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Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, merci.
Merci d'avoir invité la Coalition canadienne de la filière alimentaire pour la salubrité des aliments à participer à vos audiences sur ce sujet de grande importance.
La coalition a été créée en décembre 2000, puis constituée en société en 2007, afin d'agir à titre de porte-parole efficace de la filière alimentaire auprès du grand public et des gouvernements dans les dossiers de la salubrité alimentaire concernant l'ensemble du secteur. La coalition compte parmi ses membres les associations nationales, provinciales et régionales de l'industrie agroalimentaire, ainsi que les entreprises qui fournissent des services au secteur.
Comme vous pourrez le constater en parcourant la liste des membres en annexe de notre mémoire, elle représente chacun des maillons de la filière alimentaire, depuis les fournisseurs d'intrants, les producteurs primaires, les transporteurs, les transformateurs, les fabricants et les importateurs, jusqu'aux négociants sur les marchés d'écoulement, sur les marchés étrangers, dans les commerces de détail et dans les entreprises de restauration.
La coalition a pour mission de faciliter, par la discussion au sein de l'industrie alimentaire et avec tous les ordres de gouvernement, l'élaboration et la mise en oeuvre d'une approche nationale concertée pour la salubrité des aliments afin d'établir une solide crédibilité sur les marchés nationaux et internationaux.
Au cours des huit dernières années, la coalition a participé activement à des consultations avec des ministres et des représentants officiels de tous les paliers et avec des représentants de l'industrie en vue de déterminer l'organisation future du régime canadien de salubrité alimentaire. Nous percevons le travail du Sous-comité sur la salubrité alimentaire comme une autre précieuse occasion de poursuivre les efforts en vue de réaliser notre vision: les secteurs canadiens de l'agriculture, de l'aquiculture et de l'alimentation seront réputés dans le monde entier pour leur production et leur commercialisation d'aliments sains.
En mars 2009, la coalition a complété un projet d'un an visant l'élaboration d'une stratégie nationale pour les programmes de salubrité alimentaire dirigés par l'industrie. Des versions françaises et anglaises ont été distribuées avant cette séance.
Les organisations participantes, membres de la coalition et autres, qui ont travaillé à la rédaction de la stratégie ont convenu que celle-ci devait être fondée sur quatre principes directeurs.
Selon le premier principe, la salubrité alimentaire est une responsabilité qui incombe à tous les participants de la filière alimentaire, à tous les ordres de gouvernement et aux consommateurs.
Selon le deuxième principe, tous les ordres de gouvernement, l'industrie agroalimentaire et les autres parties prenantes devraient favoriser et faciliter l'établissement d'une approche nationale intégrée et coordonnée à l'égard des politiques et de la réglementation concernant la salubrité alimentaire basée sur des principes objectifs d'évaluation scientifique et de gestion des risques, ainsi que sur des normes internationales.
Notre troisième principe soutient que les initiatives de l'industrie et des gouvernements relatives à la salubrité alimentaire devraient encourager les entreprises et l'ensemble de la filière alimentaire à mettre en oeuvre le HACCP ou des systèmes de salubrité alimentaire basés sur le HACCP.
Enfin, notre quatrième principe dispose qu'il incombe aux entreprises alimentaires, aux gouvernements et aux autres parties prenantes de fournir les ressources financières adéquates, de gérer de façon proactive, d'actualiser, d'entretenir et d'améliorer continuellement leurs propres systèmes et initiatives en matière de salubrité alimentaire, ainsi que les systèmes et les initiatives communs.
J'aborderai brièvement chacun de ces principes.
Les entreprises de la filière alimentaire reconnaissent qu'elles ont leur part de responsabilité à l'égard de la salubrité alimentaire, responsabilité qu'elles partagent avec les gouvernements et les consommateurs. Leur reconnaissance ou leur sensibilisation à ce chapitre n'est pas récente. Les entreprises agroalimentaires du Canada, de même que leurs associations respectives, ont constamment préconisé cette prise en charge de la salubrité alimentaire, en particulier au cours des deux dernières décennies durant lesquelles les approches au pays et sur la scène internationale ont beaucoup évolué, et ce, à un rythme accéléré. Nous vous demandons d'appuyer ce principe de la responsabilité partagée dans vos recommandations finales.
Nous sommes pleinement conscients que, en vertu de la constitution, la responsabilité relative à la salubrité alimentaire est partagée entre les instances gouvernementales supérieures et qu'elle est, dans certains cas, déléguée à des municipalités ou à des agences provinciales et territoriales. Toutefois, nos membres et les entreprises agroalimentaires qu'ils représentent croient fermement que le Canada devrait avoir une approche nationale à l'égard de la salubrité alimentaire. Les Canadiens et les Canadiennes, peu importe où ils habitent ou font leurs achats, ont le droit d'avoir les mêmes assurances quant à la salubrité des aliments, des assurances qui devraient se baser sur des normes et des attentes communes.
Une conséquence de cette affirmation, c'est qu'il faudra demander aux entreprises agroalimentaires de chaque maillon de la filière alimentaire de fonctionner selon des normes et des attentes communes, parmi et entre les divers territoires de compétence. Bien sûr, nos attentes à l'égard des produits alimentaires importés doivent être les mêmes que pour les produits issus de notre système national.
La stratégie nationale de la coalition établit des buts précis en ce qui a trait à ce principe. Ces mesures incluent la révision de la vision fédérale-provinciale-territoriale d'une approche nationale à l'égard de la salubrité alimentaire, qui a été examinée pour la dernière fois en 1994, en fonction d'un ensemble de principes convenus. Il faudrait instaurer un mécanisme national de prise de décisions concernant les politiques et la réglementation en matière de salubrité alimentaire au Canada. Il faut aussi préciser le rôle et la portée des codes nationaux, ainsi que des programmes dirigés par l'industrie, des objectifs et d'autres exigences en matière de salubrité alimentaire, et intégrer les discussions interministérielles sur la salubrité alimentaire. Enfin, il faut ouvrir les voies de communication entre le gouvernement et les groupes sectoriels afin d'encourager leur collaboration relativement à l'évolution de la politique, des objectifs, des systèmes, etc.
Nous savons que les responsables des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux discutent de l'établissement d'une stratégie nationale pour la salubrité des aliments depuis au moins 2003. En février de cette année, les ministres de l'Agriculture ont demandé l'élaboration d'un plan d'action à ce chapitre. Nous savons aussi que cette approche a été adoptée par l'Australie et au sein de l'Union européenne, et qu'elle est activement discutée aux États-Unis. Il existe des modèles et des pratiques exemplaires employés au sein de systèmes fédéraux ayant des compétences partagées qui peuvent être étudiés et, peut-être, adaptés à nos besoins.
Nous demandons donc aux membres du comité d'appuyer vigoureusement dans le rapport final le principe de l'établissement d'une approche coordonnée à l'échelle nationale à l'égard de la salubrité alimentaire, et d'énoncer des recommandations précises au sujet de la procédure qui pourrait mener à son application.
Dès le début des années 1990, les entreprises agroalimentaires et leurs associations nationales ont travaillé de concert avec les gouvernements à l'élaboration et à la mise en vigueur du HACCP ou de systèmes de salubrité alimentaire basés sur le HACCP. Le Canada est d'ailleurs un pionnier dans le domaine du HACCP, ainsi qu'un important collaborateur dans l'établissement de l'approche internationale par l'entremise de la Commission du Codex Alimentarius. Les systèmes de salubrité alimentaire basés sur le HACCP ont été mis en oeuvre dans des établissements agréés par le gouvernement fédéral, dans certains autres établissements agréés par les gouvernements provinciaux, ainsi que dans divers grands établissements non agréés, plus complexes. Le Canada a aussi fait figure de pionnier dans l'établissement de systèmes de salubrité alimentaire pour les micros, petites et moyennes entreprises qui ne disposent pas des ressources nécessaires à la conception et à la mise en place d'un système HACCP propre à leur établissement.
Au cours des quelque 15 dernières années, les membres de la coalition et diverses associations sectorielles, en étroite collaboration avec le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux et territoriaux, ont établi puis mis en oeuvre des programmes nationaux de salubrité alimentaire basés sur le HACCP pour à peu près tous les segments de la filière alimentaire. Ainsi, l'industrie compte maintenant 22 programmes nationaux de salubrité alimentaire à la ferme, basés sur le HACCP, visant environ 99 p. 100 de la production primaire. Pour d'autres segments de la filière alimentaire, des associations sectorielles ont établi et mis en oeuvre au moins 14 programmes nationaux ou sont en voie de le faire.
La mise en oeuvre de toutes ces initiatives a nécessité des investissements considérables de la part des entreprises agroalimentaires, de leurs associations sectorielles et du gouvernement fédéral. Ces efforts de collaboration ont été si fructueux que les gouvernements ont renouvelé leurs initiatives de financement dans le cadre de Cultivons l'avenir et de l'Initiative canadienne intégrée de salubrité des aliments, dont la création a récemment été annoncée.
Les systèmes HACCP dirigés par l'industrie, ainsi que les systèmes basés sur le HACCP font maintenant partie intégrante de l'approche du Canada à l'égard de la salubrité des aliments. Ces systèmes constituent des compléments nécessaires aux ressources des gouvernements de tous les niveaux pour assurer l'inspection directe et les activités de vérification.
Notre stratégie, détaillée dans notre document, appuie l'investissement continu des entreprises agroalimentaires, de leurs associations respectives et des gouvernements tant dans la mise en oeuvre de ces systèmes que dans leur amélioration continue. Nous vous demandons d'appuyer, dans votre rapport final, le principe de l'application du HACCP ou de systèmes de salubrité alimentaire basés sur le HACCP dans les entreprises de l'ensemble de la filière alimentaire.
L'élaboration de principes est une première étape. Concevoir les outils nécessaires à l'établissement d'une approche nationale coordonnée à l'égard de la salubrité alimentaire tient du défi, mais c'est un défi qu'on peut relever. Veiller à ce que ces systèmes soient suffisamment financés, gérés de façon proactive, actualisés, entretenus et continuellement améliorés constituera la véritable mesure du succès de l'approche canadienne en matière de salubrité alimentaire.
Notre stratégie nationale comporte des buts et des mesures connexes que devront prendre l'industrie, les autres parties prenantes et les gouvernements pour les réaliser. Parmi ces mesures, il faut appuyer les programmes canadiens de salubrité alimentaire en contribuant aux efforts de sensibilisation; renforcer la formation en matière de salubrité alimentaire et l'infrastructure de vérification; accroître le bassin de personnes qualifiées en matière de salubrité alimentaire; assurer une formation de qualité uniforme parmi les spécialistes de la salubrité alimentaire, notamment les experts-conseils et les formateurs, et accroître l'appui des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux aux initiatives relatives à la salubrité alimentaire qui sont dirigées par l'industrie. Nous demandons aux membres du comité d'appuyer aussi ce principe dans leur rapport final et d'y inclure des recommandations visant l'affectation de ressources aux initiatives gouvernementales visant la salubrité alimentaire et l'établissement de l'infrastructure requise pour assurer la mise à jour, l'entretien et l'amélioration des activités de l'industrie.
Pour terminer, la Coalition canadienne de la filière alimentaire pour la salubrité des aliments tient à remercier le sous-comité de l'avoir invitée à faire un exposé. Vos recherches sur la salubrité alimentaire surviennent à un moment important de l'évolution du système canadien. Comme nous l'avons mentionné, les gouvernements — fédéral, provinciaux et territoriaux — étudient activement de nouvelles initiatives relatives à la salubrité alimentaire. En tant que parlementaires, vous vous attendez à ce que des modifications à la Loi sur les aliments et drogues soient de nouveau présentées au cours de la présente session. Les recommandations que vous soumettrez en juin auront d'importantes répercussions.
Nous vous demandons d'étudier avec soin nos recommandations et la teneur de la Stratégie nationale pour les programmes de salubrité alimentaire dirigés par l'industrie que nous vous avons présentée aujourd'hui. Les recommandations de la coalition tiennent compte de l'avis général au sein de la filière agroalimentaire et de nos membres au sujet de l'orientation future à donner au régime de salubrité alimentaire canadien.
Comme dernier point, nous aimerions affirmer, au nom de nos membres, que la coalition est prête à travailler en collaboration avec le sous-comité ou tout autre comité de la Chambre, au fil des changements qui seront apportés au régime canadien de salubrité des aliments.
Je vous remercie beaucoup.
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Je vous remercie de me donner l'occasion de prendre la parole devant vous au nom de la Coalition canadienne de la santé.
Je parlerai peu de mon organisme. Je dirai seulement qu'il est d'envergure national et dans une grande mesure formé de bénévoles, que son personnel est peu nombreux et qu'il est très actif dans diverses provinces, particulièrement en Ontario et en Colombie-Britannique. Il s'occupe de questions liées à la santé publique au sens le plus large.
À la dernière minute, on m'a demandé de prendre la place de M. Michael McBane, qui est retenu ailleurs aujourd'hui. Je dirais donc à mon sujet que je suis écrivain et que j'ai à mon actif six ouvrages portant sur les aliments, l'agriculture, les manipulations génétiques et le rôle dominant joué par les grandes entreprises. Cela fait 30 ans que ma femme et moi publions The Ram's Horn, un bulletin mensuel dans lequel nous analysons les systèmes alimentaires.
Ces dernières années, les médias ont souvent traité de questions liées à la salubrité des aliments. Vous avez certainement entendu parler de bon nombre d'entre elles, qu'il s'agisse de l'encéphalopathie spongiforme bovine — problème qui suscite encore la controverse — ou de la listériose, de la salmonellose, de la grippe aviaire ou de la plus récente, la pandémie de grippe porcine H1N1.
Il est très tentant de concentrer la discussion sur certaines maladies particulières et sur la manière dont elles ont été traitées ou non. Telle n'est pas mon intention, car ces problèmes de santé sont tous le résultat manifeste de la manière dont nous avons permis que se construise et s'organise notre système alimentaire. Examiner à la pièce les maladies et les enjeux liés à la santé me fait penser à cette histoire où quelqu'un sauve à répétition des bébés lancés dans une rivière, mais sans se demander d'abord qui les jette à l'eau.
Le ministre de la Sécurité publique, M. Peter Van Loan a ainsi résumé les raisons pour lesquelles le gouvernement a décidé de fermer six prisons agricoles: « ... c'est un fait que le genre d'agriculture auquel on s'adonne dans les prisons agricoles n'a absolument rien à voir avec l'agriculture moderne de haute technologie et à haute intensité de capital ».
M. Van Loan a peut-être raison, mais ce n'est pas l'agriculture moderne de haute technologie et à haute intensité de capital qui nourrit aujourd'hui la plus grande partie des habitants de la planète, ni ne l'a jamais fait. C'est plutôt grâce à la diversité croissante des aliments destinés aux populations locales que le monde se nourrit. Or, l'agriculture pratiquée dans les prisons agricoles, qui fournit des aliments tant aux détenus qu'aux collectivités environnantes, se rapproche davantage de ces agricultures vivrières mondiales que du système agricole de haute technologie mentionné par M. Van Loan.
L'ACIA a été créée en 1997. Je me souviens des discussions ayant entouré sa création et toutes les questions connexes. À mon avis, elle est demeurée fidèle à son mandat implicite, à savoir de servir l'agriculture moderne de haute technologie et à haute intensité de capital. C'est justement là qu'on trouve l'origine des problèmes de salubrité des aliments et de santé publique sur lesquels votre comité se penche en ce moment. Ce sont en effet les structures et les pratiques industrialisées de l'agriculture, de la transformation des aliments et de leur distribution qui sont la cause des problèmes de santé publique que l'ACIA tente de régler et qui en multiplient les effets. Toutefois, l'ACIA est entravée dans son travail étant donné le mandat qui lui a été donné de favoriser et de protéger le système agricole industrialisé. Elle a donc plutôt tenté de redorer son image publique en s'efforçant de rehausser le niveau des petites entreprises agricoles locales et régionales de production, de transformation et de distribution, et de réglementer plus ou moins ces dernières de manière à les acculer à la fermeture, au profit des très grandes compagnies agroalimentaires centralisées et axées sur l'exportation.
On trouve un exemple très net de cela dans la manière dont l'ACIA a traité les petits abattoirs locaux ou dont elle a interdit la vente d'oeufs frais aux marchés locaux, à moins que ces produits n'aient d'abord subi le classement obligatoire qu'on impose aux grandes entreprises de 60 000 oiseaux reproducteurs. La même chose vaut pour les industries porcine, bovine et tout le reste.
En fait, des maladies comme la grive aviaire sont la résultante de la production de volailles intensive, à grande échelle et industrielle, que ce soit en Malaisie ou au Canada, et non de petits élevages en basse-cour où que ce soit dans le monde. Demandez-le aux agriculteurs de la vallée du Fraser en Colombie-Britannique.
Des bactéries et des virus tels que la listeria, la salmonelle et des maladies comme la grippe aviaire et la grippe porcine sont la conséquence inévitable de la production à grande échelle de viande, d'oeufs et même de légumes. Les monocultures, quelles qu'elles soient, prêtent nécessairement flanc à des infestations opportunistes. N'oublions pas non plus les conditions dans lesquelles s'effectue la production intensive, comme dans l'élevage des volailles, des porcins et des bovins de parc d'engraissement; tout cela est un terrain propice à la contagion par toutes sortes d'hôtes dangereux.
Aucune mesure sanitaire prise en aval ni aucune réglementation ne réussira à changer cela. Si la santé publique, l'efficacité et l'écologie étaient à l'ordre du jour d'une agence ayant pour mandat de protéger et d'améliorer la santé des Canadiens et la salubrité de nos aliments, il faudrait que cette dernière réclame la refonte totale de notre système de production industrielle et la fin de la main-mise par une poignée de très grandes entreprises.
À chaque maillon de la chaîne alimentaire, des semences jusqu'aux supermarchés, trois grandes sociétés tiennent les leviers de commande, des sociétés qui sont tenues de se soucier avant tout des intérêts de leurs actionnaires, non de ceux de la population. Telles sont d'ailleurs leurs responsabilités, tant juridiques que fiduciaires. Ce sont donc les intérêts de ces géants qui sont servis et protégés par Agriculture et Agroalimentaire Canada et l'ACIA. C'est à cela que se ramène la modernisation de la réglementation des semences, la simplification du processus réglementaire, l'élimination des obstacles à l'innovation et l'autoréglementation: l'enrichissement des grandes sociétés, non la santé des populations.
Les agriculteurs et les simples citoyens qui jardinent pour se nourrir et pour nourrir leurs voisins et pour alimenter les marchés locaux ne vont pas s'empoisonner, ni empoisonner leurs clients. Il est très peu probable que leurs méthodes de travail soient propices aux maladies. On les repérerait sans tarder et ils devraient mettre fin à leurs activités. Après tout, la confiance est le fondement de toute économie qui fonctionne bien.
Les grandes exploitations de l'agriculture industrielle et les immenses entreprises de transformation de la viande peuvent effacer les millions de dollars qu'elles perdent en conséquence de l'éclosion de maladies causées par leurs produits. Elles peuvent reprendre là où elles ont laissé les choses, pourvu qu'à la demande de l'ACIA, elles apportent de légères modifications à leur système d'exploitation —un ou deux autres processus d'inspection. Or, l'ACIA n'a justement plus les moyens de veiller à ce qu'on se conforme à ses règles. La seule chose qu'on peut se demander maintenant, c'est quand aura lieu la prochaine éclosion?
J'estime qu'il est grandement temps, en fait plus que temps de démanteler le système alimentaire industriel mondial, ce au nom de la santé publique et de l'environnement du monde entier. Il est temps de mettre sur pied une agence publique qui se consacrera à l'agriculture écologique, y compris la diversité biologique et animale, les aliments sains, la production agricole pour les marchés locaux et régionaux — non pour l'exportation — et la garantie d'une alimentation de base pour tous. Autrement dit, son objectif sera donc la réalisation d'un véritable système alimentaire qui se soucie de la santé publique.
Je n'ignore pas qu'un tel défi est de taille, mais il est temps qu'Agriculture Canada et l'ACIA cessent d'être au service des grandes sociétés. Il est temps de jeter les nouvelles bases de nos politiques agricoles et agroalimentaires, soit des sols sains, une eau pure et une agriculture écologique. Les problèmes liés à la salubrité alimentaire disparaîtraient dans une grande mesure et tant les collectivités que les économies locales seraient florissantes, tout en fournissant à tous des aliments sains. La tâche que je vous propose est considérable mais essentielle, car nécessaire à notre époque.
Il me fera plaisir de discuter de ces questions avec quiconque le voudra, et je vous remercie de m'avoir permis de vous faire ces remarques.
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Eh bien, cela fait très longtemps que cette mèche pousse, et aussi longtemps que l'autre devient de plus en plus clairsemée.
Ce que nous cherchons à obtenir, c'est que les gouvernements s'engagent à agir en ce sens. Dans le passé, ils ont pris diverses initiatives, comme par exemple, demander qu'on rédige des codes nationaux, qu'ils portent sur l'horticulture, l'industrie laitière ou le commerce de détail et la restauration. On a cependant observé que les provinces tiraient de l'arrière par rapport à de tels objectifs. Dans certains cas, c'était parce qu'on ne trouvait pas de moment à leur consacrer dans le calendrier législatif, dans d'autres cas, c'était pour d'autres raisons. Quoi qu'il en soit, on constate peu de progrès.
Nous aimerions d'abord que les ministres de l'Agriculture ou de l'Agroalimentaire et les ministres de la Santé souscrivent fermement au principe d'une démarche coordonnée et, en second lieu, lancent des discussions sur les moyens d'y parvenir, auxquelles eux-mêmes participeraient ainsi que leurs gouvernements, les parties prenantes de l'industrie et les autres parties intéressées et les consommateurs.
Ainsi que notre mémoire le soulignait, nous avons observé des exemples de moyens très intéressants à prendre. Quant à savoir s'ils s'adapteraient bien à notre situation au Canada, compte tenu des difficultés que nous connaissons et de notre histoire, cela reste à voir. J'estime tout de même qu'il y aurait moyen de faire de grandes avancées. Si on réussissait, certains écarts demeureraient probablement, peut-être à l'échelle régionale, mais plus vraisemblablement à l'échelle provinciale. Pour ma part, bien que je répugne à employer l'expression « normes minimales », j'aimerais bien qu'on se dote de ce genre de normes et de démarches de base en matière de salubrité des aliments à l'échelle nationale. De cette manière, tous les acteurs de l'industrie dans l'ensemble du pays, qu'il s'agisse d'agriculteurs, d'agrofournisseurs, de manufacturiers, de détaillants ou de restaurateurs, pourraient s'entendre sur l'objectif à atteindre et agir en même temps.
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Merci de votre question, qui est très pertinente.
Ma femme et moi avons été agriculteurs pendant 15 ans. Nous avons élevé nos enfants à la ferme. Nous avons élevé des moutons et des agneaux pour le marché. Dès le début, parce que nous n'avions aucune expérience, j'ai demandé au représentant local ce que nous devions faire. Il m'a recommandé de cultiver du maïs. Or, nous cultivions un sol alluvial en Nouvelle-Écosse, et la pire chose à faire, c'est de perturber les pierres. Toutefois, comme la province avait un programme uniforme de culture du maïs, c'est ce qu'on recommandait à tous de faire cette année-là.
Cela a été une bonne introduction et une bonne leçon pour nous.
Cependant, au fil des ans, nous avons constaté que le gouvernement fédéral se retirait graduellement de l'agriculture. Aujourd'hui, si je devais demander au représentant local de me donner des conseils, je devrais m'adresser à quelqu'un qui travaille pour Cargill ou pour une des autres firmes agroalimentaires et qui, bien sûr, aurait un produit à vendre. Cela résume bien l'évolution de la situation au cours des 30 dernières années.
Le gouvernement a donc privatisé dans une certaine mesure ses responsabilités en matière d'agriculture. Il s'occupe maintenant de sélection des végétaux et essaie généralement de... Si vous voulez faire de la recherche, il vous faut un partenaire du secteur privé. Ce sont donc toujours les priorités du secteur privé qui priment.
Ce que nous réclamons, c'est une véritable politique agricole fédérale, une politique agroalimentaire fondée sur la santé et le bien-être des Canadiens et de l'économie canadienne, sur la production locale pour la consommation locale et sur la réduction...
Dans mon premier livre, en fait, je décris les caractéristiques de notre système industriel qui n'a fait qu'accroître la distance qui sépare les gens du lieu de production de leurs aliments. Nous assistons maintenant, à l'échelle du pays, à une préférence pour les aliments de proximité, pour la consommation d'aliments produits localement.
Le gouvernement fédéral a une énorme responsabilité qu'il doit assumer au nom de la population canadienne. Il doit revoir... Je ne devrais pas dire revoir, car je crois que nous devons tout recommencer et repenser l'agriculture. La politique actuelle est axée sur l'exportation et la balance commerciale, et non pas sur la santé publique. Je crois que c'est fondamental. Il faut reformuler le mandat de base.
Par exemple, au chapitre de la sélection des végétaux et de la science animale, il s'agirait de lancer des programmes dans l'intérêt public, qui ont l'appui du public. Cela impliquerait aussi un autre genre d'éducation— et encore là, cela devrait se faire de concert avec toutes les provinces. Je ne préconise pas un programme uniforme à l'échelle du pays, mais plutôt des programmes qui répondraient à certains critères, à certaines normes et qui seraient adaptés, comme la ferme, à l'écologie locale. Quel genre d'agriculture commandent les Prairies? Que fait-on dans les Maritimes, ou en ce qui concerne les pêches côtières en Colombie-Britannique ou la pêche intérieure au Manitoba?
Cela devrait se faire en collaboration avec Santé Canada. La santé, comme nous l'entendons, doit commencer par des aliments sains. Il est intéressant de noter que presque tous les gens avec qui nous nous sommes entretenus et qui avaient été atteints du cancer sont passés à l'alimentation biologique.
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Je suis toujours intrigué quand des témoins viennent s'exprimer devant le comité. Tout le monde parle d'un système pour la salubrité alimentaire fondé sur des faits scientifiques et s'appuie sur le HACCP de bien des façons, dans le sens que... Je ne veux pas dire qu'il s'agit d'une béquille, mais il semble que ce soit un mécanisme de soutien soi-disant fondé sur des faits scientifiques.
La semaine dernière, nous avons entendu un témoin qui a parlé des systèmes et de l'analyse des systèmes. En fait, il a longtemps travaillé dans ce domaine. Nombre de vos membres ont probablement retenu ses services, au fil des années, pour examiner leurs systèmes. Il nous a parlé de la façon dont les systèmes font défaut.
À mon avis, on s'appuie trop sur les systèmes fondés sur les faits scientifiques, ce qui mène à des attentes excessives parce qu'on pense que, puisqu'il s'agit d'un système fondé sur les faits scientifiques, tout fonctionnera bien. Ce système HACCP, qui comprend un système de vérification de la conformité, fait partie d'un modèle que tous ont accepté. En fait, je dirais même que les membres de votre coalition en étaient probablement de fervents partisans. Pourtant, ils l'ont mis en oeuvre dans le cadre d'un projet pilote, et personne n'a vérifié s'il fonctionnait.
J'ai fait des études scientifiques à l'université, mais je suis loin d'être un scientifique. Selon moi, si vous mettez à l'essai un système et qu'il est censé donner un résultat précis, vous adoptez un peu la même démarche que si vous effectuez une expérience et que vous utilisez une hypothèse. Vous commencez par une hypothèse. Vous employez une méthodologie, vous menez l'expérience, puis vous vérifiez le tout et arrivez à une conclusion. Mais sans vérification, comment pouvez-vous savoir que cela a fonctionné?
Si vous voulez adopter une démarche scientifique et qu'un aspect vérification est inclus dans votre programme fondé sur les faits scientifiques, mais que vous n'effectuez jamais cette vérification pour déterminer si le système fonctionne vraiment, pouvez-vous vraiment parler de science? Est-ce un système fondé sur les faits scientifiques ou un système qui n'en a que l'appellation? Quand les gens constatent les termes utilisés, ils se disent: « Oh, ce doit être fiable parce que c'est scientifique ». En réalité, ce système est une coquille vide.
Comment élaborer ce système, comment s'assurer que tout le monde s'entend sur la façon de faire, que les vérifications sont faites et que tout le monde s'entend sur cet aspect, pour que le système élaboré soit réellement fondé sur des faits scientifiques, et non pas sur les désirs de quelqu'un en particulier?
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Il y a plus d'une façon de répondre à cette question. Nous ne sommes pas entrés encore dans ces détails parce que nous avons déjà dit qu'il nous fallait avoir une excellente discussion quant au modèle qu'il nous faudrait retenir et aux engagements qui devraient être pris par tous les intervenants. Nous essayons de convaincre les gouvernements d'accepter que ces discussions doivent d'abord avoir lieu. Puis, nous pourrons passer à la création du modèle.
À l'évidence, les divers paliers ont des responsabilités et des budgets, toutes sortes de choses du genre, dont ils doivent tenir compte mais, s'ils donnaient à la salubrité alimentaire la priorité — nous aurions alors, à notre avis, une stratégie nationale et un mécanisme décisionnel national — ils affecteraient sans aucun doute les ressources nécessaires à ce dossier.
J'aimerais également signaler pour répondre à votre question que pendant un forum organisé par la coalition en collaboration avec les représentants des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux et les représentants de l'industrie en 2003, on a déterminé qu'il nous fallait un consensus ou une entente nationale, peu importe comment on l'appelle, soit une norme commune pour les qualifications et les compétences exigées des vérificateurs de la salubrité alimentaire, que ces vérificateurs s'occupent de programmes de certification et de vérification par des tiers pour des compagnies ou qu'ils travaillent pour les gouvernements fédéral, provinciaux ou territoriaux ou encore pour des administrations municipales.
Vous noterez que dans notre stratégie nationale, achevée à la fin du mois de mars, nous faisons toujours la promotion de cette idée parce que, six ans plus tard, nous n'avons toujours pas pu convaincre les gouvernements — le gouvernement fédéral, les provinces ou les territoires — qu'il s'agit là d'une chose essentielle.
Il y a donc des questions d'infrastructure du genre qui doivent être réglées avant qu'on soit assuré de la qualité et des compétences des personnes chargées dans l'industrie et au gouvernement des vérifications, etc. Je ne dis pas que ceux qui occupent ces postes sont incompétents; je dis simplement que nous devons nous entendre sur des normes de compétence. Tout cela permettra à tous les Canadiens, aux intervenants du secteur agroalimentaire, aux gouvernements ainsi qu'à nos clients à l'extérieur du Canada d'avoir une plus grande confiance dans notre système.
Il s'agit là simplement d'un exemple d'une longue liste de choses qui figurent dans notre document de stratégie nationale. Pour revenir à la question de Mme Bennett sur nos suggestions, vous trouverez une longue liste de suggestions dans ce document.
Je représente aujourd'hui la Fédération canadienne de l'agriculture. Je suis coprésidente du Comité sur la salubrité alimentaire.
J'aimerais d'entrée de jeu signaler que l'industrie canadienne de l'agriculture et de l'agroalimentaire produit des aliments salubres, de haute qualité et écologiquement viables. Depuis le début des années 1990, les agriculteurs canadiens, en partenariat avec les gouvernements, ont pris l'initiative de concevoir des systèmes nationaux à l'appui de notre engagement en matière de salubrité des aliments et ils ont travaillé avec Agriculture et Agroalimentaire Canada et l'Agence canadienne d'inspection des aliments pour élaborer l'approche canadienne de salubrité des aliments à la ferme.
L'approche canadienne repose sur la conception de programmes nationaux vérifiables propres à chaque type de produit ainsi que sur l'élaboration des stratégies et des outils nécessaires pour sensibiliser les producteurs et pour mettre en oeuvre des initiatives de salubrité des aliments à la ferme conformes à l'analyse des risques et à la maîtrise des points critiques (HACCP) du Codex Alimentarius ainsi qu'au Programme de reconnaissance de la salubrité des aliments à la ferme de l'ACIA.
AAC co-finance les programmes nationaux de salubrité des aliments à la ferme et participe à leur conception ainsi qu'à leur mise en oeuvre depuis 1997. Bien qu'aucun système de salubrité des aliments ne puisse éliminer totalement les risques, la Fédération canadienne de l'agriculture a pour objectif premier d'assurer la conception soutenue de systèmes forts et viables de salubrité des aliments à la ferme, de traçabilité et de santé animale pilotés par l'industrie dans l'intérêt supérieur de la population canadienne. Nous vous remercions de nous offrir la possibilité de nous adresser aux membres du comité sur certaines des exigences essentielles que nous croyons nécessaires pour maintenir les acquis.
Les agriculteurs canadiens ont pris l'initiative de concevoir des systèmes nationaux pour la salubrité des aliments, mais leur mise en oeuvre et leur gestion sont coûteuses. Ces initiatives contribuent au bien-être des Canadiens, mais n'ont généré que peu ou pas de profits sur le marché. Les aliments salubres ne comportent pas de valeur ajoutée. Les revenus déjà faibles des agriculteurs menacent la viabilité de ces systèmes de salubrité. Le maintien et la consolidation de ces systèmes exigent un engagement financier ainsi qu'un partenariat permanents de la population et des gouvernements. La Fédération canadienne de l'agriculture préconise également un soutien gouvernemental pour améliorer la réputation du Canada en tant que fournisseur d'aliments salubres de haute qualité au moyen d'un plan de communication financé par le gouvernement qui ferait connaître, à l'échelle nationale et internationale, les excellents systèmes de salubrité et de qualité des aliments mis en oeuvre par les producteurs canadiens. Ce plan contribuerait à dégager une valeur de marché pour les initiatives mises en place par l'industrie et à appuyer la compétitivité de l'agriculture canadienne.
Passons au leadership de l'industrie, ainsi qu'aux partenariats entre l'industrie et le gouvernement. Grâce au Programme canadien de salubrité des aliments à la ferme, de 1997 à 2004, et au Programme canadien de salubrité et de qualité des aliments par la suite, les producteurs canadiens, en collaboration avec AAC et l'ACIA, ont dirigé et conçu de façon proactive l'approche scientifique canadienne de salubrité des aliments à la ferme. C'est grâce à ce leadership de l'industrie que 19 groupements de producteurs spécialisés avec 22 programmes propres à chaque type de produit couvrant 99 p. 100 de la production canadienne ont maintenant terminé ou sont en train de terminer les phases de conception de leurs systèmes de salubrité des aliments à la ferme fondés sur l'analyse des risques et la maîtrise des points critiques.
Les producteurs craignent toute augmentation des coûts dans un marché très concurrentiel. Ils sont également très préoccupés par l'administration, la réglementation et la réduction des coûts par l'État. Cependant, ils sont aussi pleinement conscients du besoin d'assurer la salubrité de leurs produits. Pour ces raisons, l'industrie doit continuer d'assumer son rôle de leader en salubrité des aliments à la ferme et d'élaborer un partenariat solide avec les gouvernements.
Avec la collaboration de la FCA, des organisations nationales de produits et du Groupe de travail canadien sur la salubrité des aliments à la ferme, la conception de systèmes de salubrité des aliments à la ferme a été un succès; ces systèmes permettent une affectation efficace de fonds, la réalisation de recherches de l'industrie, l'obtention de l'appui des producteurs par leur propre organisation et la reddition de comptes aux Canadiens au moyen de vérifications annuelles des finances et de la conformité effectuées par des tiers.
Selon la FCA, sans ce partenariat, les grands progrès, l'appui des producteurs, et enfin, le succès de la conception de systèmes de salubrité des aliments à la ferme n'auraient pas été possibles. À ce jour, il s'agit d'un excellent exemple de l'efficacité des partenariats de l'industrie et de l'État pour offrir des services tout en permettant aux contribuables de réaliser des économies.
Les programmes de salubrité des aliments à la ferme ne sont efficaces que s'ils sont appliqués. La FCA croit qu'il est impératif que les organisations nationales de producteurs et leurs pendants provinciaux puissent compter sur un programme de mise en oeuvre à la ferme solide et bien financé pour appliquer les systèmes nationaux de salubrité des aliments. La FCA encourage l'établissement de systèmes de mesures incitatives pour les initiatives de salubrité des aliments et elle est fermement convaincue que des programmes souples de mesures incitatives sont beaucoup plus efficaces pour accomplir des progrès que des démarches réglementaires rigides. Cependant, les programmes relevant maintenant des provinces et non plus du gouvernement fédéral, par suite de Cultivons l'avenir, on craint que l'accès au financement soit inégal d'une province à l'autre et que, pour cette raison, les programmes de sécurité des aliments ne soient pas mis en oeuvre de façon homogène.
Voici les recommandations de la FCA, pendant la transition du Cadre stratégique pour l'agriculture au programme Cultivons l'avenir: la rationalisation considérable du processus d'approbation, du traitement ou des ententes pour améliorer la capacité d'obtenir rapidement des contrats ou des prolongations; beaucoup plus de souplesse pour l'utilisation des fonds dans les secteurs de la formation, des ressources humaines, de l'achat d'équipement et du recouvrement total des coûts de vérification; la FCA recommande également que le Canada cherche à préciser la notion d'équivalence afin que les pays permettent davantage les importations provenant de pays exportateurs dont la protection en matière de salubrité des aliments assurée par les programmes d'inspection est au moins équivalente à celle de l'importateur, même si la procédure diffère à certains égards.
La traçabilité est la capacité, en tout point de la chaîne d'approvisionnement, de retracer l'historique des animaux et des produits; elle est un outil important pour l'agriculture. La conception et la mise en oeuvre de systèmes de traçabilité dans les domaines de la protection de la santé végétale et animale ainsi que de la salubrité des aliments contribuent de façon appréciable au bien public. De nombreuses initiatives sont actuellement en cours pour mettre en oeuvre des systèmes de traçabilité à l'échelle de la ferme et dans toute la chaîne. Cependant, employées seules, les normes de traçabilité ne rendent pas les aliments salubres, elles ne font qu'aider à les retracer.
La FCA s'est félicitée de la décision du ministre de l'Agriculture fédéral ainsi que des ministres de l'Agriculture provinciaux et territoriaux d'élaborer et de mettre en oeuvre un système national de traçabilité pour le secteur agroalimentaire au Canada et elle a réclamé un système qui comprend toute la production alimentaire, y compris la production primaire, et qui suit la chaîne de valeur, s'appuyant sur des normes nationales.
En plus d'être avantageux pour le gouvernement sur le plan de la protection de la population, un système national d'identification et de traçabilité constituera un mécanisme de gestion des risques qui pourra grandement améliorer la compétitivité de notre industrie puisqu'il permettra de repérer les sources de contamination, de raccourcir le délai d'intervention en cas de crise et réduire au minimum les répercussions économiques que pourra avoir une épidémie causée par un animal ou une plante de l'étranger ou encore une crise de salubrité des aliments au Canada. La réduction des répercussions économiques permet de réduire la dépendance de l'industrie à l'égard des programmes de gestion des risques de l'État. Une agro-industrie performante est bénéfique pour l'économie du pays.
Un système de traçabilité national permettra à l'industrie de saisir les occasions de renforcer l'accès à nos marchés nationaux et à nos marchés d'exportation tout en répondant au besoin grandissant des consommateurs à l'échelle mondiale de connaître l'origine de leurs aliments. Il appuiera également les systèmes canadiens de salubrité des aliments à la ferme et soutiendra les efforts visant à éradiquer les maladies animales et végétales indigènes ainsi qu'à éliminer les incursions des maladies animales étrangères.
Il est donc important que les gouvernements fassent preuve de leadership et offrent leur soutien pour s'assurer du bon fonctionnement des diverses initiatives de traçabilité et qu'ils soient en mesure de communiquer entre eux. Les gouvernements doivent également aider l'industrie en cas d'incidents entraînant des pertes commerciales ou lors d'une indemnisation. En ce qui a trait à la mise en oeuvre, la FCA privilégie les mesures incitatives plutôt qu'un système réglementaire rigide.
La FCA appuie un système national de traçabilité qui est compatible à l'échelle du pays, pour l'ensemble des produits et pour l'ensemble de la chaîne de valeur, un système qui est aussi compatible technologiquement avec les normes internationales. Pour conclure, nous aimerions remercier le comité de nous avoir donné l'occasion de traiter de cette importante question.
Les recommandations que vous ferez en juin auront une incidence considérable sur l'industrie alimentaire. Nous espérons que vous tiendrez compte de nos commentaires et que vous vous appuierez sur les excellents programmes scientifiques canadiens de salubrité des aliments à la ferme. La FCA et ses membres se sont engagés à travailler avec le gouvernement et tous les intervenants pour renforcer davantage le système de salubrité des aliments au Canada.
Merci.
:
Bonsoir, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du sous-comité.
Je m'appelle Ron Lennox. Je suis vice-président de l'Alliance canadienne du camionnage, fédération qui regroupe les associations provinciales de camionnage du Canada et qui représente quelque 4 500 transporteurs et fournisseurs de l'industrie du camionnage à l'échelle du pays. L'ACA est membre de la Coalition canadienne de la filière alimentaire pour la salubrité des aliments, dont les représentants ont comparu devant vous plus tôt ce soir. Je suis accompagné de John Gyoroky, gestionnaire général des docks et coordonnateur du HACCP auprès d'Erb Transport. Erb est une entreprise de transport familiale sise à New Hamburg, en Ontario, spécialisée dans le transport frigorifique, qui possède un parc constitué de 1 000 remorques frigorifiques, de 500 tracteurs et de 150 camions porteurs; elle emploie quelque 1 200 travailleurs et compte 140 propriétaires-exploitants.
Erb a reçu en 2008 le prix d'excellence en transport décerné par la revue Canadian Transportation & Logistics, ainsi que le prix du meilleur transporteur du géant de l'alimentation Sysco Corporation. Erb Transport a également été un des premiers transporteurs au Canada à adopter le programme de salubrité alimentaire en camionnage HACCP de l'ACA, dont je parlerai dans un instant.
La semaine dernière, j'ai eu le plaisir de comparaître devant le comité plénier de l'agriculture dans le cadre de son étude sur la compétitivité de l'industrie agroalimentaire canadienne. Dans mon exposé, j'ai fait valoir que l'on ne peut pas avoir d'industries agroalimentaires compétitives à moins d'avoir une industrie du camionnage compétitive également. Le constat s'applique aujourd'hui également. En effet, pratiquement tous les produits alimentaires que nous consommons sont transportés par camion à un moment donné, probablement plusieurs fois même. Si vous voulez vous faire une idée complète de l'état de la salubrité alimentaire, vous devez alors examiner tous les maillons de la chaîne d'approvisionnement, et le camionnage est un maillon clé.
Je m'en tiendrai à des remarques très générales. Je veux donner au sous-comité une idée du paysage réglementaire dans lequel évolue l'industrie du camionnage ainsi que des informations générales pour situer le programme de l'ACA qui est fondé sur le système HACCP.
La plupart d'entre vous présents ici ce soir ont entendu la description que j'ai faite la semaine dernière de la nature hautement compétitive du camionnage au Canada: 10 000 transporteurs employant un quart de million de chauffeurs, 375 000 travailleurs en tout et des recettes annuelles de quelque 30 milliards de dollars provenant du secteur du transport pour compte d'autrui. L'industrie dessert pratiquement toutes les localités et les villes du Canada et des États-Unis et représente environ les deux tiers de la valeur des échanges commerciaux entre le Canada et les États-Unis.
À elle seule, la société Erb Transport fournit un service de transport à température régulée à 1 800 expéditeurs, livrant des produits alimentaires à 24 000 destinataires partout au Canada et dans les 48 États américains du Sud. On dit souvent du camionnage que c'est l'industrie déréglementée la plus réglementée du Canada. Les jours de la réglementation économique des frais de camionnage et des itinéraires sont loin derrière nous. Toutefois, les transporteurs doivent toujours se conformer à la réglementation des autorités fédérales et provinciales ainsi qu'à celle des États dans des domaines comme la sécurité routière, l'environnement et les normes de travail. S'il est vrai que l'essentiel de l'industrie du camionnage au Canada est de compétence fédérale, il n'en demeure pas moins que nous sommes assujettis à la réglementation des provinces et des États notamment en ce qui a trait au poids et à la dimension des véhicules, domaine où il existe pas moins de 63 séries d'exigences au Canada et aux États-Unis.
Il en va de même pour l'alimentation, un secteur assujetti aux normes et aux règlements des provinces et de l'État fédéral. La difficulté pour une société de camionnage consiste à se familiariser avec les normes en vigueur dans tous les territoires qu'elle dessert et à s'y conformer. Évidemment, la réglementation gouvernementale n'est qu'un des facteurs qui influencent les pratiques des transporteurs pour le transport salubre des produits alimentaires. La deuxième considération importante est le marché. En effet, les transporteurs vendent leurs services à des expéditeurs de produits alimentaires, et s'ils veulent remporter de nouveaux contrats de fret et conserver leurs clients actuels, ils doivent respecter les normes de service qu'ils négocient avec leurs clients.
S'agissant de l'industrie alimentaire, il n'y a probablement rien de plus important que le respect des exigences des expéditeurs en matière de salubrité alimentaire. Nous avons vu les dégâts irréparables que peut subir un fabricant de produits alimentaires ou un détaillant, sans compter le risque pour la santé de la population, quand un produit alimentaire est assujetti à une contamination chimique, biologique ou physique.
Les expéditeurs de produits alimentaires ont grandement intérêt à s'assurer que les transporteurs dont ils retiennent les services appliquent des normes et des procédures qui font en sorte que leurs véhicules sont adéquatement nettoyés et décontaminés, qu'il n'y a pas de contamination croisée de produits alimentaires avec d'autres marchandises, et que la chaîne frigorifique est maintenue tout au long du processus de transport, du dock de chargement au dock de déchargement. En aval, les destinataires doivent également être assurés que les produits alimentaires qui parviennent à leur dock n'ont pas été contaminés durant le transport et ils doivent avoir des procédures pour surveiller, par exemple, la température des chargements durant le transport.
Je ne suis certainement pas ici pour laisser entendre que le marché est en quelque sorte un substitut pour la réglementation de la salubrité des aliments. Cela dit, pour reprendre ce que j'ai dit devant le comité plénier la semaine dernière, il n'y a probablement pas une industrie plus compétitive au Canada que celle du camionnage. Un transporteur ne fera pas long feu dans cette industrie s'il ne réussit pas à respecter ses obligations envers les expéditeurs dans des domaines d'importance aussi vitale que celle des pratiques de manutention salubre des aliments. Tout n'est pas une question de prix.
Dans la même veine, il existe bien des mesures que les transporteurs peuvent prendre au-delà de la réglementation et des exigences des expéditeurs en matière de salubrité des aliments, notamment le système HACCP. J'aimerais prendre quelques minutes pour vous décrire les activités de l'ACA à cet égard.
En 2001, l'ACA a été pressentie par l'Agence canadienne d'inspection des aliments concernant le Programme canadien d'adaptation aux mesures de salubrité des aliments. L'Agence allait fournir du financement à des associations nationales représentant le secteur non agricole de la chaîne d'approvisionnement pour l'instauration de programmes fondés sur le système HACCP. Notre première question, naturellement, a été de demander ce que signifiait le sigle HACCP, car aucun des employés de l'ACA n'en avait entendu parler. À l'époque, nous nous ressentions encore d'une vague de nouveaux programmes de sécurité instaurés après les attentats du 11 septembre, et la dernière chose dont nous avions vraiment besoin était un autre projet.
Toutefois, à discuter avec l'ACIA, nous avons compris l'importance de deux choses. Premièrement, si l'ACA ne participait pas à l'élaboration d'un programme pour le camionnage fondé sur le système HACCP, quelqu'un d'autre allait le faire à sa place; il valait donc mieux prendre les commandes nous-mêmes plutôt que d'être de simples passagers. Deuxièmement, les programmes fondés sur le système HACCP commençaient à être adoptés par les clients que nous servions, et nous avons donc estimé qu'il était important de donner aux transporteurs un programme qu'ils pourraient adopter et qui cadrerait bien avec ceux des expéditeurs. Nous voulions créer une situation où le transporteur, plutôt que d'avoir à se conformer à de multiples programmes d'expéditeurs, jouirait d'un programme taillé sur mesure pour les besoins de notre industrie.
Je n'entrerai pas dans tous les détails, mais l'ACA a pu obtenir du financement de l'ACIA, puis, plus tard, d'Agriculture et Agroalimentaire Canada dans le cadre de son programme de salubrité et de qualité des aliments afin d'élaborer un programme de salubrité des aliments fondé sur le système HACCP, axé sur les particularités de l'industrie du camionnage. Nous avons donc mis sur pied une équipe consultative composée de transporteurs, d'experts techniques de l'ACIA et d'associations nationales de produits alimentaires comme le Conseil des viandes du Canada, le Conseil canadien des distributeurs en alimentation, l'Association canadienne de la distribution de fruits et légumes et le Conseil des grains du Canada. Bien que la responsabilité générale du projet ait été assumée par l'ACA, l'élaboration du programme a été confiée, par voie de contrat, à Kasar Canada, une société de la Nouvelle-Écosse qui avaient acquis une expertise et une expérience considérables en élaborant et en mettant en oeuvre le PASA et le système HACCP.
Les travaux d'élaboration d'un plan stratégique ont commencé en 2001. Un programme de salubrité alimentaire a été conçu avec le concours du comité consultatif. Un projet pilote a été lancé auprès de 10 transporteurs de l'ensemble du pays desservant différentes composantes de l'industrie alimentaire dont les secteurs des viandes, des produits laitiers, des céréales et des conserves. Le programme a été révisé à la lumière des leçons tirées de la phase pilote, puis présenté plus tard à l'ACIA pour examen technique.
Je suis heureux de noter qu'en février 2005, l'ACIA a informé l'ACA que notre programme de salubrité alimentaire dans le domaine du camionnage, qui consistait en un ensemble d'éléments de base assortis de 10 modules associés à des produits en particulier, répondait aux exigences techniques de l'Agence. L'ACA a ensuite conclu un contrat avec Kasar afin que cette société exécute le programme pour son compte, aide les transporteurs, sous forme de services de consultation, à intégrer le programme de salubrité alimentaire dans le domaine du camionnage à leurs activités et supervise la mise en oeuvre au moyen de vérifications annuelles.
Je serai parfaitement franc avec vous en vous avouant que nous n'avons pas réussi à intégrer le programme fondé sur le système HACCP dans l'ensemble du marché, comme on s'y attendait. À ce jour, nous avons 14 participants certifiés parmi les transporteurs. Certains, dont Erb Transport et Midland de Moncton, au Nouveau-Brunswick, sont d'importants acteurs dans l'industrie du camionnage alimentaire. D'autres, de plus petits transporteurs dans différentes parties du pays, ont également adhéré au programme. Comment l'expliquer? Je vous dirais qu'il y a plusieurs raisons.
Au départ, nous croyions que ce serait les expéditeurs de produits alimentaires qui feraient l'essentiel de la promotion du système HACCP, mais cela semble avoir pris plus de temps à se concrétiser que prévu. De nombreux transporteurs se sont mis en rapport avec Kasar pour se renseigner sur le programme de salubrité alimentaire dans le domaine du camionnage au début, mais ils ont été nombreux à le rejeter en disant « Nous nous conformons déjà à la réglementation. Nous satisfaisons déjà à des exigences supplémentaires que nous imposent nos clients. Nous adopterons le système HACCP le jour où les expéditeurs l'exigeront. »
Les transporteurs ont également fait valoir en examinant le système HACCP qu'ils faisaient déjà l'essentiel qu'exigeait ce dernier, mais qu'ils ne tenaient pas de livres détaillés pour prouver la conformité avec les principes du système HACCP.
Bien que mes informations ne soient qu'anecdotiques, je vous dirais que la tendance semble être en train de se renverser à ce chapitre. Comme M. Gyoroky vous le dira, les fabricants de produits alimentaires clients sont déjà en train d'exiger que des accords relatifs à la salubrité des aliments soient signés avec les transporteurs, y compris au moyen de programmes fondés sur le système HACCP, peut-être en réaction à des incidents impliquant la salubrité des aliments qui ont été très médiatisés, peut-être en réaction à la vive attention accordée à la salubrité des aliments et des produits en général aux États-Unis, ou encore peut-être en réaction à des études comme la vôtre. Quelle que soit la raison, nous commençons à apercevoir des signes positifs.
Nous avons également pensé que si le gouvernement fédéral devait conférer une reconnaissance officielle aux programmes non agricoles fondés sur le système HACCP comme celui de l'ACA, ces programmes auraient plus d'importance aux yeux des expéditeurs. Bien qu'il y ait eu de nombreuses discussions entre des représentants de l'industrie — sous les hospices de la Coalition pour la salubrité alimentaire — et les représentants gouvernementaux de l'ACIA, les discussions n'ont toujours pas abouti à quoi que ce soit de concret.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du sous-comité, je vous remercie de nous avoir permis de comparaître devant vous aujourd'hui. M. Gyoroky et moi-même serons heureux de répondre à vos questions.
Merci.
:
Madame Crews, je partage vos préoccupations concernant les coûts que doivent assumer les producteurs pour assurer la salubrité des aliments. Votre organisation représente plusieurs milliers de producteurs et de productrices agricoles qui veulent nous fournir des aliments salubres. Au bout du compte, même si le problème ne vient pas d'eux, c'est leur réputation qui sera entachée.
Les producteurs agricoles veulent s'assurer que leur production est tout à fait conforme aux normes de salubrité, ce qui leur coûte de l'argent. Or, on se demande si les gouvernements se rendent compte de tous les efforts que les producteurs fournissent tant dans le cadre de leur travail que sur le plan financier pour assurer la plus grande salubrité possible des aliments. Au cours des dernières années, on a pris des mesures pour s'assurer que les produits qui sortent de la ferme sont très salubres.
Le gouvernement ne semble pas avoir cette sensibilité, même qu'il impose des mesures qui coûteront cher aux producteurs. Je pense notamment aux matières à risque spécifiées, les MRS. Nos producteurs de boeuf ont maintenant l'obligation de se débarrasser des MRS, ce qui n'est pas le cas de nos partenaires économiques américains. On vient de créer une concurrence qui est déloyale pour nos producteurs.
Je ne dis pas qu'on est contre la mise en place de ces mesures. Cependant, je me demande pourquoi le gouvernement a mis en place ces mesures. Ne sait-il pas qu'il crée ainsi une concurrence déloyale? Il faut qu'il aide nos producteurs à assumer ces coûts supplémentaires.
J'ai d'autres exemples de crises de salubrité alimentaire. Au début de mon mandat, le Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire a visité des producteurs du Manitoba dont les boeufs avaient eu la tuberculose bovine. On a vu un producteur de bétail pleurer en repensant à ce qui s'était passé des années auparavant, où il avait tout perdu. Les compensations étaient arrivées en retard et n'étaient pas adéquates. Il en fut de même pour des éleveurs de Colombie-Britannique, qui avaient dû abattre des millions de volailles en raison de la grippe aviaire.
En réponse, le gouvernement a récemment fait paraître dans la Gazette du Canada des changements aux montants de compensation, qui passent de 33 $ à 8 $ par poulet, ou quelque chose comme ça. Je partage cette préoccupation. Il y a une sorte de déséquilibre.
J'aimerais entendre vos commentaires. Vous avez peut-être aussi d'autres exemples à nous donner.
:
Du point de vue du consommateur, je dirais, comme tous les témoins l'ont fait, que personne ne veut produire des aliments pour empoisonner qui que ce soit. Les consommateurs le savent aussi. La chaîne comporte toutes ces étapes, y compris celles dont M. Lennox s'occupe, à savoir le transport par camion et l'expédition de produits d'un endroit à l'autre. Tout le long de la chaîne, chacun fait de son mieux pour que le produit soit sûr lorsqu'il arrive enfin sur les rayons ou dans l'assiette. Mais le consommateur ne comprend pas bien tout ce qui se passe en coulisses, le long de cette chaîne, et comment l'aliment lui est parvenu.
Nous ne cultivons pas la papaye, et les gens savent bien quand ils achètent une papaye que ce n'est pas un produit canadien. Mais ils peuvent se poser la question quand il s'agit de tomates, de laitue, selon la saison, surtout à ce temps-ci de l'année, à partir de mai. Un autre bon exemple: les asperges. Le consommateur ne sait pas vraiment s'il s'agit d'un produit du Chili ou d'un produit du Canada, à moins de vérifier soigneusement, et ce ne sont pas tous les marchands qui nous donnent ce renseignement.
Le consommateur tient pour acquis que personne ne cherche à l'empoisonner, et il a raison.
Les coûts doivent être assumés par quelqu'un. S'ils doivent incomber au producteur primaire, il me semble que comme société, parce que nous avons à coeur la salubrité de l'approvisionnement alimentaire, comme société... En fait, c'est la base même de ce qui nous garde en vie. Si nous nous empoisonnons, nous disparaissons. Notre société doit donc assumer ces coûts, et nous devons tous contribuer.
En passant, je suis d'accord avec vous. Quand mes enfants étaient plus jeunes et que j'avais une hypothèque à payer — je suis dans la même situation que vous, car mes enfants sont presque partis de la maison —, il était difficile de joindre les deux bouts à une certaine époque.
Il me semble qu'il nous faut une politique qui énonce que nous sommes prêts à payer pour avoir des aliments sûrs et comment nous avons l'intention de faire mettre en place les processus voulus. C'est ce que le gouvernement canadien demande. On dirait ensuite ce qu'il faut faire pour y arriver. L'industrie dira ce qu'elle est prête à faire. Et au final, quelqu'un devra verser l'argent. Il me semble que ce ne seront jamais les consommateurs.
Monsieur Lennox, vous avez dit plus tôt que votre secteur cherchait à réduire les coûts par l'entremise de gains d'efficience dans vos systèmes axés sur l'analyse des risques HACCP. Vous dites avoir réussi à le faire, ou avoir assez bien réussi à le faire. Ce succès sera-t-il assuré longtemps, ou atteindrez-vous un point où vos gains d'efficience s'amenuiseront et où vous devrez refiler les coûts aux consommateurs?
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur le président, mesdames et messieurs, je suis heureuse de me présenter à nouveau devant le comité. Comme je l'ai mentionné lors de notre dernière comparution, nous sommes tous attristés et décontenancés par les cas de maladie d'origine alimentaire survenus l'an dernier. Nous tenons à exprimer nos condoléances aux familles des victimes.
J'aimerais aborder les trois points suivants. Premièrement, je partage le point de vue qui a été exprimé par la majorité des témoins qui ont comparu devant le comité. La salubrité des aliments est une responsabilité conjointe qui commence au niveau de l'administration des producteurs et se termine par un consommateur bien informé. Cette responsabilité ne repose pas uniquement sur un groupe ou un organisme.
Ces responsabilités sont énumérées dans les lois fédérales. Le gouvernement est responsable de fixer des normes sur la salubrité des aliments. Plus particulièrement, il incombe à Santé Canada de déterminer ce qui constitue un danger pour la santé. L'ACIA est chargée de fixer des normes solides en matière de production alimentaire, de s'assurer que l'industrie se conforme à ces normes, de mettre en oeuvre des mesures d'application et de faire des rappels, au besoin. Les producteurs ont la responsabilité de produire des aliments salubres.
[Français]
Deuxièmement, je veux mettre l'accent sur le fait que les employés de l'ACIA sont des fonctionnaires professionnels et dévoués. Les employés travaillent avec acharnement dans le but d'identifier les facteurs ayant contribué à l'éclosion l'été dernier, de les comprendre et d'y réagir.
Les mesures nécessaires ont été prises afin d'éviter qu'un tel incident se produise à nouveau, et nous avons examiné comment nous aurions pu agir différemment. Ces mesures sont indiquées dans le document de l'agence « leçons apprises » et ont été divulguées au comité et au grand public.
[Traduction]
Enfin, je veux souligner que l'agence est impatiente de recevoir les conseils du comité et de Mme Sheila Weatherill, qui est chargée d'enquêter de façon indépendante sur la façon de réduire les risques et d'améliorer la salubrité des aliments consommés par la population canadienne.
Merci. Je vais céder la parole à M. Evans.
Monsieur le président, mesdames et messieurs, je suis heureux également de me présenter de nouveau devant le comité.
Malgré les efforts déployés par l'ACIA l'été dernier, 22 Canadiens ont perdu la vie tragiquement et de nombreux autres ont été atteints de maladies graves parce que des viandes prêtes-à-manger avaient été contaminées par la listériose. Nous voulons à tout prix éviter qu'une telle situation se reproduise. C'est pour cette raison que l'ACIA donne son appui inconditionnel au travail du comité et à l'enquêteur indépendant qui sera responsable de faire des recommandations afin d'assurer une plus grande salubrité des aliments au Canada et d'atténuer les risques que de tels incidents se reproduisent.
Bien avant la nomination de l'enquêteur indépendant et notre première comparution devant le comité, l'ACIA avait entrepris un examen franc et approfondi et une analyse des protocoles, procédures et activités concernant l'éclosion de listériose. Cet important travail était nécessaire afin de déterminer les points vulnérables dans un environnement qui évolue sans cesse et les risques que cela comporte pour le système de contrôle de la contamination des aliments en vue d'apporter des correctifs dans les plus brefs délais.
[Français]
Avec une connaissance approfondie et un engagement de maintenir les plus hauts niveaux de sécurité possible pour plus de 100 millions de repas consommés chaque jour par les Canadiens, nous regardons vers l'avenir. Nous avons appris grandement par suite des conclusions et des leçons tirées de cette éclosion. Ces connaissances ont donné lieu à de nouvelles procédures pour protéger les Canadiens contre ce pathogène mortel. Le temps ne me permet pas d'énumérer toutes les procédures de sécurité, mais permettez-moi de vous donner quelques exemples.
[Traduction]
La formation des inspecteurs des aliments a été accélérée. Cela s'imposait puisque nous avons demandé un contrôle plus strict des essais environnementaux sur la listériose. De plus, nous avons intensifié notre coordination avec les joueurs clés dans le réseau de la salubrité des aliments dont Santé Canada, l'Agence de la santé publique du Canada, les autorités provinciales et territoriales et leurs services de santé publique. Comme Carole l'a mentionné plus tôt, parmi les partenaires importants, on compte les producteurs d'aliments qui sont en première ligne également lorsqu'il est question de production d'aliments salubres.
Nous avons également investit dans les laboratoires. Le travail se poursuit pour confirmer de nouvelles mesures d'analyses plus rapides et augmenter notre capacité de procéder collectivement à des empreintes génétiques. Nous continuons de peaufiner un système d'inspection strict connu sous le sigle SVC et nos inspecteurs appliquent rigoureusement les principes du HACCP, qui est une approche qui s'est révélée efficace et qui a été acclamée par la communauté internationale du milieu de la salubrité des aliments.
L'ACIA a pris les mesures nécessaires pour assurer la protection des aliments contre la listériose, mais à elles seules, ces mesures ne sont pas suffisantes. Il nous faut cerner tout le réseau pour garantir que tous les intervenants adoptent de solides mesures afin d'empêcher qu'une tragédie semblable se répète à l'avenir. La solidité d'une chaîne repose sur le plus faible de ses maillons et, par conséquent, si un élément de la production est vulnérable, cela peut avoir des résultats déplorables pour la salubrité des aliments. Voilà pourquoi j'ai trouvé encourageant que des responsables d'autres paliers de gouvernement, des représentants du secteur, des universitaires et des membres de syndicats viennent témoigner devant le comité pour communiquer leurs perspectives et réaffirmer leur détermination à améliorer le système. Chacun a un rôle à jouer.
[Français]
En rétrospective, nous pouvons affirmer que nous avons manqué l’occasion de réduire les conséquences de la contamination et de réduire le potentiel qu’une telle contamination se produise à nouveau.
Nous avons la ferme intention et l’obligation de faire mieux.
Malgré le fait que des améliorations sont toujours possibles et nécessaires, je ne peux accepter l’idée que certaines ressources et le personnel de l’ACIA était insuffisants pour faire face à cette situation. Les ressources des l’ACIA sont supérieures à ce qu’elles étaient auparavant.
[Traduction]
Le nombre d'inspections des aliments a augmenté de façon régulière depuis la création de l'agence, et la formation et les compétences de nos inspecteurs se sont consolidées. Il en va de même des techniciens en laboratoire et des enquêteurs qui sont des intervenants clés pour déterminer la source d'une éventuelle contamination. Le professionnalisme, le dévouement pour le service au public et la reconnaissance de l'importance du travail qu'ils accomplissent sont la marque d'excellence des employés de l'ACIA. Ceux qui n'en conviennent pas poursuivent un objectif différent.
La perte tragique de vies humaines aurait pu être moins élevée, voire évitée, si ce type d'aliments, qui comporte un risque connu pour des populations vulnérables, avait été chauffé avant d'être servi ou n'avait pas été servi à des personnes âgées ou à des consommateurs souffrant d'un système immunitaire affaibli, c'est-à-dire si l'on avait respecté les normes élaborées depuis longtemps par Santé Canada à cet égard. La contamination de ces produits aurait pu être évitée ou repérée plus tôt si les résultats environnementaux positifs avaient été signalés ou évalués en plus grand détail.
Un autre facteur important dans l'ensemble des circonstances tient à la vitesse et à la qualité des renseignements échangés entre les autorités responsables de l'hygiène publique et celles qui étaient responsables de la salubrité des aliments. Les déficiences au niveau de la collecte appropriée, de l'identification, de la manipulation et de la vérification des échantillons d'aliments ont contribué aussi à retarder la confirmation de la contamination au moment de la production, et non pas au moment de la préparation.
S'il est vrai que les communications n'étaient pas idéales, il est manifeste que tous les responsables se sont employés rigoureusement à protéger le public et à obtenir des réponses dans les plus brefs délais. Il est malheureux et déplorable qu'il y ait eu des pertes de vie ou des vies transformées à tout jamais, mais si vous vous reportez au témoignage, vous constaterez qu'on a ménagé aucun effort, ce qui indubitablement a limité les maladies et les pertes de vie.
[Français]
Selon les normes internationales, l’inspection de la salubrité des aliments était approfondie et rapide, ce qui a donné lieu à des rappels d’aliments avant même d’avoir reçu la confirmation que le type de listériose était identique à celle qui a causé la maladie, et ce, une semaine avant la confirmation que le premier décès était causé par la contamination de produits de charcuterie.
[Traduction]
Il y a un aspect capital dont je voudrais vous faire part aujourd'hui, et c'est la complexité de toute la chose. La salubrité des aliments exige l'interaction et l'intervention d'un grand nombre de joueurs. Partant, le régime de salubrité des aliments est complexe. Cette complexité s'accroît du fait que la production d'aliments est mondialisée, que la demande des consommateurs évolue, que la démographie évolue, qu'on constate de nouveaux types de production et de nouvelles technologies de transformation, etc. La nature et la source des risques menaçant la salubrité des aliments évoluent rapidement, et notre système d'inspection doit suivre cette évolution.
Permettez-moi d'utiliser une métaphore militaire — et je le fais à contrecoeur étant donné l'anniversaire que nous célébrions le week-end dernier, celui du jour J. La guerre en matière de salubrité des aliments est menée grâce à une alliance d'unités, chacune ayant sa propre spécialité et sa propre structure de commande. L'ennemi à combattre est dynamique et changeant. Le terrain où se déroule le combat change constamment. Nous sommes en présence d'un environnement complexe qui nous pose des défis. Je poursuis la métaphore. Il faut avoir une vue d'ensemble de la campagne et comprendre tous les atouts qui peuvent être déployés pour relever le défi auquel nous sommes confrontés. Il faut une vision et une stratégie de haut niveau, mais également des exécutants solides et coordonnés appartenant à toutes les unités de soutien.
Dans la lutte contre les maladies alimentaires, l'ACIA est un des nombreux atouts clés. Nous sommes impatients de remplir notre rôle dans l'exécution de la vaste stratégie qui sera proposée par le comité et le bureau de l'enquêteur indépendant.
En terminant, je tiens à dire à tous les membres du sous-comité que quiconque offre une compétence en matière de normes rigoureuses pour la salubrité des aliments et qui contribue à leur application efficace au Canada trouvera à l'ACIA le dévouement, la volonté et la collaboration souhaités.
Merci.
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Merci, monsieur le président, et merci, monsieur Easter, de votre question.
En ce qui concerne le temps que les inspecteurs passent sur le terrain par rapport au temps qu'ils passent à examiner les rapports, je pense qu'ils consacrent généralement 50 p. 100 de leur temps en déplacement partout au pays, dans diverses installations, sur le terrain. Il existe une grande variété de tailles d'installations, de risques associés à celles-ci et de tâches liées au SVC qui doivent être réalisées, et il se peut très bien qu'un inspecteur passe 30 ou 35 p. 100 de son temps sur le site de l'installation, ou l'inverse. Nos données semblent confirmer cette proportion de 50 p. 100, mais je veux simplement souligner qu'il n'y a pas de chiffre magique. Le fait que les inspecteurs passent 50 p. 100 sur le terrain par rapport à l'examen des dossiers ne garantit pas nécessairement des résultats en matière de salubrité alimentaire. C'est tout le système qui compte. Il s'agit de faire ce qu'il faut, d'accomplir les tâches qui couvrent le niveau de risque le plus important.
Pour répondre à la deuxième partie de votre question, sur la formation, j'aimerais signaler que tous les inspecteurs qui ont exécuté le programme du SVC, lorsqu'il a été lancé l'année dernière, disposaient du niveau de formation approprié et nécessaire pour accéder aux postes à temps plein afin de mettre en oeuvre le SVC. Ces inspecteurs ont reçu ce que l'on appelle le cours sur l'ASA, l'amélioration de la salubrité des aliments, et la formation sur le HACCP. Elle comprend trois modules. Tous les inspecteurs les ont suivis. Ils ont été formés sur la vérification et sur le HACCP. À cela s'est ajoutée la formation sur le SVC, qui dure trois jours et demi, puis le mentorat offert par des inspecteurs plus expérimentés. Par conséquent, nous pouvons dire sans hésitation qu'en ce qui concerne l'application du SVC et du HACCP, les inspecteurs qui y ont participé ont été dûment formés.
Pour ce qui est de libérer ces gens pour qu'ils puissent assister à la formation, je reconnais que c'est un problème, pas pour la formation de base sur le SVC en matière de salubrité alimentaire, mais pour la formation qui... Dans les abattoirs, nos inspecteurs doivent être sur place, et un effectif complet d'inspecteurs doit toujours être disponible. Parfois, il est difficile d'organiser de la formation dans ces circonstances. C'est la réalité dans notre domaine, mais cela ne veut pas dire que la formation essentielle sur le HACCP et le SVC n'a pas été mise en oeuvre.
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Dans le dossier de la listériose, je suis convaincu que personne n'a volontairement fait quoi que ce soit pour provoquer ce qui est arrivé, que personne n'a non plus voulu ce qui est arrivé, mais c'est arrivé malgré tout.
Il y a deux aspects dans la gestion de la crise, et dans l'après-crise aussi, où j'estime qu'il ne devrait plus y avoir autant de contradictions entre les divers intervenants. C'est-à-dire que c'est important d'avoir à nouveau votre témoignage, puisque depuis votre premier témoignage, plusieurs autres acteurs liés à cette situation, à cette crise, sont venus devant nous, et que nous avons relevé des contradictions.
Le temps est maintenant venu de s'assurer que la population qui paie... On dit souvent que la population paie les salaires des députés, des ministres, etc. Et on est redevables envers elle. C'est la même chose pour la fonction publique. Dans le cas de chacun d'entre vous, la population paie vos salaires et elle a droit à toute la transparence, à toute la vérité bien sûr, parce que cette crise a provoqué des décès et que les gens ont sans aucun doute été inquiets. La défaillance du système de la salubrité alimentaire a certainement aussi créé une crise de confiance pour ce qui est de notre système de salubrité alimentaire.
J'aimerais souligner quelques-unes de ces contradictions à votre intention. Évidemment, je n'ai pas besoin de vous demander d'être transparents, je l'ai fait lors de mon introduction. Le 20 avril 2009, quand vous êtes venus témoigner, l'Agence canadienne d'inspection des aliments nous a dit avoir été informée de l'éclosion de la listériose le 6 août 2008.
Par la suite, on a eu le témoignage et le rapport du docteur David Williams, qui est le médecin hygiéniste en chef de l'Ontario. Il nous a dit que c'était le 29 juillet 2008 qu'il avait fait part à l'agence de la situation. Le ministre ontarien de la Santé et des Soins de longue durée a aussi dit que c'était le 29 juillet, dans un courriel daté du 27 mai 2009.
Ce sont quelques jours de différence, mais on sait que dans ce genre de crise, le nombre de jours et d'heures est excessivement important quand vient le temps de passer à l'action et de s'assurer qu'on prend le problème à bras-le-corps. D'où vient cette contradiction? Expliquez-la-moi.
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Merci, monsieur le député.
Monsieur le président, je vais faire écho dans mes remarques à des observations déjà faites par moi-même et d'autres lors de témoignages devant le comité. En fait, la salubrité des aliments n'est pas assurée par une étape donnée de l'inspection. Qui dit salubrité des aliments dit continuum d'activités. C'est un engagement, une culture qui commence, comme l'ont indiqué bien d'autres avant moi, par la chance que nous avons, au Canada, de pouvoir compter sur les efforts déployés par un secteur où l'engagement à la salubrité des aliments est pris très au sérieux au niveau même des producteurs.
Je crois que vous avez entendu d'autres personnes parlées des programmes HACCP à la ferme et de l'engagement pris par divers secteurs en vue d'incorporer les principes de HACCP comme programmes préalables que nous appliquons lors de l'abattage et de la transformation.
Toujours de ce point de vue, l'ACIA veille avant tout à ce que les ressources qui lui sont affectées couvrent toute la gamme de risques pour que nous puissions atténuer le risque à diverses étapes du continuum que j'ai mentionné. Nous y parvenons grâce à nos activités pour faire en sorte que les animaux qui entrent dans la chaîne alimentaire soient en bonne santé, par le biais d'un bon contrôle des maladies et de programmes de contrôle zoonotique permettant de veiller à ce que les animaux à l'étape de l'abattage fassent l'objet d'une bonne inspection ante-mortem et post-mortem, pour nous assurer que seuls des animaux en bonne santé sont utilisés pour la production alimentaire au pays. Cette surveillance s'applique à diverses étapes de la transformation, y compris l'enlèvement des eaux et la transformation poussée, à quoi s'ajoutent des activités d'inspection qui appuient un travail absolument essentiel pour traiter le type de risque, comme la listériose, qu'on ne peut pas détecter par des processus d'inspection physique. Nous avons veillé à avoir une capacité de laboratoire suffisante pour échantillonner de façon adéquate et effectuer des tests selon des critères rigoureux afin de contre-vérifier ce que nous dit l'environnement et ce que peut nous dire le produit en bout de ligne, comme sous-ensemble de vérification des activités.
Je pense que vous avez entendu des universitaires et d'autres experts réitérer, dans leur témoignage, qu'il était impossible d'assurer la salubrité des aliments par l'inspection ou les tests. En fait, on peut utiliser des technologies pour avoir des résultats sur la salubrité des aliments, mais ce qui est essentiel pour l'agence, c'est de veiller à avoir toujours la capacité, tout au long du continuum de production, et la compétence appropriée, pour veiller à ce qu'il n'y ait pas de maillon faible, autant que nous puissions en juger.
Je suis persuadé que l'agence continuera à faire de bons investissements en recrutement et en formation, tant au sein de l'ACIA qu'en collaboration avec ceux qui forment les inspecteurs avant même qu'ils se joignent à l'agence, grâce à une sensibilisation des écoles d'agriculture et des écoles vétérinaires, grâce aux programmes d'études, aussi, pour veiller à ce que les gens arrivent à l'agence avec toute une gamme d'expériences et de savoir essentiels à la salubrité des aliments.
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Je vous remercie de votre question.
Honorable président, encore une fois, je pense que le principe fondamental consiste à trouver un équilibre, par lequel on peut fournir au public l'information dont il a besoin, afin qu'il puisse prendre des mesures pour se protéger. Si l'on regarde ce qui s'est produit l'été dernier, il est très clair que, malgré le décès tragique de 22 personnes, quand on regarde toutes les données sur la santé, dans la majorité des cas, les gens qui sont tombés malades ou qui ont souffert de conséquences plus graves ont été exposés aux sources alimentaires bien avant que l'ACIA n'ait même connaissance d'un problème de contamination alimentaire potentiel. La période d'incubation était telle que l'exposition à la contamination a eu lieu avant que nous n'intervenions.
Entre le 6 et le 16 août, au sujet du partage d'information, si l'on regarde les preuves, compte tenu de l'information dont nous disposions et dont disposait la Direction de la santé publique de Toronto, nous essayons collectivement de trouver une solution le plus rapidement possible. Le 13 août, l'ACIA a pris l'initiative de rassembler la collectivité, lorsqu'elle a appris qu'il y avait une seconde enquête en cours, suite à la première enquête de la Direction de la santé publique de Toronto. Nous nous sommes assurés que tout le monde partageait l'information dont ils disposaient en temps opportun afin qu'elle puisse être utilisée par tous les intervenants, conformément à leur champ de compétences et leurs autorités en matière de réglementation.
Cela m'inquiète qu'on puisse laisser entendre que nous ayons entravé le travail des autres autorités. Je pense que cette suggestion est bien malheureuse et témoigne d'un manque de respect, compte tenu des preuves à l'appui. La réalité, c'est que nous avons décidé de procéder à ce rappel le 16 au soir ou le 17 au matin, alors que tout ce qu'on savait, c'est qu'il y avait des cas de Listeria mono et qu'on pouvait confirmer qu'il y avait eu contamination à la source de production. Nous n'avions pas les résultats de l'ECP. Par conséquent, nous ne pouvions même pas confirmer que ce produit et la maladie comportaient la même ECP. Nous ne l'avons su que sept jours plus tard, après que le rappel ait été ordonné.
Encore une fois, si l'on regarde les mesures qui ont été prises, avec les informations dont nous disposions à l'époque — deux cas malades au 6 septembre, deux autres le 12 — nous faisions enquête sur ces quatre cas et à partir de ce moment-là, en quatre jours, nous avons procédé au rappel. Ces dernières années, conformément aux normes internationales, par rapport aux événements semblables qui se sont produits dans le monde, tout le monde dirait que les enquêtes étaient très poussées, que notre temps de réaction a été très court et que nous avons pris la bonne décision quand nous avons demandé le rappel, au moment où nous l'avons fait.
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Je dispose seulement de cinq minutes, ce qui est très court. Je vous poserai donc une série de questions auxquelles vous pourrez peut-être répondre plus tard, après en avoir pris note. Je pense que ce sera la méthode la plus simple.
Madame Swan, je m'adresse à vous d'abord, au sujet d'une lettre que vous avez envoyée et qui était cosignée par le Dr Butler-Jones, de l'Agence de la santé publique du Canada, et par M. Rosenberg, de Santé Canada. Le 20 avril 2009, vous écriviez aux autorités ontariennes de la Santé pour leur dire qu'elles avaient envoyé les échantillons au mauvais endroit. Selon vous, ils auraient dû être envoyés au laboratoire de l'Agence canadienne d'inspection des aliments à Scarborough plutôt qu'à Santé Canada.
Dans son témoignage du 23 avril 2009, donc trois jours après avoir signé cette lettre, M. Butler-Jones nous a dit ici, au comité, que le ministère ontarien, finalement, avait bien fait d'envoyer cela à Santé Canada. Je voudrais donc savoir si vous avez, vous aussi, révisé votre position à ce sujet.
Ensuite, je voudrais savoir de votre part quel serait le ratio idéal pour déterminer le nombre d'usines dont chaque inspecteur devrait être responsable. Avez-vous suffisamment d'inspecteurs pour respecter ce ratio? On sait, en ce qui concerne l'usine de Maple Leaf où a eu lieu le malheureux incident, qu'un inspecteur avait la responsabilité de sept usines. Aujourd'hui, je pense qu'il est responsable d'une seule usine. Tout le monde ici a convenu, depuis le début des travaux du sous-comité, que la responsabilité de cinq, six ou sept usines correspondait à un ratio beaucoup trop élevé. Selon vous, quel est le ratio idéal? Avez-vous un nombre d'inspecteurs suffisant pour le respecter?
De plus, est-il normal qu'un ou des rapports d'inspection soient modifiés beaucoup plus tard, comme on l'a entendu dire ici lors de témoignages? Est-ce la norme, à l'agence, que des inspecteurs doivent aller modifier leur rapport plusieurs semaines après l'avoir rédigé? D'anciens employés de votre agence nous ont dit que non.
Le Dr Williams, également médecin hygiéniste de l'Ontario, nous a dit qu'il y avait eu faille dans le protocole d'urgence de la part de l'Agence canadienne d'inspection des aliments, que vous n'aviez pas déployé un centre d'opérations d'urgence et que cela aurait dû être fait. J'aimerais entendre vos commentaires là-dessus.
Finalement, en ce qui concerne le rappel de produits, on a appris, lors de témoignages entendus à ce sous-comité, que vous aviez laissé Maple Leaf faire les rappels de façon volontaire, que l'alerte avait été donnée trois jours après que l'Ontario eut signalé le problème.
Voilà, pour le moment, les questions en vrac que j'avais à vous poser.
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Merci, monsieur le président.
Il y a là plusieurs questions. Je vais y répondre dans l'ordre. Premièrement, en ce qui concerne la lettre préparée pour le Dr Williams et la question de l'utilisation du laboratoire de Scarborough, notre intention n'était pas d'indiquer qu'il s'agissait du mauvais endroit où envoyer les échantillons mais plutôt d'une occasion ratée. Mais s'il avait été plus évident que nous faisions face potentiellement à une très grave maladie d'origine alimentaire, le fait d'envoyer les échantillons au laboratoire de l'ACIA à Scarborough aurait accéléré le processus et nous aurions reçu les résultats plus tôt.
Deuxièmement, pour ce qui est des inspecteurs, c'est vrai... et j'ai mentionné le fait que nous avons examiné le ratio qui convient entre les usines et les inspecteurs. Je veux préciser que dans le cas de l'inspecteur à Maple Leaf — en fait, il y en avait deux, et d'autres inspecteurs — il y avait une combinaison d'usine de viande prête à manger et d'entreposage sous froid. Il y avait donc des obligations différentes pour l'inspection et des délais différents. Surtout dans nos complexes du Sud de l'Ontario, nous avons examiné ce que devrait être la charge de travail idéale. Quand j'aurai terminé, je vais demander à Cam de revenir sur ce point pour en parler en détail.
En ce qui concerne les rapports d'inspection, il ne fait pas de doute qu'ils ont subi des ajouts. Ils n'ont pas été modifiés dans le sens où il y aurait eu des suppressions. Pendant l'enquête très détaillée sur ce qui s'est produit chez Maple Leaf, quand nous avons envoyé nos vérificateurs très spécialisés en matière de salubrité des aliments, ceux-ci ont recommandé aux inspecteurs d'ajouter d'autres éléments au dossier. Il ne s'agissait pas de modifier le dossier, ou d'y faire des suppressions, ou d'y enlever quoi que ce soit, mais plutôt d'y ajouter de l'information pour bien comprendre ce qui s'était passé — ce qui était notre objectif, vraiment comprendre ce qui s'était produit. J'imagine que ce n'est pas courant, en ce sens qu'il n'est pas courant de procéder à des enquêtes aussi poussées dans des usines où il y a eu des problèmes de ce genre.
En ce qui concerne le centre d'opération d'urgence une des leçons apprises est que nous n'avons pas déployé de centre d'opération d'urgence nationale pour ceci. Rétrospectivement, cela aurait été utile, surtout pour ce qui est des pièces justificatives parce qu'elles contiennent des protocoles très rigoureux concernant la déclaration quotidienne d'information. À l'époque, toutefois, nous savions ce que nous savions à l'époque, c'est-à-dire que nous avions un petit nombre de cas de listériose. Nous étions en train de les retracer dans le cadre d'une enquête sur la salubrité des aliments. C'est à cela que nous avons consacré tous nos moyens pour ce qui est des rappels et de l'enquête. Cela signifie que même si on n'a pas déployé de centre d'opération d'urgence, notre intervention était très minutieuse, immédiate sous forme d'enquête sur la salubrité des aliments.
Pour ce qui est des rappels et de laisser Maple Leaf s'en charger, le ministre dispose effectivement du pouvoir d'imposer des rappels obligatoires. Dans la grande majorité des cas, l'industrie procède à des rappels volontaires. Dans ce cas-ci, le rappel a été effectué très très rapidement après que l'ACIA avait déterminé qu'un échantillon de Maple Leaf avait réagi positivement au dépistage de Listeria. Comme le Dr Evans l'a dit dans son témoignage plus tôt ce soir, à ce moment-là, nous savions seulement qu'il s'agissait d'une espèce de Listeria — l’espèce monocytogenes et qu'il ne s'agissait pas du profil ECP. À ce moment-là, il ne nous était pas possible d'établir un lien direct entre une maladie donnée et un produit donné, mais par mesure de prudence, le rappel a été annoncé.
Cam, pourriez-vous nous parler un instant de la question des inspecteurs?
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Merci, monsieur le président.
Pour commencer, je vais faire une observation. Mes collègues veulent toujours parler du principe de prudence comme si ce n'était pas de la science. Pour moi il me semble, si je me souviens de mes cours de biologie il y a bien des années, que le principe de prudence est vraiment de la science. C'est simplement une sonnette d'alarme, si vous voulez. C'est le canari dans la mine de charbon. Si le canari meurt, vous savez que la densité de monoxyde de carbone est élevée, alors vous quittez les lieux. C'est cela qu'on appelle le principe de prudence.
Alors, on ne peut pas dire que ce ne soit pas fondé sur la science. Ce n'est pas de la science économique occulte, comme on a pu le penser à propos de ce qui s'est passé aux États-Unis, quand l'ancien président était là et que quelqu'un a parlé de ses théories économiques. Le principe est fondé sur la science.
Monsieur Evans, je pense que vous accepterez que le principe de prudence est fondé sur la science, sur un certain degré de science. Ce n'est pas un absolu. En d'autres mots, on n'attend pas que les gens meurent au fond de la mine. Il quittent les lieux parce que le canari est mort; voilà pourquoi c'est un principe de prudence.
Je voudrais revenir à... Vous avez clairement dit, et ce que je viens de réentendre, et c'est bien dit dans votre documentation, que vous avez augmenté le nombre d'inspections à l'usine de Maple Leaf, sur Bartor Road, où tout a commencé.
Dans votre texte, Brian, en haut de la page 3, vous dites: « Cette contamination de produits aurait pu être évitée ou découverte plus rapidement si les résultats environnementaux positifs avaient été rapportés ou évalués de façon plus détaillée ». Cela confirme essentiellement le résumé des constatations de Mme Swan et du ministre dans l'aperçu et les leçons apprises: Je cite: « L'évaluation en profondeur de l'usine a révélé que MLF avait connu des difficultés en matière de contrôle environnemental et d'hygiène en mai et juin 2008. » Il y a recoupement. Ce sont deux cercles qui se regroupent.
Ce que j'en conclus, et j'aimerais que vous le confirmiez ou non, c'est que clairement, d'après ce que nous avons fait maintenant, il n'y avait pas eu assez d'inspections en mai et juin. Peut-être qu'il y a une seule personne, ou deux; en fonction du quart, vous n'avez peut-être pas ça. M. Prince pourra décider que ce ne sera pas nécessaire plus tard, à cause de ce qu'on a vécu.
On ne cherchait pas un microbe quand on parlait d'hygiène et de contrôle environnemental. On parlait de choses comme la condensation. On parlait de choses qui n'étaient pas nettoyées correctement. On ne parlait pas de dépister la bactérie Listeria qu'on ne peut pas voir, d'après ce que tout le monde ne cesse de répéter.
Personne au comité, surtout de ce côté-ci, n'a dit le contraire. Évidemment, on ne peut pas le voir. Vous savez, je n'ai pas acheté les lunettes que je porte aujourd'hui à l'endos d'une revue de bande dessinée qui fait de la publicité pour des lunettes grâce auxquelles on peut tout voir dans le monde. Alors on sait ce qu'on ne peut pas voir ce microbe. Mais on peut voir l'environnement quand il n'est pas bon. Et le rapport montre clairement qu'il ne l'était pas.
Vous ajoutez, Brian, qu'une bonne évaluation aurait pu avoir deux sources: a) l'inspecteur de l'ACIA, s'il avait eu plus de temps pour être là ou b) l'inspecteur que le programme HACCP autorise à l'intérieur de l'usine s'il avait produit ses rapports correctement. Si le programme avait marché comme il faut, il nous aurait appris quelque chose, et on aurait peut-être pu faire quelque chose de différent.
Qu'en pensez-vous?
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Merci. Il en a fallu du temps.
Quoi qu'il en soit, pour revenir à l'information à l'intention du public, l'essentiel, c'est de savoir combien d'inspecteurs sont sur le terrain, dans les usines, et ce qu'ils font. Nous avons entendu de nombreux témoignages ce soir, mais il n'en reste pas moins que le Syndicat de l'agriculture a signalé des contradictions.
J'ignore qui a répondu à la question, c'était peut-être vous, monsieur Prince, ou vous, monsieur Mayers, mais des témoins nous ont dit que, en ce qui concerne l'inspection des usines de transformation de la viande et les installations d'entreposage sous froid, les inspecteurs doivent inspecter en moyenne 4,6 installations à Toronto et 4,7 à Montréal. Dans le nord de l'Alberta, la moyenne est de 5 et dans la grande région de Vancouver, de 5,9. Quels que soient les chiffres actuels, à l'avenir — et je ne crois pas que cela figure dans vos leçons retenues — comment pourrons-nous obtenir des informations crédibles et précises? Comment l'ACIA peut-elle obtenir des informations précises et crédibles sur le temps que consacre chaque inspecteur à l'inspection d'une installation?
Nous savons pertinemment que, si l'ordinateur de l'inspecteur principal se trouve à l'usine Maple Leaf, il y passera 50 p. 100 de son temps, parce que c'est là qu'il entrera ses rapports à l'ordinateur. Cela est inclus dans le temps que l'inspecteur consacre à chaque installation.
Ne pourrait-on pas se doter d'un meilleur système? Travaillez-vous à l'élaboration d'un système qui éliminerait les dédoublements et nous donnerait des informations justes? On pourrait consigner le moment d'entrée et de sortie, et cetera.
Est-ce que Ryan, Cameron ou quelqu'un d'autre pourrait répondre?