Bonjour à tous — témoins, invités et députés —, et bienvenue à la 7e séance du Comité législatif chargé du projet de loi .
Deux votes ont eu lieu cet après-midi. Malheureusement, c'est ce qui nous a empêchés de commencer la séance à 15 h 30. Donc, nous devrons bien sûr ajuster le temps d'intervention.
Bienvenue à tous. Je vais vous présenter. Nous accueillons M. Alain Lauzon et M. Martin Lavallée, de la Société du droit de reproduction des auteurs, compositeurs et éditeurs au Canada; M. Elliot Noss, de Tucows inc.; et M. Jean Brazeau, Mme Cynthia Rathwell et M. Jay Kerr-Wilson, de Shaw Communications inc.
Je crois que la greffière vous a dit que chaque organisme, et non chaque personne, dispose de 10 minutes, et seulement 10 minutes, pour présenter son exposé. Malheureusement, je vais vous interrompre si vous n'avez pas terminé après 10 minutes.
Nous allons tout d'abord entendre la Société du droit de reproduction des auteurs, compositeurs et éditeurs au Canada.
Vous disposez de 10 minutes.
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Merci, monsieur le président.
[Français]
Bonjour.
Je remercie les membres du comité législatif de nous permettre de témoigner devant eux aujourd'hui. Je me nomme Alain Lauzon et je suis le directeur général de la SODRAC. Je suis accompagné par Me Martin Lavallée, directeur, Licences et affaires juridiques.
La SODRAC existe depuis 25 ans. En musique, nous assurons la gestion du droit de reproduction, et en arts visuels et métiers d'art, nous gérons l'ensemble des droits d'auteurs du répertoire que nous représentons.
En tant que société de gestion collective, nous jouons un rôle économique important pour les milliers d'auteurs, compositeurs et éditeurs québécois, canadiens et étrangers que nous représentons. En effet, le droit d'auteur est parfois la seule rémunération d'un créateur.
Les membres que je représente appartiennent à trois secteurs d'activité: celui des oeuvres musicales de chansons, celui des oeuvres musicales audiovisuelles — télévision, films, jeux vidéo —, celui des oeuvres artistiques en arts visuels et métiers d'art.
La Loi sur le droit d'auteur est le fondement essentiel qui confère aux créateurs un droit de propriété relatif qu'ils créent. Le droit de reproduction, qui est distinct du droit d'exécution publique, est un droit fondamental reconnu dans la Loi sur le droit d'auteur et également dans les traités internationaux et la Convention de Berne, dont le Canada est signataire.
L'avènement d'Internet a provoqué des changements technologiques qui ont transformé les modes de distribution, de diffusion et de consommation des oeuvres. C'est pourquoi la loi doit absolument être modernisée. La question est de savoir à quel prix. Les producteurs vous disent que les mesures proposées par le projet de loi sont suffisantes, mais pour les créateurs, ce n'est pas le cas.
Dans le domaine de la musique, le projet de loi aura un impact considérable sur nos ayants droit. L'introduction et la modification des exceptions pour les radiodiffuseurs, la non-extension du régime de copie privée aux enregistreurs audionumériques, l'extension de l'utilisation équitable à des fins d'éducation, toutes ces dispositions touchent des sources de redevances existantes. Le projet de loi crée aussi de nouvelles exceptions en faveur des utilisateurs et des consommateurs, sans compensation pour les ayants droit.
C'est plus de 40 p. 100 en pertes de redevances que vont subir les auteurs, et cela, sans compter la fragilisation des instruments financiers dont se sont dotés les auteurs, les sociétés de gestion collective. Également, le présent projet de loi ne règle d'aucune façon, ni sur les plans légal et monétaire, le problème de partage des fichiers illégaux et la responsabilité des fournisseurs de services Internet.
La musique n'a jamais été aussi jouée, écoutée et copiée. La Loi sur le droit d'auteur doit continuer de nous donner un cadre légal nécessaire pour exercer le droit de propriété des oeuvres des auteurs, des compositeurs et des éditeurs que nous représentons et de nous permettre de jouer notre rôle de société de gestion collective en les rémunérant adéquatement.
En ce qui concerne les oeuvres artistiques, nous croyons que le Canada devrait adopter un droit de suite, comme dans plus de 50 pays, dont ceux de l'Union européenne. Ce droit permettrait aux créateurs et à leurs ayants droit de bénéficier d'une portion du prix de revente des oeuvres.
Les créateurs se doivent de participer à part entière à la culture et à la nouvelle économie numérique grâce à la Loi sur le droit d'auteur. Nous sommes en faveur de l'introduction de protections juridiques par les serrures numériques, même si certains supports de diffusion des oeuvres n'en comportent pas encore. Les serrures numériques peuvent être efficaces pour certains secteurs, comme le film et les jeux vidéo, même si, actuellement, elles servent davantage aux ayants droit producteurs qu'aux créateurs.
Par ailleurs, plutôt que de créer des exceptions, sans rémunération, nous croyons qu'il faut privilégier le système d'octroi de licences par des sociétés de gestion collective pour l'accès aux oeuvres, car la gestion collective a démontré qu'elle est tout à fait aussi efficace pour l'utilisateur que pour les ayants droit, dont elle assure la rémunération.
Les amendements techniques que nous proposons dans notre mémoire représentent un seuil minimum pour éviter qu'un déséquilibre irréversible s'installe entre ceux qui créent les contenus et ceux qui les utilisent et les consomment.
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Afin de rétablir cet équilibre, la SODRAC propose donc 13 recommandations spécifiques, avec de nouvelles formulations. Cela vous a été distribué cet après-midi. On pense que ces recommandations respectent les volontés exprimées par le gouvernement tout en évitant de bouleverser inutilement la relation d'affaires existant entre le créateur et les utilisateurs.
On parle bien d'une relation d'affaires, ici, entre un auteur et l'exploitant de ses oeuvres. D'ailleurs, qui peut revendiquer les effets d'une législation sur la Loi sur le droit d'auteur? Ce n'est pas l'apanage du fournisseur Internet, du radiodiffuseur, du professeur ou même, semble-t-il, du titulaire de droits.
La Loi sur le droit d'auteur protège la vie économique de l'oeuvre, en lui donnant le plus grand accès possible, en échange d'une rémunération raisonnable.
Quand on parle de valeur économique, on ne parle pas de taxe ni de double paiement. On parle d'un versement d'une valeur d'utilisation de la musique, dans notre cas, par des exploitants qui, pour la plupart, font de la musique une principale composante essentielle de leur modèle d'affaires.
Or, sous sa forme actuelle, le projet de loi C-11 s'immisce dans cette relation d'affaires privée, en créant de nombreuses exceptions qui sont parfois exprimées dans des termes qui dépassent la volonté clairement établie par le gouvernement, ou qui entraînent des conséquences inattendues.
À titre d'illustration, j'aimerais m'attarder à deux de nos recommandations. La première porte sur le nouvel article 30.71 qui traite des reproductions dites temporaires pour processus technologique. Le gouvernement a indiqué que cet article n'avait pas d'impact sur les droits des auteurs parce qu'il couvre des reproductions temporaires et techniques effectuées dans le cadre d'un processus qui est lui-même technique, comme des transmissions en antémémoire sur Internet, ou mémoire cache.
Cependant, le libellé proposé par l'article traite uniquement de facilitation d'un processus technologique, ce qui est tellement vaste et vague qu'on pourrait faussement l'interpréter comme englobant de nombreuses reproductions numériques dont la valeur a déjà été établie dans un libre marché.
Il est donc nécessaire de préciser que ce type de reproduction, qui est visé par le gouvernement, est technique et sans valeur. Si une utilisation de cette reproduction temporaire et distincte — ce n'est pas la solution finale, mais la reproduction distincte de la reproduction temporaire — entraîne un bénéfice quantifiable pour l'utilisateur, l'exception ne devrait pas s'appliquer.
De plus, le titre de l'article fait référence à une reproduction temporaire, mais le mot « temporaire » n'apparaît plus dans le reste du libellé. On parle plutôt d'une durée de processus technologique, ce qui est extrêmement vague. Or le sens courant du mot temporaire est « momentané » ou « limité dans le temps ». Nous vous proposons donc qu'on précise que la reproduction soit temporaire ou transitoire.
Notre deuxième recommandation porte sur l'exception pour les enregistrements éphémères. On en a beaucoup parlé, la semaine dernière. Bien sûr, la SODRAC s'explique mal le retrait de l'obligation d'obtenir une licence d'une société de gestion pour ce type de reproduction, lorsqu'on réalise que l'utilisation de tous les droits de reproduction par les stations de radio commerciale représentait, en 2009, à peine 1,4 p. 100 de leur revenu annuel et, cela, en échange de l'utilisation — ce qui est encore vrai, à ce jour — de 80 p. 100 de musique dans leur programmation. Nous préférerions ainsi que le paragraphe 30.9(6) de la loi actuelle demeure intouché.
Néanmoins, le gouvernement désire toujours que les ayants droit soient dûment rémunérés pour des copies des oeuvres conservées plus de 30 jours. Nous voulons simplement souligner qu'il est possible, aujourd'hui, de créer des systèmes automatisés de recopiage et de destruction de copies qui permettraient de faire indirectement ce que la loi interdit de faire directement, par exemple de détruire la copie à la 29e journée pour la recopier deux jours plus tard, repartant à l'infini le chronomètre du délai de 30 jours.
Rappelons encore une fois qu'une copie conservée plus de 30 jours peut difficilement être qualifiée d'éphémère. On n'est pas, ici, dans un simple transfert. Il s'agit d'une reproduction qui sert à de multiples fonctions. La SODRAC perçoit ce type de droit depuis 1992, soit depuis déjà plus de 20 ans. L'industrie de la radio ne s'est pas effondrée pendant cette période, au contraire. Sa marge bénéficiaire est passée de 1 p. 100 à 21 p. 100, pendant cette même période.
La SODRAC recommande donc d'intégrer les modifications mineures au paragraphe 34(2) du projet de loi que vous pouvez voir dans notre mémoire et qui sont proposées afin d'éviter le contournement de ces dispositions qui ne semble pas être souhaité par le gouvernement.
Je remercie les membres du comité de leur attention et les invite à prendre connaissance des autres propositions de modifications techniques proposées dans notre mémoire qui visent à refléter plus précisément les intentions exprimées par le gouvernement.
Je m'appelle Elliot Noss. Je suis PDG de Tucows inc. Je vous remercie tous de m'avoir donné l'occasion de venir témoigner devant vous aujourd'hui.
J'aimerais tout d'abord vous remercier tous. Nous serons peut-être plus chanceux cette fois-ci, c'est la troisième fois, mais il semble que nous avons une réforme du droit d'auteur, ou du moins quelque chose qui s'y apparente, qui présente une solution équilibrée pour toutes les parties concernées. Je pense que vous méritez beaucoup d'éloges.
J'ai une position à défendre au sujet des éléments contenus dans le projet de loi, mais je veux m'en tenir à quelques aspects clés pour lesquels Tucows a ouvert une fenêtre sur le monde, et je veux vous parler un peu de notre expérience.
Tucows est une entreprise qui existe depuis la naissance d'Internet. Le site Web a été créé en 1993. En tant qu'entreprise canadienne, nous collaborons avec des fournisseurs de service partout dans le monde depuis 1995, soit depuis la naissance d'Internet. Nous avons inventé l'enregistrement de noms de domaine de gros. Aujourd'hui, nous sommes de loin le plus important registraire de nom de domaine au Canada: 1,7 million de noms de domaine ont été enregistrés pour les Canadiens et, fait important, pour plus de 2 300 clients canadiens.
Je vais prendre un certain temps pour vous dire qui sont ces clients et pourquoi ils sont importants dans le cadre de la discussion.
Nos clients les mieux connus sont des entreprises d'hébergement Web, des FAI, des firmes de télécommunications et des câblodistributeurs, mais il y a une énorme partie de ces 2 300 clients dont on ne parle pas assez souvent ou qui ne sont pas assez connus. Il s'agit des petites entreprises d'hébergement Web, des concepteurs Web, des distributeurs de produits modifiés et des intégrateurs qui emploient des dizaines de milliers de Canadiens.
Nous collaborons avec environ 12 000 fournisseurs de service, mais je ne parle présentement que des 2 300 qui sont au Canada. Il s'agit des compagnies qui, pour l'essentiel, mettent de petites entreprises, des utilisateurs, des artistes et des créateurs en ligne et qui leur permettent de profiter de tous les grands avantages que leur apporte Internet.
Malheureusement, on appelle parfois mes clients par un nom insidieux: « facilitateurs ». Il est extrêmement important de comprendre ce qui caractérise la plupart des petites entreprises, des utilisateurs. Comme nous le savons tous, notre économie connaît une transition vers le travail autonome; lorsque je parle des « utilisateurs », je parle des gens qui ont un emploi et qui démarrent une entreprise à domicile, des créateurs ou des gens qui aspirent à le devenir. Ils ont besoin d'aide pour accéder à Internet et utiliser les outils de façon à en profiter au maximum, qu'il s'agisse d'enregistrer un nom de domaine, de créer et de lancer un site Web, d'avoir une page Facebook pour promouvoir ce qu'ils font, ou d'avoir un compte Twitter, etc. Par exemple, un de nos clients pourrait aider 50 ou 100 petites entreprises et utilisateurs finaux, et lorsque nous parlons des dispositions habilitantes, nous parlons des gens qui ne sont tout simplement pas connus.
J'adore le fait que de grandes firmes de télécommunications et des FAI peuvent être bien représentés dans les domaines des politiques et du droit. Tucows est une entreprise plutôt petite qui génère 100 millions de dollars de recettes. Il ne s'agit pas d'une très grande entreprise, mais nous avons ce qu'il faut pour gérer les plaintes relatives à la propriété intellectuelle et au droit d'auteur; ces petites entreprises dont je parle, celles qui mettent les petites entreprises en ligne, ne sont tout simplement pas en mesure de le faire, ce qui signifie que toute mesure législative trop floue... En toute honnêteté, à ma connaissance, le projet de loi actuel est le premier qui est suffisamment précis pour donner une chance à cette majorité, à cette base que forment les fournisseurs.
C'était sur cette partie, la première dont je parle, que nous avons d'excellentes connaissances, et je ne parle pas des meilleures connaissances seulement au Canada, mais dans le monde. Tucows est le chef de file mondial des services Internet de gros. Nous sommes reconnus dans le monde comme le meilleur et le plus important partenaire pour les fournisseurs de service dans la net-économie, et je vous donne donc un point de vue canadien, d'une entreprise canadienne, d'une position mondiale.
Nous avons près de 10 p. 100 des noms de domaine dans la base générique de noms de domaine. Cela veut dire que nous sommes témoins d'un autre élément particulièrement, c'est-à-dire les pratiques employées quotidiennement par des détenteurs de droits de propriété intellectuelle et leurs services juridiques.
Je vais vous ouvrir une petite fenêtre sur notre monde.
En 2011, Tucows a reçu plus de 300 plaintes sur des cas de violation de propriété intellectuelle. Aucune d'entre elles n'a abouti.
Je veux m'assurer que vous ne pensez pas que cela signifie que tout se passe bien dans notre espace de nommage. Nous avons 10 p. 100 des problèmes si nous avons 10 p. 100 des enregistrements. Nous travaillons régulièrement avec la police et les détenteurs de droits pour des questions d'hameçonnage, de pornographie juvénile, de drogues, etc., mais malheureusement, nous remarquons que la pratique typique utilisée par les détenteurs de droits de propriété intellectuelle consiste à commencer par faire des menaces et faire tout ce qu'ils peuvent pour nous intimider.
Je dois agir dans le cadre de l'ICANN, l'organisme de réglementation des noms de domaine, et je fais donc affaire avec des représentants du secteur de la propriété intellectuelle de partout dans le monde — l'OMPI, etc. Lorsque j'en discute avec eux, ils ne nient rien et ne remettent pas leur pratique en question; ils disent que c'est une bonne pratique et qu'ils ne font simplement que représenter les intérêts de leurs clients comme ils se doivent de le faire.
Je ne remets pas cela en question, mais en examinant les mesures que vous intégrerez dans le projet de loi, vous devez tous garder en tête qu'ils sont menaçants. Les petites entreprises — l'entreprise d'hébergement Web qui emploie 5 ou 10 personnes ou l'entreprise de conception Web qui emploie deux personnes — ne pourront que se replier lorsqu'elles se heurteront à des exigences.
Je veux vous remercier tous encore une fois. Internet est la plus importante invention menant à des changements positifs que le monde n'a jamais connus — plus importante que l'imprimerie et assurément que la télévision ou le téléphone. Il jette les bases pour l'avenir. Nous ne ressentirons pas les effets de l'établissement de ces mesures équilibrées dans 3 mois ou l'an prochain, mais bien dans 5 et 10 ans.
À l'heure actuelle, le paysage canadien est créatif et riche. Je vais vous donner un conseil. De toute évidence, ce sujet vous intéresse. Pour ceux d'entre vous qui ont des adolescentes, je vais faire d'une pierre d'un coup: emmenez vos filles voir le film sur Justin Bieber, Never Say Never. Faites-le pour deux raisons: premièrement, votre fille vous adorera, et deuxièmement, vous verrez ce que Guy Kawasaki, une légende de Silicon Valley, a décrit comme le meilleur film sur les médias sociaux qui a été fait jusqu'à ce jour. La plus grande vedette du disque du Canada n'a pas réussi grâce aux étiquettes, mais bien grâce au contenu généré par l'utilisateur et à l'accès libre à Internet et à la plateforme que tout cela crée.
Je sais que je serai la seule personne qui parle des dizaines de milliers d'employés de ces milliers de petites entreprises représentant des millions d'utilisateurs canadiens qui vous dira « c'est équilibré, maintenez ces mesures ».
Merci.
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Monsieur le président, membres du comité, je m'appelle Jean Brazeau. Je suis le premier vice-président des affaires réglementaires et des relations gouvernementales de Shaw Communications. Je suis accompagné de Mme Cynthia Rathwell, qui est à ma gauche. Elle est vice-présidente des affaires réglementaires. Je suis également accompagné de M. Jay Kerr-Wilson, de Fasken Martineau.
Nous vous remercions beaucoup de nous donner l'occasion de vous présenter notre point de vue au sujet du projet de loi .
Shaw Communications est une société diversifiée qui offre une vaste gamme de services de communication, notamment de télédistribution, de télévision satellitaire, d'accès Internet à haute vitesse, de téléphone résidentiel et de radiodiffusion.
Dans le cadre de ses diverses activités, Shaw crée, acquiert, distribue et transmet aux Canadiens du contenu protégé par les droits d'auteur. À ce titre, Shaw comprend qu'il est important que des dispositions législatives sur le droit d'auteur efficaces existent pour les Canadiens et que tous les règlements sur le droit d'auteur doivent être dosés soigneusement afin de protéger les intérêts des consommateurs et de soutenir la créativité et l'innovation.
À notre avis, le droit d'auteur devrait appuyer et favoriser le développement de marchés légitimes et de produits et de services. Il devrait donner aux détenteurs de droits d'auteur une protection adéquate contre la violation ainsi que la liberté de négocier une juste compensation pour l'utilisation de leurs oeuvres. Toutefois, une loi sur le droit d'auteur ne doit pas faire obstacle à l'innovation. Elle doit soutenir le développement de nouveaux services et de nouveaux modèles de gestion et non les gêner. Elle doit favoriser les partenariats entre les créateurs, les distributeurs et les consommateurs.
Nous sommes heureux de constater que le gouvernement a adopté une approche équilibrée et conviviale dans le cadre de la réforme du droit d'auteur par le projet de loi . Nous appuyons entièrement ce que dit le ministre en particulier: que le projet de loi vise à légaliser les activités quotidiennes des consommateurs, notamment l'enregistrement d'émissions de télévision pour écoute en différé, l'utilisation de l'informatique en nuage et de services de stockage à distance comme les enregistreurs personnels de vidéo en réseau, la création et le partage de contenu généré par l'utilisateur, et le déplacement de contenu acheté sur des dispositifs et sur le support de leur choix.
Nous appuyons le souhait du gouvernement d'atteindre l'équilibre, et nous croyons que le projet de loi y parvient grandement.
Nous aimerions attirer l'attention du comité sur trois dispositions précises qui, selon nous, ne permettent pas d'atteindre les objectifs du gouvernement. Ces dispositions pourraient être modifiées en grande partie par quelques amendements de forme mineurs.
Pour faire en sorte que le nouveau régime d'avis du Canada, que nous appuyons fermement, fonctionne bien et se traduise par une collaboration efficace entre les détenteurs de droits et les FAI, et que les FAI n'aient pas à assumer la responsabilité des violations commises par leurs clients, il faut apporter des petits amendements de forme au projet de loi . Les détails sont présentés dans notre mémoire.
Cependant, en général, Shaw croit fermement que l'obligation qu'ont les FAI de fournir des avis et de conserver des données doit entrer en vigueur en même temps que des règles qui normalisent le format de l'avis requis et qui établissent des tarifs maximums pour la l'envoi d'avis. Le nouveau système automatisé pour l'envoi d'avis que les FAI doivent concevoir pour se conformer au nouveau régime ne peut être efficace que si les avis des détenteurs de droits contiennent des renseignements complets et que s'il y a un format. À ce titre, il est approprié que les nouvelles exigences relatives aux avis entrent en vigueur conformément aux règles qui garantissent que les systèmes d'avis peuvent être créés et qu'ils puissent fonctionner de façon efficace.
Ensuite, le projet de loi contient une exception qui permet aux consommateurs d'enregistrer des émissions de télévision pour les écouter plus tard. Le ministre a dit que cette exception et celle sur le stockage permettront aux services d'enregistreur personnel de vidéo en réseau — PVR — de fonctionner sans qu'il n'y ait de responsabilités liées au droit d'auteur.
Shaw appuie entièrement l'objectif du gouvernement d'autoriser les services de PVR en réseau. Toutefois, nous craignons que dans sa forme actuelle, la disposition sur le stockage ne reflète pas aussi clairement qu'elle le pourrait l'intention du gouvernement de permettre aux entreprises de câblodistribution et de communications par satellite d'offrir aux consommateurs des services de PVR en réseau.
Autrement dit, pour fonctionner, un PVR en réseau doit remplir deux fonctions: faire une copie de l'émission de télévision que le consommateur veut enregistrer et diffuser l'émission pour le consommateur au moment où il veut l'écouter. Le projet de loi, dans sa forme actuelle, contient une exception claire pour l'enregistrement d'une émission de télévision par le service de PVR en réseau, mais pas pour la diffusion de l'émission.
Avec tout le respect que nous vous devons, nous soutenons qu'il serait utile que des précisions soient apportées au projet de loi sur la non-responsabilité du fournisseur de PVR en réseau lorsque l'émission est transmise au consommateur.
L’actuel manque de clarté pourrait conduire à des litiges vexatoires et constituer un obstacle à l’offre de services de PVR en réseau aux consommateurs canadiens. Nous croyons qu’une légère modification d’ordre technique à la disposition existante établirait clairement qu’un fournisseur de services de PVR en réseau n’est pas assujetti au droit d’auteur parce qu'il a hébergé ou diffusé des émissions de télévision qui ont été enregistrées à la demande du consommateur. Nous avons remis au greffier la modification technique précise qui est recommandée à cette fin.
Notre dernière préoccupation concerne les dispositions qui s’appliquent à la vente de contenu en ligne, plus particulièrement au libellé du droit de mise à la disposition du public.
Tel qu’il est rédigé, le projet de loi pourrait traiter toute diffusion sur Internet comme une diffusion à l’intention du public. Cela signifie que si quelqu’un a acheté une copie d’une chanson à partir d’un service comme iTunes, cette transaction serait traitée de la même façon que si la chanson avait été diffusée à la radio. Nous pensons qu’il est beaucoup plus approprié de traiter la vente en ligne d’une chanson, d’un film, ou d’un jeu comme si l’achat avait eu lieu en magasin.
En raison de l’approche adoptée dans la mesure législative, les transactions en ligne faites au Canada pour l’achat de musique ne feront pas l’objet d’une libre négociation entre les parties, mais nécessiteront l’intervention de la Commission du droit d’auteur pour fixer le prix de la musique. Cela produira ce que nous croyons être des résultats inattendus. En vertu de l’approche adoptée dans le projet de loi , négocier avec le créateur pour fixer un prix équitable pour la vente du jeu sur Internet n’est même pas une option. Le problème sera le même pour la vente en ligne de films, d’émissions de télévision et d’autres formes de divertissement multimédia.
Étant donné la volonté du gouvernement d’inciter les Canadiens à devenir des chefs de file novateurs dans l’économie numérique, nous ne croyons pas que les dispositions législatives sur le droit d'auteur devraient empêcher les parties de négocier librement des licences conventionnelles et imposer au lieu de cela des prix fixés par un tribunal administratif. Nous soutenons respectueusement qu'il serait beaucoup plus raisonnable et convivial d’appliquer à la vente de produits dans le monde virtuel les mêmes règles que celles qui s’appliquent à la vente de produits dans le commerce de détail.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, nous croyons que le projet de loi est une mesure importante pour la modernisation des lois canadiennes sur le droit d’auteur. Nous soutenons les exceptions favorables aux consommateurs et la protection accrue contre le piratage. Indépendamment des amendements que nous proposons afin de mieux refléter la politique du gouvernement, Shaw pense que le Canada et les Canadiens seront bien servis par le projet de loi.
Nous serons heureux de répondre à vos questions.
Merci.
Monsieur Lauzon, nous nous sommes souvent parlé au fil des ans. Je voulais connaître votre définition du droit d’auteur. C’est peut-être simpliste, mais essentiellement, vous avez dit que le droit d'auteur est un paiement, un droit fondamental qui est au coeur de ce dont nous parlons. Il est question de ceux qui seront payés et du moment où ils le seront.
Lors des audiences du comité, j’ai remarqué que mes collègues du Parti conservateur appellent le droit d’auteur une taxe. Ils utilisent « taxe » tout le temps. Ils disent que ce n’est pas équitable pour les entreprises. Pourtant, quand on parle de l’exemption pour les enregistrements éphémères qu'on est en train de créer, il semble que par rapport à quelque chose qui a été décidé par la Commission du droit d’auteur — qui a défini le droit d’être payé comme les 20 millions de dollars que les musiciens, les artistes et les éditeurs reçoivent —, ils veulent avoir recours à une exemption pour priver les gens du droit d’être payé qui leur a été accordé par la Commission du droit d’auteur.
Croyez-vous qu'il revient au gouvernement d’intervenir auprès de la Commission du droit d'auteur et de dire que vous n'aurez pas les 20 millions de dollars, mais que pendant que nous y sommes, on va prendre les 30 millions de dollars que vous avez reçus à titre de redevance sur les supports numériques? Ils vont prendre 50 millions de dollars et intervenir dans votre modèle de gestion, puis ils diront que c’est équitable. Qu'en pensent les membres de la SODRAC?
Je vous remercie tous d’être ici et de nous faire part de vos observations et de vos idées afin de nous aider à déterminer quel est l’équilibre souhaité.
Je voudrais simplement faire quelques remarques sur les commentaires de mon collègue qui vient de terminer. Je ne pense pas que quiconque à cette table ne souhaite pas trouver le bon équilibre et s’assurer que les créateurs, les gens qui créent l’oeuvre, les artistes du monde, ne soient pas rémunérés correctement. La structure en question est peut-être celle du modèle que nous étudions pour trouver le juste équilibre et afin de nous assurer qu’ils sont traités équitablement.
J’entends des commentaires — ceux de M. Noss et des représentants de Shaw — selon lesquels nous avons là une occasion unique pour le pays. J’ai entendu M. Glick, le représentant de Google, parler de sa vision par rapport à ce que le Canada pourrait devenir dans le monde numérique si nous faisons les choses comme il se doit. C’est extrêmement important pour nous.
Monsieur Noss, ma question s’adresse à vous. Vous avez parlé de vos clients et leurs clients. J’ai apprécié la façon dont vous avez décrit cette structure pour que les Canadiens ordinaires puissent comprendre. Pouvez-vous partir du petit entrepreneur qui s’occupe d’une entreprise qui emploie peut-être deux personnes et que l’on perdrait, selon vous, si nous ne parvenons pas à faire les choses correctement? Pourriez-vous nous en parler un peu plus et nous dire en quoi c’est important pour l’économie locale, comme celle de ma collectivité?
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Certainement. Depuis sa création, depuis le lancement du service par ligne commutée, Internet a vraiment été une entreprise locale. Il a eu des millions et des millions d’entreprises locales. Au début, toutes les villes au Canada avaient des fournisseurs d'accès Internet locaux qui étaient les premiers, deuxièmes ou troisièmes fournisseurs en importance. Cela n’a changé que lors de l’avènement du service à large bande et d’infrastructures importantes. En hébergement Web, c’est une entreprise locale. En conception Web, c’est une entreprise locale.
Ce qui se passe à l’occasion, c’est qu’on a ce que j’appellerais un effet inhibiteur. Si les dispositions sont trop larges, on y aura recours, et le but sera de les utiliser à des fins d’intimidation et de découragement. Ce sont les plus petits fournisseurs qui sont les plus touchés.
Au nom de nos clients, nous nous occupons tout le temps — et quand je dis « tout le temps », je veux dire chaque semaine — de ce qui est simplement une plainte: « Je ne sais pas quoi faire. On m’a fait des menaces. On m’a fait telle demande. » Cela touche tout le monde également, en passant. Un cabinet d'avocats peu versé sur les questions liées à Internet, comme beaucoup d’entre nous, et un pouvoir excessif. C’est égal des deux côtés, mais le résultat est le même.
Voilà, encore une fois, pourquoi j’aime l’expression « arme tranchante ». Parce que ce que permet la mesure législative... Comme l’a dit M. Angus, nous voulons tous que les méchants soient arrêtés, et les fournisseurs de services s’y emploient probablement plus énergiquement que quiconque dans le monde d’Internet, mais il semble que les armes tranchantes frappent plus durement les petits joueurs.
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Merci, monsieur le président.
Tout d'abord, je tiens à vous remercier tous d'être ici aujourd'hui. J'aimerais m'adresser aux représentants de la SODRAC et vérifier s'ils font le même constat que moi. Les problèmes que vivent les gens qui oeuvrent dans le domaine de la musique seront vécus aussi par les gens qui travaillent dans le domaine de la vidéo. Ce n'est qu'une question de temps. Il s'agit de données et c'est beaucoup plus pesant.
Les drames que vit aujourd'hui l'industrie musicale ont aussi été vécus il y a 20 ans. Aujourd'hui, l'industrie musicale se trouve dans une position difficile. Les gens de la vidéo sont peut-être moins sensibles à cette descente aux enfers, mais elle s'en vient pour eux aussi.
On sait tous que 90 p. 100, en moyenne, de ce qui se trouve sur un iPod est illégal. Le projet de loi dont nous sommes saisis ne fait rien pour protéger les artistes de cette situation, du vol de leur matériel qui est sur Internet.
J'aimerais savoir comment vous expliquez le fait qu'on a le culot de retirer encore, au détriment des artistes, plus de 20 millions de dollars en droits de reproduction mécanique. Ce droit était octroyé, il était là. De tous les gens qui sont à la table, les personnes qui sont le plus lésées sont les créateurs, clairement, car on leur a retiré plus de 20 millions de dollars en droits de reproduction mécanique. Comment avez-vous réagi à cela?
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Si vous me permettez, je vais répondre en partie à votre question et Martin complétera cette réponse par la suite.
Vous comparez l'industrie de la vidéo à celle de la musique, qui vont vivre les mêmes problèmes. Tout est question de bande passante. La musique, c'est instantané. Par contre, télécharger une vidéo prend plus de temps. Il existe du piratage et des copies illégales de vidéos. Le projet de loi, à mon avis, vise à neutraliser le grand piratage. D'une part, il ne vise pas les sites étrangers et, d'autre part, le projet de loi va amener des mesures de protection technologiques.
En musique, le problème est qu'il n'y a pas de mesures de protection technologiques, puisque l'on a favorisé l'interopérabilité. Historiquement, c'est ouvert.
Quand j'entends des gens présents dans cette salle parler d'un Internet ouvert, je ne comprends pas. Les ayants droit veulent être rémunérés. Je ne vois aucun plan d'affaires dans tout cela. Tous ceux qui font des affaires, sont ceux qui utilisent le droit d'auteur. C'est quand même incroyable.
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Je vais compléter la réponse de mon collègue. On a entendu dire qu'on voulait un Internet ouvert, un partage massif, et à la fin un signe du dollar va peut-être sortir de cela. Je parle des oeuvres. On veut également avoir la chance de grandir.
Cependant, on parle d'un chilling effect, de l'intimidation, de menaces et de litiges onéreux.
Où donc est la valeur du droit dans tout cela, où est la valeur qui revient au créateur, à l'auteur-compositeur ou à l'éditeur dans le cas de la musique, et surtout où est la neutralité technologique? La Loi sur le droit d'auteur est censée être neutre. Cela veut dire qu'un droit qui existait auparavant, dans l'ancienne économie, doit continuer d'exister dans la nouvelle.
Dans notre mémoire, on comprend les mesures qui touchent les consommateurs, les pratiques non commerciales. Toutefois, quand on tombe dans le domaine commercial apparaît alors le déséquilibre entre la valeur qui revient à l'artiste et la valeur, en termes de profit, dévolue aux industries commerciales qui font de l'argent aux dépens, comme l'a dit M. Lauzon, du droit d'auteur sous-jacent à tout cela.
Epitome Pictures inc. est une petite entreprise familiale. J'en suis le président, et mon épouse, qui est plus importante que moi, en est, comme il se doit, la PDG.
Notre entreprise de production télévisée est en affaires depuis plus de 30 ans. Parmi les séries que nous produisons,Degrassi est celle que vous connaissez sans doute le mieux.
Je préside par ailleurs la société Orange Lounge Recordings, qui fait sur Internet tout ce qu'une compagnie de disques peut faire, en se servant notamment de toutes les installations disponibles — Topspins et iTunes, et de toutes les autres formes inimaginables d'exploitation des droits numériques.
Avec Sympatico, nous avons créé une coentreprise novatrice qui produit des vidéos de concerts d'artistes en visite à Toronto. Nous enregistrons leurs spectacles en studio et les diffusons ensuite sur Internet dans l'émission appelée Live at the Orange Lounge. Des dizaines d'artistes et de groupes canadiens se servent de ce médium. Certains sont très connus, comme Nelly Furtado et Avril Lavigne, d'autres moins. Nous avons eu aussi de nombreux artistes et groupes internationaux renommés, notamment Katy Perry, Amy Winehouse, the Pussycat Dolls et OneRepublic. Tout cela pour vous dire que nous nageons dans le monde numérique.
Pour en revenir à notre production télévisée, notre série Liberty Street, qui a commencé en 1995, a été la première du monde à être lancée simultanément sur les ondes et sur un site Web. Notre série Riverdale, qui a débuté en 1997 et met en vedette de très célèbres talents canadiens — et notamment Tyrone Benskin — a été la première du monde à être diffusée sur un site Web affilié. Cette série hebdomadaire était en fait un feuilleton de ce qui se passait en coulisse. La nouvelle version de Degrassi, qui a commencé en 2001, a utilisé un site Web avant-gardiste qui a coûté plus de 1,5 million de dollars et qui associe les admirateurs de l'école Degrassi en les invitant à interagir avec les personnages de la série. Il s'agissait, en fait, d'un précurseur exclusif de Myspace, bien avant que ce dernier ne soit inventé.
Degrassi a été la première série au monde à produire des épisodes suivis sur le Web avec nos principaux décors, notre principale distribution et nos principaux scénaristes, et filmée avec notre équipe principale. Degrassi a aussi été la première série à produire des épisodes complets légalement disponibles au Canada tant pour le téléchargement que la diffusion en flux. Nous expérimentons depuis diverses possibilités, notamment celle de mettre certains épisodes à disposition sur Internet avant leur diffusion. Nous les avons mis à disposition 24 heures avant, 24 heures après et maintenant, nous les diffusons simultanément sur iTunes et sur le Web. Une saison complète de Degrassi, qui comprend à ce jour 45 épisodes, est disponible gratuitement au Canada sur le site Web de MuchMusic. Il y a de la publicité, mais les admirateurs ont accès à une saison complète.
Si vous cherchez « Degrassi » sur Google, vous obtiendrez plus de 11 millions de résultats. Nous avons plus de trois millions d'admirateurs « J'aime » sur Facebook et, fait intéressant, si vous cherchez « Degrassi mashup » sur Google, vous obtiendrez plus d'un million de résultats.
La liste ne s'arrête pas là. Nous avons des comptes Twitter très actifs qu'alimentent nos rédacteurs pour étoffer nos personnages. Nous avons des blogues et des vidéoblogues. Nous avons un jeu Degrassi déjà disponible dans le magasin d'Apple de iTunes. Cet été sortira une autre application à deux écrans. Nous faisons tout ce que vous pouvez imaginer en numérique.
Je vous ferai remarquer que notre nouvelle série,The L.A. Complex, qui sera lancée le mois prochain aux États-Unis, le sera simultanément sur The CW, qui est un réseau radiophonique, sur iTunes, Amazon et tous les services de téléchargement, ainsi que sur Hulu, qui est un service du genre Netflix.
Je mentionne tout cela, non pas pour nous vanter, mais pour bien faire passer le message que, si nous sommes reconnaissants d'avoir les modes de distribution traditionnels — nous adorons nos télédiffuseurs, qui sont la pierre angulaire de l'industrie —, ce n'est pas sur eux que nous faisons une fixation. Nous sommes — et avons l'intention de le rester — à l'avant-garde absolue des nouveaux médias. Je ne suis pas un professeur d'université qui a des théories bien intentionnées, mais peut-être finalement erronées, sur ce qui pourrait marcher ou ne pas marcher sur Internet. Je fais partie d'une équipe de gens passionnés, dynamiques et engagés qui est plongée jour après jour dans l'univers pratique du monde numérique.
J'ai deux messages clés à vous transmettre aujourd'hui.
Premièrement, nous, les producteurs, sommes catastrophés par les torrents et les sites de stockage de fichiers qui prennent les spectacles dont la production nous a coûté tellement de temps et d'efforts, qui font de l'argent avec et qui ne nous donnent rien en retour. À chaque jour qui passe, nous comptons de plus en plus sur le rendement des investissements que nous avons faits dans les droits numériques — et notamment dans la diffusion en flux légale et autorisée à partir de sites Web, dans les services de type Netflix ou Hulu, dans les téléchargements légaux et autorisés à partir de services de type iTunes ou Amazon, et dans des dizaines d'autres services numériques légalement autorisés qui font que Degrassi est aujourd'hui disponible. Dans ce premier message clé, nous vous demandons donc instamment d'adopter de toute urgence le projet de loi .
Dans le second message clé, nous vous supplions de procéder à tous les changements techniques nécessaires pour que l'esprit du projet de loi puisse être réellement respecté.
Je ne suis pas ici pour discuter de virgules et de détails sur ce qui est raisonnable ou pas; je laisse cela aux experts, tel que mon brillant ami Barry Sookman, à notre organisation des producteurs du CMPA, et à d'autres organisations comme Music Canada et l'Association cinématographique - Canada. Je crois comprendre que si le projet de loi était mis en oeuvre dans sa forme actuelle, il aurait l'effet pervers de protéger par inadvertance les très nombreux sites Web, services et activités illicites que le gouvernement avait l'intention d'éliminer. Je vous prie donc de nous donner l'assurance absolue que les sites BitTorrent comme isoHunt et les sites de stockage de fichiers comme Megavideo seront mis hors circuit au Canada.
J'aimerais enfin discuter des mashups ou pots-pourris. Nous les adorons. Comme on l'a fait remarquer précédemment, il y a une multitude de mashups de Degrassi disponibles sur toute la toile. Pour nous, cela témoigne de la loyauté et de l'engagement de nos admirateurs. C'est quelque chose que nous accueillons avec joie et que nous approuvons entièrement.
Ce que nous n'aimons pas, c'est la partie du projet de loi qui, nous dit-on, pourrait permettre qu'un épisode puisse, en totalité ou dans sa presque totalité, être téléchargé ou diffusé en flux en vertu d'une échappatoire générale, s'il est présenté sous forme de mashup. Nous n'aimons pas non plus que l'on puisse profiter financièrement de ces mashups, notamment en les entourant de publicité, sans que nous puissions en partager les revenus. Nous avons besoin des recettes que nous procurent nos entreprises numériques pour continuer de produire nos spectacles. Nous ne pouvons pas faire concurrence à ceux qui offrent des documents gratuitement et nous ne voulons pas que d'autres se servent de notre travail et de nos investissements pour faire de l'argent sans en partager avec nous les bénéfices.
En résumé, nous vous demandons instamment d'adopter de toute urgence le projet de loi , mais en y intégrant les modifications techniques nécessaires pour éliminer sans ambiguïté les torrents et les sites de stockage, et en veillant à ce que l'exception accordée aux mashups ne s'applique vraiment qu'à ce que le gouvernement et nous tous entendons par ce terme, et non à des clauses générales ou à d'autres échappatoires.
Je vous remercie beaucoup de m'avoir invité à exprimer mon point de vue.
Mesdames et messieurs, je m'appelle Gerry Barr et je suis le directeur général national et chef de la direction de la Guilde canadienne des réalisateurs. M'accompagne aujourd'hui Tim Southam, directeur des films pour la télévision et des longs métrages des deux côtés de la frontière et président de la division des directeurs nationaux de la Guilde. Pour vous le présenter et pour ceux d'entre vous qui regardent l'émission House, ses plus récents travaux se retrouvent dans l'épisode de la semaine dernière. Si vous aimez l'émission et que vous voulez en connaître les dessous, c'est lui qu'il faut consulter.
Cette série est, comme vous le savez, regardée par plus de 50 millions de téléspectateurs dans le monde et c'est un exemple classique de l'excellence dont fait preuve l'industrie audiovisuelle canadienne dans la production de séries dramatiques.
La Guilde est membre du groupe que fréquente quotidiennement M. Stohn. En tant qu'organisation syndicale nationale, elle représente plus de 3 400 employés clés des services créatifs et logistiques de l'industrie du film, de la télévision et des médias numériques. Nous sommes donc tous heureux qu'après plus d'une décennie et de nombreuses tentatives, la loi canadienne sur le droit d'auteur soit mise à jour avec l'adoption de ce projet de loi.
Le projet de loi harmonise notre régime des droits d'auteur avec les traités de l'OMPI. Le projet prévoit des mesures pour protéger les créateurs contre le vol de contenu, il adopte à juste titre les nouvelles catégories de la parodie et de la satire aux fins du traitement équitable et il vise à adapter les lois canadiennes sur le droit d'auteur à la nouvelle ère numérique. Ce sont de très bonnes nouvelles.
Le préambule du projet de loi énonce l'importance de « règles claires, prévisibles et équitables » pour favoriser la créativité et l'innovation, ainsi que l'importance d'une loi qui « donne aux titulaires de droits d'auteur une reconnaissance et une rémunération et leur donne la faculté d'exercer leurs droits ».
Naturellement, nous appuyons énergiquement ces principes, mais nous sommes ici pour dire que le projet de loi doit être encore retouché pour atteindre ces objectifs importants.
En tant qu'organisation dont les membres créent et utilisent des oeuvres protégées par droit d'auteur, nous savons que la réforme de la loi vise à maintenir un équilibre, et nous sommes ici aujourd'hui pour demander les changements techniques qui feront en sorte que le projet de loi contienne les règles claires que prévoit son préambule.
La précision est au coeur d'une loi efficace sur le droit d'auteur. Les créateurs et les titulaires de droits d'auteur doivent connaître leur position et les limites en vigueur au droit d'accès de l'utilisateur des oeuvres qu'ils créent, faute de quoi ce sont inévitablement les tribunaux qui devront trancher. Les litiges coûteux et longs ne profitent à personne — ni aux créateurs, ni aux utilisateurs, ni à d'autres intervenants dans la chaîne de production — et ne devraient jamais être préférés à des règles législatives claires et prévisibles.
Des modifications techniques peuvent protéger les revenus des titulaires de droits d'auteur et la capacité de ces derniers de contrôler les modes et lieux de diffusion de leurs oeuvres. Ils peuvent également protéger les utilisateurs qui enfreindraient involontairement ces droits. La guilde fait partie des 68 groupes artistiques qui appuient à cette fin l'ensemble des changements proposés au comité par la Conférence canadienne des arts.
J'aimerais laisser M. Southam vous dire quelques mots.
Si vous aimez Dr House, l'épisode a été diffusé lundi dernier. Le dernier épisode de la saison et de la télésérie aura lieu en avril. Dr House n'a pas été créé au Canada, mais c'est le cas de Flashpoint, des Recrues de la 15e et bien sûr de Degrassi, notre première télésérie parmi celles qui ont connu un succès retentissant partout dans le monde ces 15 dernières années.
Aujourd'hui, nous voulons parler d'un problème qui n'est pas soulevé dans le mémoire de la CCA, mais qui est très important pour la GCR. Votre étude donne l'occasion d'apporter des précisions aux questions de propriété intellectuelle des oeuvres audiovisuelles. Pour la plupart des oeuvres visées par la loi, on sait clairement qui est le créateur: l'écrivain d'un roman, le sculpteur d'une sculpture, le peintre d'un tableau ou le compositeur d'une trame sonore est sans conteste le créateur de l'oeuvre.
En ce qui a trait aux oeuvres audiovisuelles, les droits des créateurs ne sont pas reconnus aussi clairement par la Loi sur le droit d'auteur. Il est grand temps de combler cette lacune. La GCR croit que la question sera réglée grâce à la modification de forme indiquant avec beaucoup de précision que les créateurs d'une oeuvre audiovisuelle sont le réalisateur et le scénariste.
Le réalisateur et le scénariste sont bien sûr les créateurs de l'oeuvre audiovisuelle. Partant de zéro, le scénariste invente les personnages, les dialogues et le déroulement de l'histoire. Le réalisateur donne une forme concrète à l'oeuvre: il choisit la distribution, les lieux de tournage, le montage, les effets sonores et visuels ainsi que la musique et il s'occupe de la correction des couleurs; tout ce qui permet de porter une oeuvre à l'écran.
C'est essentiel d'établir qui sont les créateurs d'une oeuvre audiovisuelle pour tirer le maximum d'un certain nombre de modifications dans le projet de loi portant sur les droits moraux et l'utilisation des systèmes de gestion numérique des droits. La reconnaissance juridique des créateurs précisera les droits déjà accordés aux réalisateurs et aux scénaristes selon les précédents jurisprudentiels et les pratiques de l'industrie.
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Un exemple important de précédent jurisprudentiel, c'est l'affaire
Films Rachel Inc. c. Druker & Associés Inc. et autres, entendue par la Cour supérieure du Québec. Dans ce différend opposant le créateur et le producteur, la décision rendue indiquait que le scénariste et le réalisateur du film étaient les créateurs, donc les premiers titulaires des droits d'auteur.
La Loi fédérale sur le statut de l'artiste établit que les réalisateurs sont responsables de l'orientation générale des oeuvres audiovisuelles, tout comme les créateurs d'oeuvres artistiques, littéraires ou musicales dont les droits sont reconnus par la loi. La modification prévoyant que les scénaristes et les réalisateurs sont les créateurs permettra d'harmoniser la Loi sur le droit d'auteur et les autres lois fédérales pour reconnaître les droits d'auteur des réalisateurs et des scénaristes.
L'industrie canadienne du film détermine aussi qu'en somme, les réalisateurs et les scénaristes sont les titulaires des droits d'auteur. Les conventions collectives négociées par la GCR prévoient la rémunération des réalisateurs pour l'utilisation de leurs oeuvres. Les contrats permettant le transfert des droits d'utilisation aux producteurs stipulent que les réalisateurs sont les créateurs de l'oeuvre. Les contrats des scénaristes reconnaissent leurs droits d'auteur sur les oeuvres audiovisuelles et prévoient le partage des profits sous forme de paiement résiduel.
Notre amendement de forme au projet de loi n'accorde pas d'autres droits, mais il clarifie la question de la propriété intellectuelle. Il serait ajouté au paragraphe 2(2) et servirait à définir qui est le créateur. Notre amendement se lit comme suit:
« l'auteur », dans le cas d'une oeuvre cinématographique dont le récit, par la forme ou le fond, représente une oeuvre dramatique, est le scénariste et le réalisateur.
Je répète qu'il faut apporter un tel amendement pour tirer le maximum de certaines modifications proposées par le gouvernement dans le projet de loi . Par exemple, le projet de loi vise à clarifier ce qui constitue une infraction liée aux droits moraux, mais ces droits renvoient seulement aux créateurs et aux acteurs, sans définir qui sont les créateurs des oeuvres audiovisuelles. C'est pourquoi les réalisateurs et les scénaristes sont incapables de faire valoir leurs droits moraux liés à leur oeuvre.
Le projet de loi prévoit un certain nombre de dispositions sur l'information liée à la gestion numérique des droits. C'est une sorte de sceau numérique qui donne des informations sur l'oeuvre et qui permet de la retracer. Le nom du créateur constitue un renseignement important. Les dispositions qui interdisent la suppression ou la modification de l'information sur la gestion numérique des droits sont importantes pour les réalisateurs et les scénaristes qui veulent protéger leurs droits et leurs redevances dans d'autres pays. Il faut donc reconnaître nos droits d'auteurs.
Les créateurs d'oeuvres audiovisuelles doivent profiter des mêmes protections juridiques que les créateurs d'autres types d'oeuvres. C'est important surtout à l'ère numérique, où on peut facilement envoyer du contenu piraté partout dans le monde à l'aide d'un simple clic de souris. Il est essentiel de clarifier les questions de droit d'auteur pour protéger les créateurs canadiens, dont les réalisateurs et les scénaristes.
Merci, monsieur le président. J'espère qu'il y aura des questions à ce sujet.
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Messieurs les députés, bonjour. Je m'appelle Greg Hollingshead et je préside la Writers' Union of Canada, qui représente environ 2 000 écrivains. Je suis moi-même écrivain et, pendant 30 ans avant ma retraite, j'étais professeur d'anglais à l'Université de l'Alberta. Je suis accompagné de Marian Hebb, notre avocate.
Merci de l'invitation à témoigner devant vous. Je sais que vous avez beaucoup entendu parler de l'utilisation équitable en enseignement, mais en tant que professeur, écrivain, consommateur et créateur, je vais tenter de mettre en lumière comment et pourquoi cette vaste exception peut, sans qu'on le veuille, porter atteinte à la propriété intellectuelle des auteurs canadiens.
Lorsque le projet de loi a été présenté, l'honorable ministre du Patrimoine canadien James Moore a déclaré que des lois claires permettaient aux consommateurs de connaître les limites à ne pas franchir et qu'il était injuste d'empêcher les créateurs de protéger ce dans quoi ils ont investi. Il parlait des serrures numériques, mais sans s'en rendre compte, il a évoqué exactement le problème que présente selon nous la nouvelle exception liée à l'enseignement: le manque d'orientation suffisante pour que les étudiants et les enseignants sachent ce qui est permis et ce qui ne l'est pas en ce qui a trait aux droits d'auteur. Cette exception ne respecte pas la propriété des créateurs.
Il y a quelques années, une de mes nouvelles a été publiée dans une anthologie imprimée pour les collègues et les universités. J'ai reçu le paiement de mes droits d'auteur pour les éditions successives, mais ces dernières années, moins d'enseignants utilisent les manuels imprimés dans leurs cours. Les enseignants remettent plutôt aux étudiants un bloc de cours qui contient des textes photocopiés. Si vous voulez le consulter plus tard, j'ai amené un bloc de cours de mon université qui comporte des sections ou des chapitres de livres et un essai tiré d'une revue.
En 2010, les enseignants dans les universités et les collèges canadiens ont copié plus de 100 millions de pages dans près de 120 000 livres, seulement pour les blocs de cours. Toutefois, ils remplacent de plus en plus ces blocs par des sites Internet réservés aux enseignants et aux étudiants qui permettent de discuter des textes à l'étude.
Une organisation chargée de délivrer des licences offre maintenant ma nouvelle aux enseignants partout dans le monde qui veulent inclure sur leurs sites Internet les textes des auteurs et des éditeurs qu'elle représente. Pour cette utilisation numérique, les universités ou les collèges versent une redevance à mon éditeur et à moi, tout comme l'organisme canadien Access Copyright paie mes droits pour l'impression de mes textes, leur ajout dans les blocs de cours ou la distribution en classe.
C'est très bien. Qu'ils soient inclus dans les blocs de cours, distribués en classe ou affichés sur un site Internet approprié, les textes sont désormais fournis de façon bien plus efficace et à moindre coût pour l'étudiant, qui a ainsi un accès plus facile aux textes de professionnels canadiens. L'auteur et l'éditeur reçoivent de l'argent pour leur travail et leur produit. Les responsables d'universités et de collèges n'ont pas besoin de protéger les droits d'auteur ou de se préoccuper du viol de ces droits par les enseignants ou les étudiants. Toutefois, le projet de loi n'indique pas clairement quel genre de reproduction à des fins éducatives constitue une utilisation équitable et ce qui ne l'est pas.
En tant que professeur, je sais que les enseignants ne sont pas les ennemis des créateurs, qu'ils croient que ces derniers doivent obtenir une rémunération pour leurs oeuvres et que les établissements scolaires doivent payer une licence générale.
Les enseignants veulent payer pour les droits d'auteur, comme ils l'ont dit devant votre comité et celui du projet de loi C-32. Ce qu'il faut établir, c'est à combien s'élève la juste rémunération, mais le projet de loi ne le fait pas encore. Nous croyons que la mesure et le Parlement, pas les tribunaux, doivent déterminer cette juste rémunération et ce que le secteur de l'enseignement doit débourser.
Compte tenu de la culture d'information et de divertissement numérique gratuits dans laquelle nous vivons tous et étant donné qu'une imprimante munie d'un scanneur coûte moins de 100 $, on ne peut pas plus se fier aux personnes qu'aux serrures numériques pour ce qui est des livres.
Par expérience, je vous assure que, si le projet de loi est adopté sans amendement, il y aura un déluge de copies non autorisées dans les établissements scolaires. C'est clair que les plus farouches opposants à la mesure présument avoir droit à un libre accès à tous les contenus numériques. En raison de la culture dans laquelle ils ont grandi, les étudiants actuels s'attendent à utiliser sans frais tout ce qu'ils peuvent télécharger.
C'est clair que, parce qu'ils ont refusé de verser des redevances liées aux licences collectives, plus de 50 collèges et universités ont forcé les enseignants à consacrer du temps et des efforts supplémentaires pour se charger eux-mêmes d'obtenir les droits d'utilisation des oeuvres à l'étude.
Cependant, combien d'enseignants vont se donner la peine d'obtenir ces droits si leurs établissements ont rejeté les licences collectives, si leurs sites Internet sont presque impossibles à surveiller et si, de l'avis général, tout indique que le projet de loi va diminuer les restrictions sur les droits d'auteur liés à l'enseignement, sans qu'on puisse dire exactement comment?
La semaine dernière, des enseignants vous ont dit que la simple copie de quelques pages ici et là pour l'étude en classe doit être considérée comme une utilisation équitable. Mais si on songe à tous les cours donnés chaque année au pays, près de 250 millions de pages sont copiées dans les établissements scolaires. Les auteurs et les éditeurs perdent ainsi des dizaines de millions de dollars.
La copie de quelques pages ici et là ne concerne pas la facilité d'accès aux documents, mais le paiement. Les enseignants vous demandent de leur permettre une utilisation pour laquelle ils détiennent déjà une licence.
Dans la décision CCH, la Cour suprême a indiqué que les dommages subis par le marché n'étaient qu'un des six facteurs ou plus qu'il fallait examiner concernant l'utilisation équitable et qu'il n'était pas forcément le plus important. Une utilisation qui nuit au marché peut être considérée comme équitable. La copie de quelques pages çà et là pour l'utilisation en classe causerait beaucoup de tort au marché. Les dommages qu'il pourrait subir en raison de l'ambiguïté de la loi et l'incertitude associée aux investissements continus dans l'édition au Canada sont trop importants pour que le Parlement laisse les tribunaux trancher la question.
Nous vous demandons de clarifier le projet de loi pour que les utilisations payantes de nos jours continuent de l'être. Sinon, les premières personnes pénalisées par les économies que les établissements d'enseignement vont réaliser seront celles qui peuvent le moins se le permettre; les auteurs canadiens gagnent en moyenne moins de 20 000 $ par année pour leurs écrits.
La Writers' Union of Canada a participé activement à l'élaboration d'un document qu'elle et 67 autres organisations artistiques au Canada ont signé et qui vous a été envoyé en janvier. D'autres membres de ce groupe de témoins vous ont parlé de ce document, qui contient les amendements répondant à nos préoccupations.
Le mémoire que nous vous avons remis aujourd'hui traite également de ces préoccupations d'autres problèmes que présente le projet de loi C-11, dont le contenu généré par l'utilisateur et l'utilisation numérique par les bibliothèques.
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Je suis d'accord. Il est intéressant d'entendre autant parler du Web alors qu'il n'existe toujours aucun modèle d'affaires fongible qui couvre tout l'éventail des possibilités qu'offre cet environnement. On s'y attend, mais il y a déjà du contenu sur le Web; c'est indéniable.
Mais je pense que la réponse est un peu plus complexe. Comment ce contenu pourrait-il devenir fongible puisqu'il se trouve déjà sur le Web? Comment peut-on contrôler l'utilisation ou la consommation du matériel sur un environnement passé maître dans l'art de se soustraire aux autorités traditionnelles?
La vraie réponse, c'est que les créateurs de contenus ne peuvent survivre sans rémunération, et que celle-ci comporte deux éléments: la main-d'oeuvre, qui est payée sur-le-champ au créateur, et la paternité de l'oeuvre, un lien économique continu qui perdure longtemps après la diffusion du matériel sur le marché.
Avec Internet et les nouveaux médias en général, on remarque que le lien économique continu avec l'oeuvre est radicalement abrégé après la diffusion de celle-ci. Or, c'est lourd de conséquences pour les créateurs qui sont chez eux à essayer de terminer leur prochaine oeuvre et pour ceux qui essaient d'obtenir un prix juste en échange de leur travail au sein de la population active. Les pertes des réalisateurs qui n'arrivent pas à récupérer cet argent sur le marché se refléteront sur la main-d'oeuvre et la paternité de l'oeuvre. Au sein de ce nouveau Far West, la Guilde canadienne des réalisateurs croit qu'il faut continuer de tenir compte, sur les plans légal et économique, des investissements liés à la paternité de l'oeuvre.
Je n'ai pas tous les chiffres, mais je crois que nos associations les ont. Avec un peu de chance, elles les auront inclus dans leurs mémoires.
Je vous dirai très brièvement, avant de céder la parole aux autres, qu'au cours des dernières années, les redevances que versent les télédiffuseurs ont diminué, et ce, pour deux raisons: elles ont commencé à baisser lorsque les chaînes spécialisées et les chaînes câblées ont pris le marché de force, à une époque où il n'y avait que quatre grands réseaux aux États-Unis. En fait, il n'y en avait que trois à ce moment-là. Ils dominaient alors les cotes d'écoute et pouvaient verser d'énormes redevances. L'arrivée des chaînes spécialisées et des chaînes câblées a eu pour effet de fragmenter le marché, et par le fait même de fragmenter l'auditoire. C'est donc à ce moment que les droits payés par émission ont diminué. La même chose se produit aujourd'hui avec la nouvelle génération, étant donné que l'avènement de l'Internet vient fragmenter le marché une fois de plus.
Si on veut retrouver la même qualité, notamment dans les dramatiques à gros budget, auxquelles j'inclus Degrassi , ces redevances devront idéalement être remplacées d'une façon ou d'une autre. On peut réduire les coûts jusqu'à un certain point, mais si on veut conserver la qualité afin de vraiment fidéliser l'auditoire, il faut trouver l'argent ailleurs. C'est possible de combler la différence, et même plus, grâce aux revenus tirés des plateformes numériques.
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Merci, monsieur le président.
Merci à vous tous d'être ici.
Je pense qu'il est important que le comité sache comment cela se passe dans la vraie vie pour les artistes, les écrivains, les cinéastes et les producteurs qui essaient de gagner leur vie. Disons-le, pour chaque Degrassi, il y a beaucoup de producteurs, de réalisateurs et d'écrivains qui peinent à s'en sortir.
Je veux d'abord vous féliciter pour votre réussite et pour le talent et les capacités que vous apportez à vos industries respectives. Je crois que c'est très important. Je sais que vous agissez tous comme mentors également. C'est important ça aussi.
J'aimerais avoir des précisions sur quelques-uns des commentaires qui ont été formulés, tout d'abord concernant les mixages.
Monsieur Stohn, pour vous, à tout le moins pour Degrassi, les mixages ont été très utiles. Ils reflètent en quelque sorte les impressions de cette communauté.
À votre avis, est-ce une pratique qui est monnayée? Autrement dit, est-ce que les gens le font à des fins commerciales?
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Avant d'aller plus loin, Tim, je crois important de souligner que nous voulons que les artistes soit rémunérés. Si des organisations comme isoHunt ou Megaupload font de l'argent sur le dos des artistes et des producteurs, il faut remédier à la situation.
Toutefois, vous parlez de quelque chose de très différent. Je tiens à le préciser, parce qu'il est parfois difficile de tracer la ligne. En fait, notre mandat consiste entre autres à clarifier la distinction à faire entre les deux, car ce n'est pas nécessairement évident.
Je veux aborder rapidement la question de la paternité d'une oeuvre. Ce que le projet de loi met de l'avant est un droit qui a été conféré aux musiciens, aux créateurs de contenu et aux propriétaires de musique, et personne ne met en doute que ce droit leur appartient. C'est aussi un droit qui est monnayable; personne ne dément cela. Cependant, le projet de loi crée une faille dont se serviront les utilisateurs de la musique, c'est-à-dire les radiodiffuseurs, pour éviter de payer les redevances rattachées à ce droit, à l'égard duquel la Commission du droit d'auteur a déjà tranché.
Qu'est-ce qui vous fait croire que codifier la paternité d'une oeuvre cinématographique ou audiovisuelle serait synonyme de protection, alors qu'on voit que le projet de loi a l'effet contraire? Les musiciens vont perdre 21 millions de dollars d'un simple coup de crayon.
C'est inacceptable à notre avis. Ce n'est pas la voie à prendre, et pas seulement pour les musiciens. Il n'est pas question de payer deux fois pour le même...