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La séance est maintenant ouverte. Bienvenue à la huitième réunion du Comité permanent des affaires autochtones et du Nord de la Chambre des communes.
J'aimerais commencer en soulignant que l'endroit d'où je vous parle aujourd'hui se trouve sur le territoire traditionnel des nations haudenosaunee, anishinabe et chonnonton.
Conformément à l'ordre de renvoi du 20 avril 2020, le Comité se réunit dans le but d'entendre des témoignages sur la réponse du gouvernement à la pandémie de COVID-19.
La réunion d'aujourd'hui a lieu par vidéoconférence, et le compte rendu des délibérations sera publié dans le site Web de la Chambre des communes. Pendant la séance, la fenêtre de webdiffusion montrera toujours la personne qui parle plutôt que le Comité au complet.
Afin de faciliter le travail de nos interprètes et de veiller au bon déroulement de la réunion, je vous résume quelques règles à suivre.
Si vous alternez entre les deux langues lorsque vous avez la parole, vous devez changer le canal d'interprétation pour qu'il corresponde à la langue que vous parlez. Tâchez de faire une brève pause lorsque vous passez d'une langue à l'autre. Pour changer de langue, vous devez vous servir de l'icône au milieu de l'écran, en bas.
Avant de commencer à parler, attendez que je vous cède la parole en vous nommant. Lorsque vous êtes prêt à parler, vous devez soit cliquer sur l'icône du microphone pour activer votre microphone, soit tenir la barre d'espacement enfoncée pendant que vous parlez. Lorsque vous cessez d'appuyer sur la barre, votre microphone se désactive. C'est un peu comme se servir du bouton d'un walkie-talkie.
Je vous rappelle que les membres du Comité et les témoins doivent s'adresser à la présidence lorsqu'ils parlent. Si un membre veut intervenir lorsque ce n'est pas son tour de poser des questions, il doit activer son micro et déclarer qu'il souhaite invoquer le Règlement. Si un membre veut intervenir au sujet d'un recours au Règlement de la part d'un autre membre, il doit se servir de l'option « lever la main », ce qui préviendra la présidence qu'il veut parler. Pour ce faire, vous devez cliquer sur « participants » au bas de l'écran. Lorsque la liste apparaît, vous devez cliquer sur l'inscription « lever la main » à côté de votre nom, sur le bouton des participants.
Parlez lentement et distinctement. Si vous n'avez pas la parole, fermez votre microphone. L'utilisation des écouteurs est vivement conseillée. Si vous avez des écouteurs-boutons avec un microphone, vous devez placer le microphone près de votre bouche lorsque vous parlez, afin d'améliorer la qualité du son pour les interprètes.
Si vous rencontrez des difficultés techniques, par exemple, si vous entendez mal l'interprète ou si vous êtes déconnectés inopinément, veuillez en informer la présidence ou la greffière immédiatement, et l'équipe technique s'emploiera à résoudre les difficultés. Veuillez noter qu'en pareil cas, il est possible que nous soyons obligés de suspendre la séance, car nous devons nous assurer que tous les membres peuvent participer pleinement.
Avant de commencer, pourriez-vous tous cliquer dans le coin supérieur droit de votre écran pour passer à l'affichage galerie? Chacun pourra ainsi voir, dans des carreaux à l'écran, tous les participants ayant activé la vidéo.
Au cours de la réunion, nous allons suivre les mêmes règles que d'habitude, comme s'il s'agissait d'une réunion normale.
Sur ce, vient le temps pour moi de souhaiter la bienvenue à nos témoins. Nous accueillons le chef national Robert Bertrand du Congrès des peuples autochtones; de l'Association nationale des centres d'amitié, nous accueillons le président, Christopher Sheppard-Buote, ainsi que la directrice exécutive, Jocelyn Formsma; du Toronto Aboriginal Support Services Council, nous recevons le président, Larry Frost, ainsi que la directrice générale, Lindsay Swooping Hawk Kretschmer; enfin, nous entendrons Edith Cloutier, directrice générale du Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or.
Chef Bertrand, nous sommes prêts à entendre votre déclaration préliminaire. Vous avez cinq minutes.
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Bonjour monsieur le président, et mesdames et messieurs les membres du Comité et les témoins.
Je m'appelle Robert Bertrand et je suis chef national du Congrès des peuples autochtones (CPA). Je remercie les membres et le personnel du Comité de nous avoir invités à venir leur faire part des préoccupations de nos membres.
Monsieur le président, nous vous sommes reconnaissants de nous avoir invités à comparaître. Nous aimerions également remercier M. Jamie Schmale de son travail récent au Parlement et à ce comité pour que la population autochtone des villes soit entendue.
Depuis 1971, le CPA se bat sans relâche pour défendre les droits, les intérêts et les besoins des Métis, des Indiens non inscrits et des Inuits du Sud vivant hors réserve. Dans l'arrêt Daniels c. Canada, prononcé en 2016, la Cour suprême a déterminé à l'unanimité que les Indiens non inscrits et les Métis sont des Indiens au sens de la Constitution. Cette décision établit sans équivoque que les membres de nos peuples relèvent de la compétence fédérale.
En 2018, le CPA a signé un accord politique avec le gouvernement du Canada en vue d'inclure ses membres à la politique fédérale. Malheureusement, il reste encore beaucoup à faire pour que nos peuples jouissent d'un traitement équitable.
Le CPA est également la voix nationale de nos 10 organisations provinciales et territoriales affiliées. Celles-ci ont pour mandat d'exercer des pressions sur les gouvernements provinciaux et territoriaux, comme nous défendons nos droits auprès du gouvernement fédéral. Nos organisations affiliées fournissent aussi divers services en matière de logement, d'éducation, d'emploi, de santé et de langue, mais ces services ne peuvent pas suffire à la demande, étant donné qu'ils sont exclus du financement fédéral.
Depuis toujours, nos peuples sont les « peuples oubliés ». On utilisait autrefois cette expression pour désigner les Autochtones exclus de la Loi sur les Indiens, des traités et des accords de revendication territoriale. Aujourd'hui, nous y ajoutons tous les Autochtones exclus de l'approche gouvernementale fondée sur les distinctions.
Même dans le contexte de la pandémie de COVID, les politiques fédérales demeurent discriminatoires. En mars, le gouvernement a annoncé des mesures de 305 millions de dollars pour aider les peuples autochtones à faire face à la pandémie de COVID-19, dont 290 millions pour les organisations fondées sur les distinctions, qui se consacrent aux Autochtones vivant dans les réserves et à quelques autres communautés particulières du Canada. Au total, 215 millions de dollars ont été réservés pour les Premières Nations, lesquelles se concentrent beaucoup, depuis toujours, sur leur population vivant dans les réserves. Moins de 5 % de la somme, soit 15 millions de dollars ont été réservés pour les populations autochtones urbaines vivant hors réserve, un groupe qui se compose de centaines de milliers de personnes. Ce montant de 15 $ par personne est loin de suffire pour financer des programmes d'aide efficaces pour aider les groupes les plus marginalisés au Canada.
Je n'ai pas besoin de vous rappeler les problèmes de pauvreté, de maladie chronique, de discrimination et d'intervention policière excessive auxquels sont confrontés les nôtres. Nos organisations affiliées les aident dans la mesure du possible, mais sont freinées par le fait qu'elles n'ont pas accès au financement fédéral au même titre que les organisations fondées sur les distinctions.
NunatuKavut a besoin de financement pour son programme de transport médical. Les programmes de logement du Native Council of Prince Edward Island sont sous-financés. De même, le Northwest Indigenous Council, en Colombie-Britannique, s'efforce de venir en aide à la population autochtone itinérante du Downtown Eastside.
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[
Le témoin s’exprime en inuktitut ainsi qu’il suit:]
ᐊᑎᓕᔭᐃ, ᐆᓪᓛᒃᑯᑦ, ᑯᕆᔅᑕᕗ ᓴᐳᑦ ᐱᔭᑦ -ᖑᕗᖓ.
[Les propos en inuktitut sont traduits ainsi:]
Bonjour, je m’appelle Christopher Sheppard-Buote.
[Traduction]
Je prendrai quelques instants pour me présenter. Je suis un bénéficiaire du gouvernement du Nunatsiavut. Je suis né au Nunatsiavut et j'y ai grandi. Je suis actuellement président de l'Association nationale des centres d'amitié et je réside avec mon mari Jacob sur le territoire du Traité numéro 6 depuis que j'ai déménagé en Saskatchewan, où il est résident en médecine.
Cette réalité, combinée à tout le savoir issu des centres d'amitié pour lesquels je travaille, me donne une perspective unique et éclairée de la situation actuelle.
Je suis accompagné de la directrice exécutive de l'Association nationale des centres d'amitié, Jocelyn Formsma. Je tiens aussi à souligner la présence parmi nous de mes collègues des centres d'amitié, Edith Cloutier, directrice générale du Centre d'amitié autochtone de Val-d’Or, et Larry Frost, directeur général du Native Canadian Centre of Toronto.
Il est rare que nous soyons réunis pour comparaître ensemble, et c'est vraiment un plaisir de faire partie de ce groupe de témoins avec vous deux.
Je remercie d'ailleurs le Comité de son invitation.
Mes collègues qui représentent des centres d'amitié locaux seront bien mieux placés que moi pour vous parler de ce qui se passe directement sur le terrain, donc je tenterai surtout de brosser un portrait national de la situation.
L'ANCA représente les 107 centres d'amitié locaux membres de ses associations, qui sont présentes dans toutes les provinces et les territoires sauf l'Île-du-Prince-Édouard. Collectivement, ce mouvement représente le plus grand réseau des services aux Autochtones des villes et celui qui leur offre les services les plus étoffés au pays. L'an dernier, nos membres ont servi environ 1,4 million de membres des Premières Nations, Inuits, Métis et non-Autochtones dans le cadre de plus de 1 200 programmes offerts dans 238 édifices. Nous employons plus de 2 700 personnes.
Nous sommes fiers d'être un réseau autochtone principalement dirigé par des femmes, ce qui est aussi une rareté, puisque plus de 70 % de nos centres d'amitié locaux sont dirigés par des femmes et cinq de nos six directrices générales provinciales et territoriales sont des femmes. De même, les femmes sont majoritaires à notre conseil d'administration comme au sein de notre exécutif.
Voici ce que j'ai vraiment besoin que vous entendiez aujourd'hui: la réponse des centres d'amitié à la COVID-19 est tout simplement héroïque compte tenu des énormes obstacles systémiques auxquels ils font face. Ils sont devenus des fournisseurs de nourriture, de soins aux aînés et des refuges.
Parmi les obstacles systémiques à ce travail essentiel, je soulignerai l'approche fondée sur les distinctions pour octroyer les fonds d'aide dans le contexte de la COVID-19, qui rendent de nombreux membres des communautés autochtones urbaines invisibles en raison des querelles de compétence permanentes entre le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux, du manque de ressources, de formation et d'équipement de protection et du fait que nous ne sommes pas mis à contribution dans les mesures nationales destinées aux Autochtones des villes.
Malgré ces obstacles importants, le mouvement des centres d'amitié a une fois de plus démontré l'efficacité de ses principes communautaires. Nous continuons d'inspirer confiance et d'offrir des services culturellement adaptés, comme nous continuons d'offrir un soutien holistique à tous les Autochtones vivant en milieu urbain ou dans des communautés rurales et nordiques d'un océan à l'autre.
L'ANCA continue de réclamer des fonds pour bien servir les communautés autochtones urbaines. Nous avons extrêmement peur que la réouverture de certains pans de l'économie cause la première vague de propagation de la maladie dans nos populations. Nous sommes encore au cœur de la première vague, pendant que nous tentons de nous préparer à une deuxième vague potentielle.
Les centres d'amitié ne devraient pas être menacés de décimation parce que nous avons répondu à l'appel alors que d'autres ne pouvaient ou ne voulaient pas le faire, parce que nous avons dépensé et offert des services à nos membres sans équipement adéquat, parce que nous avons mis de côté toutes nos collectes de fonds régulières et toutes nos entreprises sociales et parce que nous avons répondu présents. C'est ce que nous risquons si le Canada continue de refuser de se doter d'un plan d'action basé sur ses propres données démographiques.
Quand cette crise sera derrière nous, les communautés que nous continuons de servir auront toujours à faire face à tous les problèmes sous-jacents qui sont les leurs. Il convient donc de bien outiller et financer les centres d'amitié pour bien répondre à la crise afin de relancer l'économie. Comme vous le savez, les centres d'amitié sont des véritables carrefours de la société civile, qui offrent, seuls ou en partenariat, toutes sortes de ressources en matière de santé, d'éducation, de soins aux enfants, de développement économique et de formation.
Je vous remercie de cette présentation. She:kon.
C'est un honneur d'être parmi vous pour représenter le Toronto Aboriginal Support Services Council (TASSC), qui est une coalition de Toronto rassemblant 18 organisations à but non lucratif dirigées par des Autochtones.
Je vous remercie d'avoir présenté notre président, Larry Frost, qui est parmi nous aujourd'hui. Je souligne aussi la présence en esprit des 17 autres dirigeants du Toronto Aboriginal Support Services Council. Ils se trouvent tous derrière moi, comme vous pouvez le voir.
J'aimerais commencer par vous dire que depuis 1995, le TASSC constitue une coalition de force, qui regroupe diverses organisations rassemblées pour collaborer afin de planifier et de mener le travail de recherche stratégique et de défense nécessaire pour construire un meilleur Toronto pour les Autochtones vivant en milieu urbain. Depuis 1995, elles s'acquittent de cette tâche avec brio. Chaque membre du TASSC a son mandat unique. Certaines s'occupent des soins aux enfants et d'autres de justice, d'éducation, d'emploi ou de toutes sortes d'autres services et programmes.
Vous le savez probablement, mais l'Ontario est la province la plus peuplée au pays selon les données du recensement de 2016, et Toronto est la région la plus peuplée de l'Ontario. On estime à 80 000 le nombre d'Autochtones vivant en milieu urbain à Toronto, mais il y a moins de 30 organismes à but non lucratif dirigés par des Autochtones qui répondent à leurs besoins.
On estime aussi qu'environ 90 % des enfants autochtones vivent sous le seul de faible revenu, ce qui revient à dire qu'ils vivent dans la pauvreté.
Ces organismes accomplissent un travail considérable, individuellement et collectivement, pour répondre aux nombreux besoins auxquels les gens sont confrontés dans notre ville. Je peux vous dire que les organisations membres du TASSC s'acquittent vraiment de leurs responsabilités, de manière indépendante du TASSC, pour répondre aux besoins de toute une ville. Le TASSC est une coalition qui met en évidence la force, la résilience et le courage des leaders autochtones et des organismes communautaires, dans un esprit de communauté, d'unité et de services à la population.
Depuis le début de la pandémie, les organisations membres du TASSC répondent sans hésitation aux besoins de la communauté. Nous nous sommes rapidement mobilisés et avons organisé un soutien communautaire extraordinaire. Des paniers de nourriture à l'équipement de protection individuelle, en passant par les programmes en ligne, nous nous sommes occupés de tout et continuons de le faire. Ce travail n'est terminé pour aucun d'entre nous. Le TASSC et ses membres se sont mobilisés et continuent de se montrer à la hauteur. Nous nous sommes collectivement métamorphosés en une source centrale d'information, de coordination, de force et de soutien à la communauté autochtone. Nous avons accru notre visibilité, nos efforts de défense des droits et nos collectes de fonds pour montrer que malgré les énormes défis que présente cette pandémie, nous vaincrons ensemble.
Depuis le début de la crise, nous n'attendons pas d'instructions ni de permissions. Nous avons agi et l'avons fait rapidement, de manière responsable. À un moment où le monde prend un pas de recul, nous émergeons plus forts que jamais. Nous avons assimilé ce que ce virus nous enseigne, car ne vous y trompez pas, il est là pour nous apprendre quelque chose. Les anciennes façons de faire ne fonctionnent pas; quelque chose doit changer. Il est là pour nous rappeler d'agir de façon désintéressée et de faire preuve d'amour, de gentillesse et de gratitude envers toutes les formes de vie, puis de nous acquitter de nos rôles et de nos responsabilités avec courage.
Nous honorons tous ceux et celles qui travaillent au service des autres en cette période difficile, nous sommes solidaires avec eux et nous continuerons d'agir sans hésiter. Pour nos amis, nos alliés et tous les ordres de gouvernement, nous devons agir rapidement et avec engagement, comme nous le faisons déjà et continuons de le faire. Nous ne pouvons toutefois pas agir seuls. Nous avons besoin que vous soyez acteurs de changement à nos côtés. Nous avons besoin d'aide pour planifier le travail, nous coordonner et le réaliser en partenariat.
On estime qu'il y a plus de 6 000 organisations à but non lucratif dirigées par des Autochtones dans les villes du pays, qui répondent aux besoins de ceux d'entre nous qui vivent en milieu urbain. On estime que ce sont près de 80 % d'entre nous qui vivent en ville au Canada.
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À l'aube d'un avenir différent pour nous tous, le TASSC recommande trois interventions essentielles que votre comité pourrait envisager.
Premièrement, il faut agir sans tarder pour offrir du logement abordable aux familles, aux aînés et aux célibataires autochtones vivant en milieu urbain. Le temps est venu de passer à l'action dans ce dossier.
Deuxièmement, on doit s'engager à explorer des possibilités concrètes d'allocation de ressources fédérales à l'intention des Autochtones qui se rendent dans les centres urbains pour avoir accès aux programmes.
Troisièmement, il faut mettre en place une table de concertation ou un mécanisme établissant un lien direct officiel entre les coalitions autochtones en milieu urbain et le gouvernement fédéral grâce à des rencontres régulières permettant de dégager et mettre en oeuvre des solutions.
En conclusion, je tiens à reconnaître le travail de mes collègues au TASSC et des chefs de file qui forment notre coalition. Je suis fière de faire partie de ce groupe d'incroyables héros, leaders et vecteurs de changement. La combinaison de leur talent, de leur ténacité et de leur sagesse est davantage qu'une source d'inspiration. L'amour sans réserve qu'ils portent à notre ville est inconditionnel et totalement irrésistible.
Niá:wen au nom du TASSC.
Chi-meegwetch de bien vouloir m'accueillir. Je considère que c'est un privilège.
[Français]
Je suis désolée. Je vais revenir au français.
Comme je le mentionnais, par la participation à ce groupe de témoins, je souhaite faire honneur à la mémoire de deux jeunes hommes de notre communauté qui sont décédés de manière tragique. M. Mathieu Pageau, âgé de 41 ans, s'est enlevé la vie le 16 avril, et vendredi dernier, M. Nathan Wapache-Hoque, un jeune Cri âgé de 19 ans, a été retrouvé sans vie dans un conteneur à déchet au centre-ville de Val-d'Or.
Ces pertes de vie humaine sont des dommages collatéraux de la COVID-19. Qu'ont en commun ces deux hommes autochtones, à part avoir connu une fin tragique? Auparavant, leurs mocassins les avaient conduits au Centre d'amitié autochtone de Val-d'Or, alors qu'ils traversaient un épisode de profonde détresse et de grande vulnérabilité à la recherche d'une main tendue, d'un ancrage culturel et identitaire.
À Val-d'Or, le Centre d'amitié est comme un grand pin blanc qui sert de repère à la communauté autochtone urbaine, et ce, depuis 45 ans. Nos services couvrent un vaste éventail de besoins de première ligne en soins de santé, en services sociaux, en éducation, en service à l'enfance et aux familles, en développement des compétences et en économie sociale, ainsi qu'en habitation communautaire.
Nos services, à l'instar des autres centres d'amitié du pays, se déploient selon une approche culturellement pertinente et sécurisante qui tient compte du monde des significations et des relations chez les peuples autochtones.
Lorsque la pandémie nous a frappés de plein fouet, au Centre d'amitié, nous avons fait ce que nous faisons depuis toujours: prendre soin des uns et des autres.
Proactifs dès le lendemain de la déclaration d'urgence sanitaire par le gouvernement du Québec, le 13 mars dernier, nous avons mis en place un plan de mesures de gestion de crise liée à la COVID-19 en offrant une réponse locale, communautaire et immédiate, et en permettant d'intervenir sur la sécurité sanitaire, alimentaire, physique et psychologique des familles, des jeunes, des femmes, des hommes, des aînés, des personnes en situation d'itinérance ou en sortie de détention.
Nous avons ajusté l'accès à nos services en justice, en intervention psychosociale, ainsi que nos services médicaux offerts par notre clinique pour éviter une rupture de nos services pour nos membres, conscients que cette crise sans précédent apporterait son lot de conséquences à court, moyen, mais aussi long terme.
Le problème du financement n'a pas guidé notre choix de prendre les mesures adéquates pour assurer la sécurité et le bien-être de notre communauté en temps de pandémie. Nous avons agi parce qu'il y avait urgence d'agir et parce que c'était la chose à faire. Or combattre cette crise a un prix. Il est rassurant de voir que le gouvernement canadien a fait des efforts pour protéger la population autochtone en mettant en place un fonds d'urgence de 305 millions de dollars en réponse à la COVID-19.
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Comme vous le savez, le CPA et ses organisations autochtones provinciales et territoriales sont des entités représentatives démocratiquement élues. Ce sont nos organisations provinciales et territoriales qui s'occupent des communautés hors réserve. Il est d'ailleurs important de noter que ce sont ces communautés elles-mêmes qui savent quels sont leurs besoins et à quelles fins le financement doit être affecté, le cas échéant.
Nous sommes victimes de discrimination en raison de l'approche fondée sur les distinctions adoptée par le gouvernement. Je ne vous apprends rien en vous disant que ni la Charte des droits et libertés ni la Constitution ne font état de l'Assemblée des Premières Nations, de l'Inuit Tapiriit Katanami et du Ralliement national des Métis. On y indique seulement que les Indiens, les Inuits et les Métis doivent être inclus; il n'y est nullement question d'une approche basée sur les distinctions entre les trois groupes.
Il est primordial que le gouvernement actuel comprenne bien la situation, et je pense que nous allons nous efforcer de l'aider à y voir clair. Il faut s'assurer que nous avons tous notre mot à dire dans les décisions qui sont prises de manière à offrir une aide mieux adaptée à la population autochtone, aussi bien dans les réserves qu'à l'extérieur, dans les zones rurales qu'en milieu urbain, peu importe l'endroit.
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Je pourrais commencer à répondre avant de laisser mes collègues vous en dire un peu plus long.
Bonjour, Jaime. Je suis heureuse de vous revoir.
Il y a différentes choses que nous avons faites. Dès que la pandémie a été déclarée, les centres d'amitié et leurs organisations partenaires sont passés à l'action. Nous avons voulu nous assurer que tout le monde allait bien en cherchant à savoir où se trouvaient les gens et quels étaient leurs besoins. Pour répondre aux besoins immédiats de ceux qui se sont retrouvés en isolement, on s'est assuré de leur procurer toutes les denrées et les fournitures nécessaires, y compris des éléments comme des repas maison et des remèdes adaptés à la culture.
Nous constatons maintenant qu'il y a des défis à relever pour faire rapidement la transition vers une nouvelle forme de programmes et de services. Comme vous le disiez, nos locaux étaient des lieux de rassemblement physique, et un grand nombre de centres d'amitié ont dû passer à des mesures de soutien en mode virtuel. Il faut aussi prévoir l'accès à de l'équipement de protection pour ceux qui rencontrent encore directement les gens... Il y a encore des services en personne. On essaie par exemple d'aider les enfants pris en charge de telle sorte qu'ils puissent continuer à voir leur famille.
Il y a donc encore certains services offerts individuellement en personne, mais il y a aussi toute une offre virtuelle pour laquelle il faut s'assurer d'avoir accès aux outils technologiques et aux limites de données suffisantes quand il ne s'agit pas, dans certains secteurs du Nord, de l'accès à des forfaits Internet ou même au service Internet tout simplement. Il faut pouvoir prêter de l'équipement à des membres de la communauté pour offrir un point d'accès aux proches de telle sorte que les centres d'amitié puissent garder le contact. Nous avons exploré diverses façons d'adapter nos programmes en utilisant notamment la technologie.
La question de la santé mentale est également très problématique. Comme nous l'indiquions, un grand nombre de femmes autochtones sont à la tête de notre réseau. Elles doivent prendre soin non seulement de leur communauté, mais aussi de leur famille. On peut prendre des mesures pour traiter les problèmes de santé mentale, mais il n'en demeure pas moins que ces femmes doivent prendre des décisions difficiles au nom de la communauté. Plusieurs ont l'impression de ne pas en faire suffisamment ou ressentent une forme de culpabilité relativement à ce qui est fait et à ce que l'on ne fait pas.
Pour ce qui est de la coordination des ressources, nous savons que le gouvernement fédéral n'a pas rendu accessible une grande quantité de ressources en milieu urbain. Il y a aussi un problème avec le financement provincial, territorial et municipal. Ce financement ne s'est pas vraiment concrétisé, si l'on fait exception de quelques provinces.
Il y a aussi le problème persistant de l'accès aux denrées alimentaires, aux produits sanitaires et aux autres formes de soutien nécessaires pour rénover nos centres afin d'en faire des espaces sûrs pour la communauté.
Je vais m'arrêter là pour l'instant. Ce sont nos principaux défis à court et à long terme.
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Je vous remercie, madame la députée, de votre question.
J'abonde dans le sens de mes collègues pour ce qui est des problèmes auxquels les centres d'amitié autochtones doivent faire face.
En fait, il y a un manque de reconnaissance, actuellement, de la part du gouvernement fédéral à l'égard des réalités urbaines — je pense que nous avons entendu les divers intervenants en parler de façon éloquente. Les besoins des autochtones en milieu urbain sont mis de côté. On l'a vu avec le financement qui a été accordé aux Premières Nations en réponse à la COVID-19. On l'a aussi entendu, je crois que cela va revenir, en ce qui concerne l'adoption de cette approche fondée sur les distinctions en matière de prestation de services. En fait, cette approche mise sur les reconnaissances des spécificités propres aux Premières Nations, Inuits et Métis. Cela a pour conséquence de rendre invisible un important segment de la population autochtone: les Autochtones en milieu urbain. On le constate sur le terrain par la difficulté d'accéder à des modes de financement spécifiquement conçus pour le milieu urbain.
Quand il faut composer avec une crise d'envergure mondiale et que l'on se retrouve au cœur de cette crise, on voit que l'accès au financement restreint — d'ailleurs, Services aux Autochtones Canada, entre autres, utilise cette approche fondée sur les distinctions — rend difficile la démarche nécessaire pour structurer une réponse adéquate en matière de services, qui doivent être réorganisés et revus, et, qui plus est, être revus de façon urgente. En conséquence, les gens se retrouvent sans voix, en quelque sorte. C'est pour cela que nous sommes reconnaissants de cette tribune. C'est un privilège de pouvoir mettre de l'avant une voix qui est actuellement silencieuse et non entendue, car nous souhaitons être en mesure de donner des services directs.
Il existait un programme propre aux centres d'amitié autochtones jusqu'il y a environ une dizaine d'années. Malheureusement, ce programme a été fondu dans un programme plus large, ce qui a fragilisé le financement des centres d'amitié autochtones.
L'une des réponses importantes du gouvernement serait de ramener un programme axé sur le soutien des centres d'amitié autochtones à titre d'organisations de services de première ligne dans plus de 100 villes du Canada.
Cette reconnaissance viendrait avec un financement adéquat afin que nous puissions offrir des réponses à la communauté, c'est-à-dire des réponses de première ligne à une organisation qui est un mouvement pancanadien, rappelons-le. Les centres d'amitié sont les plus grandes infrastructures de services communautaires, majoritairement gouvernés par des femmes, qui répondent aux vastes besoins très particuliers d'une population qui est marginalisée. Ces centres s'adressent à une large population.
La refonte des programmes, qui a annulé le programme des centres d'amitié autochtones, a eu des conséquences désastreuses. On le voit encore davantage dans le contexte d'une pandémie.
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Nous l'avons déjà mentionné, alors que la santé mentale est vacillante, comment peut-on composer avec l'anxiété et la dépression?
La pandémie sera de passage, mais les inégalités sociales, elles, seront toujours présentes. Il y a plusieurs études qui ont mis en lumière les écarts en matière de santé. Justement, concernant la santé et la qualité de vie, on sait que cette pandémie viendra en exacerber les inégalités.
Les centres d'amitié assument un leadership. Ils ont une agilité organisationnelle qui leur permet d'agir rapidement, de prendre en main une situation d'urgence et d'agir directement sur le terrain. Je pense que, pendant que nous affrontons cette crise, il faut également envisager la question de l'après-COVID-19, car il faudra encore répondre à des besoins lorsque la pandémie sera passée.
Comme je l'ai déjà mentionné, les inégalités sociales, quant à elles, vont s'accentuer.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Ma première question s'adresse aux représentants du Toronto Aboriginal Support Services Council (TASSC).
Madame Kretschmer, selon l'Aboriginal Housing Management Association, les impacts systémiques de la colonisation, et notamment de l'incarcération forcée d'enfants dans les pensionnats, et les obstacles systémiques comme le racisme institutionnalisé, le patriarcat et le plus grand nombre d'enfants autochtones dépassant l'âge de la prise en charge, ont fait en sorte que les risques de vivre une situation d'itinérance sont huit fois plus élevés pour les Autochtones que pour les autres Canadiens. La crise de la COVID-19 n'a fait qu'exacerber cette situation.
Croyez-vous que les mesures mises de l'avant par le gouvernement fédéral sont suffisantes compte tenu de la situation de crise que vivent les sans-abri autochtones en milieu urbain? Dans le cas contraire, pourriez-vous nous indiquer quelques correctifs à apporter?
J'ai une dernière question. Elle s'adresse au représentant du Congrès des peuples autochtones.
Chef Bertrand, dans votre déclaration préliminaire, vous avez indiqué que le montant de 15 millions de dollars alloué par le gouvernement en réponse à la COVID ne convenait pas, étant donné les problèmes auxquels faisaient déjà face les communautés autochtones avant la pandémie, comme vous l'avez mentionné: taux de pauvreté et nombre de sans-abri élevés.
Quels effets cela a-t-il eus sur la capacité de répondre aux divers besoins des peuples autochtones à l'échelle nationale?
Je vais parler d'un des problèmes qui a été porté à mon attention. Deux résidants de ma circonscription, Renée et Rodney, m'ont dit être préoccupés par les incohérences qu'ils observent tant dans l'application des règles que dans la façon dont l'aide est fournie. Ils habitent tous les deux dans des réserves, mais des membres de leur famille vivent à l'extérieur des réserves et ont du mal à payer l'épicerie et ce genre de choses. Ils sont frustrés de ne pas pouvoir faire bénéficier les membres de leur famille qui vivent à l'extérieur des réserves de l'aide qu'ils reçoivent dans leurs réserves.
Je pose la question tout d'abord à vous, monsieur Bertrand, et j'aimerais que les représentants du Toronto Aboriginal Support Services Council y répondent par la suite.
S'agit-il d'une situation dont vous entendez davantage parler, et avez-vous une solution à recommander?
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Je suis ravi que vous ayez soulevé la question, car ce que vous avez dit illustre les inégalités que nous subissons — lorsque je dis « nous », je parle du Congrès des peuples autochtones et de nos organisations autochtones provinciales et territoriales — actuellement. Dans l'approche fondée sur les distinctions adoptée par le gouvernement, la majeure partie de l'aide et des ressources va aux Autochtones qui vivent dans les réserves, tandis que ceux qui n'y vivent pas ne peuvent accéder aux programmes, à l'aide financière et aux ressources.
Depuis le début, tout ce que nous demandons, c'est qu'on nous traite sur un pied d'égalité. Comme vous l'avez mentionné, les gens qui vivent à l'extérieur des réserves veulent obtenir la même aide et les mêmes ressources que ceux qui vivent dans les réserves.
Voilà ce que nous demandons, monsieur le président, et en comparaissant devant votre comité ce matin, nous espérons que vous serez en mesure de souligner au gouvernement les inégalités dont j'ai parlé auparavant.
Des gens de ma circonscription, où je représente 14 Premières Nations, communiquent avec moi. En particulier, une dame, qui s'appelle Renée, se disait frustrée par le fait qu'il semblait y avoir un grand manque d'uniformité dans l'offre de services et également la façon dont le confinement a des conséquences lorsqu'il s'agit de faire l'épicerie. Ce n'est qu'un des aspects.
Dans la réserve, le chef et le conseil s'occupent assez bien de leurs familles. À l'extérieur de la réserve, les gens qui font partie de leur bande, mais qui ne vivent pas dans la réserve ne peuvent accéder à aucune aide par l'intermédiaire de la bande.
Je me demande seulement si vous avez une solution à proposer à cet égard et si c'est un problème dont vous entendez parler.
Je remercie tous les témoins.
Je viens de Thunder Bay, qui, je pense, parmi toutes les grandes villes du Canada, a proportionnellement la plus importante population autochtone urbaine. Cette discussion est donc très pertinente pour nous.
J'essaie de comprendre comment fonctionne le financement de la population autochtone urbaine. Ai-je tort de penser que si l'on est membre, par exemple, de la Première Nation de Pikangikum ou de la Première Nation de Webequie et qu'on vit à Thunder Bay...? Bien des gens de ces communautés vivent à Thunder Bay. Ne continuent-ils pas à faire partie de ces Premières Nations et ne bénéficient-ils pas d'une certaine partie de l'aide que la bande reçoit?
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Je pourrais en parler un peu.
Vous avez raison, et je sais que de nombreuses Premières Nations, mais pas toutes, ont offert les fonds de soutien qu'elles ont reçus à leurs membres qui ne vivent pas dans les réserves, mais je suppose que cela dépend encore une fois de ce qui leur est accessible à l'extérieur des réserves. J'imagine que 100 $,150 $, 200 $ ou 75 $, peu importe le montant dont il s'agit, ne représentent pas grand-chose lorsqu'il s'agit de faire l'épicerie pour deux ou trois semaines afin d'éviter de devoir aller à l'épicerie aussi souvent, s'il y a des transports, s'ils travaillent encore, s'il y a des enfants à la maison.
Je pense que l'élément important, c'est que oui, ils sont toujours membres de ces Premières Nations, tout comme moi, qui suis membre de la Première Nation crie de Moose et qui vis à Ottawa. L'aide que les Premières Nations offrent aux membres qui vivent à l'extérieur de la réserve est limitée, et c'est pourquoi nous disons que les centres d'amitié sont là pour non seulement fournir les services aux membres de la communauté autochtone urbaine, mais également pour assurer l'accessibilité de sorte qu'ils puissent mieux accéder à des denrées. Les centres les aident à s'y retrouver et à faire une demande de PCU ou de prestations aux aînés. En fait, certains centres d'amitié ont installé des ordinateurs à l'intérieur, mais ont placé le clavier à l'extérieur, de sorte que les gens puissent venir au centre et y faire des demandes de prestations fédérales en toute sécurité. Ils offrent ce soutien communautaire global qui, je crois, est vraiment essentiel pour tout le monde. L'isolement et les problèmes de santé mentale ont des répercussions sur nos peuples. Je ne veux pas dire qu'ils en ont plus que la COVID, car je sais que des membres de nos peuples sont infectés par la COVID ou en sont décédés, et nous ne savons pas vraiment grand-chose à ce sujet, car nous ne recueillons pas les données.
Je pense que votre question comporte beaucoup d'éléments, mais nous sommes toujours bel et bien des membres de nos communautés. Or, le soutien communautaire global auquel nous sommes en mesure d'accéder est très limité lorsque nous ne vivons pas dans une réserve, et c'est la même chose pour les Inuits qui vivent dans le Sud. Les centres d'amitié servent des dizaines de milliers d'Inuits qui vivent en milieu urbain, et c'est la même chose pour le financement que reçoivent les organismes visés par les accords sur les revendications territoriales des Inuits. D'après ce que nous entendons, l'accès pour un Inuit qui vit en milieu urbain n'est pas aussi solide, et notre président serait en mesure d'en dire plus à ce sujet si une question de suivi est posée. Nous parlons beaucoup des Premières Nations, mais je pense que cette population a aussi des besoins très particuliers, et nous faisons de notre mieux pour y répondre sans nécessairement avoir l'aide des régions. Dans certains cas, oui...
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Merci, monsieur le président.
Ma première question s'adresse soit à Mme Formsma, soit à M. Sheppard-Buote, ou peut-être aux deux s'ils le souhaitent. Comme vous le savez sans doute, la partie nord-ouest de la Saskatchewan est incontestablement un foyer de COVID-19 dans les communautés autochtones. Les Premières Nations, les Métis et les municipalités collaborent tous ensemble et sont touchés par la crise. Un peu plus tôt, le député Battiste a parlé des besoins auxquels répondent les centres d'amitié au pays. Le nord-ouest de la Saskatchewan, cet actuel foyer, compte au moins trois centres d'amitié, et nous ne considérons pas cette région comme un centre urbain.
Concernant l'observation qu'a faite Mme Formsma plus tôt sur une transition rapide vers des services, que peuvent faire les centres d'amitié du nord-ouest de la Saskatchewan pour contribuer à la lutte contre cette crise sur le terrain et dans le foyer à l'heure actuelle?
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Je vis en Saskatchewan durant cette période. C'est, je crois, au cœur de certains problèmes de visibilité. Nos membres se trouvent dans plus de 100 collectivités au pays, des métropoles aux communautés de 1 000 personnes. Parfois, les petites et les moyennes communautés sont le carrefour communautaire de populations autochtones.
Quand nous pensons à La Loche — qui revient souvent —, nous pensons à son extraordinaire centre d'amitié qui est dirigé par une équipe formidable. Il faut comprendre qu'on présume que bon nombre de leurs membres obtiennent de l'aide de diverses sources de financement alors que ce n'est pas le cas.
Certaines des plus grandes difficultés que nous rencontrons actuellement concernent la nourriture, les couches et les préparations pour nourrissons. Lorsque nous communiquons avec de grands distributeurs, on nous traite comme si nous étions n'importe quelle petite organisation, même si nous représentons, disons, 10 organisations.
Notre bureau a déjà envoyé un grand nombre de boîtes d'équipement de protection individuelle à cette région juste pour que les employés puissent continuer à faire leur travail.
En Saskatchewan, nous avons l'avantage d'avoir de très bonnes relations avec le Bureau du commissaire aux traités et la FSIN, et nous essayons de collaborer pour faire cela. Ce ne sont pas toutes les régions qui ont la chance d'avoir ce genre de liens, et l'équipement de protection individuelle et d'autres fournitures d'urgence ne sont tout simplement pas disponibles. C'est extrêmement frustrant lorsque du personnel en première ligne essaie d'aider les gens et que tout ce qu'il veut, c'est un masque. Et il n'y a pas de mécanisme direct, même si l'on a une liste de distributeurs, pour obtenir des aliments, des couches ou des préparations pour nourrissons.
Lorsque ces communautés sont extrêmement proches les unes des autres, comme Buffalo Narrows et La Loche, il arrive que les communautés deviennent nerveuses à l'idée que les gens se déplacent, par exemple, pour aller chercher de la nourriture.
Les centres peuvent sembler se trouver en région éloignée, mais j'ai grandi dans l'Arctique, dans une ville de 200 habitants qui n'était accessible que par avion. On parle alors d'une ville isolée. La Loche est accessible par voiture, mais elle manque tout de même de certains produits de première nécessité. Si nous n'essayons pas de fournir les ressources, voire l'accès, les communautés continueront de souffrir et nous perdrons de plus en plus d'aînés, ce qu'a déjà connu cette région.
Je sais qu'il ne me reste plus beaucoup de temps. Je poserais seulement rapidement une question de suivi, peut-être à M. Sheppard-Buote.
Je sais que votre organisation a exprimé une certaine frustration quant au processus de demande et au versement de l'argent. Nous avons entendu ce que vous avez dit il y a quelques semaines devant le comité de la santé, je crois.
Pourriez-vous nous dire comment se déroule le processus maintenant, trois ou quatre semaines plus tard, par rapport à que vous aviez dit à ce moment-là?
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais d'abord reconnaître que je suis aujourd'hui sur le territoire traditionnel de la Première Nation des Mississaugas de New Credit.
Madame Cloutier, je tiens à vous offrir mes condoléances pour les deux décès que vous avez mentionnés.
J'aimerais remercier tous les témoins du travail qu'ils accomplissent, en particulier lorsqu'il s'agit d'adapter leurs services dans cette période sans précédent, afin d'offrir des services indispensables aux Autochtones en milieu urbain. Je pense que nous savions qu'il y avait des lacunes auparavant et que la pandémie actuelle n'a fait que mettre l'accent sur les enjeux déjà présents dans les milieux urbains.
Les ministres ont reconnu que le fonds de 15 millions de dollars n'est pas suffisant. Ce montant s'ajoute aux fonds qui ont été versés par l'entremise de l'initiative Vers un chez-soi, l'Allocation canadienne pour enfants et la Prestation canadienne d'urgence — et je sais que plusieurs de vos organismes aident les gens à présenter une demande pour cette prestation.
Madame Kretschmer, vous avez mentionné qu'il fallait créer une coalition d'Autochtones en milieu urbain composée d'organismes comme le vôtre. Avant les évènements actuels, j'ai assisté à une rencontre qui a eu lieu à Ottawa et au cours de laquelle la ministre a fait une allocution. J'aimerais savoir si les organismes membres de cette coalition ont communiqué les uns avec les autres pendant la pandémie de COVID-19 et où en sont vos efforts pour réunir ces organismes sous une seule voix.
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Sur le terrain, nous avons collectivement milité pour qu'il soit possible d'avoir pleinement accès à une connexion dans toute la ville. Nous avons travaillé avec différents échelons municipaux et provinciaux pour tenter de faire progresser les questions de la connectivité et de l'acquisition d'appareils électroniques, afin de fournir un appareil à ceux qui en ont le plus besoin. Les organismes membres ont acheté des minutes de téléphone cellulaire et des appareils pour les personnes les plus vulnérables, en particulier les personnes âgées et les étudiants.
Comme vous le savez, la plupart des ministères provinciaux ont mis en œuvre leurs programmes respectifs. Pour nous, dans le contexte des Autochtones en milieu urbain et de l'accès à l'information... Vous savez, chaque parent a reçu un courriel — j'en ai reçu un. Toutefois, en théorie, si je n'avais pas accès à un appareil électronique ou à Internet, mon enfant ne ferait pas ses devoirs ces temps-ci.
Nous avons utilisé le bouche-à-oreille et une série d'autres mécanismes sur les réseaux de médias sociaux, ainsi que différents types de communication électronique et d'autres moyens, afin de communiquer avec les personnes qui ont besoin de soutien. Nous avons fonctionné au cas par cas ou selon les besoins, mais ce serait formidable s'il était possible d'avoir accès à une connexion partout dans la ville de Toronto.
Niá:wen.
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J'aimerais ajouter un bref commentaire.
Au début, nous avons certainement communiqué avec des membres du personnel des tables de coalition. Lors de nos discussions avec les intervenants de Services autochtones, nous avons demandé la création d'un mécanisme pour financer les tables de coalition urbaines et les centres d'amitié, car nous reconnaissons qu'un grand nombre de ces organismes ont établi un partenariat pour fournir du soutien à la communauté. Je suis donc tout à fait d'accord avec les propos de Mme Kretschmer.
Nous avons parlé aux représentants de certaines entreprises pour tenter de favoriser l'achat d'équipement à l'échelon national, en particulier des téléphones cellulaires et des tablettes électroniques qui peuvent être connectées au réseau, ainsi que des dispositifs d'amplification de la connexion Internet. Nous insistons sur la question de la connectivité, car c'est un problème qui touche l'ensemble du pays lorsqu'il s'agit de veiller à fournir aux gens l'accès aux choses dont ils ont besoin pour terminer leurs études et communiquer avec les membres de leur famille et de leur communauté.
C'est un énorme problème, et il n'a certainement pas encore été réglé.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Tout d'abord, je veux remercier les témoins.
J'aimerais offrir mes sincères condoléances aux proches et aux familles des deux jeunes hommes décédés de la région de Val-d'Or.
Je pense que c'est assez unanime, selon ce qu'on entend aujourd'hui: l'approche fondée sur la distinction dans la prestation des services aux peuples autochtones ne permet pas aux centres d'amitié de remplir convenablement leur mission.
Ma question s'adresse aux représentants de l'Association nationale des centres d'amitié.
De quelle façon le gouvernement aurait-il dû déployer l'aide financière pour faire en sorte que les centres d'amitié puissent offrir des services à la population?
Mme Cloutier pourrait répondre sur un plan peut-être plus local, c'est-à-dire en ce qui concerne la situation à Val-d'Or.
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Je viens d'une région du Nord qui avait, pendant la plus grande partie de mes études secondaires, le taux de suicide le plus élevé au monde. On parle de santé mentale au Canada, mais on ne profite pas des occasions d'avoir des effets réels.
Par exemple, l'ensemble de notre Conseil national des jeunes a élaboré un programme de sensibilisation et de prévention du suicide à l'intention des jeunes. Ce programme pouvait être mis en œuvre d'un bout à l'autre du pays et il a été présenté dans le cadre d'un appel de propositions, mais il n'a pas été financé. Des jeunes avaient élaboré ce programme directement pour eux. Je crois que nous parlons beaucoup de la santé et de la santé mentale, mais je n'ai pas encore vu une initiative qui n'était pas une réponse après les faits et qui avait été véritablement conçue au sein de la communauté visée.
En raison de mon expérience de jeune homosexuel inuit vivant dans le Nord, je comprends à quel point cela peut isoler un jeune Autochtone qui se sentait déjà isolé. Je comprends qu'il est facile d'éprouver une telle tristesse et une telle solitude que les recours les plus négatifs sont envisageables. Je crois que si le gouvernement canadien souhaite réellement améliorer les résultats en matière de santé mentale, il devrait probablement communiquer avec certains des centres d'amitié qui reçoivent, ces temps-ci, 47 fois plus d'appels que d'habitude au sujet de cas de violence familiale.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais poser une question à M. Sheppard, mais elle s'adresse aussi à tous les témoins qui comparaissent aujourd'hui. Elle concerne mon rôle de porte-parole de l'opposition pour le développement économique du Nord. C'est le cadre dans lequel je poserai mes questions.
Je suis d'accord avec vous tous lorsque vous dites que les personnes âgées représentent l'une des grandes préoccupations liées à la relance économique, surtout celles qui n'ont pas accès à un équipement de protection individuelle approprié et à d'autres moyens de protection contre la COVID-19. C'est le préambule de ma question.
M. Sheppard, vous avez parlé de la difficulté d'avoir accès à l'équipement de protection individuelle. Toujours dans l'optique de la relance économique, je sais qu'un grand nombre de nos jeunes souhaitent retourner au travail, mais ils veulent manifestement éviter de représenter un risque pour les personnes âgées ou d'autres membres de leur collectivité. À l'échelle locale, nous avons constaté que l'une de nos réserves avait quelques cas de COVID-19, et nous savons tous que les conditions de vie ne sont pas toujours idéales.
Selon vous, qu'est-ce qui est nécessaire pour passer à la prochaine étape? Je sais que certains d'entre nous conviendraient que la situation actuelle n'est même pas encore adéquate. Selon vous, de quoi aurons-nous besoin pour reprendre une vie soi-disant normale?
J'aimerais souligner que je me trouve sur le territoire non cédé des Micmacs; je leur en suis très reconnaissante.
Madame Formsma, j'aimerais vous poser une question au sujet des centres d'amitié et de ce dont vous êtes témoin en ce qui a trait à la violence contre les femmes et à la violence familiale. On nous dit que selon les statistiques, depuis que tout est interrompu, le taux de violence en général et de violence familiale a augmenté jusqu'à 30 % dans de nombreuses régions du pays. C'est pourquoi le gouvernement a investi dans les refuges et les maisons de transition et a offert un financement de 207,5 millions de dollars pour appuyer de nombreuses organisations, 40 millions de dollars dans les centres pour les femmes et l'égalité entre les sexes, 26 millions de dollars à l'appui des refuges pour les femmes, etc.
Dans quelle mesure cette aide se rend-elle dans vos communautés et dans les collectivités autochtones du pays, le cas échéant? Est-ce que les centres d'amitié du pays ont accès à ces fonds? Si oui, comment les utilisez-vous? Sinon, de quoi avez-vous besoin?
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Merci. Je pourrais vous parler de ce que nous entendons à l'échelle nationale. Je ne sais pas si les représentants du TASSC ou Mme Cloutier de Val-d'Or veulent commenter leur expérience locale.
Ce que nous entendons, c'est qu'il y a une augmentation du nombre d'appels aux centres d'amitié au sujet de la violence à la maison. Étant donné les mesures d'isolement qui ont été prises, les places dans les refuges associés aux centres d'amitié sont très limitées et il est difficile de placer, de retirer ou de déplacer quelqu'un.
Je vais le répéter: la disponibilité n'est pas toujours synonyme d'accessibilité. La simple disponibilité des fonds — et en théorie, les centres d'amitié devraient avoir accès à une partie de ceux-ci — ne signifie pas que les centres d'amitié y ont pleinement accès. Une grande partie des fonds destinés aux refuges a servi au financement sur les réserves, ce qui est une bonne chose. De plus, le financement destiné aux refuges pour femmes a été dirigé vers les grands refuges, qui se trouvent dans les régions urbaines.
Nous nous retrouvons à nouveau dans un vide juridictionnel. Comme nous sommes considérés à titre d'organismes à but non lucratif autochtones, lorsque le financement est offert en dehors des réserves, on pense que le gouvernement fédéral nous a déjà donné de l'argent ou qu'il est de sa responsabilité de nous le donner, tandis que le gouvernement fédéral, lui, dit que si l'argent est offert à toutes les organisations, alors nous devrions y avoir accès par l'entremise de ces moyens, et que nous n'avons pas besoin d'un montant distinct destiné aux Autochtones en milieu urbain.
Oui, nous avons entendu parler de cette augmentation. L'accès des centres d'amitié au financement est assez décousu au pays. Nous n'avons pas réussi à assurer une cohésion. C'est notre expérience.
Je ne sais pas si Mme Cloutier ou les représentants du TASSC peuvent nous parler de leur expérience locale.
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À l'échelle locale, ici, à Toronto, les organisations membres se sont mobilisées très rapidement. De façon particulière, le Centre de ressources pour les femmes autochtones, la Thunder Woman Healing Lodge Society, les Services juridiques pour les Autochtones et le Feu du Conseil ont travaillé ensemble à la mise sur pied d'une ligne d'écoute téléphonique; ils ont préparé des propositions de financement dans la province et ont travaillé avec la ville afin d'organiser l'hébergement.
Nous sommes proactifs, mais nous avons besoin de l'aide de tous les ordres de gouvernement, parce qu'à l'heure actuelle, certains de ces organismes utilisent leurs propres fonds pour payer des chambres d'hôtel et offrir un endroit sécuritaire à ceux qui en ont besoin.
Alors que nous sommes en train de régler les questions de compétences, comme l'a fait valoir Mme Formsma, je crois que nous réalisons que le travail n'arrête pas; les besoins sont toujours présents. Si une femme doit quitter sa maison avec ses enfants, il faut que cela se fasse immédiatement, que les organismes aient ou non les fonds nécessaires pour le faire. Il y a les frais de transport, le coût de la nourriture, de la lessive, les frais de relocalisation et les frais d'hébergement. Ensuite, il faut trouver un logement permanent pour l'après-crise.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie les témoins de leur participation à la réunion. Vos commentaires et votre point de vue sur ces sujets sont essentiels. Les voix autochtones sont très pertinentes aux fins des travaux du Comité.
Monsieur Bertrand, je vous remercie de travailler et de vous battre pour votre communauté. Je suis du même avis que vous au sujet de l'importance de la DNUDPA et je sais que de nombreux autres membres du Comité sont de cet avis également.
Monsieur Sheppard-Buote, je vous remercie d'avoir partagé avec nous votre histoire très pertinente.
Monsieur Frost, madame Cloutier, madame Formsma et madame Kretschmer, je vous remercie également pour le travail essentiel que vous faites au pays. J'aimerais transmettre mes condoléances aux membres de vos communautés pour les pertes que vous avez subies.
Je me trouve également sur des terres ancestrales: le territoire de la Première Nation des Mississaugas de New Credit à Halton, en Ontario.
Ma question est brève, et j'aimerais que M. Sheppard et les autres qui prodiguent des services de première ligne y répondent.
En ce qui a trait aux régions suburbaines — ma circonscription est principalement suburbaine et il n'y a pas de centre d'amitié à proximité, contrairement à la ville de Toronto, par exemple —, certaines familles autochtones y vivent et ont besoin de services elles aussi. Pourriez-vous nous parler plus en détail de ces régions? Vous m'excuserez si je dois vous couper la parole, mais nous essayons de respecter le temps prévu.
Madame Cloutier, voulez-vous commencer?
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Je vous remercie de votre question.
Si je comprends bien, on parle des familles autochtones qui vivent à l'extérieur des grands centres urbains et de la façon dont on peut favoriser l'établissement de liens et donner des services.
C'est un peu cela. Les centres d'amitié comme le Centre d'amitié autochtone de Val-d'Or, une ville qui a une petite population comparativement à Toronto ou à Winnipeg, sont un point de convergence et un lieu de rencontre des communautés autochtones, ce qui vient accentuer la présence des Autochtones.
C'est souvent dans de petits milieux comme celui de Val-d'Or que le centre d'amitié autochtone devient ce carrefour de services. Nous ne sommes pas en représentation politique. Nous sommes des organisations qui offrent des services communautaires de première ligne. C'est ce qui nous permet d'établir des contacts communautaires et de favoriser une connexion communautaire, culturelle et identitaire entre les familles. Lorsque survient une pandémie comme la COVID-19, c'est vers un centre d'amitié autochtone que ces familles se tournent parce qu'il a déjà établi un lien de confiance et de communication avec elles.
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Je vais vous répondre dans un instant. J'aimerais laisser M. Frost vous répondre plus en détail.
Je vous recommanderais de vous familiariser avec les centres d'amitié qui se trouvent près de vous. En ce qui a trait à Halton, je crois que vous êtes situés entre Peel, Hamilton, Niagara et Fort Erie, où se trouvent des centres d'amitié.
En ce qui a trait à la façon de répondre aux besoins des autochtones à l'extérieur des grands centres, je crois qu'il faut organiser des transports, assurer une communication virtuelle, songer à une approche différente et laisser les leaders vous parler directement de leurs besoins à l'échelle locale.
Je cède la parole à M. Frost.
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Je vous remercie de votre question, madame Bérubé.
En effet, cela a été un grand défi de mettre en place des services de première ligne tout en maintenant les services essentiels de soins de santé, les services sociaux et psychosociaux, et en offrant du soutien aux personnes itinérantes et aux femmes vulnérables. Cependant, puisque les centres d'amitié sont des organisations qui ont développé une agilité organisationnelle et qui ont un leadership dans nos communautés, nous avons été en mesure, heureusement, de réorganiser les services tout en assurant des services à distance en utilisant la technologie.
Nous avons quand même maintenu certains services directs à la population, notamment des visites à domicile et des services d'un centre de jour pour les personnes itinérantes, que nous avons dû relocaliser en raison de la consigne d'éloignement social et des consignes sanitaires exigées par le contexte de la pandémie. Heureusement, nous avons pu compter sur la municipalité pour nous accompagner dans ces démarches. Il s'agit aussi de travailler en partenariat avec la santé publique et nos autres partenaires pour nous assurer d'offrir des réponses adéquates.
Les centres d'amitié autochtones, notamment celui de Val-d'Or, ont été en première ligne, parce que nous avons une approche qui est culturellement pertinente. Nous avons des liens avec les gens. Nous avons donc dû réorganiser tous ces services en assurant des services de première ligne efficaces. Grâce à cette relation de confiance que nous avons établie avec les gens, ils ont pu utiliser la technologie. Les données statistiques montrent que nous faisons plus d'une centaine d'accompagnements par semaine auprès de nos communautés, où nous sommes en contact avec un peu plus d'une centaine de familles lorsque nous allons livrer les denrées. Cela nous permet d'assurer des contacts.
Cependant, le défi demeure entier, c'est certain.
Ma dernière question s'adresse à Mme Formsma, de l'Association nationale des centres d'amitié, au sujet de la collecte de données.
Les données exactes sont essentielles en vue de déterminer les besoins précis de la population. Bon nombre d'organisations autochtones en milieu urbain nous ont dit qu'il s'agissait d'un problème, puisqu'elles n'ont souvent pas les ressources et l'appui nécessaires pour réaliser des recherches appropriées. Il y a donc des lacunes relatives aux données de recensement, surtout en ce qui a trait aux populations de sans-abri.
Comment le gouvernement peut-il mieux appuyer la recherche et la collecte de données pour cibler de manière plus précise les besoins des populations autochtones urbaines en matière de financement?
J'aimerais remercier tous nos témoins. Nous avons eu une réunion très informative. Merci à vous tous: Robert Bertrand, chef national du Congrès des peuples autochtones; le président Christopher Sheppard-Buote et Jocelyn Formsma, de l'Association nationale des centres d'amitié; Larry Frost et Lindsay Swooping Hawk Kretschmer, directrice exécutive, du Toronto Aboriginal Support Services Council; et Edith Cloutier, directrice générale, du Centre d'amitié autochtone de Val-d'Or.
Avant la fin de la séance, monsieur Schmale, vous vouliez soulever quelque chose.