Francine Lalonde propose, — Attendu les liens étroits d'amitié qui unissent le Canada, et particulièrement le Québec, au Liban, démocratie francophone et pluraliste et attendu qu’il tient à sa sécurité;
Attendu que le Canada est un ami de longue date d'Israël, qu'il a activement contribué à sa naissance et qu’il tient aussi à sa sécurité;
Attendu que cette amitié, tant pour Israël que pour le Liban, commande une position équilibrée qui tienne compte des intérêts et des points de vue des deux côtés;
Attendu que la position équilibrée du Canada lui a, dans le passé, permis d'être respecté par les divers camps dans le conflit au Proche Orient et d'agir en faveur du processus de paix;
Attendu que le Canada est le pays occidental qui comptait le plus grand nombre de ressortissants au Liban au début des hostilités et que l'apparent niveau d'impréparation du gouvernement face à la crise suscite questions et mécontentements;
Attendu le droit à la légitime défense inclus dans le droit international, à l’article 51 de la Charte des Nations-Unies, dans le respect du principe de proportionnalité;
Attendu que les parties concernées par un conflit ont l’obligation de respecter le droit international humanitaire, notamment la Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, de même que le Protocole additionnel aux Conventions de Genève du 12 août 1949 relatif à la protection des victimes des conflits armés internationaux, qui est un impératif absolu dans la conduite de la guerre et qui engage la responsabilité pénale personnelle des dirigeants;
Le Comité permanent des Affaires étrangères :
Offre ses condoléances les plus sincères aux familles des victimes canadiennes des bombardements israéliens au Liban et déplore le manque de compassion dont a fait preuve le gouvernement à leur endroit;
S’inquiète du retard avec lequel le gouvernement a mis en place un plan d’évacuation pour les ressortissants canadiens au Liban, l’invite à poursuivre les évacuations en les étendant aux résidants permanents du Canada et à prendre des actions concrètes pour secourir les ressortissants canadiens pris au sud du Liban où les hostilités sont les plus vives;
Recommande au gouvernement de mettre sur pied une enquête publique, dès que les circonstances le permettront, pour évaluer les opérations d’évacuation et en tirer des leçons;
Condamne l’enlèvement de deux soldats israéliens par le Hezbollah;
Condamne les bombardements d’Israël faisant suite à l’enlèvement de ces deux soldats israéliens par le Hezbollah comme étant des actes ne respectant pas le principe de proportionnalité qui balise le droit de tout pays de se défendre;
Estime que le gouvernement du Canada, seul au monde à avoir qualifié les frappes israéliennes au Liban de "mesurées", ne tenant pas compte de la destruction des infrastructures civiles essentielles, a détruit la réputation internationale de médiateur apprécié du Canada et l’incite à réviser sa position pour conclure en leur caractère disproportionné;
Condamne sans réserve les tirs de roquettes du Hezbollah sur le territoire israélien;
Condamne sans réserve les bombardements qui affectent d’une manière indiscriminée les civils et détruisent les infrastructures civiles essentielles aux populations telles que routes, ponts, aéroport, centrale électrique;
Presse le gouvernement de faire siens les appels que presque tous les pays ont formulés en faveur d’un cessez-le-feu immédiat des deux côtés;
Presse le gouvernement d’enjoindre Israël, d’ici au prononcé du cessez-le-feu qui devrait être immédiat, à déployer des efforts beaucoup plus grands et plus crédibles pour protéger les populations et les infrastructures civiles;
Déplore vivement que le gouvernement, parce qu’il a pris partie sans nuances pour un belligérant et contre l’autre, ait rendu le Canada inapte à jouer un rôle de rapprochement, de rétablissement ou de maintien de la paix dans la région;
S’inquiète de la légèreté avec laquelle le premier ministre a réagi suite au bombardement du poste de l’ONU, bombardement qui a causé la mort d’un observateur militaire canadien;
Rappelle au gouvernement que la politique étrangère officielle du Canada s’appuie encore sur la nécessité de régler par la négociation les conflits entre Israël d’une part et les Palestiniens et le monde arabe d’autre part et que c’est aussi l’opinion que le Comité a exprimée dans son rapport sur les relations entre le Canada et les pays du monde musulman, adopté unanimement le 25 mars 2004;
Estime qu’il n’y aura pas de paix dans la région sans un règlement global et négocié du conflit israélo-palestinien;
Affirme que l’usage de la force ne peut en aucun cas permettre de résoudre les conflits au Proche Orient;
Réitère son attachement à la souveraineté, à la sécurité et à l’intégrité territoriale du Liban et déplore que les dommages infligés par les bombardements aient diminué la capacité du gouvernement libanais à contrôler effectivement l’ensemble de son territoire;
Demande au gouvernement du Canada d’offrir son aide au gouvernement libanais pour que le gouvernement libanais puisse, avec l’aide de la communauté internationale, travailler au désarmement pacifique des milices;
Presse le gouvernement de présenter un véritable plan d’aide approprié aux besoins humanitaires du Liban;
Décide de faire rapport à la Chambre de la présente résolution, incluant son préambule.
Il s'élève un débat.