Bienvenue à la 11e réunion du Comité spécial sur l'Afghanistan de la Chambre des communes, créé conformément à l'ordre de la Chambre du 8 décembre 2021.
La réunion se déroule dans une formule hybride, conformément à l'ordre de la Chambre du 25 novembre 2021. Je tiens à rappeler aux personnes présentes de suivre les recommandations des autorités de santé publique ainsi que la directive du Bureau de régie interne du 19 octobre 2021 afin de demeurer en santé et en sécurité.
Veuillez m'informer de toute difficulté technique. Nous devrons peut-être suspendre la séance pendant quelques minutes afin de nous assurer que tous les membres sont en mesure de participer pleinement.
Je vais passer brièvement en revue les travaux du Comité avant de donner la parole à la ministre. Pour la réunion du 9 mai, la comparution de la est prévue. Pour la réunion du 16 mai, nous commencerons à huis clos pour examiner les consignes rédactionnelles. Les analystes fourniront un plan détaillé pour examen avant la réunion. Rien n'est coulé dans le béton tant que le Comité n'a pas examiné et adopté le rapport, mais compte tenu du peu de temps dont nous disposerons le 16 mai, j'espère que le document pourra guider nos discussions. Après avoir arrêté les consignes rédactionnelles, nous reprendrons nos travaux en public le 16 mai pour accueillir deux groupes de témoins pendant 45 minutes chacun. Puis, les 30 mai et 6 juin, nous examinerons le projet de rapport. Cela nous permettra d'achever nos travaux à temps pour présenter notre rapport à la Chambre le 8 juin.
S'il n'y a pas de questions de la part des membres, je vais passer aux témoins.
Au nom de tous les membres du Comité, je souhaite la bienvenue à la ministre des Affaires étrangères, l'honorable Mélanie Joly. La ministre est accompagnée de la sous-ministre déléguée des Affaires étrangères, Cindy Termorshuizen, de la sous-ministre adjointe par intérim aux services consulaires, Julie Sunday et du sous-ministre adjoint pour l'Asie, Paul Thoppil. Heidi Hulan, la sous-ministre adjointe et directrice politique pour la Sécurité internationale et le sous-ministre adjoint aux Enjeux mondiaux et au développement, Peter MacDougall, se joignent à nous en ligne.
Je crois comprendre, madame la ministre, que vous passerez la première heure avec nous et que vos fonctionnaires resteront pour la deuxième heure. Est‑ce bien cela?
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Merci, monsieur le président.
[Français]
Bonsoir, chers collègues.
C'est un plaisir d'être avec vous aujourd'hui.
Je vous remercie de me donner l'occasion de comparaître devant votre comité pour parler de la terrible situation qui règne en Afghanistan.
Le peuple afghan a enduré des décennies de conflits et d'instabilité, et il serait difficile d'exagérer les difficultés auxquelles ils doivent faire face depuis la prise de pouvoir des talibans.
Même si je n'occupais pas le poste de ministre des Affaires étrangères au moment de la chute de Kaboul, je peux vous affirmer que mon prédécesseur et tous les membres du gouvernement, y compris nos fonctionnaires à Affaires mondiales Canada, ont déployé d'énormes efforts dans une situation extrêmement difficile pour évacuer les citoyens canadiens, les résidents permanents et leurs familles, ainsi que des Afghans.
Ces efforts se poursuivent à ce jour. Mon collègue le ministre vous en a d'ailleurs parlé en détail lors de sa comparution la semaine passée. Incidemment, j'aimerais saluer son travail acharné dans ce dossier de grande importance.
[Traduction]
Je commencerai par l'évacuation. La période qui a précédé la chute de Kaboul l'été dernier a été marquée par une insécurité et une incertitude croissantes. À la mi‑juillet, un mois entier avant l'évacuation, tous les actifs militaires et de renseignements alliés restant en Afghanistan étaient confinés à Kaboul. Le personnel de l'ambassade du Canada se préparait aussi à la perspective d'une fermeture temporaire de notre mission à Kaboul alors que les talibans s'approchaient de la capitale.
Je tiens à souligner la complexité et les défis de cette tâche et le travail que le personnel du service extérieur, de l'immigration et des Forces armées canadiennes a effectué pour la rendre possible. En juillet et en août, le Canada a mis en oeuvre un programme d'immigration pour les Afghans les plus vulnérables et a entrepris une évacuation à grande échelle.
Nous tenons à remercier les pays voisins de l'Afghanistan, dont le Pakistan, le Koweït, les Émirats arabes unis et le Qatar pour leur aide dans l'accueil des réfugiés. Nous restons en contact étroit avec nos alliés et partenaires dans la région pour aider à faire sortir le plus grand nombre de personnes possible.
[Français]
En reconnaissant la détérioration de la situation en Afghanistan, notre gouvernement s'est engagé à réinstaller au moins 40 000 réfugiés afghans dans le cadre des mesures spéciales d'immigration. L'intérêt pour ces programmes a été sans précédent. À ce jour, nous avons accueilli plus de 12 000 réfugiés afghans, et d'autres vols arrivent chaque semaine.
Vous l'avez entendu de la part des témoins qui ont comparu devant votre comité: il n'est pas facile de sortir des gens de l'Afghanistan. Parmi les obstacles les plus difficiles à surmonter, notons l'incapacité de trouver des moyens sûrs, sécuritaires et fiables pour sortir du pays, le manque de stabilité au sein du pays et les exigences de sortie qui ne cessent de changer aux points de contrôle et aux passages internationaux. Nous travaillons avec des partenaires locaux et les pays avoisinants pour surmonter ces obstacles et trouver des solutions pour les Afghans qui veulent venir au Canada.
[Traduction]
Avant la chute de Kaboul, la situation humanitaire de l'Afghanistan était l'une des pires au monde. La prise de pouvoir par les talibans n'a fait qu'aggraver la situation. Elle menace d'effacer des décennies de progrès. L'Afghanistan est aujourd'hui au bord de la pauvreté générale. Nous sommes particulièrement préoccupés par l'insécurité alimentaire croissante dans tout le pays et par le recul des droits des femmes et des filles. Mon collègue, le , ne ménage aucun effort pour que le Canada soutienne les partenaires humanitaires qui fournissent une aide vitale en Afghanistan.
Jusqu'à présent cette année, le Canada a engagé plus de 143 millions de dollars d'aide humanitaire pour aider les gens en Afghanistan et les Afghans dans les pays voisins. Nous continuerons à demander aux talibans de veiller à ce que les travailleurs humanitaires, y compris les femmes, aient un accès sans entrave aux personnes dans le besoin.
Je voudrais maintenant parler d'une question qui me tient à coeur.
Nous continuons à faire pression sur les talibans pour qu'ils respectent le droit humanitaire international et les droits de la personne, surtout les droits des femmes et des communautés ciblées, mais nous avons constaté un recul significatif au cours des derniers mois. La situation à laquelle les Afghans sont confrontés, en particulier ces groupes vulnérables, est absolument terrible. Nous sommes profondément préoccupés par les signalements croissants de violence et d'atteinte aux droits de la personne. Des civils, des journalistes, des défenseurs des droits de la personne, des fonctionnaires et des anciens membres des forces de défense et de sécurité nationale afghanes sont également pris pour cible.
Nous continuons à demander aux talibans d'honorer leur promesse d'amnistie. Je ne saurais trop condamner la décision des talibans de revenir sur leur engagement de permettre à toutes les filles de retourner à l'école secondaire. À cause de leurs actions, les perspectives d'une vie meilleure sont refusées aux filles. L'accès à l'éducation est un droit humain auquel chaque femme et chaque fille a droit. Le Canada a plaidé pour un effort coordonné de la communauté internationale afin de faire pression sur les talibans pour qu'ils respectent les droits de la personne.
Nous étudions aussi comment poursuivre concrètement notre appui aux femmes afghanes et aux défenseurs afghans des droits de la personne.
Je me suis entretenue avec David Sproule, notre envoyé spécial en Afghanistan. J'ai soulevé cette question à de nombreuses reprises auprès de mes homologues du monde entier, notamment Tony Blinken, des États‑Unis, mais aussi auprès de l'Union européenne, de l'Allemagne, des Pays‑Bas, de l'Indonésie, du Qatar, des Émirats arabes unis, du Koweït, de l'Égypte, du Pakistan, de la Norvège, de la Finlande et de la Suède. Ma sous-ministre s'est aussi rendue au Pakistan, au Qatar et au Koweït.
Évidemment, nous avons soulevé cette question aux Nations unies, en tant que pays. Dans ce domaine, le Canada se félicite du solide mandat en matière de droits de la personne de la mission de l'ONU en Afghanistan par suite du renouvellement de la mission par le Conseil de sécurité le 17 mars. Nous avons également salué la nomination de Richard Bennett au poste de rapporteur spécial de l'ONU sur les droits de la personne en Afghanistan.
La prise de contrôle de l'Afghanistan par les talibans a eu de profondes répercussions sur la stabilité régionale et la sécurité mondiale. Les talibans sont inscrits...
D'accord. Merci, j'apprécie cette réponse.
J'aimerais soulever une question qui a récemment été portée à notre attention. Nous avons reçu un mémoire d'environ 40 signataires. Il s'agissait d'employés recrutés sur place en Afghanistan. Ils ont reçu des indemnités de départ et des pensions pour le travail qu'ils avaient accompli pour le Canada, mais lorsqu'ils ont rempli leurs déclarations de revenus de 2021, ils ont dû payer de l'impôt comme s'ils étaient des résidents canadiens.
Il me semble qu'il y a une question d'équité ici, parce qu'ils avaient travaillé à Kaboul et en Afghanistan et non ici au Canada et le travail a été exécuté avant qu'ils ne soient des résidents permanents du Canada et des résidents du Canada aux fins de la Loi de l'impôt sur le revenu. L'Agence du revenu du Canada respecte peut-être la lettre de la loi, mais cela ne semble pas conforme à l'esprit de notre engagement envers les Afghans qui avaient un lien important et durable avec le Canada.
Je me demande si vous vous employez avec vos collègues à trouver une solution à ce problème.
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Votre question est certainement pertinente, monsieur Chong, car l'objectif de votre comité est de faire mieux dans une situation difficile, d'être en mesure de faire des recommandations et de toujours faire mieux dans des situations difficiles.
Je dirais que non seulement le Canada, mais aussi le monde entier et, en particulier, les alliés de l'OTAN ont pris note de ce qui s'est passé en Afghanistan lorsqu'ils ont composé avec d'autres enjeux, dont l'Ukraine.
Cela dit, il faut comparer des oranges avec des oranges. Comme vous le savez, le Canada a quitté l'Afghanistan en 2014. Nous n'avions pas une très forte présence militaire sur le terrain, ce qui était évidemment différent des Américains et des autres pays de l'OTAN. Cela a limité notre capacité à faire sortir les gens. Cela dit, nous avons pu travailler avec certains pays d'optique similaire pour faire sortir les gens, alors que notre présence était déjà limitée.
Bien sûr, avec le recul, tout est toujours très net. À l'époque, et je n'étais pas ministre…
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Merci, monsieur le président.
Madame la ministre, merci beaucoup de votre présence. Vous avez brièvement abordé ce sujet dans votre déclaration, mais je me demandais si vous pouviez nous en dire un peu plus.
L'une des choses qui m'a profondément troublée, et dont les Canadiens ne parlent pas, c'est le vécu des femmes et des filles en Afghanistan. Je ne sais pas si les Canadiens sont même conscients de ce qui arrive aux filles. Les écoles sont fermées. Les femmes ne peuvent pas se déplacer sans être accompagnées d'un homme. Les écoles secondaires ont été fermées. Je ne sais pas si elles ont été rouvertes ou non, mais le programme d'études a été modifié pour mettre l'accent sur la religion plutôt que les matières scolaires.
Que fait le Canada pour dénoncer cette situation, madame la ministre? Ces actions des talibans font-elles qu'il sera plus difficile non seulement pour le Canada, mais aussi pour d'autres pays d'échanger avec eux?
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Merci, madame Damoff, c'est une très bonne question.
Évidemment, le Canada peut être fier du fait que pendant deux décennies, et sous des gouvernements successifs, nous avons pu aider et éduquer les femmes et les filles en Afghanistan. C'était une priorité. Le recul des droits des femmes et des filles est extrêmement préoccupant. Quand je dis « extrêmement préoccupant », c'est que nous constatons effectivement qu'elles n'ont pas accès à l'école secondaire.
Madame Damoff, vous avez aussi mentionné la question de la liberté de mouvement. Elles sont extrêmement limitées dans leurs mouvements. Elles sont aussi limitées pour ce qui concerne l'habillement et le type de vêtements qu'elles peuvent porter. Nous savons qu'elles ne peuvent pas sortir — j'ai évoqué la liberté de mouvement — sans une escorte masculine. Ce ne sont que des exemples.
Cela faisait partie des conditions de négociation de l'amnistie à l'époque, selon lesquelles les droits des femmes et des filles devaient être respectés. Les communautés ethniques devaient être respectées. Les droits de la personne en général devaient être respectés, notamment le fait que les manifestations publiques pourraient être respectées. Aujourd'hui, nous constatons que des personnes sont arrêtées et détenues. De plus, lors des négociations sur l'amnistie, il était clair qu'il n'y aurait pas de représailles contre les personnes qui faisaient partie de l'ancien régime, mais nous avons vu que plus de 500 personnes ont été tuées depuis le début du mois d'août.
Il est clair que la situation en Afghanistan est encore pire qu'elle ne l'était en août. Évidemment, l'une des plus grandes tragédies est ce qui se passe avec les femmes et les filles, mais la question générale des droits de la personne pose un problème.
Maintenant, que faisons-nous? Nous soulevons le problème directement. Chaque fois que David Sproule, notre envoyé spécial et d'autres ambassadeurs et envoyés spéciaux rencontrent les talibans, ils soulèvent la question. Nous l'avons évidemment soulevée aux Nations unies auprès de nombreux organismes multilatéraux. Je l'ai soulevée bilatéralement avec de nombreux autres pays, en particulier l'Union européenne.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je vous remercie beaucoup, madame la ministre, d'être avec nous aujourd'hui et de nous accorder une partie de votre précieux temps dans le cadre de cette étude très importante. Nous vous en sommes extrêmement reconnaissants.
Plus tôt, vous avez dit que les talibans faisaient partie de la liste des groupes terroristes, et que, pour cette raison, des organisations non gouvernementales, ou ONG, canadiennes avaient de la difficulté à faire leur travail sur le terrain en Afghanistan.
Selon la résolution 2615 du Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies, ou ONU, l'aide humanitaire et les autres activités qui visent à répondre aux besoins essentiels des personnes en Afghanistan ne constituent pas une violation du régime de sanctions visant les talibans et consistant à bloquer leurs avoirs.
Le Canada met-il en œuvre la résolution 2615 de l'ONU dans le cadre canadien?
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Ce sera avec plaisir. Vous savez à quel point je réponds rapidement à mon téléphone quand vous m'appelez.
Monsieur Thoppil, vous étiez présent lors de la séance du 4 avril 2022, et je vous ai posé une question à laquelle vous n'avez pas répondu. En regardant la liste d'invités de ce soir, j'étais très heureux de constater que j'aurais l'occasion de vous la poser à nouveau.
Je vous avais demandé si votre ministère avait produit un avis juridique sur la modification du Code criminel, comme le demandaient les ONG.
C'est tout simple: si un avis juridique a été produit, vous me répondez par oui, et, si aucun avis juridique n'a été produit, vous me répondez par non.
Je vous laisse la parole, monsieur Thoppil.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je suis quelqu'un qui ne lâche pas souvent le morceau et je veux donc revenir à la question que je vous ai déjà posée, madame la ministre. J'ai de la difficulté à comprendre, car certains parlent de privilège ministériel, alors que d'autres parlent de sécurité nationale.
En fait, j'ai l'impression que c'est politique. Vous ne voulez pas répondre à la question, parce que, si vous nous dites qu'un avis a été produit, vous devrez nous livrer son contenu et, si vous nous dites que l'avis n'a pas été produit, nous devrons vous dire que vous ne prenez pas la chose au sérieux.
Vous ne voulez pas répondre à la question pour des raisons politiques, n'est-ce pas?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie les représentants du ministère d'être des nôtres. Je suis très honoré de siéger au Comité à titre de remplaçant.
Je suis le porte-parole en matière de développement international au sein de notre caucus. Je vais vous poser des questions sur ce thème, enrevenant sur certains sujets déjà abordés.
Croyez-moi, je comprends tout à fait à quel point la situation est complexe. La situation humanitaire est catastrophique. Nous voulons absolument éviter que les talibans mettent le grappin sur les ressources mais, parallèlement, des organismes canadiens et les Canadiens eux-mêmes, à titre personnel ou collectif, éprouvent un sentiment d'urgence et se demandent comment faire davantage pour venir en aide à des personnes dont la situation est extrêmement difficile.
À mon avis, le problème vient entre autres des contraintes juridiques auxquelles sont soumis les organismes canadiens, mais pas forcément les organismes internationaux que nous finançons. J'ai l'impression que dans ce genre de situations, les organismes canadiens doivent composer avec toutes sortes de contraintes qui visent à empêcher que leurs ressources se retrouvent entre les mains de groupes malveillants. Or, de grands organismes multilatéraux, également financés par les contribuables, échappent à ce genre de contraintes.
J'aimerais vous entendre un peu plus au sujet de ce qui pourrait être fait concrètement pour éliminer les obstacles qui compliquent la tâche des intervenants qui veulent venir en aide aux victimes de cette crise humanitaire catastrophique. Je suis certain que vous avez aussi entendu leurs doléances à ce sujet.
C'est une question très importante. Comme les membres du Comité sans doute, nous sommes consternés devant la gravité de la situation humanitaire qui afflige la population afghane et qui empire de jour en jour. Merci de soulever cette question.
Notre priorité est que le secours et le soutien, et surtout l'aide humanitaire, destinés à l'Afghanistan y soient acheminés dans le respect du Code criminel. Je sais que c'est un enjeu que vous connaissez très bien.
Je tiens à préciser que le Canada verse une aide financière à quatre organismes multilatéraux qui œuvrent actuellement en Afghanistan et qui font des pieds et des mains pour éviter que les talibans s'emparent de cet argent par des moyens comme la taxation.
Je vais demander à M. Peter MacDougall, le sous-ministre adjoint responsable de ces questions, de poursuivre.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci aux représentants du ministère d'être avec nous, en personne ou virtuellement. Je vous remercie notamment pour les services rendus au pays relativement aux enjeux touchant l'Afghanistan, notamment.
J'aimerais vous interroger à propos de la pénurie alimentaire en Afghanistan. La a effleuré le sujet dans une réponse à mes collègues de l'opposition.
Ce qui me préoccupe particulièrement, pour donner suite aux propos de la ministre, est le risque que l'invasion de l'Ukraine par la Russie entraîne une pénurie alimentaire mondiale, notamment parce que plusieurs pays d'Afrique et du Moyen-Orient dépendent des exportations de l'Ukraine, et surtout de son blé, mais d'autres denrées également. Qui plus est, les rapports du Programme alimentaire mondial indiquent que depuis que les talibans ont pris le contrôle du pays, la moitié des Afghans manquent de nourriture.
À votre avis, quel sera l'impact de l'invasion de l'Ukraine par la Russie sur la chaîne alimentaire mondiale dans les autres pays, et particulièrement en Afghanistan?
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La connexion avec M. MacDougall n'a pas été rétablie, n'est‑ce pas?
Je vais donc volontiers répondre à la question.
Vous soulevez un très bon point. Effectivement, nous commençons à entrevoir la gravité des conséquences de l'invasion russe en Ukraine.
Comme vous le savez déjà, beaucoup de denrées proviennent de la Russie et de l'Ukraine, et la Russie produit une bonne partie des fertilisants utilisés dans le monde. Les répercussions seront majeures, c'est évident. Des pays sont particulièrement tributaires des exportations de denrées alimentaires de la Russie et de l'Ukraine. C'est le cas entre autres de certains pays du Moyen-Orient, et au Liban, dans quelques pays de l'Afrique du Nord et d'autres pays d'Asie du Sud, la dépendance à ces exportations est énorme.
C'est très préoccupant. La ministre Joly et bon nombre des hauts fonctionnaires du ministère ont travaillé en étroite collaboration avec nos alliés pour faire en sorte que l'approvisionnement alimentaire reste suffisant. Nous cherchons des moyens d'augmenter notre aide aux pays les plus durement touchés.
Pour ce qui concerne l'Afghanistan, je ne connais pas l'ampleur exacte de sa dépendance au blé et à d'autres denrées provenant de l'Ukraine. Comme l'a mentionné la ministre Joly, la situation de la sécurité alimentaire dans ce pays était déjà précaire avant la prise de pouvoir par les talibans en août dernier. Le risque de sécheresse était très inquiétant. Ces conditions — c'est‑à‑dire les effets des changements climatiques et l'insécurité alimentaire endémique — ne se sont pas améliorées.
Tout cela pour dire que le gouvernement du Canada collabore étroitement avec d'autres pays et des organismes internationaux, et notamment ceux qui sont rattachés à l'ONU, pour atténuer les répercussions de toutes les façons possibles.
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Monsieur le président, je vous remercie de cette question.
Nous discutons actuellement de ce sujet avec nos collègues du droit international au ministère. Il faut un certain temps pour obtenir la jurisprudence sur la façon de procéder, mais c'est assurément une priorité. Nous suivons depuis un certain temps la conséquence des persécutions, en particulier sur la communauté hazara, mais aussi, comme l'a fait remarquer ma collègue, sur l'ensemble des communautés ethniques en Afghanistan. Si les Hazaras ont été les plus notables, ils ne sont pas les seuls concernés.
C'est pourquoi David Sproule, ainsi que d'autres envoyés spéciaux partageant les mêmes idées, ont essayé d'encourager les talibans à trouver une voie vers une gouvernance inclusive qui respecte ce pays dont les ethnies sont très diversifiées, même si les talibans, en raison de leur origine pachtoune, sont dominants. Comme nous l'avons vu au fil des temps, il n'y a pas que des Pachtounes dans ce pays.
Pour assurer la viabilité du pays à l'avenir, il doit y avoir un mode de gouvernance dans lequel toutes les minorités ethniques estiment faire partie du processus décisionnel en matière de gouvernance. C'est ce que nous préconisons par l'intermédiaire des Nations unies, de M. Sproule et, comme l'a dit la ministre, de nombreux autres pays.
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Je serais heureuse de commencer, puis passer la parole à ma collègue Julie Sunday. Nous avions toutes deux une participation très engagée pendant la période d'évacuation proprement dite.
J'aimerais souligner deux points. Premièrement, la collaboration entre la Défense nationale, IRCC et Affaires mondiales Canada était excellente. Nous avions à Affaires mondiales, au sein même de notre Centre de surveillance et d'intervention d'urgence, des représentants de la Défense nationale, des FAC, qui étaient là, et d'IRCC. Nous avions une équipe intégrée.
Le défi était vraiment la situation sur le terrain. C'était complètement chaotique. Nous avons tous vu les images de l'aéroport, qui était le seul moyen de sortir. C'est la capacité de mener efficacement une évacuation dans une situation aussi difficile qui a constitué le véritable problème, plutôt que la collaboration entre les services.
Je vais demander à Mme Sunday si elle veut ajouter quelque chose.
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Merci, monsieur le président.
Tout d'abord, j'aimerais remercier notre merveilleuse équipe d'Affaires mondiales Canada pour son travail incroyablement difficile et pour s'être jointe à nous ce soir. Ce que vous faites n'est pas facile, et le nombre accru de variables et de défis rend votre travail encore plus difficile. Je tiens à vous en remercier.
Notre comité a entendu parler des difficultés rencontrées par les Afghans pour fuir l'Afghanistan et se rendre dans les pays voisins avant de venir au Canada. Comme vous le savez, le Pakistan a accueilli un nombre important de réfugiés. Les réfugiés qui fuient des zones de conflit suscitent toujours des préoccupations humanitaires.
L'autre jour, 336 nouveaux arrivants afghans sont arrivés à l'aéroport de Toronto en provenance du Pakistan. J'étais à l'aéroport il y a quelques semaines, avec le pour accueillir plus de 300 réfugiés afghans en provenance d'un autre pays voisin.
Pouvez-vous nous parler du travail que le Canada accomplit avec le Pakistan et d'autres pays limitrophes de l'Afghanistan pour faire en sorte que les Afghans puissent partir?
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Merci, monsieur le président.
Comme la ministre l'a souligné dans ses remarques, il y a eu des interventions importantes au‑delà du Pakistan. Le Qatar vient en premier lieu à l'esprit, parce qu'il a joué un rôle central dans l'organisation, les avions et le soutien logistique à cette époque, ainsi que le Koweït pour le pont aérien que les Forces armées canadiennes avaient mis en place. Je pense que nous devons également reconnaître qu'il y a eu une multitude de voies d'accès pour les Afghans qui ont trouvé leur chemin vers l'extérieur, avec ou sans les bons documents. Nous avons essayé de veiller à ce que ces pays soient informés de l'engagement du Canada à les rapatrier et de faire en sorte que nos ambassades aient le temps de traiter ces personnes, de procéder au tri et au traitement des demandes et, par conséquent, une fois celles‑ci approuvées, d'organiser des vols nolisés au‑delà du Pakistan, mais aussi dans les différents pays où les Afghans se sont retrouvés et ont essayé de trouver un moyen de venir ici, s'ils ont satisfait aux exigences du processus de demande.
Cela a eu pour résultat que non seulement ces pays de la région, mais aussi de nombreux pays où les Afghans se sont trouvés, au‑delà essentiellement du golfe Persique... Cela a également été augmenté par les conversations sur le renseignement que nous avons eues avec nos alliés aux vues semblables, qui ont tous les mêmes défis à relever que nous.
Il s'est donc agi d'un engagement diplomatique international qui a dépassé la norme, pour ce qui est de partager de l'information et de comprendre ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, et d'ajuster les moyens de plaider une cause au fur et à mesure que nous sommes appelés à traiter avec une multitude de pays pour assurer un passage sûr dans la mesure du possible.
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Je vous remercie, monsieur le président.
J'en profite pour remercier les témoins d'être parmi nous ce soir. C'est la dernière fois, je crois, que je m'adresse à eux aujourd'hui.
Madame Termorshuizen, vous avez fait allusion à la crise de 2015 en Syrie. Or, lors de cette crise, des agents de l'Agence des services frontaliers du Canada ont recueilli les données biométriques des Syriens qui arrivaient en sol canadien. Ces agents nous ont d'ailleurs confirmé, par l'entremise de leur syndicat, que cela avait bel et bien été le cas.
Pourquoi avons-nous accepté de recueillir les données biométriques des Syriens en sol canadien lors de la crise de 2015, et non celles des Afghans, lors de la crise de 2021, ni même celles des Ukrainiens, lors de la crise de 2022?
Qu'est-ce qui explique cette disparité?
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J'avais compris la différence, mais j'établissais simplement un lien de cette façon.
Il s'agit peut-être d'une lacune à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, ou IRCC, ainsi qu'à Affaires mondiales Canada, ou AMC, mais il ne semble pas y avoir de mécanisme d'urgence auxquels ces deux ministères peuvent recourir lors d'un conflit international comme ceux ayant cours présentement en Ukraine et en Afghanistan, ou encore lors d'une catastrophe naturelle. On peut penser ici au terrible tremblement de terre survenu en Haïti.
Verriez-vous d'un bon œil que nous mettions en place un mécanisme d'urgence auquel IRCC et AMC pourraient recourir lors d'une crise internationale?
Cela vous permettrait d'exercer une forme de levier. Ce serait un peu comme pour la Loi sur les mesures d'urgence, mais cela s'appliquerait à des crises ou à des conflits internationaux.
À votre avis, cela pourrait-il être une solution intéressante?
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Merci, monsieur le président, et madame Findlay.
J'ai une question sur l'agriculture. On peut dire sans se tromper, je crois, que la plus grande crise humanitaire dans le monde aujourd'hui se trouve en Afghanistan. M. Baker parlait de l'impact de la guerre en Ukraine, l'un des grands greniers du monde, sur la production alimentaire mondiale et sur la situation en Afghanistan.
Le Canada est l'un des grands greniers à blé du monde. La moitié de notre production alimentaire mondiale, selon de nombreuses personnes, provient du gaz naturel par le biais du processus Haber-Bosch, qui produit l'azote synthétique qui a permis d'augmenter considérablement le rendement des cultures au cours des dernières décennies.
Une grande partie des engrais que nous utilisons en Ontario sont des engrais russes produits grâce au gaz naturel. Le ministère est responsable des tarifs douaniers de 35 % qui ont été récemment annoncés, des sanctions sur les engrais russes. De nombreux agriculteurs de l'Ontario sonnent l'alarme au sujet de la récolte de printemps qui sera mise en terre. Bon nombre de ces agriculteurs ont acheté les engrais l'année dernière, avant que la guerre en Ukraine n'éclate, et ils demandent au gouvernement canadien de renoncer à l'application des tarifs sur les engrais azotés qui ont été achetés avant mars de cette année en particulier.
J'ai deux questions à poser. Premièrement, le ministère prévoit‑il de renoncer aux droits de douane sur les engrais achetés avant mars de cette année? Cet aspect est urgent, étant donné que les plantations de printemps ont lieu en ce moment même. Deuxièmement, que fait le gouvernement pour veiller à ce qu'à l'avenir, nous ayons une solution de rechange aux engrais azotés synthétiques provenant d'autres sources que la Russie?
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais vous faire part d'une préoccupation. Nous semblons être saisis, en haut lieu, des éventuelles pénuries alimentaires que nous pourrions avoir cet automne, mais nous ne semblons pas réagir aux agriculteurs sur le terrain dans ce pays, qui, par l'intermédiaire d'organisations provinciales et nationales, sonnent l'alarme au sujet des tarifs énormes imposés sur les engrais azotés.
Cela a un impact direct sur les agriculteurs en ce moment. Les terres s'assèchent. Les cultures de blé, de soja et de maïs sont en cours. Les agriculteurs prennent des décisions, en ce moment même, sur ce qu'ils doivent faire. Le prix des engrais, s'il est plus élevé de 35 %, en particulier pour les achats effectués avant le début de la guerre, aura une incidence directe sur la quantité qu'ils utiliseront et sur le rendement qu'ils obtiendront. Si l'on ajoute à cela le fait que seuls 20 % environ de la culture de maïs dans le nord de l'Ukraine a été plantée, il est possible qu'il y ait convergence d'un certain nombre de problèmes qui pourraient avoir des conséquences assez dévastatrices pour le peuple afghan et pour les populations d'autres pays en développement plus tard cette année.
J'ai deux questions concernant le processus des mesures spéciales en matière d'immigration, ou MSI. Quel processus une personne doit-elle suivre pour qu'Affaires mondiales l'aiguille vers le programme des MSI? Vous pouvez peut-être le décrire rapidement. Quels sont les critères d'aiguillage vers ce programme? Comment les demandes d'aiguillage sont-elles évaluées?
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Merci, monsieur le président.
Je crois que j'ai peut-être répondu à cela plus tôt, en disant que nous essayons d'être très cohérents, étant donné le volume important, comme je l'ai dit plus tôt, de plus d'un million de demandes de renseignements. Elles ne sont pas toutes identiques. Le défi consiste à éliminer les doublons et, aussi, à suivre l'authenticité individuelle à déterminer quelles sont celles qui sont liées à d'autres sur le plan de la famille.
Ensuite, nous procédons à l'identification par le truchement des dossiers que nous pourrions avoir, selon ce dont nous disposons à l'administration centrale et ce qui peut nous être rapporté de notre mission à Kaboul, et ensuite, du point de vue du MDN, des dossiers que ce ministère a concernant d'anciens interprètes militaires. De notre point de vue, pour ceux d'AMC, nous procédons à la vérification liée aux critères de référence. Passent-ils le test de la relation significative ou durable avec le gouvernement du Canada — employé, ancien employé, entrepreneurs ou autres?
Une fois que nous avons suffisamment de renseignements validant cela... c'est seulement à ce moment‑là que nous passons à l'aiguillage. C'est très méthodique. Nous sommes très cohérents. Le défi est que cela prend du temps. C'est très manuel.
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D'accord. Merci. L'Ukraine a été mentionnée plus tôt.
Monsieur le président, nous sommes toujours préoccupés par les conséquences involontaires des sanctions. Je pense qu'il est juste de le dire. Il ne fait aucun doute qu'en Afghanistan, les sanctions contre les talibans — qui demeurent une entité répertoriée en vertu du Code criminel canadien et des sanctions des Nations unies —, deux séries de sanctions appliquées par le Canada mais également liées l'une à l'autre, ont des répercussions non seulement sur les entreprises, mais aussi sur les particuliers et sur la capacité de se rendre dans le pays et de fournir de l'aide humanitaire.
C'est pourquoi nous collaborons intensément avec les organisations que nous soutenons, comme mon collègue Peter MacDougall en aurait parlé, en ce qui concerne l'aide humanitaire continue, afin de trouver des mesures d'atténuation pour veiller à ce que notre soutien puisse se poursuivre dans ce pays. Ces mesures d'atténuation peuvent comprendre des dispositions contractuelles et diverses formes d'assurances et d'arrangements opérationnels. Dans certains cas, le financement du Canada peut soutenir les activités courantes de ces organisations à l'extérieur de l'Afghanistan afin de libérer des fonds supplémentaires qu'elles pourront utiliser en Afghanistan. Ce sont là quelques-unes des mesures d'atténuation que nous avons mises en place.
Monsieur le président, en réalité, bien que les sanctions en Afghanistan aient un effet très sérieux, les talibans ont pris le pouvoir en tant que gouvernement de facto du pays. Ils demeurent un groupe terroriste selon la loi canadienne. Ces sanctions restent en place et demeurent très importantes.
Je vous remercie.