:
Je souhaite la bienvenue à tout le monde, à cette réunion du Comité permanent des affaires autochtones et du Nord. Je reconnais, tout d’abord, que cela se passe sur les terres ancestrales du peuple algonquin.
Aujourd’hui, nous allons commencer par le Sous-comité du programme et de la procédure, qui s’est réuni l’autre jour. Je crois que tous les documents vous ont été distribués.
Plaît-il au Comité d’adopter le premier rapport du Sous-comité?
Une voix: Oui.
Le président: Puis-je avoir une motion, alors?
Arnold Viersen propose que le premier rapport du Sous-comité du programme et de la procédure soit adopté.
(La motion est adoptée.)
Le président: Merci beaucoup.
Cela comprend, bien sûr, les documents d’étude, et tout le reste. Nous pourrons peut-être en discuter plus tard aujourd’hui.
Conformément à la motion adoptée plus tôt, le Comité va maintenant commencer la séance d’information du ministère des Relations Couronne-Autochtones et des Affaires du Nord et du ministère des Services aux Autochtones.
Chaque ministère dispose de 10 minutes pour faire une déclaration préliminaire, après quoi nous passerons aux questions et réponses.
J’invite les représentants à s’avancer.
Bienvenue à tous.
Comme je l’ai mentionné plus tôt, nous accorderons à chaque groupe jusqu’à 10 minutes pour faire une déclaration préliminaire, puis nous passerons aux questions et réponses des membres du Comité.
Nous pourrions peut-être commencer par le ministère des Relations Couronne-Autochtones et des Affaires du Nord.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
J'essaierai de ne pas utiliser les dix minutes au complet afin qu'il reste plus de temps pour les questions.
Merci de m'avoir invité à prendre la parole devant le Comité.
Aujourd'hui, nous sommes réunis sur les terres traditionnelles de la nation algonquine.
Je suis accompagné de M. Serge Beaudoin, sous-ministre adjoint aux Affaires du Nord; de Mme Annie Boudreau, dirigeante principale des finances, des résultats et de l'exécution; et de mon collègue M. Martin Reiher, sous-ministre adjoint au ministère.
Alors que le Comité entame ses importants travaux, nous sommes heureux d'avoir l'occasion de discuter du rôle de notre ministère afin de faire avancer la réconciliation et de renouveler la relation avec les peuples autochtones.
Pour débuter, je décrirai une partie des travaux de mon ministère et vous ferai part de quelques progrès récents.
[Traduction]
Le renforcement des relations avec les peuples autochtones est essentiel au mandat de mon ministère. Pour atteindre cet objectif, nous avons considérablement intensifié les discussions fondées sur les droits avec les peuples autochtones. Il y a cinq ans, la plupart de ces discussions n'avaient lieu qu'avec des communautés de la Colombie-Britannique, des Territoires du Nord-Ouest et du Canada atlantique. Aujourd'hui, des discussions actives sont en cours avec des partenaires de chaque province et territoire et visent plus de 150 processus touchant plus de 500 communautés autochtones et un total de près de 900 000 Autochtones.
Le fait d'éclairer chacun de ces processus constitue un changement fondamental dans l'attitude du Canada à l'égard des droits des peuples autochtones. Pendant de nombreuses années, le Canada a observé le concept d'extinction et a tenté d'obtenir des peuples autochtones qu'ils procèdent à la « cession, l'abandon et la renonciation » de leurs droits. Ceci n'est plus le cas. D'un point de vue juridique, le Canada n'interprète plus l'article 35 de la Constitution comme une « boîte vide », mais comme une boîte pleine qui contient un large éventail de droits. En outre, le Canada considère maintenant les traités comme le fondement et le point de départ du travail qui reste à accomplir.
[Français]
Un important exemple récent de ce changement vers une approche de reconnaissance et de mise en œuvre des droits est l'adoption, en 2019, d'une nouvelle politique élaborée conjointement par le Canada, la Colombie-Britannique et le Sommet des Premières Nations, qui remplace les politiques sur les revendications territoriales globales et les droits inhérents en Colombie-Britannique.
Cette politique stipule expressément que les droits ne peuvent être éteints, que les traités et les autres ententes peuvent évoluer dans le temps et que les mandats de négociation seront élaborés dans un contexte de dialogue et de collaboration entre les parties. Ce sont tous des éléments clés d'une approche fondée sur les droits en matière d'ententes négociées qui soutiennent les efforts du gouvernement pour favoriser la réconciliation.
[Traduction]
On constate ce changement aux tables de négociation, et il se concrétise par des résultats tangibles qui arrivent à point nommé. Par exemple, l'été dernier, en juillet 2019, le Canada et la nation Heiltsuk ont signé un accord de réconciliation pour répondre aux priorités communautaires que sont l'autonomie gouvernementale, le logement et l'infrastructure, le développement économique et la revitalisation et préservation des langues. L'accord est l'aboutissement d'un processus de trois ans dirigé par la nation Heiltsuk, qui a commencé par la question « À quoi ressemblerait la réconciliation avec le Canada aux yeux des Heiltsuk? »
Un autre exemple est l'accord de réconciliation historique conjoint que le Canada et la Colombie-Britannique ont signé pour appuyer l'autodétermination des Tsilhqot'in, cinq ans après le jugement historique de la Cour suprême du Canada dans la décision de la nation Tsilhqot'in. Il s'agit du premier accord de réconciliation tripartite de ce type dans la province. Cet accord est une expression tangible de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, qui reconnaît que chaque nation a des voies uniques et distinctes vers l'autodétermination.
[Français]
Outre les discussions axées sur les droits, ce gouvernement suit désormais une approche axée sur la collaboration pour l'élaboration des politiques. Cette approche marque un changement important par rapport à l'approche unilatérale et normalisée suivie depuis des décennies, et je suis heureux que ce changement ait inspiré l'élaboration de la politique financière collaborative sur l'autonomie gouvernementale.
Les responsables du ministère ont travaillé directement avec leurs homologues des communautés autochtones pour élaborer conjointement cette politique, qui prévoit les coûts réels liés au gouvernement. En suivant une approche semblable, nous espérons obtenir le même succès avec la politique sur les revendications territoriales globales et la politique sur les droits inhérents.
L'élaboration conjointe est également au cœur de notre approche de la négociation d'ententes sur l'autonomie gouvernementale avec les gouvernements autochtones. Ces ententes permettent aux peuples autochtones de mettre en œuvre et d'exercer pleinement leurs droits.
[Traduction]
L'entente sectorielle sur l'éducation des Anishinabek de 2017, la plus importante de l'histoire, est un excellent exemple de ce qui précède. En vertu de cette entente, qui concerne quelque 23 Premières Nations, les Premières Nations ont désormais compétence en matière d'éducation, de la maternelle à la 12e année. Environ 2 000 étudiants anishinabek suivent aujourd'hui un programme d'études qui met en valeur leur langue et leur culture.
Parmi les autres ententes récentes sur l'autonomie gouvernementale, je citerai celles conclues avec la Première Nation de Déline et la nation crie d'Eeyou lstchee.
Une autre indication des progrès est la série d'ententes de principe — l'avant-dernière étape avant les ententes définitives — conclues ces dernières années. La plus importante d'entre elles, conclue avec la nation Nishnawbe Aski, touche quelque 37 communautés en Ontario.
Un certain nombre d'innovations contribuent à accélérer le processus de négociation et à le rendre plus efficace. Le processus approuvé par le Cabinet qui vise à convertir les ententes de principe en ententes définitives, par exemple, permettra à toutes les parties d'économiser des sommes considérables d'efforts et d'argent.
Un autre changement de politique préconise le bien-être financier des gouvernements autochtones d'une manière différente. Auparavant, tous les revenus générés par les gouvernements autochtones étaient entièrement déduits des transferts fiscaux fournis par le Canada. Cette politique avait un effet dissuasif évident en ce qu'elle décourageait les communautés autochtones de prendre les mesures nécessaires pour exploiter leur capacité de générer leurs propres revenus. Nous avons mis en place un moratoire sur l'ancienne politique, ce qui favorisera l'esprit d'entreprise et l'autosuffisance.
[Français]
Le gouvernement a également pris des mesures pour renforcer les relations avec les organisations autochtones nationales. En veillant à ce que ces organisations disposent du financement stable, prévisible et raisonnable dont elles ont besoin pour représenter adéquatement les intérêts de leurs membres, on contribue à la réconciliation.
La mise en place par le gouvernement de mécanismes bilatéraux permanents fait également une différence notable en garantissant que les questions importantes font régulièrement l'objet de discussions avec les chefs des Premières Nations, Inuit et Métis, afin d'établir les priorités communes de chaque communauté et d'aider le gouvernement et les peuples autochtones à travailler ensemble à l'élaboration de solutions.
Ces dernières années, nous avons conclu des ententes avec l'Association des femmes autochtones du Canada et le Congrès des peuples autochtones.
[Traduction]
Le gouvernement continue également de progresser dans la mise en oeuvre des appels à l'action de la Commission de vérité et réconciliation. Une partie du mérite revient au Parlement, qui a adopté une série de projets de loi modifiant les lois canadiennes. Le gouvernement continue également de faire des investissements stratégiques qui contribuent directement à l'amélioration de la qualité de vie des populations autochtones. Le budget de 2016, par exemple, a prévu un financement sur cinq ans de 8,4 milliards de dollars pour l'éducation, les infrastructures, la formation et d'autres programmes des Premières Nations.
Les trois derniers signes de progrès que je souhaite souligner sont les mesures visant à redresser les torts historiques, tels que la rafle des années 1960 et les pensionnats indiens, les travaux en vue d'établir le Conseil national de réconciliation et les mesures visant à résoudre les problèmes liés à notre frontière avec les États-Unis.
Pour les mois à venir, la lettre de mandat de la ministre des Relations Couronne-Autochtones établit un programme ambitieux. Elle demande à la ministre d'élaborer une législation en vue de mettre en oeuvre la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones d'ici la fin de l'année. La ministre doit aussi établir un plan d'action national en réponse aux appels à la justice qui ont été lancés à la suite de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, en partenariat avec les Premières Nations, les Inuits et les Métis.
[Français]
En conclusion, il y a de nombreux signes d'espoir et il reste encore beaucoup de travail à faire.
Je prie les membres du Comité de tenir compte du fait que le processus de réconciliation du Canada sera long et parfois difficile. Toutefois, nous restons déterminés à persévérer, car la démarche entreprise conduira à un monde meilleur pour tous les Canadiens.
Meegwetch.
:
Bonjour, monsieur le président.
C'est avec plaisir que je me présente aujourd'hui devant le Comité.
Avant de commencer, je tiens à souligner que nous nous trouvons sur le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin.
Je suis accompagné de Mme Gail Mitchell, sous-ministre adjointe et responsable des politiques stratégiques et des partenariats.
Mon objectif est de vous donner un aperçu du ministère des Services aux Autochtones, de ce que nous avons accompli jusqu'à présent et de ce qui nous attend.
[Traduction]
Le ministère a été créé le 30 novembre 2017. Il regroupe les services de santé des Premières Nations et des Inuits, anciennement gérés par Santé Canada, avec tous les autres services auparavant offerts par AANC, à savoir l'éducation, les services sociaux essentiels, les programmes de services à l'enfance et à la famille et les programmes de logement et d'infrastructure. L'idée était de remplacer les anciennes structures coloniales et d'accélérer le processus d'autodétermination, de contribuer à la réduction des écarts socioéconomiques et de favoriser la réconciliation.
La loi en vertu de laquelle le ministère a été créé est entrée en vigueur en juillet 2019 et oriente clairement notre travail à venir, qui ciblera d'abord l'amélioration de la prestation des services et programmes aux communautés autochtones. Pour ce faire, nous utiliserons une approche fondée sur les distinctions, en accordant une attention particulière à la réduction des écarts socioéconomiques entre les peuples autochtones et les Canadiens non autochtones.
Notre deuxième objectif est d'appuyer les efforts déployés par les peuples autochtones pour fournir des services à leurs communautés et améliorer les conditions socioéconomiques qui y prévalent, car ils sont les plus aptes à le faire.
Services aux Autochtones Canada travaille en partenariat avec les Premières Nations, les Inuits et les Métis pour améliorer l'accès à des services de première qualité pour les peuples autochtones et, ce faisant, améliorer leur qualité de vie. Le rôle de Services aux Autochtones Canada est d'écouter et d'appuyer les solutions et les stratégies dirigées par les Autochtones. C'est la seule façon de continuer à bâtir une nouvelle relation fondée sur la reconnaissance des droits, le respect, la coopération, le partenariat et l'autodétermination. Comme l'a fait remarquer mon collègue, nous avons modifié notre approche, délaissant la sujétion au profit de l'élaboration conjointe.
[Français]
Le but ultime est de soutenir l'autodétermination des peuples autochtones afin que Services aux Autochtones Canada n'ait plus de raison d'être.
[Traduction]
À terme, notre objectif est de nous effacer totalement.
[Français]
À cette fin, le ministère se concentre sur cinq priorités clés: le maintien des enfants au sein de leur famille; une éducation de qualité; l'amélioration des résultats en matière de santé; des infrastructures fiables; et la prospérité économique.
Nous avons fait des progrès notables dans tous ces domaines.
[Traduction]
Je vais donner quelques exemples.
En ce qui concerne le bien-être des enfants autochtones et le maintien des enfants au sein de leur famille, qui est l'une de nos priorités les plus importantes, nous avons adopté — et nous en remercions le Parlement — la Loi concernant les enfants, les jeunes et les familles des Premières Nations, des Inuits et des Métis, qui incorpore ce que les peuples autochtones de tout le Canada demandent : avoir compétence pour mettre au point et fournir des services à l'enfance et à la famille. Ainsi, les communautés, les organisations et les gouvernements autochtones pourront décider d'eux-mêmes ce qui est le mieux pour leurs enfants, leurs familles et leurs communautés. L'objectif est, bien sûr, de réduire considérablement le nombre d'enfants autochtones pris en charge.
Nous avons mis en oeuvre le principe de Jordan, qui permet aux enfants des Premières Nations d'obtenir l'aide dont ils ont besoin, lorsqu'ils en ont besoin. Entre 2016 et 2019, plus de 508 000 produits, services et mesures de soutien, comme le tutorat, les services de soutien en matière d'éducation, l'orthophonie, l'équipement médical, comme les appareils auditifs, et les services de santé mentale ont été approuvés en vertu du principe de Jordan. La moitié de tout cela a probablement été accordée l'année dernière, pour vous donner une idée de la progression.
Nous avons amélioré la qualité de l'éducation pour chaque enfant des Premières Nations en élaborant et en mettant en oeuvre, conjointement avec les Premières Nations, une nouvelle politique et une nouvelle approche de financement de l'éducation dans les réserves qui assurent un financement de base comparable au financement des systèmes provinciaux dans l'ensemble du pays. Elles fournissent également des ressources pour appuyer les programmes de langue et de culture ainsi que les programmes de maternelle à temps plein pour les enfants de quatre et cinq ans dans les écoles des Premières Nations.
[Français]
En ce qui a trait à l'amélioration des résultats en matière de santé, le Canada travaille avec les Premières Nations à promouvoir les approches relatives au mieux-être mental qui sont dirigées par les Autochtones et à offrir un meilleur accès à des services efficaces, durables et adaptés à la culture.
Il existe aujourd'hui 63 équipes communautaires qui s'occupent du mieux-être mental et qui desservent 344 communautés, comparativement à 11 équipes en 2015. En décembre, le ministre a annoncé l'octroi à la Federation of Sovereign Indigenous Nations de 2,5 millions de dollars destinés à l'élaboration d'une stratégie de prévention du suicide fondée sur des données probantes.
L'objectif est d'appuyer partout au pays l'élaboration d'autres stratégies régionales qui permettraient d'établir une approche nationale fondée sur les distinctions afin de promouvoir le bien-être mental.
[Traduction]
Au chapitre des infrastructures, nous veillons à ce que les peuples autochtones du Canada aient accès à un logement adéquat, sûr, salubre et abordable, ainsi qu'à de l'eau potable. Un groupe de travail mixte, composé de l'Assemblée des Premières Nations et de Services aux Autochtones Canada et appuyé par la Société canadienne d'hypothèques et de logement, élabore conjointement le plan de mise en œuvre de la Stratégie nationale décennale sur le logement et les infrastructures connexes des Premières Nations. Ensemble, nous avons mis fin à 88 avis à long terme concernant la qualité de l'eau potable. Nous prévoyons toujours que tous les autres avis seront levés d'ici mars 2021. En partenariat avec les communautés des Premières Nations, nous travaillons à des solutions à long terme qui amélioreront l'infrastructure d'aqueduc et d'égout dans les réserves et veillons à ce que les installations d'approvisionnement en eau fonctionnent efficacement et soient bien entretenues.
En ce qui concerne le développement économique, nous savons que le fait de combler l'écart lié aux indicateurs socioéconomiques entre les populations autochtones et non autochtones pourrait accroître le PIB du Canada de 27,7 milliards de dollars, selon le Conseil national de développement économique des Autochtones. C'est pourquoi, à partir d'une recommandation élaborée conjointement avec l'Assemblée des Premières Nations qui vise à fournir un financement suffisant, prévisible et durable aux Premières Nations, il existe maintenant des ententes de transfert de 10 ans; ainsi, les Premières Nations peuvent compter sur un financement prévisible et ont la liberté de concevoir et de fournir des services en fonction de leurs priorités. L'an dernier, 85 Premières Nations ont signé des ententes de transfert de 10 ans.
Nous travaillons également avec tous les partenaires et intervenants afin qu'au moins 5 % des contrats du gouvernement fédéral soient attribués à des entreprises gérées et dirigées par des Autochtones. Nous continuons de verser des capitaux aux institutions financières autochtones, une source de financement essentielle pour les entrepreneurs autochtones. L'an dernier seulement, ces institutions ont accordé 125 millions de dollars de prêts de développement à des entrepreneurs autochtones, contribuant ainsi à la création de 1 158 nouvelles entreprises, dont 36 % sont détenues par des femmes autochtones.
[Français]
Depuis des centaines d'années, les peuples autochtones demandent au gouvernement canadien de reconnaître et d'affirmer leur compétence sur leurs affaires, d'avoir compétence sur leurs terres, leur logement, leur éducation, leurs systèmes de gouvernance et leurs services.
Il reste beaucoup à faire. Comme nous l'avons vu ces dernières semaines, il y aura des entraves sur le parcours, mais le travail en vaudra la peine.
[Traduction]
Cela nous profite à tous.
Meegwetch.
:
Ce projet de loi a été élaboré conjointement avec les organisations des Premières Nations, des Inuits et des Métis. On n’avait pas l’intention de prendre des règlements le jour même où la loi serait adoptée. L’objectif était de travailler avec les intéressés à l'élaboration de règlements qui leur conviendraient, car il faut bien comprendre que le but n'est pas d'avoir une loi offrant un modèle universel pour tout le monde. Nous voulons plutôt une loi qui lance la discussion et amène les parties, aux niveaux local et régional, à examiner quelles sont les meilleures solutions. Nous devons veiller à ne pas établir des règlements qui empêcheraient les autorités locales et régionales d’élaborer les solutions qu’elles préfèrent.
Pour le moment, nous renouons la conversation avec les organisations des Premières Nations, des Inuits et des Métis. Comme vous pouvez l’imaginer, elles ont exprimé le désir d’avoir une approche différenciée aux niveaux national, régional et local. Nous examinons différentes formules et différents processus à mettre en place qui feront appel aux provinces et aux territoires, parce que c’est essentiel. Telle est la prochaine étape.
Pour ce qui est du nombre de communautés qui ont opté pour l'autonomie, certaines ont dit vouloir aller de l’avant. Nous n’avons pas nécessairement vu beaucoup de lois comme telles. Parfois, nous avons des discussions avec des Premières Nations qui disent qu’elles veulent aller de l’avant, mais elles ne commenceront vraiment que dans cinq ans. Ce que nous voyons maintenant, c’est que les gens réfléchissent à ce que sera la prochaine étape pour eux.
Dans la mesure du possible, nous essayons de les consulter et de leur demander ce qu’ils recherchent. Il ne faut pas oublier — et Daniel pourra probablement le confirmer — que même les Premières Nations autonomes qui sont compétentes dans de nombreux domaines ne jugent pas toujours nécessaire de légiférer dans ces domaines. C’est le cas pour les Nisga’as et pour beaucoup d’autres Premières Nations.
Les Premières Nations ne veulent pas forcément d'une loi. Beaucoup de gens qui disent s’intéresser à la loi se mettent, tout à coup, à parler de leur désir d’avoir une entente avec la province à ce sujet, pas nécessairement une loi. Par conséquent, il est vraiment trop tôt pour le savoir, mais il est clair que les Premières Nations, les Métis et les Inuits s’intéressent de plus en plus à la question partout au pays. Certains de ces groupes nous ont dit qu’ils nous enverraient quelque chose d’ici cette date, et nous devrons l’examiner.
Comme vous le savez, lorsque le projet de loi sera prêt, il nous incombera de rendre cette information publique.
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En ce qui concerne la nation Anishinabek, nous pourrions peut-être vous faire parvenir de l’information détaillée parce que je ne suis pas certain d’avoir tous les détails sur la mise en œuvre de l’autonomie gouvernementale à ce stade-ci.
Pour ce qui est de MK — parce que je ne suis pas bon sur le plan linguistique; vous avez déjà entendu mon français — nous avons, dans le pays, quelques organisations pour — comment dirais-je? — guider nos actions. Ce sont elles qui nous inspirent dans notre vie quotidienne et dans notre travail. L’autre, bien sûr, est la Régie de la santé des Premières Nations en Colombie-Britannique.
Dans certains cas, ce sont les Premières Nations qui, grâce aux subventions de 10 ans, prennent en main leur financement. Comme vous l’avez mentionné, MK a comblé l’écart en 20 ans et, à certains égards, les résultats sont meilleurs que ceux de la population générale des provinces de l’Atlantique. Comme vous l’avez mentionné, même si certains le contestent parfois, c’est parce que c’est géré par les Premières Nations pour les Premières Nations.
J’ai rencontré récemment les Cris du Québec sur d’autres questions, et vous pouvez voir le genre de progrès que font les Premières Nations lorsqu’elles prennent elles-mêmes les décisions. C’est pourquoi, pour nous, c’est un modèle. C’est pourquoi j’ai dit que l’objectif de mon ministère est de devenir inutile. Je dis régulièrement au personnel que nous sommes une espèce en péril qui cherche sa propre extinction. La façon dont cela va se faire ne peut pas être dirigée à partir du centre. Ce sera différent d’un endroit à l’autre, mais ce sont les modèles qui nous inspirent.
La nation NAN, dans le Nord de l’Ontario, est un exemple intéressant. Nous faisons du travail dans le Nord de l’Ontario sur la santé, sur ce que nous appelons la « transformation de la santé ». Il y a du travail qui se fait au Québec en matière de santé et de services sociaux. Ce que nous voulons partout, sans imposer un modèle, c’est dire à ceux qui veulent l’adopter: « Faisons-le. »
En ce qui concerne l’éducation, nous nous sommes concentrés sur la formule de financement parce que si vous voulez prendre le contrôle du système d’éducation, vous devez vous assurer d’avoir suffisamment d’argent pour le gérer. Nous avons élaboré cette formule, ce qui n’a pas été facile, conjointement avec les Premières Nations. En fait, elle permet la comparabilité avec les provinces, plus le financement pour certains aspects qui ne figurent pas dans la formule provinciale. Dès que nous avons la formule de financement, le financement, nous demandons à la Première Nation: « Maintenant, voulez-vous l’utiliser et comment? » MK devient un modèle. Ce n’est pas le seul. Certains diront qu’ils ne sont pas prêts à aller jusque-là. Comme vous le savez, certaines nations ne travailleraient pas nécessairement au niveau régional, mais d’autres, bien sûr, examinent la question.
Nous constatons que cela devient de plus en plus évident. La Régie de la santé des Premières Nations est une source d’inspiration pour les gens du Nord de l’Ontario et du Québec, mais leurs solutions seront probablement différentes à la fin.
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Les Premières Nations, ce sont 634 communautés au Canada. Je n'ai pas les chiffres exacts, mais 98 % des sommes que nous investissons dans les infrastructures sont destinées aux réserves.
Pour ce qui est de l'eau potable, le Québec est l'une des meilleures provinces pour les Autochtones. Au Québec, il n'y a pas d'avis sur la qualité de l'eau potable à long terme et il n’y en a pas eu depuis longtemps.
Nous travaillons beaucoup actuellement pour diminuer le nombre d'avis à long terme ainsi qu'à moyen terme, c'est-à-dire ceux qui sont susceptibles de devenir des avis à long terme. Au cours des deux dernières années, il y a eu 150 avis et nous avons mis sur pied des projets pour que la situation n'empire pas.
Nous consacrons maintenant beaucoup plus de temps à donner aux gens la formation nécessaire pour qu'ils puissent s'occuper des systèmes d'eau potable. Par exemple, au Québec, les Premières Nations ont mis en place une initiative, les « Eaulympiques », qui récompense les gens qui s'occupent du traitement de l'eau et qui valorise leur travail.
Au Québec, l'écart entre les salaires dans les réserves et ceux à l'extérieur est moins grand que celui qu'il y a dans d'autres provinces. Nous voyons comment nous pouvons mieux financer la formation. Il faut aussi nous assurer qu'ils ont les ressources financières nécessaires pour les réparations à long terme.
Les institutions sont un autre élément important à prendre en compte. De plus en plus, les Premières Nations prennent des initiatives de traitement des eaux. En Atlantique, par exemple, les autorités responsables de l'eau ont fait des propositions.
Nous examinons aussi des propositions de l'Institut des infrastructures des Premières Nations. Nous regardons comment créer des infrastructures qui ne reposent pas seulement sur une communauté, mais sur des acteurs intermédiaires, qui sont des experts et des Autochtones.
J’ai quelques observations à faire, puis quelques questions très simples à poser.
Pour commencer, je suis très déçue de l’absence de mention des Inuits et des Métis dans ces deux exposés.
Quatre-vingt-cinq pour cent de mes électeurs sont des Inuits, et ma collègue du Bloc québécois a aussi beaucoup d’Inuits dans sa circonscription. Nous constatons continuellement le manque de services pour les Inuits et les Métis. Il est difficile de parler de choses comme la formation pour l’entretien de l’infrastructure du réseau d’aqueduc alors que cette infrastructure n’existe même pas au départ.
Il y a aussi beaucoup d’incohérence dans le libellé du document. On parle des peuples autochtones parfois au pluriel, et parfois au singulier. Parfois, le mot est en majuscule, parfois non. Je recommanderais de suivre la déclaration de l'ONU et d’utiliser le libellé qui y est utilisé.
J’aimerais que les représentants des deux ministères nous disent combien de personnes dans chaque ministère sont autochtones et combien de ces peuples autochtones occupent des postes de direction où les décisions sont prises.
Ensuite, dans les deux ministères, y a-t-il des définitions pour des choses comme la réconciliation? Qu’est-ce que la réconciliation pour le ministère des Services aux Autochtones et le ministère des Relations Couronne-Autochtones et des Affaires du Nord? Comment les deux ministères définissent-ils une réserve, une Première Nation, une communauté inuite ou métisse?
Je vais m’arrêter ici pour l’instant.
:
Je pourrais peut-être commencer.
Tout d’abord, si nous ne parlons pas des Premières Nations, des Inuits et des Métis autant que vous l’auriez souhaité, vous m'en voyez désolé. Je dois dire, cependant, que depuis 2016, un grand nombre d'initiatives qui n’existaient pas avant sont fondées sur la distinction. Avant cela, on ne parlait que de « Premières Nations ». Par exemple, nous avons élaboré une stratégie de logement pour les Premières Nations, les Inuits et les Métis qui, pour la première fois, prévoyait un financement de 10 ans pour les organisations inuites et métisses.
Le dernier budget comprenait également une stratégie d’éducation postsecondaire ou d’EPS qui prévoyait un financement spécifique pour les Inuits et les Métis. Nous n’en avions jamais eu auparavant.
En ce qui concerne le principe de Jordan, nous travaillons actuellement avec les Inuits dans le cadre de l’initiative « L’enfant d’abord » dans le Nord. Nous essayons également de nous assurer que les enfants reçoivent le plus de services possible. Nous avons commencé cette année et nous avons déjà réglé 5 000 cas grâce à cette stratégie.
Nous sommes donc vraiment axés sur les Premières Nations, les Inuits et les Métis, beaucoup plus qu’auparavant. Cela dit, le gouvernement fédéral a traditionnellement joué un rôle — cela répond un peu à vos questions sur les réserves — qui était axé sur les communautés des Premières Nations ou les réserves des Premières Nations.
La raison en est qu’en vertu du paragraphe 91(24) de la Loi constitutionnelle de 1867, les réserves sont des terres indiennes et sont essentiellement des territoires fédéraux. C’est ainsi que les terres qui ont été fournies aux Premières Nations — ou « Indiens », comme c’était écrit à l’époque... Cela a soulevé la question du rôle fiduciaire et de la responsabilité du gouvernement fédéral.
Il y a aussi le fait que les provinces, la plupart du temps, ne financent pas l’infrastructure dans ces communautés. Elles le font parfois, mais la plupart du temps, ce n’est pas le cas. Le gouvernement fédéral intervient directement. C’est l’une des raisons pour lesquelles un pourcentage important du budget est consacré aux Premières Nations. Ce n’est pas parce que nous ne sommes pas axés sur les Premières Nations, les Inuits et les Métis en tant que tels. C’est aussi en raison du rôle traditionnel et historique que nous jouons.
En ce qui concerne les gens du ministère, comme je l’ai déjà mentionné, 28 % de mon personnel est autochtone. C’est loin d'être suffisant. Pour ce qui est des personnes en position d’autorité, je ne sais pas; il faudrait que je me renseigne. Je dois aussi réfléchir à une définition précise. Je peux toutefois vous dire que parmi les sept sous-ministres adjoints, il y en a probablement trois qui sont autochtones. Nous en avons au niveau des directeurs et des DG.
Comme je l’ai déjà dit, cependant, c’est en fait plus difficile au niveau de la direction. En toute franchise, le principal obstacle est la barrière de la langue. Quand on arrive dans un poste de gestion, la loi dit qu’il faut parler les deux langues officielles. C’est un problème que nous avons. On essaie de faire des programmes, dans la mesure du possible, pour que les gens apprennent le français ou l'anglais, mais c’est un des défis.
:
Puis-je ajouter quelque chose, monsieur le président, très rapidement?
Je comprends ce que vous dites.
Nous faisons un certain nombre de choses. N’oublions pas que nous sommes le ministère des Relations Couronne-Autochtones et des Affaires du Nord, il y a un certain nombre d’angles différents. Je vais en énumérer quelques-uns sur lesquels nous travaillons en ce moment.
Une chose importante sur laquelle nous travaillons, c’est le transfert des responsabilités au Nunavut, qui aura une incidence importante sur le contrôle par les Inuits des diverses conversations et de la prise de décisions en matière de réglementation au Nunavut par l’entremise d’un certain nombre de structures différentes.
Nous sommes en train de régler un certain nombre de revendications qui se chevauchent et qui découlent de l’Accord définitif du Nunavut et qui portent sur d’autres aspects des chevauchements dans les Territoires du Nord-Ouest, au Manitoba et ailleurs.
La lettre de mandat de la ministre parle de la responsabilité de travailler à l’élaboration d’une politique relative à l’Inuit Nunangat, une politique que le premier ministre lui a demandé de poursuivre. Ce sera évidemment très important pour les gens non seulement du Nunavut, mais de l’Arctique et du Nord.
Le cadre stratégique pour l’Arctique et le Nord, bien qu’il ne soit pas spécifiquement lié aux Inuits, aura des répercussions importantes au fil du temps. Beaucoup de travail se poursuit à cet égard, même si le cadre est maintenant en place. Nous pensons que c’est une étape importante.
Des mesures importantes ont été prises dans le cadre du programme Nutrition Nord qui, encore une fois, n’est pas spécifiquement un programme inuit, mais Natan Obed et d’autres représentants d’ITK y ont beaucoup contribué. La subvention aux pêcheurs qui a été annoncée est une contribution très importante pour reconnaître ce que les Inuits disent depuis longtemps et nous allons la mettre en place.
Enfin, monsieur le président, j’aimerais parler de la mise en œuvre de l’Accord sur les revendications territoriales du Nunavut. C’est évidemment essentiel, et le ministère a des responsabilités importantes à cet égard.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur Watson, je suis heureux que vous ayez parlé de l’entente sur le transfert des responsabilités. J’ai sous les yeux la lettre de mandat de la ministre, « Poursuivre l'élaboration d'une entente définitive sur le transfert des responsabilités au Nunavut ».
Nous savons tous que cela dure depuis 20 ans. Certains territoires ont connu plus de succès que d’autres. Le Nunavut est toujours un territoire en attente... et il n’a pas encore été finalisé ou, semble-t-il, n’est même pas près de l’être.
C’est ma question: où en sommes-nous? C’est une politique que nous avons appuyée et nous croyons qu’elle est essentielle à la réussite économique du Nunavut et de sa population.
Une des raisons pour lesquelles c'est un sujet d'actualité cette semaine est l’article intitulé « No more protected areas until devolution, Nunavut Premier Minister says Ottawa », qui dit notamment ceci:
Le premier ministre du Nunavut, Joe Savikataaq, déclare que son gouvernement n’appuiera aucune nouvelle aire marine protégée ni aucune autre aire de conservation fédérale dans le territoire tant qu’une entente de transfert des responsabilités entre le Canada et le Nunavut n’aura pas été conclue.
La raison pour laquelle c’est un point particulièrement douloureux pour moi, en tant que député du Nord de la Colombie-Britannique, c’est qu'on vient de fermer une énorme parcelle de terrain de 700 000 hectares dans le Nord de la Colombie-Britannique sans avoir vraiment consulté les Autochtones et les autres gens de ma région. Nous avons essayé. Nous avons tenté d'avoir voix au chapitre, de nous faire entendre. Nous avons dit que si on voulait vraiment que les populations de caribous augmentent, il fallait en parler avec nous.
Je comprends. Je peux tout à fait comprendre les préoccupations du premier ministre à ce sujet, et je tenais à le dire, mais la question est de savoir où en est le transfert des responsabilités. Si c’est ce qui retarde tant de choses au Nunavut, où en est le transfert des responsabilités, de votre point de vue, aujourd’hui?
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Merci beaucoup de votre présence ici aujourd’hui et de vos exposés. Je vais commencer par un petit récit, puis je poserai une question qui s’y rapporte.
Maurina Beadle était une Micmaque de la Première Nation de Pictou Landing, en Nouvelle-Écosse, et aussi mon amie. C’est elle qui, voulant obtenir des soins pour son fils handicapé, Jeremy, a intenté une poursuite contre le Canada en invoquant le principe de Jordan. Elle a eu gain de cause. Malheureusement, elle est décédée récemment, mais non sans nous laisser un héritage remarquable.
Le Canada lui ayant dit de placer son jeune fils Jeremy, qui avait besoin de soins 24 heures sur 24, dans un établissement en raison de ses besoins spéciaux pendant qu’elle se remettait d’un accident cérébrovasculaire, Maurina a opposé un refus catégorique. Elle a plutôt cherché à obtenir des services en invoquant le principe de Jordan, et sa cause a abouti devant la Cour fédérale, qui a statué que le Canada avait le devoir d’aider à payer les soins médicaux à domicile de Jeremy.
Ce précédent judiciaire a inspiré la décision du Tribunal canadien des droits de la personne qui est à l’origine de la prestation de plus d’un quart de million de services en vertu du principe de Jordan. C’était en 2016. Elle avait déjà reçu, en 2012, la Médaille du jubilé de diamant de la reine Elizabeth II en reconnaissance de tout son travail. Elle me manque beaucoup. C’était une femme extraordinaire.
J’aimerais vous poser une question au sujet du principe de Jordan. La lettre de mandat du l’engage à poursuivre la mise en œuvre intégrale du principe de Jordan. Il a été établi que nous avions besoin d’une approche renouvelée. En 2016, on a dit au gouvernement du Canada que la façon dont il s’occupait des services aux enfants des Premières Nations était discriminatoire.
Pouvez-vous en dire davantage au Comité sur ce que le gouvernement fait actuellement pour assurer une mise en œuvre appropriée du principe de Jordan?
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Nous avons tout mis en place pour nous assurer de pouvoir répondre rapidement à toute demande. Comme vous le savez, dans bien des cas, nous avons 48 heures, par exemple, pour y répondre. Cela signifie que la demande monte en flèche, ce qui est bien. Cela prouve qu’il y a une lacune et qu’il faut la combler. Nous en sommes probablement à plus de 500 millions de dollars cette année consacrés à la mise en œuvre du principe de Jordan. Je soupçonne que ce coût continuera de croître.
Je pense que pour nous, ce qu’il faut maintenant, c’est une discussion avec les Premières Nations sur la façon de le faire de façon viable. Je ne parle pas du financement. Je parle plutôt de la façon dont nous procédons, parce qu’à l’heure actuelle nous ne faisons que répondre aux demandes. Nous ne prévoyons pas la demande. Si vous avez, par exemple, un problème à l’école et que les enfants ont besoin d’un petit-déjeuner le matin, il ne s’agit pas d’un programme de petit-déjeuner, mais d’une liste de noms pour lesquels j’ai une décision à prendre pour le petit-déjeuner.
Constatant ces lacunes maintenant de plus en plus nombreuses, je pense que la deuxième étape devrait consister à collaborer avec les Premières Nations pour trouver des solutions durables et nous assurer de ne pas nous contenter de réagir au cas par cas, mais d’offrir des services pour combler les lacunes. À mes yeux, ce sera l’élément le plus important de la mise en œuvre du principe de Jordan au cours des prochaines années.
Je dirais que nous apprenons au fur et à mesure, non pas que nous avons été surpris de voir l'augmentation du nombre de demandes, mais parce nous constatons que l'augmentation se poursuit. À l'instar de tous les partenaires, je pense que nous découvrirons, à la fin, comment exactement régler le problème.
La plupart des demandes sont maintenant des demandes de la communauté. Ce sont des demandes collectives. Elles ne sont pas nécessairement individuelles. Nous avons encore un nombre important qui le sont, ce qui est très exigeant, mais ce que nous voyons de plus en plus, ce sont des communautés ou des groupes qui nous disent avoir besoin de financement pour la santé mentale afin de répondre aux besoins de tant d’enfants.
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Merci, monsieur le président.
Merci aux témoins d'être ici aujourd'hui.
Ma première question s'adresse à M. Watson.
[Traduction]
C’est une question de progrès. Vous avez dit qu’il y a cinq ans il n’y avait que des discussions dans les communautés de trois régions, et aujourd’hui, il y a des discussions actives. En ce qui concerne les avis d’ébullition de l’eau, pour prendre un exemple, si nous brossons un tableau général, nous sommes à peu près à mi-chemin, comme nous le savons. Souvent, la première moitié du parcours pour atteindre un objectif est la plus facile — je fais une analogie avec la course —, et peut-être que la deuxième moitié du parcours sera plus difficile.
Ma première question est la suivante — et je vous la pose à tous les deux — quelle est votre stratégie pour réussir la deuxième moitié, qui pourrait être plus difficile, de ce parcours très important?
Ma deuxième question s’adresse à M. Tremblay. Il s’agit de l’énergie dans les communautés autochtones. Comme nous le savons tous, de nombreuses communautés continuent de compter sur le diesel comme source d’énergie primaire. Beaucoup d’entre elles nous ont dit que cela devient de plus en plus difficile du fait que les effets du changement climatique influent sur leur capacité d’accéder au diesel, ainsi que sur son coût.
Pouvez-vous faire le point sur le travail que fait le gouvernement pour soutenir la transition vers une énergie propre, renouvelable et fiable dans le contexte d’une stratégie sur les changements climatiques et de la sécurité énergétique dans les communautés autochtones?
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En ce qui concerne les accords, tout d’abord, nous avons réussi à convaincre les gens qu’il y avait quelque chose à discuter. C’était l’une des principales étapes franchies à ce que nous appelons la table ronde sur la reconnaissance des droits autochtones et l’autodétermination.
Pendant 30 ans, on a dit aux gens que s’ils voulaient parler de quelque chose ayant trait à leurs droits, ils devaient parler de tout. Il s’agissait d’un processus de revendications globales. S’ils voulaient seulement parler des services à l’enfance et à la famille, on leur disait qu’ils devaient aussi parler des services de police, de l’administration de la justice et de tout le reste, sinon il n’y avait rien à faire.
Nous pouvons dire maintenant que s’ils veulent parler seulement de deux ou trois de ces choses, nous l’accepterons. Un autre changement important est survenu. Nous leur disions qu’une fois un dossier réglé, on ne le rouvrirait plus jamais, un point c’est tout. Beaucoup de membres des Premières Nations, de Métis et d’Inuits ont trouvé cela très difficile. Ils se demandaient comment ils pourraient savoir ce qui serait valable dans 70 ans ou dans 100 ans. Ce changement a incité beaucoup de personnes, qui restaient auparavant sur la touche, à se montrer intéressées à reprendre maintenant le dialogue sur les questions dont elles veulent nous parler, sachant qu’il n’en résultera rien d’absolument immuable.
Je pense qu’il incombera aux fonctionnaires en particulier de montrer que nous pouvons effectivement conclure des accords. Je pense que la façon dont nous mettons en œuvre nos accords existants incitera les gens à surveiller l’évolution de la situation, à décider si elle est logique et, une fois que le gouvernement fédéral aura signé, à vérifier s’il va réellement passer aux actes.
Je pense que nous devons nous assurer de montrer sans cesse notre volonté de poursuivre ces discussions et, surtout, de montrer qu’elles peuvent avoir une réalité concrète dans la vie des communautés parce qu’il y a beaucoup d’autres choses en cours. Une discussion théorique n’accomplit rien. Les gens ne s’investiront pas beaucoup dans un tel exercice. Ils veulent des résultats concrets.
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Merci beaucoup de votre question. Je soupçonne que mon collègue, M. Tremblay, est particulièrement reconnaissant qu’elle me soit adressée.
Ce qui est très différent aujourd’hui, c’est que nous avons discuté avec les gouvernements autochtones qui appliquent les mesures sur lesquelles nous nous entendons depuis longtemps. Nous avons étudié leurs demandes, les éléments sur lesquels nous nous étions entendus et le financement disponible. Il a été conclu qu’il existait un écart important.
Les traités et les accords ne sont pas de simples documents qu'on remet à des gens pour les laisser aller vivre leur propre vie de leur côté. Ce sont des documents par lesquels nous convenons tous que la meilleure façon de progresser, pour le groupe en cause, dans les dossiers qui sont importants pour lui et sa collectivité, c'est un gouvernement autochtone. Nous tenons tous à la réussite de ces groupes comme à celle de tous les Canadiens. L'un des éléments très importants était de veiller à ce qu’il y ait des fonds suffisants pour faire le travail, la capacité de faire des choix, de décider d'investir un peu plus de tel côté, plutôt que de tel autre, étant donné que chaque collectivité est un peu différente et que sa situation varie non seulement par rapport à celle d'autres collectivités, mais aussi dans le temps.
Une autre chose importante, comme je l’ai dit dans mon exposé, ce sont les ressources propres. Il se trouve que, si le gouvernement se tourne vers ceux de qui il faudra percevoir des revenus, s'il leur prend de l'argent et si, au bout du compte, le montant disponible n'est pas plus élevé, cela ne le rendra pas très populaire dans les échanges. Cela ne suscite pas vraiment la volonté de trouver des sources de revenus et d'accroître les revenus pour se donner de meilleurs programmes et services.
Pour moi, c’était un autre élément important de cette conversation. Ces gouvernements ont été poussés à examiner les possibilités de trouver des revenus et à les utiliser pour offrir les services et les améliorer pour tout le monde.
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Avant d’être élu, j’ai représenté pendant 10 ans les chefs héréditaires de l’Atlantique, de la communauté micmaque. Je ne connais pas trop la teneur de la motion, mais en ce qui concerne les chefs héréditaires, il y en a un certain nombre au Canada qui sont encore actifs.
Une mise en garde, cependant... Je voudrais prendre connaissance du texte et tenir un débat approfondi sur ce que nous y mettons. Nous pourrions nous enfoncer profondément dans l’histoire des chefs héréditaires, dans un débat sur les structures héréditaires et les effets de la colonisation au fil des ans. Mais je ne pense pas que cela puisse nous rapprocher d'une solution.
Mes discussions avec le chef national et le chef régional de la Colombie-Britannique, ainsi qu’avec certains chefs héréditaires, ont porté sur leur exaspération, sur le fait qu'on ne respecte pas les droits inhérents et issus de traités.
J'ai proposé un mécanisme capable de résoudre le problème. Le gouvernement fédéral a un procureur général qui fait valoir ses droits. Le gouvernement provincial également a un procureur général pour faire valoir ses droits. Les peuples autochtones n’ont personne pour jouer ce rôle.
L’Assemblée des Premières Nations et les commissaires aux traités de tout le Canada ont réclamé un vaste examen de ce que nous pouvons faire pour créer un mécanisme de mise en œuvre et de sensibilisation relativement aux traités et aux droits.
C’est une chose que nous avons mise dans la commission d'étude des traités déjà adoptée. Il serait également utile au Comité, dans le cadre de la discussion sur la commission d'étude des traités, de convoquer des chefs héréditaires et d'écouter leur point de vue pour trouver des solutions, plutôt que de simplement revenir sur l’histoire et multiplier l’information sur ces groupes.