:
Merci, monsieur le président.
Depuis 21 jours, la contestation du projet de gazoduc Coastal GasLink a pris une tournure critique. Depuis 21 jours, Ottawa est incapable d'assurer la paix, l'ordre et le bon gouvernement. Depuis 21 jours, l'État fédéral ne remplit pas l'obligation fondamentale qui est la sienne.
Il est urgent de mettre fin à cette crise, mais aussi de la comprendre. Nous devons voir ce qu'il y a en amont de cette crise, savoir d'où elle tire sa source. Nous devons savoir pourquoi le gouvernement fédéral a attendu aussi longtemps avant de prendre ses responsabilités et pourquoi il refuse toujours de le faire pleinement. Nous devons également examiner ce qui est fait pour résoudre la crise. Puisque le gouvernement doit rendre des comptes au Parlement, il doit rendre compte de son action dans ce dossier.
Le n'a cessé d'affirmer sur la place publique que des négociations étaient en cours avec les chefs héréditaires. Quel est l'état de ces négociations?
Je comprends qu'on ne doit pas négocier sur la place publique. Cependant, les parlementaires devraient être minimalement informés de ce qui se passe. Je suis donc prête à entendre certains témoignages à huis clos, afin de ne pas compromettre ces négociations. Toutefois, il serait hautement souhaitable que les parlementaires puissent être rassurés sur l'état des négociations. C'est dans l'intérêt public que les parlementaires puissent être informés de la situation.
Il est important que le Comité se penche sur cette question le plus tôt possible afin de fournir des recommandations au gouvernement. Je suis convaincue que l'intérêt public serait grandement servi par un avis indépendant sur cette crise, tel que celui de ce comité.
Depuis le début de la crise, le Bloc québécois a fait de nombreuses propositions. Tout d'abord, nous avons demandé la mise en place d'une cellule de crise avec Ottawa et les provinces concernées. Ensuite, nous avons exigé la nomination par le gouvernement fédéral d'un médiateur indépendant en échange de la fin de l'obstruction des voies ferrées, médiateur dont le mandat eut été d'entamer une discussion sur les enjeux territoriaux avec les Wet'suwet'en.
Par ailleurs, nous avons fait une demande de débat d'urgence pour que la Chambre puisse débattre des solutions à adopter. De plus, nous avons aussi proposé, par la voix de notre chef, lors d'un discours à la Chambre, la suspension temporaire du projet Coastal GasLink en échange de la levée des barricades.
Pour toutes ces raisons, je pense que le Comité doit appuyer ma proposition de motion.
:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie de m'avoir invité à m'entretenir avec vous aujourd'hui de l'important sujet de la sécurité alimentaire dans le Nord, alors que vous commencez votre étude.
Je commencerai par reconnaître que nous sommes sur le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin.
Je suis accompagné aujourd'hui de M. Wayne Walsh, directeur général de la politique stratégique et du Nord au sein du ministère des Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada , et de mes collègues de la Direction générale de la santé des Premières Nations et des Inuits de Services aux Autochtones Canada, le Dr Tom Wong, médecin en chef de la Santé publique du Canada, ainsi que Constantine Tikhonov, directeur par intérim de la Division de la santé environnementale et publique.
Je tiens à préciser que nos deux ministères ne sont qu'un certain nombre de ministères travaillant sur cette importante question.
[Traduction]
L'insécurité alimentaire étant un problème important dans le Nord, nous travaillons directement avec des partenaires autochtones et du Nord pour développer des solutions supplémentaires propres au Nord. L'insécurité alimentaire est une question complexe qui touche plusieurs juridictions. Elle existe dans chaque province et territoire, et l'isolement est l'un des nombreux facteurs qui y contribuent. De nombreuses collectivités isolées qui ne sont pas accessibles à l'année par la route dépendent des marchandises transportées par avion et ont un accès limité aux biens et aux services nécessaires pour améliorer leur accès à la nourriture. Les conditions générales d'isolement aggravent l'insécurité alimentaire puisque le manque d'infrastructures, de transport, l'éloignement, la dépendance au diesel pour la production d'électricité, entre autres, augmentent le coût des activités commerciales et le coût de la vie.
Le revenu, l'éducation et l'accès aux services sociaux influencent aussi les niveaux de sécurité alimentaire. Certaines collectivités du Canada affichent des taux d'aide sociale allant jusqu'à 60 %, ce qui explique les possibilités limitées de dépenses des ménages. Au Canada, approximativement 70 % des ménages prestataires de l'aide sociale sont en situation d'insécurité alimentaire, ce qui démontre la relation directe entre le revenu et l'accès à la nourriture.
Pour améliorer l'accès dans le Nord, le gouvernement a commencé à subventionner le transport de marchandises, y compris de la nourriture, vers les collectivités autochtones à la fin des années 1960. Au fil du temps, la priorité a été recentrée autour du subventionnement des aliments nutritifs périssables par le biais du programme Nutrition Nord Canada.
[Français]
Nutrition Nord Canada est un programme de contribution au commerce de détail dont l'objectif est de faciliter l'accès de 116 collectivités isolées à des aliments nutritifs. Lancé en 2011, le programme, qui a remplacé Aliments-poste, vise à rendre les aliments périssables nutritifs plus abordables qu'ils le seraient autrement, à améliorer l'accès des populations à des aliments non périssables et à d'autres produits essentiels, ainsi qu'à promouvoir une alimentation saine et un régime alimentaire nutritif dans les collectivités isolées du Nord.
Le programme offre aux détaillants et aux fournisseurs autorisés une subvention pour alléger le coût de l'entreposage des produits admissibles et de leur acheminement dans les collectivités isolées. En 2011, dans le cadre de la mise en œuvre de Nutrition Nord Canada, des initiatives de promotion de la nutrition et d'éducation des détaillants ont été lancées par Santé Canada et l'Agence de la santé publique du Canada, afin de favoriser la consommation d'aliments nutritifs, composante clé d'un mode de vie sain.
[Traduction]
Depuis le lancement du programme en 2011, on constate une augmentation constante du nombre d'aliments admissibles à une contribution de Nutrition Nord expédiés dans les collectivités. En 2018-2019, plus de 30 millions de kilogrammes d'aliments nutritifs ont été expédiés et vendus à des taux subventionnés, ce qui représente une augmentation d'environ 50 % entre 2011 et 2019.
La collaboration avec les partenaires a joué un rôle important dans l'amélioration du programme depuis 2011. Par l'intermédiaire du Conseil consultatif de Nutrition Nord Canada, des informations et des conseils sont transmis au ministre des Affaires du Nord afin d'aider à orienter la direction et les activités du programme et à veiller à ce que les résidents du Nord en profitent pleinement. Les membres sont nommés par le ministre des Affaires du Nord à la suite d'un processus de sélection ouvert, transparent et fondé sur le mérite.
Nutrition Nord Canada s'appuie également sur l'expertise et l'expérience de son groupe de travail autochtone pour mettre à jour et améliorer le programme de façon continue afin qu'il réponde mieux aux besoins des collectivités admissibles. Créé en mai 2017, le groupe de travail autochtone compte onze membres représentant une ou plusieurs collectivités admissibles et donne aux résidants du Nord qui y vivent un moyen direct de se faire entendre dans le cadre du programme.
De nombreuses collectivités admissibles du programme Nutrition Nord Canada sont situées dans les quatre régions de l'Inuit Nunangat du Canada. Le groupe de travail Inuit-Couronne sur la sécurité alimentaire a été créé en 2019 pour que les réalités distinctes des Inuits soient prises en compte et que la collaboration entre les ministères et les organisations inuites soit renforcée. Le groupe de travail soutient le Comité de partenariat entre les Inuits et la Couronne en promouvant une approche pangouvernementale visant à améliorer la sécurité alimentaire des collectivités de l'Inuit Nunangat.
[Français]
Depuis sa mise en œuvre, le programme Nutrition Nord Canada a fait l'objet d'un certain nombre de vérifications et d'évaluations; la transparence et la responsabilisation à son égard ont été examinées de près, et son efficacité à améliorer l'accès à des aliments nutritifs et à réduire leur prix a aussi été examinée.
Entre 2011 et 2014, le Comité permanent des affaires autochtones et du développement du Nord ainsi que le Bureau du vérificateur général ont recommandé que des changements soient apportés au programme, notamment pour que toutes les collectivités éloignées soient incluses dans le programme, et non seulement celles situées au nord du 60e parallèle, mais n'importe quelle collectivité au sud du 60e parallèle.
En 2016, un vaste projet a été mené dans l'ensemble du Canada pour recueillir les commentaires des habitants du Nord sur la façon d'améliorer le programme. Parmi les principales recommandations issues de ce processus figurent l'augmentation des subventions et l'élargissement de la liste des aliments admissibles, un appui à la chasse et à la récolte, afin d'améliorer l'accès aux aliments locaux et traditionnels, ainsi qu'un soutien à la production alimentaire locale.
[Traduction]
Depuis 2016, en collaboration avec les habitants du Nord, des améliorations importantes ont été apportées au programme afin de donner suite à ces recommandations. Le programme a annoncé une liste entièrement révisée des aliments admissibles à une subvention qui met l’accent sur les aliments de base des résidents du Nord et les aliments prisés des familles du Nord, comme le lait, les fruits et légumes congelés, les préparations pour nourrissons et les aliments pour bébés, le tout dans le but de contribuer à réduire davantage le coût des aliments nutritifs.
D’autres améliorations ont été annoncées en 2019. Une nouvelle contribution pour le transport de surface a été introduite concernant certains produits non périssables admissibles expédiés par bateau, par barge ou par une route d’hiver, et les produits d’hygiène féminine ont été ajoutés à la liste d’admissibilité.
Parmi ces améliorations figure la nouvelle subvention pour le soutien aux chasseurs-cueilleurs, qui vise à favoriser le partage des aliments dans les collectivités en réduisant les coûts associés à la chasse et à la récolte pour les collectivités isolées admissibles du Canada.
La subvention pour le soutien aux chasseurs-cueilleurs est fondée sur une approche de partenariat entre les organisations autochtones bénéficiaires et le ministère. Elle a été conçue pour être dirigée par des Autochtones et tient compte du fait que les besoins et les pratiques en matière de récolte devraient être déterminés par les collectivités elles-mêmes.
La création de la subvention pour le soutien aux chasseurs-cueilleurs constitue un jalon important en réponse aux recommandations des habitants du Nord. C’est également une étape importante dans la lutte contre l’insécurité alimentaire dans le Nord, au-delà du subventionnement des aliments achetés en magasins.
Ensemble et en collaboration avec nos partenaires, nous avons réalisé de bons progrès. Mais il est clair que nous devons en faire plus.
Bien que le programme reconnaisse que l’accès aux aliments achetés en magasin est important pour réduire l’insécurité alimentaire dans le Nord, une véritable réponse à l’insécurité alimentaire nécessite des solutions qui vont au-delà de Nutrition Nord Canada.
[Français]
Nutrition Nord Canada a été établi pour améliorer l'abordabilité des aliments nutritifs et l'accès à ceux-ci. Bien qu'il offre des améliorations mesurables, il n'a pas été conçu pour régler l'ensemble des problèmes complexes qui entraînent l'insécurité alimentaire.
Les niveaux d'insécurité alimentaire dans le Nord...
[Français]
Les niveaux d'insécurité alimentaire dans le Nord représentent un défi. Il reste encore beaucoup à faire pour améliorer le bien-être général des collectivités isolées du Nord, et la collaboration avec les groupes de travail et le comité consultatif aidera à trouver de nouvelles solutions.
D'autres initiatives gouvernementales ont été mises en œuvre pour aider à résoudre ce problème, par exemple, par l'Agence canadienne de développement économique du Nord et par le Fonds des infrastructures alimentaires locales d'Agriculture et Agroalimentaire Canada.
Cependant, ces programmes ne permettront pas à eux seuls de régler le problème de l'insécurité alimentaire dans le Nord. Une approche à plusieurs systèmes est nécessaire.
[Traduction]
Nous sommes à l’écoute des Autochtones et des habitants du Nord et nous collaborons avec eux afin de comprendre ce dont ils ont besoin pour nourrir leur famille. De plus, nous collaborons étroitement avec les provinces, les territoires, l’industrie, les exploitants de ressources alimentaires et d’autres acteurs pour élaborer de nouvelles solutions communes adaptées au Nord qui vont au-delà de Nutrition Nord Canada.
En conséquence, pour améliorer la sécurité alimentaire dans le Nord, il faudra compter sur la collaboration et la coordination de multiples intervenants et administrations. Le ministère est heureux d’élargir ce réseau afin de favoriser la création de partenariats solides et l’élaboration de solutions concertées. Il ne manque pas de résilience et d’idées innovatrices dans les collectivités du Nord. On doit écouter et appuyer les solutions qu’elles offrent.
Merci, monsieur le président.
Comme nous l'avons entendu, messieurs, l'absence de sécurité alimentaire et la mauvaise alimentation touchent les citoyens, les ménages et les collectivités autochtones et du Nord d'une façon disproportionnée. À ce jour, le programme Nutrition Nord Canada est le principal outil que le gouvernement utilise pour contribuer à l'alimentation et à la sécurité alimentaire du Nord.
Comme mon collègue conservateur, M. Vidal, l'a mentionné, les gens créent des solutions intéressantes qui pourraient nourrir le Nord.
C'est avec plaisir qu'en 2011, j'ai participé à l'inauguration d'un endroit appelé Perennia, à Bible Hill, en Nouvelle-Écosse. À l'époque, le gouvernement — je siégeais à l'Assemblée législative de la Nouvelle-Écosse — a construit l'édifice, a établi l'organisation et a investi dans de nouvelles techniques pour contribuer à lutter contre l'insécurité alimentaire à l'échelle nationale.
L'une des entreprises qui ont démarré là-bas s'appelait TruLeaf. Elle a été fondée par Gregg Curwin, qui vit toujours en Nouvelle-Écosse. L'entreprise qu'il a créée semblait vraiment emballante pour le Nord, selon nous. Elle est fondée sur un système qui offre la possibilité de cultiver à longueur d'année des plantes à feuille pour remplacer ou améliorer les sources de plantes actuelles. Il s'agit de fermes à plusieurs niveaux qui peuvent être construites n'importe où et qui offrent l'avantage principal d'une culture rapprochée des marchés, ce qui maximise la fraîcheur, tout en réduisant les coûts de transport et le gaspillage. Le système a pour objet d'accroître l'offre d'aliments locaux en assurant un approvisionnement agricole permanent et en réduisant notre dépendance aux fruits et légumes importés.
Ce sont essentiellement d'énormes véhicules de confinement dotés de plateaux de plantes vertes à divers niveaux. Ils peuvent être déployés en nombres suffisants pour fournir tous les fruits et légumes dont vous avez besoin. À l'époque, nous pensions que ce système serait très pratique quelque part dans le Nord ou même dans les déserts subsahariens du monde entier.
Un système comme celui-là a-t-il été porté à votre attention? Des projets de ce genre sont-ils en cours à l'heure actuelle?
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Ce qui est mis en œuvre dans le Nord est de nature locale et émane de la population; chaque communauté doit composer avec ses réalités. Nous avons entendu l'exemple de Dawson City. Il y a les jardins communautaires à Inuvik. Il y a aussi les conteneurs dont vous avez parlé, à Churchill, au Manitoba. Nous sommes également au fait d'autres projets pilotes. L'Université Memorial a une approche semblable, mais elle cible plutôt les familles, qui obtiennent des boîtes. Bref, l'innovation dans ce domaine prend toutes sortes de formes.
Je crois qu'il sera important, pour la suite des choses, de se servir de ces exemples comme point de départ, puis de tenter, à l'aide des nouveaux fonds prévus au titre du programme CanNor, de concevoir quelque chose d'un peu plus durable et pérenne.
Cela étant dit, il faut tenir compte d'autres facteurs, et c'est là l'autre difficulté pour les communautés nordiques. Cultiver des aliments dans des conteneurs s'est avéré très efficace dans des climats septentrionaux, dans le Sud du pays. C'est un peu plus compliqué dans le Nord pour un éventail de raisons, dont le diesel. Dans le Nord, l'électricité est produite grâce au diesel, et à 4,25 $ le litre, ce carburant peut rendre l'exploitation d'un conteneur très dispendieuse.
Dans notre étude des projets pilotes, il ne faut en omettre aucun. Nous devons également nous pencher sur d'autres choses, comme la façon de tirer profit des énergies renouvelables.
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Je vous remercie de votre question, madame Bérubé.
C'est un enjeu important. Nous voulons nous assurer que la subvention va aux gens auxquels elle est destinée, c'est-à-dire les gens du Nord. Nous avons donc mis en place une série de mesures de transparence.
Tout d'abord, les fournisseurs doivent avoir des ententes avec nous pour nous donner accès à leurs livres. Ils doivent notamment inscrire sur leurs coupons de caisse les économies réalisées par l'individu grâce à la subvention. Ces mesures visent à permettre aux gens de voir les économies qu'ils font.
Par ailleurs, nous avons aussi mis en place des mesures de vérification. Nous faisons des vérifications internes auprès des entreprises, en nous basant sur le risque et sur une rotation, pour nous assurer que la subvention a effectivement été transmise aux gens sur le terrain.
De plus, nous engageons une firme comptable pour faire une vérification des reçus. Avant que nous remboursions les fournisseurs, ceux-ci nous envoient chaque mois leurs factures, qui font l'objet d'une vérification comptable.
Toutes ces mesures ont été mises en place pour s'assurer que la subvention se rend aux gens du Nord et pour s'assurer de la transparence. D'ailleurs, toutes ces mesures sont aussi présentées sous la forme d'un rapport sur notre site Web.
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Merci, monsieur le président. Merci, messieurs, d'être ici aujourd'hui et de nous transmettre ces renseignements.
J'ai eu le privilège la fin de semaine dernière de me rendre dans le territoire du Traité no 3, dans le Nord de l'Ontario, et d'y rencontrer certaines des personnes. Puis, cette semaine, j'ai reçu une lettre de l'un des chefs des Premières Nations du territoire. Il parle du programme Nutrition Nord Canada. Globalement, ce programme ne répond tout simplement pas aux besoins de sa région. Il affirme qu'il n'est pas à la hauteur. Je vais essayer de résumer brièvement ses propos.
Comme solution de rechange, il demande:
... d'envisager l'affectation d'une partie du budget de Nutrition Nord Canada à des projets qui nous habilitent à cultiver des fruits et légumes frais localement. Nous sommes convaincus que nous pouvons conclure des partenariats avec des organisations qui ont mis au point des techniques fructueuses misant sur des unités agricoles à environnement contrôlé.
Il fournit ensuite une définition du concept.
Enfin, il conclut comme suit:
En conclusion, l'occasion de mettre à profit ces techniques se traduira par une plus grande autosuffisance pour nos communautés en plus de réduire notre dépendance aux programmes d'intervention gouvernementale. Ces efforts déployés durant toute l'année nourriront notre peuple en plus de créer des emplois et de stimuler l'économie.
Dans votre réponse à mon collègue, M. Zimmer, vous avez parlé du programme CanNor et de son financement, si j'ai bien compris, de ce type de projets. Nous avons rapidement consulté le site Web et constaté que des sommes avaient été investies aux Territoires du Nord-Ouest pour l'instant, à moins que je ne me trompe.
Est-ce que ce type de solution innovante serait une possibilité intéressante dans le nord de certaines provinces afin de remédier aux obstacles à la sécurité alimentaire?
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Merci, monsieur le président.
Je veux d'abord tous vous remercier d'être des nôtres aujourd'hui pour nous transmettre ces renseignements. Je pense pouvoir dire au nom de mes collègues que vos réponses nous guident vers des pistes de solution qui méritent certes toute notre attention.
Ma question porte sur la diversité et la complexité des défis à relever dans le Nord et sur les solutions toutes aussi diversifiées que la situation exige. Je n'ai eu l'occasion de parcourir que partiellement le territoire de l'Inuit Nunangat, mais je sais fort bien que les difficultés ne sont pas les mêmes pour le Nunavik, le Nunavut, l'Inuvialuit et le Nunatsiavut. Ces régions sont aussi différentes qu'elles sont éloignées les unes des autres, mais cela ne se limite pas à l'Inuit Nunangat. Il est aussi question de collectivités situées à l'extérieur de ce territoire.
J'ai entendu des recommandations qui pourraient être bénéfiques pour une collectivité ici et là, comme l'accès à Amazon pour Iqaluit, la seule localité où il est possible de commander des produits en ligne. Je me souviens toutefois de ce que disait l'article à ce sujet. Seuls les gens d'Iqaluit peuvent ouvrir un compte Amazon Prime qui leur coûte 80 $ par année et vient avec son lot de problèmes à surmonter. J'ai certes l'impression que ce modèle pourrait être déployé à plus grande échelle et peut-être aussi profiter d'une subvention plus généreuse.
Quant aux différentes solutions ponctuelles mises de l'avant, comme une serre dans une collectivité où la saison de croissance s'y prête, l'affranchissement par rapport au diesel comme source d'énergie ou même l'implantation de sol arable pour l'agriculture, elles me semblent s'inscrire dans une approche que l'on pourrait qualifier de morcelée lorsqu'il s'agit de venir en aide à des milliers de gens éparpillés dans des centaines de localités.
Ma question porte davantage sur les programmes pouvant contribuer à élargir la base de connaissances sur les activités de chasse et de cueillette et les aliments inuits locaux. J'ai trouvé fort encourageante la mise en place d'un programme de Subvention pour le soutien aux chasseurs-cueilleurs. Les gens me parlent sans cesse des connaissances traditionnelles qui sont en train de se perdre. On fait souvent valoir que ces gens-là vivent dans le Nord depuis des milliers d'années et qu'ils ont certes appris à subvenir à leurs besoins alimentaires, mais les commentaires de la sorte ne tiennent pas compte du fait que des générations de colonialisme ont totalement rasé cette base de connaissances. On ne parlera jamais assez des effets dévastateurs de l'abattage de tous les chiens de notre génération sur les connaissances traditionnelles en matière de chasse dans le Nord.
J'aimerais que vous puissiez nous donner une idée de l'aide que nous pourrions apporter pour restaurer une partie de cette base de connaissances. J'ai vu des aînés et des enfants s'asseoir ensemble pour parler de chasse. Il faut de plus favoriser l'intégration de ce savoir traditionnel aux programmes d'études locaux. Comme l'indiquait mon collègue, M. Battiste, les collectivités ayant leur mot à dire concernant le programme d'études local parviennent souvent à mieux se tirer d'affaire.
Parmi toutes les questions qui me viennent à l'esprit, je vais vous en poser une en laissant à tous l'occasion d'y répondre.
À Halton, une localité où les problèmes de sécurité alimentaire n'ont rien à voir avec ceux qui affectent le Nord, il y a des enfants qui arrivent à l'école l'estomac vide. Docteur Wong, vous nous avez rappelé à quel point il peut être difficile pour un enfant de fréquenter l'école lorsque la faim le tenaille. Monsieur Battiste a posé une question au sujet des programmes alimentaires s'adressant directement aux écoliers. Il s'agit d'offrir le financement, les subventions ou le soutien nécessaire pour que chaque enfant ou personne qui se présente à l'école ait droit à un déjeuner et à un dîner nutritifs. C'est assurément bénéfique pour certains enfants de Halton qui vivent l'insécurité alimentaire dans une perspective très différente.
Je sais également que l'on a obtenu de bons résultats grâce aux partenariats établis avec les gardiens et les Rangers ainsi que dans le cadre d'autres programmes réunissant aînés et jeunes pour reconstituer une partie de cette base de connaissances qui a été perdue en raison du colonialisme. Cet effort pour recouvrer les connaissances perdues s'inscrit dans le processus de réconciliation.
J'en viens finalement à ma question. Pourriez-vous nous parler de l'utilité d'un programme de nutrition pour les écoles, de la bonification de la Subvention de soutien aux chasseurs-cueilleurs pour rétablir en partie la base de connaissances, et de la diversité des problèmes et, partant, des solutions possibles dans l'ensemble du Nord en sachant qu'il faut renoncer à une approche universelle au profit de mesures adaptées aux différents besoins?
Merci.
Je représente la circonscription de Thunder Bay—Rainy River où il n'y a pas de collectivité accessible uniquement par avion. Il y a toutefois à Thunder Bay seulement entre 10 000 et 30 000 personnes originaires de localités nordiques accessibles uniquement par avion. Bon nombre de mes concitoyens sont donc directement touchés par cette réalité dont nous discutons.
Je vais vous donner un exemple pour illustrer l'ampleur du problème. Je parlais récemment aux responsables de la banque alimentaire de Thunder Bay. Ils expédient des tonnes d'aliments provenant des dons reçus vers des collectivités du Nord accessibles uniquement par avion. Ce sont les chefs qui paient pour ces vols, mais cela montre bien à quel point il peut être difficile d'obtenir des denrées alimentaires dans les réserves nordiques.
D'après ce que je puis constater, il semblerait que le programme Nutrition Nord soit notamment problématique du fait que la subvention offerte est d'un montant si négligeable que l'on peut s'interroger sur son utilité véritable. Les gens de Nutrition Nord nous ont présenté des diapositives où l'on voit des photos prises dans je ne sais trop quelle collectivité accessible uniquement par avion, peut-être Attawapiskat. On pouvait y voir le prix des produits avec et sans la subvention.
Un petit contenant de fraises coûtait quelque chose comme 10,20 $ avec la subvention et 10,80 $ sans la subvention. C'est une économie vraiment négligeable. Je ne peux m'imaginer que quelqu'un va acheter ce contenant de fraises dans le but d'économiser 60 ¢. Reste quand même qu'il coûte 10,20 $, ce qui demeure inabordable.
Je suis persuadé que Nutrition Nord bénéficie d'un financement considérable, mais à quoi cela peut-il bien servir si le tout se traduit essentiellement par un rabais minime qui n'a aucun attrait pour le consommateur?
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Je vous remercie de votre question.
Nous surveillons constamment le taux d'insécurité alimentaire. Les améliorations qui ont été faites récemment, en 2019, ne se traduisent peut-être pas encore tout à fait sur le terrain. Par exemple, j'ai mentionné la nouvelle Subvention pour le soutien aux chasseurs-cueilleurs. Le financement de cette subvention va être octroyé, incessamment, au mois de mars. Les mesures n'ont pas nécessairement eu le temps de faire pleinement effet sur le terrain.
Globalement, d'après les statistiques, l'insécurité alimentaire a été réduite depuis la mise en œuvre du programme, en 2011. Il y a toujours plus à faire, et c'est pourquoi nous avons des tables rondes avec nos partenaires afin d'entendre leurs préoccupations et d'avoir des solutions pour mieux satisfaire les besoins. C'est à partir de ces conversations que nous apportons des ajustements aux programmes. Nous ajustons aussi les taux de financement des produits et la liste des produits admissibles. Je vous donne un exemple.
Lors de nos consultations, nous nous sommes rendu compte que, dans le cadre de la subvention qui vise des aliments nutritifs et qui tente d'avoir le maximum d'effet là-dessus, il y avait une liste d'aliments pour faire du bannock. Nous avons ajusté notre liste pour nous assurer d'inclure les produits pour faire le bannock. Il y a des choses que nous pouvons subventionner pour que cela se rende sur le terrain, en se basant sur les besoins qui nous ont été exprimés.
C'est au moyen de ce dialogue qu'on peut y arriver et faire des progrès.