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La séance est ouverte. Conformément à l’ordre de renvoi du jeudi 6 février 2020, nous étudions le projet de loi , Loi portant mise en oeuvre de l’accord entre le Canada, les États-Unis d’Amérique et les États-Unis du Mexique.
Je souhaite la bienvenue à nos témoins qui sont ici par téléconférence et à ceux qui sont avec nous dans la salle de réunion. Par vidéoconférence, de Niagara Falls, nous accueillons Kevin Jacobi, directeur exécutif de CanadaBW Logistics, et de la Tanzanie, Eddy Peréz, analyste des politiques internationales de Réseau action climat Canada.
Nous accueillons ici, à Ottawa, Jim Tully, vice-président exécutif de DECAST. Nous attendons sous peu Bob Benner, de Hamill Agricultural Processing Solutions.
Nous allons passer à la vidéoconférence. Monsieur Peréz, vous êtes en Tanzanie et je crois comprendre que vous n’avez pas le meilleur lien au monde, alors nous allons commencer par vos commentaires, monsieur.
Allez-y, s’il vous plaît.
Je vous présente mes excuses pour la qualité de la vidéo. Je suis en Tanzanie, sur le territoire traditionnel des Wa-arusha.
Au nom de Réseau action client Canada, nous vous remercions de nous avoir invités à prendre la parole devant le Comité permanent du commerce international.
Réseau action climat Canada est le plus grand réseau d’organisations au pays qui travaillent sur la politique climatique et il est apparenté au plus grand réseau d’organisations environnementales au monde, qui chapeaute plus de 1 300 groupes dans le monde.
J’aimerais commencer par exprimer ma solidarité à l’égard du travail accompli tout au long de 2018 et de 2019, et souligner et appuyer les commentaires d’organisations membres comme le Congrès du travail du Canada, Unifor, l’Assemblée des Premières Nations, les métallurgistes et de nombreux autres membres qui ont participé aux consultations et qui ont travaillé en étroite collaboration sur l’ALENA 2.0. J’appuie également les commentaires de nos alliés, comme le Conseil des Canadiens.
Depuis plus de 25 ans, l’ALENA contribue au changement climatique, à la pollution toxique, à l’insécurité économique, à l’inégalité sociale et à la déréglementation environnementale. C’est le résultat d’un système commercial que le Canada a privilégié en faveur des sociétés plutôt que des gens.
Dans le contexte de la crise climatique actuelle, nous ne pouvons pas continuer à promouvoir des modèles commerciaux qui nous enferment dans des accords commerciaux de plusieurs décennies qui rajoutent de l'huile sur le feu.
Les questions que nous avons à vous poser sont les suivantes. L'ACEUM est-il du bon côté de l’histoire? Pouvons-nous sérieusement utiliser cet accord commercial pour lutter contre le changement climatique et la pollution toxique? En quoi la nouvelle version de l’ALENA est-elle différente de la précédente? Va-t-elle assurer ceux qui travaillent à l’intérieur et à l’extérieur de ce parlement que le Canada respectera ses obligations et ses responsabilités en matière de climat?
Nous reconnaissons, cependant, que l’absence de toute disposition relative à la proportionnalité énergétique dans l’ALENA 2.0 est une nette victoire sur le plan environnemental. Il en va de même pour la suppression du RDIE. Mais est-ce suffisant?
Les démocrates des États-Unis ont voté contre la ratification de l’accord parce qu’il ne s’attaque pas au changement climatique, la plus grande menace pour notre planète.
Maintenant que le Canada envisage de ratifier cet accord, nous devrions nous concentrer sur la façon de créer des mesures de protection nationales pour faire en sorte que, même s’il met l'accord en oeuvre, il le fasse tout en respectant ses obligations en matière d’environnement et de climat.
Permettez-moi de rappeler au Comité l’état actuel des choses.
L'ACEUM omet d’aborder, de reconnaître ou même de mentionner la crise climatique. La plupart des dispositions du chapitre sur l’environnement sont vagues et demeurent en grande partie inapplicables. Le chapitre 28 offre aux sociétés de nouveaux moyens d’influencer la réglementation.
Une attention considérable a été accordée aux subventions à la pêche. Toutefois, ce n’est manifestement pas le cas pour les subventions aux combustibles fossiles, qui sont tout aussi destructrices et qui racontent une triste histoire du soutien continu de l’Amérique du Nord à l’économie à forte intensité de carbone.
L'ACEUM montre encore une fois le peu d'importance accordé au chapitre sur l’environnement, ce qui fait que certains gains, comme l’élimination du RDIE, sont sapés par l’absence totale de référence à la gouvernance environnementale; et il n’y a aucune mention de la DNUDPA.
Cet accord mentionne à peine la pollution, et il ne contient pas de conditions précises et contraignantes pour régler le problème des rejets de polluants documentés. Il ne prévoit aucun système indépendant et exécutoire d’application des dispositions environnementales et il ne crée pas un organisme indépendant chargé d’enquêter sur les abus environnementaux et d’intenter des poursuites.
Comment pouvons-nous aller de l’avant?
Voici, en bref, les recommandations du Réseau action climat.
Selon nous, la lutte contre le changement climatique, à elle seule, ne résistera pas si elle ne garantit pas que les accords commerciaux protègent les droits des travailleurs et des peuples autochtones.
Reconnaissant qu’en raison du contexte politique qui prévaut, le Canada n’a pas été en mesure d’assurer des progrès significatifs pour inclure le climat dans le texte actuel, ce n’est pas suffisant. Le Canada doit veiller à ce que cet accord commercial ne nous empêche pas de respecter nos obligations et nos engagements en matière de climat.
Comment pouvons-nous aller de l’avant?
Le Canada s’est engagé à augmenter ses objectifs climatiques et à atteindre un bilan de zéro émission d’ici 2050. Le Canada s’est engagé à fournir de nouvelles contributions déterminées à l’échelle nationale, et comme ces nouveaux CDN dépendent fortement de l’expansion de l’énergie renouvelable, il pourrait y avoir d’autres différends à venir et nous devons être prêts.
Voici ce que nous vous encourageons à faire.
Le Parlement devrait demander une analyse de la façon dont cet accord commercial peut soutenir la politique climatique, en particulier dans trois domaines clés. Il faut voir, premièrement, comment l'ACEUM facilite ou non le commerce de biens et de services écologiques et renforce la promotion des objectifs climatiques du Canada; deuxièmement, comment s'assurer qu'au moins les règles commerciales ne font pas obstacle aux objectifs de la politique climatique; troisièmement, quelle est l’incidence des accords commerciaux sur le transfert international des résultats d’atténuation en vertu de l’article 6 de l’Accord de Paris, particulièrement dans le contexte du système de plafonnement et échange Québec-Californie.
Enfin, nous avons beaucoup de retard par rapport à ce que nous devons faire. Dans cette crise climatique, l’atteinte des objectifs climatiques devrait être considérée comme une raison légitime de s’écarter des règles commerciales. De telles considérations sont envisagées dans l’Union européenne. Les clauses faibles, même lorsqu’elles sont exécutoires, ne garantissent pas qu’un accord commercial peut être considéré comme un outil de lutte contre le changement climatique.
Merci beaucoup.
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Merci beaucoup. Je suis heureux qu’on m’ait demandé de participer à cette conversation.
Je m’appelle Kevin Jacobi. Je suis directeur général de CanadaBW Logistics, à Niagara Falls, en Ontario.
Pour situer le contexte, mon entreprise se spécialise dans le développement des activités d'importation-exportation. Nous aidons les entreprises locales à répondre à leurs besoins en matière d’exportation et les entreprises internationales à s’établir ici, à Niagara, pour faire partie de notre collectivité et développer leurs entreprises au sein de l’infrastructure canadienne.
Je suis ici pour parler en faveur de l’ACEUM et des ratifications en cours, dans l’espoir que cela apportera de la stabilité à nos entreprises.
Nous avons un certain nombre d’entreprises dont les possibilités ont été grandement ébranlées par les changements tarifaires qui touchent des choses comme l’acier et l’aluminium. Notre clientèle établit, avec ses fournisseurs et les gens à qui elle vend des produits, des contrats qui peuvent durer plus de deux ou trois ans. Lorsque des tarifs sont imposés au milieu d’un contrat, nous n’avons pas la possibilité de nous adapter ou de faire évoluer ce que nous essayons de faire en tant qu’entreprises. Cela a une incidence sur nos marges ou détruit notre entreprise.
Je travaille avec nos chambres de commerce, en plus d’être le directeur général de la Niagara Industrial Association et de la section de Buffalo Niagara du World Trade Center, et nous voyons que l'incertitude aura des conséquences dramatiques si l'accord n’est pas ratifié.
Nous espérons que sa ratification assurera la stabilité du marché. Nous comprenons qu’il y aura des avantages et des inconvénients, selon le secteur d’activité de nos entreprises. Cependant, nous aurons des règles en place pour pouvoir prendre des décisions que nous pourrons évaluer et prévoir au-delà du court terme. Nous sommes certainement en train... Je pense que nous avons très peu de temps devant nous pour ratifier l’accord, compte tenu du climat politique aux États-Unis. Si nous n’agissons pas rapidement, nous risquons de rater notre chance.
Niagara, qui est l’un des plus grands réseaux commerciaux au Canada, en tant que ville frontalière, a le poste frontalier le plus achalandé pour les gens qui font la navette entre le Canada et les États-Unis. C'est aussi le deuxième poste frontalier en importance pour ce qui est de la valeur totale du fret. Nous sommes l’une des rares régions de l’Ontario à avoir un excédent commercial.
La ratification de l’ALENA 2.0 ou ACEUM renforcera notre capacité d’avoir un impact sur l’économie canadienne et d’attirer des entreprises et des investissements dans le cycle économique canadien. L’une des choses que nous faisons dans mon entreprise — ce que nous essayons d’accomplir ici —, c’est l'établissement d'un point d’atterrissage pour les entreprises internationales afin de leur permettre de développer des possibilités de fabrication et de commercialisation dans notre région pour mieux exploiter leur capacité de faire affaire à la fois avec le Canada et les États-Unis.
Nous comprenons que le Canada est un très petit marché comparativement aux États-Unis. Cependant, nous sommes perçus partout dans le monde comme un marché stable, un endroit où faire des affaires dans un environnement qui respecte le commerce équitable et les autres cultures. Nous leur offrons un point d’atterrissage qui leur permet d’avoir un accès équitable au Canada et aux États-Unis et, bien sûr, au Mexique, dans une certaine mesure. Nous n’avons pas vraiment autant de débouchés de ce côté-là pour la région de Niagara.
Nous espérons que le Comité suivra les conseils des personnes qui préconisent d'aller de l’avant avec la ratification et qu'il donnera aux entreprises canadiennes une plateforme stable pour nous permettre de faire croître nos collectivités.
Merci.
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Bonjour. Je vous remercie de me permettre de comparaître devant le Comité.
Je m’appelle Jim Tully. Je suis le vice-président exécutif de DECAST Limited.
DECAST est un fabricant de produits d’infrastructure préfabriqués en béton et l'entreprise est située en bordure de Toronto. Nous employons directement plus de 500 personnes et notre chaîne d’approvisionnement touche 3 000 autres personnes.
L’ALENA et maintenant l'ACEUM devraient ouvrir les marchés des deux côtés de la frontière, mais l’histoire nous a montré que ce n’est pas le cas. Il existe plusieurs politiques américaines qui ont touché les petites et moyennes entreprises comme DECAST: Buy America; Buy American; l’American Recovery and Reinvestment Act; et les décrets du président Trump sur le contenu américain.
Dans le cadre de la politique Buy American, pour les projets de construction, les entrepreneurs doivent utiliser des matériaux de construction fabriqués à 100 % aux États-Unis, et plus de 50 % des matériaux provenant des États-Unis. Le Canada est exempté pour les contrats de plus de 10 millions de dollars; toutefois, la plupart des projets pour lesquels nous soumissionnons sont inférieurs à ce montant. De nombreux États et municipalités ont également des exigences de production géographique semblables.
Dans ses décrets présidentiels, le président Trump a clairement déclaré qu’il voulait donner la priorité à Buy American et il a incorporé ce concept dans trois décrets touchant les politiques Buy America et Buy American. Ces décrets créent plus d’incertitude pour les entreprises comme DECAST.
Le résultat direct de ces politiques est que le marché canadien des produits d’infrastructure est largement ouvert aux entreprises américaines, ce qui laisse libre cours aux prix abusifs et au dumping. En 2018, DECAST a perdu l’équivalent de 41 emplois à temps plein dans des projets à cause des importations de tuyaux d’acier américains. D’après ce que nous avons compris des prix pratiqués par les fabricants américains, le prix était égal ou inférieur au coût de fabrication. Pas plus tard que la semaine dernière, à Winnipeg, un fabricant de tuyaux américain du Texas a coupé l’herbe sous le pied aux producteurs de tuyaux locaux. Compte tenu de la distance à parcourir, ils vendent à un prix égal ou inférieur à leur prix de revient.
En conclusion, pour aider les fabricants comme DECAST Limited, le Canada devrait imposer aux municipalités de la province la préférence en matière de contenu national dans le cadre de son financement de l'infrastructure. Selon les recommandations des Manufacturiers et Exportateurs du Canada, ce type de préférence en matière de contenu national pourrait être mis en œuvre conformément au principe de réciprocité pour assurer un libre-échange véritable et ouvert.
Merci de votre temps.
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Merci, madame la présidente, et merci à mon collègue Chris Lewis de m’avoir accordé ce temps aujourd’hui.
En tant qu’ancien maire, directeur adjoint et président du conseil du comté de Simcoe, j’ai eu l’occasion, au fil des ans, de travailler avec l’organisation qui est ici aujourd’hui.
Je tiens à vous remercier, monsieur Tully, d’être ici. Je sais que vous êtes un homme très occupé.
Comme vous l’avez dit au début, votre entreprise a pris beaucoup d’expansion au fil des ans. Il y a eu des expansions en 2011, 2012 et 2016, et en 2019, je crois qu'il y en a eu une de 12 millions de dollars et 35 000 pieds carrés également. C’est une entreprise en pleine croissance.
Elle a très bien réussi et a même célébré son 35e anniversaire. Dans l’économie d’aujourd’hui, il est incroyable de durer aussi longtemps. C’est un grand employeur qui, à l'occasion de son 30e anniversaire, a remis des chèques de 15 000 $ à deux organismes de bienfaisance locaux, le Women’s and Children’s Shelter, de Barrie et My Sister’s Place, de Alliston. Au fil des ans, cette organisation a donné beaucoup de temps et d’énergie, et c’est vraiment l’un des rouages clés dans Simcoe—Grey.
J’ai eu l’occasion, par l’entremise de la Fédération canadienne des municipalités, d'aider à tirer parti de la croissance que vous avez eue dans l’industrie, et je sais qu’au cours des années, vous avez du parfois faire face à une lourde bureaucratie. De plus, nous avons eu la politique de l’acier pendant un certain temps et, finalement, la politique Buy American.
Il est certain que notre parti croit au libre-échange, et idéalement avec moins d'ingérence du gouvernement. Je me demandais si vous pouviez nous en dire un peu plus sur la façon dont le libre-échange vous touche et, si nous pouvions égaliser les règles du jeu, comment cela fonctionnerait.
J’ai une autre question. Je sais que 186 milliards de dollars ont été affectés aux municipalités pour des projets d’infrastructure qui, d’après ce que je comprends, ne sont pas prêts à temps. Pourriez-vous également nous parler du volume d’affaires que vous faites dans les villes et les municipalités? À quel point est-ce important pour les municipalités qui ont besoin de cette infrastructure et à quel point est-il important pour vous et votre organisation de prendre de l’expansion encore une fois?
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De notre point de vue, l’effet réel sur nous est que nous n’avons pas la capacité de soumissionner pour des contrats aux États-Unis. Cela nous est impossible à cause de l’incertitude causée par les politiques Buy America et Buy American et les décrets présidentiels. Lorsque le promoteur local qui nous a demandé de lui donner un prix détermine qu’il peut nous utiliser comme fournisseur, les soumissions sont déjà fermées. Il est trop tard. Donc, on nous empêche de soumissionner pour à peu près n’importe quel projet.
La conséquence pour nous est que nos concurrents américains — je suis tout à fait en faveur d’une concurrence libre et ouverte lorsqu’elle est égale — ont la possibilité de venir au Canada soumissionner pour des contrats, et qu'ils utilisent des prix d’éviction lorsqu’ils viennent ici. Ils fixent des prix qui couvrent peut-être leurs frais généraux, mais sans se soucier des bénéfices. Ils font tout simplement du dumping. Si je vous disais quels étaient les prix offerts à Winnipeg, la semaine dernière, c’est ridicule. Ils viennent du Texas, et ils sont 25 % en dessous des entreprises locales. C’est inacceptable.
Ils le font librement, sachant que nous ne pouvons pas prendre de mesures de rétorsion. C’est notre vrai problème. Comme je l’ai dit, de mon point de vue, la réciprocité est la réponse: « Si vous nous imposez ce genre de politique, nous faisons la même chose. » C’est la seule réponse évidente.
Cela a fonctionné, il y a une dizaine d’années, lorsque la FCM a sondé le gouvernement fédéral et a réussi à mettre en vigueur une clause de réciprocité. Tout de suite, les États-Unis ont supprimé les limites imposées au Canada. Si nous pouvons le faire de nouveau, surtout dans le climat actuel, cela aurait un effet important et aiderait des entreprises comme la nôtre.
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Il est juste de dire, comme je l’ai mentionné dans ma déclaration, tout d’abord, que l’approche du Canada et des États-Unis en matière de commerce exige une certaine force exécutoire, par exemple, pour le chapitre sur l’environnement et d’autres chapitres. Cela dit, le caractère exécutoire ne signifie pas que les clauses que les pays acceptent de respecter sont assez ambitieuses pour garantir que le commerce entre deux ou trois partenaires continuera de contrer les changements climatiques.
Permettez-moi de vous donner quelques exemples de choses qui ne sont pas dans l'ACEUM. Bien que cet accord apporte certains éléments clés et importants de progrès, il ne permet pas une meilleure protection du climat.
Premièrement, il n’y a pas de normes climatiques contraignantes dans le texte. Des leaders démocrates clés ont voté contre cet accord, notamment le leader au Sénat pour les démocrates. Il a dit que l'accord ne réglait pas ou ne mentionnait pas la crise climatique.
L’ALENA 2.0 actuel, loin d’inclure des normes climatiques, ne mentionne même pas les changements climatiques. Il s’agit d’une omission flagrante, puisque l’ALENA incite, en fait, les entreprises à se soustraire aux politiques américaines en matière d’énergie propre, qui ont été durement combattues, en allant au Mexique, par exemple, en éliminant des emplois et en causant la pollution climatique.
Vous avez parlé de protection marine, et c’est une excellente chose. Comme je l’ai dit dans ma déclaration, les trois pays qui sont partenaires de l'ACEUM s’occupent des subventions à la pêche, mais il n’y a aucune mention, par exemple, de la façon dont les pays vont s’attaquer aux subventions aux combustibles fossiles et les réduire afin d’encourager et, en fait, d’arrêter la distorsion des marchés des énergies renouvelables.
En ce qui concerne les normes relatives à la qualité de l’air, de l’eau et du sol, l’accord mentionne à peine la pollution et il ne contient pas de conditions précises et exécutoires pour traiter du déversement documenté de polluants.
Par exemple, le texte reconnaît que la pollution atmosphérique constitue une grave menace pour la santé publique, et en ce sens, vous et moi sommes d’accord. Toutefois, il ne prévoit pas de règle contraignante unique pour réduire la pollution atmosphérique que l’ALENA a exacerbée.
De la version de 2018 du texte à la révision de 2019, cette révision répète, en fait, les mêmes manquements et omet de fixer des limites essentielles pour la pollution de l’air, de l’eau ou du sol. Ce ne sont là que quelques exemples.
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Par le passé, nous nous sommes concentrés sur la FCM et nous avons essayé d’agir à ce niveau en préconisant la réciprocité, comme vous l’avez fait il y a une dizaine d’années lorsque vous avez réussi à contourner ces politiques et que les produits canadiens ont été acceptés.
Nous ne sommes pas un énorme exportateur. Nous faisons du béton. Le béton est gros et lourd. Il est difficile de l’exporter, alors nous nous concentrons sur le Nord-Est des États-Unis lorsque nous vendons des produits. Nous sommes allés jusqu’à Myrtle Beach, au sud.
Lorsque nous parlons de réciprocité, nous voulons simplement avoir la possibilité d’aller là-bas si nous le pouvons. À l’heure actuelle, ce n’est pas le cas. On nous enlève notre marché au Canada en nous imposant des prix d’éviction parce que c'est un marché ouvert. Je crois fermement au libre-échange. J’ai travaillé dans 50 pays différents au cours de ma carrière, et j’y crois fermement, mais si on veut imposer des restrictions sur ce qu’on considère comme le libre-échange, comme le font souvent les États-Unis, nous devrions en faire autant en disant que dès qu’ils laisseront tomber les leurs, nous abandonnerons les nôtres. Pour moi, c’est une façon simple et efficace de garantir que le libre-échange est bien le libre-échange.
Il y a un certain nombre d’années, j’ai comparu devant le conseil régional de Peel, et Hazel McCallion s’est levée pour dire qu'il n’y avait pas de libre-échange et qu'il n’y en avait jamais eu. Cela arrive souvent à cause des petits accords parallèles qui surgissent et qui touchent différentes entreprises au Canada.
Si le nouvel accord entre le Canada, les États-Unis et le Mexique prévoit une entente à cet égard, si vous commencez à conclure des accords parallèles, alors nous allons faire la même chose...
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Madame la présidente, je vais partager mon temps avec M. Lewis.
Je tiens également à dire quelque chose aux fins du compte rendu. Le secrétaire parlementaire ne cesse de dire que les démocrates et les républicains ont voté en faveur de cet accord aux États-Unis, comme il fallait, bien sûr, s'y attendre. Selon l'étude d'impact économique faite par les États-Unis, l'ACEUM aura un impact positif net de 68 milliards de dollars aux États-Unis.
À ce que je sache, nous sommes des députés canadiens dont le travail consiste à analyser cet accord pour le Canada. Je ne sais pas si les témoins sont au courant de ce qui s'est passé plus tôt, mais je leur signale que nous venons tout juste, aujourd'hui même, de recevoir l'étude d'impact économique du gouvernement.
La semaine dernière, l'Institut C.D. Howe a affirmé très clairement que cette entente, comparativement à celle que nous avons déjà, aura chez nous un impact négatif net de 10 milliards de dollars américains, soit 14 milliards de dollars canadiens. Ce que nous essayons de faire de ce côté-ci... Monsieur Jacobi, je veux que vous sachiez que l'accord sera adopté. Il va être adopté cette semaine et envoyé au Sénat. Nous allons donc de l'avant, mais nous devrons malheureusement... Bon, je retire le mot « malheureusement » et je dis plutôt qu'heureusement nous allons faire preuve de diligence raisonnable et veiller à ce que le gouvernement demeure sur la sellette, au moins pour ce qui est des programmes et des mesures de soutien à mettre en place à l'intention des familles et des entreprises touchées par l'accord.
Quant aux propos de M. Tully, il a raison. Il y a 10 ans, M. Harper a négocié une exemption de la politique Achetez américain pour les entreprises canadiennes. La négociation de cet accord offrait la possibilité d'en faire autant, mais, malheureusement, en raison de la faiblesse du leadership de notre premier ministre, cela ne s'est pas fait.
Je tiens à ce qu'une chose soit bien claire, car j'entends sans cesse dire que les démocrates et les républicains ayant appuyé cet accord, nous devrions aussi y être favorables. Non. Nous sommes des députés canadiens. Nous sommes ici pour travailler pour les Canadiens, pour veiller à ce que les intérêts des Canadiens soient pris en compte dans cet accord.
Monsieur Lewis.
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Merci, madame la présidente.
Merci à mon collègue, M. Carrie. Je reprends ses propos à mon compte.
Monsieur Peréz, je le répète, nous avons enfin, ce matin seulement, reçu du gouvernement l'étude de l'impact économique. Ce qui est curieux, c'est qu'il n'a pas comparé l'accord à quoi que ce soit. Il ne l'a pas comparé à l'ALENA, ni au niveau le plus bas, ni comment... Il n'a fait aucune comparaison.
Cela peut sembler un peu étrange, mais, en ce qui concerne précisément le changement climatique, pour peu qu'on se fie au texte de l'ACEUM, nous ne savons pas s'il nous permettra d'atteindre nos cibles ou quel effet il aura, faute de pouvoir faire quelque comparaison que ce soit.
À quoi voudriez-vous le comparer? Aimeriez-vous qu'il soit comparé à l'ALENA? Avez-vous des idées à ce sujet?
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Il n'est fait aucune mention du climat dans le texte actuel, et nous ne pouvons donc pas, pour l'instant, faire l'analyse de l'incidence de cet accord commercial en matière de climat et sur les cibles canadiennes liées à l'Accord de Paris, par exemple, ou à d'autres accords environnementaux multilatéraux qui ne sont pas mentionnés dans le texte révisé.
On peut faire la comparaison avec beaucoup de choses, pas forcément avec l'ALENA. Au cours des deux dernières années, des membres du gouvernement libéral, en particulier M. Trudeau, ont voyagé partout dans le monde pour signer de nouveaux accords commerciaux qui sont qualifiés de progressistes du fait qu'ils comportent certaines dispositions, par exemple, sur l'environnement, les droits des travailleurs, l'égalité des sexes, les droits des Autochtones et ainsi de suite. En faisant la comparaison avec ces autres accords commerciaux signés par le Canada, on constate une grande différence entre ce que le Canada a négocié, d'une part, avec les États-Unis et, d'autre part, avec les pays du Mercosur et de l'Union européenne, particulièrement pour ce qui est du mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États.
Je pense donc que ce que le Réseau Action Climat Canada demande pour l'instant, c'est une clause nationale permettant au Canada d'évaluer la façon dont l'ACEUM aide les entreprises d'énergie renouvelable à investir aux États-Unis ou de déterminer s'il y a des biens en provenance des États-Unis ou du Mexique importés au Canada qui contribuent à la réduction des émissions canadiennes de gaz à effet de serre. Lorsqu'on commence à faire ce genre d'analyse, on obtient de l'information qui n'existait pas auparavant.
L'autre élément que j'aimerais souligner, c'est le Cadre pancanadien sur les changements climatiques, qui est la contribution répartie à l'échelle nationale décidée par le Canada dans le cadre de l'Accord de Paris, et les modalités de sa mise en application au Canada, en comparaison avec la façon dont d'autres pays s'y prennent pour atteindre leurs cibles climatiques.
Il existe donc pour le Canada beaucoup de possibilités d'examiner et de comparer la façon dont les accords commerciaux qu'il signe avec l'Union européenne, le Mercosur et les États-Unis influent sur l'objectif du Canada en matière de changement climatique.
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Je vous remercie, madame la présidente, de me donner l'occasion de poser quelques questions.
Tout d'abord, j'aimerais apporter une clarification pour le compte rendu.
M. Dhaliwal a laissé entendre qu'environ 125 milliards de dollars ont été investis pour l'infrastructure dans notre économie. En fait, selon le plus récent rapport du directeur parlementaire du budget, il s'agit de moins de 14 milliards de dollars. Ce rapport qui date de 2018 fait état de 14 milliards de dollars seulement d'investissements pour l'infrastructure dans notre économie. Je ne pense pas, bien honnêtement, que le chiffre soit beaucoup plus élevé depuis ce temps; nous aurions vu une stimulation économique beaucoup plus importante.
J'ai une question pour vous, monsieur Tully. Merci de vous être déplacé.
L'Accord de libre-échange nord-américain aurait pu être l'occasion de mettre fin aux tracas causés par la politique Achetez américain, source perpétuelle de problèmes et de heurts entre nos deux pays, les États-Unis restreignant les possibilités des entreprises canadiennes de participer à de grands projets d'infrastructure, alors que nous, Canadiens, n'imposons pas de mesures de ce genre aux entreprises américaines qui font des affaires ici. L'Accord de libre-échange nord-américain était l'occasion idéale de régler ce problème.
Êtes-vous déçu que l'accord ne traite pas de ce problème?
C'est une excellente discussion. Nous avons parlé de politique américaine, de politique canadienne et d'autres comparaisons. Voilà 23 années que je suis en politique, la plus grande partie de ce temps au niveau municipal, et je comprends donc de quoi il retourne quand M. Tully ou mon ami de Niagara parlent de soumissions pour les marchés publics, de processus municipaux d'adjudication et tout le reste. Une chose qu'il importe de clarifier, c'est que la différence entre les systèmes américain et canadien tient en grande partie aux programmes d'achat local — j'appelle ainsi par commodité les programmes Achetez américain et d'achat au Canada —, la grande majorité des programmes d'infrastructure relevant en fait des gouvernements provinciaux et territoriaux là où ils existent.
Dans notre système fédératif — j'ai aussi étudié en sciences politiques à l'Université du Michigan —, c'est passablement différent. Le gouvernement fédéral, par le truchement de nos programmes existants de financement des infrastructures, transfère des fonds aux provinces et aux territoires. Les provinces concluent ensuite des ententes avec les municipalités, etc., et la réalisation des travaux d'infrastructure se fait à l'échelon local.
Si je suis au courant de tout cela, c'est que je viens de Sault Ste. Marie, où nous fabriquons beaucoup d'acier. Je suis toujours très intéressé de voir la quantité maximale d'acier dans le programme d'infrastructure. J'avais même présenté une motion d'initiative parlementaire à ce sujet et, ce faisant, j'en ai appris beaucoup plus. De fait, la grande majorité des programmes d'infrastructure sont du ressort des provinces ou des territoires. Nous devons donc travailler en étroite collaboration avec nos homologues de l'Ontario, de l'Alberta ou des Territoires du Nord-Ouest pour adopter ces dispositions en vue d'obtenir des avantages locaux. Il faudrait qu'il y ait une campagne Achetez Ontario pour les programmes d'infrastructure de l'Ontario. Je sais que le gouvernement libéral précédent avait proposé un tel programme, mais il a été annulé par l'actuel gouvernement Ford.
Voilà l'une des questions dont nous sommes saisis. Il est important de tenir cette discussion, mais il y a une grande divergence entre nos gouvernements. Bien sûr, il y a encore des programmes fédéraux, y compris dans le domaine de la défense. Algoma Steel a en effet réussi à décrocher un contrat fédéral, un programme d'achat au Canada, si vous voulez. En matière de sécurité nationale, le ministre peut imposer certaines dispositions aux entreprises participant au processus contractuel. Celles-ci ne doivent pas influencer le processus ou favoriser Algoma Steel, Stelco ou telle entreprise d'ingénierie pour l'obtention du contrat, mais des dispositions spéciales peuvent, en vertu d'un avis au titre de la sécurité nationale, imposer un regroupement en faveur d'une entreprise canadienne.
Algoma Steel a eu... non pas de la chance, mais du succès. La chance, c'est la rencontre de la planification et d'une circonstance opportune. Je me souviens d'avoir déjà entendu cela. Elle a réussi à obtenir le regroupement des constructions navales de la Marine royale canadienne prévues dans le programme actuel. Cela va créer des emplois. Cela signifie du travail pour beaucoup d'ingénieurs. Déjà, des ingénieurs canadiens travaillent d'arrache-pied à Sault Ste. Marie pour…
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Nous reprenons nos travaux. Conformément à l'ordre de renvoi du jeudi 6 février 2020, nous étudions le projet de loi , Loi portant mise en œuvre de l'accord entre le Canada, les États-Unis d'Amérique et les États-Unis mexicains.
Je remercie les témoins d'avoir accepté de comparaître aujourd'hui.
Nous accueillons Brian P. McGuire, président-directeur général d'Associated Equipment Distributors, qui témoignera par vidéoconférence depuis l'Illinois, et Greg Johnston, président de l'Association des auteurs-compositeurs canadiens, également par vidéoconférence, depuis Toronto.
Nous entendrons également Garry Neil, consultant en politiques culturelles chez Neil Craig Associates, et Angella MacEwen, économiste principale, Services nationaux, Syndicat canadien de la fonction publique.
Nous allons commencer par M. McGuire, qui témoignera par vidéoconférence.
Vous avez la parole, monsieur. Allez-y, je vous prie.
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Madame la présidente, mesdames et messieurs les membres du Comité et autres témoins, je vous souhaite le bonsoir.
C'est pour moi un honneur de présenter au Comité, ce soir, des observations au nom de l'Associated Equipment Distributors, l'AED.
Madame la présidente, je tiens également à souligner publiquement le travail que vous avez accompli au fil des ans dans le domaine de la construction et des infrastructures et, bien sûr, à vous remercier d'avoir accepté de prendre la parole devant les membres de notre association réunis à Ottawa au cours de la dernière législature. Votre leadership est hautement apprécié par nos membres des deux côtés de la frontière.
L'AED est l'association commerciale internationale qui représente les entreprises qui vendent, louent, entretiennent et fabriquent de l'équipement utilisé dans les chantiers de construction, les mines, la foresterie, la production d'électricité, l'agriculture et les activités industrielles, équipement qui est essentiel à la construction et à l'entretien des infrastructures cruciales, notamment les routes, les ponts, les canalisations et les voies d'eau. De plus, nous fournissons de l'équipement essentiel aux secteurs des ressources naturelles et de l'agriculture partout au Canada.
Nos sociétés membres sont implantées au Canada, aux États-Unis et au Mexique. Au Canada, nos membres sont présents en plus de 420 endroits et emploient 27 000 hommes et femmes qui travaillent avec dévouement dans des carrières enrichissantes. En Amérique du Nord, chaque année, ces petites et moyennes entreprises familiales génèrent des revenus de plus de 60 milliards de dollars américains. Bien qu'elle soit basée aux États-Unis, l'AED est une association commerciale vraiment internationale. Je signale que le conseil d'administration de l'AED aura pour président, en 2021, un dirigeant d'entreprise canadienne.
L'AED a été, tant au Canada qu'aux États-Unis, l'un des grands promoteurs de la modernisation de l'accord commercial trilatéral nord-américain. En tant qu'organisation favorable au libre-échange, nous avons fait de la ratification de l'accord une priorité stratégique à Washington. À cette fin, l'AED a travaillé en étroite collaboration, et de façon bipartisane, avec les leaders du Congrès, et j'ai eu l'honneur d'être présent le mois dernier à la Maison-Blanche pour la signature de l'accord.
Je tiens à féliciter toutes les parties pour les efforts qu'elles ont déployés en vue de conclure un accord commercial trilatéral qui continuera d'harmoniser les intérêts du Canada, des États-Unis et du Mexique. Toutefois, il est maintenant temps que le Canada se joigne à ses partenaires américain et mexicain pour ratifier l'Accord Canada-États-Unis-Mexique en adoptant sans tarder la loi habilitante à la Chambre des communes, puis au Sénat du Canada, afin de procurer au secteur canadien de l'équipement la certitude commerciale dont il a grand besoin.
Le secteur canadien de l'équipement, qui est tributaire du commerce transfrontalier entre les États-Unis et le Mexique, est particulièrement vulnérable à l'incertitude économique du fait de la quantité de biens et d'objets de commerce essentiels qui, jour après jour, traversent la frontière sud du Canada. Cela rend une prompte approbation essentielle à la prospérité de notre industrie. La livraison efficace d'équipement lourd, de pièces de machinerie et de services contribue à maintenir les coûts à un bas niveau pour nos clients — agriculteurs, constructeurs de routes, entrepreneurs —, ainsi que pour les gouvernements provinciaux et locaux partout au pays. La hausse des coûts se traduit par la réduction des sommes à investir dans les entreprises, dans les salaires des employés et dans la création d'emplois. Les retards dans la livraison des produits créent des inefficacités et retardent les grands projets d'infrastructure qui sont avantageux pour les citoyens canadiens et pour le commerce.
La ratification de l'ACEUM serait une victoire pour tous les Canadiens, et sa prompte ratification est essentielle à la prospérité du secteur de l'équipement. L'AED est d'avis que l'ACEUM établit un juste équilibre entre la protection des intérêts du Canada et la libre circulation des biens et des objets de commerce en Amérique du Nord.
Nous avons exhorté Ottawa et Washington à mener les négociations de bon train et n'avons pas manqué de faire valoir les avantages, pour les deux pays, de conclure rapidement un accord afin de susciter la confiance des entreprises, qui est un moteur clé des nouveaux investissements dans les secteurs de la construction, de l'énergie et de l'agriculture. Nous avons fait tous les efforts possibles pour que le Canada et les États-Unis soient au courant des difficultés qui découleraient d'une mauvaise entente ou d'un long processus.
Si je comparais devant vous aujourd'hui, c'est pour vous faire sentir l'urgence de la situation et pour insister sur le besoin que nous avons d'une solution rapide. Le Mexique et les États-Unis ont ratifié cet accord et sont prêts à aller de l'avant. L'AED demande aux parlementaires canadiens de ratifier l'accord dans les meilleurs délais.
Si des modifications sont proposées, l'accord devra être rouvert. Les entreprises des secteurs des ressources naturelles, de la construction et de l'agriculture se trouveront aux prises avec des retards.
Les intervenants de toutes les industries ont largement appuyé les concessions faites par le Canada et par les États-Unis pour en arriver à cet accord. Il est temps d'aller de l'avant.
En terminant, je tiens à féliciter l'équipe de négociation du Canada pour les efforts de collaboration qu'elle a déployés auprès de ses homologues des États-Unis et du Mexique. Je tiens également à remercier les membres du Comité, sans égard à leur appartenance, qui s'emploient à faire en sorte que l'accord puisse faire l'objet d'un examen approfondi, tout en veillant à ce que sa mise en vigueur ne soit pas retardée. En modernisant et en renforçant les liens commerciaux entre les trois pays, l'ACEUM aidera à rétablir la prévisibilité et la certitude commerciale sur les marchés nord-américains de l'équipement, créant ainsi un environnement favorable à l'investissement, à la création d'emplois bien rémunérés et à une croissance soutenue.
Je remercie le Comité de son attention.
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Je vous remercie, madame la présidente, ainsi que les membres du Comité. Je m'excuse de n'avoir pas pu comparaître en personne aujourd'hui, mais Dame Nature nous avait, à l'évidence, préparé une surprise. C'est pour moi un privilège de prendre la parole devant vous et, comme toujours, je félicite le Comité d'avoir accueilli directement les créateurs.
Aujourd'hui, mes propos porteront essentiellement sur la prolongation de la durée du droit d'auteur et sur les avantages qu'une ratification immédiate et sans complications aurait pour les créateurs.
Il importe de signaler que la prolongation de la durée du droit d'auteur est largement soutenue par la communauté créative au Canada français et au Canada anglais, en Amérique du Nord par Music Creators North America et mondialement par le CIAM, le Conseil International des Créateurs de Musique, dont le siège est à Paris, qui représente quelque 500 000 créateurs de musique professionnels dans le monde. En dehors de la communauté des créateurs proprement dite, la ratification est appuyée par les collectifs canadiens SOCAN et CMRRA, ainsi que par nos partenaires éditeurs Music Publishers Canada, au Canada anglais, et l'Association des professionnels de l'édition musicale, au Québec. C'est important en soi, et j'exhorte le Comité à garder cette unanimité présente à l'esprit tout au long de ses délibérations.
Quelle est l'importance du droit d'auteur? Le droit d'auteur n'est pas une abstraction pour nous. Il ne s'agit pas simplement du fruit des réflexions de professeurs de droit. Il ne s'agit pas non plus d'un moyen pour plumer les consommateurs. Le droit d'auteur est tout simplement notre monnaie, notre gagne-pain, notre capacité de nourrir nos familles et de payer nos impôts. C'est notre survie.
Quelle est la situation réelle des créateurs? Permettez-moi de m'exprimer sans détour: les créateurs canadiens sont menacés. Les perturbations numériques, les exonérations de responsabilité et les exemptions exagérées ont toutes contribué à créer un environnement que l'on ne peut qualifier que de précaire. Dans un marché de plus en plus mondialisé, la domination des entreprises américaines de diffusion en continu exacerbe le problème en raison du manque de visibilité canadienne et de l'absence d'investissement dans la création de contenu national. Outre la directive de l'Union européenne sur le droit d'auteur, le rapport Yale publié récemment par le gouvernement propose des solutions essentielles à la viabilité des créateurs et un retour indispensable à un marché numérique plus équilibré, un marché qui soit viable pour les créateurs au Canada et à l'échelle mondiale.
Pourquoi prolonger la durée du droit d'auteur? La prolongation de la durée n'est que l'un des nombreux problèmes auxquels sont confrontés les créateurs, mais il est d'importance vitale. Plus de 60 pays, dont la France et l'Union européenne, les États-Unis, l'Australie et le Royaume-Uni, ont adopté la règle de « la vie plus 70 ». L'harmonisation avec nos partenaires commerciaux dissipe la confusion sur les marchés, favorise l'investissement international et apporte un leadership crucial en matière de protection de la PI. De nombreux créateurs peinent à atteindre une stabilité financière à long terme. Les REER et bien d'autres instruments financiers ne sont tout simplement pas à la portée de certains membres de notre communauté. La prolongation de la durée augmente la valeur des droits d'auteur, car leur valeur est souvent calculée en fonction de la durée future de la monétisation d'un catalogue, ce qui améliore notre capacité de léguer des ressources financières de quelque importance à nos héritiers. On n'a qu'à songer à la mort tragique et prématurée de Stan Rogers, qui a laissé derrière lui une veuve dans la vingtaine et un petit enfant, pour comprendre les conséquences profondément humaines et morales que la prolongation de la durée peut avoir sur notre communauté musicale.
Qu'en est-il de partenaires du secteur de l'édition? Pour de nombreux créateurs canadiens, les éditeurs de musique offrent des partenariats importants et des sources d'investissement dans les carrières. La prolongation de la durée augmente la période de monétisation pour les éditeurs. Cette prévisibilité financière à long terme constituera pour nos partenaires un soutien crucial à l'investissement dans la carrière des créateurs. Le Comité a entendu des arguments selon lesquels la prolongation de la durée n'est avantageuse que pour les éditeurs. C'est une grave distorsion. Il faut se rappeler que chaque dollar gagné par un éditeur est directement lié à l'œuvre d'un créateur. Dans la plupart des cas, nous, les créateurs de musique, recevons entre 50 et 75 % des recettes provenant de l'utilisation de nos œuvres. Les créateurs de musique canadiens qui sont indépendants et qui publient à compte d'auteur toucheront dans bien des cas 100 % des recettes. Omettre l'apport du créateur dans l'équation, c'est déshumaniser le processus, nous exclure de la discussion et minimiser notre contribution déjà sous-estimée à la chaîne de valeur.
Je vais maintenant parler du fardeau de l'enregistrement. Grâce à nos sociétés de perception des droits, nos œuvres sont déjà enregistrées avec précision et sûreté. L'ajout d'un autre niveau de bureaucratie est non seulement inefficace et superflu, mais il est aussi onéreux, voire prohibitif, pour nos héritiers et nos partenaires éditeurs. Les niveaux supplémentaires d'enregistrement ne peuvent que mener à la confusion, à la redondance et à la possibilité d'abus.
En conclusion, la protection progressiste de la PI est la pierre angulaire de l'innovation et de la créativité. Une loi sur le droit d'auteur bien pensée et équitable favorise des écosystèmes stables, durables et démocratiques pour les créateurs. À l'heure actuelle, les créateurs canadiens sont mieux traités dans beaucoup d'autres pays que dans le leur. Les pays ayant adopté la règle de « la vie plus 70 » favorisent la création de communautés culturelles dynamiques qui profitent tant aux consommateurs qu'aux créateurs, sans les conséquences néfastes graves et hyperboliques que certains prédisent à tort. J'exhorte le Comité à reconnaître les avantages économiques, culturels et moraux qu'une ratification sans complications apporterait à notre communauté et aux innombrables personnes qui jouissent de nos œuvres et qui s'en inspirent.
Je tiens à vous remercier, madame la présidente, ainsi que les membres du Comité, de m'avoir donné l'occasion de parler directement des préoccupations des créateurs. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
Merci de votre attention.
Je vous remercie de m’avoir invitée à prendre la parole au nom du Syndicat canadien de la fonction publique, le SCFP, qui est le plus grand syndicat au Canada, puisqu'il représente plus de 700 000 travailleurs dans l’ensemble du pays et environ 2 000 syndicats locaux différents qui œuvrent dans divers secteurs du public et du privé.
Le SCFP se réjouit des améliorations apportées à l’ALENA mis à jour, mais il croit qu’il subsiste des lacunes qui constituent autant d'obstacles à l’efficacité de la lutte contre les changements climatiques, par exemple, et à la protection des services publics. Il n'est pas d'avis non plus qu'il y ait suffisamment d’information sur les dispositions régissant la coopération en matière de réglementation.
À notre avis, l’accord n'est pas progressiste. On pourrait plutôt le considérer comme une amélioration modérée apportée à un modèle dépassé et inefficace de traité sur le commerce et l’investissement.
Nous nous félicitons des changements apportés au chapitre consacré à la propriété intellectuelle que les démocrates de la Chambre aux États-Unis ont pu négocier en décembre. Ils nous éviteront les augmentations prévues du coût des médicaments. Selon le texte initial, nous aurions été tenus de prolonger les périodes de protection des données sur les médicaments biologiques de 8 à 10 ans. Ces périodes plus longues repoussent la mise en marché des versions génériques moins coûteuses de médicaments biologiques. Ce sera utile lorsque nous mettrons en place un programme national universel d’assurance-médicaments, car il sera d'autant plus abordable. Ce même chapitre permet également une réglementation canadienne de la perpétuation des brevets, une pratique par laquelle les pharmaceutiques apportaient des changements mineurs et sans importance médicale aux médicaments pour obtenir un nouveau brevet. La version précédente ne permettait pas d'interdire ce moyen de gonfler le prix des médicaments sans que les patients en tirent quelque avantage, mais nous serons maintenant en mesure de réglementer cette pratique. Nous sommes très heureux de ces modifications, car il nous semble vraiment important de nous doter d'un programme national d’assurance-médicaments.
Les droits des travailleurs ont été renforcés grâce au nouveau mécanisme d’intervention rapide entre le Canada et le Mexique. Vous ne l'ignorez pas, si, dans un lieu de travail donné, on soupçonne des violations de la liberté d’association ou des droits à la négociation collective, qui sont des droits constitutionnels au Canada, un groupe indépendant d’experts peut faire enquête. L’une des lacunes de ce mécanisme, c’est qu’il limite les types de travail visés. Sont exclues l'agriculture, l'exploitation forestière et la pêche, où beaucoup de violations des droits des travailleurs migrants seraient commises. Ce mécanisme de réponse rapide exclut essentiellement les travailleurs migrants, même si les droits de ceux-ci figurent dans l'ensemble du chapitre qui porte sur les droits des travailleurs.
Nous sommes réconfortés du fait que la charge de la preuve pour les infractions en matière de travail et d’environnement a changé; toutes les infractions sont maintenant présumées avoir une incidence sur le commerce et l’investissement, à moins de preuve à l'effet contraire. Ce qui avait été montré dans l'expérience américaine, c’est que cette petite disposition exigeait qu'on prouve l'existence d'un lien avec des violations commerciales. Il était donc à peu près impossible d’assumer la charge de la preuve. Son élimination donne la possibilité d’appliquer le chapitre sur le travail. Il faudra voir comment les choses se passeront, mais c’est certainement encourageant. Il s’agit d’une amélioration importante par rapport à l’accord initial sur la main-d’oeuvre de l’ALENA. Dans un libellé clair, chaque pays s'engage à mettre en œuvre des politiques qui protègent les travailleurs contre la discrimination salariale et en matière d'emploi fondée sur le sexe, notamment en ce qui concerne la grossesse, le harcèlement sexuel, l’orientation sexuelle, l’identité de genre et les responsabilités en matière de soins, ce qui est vraiment important. Cette approche intègre une optique sexospécifique au chapitre sur le travail.
Nous trouvons encourageant que le chapitre sur l’environnement reconnaisse maintenant les obligations que les pays peuvent avoir en vertu de certains traités internationaux sur l’environnement. Il arrive souvent, pensons-nous, que nous signions des traités internationaux sans être contraints de les respecter; ils ne sont pas aussi contraignants qu’un traité commercial et, par conséquent, le traité commercial l’emporte toujours sur le traité en matière d'environnement. Si nos traités commerciaux soulignaient l’importance des traités sur l'environnement ou sur le travail que nous avons signés, cela aiderait à préserver l'équilibre. Que l’Accord de Paris sur le climat ne fasse pas partie des traités reconnus constitue un problème. Cela signifie que l’ALENA continue de faire abstraction de la menace des changements climatiques et limite les réponses des gouvernements à la crise.
Nous savons que le Canada doit réagir rapidement à la crise climatique et qu'une transition équitable et rapide de l’économie ne se fera pas sans des services publics élargis, une propriété publique plus étendue et la revitalisation des secteurs sans but lucratif. Il y aurait aussi des avantages à ce que l'État joue un rôle beaucoup plus important dans la réglementation de l’économie et propose une orientation de l'économie au moyen de stratégies industrielles vertes. L’Ontario, par exemple, a fait des efforts en ce sens, mais elle s'est heurtée à des restrictions imposées par les accords commerciaux en matière de marchés publics.
Nous sommes convaincus que, pour qu’une nouvelle génération, en commerce, puisse opérer une transition rapide, il faut examiner les obstacles que dressent les accords commerciaux.
Le chapitre sur la coopération en matière de réglementation consacre l’approche actuelle du Canada de la réglementation. Il donne aux intérêts industriels multinationaux plusieurs points d’entrée dans son régime de réglementation. L’une des questions clés est l’accent mis sur la réglementation fondée sur des preuves scientifiques. Cela semble louable, mais le recours au principe de précaution s'en trouve limité. L’Europe utilise ce principe pour imposer sa réglementation en matière de santé et de sécurité. Imaginez: on peut montrer pourquoi tel produit risque de causer du tort, mais on ne peut le réglementer tant qu'il n'a pas été mis sur le marché et n'a pas causé un préjudice. Il y a là un problème.
Globalement, selon nous, il faudrait considérer notre approche en matière de commerce et d’investissement comme un moyen d’améliorer notre bien-être financier et social, et non comme une fin en soi. À l'avenir, les propositions d'un programme commercial progressiste devraient être jugées en fonction de principes comme les droits de la personne — y compris les droits sociaux, les droits culturels et environnementaux —, et les droits des personnes et leurs droits environnementaux devraient avoir préséance sur ceux des entreprises et des investisseurs. Il faut imposer des obligations juridiquement contraignantes aux sociétés transnationales. Ces traités ne devraient pas porter uniquement sur les droits des sociétés transnationales; ils devraient aussi les astreindre à leurs responsabilités.
Les gouvernements démocratiques doivent maintenir leur espace politique pour poursuivre et prioriser leurs actions dans l’intérêt public. On nous dit souvent que cela est possible, mais encore et encore, nous nous heurtons à des gouvernements qui se disent incapables de faire telle ou telle chose parce qu’ils ont signé un accord commercial qui leur impose des contraintes. Lorsque c’est le cas, il y a conflit. Une approche respectueuse du climat devrait être adoptée dans toute initiative qui touche le commerce et les investissements. C’est désormais absolument incontestable.
Nous sommes également déçus qu’il n’y ait pas de consultations publiques complètes et transparentes avant que le gouvernement fédéral ne ratifie l’accord. Nous recommandons que, à l’avenir, les délibérations du Comité soient éclairées par une analyse indépendante des répercussions de l’accord sur notre économie. L’analyse devrait tenir compte des critiques du modèle informatique d'équilibre général (modèle IEG) actuel pour l’évaluation économique et, comme l'ont souligné les témoins précédents, examiner le point de comparaison. La comparaison se fait-elle avec la situation qui existerait sans l'ALENA ou avec celle qui existait antérieurement?
Merci beaucoup.
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Merci beaucoup, madame la présidente. Et merci aux membres du Comité.
C’est au moins la quatrième fois que j’ai le plaisir de comparaître devant le Comité. Je l'ai déjà fait en avril 1999, en décembre 2002 et en mai 2018. Je pense avoir aussi comparu quelques fois dans les années 1990, mais je n'en ai pas retrouvé de trace. Chaque fois, je suis venu ici pour parler de l’exemption culturelle, de l’exception culturelle, pour expliquer pourquoi il est essentiel de préserver la souveraineté qui permet au Canada de mettre en œuvre les politiques d'intérêt public nécessaires pour appuyer les artistes canadiens; les producteurs de films, d’émissions de télévision et de disques; les éditeurs de livres et de revues; les musiciens; les acteurs; les artistes visuels; et d’autres qui sont si essentiels à l’édification de notre pays.
Je tiens à souligner que chaque parti politique représenté ici aujourd’hui a joué un rôle important en veillant à ce que nos politiques culturelles soient plus ou moins soustraites à nos obligations commerciales internationales. L’exemption initiale de l’Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis a été négociée par le gouvernement conservateur de Brian Mulroney. J’ai siégé au Groupe de consultation sectorielle sur le commerce extérieur (GCSCE) des arts et de la culture lorsque John Crosbie était ministre du Commerce et que l’accord de libre-échange, l'ALE, est devenu l’ALENA.
Les gouvernements libéraux qui se sont succédé ont maintenu l’exemption et appuyé le rôle de premier plan joué par le Canada dans la négociation de la Convention de 2005 de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture, l’UNESCO, sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles.
Le Québec a joué un rôle crucial dans la négociation de la Convention de l’UNESCO, et le Bloc québécois a été un ardent défenseur de l’exception culturelle. Le NPD est un vigoureux défenseur des arts et de la culture au Canada, ainsi que de l’exemption culturelle. Je tiens également à souligner la présence parmi nous de l’honorable , qui était ministre du Commerce lorsque l’Accord de libre-échange Canada-Corée a été négocié, et cet accord prévoit une exemption culturelle.
J'ai trois messages principaux à communiquer aujourd'hui au Comité. Premièrement, il devrait appuyer la ratification la plus rapide possible de l'ACEUM, dont l'exemption culturelle est beaucoup plus forte que celle de l’ALENA original. Compte tenu de la faiblesse des dispositions culturelles de l'Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP), il est essentiel que le Canada bénéficie d’une exemption dans son accord commercial le plus contemporain.
Deuxièmement, le Comité doit comprendre les limites de l’exemption culturelle de l'Accord Canada-États-Unis-Mexique, l'ACEUM. Elle n'est pas parfaite. Sa définition est désuète et fait problème. Et l'exemption s’accompagne de l'obligation de modifier des politiques. Elle comporte aussi d’autres limites.
Troisièmement, le Comité doit examiner le lien entre l'ACEUM et d’autres accords commerciaux, d'autant plus que nous continuons de traiter de questions culturelles avec notre puissant voisin du Sud.
Pourquoi est-il important de ratifier l'ACEUM? Plus d'un s'en étonnera, mais la réalité, c'est qu’il n’y a pas d’exemption culturelle dans l'ALENA original. Celui-ci incorpore plutôt par renvoi les dispositions culturelles de l’ALE entre le Canada et les États-Unis. Comme ce dernier était un accord venant d'en bas, il avait une portée étroite. L’ALENA est un accord venant d'en haut, c’est-à-dire qu’il vise tous les secteurs économiques, y compris ceux qui se développeront à l’avenir.
On peut donc soutenir que l’exemption culturelle ne portait que sur le nombre limité de secteurs économiques visés dans cet accord bilatéral, ce qui met en péril des politiques plus contemporaines liées, par exemple, aux services en ligne, sur demande, comme Netflix. Ce problème important est réglé dans l'ACEUM, et je félicite Steve Verheul et son équipe de l’avoir compris, car l’exemption culturelle est directe et complète. Les mesures adoptées ou maintenues par le Canada à l’égard d’une industrie culturelle sont exemptées. Cela comprend le chapitre sur le commerce numérique.
Certes, il est important de ratifier l'ACEUM, mais je vous prie de le faire en comprenant bien les limites de son exemption culturelle. Dans tous les accords commerciaux importants que nous avons conclus depuis 1987, nous avons fait la même chose. En théorie, nous avons une exemption culturelle. En pratique, nous sacrifions certaines politiques culturelles et nous limitons notre capacité de mettre en œuvre de nouvelles politiques. C’est le cas dans l'ACEUM.
La définition de la notion d'« industries culturelles » est identique à celle de l’ALENA original. Il s’agit d’une définition de 1987 qui ne s'étend pas aux arts visuels, aux arts de la scène et à l’artisanat. Vous êtes trop jeunes, la plupart d’entre vous, pour même savoir ce que signifie l'expression désuète « forme exploitable par machine », mais vous la trouverez dans la définition. Il est peu probable qu’une telle définition soutienne les politiques et les programmes dont les Canadiens auront besoin pour un médium différent que des artistes pourraient utiliser plus tard pour créer leurs œuvres.
La disposition de dérogation est maintenue. Il s’agit d’une disposition autorisant des mesures de rétorsion d’effet commercial équivalent contre toute mesure de soutien aux industries culturelles que le Canada devrait mettre en œuvre à l’avenir.
Il y a une nouvelle disposition sur le règlement des différends. Bien qu’il soit bon que le Canada puisse maintenant contester une mesure de rétorsion, les pouvoirs de l’arbitre comprennent celui de déterminer si la mesure du Canada relève bien de l’exemption culturelle au départ.
Le libellé incroyablement alambiqué et obscur de l’article 32.6.3 semble permettre aux États-Unis de prendre des mesures de rétorsion contre les entreprises de l’industrie culturelle canadienne dans des proportions supérieures à la norme de l’effet commercial équivalent.
L'ACEUM contient un certain nombre de changements qui portent expressément sur la politique de radiodiffusion. Il y notamment l’obligation d’annuler la décision du CRTC sur la substitution simultanée des messages pendant le Super Bowl. J’aimerais beaucoup que quelqu’un m'interroge à ce sujet, car je pourrais vous raconter l’histoire secrète de cette décision du CRTC. Soit dit en passant, c’est une bonne décision. Elle permet l’élargissement des droits des stations frontalières américaines en vertu de nos règles de retransmission, et elle garantit que les services d'achat à domicile aux États-Unis seront pris en charge par des distributeurs canadiens de télévision par câble, par satellite et par protocole Internet.
L'ACEUM exige également que le Canada apporte des modifications à la Loi sur le droit d’auteur, comme vous l’avez déjà appris. Certaines sont très positives, comme mon collègue Greg Johnston l’a souligné au sujet de l’augmentation de la durée de la protection du droit d’auteur, mais d’autres sont un peu plus problématiques. Par exemple, bien que les modifications concernant les mesures techniques de protection et l’information sur la gestion des droits soient mineures, les règles détaillées concernant les recours civils et pénaux pour l’altération des serrures numériques et des filigranes risquent d’exercer des pressions sur le système canadien pour qu’il mette en place des sanctions plus sévères.
L’accord nous permet également de maintenir notre régime d’avis et avis de responsabilité, lorsqu’un fournisseur de services Internet est informé d’une violation du droit d’auteur, mais il établit le régime d’avis et de retrait des États-Unis comme la norme. Cela aussi limitera la capacité du Canada de faire évoluer ses propres lois.
Enfin — et j’exhorte mon collègue, M. Johnston, à s'intéresser à cette question —, une nouvelle disposition de l’accord exige le traitement national, l'obligation du traitement national pour toutes les mesures relatives au droit d’auteur. Cela annulera notre capacité actuelle de distribuer des redevances uniquement aux Canadiens, à moins qu’il n'y ait un droit réciproque dans le pays partenaire, et cela fera diminuer les paiements aux artistes canadiens. Même s’il ne s’agit pas d’une somme énorme, cela fera diminuer certains paiements.
Compte tenu de toutes ces difficultés et de tous ces défis liés à l'ACEUM, pourquoi recommander une ratification urgente tout de même? À cause, tout simplement, du PTPGP. Pour dire les choses carrément, cet accord commercial est de loin le pire pour la culture que le Canada ait jamais négocié. Bien entendu, le PTPGP a été au départ le Partenariat transpacifique, dont la plupart des termes ont été repris par renvoi dans le PTPGP.
Le Partenariat transpacifique, le PTP, réserve à la culture un traitement atroce. Il n’y a pas d’exemption culturelle, et la disposition du préambule qui reconnaît l’importance de la diversité culturelle est tout simplement inexacte. Le préambule dit « que le commerce et l’investissement peuvent multiplier les occasions d’enrichir l’identité et la diversité culturelles au pays et à l’étranger ». Je vous dis que, sans réglementation, le commerce et les investissements internationaux favorisent l’homogénéisation et non la diversité culturelle.
Le Canada a timidement tenté de protéger un espace qui lui permettra d’élaborer des politiques culturelles en formulant une réserve à l’égard des engagements pris dans un certain nombre de chapitres du PTP, mais il est essentiel de comprendre qu’une réserve n’est pas une exemption. Elle est à sens unique. Elle n’est pas mutuelle, et en droit commercial international, cela est assujetti aux principes de statu quo et de réduction. Si vous modifiez une politique réservée dans un accord, vous ne pouvez pas la renforcer, seulement l’affaiblir, et toutes les parties présument que la réserve finira par être éliminée.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je tiens à remercier tous les témoins de leur présence.
Je m'adresserai pour commencer à M. McGuire. Tout d’abord, je tiens à vous remercier, monsieur, de tout le travail que vous avez accompli et du soutien que vous avez apporté pour que cet accord se concrétise. Les membres du Comité se sont rendus aux États-Unis à quelques reprises, et il était vraiment agréable de voir que le milieu des affaires américain appuyait la conclusion d’un accord.
En quelques mots, vous avez laissé entendre que nous retardions la ratification de l'accord. Je tiens à rectifier les faits. Selon des rumeurs qui ont eu cours à Washington, les conservateurs essaieraient de ralentir le processus. Si vous parlez à vos amis là-bas, sachez que les conservateurs ont laissé le projet de loi franchir la dernière étape à la Chambre en six jours de séance. Il en a fallu 16 pour la loi de mise en œuvre originale que nous avons proposée, le projet de loi C-100. Les conservateurs ont proposé de faire une étude préliminaire au printemps, mais le gouvernement libéral a refusé d'agir avant les élections. Nous avons également offert de revenir au début de décembre pour nous occuper de la question, et le gouvernement libéral a également rejeté cette offre. Je tiens à ce que ce soit clair. Le projet de loi finira par être adopté, mais, de notre côté, personne ne cherche à en ralentir l'étude.
Que pensez-vous de la clause d’achat aux États-Unis? L'ancien premier ministre, M. Harper, a réussi à obtenir une exemption pour le Canada. D’après ce que je comprends, ce texte accorde une exemption au Mexique, mais pas au Canada.
Qu’en pensez-vous? Qu’en pensent vos membres, étant donné que bon nombre de ceux qui achètent votre équipement construisent des infrastructures et soumissionnent pour des travaux d’infrastructure? Avez-vous quelque chose à dire de cette clause d’achat aux États-Unis? Nous avons eu l’occasion d'en négocier l'exclusion puisque, normalement, c’est censé être un accord de libre-échange. Mais malheureusement, nous n’avons pas réussi.
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Cela a été extrêmement décevant pour bon nombre de nos intervenants.
Dans le groupe de témoins précédent, juste avant vous, nous avons entendu quelqu'un qui est actif dans la construction d’infrastructures. Il craint fort d'éprouver des problèmes, puisque le gouvernement n’a pas réussi à faire retirer ces dispositions de l'accord.
Merci de votre intervention. Il est bon de voir que, des deux côtés de la frontière, l'attitude est similaire. Nous pouvons peut-être faire quelque chose pour faire avancer notre cause.
Monsieur Neil, je m'adresse à vous. Tout d’abord, merci d’être parmi nous.
Nous avons entendu un autre témoin, que vous devez connaître. Il s'agit de Michael Geist, un expert de premier plan dans le monde. Il a travaillé non seulement au Canada, mais aussi aux États-Unis et au Royaume-Uni. Il a également signalé les problèmes que l'ACEUM présente. Il a eu une réflexion que je dirais plus grave. Selon lui, nous avons bien cette exemption culturelle, mais elle est assortie d'un certain coût, puisque nous nous exposons à des mesures tarifaires de rétorsion. Sauf erreur, il a cité l’article 32.6.4 de l'ACEUM, dont vous avez aussi parlé dans votre déclaration liminaire. La formulation de l’article 32.6.3 présente aussi des problèmes. Il y a fort à craindre que l'éventail de nos choix de politique ne soit limité au fur et à mesure de l'évolution qui transformera le domaine numérique.
Qu'en pensez-vous? Vous voulez que cet accord soit ratifié, j'en suis conscient, et je comprends pourquoi. De ce côté-ci, nous n’allons certainement rien faire pour ralentir les choses, mais nous voulons faire preuve de diligence raisonnable.
À votre avis, monsieur, y a-t-il une solution à cet échec flagrant de l'accord? Il y a un problème à s'exposer à ces droits tarifaires ou à accepter que soient limitées nos options de politique dans le domaine numérique, qui évolue très rapidement. Avez-vous un... [Difficultés techniques]?
C’est intéressant, car je connais très bien Michael Geist. Lui et moi nous sommes opposés sur bien des sujets, mais je ne suis pas vraiment en désaccord avec lui sur ce point-ci.
Vous devez vous interroger sur la gravité de la menace que représente toute disposition permettant des représailles. L’ALENA comportait une disposition de cette nature. Il n’y a eu qu’un seul cas dans notre histoire où les États-Unis ont seulement menacé de prendre des mesures de rétorsion. Ils n’ont pas exercé de représailles, mais la menace a été brandie. C’est le seul cas.
Oui, s'il y a toujours des risques de représailles, cela m’inquiète. Nous avons tous raison de nous en inquiéter. Je me serais senti beaucoup mieux si cette disposition avait été retirée de l’accord, mais elle ne l'a pas été. À tout prendre, si nous avons l'avantage de l’exemption culturelle d'une part et, de l'autre, un risque théorique de représailles supplémentaires, dont nous n'avons jamais souffert par le passé, il vaut la peine de s'engager dans cette voie.
Ce qui me préoccupe le plus, ce sont les limites que nous avons déjà acceptées et imposées. Nous réduisons en quelque sorte la portée de notre politique culturelle dans le cadre de chacun de ces accords commerciaux.
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La séance est ouverte. Conformément à l’ordre de renvoi du jeudi 6 février 2020, nous étudions le projet de loi , Loi portant mise en œuvre de l’Accord entre le Canada, les États-Unis d’Amérique et les États-Unis du Mexique.
Je souhaite la bienvenue à tous nos témoins de ce soir. Merci d’être venus. Je suppose que je pourrais demander à quoi ressemble le temps à l’extérieur, parce que la plupart d’entre nous sommes à l’intérieur depuis un certain temps, mais au moins, vous avez réussi à vous rendre, peu importe la quantité de neige tombée. Nous apprécions votre présence.
Du Centre pour l’innovation dans la gouvernance internationale, nous accueillons Bob Fay, directeur, Économie mondiale; de Kalesnikoff Lumber Co. Ltd., Ken Kalesnikoff, directeur général; de Woodtone Industries, Kevin Young, président-directeur général, et Francis Schiller, conseiller.
Par vidéoconférence de Guelph, en Ontario, nous accueillons Linda Hasenfratz, directrice générale de Linamar Corporation, et de Vancouver, en Colombie-Britannique, Andy Rielly, de Rielly Lumber Inc.
Bienvenue à tous. Nous vous remercions de votre présence.
Monsieur Fay, je vous cède la parole pour cinq minutes.
Bonsoir, et merci, madame la présidente et mesdames et messieurs les membres du Comité, de me donner l’occasion de présenter le point de vue du Centre pour l’innovation dans la gouvernance internationale.
En guise d’introduction, je vous signale que nous sommes connus comme le « CIGI ». Nous sommes un centre d'études et de recherche indépendant qui fait abstraction de tout intérêt partisan sur la gouvernance mondiale sis à Waterloo, en Ontario, et nous menons des recherches sur l’économie mondiale, la sécurité, la politique et le droit international, en mettant l’accent sur les enjeux de l’économie numérique. Dans ce contexte, mes commentaires porteront sur le projet de loi , les données et la propriété intellectuelle.
Le Canada a consacré des ressources et des efforts considérables à de nouveaux accords commerciaux pour renforcer les règles du jeu en matière de commerce international, et avec raison. Le commerce est au cœur de notre prospérité. De nouveaux accords commerciaux sont nécessaires pour ouvrir de nouveaux marchés et préserver les anciens, et des règles révisées sont nécessaires, à mesure que les économies se transforment, afin de réduire le plus possible les frictions commerciales.
Nous comprenons très bien que des compromis ont dû être faits au cours des négociations de l'ACEUM et qu’il a fallu faire des choix difficiles. Comme nous croyons que la ratification de cet accord éliminera une partie de l’incertitude commerciale qui a freiné la croissance économique, mes observations ne visent pas à retarder la ratification.
Mon objectif ce soir consiste plutôt à souligner comment les engagements pris dans le cadre de l’ACEUM relativement aux données et à la propriété intellectuelle peuvent empêcher le Canada d’innover et d’élaborer ses propres politiques nationales. Je ferai ensuite quelques suggestions sur la voie à suivre.
En particulier, l'ACEUM ne tient pas compte de la façon dont évolue la nature du commerce et de ses répercussions. On s'éloigne des notions d'économies d’échelle et de ratio coûts-efficacité pour passer, premièrement, à la création de biens intellectuels, deuxièmement, à l'utilisation croissante des mégadonnées en tant qu'actifs économiques et sociaux et, troisièmement, à la nécessité de protéger les actifs qui en résultent.
Ce que le Canada accepte en la matière a des répercussions très vastes pour le pays dans de nombreux domaines prospectifs, y compris notre capacité d’exploiter les données dans de nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle, ainsi que les politiques nationales fondamentales liées à la protection de la vie privée, à la sécurité, à la propriété intellectuelle, à l’investissement étranger direct, à la concurrence et à l’innovation.
Oui, cette liste est longue, et elle touche tous les aspects de notre économie et, en fait, de notre vie quotidienne, mais nous abordons ces questions actuellement dans une perspective purement commerciale, au moyen d’un accord commercial dominé par les intérêts américains. J’aimerais également souligner que les lettres de mandat récentes chargent les ministres d’, de et de la de la tâche principale qui consiste à coordonner les nouveaux droits numériques et axés sur les données, une reconnaissance des enjeux sociétaux importants liés à l’utilisation et à la monétisation des données personnelles.
En effet, les données constituent une ressource extrêmement précieuse. Statistique Canada, grand bien lui fasse, a estimé la valeur des données canadiennes à plus de 200 milliards de dollars, ce qui représente environ les deux tiers de la valeur de nos actifs pétroliers. Ce chiffre est extrêmement élevé, mais il est minime par rapport à d’autres pays, notamment les États-Unis. Par exemple, la capitalisation boursière de Facebook, d’Amazon, de Netflix et de Google, aux États-Unis, est d’environ 4 billions de dollars américains, et cette valeur élevée résulte de leur position de monopole et de leurs énormes dépôts de données.
De plus, ces entreprises consolident leur position sur le marché à chaque minute au moyen de l’acquisition continue de toutes les variétés de données grâce à la participation des utilisateurs à leurs plateformes et à la protection féroce de leurs actifs à l'aide d'une combinaison de la règle de facto, en l’absence d'une réglementation nationale, d'accords commerciaux qui enchâssent les flux de données ouvertes, d'une solide protection de la propriété intellectuelle de leurs données et de leurs actifs en IA, de la prise de contrôle d’entreprises innovantes par l’entremise de leurs vastes réserves de liquidités, de l’acquisition des meilleurs talents, et des puissantes asymétries d’information qu’ils acquièrent avec leurs données et leurs technologies.
En fin de compte, les données constituent leur propriété intellectuelle, et leurs intérêts sont inscrits dans le chapitre de l'ACEUM qui concerne l'économie numérique.
Trois exemples d’engagements dans cet accord commercial les favorisent.
Le premier est le traitement de la localisation des données. Cette partie de l’accord est brève, mais elle n'est pas si inoffensive qu'elle n'y paraît. « Une Partie n’exige pas d’une personne visée qu’elle utilise ou situe des installations informatiques sur son territoire comme condition à l’exercice des activités commerciales sur ce territoire. » Du point de vue commercial, c’est tout à fait logique, mais cela pose problème pour de nombreux aspects non économiques. Si nous pensons par exemple au partenariat de ville intelligente à Toronto qui se déroule actuellement avec Sidewalk Labs, qui est une filiale d’Alphabet, les Canadiens souhaiteront peut-être que les données détaillées que l'entreprise obtiendra dans cette ville demeurent au Canada et ne soient pas transférées aux États-Unis, mais le Canada pourrait ne pas être en mesure de l'exiger.
Deuxièmement, dans le cadre de l’ACEUM, la localisation est permise si les organisations recueillent, détiennent ou traitent de l’information sur ces activités pour un gouvernement ou au nom de celui-ci. Toutefois, pour des raisons de sécurité nationale, si les données étaient détenues par une organisation privée, l'ACEUM obligerait techniquement le gouvernement à autoriser la diffusion de ces données aux deux autres pays partenaires.
Troisièmement, l'ACEUM renferme une disposition d’exonération pour libérer les plateformes numériques de la responsabilité du contenu qu’elles diffusent. D’une part, les défenseurs de la liberté d’expression estiment que c’est souhaitable. D’autre part, certains voient le détournement de plateformes comme Facebook et YouTube lors de votes récents, comme aux élections présidentielles américaines de 2016, comme des indications de l'absence de volonté ou de l’incapacité des gouvernements ou des plateformes numériques en matière de réglementation de leur contenu. Il s’agit d’un problème commercial parce que le modèle d’affaires des plateformes est soutenu par des flux de données transfrontaliers massifs.
En résumé, on ne sait pas clairement avec quelle souplesse l'ACEUM permettra en bout de ligne au gouvernement fédéral ou aux gouvernements provinciaux d’adopter de nouvelles lois et de nouveaux règlements pour atteindre des objectifs comme ceux de protéger la vie privée des gens, de prévenir les biais algorithmiques, de protéger les infrastructures essentielles, d'assurer la sécurité nationale ou de favoriser l'innovation au pays.
Permettez-moi maintenant de conclure en formulant trois recommandations sur la voie à suivre. Premièrement, les négociateurs commerciaux doivent être mieux informés des vastes répercussions de l'économie axée sur les données et des conséquences des mesures déjà prévues dans l'ACEUM au chapitre de l'économie numérique et de celles qui pourraient être ajoutées à l’avenir au terme des négociations qui sont sur le point de commencer à l’OMC au sujet du commerce électronique. Nous ne devons pas oublier qu’il y a des intérêts directs qui sont omniprésents dans le monde numérique et que les accords commerciaux régionaux constituent un point d’entrée pour gérer l’espace politique dans des domaines qui vont bien au-delà du commerce numérique.
Deuxièmement, il faut établir de nouvelles règles internationales dans les domaines du commerce, de l’investissement étranger direct et de la propriété intellectuelle. Dans ce contexte, le Canada pourrait faire pression en faveur de la création d’une nouvelle organisation mondiale chargée d’établir la gouvernance internationale en la matière. En nous inspirant de l’expérience du Conseil de stabilité financière, qui a été créé dans la foulée de la crise financière, nous avons présenté une proposition visant à créer un Conseil de stabilité numérique. Cette organisation élaborerait des normes, des règlements et des politiques dans les nombreux domaines que touchent les plateformes numériques, elle donnerait des conseils sur les mesures stratégiques nécessaires pour traiter les vulnérabilités en temps opportun, et elle veillerait à ce que ces travaux soient communiqués à d’autres organisations internationales comme l’OMC.
Enfin, nous devrions utiliser l’examen semestriel intégré à l'ACEUM pour corriger certains des problèmes que je viens de décrire.
Je vous remercie de votre attention, et je serai maintenant heureux de répondre à vos questions.
Wow. Mon témoignage va être un peu plus simple, et je pense que mon ami Andy Rielly a fait le bon choix de rester chez lui en Colombie-Britannique, parce que je vais probablement être coincé ici jusqu’au printemps, compte tenu de ce qui se passe à l’extérieur. Quoi qu’il en soit, merci de m'avoir invité.
On m’a demandé de présenter ici le point de vue du gros bon sens en raison de mon expérience et de ma connaissance de l’accord sur le bois d’œuvre. Je tiens à préciser d'emblée que je ne suis un spécialiste ni de l’ALENA ni de l’AEUMC, puisque c’est apparemment ainsi qu'il s'appellera.
Kalesnikoff Lumber a vu le jour en 1939 sous l'impulsion de trois frères, soit mon oncle Koozma, comme le sigle CUSMA que vous utilisez en anglais, et c'est ainsi que vous m’avez confondu dès le départ, Sam et Pete.
Nous sommes passés d’une exploitation forestière au moyen de chevaux comptant environ huit personnes à une entreprise de 150 personnes à ce jour, et nous nous dirigeons vers un effectif de 200 personnes. Je représente la troisième génération au sein de notre entreprise. Mes deux enfants sont très engagés, ce qui est très inhabituel — ils gardent ainsi leur vieux père dans le droit chemin — et ils représentent la quatrième génération. Nous sommes situés à Thrums, en Colombie-Britannique, entre Castlegar et Nelson, dans les West Kootenays, à environ une heure de la frontière américaine.
Qui sommes-nous? Par l'innovation, nous nous soucions de l’environnement, des collectivités, de nos employés, et c’est ce qui nous intéresse dans tout ce que nous faisons. Nous sommes toujours à la recherche de la prochaine occasion. Notre expérience dans l’industrie forestière et notre capacité d’être agiles et de maintenir notre réputation positive d’experts du bois nous ont permis non seulement de survivre, mais aussi de prospérer et de croître dans le contexte de l'évolution de l’industrie et d’être où nous sommes aujourd’hui.
La valeur ajoutée est un élément important pour moi. Cela a toujours été important. Nous avons toujours cherché à ajouter le plus de valeur possible à chaque bille de bois que nous avons entre les mains. Nous prenons des décisions fondées sur l’optimisation de la valeur de cette bille en fonction de sa meilleure utilisation finale pour l'essence en question, pour nos clients, nos employés et même nos collectivités. Je crois que la valeur ajoutée crée également une industrie forestière diversifiée et grandement nécessaire.
De plus, nous réinvestissons dans notre entreprise. En 1987, nous avons commencé par dépenser 5 millions de dollars pour une petite ligne de débitage de bois et, en 2000, nous avons investi 3 millions de dollars dans notre installation de transformation appelée Kootenay Innovative Wood. En 2005, nous avons installé une bouveteuse d'extrémité qui nous a coûté 800 000 $. Nous avons modernisé la scierie en 2012 à hauteur de 20 millions de dollars. En 2014, nous avons modernisé la raboteuse pour 6 millions de dollars, et nous venons tout juste d’annoncer notre projet dans l’industrie du bois massif, un investissement de 35 millions de dollars dans la région de Castlegar.
Nous avons réussi à faire croître notre entreprise, une modeste exploitation forestière utilisant des chevaux à l'origine et, comme je l’ai dit, nous investissons maintenant dans cette installation de bois massif de calibre mondial à hauteur de 35 millions de dollars. Nous avons réussi tout cela malgré le fait que seulement 15 à 20 % de notre bois est en tenure forestière. Nous achetons plus de 80 % de nos billes sur le marché libre.
L’un des grands avantages pour nous de nous lancer dans le bois massif, c’est simplement notre expérience de la fabrication spécialisée à valeur ajoutée, nos relations préexistantes et notre connaissance de ce qu’il faut pour grimper les échelons dans la chaîne de valeur.
L’accord sur le bois d’œuvre comporte des inconvénients. Au fil des ans, les accords sur le bois d’œuvre ont injustement pénalisé le secteur manufacturier spécialisé à valeur ajoutée. Je vais vous donner un exemple. Une belle occasion se présentait à nous en 2006, si je me rappelle bien. C’était au moment où M. Emerson négociait l’accord. Nous venions tout juste de dépenser 800 000 $ pour l'achat d'une bouveteuse d'extrémités, c’est-à-dire une mise à niveau pour nous permettre de faire des planchers de résineux à extrémités bouvetées, qui seraient ensuite utilisés pour le laminage et le parement. Une règle précisait que si le produit était entièrement bouveté, soit les deux côtés et l'extrémité, il serait exempté. Or, notre négociateur a abandonné cette règle sans même se rendre compte de ce qu’il avait fait d’un seul trait de plume.
Toutefois, cela nous a grandement nui. Nous n’avons même pas pu utiliser notre machine et nous avons perdu cet avantage. Cela a aussi touché Huscroft à Creston, Wynndel Box à Creston et Gorman Bros. à Westbank. Nous avions tous ces types de machines en cours d’installation.
Plus tôt cette année, à cause de l’accord sur le bois d’œuvre et des droits de 20 % ou à peu près, nous avons dû prendre une décision très difficile et fermer l’usine de seconde transformation parce que nous ne pouvions pas nous permettre de fabriquer des produits qui étaient exportés aux États-Unis avec des droits de 20 % ou plus. Maintenant, nos employés, en raison de notre passage au bois massif, sont tous utilisés. Donc, personne n’a perdu d’emploi, mais cela nous cause beaucoup de problèmes. Nous avons aussi des clients avec nous depuis 20, 30 ou 50 ans avec lesquels nous ne pouvons pas faire affaire à cause de cet obstacle.
Comme nous sommes un petit exploitant, nous sommes plus agiles et nous sommes en mesure de développer des produits-créneaux, surtout des produits pour répondre aux besoins des clients. C’est ce sur quoi nous nous concentrons, et l’accord sur le bois d’oeuvre nous nuit constamment en ce sens.
Et après? Pour réussir en affaires, nous avons besoin d’un environnement prévisible et favorable. C’est là où je pense vraiment que le gouvernement peut nous aider. Il nous faut aussi un accès libre et ouvert aux marchés. Des entreprises comme la nôtre ont l’habitude de s’engager envers leurs gens et leur milieu, de ne pas fermer la porte quand les choses se compliquent et encore moins de mettre la clé sous la porte. Les petites entreprises indépendantes comme la nôtre sont beaucoup plus souples et créent beaucoup plus de valeur que les simples 2x4. Nous avons simplement besoin de bonnes billes de bois pour fabriquer de bons produits à écouler sur des marchés ouverts. Dans notre cas, cela signifie prendre une matière ligneuse de qualité pour créer plus d’emplois et plus de retombées économiques par mètre cube, plutôt que de nous concentrer sur le volume. Toutefois, je me répète, l’accord sur le bois d’oeuvre fait obstacle.
Je ne sais pas s’il est possible que l’accord sur le bois d’oeuvre soit intégré à l’ALENA. Il est probablement beaucoup trop tard. Toutefois, il aurait été très avantageux d’avoir une mesure de ce genre pour stabiliser l’industrie, surtout pour les petits fabricants indépendants, parce que c’est nous qui sommes véritablement touchés par ce genre de pénalité.
Merci beaucoup.
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Merci beaucoup de m’avoir offert cette occasion de m’adresser au Comité.
Je m’appelle Andy Rielly, et je suis président et propriétaire de la société Rielly Lumber. Nous sommes situés à West Vancouver, en Colombie-Britannique. Notre fabrique se trouve à Chilliwack, en Colombie-Britannique. Afin de contribuer à une discussion éclairée sur l’AEUMC, je vais vous donner un aperçu de notre entreprise et de la nature de ses activités, puis je décrirai les effets du différend commercial actuel avec les États-Unis sur le bois d’œuvre résineux et les raisons pour lesquelles l’AEUMC est important pour notre entreprise et pour l’avenir de notre secteur.
Premièrement, la société Rielly Lumber a été fondée en 1995 pour fabriquer des éléments et des produits finis en cèdre rouge de l’Ouest. Dès le début, nous nous sommes donné pour mission de fabriquer les produits que les grandes scieries ne voulaient pas ou ne pouvaient pas fabriquer. Nous ne récoltons pas de billots, nous ne coupons pas de billots et nous ne détenons pas de tenure forestière de la Couronne. Nous achetons du cèdre rouge de l’Ouest pour fabriquer des produits finis.
Les États-Unis constituent de loin le plus grand marché pour nos produits. De 1996 à 2001, les États-Unis et le Canada ont conclu une entente sur le bois d’œuvre résineux fondée sur un système de quotas. On accordait ces quotas aux entreprises canadiennes pour expédier sur le marché américain un volume de produits calculé en fonction du volume qu'elles avaient expédié pendant les cinq années précédentes. Comme Rielly Lumber n’avait commencé à produire qu’un an avant cela, nous n’avons obtenu aucun quota pour les États-Unis et avons donc perdu l'accès à notre marché principal. Les années suivantes, nous avons trouvé une façon d’obtenir des quotas pour expédier nos produits aux États-Unis. Nous avons continué de faire croître notre entreprise en nous consacrant à la fabrication et à l’embauche de travailleurs de la Colombie-Britannique.
De 2001 à 2006, comme toutes les entreprises canadiennes, nous avons payé des droits exorbitants sur les produits finis expédiés aux États-Unis dans le cadre du différend sur le bois d’œuvre résineux qui s'est ensuivi et que nous avons nommé « Bois d'œuvre IV ». Ce différend sur le bois d’œuvre résineux ne s'est réglé qu’une fois que le Canada a gagné de nombreuses victoires juridiques devant l’OMC et surtout devant le tribunal de l’ALENA. À la fin de 2006, le nouvel accord sur le bois d’œuvre résineux prévoyait une période de 10 ans sans droits de douane pour les produits de grande valeur. Il ne prévoyait pas d’interdiction majeure d’exporter aux États-Unis. De plus, cet accord remettait à chaque entreprise canadienne plus de 90 % des dépôts douaniers qu’elle avait versés au cours des cinq années précédentes. Rielly Lumber a décidé d’investir ses dépôts de droits ainsi récupérés dans ses installations et son équipement de fabrication ainsi que dans la création d’emplois en Colombie-Britannique.
Les 10 années suivantes se sont avérées relativement prospères. Nous avons fait croître notre entreprise. Tout allait bien jusqu’à ce que ce nouveau différend commercial, que nous avons nommé « Bois d'œuvre V », éclate en avril 2007. Nous avons de nouveau dû verser les droits exorbitants de 27 % du prix de vente de nos produits. On menaçait aussi de prélever des droits rétroactifs sur les produits que nous avions expédiés avant l'entrée en vigueur de ces nouveaux droits, en accroissant la gamme des produits visés. Nous nous sommes tous dit: « Bon, tout recommence... » Cette fois-ci, cependant, le conflit s'est avéré différent, il était pire que « Bois d'œuvre IV ». Lorsque nous avons ajouté les droits de 27 % au prix record des produits de cèdre, nos clients se sont tournés vers d’autres produits et vers d’autres espèces avec une rapidité ahurissante. Les nouvelles exigences en matière de cautionnement que les douanes américaines exigeaient obligeaient les petites et moyennes entreprises à verser de gros dépôts en espèces. Cela s’ajoutait au versement, tous les vendredis, des droits sur les produits expédiés la semaine précédente. La plupart des petites et moyennes entreprises au Canada ne peuvent pas continuer à verser les dépôts sur une base régulière et les cautionnements en espèces.
Un autre aspect de ce différend réside dans le fait que de nombreuses grandes entreprises canadiennes ont fait d’énormes investissements aux États-Unis, ce qui a déplacé beaucoup d’investissements et d’emplois canadiens du côté américain pour éviter la barrière protectionniste. Comme Ken Kalesnikoff vient de le dire, pour échapper à la barrière protectionniste, de nombreuses entreprises à valeur ajoutée s'installent du côté américain de la frontière pour fabriquer leurs produits. Je vais vous donner une idée de l’effet que cela a sur notre entreprise. Le volume de vente de Rielly Lumber en 2019 est tombé à environ 62 % de ce qu’il avait été en 2016. Le nombre d’emplois dans notre usine a chuté de 41 à 23. Il s’agit d’une tendance alarmante pour les entreprises secondaires à valeur ajoutée de la Colombie-Britannique et du Canada.
Je vais maintenant vous expliquer pourquoi l’AEUMC est important pour notre entreprise. Comme vous le savez, la plus grande partie du bois d’œuvre dans le premier accord de l’ALENA n’était pas assujettie à cela. Elle ne l’est pas non plus dans le nouvel AEUMC. L’élément le plus important du nouvel AEUMC, qui est vital pour nous, c'est le mécanisme de règlement des différends, connu auparavant sous le nom de chapitre 19.
Face à tous ces défis diplomatiques, les petites entreprises indépendantes ont besoin de règles exécutoires pour protéger leurs intérêts. Si notre pays n'exige pas le versement de droits réciproques sur les marchandises qui entrent chez nous, ce qui est peu probable de se concrétiser, les négociations du Canada dans le cadre de Bois d’œuvre V dépendront uniquement de ses victoires devant les tribunaux de [Difficultés techniques] l’ALENA et de l’AEUMC. Il ne faut pas oublier que les grandes entreprises ont fait d’énormes investissements aux États-Unis, donc qu’elles ne ressentent aucun besoin de faire pression sur nos gouvernements provinciaux pour régler le différend actuel. Des centaines de petites et moyennes entreprises canadiennes risquent de faire faillite si nous n'établissons pas ce système de règlement des différends et si nous ne réussissons pas à le faire fonctionner plus rapidement.
Les nouveaux emplois dans l’industrie forestière ne viendront pas du secteur primaire. Ils viendront d'une augmentation de travail et d'un accroissement de la valeur des ressources que nous avons ici.
Je vous dirais que la principale raison pour laquelle j’appuie l’AEUMC, c’est que Rielly Lumber est une entreprise canadienne. Nous voulons continuer à fabriquer au Canada, et nous n’avons pas l’intention de déménager de l’autre côté de la frontière [Difficultés techniques]. Le système de règlement des différends est essentiel pour notre entreprise, mais si nous réussissons à conclure un autre accord sur le bois d’œuvre résineux, nous protégerons les entreprises indépendantes.
En terminant, je vous dirais que je travaille depuis 35 ans dans le secteur de la valeur ajoutée. Il nous a fait prospérer, ma famille et moi. À mon avis, il vaut la peine que nous nous battions pour ce secteur, et j’espère que vous êtes d’accord avec moi.
Merci de m’avoir écouté.
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Bonsoir. Je vous remercie.
Je vais d’abord dire quelques mots sur la société Linamar.
Linamar est une entreprise de fabrication de pointe diversifiée. Notre production se compose d'environ 70 % de pièces d’automobile et de 30 % d'équipement industriel divers, comme de l’équipement d’accès et de l’équipement de récolte ainsi que des pièces de véhicules commerciaux et des composantes énergétiques. Nous avons un chiffre d’affaires de 7,5 milliards de dollars. Nous comptons 27 000 employés dans le monde. Nous avons 61 fabriques situées dans 11 pays. Environ 40 % de nos usines et 11 000 de nos employés sont au Canada.
Pour ce qui est du commerce, je trouve que les accords de libre-échange sont d’une importance capitale pour notre prospérité et notre compétitivité à l’échelle mondiale. À mon avis, il est absolument essentiel que nous ne perdions pas de terrain dans ce domaine clé, car les accords de libre-échange nous ouvrent de plus grands marchés où nous pouvons acheter et vendre. Ils nous ouvrent des débouchés commerciaux, ce qui favorise la croissance et réduit les coûts. Les accords de libre-échange influencent beaucoup la prise de décisions. Par exemple, les fabricants d'équipement d'origine d'automobiles s’installent au Mexique, ce qui leur ouvre l'accès aux marchés mondiaux.
À mon avis, la ratification du nouvel accord de l’ALENA ici au Canada est absolument essentielle au succès économique continu du Canada. Les États-Unis sont depuis longtemps le plus important partenaire commercial du Canada, et vice versa. Comme vous le savez sans doute, le commerce avec les États-Unis représente plus de 75 % de nos exportations, soit 64 % de notre PIB. Nous ne pouvons vraiment pas nous permettre de mettre cela en péril et d'assumer les coûts exorbitants que des droits supplémentaires ajouteraient à nos transactions.
L’ALENA a créé une prospérité inouïe pour les trois pays signataires depuis sa création en 1994. Le PIB des États-Unis a augmenté de 12 billions de dollars, atteignant 2,8 fois celui de 1994. Le PIB du Canada a augmenté de 1 billion de dollars, atteignant 2,7 fois celui de 1994. Le PIB mexicain a augmenté d’un demi-billion de dollars, soit près du double de ce qu’il était avant l’Accord.
Soulignons également que l'ALENA a favorisé une optimisation complexe et profonde de la chaîne d’approvisionnement dans les trois pays. Il serait désastreux sur le plan financier d’essayer de démêler tout cela. On ne peut pas reconstituer des œufs brouillés. Dans le seul secteur de l’automobile, la construction de chaque véhicule cause en moyenne sept passages frontaliers entre le Canada, les États-Unis et le Mexique. L’ajout de droits de douane à chacun de ces postes frontaliers entraînerait des coûts énormes pour les véhicules construits en Amérique du Nord et réduirait notre compétitivité.
La société Linamar est un excellent exemple de cette intégration profonde. Nous avons un programme pour un bloc cylindrique que nous fabriquons et qui est coulé au Mexique, qui vient au Canada pour le préusinage, qui retourne aux États-Unis pour subir une autre transformation et qui nous revient au Canada pour l’usinage final. Nous l’expédions ensuite à nos clients américains pour qu’ils l’assemblent dans un moteur. Certains de ces moteurs reviennent au Canada pour être posés dans des véhicules, puis ces véhicules sont vendus au Canada et aux États-Unis.
Pourquoi tant de complications? Nous tirons parti des grandes forces et des technologies qui ont été développées et perfectionnées dans chacun de ces pays. Au lieu que chaque pays mette ces technologies au point et investisse pour effectuer toute la transformation nécessaire à ses besoins individuels, nous mettons en commun nos besoins et nous nous concentrons sur les différents maillons de la chaîne d’approvisionnement. Nous fabriquons ainsi d'excellents produits très concurrentiels que nous pouvons vendre dans de nombreux pays, et non uniquement en Amérique du Nord.
Le nouvel accord modernise des éléments importants de l'ALENA en tenant compte de technologies et de réalités qui n’existaient pas il y a 25 ans, tout en maintenant, selon nous, des éléments fondamentaux cohérents de l’ALENA. Autrement dit, les chaînes d’approvisionnement existantes ne seront quasiment pas perturbées, ce qui est fondamental. En ce qui concerne l’industrie automobile, les changements apportés ne procurent aux entreprises canadiennes que des avantages et aucun inconvénient. La valorisation du contenu régional pourrait favoriser la création d'emplois dans le cas de certains constructeurs automobiles qui ne respectent pas la nouvelle norme. Je m'explique : des fabricants allemands pourraient décider de fabriquer chez nous. Un contenu à forte valeur de main-d’œuvre peut aussi être l’occasion pour des fournisseurs canadiens d’accroître leur part de marché en vertu de la clause concernant le contenu des véhicules.
N'oublions pas que nous n'attirons pas les occasions d'affaires en imposant des mesures protectionnistes. Nous gagnons des contrats grâce à l’innovation et à l’efficacité. Voilà sur quoi nous devrions tous nous concentrer pour éliminer les obstacles à la croissance.
Des 61 usines de Linamar, celles du Canada sont les plus productives au monde. Nous avons ici l'équipe la plus talentueuse et la productivité la plus croissante, qui a d'ailleurs augmenté de 34 % au cours des six dernières années. Nos installations visent à l'améliorer continuellement.
Nous pouvons faire concurrence à n’importe quel pays par nos produits, notre innovation et l’efficacité de nos procédés. Ces dernières années, nous avons investi des milliards de dollars dans nos usines canadiennes pour exécuter de nouveaux contrats, dont la presque totalité des produits, soit dit en passant, est expédiée aux États-Unis. Il est critique que le nouvel accord de l’ALENA soit ratifié pour que nos produits demeurent concurrentiels.
Enfin, je voulais souligner l'importance d'agir au bon moment. Les États-Unis et le Mexique ont déjà pris des mesures pour ratifier l’accord dans leurs assemblées législatives respectives. Il est bien sûr important de bien comprendre l’accord et de le vérifier. Je suis heureuse que vous l'ayez fait, et je vous encourage à le faire. Il serait cependant risqué de prendre un retard excessif ou inutile ou de tenter de réécrire quelque chose qui, à mon avis, a été examiné aussi consciencieusement que possible.
Les chefs d’entreprise de toute l’Amérique du Nord appuient la ratification rapide de l’accord — j’en ai parlé à un grand nombre d'entre eux — afin d'éliminer tous les droits de douane en Amérique du Nord, de rendre l’économie encore plus dynamique et concurrentielle, de stimuler l’investissement et, bien sûr, de soutenir la création d’emplois.
Merci beaucoup de m’avoir donné l’occasion de m’adresser à votre comité. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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Madame la présidente, mesdames et messieurs les membres du Comité et membres du personnel, je vous remercie de m'offrir cette occasion de vous parler du projet de loi , du bois d’œuvre et de la société Woodtone. J'ai observé quelques points communs entre les exposés de ce soir.
Je m’appelle Kevin Young et je suis président-directeur général de Woodtone Industries, une entreprise familiale qui gère ses installations à Chilliwack et à Armstrong, en Colombie-Britannique ainsi qu'à Everett,Washington. Notre société compte plus de 300 employés, et sa culture repose sur l'excellence et l'intégrité depuis 40 ans.
La société Woodtone croit fermement que tout le monde devrait vivre dans une maison de grand style extrêmement durable sans pour autant nuire à l’environnement. Nos équipes conçoivent, fabriquent et commercialisent les produits de construction finis de Woodtone pour l’intérieur et l’extérieur des maisons. Notre famille Woodtone est fière d’offrir partout dans le monde des produits de construction finis de la plus grande qualité.
Nous ne coupons pas d’arbres et ne produisons pas de 2x4, mais nous respectons et apprécions les producteurs primaires qui le font. La société Woodtone se spécialise dans la construction de produits de bois finis de grande valeur. Nos produits sont uniques en ce sens qu’ils n’ont pas de timbres de qualité et qu’ils ne sont pas destinés à la construction de structures. Tous nos produits sont préfinis — recouverts d'une teinture ou de peinture — et prêts à être installés dans les maisons nouvellement construites.
Bien que nous vendions nos produits partout dans le monde, les États-Unis et le Canada demeurent nos principaux marchés. Nous respectons et appuyons les efforts que les gouvernements feront pour régler le différend sur le bois d’œuvre résineux après la conclusion de l’ACEUM.
L’effet asymétrique du conflit du bois d’œuvre a été particulièrement dévastateur pour le secteur à valeur ajoutée et pour les travailleurs du Canada. Comme bien d’autres entreprises, la société Woodtone a dû prendre des décisions difficiles. Nous avons dû notamment réinstaller notre technologie, nos connaissances en transformation et certains emplois dans le Sud. En janvier 2018, nous avons annoncé le transfert de 20 emplois directs et de plus de 1 million de dollars en technologie de notre exploitation canadienne à notre installation d’Everett, dans l’État de Washington.
Les producteurs primaires ont bénéficié d’une demande soutenue et de prix record pendant le différend, mais pas les transformateurs de la chaîne de valeur. Nous avons perdu des contrats d'exportation et des emplois. Cette dynamique se poursuit encore aujourd'hui. Nous sommes convaincus que jusqu’à 120 emplois directs et indirects dans le domaine des transports et dans d’autres domaines de nos fournisseurs en subissent aussi les retombées. Nous tenons à corriger cela avant qu’il ne soit trop tard. Voilà pourquoi nous sommes ici aujourd’hui.
Nous ne voulons pas perdre l’occasion de rapatrier une partie des emplois de la fabrication de produits finis que le différend sur le bois d’œuvre ne touche pas. Nos produits échappent à la portée du différend sur le bois d’œuvre. Il est facile de les différencier à la frontière quand nous les exportons. Il nous faudrait à la frontière une solution qui satisfasse les autorités et qui soit facile à appliquer et à administrer pendant de nombreuses années à venir.
Cela nous amène au projet de loi . Nous appuyons le désir du Comité d'amender ce projet de loi pour créer un mécanisme d’étude des exportations de produits finis hors du cadre du différend. Plus précisément, nous demandons qu'un groupe d’experts examine les produits finis du bois conformément aux transactions commerciales antérieures entre le Canada et les États-Unis. À notre avis, il serait possible de le faire en amendant la référence au bois d’œuvre dans le projet de loi . Les autorités américaines verront alors qu'il est possible d'appliquer et d'administrer le libellé sur la portée et de réduire les contournements.
Parmi les résultats positifs de cet amendement, mentionnons la possibilité de relier les codes 4407 et 4409, ce qui aiderait les agents frontaliers locaux à traiter nos exportations avec confiance. Cette mesure serait similaire à celle que l'on a appliquée aux fabricants américains de contreplaqué pour les réintégrer dans l’Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis.
En votant à la majorité simple au cours de leur étude article par article, les membres du Comité pourront créer un examen indépendant en adoptant un amendement. Je ne demande pas au Comité d'autoriser la renégociation de l’ALENA ou du nouvel ACEUM. Il ne serait pas judicieux de rouvrir les négociations avec le Mexique ou les États-Unis. L’amélioration des dispositions du projet de loi sur le bois d’œuvre ne modifiera aucunement l’Accord. On peut adopter ou rejeter l’Accord, mais il est possible d'améliorer le projet de loi uniquement dans ce domaine.
Nous désirons aider les membres du Comité à rédiger le libellé de cet amendement. Nous encourageons les membres du Comité à agir avec confiance, en s’appuyant sur les précédents et sur une politique publique saine dans l’intérêt du public. Notre approche est axée sur la collaboration et elle est réalisable. La société Woodtone ne sera pas seule à en bénéficier. D'autres entreprises de la Colombie-Britannique, du Québec et des provinces maritimes en profiteront également.
Cette approche de la société Woodtone ne réglera pas le différend sur le bois d’œuvre, mais elle vise à sauver un secteur d'exportation qui ne devrait pas être assujetti au différend. Nous désirons prendre les mesures nécessaires pour répondre à ces préoccupations. Notre suggestion n'aura aucune incidence sur le Mexique. Elle ne concerne que les points d’entrée frontaliers locaux et elle aiderait les autorités locales à traiter nos produits finis.
Nous remercions les membres du Comité de collaborer et d'avoir pris des initiatives positives pour que le projet de loi améliore les accords et les arrangements commerciaux que le Canada conclura à l'avenir.
Nous remercions nos députés locaux et tous les membres du Comité de nous avoir invités à exprimer notre opinion. Ensemble, nous avons maintenant l'occasion d'améliorer le projet de loi et le commerce transfrontalier des produits finis qui ne sont pas contestés dans le cadre du différend.
Je vous remercie de votre attention. Je suis prêt à répondre à vos questions et à entendre vos commentaires. Je souhaite au Comité beaucoup de succès et de sagesse dans ses travaux à venir.
Je m'appelle Mike Beck et je planifie les opérations chez Capacity Forest Management. Nous avons fait affaire avec plus d'une vingtaine de clients chez les Premières Nations de la Colombie-Britannique. Nous aidons à obtenir des droits d'exploitation forestière en négociant de gouvernement à gouvernement, ainsi qu'avec des titulaires de permis. Nous avons aussi joué un rôle clé dans deux ententes de fondation qui ont été conclues en Colombie-Britannique, avec la bande shíshálh et la nation de Lake Babine.
J'ai été invité à discuter des conséquences du différend sur le bois d'œuvre et des problèmes qu'il cause aux entreprises des Premières Nations et à leurs collaborations avec des titulaires de permis d'exploitation, des entreprises forestières et des scieries de la Colombie-Britannique.
Comme vous le savez, quelques personnes ont déjà fait remarquer que l'accord sur le bois d'œuvre résineux est une question qui traîne depuis longtemps entre le Canada et les États-Unis. Essentiellement, il est échu depuis 2015. Le gouvernement actuel n'a pas semblé y accorder une grande importance dans les négociations et la ratification de l'accord de libre-échange entre le Canada, les États-Unis et le Mexique. Les litiges entourant la concurrence entre le Canada et les États-Unis sont un problème majeur découlant de deux visions différentes des principes de gestion forestière.
Le conflit tient au fait que l'industrie américaine du bois d'œuvre s'oppose à la faiblesse des droits de coupe et des coûts de transport qu'on paye au Canada, ce qu'elle considère comme un avantage injuste équivalant à une subvention de notre industrie du bois d'œuvre. Les États-Unis imposent des droits et des tarifs au Canada depuis le début des années 1900, et le conflit n'est pas près de disparaître.
Les principes de gestion forestière au Canada sont très différents, et ce n'est pas une mince affaire que de les comparer à ceux des États-Unis, comme en témoigne l'imposante littérature à ce sujet. Pour que le secteur canadien du bois d'œuvre soit prospère, il faut de la certitude et des prix équitables sur le marché. C'est pourquoi le gouvernement canadien doit mettre l'accord sur le bois d'œuvre à l'avant-plan et conclure une entente à long terme qui évite les mesures protectionnistes de part et d'autre de la frontière.
Les grumes et le bois d'œuvre canadiens ont besoin d'un accès libre aux marchés mondiaux pour obtenir le meilleur prix possible. Les mesures protectionnistes en jeu ici imposent des coûts inutiles aux scieries canadiennes, et ces coûts sont refilés aux vendeurs de grumes, ce qui fait baisser les prix des grumes au pays. En vertu de décisions judiciaires et d'accords de réconciliation conclus récemment, les peuples autochtones sont maîtres des ressources forestières en territoire non cédé. Le gouvernement fédéral doit élaborer des politiques qui assureront le succès et la viabilité de l'industrie forestière et la création d'emplois intéressants à long terme, y compris dans les entreprises autochtones.
Les droits compensateurs et les tarifs imposés par les États-Unis ont empêché d'obtenir le meilleur prix possible pour les grumes, ce qui s'est répercuté sur les marges de profit des entreprises autochtones qui vendent aux scieries canadiennes. Il est nécessaire de procéder à des réformes majeures et d'éliminer les restrictions sur les exportations de grumes pour dissiper l'incertitude dans l'industrie forestière canadienne et permettre d'obtenir le meilleur rendement et les meilleurs prix possible pour notre ressource renouvelable.
Il faut éliminer les droits et les tarifs et ratifier un accord à long terme sur le bois d'œuvre si on veut une industrie forestière saine, durable et stable au Canada. Les répercussions sur les entreprises autochtones sont un autre élément crucial à considérer. Elles sont néfastes pour elles, ainsi que pour les ententes et les collaborations qu'elles ont avec des partenaires dans l'industrie.
Le Canada doit contester et modifier la Loi sur les licences d'exportation et d'importation qui ratifierait l'accord sur le bois d'œuvre, car elle est lourde de conséquences. Les droits compensateurs et les tarifs actuels des États-Unis pèsent dans la réussite économique de l'industrie forestière canadienne, et dans celle des entreprises autochtones qui vendent leurs grumes à des scieries locales au Canada.
Certaines bandes des Premières Nations du Canada, dans le cadre du processus de réconciliation qui donne lieu par exemple aux ententes de fondation, obtiennent le droit d'exploiter le bois d'œuvre de la Couronne en territoire non cédé. Ces débouchés forestiers, ces droits et ces permis d'exploitation leur procurent des avantages économiques et de la stabilité, des possibilités d'emploi et de formation à long terme, sans parler de futurs investissements dans des entreprises autochtones. Les droits et les tarifs imposés actuellement ont pour conséquence que les scieries locales au Canada fondent leurs prix d'achat des grumes sur les marchés actuels du produit, mais elles tiennent compte du pourcentage des tarifs et des droits si bien que les scieries se trouvent à payer pour réduire les prix des grumes, ce qui nuit aux entreprises et aux projets des Premières Nations.
De plus, les droits compensateurs et les tarifs imposés par les États-Unis influent sur le bilan financier des entreprises des Premières Nations, qui cherchent à tirer le meilleur avantage économique des ressources forestières sur leur territoire non cédé.
À l'heure actuelle, avec les économies d'échelle qui se trouvent en amont chez les vendeurs de grumes, les Premières Nations sont doublement touchées puisque leurs entreprises ne recevront des États-Unis aucun remboursement de leurs dépôts une fois qu'un différend aura été réglé, vu que ces coûts-là sont généralement pris en compte dans les ententes sur le prix d'achat des grumes à la scierie locale dès le début des projets.
Enfin, je reviens au mandat du gouvernement actuel, dont l'une des grandes priorités est la réconciliation avec les peuples autochtones du Canada, et à sa volonté de mettre en œuvre la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones par des lois et des politiques fédérales qui permettront aux Premières Nations de répondre à leurs besoins de développement économique, social et culturel. Étant donné que le gouvernement n'a rien fait pour régler l', qui est échu depuis longtemps, cela ne paraît guère important pour les entreprises forestières des Premières Nations et l'industrie forestière canadienne. Encore une fois, il faut ratifier l'ALENA, le projet de loi , en ce qui concerne l'accord de longue date sur le bois d'œuvre, pour éliminer les tarifs et les droits, sans quoi les conséquences et les restrictions seront lourdes pour les entreprises forestières des Premières Nations.
Pour ce qui est des répercussions que nous observons actuellement avec l', certaines entreprises forestières des Premières Nations ont du mal à prospérer durablement. De plus, leurs ententes et leurs collaborations avec d'autres partenaires de l'industrie forestière canadienne créent des problèmes qui finissent par se répercuter sur les gains économiques des nations et des bandes. La baisse des prix sur le marché du bois d'œuvre, les droits et les tarifs imposés, qui forcent des scieries à fermer ou à réduire leur activité, créent également des problèmes autour des nations et des territoires. Nous voyons aussi de grands exploitants établir plus de scieries aux États-Unis qu'au Canada, à cause des droits et des taxes supplémentaires, afin d'être compétitifs dans le marché et de compenser leur dépendance à l'égard de l'approvisionnement local en grumes canadiennes. Ces déménagements font qu'il y a moins d'emplois bien rémunérés pour les Canadiens, comme pour les membres des Premières Nations, et moins de concurrence sur le prix des grumes pour les vendre à des prix inférieurs, ou mieux, avec ces fermetures de scieries.
En terminant, je veux m'assurer que l' reste au sommet des priorités du gouvernement canadien et qu'il sera ratifié de telle manière que les entreprises autochtones pourront demeurer compétitives et ne seront plus pénalisées par les droits et les tarifs déloyaux et injustes des États-Unis sur le bois d'œuvre.
Nous avons besoin que le gouvernement canadien défende nos systèmes de gestion forestière, qu'il conteste la prétendue subvention et qu'il supprime les tarifs et les droits compensateurs, puisque le bois est utilisé dans un large éventail de secteurs et n'est pas considéré comme un objet de subvention en vertu de la loi américaine. De plus, les mesures des États-Unis sont motivées par le protectionnisme plutôt que par des pratiques déloyales de gestion et de décision en matière de droits de coupe.
Il sera crucial que le gouvernement, les entreprises forestières des Premières Nations et l'industrie forestière canadienne discutent de manière constructive et s'engagent à une ratification équitable de l' pour assurer la viabilité et la prospérité de la foresterie autochtone en particulier et canadienne en général.
Voilà tout ce que j'ai à dire. Si vous avez des questions, je me ferai un plaisir d'y répondre.
:
Oui. Merci, madame la présidente.
Je vais m'exprimer en français, mais je prendrai volontiers vos questions en anglais.
[Français]
Madame la présidente, membres du Comité, je vous remercie de m'avoir invité à comparaître devant vous ce soir. D'abord, j'aimerais souligner que je suis ici à titre personnel. Mes commentaires et mes réponses n'engagent donc aucunement les organisations auxquelles je suis affilié.
Je crois qu'il est primordial que l'Accord entre en vigueur le plus tôt possible, comme on l'a déjà mentionné, non pas parce qu'il s'agit d'un accord supérieur à l'ALENA, au contraire — à ce sujet, je vous recommande de consulter l'analyse effectuée par M. Dan Ciuriak pour l'Institut CD Howe —, mais parce qu'il faut éviter tout retour à l'incertitude qui a plané sur les négociations. Devant un refus par le Canada de mettre en vigueur l'Accord Canada—États-Unis—Mexique, le président américain mettrait fort probablement à exécution sa menace de retirer les États-Unis de l'ALENA.
Même si cette décision de la Maison-Blanche se retrouvait devant les tribunaux, un tel scénario aurait un effet très négatif sur l'ensemble de l'économie nord-américaine, notamment sur l'économie canadienne, puisque des investissements seraient retardés ou tout simplement déplacés vers les États-Unis. En effet, les entreprises se tourneraient vers les États-Unis en se disant que c'est le marché le plus important. De plus, les coûts de plusieurs transactions commerciales entre le Canada et les États-Unis pourraient augmenter afin de compenser le risque associé à la fin possible de l'ALENA. Il faut donc éviter ce scénario à tout prix.
L'ACEUM n'est certainement pas parfait. Je suis certain que vous avez entendu plusieurs critiques de cet accord. Pendant le temps qu'il me reste, j'aimerais mettre l'accent sur deux éléments, dont un qui a déjà été mentionné par M. Bob Fay. J'aimerais cependant aborder ce sujet de façon un peu plus détaillée.
Les engagements pris par le gouvernement canadien dans le cadre du chapitre 19, qui traite du commerce numérique, pourraient à l'avenir imposer des contraintes quant à la réglementation nationale que les gouvernements fédéral et provinciaux désireraient mettre en vigueur pour régir le flux des données entre le Canada et les États-Unis ainsi que l'espace numérique au Canada. J'aborde ce sujet en détail dans un document publié en octobre 2019 par le Centre for International Governance Innovation, où je suis agrégé supérieur.
Par exemple, les entreprises américaines ou mexicaines , mais surtout américaines, pourraient faire pression sur le gouvernement américain pour qu'un différend soit déclenché au sujet d'un règlement imposant la localisation des données dans le secteur privé pour des raisons de protection de la vie privée ou de sécurité nationale. C'est là que se situe l'enjeu. Dans l'Accord, il y a une exception. On parle ici d'objectif légitime de politique publique. Or personne ne sait ce que cela veut dire. Ultimement, s'il y avait un différend entre le Canada et les États-Unis, par exemple sur la localisation des données, ce serait un groupe d'arbitres qui serait appelé à gérer ce différend. Il devrait déterminer ce qu'est un objectif légitime dans le cadre des politiques publiques canadiennes.
La question est donc de savoir si nous voulons laisser des arbitres non élus, technocrates — même si ce fut établi par les deux parties — décider ce que le Canada peut faire ou ne pas faire. Il en va de même en ce qui a trait à l'article 19.7, selon lequel les fournisseurs de services informatiques ne peuvent pas être tenus responsables du contenu de leur plateforme. On reprend ici l'immunité qui se trouve dans l'article 230 du Communications Decency Act de 1996 des États-Unis.
L'exception générale de l'OMC s'applique dans ce cas-ci, par exemple pour défendre la moralité publique. Le gouvernement canadien pourrait donc décider, pour des questions de moralité publique, d'établir des mesures pour rendre les entreprises comme Facebook qui transmettent du contenu responsables de ce dernier. Cela dit, Facebook pourrait faire appel au gouvernement américain, en invoquant précisément l'article 19.7, et dire qu'il s'agit de discrimination à son égard. En vertu de l'ACEUM, le Canada ne devrait donc pas appliquer une telle mesure. Bien sûr, cela aurait comme effet de créer un environnement plus contraignant pour les entreprises canadiennes, mais moins contraignant pour les entreprises américaines.
La recommandation que j'aimerais faire à ce comité est la suivante: le gouvernement et ses partenaires devraient définir de façon détaillée ce qu'est un objectif légitime de politique publique, dans le contexte de l'Accord, pour que les entreprises aient davantage de certitude quant à la réglementation et à l'avenir, surtout en ce qui concerne les flux de données.
Enfin, il ne faut pas oublier que l'ACEUM possède une date d'expiration, soit 16 ans après son entrée en vigueur. Après six ans, l'Accord pourra être revu par les parties. Cependant, pour des entreprises qui font des investissements sur un horizon de plus de 15 ans, cette incertitude quant à l'existence de l'Accord pour une partie importante de la durée de vie de leurs projets d'investissement pourrait les amener à décider d'investir aux États-Unis plutôt qu'au Canada.
Si on veut investir des dizaines ou des centaines de millions de dollars au cours des 20 ou 25 prochaines années et qu'on a le choix de le faire au Canada ou aux États-Unis, mais qu'on ne sait pas quel accord va s'appliquer dans 10 ou 15 ans, on pourrait décider d'investir aux États-Unis. Cela veut dire des investissements et des emplois perdus au Canada.
En conséquence, le plus tôt les parties pourront donner une durée indéterminée à l'ACEUM, le mieux ce sera pour le Canada.
Je vous remercie. Je serai heureux de répondre à vos questions, en français ou en anglais.
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Merci, madame la présidente.
Merci beaucoup aux témoins d'être venus ce soir. C'est vraiment bon d'avoir des témoins pour parler du bois d'œuvre ce soir. Mieux vaut tard que jamais, un peu comme dans le cas de l'Accord Canada—États-Unis—Mexique lui-même. Mieux vaut tard que jamais.
Comme ce rapport que nous avons obtenu peu après le coup de midi aujourd'hui. Je l'ai parcouru, et je remarque dans le tout premier paragraphe de la page 2 qu'on parle d'une réduction de la bureaucratie à la frontière. Excellent.
Je passe maintenant à la page 5 — je n'ai pas pu aller plus loin parce que l'ai reçu peu après midi aujourd'hui — où on peut lire:
Toutefois, les gains seront partiellement contrebalancés par un nouvel accès aux marchés des secteurs canadiens soumis à la gestion de l'offre et par des règles d'origine plus strictes pour les automobiles et les pièces d'automobiles qui feront probablement augmenter la production de pièces en Amérique du Nord, mais aussi grimper les coûts de production. En particulier, la mise en œuvre de l'ACEUM dans sa forme finale...
Ma première question s'adresse à Mme Hasenfratz. Vous avez parlé d'un va-et-vient des pièces d'automobiles à travers la frontière, n'est-ce pas? On imagine donc que ce devrait être beaucoup plus fluide. Or, le rapport de l'Institut C.D. Howe laisse plutôt entendre qu'il y aura un resserrement des contrôles frontaliers.
Nous savons bien que le gouvernement n'a pas consacré plus de temps, d'efforts ou d'argent à l'ASFC, qui sera pourtant chargée de surveiller ce va-et-vient et d'appliquer les tarifs.
Ma question est double. Premièrement, est-ce qu'on craint dans le secteur des pièces d'automobiles qu'il y ait un problème à la frontière? Deuxièmement, l'industrie automobile aimerait beaucoup que l'ACEUM soit reporté à janvier 2021 en ce qui la concerne. Avez-vous la même ambition?
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Merci, madame la présidente.
Monsieur Fay, je suis très heureux que vous soyez venu nous parler de l'économie des données. Nous avons eu l'ALENA pendant longtemps. Nous avons maintenant ce nouvel accord, l'ACEUM, mais cela ne va pas tout bouleverser. C'est un bon accord, qui apporte une certaine stabilité à l'économie canadienne.
Regardez ce qui s'est passé dans le domaine du commerce au cours des 8 ou 10 dernières années. Je crois qu'en 2011, nos exportations vers les États-Unis se chiffraient à quelque 315 milliards de dollars. L'an dernier, c'était 320 ou 324 milliards. Il y a une dizaine d'années, nos importations s'élevaient à environ 280 milliards de dollars. Aujourd'hui, nous n'en sommes qu'à 290 milliards.
Cet accord est important. Il apporte de la stabilité à une bonne partie de l'économie, mais il n'aborde pas l'économie de l'avenir. Nous avons des industries sidérurgiques. Elles produisaient 16 millions de tonnes il y a 20 ans. Elles produisent à peu près la même chose aujourd'hui, 15 millions de tonnes. L'industrie de l'aluminium n'a pas vu augmenter sa capacité de stockage au cours des 15 dernières années.
Essentiellement, c'est un bon accord, qui apporte de la stabilité. Cependant, il ne parle pas de l'avenir et de la direction que prend l'économie mondiale, c'est-à-dire qu'on s'en va vers une économie du savoir. Personne ici n'a parlé des logiciels qui guideront les véhicules autonomes. Personne n'a parlé de robotique. Personne n'a parlé de l'intelligence artificielle et de ses répercussions non seulement sur les entreprises canadiennes, non seulement sur l'économie, mais sur la société canadienne elle-même.
Je suis heureux que vous ayez abordé le sujet. Comme vous l'avez souligné — et comme dans cet accord —, cela fait six ans qu'on attend notre négociateur. Nous sommes tous des décideurs. Nous sommes mieux à même de comprendre les répercussions de ces choses, de sorte que lorsque l'examen aura lieu dans six ans, nous pourrons les examiner plus attentivement.
De toute évidence, les industries en place font beaucoup de lobbying, ce qui retient l'attention des législateurs, des décideurs, des négociateurs. Toutefois, ce délai de six ans nous donnera, espérons-le, la marge de manœuvre nécessaire pour examiner les autres aspects qui n'ont pas été pris en considération.
Vous avez parlé de l'investissement direct étranger. Bien des gens ne savent pas que les deux tiers ou environ 65 % du commerce canadien est attribuable à des entreprises qui appartiennent à des investisseurs étrangers, des entreprises étrangères. Leur investissement direct joue un rôle très important dans l'économie canadienne et le commerce canadien. Elles contrôlent 65 % du commerce.
Vous avez parlé du besoin de nouvelles règles internationales pour encadrer l'investissement direct étranger et la propriété intellectuelle. Laissons faire pour l'instant la propriété intellectuelle. Je sais que c'est une grosse affaire, une très, très grosse affaire. C'est notre prochaine ressource naturelle. C'est même la seule chose qui puisse remplacer les ressources naturelles.
Pouvez-vous nous parler brièvement du changement fondamental que vous souhaitez voir sur la scène internationale en ce qui concerne l'investissement direct étranger?
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Je vous remercie de votre question.
Ce n'est pas nécessairement un déclin ou une moins bonne qualité. Je me fie à des études faites par des économistes qui essaient de voir quelles seraient les conséquences sur le PIB, par exemple, pour l'ensemble de l'économie. Bien sûr, il y a toujours une marge d'erreur importante.
L'étude la plus récente effectuée justement par M. Ciuriak pour l'Institut C.D. Howe démontre que, dans l'ensemble, il y aurait peut-être une baisse très minime. Cependant, dans d'autres accords, on s'attendait à un effet positif sur le PIB. Même la United States International Trade Commission, à Washington, est arrivée à la conclusion que, dans l'ensemble, le nouvel Accord aurait peu d'effet ou que, en tout cas, il serait minime. Elle avait d'ailleurs estimé que l'effet positif viendrait surtout de la réduction de l'incertitude par rapport au nouvel Accord.
Sur le plan de la qualité, les Accords sont donc comparables. En effet, il y a certains éléments de modernisation, par exemple, dans le chapitre sur le commerce numérique. Par contre, comme je l'ai indiqué, ce chapitre est problématique relativement aux engagements que le Canada a pris par rapport à la réglementation des données de la sphère numérique qu'on aimerait faire ici. On sait que, dans le secteur agricole, certains ne sont pas contents.
Ma référence était plutôt les analyses qui ont été faites. Toutefois, il semble clair qu'on ne fait pas un gain significatif. Dans l'ensemble, c'est un peu un statu quo.
La réflexion se poursuit, mais j'ai déjà mentionné cette idée que — comme cela a été mentionné dans le cadre de l'examen du patrimoine — si nous devions traiter les médias sociaux comme des diffuseurs et voulions en réglementer le contenu, par exemple, et les tenir responsables de ce qu'ils publient en ligne — qui leur vient de l'actualité ou d'autres sources —, la question devient alors de savoir si ces entreprises soulèveraient une contestation au niveau de l'ACEUM et en vertu de l'article 19.17. Ce serait à voir. Bien sûr, il faudrait que ce soit un différend soulevé par le gouvernement américain. Il n'y a pas d'État investisseur dans ce cas-ci; ce ne serait pas les entreprises elles-mêmes. Alors, en cas de différend, un groupe spécial serait mis sur pied et devrait trancher. Il est très difficile, à ce stade-ci, de prévoir quelle serait la décision de ce groupe.
S'il devait donner raison à Facebook ou à ce genre de médias sociaux, cela plomberait tout de suite ce que le Canada ferait. Pour moi, c'est un peu problématique. Sommes-nous en train de nous imposer des contraintes sur ce plan?
Nous avons parlé de la vie privée des personnes. Plus tard, si nous voulions imposer plus de localisation de données, par exemple, au niveau fédéral ou même au niveau provincial... Le gouvernement du Québec parle d'aller dans cette direction. Que se passerait-il si, par exemple, le Québec faisait plus de localisation de données — pas pour ses fins gouvernementales, mais pour l'entreprise privée? Des entreprises basées aux États-Unis nous feraient alors valoir que c'est contraire à l'accord qui permet la libre circulation des données entre nos deux pays. Si nous les contestions et qu'un groupe spécial arrivait à la conclusion, par exemple, que ces règlements ou ces lois ne peuvent s'appliquer aux sociétés américaines, qu'arriverait-il? Le problème serait encore plus gros. Le Québec pourrait continuer de le faire, mais il y aurait une forme quelconque de compensation à payer par le gouvernement fédéral.
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Non, parce qu'ils nous ont dit de diversifier, ce que nous avons fait.
Vous parlez d'une entente. L'idée qu'il en existe une me laisse perplexe, mais je ne suis pas un expert. Ce qui nous arrive, à nous tous, y compris à M. Rielly, c'est que nous sommes tenus dans le noir la plupart du temps.
Ces ententes sont conclues. Les grandes entreprises dont M. Rielly nous parle sont Canfor, West Fraser, Interfor et Résolu. Ce sont elles qui sont invitées et à qui on parle. À nous, on parle très rarement. Et c'est pourquoi je suis ici. Je vais être coincé à Ottawa parce que je voulais venir pour pouvoir vous le dire.
Un député: L'endroit est magnifique.
M. Ken Kalesnikoff: Je ne dis pas le contraire. Apparemment, nous ne pouvons pas aller patiner parce que la glace est pâteuse. J'ignore comment cela est possible par un froid pareil.
Quoi qu'il en soit, au bout du compte, il faut que quelqu'un se mette à l'écoute des petits exploitants à l'échelle du pays. Ce n'est pas ce qui se passe, et c'est très frustrant pour nous, qui restons dans nos collectivités et qui employons les gens. Nous ne fermons pas, mais nous investissons.
Le chiffre d'affaires de nos familles est de 68 millions de dollars par année. Nous investissons 35 millions de dollars. Savez-vous comment nous avons pu le faire? Nous avons donné nos maisons en garantie, ma maison et celles de nos deux enfants. Personne ici n'est au courant, mais c'est ici que se font les politiques, et les témoins que vous écoutez sont ceux qui ont de gros actionnaires. Ce n'est pas notre cas. Nous n'avons que nous-mêmes, et si nous n'y arrivons pas, la mamma ne sera pas contente.
Pour en venir à votre question, M. Hoback — désolé, je deviens passionné — au bout du compte, je n'ai rien vu se passer. Il se passe peut-être quelque chose. Je ne me promène pas dans les couloirs ici, mais, logiquement, pourquoi en serait-il autrement? Les États-Unis détiennent toutes les cartes. La coalition est extrêmement forte. Ils attendent simplement. Ils se marrent à l'heure actuelle.
Lorsqu'il y aura assez d'argent dans la tirelire et que nous commencerons à parler de le partager, alors peut-être qu'ils s'amèneront à la table et, s'ils en perdent quelques autres... Cette dernière contestation de l'ALENA, où leurs droits de douane pourraient être réduits... Sans cela, qu'aurions-nous? Cela continuerait.
Désolé.
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Nous écoutons tout le monde dans le cadre de chaque étude — qu'il s'agisse d'un producteur indépendant comme vous, d'un petit producteur avec 10 employés, ou avec 200 ou 2 000, ou de Linamar, avec son chiffre d'affaires de 7 milliards de dollars et ses 7 000 employés.
Dans le cas du bois d'œuvre, nous nous battons. Si vous vous rappelez bien, le premier ministre a soulevé la question dès sa première rencontre avec le président Obama, qui ne connaissait même pas l'existence d'un différend. Ce n'est pas plus important que cela pour eux, alors que pour nous c'est gros. On m'a dit qu'il en a été question à chaque rencontre par après entre le président Trump et notre premier ministre. Mais vous connaissez la politique entourant la mise en place de ces droits compensateurs. Ils vous harcèlent et vous tiennent.
Le mieux que le Canada puisse faire, selon moi, à moins que vous ayez autre chose à suggérer, c'est d'aller là où nous pouvons les contester. Nous avons réussi. Ma circonscription a une entreprise de métallurgie de l'acier qui compte 100 employés qui transforment de l'acier américain au Canada avant de le réexpédier aux États-Unis pour la construction. Il y a trois semaines, ils se sont vu infliger un droit de douane de 7 %. Nous avons eu gain de cause à la commission du commerce des États-Unis.
Malheureusement, tels sont les défis auxquels nous sommes confrontés dans ce genre d'environnement commercial. Mais ce qui est bien, c'est que le Canada s'en tire généralement bien au bout du compte. Du moins, c'est ce que je crois. C'est pour cela que vous avez survécu jusqu'ici, même si votre tirelire ne contenait pas grand-chose par moments, mais nous espérons connaître de nouveaux succès.
Monsieur Schiller, comment pensez-vous que nous pourrons modifier quelque chose très rapidement? Je ne pense pas qu'il soit plausible de le faire ici. Ce que vous demandez, c'est que nous exercions plus de pression sur les Américains pour obtenir un accord. C'est peut-être une possibilité, mais nous ne pourrons pas en profiter. J'ignore comment cela pourrait se faire dans un accord tripartite.