:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Mon nom est Thomas Olson et je suis président des Bison Producers of Alberta. J'aimerais vous parler un peu de notre organisme et de son intérêt à l'égard de la salubrité des aliments.
Les producteurs de bison de l'Alberta représentent environ 25 p. 100 des producteurs de bison dans le monde. Nous fournissons du bison un peu partout au Canada, aux États-Unis et en Europe.
La salubrité des aliments est très importante pour nous. Il y a quelques années, une défaillance du système canadien d'assurance de la salubrité des aliments a presque ruiné l'industrie du bison au Canada et en Alberta, pour des raisons qui n'ont rien à voir avec les producteurs de bison. En 2003, on a découvert une vache albertaine destinée à l'abattage qui était porteuse d'ESB. Les frontières se sont immédiatement fermées. La viande de bison, principalement réservée à l'exportation, ne pouvait plus voyager outre-frontières ni, malheureusement, franchir ne serait-ce que les frontières provinciales, en raison de la réglementation en vigueur au Canada. Voilà qu'une maladie qui n'affecte pas le bison, causée par des pratiques d'alimentation dont les producteurs de bison ne font pas usage, a causé une crise financière dans l'industrie du bison, qui peine encore à s'en remettre.
Si nous avons bien compris, le problème résulte de la conduite irresponsable de l'ACIA, qui a omis de faire une croix sur les pratiques d'alimentation des animaux qui, selon toute vraisemblance, pouvaient causer l'ESB. Ce n'est pas la science qui a fait défaut, mais bien la volonté politique et bureaucratique. Les mesures qui s'imposaient n'ont pas été prises et, malheureusement, les personnes à la source du problème n'ont pas eu à en porter le fardeau.
Quel rôle doivent jouer les producteurs primaires à l'égard de la salubrité des aliments? Les éleveurs de bison s'attendent à faire leur part. Clairement, la salubrité des aliments commence à la ferme, et les pratiques d'élevage ont une incidence non seulement sur la qualité des aliments mais également sur leur salubrité.
Parce qu'il erre depuis si longtemps dans nos prairies, le bison est doté d'une capacité naturelle de s'accommoder de notre climat et de nos pâturages. Le bison est un animal qui profite à la base d'une bonne santé, grâce à un système immunitaire hautement évolué qui l'aide à lutter plus efficacement que les espèces de bétail domestiquées et importées contre la maladie. Par conséquent, les producteurs de bison évitent d'utiliser des produits chimiques qui risqueraient de compromettre l'innocuité des aliments ou qui pourraient en donner l'impression. Les producteurs de bison utilisent peu les antibiotiques. De nombreux éleveurs n'en font jamais usage et ceux qui y ont recours ne le font que très rarement et selon les recommandations d'un vétérinaire. Les antibiotiques ne font assurément pas partie du régime alimentaire courant des bisons.
Le bison est bien adapté aux parcours naturels de notre pays et, par conséquent, les producteurs sont moins tenus de faire usage de pesticides, qui sont peut-être aujourd'hui chose trop courante en agriculture. Nous n'utilisons pas de stimulants de croissance, donc pas d'hormones. Nous adhérons à la philosophie voulant que le bison soit à son meilleur et produise des aliments de qualité lorsqu'il n'évolue pas dans des milieux où il se sent trop à l'étroit ni où il est soumis à un stress auquel il n'est pas accoutumé.
Nous aimerions vous faire part de deux objectifs en matière de salubrité alimentaire.
Tout d'abord, nous estimons qu'il faut des protocoles et des mesures d'application de la loi efficaces en matière de salubrité des aliments, qui permettront d'obtenir les résultats voulus. Il conviendrait de faire les choses avec un scalpel plutôt qu'un couperet. Les protocoles doivent traiter très précisément des problèmes potentiels liés à la salubrité des aliments. En l'absence de protocoles efficaces de salubrité alimentaire, nous ne pouvons garantir aux consommateurs canadiens que les aliments qu'ils achètent sont exempts de risques, ni rassurer nos partenaires commerciaux quant à l'innocuité de nos aliments.
Deuxièmement, les protocoles de salubrité alimentaire doivent être raisonnables et pratiques. Dans notre hâte à vouloir assurer la salubrité des aliments, nous ne pouvons substituer la paperasse interminable et d'autres activités laborieuses à l'application de protocoles efficaces. Sinon, le coût des denrées augmentera ou l'industrie alimentaire perdra sa compétitivité, ou les deux.
Le coût de la salubrité alimentaire en est un sociétal, qui n'a pas à être assumé uniquement par le producteur. On observe du côté des gouvernements une tendance à refiler le coût de la salubrité alimentaire aux producteurs primaires ou encore à d'autres maillons de la chaîne alimentaire, qui est pour le moins séduisante. La salubrité alimentaire est une question publique qui doit bénéficier d'un financement public. Si les producteurs sont tenus d'assumer tous les coûts de la salubrité alimentaire, le prix des aliments ne pourra faire autrement que d'augmenter. Dans la mesure où la salubrité des aliments entraîne une augmentation du coût des aliments, on parle d'une taxe régressive. Bien entendu, ce ne sont pas aux personnes les plus vulnérables de notre société, y compris aux enfants, de payer le prix de la salubrité des aliments. Il s'agit d'une question sociétale dont le coût doit être assumé par la collectivité.
Si les producteurs primaires et d'autres maillons de la chaîne alimentaire sont dépossédés de leur compétitivité au Canada et à l'étranger, il en résultera un rétrécissement de l'industrie alimentaire au Canada, une diminution des recettes fiscales et moins d'emplois. Il n'y a certainement pas lieu d'entraver les mouvements de trésorerie de l'industrie alimentaire en lui imposant des coûts qui devraient en réalité être publiquement assumés. La salubrité alimentaire devrait faire partie de l'infrastructure canadienne.
Déjà, plus de la moitié des bisons au Canada sont exportés vivants aux États-Unis, où se fera le reste. De nombreuses raisons expliquent cette situation, la principale étant qu'il est simplement moins cher de transformer les animaux aux États-Unis qu'ici, au Canada. L'ajout de coûts au système canadien le ferait crouler sous le poids d'une bureaucratie interminable.
Les transformateurs et, indirectement, les producteurs, assument déjà certains coûts liés à la salubrité alimentaire, notamment ceux liés aux inspecteurs, à l'équarrissage et ceux, de plus en plus importants, liés aux tests. Ces coûts sont considérables, minent le rendement économique de notre industrie et entraînent une augmentation du coût des aliments.
Les protocoles de salubrité alimentaire doivent être pratiques et raisonnables. Notre organisme a vécu de grandes frustrations à l'égard de l'ACIA et de ses suzerains politiques, qui ont accepté certaines des pratiques de l'agence qui se résument, dans certains cas, à couler le moucheron mais avaler le chameau.
L'interdiction imposée quant au commerce interprovincial de viandes issues d'usines provinciales de transformation qui satisfont aux exigences de salubrité alimentaire est un exemple coûteux qui illustre certaines des pratiques défaillantes de l'ACIA. L'agence ne semble pas contester que la plupart des usines provinciales en Alberta satisfont à toutes les exigences raisonnables en matière de salubrité alimentaire. Toutefois, elle continue de s'opposer au commerce interprovincial de viandes issues des usines albertaines. Ceci n'a fait qu'exacerber le problème lié à l'ESB lorsque les producteurs de l'Alberta, qui produisent 25 p. 100 du bison vendu dans le monde entier, ont dû s'efforcer d'écouler la plupart de leurs stocks de bison en Alberta parce qu'ils ne pouvaient pas les vendre dans d'autres provinces.
Le manque de volonté bureaucratique, qu'on tente de masquer sous le couvert de la salubrité alimentaire, est un problème que nous tentons de régler depuis longtemps. J'ai rencontré l'ancien premier ministre et l'ancien ministre de l'Agriculture afin de leur expliquer le problème. L'ancien premier ministre m'a dit: « Donc, ce que vous me dites, c'est qu'un bison abattu en Alberta puis transformé en Alberta ne présente aucun danger pour un Albertain, mais qu'il pose un risque pour la santé d'un Ontarien. » Lorsque j'ai acquiescé, il s'est tourné vers le ministre de l'Agriculture et lui a dit: « C'est stupide. Veuillez régler ce problème. » Cette rencontre a eu lieu il y a plusieurs années et le problème n'est toujours pas réglé. En fait, on pourrait comparer la situation à celle d'un patient en attente d'une chirurgie qu'il ne subira peut-être jamais parce que la liste d'attente est trop longue.
J'aimerais simplement dire après coup, tandis que ce comité se penche sur la question de la salubrité alimentaire, qu'il m'apparaît étrange que nous nous en tenions si étroitement aux maladies dites d'origine alimentaire tout en évitant d'aborder la question des problèmes de santé associés à la malbouffe. Jamais on aura vu autant d'aliments salubres causer tant de maladies au sein de notre population.
Les maladies d'origine alimentaire, bien qu'importantes, font pâle figure à côté des problèmes de santé associés à la malbouffe, cette nourriture pourtant salubre. Les taux d'obésité sont effarants dans notre pays, tout comme ceux des maladies cardiaques, du diabète de type 2 et des maladies semblables. La viande de bison contient peu de matières grasses, est riche en protéines et renferme de très nombreux micro-éléments nutritifs; à l'inverse, on trouve de la malbouffe partout encore dans les écoles. Les consommateurs sont peu sensibilisés quant aux choix d'aliments sains à leur portée. Quand pourrons-nous compter sur le gouvernement pour offrir le soutien nécessaire aux aliments sains produits au Canada, afin qu'ils puissent concurrencer les options malsaines qui sont de loin plus lucratives et qui font l'objet de campagnes promotionnelles beaucoup plus importantes?
En terminant, j'aimerais réitérer que les protocoles de salubrité alimentaire doivent être efficaces, pratiques et raisonnables. Pour ce faire, nous espérons que le gouvernement du Canada saura assumer sa part des coûts liés à la salubrité alimentaire, et nous espérons voir l'ACIA autoriser le commerce interprovincial de viandes issues d'usines de transformation provinciales qui respectent les normes établies.
Merci, monsieur le président.
:
Je prendrai la parole en premier et ferai mes observations en français. Peter enchaînera par la suite en anglais.
[Français]
Bonjour à tous. Mon nom est James Laws et je suis le directeur général du Conseil des viandes du Canada à Ottawa. Je suis accompagné de M. Peter Stein, directeur de l'assurance de la qualité et de la salubrité des aliments chez Piller Sausages and Delicatessens Ltd.
Réputé pour ses produits primés, notamment son jambon forêt noire et ses salamis européens salés à sec, Piller est un des plus importants fabricants de saucisses européennes et de charcuteries fines en Amérique du Nord. On y produit également le pepperoni salé à sec qui occupe la première place au Canada en termes de ventes, selon les données de ACNielsen, dont le siège social est situé à Waterloo, en Ontario.
Piller a des clients à la grandeur du pays et exporte aussi vers les États-Unis. Or, certains de ses clients sont considérés comme des clients à risque élevé, notamment les hôpitaux, les habitations pour personnes âgées, etc. Ils reconnaissent, comme les autres, la responsabilité d'approvisionner ces types de clients du haut vers le bas.
Piller Sausages and Delicatessens est membre du Conseil des viandes du Canada depuis 35 ans. Justement, durant notre 89e conférence annuelle, qui s'est déroulée à Montréal le mois dernier, nous avons remis le prix du président au fondateur de Piller, Wilhelm Huber père, en reconnaissance de ses services émérites et de son soutien constant au Conseil des viandes du Canada. Il a siégé au conseil durant de nombreuses années, comme son fils Conrad Huber, l'un de nos anciens présidents qui est actuellement membre de notre comité exécutif.
Wilhelm Huber père, fondateur et président du conseil du groupe Piller, maître boucher de quatrième génération et fabricant de saucisses depuis 1949, donc depuis 60 ans, est né en Autriche. Il a émigré au Canada en 1954, transportant tous ses biens dans deux valises. Il a obtenu son premier emploi à Montréal chez Sepp's Sausages à titre de maître fabricant de saucisses. En 1957, il a déménagé sa famille à Waterloo en Ontario avec 500 $ dans ses poches et il a lancé sa propre entreprise, Piller Sausages and Delicatessens Ltd.
Aujourd'hui, le groupe Piller est formé de cinq entreprises agréées par le fédéral: Piller's Sausages, Kretschmar Inc., Golden Valley Farms, Piller’s Fine Foods et Piller's Distribution. C'est toujours une entreprise canadienne gérée par la famille et propriété de celle-ci. Deux neveux et trois fils de Wilhelm font partie de l'équipe de gestion. Ces entreprises donnent de l'emploi à plus de 700 personnes. Je pense, d'ailleurs, qu'un livre sur cette famille circule sur la table présentement.
À titre de transformateur de viandes, nous sommes l'un des maillons de la chaîne de la salubrité des aliments au Canada. De la ferme à l'abattoir, des usines de coupe aux transformateurs comme Piller puis aux vendeurs au détail et enfin aux utilisateurs ultimes, nous devons tous accorder une place prépondérante à la salubrité des aliments, afin de transmettre un produit sécuritaire au prochain maillon de la chaîne. Cette chaîne est la même et comporte les mêmes responsabilités, qu'il s'agisse d'un établissement local, provincial ou agréé au fédéral. C'est une question de principe, d'attitude et de responsabilité.
Il y a 41 ans, Piller était une usine provinciale, puis elle a été agréée par le fédéral en 1968. Elle a connu une forte croissance depuis lors, ce qui prouve que la transition sans heurt du provincial au fédéral est très réalisable.
Peter Stein travaille chez Piller depuis février dernier à titre de directeur de l'assurance de la qualité et de la salubrité des aliments. Peter participe activement à notre comité technique depuis 12 ans et fait partie de notre groupe de travail sur la Listeria depuis l'été dernier. Il siège également au comité de travail sur les bonnes pratiques de fabrication, contribuant spécialement au volet sur le nettoyage et la désinfection. Peter a travaillé durant plus de 20 ans chez JohnsonDiversey, un chef de file mondial de la distribution de produits de désinfection et d'assainissement commerciaux et de soutien technique au chapitre de la salubrité des aliments. Peter était chargé du soutien technique au secteur de la viande et de la volaille relativement à l'hygiène, au soutien et aux programmes de désinfection. Peter a visité la plupart des usines de transformation sous inspection fédérale au Canada ainsi que de nombreuses usines aux États-Unis. Il en sait probablement plus sur la lutte contre la Listeria au niveau de l'usine que la plupart des personnes que je connais.
La lutte contre la Listeria passe par l'installation de procédés sanitaires efficaces dans les usines — de bonnes pratiques de fabrication, de désinfection de l'usine et de l'équipement. Cependant, cette lutte passe aussi par l'équipement et la conception de l'établissement, par l'entretien approprié et la prévention de la contamination croisée, par le contrôle du flux de personnes et de produits en milieu de travail et le prélèvement d'échantillons dans l'environnement des chambres d'emballage et des trancheuses, et plus encore.
Je cède maintenant la parole à Peter pour qu'il vous explique la situation chez Piller.
J'aimerais tout d'abord faire circuler certains de nos produits, simplement pour vous en montrer un peu la diversité, après quoi j'enchaînerai avec mes observations.
Bonsoir à tous. Comme l'a dit Jim, je m'appelle Peter Stein et je suis directeur de l'assurance de la qualité et de la salubrité des aliments chez Piller's.
Je tiens d'abord, au nom du groupe Piller's, à exprimer mes condoléances aux familles qui ont perdu des êtres chers durant l'épidémie de listériose l'année dernière.
En tant qu'industrie, nous partageons tous la responsabilité d'assurer la salubrité des aliments que nous fabriquons au Canada et de ceux que nous importons d'ailleurs. À notre avis, la salubrité des aliments ne représente pas un avantage concurrentiel. Nous collaborons avec le Conseil des viandes du Canada et l'industrie pour conjuguer nos efforts en vue d'améliorer la salubrité des aliments dans nos propres usines et à l'échelle de l'industrie. Chez Piller's, nous avons relevé la barre à l'interne en ce qui concerne la salubrité des aliments. Nous assumons l'entière responsabilité de notre engagement à veiller à ce que nos usines génèrent des produits sans danger pour nos vendeurs au détail, nos clients des services alimentaires et, au bout du compte, les consommateurs.
J'avais hâte de vous présenter cet exposé aujourd'hui et de vous expliquer qui nous sommes et ce que nous faisons pour accroître la salubrité des aliments dans nos installations. Évidemment, je peux seulement parler au nom de notre organisation, et je répondrai avec plaisir par la suite à vos questions.
Depuis ce qui s'est produit l'été dernier, l'industrie de la transformation de la viande ne sera plus jamais la même, du moins pour ce qui est de la perception et de la confiance du public. Ceci a, par conséquent, changé l'industrie alimentaire. Je crois qu'on peut dire la même chose pour l'ACIA. Nous devons tous unir nos efforts et faire ce qu'il faut pour accroître et rétablir la confiance des consommateurs et la sécurité des produits, en marchant main dans la main dans la même direction.
Je peux vous assurer que le rythme des changements s'est accéléré de manière significative récemment. Je parle des changements au niveau des attentes des consommateurs à l'égard de notre industrie et des changements au niveau de la confiance qu'ils accordent à la sécurité des aliments qu'ils achètent. Toutefois, les consommateurs veulent aussi une meilleure valeur, moins de sel, moins de gras, l'élimination des allergènes et des listes d'ingrédients plus sains. En outre, nos clients s'attendent à ce que nous fabriquions des produits à durée de conservation prolongée. Nous sommes également confrontés à des pressions commerciales liées aux importations et issues de la réglementation canadienne et des règlements applicables aux exportations, qui subissent divers changements.
Chez Piller's, nous visons singulièrement à bonifier un certain nombre de programmes et d'initiatives dans chaque usine pour faire preuve de proactivité dans un environnement en constante évolution. Pour ce faire, nous améliorons continuellement nos programmes et nos systèmes d'assurance de la salubrité des aliments à l'échelle de l'entreprise. Nous tentons de dépister les anomalies et les lacunes potentielles, puis nous enquêtons sur le risque et faisons appel à la science pour prendre des décisions éclairées quant aux mesures correctrices qui s'imposent.
En voici des exemples. Nous avons adopté des pratiques de désinfection plus rigoureuses; par exemple, nous effectuons deux inspections de l'équipement durant le quart de désinfection. Nous procédons à la désinfection quotidienne des surfaces en contact avec les aliments, avant que la production ne débute, durant les pauses, les repas et les changements de quarts. Nous avons acheté du nouvel équipement de désinfection qui permet de mieux nettoyer les pièces qui sont habituellement difficiles à nettoyer à la main. Nous avons changé la composition chimique de nos produits d'assainissement pour un procédé plus efficace et plus agressif, qui est moins affecté par la qualité de l'eau et qui vise spécifiquement les protéines. Nous avons instauré un programme comportant trois volets pour le démontage de l'équipement d'emballage et le protocole de désinfection, y compris la réalisation de tests bactériens approfondis à l'interne. Nous augmentons le personnel d'assurance de la qualité dans chaque usine, afin d'amplifier nos capacités de surveillance. Nous avons embauché un directeur corporatif d'assurance de la qualité et de la salubrité des aliments pour garder l'oeil constamment ouvert sur la salubrité des aliments à l'échelle de l'entreprise. Nous sommes en voie de doubler nos micro-tests visant l'environnement et les produits à l'échelle de nos usines. Nous nous employons activement à dépister les carences, même en l'absence de traces sur les surfaces.
Comme dernière réalisation au chapitre de la salubrité des aliments, nous avons installé deux nouvelles machines de pasteurisation à froid à haute pression, qui ont coûté plus de huit millions de dollars. Nous prenons la salubrité des aliments très au sérieux. Nous avons énormément investi dans cette nouvelle technologie de transformation, y compris en acquérant les deux plus imposantes machines de transformation à haute pression en Amérique du Nord. Notre entreprise s'était penchée sur cette technologie il y a quelques années, puis a décidé de l'acheter en novembre 2006. La suppression des additifs et des agents de conservation des listes d'ingrédients, comme nous l'avaient demandée nos clients, est la raison initiale pour laquelle nous avons investi huit millions de dollars dans cet équipement. Cette technologie détruit toutes les bactéries, y compris les agents pathogènes, qui pourraient être présents dans des produits déjà emballés pour la vente au détail, sans l'ajout d'additifs. J'ai ici avec moi quelques échantillons traités et non traités, simplement pour vous montrer qu'on n'y voit aucune différence, que l'aspect du produit reste le même.
Malgré tout cela, Piller's a connu son premier retrait volontaire de produits, le mois dernier. Heureusement, personne n'a été malade. Il s'agissait d'un retrait sans gravité qui touchait peu de produits provenant d'une seule de nos usines et qui mettait en cause une seule pièce d'équipement dans cette usine. Nous avons fait tout ce que l'ACIA a recommandé et même plus, et nous avons retiré volontairement tous les produits provenant de cette gamme qui étaient encore en circulation. Nous avons réagi rapidement et pris les bonnes décisions sans hésiter. Ce qui nous est arrivé en avril dernier confirme simplement que la Listeria est source de préoccupations, même dans les usines bien entretenues, et qu'il y a toujours place à l'amélioration, peu importe ce qui est fait pour assurer la salubrité des aliments.
Dans chacune de nos quatre usines de production en Ontario, nous utilisions de l'équipement de transformation de la viande à la fine pointe de la technologie, les fumoirs les plus sophistiqués et la machinerie de tranchage et d'emballage de la plus haute qualité. Toutes nos installations sont équipées de la technologie informatique la plus avant-gardiste. Nous sommes ainsi en mesure de fabriquer tous nos produits dans l'une ou l'autre de nos installations et de combler tous les souhaits de nos clients, quels qu'ils soient, en tout temps de l'année.
Depuis le 1er avril dernier, le nouveau programme de dépistage de la Listeria a obligé notre entrepôt agréé de Waterloo à stocker plus de 700 palettes supplémentaires de produits, selon un programme de « blocage-déblocage », en attendant que les résultats de tests soient connus. Les usines de transformation de la viande, y compris la nôtre, embauchent des spécialistes chevronnés des sciences alimentaires et de la microbiologie pour maintenir leur programme d'assurance de la salubrité des aliments. Nous nous efforçons également de travailler en étroite collaboration avec l'ACIA et de faire preuve de transparence, afin de l'aider à comprendre nos processus, à mettre en place les programmes fédéraux et à en assurer efficacement le suivi. Nous encourageons l'ACIA à mettre pleinement et adéquatement en oeuvre ses nouvelles initiatives dans tous les établissements fédéraux, pour assurer la cohérence et l'uniformité. Nous reconnaissons que ceci pose parfois tout un défi.
Je ne voudrais pas clore mon exposé sans vous présenter une liste de commentaires et de souhaits. Voici donc une liste de points qui revêtent une énorme importance aux yeux de Piller's.
Premièrement, les produits importés doivent respecter les mêmes normes et les mêmes règlements que les produits canadiens.
Deuxièmement, toutes les usines, qu'elles soient agréées au provincial ou au fédéral, doivent être assujetties à la nouvelle politique sur la Listeria instaurée en avril dernier, ce qui protégera tous les clients potentiels.
Troisièmement, il nous faut un accès amélioré et plus rapide aux nouvelles innovations et interventions disponibles pour l'industrie.
L'industrie alimentaire a tout récemment dépassé l'industrie automobile pour devenir l'industrie la plus importante au pays. À ce titre, il conviendrait que nous profitions du même accès au financement gouvernemental offert pour la recherche et l'innovation, afin de faciliter l'amélioration à grande échelle de la salubrité des aliments dans tout le pays.
Enfin, nous devons interpréter clairement et mettre en place dans un souci d'uniformité les règlements et les programmes existants et nouveaux à l'échelle du Canada.
Je vous remercie de m'avoir accordé ce temps de parole. Je me ferai maintenant un plaisir de répondre à vos questions.
:
Bonjour, et merci de nous accorder aujourd'hui la possibilité de vous présenter les avis du Conseil canadien du porc à l'égard des questions de salubrité alimentaire.
La production d'aliments salubres est la principale préoccupation de tous ceux qui participent à l'industrie agroalimentaire. Les producteurs canadiens de porc voient la mise en oeuvre et l'application à la ferme de pratiques de production visant à assurer la salubrité des aliments comme essentielles à leurs activités d'entreprise.
Dès 1995, le Conseil canadien du porc a réuni une équipe de spécialistes de la production et de la salubrité alimentaire en vue d'élaborer un système dont se serviraient les producteurs primaires afin d'évaluer, de documenter et de faire vérifier leurs pratiques de production dans un souci de diligence raisonnable. Lorsque le programme a été lancé en 1998, l'industrie du porc s'apprêtait à faire face à un effondrement du prix des porcs, et les producteurs s'interrogeaient quant à la nécessité de mettre en oeuvre un programme voulant l'application de pratiques auxquelles ils adhéraient déjà largement. La réponse est aujourd'hui la même qu'à l'époque : nos programmes permettent aux producteurs de démontrer ce qu'ils mettent en pratique.
Le programme AQC, Assurance qualité canadienne, a introduit l'approche dite HACCP à la ferme. À l'époque, les mesures HACCP étaient largement adoptées dans l'industrie de la transformation, mais pas dans les fermes. Depuis ce temps, 19 regroupements de producteurs spécialisés, dont le CPC, ont accepté de créer des programmes de salubrité à la ferme axés sur les principes HACCP. Autrement dit, les programmes sont axés sur les principes HACCP sans être purement reconnus HACCP, étant donné que l'analyse des risques est effectuée au niveau national avant d'être traduite en des documents dont peuvent se servir les producteurs à la ferme, plutôt que par chaque unité de production, qui serait alors tenue d'élaborer son propre modèle HACCP.
Les unités de production participantes sont inscrites par l'entremise des conseils provinciaux du porc et assurent la mise en oeuvre du programme de la manière indiquée dans la documentation de programme. Pour obtenir et maintenir une reconnaissance en vertu du programme, une unité de production doit se soumettre à une validation annuelle — qui consiste essentiellement en une vérification — pour s'assurer que toutes les exigences du programme AQC sont respectées. Ces exigences ont trait notamment aux dangers chimiques, physiques et biologiques potentiels auxquels sont exposés les animaux au cours du processus de production. Les dangers comme les résidus de médicaments, les aiguilles cassées et les contaminants bactériens sont contrôlés à la ferme grâce à l'application de rigoureux protocoles liés à l'utilisation des médicaments, peu importe que ces derniers soient administrés directement au cochon ou encore par voie du fourrage ou de l'eau. Le protocole traite également du stockage, du mélange, de la manipulation et de la distribution des aliments destinés aux bêtes; de l'assainissement des bâtiments et de la biosécurité, y compris du contrôle des rongeurs; et également de la formation du personnel. La biosécurité sera d'ailleurs l'un des dossiers dont s'occupera le Conseil canadien de la santé porcine, un organisme récemment mis sur pied pour veiller à ce que les producteurs de porc aient accès aux toutes dernières approches et informations afin de réduire au minimum les risques de maladie.
Le succès du programme AQC en dit long. À l'heure actuelle, le programme compte près de 7 000 unités de production, qui représentent plus de 70 p. 100 de la production canadienne totale, et plus de 90 p. 100 des porcs abattus au Canada. Presque toutes les usines de transformation inspectées au niveau fédéral et de nombreuses usines inspectées au niveau provincial ont fait de la reconnaissance AQC une condition de vente, c'est-à-dire que les producteurs ne peuvent vendre à ces usines que s'ils adhèrent au programme.
Le programme fournit l'assurance aux clients et consommateurs que les producteurs de porc canadiens sont déterminés à faire tout leur possible au niveau de la ferme pour contrôler les dangers susceptibles de compromettre l'innocuité des aliments. Ces assurances sont vitales, étant donné que les producteurs de porc exportent leurs produits à plus de 100 pays, pour une valeur estimée en 2008 à 2,7 milliards de dollars.
Bien que le programme AQC existe maintenant depuis 11 ans, il ne cesse d'évoluer. Des comités administratifs et techniques poursuivent leurs travaux de manière continue pour s'assurer que le programme AQC demeure à l'affût des nouvelles données scientifiques, pratiques de production et modifications législatives.
Étant donné que la structure du programme est bien établie, nous pouvons maintenant y ajouter de nouvelles composantes. Il a été déterminé que le soin des animaux constitue une préoccupation publique importante. Compte tenu de cela, un volet lié à la protection des animaux a été introduit en 2005. Bien que la participation à cette composante du programme prenne peu à peu son envol, le programme AQC et sa structure ont permis de simplifier le lancement de cette nouvelle initiative.
En outre, il est également plus facile de lancer de nouvelles activités pour permettre l'accès à des marchés d'exportation précis. Par exemple, un protocole vient d'être élaboré en ce qui a trait à l'exportation vers certains pays de porc dont la nourriture est exempte de Paylean, et nous examinons actuellement la possibilité d'entreprendre d'autres initiatives.
Il est absolument essentiel d'appliquer un rigoureux programme national de salubrité alimentaire à la ferme. Ainsi, on s'assure d'avoir une seule norme en matière de salubrité alimentaire, ce qui mettra un frein à la prolifération d'initiatives propres aux entreprises ou aux provinces. Bien que les programmes de salubrité alimentaire à la ferme soient axés sur l'industrie, la participation du gouvernement est essentielle. La participation de l'Agence canadienne d'inspection des aliments à l'élaboration des programmes et au processus de reconnaissance est essentielle pour en garantir la crédibilité auprès des consommateurs de porc canadien.
On pourrait également défendre l'importance du financement gouvernemental pour assurer le maintien continu de ces programmes. Le gouvernement offre un financement lié à l'élaboration et à la mise en oeuvre, mais non en ce qui a trait au maintien continu des programmes. Aucun incitatif n'est offert aux producteurs. Bien que ces programmes offrent un avantage à l'industrie et fournissent un bien public, leur coût s'ajoute essentiellement aux autres coûts de production que sont tenus d'absorber nos producteurs.
Il faut également du financement pour la recherche sur la salubrité des aliments et le rôle des mesures de contrôle à la ferme.
L'engagement du gouvernement à assurer la salubrité des aliments à la ferme doit aussi être synonyme d'un système de réglementation efficace et simplifié. Les éleveurs de porcs n'ont pas pu avoir accès aux nouveaux produits vétérinaires aussi rapidement que les éleveurs d'autres pays. Malgré l'examen constant dont fait l'objet le système d'homologation des médicaments du Canada, les éleveurs canadiens sont toujours désavantagés. Nous sommes conscients que le Canada est un petit marché pour les produits vétérinaires, mais notre secteur est en concurrence avec d'autres sur le marché mondial. Il faut absolument que notre système de réglementation soit le plus concurrentiel possible.
Puisque nous sommes ici aujourd'hui, nous ne pouvons pas passer à côté de la crise financière qui frappe les éleveurs de porcs canadiens. Notre industrie contribue grandement à l'économie canadienne, mais elle a subi d'importantes secousses qui ont ébranlé le marché au cours des trois dernières années, la plus récente étant la grippe de type A H1N1, malheureusement mieux connue sous le nom de grippe porcine.
Selon des sondages menés au lendemain de l'éclosion de H1N1, la majorité des consommateurs canadiens a toujours confiance en la salubrité du porc, mais 8 p. 100 des personnes interrogées croyaient qu'il était possible d'attraper ce virus en mangeant du porc bien cuit. De plus, même si 90 p. 100 des consommateurs ne changeront pas leurs habitudes de consommation de porc à la suite de H1N1, ou encore augmenteront leur consommation, 10 p. 100 en mange moins. Une partie de ces résultats risque d'être permanente. Ce sont là de graves répercussions sur les consommateurs en réaction à un virus qui n'a rien à voir avec la salubrité des aliments. Cette situation a eu un impact sur les éleveurs de porcs à un moment où ils peuvent difficilement en encaisser davantage.
Les agriculteurs font leur part et continueront de le faire pour produire des aliments sains. Les gouvernements doivent appuyer ces efforts et doivent s'assurer que les producteurs profitent de l'environnement le plus concurrentiel possible.
Merci.
:
Je remercie les membres du comité de m'avoir donné l'occasion d'être ici aujourd'hui.
La Fédération canadienne du mouton est une organisation nationale à but non lucratif qui représente plus de 11 000 producteurs de moutons au Canada. Elle compte huit membres provinciaux et trois membres associés: la Canadian Co-operative Wool Growers, la Société canadienne des éleveurs de moutons et la Fédération canadienne nationale de la chèvre. La Fédération canadienne du mouton joue un rôle clé dans l'élaboration, la mise en oeuvre et la gestion de programmes qui permettent à l'industrie de rester concurrentielle, novatrice et souple. Pensons par exemple au Programme volontaire de certification contre la tremblante, au Programme d'assurance contre la fièvre catarrhale du mouton, au Programme canadien d'identification des moutons et au Programme de pratiques de salubrité alimentaire à la ferme.
Les pratiques de salubrité alimentaire à la ferme constituent un programme national fondé sur l'ARMPC auquel l'industrie a commencé à travailler en 1997. L'élaboration de ce programme s'est fait sous le signe de la collaboration; des représentants des gouvernements fédéral et provinciaux, des associations membres et des producteurs y ont travaillé ensemble. En 2005, l'Agence canadienne d'inspection des aliments a accordé une reconnaissance technique au programme. Axé sur les producteurs, ce programme vise à examiner tous les secteurs de production et à exposer les options de gestion qui sont conçues pour diminuer les risques liés à la salubrité des aliments. Il est fondé sur les bonnes pratiques de production qu'il faut instaurer. De bonnes pratiques de production sont des procédures d'exploitation qui assurent la salubrité des aliments et l'efficacité de la production. Le programme recommande aussi la mise en place de pratiques adaptées visant à faciliter la fabrication d'un produit sain de haute qualité.
À ce jour, la fédération a fourni de la formation à plus de 1 000 producteurs, à l'aide d'ateliers ou de la formation en ligne. En plus de former des producteurs, la fédération cherche à obtenir la reconnaissance technique de son manuel de gestion. Les producteurs de moutons du Canada comprennent l'importance de fournir du mouton sain et de haute qualité et sont soucieux de respecter ce principe. Le Programme de pratiques de salubrité alimentaire à la ferme n'est qu'un programme parmi ceux auxquels ils ont accès. Ils participent également au Programme canadien d'identification des moutons et à divers programmes sur la santé qui contribuent à la salubrité et à la qualité de leurs produits. Ensemble, ces programmes permettent aux producteurs d'anticiper les problèmes, d'élaborer des techniques de diagnostic et de réduire les risques à la ferme liés à la salubrité des aliments. En particulier, le Programme de pratiques de salubrité alimentaire à la ferme permet aux producteurs de prouver qu'ils font ce qu'ils peuvent pour minimiser les risques liés à la salubrité des aliments.
Pour l'industrie, une des difficultés associées à ce programme est la capacité des producteurs à récupérer les frais supplémentaires engagés pour sa mise en oeuvre. Il nous faut des incitatifs qui encouragent les producteurs à participer. Dans le meilleur des cas, les producteurs exécuteront le programme en réponse aux incitatifs du marché selon lesquels ils reçoivent une prime parce qu'ils ont été reconnus officiellement par un programme de salubrité des aliments, ce qui leur donne une garantie de plus.
Il y a un besoin réel de s'assurer que les programmes auxquels participent les producteurs ne leur enlèvent pas d'avantages concurrentiels. C'est particulièrement vrai pour l'industrie du mouton, où la très grande majorité du mouton destiné à la consommation est importée. C'est la question de la compétitivité qui peut amener certains producteurs à hésiter lorsqu'on leur demande d'exécuter le programme. Une des façons de s'assurer que les producteurs de moutons du Canada restent concurrentiels est d'exiger que les produits importés satisfassent aux mêmes normes que les produits canadiens.
Il y a aussi beaucoup à faire pour harmoniser les codes de transformation de la viande au Canada en vue d'obtenir une norme unique. À l'heure actuelle, les producteurs de moutons canadiens ont de la difficulté à accéder à certains marchés canadiens. Au pays, comme 60 p. 100 des moutons sont transformés en Ontario — 90 p. 100 sont transformés dans des usines qui font l'objet d'inspections provinciales —, les producteurs canadiens ont de la difficulté à avoir accès à des marchés comme celui de la Colombie-Britannique, qui est le deuxième marché de consommation de mouton au Canada, et donc, à plus forte raison, à y être concurrentiels.
Les producteurs doivent également avoir des prix concurrentiels. Le Programme de pratiques de salubrité alimentaire à la ferme pourrait faire augmenter les coûts de production des producteurs de moutons, et leurs options de recouvrement de coût sont limitées. Pour cette raison, le programme pourrait être trop coûteux à mettre en oeuvre, ou il pourrait faire augmenter le prix du mouton canadien, ce qui inciterait les consommateurs à opter pour les produits importés. Les deux scénarios sont troublants. Dans les deux cas, il est possible qu'on perde des producteurs canadiens, et la capacité de s'assurer que les consommateurs canadiens ont accès à un produit sain et de haute qualité est limitée, surtout si on pense que les produits importés n'ont pas à satisfaire aux mêmes normes que les produits canadiens. La salubrité des aliments n'est pas uniquement la responsabilité des producteurs canadiens.
Si nous voulons continuer à fournir aux consommateurs canadiens les aliments sains et de haute qualité qu'ils s'attendent maintenant à retrouver dans leur assiette, il nous faut adopter une approche de collaboration, à laquelle participent les producteurs, les transformateurs, les détaillants, les consommateurs et le gouvernement. Une telle approche permet de partager les coûts qu'entraînent les mesures d'assurance de la salubrité et de la qualité des aliments.
Jusqu'à maintenant, l'industrie et le gouvernement ont collaboré en ce qui a trait à la salubrité des aliments à la ferme. Les deux entités croient que des programmes de salubrité des aliments à la ferme sont nécessaires. Le gouvernement a offert de l'expertise, de l'orientation et un appui financier au moment de la conception; or il a reconnu que pour que ces programmes de salubrité des aliments soient efficaces, ils doivent être conçus et gérés par l'industrie. Ainsi, on aura des programmes concrets qui répondent aux besoins particuliers de l'industrie.
L'appui du gouvernement pour la conception et la formation est grandement apprécié. Toutefois, l'enjeu est maintenant la mise en oeuvre des programmes; il faut s'assurer que les producteurs font l'objet d'une vérification et que les organisations de produit ont les ressources requises pour l'application continue des programmes.
Il faut souligner que le coût de l'élaboration des programmes de salubrité des aliments à la ferme ne repose pas seulement sur le gouvernement. Un avantage réel de ce processus est la reconnaissance du temps consacré par les producteurs comme contribution au coût de conception. De plus, les organisations nationales et provinciales, financées par des redevances des producteurs, ont également investi beaucoup de temps et d'argent.
L'approche de collaboration privilégiée par le Canada pour l'exécution des programmes de salubrité des aliments à la ferme se retrouve également chez les groupements de producteurs spécialisés. Les organisations de produit qui travaillent actuellement à leurs programmes de salubrité des aliments participent au groupe de travail canadien sur la salubrité des aliments à la ferme afin de discuter de leurs défis communs et d'échanger des renseignements. Elles ont une chance inestimable de pouvoir procéder ainsi. Il est vital que cette collaboration liée à la salubrité des aliments à la ferme puisse continuer. Même si les producteurs d'agneau canadiens s'engagent à offrir des produits sûrs et de haute qualité, le gouvernement du Canada doit prendre ce même engagement et s'assurer que ses producteurs demeurent concurrentiels.
Merci.
:
Je vous remercie de votre question.
Martin peut peut-être passer quelques-uns de nos produits. Notons que dans le cas d'un produit comme le pepperoni, qui est sec et salé, la Listeria ne peut pas s'y développer, du point de vue scientifique. Nous avons une politique qui varie selon trois différentes catégories. Si vous utilisez un antimicrobien, le nombre de tests obligatoires est réduit. Si vous utilisez un antimicrobien et qu'il y a un processus après l'emballage, ce nombre est encore réduit. Par contre, on veut que la politique soit la même pour un produit comme le pepperoni et pour un produit qui contient beaucoup plus d'eau, et dans lequel la Listeria peut très bien se développer. On croit que ça n'a pas de sens, d'un point de vue scientifique. On veut de la flexibilité.
On peut peut-être aller chercher quelques produits dans le coin et les faire passer devant nous.
Il y a le processus que Peter a expliqué. La compagnie utilise une très forte pression. Un produit traité par la grosse machine dont on a parlé et qui a subi une pression de 87 000 pouces par... Il est impossible que la Listeria survive sous cette pression. On croit donc que la politique devrait être modifiée pour refléter cette réalité. C'est pourquoi, selon nous, il n'y a pas assez de flexibilité.
D'autre part, imaginons que quelqu'un a construit une usine complètement moderne, qui n'a qu'un an ou deux, qui a des chambres séparées à chaque ligne. Imaginons ensuite qu'il y a un autre bâtiment, peut-être même plus vieux que moi, et qui a besoin de beaucoup plus de contrôles à cause de son design. Il faudrait qu'il y ait une récompense pour les compagnies qui démontrent qu'elles ont toujours d'excellents résultats. On parle des tests obligatoires de l'agence.
:
Bien sûr. Merci beaucoup pour votre question.
Je pense que tout le monde a vu cette photo. C'est la photo d'un de nos appareils dans un de nos établissements. Nous utilisons ces deux appareils pour traiter tous les produits qui sortent de cet établissement.
Le produit est emballé dans son emballage final, et il est ensuite placé dans cet appareil. On ferme la porte, la cuve se remplit d'eau et ensuite l'eau est mise sous pression à 87 000 livres. La pression est libérée après un certain nombre de minutes. Le produit sort à l'autre bout de l'appareil et a la même apparence qu'au début.
Ce qui se produit, c'est qu'aucun organisme vivant ne peut supporter une telle pression. Les bactéries voient leurs fonctions microbiennes perturbées, et elles meurent. Rien ne peut survivre à ce processus, et c'est pourquoi on le fait subir au produit dans son emballage final. C'est un processus très propre, très efficient. Le seul effet que l'on remarque, c'est que le produit ressort de l'appareil un peu mouillé; alors on l'assèche et on le prépare pour l'expédition.
C'est un processus très efficace pour tuer les bactéries présentes dans le produit. En général, le compte est déjà de moins de 10, voire moins de trois, par gramme dans le produit au départ, ce qui est très bas. Grâce à cet appareil, on obtient une réduction logarithmique de quatre, de cinq ou de six, et il n'y a vraiment plus de bactéries. Toutes les bactéries sont éléminées. Nous faisons continuellement des tests et, chaque fois, nous obtenons un compte de zéro à la fin du processus. C'est une technologie formidable à cet égard.
Le problème, c'est que c'est très dispendieux. C'est un procédé par lot et non un procédé continu, et pour être en mesure de traiter tous les produits que nous avons dans tous nos établissements, il faudrait beaucoup d'appareils. C'est une proposition coûteuse. Bien sûr, il faut choisir les produits que l'on veut traiter, qu'il s'agisse d'un produit faible en sodium, d'un produit présentant un risque plus élevé ou de n'importe lequel de nos produits. Mais la technologie est excellente, et nous l'utilisons continuellement.
Je pense que oui, absolument, c'est une technologie que l'industrie va utiliser et adopter, et vous allez la voir de plus en plus dans les prochaines années.
Il est important de souligner que cette technologie permet vraiment de réduire la liste des ingrédients. En d'autres mots, il n'est pas nécessaire d'inclure des agents de conservation dans votre liste d'ingrédients, comme vous devriez le faire si vous n'utilisiez pas cette technologie. C'est un avantage, et c'est vraiment la principale raison pour laquelle Piller s'y est intéressé il y a quelques années.
Par ailleurs, comme l'a mentionné Jim, le protocole d'essai que l'ACIA nous demande de suivre est le même pour tout produit, même pour un produit soumis à cette technologie. En fait, il s'agit d'une technologie assez nouvelle. Rien dans la réglementation n'indique comment l'utiliser. Nous serions peut-être en mesure de réduire le niveau des essais pour une catégorie d'aliments mais, honnêtement, le produit est pasteurisé dans son emballage. Le système ne présente vraiment aucun risque pour le produit. Il passe dans le système une seule fois. S'il y a une anomalie ou une erreur, le système s'éteint et ne s'ouvre pas. Il faut alors relancer le processus et le refaire du début à la fin, en prenant soin d'atteindre et de maintenir une pression de 87 000 livres; il est donc impossible qu'un produit passe dans l'appareil sans être traité. C'est une technologie très sûre et très précise qui nous permet d'obtenir des résultats extraordinaires.
Comme je l'ai dit, c'est sans aucun doute une technologie que nous allons voir au tout premier rang; cependant, elle est extrêmement dispendieuse. Le processus augmente le coût des produits, de très peu, mais nous estimons qu'il s'agit d'une démarche très proactive pour donner à nos consommateurs une tranquillité d'esprit en ce qui a trait à la salubrité de nos produits.
Je ne sais pas si tout le monde est en mesure de le faire, mais une chose est sûre, c'est que nous avons fait cet investissement avant l'éclosion de listériose de l'été dernier. C'est un projet que nous avions envisagé un an plus tôt. Je suis donc certain que cette technologie sera de plus en plus présente.
Au départ, elle était utilisée pour traiter les légumes, je crois, et les unités étaient très petites, ou beaucoup plus petites. Elle a donc été adaptée pour le traitement de volumes plus grands. Il est possible de traiter des centaines de kilogrammes en même temps en un seul cycle. La taille des lots que cet appareil peut maintenant traiter montre à quel point la technologie s'est améliorée au fil des ans. Au total, l'unité a une hauteur de 20 pieds et une longueur de 50 pieds. C'est une pièce d'équipement de grande taille qui pèse plus de 200 000 livres. C'est un appareil très robuste qui doit être de taille imposante pour pouvoir contenir autant de pression. Mais nous sommes convaincus que c'est la voie de l'avenir dans le domaine de la salubrité des aliments.
:
Pour ce qui est de l'alimentation de certains d'entre nous — moi y compris — vous avez probablement raison. Nous ne faisons pas toujours les bons choix et, malheureusement, les parlementaires non plus ne font pas nécessairement toujours les bons choix.
Ce que j'ai entendu de la part de presque tous les groupes qui sont représentés — et le greffier pourra me corriger si j'ai tort — c'est qu'il me semble que chaque groupe représente principalement des producteurs. Et je pense à Mme MacTavish, à Mme Lawrence, à M. Rice et à M. Olson, qui ont tous parlé du coût. Qu'il s'agisse du système HACCP ou d'un programme de sécurité à la ferme, ou quel que soit l'acronyme utilisé — parce que nous adorons tous les acronymes, je le sais — ils fonctionnent tous extrêmement bien, mais l'un des problèmes, c'est le coût.
Je ne veux pas avoir l'air trop naïf, mais personne n'a en fait posé la question: combien est-ce que ça vous coûte? J'aimerais d'abord préciser que, de ce que je comprends, nous ne parlons pas de milliers de dollars par animal, et je pense que nous le savons tous. Mais personne ne nous a jamais dit « Eh bien, voici ce qu'il nous en coûte », c'est-à-dire le montant que nous ne pouvons pas récupérer. Cela semble être l'autre élément de la question, parce qu'il n'y a pas de moyen d'offrir des incitatifs, comme vous l'avez dit, pour vendre les produits, parce que les gens s'attendent tout simplement à ce que les aliments soient sans danger.
Donc, si le gouvernement en assume le coût — et je sais que je n'ai probablement pas beaucoup de temps pour obtenir une réponse — de quel coût est-il question? Avez-vous une idée de ce qu'il en coûterait?
:
Certainement. Merci pour la question.
Selon certains médias, certains groupes auraient dit que ce processus d'approbation des étiquettes préalable à la mise en marché était une mesure liée à la salubrité des aliments. J'ai en effet envoyé une lettre à chaque membre de votre comité pour préciser que le Conseil des viandes du Canada et ses membres étaient en complet désaccord avec cette affirmation.
L'approbation préalable d'une étiquette — c'est l'élément important, l'approbation préalable — par un fonctionnaire d'Ottawa qui n'a jamais mis les pieds dans un établissement de traitement des viandes de sa vie n'a rien à voir avec la salubrité des aliments. Ce qui est bel et bien lié à la salubrité des aliments, c'est le fait de veiller à ce que l'information figurant sur l'étiquette d'un produit soit exacte.
L'industrie de la viande subit un double coup dur. Nous devons nous soumettre à ce processus d'approbation des étiquettes avant la mise en marché, mais nous avons déjà des inspecteurs dans nos établissements. Passons de l'abstrait au concret. Nous avons des inspecteurs sur place qui peuvent venir nous voir et nous dire: « Très bien, qu'est-ce que vous faites aujourd'hui? » Ils peuvent vérifier la composition du produit. Ils peuvent vérifier l'étiquette. C'est ce que les inspecteurs devraient faire dans l'établissement. Ils doivent s'assurer que tous les ingrédients qui figurent sur l'étiquette sont contenus dans le produit. Le consommateur dont l'enfant est allergique aux arachides veut s'assurer qu'il n'y a pas d'arachides dans le produit qu'il achète. Le fonctionnaire d'Ottawa susceptible d'approuver l'étiquette au préalable n'a rien à y voir. Il ne sait absolument pas si l'employé a accidentellement mis des arachides dans le produit ou non.
C'est donc là que ça s'arrête. De même, si l'étiquette dit que le produit est entièrement cuit ou n'est pas entièrement cuit, le fonctionnaire à Ottawa ne sait absolument pas si ce produit a été cuit ou entièrement cuit. Le mode de cuisson constitue un autre élément important à prendre en considération.
Nous savons tous que les produits rappelés l'an dernier — qui sont à l'origine de la création de votre comité — étaient tous pourvus d'étiquettes qui avaient été approuvées au préalable à Ottawa, ce qui montre une fois de plus que cette mesure n'a rien à voir avec la salubrité des aliments.
Les gens ont utilisé d'autres arguments — par exemple, le fait qu'il faille s'inquiéter des produits en provenance de marchés étrangers. Eh bien, c'est vrai, mais c'est pourquoi les Américains viennent chez nous pour vérifier notre système et que l'ACIA se rend chez eux pour vérifier les leurs. De la même façon, ils se fient aux inspecteurs qui travaillent dans les établissements pour s'assurer que, oui, ce qui a été mis dans le produit est bel et bien dans le produit.
Ce qui est assez intéressant, c'est que, avant le mois d'août dernier au Canada, il était interdit d'importer un produit contenant du diacétate de sodium. C'est dommage, parce que si nous avions été en mesure d'importer des produits de viande prêts à manger des États-Unis contenant du diacétate de sodium, ces produits auraient été plus sûrs que ceux qui ont été vendus au Canada. Nous avons finalement obtenu l'approbation de Santé Canada.
Nous sommes donc totalement en désaccord avec les commentaires formulés par certains autres groupes à propos de l'approbation des étiquettes avant la mise en marché. Ce processus d'approbation comporte d'autres problèmes; cela n'a rien à voir avec la salubrité des aliments.
Avant de passer à la prochaine série de questions, j'ai une question à poser sur le même sujet, c'est-à-dire les normes provinciales et la création d'une solution qui fonctionne.
J'ai un bon exemple dans ma propre circonscription, en ce qui concerne les grandes chaînes d'alimentation, qui font l'objet de notre étude sur la compétitivité. Elles ont manifesté leur désaccord ici, en Ontario, et probablement dans les autres provinces, en interdisant à leurs épiceries, qu'elles fassent partie de leur chaîne ou qu'elles soient indépendantes... Parce que même les épiceries indépendantes doivent acheter en gros une grande partie de leurs stocks par leur entremise. Elles ont indiqué que ces épiceries ne pouvaient vendre de boeuf ayant fait l'objet d'une inspection provinciale — et je suppose que cela touche le porc et probablement tout le reste.
Un homme de ma circonscription exploite sa propre épicerie indépendante. Il a comparu devant votre comité il y a quelque temps. Il est propriétaire d'un magasin, et il est aussi copropriétaire d'un abattoir sous contrôle provincial. Lui et ses associés viennent tout juste de remporter deux prix au cours des deux derniers mois pour la qualité, mais il lui est interdit de vendre de la viande inspectée par le gouvernement provincial dans son propre magasin.
Est-ce que les représentants des producteurs spécialisés, ou même M. Laws ou M. Stein, pourraient formuler des commentaires à ce sujet? C'est un problème. Il est certain que je n'ai pas toutes les réponses et je ne pense pas que notre comité ait toutes les réponses non plus, mais nous essayons d'en trouver, et nous constatons qu'il y a certains problèmes au Canada en ce qui concerne les inspections provinciales et fédérales. J'aimerais bien que vous me donniez vos commentaires là-dessus.
:
Monsieur Rice, je voulais en venir à la crise qui a frappé le secteur du porc, notamment en raison de la grippe que, comme Mme Lawrence l'a dit, les gens ont faussement appelée, au début, la grippe porcine.
Au sein de ce comité, évidemment, on a énormément parlé des bactéries. Toute l'industrie agroalimentaire est touchée quand un événement survient, par exemple chez Maple Leafs ou ailleurs. Il peut s'agir de fruits et de légumes venant même de l'extérieur. Il est arrivé que des épinards venant d'autres pays — je crois que c'était des États-Unis — aient été contaminés par la bactérie E. coli. Pour cette raison, les gens achetaient moins d'épinards du Québec et du Canada. La perception des gens est très importante.
Votre industrie a été victime d'une crise alors qu'il n'aurait pas dû y en avoir. Je me demandais si le gouvernement avait fait son travail de communication dans ce dossier. Les gens de ma circonscription savent que je suis le porte-parole de mon parti en matière d'agriculture, et plusieurs m'ont parlé de la grippe A (H1N1), surtout au début, quand on disait que c'était la grippe porcine. Les gens faisaient même des blagues à ce sujet parce qu'ils savaient que je visitais beaucoup de producteurs. Ils me demandaient si j'étais allé dans une ferme porcine et s'ils allaient contracter la grippe.
Je sais qu'il y a eu un barbecue sur la Colline du Parlement et je pense que tous les collègues ici présents y ont participé. Pour ma part, j'y étais pour montrer à la population qu'on pouvait manger du porc de façon sécuritaire. Outre cela, n'aurions-nous pas dû être un peu plus proactifs en expliquant bien clairement que ce n'était pas du tout dangereux de manger du porc pendant cette période?
Si vous avez des recommandations à faire, j'aimerais les entendre, en plus de la réponse à la question que je viens de vous poser.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je m'appelle Terry Pugh. Je suis le secrétaire exécutif du Syndicat national des cultivateurs situé à Saskatoon. Je tiens à vous remercier de me donner l'occasion de participer aux délibérations.
Bon nombre de nos représentants élus sont malheureusement en train d'ensemencer. Je suis désolé de ne pas avoir une copie de ma présentation en français. Un document sera élaboré, puis remis au greffier. Vous en recevrez une copie dans les prochains jours.
Le SNC est heureux d'avoir l'occasion de présenter son point de vue sur la question de la salubrité des aliments devant ce comité. Le SNC est une organisation démocratique pancanadienne indépendante composée de milliers de familles d'agriculteurs de l'ensemble du Canada qui produisent une foule de produits de base. Notre mandat consiste à veiller à ce que des politiques soient élaborées en vue d'augmenter les revenus agricoles nets provenant du marché et de promouvoir un système alimentaire fondé sur des exploitations agricoles familiales financièrement viables qui produisent des aliments sains, salubres et de grande qualité. Nous encourageons les pratiques vertes qui protègent notre précieux sol, notre eau et les autres ressources naturelles, et nous soutenons la justice sociale et économique pour les producteurs d'aliments et tous les citoyens.
En tant que petits exploitants agricoles, nous sommes évidemment en faveur d'un système alimentaire qui permet de produire des aliments sains et salubres pour les habitants de ce pays et d'ailleurs. Pour nous, la production alimentaire est bien plus qu'une industrie. Nous faisons tout ce qui est en notre possible pour nous assurer que les pratiques agronomiques que nous utilisons sont sécuritaires et durables, et nous accueillons favorablement les règlements élaborés en vue de nous aider à atteindre ces objectifs. En fait, la grande majorité de nos membres surpassent volontairement les exigences réglementaires pour produire des aliments salubres. Les agriculteurs sont prêts à accepter un coût raisonnable, mais il faut s'assurer que les coûts ne leur sont pas injustement refilés. Les coûts associés à la salubrité des aliments devraient être partagés équitablement entre le gouvernement et le secteur privée, car la salubrité des aliments et la santé sont des problèmes sociaux.
Les agriculteurs constituent un maillon de la chaîne alimentaire. Les produits de notre labeur et de nos terres passeront entre plusieurs mains avant d'arriver dans l'assiette des consommateurs. Par conséquent, le risque que des problèmes surviennent dans le système alimentaire augmente à chaque étape. La tendance vers le traitement et la distribution centralisés à grande échelle et sur de longues distances de produits alimentaires a accru les probabilités qu'une contamination d'origine alimentaire qui n'est pas détectée à la source ait des résultats désastreux et largement étendus. L'éclosion tragique de listériose de 2008, survenue en raison de l'insablubrité d'usines de traitement de Maple Leaf à Toronto, a profondément ébranlé la confiance que les Canadiens avaient, jusqu'à ce moment, dans leur système alimentaire.
Le SNC est un ardent défenseur des mesures réglementaires qui accordent la priorité à la protection du public. Le SNC s'oppose fermement à l'autoréglementation des entreprises de traitement des aliments. Notre politique, en vigueur depuis assez longtemps, stipule que les aliments doivent être adéquatement vérifiés, réglementés et inspectés. Ces tâches essentielles doivent être effectuées par un nombre suffisant d'inspecteurs indépendants qui sont financés adéquatement par des fonds publics.
Dans le cadre de la dernière convention nationale du SNC qui s'est tenue en novembre dernier, on a adopté une résolution voulant que le SNC fasse du lobbying auprès du ministère de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire fédéral et de l'ACIA afin que, en premier lieu, l'inspection des usines et les essais qui y sont effectués soient faits par des inspecteurs de l'ACIA qualifiés, et que le nombre initial d'inspecteurs des usines de traitement et d'emballage de la viande payés par le gouvernement soit réinstauré.
Le public canadien ne veut évidemment pas que l'industrie établisse elle-même ses règlements. Un sondage récent effectué par Nanos et paru le 20 mai montre que 70 p. 100 des Canadiens croient qu'Ottawa devrait investir davantage de ressources et travailler plus concrètement à l'élaboration de politiques sur la salubrité des aliments. À mon avis, ce sondage révèle que les Canadiens croient que l'ACIA devrait en fait être l'agence qui assume la responsabilité de veiller à ce que les aliments soient salubres et que le gouvernement du Canada intervienne là où les questions monétaires s'arrêtent. Ce n'est pas nécessairement l'industrie. Nous reconnaissons le fait que l'industrie a pris des mesures pour contrer la contamination lorsqu'elle a été découverte. Mais en réalité, les questions financières ne s'arrêtent pas avec l'industrie; elles s'arrêtent avec l'organisme de réglementation.
L'écroulement du système financier a montré les conséquences de la déréglementation. Le système financier s'est écroulé; il a dévasté les économies de la majorité du monde et détruit la confiance de nombreuses personnes dans les soi-disant avantages du libre-marché et de la déréglementation.
Par conséquent, la tragédie de la listériose a fondamentalement détruit la notion que les entreprises de traitement des aliments accordent toujours la priorité aux intérêts de leurs consommateurs. Le processus de déréglementation de l'inspection alimentaire canadienne et l'adoption d'un système d'autoréglementation des entreprises de traitement des aliments ont manifestement exposé les consommateurs à des risques. Avec les années, on a remis graduellement la surveillance de la salubrité des aliments entre les mains des entreprises de traitement, et le rôle et l'autorité des inspecteurs de l'ACIA ont considérablement diminué. Il me semble que Bob Kingston l'a souligné dans son témoignage.
Le budget de l'ACIA a été réduit au cours des années, et les inspecteurs alimentaires publics ont vu leur charge de travail s'alourdir. L'an dernier, l'inspection des viandes a été déréglementée à l'échelle provinciale dans les abattoirs du Manitoba, de la Saskatchewan et de la Colombie-Britannique. Avant 2008, les établissements de traitement des viandes agréés par le fédéral devaient se conformer à une vérification annuelle obligatoire de tous les systèmes qui était effectuée par l'ACIA. Cependant, on s'est aperçu que la pénurie d'inspecteurs de l'ACIA qualifiés pour effectuer ces vérifications s'est traduite par le non-respect de la fréquence des vérifications.
En avril 2008, le gouvernement Harper a modifié davantage ces exigences en adoptant un système de vérification de la conformité. Comme l'a dit Bob Kingston dans son témoignage, le système de vérification de la conformité fonctionnerait en théorie, mais l'ACIA a besoin de ressources pour soutenir sa mise en oeuvre. On a constaté que l'utilisation du système de vérification de la conformité a eu pour conséquence de diminuer de plus en plus le nombre de visites des inspecteurs de l'ACIA dans les usines; ils consacrent désormais une plus grande partie de leur temps à vérifier des documents de travail. Dans l'année qui a précédé l'éclosion, l'usine de Maple Leaf n'a pas été soumise à une vérification complète de ses systèmes. Je crois que ça démontre l'importance de ces vérifications.
Dans l'ensemble du Canada, plus de 800 usines de viande sont inspectées par le gouvernement fédéral, mais on ne dispose que de 1 100 inspecteurs d'aliments transformés entièrement qualifiés et de 230 vétérinaires en hygiène des viandes. Par conséquent, les inspecteurs de l'ACIA sont surchargés de travail à tel point qu'il leur est impossible d'assurer une bonne surveillance des usines dont ils sont responsables. On a déjà dit que l'inspecteur de l'usine de Toronto était responsable de 7 autres usines au moment de l'éclosion. Cela montre clairement qu'on a de la difficulté à s'assurer que le système fonctionne tel que prévu. Le syndicat a montré que les niveaux de dotation sont bien inférieurs au minimum requis pour effectuer adéquatement ces inspections des viandes. On observe, en fait, une pénurie importante de ces inspecteurs.
Je crois que ce serait une grave erreur de poursuivre dans la voie de l'autoréglementation de l'industrie. Le fait est qu'il est nécessaire d'augmenter les niveaux de dotation et d'accroître l'autorité des inspecteurs de l'ACIA afin de s'assurer que les entreprises privées respectent ces règles de sécurité. Pour s'assurer que des entreprises comme Maple Leaf ne tournent pas les coins ronds aux dépens des consommateurs canadiens, il est nécessaire que l'ACIA ait des inspecteurs dans les usines qui effectuent des inspections visuelles des conditions qui peuvent conduire à la contamination et qui veillent à ce que tous les protocoles et les exigences en matière de sécurité soient respectés. Dans le système actuel, les inspecteurs de l'ACIA ne se fient qu'aux documents qui leur prouvent que l'entreprise sait comment remplir ces documents, mais cela n'est pas suffisant.
On observe également l'apparition de ce processus de déréglementation dans d'autres secteurs qui touchent directement les agriculteurs. À titre d'exemple, à la Commission canadienne des grains, des inspections des grains ont été confiées au secteur privé. La Commission canadienne des grains a fait l'objet de compressions graduelles. On a en fait observé la même chose à l'ACIA où, chaque année, les fonds réservés à la Commission canadienne des grains pour effectuer des inspections adéquates sont toujours moindres, comme c'est le cas à l'ACIA. Ça a des répercussions directes sur les agriculteurs, parce que ça augmente les responsabilités potentielles de ces agriculteurs s'il y a contamination des grains dans le système de traitement en vrac.
On a également observé dernièrement cette situation... la CCG est exaspérée par une autre mesure récente qui vise à réduire davantage l'accès des agriculteurs au service d'inspection sur les lieux. Plus tôt ce printemps, on a annoncé que les centres de service de la CCG de Brandon, de Moose Jaw et de Melville, qui offraient tous des inspections sur les lieux, seront fermés. C'est un aspect très important du système alimentaire.
On a également observé des modifications au système d'enregistrement des variétés de semences qui accorde un plus grand pouvoir décisionnel aux entreprises de semences et de produits chimiques qui contrôlent les gênes qui se retrouvent dans de nombreuses variétés de semences génétiquement modifiées qui arrivent sur le marché. Le système les autoriserait à commercialiser plus rapidement ces variétés, sans qu'elles aient à effectuer le même type d'essai ni à s'assurer que la qualité des variétés de semences est équivalente ou supérieure à celles qui existent déjà.
Pour conclure, nous croyons fermement que la déréglementation du système d'inspection alimentaire met indûment en danger la santé et la sécurité des consommateurs canadiens et de l'étranger. Nous recommandons la mise en oeuvre des recommandations présentées dans le cadre de la première campagne de salubrité des aliments, notamment l'embauche d'inspecteurs additionnels, l'imposition d'un moratoire sur les politiques d'autoréglementation de l'industrie et la suppression des obstacles qui empêchent les inspecteurs et les vétérinaires de l'ACIA de prendre des mesures immédiates lorsqu'ils sont témoins du non-respect de règlements dans des usines de traitement. Nous croyons fermement qu'il faudrait restaurer le système de rapports de vérification publique qui a été annulé en raison de la pression exercée par l'industrie des viandes.
Merci beaucoup pour votre appui.
:
J'aimerais remercier le comité de me donner l'occasion de témoigner.
Je représente FAIR, qui signifie Federal Accountability Initiative for Reform. FAIR est le premier organisme d'intérêt public canadien créé pour protéger les dénonciateurs. J'entends par ce terme les employés qui protègent l'intérêt public en dénonçant les actes répréhensibles. FAIR a accompli d'énormes progrès dans ce domaine au cours des 11 dernières années.
J'aborderai deux sujets connexes dans mes observations. Le premier porte sur la nature des systèmes de gestion sur lesquels l'industrie et, au bout du compte, le public dépendent de plus en plus pour garantir la salubrité des aliments. Je commenterai également le rôle essentiel des dénonciateurs dans la protection du public lorsque ces systèmes échouent, et le défi de protéger ces personnes.
Je commencerai par l'industrie alimentaire. Comme nous l'avons entendu dans les témoignages au cours des dernières semaines, l'industrie alimentaire évolue rapidement, passant d'une foule de petites fermes familiales à quelques producteurs industriels dont l'exploitation s'étend à très grande échelle. À l'instar du transport de personnes dans des avions pouvant contenir un plus grand nombre de passagers, ce changement entraîne des économies d'échelle. Le système est très efficace lorsqu'il est fonctionnel, mais lorsque survient un événement, le résultat peut être catastrophique et coûter la vie à de nombreuses personnes.
Nous avons également beaucoup entendu parler des systèmes de gestion qui sont mis en place dans l'industrie pour préserver la salubrité des aliments. Je veux faire une observation à ce sujet, car avant d'accepter ce nouveau mandat, je me suis surtout consacré aux systèmes de gestion, tant à titre de dirigeant dans l'industrie qu'à titre de conseiller en gestion. Je travaille dans ce domaine depuis le milieu des années quatre-vingt, avant que l'industrie alimentaire ait commencé à s'intéresser à ce sujet.
J'ai écrit deux livres sur le sujet, traduits et publiés sur quatre continents, alors je me sens à l'aise de faire des observations sur les systèmes de gestion. J'aimerais vous dire que sans ces systèmes, évidemment, et les techniques qu'ils incarnent, il ne serait pas possible aujourd'hui de construire une automobile fiable ou de protéger les réserves de sang ou d'envoyer l'homme dans l'espace. Ce n'est pas le fruit du hasard si le HACCP, dont nous avons beaucoup entendu parler, tire son origine de la NASA.
Alors que notre système alimentaire évolue vers un vaste complexe industriel, il sera impossible d'avoir un approvisionnement alimentaire sûr sans la mise en oeuvre diligente et experte de ces systèmes. Toutefois, ces systèmes, aussi efficaces soient-il lorsqu'ils fonctionnent bien, sont fragiles. Voilà un élément essentiel, parce qu'ils nécessitent une grande expertise pour leur mise en oeuvre et un soutien tout à fait conforme de la direction, du PDG jusqu'aux employés de première ligne.
Du moment où l'expertise technique est compromise ou que l'appui de la direction s'affaiblit, le système commence à se dégrader et est susceptible d'échouer. L'empoisonnement de notre approvisionnement alimentaire ne dépend ensuite que d'une entreprise en difficultés financières qui commence à rogner sur les coûts, ou d'un gestionnaire du quart de nuit qui néglige un problème plutôt que d'arrêter la chaîne de production pour le régler. La catastrophe ne tient qu'à un mauvais joueur ou à un décideur incompétent.
Ce ne sont pas des paroles creuses. Les États-Unis ont récemment fait face à une éclosion d'infections à Salmonella dévastatrice, l'une des nombreuses éclosions qu'ils ont connues. Celle-ci en particulier est responsable de près de 19 000 cas d'infection dans 43 états. Elle a causé 9 décès et elle a déclenché le plus grand rappel d'aliments de l'histoire des États-Unis et, en fait, un rappel d'aliments international. Tout cela a été causé par une seule usine familiale de transformation des arachides située en Géorgie. C'est exact.
Près de la moitié des personnes infectées étaient des enfants, alors vous commencez à voir à quel point nous sommes vulnérables. Voilà pourquoi il est absolument essentiel, à mon avis, que nous mettions en place des mécanismes pour nous informer lorsque les choses ne tournent pas rond, avant la catastrophe.
Je vais maintenant parler des mesures sur la protection des dénonciateurs. Le dénonciateur type n'est pas quelqu'un qui entreprend sans retenue une croisade ou qui trouve des problèmes et les étale sur la place publique. On parle habituellement d'employés ordinaires qui font leur travail consciencieusement, et qui se retrouvent dans une situation où ils sont témoins d'actes répréhensibles ou qui se trouvent en possession d'une information gênante pour leur employeur ou leurs patrons. Ils se mettent ensuite en situation de risque lorsqu'ils essaient de porter les actes ou l'information à l'attention de la direction.
Le dénonciateur est une personne qui met sa carrière en péril pour essayer de nous protéger. Ce n'est pas une personne qui agit de façon irresponsable. Je crois qu'il s'agit tout simplement du gros bon sens si toutes les personnes oeuvrant dans l'industrie alimentaire — au gouvernement et dans le secteur privé — peuvent s'exprimer librement si elles ont un motif d'inquiétude, et dans un tel cas, nous serions beaucoup plus en sécurité qu'aujourd'hui. Il existe une preuve statistique convaincante en provenance d'autres secteurs qui indique que la dénonciation peut constituer le moyen le plus efficace que nous avons pour exposer les problèmes et les actes répréhensibles.
Certains d'entre vous doivent penser, eh bien, les gens ne devraient-ils pas s'exprimer de toute manière? Pourquoi ont-ils besoin de protection? Mais j'aimerais mettre l'accent sur le fait que d'habitude, une personne qui essaye d'attirer l'attention de ses patrons concernant certaines préoccupations ne veut pas avoir à craindre des représailles brutales et calculées — des tentatives de l'isoler, de faire en sorte que ses collègues aient peur de lui parler, et des humiliations. Habituellement, cette violence et cette intimidation se poursuivent jusqu'à ce que l'employé n'en puisse plus. À un moment donné, son médecin lui dira « vous ne pouvez plus retourner au travail, car cela est en train de vous tuer. » À ce moment, l'organisation a réussi à se débarrasser de l'employé et à le réduire au silence.
Cela va encore plus loin, car très souvent les employeurs mettent tout en oeuvre pour éviter que le dénonciateur puisse travailler. Alors non seulement l'employé en question perd-il son emploi, mais il met également fin à sa carrière. Un spécialiste américain a fait remarquer qu'habituellement le sort réservé à un ingénieur dans le domaine nucléaire qui fait une dénonciation est qu'il finit comme vendeur chez RadioShack — et je partage tout à fait cette observation.
Les conséquences pour ces personnes et pour leur famille sont énormes: perte de leur gagne-pain, perte de leur carrière, perte de leur résidence, et très souvent perte de leur famille. Et d'habitude, ces personnes finissent par avoir des symptômes de stress post-traumatique, y compris des cauchemars, des mauvais souvenirs, une dépression chronique — et malheureusement, certains d'entre eux en viennent même à s'enlever la vie.
On peut penser que ce type de comportement serait celui en vigueur au sein d'une entreprise dont la rentabilité est menacée, et que ce n'est certainement pas le cas des employeurs du gouvernement. En tant que Canadiens, nous avons appris à avoir confiance en notre gouvernement, mais nous aurions totalement tort de le faire. J'aimerais vous donner tout simplement un ou deux exemples à cet égard.
La fondatrice de l'organisation FAIR est Joanna Gualtieri, qui a dénoncé le gaspillage et les extravagances au sein du ministère des Affaires étrangères au début des années 1990 et qui a ensuite été harcelée jusqu'à ce qu'elle quitte son emploi. Elle a poursuivi ses patrons pour harcèlement, et le procès en est maintenant à sa onzième année. On peut se demander comment une telle procédure peut prendre autant de temps? Eh bien, les avocats du gouvernement, payés par nos impôts, ont inventé plus de 10 500 questions à lui poser et lui ont imposé plus de 30 jours d'interrogatoire préliminaire, alors qu'habituellement un tel interrogatoire ne prend qu'une journée.
Un tel exemple n'est pas rare. Vous avez également entendu parler de Shiv Chopra et des dénonciateurs de Santé Canada qui ont perdu leur emploi après avoir témoigné devant le Sénat. Le Sénat a été incapable de les protéger, et ils ont dû avoir recours aux tribunaux pour essayer de récupérer leur emploi. Leurs audiences ont lieu depuis près de cinq ans.
Au Canada, nous sommes en retard en ce qui concerne la protection des dénonciateurs. La Loi sur la protection des fonctionnaires divulgateurs d'actes répréhensibles est entrée en vigueur en 2007, elle était destinée à offrir une protection à toute épreuve aux dénonciateurs, et elle devait devenir le mont Everest de la législation sur la protection des dénonciateurs dans le monde. Malheureusement, ces prétentions semblent être assez ridicules aujourd'hui. Nous avons un commissaire à l'intégrité du secteur public qui est un agent du Parlement. La commissaire a un nombre important d'employés et un budget de 6,5 millions de dollars, et après deux ans de fonctionnement, son bureau n'a pas trouvé le moindre exemple d'acte répréhensible dans toute la fonction publique fédérale. Nous pensons donc qu'au Canada, les dénonciateurs ne sont aucunement protégés, et qu'il n'existe même pas un semblant de protection pour eux dans le secteur privé.
Avant de vous quitter, je vais vous laisser un message très simple, qui est fondé sur deux décennies d'expériences que j'ai eues avec les systèmes de gestion et qui a été formulé à la suite de ce que j'ai appris sur la dénonciation au cours des cinq dernières années environ. Si vous devez vous souvenir de quelque chose, je vous en prie, souvenez-vous de ceci. Selon moi, à moins que nous créions une protection efficace pour les dénonciateurs qui travaillent dans l'industrie alimentaire, des fonctionnaires qui élaborent des politiques et supervisent l'industrie jusqu'aux gestionnaires et travailleurs des chaînes de production, les Canadiens continueront de mourir inutilement en raison de lacunes qui auraient pu être évitées dans le cadre de l'approvisionnement alimentaire.
Je ne prétends pas qu'il s'agit d'une solution globale. Il est évident qu'il reste beaucoup de choses à faire. Mais je dis que c'est un élément très important qui peut fournir un filet de sécurité lorsque tout le reste va mal.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Merci aussi à la greffière d’avoir fourni l’information qui a ressuscité le canard à trois pattes qui avait fait connaître les documents de l’ACIA dont je parlais la semaine dernière. J’ai dû me tromper. Le canard n'était pas mort et il a réussi à faire son bout de chemin, malgré ses trois pattes.
Monsieur Hutton, j’ai une question au sujet des systèmes fondés là-dessus. J’avais demandé à M. Cameron Prince, qui est vice-président de l’ACIA, de me transmettre de la documentation sur le système de vérification de la conformité. Il m’a dit qu’il le ferait volontiers, et j’ai reçu la documentation à la fin de la semaine dernière. Je demandais notamment si, selon les listes de l’agence, les cinq tâches du système de vérification de la conformité avaient bien été effectuées.
Selon le document, les tâches qui ont été effectuées par le système entre avril 2008 et janvier 2009 — je ne sais pas si vous avez ce document, je vais donc vous citer les paragraphes 1, 2, 3 et 5 — sont au nombre de 135 457, et 134 764 avaient été prévues. Autrement dit, il y en a eu plus de 100 p. 100.
Au paragraphe 4, qui porte sur la conception du système et la réévaluation, c’est-à-dire une nouvelle évaluation, on renvoie le lecteur à une note explicative qui dit que :
Les tâches de vérification du paragraphe 4 sont des évaluations périodiques et intégrales des systèmes d'assurance de la qualité de l'entreprise qui sont effectuées par des spécialistes de la sécurité des aliments, une fois tous les deux ans. L’ACIA n'a pas, pour l'instant, de données complètes sur les tâches prévues au paragraphe 4 car celles-ci étaient planifiées sur une période de deux ans qui se termine le 31 mars 2010.
Donc, si je calcule bien, l'agence n'a pas dû commencer ces tâches avant mars de l'an dernier. Elle dit ne pas pouvoir nous fournir de rapport provisoire et que, étant donné que le système est planifié sur deux ans, il faut attendre jusqu'à la fin.
Vous paraît-il normal, quand un système connaît une grave crise comme celle de l'an dernier, qui a fait 22 morts, vous paraît-il normal, donc, que le système ne soit pas programmé pour indiquer: « Voilà ce que nous constatons à partir des données que nous avons en date d'aujourd'hui, même si ces données sont incomplètes. »? Est-il normal qu'on ne puisse pas au moins extraire des données à partir de cette tâche?