:
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, bonjour.
[Français]
Je suis accompagnée aujourd'hui de Sylvie Blanchet, la première vice-présidente, et de Martin van Ginhoven, le directeur général régional du bureau du Québec.
J'aimerais d'abord exprimer mes plus sincères condoléances à la famille et aux amis de Marylène Levesque. Ce qui s'est passé à Québec le 22 janvier est une véritable tragédie et une chose qui ne devrait jamais arriver.
[Traduction]
Nous comprenons tous pourquoi nous sommes ici aujourd'hui, et je voudrais prendre quelques minutes pour mettre cela en perspective.
Le 19 septembre 2019, une audience de libération conditionnelle a été tenue pour le délinquant en question. Deux commissaires de la Commission des libérations conditionnelles ont examiné son cas afin de décider de poursuivre ou non sa semi-liberté. Durant l'audience, l'agent de libération conditionnelle a présenté aux commissaires un plan de libération incluant un élément qui aurait permis à ce délinquant de solliciter des femmes à des fins sexuelles. Les commissaires ont rejeté catégoriquement cette partie du plan. Je veux que ce soit bien clair. Ils ont ordonné au délinquant et à son agent de libération conditionnelle de mettre fin à cette activité.
Le délinquant a compris cette condition de façon claire, ce qui est confirmé dans la déclaration judiciaire récente. Le reste du plan a été approuvé, et la décision de poursuivre la semi-liberté a été prise avec un certain nombre de conditions, notamment de signaler toute relation avec des femmes, qu'elles soient sexuelles ou non sexuelles.
Le 22 janvier, nous avons été informés que ce délinquant avait été accusé du meurtre de Mme Lévesque. Par la suite, il y a eu beaucoup de déclarations erronées et de malentendus à propos du système de libération conditionnelle, de sorte que j'aimerais éclaircir certaines choses.
Premièrement, la Commission des libérations conditionnelles est un tribunal administratif indépendant, ce qui veut dire que notre processus décisionnel n'est pas soumis à une influence extérieure ou à une ingérence politique. Cette indépendance garantit que les décisions des commissaires de la Commission des libérations conditionnelles sont prises uniquement conformément à la loi et aux renseignements dont ils disposent.
Deuxièmement, la protection de la société est la considération primordiale dans toutes les décisions de la Commission des libérations conditionnelles. C'est la loi.
Troisièmement, la Commission ne prépare pas les délinquants pour leur mise en liberté. Elle ne gère ni n'assure la surveillance des délinquants en liberté. C'est la responsabilité de Service correctionnel Canada. La Commission est un organe décisionnel. Nous examinons environ 16 000 cas annuellement, ce qui correspond à environ 23 000 décisions. Les délinquants que la Commission a libérés dans la collectivité et qui récidivent de façon violente sont extrêmement rares. Il y a 99,9 % de tous les délinquants en semi-liberté qui n'ont pas récidivé de façon violente. Et ces chiffres ont été constants au cours de la dernière décennie.
Toutefois, lorsqu'un incident comme celui-ci se produit dans la collectivité, nous le prenons très au sérieux. Une commission d'enquête est en cours, conformément à la pratique habituelle à la suite de ce genre d'incident. Elle est coprésidée par deux personnes indépendantes et externes qui sont des criminologues. La Commission s'engage pleinement à découvrir ce qui s'est passé dans ce cas, pour vérifier s'il y a des choses que nous pouvons améliorer.
[Français]
La motion présentée à la Chambre souligne également une préoccupation à propos du processus de nomination des commissaires de la Commission.
Le processus pour devenir un commissaire de la Commission des libérations conditionnelles est ouvert à tous les Canadiens. Il est fondé sur le mérite. Il y a un processus de sélection, un examen écrit, des entrevues et des vérifications des références.
[Traduction]
Je peux dire avec certitude que les noms que je transmets au ministre aux fins d'examen sont tous hautement qualifiés pour devenir d'excellents commissaires de la Commission des libérations conditionnelles.
La Commission des libérations conditionnelles a un caractère « communautaire ». Selon la loi, nous devons être représentatifs de la diversité de la société canadienne. Les commissaires ont des bagages variés: ils ont de l'expérience en criminologie, en droit, en services correctionnels, en éducation, en psychologie, en travail social et dans le secteur privé, pour n'en nommer que quelques-uns.
Nous avons actuellement 78 commissaires de la Commission des libérations conditionnelles, dont 39 à temps partiel et 39 à temps plein. Les premiers sont nommés pour trois ans, comme le prévoit la loi, et les seconds sont actuellement nommés pour cinq ans, même si la loi permet des nominations allant jusqu'à 10 ans.
Ces dernières années, la Commission des libérations conditionnelles a apporté des changements à ses effectifs pour mieux refléter la diversité de la population canadienne: 53 % de ses employés sont des femmes, 7 % sont issus de minorités visibles et 12 % sont des Autochtones. Quelque 95 % des commissaires détiennent un diplôme universitaire, 64 % ont une expérience directe dans le domaine de la justice pénale, et 32 % ont une expérience directe dans le domaine des services correctionnels et de la mise en liberté sous condition.
[Français]
Après avoir été nommés, tous les commissaires suivent une formation intensive de six semaines. En gros, ils reçoivent de la formation portant sur les lois, les politiques et l'évaluation des risques applicables à divers types de délinquants, comme les femmes, les Autochtones, les condamnés à perpétuité, les délinquants sexuels, etc.
[Traduction]
Ensuite, leurs vice-présidents régionaux respectifs, d'autres commissaires expérimentés de la Commission des libérations conditionnelles et des formateurs font du mentorat auprès d'eux, et les encadrent. Absolument aucun commissaire ne se voit confier de responsabilités décisionnelles avant d'avoir terminé sa formation et d'avoir la pleine confiance de son vice-président régional. Si le Comité souhaite obtenir des renseignements supplémentaires sur ce programme de formation, je me ferai un plaisir de les lui fournir.
La formation se poursuit sur une base régulière pendant toute la durée du mandat du commissaire. Les commissaires de la Commission des libérations conditionnelles sont également appuyés par divers fonctionnaires hautement qualifiés. Il s'agit notamment de greffiers d'audience, d'agents d'examen des cas, de formateurs et de notre Secrétariat des commissaires. La loi et les décisions de la Commission des libérations conditionnelles sont fondées sur des recherches qui démontrent clairement que les libérations graduelles, gérées et supervisées offrent la meilleure protection pour la société. Le cadre d'évaluation des risques de la Commission est fondé sur des données probantes et a été adopté par un certain nombre d'instances.
Ces 30 dernières années, les résultats que la Commission a obtenus en matière de sécurité publique n'ont cessé de s'améliorer, ce qui est réalisé en partenariat avec beaucoup d'autres intervenants, y compris le Service correctionnel du Canada, ou SCC, et de nombreux partenaires locaux. Voilà qui témoigne des progrès constants réalisés dans la recherche sur l'évaluation des risques et la gestion des risques. En fait, lorsque l'ancien président de la Commission des libérations conditionnelles, Fred Gibson, a comparu devant votre comité en 1990, le taux de réussite des délinquants libérés par la Commission qui ont purgé leur peine sans encourir de nouvelles accusations était aux alentours de 70 %. Ce taux est aujourd'hui supérieur à 98 %.
Mais même si nous visons l'excellence dans notre prise de décisions, prédire le comportement humain n'est malheureusement pas une science exacte et ne le sera probablement jamais. Dans de très rares cas comme celui-ci où un délinquant récidive violemment, c'est dévastateur pour moi, nos commissaires de la Commission des libérations conditionnelles et notre personnel.
[Français]
En conclusion, je tiens à offrir une fois de plus mes condoléances à la famille et aux amis de Marylène Levesque.
[Traduction]
Je tiens à leur mentionner encore, ainsi qu'aux membres du Comité et au public canadien, que nous prenons ces incidents très au sérieux, et que j'examinerai toutes les recommandations qui pourraient nous aider à continuer d'améliorer le processus décisionnel de la Commission des libérations conditionnelles.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Je suis accompagnée aujourd'hui du sous-commissaire principal, M. Alain Tousignant, et du commissaire adjoint aux Politiques, M. Larry Motiuk.
D'abord, je souhaite offrir mes condoléances les plus sincères à la famille et aux amis de Marylène Levesque, qui a perdu la vie lors de l'horrible tragédie qui est survenue à Québec, le 22 janvier. Personne ne souhaite qu'un tel dénouement survienne. Nous sommes résolus à obtenir des réponses pour toutes les personnes qui sont touchées par cette situation.
Comme vous le savez, deux enquêtes sont en cours. La première est une enquête criminelle menée par le Service de police de la Ville de Québec, et la seconde est une enquête menée conjointement par le Service correctionnel du Canada et la Commission des libérations conditionnelles du Canada.
[Traduction]
Étant donné les divers aspects de cette affaire et l'intervention de deux organisations distinctes, cette enquête conjointe est la clé de voûte qui permettra d'obtenir un compte rendu exhaustif de ce qui s'est passé. Les cinq membres du comité d'enquête possèdent les compétences et l'expérience requises, et apportent divers points de vue à ce processus. Le comité est coprésidé par deux membres de la collectivité, qui sont également criminologues, ce qui accroît l'ouverture et la transparence du processus d'enquête. Nous sommes déterminés à communiquer les résultats de cette enquête au Comité permanent et aux Canadiens et Canadiennes dès qu'elle sera terminée.
[Français]
Je vais être très claire: le Service n'approuve pas que les délinquants aient recours à des services sexuels, et je suis grandement préoccupée par les événements qui se sont produits. J'en suis à ma 37e année au Service, et je peux affirmer avec certitude que ce n'est pas une pratique que nous appuyons, en tant qu'organisation, en ce qui a trait à la façon dont nous gérons les délinquants.
[Traduction]
Je vais être très claire: le SCC n'approuve pas que les délinquants aient recours à des services sexuels. Je suis vivement préoccupée par ce qui s'est passé. J'en suis à ma 37e année au SCC, et je peux affirmer avec certitude que ce n'est pas une pratique que nous appuyons, en tant qu'organisation, en ce qui a trait à la façon dont nous gérons les délinquants. J'ai été très claire à ce sujet auprès de tous les membres de l'organisation, et j'ai ordonné un examen de toutes les stratégies communautaires partout au pays, en guise de mesure supplémentaire.
Comme les enquêtes sont en cours, je ne peux formuler de commentaires sur les détails de l'affaire, mais je peux vous fournir des précisions sur la gestion des cas et le processus de mise en liberté sous condition.
L'approche utilisée par le SCC est régie par un texte législatif très complet, appelé la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition. La sécurité publique est le facteur le plus important qui est à la base de tout ce que nous faisons. Pendant la période d'incarcération, la sécurité publique est maintenue en veillant à la garde sécuritaire du délinquant et au maintien d'un milieu sûr pour le personnel et les délinquants. Mais l'incarcération n'est qu'une solution temporaire, puisque la grande majorité des délinquants finiront par être mis en liberté dans la collectivité et deviendront nos voisins. Par conséquent, le SCC a un autre travail tout aussi important: préparer les délinquants à réussir leur réinsertion sociale sécuritaire en tant que citoyens respectueux des lois.
[Français]
Dès que le délinquant est condamné, le Service entame le processus visant à l'aider à devenir un citoyen respectueux des lois. Chaque délinquant a son propre plan correctionnel, qui cible des facteurs précis relatifs à son comportement criminel. Tous les programmes que devra suivre le délinquant et toutes les interventions auxquelles il devra participer pour régler les problèmes à l'origine de son incarcération sont décrits dans le plan correctionnel. Il sert d'étalon pour mesurer les progrès accomplis par le délinquant durant sa peine.
Les progrès réalisés par le délinquant à l'égard des exigences de son plan correctionnel sont l'un des éléments importants pris en considération dans toute décision liée à son cas, la sécurité publique étant la priorité absolue.
Tous les délinquants sont admissibles, à un moment ou à un autre, à un examen en vue de l'octroi d'une forme de mise en liberté sous condition. La loi fédérale sur le système correctionnel prévoit divers types de mise en liberté sous condition, qui donnent aux délinquants une liberté et permettent de leur accorder une confiance graduelle, contribuant ainsi à une transition plus sûre.
[Traduction]
Toutefois, la mise en liberté sous condition ne constitue pas la fin de la peine. Pas du tout. La mise en liberté sous condition signifie que le délinquant purge cette partie de sa peine dans la collectivité, qu'il est placé sous surveillance et qu'il doit respecter des conditions strictes. La surveillance dans la collectivité fait partie intégrante de notre travail, puisque les recherches montrent constamment qu'un processus de mise en liberté graduelle, structurée et surveillée constitue un moyen efficace de favoriser une réinsertion sociale sécuritaire et réussie.
L'évaluation du risque que présente le délinquant est le fondement de toute décision concernant sa mise en liberté sous condition rendue par la Commission des libérations conditionnelles du Canada. Le SCC fournit de l'information à la Commission sur les antécédents criminels du délinquant, sa participation aux programmes et aux interventions, son plan de mise en liberté et son degré de préparation en vue de la mise en liberté, et formule en définitive une recommandation à l'intention de la Commission, y compris concernant les conditions de mise en liberté. En outre, des organismes communautaires, la police, les victimes et d'autres groupes et particuliers sont appelés à donner leur avis sur la capacité du délinquant à réintégrer avec succès la collectivité. Ce sont des renseignements qui aident la Commission à décider si un délinquant devrait être mis en liberté, et à quelles conditions il doit être assujetti.
Lorsque les délinquants sont libérés dans la collectivité, la surveillance est effectuée par les agents de libération conditionnelle dans la collectivité, qui surveillent le comportement du délinquant et le respect des conditions de mise en liberté. Dans le cadre de cette surveillance, l'agent de libération conditionnelle maintient une communication régulière avec le délinquant ainsi qu'avec la police, les employeurs, les professionnels de la santé mentale, la famille du délinquant et toute autre personne qui fait partie de la vie du délinquant. Cette évaluation continue par l'agent de libération conditionnelle permet à ce dernier d'évaluer en continu le risque de récidive du délinquant. Si l'agent de libération conditionnelle a des préoccupations au sujet du risque que représente le délinquant pour la collectivité, il est possible que le délinquant soit réincarcéré.
[Français]
En plus de contrôler, d'encadrer et de surveiller les délinquants, une partie importante du travail d'un agent de libération conditionnelle consiste à faire en sorte que les délinquants aient accès aux services, aux bénévoles et aux programmes dans la collectivité qui peuvent faciliter leur réinsertion sociale. De façon générale, plus les délinquants ont de liens avec la collectivité, plus ils sont susceptibles de réussir leur transition.
Rendre les collectivités plus sécuritaires est un processus complexe, et le Service ne peut s'acquitter seul de cette tâche. Le Service n'est qu'une composante du système de justice pénale parmi d'autres. Non seulement il travaille en étroite collaboration avec les partenaires traditionnels du système, mais il compte également sur la participation et le soutien de la collectivité.
Les collectivités fournissent des services aux délinquants et à leur famille, lesquels constituent un élément indispensable de leur réinsertion sociale en toute sécurité. Nos partenaires dans la collectivité comprennent des bénévoles et des organisations communautaires, comme la Société St-Léonard du Canada et l'Armée du Salut.
[Traduction]
Les délinquants sont issus de la collectivité et la grande majorité d'entre eux y retourneront. La contribution la plus importante que le SCC puisse apporter pour rendre les collectivités plus sûres est d'aider les délinquants à devenir des citoyens respectueux des lois. Ayant débuté ma carrière dans un poste d'agente de libération conditionnelle, je suis pleinement consciente du travail accompli par le personnel de première ligne. Il s'agit d'un travail important, et le personnel joue un rôle essentiel en ce qui a trait à la sécurité publique. C'est pourquoi, au début du mois de février, j'ai rencontré non seulement le chef du Service de police de la Ville de Québec, mais également les employés de la région de Québec, qui ressentent un profond désarroi à la suite de cet incident tragique, et ce, afin de mettre l'accent sur le fait qu'ils doivent poursuivre leur travail essentiel de surveillance des délinquants dans la collectivité.
Bien que l'évaluation des risques ne soit pas une science exacte, nous gérons le risque à l'aide d'un cadre robuste de prise de décisions fondées sur des éléments probants en utilisant la meilleure information accessible et en recourant aux meilleurs outils à notre disposition. Bien que je ne veuille aucunement minimiser la gravité de l'incident qui s'est produit, il est important de rappeler que ce genre d'incident est extrêmement rare, ce que l'enquêteur correctionnel a également souligné lorsqu'il s'est adressé au Comité permanent le 25 février dernier. Il a en effet précisé qu'il s'agit d'un « cas exceptionnel ».
[Français]
En fait, nous savons qu'en 2018-2019, 99,9 % des délinquants ont terminé leur période de surveillance en semi-liberté sans commettre de nouvelle infraction avec violence. Par ailleurs, selon nos résultats, les délinquants ont été plus nombreux à réussir leur transition vers la collectivité en toute sécurité.
Par exemple, comparativement aux résultats obtenus il y a cinq ans, un plus grand nombre de délinquants mis en liberté sous condition ont atteint la fin de leur peine sans être réincarcérés.
[Traduction]
Je sais que l'enquêteur correctionnel a récemment laissé entendre que le SCC est réticent au changement. J'aimerais profiter de l'occasion pour mettre les pendules à l'heure.
Nous faisons preuve d'une grande ouverture et d'une profonde détermination à améliorer positivement le système correctionnel fédéral. Des changements sans précédent et favorisant la transformation se sont produits au cours des dernières années. En novembre dernier, nous avons éliminé l'isolement préventif et mis en place des unités d'intervention structurée. Nos programmes correctionnels donnent constamment des résultats positifs en matière de réduction de la récidive, et nous continuons à nous concentrer sur l'amélioration de notre culture.
Il faut un engagement soutenu, des efforts constants et un dévouement inlassable pour offrir des services correctionnels de qualité. Nous savons qu'il reste beaucoup de travail à faire, et nous demeurons déterminés à l'égard de l'autoréflexion et de l'amélioration continues. La sécurité publique est au cœur de tout ce que nous faisons. Il s'agit d'une lourde responsabilité et d'une condition préalable à la réussite de la transition des délinquants vers la collectivité.
Lorsque des événements tragiques se produisent, nous avons le devoir d'examiner de près nos activités pour voir ce que nous pouvons faire de mieux pour servir et protéger des Canadiens.
[Français]
En terminant, je tiens encore une fois à offrir mes plus sincères condoléances à la famille et aux amis de Marylène Levesque.
[Traduction]
Merci, monsieur le président.
:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais moi aussi commencer par présenter mes condoléances à la famille de Mme Lévesque et par reconnaître que c'est un drame, mais aussi un drame extrêmement rare. Je pense que tout le monde en convient. C'est notamment ce qu'a dit l'enquêteur correctionnel lors de sa comparution ici.
Je veux aussi commencer par souligner le bon travail que les agents de libération conditionnelle font dans la collectivité.
Madame Kelly, je sais que vous serez d'accord avec moi quand je dis qu'ils font un travail remarquable pour assurer notre sécurité à tous.
Je veux parler des compressions effectuées dans le cadre du plan d'action pour la réduction du déficit sous le gouvernement précédent. Le Centre canadien de politiques alternatives a produit un rapport en 2015. Il s'intitule The Impact of the Harper Government’s 'Tough on Crime' Strategy. Le rapport conclut que, selon les travailleurs de première ligne, la stratégie du gouvernement Harper qui consistait à sévir contre la criminalité, d'être « tough on crime », et ses mesures budgétaires restrictives ont nui à la sécurité publique.
On a effectué des compressions de plus de 200 millions de dollars. J'ai vu l'effet à Winnipeg où on a amputé les services offerts par les agents de liaison de la police. On a aussi réduit la fréquence des rencontres entre les délinquants et les agents de libération conditionnelle. Il y a eu une pénurie de programmes communautaires. Même le programme pour contrer la violence familiale a été touché.
Madame Kelly, je ne pose pas la question pour éclabousser le travail accompli dans le milieu correctionnel, mais des agents de première ligne et des personnes rencontrées lorsque j'ai visité des établissements ont dit que le plan d'action pour la réduction du déficit, comme on l'appelait, a grandement nui à la prestation de programmes. Pouvez-vous en parler?
Nous avons tenté de réinvestir dans les services correctionnels. Je pense qu'on a accordé 343 millions de dollars dans le dernier budget. Le rattrapage est difficile quand nous avons pris un si grand retard.
:
Merci, monsieur le président.
M. Lightbound a parlé plus tôt de partisanerie crasse, et Mme Damoff vient d'en faire preuve en parlant de compressions budgétaires de 2008. Nous parlons ici de problèmes qui ont eu lieu pendant le mandat des libéraux à cause de décisions prises par des commissaires qu'ils ont nommés. Je rappelle que cela fait cinq ans qu'ils sont au pouvoir.
Je vais revenir sur le processus de nomination, parce qu'il y a là un vrai problème. En 2017, il y a eu une purge, mais cela avait commencé en décembre 2015, lorsque le avait envoyé une lettre à 33 vice-présidents de différentes commissions au Canada leur demandant de démissionner. Maintenant, c'est le vice-président pour la région du Québec qui reçoit une lettre lui demandant de s'en aller. Cela fait partie des pressions indues sur des agents indépendants. Normalement, ils sont indépendants, mais on exerce une pression politique sur eux afin qu'ils démissionnent.
La purge de 2017 consistait à ne renouveler aucun des mandats des commissaires qui étaient en place, notamment au Québec, où est survenue la situation qui nous occupe actuellement. Tout cela avait été fait parce que les libéraux voulaient s'assurer qu'il n'y avait plus aucun conservateur en place. En passant, Dave Blackburn a été candidat après avoir été commissaire. Avant cela, il n'avait jamais été en politique avec nous.
Il faut comprendre que les propos que Mme Damoff vient de tenir s'inscrivent dans une idéologie qui vise à faire un changement pour amener une diversité, par exemple, en incluant des femmes autochtones. Les libéraux ont écarté les personnes qui avaient l'expérience et l'expertise nécessaires pour prendre des décisions concernant des prisonniers et des meurtriers comme M. Gallese en fonction de cette idéologie.
Alors, qu'est-ce qui prime?
:
Quiconque est nommé à la Commission, que nous venions de... Je dis « nous » parce que je viens du milieu correctionnel. Je suis maintenant membre de la Commission. J'ai dû suivre le processus de formation.
Les commissaires passent tous quelques semaines dans la région pour comprendre ce que sera leur travail. Ils observent les audiences. Ils rencontrent les autres membres de la Commission et le personnel. Ils viennent au bureau national. Nous y faisons venir des experts sur les délinquantes, les condamnés à perpétuité, les délinquants sexuels, les délinquants violents et nous leur présentons notre cadre d'évaluation des risques. Ils apprennent comment fonctionne l'évaluation des risques. Ils retournent dans les bureaux communautaires à travers le pays et y poursuivent leur formation.
Une fois cette formation initiale de cinq à six semaines terminée, le vice-président détermine s'ils peuvent ou non commencer à voter sur des cas spécifiques. Au début, on peut leur confier des cas de semi-liberté, mais pas de cas plus difficiles. C'est un processus progressif. Ils sont jumelés au vice-président ou à un autre commissaire qui a de l'expérience.
En dehors de cela, nous avons une formation continue. Des aînés nous donnent une formation intensive axée sur les Autochtones. Habituellement, pour les commissaires francophones, cela se fait à Montréal, et dans l'Ouest pour les autres. Pendant trois jours, avec les communautés autochtones, les commissaires apprennent à connaître la notion des déplacements, les répercussions qu'ont sur la communauté ces déplacements et les arrêtés importants, comme ceux de Gladue et de Twins, en fonction desquels ils seront appelés à prendre des décisions.
Ensuite, il y a une formation régionale continue. Martin est le directeur général régional et son bureau est responsable de cela, avec la vice-présidence.
Il arrive que des membres du personnel de Service correctionnel du Canada viennent nous parler des programmes. Nous visitons des maisons de transition. Nous rencontrons des membres de la Société John Howard. Nous avons aussi notre formation annuelle, qui consiste en une semaine intensive sur l'évaluation des risques à l'intention des commissaires. La formation est continuelle.
Si, à un moment donné, un vice-président nous dit qu'un commissaire a des préoccupations concernant un autre type de délinquant ou qu'il y a de la difficulté à prendre une décision, nous nous réunissons avec l'équipe et nous le faisons venir.
Ce n'est pas comme si tout le monde ne recevait pas la même chose. Il y a la base, et puis il y a... J'ai 28 ans d'expérience. J'en ai probablement un peu moins que quelqu'un qui viendrait d'un milieu différent. Nous avons tous les mêmes six premières semaines et ensuite, nous construisons sur cette base.