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Je constate que nous avons le quorum, nous pouvons commencer.
C'est pour nous un privilège de recevoir le ministre Blair, pour la première fois et sûrement pas la dernière, à une réunion du Comité permanent de la sécurité publique et nationale.
Avant que le ministre Blair s'adresse au Comité, j'aimerais soulever un point dans la présentation du Budget supplémentaire des dépenses.
J'ai déjà demandé à trois ou quatre personnes de me confirmer ou de m'expliquer les crédits et les montants qui font l'objet d'une demande auprès de ce comité.
Par exemple, le montant pour l'Agence des services frontaliers du Canada qui apparaît au crédit 1b est de 971 827 $, tandis que le montant indiqué pour l'Agence dans le tableau des dépenses s'élève à 3,4 millions de dollars. Il en va de même pour le Service canadien du renseignement de sécurité, le SCRS, le crédit 1b est de 13 millions de dollars, mais le tableau des dépenses indique 12 millions de dollars. Ainsi de suite. Le seul montant qui est identique dans les deux tableaux est celui du Comité externe d’examen de la Gendarmerie royale du Canada, c'est-à-dire 639 278 $.
Cet exercice est parfois plus mystérieux que l'élection d'un pape. Pourquoi les budgets supplémentaires des dépenses sont présentés de la sorte, je n'en ai aucune idée. Cependant, j'apprécierais que les personnes qualifiées pour m'éclairer sur ce point le fassent, si possible sans tarder. Les députés, plus particulièrement les nouveaux députés — mais de manière générale les députés —, sont appelés à se prononcer sur le Budget supplémentaire des dépenses alors que les chiffres ne semblent pas correspondre aux diverses explications.
Ayant émis cette réserve, j'invite maintenant le ministre Blair à nous faire part de ses commentaires.
Monsieur le ministre, vous avez la parole.
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Je vous remercie sincèrement, monsieur le président. Bonjour à vous tous, honorables membres du Comité.
C'est avec un immense plaisir et un très grand honneur que je saisis l'occasion qui m'est donnée de m'adresser à ce comité. J'ai déjà eu le plaisir de comparaître devant ce comité lorsque j'occupais d'autres fonctions, celles de ministre de la Sécurité frontalière et de la Réduction du crime organisé. Aujourd'hui, je me présente à vous pour la première fois, comme l'a mentionné le président, dans mon nouveau rôle de ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile.
La principale raison de ma présence est de vous présenter le Budget supplémentaire des dépenses (B) pour le portefeuille de la Sécurité publique. Afin de m’aider à expliquer ces chiffres plus en détail, j'ai l'énorme avantage d'être accompagné ce matin par des fonctionnaires exceptionnels. Il s'agit de Mme Monik Beauregard, sous-ministre déléguée, représentant le sous-ministre de Sécurité publique Canada; de Mme Brenda Lucki, commissaire de la Gendarmerie royale du Canada; de M. John Ossowski, président de l'Agence des services frontaliers du Canada; de Mme Michelle Tessier, au nom de David Vigneault, directeur du Service canadien du renseignement de sécurité; de Mme Anne Kelly, notre commissaire de Service correctionnel du Canada; et la dernière, mais non la moindre, de Mme Jennifer Oades, présidente de la Commission des libérations conditionnelles du Canada.
Monsieur le président, je suis très fier que le m’ait confié la responsabilité de ce portefeuille. Parfois, j'ai l'impression que tout mon parcours de vie m'a préparé à accomplir ce travail. De plus, je suis fier du professionnalisme et du dévouement de tous ces représentants, ainsi que des employés qu’ils dirigent, car ils travaillent tous assidûment chaque jour pour assurer la sécurité des Canadiens.
Les menaces auxquelles le Canada doit faire face sont nombreuses, complexes et en évolution constante. Comme gouvernement, nous sommes engagés à assurer que les personnes qui travaillent au sein du portefeuille de Sécurité publique ont les ressources nécessaires pour intervenir rapidement et efficacement. Le Budget supplémentaire des dépenses que nous présentons aujourd'hui reflète cet engagement. Il reflète également notre engagement inébranlable à assurer la sécurité des Canadiens, tout en protégeant leurs droits et leurs libertés. Le portefeuille dans son ensemble demande un ajustement budgétaire pour cet exercice entraînant une augmentation nette des crédits autorisés de 75,6 millions de dollars. Lors de mon discours aujourd’hui, je vous donnerai un aperçu du budget supplémentaire et je soulignerai les éléments principaux pour les organisations du portefeuille, en commençant avec Sécurité publique Canada.
Le ministère prévoit une diminution de 48,9 millions de dollars, soit 5,1 pour cent, des crédits autorisés disponibles jusqu’à présent. Le plus grand facteur contribuant à cette diminution est le transfert de 52,9 millions de dollars de Sécurité publique à la GRC pour le Service de polices communautaires des Premières Nations. Ces fonds sont destinés aux services policiers offerts par la GRC, conformément aux ententes entre Sécurité publique, les provinces et les Premières Nations. Cette diminution est contrebalancée dans une certaine mesure par le financement supplémentaire requis par le ministère.
Par exemple, dans le cadre de ce budget supplémentaire, Sécurité publique demande 3,5 millions de dollars supplémentaires après les octrois uniques fédéraux aux villes de Toronto et de Burnaby, en Colombie-Britannique. Plus précisément, 1,5 million de dollars ont été donnés à la Ville de Toronto en août dernier en raison, comme vous vous en souvenez sans doute, de la hausse très marquée des activités violentes liées aux armes à feu et aux gangs. Cette somme unique a ainsi aidé à soutenir immédiatement la police de Toronto afin qu’elle lutte contre la violence liée aux armes à feu et aux gangs et garder nos collectivités en sécurité. La contribution du gouvernement fédéral, je vous le confirme, a été égalée par la municipalité et la province, car les trois ordres de gouvernement ont reconnu le caractère urgent et immédiat de ce besoin d'aide. De plus, 2 millions de dollars ont été octroyés à la Ville de Burnaby en septembre afin de renforcer sa capacité en sécurité publique et en protection civile. Ces fonds ont été accordés en raison de sa situation unique en tant que point d'arrivée de l’oléoduc Trans Mountain.
Le ministère compte recevoir également des transferts d’autres organisations fédérales, comme suit: le ministère de la Défense nationale transférera un peu plus de 750 000 $ pour les services policiers de l’ancien Camp Ipperwash offerts par le Service de la police Anishinabekun; Patrimoine Canadien transférera 300 000 $ pour la Stratégie canadienne de lutte contre le racisme; et Transports Canada transférera près de 231 000 $ pour des investissements dans la coordination des efforts importants de la recherche et du sauvetage partout au pays.
J'aimerais maintenant parler des budgets supplémentaires des dépenses des autres organisations qui relèvent du portefeuille. Je commencerai par la GRC, qui demande une augmentation de 106,5 millions de dollars, soit 2,7 %, par rapport aux crédits autorisés jusqu’à présent. Parmi les demandes les plus notables, on compte une demande de fonds additionnels de 27,5 millions de dollars pour aider à garder la capacité de la Mise sur pied de la force à 40 agents, à la Division Dépôt, et une autre de 24,7 millions de dollars pour le Programme de police contractuelle afin d’aborder les changements à la collection de coûts et de revenus. Comme indiqué dans ce Budget supplémentaire des dépenses, la GRC prévoit également recevoir une augmentation nette de presque 50 millions de dollars de différentes organisations fédérales. À titre d'exemple, le transfert relatif au Service de police communautaire des Premières Nations, que j’ai cité plus tôt, compte pour la majorité de cette augmentation nette.
De plus, on compte d'autres transferts importants, soit près de 789 000 $ de Sécurité publique pour aider la GRC à renforcer la capacité de formation en matière de l’application de la loi afin de lutter contre le fléau de la conduite avec facultés affaiblies par la drogue; 400 000 $ de Transports Canada pour les services policiers au pont de la Confédération dans le détroit de Northumberland; et 2,2 millions de dollars de la GRC à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada afin de soutenir l’expansion du contrôle biométrique dans notre système d’immigration.
J'aborderai maintenant l'Agence des services frontaliers du Canada. Les budgets supplémentaires des dépenses pour l’Agence comptent une augmentation de 3,4 millions de dollars, soit 0,10 %, par rapport aux autorisations jusqu’à présent. De ce montant, l’Agence demande 500 000 $ pour soutenir le nouveau Plan des niveaux d’immigration pour 2019-2021. Ce plan s’ajoute au plan des niveaux de 2018-2020 et compte une augmentation de 800 personnes protégées par rapport aux cibles de 2019. Monsieur le président, vous vous souvenez sans doute que le gouvernement du Canada s’est engagé à accueillir 330 800 immigrants pendant l’année 2019. Ce nombre inclut 800 femmes et filles vulnérables provenant de régions en conflit.
L’Agence demande également 500 000 $ afin de remplir ses obligations en vertu de la Loi sur la justice pour les victimes de dirigeants étrangers corrompus. Ces fonds soutiendront l’application des dispositions d’inadmissibilité liées aux sanctions, y compris les activités de renseignements opérationnels et d’application de la loi au pays.
Les budgets de l’Agence comptent également plusieurs transferts, notamment: 2,1 millions de dollars d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada afin de partager les coûts des Centres de soutien des transporteurs aériens, un service qui aide les transporteurs aériens à savoir si les passagers possèdent les documents nécessaires pour entrer au Canada; 1,7 million de dollars de la GRC pour appliquer les exigences en matière d’importations en vertu de la Loi sur les armes à feu; 900 000 $ à Transports Canada afin d’établir le Centre d’opération du Programme de protection des passagers, ce qui soutiendra le contrôle centralisé du programme et la résolution des appels de transporteurs aériens en cas de noms correspondant à la liste d’interdiction de vol; et, finalement, 800 000 $ à Affaires mondiales Canada afin de soutenir le personnel ministériel en mission canadienne à l’étranger.
Passons maintenant à la Commission des libérations conditionnelles. Celle-ci demande une augmentation de 1,7 million de dollars, soit 3,4 %, dans le cadre de ce budget supplémentaire. Cette augmentation s’explique en grande partie par la demande de 1,3 million de dollars supplémentaires afin de mettre en œuvre des mesures liées aux pardons accélérés pour la possession simple de cannabis. Lorsqu'une demande de pardon pour condamnation pour possession simple de cannabis est jugée comme complétée, le temps moyen de traitement est de sept jours.
Finalement, monsieur le président, le budget supplémentaire pour le Comité d’examen indépendant du SCRS et de la GRC sont également compris dans vos documents aujourd’hui.
Ce ne sont que quelques-uns des éléments du Budget supplémentaire des dépenses (B) pour les organisations qui relèvent de mon portefeuille. Monsieur le président, comme vous pouvez le constater, c’est un grand portefeuille qui couvre tous les aspects de la sécurité des Canadiens: sécurité nationale, cybersécurité, sécurité frontalière, services policiers, lutte contre les crimes, protection civile, et j'en passe.
Je tiens à exprimer que je fais entièrement confiance aux compétences, aux capacités et au leadership des employés, civils ou non, dans chaque organisation du portefeuille. Je ferai toujours tout en mon pouvoir pour veiller à ce qu’ils aient les outils et les ressources dont ils ont besoin pour effectuer leur travail.
En terminant, j’aimerais répéter à quel point je suis fier que l'on m'ait donné la chance de me présenter devant ce comité nouvellement constitué. Je suis impatient de travailler avec vous tous au cours de la session parlementaire.
Merci, monsieur le président. C’est avec plaisir que nous répondrons aux questions des membres du Comité.
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Merci beaucoup, madame Damoff. Ce sont de très importantes questions. Ma lettre de mandat demande que je veille à ce que tous les employés et les membres des organismes aient accès à de la formation sur les préjugés et sur l'élimination des préjugés et du racisme dans l'ensemble des services offerts. Je crois que nous avons la responsabilité plus large de nous attaquer à toutes les formes de haine et de racisme au pays, y compris le racisme à l'endroit des Autochtones.
Je veux aussi mentionner que j'ai rencontré la famille en question. Ce que j'ai également constaté, c'est qu'il faut aussi penser aux services aux victimes en général, car la souffrance des membres de la famille était bien visible lors de la rencontre que j'ai eue avec eux.
En ce qui concerne les services de police des Premières Nations, je suis très fier que le m'ait demandé, par l'entremise de ma lettre de mandat, d'investir davantage et d'améliorer ces services. Il est évident que nous devons investir dans le Programme des services de police des Premières Nations. Si vous me permettez, je voudrais en parler.
Nous cherchons présentement la meilleure façon de remplir ces engagements afin que les policiers et les services de police aient les outils et les ressources pour les mettre en œuvre. Ces engagements reposent sur des investissements réalisés de 291 millions de dollars sur cinq ans — un engagement de 2018 — pour l'amélioration de la sécurité des agents au sein du Programme des services de police des Premières Nations.
Au sujet du budget des dépenses à l'étude — si je peux me permettre d'y revenir —, nous demandons un transfert de 52,9 millions de dollars de Sécurité publique Canada à la GRC pour le Programme des services de police des Premières Nations. Cela permettra de financer les services de police offerts par la GRC, parce que, à certains endroits, les services de police des Premières Nations sont donnés par des services de police autochtones et, à de nombreux autres endroits, par la GRC.
Dans ce budget des dépenses, au total, nous demandons 167 millions de dollars pour le Programme des services de police des Premières Nations.
C'est une question d'une importance capitale. Toutes les victimes d'agression sexuelle devraient toujours être traitées avec respect, dignité et compassion. Nous connaissons les impacts vécus par les victimes et l'hésitation à porter plainte de ces dernières en raison des inquiétudes quant à l'opinion des gens et au recours au système de justice pénale. Je peux vous dire que l'objectif de la GRC est de renforcer la confiance du public envers le travail des agents de police, mais aussi d'encourager les victimes d'agression sexuelle à briser le silence et à rapporter ce crime grave et de les soutenir dans ce processus. Une des mesures de prévention importantes est de s'assurer que les délinquants qui commettent de tels crimes répondent de leurs actes et de soutenir adéquatement les victimes.
Dans le rapport daté du 17 décembre et intitulé La voie à suivre: Plan d’action de la GRC sur l’examen des plaintes d’agression sexuelle et le soutien aux victimes, que la commissaire nous a présenté, on donne des mesures concrètes pour améliorer la formation et la sensibilisation des policiers, pour améliorer le soutien aux victimes — j'en ai parlé plus tôt —, pour accroître la responsabilisation dans les enquêtes et pour améliorer la sensibilisation et les communications publiques.
D'après mon expérience personnelle, je me souviens que, il y a de nombreuses années, le nombre de dossiers d'agression sexuelle jugés non fondés était ridiculement élevé, parce que les services de police déterminaient qu'un dossier était non fondé lorsqu'il n'y avait pas d'éléments de preuve de fond indiquant que l'agression avait bien eu lieu. Honnêtement, cela ne devrait pas être le critère. S'il y a une preuve accablante montrant que l'agression n'a pas eu lieu, alors on peut parler d'allégations non fondées, mais, dans la plupart des cas, cette preuve n'existe pas. Il est absolument essentiel, comme je l'ai mentionné, que les victimes d'agression sexuelle soient traitées avec respect et compassion et qu'elles obtiennent du soutien. Même si elles ne veulent pas qu'il y ait enquête criminelle, nous avons le devoir de les soutenir et de les aider à surmonter le traumatisme causé par leur victimisation.
D'abord, permettez-moi de dire que le problème du blanchiment d'argent est une priorité majeure pour le gouvernement, mais aussi pour moi. J'ai travaillé très longtemps dans ce domaine.
Si je peux me permettre, au lieu de réfléchir à ce qui s'est passé dans le passé comme la fermeture d'unités des produits de la criminalité, etc., j'aimerais me tourner vers l'avenir. J'ai eu un certain nombre de discussions avec des fonctionnaires de la Colombie-Britannique, par exemple le procureur général David Eby. Peter German, qui était le grand patron en Colombie-Britannique, a publié un rapport très exhaustif à ce sujet et proposé des améliorations dans certains secteurs clés. Nous avons travaillé en très étroite collaboration avec eux.
Permettez-moi de vous donner quelques exemples.
Puisque nous parlons budget, je vous rappellerai que, dans le budget de 2019, nous avons annoncé des investissements de 68,9 millions de dollars — dont 20 millions alloués de manière permanente — pour permettre à la GRC de mieux assurer ses services de police à l'échelle fédérale, notamment la lutte contre le blanchiment d'argent.
Nous avons annoncé que nous allions aussi investir dans l'infrastructure de la gestion et de la technologie de l'information et les outils numériques afin de donner à nos forces de police les ressources et l'accès aux technologies dont elles ont besoin.
L'an dernier, dans la loi d'exécution du budget, nous avons aussi proposé des mesures substantielles pour diminuer l'opacité qui entoure la propriété effective dans le cas des sociétés sous réglementation fédérale par exemple.
L'une des choses que le crime organisé et ceux qui blanchissent de l'argent détestent, c'est la clarté. Nous avons aussi invité tous les ministres des Finances du pays à une réunion parce que plus de 90 % des sociétés, la grande majorité en fait, sont assujetties à la réglementation provinciale. Nous essayons, en collaboration avec toutes les provinces, de rendre plus transparente la propriété effective, ce qui facilitera ces enquêtes.
Nous avons aussi proposé des mesures, dans la loi d'exécution du budget, pour créer une nouvelle infraction en lien avec l'insouciance. Nous savons que les services de police partout au pays — les procureurs en particulier — avaient du mal à prouver le lien existant entre les produits de la criminalité et l'infraction commise. Grâce aux mesures que nous avons prises, ces criminels sont plus susceptibles de faire l'objet d'enquêtes et d'être poursuivis.
Il y a encore beaucoup de travail à faire. Nous le faisons, cependant, en collaboration avec nos partenaires provinciaux et les autorités fédérales sous la responsabilité de la GRC. C'est un travail pangouvernemental, pour que cela s'avère plus difficile pour ces gens de blanchir de l'argent dans notre pays. Ce sont les gains et les gains seulement qui motivent le crime organisé. En privant ces criminels de ces gains, l'incidence sur tous les Canadiens est moindre.
Merci beaucoup. C'était une importante question.
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Merci, monsieur le président. Il n'y a pas de problème.
Monsieur Blair, bienvenu au Comité. Merci d'être là et merci pour tout ce que vous faites pour assurer la sécurité dans nos collectivités.
Monsieur le ministre, je sais, en tant que députée de la région du Grand Toronto, que vous, en tant qu'ancien chef de la Police de Toronto, vous connaissez très bien la région de Peel. Dans son rapport de 2018, la police de Peel a déclaré que la violence armée est un problème majeur dans la région. En 2018, la police a saisi 459 armes à feu et enquêté sur 504 fusillades potentielles: cela correspond à une augmentation de 18 % par rapport à 2017.
Monsieur le ministre, en tant que députée de Brampton-Ouest, j'ai rencontré en personne des familles et lu des histoires à propos des tragédies vécues dans nos collectivités à cause des armes et de la violence des gangs. Je sais qu'il n'y a pas de solution simple. Nous avons besoin d'une approche exhaustive et holistique, et je sais que le gouvernement a investi massivement dans la lutte contre les armes à feu et la violence des gangs, en particulier dans la région du Grand Toronto.
Pouvez-vous nous en dire plus sur ces investissements et leurs effets sur nos collectivités? Je demande cela parce que les habitants de ma circonscription ne cessent de me demander comment les fonds investis par le gouvernement fédéral arrivent jusqu'à nos villes, nos régions et nos collectivités comme Brampton.
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Je vais essayer de faire vite, monsieur le président.
D'abord, en 2017, nous nous sommes engagés à investir 327 millions de dollars dans les services de police partout au pays, dont la GRC, l'ASFC et aussi les services de police municipaux et autochtones sur tout le territoire. Sur ces 327 millions de dollars, 214 ont été alloués aux villes. Je peux en dire plus sur les fonds fédéraux — et cela pourrait s'avérer même encore plus pertinent —, monsieur le président. Nous avons investi dans la GRC pour lui permettre d'être mieux à même de mener les enquêtes qui relèvent de ses responsabilités, parce qu'enquêter sur le crime organisé et les gangs responsables de la contrebande et du vol de ces armes à feu constitue une partie importante de leur travail.
Nous avons essayé de collaborer avec les provinces partout au pays, dans le cadre de l'entente, pour organiser le versement des fonds. Nous versons, ainsi, 65 millions de dollars à la province de l'Ontario et c'est, ensuite, à l'Ontario de décider de la meilleure manière d'allouer cet argent. Comme vous le savez, l'acheminement des fonds a été quelque peu compliqué. La province avait l'argent à sa disposition, mais le faire sortir des coffres...
À Brampton, entouré des ministres de l'Ontario, j'ai eu le très grand plaisir d'annoncer, devant le quartier général de la police régionale de Peel — c'est dans votre coin — 54 millions de dollars supplémentaires, qu'ils ont acceptés. Ce sont des fonds qu'ils ont l'intention d'investir dans 17 différents projets. L'argent commence, maintenant, à sortir des coffres.
Aider la police est important, mais il est important de faire plus. Nous avons écouté très attentivement ce que les collectivités avaient à nous dire, et nous avons annoncé dans notre programme électoral... Je ne veux pas faire d'annonces anticipées à propos du budget, mais nous avons l'intention d'investir massivement dans les collectivités et les enfants. On nous a, en effet, aussi fait savoir que ce n'était pas qu'une question de police. Il faut aussi s'occuper des problèmes sociaux à l'origine de cette violence.
Nous allons faire de considérables investissements, et nous avons l'intention de travailler en plus étroite collaboration et de manière plus directe avec les collectivités et les villes de manière à faire sortir cet argent des coffres plus rapidement, mais aussi pour qu'il soit utilisé au mieux. Je pense aussi qu'il faut que nous ayons un bon retour sur investissement pour les Canadiens, et nous devons pouvoir le démontrer. La meilleure manière de s'y prendre est de collaborer directement avec les organisations qui vont recevoir ces fonds.
Et ce n'est pas tout. Il est important aussi de tarir le flot d'armes à feu qui arrivent dans nos collectivités. Nous poursuivons notre travail en vue de durcir les lois sur le contrôle des armes à feu afin de prévenir leur vol en imposant des mesures d'entreposage plus strictes et en donnant à la police le pouvoir et les ressources dont elle a besoin pour déceler ce genre d'infractions et donc, les sanctionner. En outre, nous avons investi et nous allons continuer à investir massivement dans les agents de l'ASFC à la frontière ainsi que dans les technologies et nos enquêtes afin de nous occuper des organisations et des personnes responsables de la contrebande d'armes au pays.
Nous nous efforçons d'empêcher l'entrée des armes, mais aussi de faire baisser la demande en armes à feu. Tous ces investissements sont importants et nécessaires.
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Merci, monsieur le président.
Madame Kelly, j'écoutais vos observations tout en consultant le rapport du vérificateur général. Il ne parle pas d'un milieu sain et respectueux à Service correctionnel du Canada.
Vous êtes peut-être en train d'appliquer des changements en ce moment. Toutefois, il demeure que, selon le rapport du vérificateur général, près de la moitié des employés craignaient de subir des représailles s'ils déposaient des plaintes de harcèlement, de discrimination ou de violence contre un collègue ou un membre de la direction. La moitié des employés avaient l'impression qu'une telle démarche entraînerait des représailles. De plus, 60 % ont déclaré que le manque de courtoisie et de respect dans le milieu de travail représentait pour eux une préoccupation grave, et 67 % ont indiqué qu'ils avaient des préoccupations graves ou importantes à l'égard de la culture organisationnelle.
Ce n'est pas la description d'un milieu de travail sain et respectueux pour les employés. La situation n'est pas nouvelle. Elle fait l'objet de rapports depuis plusieurs années de suite. Je me demande vraiment comment il serait possible de la régler d'ici la fin du mois de mars. Ce me semble extrêmement optimiste. Avez-vous des fonds suffisants pour y arriver?
Vous dites que vous n'avez pas besoin de fonds supplémentaires pour le service des libérations conditionnelles. Or, pas plus tard que cette semaine, le Bureau de l'enquêteur correctionnel nous a informés qu'il y a un employé par délinquant dans le service carcéral alors que, pour le service des libérations conditionnelles, on parle plutôt d'à peu près un employé par 6,5 délinquants. Il était d'avis que les ressources étaient insuffisantes pour le service de libérations conditionnelles.
Pouvez-vous tenter d'expliquer une partie de ces données contradictoires? Je ne comprends pas comment ce milieu de travail sain et respectueux peut avoir le type de problèmes que le vérificateur général a décrits.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais parler un peu plus du programme de protection des passagers que nous avons mis en place.
J'étais au comité de la sécurité publique lorsqu'il a étudié le projet de loi , pendant la dernière législature. L'une des premières personnes que j'ai rencontrées après mon élection était un jeune homme qui était sur la liste d'interdiction de vol parce qu'il avait le même nom qu'une autre personne inscrite sur la liste. Malheureusement, ce jeune homme s'est enlevé la vie avant de voir les changements apportés par le projet de loi C-59, qui a permis de mettre en place le cadre et d'y affecter des fonds pour le mettre en œuvre.
Contrairement aux États-Unis, qui ont immédiatement mis en place un système de recours, le gouvernement précédent a mis en place une liste d'interdiction de vol sans prévoir de cadre et de ressources pour aider des gens qui, comme ce jeune homme et d'autres personnes que nous avons probablement tous rencontrées, ont le même nom qu'une personne inscrite sur la liste d'interdiction de vol.
Il y a des fonds prévus pour cette mesure. À quel résultat peut-on s'attendre, en particulier pour les enfants inscrits sur la liste, si leur nom peut être retiré de cette liste? Certains de ces enfants ne sont plus des enfants. Dans le cadre d'un événement organisé l'année dernière, j'ai parlé à quelques-uns d'entre eux; comme ils sont maintenant adultes, lorsqu'on voit leur nom sur la liste, ils sont perçus très différemment par rapport à lorsqu'ils étaient enfants.
Je me demande si vous pourriez parler de l'incidence qu'aura ce financement sur ces personnes.
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J'aimerais d'abord apporter des précisions. Il ne s'agit pas de retirer leurs noms. Je pense que, dans bien des cas, il est fort probable que les personnes dont vous parlez ne soient pas sur la liste, mais que leur nom ressemble beaucoup au nom d'une personne qui est sur la liste.
Cela dit, le programme du numéro canadien de voyage, qui est associé au programme amélioré de protection des passagers, nous permettra d'attribuer un numéro de voyage à tous ceux qui en font la demande.
Nous avons fait beaucoup de sensibilisation, notamment auprès des familles des enfants inscrits sur la liste d'interdiction de vol et d'autres groupes d'intervenants de la société canadienne, et les personnes intéressées sont très au courant de l'évolution du programme et savent que le programme du numéro canadien de voyage sera créé.
Lorsque nous mettrons en œuvre ce programme, toute personne qui estime avoir éprouvé des difficultés à voyager par le passé pourra demander un numéro. Si le problème est lié à la liste d'interdiction de vol, soit la liste établie au titre de la Loi sur la sûreté des déplacements aériens, ce numéro nous permettra de résoudre le conflit d'avance, soit de 24 à 48 heures avant le voyage. On travaillera avec l'ASFC et le centre des opérations de transport pour que l'on évite tout conflit en vérifiant le numéro et le manifeste de vol et qu'on puisse ensuite établir que le passager en question n'est pas sur la liste, afin que cette personne puisse faire comme tout le monde, c'est-à-dire s'enregistrer par voie électronique et franchir sans heurt toutes les étapes de contrôle à l'aéroport.
C'est ce que le programme nous permettra de faire. Évidemment, si la personne qui présente une demande est sur la liste, alors un autre mécanisme déjà en place sera déclenché. Ceux qui sont sur la liste y sont inscrits parce qu'ils correspondent aux critères établis, et ils ont accès à un processus de recours.
J'aimerais aussi préciser que, dans le cadre du projet de loi , une modification législative a été adoptée afin que le ministre puisse aussi aviser les parents si le nom de leur enfant se trouve sur la liste. Avant cela, le ministre allait à l'encontre de la loi s'il communiquait cette information à qui que ce soit.