, ni les villes.
La création de ce parc offre au gouvernement fédéral, à la province et à la ville de Toronto la possibilité d'étudier des manières de prévenir le genre de catastrophe qui s'est produite le 8 juillet 2013 et de gérer le débit d'eau de façon à ne pas endommager les habitations humaines des alentours. L'alternative consiste à bâtir toute une infrastructure et des égouts géants au coût de centaines de milliards de dollars pour rediriger les eaux, ce que la ville n'a pas les moyens de faire, à moins de se tourner vers le gouvernement fédéral, qui a déjà déclaré qu'il ne pouvait se permettre de dépasser certaines limites.
Pour conclure, je dirai que nous comprenons l'intention du projet de loi, mais que nous souhaitons le voir renvoyé au comité pour qu'il soit modifié substantiellement, de façon à donner aux terres la protection qu'elles méritent.
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Monsieur le Président, c'est un honneur pour moi de prendre la parole au nom de mes concitoyens de Davenport, circonscription qui se trouve dans la belle ville de Toronto, pour débattre du projet de loi visant l'instauration d'un parc urbain à Toronto. Le parc se trouverait en fait à Scarborough, qui occupe une place bien spéciale dans mon coeur puisque c'est là que j'ai grandi.
Il est important de souligner que des gens qui ont grandi et qui habitent à Toronto et dans les environs n'ont pas accès aux beautés naturelles de la ville reine, et ce, pour bien des raisons. J'insiste sur ce point parce qu'il est important d'avoir des espaces verts dans les centres urbains, mais encore faut-il y avoir accès.
J'ai notamment parlé à des aînés de ma région qui ont immigré au Canada et qui ont travaillé très dur toute leur vie sans jamais avoir l'occasion de profiter du lac. En fait, ils ne savaient même pas que Toronto se trouvait sur la rive d'un lac. Ils n'ont pas non plus eu l'occasion de découvrir les espaces verts.
Scarborough a acquis la réputation d'être un monstre de béton, ce que j'estime être injuste, et ce, même si j'ai grandi dans le secteur des artères Markham et Lawrence. En fait, on y trouve certains des plus magnifiques paysages du Sud de l'Ontario. Je vous invite à y aller n'importe quand, monsieur le Président.
L'accès pose problème. La ville de Toronto a tellement à offrir, mais l'écart entre les gens qui ont accès à ces merveilles et ceux qui n'y ont pas accès s'élargit. Cet écart est principalement attribuable au contexte économique et à l'inégalité des revenus entre les riches et les pauvres.
Certains jeunes des quartiers du Nord de la ville n'ont jamais mis les pieds au centre-ville et n'ont jamais visité l'hôtel de ville, quoique je ne sais pas si les gens voudraient vraiment visiter l'hôtel de ville à l'heure actuelle. Ces jeunes n'ont jamais fréquenté les musées du centre-ville de Toronto. Ils ne se sont jamais baignés dans le lac, alors qu'il est juste là, à côté de la voie rapide Gardiner.
La création d'un parc national urbain dans l'Est de la ville est un projet très important, mais il faut bien faire les choses. Le NPD se demande justement si on s'y prend de la bonne façon.
[Français]
Les néo-démocrates sont fermement en faveur de la protection de l'intégrité écologique du Canada avec la création de nouveaux parcs nationaux. Cependant, ces parcs doivent être des aires protégées par des lois environnementales solides, et leur plan de gestion doit être fondé sur des faits scientifiques. Le parc de la Rouge ne fait pas exception.
[Traduction]
Ainsi, notre appui est conditionnel. Nous appuyons le renvoi du projet de loi au comité pour qu'il y soit renforcé. La raison, c'est en partie parce que nous ne faisons pas confiance au gouvernement conservateur en ce qui a trait à la protection de l'environnement, lui qui, à maintes reprises par le passé, a fait tout en son pouvoir — et à l'heure actuelle ce pouvoir est malheureusement considérable — afin de réduire, dénigrer et démolir les mesures de protection environnementale partout au pays. Cela nous préoccupe énormément.
Le fait que le gouvernement présente un projet de loi beaucoup plus faible que ce qu'il avait promis préoccupe aussi grandement les néo-démocrates.
Les Canadiens reconnaissent l'importance d'avoir au Canada des organismes de surveillance et de protection de l'environnement bien financés ainsi que des parcs bien financés.
Les néo-démocrates ont de nombreuses préoccupations à l'égard du présent projet de loi auxquelles nous espérons remédier au comité.
[Français]
Nous croyons que la Loi sur les parcs nationaux et le plan de gestion devraient adopter la vision, le but et les objectifs du parc de la Rouge, qui sont établis de longue date: renforcer et mettre en oeuvre le cadre actuel des politiques de protection de l'environnement; protéger les terres saines et viables d'une superficie de 100 km2 pour ce parc; restaurer un système durable et intégré au patrimoine naturel; consacrer une plus grande partie du parc à la nature et au plaisir des visiteurs plutôt qu'à la location des terres à des particuliers; transformer les exploitations agricoles en petites fermes qui produiraient localement des aliments sains; donner nettement la priorité à la santé écologique et à la conservation de la forêt carolingienne et de la plaine à forêts mixtes; veiller à ce que toutes les activités qui pourraient nuire au parc urbain national de la Rouge fassent l'objet d'évaluations environnementales rigoureuses; finalement, établir le plan de gestion en fonction de faits scientifiques.
[Traduction]
Autrement dit, nous avons une longue liste d'éléments à soulever. Le partenaire à qui appartient la plus importante parcelle de terrain sur le territoire ciblé pour la création du parc n'approuve pas la direction que prend le gouvernement en ce moment, ce qui jette un doute sérieux sur le leadership du gouvernement et le sérieux avec lequel il considère ses actions à cet égard.
Il incombe au gouvernement de collaborer avec toutes les parties intéressées de manière à ce que le parc puisse voir le jour conformément à la vision initiale. Il importe également de tenir compte de la valeur naturelle et de nous concerter pour trouver un moyen de concrétiser ce projet en étant fidèles au plan initial.
De ce côté-ci de la Chambre, nous sommes impatients de collaborer avec nos collègues parlementaires pour que ce parc puisse enfin voir le jour en étant doté des meilleures protections environnementales et écologiques voulues.
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Monsieur le Président, je prends la parole à la Chambre aujourd'hui pour participer au débat sur le projet de loi .
Cette mesure législative créerait le premier parc urbain national au Canada, ce qui constitue un pas dans la bonne direction en ce qui concerne le réseau des parcs nationaux. Avoir accès à une zone faunique à l'état naturel si près d'où habite 20 % de la population canadienne sera un atout précieux pour l'ensemble du Canada.
Bien que le parc urbain national de la Rouge ne soit pas situé dans ma circonscription, Scarborough--Agincourt, j'ai grandi à quelques kilomètres de là et je peux affirmer que les terres de la rivière Rouge sont véritablement un trésor national. Je me rappelle mon premier camp de jour près du zoo de Toronto, lorsque j'avais 8 ou 9 ans. C'était en quelque sorte la première fois que j'étais exposé aux splendeurs du bassin de la vallée de la rivière Rouge. Comme j'étais issu d'une famille d'immigrants aux moyens modestes, on pourrait dire que c'était la première fois que j'étais exposé aux grands espaces.
Au cours des dernières années, j'ai eu le plaisir de revoir la vallée de la rivière Rouge dans le cadre de mes activités en tant que chef d'une meute de louveteaux et chef scout. J'ai participé à des programmes comme celui des 10 000 arbres pour la vallée de la Rouge et j'ai aidé à planter des arbres dans le parc de la Rouge, contribuant ainsi à accroître l'incroyable biodiversité du parc.
Ma famille a beaucoup profité du terrain de camping Glen Rouge, qui est dirigé par l'Office de protection de la nature de Toronto et de la région.
C'est un endroit fabuleux. Nous avons entendu des députés de tous les partis parler des occasions inouïes que la création de ce parc urbain national offrirait à de nombreux habitants de la grande région du Golden Horseshoe. C'est l'une des dernières régions sauvages encore vierges, et on y trouve certaines des plus belles terres agricoles du pays. Ma famille a aussi eu le privilège de visiter, à quelques reprises, la ferme Whittamore. Cela lui a permis de découvrir la culture agricole, surtout à l'approche de la récolte automnale.
J'aimerais me joindre à mes collègues des deux côtés de la Chambre pour dire à quel point je suis enthousiasmé par toutes les possibilités que la création de ce parc urbain national offrirait à notre communauté et à l'ensemble des Torontois.
Je suis aussi particulièrement heureux que le gouvernement s'inspire du travail remarquable effectué par le gouvernement provincial dans le cadre de l'établissement de la ceinture de verdure en 2005. Cette ceinture est l'un des plus grand espaces verts au monde et l'un des mieux préservés. Elle montre ce que les espaces verts urbains peuvent offrir à grande échelle. Je travaillais à l'Assemblée législative de l'Ontario à l'époque, et j'ai eu le privilège d'assister à ce moment historique.
Malheureusement, à cette époque, les conservateurs ontariens voulaient laisser se poursuivre l'exploitation de cette précieuse parcelle de terre, comme nous le diront peut-être certains députés. Il est donc encourageant de voir le gouvernement appuyer aujourd'hui cette initiative à la Chambre et reconnaître qu'il est temps de créer un parc urbain national. Je tiens à saluer l'incroyable travail effectué par tous les partis à la Chambre, ainsi que par de nombreux intervenants, au cours des 20 dernières années. C'est ce travail qui nous a mené où nous sommes aujourd'hui.
Le parc national de la Rouge établirait des liens importants avec, par exemple, la moraine d'Oak Ridges, qui s'étend presque jusqu'à la rive du lac Ontario. Plus tôt, le député de a souligné l'importance d'établir des liens entre ces divers espaces importants.
Nous sommes en faveur du projet de loi, et il semble fort probable que tous les partis l'appuient à l'étape de la deuxième lecture. Cependant, comme beaucoup d'initiatives gouvernementales, ce projet-ci de création d'un nouveau parc national urbain laisse à désirer dans certains domaines clés, du moins de notre point de vue.
Le parc sera établi sur des terres qui appartiennent actuellement au gouvernement de l'Ontario. En fait, environ deux tiers de la superficie totale du parc sera composée de terres appartenant actuellement au gouvernement de l'Ontario, mais seulement si elles sont transférées au gouvernement fédéral. Cependant, les pourparlers intergouvernementaux durent maintenant depuis des années, et bien qu'il aurait dû s'agir d'un brillant exemple de coopération intergouvernementale, on dirait que les tensions persistent entre les deux ordres de gouvernement.
Par exemple, l'annonce positive que le gouvernement était censé faire l'été dernier au moment de la signature du mémorandum d'accord visant la création du parc national s'est transformée en cauchemar sur le plan des relations publiques.
Je ne cherche pas nécessairement à minimiser les efforts inlassables des nombreuses personnes qui sont les moteurs de la création du parc ou à critiquer les consultations de longue haleine qui ont eu lieu, mais si le gouvernement était vraiment déterminé à créer un parc urbain national de première classe, il faut se demander pourquoi tant de groupes environnementaux félicitent les récentes décisions du gouvernement de l'Ontario.
Certains députés prétendent que le gouvernement de l'Ontario fait de la petite politique avec l'établissement du parc national de la Rouge, mais je ne suis pas convaincu que c'est lui qui fait de la petite politique. En effet, c'est le gouvernement du Canada qui a pris le gouvernement provincial de court en annonçant, l'année dernière, le développement continu de l'aéroport de Pickering à l'occasion de la même conférence de presse sans que le gouvernement de l'Ontario ait été informé de la situation.
Soyons honnêtes: ce n'est pas comme si le gouvernement a la réputation d'agir de bonne foi dans le dossier de l'environnement. Il suffit de lire, par exemple, le rapport publié hier par la commissaire à l'environnement, qui en vient à la conclusion accablante que nous n'atteindrons pas nos objectifs de Copenhague pour 2020 relatifs aux émissions de gaz à effet de serre.
Il s'agit du même gouvernement qui a réduit substantiellement le personnel de Parcs Canada, bien qu'il ait prévu, comme je le soulignerai, un financement de plus de 140 millions de dollars pour la création de ce parc urbain national.
Il n'est pas étonnant que le gouvernement de l'Ontario et certains groupes environnementaux de premier plan ne se fient pas au gouvernement quand il est question de protéger l'environnement.
Le gouvernement ontarien, qui gère depuis dix ans la ceinture de verdure, dont le parc de la Rouge ferait partie intégrante, a demandé au gouvernement fédéral de garantir à ces terres une protection continue et digne d'un parc national.
Malheureusement, c'est là où le projet de loi trahit les habitants de Scarborough, les Torontois et, à vrai dire, tous les Canadiens. Selon nous, il lui manque des détails essentiels. Par exemple, il ne précise pas comment les espèces en péril seront protégées, comment les lieux patrimoniaux seront traités, ni comment on établira les zones destinées à des usages différents, comme l'agriculture, la randonnée et la conservation d'habitats naturels.
Je me range aux côtés du gouvernement provincial, qui demande au gouvernement d'honorer le protocole d'entente signé avec l'Ontario, parce qu'il est important que, ultimement, le premier parc urbain national soit établi correctement.
Bien que les libéraux appuieront le projet de loi à l'étape de la deuxième lecture, nous pressons néanmoins les députés ministériels de soutenir, en comité surtout, les efforts déployés par les députés de l'opposition. Je fais référence à la députée d' et au député de , le porte-parole libéral en matière d'environnement, qui tenteront de collaborer avec les députés du gouvernement pour corriger et renforcer le projet de loi avant son renvoi à la Chambre à l'étape de la troisième lecture.
Le Parti libéral est favorable à la création de ce parc et, plus particulièrement, à l'élargissement considérable du réseau de parcs dont profitent déjà les gens de cette région, mais il est essentiel de bien faire les choses du premier coup. Je demande au gouvernement de continuer de collaborer avec l'Ontario et les principaux intervenants afin d'élaborer le meilleur projet de loi possible. Je demande aux conservateurs de respecter l'entente qu'ils ont signée et de tenir compte des demandes des principaux groupes de défense de l'environnement. Je leur demande aussi d'être tout simplement ouverts aux amendements pour qu'on puisse élaborer un projet de loi qui laissera un patrimoine durable aux prochaines générations.
La création d'un parc national dans un grand centre urbain comme Toronto pourrait enflammer l'imagination des Canadiens, les réjouir et leur faire mieux comprendre l'importance du plein air, comme on me l'a fait comprendre lorsque j'étais enfant. On ne peut réussir, par contre, que si on fait bien les choses, c'est-à-dire en apportant les changements nécessaires au projet de loi.
En terminant, je demande aux députés d'en face de collaborer avec tous les partis pour que nous puissions corriger le projet de loi.
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Si je ne m'abuse, monsieur le Président, je suis l'unique députée à avoir deux fois le mot parc dans le nom de ma circonscription, alors je suis très heureuse d'intervenir à propos d'un parc.
Plus précisément, nous débattons aujourd'hui du projet de loi . Je représente une circonscription du centre-ville de Toronto, un secteur urbain qui se densifie. Les immeubles en copropriété et les tours d'habitation se multiplient. Les diverses classes économiques se stratifient de plus en plus. Certains Torontois prospèrent et d'autres maintiennent leur stabilité financière, mais certains ont de plus en plus de mal à joindre les deux bouts. Selon David Hulchanski, un professeur de l'Université de Toronto de ma circonscription, c'est comme si trois villes, trois populations distinctes, n'en faisaient qu'une. C'est d'ailleurs ce que je constate dans ma circonscription.
Dans notre collectivité, il y a des gens très à l'aise, des professionnels, des gens qui achètent des maisons qui ne valent pas un million, mais plusieurs millions, de dollars. Ils ont l'embarras du choix quand ils veulent voyager ou se divertir. Ils peuvent choisir d'adhérer à un club privé dans la ville. Il y a une association de plaisanciers dans ma circonscription. Ils peuvent passer leurs vacances dans le Nord de l'Ontario ou ailleurs dans le monde. Puis, je vois dans ma collectivité un nombre croissant de personnes qui ne peuvent aller nulle part. Elles restent en ville. Elles n'ont jamais mis les pieds à Muskoka ou fait de promenades en bateau. Leurs choix sont plutôt limités.
Dans notre circonscription, Parkdale—High Park, nous avons High Park, qui est, encore aujourd'hui, le plus grand parc de la ville. Grâce à l'intervention visionnaire de John et Jemima Howard, il y a de nombreuses années, ce parc a été légué à la ville à la condition qu'il reste gratuit et ouvert à tous. En été, les familles, non seulement du quartier, mais de toute la ville, viennent au parc. Elles y piquent-niquent, y pratiquent des sports et s'adonnent à diverses activités. C'est vraiment beau à voir. Pour tout dire, des gens du monde entier viennent admirer les cerisiers en fleur en saison, gracieuseté du gouvernement japonais. C'est un pur plaisir.
Mes enfants y ont joué au soccer. Il y a une patinoire et de nombreuses activités, mais c'est aussi un espace où on a fait beaucoup d'efforts pour protéger l'environnement naturel. On y trouve de vieux chênes, uniques dans la région, et de grands efforts sont déployés pour protéger et préserver le milieu naturel de ce parc. C'est un grand trésor dont nous sommes tous très fiers.
Nous sommes emballés à l'idée de créer le premier parc national en milieu urbain. À mon avis, les collectivités doivent elles aussi avoir la possibilité de participer, de pouvoir prendre part à une vaste gamme d'activités ou d'avoir accès à la nature de cette façon, car en toute franchise, bien des gens qui ont grandi au centre-ville de Toronto, dans des tours d'habitation, qu'il s'agisse de copropriétés ou de logements locatifs, n'auraient pas accès à tout cela autrement.
En fait, c'est un véritable trésor, qui pourra être transmis de génération en génération afin que les gens puissent continuer d'en profiter à l'avenir. Nous devons bien faire les choses. Il faut étudier cette mesure législative comme il se doit. Nous nous réjouissons à l'idée que ce parc puisse être créé. Les néo-démocrates appuieront la mesure législative. Cela dit, j'aimerais exprimer certaines préoccupations légitimes à propos de la création du parc.
S'il y a une chose que j'ai bien comprise à la suite de la création de High Park et grâce à l'héritage laissé par John et Jemima Howard, c'est qu'ils ont vu juste lorsqu'ils ont légué ce parc à la ville. lls ont très bien fait les choses. Je ne peux pas imaginer ce que ces terres du centre-ville de Toronto vaudraient aujourd'hui si on décidait de les vendre à des fins d'aménagement; on parle ici de nombreuses acres situées au bord de l'eau, dans le centre de la ville. Cela dit, ce parc a été protégé pour les générations actuelles et futures.
Il est très important de savoir comment le nouveau parc de la Rouge sera structuré. On trouve plus de 1 000 espèces végétales et animales dans la vallée de la Rouge, y compris certaines espèces en péril. Ce parc abrite une forêt carolinienne et une forêt mixte. Ce sont des zones forestières très rares. Il va sans dire qu'il est important de protéger ce secteur.
Le gouvernement conservateur a déclaré son intention de créer ce parc national dans son premier discours du Trône, et nous l'en félicitons. Il s'agirait du premier parc urbain national au pays et ce serait l'un des plus grands du genre de tout le continent nord-américain. Le financement de ce projet a été prévu dans le Plan d'action économique de 2012. Le budget de 2012 faisait état d'une somme de 143 millions de dollars sur 10 ans pour l'aménagement du parc et les opérations provisoires, puis d'une somme de 7,6 millions de dollars par année pour le budget de fonctionnement.
Le problème principal est le cadre de la création de ce parc et la protection de l'environnement dans son enceinte. À l'heure actuelle, le parc est protégé par toute une gamme de plans d'action conçus pour cette région. La collectivité est emballée par la création de ce parc. Il y a eu des plans de gestion, des plans de ceinture verte, des plans pour le bassin hydrographique, des plans d'action de conservation du patrimoine, bref, toute une série de plans dans lesquels la collectivité a énormément investi en termes de consultation, d'expertise et d'espoir afin de bien faire les choses pour l'avenir.
Malheureusement, le projet de loi n'englobe pas les assises solides d'une politique de conservation qui sont prévues dans les plans que je viens de mentionner, ainsi que dans les lois qui ont déjà été adoptées. Nous craignons que le projet de loi, s'il est adopté dans sa forme actuelle, nuise à l'intégrité écologique et à la santé de la vallée de la Rouge.
Je le répète, si nous ne prenons pas les bonnes décisions au départ et si nous n'établissons pas un cadre adéquat, les conséquences se feront sentir pendant des générations.
Nous voulons que le parc urbain national de la Rouge fasse l'objet des mêmes mesures de protection que les autres parcs nationaux. Ce serait tout à fait logique. Les organisations écologistes, les groupes locaux et la population locale appuient largement cette idée. Bien que le projet de loi nous apparaisse comme un pas dans la bonne direction, nous craignons que, dans sa version actuelle, il nuise à l'intégrité écologique future du territoire visé.
Les néo-démocrates pensent que le projet de loi et le plan de gestion devraient être conformes à la vision du parc de la Rouge qui existe depuis longtemps, y compris aux buts et objectifs liés à cette vision. Nous pensons que le projet de loi devrait consolider et mettre en oeuvre le cadre stratégique existant de protection de l'environnement. Nous pensons aussi qu'une plus grande partie du parc devrait être accessible au public pour lui permettre de jouir de la nature. Nous devrions établir comme prioritaires le maintien de la vigueur écologique et la conservation de la forêt carolinienne et des plaines à forêts mixtes.
D'autres députés ont également soulevé des points importants. Je tiens à féliciter le gouvernement d'avoir présenté ce projet de loi. J'ai parlé de High Park, dans ma circonscription, qui a également comme caractéristique d'être limitée à l'ouest par la rivière Humber. Cette rivière est la seule rivière du patrimoine canadien qui coule en milieu urbain. C'est la seule rivière du patrimoine que l'on peut atteindre en métro. C'est un merveilleux endroit historique en pleine ville.
Les gens se sont beaucoup inquiétés lorsque l'un des projets de loi omnibus des conservateurs a éliminé les mesures de protection de cette rivière, à l'exception de son embouchure. Par conséquent, je remercie mon collègue d' d'avoir présenté un projet de loi qui rétablit la protection de la rivière Humber, car elle a une importance patrimoniale et environnementale énorme pour notre circonscription et aussi, selon nous, pour l'ensemble du pays, puisqu'elle fait partie du patrimoine canadien.
Pour terminer, je voudrais exhorter mes collègues à bien étudier le texte du projet de loi. Nous en saluons le principe, je le répète, mais, en ce qui concerne les détails et les mesures précises qu'il prévoit, il aurait besoin de certaines améliorations. Nous espérons que tous les partis pourront collaborer aux Communes pour que ces améliorations soient apportées.
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Monsieur le Président, j'aimerais parler de la chronologie du projet de loi et de certaines questions clés.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, je veux prendre quelques instants pour remercier mes collègues, la députée de et le député de . Ils m'ont été d'un très grand secours. Ce fut un plaisir de travailler en étroite collaboration avec ces deux députés néo-démocrates qui représentent la région où se trouve le parc. C'était formidable de pouvoir compter sur leurs conseils et de savoir ce qui se passe sur le terrain.
Je veux également prendre quelques instants pour remercier les organisations environnementales et locales qui nous ont aidés à analyser le projet de loi, notamment la Fondation Suzuki, la Société pour la nature et les parcs du Canada et les Amis du bassin de la rivière Rouge. Lorsque nous sommes ici, sur la Colline, nous essayons d'analyser les mesures législatives qui nous sont présentées, mais il est difficile de savoir exactement quelles répercussions elles auront sur les collectivités locales. Ces organisations nous ont fourni une aide précieuse.
Le comité de l'environnement a mené une étude sur la conservation urbaine. Le NPD a réussi à réserver deux jours pour l'examen du parc de la Rouge. Je pense que c'était l'année dernière. C'était très utile. Les fonctionnaires de Parcs Canada nous ont présenté une mise à jour et nous avons entendu des témoins. Nous avons entendu parler de la vaste consultation, qui a duré 25 ans, et du travail concernant ce parc. Nous avons entendu parler de l'excellent travail accompli par le personnel de Parcs Canada pour essayer de faire participer tout le monde à l'élaboration d'un projet de loi qui créerait un parc. C'est très difficile.
C'est un parc urbain national. Même le concept est un défi, car il y a des fermes dans le parc et une autoroute le traverse. Ce serait un cadeau incroyable d'avoir un parc auquel nous pourrions accéder en métro, mais ce genre de cadeau va de pair avec de grands défis.
Souvent, lorsque les projets de loi sont présentés à la Chambre, le gouvernement fait un exposé. D'ordinaire, c'est le ministre qui prend la parole au sujet du projet de loi. Ensuite, les porte-parole des partis de l'opposition présentent la position de leur parti, ce qui nous permet de savoir où nous nous en allons.
J'interviens à la fin du débat. Je le suis depuis le début, même si j'ai dû m'absenter brièvement pour participer à des travaux de comité. Le débat est fort intéressant. Je sais que c'est quelque chose que disent souvent les politiciens, mais c'est vrai, le débat s'est avéré fort intéressant. Il y a eu un véritable débat à la Chambre.
Vers la fin du débat, je me suis retourné vers mon collègue qui est assis derrière moi, le député de , et je lui ai dit: « Tu entends ça? Il y a un véritable échange d'idées. Tout le monde y met du sien. » Tous les députés qui ont pris la parole, qu'ils soient conservateurs, libéraux ou néo-démocrates, m'ont appris quelque chose. Qu'est-ce qui explique cela? Eh bien, les députés qui interviennent sont directement concernés par le parc. Ce sont des députés de la région, en grande partie. Ce sont des députés qui s'y connaissent en la matière. Ce sont des députés qui travaillent sur le dossier et qui s'intéressent à la création du parc depuis des années.
Au cours de ce débat honnête qui a lieu à la Chambre, je dirais que la plupart des députés ont préféré s'attaquer aux vraies questions plutôt que de lire des notes d'allocution préparées d'avance. C'est vraiment rafraîchissant.
Je pense que tous les députés qui ont pris la parole tiennent vraiment à adopter la meilleure loi possible, mais ils veulent aussi que le parc soit créé. C'est leur priorité.
Pour ma part, j'appuierai le projet de loi, et je sais que mon caucus est en faveur de la recommandation. Comme le savent les députés, les porte-parole émettent leur recommandation sur diverses mesures législatives. Nous pensons tous que la création du parc est un bon projet. De façon générale, nous appuyons fermement l'idée de protéger des terres en créant des parcs nationaux, à condition que ces parcs nationaux reposent sur une loi environnementale rigoureuse.
Nous appuyons le projet de loi visant la création du parc de la Rouge, le premier parc urbain national du Canada. C'est une première.
J'aimerais également préciser que je compte faire preuve d'ouverture d'esprit en renonçant moi aussi à mes notes d'allocution afin de pouvoir mettre de l'avant des idées et faire des propositions, parce que je trouve que certaines dispositions du projet de loi sont problématiques, et je ne suis pas la seule à être de cet avis. Je pense qu'il y a moyen de rectifier les problèmes, cependant, et je pense que les parlementaires sont capables de trouver des solutions ensemble, de concert avec les Canadiens, et ainsi renforcer davantage le projet de loi.
Il s'est produit bien des choses depuis la présentation de ce projet de loi, en juin dernier. Franchement, je pense que le gouvernement s'est adonné à des jeux politiques. À mon avis, le projet de loi a été présenté à la hâte à la Chambre des communes. Je pense que le gouvernement n'a pas hésité à brandir ce projet de loi en raison des élections partielles qui se sont tenues dans la région de Scarborough. C'est ce que je présume. Quoi qu'il en soit, je pense que cette mesure législative a été présentée de façon très précipitée. Les jeux politiques se poursuivent quand on voit ce que fait le gouvernement de l'Ontario et ce qu'il dit dans les médias.
Ce parc aura une superficie de 58 kilomètres carrés. Le gouvernement de l'Ontario possède les deux tiers de ce territoire, le gouvernement fédéral, environ le tiers, tandis que certaines parcelles appartiennent aux villes de Markham et de Toronto. Afin de créer ce parc, il faudra transférer des terrains. Quelque 5 400 acres devaient être transférés du gouvernement de l'Ontario au gouvernement fédéral. C'était du moins l'hypothèse au mois de juin. Or, il semble que cette hypothèse ne tienne plus la route.
Au début du mois de septembre, nous avons appris que le gouvernement de l'Ontario hésitait maintenant à transférer les terres pour des raisons d'intégrité écologique. Je vais revenir à cette question dans quelques instants. Environ une semaine plus tard, la a déclaré que le gouvernement fédéral allait quand même créer ce parc. Je pense toutefois que le gouvernement va créer un parc en ignorant à quoi il ressemblera. Il n'a pas encore tous les terrains prévus. Je dois admettre qu'un petit parc, c'est mieux que rien, mais nous ne savons pas encore quel territoire il couvrira exactement.
Qu'en est-il de l'intégrité écologique? Il s'agit d'une question importante. Voici ce que prévoit la Loi sur les parcs nationaux: « La préservation ou le rétablissement de l’intégrité écologique par la protection des ressources naturelles et des processus écologiques sont la première priorité du ministre pour tous les aspects de la gestion des parcs. » La préservation ou le rétablissement de l'intégrité écologique sont la première priorité.
Le projet de loi dit que le ministre doit tenir compte de l'intégrité écologique du parc, ce qui fait problème à beaucoup de gens.
Les groupes communautaires ont déclaré que ce n'est pas acceptable, qu'il s'agit d'une norme inférieure en matière de protection environnementale. Je comprends leur point de vue et je suis du même avis qu'eux.
Plusieurs organismes, dont Environmental Defence et Ontario Nature, ont publié un excellent communiqué. Voici ce qu'on peut y lire:
Nous demandons au gouvernement fédéral de respecter les engagements qu'il a pris en signant le protocole d'entente. La version actuelle du projet de loi fédéral risquerait de compromettre 25 ans de consultations, de recherches scientifiques et de politiques provinciales qui ont fait de l'intégrité écologique l'objectif premier du parc et la principale priorité de son administration.
C'est ce que craignent ces organismes, et je partage leurs inquiétudes, mais je crois que nous pouvons régler le problème.
En suivant le débat, j'ai entendu mes collègues, et plus particulièrement le député de et le député d', dire qu'il s'agit d'un parc urbain et que c'est compliqué parce que, à l'intérieur du parc, il y a des fermes et une autoroute. Comment protéger l'intégrité écologique du parc alors qu'il est traversé par l'autoroute 401? J'en conclus plutôt que nous avons peut-être besoin d'une norme différente pour les parcs urbains. Pas d'une norme inférieure, mais d'une norme différente. Moi, j'y crois. C'est une voie qu'il vaudrait la peine d'explorer.
Mais le hic, actuellement, c'est que je ne fais pas confiance au gouvernement.
Une voix: Comment cela?
Mme Megan Leslie: Eh bien, monsieur le Président, je suis porte-parole en matière d'environnement.
Je ne crois pas le gouvernement lorsqu'il dit que ce n'est qu'une norme différente. Pour moi, le projet de loi ouvre une brèche et pourrait faire en sorte que d'autres mesures législatives sur les parcs instaurent une norme différente et, peut-être, inférieure en matière d'environnement. Il est donc difficile de faire confiance.
Cependant, je pense qu'il faut envisager l'intégrité écologique ou les parcs urbains sous un autre angle. Il faut en débattre. Il faut mener des consultations. Il faut faire venir des témoins au comité.
Comme je l'ai dit, je pense qu'il faut laisser les notes d'allocution de côté pour plutôt entamer un franc dialogue sur ce qu'il faut faire des parcs urbains. Je suis convaincue qu'il existe une solution. Je ne sais pas trop en quoi elle pourrait consister, mais nous pouvons la trouver ensemble.
J'ai souvent l'impression que les gens perçoivent l'environnement comme quelque chose de précieux et de vierge, à la fois pur et distinct de nous. Or, ce n'est pas le cas. L'environnement, c'est nous. L'environnement, c'est les gens. L'environnement, c'est les bâtiments, les routes et les fermes. Nous faisons partie de l'environnement.
Beaucoup de travail et de réflexions ont été consacrés à cerner l'environnement en tant que concept. Il ne tient qu'à nous d'y puiser afin de trouver une solution. J'ignore si cela passe par la modification de la Loi sur les parcs. Je sais que le gouvernement ne veut pas rouvrir la loi, mais peut-être faudra-t-il le faire malgré tout. Peut-être qu'il faudrait définir ce qu'est un parc urbain.
Nous devons unir nos forces. Je suis convaincue que nous pouvons le faire, tous partis confondus, main dans la main avec nos concitoyens.
Certaines personnes me trouveront naïve de croire que nous pourrions collaborer dans ce but. Je suis une éternelle optimiste, c'est vrai. Cependant, j'ai vu de mes yeux que c'est possible. Cela s'est déjà produit à la Chambre, même sous le gouvernement majoritaire actuel.
Ainsi, je suis très fière du travail que nous avons pu accomplir, tous ensemble, dans le dossier du Parc national de l'Île-de-Sable. Nous avons présenté le projet de loi, relevé certains problèmes et obtenu du gouvernement des assurances et des engagements, aussi bien en ce qui concerne le plan de gestion du parc que la production de rapports, qui ont permis de combler des lacunes et de calmer nos inquiétudes.
Conséquemment, le projet de loi a été adopté à la quasi-unanimité. Une seule personne ne l'a pas appuyé. Tout le monde a été gagnant. Nous avons tous eu le sentiment d'avoir fait du bon travail et d'avoir adopté une bonne mesure législative. J'espère que nous pourrons faire la même chose avec ce projet de loi-ci.
Je mets tous les députés au défi de formuler une définition d'« intégrité écologique » ou de trouver une autre norme à appliquer aux parcs urbains, quelque chose qui ferait l'unanimité. Je suis convaincue qu'aucun député et qu'aucun parti ne veut affaiblir les protections environnementales. Sur ce point, je crois le gouvernement sur parole.
Je pense que nous pouvons trouver une solution, puis, le cas échéant, l'appliquer au parc de la Gatineau, par exemple. Les députés se rappellent peut-être que le NPD a présenté plusieurs fois — trois, je pense — une mesure législative pour définir clairement les limites et la vocation du parc de la Gatineau. Il n'y a pour ce parc aucun plan ni aucune limite ou définition à proprement parler. Tout récemment, ma collègue, la députée de , a présenté une mesure législative, c'était le projet de loi . Nous pensons que c'est un autre parc urbain qui pourrait faire l'objet d'une solide mesure législative.
Malheureusement, le gouvernement a voté contre ce projet de loi...
C'est honteux.
C'est honteux, monsieur le Président. C'était une bonne mesure législative. Nous pourrions peut-être définir un peu mieux la voie à suivre en ce qui concerne les parcs urbains. Je ne m'attends pas à ce qu'il y en ait des milliers ou à une abondance de parcs urbains, mais c'est un réel problème et nous devons bien en saisir les enjeux.
Si nous pouvions définir les principes de la protection des parcs urbains, nous pourrions peut-être les appliquer au parc de la Gatineau et faire d'une pierre deux coups.
Je reviens brièvement à l'intégrité écologique, car des députés pensent peut-être que je cède trop de terrain ici et que, parce que c'est un parc urbain, nous nous passerions de mesures rigoureuses de protection environnementale et ne ferions pas d'efforts pour en préserver l'intégrité écologique. Je tiens à être claire et à ce que la Chambre sache que ce n'est pas ce que je dis.
Je crois qu'il faut accorder beaucoup d'importance à l'intégrité écologique de tout parc situé près ou à l'intérieur de la plus grande ville du Canada.
Toutes les mesures de protection environnementale prévues dans les plans concernant le parc de la Rouge, la ceinture de verdure et le bassin hydrographique de la rivière Rouge ainsi que dans les lois et les politiques relatives aux parcs nationaux et provinciaux visent la protection de l'intégrité écologique. Je sais que le gouvernement a accepté de respecter ou de dépasser les normes provinciales actuelles. J'ai entendu certains intervenants à la Chambre affirmer que cette mesure législative les dépasse, mais ce que j'entends dans la collectivité c'est que la mesure ne respecte pas les exigences. Nous devons donc nous pencher sur la question.
Nous devons continuer d'accorder la priorité à l'intégrité écologique du réseau d'habitats faisant partie du parc national urbain de la Rouge, qui ont fait l'objet d'une planification et d'un zonage par des scientifiques. Nous pourrions envisager différentes normes, notamment celle des gains nets et de la santé des écosystèmes et du bassin hydrographique. Cette norme pourrait être utilisée entre autres pour les secteurs zonés pour l'agriculture, l'infrastructure, les hameaux et les terrains de camping. Je n'ai pas de certitude à l'égard de cette possibilité, mais nous pouvons en discuter. À bien y réfléchir, de nombreux parcs provinciaux et nationaux comptent des autoroutes, des villages, des chemins de fer et d'autres infrastructures, mais on arrive tout de même à accorder la priorité à l'intégrité écologique.
Nous souhaitons vraiment la création de ce parc. Nous voulons réellement collaborer pour trouver une solution aux préoccupations liées à l'intégrité écologique. Je suis impatiente d'entendre les témoignages au comité, et j'ai également hâte d'écouter les allocutions à la Chambre par la suite pour voir où nous en sommes. Je serai ravie de répondre à des questions à cet égard.