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Je déclare ouverte cette séance du Comité permanent du commerce international.
Conformément à l'ordre de renvoi adopté le jeudi 6 février 2020, nous poursuivons l'étude du projet de loi , Loi portant mise en œuvre de l'Accord entre le Canada, les États-Unis d'Amérique et les États-Unis mexicains.
Pour cette partie de la réunion, nous recevons comme témoins Brian Innes, vice-président, et Claire Citeau, directrice générale de l'Alliance canadienne du commerce agroalimentaire; nous accueillons aussi Bob Lowe, vice-président, et Fawn Jackson, gestionnaire, Environnement et développement durable à la Canadian Cattlemen's Association; Hassan Yussuff, président, et Chris Roberts, directeur national du Congrès du travail du Canada; puis Ken Neumann, directeur national du Syndicat des Métallos, ainsi que son adjoint, Mark Rowlinson.
Je vous souhaite à tous et toutes la bienvenue et vous remercie de prendre le temps de venir comparaître devant le Comité aujourd'hui.
Nous commencerons par Mme Citeau.
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Malgré cet incroyable succès, nous sommes confrontés à une incertitude sans précédent. La prévisibilité des marchés est érodée par des gouvernements qui continuent de mettre en place des tarifs et d'autres mesures qui sont en contradiction flagrante avec les règles commerciales. C'est la même chose, ici en Amérique du Nord, qu'à l'étranger.
Le printemps dernier, l'ACCA a publié une ordonnance pour ce qui est exigé des accords commerciaux dans cette nouvelle réalité. Le document, intitulé « Réaliser le potentiel d'exportation du Canada dans un monde imprévisible et férocement concurrentiel », décrit ce qui est nécessaire pour que les exportations agroalimentaires canadiennes continuent de battre des records.
Notre première recommandation est de préserver et d'améliorer l'accès aux principaux marchés d'exportation — et c'est ce que feront la ratification et l'entrée en vigueur de l'ACEUM le plus rapidement possible. Nous comprenons le bruit nationaliste environnant. Nous l'avons observé lorsque nous avons assisté à toutes les rondes de négociation pour le nouvel ACEUM. C'est pourquoi nous avons applaudi lorsque le Canada a conclu les pourparlers l'automne dernier. C'est pourquoi I'ACCA a salué la fin des tarifs sur l'aluminium et l'acier. Nous apprécions la valeur des marchés en franchise de droits, car le commerce en franchise de droits a été incroyable pour notre industrie agroalimentaire nord-américaine.
Au cours des 25 dernières années, les exportations canadiennes de produits alimentaires et agricoles vers les États-Unis et le Mexique ont presque quadruplé en vertu de l'ALENA, passant de près de 9 milliards de dollars en 1993 à 34 milliards de dollars en 2019. Aujourd'hui, les États-Unis et le Mexique sont nos premier et quatrième marchés d'exportation en importance pour les produits agroalimentaires; ils représentent 55 % de nos exportations totales.
Nous appuyons I'ACEUM parce qu'il s'appuie sur le succès de l'ALENA. Il préserve l'accès en franchise de droits sur lequel notre secteur agroalimentaire nord-américain s'est construit.
Nos membres — les centaines de milliers d'agriculteurs, d'éleveurs, de transformateurs de produits alimentaires et d'exportateurs de produits agricoles qui dépendent du commerce — se réjouissent que le gouvernement canadien agisse pour que l'ACEUM soit mis en vigueur.
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Nos membres soulignent les résultats suivants comme avantages clés du nouvel ACEUM.
L'accord ne contient pas de nouvelles mesures tarifaires ou de restriction au commerce. Tous les produits agricoles pour lesquels les droits de douane sont nuls en vertu de l'ALENA resteront affranchis de droits en vertu du nouvel ACEUM. Le maintien d'un accès prévisible et exempt de droits de douane sur le marché nord-américain constitue une victoire importante pour les exportateurs canadiens de produits agricoles et agroalimentaires, qui contribuera à renforcer les chaînes d'approvisionnement qui se sont développées au fil du temps en Amérique du Nord.
Le nouvel accord prévoit des améliorations importantes en matière d'alignement et de coopération réglementaires. En particulier, la création du groupe de travail sur la coopération en matière de biotechnologie agricole et la création d'un nouveau comité sanitaire et phytosanitaire contribueront à garantir la transparence et la rigueur des réglementations et à favoriser un commerce en Amérique du Nord qui se déroule librement, équitablement et en abondance.
Un autre avantage clé pour nos membres est la préservation des dispositions de résolution des conflits qui sont essentielles pour garantir des processus justes et transparents en cas de désaccord. Conserver le chapitre 19 dans son intégralité et une bonne partie du chapitre 20 de l'ALENA est une victoire importante pour nos membres.
Le nouvel ACEUM améliorera également l'accès aux marchés pour les exportateurs canadiens de produits agroalimentaires, notamment par l'augmentation des quotas pour le sucre raffiné et les produits contenant du sucre, ainsi que des gains pour certains produits à base d'oléagineux transformés, tels que la margarine — de bonnes nouvelles pour nos membres.
Toutes ces avancées contribueront à consolider les gains de l'ALENA et à accroître la certitude dans le marché nord-américain, ce qui est essentiel pour le succès des producteurs et des exportateurs canadiens de produits agroalimentaires.
En conclusion, l'ACEUM représente une amélioration importante par rapport à l'ALENA pour nos membres. Notre système exempt de droits de douane est maintenu, des processus permettant d'éliminer les obstacles non-tarifaires au commerce sont établis et des dispositions essentielles pour traiter les différends demeurent.
Nous sommes impatients de travailler avec le gouvernement pour que I'ACEUM entre en vigueur, afin que nos membres puissent bénéficier des avantages qu'il comporte aussi rapidement que possible.
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Merci, et bonjour. Je m'appelle Bob Lowe et je suis éleveur et exploitant de parc d'engraissement dans le Sud de l'Alberta. Je suis également vice-président de la Canadian Cattlemen's Association, la voix nationale des 60 000 exploitations bovines du Canada.
J'aimerais apporter une petite correction. Je suis accompagné de Fawn Jackson, notre ancienne responsable de l'environnement, qui est maintenant gestionnaire principale des affaires gouvernementales et internationales de la Canadian Cattlemen's Association.
La CCA défend le libre-échange depuis longtemps, et je suis ici aujourd'hui pour encourager tous les parlementaires à ratifier rapidement l'ACEUM. En vertu de l'ACEUM comme de l'ALENA, les industries du boeuf du Canada, des États-Unis et du Mexique bénéficieront, comme elles en bénéficient déjà, d'un commerce réciproque en franchise de droits entre nos pays. L'Amérique du Nord est le plus grand marché pour le boeuf canadien, et l'intégration de nos marchés nous rend plus compétitifs sur le plan international.
Mes enfants participent à l'exploitation de ma ferme familiale, et je peux vous dire que j'entrevois leur avenir avec enthousiasme. L'an dernier, après la mise en oeuvre du PTPGP, la demande pour le boeuf canadien a connu une hausse impressionnante. Nos exportations globales ont augmenté de 19 % en valeur et, plus précisément de 68 % en valeur sur le marché japonais. Je le mentionne parce que nous avions observé le même genre d'augmentation après la mise en oeuvre du premier ALENA.
En vertu de l'ALENA, les exportations de boeuf canadien vers les États-Unis ont augmenté de 340 % en valeur totale, passant ainsi de 500 millions de dollars en 1995 à 2,3 milliards de dollars en 2019. De même, les exportations de boeuf vers le Mexique se sont multipliées par plus de 30, passant de 3,7 millions de dollars en 1995 à 127 millions de dollars en 2019. Tout cela pour dire que les accords commerciaux ne sont pas seulement fondamentaux pour la viabilité des exploitations agricoles et les élevages d'un océan à l'autre, ils sont à la base de la croissance du secteur agricole canadien.
Pour mon propre élevage, la présence d'acheteurs américains sur le marché canadien des bovins vivants m'assure l'accès à un marché concurrentiel où vendre mes bovins. Aujourd'hui, nous en voyons la preuve dans l'Est du Canada, où les éleveurs de bovins connaissent des difficultés financières en raison d'un problème technique qui a essentiellement écarté les acheteurs américains de bovins de leur marché. Cela a fait radicalement chuter les prix, ce qui illustre malheureusement l'importance d'un marché nord-américain ouvert et concurrentiel pour les bovins. Il est impératif que les acheteurs nord-américains participent activement au marché canadien pour assurer la prospérité financière des agriculteurs canadiens.
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Bonjour, madame la présidente, mesdames et messieurs les membres du Comité. Je m'appelle Hassan Yussuff et je suis président du Congrès du travail du Canada. Mon collègue, Chris Roberts, est directeur national des Services des politiques sociales et économiques.
Le CTC s'exprime au nom de 3 millions de travailleurs syndiqués, hommes et femmes, de partout au pays. C'est un plaisir pour moi d'être parmi vous ici, cet après-midi.
Le Canada a toujours été un pays commerçant. Les exportations sont vitales pour l'économie canadienne, nos collectivités et des milliers d'emplois. Nos secteurs de l'acier et de la fabrication automobile, de la foresterie, de l'agriculture et des ressources dépendent du commerce, et les Canadiens sont bien sûr favorables à un accord commercial équitable qui permette de préserver de bons emplois, de protéger les droits des travailleurs et de conserver l'aptitude du gouvernement à prendre des règlements dans l'intérêt public.
J'ai participé au conseil consultatif qui conseillait le gouvernement pendant la renégociation de l'ALENA. Les syndicats canadiens se félicitent des gains importants réalisés pour les travailleurs dans le nouvel accord entre le Canada, les États-Unis et le Mexique. Ces gains comprennent l'élimination du chapitre 11, soit des dispositions de l'ALENA sur le règlement des différends entre investisseurs et États; l'intégration de dispositions exécutoires sur les droits des travailleurs à l'ACEUM, dans un chapitre à part; l'inclusion d'une disposition restreignant l'importation de produits du travail forcé; des exigences de contenu nord-américain accru dans les véhicules et une nouvelle exigence de contenu sur la valeur de la main-d'œuvre dans la fabrication automobile; l'élimination du chapitre de l'ALENA sur l'énergie et de la disposition sur la proportionnalité; le renforcement de l'exemption culturelle générale de l'ALENA, qui est élargie pour inclure les industries numériques; et enfin, une exception claire et générale pour les droits autochtones. Cette exception signifie que rien dans cet accord n'empêche un gouvernement nord-américain de remplir ses obligations juridiques, sociales, économiques, culturelles et morales envers les peuples autochtones.
Nous sommes également satisfaits du retrait des droits de douane sur les importations d'acier et d'aluminium, en vertu de l'article 232. Ces tarifs injustes nuisaient beaucoup aux travailleurs canadiens.
L'élimination du chapitre 11 est un jalon important dans la protection de notre environnement. Trop souvent, le processus de règlement des différends entre investisseurs et États prévu à l'ALENA permettait aux investisseurs de poursuivre les Canadiens et le Canada pour des mesures légitimes prises pour prévenir et limiter des dommages à l'environnement. Le chapitre sur l'environnement de l'ACEUM comprend de nouveaux engagements pour faire face aux défis environnementaux. Ceux-ci concernent la qualité de l'air, les espèces menacées, les substances nocives pour les océans, la conservation de la diversité biologique, la pollution marine, le commerce illégal d'espèces sauvages, la pêche illégale et l'épuisement des stocks de pêche.
Nous regrettons que les négociateurs américains aient fait obstacle à toute mention du changement climatique dans l'accord. Par conséquent, l'ACEUM ne contient aucun renvoi à l'Accord de Paris, malgré l'ajout d'un certain nombre d'accords multilatéraux sur l'environnement dans le texte révisé.
Le CTC se félicite des améliorations importantes apportées à l'ACEUM grâce aux négociations, l'an dernier, des démocrates de la Chambre et du représentant américain au commerce. Ces améliorations comprennent des restrictions aux pouvoirs de la partie intimée d'empêcher la formation d'un groupe spécial sur le mécanisme de règlement des différends; des modifications visant à renforcer l'interdiction touchant les produits du travail forcé; des modifications visant à renforcer la protection des travailleurs contre la violence et l'intimidation physique; l'introduction d'un mécanisme bilatéral d'intervention rapide en matière de travail en cas de violation de la liberté d'association ou des droits de négociation collective; le retrait d'une disposition exigeant une protection du marché pendant 10 ans pour les produits biologiques; le renversement du fardeau de la preuve en cas de violation des droits des travailleurs et de l'environnement — ce libellé laisse entendre que les violations des droits des travailleurs et de l'environnement nuisent au commerce ou à l'investissement entre les parties, à moins que la partie intimée ne puisse prouver le contraire.
Cela dit, certaines parties de l'ACEUM suscitent toujours des inquiétudes chez les travailleurs canadiens. En effet, le Canada a fait des concessions au chapitre de la gestion de l'offre dans le domaine agricole en ouvrant les marchés à davantage de produits laitiers, agricoles et avicoles américains. Ces concessions alourdiront la pression qui s'exerce sur les producteurs canadiens en raison de l'accès au marché déjà accordé en vertu de l'AECG et du PTPGP. Dans le budget de 2019, le gouvernement s'est engagé à fournir jusqu'à 3,9 milliards de dollars pour soutenir les producteurs assujettis à la gestion de l'offre. Cependant, les travailleurs de ces secteurs ne bénéficient d'aucune protection contre la perte de revenu ou d'emploi qui serait attribuable à la ratification de l'ACEUM, de l'AECG ou du PTPGP. Par conséquent, nous recommandons au gouvernement de prendre des mesures pour que ces travailleurs ne soient pas désavantagés par la mise en oeuvre de l'ACEUM.
Le mécanisme d'intervention rapide dans une installation ciblée que prévoit l'ACEUM représente un grand pas en avant en droit du travail. Toutefois, quelques dispositions limitent inutilement la réactivité et la portée de ce mécanisme moderne. Ainsi, il y a une disposition prescrivant que le plaignant demande d'abord au défendeur de mener sa propre enquête en cas de violation potentielle des droits du travail dans un établissement admissible. Ce n'est qu'en cas de désaccord avec les conclusions qu'on peut demander une vérification par un groupe d'experts en matière de travail. Les établissements visés par ce mécanisme se limitent aux secteurs prioritaires, dont l'industrie manufacturière, celle des services et celle des mines, mais pas l'agriculture, la foresterie, ni la pêche, entre autres.
Pour résumer, les gains réalisés grâce à l'ACEUM sont importants. À notre avis, il est essentiel de ratifier cet accord pour protéger les intérêts canadiens et le bien-être des travailleurs au Canada. L'examen par le Parlement du projet de loi est une partie importante et nécessaire du processus législatif. Toutefois, nous demandons instamment aux partis d'adopter le projet de loi C-4 sans trop tarder.
Sur ce, je suis prêt à répondre aux questions du Comité. Je vous remercie infiniment de nous permettre de faire cette présentation aujourd'hui.
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Je vous remercie, madame la présidente et tous les membres du Comité, de nous avoir invités à nous entretenir avec vous aujourd'hui.
Je suis ici à titre de directeur national du Syndicat des Métallos. Je représente les centaines de milliers de travailleurs canadiens membres de notre syndicat international. À l 'échelle de l'Amérique du Nord, nous représentons plus de 800 000 hommes et femmes, qui travaillent dans tous les secteurs économiques du Canada et des États-Unis, dont beaucoup dans des secteurs très exposés au commerce. Nous avons aussi des liens officiels avec des organisations du Mexique. Notre intérêt à défendre un accord favorisant des échanges commerciaux justes entre le Canada, les États-Unis et le Mexique est très évident. Je mentionne que je suis accompagné de mon adjoint, Mark Rowlinson, qui m'aidera à répondre à vos questions dans les deux langues officielles.
Pour commencer, permettez-moi de vous dire que la dernière version de cet accord constitue une amélioration par rapport à l'ALENA comme à la version originale de l'ACEUM signée en 2018. Notre position est exposée plus en détail dans notre mémoire écrit, mais j'aimerais saisir ces quelques instants pour m'adresser à vous afin de mettre l'accent sur le travail qu'il reste à faire dans ce dossier et les écueils qui nous guettent peut-être si nous ne corrigeons pas ces failles.
Concernant notre industrie sidérurgique nationale essentielle, le Syndicat des Métallos se réjouit de l'exigence selon laquelle 70 % de l'acier utilisé dans la fabrication d'un véhicule doit avoir été fondu et coulé en Amérique du Nord. Cela représente un bon pas en avant pour l'industrie de l'acier canadienne. Toutefois, selon moi, le délai de sept ans avant que ces dispositions n'entrent en vigueur est tout simplement trop long. Il fera en sorte qu'une quantité bien trop grande d'acier de source étrangère se trouve encore dans la chaîne d'approvisionnement automobile, ce qui freinera la croissance de l'industrie sidérurgique canadienne.
Notre syndicat représente aussi la vaste majorité des travailleurs syndiqués du secteur de l'aluminium, dont la plupart se trouvent au Québec. Nous sommes très déçus que l'accord ne prévoie pas de dispositions similaires voulant que l'aluminium soit lui aussi fondu et coulé en Amérique du Nord. Avant la conclusion de l'accord final, nous avons exposé notre point de vue en novembre 2019 dans une lettre adressée à la , afin de l'exhorter à s'assurer que les articles en aluminium bénéficiant des avantages de l'ACEUM soient produits au Canada, au Mexique ou aux États-Unis à partir d'aluminium primaire fondu et coulé dans ces pays. Or, l'accord final contient plutôt un libellé faible selon lequel les parties réexamineront la question dans 10 ans. Ce n'est tout simplement pas suffisant. Par conséquent, l'ACEUM ne nous garantit pas que l'aluminium de haute qualité produit par des travailleurs dont les salaires sont essentiels pour assurer la subsistance des collectivités sera utilisé dans la production automobile en Amérique du Nord. Nous nous inquiétons particulièrement de la dépendance croissante de l'industrie automobile mexicaine à la ferraille et aux billettes à faible coût de producteurs étrangers, une dépendance attribuable au manque de capacité de fusion primaire au Mexique. En tant que principal pays producteur d'aluminium au sein de l'ACEUM, le Canada se devait d'insister sur cette protection pour les producteurs d'aluminium canadien et leurs travailleurs. Il est décevant que le gouvernement du Canada ait échoué à cet égard.
Le syndicat des travailleurs américains était en première ligne de la lutte pour l'annulation complète des droits de douane américains sur l'acier canadien pour les fausses raisons de sécurité nationale qui ont été évoquées. Malheureusement, les lettres d'accompagnement de l'ACEUM laissent toujours la porte ouverte à des droits imposés aux termes de l'article 232. Nous croyons que le gouvernement doit continuer d'insister pour obtenir un engagement entier à long terme, de la part des États-Unis, qu'ils ne considéreront pas l'acier, l'aluminium ni d'autres produits canadiens comme une menace à leur sécurité nationale. De plus, le Canada a reçu 1,2 milliard de dollars pour les tarifs imposés en représailles par les États-Unis en vertu de l'article 232. Cet argent devrait être investi dans les secteurs canadiens de l'acier et de l'aluminium, et particulièrement dans la formation de notre main-d'oeuvre pour répondre aux exigences de l'économie industrielle du XXIe siècle.
Permettez-moi maintenant de vous demander de vous pencher un peu sur l'industrie forestière. Le chapitre 10 de l'ACEUM, « Section B: Droits antidumping et compensateurs », ne protégera pas notre secteur forestier, puisqu'il n'empêchera pas les États-Unis d'appliquer des droits au bois d'oeuvre résineux. Ce différend n'a jamais été résolu. Le Canada a encore une fois raté l'occasion de le régler une bonne fois pour toutes. Pendant ce temps, notre syndicat représente plus de 20 000 travailleurs forestiers qui vivent des mises à pied et de l'incertitude à cause de cela.
Pour soutenir cette industrie essentielle, nous devons absolument miser sur une combinaison de mesures touchant les échanges commerciaux et les politiques nationales pour favoriser la fabrication à valeur ajoutée.
Comme je l'indiquais au départ, nous sommes solidaires des syndicalistes indépendants mexicains. Bien que l'ACEUM facilitera les libres négociations collectives au Mexique, il faudra voir comment tout cela pourra être mis en œuvre avec possibilité de recours dans les cas présumés de violation, conformément aux dispositions du chapitre 30.
Comme nous l'avons dit devant votre comité lors de la dernière législature, on aurait dû intégrer au chapitre sur le travail les conventions fondamentales de l'Organisation internationale du travail. Ces conventions devraient se retrouver dans tout nouvel accord commercial que le Canada négocie. Nous craignons en outre que l'article 23.9 ne suffise pas à bien protéger les travailleurs contre la discrimination.
D'une manière plus générale, le chapitre sur le travail atteindra son objectif déclaré de rehausser les normes du travail en Amérique du Nord seulement si les trois gouvernements prennent au sérieux leur rôle consistant à faire respecter les droits applicables. Il faudra pour ce faire mettre en place des mécanismes qui assureront que le Mexique, les États-Unis et le Canada tiennent leurs engagements en matière de travail en vertu de l'ACEUM.
Nous sommes déçus de l'absence d'un chapitre sur la participation des femmes et d'une référence à la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Nos trois pays auraient dû faire le nécessaire pour s'acquitter de cette obligation du XXIe siècle en corrigeant les torts causés par le colonialisme.
Pour ce qui est des marchés publics, notre syndicat s'inquiète également de voir les États-Unis profiter d'un accès plus large aux marchés canadiens des produits agricoles et laitiers. En échange, le Canada n'a réalisé aucun gain quant à l'accès à l'important marché des achats gouvernementaux aux États-Unis.
Nous estimons que l'on fait fausse route avec les dispositions du chapitre 28 prévoyant que les entreprises seront avisées à l'avance de tout changement à venir à la réglementation pouvant notamment avoir une incidence sur la sécurité alimentaire, la sécurité ferroviaire et la santé et sécurité des travailleurs. En se contentant de parler d'harmonisation, ces dispositions minent la capacité de réglementer dans l'intérêt public en procurant aux entreprises le droit de contester la mise en œuvre desdits règlements. C'est inacceptable et, en toute franchise, si on se remémore des événements comment ceux de Lac-Mégantic, très dangereux.
L'ACEUM ne tient pas suffisamment compte des enjeux environnementaux. Malgré les améliorations apportées au chapitre 24, on n'y trouve aucun engagement quant au respect de l'Accord de Paris sur les changements climatiques. Il n'est en outre aucunement fait mention de la lutte contre les changements climatiques. C'est tout à fait en décalage avec les nombreux constats que nous avons été en mesure de faire relativement à la crise climatique au XXIe siècle.
Je peux vous dire en terminant que notre syndicat va continuer d'intervenir en faveur d'un régime commercial juste et progressiste. Plutôt que de miser sur les progrès fragmentaires découlant des différents accords commerciaux conclus au fil du temps, nous préconisons un système commercial qui donne un rôle de premier plan aux travailleurs canadiens. Il faut pour ce faire conclure des accords qui n'entravent pas la capacité de notre gouvernement de veiller au respect de normes élevées en matière de travail et d'environnement et qui ne facilitent pas l'importation à des prix déloyaux de produits en provenance de pays dont les normes en matière de travail et d'environnement sont déficientes.
Malgré les améliorations apportées, l'ACEUM ne suffira pas à lui seul à revitaliser l'industrie manufacturière au Canada. Nous devons adopter les politiques nécessaires pour promouvoir la fabrication au pays et l'utilisation de produits fabriqués au Canada dans les projets d'infrastructure. Nous devons mettre nos marchés à l'abri des marchandises faisant l'objet de dumping depuis l'étranger en continuant d'améliorer notre régime de mesures commerciales correctives, en permettant notamment aux syndicats d'intenter des poursuites en cas de litiges commerciaux, et non simplement d'y être partie. Nous demandons par ailleurs une analyse plus approfondie des incidences des accords commerciaux sur les différents secteurs et en matière d'emploi, au moyen entre autres d'un véritable processus de consultation et de collaboration.
Merci de nous avoir donné l'occasion de prendre la parole devant vous aujourd'hui. Mark et moi nous ferons un plaisir de répondre à toutes vos questions.
Un grand merci à tous pour vos témoignages dans le cadre de notre étude de cet accord commercial crucial pour le Canada et pour ma circonscription de Sault Ste. Marie. Nous sommes non seulement un centre sidérurgique, mais aussi une ville frontalière, si bien que ma circonscription est le théâtre de nombreux échanges commerciaux.
Nous étions aux premières lignes de la bataille concernant l'imposition de droits de douane au titre de l'article 232. Nous nous sommes rendus à Washington avec le comité du commerce, celui de l'industrie, et le caucus de l'acier. Les métallos, tant du côté canadien que du côté américain, ont joué un rôle essentiel dans ce dossier. Bon nombre de nos homologues américains nous ont parlé du lobbying de notre bon ami Leo.
J'ai notamment des questions à vous poser au sujet des changements importants que nous avons apportés à notre régime commercial au cours des cinq dernières années, y compris lorsque nous avons prolongé en 2016 la durée d'application d'une sanction pour ceux qui enfreignent les règles, avec notamment certaines consultations. Il y a ensuite eu entre autres les mesures pour contrer le contournement et les procédures sur la portée. S'il y a un élément qui ressort, c'est celui de la participation des syndicats. J'ai entendu les métallos témoigner ici lors des audiences du Tribunal canadien du commerce extérieur (TCCE), et je peux vous assurer que nous avons eu gain de cause grâce justement à leur contribution cruciale.
Si j'en reviens plus précisément à votre exposé, Ken, comment les métallos pourraient-ils intenter des poursuites en espérant une issue favorable, comme ce fut le cas avec la participation des syndicats?
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Étant donné les contraintes liées au temps, je serai bref.
Comme vous le savez, dans le cadre de l'accord précédent, plusieurs plaintes ont été déposées contre l'ancien Accord nord-américain de coopération dans le domaine du travail — cet accord fait maintenant partie de l'accord actuel. Pas une seule de ces plaintes n'a été réglée de façon satisfaisante et il s'agit d'un échec retentissant. Tout d'abord, il s'agissait d'un accord parallèle qu'on ne s'était pas véritablement engagé à mettre en œuvre. D'ailleurs, le Mexique n'a jamais rempli ses obligations à cet égard. Je crois que cette fois-ci, on a au moins intégré le chapitre sur le travail à l'accord. On s'est engagé explicitement à imposer des sanctions aux pays qui ne peuvent pas respecter cette obligation.
Je crois que les dispositions de mises en œuvre de cet accord sont extrêmement importantes. Le nouveau gouvernement national du Mexique a certainement pris un engagement ferme à cet égard. Il souhaite visiblement remplir ses obligations, car les travailleurs n'ont jamais vraiment retiré grand-chose des décennies pendant lesquelles l'ancien ALENA était en œuvre. Par exemple, leurs salaires n'ont pas été augmentés et leurs conditions de travail n'ont pas été améliorées et, surtout, les travailleurs n'avaient même pas le droit de choisir leur syndicat. De plus, le gouvernement national approuvait la violence dont ils étaient victimes.
Le Canada et les États-Unis ont maintenant l'occasion d'exercer des pressions sur le gouvernement mexicain pour qu'il mette en œuvre cet accord. Manifestement, il aura besoin d'aide pour respecter ses engagements connexes. En effet, plusieurs milliers d'accords ont été négociés dans le cadre de ce qu'on appelle la « protection des travailleurs ». Toutefois, les travailleurs n'ont jamais participé à ces accords et ils n'ont jamais choisi leur syndicat, mais ces accords existent toujours. On peut donc se demander comment les éliminer et comment donner à ces travailleurs la chance de choisir leur syndicat de façon démocratique et équitable. Plus important encore, il faut se demander comment ils peuvent négocier un accord qui leur permettra de profiter des produits de leur travail dans leur pays.
Le Canada a donc une obligation à cet égard, car notre pays a promis de fournir une aide technique au Mexique, ainsi qu'une aide financière. Je crois qu'il est essentiel que le Canada reçoive tous les conseils généraux qu'il est possible d'obtenir de son mouvement ouvrier, mais il faut aussi qu'il tienne le Mexique responsable de respecter ses engagements en vertu de cet accord. S'il ne les respecte pas, nous devrions imposer toute sanction nécessaire pour l'obliger à le faire. Cela n'a jamais été fait dans le cadre des accords précédents, mais l'accord actuel contient des dispositions qui permettent de le faire.
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Pour revenir aux propos de Hassan, il se trouve que c'était la limite. En effet, le mouvement ouvrier américain et le Congrès américain ont essentiellement affirmé que c'était la raison pour laquelle ils n'étaient pas prêts à aller de l'avant avec l'ACEUM. Ils ont donc apporté les modifications qu'ils jugeaient appropriées.
Notre syndicat entretient beaucoup de liens avec le Mexique. Vous avez entendu parler de Napoleón Gómez, le président des mineurs et métallurgistes du Mexique. Il a vécu en exil au Canada pendant 12 ans. Les Métallos l'ont accueilli. Il est maintenant de retour au Mexique, où il est sénateur.
Tout d'abord, le chapitre sur le travail est très important. Comme Hassan l'a mentionné, les droits du travail n'ont pas été respectés là-bas, et des contrats sont attribués dans le cadre d'un régime protectionniste... De nombreux travailleurs d'usine sont membres d'un syndicat et ne le savent même pas. Ces ententes minent le véritable mouvement syndical. En fait, si vous examinez les salaires et d'autres éléments connexes, vous vous rendrez compte que cela nous touche aussi. Maintenant qu'un mécanisme existe, il est très important de prévoir l'infrastructure nécessaire à sa mise en œuvre. C'est la raison pour laquelle j'ai affirmé, dans mon exposé, que le Canada, les États-Unis et le Mexique doivent prendre cet enjeu au sérieux.
On m'avait laissé croire qu'un examen du droit du travail en vigueur au Mexique permettrait de conclure que ce pays avait certaines des meilleures lois du travail au monde. Le problème, c'est qu'elles ne sont pas appliquées, ce qui les rend complètement inutiles. C'est donc le mécanisme en place et nous avons une obligation à cet égard, car si vous voulez que le secteur automobile de ce pays poursuive sa croissance de 1,2 million à 3,3 millions de véhicules — il a dépassé celui du Canada —, il poursuivra cette croissance à notre détriment, car nous ne pouvons pas lui faire concurrence. Les grandes entreprises seraient parfaitement heureuses de déménager au Mexique pour y construire leurs usines d'assemblage d'automobiles.
Nous avons maintenant l'occasion d'enchâsser certains mécanismes qui permettraient de faire appliquer les lois du travail, et c'est extrêmement important. Je crois que c'est un tournant pour progresser dans cette voie. Il incombe maintenant à tous les gouvernements, et surtout à celui du Canada et des États-Unis, de veiller à ce que ce mécanisme soit mis en oeuvre.
Merci.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
J'aimerais remercier les témoins d'être ici aujourd'hui.
Ken, j'aimerais vous poser une question, car vous avez mentionné certaines choses qui me tiennent à cœur. Vous avez parlé de l'industrie automobile, et vous savez que cet accord n'a pas réussi à sauver notre usine d'Oshawa. Toutefois, je pense que les notions de compétitivité et de valeur ajoutée sont des questions importantes. Je pense qu'il serait très important de déterminer si nous pouvons faire quelque chose pour appuyer les industries qui seront négativement touchées par cet accord.
L'entreprise Gerdau Ameristeel est dans la région de Durham et ses activités sont surtout liées au recyclage, mais vous avez mentionné quelque chose au sujet des dispositions « Buy American », qui préconisent l'achat de matériaux américains aux États-Unis. Je sais que le gouvernement de M. Harper avait réussi à obtenir une exemption de ces dispositions. Pourriez-vous nous parler des répercussions qu'elles auront sur vos membres, puisque qu'ils ne profiteront plus de cette exemption?
L'autre chose qu'il faut mentionner au sujet de la valeur ajoutée, c'est l'énorme projet d’usine de gaz naturel liquéfié de Kitimat, d'une valeur de 22 milliards de dollars. Corrigez-moi si je me trompe, mais je crois comprendre que dans ce cas, le gouvernement a accordé une exemption aux Chinois pour la fabrication de certaines composantes.
Pourriez-vous approfondir votre commentaire sur la valeur ajoutée? Actuellement, la notion d'échanges commerciaux avec la Chine n'est qu'une conversation. Les Américains ont terminé ce qu'ils appellent la première étape de leur accord États-Unis—Chine.
Je sais que ma question contient de nombreux points, mais vous pourriez peut-être répondre à la question sur la valeur ajoutée et les dispositions « Buy American », et nous indiquer ce que le Comité peut faire pour appuyer les gens qui souffriront des répercussions de l'absence de cette exemption dans l'accord.
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M. Rowlinson pourra vous répondre en partie, mais permettez-moi d'abord de traiter de la situation en Chine et du grand chantier entrepris en Colombie-Britannique.
Vous avez peut-être lu certains de nos communiqués. Nous sommes très déçus que ce vaste chantier qui créera des milliers d'emplois s'approvisionnera en acier chinois, qui arrivera en modules avant d'être acheminé vers le nord. Par les coûts pour l'environnement et l'effet sur les emplois, voilà une formule absolument absurde. D'après moi, le Canada possède la capacité de le réaliser, et nous devrions le faire avec nos syndiqués et notre acier.
Voyez le pont Gordie-Howe. À l'époque, j'ai participé au projet avec mon homologue Leo Gerard. Nous nous sommes assurés que ce pont serait construit avec de l'acier nord-américain, et c'est ce qui est arrivé. Voyez le pont qu'on construira à Surrey. Les marchés publics sont très importants. Je l'ai écrit dans mon mémoire, que le gouvernement s'est abstenu de s'immiscer dans certains des marchés de l'État. Tout doit se faire au vu et au su de tous. Je suis encore furieux que les États-Unis aient invoqué l'article 232 de leur loi pour prétendre que le Canada menaçait leur sécurité nationale. Ils ne pourraient trouver meilleur voisin que nous. Nous devons surveiller cet aspect. Il a des conséquences. Nous l'avons vu. Par exemple, on trouve de cet acier dans le pont Champlain. Dites-moi pourquoi l'acier doit venir de Chine. On a construit un pont en Colombie-Britannique. Pourquoi l'acier doit-il provenir de Chine quand nous avons ici, sur place, l'industrie?
Nous devrions tous savoir que dans le secteur de l'aluminium ou de l'acier, pas une seule société n'est canadienne. Elles sont toutes étrangères. Nous traitons avec elles, dans nos négociations ou des... Nous devons lutter, bec et ongles, pour obtenir des investissements. Nous voulons qu'elles s'implantent, quel que soit le secteur, pour préserver les emplois. Lorsque nous sommes en concurrence avec Arcelor, investissons-nous à Sault Ste. Marie, à Hamilton ou le faisons-nous dans un quelconque pays du tiers monde? Voilà les complications qui surviennent. Si les gouvernements ne nous appuient pas et si nous ne nous assurons pas qu'ils se démènent pour nous, pour obtenir l'accès aux marchés de l'État américain...
La capacité de production d'acier du Canada s'est amenuisée. Le problème de l'aluminium me préoccupe maintenant beaucoup. Les autorités constituées croient, d'une façon ou d'une autre, être en mesure de le surveiller et d'en comprendre les rouages. On verra bien à l'usage.
:
Merci, madame la présidente.
Je me lance.
[Français]
J'aimerais vous remercier de nous donner l'occasion, dans le cadre de la consultation en cours, de vous faire part du point de vue de l'industrie que nous représentons, soit l'industrie primaire de l'aluminium au Canada.
Je vais d'abord vous présenter quelques chiffres. Les quelque 8 700 personnes qui travaillent dans nos 9 usines produisent 3,2 millions de tonnes d'aluminium à faible empreinte carbone, dont près de 90 % sont exportés vers les États-Unis. Alors que notre production basée en région génère environ 7 milliards de dollars canadiens en exportation, notre tissu industriel, de la recherche à la transformation, représente une valeur annuelle de près de 15 milliards de dollars canadiens.
Comme nous exportons 90 % de notre production vers l'étranger, principalement aux États-Unis, le libre-échange fait résolument partie de notre ADN. C'est pourquoi nous appuyons de façon inconditionnelle la ratification, le plus rapidement possible, de l'accord de libre-échange conclu entre le Canada, les États-Unis et le Mexique. C'est la raison pour laquelle nous avons aussi appuyé inconditionnellement les grandes ententes de libre-échange que sont le Partenariat transpacifique, ou PTP, et l'Accord économique et commercial global, ou AECG.
À un haut niveau, en raison de l'encadrement qu'ils fournissent à nos échanges commerciaux, ces accords accroissent la prévisibilité requise par une industrie aussi intégrée dans les chaînes de valeur industrielles. Nos projets et nos décisions d'investissement reposent entre autres sur notre capacité d'anticiper l'évolution des besoins du marché à l'intérieur d'un environnement d'affaires stable et prévisible.
Nous croyons que l'Accord jette les bases d'une modernisation de nos échanges, un cadre habilitant pouvant améliorer au cours des prochains mois et des prochaines années la situation de l'industrie, et ce, dans un esprit de création de valeur pour nos trois pays ainsi que pour notre industrie, ses travailleurs et ses communautés d'accueil.
J'aimerais maintenant déboulonner certains mythes. Certaines notions concernant les répercussions de l'accord sur l'industrie de l'aluminium ont été véhiculées et nécessitent que l'on s'y attarde. Au cours des dernières semaines, nous avons pris connaissance de divers commentaires sur les répercussions prétendues de la forme finale du protocole, entre autres sur des pertes d'emploi et sur l'annulation de projets d'expansion ou d'investissement. Nous connaissons depuis 10 ans un contexte de prix déprimé, plombé par la présence chinoise, et nous avons fait face tout récemment à une série d'événements qui sont venus perturber notre marché principal, les États-Unis.
Soyons clairs: alors qu'il est vrai que des projets ont été mis au rancard au cours des dernières années, il est inexact de prétendre que des emplois sont menacés par l'issue des négociations de l'ACEUM ou que des projets d'investissement ont été annulés ou même reportés pour cette raison. Le report des projets d'expansion n'est pas lié à la négociation du protocole ou à l'entente-cadre. Dans les faits, trois éléments fondamentaux justifient et affectent considérablement les décisions d'investissement.
Premièrement, il y a le prix du métal. Nous traversons, depuis 2008, une longue période de prix déprimé, causée en grande partie par la progression fulgurante de la Chine. Les coûts de cette dernière sont subventionnés par l'État chinois, ce qui a comme effet de maintenir à la baisse le prix mondial. Alors que nous recevons aujourd'hui le prix de 1990, nos coûts sont ceux de 2020, ce qui réduit notre marge bénéficiaire à moins de 44 % de ce qu'elle était en 1990.
L'incertitude tarifaire est le deuxième facteur. Il s'agit ici du maintien des tarifs sur la concurrence des pays qui exportent vers le marché américain. Paradoxalement, ce tarif, qui fait du marché américain celui qui offre le meilleur prix au monde pour l'aluminium, maintient la volatilité dans le marché puisque tous ignorent à quel moment un ou plusieurs pays pourraient s'en voir exemptés, ce qui changerait la dynamique du prix. C'est là un autre élément d'incertitude sur lequel nous n'avons aucun contrôle.
Enfin, il y a nos coûts de construction, ou dépenses d'immobilisation, qui sont de quatre à cinq fois plus élevés qu'en Chine. En outre, nos délais de réalisation sont trois fois plus longs. Ce qui nous prend trois ans à construire prend douze mois en Chine et leur coûte le quart de ce que nous payons. Pendant que nous construisons une usine ici, les Chinois en construisent trois, à moindre coût.
Vous comprendrez qu'à elles seules, ces trois raisons fondamentales suffisent pour mettre au rancart tout projet d'importance. On n'a pas besoin d'en ajouter.
[Traduction]
Quels sont les avantages de l'ACEUM pour l'industrie de l'aluminium? Dans l'immédiat, le Canada et son industrie de l'aluminium ont profité d'une pleine exemption tarifaire, ce qui faisait de notre pays l'unique producteur important du secteur primaire dans le monde à jouir d'un accès sans entraves au marché américain.
Pour la plupart des pièces, l'ALENA fixait à 62 % la teneur en valeur régionale, tandis que l'ACEUM l'augmente. À long terme, l'accord l'augmente globalement pour l'industrie automobile en relevant dans certains cas le seuil à 75 %. En désignant l'aluminium dans ce contexte, il envoie un signal clair à l'industrie automobile sur l'importance de ce métal et sur les attentes qu'on place dans son utilisation.
D'après nos rencontres avec les fonctionnaires, nous comprenons également que ces couches multiples d'exigences relatives à la teneur régionale des éléments clés ayant une teneur importante en aluminium encourageront les équipementiers d'origine à utiliser du métal produit régionalement. Quel pas avons-nous franchi depuis l'ALENA!
Comment faire pour que le Canada tire tous les avantages de cet accord? Voici ce que nous préconisons.
D'abord, pour que les échanges entre les trois pays restent libres et loyaux, nous devons adopter la même manière de surveiller les importations de métaux pour fermer à l'aluminium importé de manière déloyale l'entrée de la région. Le Mexique doit imiter le Canada, qui a ajouté les produits de l'aluminium à sa liste de contrôle des importations, dans le cadre de son engagement avec les États-Unis d'accorder la priorité à la surveillance des échanges commerciaux et à l'application des lois en la matière. Le Canada et les États-Unis doivent s'assurer qu'il adoptera, pour les importations d'aluminium sur son territoire, un système de surveillance aussi robuste que celui que le Canada a mis en œuvre le 1er septembre 2019.
Nous devons maintenir notre accès sans entraves au marché américain et bénéficier de la croissance de la demande dans le secteur des transports sans être assujettis à l'érosion des marchés découlant de fluctuations brusques des importations d'aluminium chinois bénéficiant de subventions déloyales. Un mécanisme trilatéral devrait permettre à l'industrie et aux États de surveiller l'évolution vers la surveillance commune des importations de métaux et des comportements contraires aux forces du marché de pays tiers.
Ensuite, nous devons harmoniser les codes tarifaires des trois pays, pour mieux suivre les flux et protéger la région contre l'aluminium importé de manière déloyale.
Enfin, nous devons préserver l'intégrité des métaux à faible teneur en carbone et produits de manière responsable grâce à un système de traçabilité, dès leur entrée sur le marché américain comme métaux d'origine canadienne au sens de l'ACEUM, à ne pas confondre avec d'autres. Avec l'aide du gouvernement du Québec, l'industrie a planché, dans des projets pilotes, sur des outils modernes de traçabilité des métaux, de la fonderie à la frontière. À la conclusion de nos pilotes, l'étape suivante sera d'obtenir l'aide du gouvernement canadien pour assurer la pleine mise en œuvre du système en temps utile.
Madame la présidente, je termine sur ces mots.
[Français]
À la suite de la ratification de l'Accord par le Canada, les prochains mois fourniront l'occasion de développer plus à fond les règles concernant le contenu régional, et ainsi d'envoyer des signaux additionnels au réalignement des chaînes de valeur. Nous croyons que cette étape demeure cruciale afin d'amener le secteur automobile à concrétiser la pleine valeur de cet accord pour l'ensemble de l'économie.
Nous poursuivrons notre collaboration avec le gouvernement afin de nous assurer que les règles de contenu d'origine bénéficient à l'ensemble de la chaîne de valeur nord-américaine, incluant la production primaire canadienne, pour que notre aluminium à faible empreinte carbone contribue de façon innovante à la transformation du parc automobile nord-américain de l'avenir.
Dans le contexte actuel des prix, de la fragilité de nos marchés et des effets de la crise ferroviaire sur nos coûts d'exploitation, nous devrons compter sur l'aide financière et sur la collaboration du gouvernement canadien, si nous voulons profiter pleinement de cette entente, tant pour nos employés et nos communautés que pour nos actionnaires investisseurs.
Je vous remercie.
[Traduction]
Madame la présidente, je vous remercie de nous accueillir devant le Comité. Je dois rapidement vous féliciter d'avoir travaillé des dizaines d'années dans l'intérêt de l'industrie de l'automobile. Vous êtes une des députées les plus faciles à aborder sur les questions touchant l'automobile. Je devrais probablement féliciter aussi le député d'Oshawa, M. Carrie, qui a été tout aussi ouvert au fil des ans sur les enjeux relatifs à l'automobile. Je suis ravi d'être ici.
Je suis très heureux de représenter aujourd'hui la Corporation des associations de détaillants d'automobiles. Nous comptons 3 200 membres dans tout le pays et 160 000 employés. Nous sommes le plus important employeur du secteur de l'automobile. Nos employés mènent des carrières stables et bien rémunérées dans toutes les collectivités du Canada. Je regarde les circonscriptions qui sont représentées à la table, et je pense que la plupart d'entre vous connaissent leurs concessionnaires automobiles, à défaut de quoi vous apprendrez à les connaître au cours des quatre prochaines années.
Je voudrais d'abord remercier le . Je souhaite également remercier la , de même que tous les députés de tous les partis pour avoir exercé des pressions sans esprit partisan afin que cet accord commercial prenne forme. Lorsque nous observons ce qui se passe aux États-Unis, nous constatons que le secteur de l'automobile était largement visé par les droits de douane sur le commerce des produits automobiles. Je pense que le travail non partisan effectué par « l'équipe Canada » était vraiment spectaculaire. Je trouve également que le mérite d'être salué pour le travail qu'il a réalisé en faisant valoir les préoccupations de notre secteur, lorsque nous avons évoqué l'incidence que les droits de douane auraient sur les collectivités.
Je reviens tout juste de Toronto, où j'ai visité le salon de l'automobile. Pour ceux qui l'ignorent, le Salon international de l'auto de Toronto est la plus grande foire commerciale à l'intention des consommateurs au pays organisée par les concessionnaires. Le a fait une annonce là-bas, et j'ai eu la chance de lui faire visiter le salon et de travailler avec lui. Le premier ministre Ford était lui aussi au salon, où il a fait une annonce distincte sur le projet que nous réalisons concernant l'emploi et la formation des jeunes axée sur les compétences. Nous avons discuté avec les deux hommes, ce qui montre selon moi la nature non partisane de la question. Ils ont tous les deux insisté sur le fait qu'il faut vraiment adopter une approche d'équipe Canada et se rallier à la cause pour maintenir de bonnes relations à long terme avec les États-Unis et s'assurer que ces dossiers franchissent la ligne d'arrivée.
L'accord commercial en soi était d'une importance capitale pour le secteur de l'automobile. Notre industrie forme un tout cohérent mieux que toute autre. À notre avis, si les droits de douane que la Maison-Blanche menaçait de nous imposer avaient été mis en place, ils auraient été catastrophiques. Selon l'analyse de notre équipe des services économiques, sous la direction de M. Dicko, les barrières auraient causé la perte d'environ 120 000 emplois.
Il convient de rappeler que le commerce des produits automobiles entre le Canada et les États-Unis s'élève à 150 milliards de dollars par année. C'est plus de 400 millions de dollars par jour. Encore une fois, il est important de rappeler que, chaque année, 80 % du commerce et de la production des produits automobiles canadiens sont destinés aux consommateurs américains, et que les Canadiens achètent chaque année une proportion tout aussi importante de véhicules en provenance des États-Unis. La circulation sans heurt des pièces pour véhicules automobiles, qui entrent dans la fabrication automobile est importante non seulement pour le secteur de la fabrication des pièces, mais aussi pour les concessionnaires et les consommateurs au pays.
Au cours des négociations, nous avons tendu la main à nos homologues de la National Automobile Dealers Association. Nous avons fait en sorte de leur parler directement pour nous concerter et transmettre le même message au Canada et aux États-Unis, à savoir que les tarifs douaniers sur les automobiles sont néfastes pour les consommateurs, pour l'économie des pays et certainement pour les concessionnaires automobiles, et que nous avons besoin du libre-échange dans le secteur de l'automobile. Je trouve extrêmement important que toute association qui traite avec ses homologues américains transmette ce message des deux côtés de la frontière afin de prioriser le Canada.
Je vais maintenant faire une remarque un peu plus négative à propos de choses dont nous devrions davantage nous préoccuper. L'accord est un premier pas formidable, mais nous siégeons au Conseil du partenariat pour le secteur canadien de l'automobile, qui réunit l'industrie et le gouvernement. Le joue un rôle de premier plan dans ce groupe, de même que son homologue ontarien, le ministre Fedeli. Le Conseil a été créé pour favoriser l'augmentation des investissements au Canada, et pour que le Canada obtienne une part plus grande des investissements dans l'industrie de l'automobile. La mauvaise nouvelle pour le Canada, c'est que nous recevons seulement 7 % des investissements de ce secteur depuis 2009. Ce n'est manifestement pas viable pour demeurer compétitifs ici. Nous avons vraiment besoin de l'aide des instances fédérales et provinciales pour réduire la structure des coûts afin d'attirer les investissements et d'établir une base solide dans tout le pays, ce qui est essentiel à l'économie. C'est avantageux pour l'économie, évidemment, mais aussi pour les concessionnaires, pour l'ensemble de la chaîne d'approvisionnement et pour les consommateurs, au bout du compte.
J'aimerais également prendre quelques minutes pour parler d'une autre pomme de discorde possible sur le plan commercial qui se profile à l'horizon. Les députés sont au courant de la proposition de taxe de luxe sur les automobiles de plus de 100 000 $. Elle pourrait s'appliquer à 1 ou 1,5 % des automobiles. Nous avons négocié un accord de libre-échange, et nous en avons négocié un autre avec les Européens. À vrai dire, la proposition de taxe en question pourrait perturber les échanges commerciaux avec les Européens. Quelque 90 % des véhicules visés par cette mesure proviennent de pays européens, ce qui est vraiment contraire à l'esprit du libre-échange conclu avec ces pays. Ce n'est vraiment pas que théorique. L'Australie et l'Union européenne ont justement du mal à s'entendre sur ce point en raison d'une taxe spéciale imposée en Australie.
Je voudrais également souligner que le principal problème de ces taxes est qu'elles ne fonctionnent pas. Les Américains ont essayé d'imposer une taxe de luxe sur les véhicules de plus de 100 000 $, les bateaux, les avions et les automobiles, mais l'administration Clinton a dû l'abroger dans les années 1990 parce qu'elle ne générait pas de recettes, étant donné que les gens la contournaient, repoussaient leur achat ou achetaient autre chose. Au Canada, nous en avons un exemple parfait; je suis persuadé que M. Dicko sera heureux de répondre à vos questions là-dessus. En Colombie-Britannique, la taxe provinciale sur les produits de luxe ajoutait 20 % au prix d'achat des véhicules. Nous avons constaté une diminution marquée des ventes de produits de luxe dans la province puisque les gens choisissaient soit de retarder leur achat, soit de ne pas acheter, soit d'acheter ailleurs. Il y a également eu des pertes d'emploi dans la province. Les ventes globales sont à la baisse dans l'industrie de l'automobile, de sorte que le moment est mal choisi pour introduire une taxe semblable.
Pour terminer, je voudrais remercier encore les membres du Comité de nous avoir accueillis. Je remercie ceux qui étaient présents à la dernière législature, et bien sûr ceux qui sont là aujourd'hui aussi, pour tout le travail qui a été réalisé afin de conclure cet accord dans des circonstances très difficiles.
Madame la présidente, je vous remercie.
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Madame la présidente, je vous remercie de nous avoir invités à comparaître devant le Comité aujourd'hui au sujet de la Loi portant mise en œuvre de l'Accord Canada–État-Unis–Mexique (ACEUM). Étant donné l'importance cruciale de cet accord pour les entreprises canadiennes, je suis vraiment ravie d'être ici. Je suis accompagnée de mon collègue Mark Agnew, qui dirige nos travaux sur le commerce international.
Les membres du Comité connaissent assurément leurs chambres de commerce locales. À l'échelle nationale, la Chambre de commerce du Canada représente plus de 200 000 entreprises de tous les secteurs et de toutes les régions du pays. Parmi nos membres, il y a non seulement les chambres de commerce, mais aussi des associations sectorielles et des entreprises, de la petite organisation à la grande multinationale.
La Chambre de commerce Canada a participé activement à l'ensemble des négociations de l'ACEUM. Nous avons assisté aux cycles de négociations et mobilisé notre réseau de chambres, d'associations et d'entreprises par l'intermédiaire de notre « Coalition pour le commerce libre ». Nous travaillons aussi en étroite collaboration avec nos homologues d'associations d'affaires aux États-Unis et au Mexique.
En ce qui concerne les dispositions législatives dont le Comité est actuellement saisi, l'accord commercial et la loi de mise en œuvre connexe sont essentiels à l'économie canadienne. L'Amérique du Nord est et restera notre plus important partenaire en matière de commerce et d'investissement. Les entreprises de tout le pays ont été lésées par le grand climat d'incertitude nuisible qui règne depuis l'arrivée au pouvoir du président Trump. Même si l'ACEUM ne nous protège pas contre toutes les politiques commerciales erratiques de la Maison-Blanche, il est essentiel de tourner la page et de rendre irréversible la nouvelle entente, pour offrir une certitude à nos entreprises canadiennes.
C'est dans cet esprit que nous demandons instamment l'adoption rapide du projet de loi . Tout accord commercial représente un compromis, et aucune entente n'est parfaite. Toutefois, nos négociateurs commerciaux ont fait un travail extrêmement louable en s'efforçant de conclure, dans des circonstances très difficiles, l'accord dont le Parlement est maintenant saisi.
Je vais maintenant présenter certains des avantages de l'ACEUM, de notre point de vue.
Le plus important, c'est que l'accord conserve les avantages de l'ALENA initial quant à l'accès aux marchés des marchandises en franchise de droits, compte tenu du volume des échanges transfrontaliers. L'importance de la certitude que cela procure a été soulignée par les médias au début du mois, qui disaient que les États-Unis envisagent d'augmenter les taux de droits consolidés de l'OMC.
L'accès aux marchés des marchandises prévu à l'ACEUM est accompagné de dispositions sur les douanes et sur la facilitation du commerce, de façon à ce que les produits puissent traverser plus facilement les frontières.
Du côté du secteur des services, le maintien des dispositions de l'ALENA initial sur la mobilité de la main-d'œuvre aidera les entreprises à attirer les meilleurs talents. Même si nous espérions vraiment que la liste des secteurs couverts soit rallongée, il était en réalité trop ambitieux de penser améliorer la mobilité de la main-d'œuvre sous l'administration américaine.
Nous nous réjouissons également de l'inclusion de dispositions sur le commerce numérique, qui joueront un rôle déterminant dans l'établissement de normes mondiales sur des questions telles que les flux de données transfrontaliers. Plus précisément, ce genre de dispositions contribue à façonner les négociations de l'OMC sur le commerce électronique qui sont en cours.
Chose cruciale, l'ACEUM conserve les dispositions de l'ALENA sur le règlement des différends concernant les droits antidumping et compensateurs, et renforce le processus d'examen pour les différends entre États.
Pour terminer, les lettres d'accompagnement entourant les mesures prévues à l'article 232 offrent une certaine protection aux exportateurs canadiens. Toutefois, nous ne pouvons pas nous permettre de baisser la garde ni sous la présente administration américaine ni sous une administration future.
Comme je l'ai indiqué il y a un instant, la Chambre appuie sans réserve l'adoption du projet de loi et souhaite que le Canada achève sans tarder le processus de ratification de l'ACEUM. Toutefois, soyons clairs: nous ne pensons pas que ce processus réglera tout. Il faut veiller à ce que les entreprises canadiennes demeurent compétitives tandis qu'elles essaient de saisir les occasions qui se présentent sur le marché nord-américain.
Nous avons une préoccupation constante: ce sont les dispositions fédérales et étatiques qui incitent les Américains à acheter des produits américains, et qui imposent des conditions pour exiger l'utilisation de produits fabriqués aux États-Unis. Ces dispositions limitent considérablement la capacité des entreprises canadiennes à participer à bon nombre de projets d'infrastructure américains, et plus particulièrement à utiliser leurs activités basées au Canada pour y prendre part. L'omniprésence de ces dispositions risque d'inciter les entreprises à déménager leurs emplois du secteur manufacturier aux États-Unis. Contrairement à l'ALENA, l'ACEUM ne couvre pas les marchés publics entre les États-Unis et le Canada. Nous avons appris dans les médias que l'administration Trump risque de retirer les États-Unis de l'Accord sur les marchés publics de l'OMC.
Le bois d'œuvre est une autre source de préoccupation. L'industrie canadienne du bois d'œuvre est encore en difficulté en raison de toutes sortes de facteurs, notamment l'accès au marché et les problèmes avec les États-Unis. Le gouvernement doit poursuivre ses efforts afin d'arriver à résoudre le différend sur le bois d'œuvre, en collaboration avec nos entreprises exportatrices.
En dernier lieu, les barrières réglementaires et les frictions à la frontière continuent de créer des problèmes pour les entreprises canadiennes qui souhaitent avoir accès au marché américain. Maintenant que les négociations de l'ACEUM sont terminées, il est important que le gouvernement s'assure que le Conseil de coopération en matière de réglementation travaille en partenariat avec les initiatives de l'industrie, comme la coalition Au-delà du prédédouanement. Ce genre d'initiatives ne permettent peut-être pas de faire une séance de photos, mais elles sont tout à fait essentielles pour les entreprises qui transportent des marchandises d'un pays à l'autre.
Même si nous ne nous attendions pas à ce que ces trois problèmes soient réglés dans le cadre des négociations de l'ACEUM, ils sont essentiels pour nos membres et devraient devenir prioritaires pour le gouvernement, puisque les négociations sont terminées. Toutefois, comme je l'ai mentionné d'emblée, nous demandons instamment au Comité de poursuivre son étude le plus rapidement possible, de façon à pouvoir conclure nos procédures de ratification à l'échelle nationale, puis recentrer notre énergie sur ces questions en suspens.
Je vous remercie encore de nous avoir permis de comparaître devant votre comité.
J'ai hâte de répondre à vos questions.
:
Merci, madame la présidente, distingués membres du Comité.
Merci beaucoup de me donner l'occasion de comparaître aujourd'hui. Je m'appelle Catherine Cobden. Je suis présidente de l'Association canadienne des producteurs d'acier et je suis honorée de faire part du point de vue de nos membres sur le projet de loi , Loi portant mise en œuvre de l'Accord entre le Canada, les États-Unis d'Amérique et les États-Unis mexicains.
Je représente aujourd'hui les entreprises membres, qui produisent environ 15 millions de tonnes de tuyaux et de produits tubulaires en acier, et qui créent 123 000 emplois directs et indirects dans cinq provinces, de la Saskatchewan au Québec.
Le secteur de l'acier du Canada joue un rôle stratégiquement important dans l'économie nord-américaine. Nous sommes les fabricants de pointe d'un produit entièrement recyclable et durable. Nous sommes aussi le fournisseur indispensable d'autres principaux secteurs canadiens et nord-américains, y compris les secteurs de l'automobile, de l'énergie et de la construction ainsi que beaucoup d'autres secteurs d'application générale. Nous sommes aussi un secteur qui sait pertinemment à quel point il est important pour la réussite de nos entreprises que le Canada entretienne une relation solide et productive avec les États-Unis et le Mexique.
Nous menons nos activités dans un marché hautement intégré où l'acier va et vient entre le Canada, les États-Unis et le Mexique lorsqu'il est transformé en d'autres produits. À ce titre, nous vous remercions de cet accord et nous nous en réjouissons totalement. Nous exhortons l'ensemble des députés et des sénateurs à l'appuyer et à le ratifier sans tarder. Nous voyons dans le nouvel accord des avantages immédiats qui renforcent l'ALENA de plusieurs façons importantes pour notre pays et sans aucun doute pour le secteur de l'acier. L'accord renforce également la certitude dans nos marchés, une condition fort nécessaire pour accroître les investissements.
Permettez-moi maintenant de passer pour vous en revue certains des principaux avantages que nous voyons pour le secteur sidérurgique dans ce nouvel accord.
Tout d'abord, les règles d'origine dans le secteur de l'automobile encouragent l'utilisation de l'acier canadien et nord-américain. Cela signifie qu'une plus grande quantité d'acier nord-américain sera utilisée par rapport à l'acier étranger. Cela semble évident, mais il faut le mentionner. La nouvelle exigence de teneur en acier nord-américain de l'ordre de 70 % est un gain important pour le secteur sidérurgique nord-américain. L'ALENA n'avait pas ce genre de dispositions, et c'est donc un changement important.
De nos jours, le secteur de l'automobile nord-américain est un précieux consommateur de notre acier de grande qualité à la fine pointe de la haute technologie, alors qu'environ de 25 à 30 % de l'acier canadien est acheminé vers ce secteur. Cela représente environ de trois à quatre millions de tonnes par année. C'est donc un changement important pour nous et pour nos collègues de l'industrie aux États-Unis et au Mexique. Nous avons d'ailleurs beaucoup collaboré dans ce dossier et pour d'autres aspects de cette entente.
De plus, les exigences relativement à la teneur d'acier nord-américain pour les véhicules et les pièces sont également importantes et elles améliorent grandement le texte original de l'ALENA. Comme M. Simard l'a déjà mentionné, dans certains cas, l'exigence relativement à la teneur est passée d'une proportion de 62 à environ 75 %, ce qui représente une hausse considérable.
Dans le cas de l'acier, nous voyons aussi d'un bon œil les autres définitions qui entreront en vigueur dans sept ans et qui renforceront les règles d'origine en garantissant un approvisionnement nord-américain. C'est important pour notre secteur. Nous faisons face à un grave problème de surcapacité mondiale. Le problème est grave. L'OCDE estime qu'on produit dans le monde environ 440 millions de tonnes excédentaires, ce qui équivaut à environ 30 fois l'ensemble de la production canadienne. On cherche à écouler cet acier, à lui faire franchir les frontières canadiennes et nord-américaines.
Au-delà des règles d'origine, je tiens à souligner que la nouvelle entente améliore aussi l'accès aux marchés pour l'acier canadien et prévoit des recours commerciaux efficaces contre les importations déloyales. La surcapacité dont j'ai parlé se traduit souvent par des pratiques commerciales injustes et préjudiciables.
La nouvelle entente contient des dispositions importantes qui favoriseront l'amélioration de la collaboration et de l'échange de renseignements entre les gouvernements nord-américains pour s'attaquer au contournement et au non-respect des ordres émanant des recours commerciaux. C'est primordial pour nous. Cette collaboration accrue est essentielle pour le marché sidérurgique nord-américain, car nous sommes aux prises avec un mouvement incessant d'importations déloyales compte tenu de la surcapacité mondiale dont j'ai parlé.
Je rappelle au Comité qu'en mai dernier, nous avons célébré l'établissement de l'accord commercial canado-américain qui a mis fin aux droits de douane dévastateurs sur l'acier canadien. Cela n'a pas été chose facile pour notre pays, mais nous l'avons conclu en faisant front commun pour nous sortir de la difficile situation tarifaire. L'ACEUM nous fait progresser dans le travail que nous faisons avec nos partenaires commerciaux nord-américains relativement à ce que nous appelons le principe d'un périmètre commercial nord-américain qui renforce la concurrence de la région, qui tient compte de la surproduction mondiale d'acier et qui vise gérer plus facilement les importations déloyales d'acier.
Madame la présidente, je vais terminer en demandant encore une fois à tout le monde de se serrer les coudes pour représenter le Canada, comme vous l'avez adroitement fait dans le passer, et de terminer cet accord le plus rapidement possible. Je vous remercie.
Je serai heureuse de répondre aux questions.
:
J'ai exprimé notre déception à cet égard. Nous pensons que nous devons nous appuyer sur les bases offertes par l'accord international, c'est-à-dire l'AEUMC, et son protocole. Nous demandons au gouvernement du Canada de veiller à ce que le Mexique mette en place un système rigoureux de suivi du contrôle des importations, comme le Canada a fait le 1
er septembre de l'an dernier. Parmi les trois pays qui ont accepté dans leur déclaration commune avec les États-Unis de mettre en place un système de suivi, le Canada est essentiellement le seul à l'avoir fait. Je tiens à féliciter Mme Freeland du travail que son ancien ministère et elle, dans ses fonctions précédentes, ont accompli pour réussir à mettre au point un tel système deux mois avant les élections.
Le Canada est maintenant le seul pays qui possède un système de ce genre. Nous avons demandé au gouvernement du Canada d'exporter cette expertise aux États-Unis et au Mexique. Nous savons que dans le budget annoncé par la Maison-Blanche il y a quelques jours, caché quelque part dans les milliers de pages, un poste budgétaire finance la mise sur pied d'un tel système au sein du département du Commerce. Les États-Unis collaborent avec le Canada afin que le Mexique emboîte le pas. C'est une partie de l'équation.
L'autre partie de l'équation est la nécessité d'avoir une approche commune pour faire le suivi du métal en transit. Dans l'ACEUM, on voit un espace commercial dans lequel le Canada est le seul important producteur de métal de première fusion. Les États-Unis représentent le grand marché, non seulement pour l'Amérique du Nord, mais aussi pour l'ensemble de la planète. Tout le monde expédie ses produits aux États-Unis, car ils représentent le plus important revenu net. C'est là qu'on paye le plus cher au monde pour l'aluminium. La pression exercée pour pénétrer ce marché, autant que possible par l'entremise du Canada ou du Mexique, qui n'imposent pas de droits de douane, est très forte.
Il est plus facile de passer par le Mexique, car c'est un acheteur. Il achète de la ferraille aux États-Unis et des billettes à ceux qui offrent le prix le moins élevé possible. On sait — et c'est documenté — qu'il accepte du métal rejeté aux États-Unis, comme fort probablement des roues, qui étaient visées par une mesure de l'article 301 aux États-Unis. Les mêmes roues se retrouvent sur le continent via le Mexique. Nous parlons de gros chiffres.
Nous voulons que les administrations veillent à ce qu'aucun métal faisant l'objet d'un commerce illégal ne se retrouve ici. Nous n'avons rien contre la concurrence sur un pied d'égalité. La concurrence illégale nous pose toutefois problème.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
Je tiens à remercier les témoins de leur présence aujourd'hui. Je veux remercier en particulier la Corporation des associations de détaillants d'automobiles d'avoir délégué un économiste à notre réunion, car depuis le 14 décembre, nous demandons à la ministre de nous fournir des études sur les retombées économiques. Elle se montre très fermée à la coopération. Je crois qu'aujourd'hui, tout le monde a compris qu'il fallait adopter une motion. Espérons que nous aurons au moins une partie de cette information, car personne ne croit que la ministre et le signeraient un accord d'une telle ampleur sans s'appuyer sur des conseils et des études concernant les retombées économiques.
Monsieur Dicko, j'ai une question à vous poser et j'espère que vous pourrez fournir un peu d'information. On nous a parlé des règles d'origine. Je crois qu'en ce moment, c'est 62,5 %, et que ça peut aller jusqu'à 75 % dans certains cas. Je suis d'Oshawa, où il se construisait des voitures, mais où maintenant nous allons construire des pièces et faire de la fabrication, ce que les gens voient d'un bon œil à court terme. Autrement dit, nous allons pouvoir amener ou garder une part de cette fabrication ici.
Je me demande si vous avez réalisé des analyses sur les effets à court terme par rapport aux effets à long terme. J'ai lu certaines analyses qui disent qu'en raison des nouvelles règles d'origine, il y aura un alourdissement du fardeau bureaucratique et que cela va en fait causer l'augmentation des coûts de fabrication des produits ici en Amérique du Nord. Nous savons tous qu'il y a un seuil critique pour les fabricants, qui vont finir par dire, au lieu de bâtir des voitures ici: « Vous savez quoi? Oubliez ça. Il y a trop de paperasse, il y a trop d'exigences pour que nous soyons concurrentiels. Nous pourrions simplement bâtir cette voiture à l'étranger, payer le tarif et l'importer. »
C'est ma première question. J'aimerais savoir si vous avez réalisé des analyses sur les effets à court terme et à long terme.
On nous a également parlé des aspects de l'accord qui traitent de la main-d'œuvre et qui exigeraient que les produits soient fabriqués dans des usines où l'on paie au moins 16 $ l'heure. Je crois qu'on cherchait à faire remonter vers le nord une partie de la fabrication qui se fait en ce moment au Mexique. Je peux imaginer que cela pourrait se produire. Cependant, est-ce qu'il y a dans cet accord quelque chose qui favoriserait un fabricant qui investit au Canada plutôt qu'aux États-Unis? M. Williams a indiqué à juste titre, concernant son travail au Conseil du Partenariat du secteur canadien de l'automobile, que nous n'obtenons qu'environ 7 % des nouveaux investissements. Est-ce qu'il y a quelque chose dans cet accord qui amènerait effectivement Ford, GM et Chrysler à dire qu'ils veulent faire cet investissement au Canada plutôt qu'aux États-Unis?
Je vous demande beaucoup de choses. Pourriez-vous faire de votre mieux pour y répondre?
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Je vais voler au secours de l'économiste et lui donner le temps de faire ses calculs en donnant une réponse rapide à M. Carrie.
Vous avez entre autres mis en évidence une chose que vous avez retenue de mon exposé, et c'est la proportion de 7 % qui va au Canada. Les membres du Comité savent que les investissements sont le reflet de la valeur de production au fil du temps. Plus nous avons d'investissements, plus nous avons de production, de toute évidence. Il est très troublant de voir les investissements se mettre à diminuer, car cela a des effets sur l'avenir de la production à long terme.
La chose la plus importante à souligner, concernant votre question, c'est qu'au Canada, nous devons prendre une décision. Essayons-nous d'attirer les investissements? Sommes-nous très audacieux sur ce plan? Est-ce qu'au contraire, nous franchissons les étapes une à la fois?
J'ai assisté à des réunions du CPSCA avec divers ministres. C'est une initiative conjointe qui a été lancée par le ministre Flaherty, quand il était en Ontario, et par le ministre Rock, à l'époque où il était ministre de l'Industrie, et je pense qu'il est temps que nous passions à l'action, en tant que pays, car ce qui se passe à Oshawa et ailleurs n'est tout simplement pas bon pour l'économie. Nous devons veiller à avoir une offre plus concurrentielle.
C'est à vous, monsieur Dicko. Bonne chance.
Des voix: Ha, ha!
Merci beaucoup à tous de votre témoignage sur l'importance de cet accord.
Madame Cobden, de l'Association canadienne des producteurs d'acier, vous avez parlé de l'importance de l'approche d'équipe Canada à la suite de l'imposition des droits de douane au titre de l'article 232, et je salue le travail des Métallurgistes unis qui ont témoigné avant vous. La Chambre de commerce a également joué un rôle important à l'échelle nationale, et à l'échelle locale, y compris M. Rory Ring de la Chambre de commerce de Sault-Ste-Marie, nous avons tous marché côte à côte dans cette guerre commerciale — beaucoup d'entre eux n'utilisent pas ce terme, mais c'était le cas — avec la chambre, les syndicats, les entreprises, les particuliers, les politiciens locaux, pour ne nommer que ceux-là. Je pense que c'était crucial, car certains experts du commerce avaient dit que Trump n'imposerait ces droits, mais il l'a fait. Il a imposé des droits de 25 % sur l'acier, et de 10 % sur l'aluminium. Nous avons constaté que le président aimait avoir recours à ces droits, car il peut les mettre en application d'un simple coup de crayon.
Nous avons maintenant encore une fois des experts du commerce qui disent que les États-Unis ont signé cet accord — les démocrates et les républicains ont voté ensemble pour le signer, et le Mexique l'a signé —, mais que si Trump voit que le Canada n'agit pas de manière expéditive, comme certains l'ont dit, ou rapidement, il pourrait réintroduire les droits sur l'acier et l'aluminium. Quelles répercussions cela aurait-il pour les industries de l'acier et de l'aluminium si cela devait se produire, et si, comme il l'a fait pour la Chine, les taux allaient bien au-delà de 10 % ou de 25 %?
Madame Cobden, j'aimerais vous entendre en premier, puis je passerai à M. Simard.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je tiens à remercier tous les intervenants. Vous avez déjà répondu à bon nombre des questions qu'avaient les membres.
Madame la présidente, je veux soulever la question des heures de travail la semaine prochaine. Avant de le faire, je tiens à remercier tous les membres du Comité, non seulement du Parti libéral, mais aussi du Parti conservateur, du Bloc et du NPD, de rallonger les heures pour tout finir avant le 28 février.
J'ai discuté avec les membres et je propose les heures suivantes: le lundi 24, le Comité siège de 15 h 30 à 20 h 30. Le mardi 25, il siège de 9 heures à 14 heures et de 15 h 30 à 20 h 30. Le mercredi 26, il siège de 15 h 30 à 20 h 30, et le jeudi 27, il siège de 9 heures à 14 heures.
Si nous pouvons en terminer avec l'audition des témoins le 24, le 25 ou le 26, nous pourrons faire l'étude article par article le 27. S'il nous reste des témoins à entendre le 27, nous ferons l'étude article par article le 28.
J'ai parlé aux députés du Bloc et du NPD, car c'est un horaire étendu, et les députés pourraient avoir d'autres tâches, et aucune motion ne sera présentée à moins que tout le monde soit présent.
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Tout d'abord, je voudrais remercier le Comité de m'avoir invité. Lorsque j'ai reçu l'invitation, je ne savais pas trop pourquoi quelqu'un voulait entendre ce que j'avais à dire. Je ne suis qu'un agriculteur. Je ne suis pas un lobbyiste. Je ne suis spécialiste que de l'élevage des dindes.
J'aimerais remercier tous les membres du Comité pour le temps qu'ils consacrent à ce dossier. Je sais que vous n'avez pas la tâche facile. La négociation de cet accord a été vraiment ardue, et ce, depuis de nombreuses années.
Je suis un agriculteur et un Canadien de quatrième génération. Ma famille a commencé à Surrey en 1891. Nous pratiquons toujours l'agriculture. La cinquième génération veut actuellement reprendre la ferme. Nous avons commencé dans la production laitière. Nous avons subi les hauts et les bas d'une industrie non réglementée. Mon arrière-grand-père l'a vu se stabiliser grâce à la gestion de l'offre. Mon père, dans la soixantaine, s'est mis à son compte. Il a créé un élevage de dindes et a fait partie du groupe qui a lancé le secteur de la gestion de l'offre pour les dindes en Colombie-Britannique. Nous avons connu des hauts et des bas. Cette industrie est importante.
Je sais que le monsieur à ma gauche ne sera pas d'accord avec tout ce que j'ai à dire.
C'est comme la mort à petit feu. D'abord, nous avons eu le Partenariat transpacifique. Lors des négociations sur la dinde, nous avons renoncé à notre croissance pendant 12 ans. Maintenant, nous avons l'ACEUM, qui nous fait renoncer à plus de croissance. Il crée un environnement trop instable pour que notre industrie puisse continuer dans cette province. Je ne pense pas que l'on ait suffisamment pris en compte les effets de cette situation sur notre industrie. Premièrement, le fait est que pour chaque kilo de viande de poitrine importé au Canada, nous perdons quatre kilos de production à la ferme — quatre kilos de production par les usines de transformation. Nous venons d'expédier un troupeau de dindes. J'ai fait le calcul, et nous sommes revenus aux prix de 1980 à 1990, alors que nous payons les dépenses de 2020. Sans un marché stable et sûr pour nos volailles, il sera impossible pour la prochaine génération de prendre le relais là où nous nous arrêterons. Ce sera la fin de l'histoire agricole de ma famille à Surrey.
Je sais que c'est difficile, mais nous devons trouver un moyen de nous en sortir. Cet accord sera ratifié. Nous le savons tous. Nous ne nous faisons pas d'illusions. Nous avons besoin que le gouvernement négocie un dédommagement pour l'industrie de la dinde comme il l'a fait pour l'industrie laitière. Nous avons besoin d'une forme de stabilisation pour les agriculteurs. Nous avons également besoin que des fonds soient mis de côté pour le développement du marché afin de pouvoir regagner des parts de marché face à nos concurrents.
Je sais qu'il s'agit de libre-échange, et j'y suis favorable. Certains secteurs de l'agriculture bénéficieront grandement des trois accords que nous avons déjà signés, mais c'est l'industrie soumise à la gestion de l'offre qui approvisionne le Canada. Nous ne pouvons pas approvisionner les États-Unis avec des produits canadiens, car nous entrerions sur un marché subventionné, et notre produit ne serait tout simplement pas concurrentiel. Nous ne pouvons pas supporter d'autres réductions de notre bénéfice net, de nos revenus. Il est impératif, si nous signons cet accord, qu'on offre un soutien à l'industrie pour qu'elle continue. L'industrie soumise à la gestion de l'offre est très importante pour l'agriculture canadienne. Elle fournit la masse critique qui soutient l'infrastructure permettant au reste de l'agriculture d'être concurrentielle et d'exister.
Sur ce, je vais céder le temps qu'il me reste au monsieur à ma gauche.
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Merci, madame la présidente.
Je voudrais tout d'abord remercier les membres du Comité pour l'occasion qui m'est donnée de m'adresser à vous ce soir. En tant qu'agriculteur canadien, je suis tout à fait conscient de l'importance du commerce international.
Je vais vous parler un peu de moi. Je viens d'une ferme familiale située à l'extérieur de Camrose, en Alberta, à 85 kilomètres au sud-est d'Edmonton. Avec mon frère, nos conjointes, nos enfants et nos parents, nous exploitons une ferme qui produit des céréales, du blé et de l'orge, des oléagineux, du canola et du lin, ainsi que des légumineuses, des pois et des féveroles. Nous avons aussi du bétail pour extraire une certaine valeur ajoutée des terres non adaptées à la production de cultures. Nous gérons actuellement environ 8 000 acres pour nous-mêmes et effectuons des travaux à façon sur 1 000 acres supplémentaires. Comme beaucoup d'exploitations familiales, nous espérons pouvoir un jour transmettre notre exploitation à la génération suivante. Nous devons donc en grande partie nous efforcer d'améliorer notre exploitation, le sol dont nous dépendons et les cultures que nous produisons afin d'accroître la durabilité et la rentabilité de notre exploitation. Ainsi, nous pourrons la laisser dans un meilleur état qu'à nos débuts.
L'agriculture est une entreprise difficile. Comme beaucoup le disent, si c'était facile, tout le monde le ferait, mais comme ce ne l'est pas, nous essayons d'être aussi efficaces que possible en gérant les variables qui sont à notre portée. Nous ne pouvons pas contrôler le climat, mais nous pouvons utiliser le travail réduit du sol pour maximiser l'humidité et la chaleur que nous recevons. Les intrants agricoles représentent une part importante de nos activités et les coûts peuvent fluctuer d'une année à l'autre. Nous faisons donc de notre mieux pour acheter lorsque les prix sont dans les limites de notre budget. Nous optons pour des technologies comme les semences et les engrais à taux variable et le guidage par GPS pour nous assurer que nous utilisons ces éléments de manière judicieuse, non seulement pour notre bénéfice net, mais aussi pour le consommateur, qui est de plus en plus préoccupé par la manière dont sa nourriture est produite.
Les agriculteurs canadiens sont étonnants pour ce qui est de produire en abondance des récoltes durables de grande qualité, et comme notre population est relativement faible, nous avons besoin de marchés étrangers. Soixante-quinze pour cent de notre blé, 90 % de notre canola et jusqu'à 75 % des légumineuses sont envoyés à des acheteurs mondiaux. Dans certains secteurs, comme celui des légumineuses, nous sommes le premier exportateur mondial. Comme un emploi sur deux dans le domaine de la production végétale dépend de ces exportations, le commerce est essentiel. Les prix mondiaux fluctueront toujours en fonction de l'offre et de la demande, une réalité du système à laquelle les agriculteurs peuvent faire face. Cependant, ce sont les barrières artificielles — tarifs douaniers, restrictions et réglementations qui ne sont pas forcément fondés sur des évaluations scientifiques — qui peuvent être difficiles à gérer.
Les accords bilatéraux et multilatéraux entre les pays contribuent à faciliter ce flux de marchandises. Ils éliminent bon nombre de ces obstacles et prévoient un mécanisme de règlement des différends pour traiter les problèmes futurs. Les accords commerciaux sont très importants, en particulier avec nos pays les plus proches et leurs importantes populations.
L'ALENA a bien fonctionné pour mon industrie depuis son entrée en vigueur en 1994. Depuis lors, nos échanges commerciaux avec les États-Unis et le Mexique ont connu une croissance spectaculaire et créé une chaîne d'approvisionnement hautement intégrée entre nos pays. Dans ma propre communauté, ils ont façonné un environnement économique permettant de construire une installation de broyage du canola. Bien que l'huile et le tourteau soient expédiés par chemin de fer — peut-être pas cette semaine — l'huile se dirige vers les marchés asiatiques et le tourteau vers les laiteries de Californie.
Lorsque le gouvernement américain a fait savoir qu'il voulait rouvrir l'accord, de nombreux secteurs se sont inquiétés, surtout au vu des méthodes de négociation peu orthodoxes que le gouvernement américain actuel a adoptées pour d'autres affaires mondiales. Pour la plupart des agriculteurs, cette négociation dans le secteur des céréales visait plutôt à conserver ce que nous avions déjà établi. L'accès en franchise de droits aux marchés étatsunien et mexicain était essentiel, mais l'accord avait également 25 ans et pouvait être amélioré.
Les biotechnologies et la sélection végétale, y compris les techniques qui n'en étaient qu'à leurs débuts ou qui n'existaient pas en 1984, étaient absentes. Il y avait lieu d'harmoniser la réglementation dans le domaine des produits alimentaires et des produits végétaux, en particulier dans les domaines de la production végétale, des produits de protection et de la détermination de limites maximales de résidus. La présence de faibles concentrations dans les cultures biotechnologiques était devenue un défi pour notre capacité à détecter une substance et à passer de parties par million à parties par milliard. La tolérance zéro était désormais impossible et il fallait fixer des normes. Pour les cultures céréalières comme le blé, la législation actuelle a créé une inégalité avec nos agriculteurs américains, en livrant sur le marché canadien des variétés enregistrées auxquelles les agriculteurs canadiens n'étaient pas soumis. De même, les produits à valeur ajoutée à base de canola, comme la margarine et le shortening, étaient soumis à des droits de douane, ce qui les rendait moins compétitifs sur le marché américain.
Après un peu plus d’un an de négociations, un accord était déposé: l'Accord Canada-États-Unis-Mexique, l'ACEUM.
Le maintien de l'accès en franchise de droits aux marchés américain et mexicain en est l'élément clé. C'est de loin l'aspect le plus important pour le secteur et pour moi. Le maintien d'échanges commerciaux stables et prévisibles avec les États-Unis et le Mexique est essentiel. De plus, cet aspect traite de nombreuses préoccupations déjà mentionnées grâce aux chapitres sur la biotechnologie, l'harmonisation des règlements, les cas de présence de faibles concentrations de résidus et l'élimination des droits de douane sur des produits comme la margarine. En outre, le blé de variétés enregistrées au Canada qui est cultivé aux États-Unis serait classé d'après une catégorie canadienne, ce qui s'applique également au blé canadien.
Est-ce que j'ai des préoccupations par rapport à l'accord actuel? J'en ai quelques-unes. Par exemple, le chapitre 32, qui exige que les États-Unis et le Mexique reçoivent un préavis quand nous entamons des négociations commerciales avec un pays n'ayant pas une économie de marché, et que nous soumettions tout accord éventuel à leur examen avant de pouvoir le signer. Ces mesures me semblent être une atteinte à la souveraineté nationale. L'utilisation de mots comme « encourager » et « d'importants progrès » quand il est question de la modernisation des procédures et de l'harmonisation des règlements dans divers secteurs suscite généralement le cynisme au sein du milieu agricole. Il est à espérer que ce ne sont pas là que des mots creux, mais bien l'annonce de mesures concrètes à venir.
Actuellement, les agriculteurs canadiens doivent composer avec des relations commerciales tendues avec des pays comme l'Inde et la Chine, où nous avons certes développé des marchés, mais ne bénéficions d'aucun accord commercial majeur. Pareils accords prévoient des règles et procédures pour régler les différends. Nous savons que les processus de règlement des différends sont longs et loin d'être parfaits, mais ils permettent de jeter les bases d'une négociation.
Le monde nous regarde. Les acteurs de la scène économique internationale cherchent des produits agricoles de grande qualité, de production uniforme et dont l'approvisionnement est fiable. Les agriculteurs du pays peuvent répondre à la demande en matière de production et de qualité, mais ils comptent sur le gouvernement et ce comité pour remédier aux obstacles au commerce tant à l'échelle mondiale que nationale.
Les événements des dernières semaines ont eu un impact majeur sur la confiance des investisseurs en notre pays, et les clients internationaux s'inquiètent de notre capacité à livrer les produits rapidement. En tant que producteur céréalier du centre de l'Alberta, je constate que l'ACEUM comporte de légères modifications par rapport à l'ALENA, mais, tant pour ma ferme que pour les exploitations agricoles de partout au pays, c'est la présence d'une chaîne d'approvisionnement intégrée, stable et prévisible avec nos voisins qui s'avère essentielle à notre croissance économique. Ce qu'il nous faut, ce n'est pas réduire les échanges commerciaux, mais bien les augmenter.
Nous remercions le Comité pour son travail. Le contrôle et l'analyse font partie d'une bonne gouvernance et nous assurent que les accords conclus par le Canada sont dans l'intérêt supérieur de la nation et des Canadiens. Cela dit, j'ai hâte que cet accord soit ratifié afin que nous puissions nous concentrer sur les défis à venir.
Je vous remercie de votre attention et serai heureux de répondre à vos questions.
Je m'appelle Robert Kucheran. Je suis président du bureau de direction des Syndicats des métiers de la construction du Canada, les SMCC. Nous représentons plus de 500 000 travailleurs canadiens qualifiés du secteur de la construction, qui sont membres de 15 syndicats internationaux et qui œuvrent dans plus de 60 corps de métier différents. La construction est un des plus grands secteurs de l'économie canadienne et représente environ 14 % du PIB national.
Même si l'Accord Canada-États-Unis-Mexique, l'ACEUM, n'a pas d'incidence directe sur les SMCC ou le secteur de la construction qu'ils représentent, les efforts déployés pour améliorer les normes du travail dans les trois pays signataires ont une incidence directe et positive sur notre secteur. Ainsi, la ratification imminente de la dernière version de l'ACEUM est une occasion importante pour nous de manifester notre soutien à cet accord commercial essentiel.
Comme nous l'avons dit, l'ACEUM comporte un chapitre détaillé sur le travail qui est entièrement assujetti aux dispositions de l'accord concernant le règlement de différends, de sorte à rehausser les normes du travail et les conditions de travail dans les trois pays signataires en s'inspirant des principes et droits fondamentaux au travail. Les SMCC de même que leurs groupes affiliés ont toujours accordé la priorité aux normes du travail et aux conditions de travail. Nous savons que ces améliorations visent nos partenaires commerciaux, ce qui témoigne de la qualité des normes et conditions en vigueur au Canada, et nous continuons de militer pour leur renforcement au pays. Le chapitre compte plus particulièrement une annexe sur la représentation des travailleurs dans les négociations collectives au Mexique conformément à laquelle le Mexique s'engage à prendre des mesures législatives précises pour assurer la reconnaissance concrète du droit à la négociation collective. Nous saluons et soutenons le gouvernement du Canada qui a pour objectif l'établissement de règles uniformes en matière de normes du travail et de conditions de travail pour s'assurer que les parties prenantes ne réduisent pas la protection de leurs travailleurs pour favoriser le commerce ou l'investissement, mais qu'ils aspirent plutôt à des normes plus strictes.
Les SMCC se réjouissent des dispositions supplémentaires par lesquelles les signataires s'engagent à assurer une plus grande protection des principes et droits fondamentaux au travail, ce qui comprend l'interdiction d'importer des produits issus du travail forcé; le respect des obligations liées à la discrimination, par exemple la discrimination fondée sur le sexe, l'orientation sexuelle et l'identité de genre; le traitement des cas de violence à l'encontre des travailleurs qui exercent leurs droits, que ce soit sous la forme de menaces ou de gestes violents; et l'assurance que les travailleurs migrants sont protégés aux termes des lois du travail.
Les SMCC appuient ces engagements, puisqu'ils estiment que des droits du travail plus concrets vont mener à des lois en matière de santé et de sécurité plus strictes non seulement pour les travailleurs de la construction, mais bien pour tous les travailleurs. Au-delà des dispositions plus strictes en matière de travail, nous estimons que davantage d'échanges commerciaux se traduisent par des économies plus fortes. Ce nouvel accord va renforcer les liens économiques entre les trois pays et favoriser des emplois bien payés pour la classe moyenne, ce qui consolidera les économies des trois pays.
Nous appuyons également les gains importants réalisés pour l'ensemble des travailleurs canadiens, comme l'a décrit plus tôt aujourd'hui le Congrès du travail du Canada dans son mémoire.
Certains faits saillants de cet accord comprennent l'élimination du chapitre 12, soit les dispositions sur le règlement des différends entre investisseurs et États de l'ancien ALENA, qui donnaient préséance aux droits des sociétés et investisseurs étrangers sur les droits des gouvernements souverains; l'augmentation du contenu nord-américain exigé dans les véhicules, qui passe de 62,5 % à 75 %; et la nouvelle exigence relative à la valeur de la main-d'œuvre selon laquelle 40 % des coûts matériels et de production d'une automobile et 45 % de ceux d'un camion devront être engagés dans des installations où les travailleurs contribuant directement à la production gagnent au moins 16 $ américains de l'heure; l'élimination du chapitre de l'ALENA sur l'énergie, y compris la clause de proportionnalité qui exigeait que le Canada exporte une portion fixe de sa production d'énergie aux États-Unis, même en temps de pénurie d'énergie au Canada; le renforcement de l'exception générale des industries culturelles que comprenait l'ALENA, et qui englobe désormais les industries numériques; ainsi que l'exception générale très claire applicable aux droits des Autochtones, qui stipule qu'aucune disposition de l'accord n'empêche les gouvernements nord-américains d'honorer leurs obligations légales, sociales, économiques, culturelles et morales envers les peuples autochtones.
Les SMCC, par leur affiliation aux North America's Building Trades Unions, saluent les améliorations fondamentales apportées à l'ACEUM qui ont été négociées au début de 2019 entre les démocrates de la Chambre des représentants et l'Office of the United States Trade Representative et qui viennent d'être adoptées par le Sénat américain. Parmi celles-ci, mentionnons le retrait du libellé qui permettait à la partie intimée d'empêcher l'institution d'un groupe spécial de règlement des différends; le renversement du fardeau de la preuve dans les cas de violation des droits des travailleurs et des normes environnementales; le retrait du libellé de l'article 23.6 qui rendait inapplicable l'interdiction d'importer des produits provenant, en entier ou en partie, du travail forcé ou obligatoire; le retrait du libellé de l'article 23.7 selon lequel les parties ne sont pas tenues de traiter des cas de violence à l'encontre des travailleurs quand ils se produisent « par une façon de procéder, ou par une omission, prolongée ou répétée »; l'inclusion d'un mécanisme bilatéral d'intervention rapide en matière de main-d'œuvre qui permet la tenue d'une enquête par un groupe indépendant de toute violation potentielle de la liberté d'association ou de la liberté de négociation collective dans des installations précises et, sous réserve d'une confirmation, la prise de mesures pour imposer des sanctions visant les produits non conformes à ces obligations; et le retrait de l'obligation relative à la protection pendant 10 ans des données relatives aux produits biologiques.
Il demeure toutefois un aspect qui demande votre attention. Les SMCC auraient aimé que cet accord permette une plus grande mobilité des travailleurs qualifiés de la construction du Canada, des États-Unis et du Mexique. Avec une formation et des certifications comparables pour les corps de métiers tant au Canada qu'aux États-Unis, en particulier, nous estimons que les pénuries de main-d'œuvre nationales bénéficieraient ainsi d'une solution nord-américaine. De ce que nous savons, l'équipe de négociateurs du Canada a certes tenté d'aborder la question, mais elle a été évacuée de l'accord final.
Les SMCC et leurs groupes affiliés remercient les négociateurs canadiens de leur écoute, car ils ont fortement milité pour cette solution. Nous sommes toujours prêts à conseiller le gouvernement du Canada et à mettre à son service notre savoir-faire au bénéfice de tous. Les SMCC appuient donc le projet de loi C-4, . Nous exhortons tous les partis à adopter le projet de loi C-4. Nous jugeons que les dispositions et engagements qui figurent dans l'ACEUM viendront consolider les liens économiques forts qui unissent les trois pays signataires en plus de favoriser adéquatement les emplois de la classe moyenne au cours des années à venir.
Je souhaite remercier le Comité de nous avoir permis de nous exprimer sur la question.
Merci.
Je tiens à vous remercier, madame la présidente et distingués membres du Comité, de m'accueillir ici aujourd'hui.
Je représente l'Alliance canadienne du camionnage, qui est fermement en faveur de la ratification de l'ACEUM. L'ensemble des activités commerciales canadiennes, incluant les importations et les exportations avec tous ses partenaires, frôlent le billion de dollars. Près de la moitié de ces activités, soit l'équivalent d'un peu plus de 500 milliards de dollars, sont avec les États-Unis. Notre deuxième partenaire commercial en importance, c'est-à-dire l'Union européenne, vient loin derrière avec 94 milliards de dollars.
Qui fait rouler ce commerce? Si on calcule selon la valeur, l'industrie du camionnage transporte près de 70 % des marchandises échangées avec les États-Unis, ce qui reflète l'intégration de nos économies. Normalement, plus de 10 millions de camions traversent annuellement la frontière canado-américaine, et la valeur des marchandises transportées augmente depuis 2011.
Plus de 40 % du PIB national dépend du commerce avec les États-Unis. Les principales catégories d'import-export en 2018 comprenaient, entre autres, les combustibles minéraux, les véhicules, la machinerie et les matières plastiques, toutes des marchandises qui peuvent être transportées par camion.
Le Canada est le deuxième fournisseur en importance de produits agricoles des États-Unis, se démarquant dans les catégories telles que les collations, les viandes, les huiles végétales, et les fruits et légumes transformés. Le Canada est le plus grand acheteur de produits agricoles américains qui sont, encore une fois, principalement transportés par camion. Parmi les principales catégories d'importations agricoles, mentionnons les fruits et légumes frais, les collations et les boissons non alcoolisées. Parmi les principaux partenaires commerciaux du Canada au sud de la frontière, on compte le Michigan, la Californie, le Texas, l'État de New York, l'Ohio, l'Illinois et l'État de Washington.
L'ACC est convaincue que le gouvernement du Canada a obtenu la meilleure entente possible pour les Canadiens. Puisque les États-Unis sont de loin notre principal partenaire commercial, l'ACC se réjouit de la prévisibilité qui accompagne tout accord commercial.
Dans son analyse de certaines sections de l'accord, l'ACC a cerné des changements positifs sur le passage par camion des marchandises à la frontière. Une fois l'accord ratifié, l'ACC sera heureuse de travailler avec le gouvernement du Canada sur les points suivants au titre de l'ACEUM: de possibles révisions à l'admission temporaire de marchandises en ce qui a trait à leurs mouvements et transit; l'adoption de changements qui favorisent le commerce grâce aux soumissions électroniques, ce qui simplifierait les processus papier actuels plutôt pénibles; l'établissement d'un guichet unique qui permettrait la soumission de données pour tous les pays à partir d'un seul point d'entrée, de sorte à réduire les répétitions et à simplifier le commerce; de possibles modifications à l'administration des pénalités douanières et à la façon dont elles sont imposées, ce qui comprend le traitement des erreurs d'écriture ou mineures; et, enfin, la facilitation du commerce par l'intermédiaire de programmes conçus pour améliorer le mouvement des marchandises, y compris, dans la mesure du possible, la concordance des exigences relatives aux heures de service, des inspections conjointes aux douanes et des installations douanières communes.
L'ACC souhaite conclure sa déclaration en reconnaissant l'engagement du gouvernement du Canada à poursuivre ses investissements dans nos infrastructures frontalières afin d'en assurer la sécurité et de favoriser le commerce. Ces investissements doivent se poursuivre afin de remédier aux problèmes liés aux installations, aux systèmes informatiques, à la dotation à la frontière et à l'élaboration de politiques qui permettent aux entreprises de camionnage conformes et sécuritaires de transporter les marchandises échangées avec les États-Unis de la façon la plus efficace possible.
Merci.
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Bonsoir. Je m'appelle Jake Vermeer, et je suis un fier Canadien de première génération qui vit à Camrose, en Alberta.
C'est avec humilité que je prends la parole devant vous aujourd'hui au nom d'une industrie qui me passionne tant. J'aimerais commencer par vous parler de notre ferme afin de vous expliquer le contexte dans lequel se trouvent les personnes qui sont touchées par l'ACEUM.
En 1991, les autorités locales néerlandaises ont avisé mon père et mon grand-père que leurs terres allaient être assujetties à une interdiction d'expansion dans le but d'y faire passer un cours d'eau local. Cette décision limitait le nombre de vaches que notre famille pouvait traire et, par conséquent, la ferme ne pouvait plus faire vivre deux familles. Ce fut un coup dur, car, de génération en génération, mes ancêtres avaient travaillé ensemble à traire des vaches et à cultiver la terre.
L'agriculture est un mode de vie avant d'être un travail. Mon grand-père avait dit à mon père que s'il était résolu à se lancer en agriculture, il aurait à trouver un nouvel endroit pour recommencer à zéro. Comme mes parents n'avaient pas les moyens de déménager ailleurs en Hollande, ils ont décidé de venir au Canada dans le cadre d'un programme d'échange d'étudiants et de découvrir les atouts incroyables du Canada dont ils avaient entendu parler dans des récits: de vastes parcelles de terre, des gens de bonne foi et la possibilité de subvenir aux besoins d'une famille. Mes parents n'en ont pas été déçus. Âgés de 24 et 28 ans, ma mère et mon père ont fait le choix d'immigrer au Canada, et ils ont acheté une petite ferme laitière de 40 vaches et 160 acres de terre. Ils parlaient très peu l'anglais, mais ils sont venus au Canada, animés par une solide éthique de travail, la volonté de traire des vaches et l'espoir de réaliser le rêve canadien. Peu de temps après que mes parents ont fait l'investissement le plus important de leur jeune carrière, le premier accord de l'ALENA a été signé, et il y a eu des discussions au sein de l'industrie laitière sur l'éventualité de mettre fin à la gestion de l'offre. Ma mère se souvient de la fois où mon père était rentré d'une réunion d'Alberta Milk en disant: « Je crois que nous avons fait une erreur monumentale ». Toutefois, à force de ténacité, le gouvernement canadien a pu négocier un accord équitable pour ses producteurs laitiers, et ceux-ci ont pu prospérer. Soulagés, ils ont pu continuer à faire croître la ferme.
L'histoire de mes parents et de leur héritage agricole témoigne d'une véritable persévérance, d'un travail acharné et d'un esprit progressiste. C'est grâce à la stabilité du marché et à la juste compensation offerte par la gestion de l'offre que mes parents ont pu transformer leur petite ferme laitière de 40 vaches en une laiterie qui comprend aujourd'hui 600 vaches. Nous employons plus de 15 habitants de Camrose, et notre ferme génère une prospérité économique considérable dans une région rurale albertaine en déclin. Notre ferme, et de nombreuses autres exploitations agricoles similaires dans tout le pays, font affaire avec des céréaliculteurs, des vétérinaires et des usines de transformation à l'échelle locale. Il n'est pas difficile de voir que les fermes laitières contribuent largement aux économies rurales et urbaines. En fait, partout au Canada, nous contribuons au PIB à hauteur de près de 20 milliards de dollars, et nous soutenons environ 200 000 emplois.
Or, les temps changent. Des pays ont négocié de nouveaux accords commerciaux avec le Canada, et nos gouvernements ont lentement réduit nos parts de marché intérieur dans le secteur laitier. L'ACEUM, à lui seul, nous fera perdre 3,9 % de notre marché, en plus d'éliminer la classe 7, qui fait partie intégrante de notre capacité de répondre à la demande de beurre des consommateurs canadiens. Il est important de noter que ces 3,9 % s'ajoutent à l'accès qui est déjà accordé par l'Organisation mondiale du commerce, l'Accord économique et commercial global entre le Canada et l'Union européenne et le PTPGP. L'accès total prévu par tous ces accords représente 18 % du marché canadien, soit 1,3 milliard de dollars en revenus pour les producteurs canadiens. Chacun de ces accords crée une fissure dans les fondations du système de gestion de l'offre. Ces concessions ont de profondes ramifications économiques à l'échelle locale. Les pertes prévues pour l'Alberta à cet égard s'élèvent à 16,13 millions de dollars. L'élimination de la classe 7, ainsi les restrictions concernant les exportations et les surtaxes varient de 4,8 millions de dollars à 29,66 millions de dollars, ce qui est une somme colossale. Il y a lieu de présumer que ces répercussions auront un effet d'entraînement, d'abord dans les régions rurales de l'Alberta, où les exploitations agricoles en sont les plus tributaires, pour ensuite toucher probablement les zones urbaines. Cet accord sonnera le glas de près de 40 exploitations agricoles en Alberta et de beaucoup d'autres dans l'ensemble du Canada.
Les effets négatifs ne s'arrêtent pas là. En tant que Canadien et producteur laitier canadien, j'estime que l'un des aspects les plus inquiétants de l'ACEUM est le nouveau droit de regard des Américains sur la politique laitière au Canada. La disposition sur le droit de regard mine la souveraineté du Canada et sa capacité d'élaborer et de gérer des politiques nationales sans l'intervention des États-Unis. L'annexe de l'accord contient une série de dispositions sur la transparence. Par exemple, le Canada doit informer les États-Unis de toute modification apportée aux classes de lait. Pourtant, les États-Unis n'auront pas à faire preuve d'autant de transparence dans leur système. Cette approche est un autre exemple de la façon dont l'ACEUM élimine notre avantage concurrentiel et soumet l'industrie laitière canadienne au processus décisionnel américain. Il ne faut pas sous-estimer cet aspect, qui aura un effet durable sur le secteur laitier canadien. Dans notre hymne national, nous évoquons fièrement le « vrai Nord fort et libre », mais c'est loin d'être le cas en raison du nouveau droit de regard exercé par les États-Unis.
Le gouvernement canadien a continuellement cédé des parts de marché dans le cadre de chaque nouvel accord commercial, ce qui a laissé les transformateurs de produits laitiers canadiens dans l'incertitude. Faute d'investissements suffisants, les usines de transformation deviennent vétustes et n'arrivent plus à répondre aux exigences de notre marché. Nous avons besoin de stabilité sur le marché afin d'attirer les investissements nécessaires dans l'industrie de la transformation pour pouvoir concurrencer le lait importé qui envahit notre marché. Sans ces investissements, les exploitations agricoles comme la mienne ne pourront pas continuer à se développer et à contribuer à l'économie.
Le dernier point que j'aimerais soulever vient de mes grands-parents, qui vivent toujours en Hollande. Ils nous ont informés d'un débat qui a cours au sein de leur parlement à propos de l'AECG.
Dans le dernier accord commercial avec l'Europe, les éleveurs de bovins du Canada ont obtenu une nouvelle part de marché pour les exportations de bœuf. On nous a dit que cet échange était nécessaire pour l'accès au marché laitier. Cependant, la question qui fait débat est celle de savoir si l'Europe estime que le bœuf canadien répond à ses normes pour pouvoir être vendu dans ses supermarchés. Si nous devons faire une concession en matière d'importation pour créer un nouveau marché d'exportation, ne devrions-nous pas alors permettre à nos partenaires commerciaux de fermer ce marché après la conclusion de l'accord? Sinon, à quoi bon faire des concessions dans le secteur laitier? Aujourd'hui, nos éleveurs de bovins et nos producteurs laitiers ne sont pas plus avancés. Il doit y avoir une meilleure solution.
Les producteurs laitiers du Canada ont toujours été considérés comme des agriculteurs familiaux qui produisent du lait de la plus haute qualité et qui sont très fiers de prendre soin de leurs troupeaux. Toutefois, chaque fois qu'un nouvel accord commercial est envisagé, nous sommes obligés de sacrifier une partie de notre marché pour que l'entente puisse être conclue. Nous n'obtenons pas grand-chose en échange de notre sacrifice et, même si nous sommes reconnaissants des programmes d'indemnisation, nous préférons de loin gagner de l'argent en fournissant aux consommateurs les produits laitiers qu'ils méritent. En tant que jeune producteur tourné vers l'avenir, je n'entrevois pas les mêmes perspectives que mes parents il y a 25 ans.
Alors que des gouvernements étrangers exigent mes parts de marché et à mesure que je vois mes coûts augmenter pour produire le même litre de lait, je m'inquiète de la pérennité de mon gagne-pain, car l'agriculture n'est pas seulement un travail, mais un mode de vie.
Je suis fier d'avoir pu vous présenter le point de vue de notre ferme familiale. Mes parents et moi sommes toujours extrêmement fiers de vivre au Canada, mais nous nous inquiétons à juste titre de notre avenir et de celui de mes enfants. L'ACEUM aura des répercussions très négatives sur notre ferme laitière et sur des milliers de personnes dans tout le pays, pas seulement dans l'immédiat, mais à tout jamais. Aujourd'hui, je ressens ce que mon grand-père a dû éprouver lorsque ses terres ont été annexées, il y a de cela bien des années. Malgré nos meilleures intentions, les réveils à 3 h 30, les journées de 14 heures et la contribution à nos collectivités locales, notre exploitation agricole aura maintenant du mal à prendre de l'expansion, et je suis préoccupé par notre avenir.
Notre ferme a toujours fonctionné selon l'adage: « Qui ne bouge pas recule. » Il est temps que le gouvernement actuel nous laisse avancer. Je vous suis reconnaissant de m'avoir donné l'occasion de prendre la parole aujourd'hui, et j'espère avoir pu donner un visage aux répercussions négatives de la signature de cet accord et aux conséquences pour les fermes laitières de tout le Canada.
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Je tiens à vous remercier tous de votre présence.
Bien que je vienne de Surrey — tout comme M. Bose, ici présent — et que je représente une circonscription très urbaine, Surrey-Centre, c'est l'une des plus grandes villes commerçantes du pays. Elle partage une longue frontière avec les États-Unis. On y trouve aussi des fermes laitières, dont une juste en face de chez moi. De plus, ma circonscription compte un centre logistique de camionnage, qui est probablement l'un des plus grands en Amérique du Nord. Sachez d'ailleurs que c'est la deuxième ville en importance. Elle abrite également trois écoles de métiers de votre section locale des métiers en Colombie-Britannique. Vos observations représentent bien ce qui se passe à Surrey. C'est bon de le savoir.
Monsieur Vermeer, je tiens à vous assurer, compte tenu de ce qu'a dit M. Hilgartner, qu'un climat de certitude aide beaucoup. On n'obtient pas toujours exactement ce qu'on veut. La semaine dernière, nous avons entendu le témoignage de notre négociateur en chef, qui nous a fait savoir que la toute première chose réclamée par les Américains était la gestion de l'offre; c'était leur objectif principal. Je suis fier de dire que nous avons pu défendre 96,1 % de cet objectif. Oui, il y a des sacrifices, mais nous espérons pouvoir travailler avec votre secteur et peut-être trouver des mesures qui pourront remédier à la situation.
Vous avez de quoi être fiers, car le lait canadien est l'un des meilleurs au monde. Je crois qu'il constitue notre avantage concurrentiel, et vous devez le commercialiser, avec toute l'aide que le gouvernement peut vous apporter. C'est ce que je vous demande de faire.
Dans le même ordre d'idées, je voudrais poser une question à M. Bose, dont l'exploitation agricole se trouve sur mon chemin lorsque je rentre chez moi. À Surrey, tout le monde connaît les fermes Bose. Comment le gouvernement peut-il aider le secteur de la dinde ou de la volaille, dans votre cas, à tenir le coup et à prendre de l'expansion? Je sais que ce secteur a toujours été aux prises avec des difficultés, mais avec cet accord, comment pouvons-nous vous aider?
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Je vais commencer par remercier tous les témoins d'avoir pris le temps de venir ici aujourd'hui et, en particulier, ceux qui ont été forcés de parcourir de longues distances.
Monsieur Kucheran, nous parlons de dispositions relatives à la mobilité de la main-d’œuvre qui sont une source de frustration pour moi. Si vous examinez l'Accord de partenariat transpacifique global et progressiste, par exemple, vous constaterez que le chapitre 12 comporte un grand nombre de dispositions relatives à la mobilité de la main-d’œuvre qui ne semblent peut-être pas très dangereuses sur papier, mais qui se prêtent parfaitement aux abus. Je sais que quelques discussions de suivi se déroulent en ce moment afin de tenter d'obtenir que des registres adéquats soient tenus pour les personnes qui viennent au Canada en vertu du chapitre 12 de cet accord et pour les raisons de leur venue. Le chapitre 16 de l'ACEUM permet à une personne du milieu des affaires de venir temporairement au Canada. Je me demande si le chapitre 16 de l'ACEUM cause des préoccupations du même ordre que celles que nous avons observées au sujet du chapitre 12 du PTP. Au-delà de cela, ces dispositions sont une source de frustration pour moi, et elles le sont peut-être bien pour vous aussi. Nous voyons des dispositions relatives à la mobilité de la main-d’œuvre qui sont liées au fait d'amener des gens au Canada pour créer une concurrence des salaires. Toutefois, lorsque les certifications sont comparables et qu'on pourrait faciliter le passage de la main-d’œuvre d'un pays à l'autre sans que cela consiste à engendrer une concurrence des salaires, à faire entrer des travailleurs qui n'ont pas le même niveau de certification et qui exigent donc une rémunération inférieure, ou à faciliter l'entrée d'un grand nombre de travailleurs en abaissant le niveau de certification... Lorsqu'il pourrait, en fait, y avoir un échange équitable de main-d’œuvre, nous semblons ne pas pouvoir obtenir des dispositions qui facilitent cet échange, ce qui rend les choses difficiles.
Je suis électricien en construction et membre de la section 2085 de la Fraternité internationale des ouvriers. Je sais que le travail manque parfois ici, alors qu'il y en a aux États-Unis. Les travailleurs canadiens ne peuvent pas s'inscrire à un syndicat américain affilié et travailler aux États-Unis, et il en va de même pour les travailleurs américains lorsque, de temps en temps, le travail abonde au Canada. Les employeurs se plaignent de la pénurie de main-d’œuvre qualifiée, alors que certains de nos collègues américains sont sans emploi et seraient ravis de venir travailler au Canada, une fois que les Canadiens auront eu la chance de postuler pour ces emplois. Avez-vous une idée de la raison pour laquelle nous sommes incapables d'obtenir des dispositions relatives à la mobilité de la main-d’œuvre non concurrentielle, mais nous pouvons obtenir de telles dispositions lorsqu'il s'agit de couper les salaires des travailleurs canadiens?
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Je vais faire une faveur au Comité et je ne vais probablement même pas tout utiliser. Je vais essayer de nous remettre sur la bonne voie, mais je ne fais aucune promesse.
Ma question s’adresse à M. Shoan. Je ne vais pas continuer à me répéter, mais ceci, encore une fois, est tout à fait au diapason de ce que j’ai dit toute la journée. Ma circonscription est l’Essex, qui est très proche de l’endroit où, espérons-le, le nouveau pont international Gordie-Howe sera construit. En fait, pas plus tard que la semaine dernière, j’ai reçu une mise à jour sur la situation de ce pont. Il semble que les choses vont dans la bonne direction, même si elles n’avancent jamais aussi rapidement qu’on le voudrait. Dans ma circonscription, il y a aussi l’industrie des transports qui, comme vous le savez, prend énormément de place, que ce soit pour le transport des céréales ou pour l’industrie automobile. Un autre secteur important pour nous est celui des fruits et légumes. Nous sommes l’une des plus grandes circonscriptions que l’on dit « sous plastique », puisqu’il s’agit de l’industrie des serres. C’est énorme pour notre région, alors je me suis tenu pas mal au courant de ce qui s’y passe.
Une chose intéressante qui est ressortie de ma réunion de mise à jour sur le pont Gordie-Howe porte précisément sur ce que vous avez dit au sujet du processus électronique. Je comprends très bien le processus administratif, car pendant de nombreuses années, c’est ce que j’ai fait dans notre secteur d’activité. Les vendredis après-midi étaient tout simplement charmants. Ce qui était pire, c’était le lundi matin, lorsque je recevais un appel téléphonique à trois, quatre heures trente ou cinq heures du matin pour m’annoncer: « Chris, votre caution d’importation temporaire ne passe pas ». Il y avait des gens qui attendaient pour aller travailler et qui étaient immobilisés à la frontière. La raison pour laquelle je continue à soulever cette question aujourd’hui, c’est que je sais combien d’années j’ai fait cela, combien de fois les choses ont changé et combien de mes propriétaires-exploitants ont souvent été mécontents de la situation.
Ma question est la suivante. Même si nous — le gouvernement, pour ainsi dire —, même si nous nous orientons vers le processus électronique et que nous nous éloignons du papier, je suis en fin de compte convaincu que si nos agents à la frontière de l’ASFC ne sont pas formés correctement et ne connaissent pas les nouveaux tarifs, si ce ne sont pas des gens comme moi qui sont assis à leur bureau et qui rédigent tous ces nouveaux tarifs, tout cela finira par retomber sur la personne qui passe le plus de temps loin de chez elle, c’est-à-dire sur le propriétaire-exploitant. Ils seront coincés à la frontière. Quel genre de dispositions ou de préoccupations votre association a-t-elle évoquées? S'il n'y en avait pas, croyez-vous que ce soit une bonne idée que nous le fassions?
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Je vous remercie beaucoup, madame la présidente.
Je tiens à remercier les témoins d'être ici.
Monsieur Vermeer, monsieur Hilgartner et monsieur Bose, lorsque vous dites que vous n’êtes que des agriculteurs, eh bien, je vous répondrais au nom de nous tous qui sont ici autour de la table, que sans vous, nous ne serions pas en train de manger. Les Canadiens comptent sur le travail que vous faites. Nous voulons nous assurer qu’avec cet accord... La préoccupation que nous avons exprimée, c’est que cela va avoir une incidence sur les familles, les entreprises et les secteurs, et que pour certains, ce sera négatif. Le Comité a entendu la ministre plus tôt aujourd’hui. Or, au risque de me répéter, nous demandons des études d’impact économique depuis le 12 décembre, soit depuis plus de deux mois, et nous ne les avons toujours pas obtenues.
La lettre de mandat de la ministre dit qu’elle veut maximiser la mise en œuvre de... Je pourrais probablement vous la lire ici. Il s’agit de l’AECG et du PTPGP, mais il n’y est pas question de maximiser les avantages du nouvel ALENA. En fait, l’accord était en cours de discussion au moment où les lettres de mandat ont été envoyées.
Je crois donc que c’est vous, monsieur Vermeer, qui a parlé de l’AECG et de la manière dont les Européens essaient de changer les choses à ce propos, et du fait que cela nous préoccupe. Nous voulons simplement nous assurer que des Canadiens comme vous ont la possibilité de venir au Comité, parce qu’en cas de conséquences négatives, nous voulons faire en sorte d’avoir les programmes de soutien appropriés, même si, idéalement, vous souhaitez sans doute continuer à faire exactement ce que vous faites.
Ma question est donc la suivante. Que doit faire le gouvernement pour remédier à cette situation? J’ai entendu parler de difficultés liées aux dates de mise en œuvre. C’est quelque chose que nous devons examiner. Vous avez mentionné le programme de compensation.
Si vous savez de quoi il retourne, pouvez-vous nous dire où en sont l’AECG et le PTPGP?
Monsieur Vermeer, vous avez soulevé cette question et vous pourriez peut-être commencer.
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Merci, madame la présidente.
Merci à tous nos témoins d’être venus au Comité et de nous avoir fait part de leurs réflexions. Tout comme Mike, je suis de la magnifique circonscription de Surrey.
Mike, vous avez assumé de nombreux rôles. Comme vous l’avez dit, votre famille est la famille pionnière de Surrey. Du point de vue agricole, vous avez vu la base de vos cultures se transformer avec le temps. À l’heure actuelle, les bleuets surpassent tout le reste. Vous vous êtes également investi dans des œuvres de bienfaisance et vous avez fait du bénévolat dans nombre d’organisations. Enfin, votre arrière-grand-père était maire — « Uncle Bose » — et vous avez déjà brigué les suffrages. Je suis certain que c’est quelque chose que vous allez refaire, car vous avez un engagement sur le terrain.
Vous avez parlé de l’industrie de la dinde et de l’incidence qu’elle aura sur vous et votre exploitation. Vous vous êtes enquis de l’aide gouvernementale que vous pourriez recevoir.
En examinant la situation dans son ensemble — avec Surrey qui est la municipalité qui connaît la plus forte croissance au Canada et vous qui êtes toujours à l’avant-garde de la fonction publique —, pouvez-vous voir les avantages que l’ACEUM procurera aux petites entreprises, et notamment aux femmes qui dirigent la majorité des petites entreprises à Surrey, à l’industrie du camionnage qui est une autre industrie clé et à celle du bois d’œuvre, dans ces échanges bidirectionnels avec les États-Unis.
Pouvez-vous me donner votre avis au sujet de ce qui se passe à Surrey?
Monsieur Vermeer, je sais que nous avons entendu plus tôt mon collègue libéral, M. Arya, dire que les Canadiens paient le prix fort pour le lait. Je pense que les preuves suggèrent le contraire, à savoir que les Canadiens paient un prix de marché équitable pour leur lait. La différence est que nous sommes en mesure d'aider nos producteurs en ce sens, alors qu'ailleurs les gens paient des prix comparables, mais sans nécessairement être en mesure de soutenir l'industrie comme le Canada a pu le faire.
Il a également parlé de l'ouverture des marchés d'exportation. Ce que je trouve étrange — et je vais prendre l'exemple du lait —, c'est qu'il y a dans le monde un certain nombre de pays où il se produit des quantités massives de lait, au point que, dans certains cas, les producteurs ne peuvent pas rester en activité. Je comprends qu'au Canada, l'exportation de céréales est un marché qui va de soi, puisque nous sommes particulièrement doués pour ces cultures et que les Canadiens ne vont pas consommer suffisamment de céréales pour garder les producteurs en activité. Corrigez-moi si je me trompe, mais il me semble que le modèle ne fonctionne pas pour le lait. Si tout le monde se met à exporter des quantités massives de lait, nous ne pourrons pas soutenir les producteurs et les gens ne pourront pas gagner d'argent.
Il me semble qu'il y a quelque chose qui cloche avec le modèle de libre-échange que nous essayons de promouvoir dans le monde entier, avec ce modèle qui dit que tout le monde devrait surproduire et faire baisser les prix au point où les producteurs ne pourront plus gagner d'argent. À quoi ressemblera l'avenir de l'industrie si l'idée est de faire en sorte que tout le monde devienne un exportateur à bas prix au lieu de produire pour répondre à la demande?