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La séance est maintenant ouverte.
Bienvenue à la sixième réunion du Comité permanent des affaires autochtones et du Nord de la Chambre des communes. J'aimerais commencer en soulignant que l'endroit d'où je vous parle aujourd'hui se trouve sur le territoire traditionnel des nations haudenosaunee, anishinabe et chonnonton.
Conformément à l'ordre de renvoi du 20 avril 2020, le Comité se réunit dans le but d'entendre des témoignages sur la réponse du gouvernement à la pandémie de COVID-19.
La réunion d'aujourd'hui a lieu par vidéoconférence, et le compte rendu des délibérations sera publié dans le site Web de la Chambre des communes. La fenêtre de webdiffusion montrera toujours la personne qui parle plutôt que le Comité au complet.
Afin de faciliter le travail de nos interprètes et veiller au bon déroulement de la réunion, je vous résume quelques règles à suivre. Si vous alternez entre les deux langues lorsque vous avez la parole, vous devez changer le canal d'interprétation pour qu'il corresponde à la langue que vous parlez. Tâchez de faire une brève pause lorsque vous passez d'une langue à l'autre. Pour changer de langue, vous devez vous servir de l'icône au milieu de l'écran. Présentement, dans mon cas, c'est l'anglais qui est indiqué. Malheureusement, c'est un drapeau des États-Unis qui s'affiche, mais nous changerons cela. Vous devez cliquer sur la langue que vous parlez, et si vous décidez de passer au français, alors vous changez la langue du locuteur à cet endroit.
Avant de commencer à parler, attendez que je vous cède la parole en vous nommant. Lorsque vous êtes prêt à parler, vous devez soit cliquer sur l'icône du microphone pour activer votre microphone, soit tenir la barre d'espacement enfoncée pendant que vous parlez. Lorsque vous cessez d'appuyer sur la barre, votre microphone se désactive. C'est un peu comme se servir du bouton d'un walkie-talkie.
Je vous rappelle que les membres du Comité et les témoins devraient s'adresser à la présidence lorsqu'ils parlent. Si un membre veut intervenir lorsque ce n'est pas son tour de poser des questions, il doit activer son micro et déclarer qu'il souhaite invoquer le Règlement. Si un membre veut intervenir au sujet d'un recours au Règlement de la part d'un autre membre, il devrait se servir de l'option « lever la main », ce qui préviendra la présidence qu'il veut parler. Pour ce faire, vous devez cliquer sur « participants » au bas de l'écran. Lorsque la liste apparaît, vous devez cliquer sur l'inscription « lever la main » à côté de votre nom, sur le bouton des participants.
Parlez lentement et distinctement. Si vous n'avez pas la parole, fermez votre microphone. Nous avons découvert qu'il est très souhaitable d'utiliser des écouteurs. Si vous avez des écouteurs-boutons avec un microphone, vous devriez placer le microphone plus près de votre bouche lorsque vous parlez, afin d'améliorer la qualité du son pour les interprètes.
Si vous rencontrez des difficultés techniques, par exemple, si vous entendez mal l'interprète ou si vous êtes déconnectés inopinément, veuillez en informer la présidence ou la greffière immédiatement, et l'équipe technique s'emploiera à résoudre les difficultés. Veuillez noter qu'en pareil cas, il est possible que nous soyons obligés de suspendre la séance, car nous devons nous assurer que tous les membres peuvent participer pleinement.
Avant de commencer, pourriez-vous tous cliquer dans le coin supérieur droit de votre écran pour passer à la « vue galerie »? Chacun pourra ainsi voir, dans des carreaux à l'écran, tous les participants ayant activé la vidéo.
Au cours de la réunion, nous allons suivre les mêmes règles que d'habitude, comme s'il s'agissait d'une réunion normale. Nos témoins seront présents pendant deux heures, mais je vais demander à la greffière de nous dire quelques mots avant que nous commencions.
Comme il est présentement 14 h 23 et que nous accusons du retard pour des raisons d'ordre technologique, j'aimerais savoir, madame la greffière, si nous serons quand même obligés de mettre fin à la réunion à l'heure prévue. Comment allons-nous gérer notre temps aujourd'hui?
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Merci, monsieur le président.
Kwe. Tansi. Ulaakut. Boohzoo. Good afternoon. Bonjour.
Avant de commencer, je voudrais souligner que je me trouve actuellement tout près du Parlement du Canada, sur le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin.
Monsieur le président, je suis heureux de me joindre à vous tous, y compris mes collègues les ministres et , par vidéoconférence. Les personnes suivantes du ministère des Services aux Autochtones m'accompagnent aujourd'hui pour m'aider à répondre à vos questions: M. Jean-François Tremblay, sous-ministre; Mme Valérie Gideon, sous-ministre adjointe principale à la Direction générale de la santé des Premières Nations et des Inuits; le docteur Tom Wong, médecin en chef de la santé publique à la Direction générale de la santé des Premières Nations et des Iuits; Mme Mary Kapelus, sous-ministre adjointe au Secteur des programmes et des partenariats en matière d'éducation et de développement social; M. Chris Duchesnes, directeur général du Secteur des terres et du développement économique.
En leur nom et en mon nom à moi, j'aimerais remercier le Comité de nous avoir donné l'occasion de lui fournir les dernières informations sur le travail accompli par le gouvernement avec les dirigeants des Premières Nations, des Inuits et des Métis, avec les organisations et les communautés autochtones et avec les gouvernements provinciaux et territoriaux, afin d'atténuer le danger que représente la pandémie de COVID-19.
Le 30 avril, il y avait 131 cas confirmés d'infection au coronavirus dans les réserves des Premières Nations. Nous surveillons aussi un cas confirmé à Pond Inlet, au Nunavut.
[Français]
Afin d’aider les communautés autochtones à se préparer à la pandémie de la COVID-19 et à réagir, notre gouvernement a accordé plus de 740 millions de dollars pour répondre aux besoins des communautés des Premières Nations, des Inuits et des Métis en matière de santé publique. À ce jour, plus de 59,8 millions de dollars ont été utilisés pour l’achat d’équipement destiné au personnel médical ainsi que pour soutenir les mesures de préparation menées par les communautés. Ce montant s’ajoute aux investissements faits lors du budget de 2019, dans lequel notre gouvernement avait accordé environ 80 millions de dollars pour soutenir la préparation à des urgences sanitaires comme celle-ci. Ces investissements ont permis le développement d’un réseau de coordonnateurs régionaux et le renforcement des capacités des communautés des Premières Nations à faire face aux urgences sanitaires et aux pandémies.
Services aux Autochtones Canada continue de maintenir des réserves d’équipement de protection individuelle et des désinfectants pour les mains pour les remettre aux communautés des Premières Nations en situation d’urgence sanitaire. Ces réserves sont mises à la disposition des communautés des Premières Nations qui pourraient avoir besoin d’équipement de protection personnelle pour garantir la sécurité des travailleurs de la santé et d’autres personnes appuyant la prestation des services de santé en cas d’urgence sanitaire comme la présente pandémie.
À ce jour, nous avons distribué aux communautés 167 000 blouses chirurgicales, 200 000 masques chirurgicaux et environ un demi-million de gants en vinyle. Cela s’ajoute à l’équipement déjà distribué par les provinces et les territoires, car il est très important de noter qu’il s’agit d’un travail concerté. Nous continuons à répondre rapidement aux demandes et à les évaluer dans un délai de 24 heures.
[Traduction]
Il importe de souligner que bon nombre de communautés et de prestataires de services adaptent leurs activités aux règles d'éloignement physique. Des organisations autochtones nationales, comme la Thunderbird Partnership Foundation et le First Peoples Wellness Circle, ont conçu une série de ressources portant sur la COVID-19 qui sont accessibles en ligne. Nous avons, entre autres, aidé financièrement le First Peoples Wellness Circle à élaborer une plateforme en ligne destinée à son réseau d’équipes multidisciplinaires en santé mentale qui fournissent actuellement des services à 344 communautés.
De même, en collaboration avec le fournisseur de services, nous avons accru le nombre de conseillers formés pour intervenir en situation de crise qui répondent à la Ligne d’écoute pour le mieux-être, où l'on traite actuellement plus de 100 demandes par semaine, au téléphone et par clavardage, concernant la COVID-19. L'isolement, l'éloignement physique ainsi que le risque de voir les membres de sa famille les plus fragiles tomber malades peuvent avoir des effets considérables et bien tangibles sur la santé mentale. Nous en sommes conscients et nous travaillons avec nos partenaires pour mettre en œuvre des solutions destinées à améliorer la santé mentale, en particulier parmi les jeunes.
L'aide aux jeunes Autochtones constitue également un secteur prioritaire pour nous. Le ministère collabore avec ses partenaires autochtones, y compris des organismes jeunesse, afin de favoriser l'offre de ressources autochtones destinées aux jeunes. Par exemple, We Matter, une organisation autochtone dirigée par des jeunes qui se consacre à la promotion de la vie et à la diffusion de messages d'espoir et de résilience, a créé une trousse d’outils offerte aux jeunes, aux enseignants et aux travailleurs sociaux pour leur venir en aide.
De même, Échanges Racines canadiennes a établi le fonds d’assistance communautaire CREation pour favoriser la santé mentale des jeunes durant la pandémie de COVID-19 grâce à des solutions locales.
Les membres de votre comité se souviendront peut-être que le 18 mars, le gouvernement du Canada a alloué 305 millions de dollars à la création du Fonds de soutien aux communautés autochtones, qui servira à financer des mesures adaptées aux particularités des communautés autochtones et des populations autochtones vivant en zone urbaine pour répondre à leurs besoins immédiats liés à la COVID-19. Ce financement fait partie du Plan d’intervention économique du Canada pour répondre à la COVID-19. Il s’ajoute au financement axé sur les besoins qui doit permettre aux Premières Nations et aux Inuits de gérer leurs mesures d'urgence et leurs ressources dans le domaine de la santé.
[Français]
Nous sommes conscients que les étudiants au niveau postsecondaire doivent faire face à une situation sans précédent en raison de la COVID-19.
Le a annoncé le 22 avril, soit il y a une semaine, un financement à hauteur de près de 9 milliards de dollars qui est destiné aux étudiants de niveau postsecondaire et aux nouveaux diplômés, y compris les étudiants autochtones. Nous savons que plusieurs étudiants autochtones doivent faire face à des situations particulières et uniques, que ce soit en lien avec la stabilité financière, les occasions d'emploi ou, simplement, la possibilité de poursuivre les études comme prévu.
C'est pourquoi un montant de 75,2 millions de dollars sera accordé afin de soutenir les étudiants de niveau postsecondaire des Premières Nations, de même que les étudiants inuits et métis, pendant qu'ils doivent faire face à la COVID-19. Ce montant s'ajoute au financement déjà existant destiné aux programmes d'aide financière pour les étudiants autochtones au niveau postsecondaire. Ce soutien pourrait servir, entre autres, à couvrir les frais associés à l'achat d'équipement informatique à mesure que les cours migrent en ligne, à permettre l'inscription aux cours d'été et à couvrir les dépenses liées à la nourriture, à la pension alimentaire, au logement et au transport. Dans le cas où l'obtention du diplôme est retardée, ce montant pourrait couvrir une année universitaire supplémentaire et les dépenses connexes.
En fin de compte, cette aide est destinée à garantir que les étudiants autochtones de niveau postsecondaire pourront poursuivre ou commencer leurs études comme prévu, malgré les obstacles causés par la COVID-19.
[Traduction]
Nous prenons également des mesures pour aider les entrepreneurs autochtones pendant cette crise. Le gouvernement du Canada fournira une somme pouvant atteindre 306,8 millions de dollars par l’entremise du réseau des institutions financières autochtones qui offrent le financement aux entreprises autochtones. On prévoit qu’environ 6 000 entreprises appartenant à des Autochtones pourront bénéficier de cette mesure pour traverser cette période difficile et trouver, espérons-le, la stabilité leur permettant de durer.
Les entreprises autochtones, y compris les sociétés et les partenariats autochtones publics, sont également admissibles maintenant à la Subvention salariale d'urgence du Canada afin de les soutenir dans leurs efforts pour conserver leur effectif, réembaucher les employés licenciés et surmonter les difficultés actuelles. Les sociétés publiques autochtones à revenus imposables sont déjà admissibles à la subvention salariale. Nous avons modifié les règles d'admissibilité à la subvention salariale afin d'inclure les sociétés et partenariats appartenant à un gouvernement autochtone pour les aider à conserver les employés qui sont toujours sur la liste de paie et à réembaucher les travailleurs précédemment licenciés. Je sais que cette question est importante pour votre comité parce que plusieurs d'entre vous l'ont soulevée. Je vous en remercie, car votre travail de sensibilisation a été bénéfique.
Le gouvernement a également mis sur pied le Programme de crédit aux entreprises pour leur fournir une aide additionnelle de 40 milliards de dollars par l’entremise de la Banque de développement du Canada et Exportation et développement Canada, qui collaborent avec les prêteurs du secteur privé pour coordonner les mécanismes de crédit aux entreprises, mécanismes dont certaines entreprises autochtones peuvent se prévaloir. Ce programme est important.
Enfin, je tiens à souligner les progrès que nous avons réalisés dans l'aide apportée aux membres des Premières Nations qui vivent à l'extérieur des réserves et, de manière générale, aux populations autochtones urbaines.
Nous avons récemment terminé l'étude des propositions qui nous avaient été soumises par des organisations qui fournissent des services essentiels aux membres des Premières Nations habitant hors des réserves et aux Autochtones vivant en milieu urbain, dans le but d'obtenir une part du financement de 15 millions de dollars puisé dans le Fonds de soutien aux communautés autochtones du gouvernement. Jusqu'à maintenant, nous avons retenu 94 propositions, et l'argent est notamment destiné aux centres d'amitié, afin de les aider à poursuivre leur mission importante au service des populations autochtones urbaines, durant la pandémie.
Je remercie encore les membres du Comité d'avoir défendu les intérêts des Autochtones avec beaucoup d'énergie.
Nous savons que les centres d'amitié jouent un rôle crucial. Le soutien essentiel qu'ils fournissent comprend entre autres la livraison de nourriture aux familles, aux jeunes et aux personnes âgées, diverses formes d'assistance fournie sur demande ainsi que la prestation de services de santé mentale et de soutien culturel aux populations autochtones en milieu urbain.
Au fur et à mesure que nous prenons des mesures pour lutter contre la pandémie de COVID-19, de nouvelles données nous parviennent, et nous devons nous y adapter. Nous demandons aux communautés et partenaires autochtones de continuer à évaluer leurs besoins à mesure que ceux-ci évoluent et nous leur demandons de communiquer avec les personnes-ressources du ministère dans leur région pour que nous puissions venir en aide aux membres de leur communauté. En même temps, nous continuons de poursuivre les objectifs à plus long terme, comme le logement, l’emploi et l'approvisionnement en eau potable.
[Français]
Nous sommes déterminés à répondre aux besoins changeants des communautés inuites et métisses et des Premières Nations et de leurs membres, et à répondre aux demandes provenant des communautés autochtones elles-mêmes.
C'est la raison pour laquelle les Rangers canadiens, par exemple, participent actuellement à la distribution de nourriture, de fournitures et de services médicaux non seulement au Nunavik, mais également au nord de la Saskatchewan, au nord de l'Ontario et en Basse-Côte-Nord, au Québec. Les Forces armées canadiennes et leurs détachements de Rangers ont une grande expérience quand vient le temps de venir en aide aux communautés, parfois à leurs communautés, ainsi qu'à la population canadienne.
Nous avons vu des Rangers et des membres des Forces armées canadiennes se lever et répondre à l'appel là où les Canadiens en avaient le plus besoin d'un bout à l'autre du pays, c'est-à-dire dans nos établissements de soins de longue durée, dans les régions où les besoins en ressources sont les plus aigus et dans les régions éloignées du pays. C'est la raison pour laquelle nous continuons de collaborer pour améliorer l'accès aux services essentiels pour les peuples autochtones.
[Traduction]
Aujourd'hui, nos pensées et nos prières vont aux militaires qui ont perdu la vie hier dans un accident d'hélicoptère en survolant la mer Ionienne ainsi qu’à leurs familles. Le Canada est en deuil avec elles alors que nous essayons tous de comprendre ce tragique accident.
Le gouvernement a élaboré et mis en œuvre une gamme de mesures pour venir en aide rapidement et directement à tous les Canadiens et tous les peuples du Canada touchés par cette crise. Ces mesures nous aident à répondre aux besoins des ménages canadiens, de manière à ce qu'ils aient de l'argent pour leurs dépenses essentielles, comme le logement et l’épicerie, durant cette difficile période. De plus, ces mesures apportent une aide financière rapide aux peuples autochtones du Canada, peu importe où ils vivent.
Par ailleurs, je tiens à remercier en particulier les membres du Comité qui ont communiqué avec moi, avec les secrétaires parlementaires ou avec mon personnel pour faire valoir la nécessité des mesures sanitaires à maintenir pour lutter contre le problème sanitaire actuel. La partisanerie n'a pas sa place dans cette lutte, et je vous remercie d'avoir mis en veilleuse nos divergences de vues pour que nous puissions prendre des mesures sanitaires contre un problème qui est d'ordre sanitaire. En fin de compte, c'est la vie des Canadiens et des peuples autochtones du Canada qui est en jeu. Nous serons jugés à l'aune du nombre de vies que nous serons parvenus à protéger au cours de l'épidémie qui fait désormais partie de notre quotidien.
Je remercie tous les membres du Comité qui ont communiqué avec mes secrétaires parlementaires et qui ont accompli un travail extraordinaire pour défendre les intérêts des gens ayant fait appel à eux. Plusieurs mesures ont été prises, et ce, dans un temps record. Évidemment, des erreurs sont commises et, lorsque vous nous les signalez, nous faisons de notre mieux pour y remédier. Je vous en remercie tous. Je tiens à souligner la nature non partisane de notre mobilisation et les qualités humaines dont vous avez fait preuve. Je vous en suis très reconnaissant, tout comme mon personnel, et je crois en fait que tous les membres du Comité en sont heureux.
Notre collaboration nous permet de sauver des vies et d'aplatir la courbe. Meegwetch. Nakurmiik. Thank you. Merci. Mahsi cho.
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Merci, monsieur le président. C'est un honneur pour moi de comparaître par téléconférence devant le Comité, qui procède actuellement à une étude importante relativement à la COVID-19 dans les communautés autochtones.
Bien que la Chambre des communes réside sur le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin, je me joins à vous aujourd'hui depuis ma circonscription de Toronto, sur le territoire traditionnel des Mississaugas de Credit. Nous rendons hommage à tous les peuples autochtones qui ont pagayé sur ces eaux et dont les mocassins ont foulé ces terres. J'aimerais également souligner l'existence des autres territoires traditionnels où les participants de la réunion actuelle se trouvent aujourd'hui.
Les fonctionnaires de nos ministères qui sont venus nous épauler aujourd'hui, Daniel Watson, Ross Pattee et Jeff Moore, feront partie du prochain groupe de témoins, mais à l'instar du ministre Miller, je voudrais remercier nos secrétaires parlementaires, qui se réunissent avec nous tous les matins à 9 h 15. Pam, Gary et Yvonne font un travail extraordinaire et sont omniprésents, ce qui leur a permis de nous faire d'importantes suggestions.
Dès que la menace de cette pandémie est apparue, tous les Canadiens se sont mis à s'inquiéter des répercussions disproportionnées que la COVID-19 pouvait avoir sur les Premières Nations, les Inuits et les Métis. Nous savons que les inégalités sociales et économiques de longue date font que les communautés autochtones sont plus vulnérables à la COVID-19, comparativement au reste de la population, et que les conséquences d’une épidémie dans une communauté autochtone seraient pires qu’ailleurs.
Nous continuons d'être éblouis à la vue de la somme de travail impressionnante que les communautés ont consacrée, depuis la grippe H1N1, à l'élaboration de leurs plans de lutte contre la pandémie. Elles sont aujourd'hui en mesure de les mettre en œuvre et d'assurer leur sécurité. Nous sommes de tout cœur avec les membres des communautés qui ont perdu un être cher et en particulier avec la nation Namgis, qui a récemment perdu un aîné bien-aimé.
Notre premier souci a été de veiller à ce que nous travaillions tous en partenariat avec les communautés autochtones, car elles sont les mieux placées pour répondre aux besoins de leurs membres et garantir la sécurité et la santé de chacun.
Des solutions communautaires donnent de bons résultats. Nous sommes fiers d'avoir pu appuyer l'initiative du chef régional déné Yakelaya dans les Territoires du Nord-Ouest, où des familles ont choisi de retourner à la terre pour se protéger du virus et promouvoir la guérison et la santé mentale.
C’est grâce à un leadership solide ainsi qu'à une collaboration et une coordination excellentes dans tous les secteurs que nous avons pu combattre cette pandémie. Les dirigeants autochtones ont su faire preuve de beaucoup de résilience et d'une forte capacité à innover. Ils ont affiché des qualités exceptionnelles de chef de file et ils doivent continuer de prendre part aux décisions à tous les échelons si nous voulons que l'aide fournie par le gouvernement du Canada pour lutter contre la COVID-19 réponde aux besoins réels de leurs communautés. Nous collaborons avec le Conseil de gestion financière des Premières Nations, la Commission de la fiscalité des Premières Nations, l’Autorité financière des Premières Nations et une foule d’autres organisations autochtones qui déterminent quelles mesures sont nécessaires pour aider les communautés.
La protection des femmes et des enfants contre la violence familiale durant la pandémie est un problème qu'il faut prendre au sérieux. Par conséquent, nous avons ajouté 10 millions de dollars au financement des refuges dans les communautés des Premières Nations durant la pandémie. Je travaille avec la et ses partenaires provinciaux et territoriaux pour faire avancer les travaux sur la « pandémie fantôme » de violence contre les femmes. Nous nous employons aussi à donner suite aux appels à la justice concernant les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, les personnes bispirituelles et celles qui ont diverses orientations et identités sexuelles.
La COVID-19 met en relief l'importance de réfléchir à la différence entre, d'une part, le modèle médical qu'on m'a enseigné lors de mes études et, d'autre part, la roue de la médecine. Il est temps de réfléchir aux moyens à prendre pour être en meilleure santé sur les plans physique, mental, affectif et spirituel, de manière à alléger le fardeau que doivent supporter nos systèmes de santé. Les gardiens de la connaissance et les guérisseurs se concentrent sur le bien-être de tous d'une manière très holistique. Il est temps que nous les écoutions.
Tommy Douglas a déclaré que l'objectif de l'assurance-maladie doit être de maintenir les gens en bonne santé, et non simplement de les retaper après qu'ils sont tombés malades. C'est cette approche que nous adoptons lorsque, pour nous protéger de la pandémie, nous restons à la maison, nous nous lavons les mains et nous nous éloignons physiquement. Aplatir la courbe signifie réduire le nombre de personnes qui tombent malades pour ne pas dépasser la capacité de notre précieux système de santé, auquel nous sommes profondément attachés. Cette approche signifie que la population sera en meilleure santé et aura moins besoin de soins.
La pandémie de COVID-19 est parvenue à convaincre tous les Canadiens que la promotion de la santé et la prévention des maladies doivent être notre priorité.
[Français]
Je vous remercie de tout ce que vous faites dans vos communautés. Vous êtes un véritable exemple de lamanière dont on doit se réunir tout en demeurant séparé pour le bien collectif dans le contexte de la pandémie de la COVID-19. J'attends avec impatience vos questions et vos conseils. En effet, nous sommes plus forts ensemble.
Meegwetch. Marci. Nakurmiik. Thank you. Merci.
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Merci beaucoup à vous, monsieur le président, et à tous ceux qui participent par téléconférence à cette importante réunion.
Je suis très heureux de pouvoir comparaître devant le Comité aujourd'hui. J'aimerais, pour commencer, rappeler à tous que le Parlement du Canada se trouve sur le territoire traditionnel du peuple algonquin. En outre, je m'adresse à vous depuis mon bureau de la circonscription de Saint-Boniface—Saint-Vital, qui est le foyer de la nation métisse et qui fait partie du territoire du Traité 1.
Aujourd'hui, j'aimerais faire le point avec vous sur l'évolution de la COVID-19 dans le Nord. Depuis le début de la crise, je m’entretiens régulièrement avec les premiers ministres des territoires et avec nos partenaires dans le Nord issus des Premières Nations et des nations inuites et métisses. Je sais que, si nous voulons avoir une chance de prévenir la propagation de la COVID-19 dans le Nord, nous devons adopter une approche définie avec les habitants de cette région. Leurs idées, innovations et solutions doivent être mises en œuvre pour prévenir et freiner la propagation de ce virus. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes engagés à les écouter et à tout mettre en œuvre pour aider les gouvernements provinciaux et territoriaux à prévenir et arrêter la propagation de la COVID-19. Les gouvernements des territoires s'acquittent avec brio de leur responsabilité de protéger leurs populations. Je les encourage à poursuivre leurs efforts et je poursuivrai ma collaboration avec eux tout au long de la pandémie actuelle.
Le Canada répond directement aux besoins particuliers des territoires en leur fournissant plus de 130 millions de dollars pour quatre grandes priorités: la santé et les services sociaux, les services de transport aérien essentiels, l'aide aux PME ainsi que l'accès à une alimentation adéquate et aux produits essentiels.
Dans le domaine de la santé et des services sociaux, le gouvernement du Canada fournit 72,6 millions de dollars aux territoires, en plus de la somme de 15 millions de dollars qui leur a été accordée initialement et qui constitue la partie du Transfert canadien en matière de santé qui leur revient. L'argent additionnel fourni par le gouvernement fédéral aide les territoires à prendre les mesures prioritaires qu'elles jugent cruciales pour réduire la propagation de la COVID-19. Il permet aux territoires de se préparer concrètement à la lutte contre cette maladie.
Dans le but de maintenir les liaisons aériennes vitales qui permettent d'approvisionner le Nord en produits et services essentiels, le gouvernement du Canada fournit aux territoires un premier montant maximal de 17,3 millions de dollars, qui s'applique à une période de trois mois.
[Français]
Cet investissement s’ajoute à ceux déjà consentis par les gouvernements territoriaux et aidera les transporteurs aériens du Nord à maintenir un réseau de base de voies aériennes et de services. Ce sont des services vitaux qui assurent un accès continu aux aliments, aux fournitures médicales et aux autres produits et services essentiels dont ont besoin les personnes vivant dans les communautés éloignées qui ne sont accessibles que par voie aérienne.
Comme dans le reste du Canada, de nombreuses entreprises du Nord subissent déjà les conséquences économiques de la pandémie de la COVID-19. Pour aider ces entreprises à payer leurs frais d’exploitation non remboursés par d’autres mesures prises par le gouvernement du Canada, l’Agence canadienne de développement économique du Nord, ou CanNor, fournira un soutien financier non remboursable de 15 millions de dollars aux entreprises des territoires nordiques dans le cadre du Fonds de soutien aux entreprises du Nord. Le Fonds fournira un montant pouvant atteindre 100 000 $ aux entreprises éprouvant des difficultés à payer leurs frais d’exploitation.
[Traduction]
Alors que la crise de la COVID-19 continue d'évoluer, nous sommes également conscients que le coût de nombreux produits de base dans le Nord augmente et que de nombreuses familles subissent des pressions financières accrues. C'est pourquoi nous injectons une somme de 25 millions de dollars dans le programme Nutrition Nord Canada, de manière à augmenter le taux de la subvention fédérale pour les produits essentiels comme les aliments nutritifs et les produits d’hygiène personnelle, ce qui rendra ces produits plus abordables pour les familles du Nord, y compris les familles autochtones, en ces temps très difficiles.
Comme vous le savez, nous fournissons en outre la Subvention pour le soutien aux chasseurs-cueilleurs, qui est accordée à des partenaires autochtones. Nous ne ménageons aucun effort pour que l'argent soit versé très rapidement. Cette subvention, qui a été créée en collaboration avec des partenaires autochtones, aide les gens du Nord à renouer avec leurs traditions de chasse et de cueillette en réduisant le coût élevé qui est associé à ces activités.
Par ailleurs, nous avons annoncé un financement de 45 millions de dollars fondé sur les distinctions autochtones. L'argent provient du Fonds de soutien aux communautés autochtones, qui est doté de 305 millions de dollars, et il vise à aider les Inuits à élaborer et à mettre en œuvre des solutions communautaires qui leur permettront de se préparer à la propagation de la COVID-19 parmi elles et d'y réagir.
Le gouvernement du Canada est déterminé à favoriser la santé, la sécurité et le bien-être des habitants du Nord durant la crise de la COVID-19 et par la suite, afin de les aider à se rétablir et à prospérer. Nous continuerons donc de prêter une oreille attentive à nos partenaires des territoires, des provinces et des peuples autochtones ainsi qu'à d'autres interlocuteurs afin de déterminer les mesures et les approches qui sont les meilleures pour continuer notre lutte contre la COVID-19.
Meegwetch. Marci. Nakurmiik. Thank you. Merci.
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Merci, monsieur van Koeverden. La question que vous posez est importante.
J'aimerais d'abord prendre un instant pour souligner l'important travail des organisations autochtones hors réserve et des organisations communautaires du pays qui fournissent des services aux Autochtones. Elles œuvrent le plus souvent en milieu urbain et auprès de certaines des personnes les plus vulnérables, un facteur qui contribue au risque d'infection à la COVID-19.
C'est pour cette raison que, le 18 mars, le gouvernement libéral a annoncé, dans le cadre du plan d'intervention économique pour répondre à la COVID-19, un financement comprenant 15 millions de dollars qui serait un volet du Fonds de soutien aux communautés autochtones. Il s'agissait de la façon la plus rapide de répondre à un besoin criant au pays, à tous les niveaux de gouvernement à vrai dire, auquel on n'a jamais complètement répondu avec un financement suffisant.
Nous avons simplifié — et cet élément est important — le processus de demande pour qu'il ne nécessite qu'environ une semaine et avons demandé aux organisations communautaires de nous faire part de leurs besoins. Mon équipe s'est mobilisée pour passer en revue une série de critères, mettant plus particulièrement l'accent sur les mesures sanitaires visant à régler un problème de santé, afin d'évaluer rapidement plusieurs des besoins criants qui existent.
On a retenu les propositions de 94 organisations, mais je dois dire qu'il y avait bien d'autres demandes qui auraient mérité d'être financées. Nous avions 15 millions de dollars à débourser. Je sais que ce n'est pas assez. Voici quelques très bons exemples: l'Association des femmes autochtones de la Nouvelle-Écosse, qui a demandé plus de 200 000 $ et dont la proposition a été recommandée; le Nanaimo Aboriginal Centre, qui a demandé et obtenu un montant considérable, soit 87 000 $; la 3 Nations Society, un partenariat entre les nations Tahltan, Kaska et Tlingit, qui s'est vu accorder 22 000 $. Voilà des exemples d'organisations qui font un travail extraordinaire pour aider des populations vulnérables qui n'obtiennent pas nécessairement tous les services dont elles ont besoin de leur collectivité, ce dont nous avons tenu compte.
Encore une fois, il s'agit de fournisseurs de services. Sur le plan de la gouvernance, les choses se passent un peu différemment par rapport à une situation où nous verserions des fonds aux communautés sur la base habituelle. Nous avons utilisé un processus de demandes. Nous nous employons, comme je l'ai dit, à accorder des fonds additionnels.
J'aimerais ajouter qu'il s'agit d'une démarche pangouvernementale. Le réseau de refuges auquel nous avons accordé des fonds au moyen du soutien à la rémunération, dont 40 millions de dollars pour les refuges, compte un grand nombre d'organisations qui desservent les populations autochtones. Plusieurs des initiatives que nous avons mises en place dans le cadre de la stratégie de lutte contre l'itinérance Vers un chez-soi — représentant plus de 170 millions de dollars — desservent les Autochtones, sans leur être expressément destinées.
Je reconnais, encore une fois, que ce n'est pas assez. Nous travaillons et allons continuer de travailler pour arriver avec des mesures qui pourront aider plus de personnes vulnérables. À vrai dire, c'est l'engagement de personnes comme vous et d'autres membres de ce comité dans ce dossier qui a permis de faire bouger les choses si rapidement.
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Je tiens simplement à remercier le personnel et les ministres de leur travail au cours des dernières semaines. La plupart des chefs au Canada qui ont communiqué avec moi sont satisfaits des mesures proactives prises par le gouvernement pour assurer la sécurité des communautés des Premières Nations pendant la pandémie et garantir leur inclusion dans les programmes.
Une de mes questions — à laquelle Mme Gideon pourra peut-être répondre — porte sur la santé mentale. Les problèmes de santé mentale chez les Autochtones qui vivent dans les réserves sont accablants en temps normal. Pendant la pandémie de COVID-19, on constate une hausse importante du désespoir, de l'anxiété et de la dépression dans les réserves.
J'aimerais soulever deux problèmes qui illustrent mes propos. Le premier a été abordé dans ma discussion avec Lorraine Whitman, la présidente de l'Association des femmes autochtones, qui a parlé de la vulnérabilité des femmes qui se trouvent dans des relations toxiques et qui se sentent piégées par l'isolement, car elles pourraient autrement aller obtenir de l'aide. Que faisons-nous pour soutenir les femmes autochtones pendant cette période difficile?
L'autre problème me touche d'un peu plus près et j'en ai parlé aux ministres. Il y a quelques années, au Nouveau-Brunswick, un jeune homme du nom de Brady Francis a tragiquement perdu la vie dans un accident avec délit de fuite et, malheureusement, l'homme contre qui des accusations ont été portées dans cette affaire a été acquitté, ce qui m'a grandement attristé. Je ne veux pas parler de cette affaire — ce n'est pas le moment pour cela —, mais je dois vraiment vous faire part du type de tollé que l'affaire a déclenché chez les jeunes des Premières Nations partout au Canada en ce moment.
Je dois lire le commentaire suivant qui a été publié sur Twitter, Facebook et dans les médias sociaux: « Je suis pleinement et entièrement conscient du fait que je peux être tué sans conséquence ou répercussion parce que je suis membre des Premières Nations du Canada. »
Je vous laisse y réfléchir un peu. C'est un message que les jeunes des Premières Nations de notre pays se partagent et reçoivent en ces temps déjà difficiles. Il ne s'agit pas d'un incident isolé. Ce sentiment a été exprimé à maintes reprises. Surtout maintenant, en cette ère de COVID, que pouvons-nous faire pour aider les gens atteints de problèmes de santé mentale?
De nombreuses enquêtes et commissions ont soulevé ce problème.
Comment pouvons-nous mobiliser et inspirer les jeunes des Premières Nations de façon à remplacer leur désespoir par le sentiment d'espoir qu'ils peuvent apporter le changement qui s'impose en devant des juges, des avocats et des policiers? Quelles mesures pouvons-nous prendre pour apporter de l'aide supplémentaire aux jeunes dans le domaine de la santé mentale pendant cette période difficile et pour faire comprendre aux gens que le gouvernement est à l'écoute afin que le désespoir puisse faire place à l'espoir, à la réconciliation et à la justice?
Wela'lioq. Merci.