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[
Difficultés techniques] ... les mesures en place pour venir en aide au peuple afghan.
La séance d'aujourd'hui se déroule en mode hybride, conformément à l'ordre que la Chambre a adopté le 25 novembre 2021. Je rappelle à tous les participants qu'il est interdit de prendre des captures ou des photos d'écran.
Pour assurer le bon déroulement de la séance, voici quelques règles à suivre.
Les députés et les témoins peuvent s'exprimer dans la langue officielle de leur choix. Des services d'interprétation sont disponibles. Au bas de l'écran, chacun peut choisir entre le parquet, l'anglais et le français. Si l'interprétation tombe en panne, prière de m'en informer immédiatement, nous veillerons à ce qu'elle soit rétablie avant de reprendre les travaux. La fonction « lever la main », au bas de l'écran, peut être utilisée en tout temps pour signaler son intention d'intervenir ou attirer l'attention du président.
Les députés qui participent en personne doivent adopter la même façon de faire que d'habitude, lorsque l'ensemble des membres du Comité se réunissent en personne dans une salle. Avant de prendre la parole, veuillez attendre que je vous désigne par votre nom. Ceux qui participent en vidéoconférence doivent cliquer sur l'icône du microphone pour annuler la sourdine. Les microphones des députés qui sont dans la salle sont contrôlés comme d'habitude par l'agent des délibérations et de la vérification. Il faut parler lentement et distinctement. Ceux qui ne parlent pas mettent leur micro en sourdine.
Je rappelle que les membres et les témoins doivent toujours s'adresser à la présidence. Chacun est prié de respecter les limites de temps pour que tous aient une chance juste et égale de participer.
Je vais maintenant souhaiter la bienvenue aux témoins et les remercier d'être parmi nous ce soir. Les témoins disposent de cinq minutes par organisation pour faire une déclaration liminaire.
De Médecins Sans Frontières, nous accueillons Martine Flokstra, gestionnaire des opérations, et Jason Nickerson, représentant humanitaire au Canada. De l'UNICEF, nous recevons Manuel Fontaine, directeur des Programmes d'urgence. Barbara Grantham, présidente-directrice générale de CARE Canada, sera bientôt des nôtres.
Nous allons commencer par Médecins sans frontières.
Je vous en prie. Vous avez cinq minutes.
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Merci de nous accueillir à l'audience de ce soir.
Doctors Without Borders ou Médecins Sans Frontières, MSF, est une organisation médicale et humanitaire internationale qui dispense une aide humanitaire tout à fait indépendante, impartiale et neutre depuis 1971, conformément au droit et aux principes humanitaires internationaux.
MSF a travaillé pour la première fois en Afghanistan en 1980. Dans ce pays comme ailleurs, MSF négocie son accès et ses protections avec toutes les parties au conflit et à tous les niveaux, du plus local au plus international en passant par tous les autres niveaux. C'est ce modèle d'action humanitaire fondée sur des principes qui, aujourd'hui, et tout au long des pires combats, a permis aux équipes de MSF de continuer à fournir gratuitement des services médicaux dans le cadre de cinq projets en Afghanistan, à Hérat, à Kandahar, à Khost, à Kunduz et à Lashkar Gah, tout en conservant une équipe de coordination à Kaboul.
MSF mène ses activités avec un personnel formé de 2 350 Afghans et de 75 étrangers, et un budget qui s'élevait à 46,7 millions de dollars en 2021. Nous comptons uniquement sur les dons privés et nous n'acceptons pas de fonds des gouvernements pour notre travail en Afghanistan. Nos opérations médicales répondent à d'importants besoins non satisfaits de la population afghane. Par exemple, nous facilitons, en moyenne, 4 000 naissances par mois à Khost et à Lashkar Gah, recevons en consultation 20 000 personnes par mois dans nos services d'urgence et admettons plus de 170 bébés par mois dans notre service néonatal de Khost.
Les besoins médicaux de personnes comme vous et moi sont la grande raison de notre présence et ce qui la motive. La population afghane est exposée de façon chronique aux conflits depuis des décennies. De plus, elle subit les conséquences de la sécheresse, les effets directs et secondaires de la COVID‑19 et les contrecoups de la transition du pouvoir, en août 2021. Pendant de nombreuses années, le budget du gouvernement afghan a dépendu en grande partie des donateurs étrangers, dont l'argent servait également au système de santé, qui est chroniquement fragile et chancelant. À la suite de l'interruption brutale des fonds de développement structurels et du blocage des actifs, en août 2021, le pays a été plongé dans une crise économique, bancaire et de liquidité, ce qui a encore aggravé les besoins de la population.
Nous voulons attirer l'attention du Comité sur la détérioration de la situation sanitaire en Afghanistan et sur ses causes. La plupart des structures sanitaires du pays subissent de fortes pressions à cause des pénuries de personnel et d'équipement, et beaucoup d'établissements sont fermés ou peinent à assurer des services. C'est ainsi que de nombreux patients ne reçoivent pas les soins dont ils ont besoin, d'autant plus que les soins de santé sont privés et donc inabordables pour des millions de personnes. Un patient nous a dit récemment: « De nos jours, il faut être riche pour offrir un repas par jour à sa famille. » Un médecin d'un hôpital public, qui n'était pas payé depuis cinq mois, nous a raconté qu'il avait dû pratiquer une césarienne à la lueur d'un téléphone portable puisque l'hôpital ne peut plus payer le carburant de la génératrice.
Les récentes annonces de financement laissent toujours le système de santé avec beaucoup moins d'argent qu'auparavant et les fonds ne vont pas suffire pour améliorer un système de santé qui était déjà en déroute. Il faut recourir à des expédients à court terme et les solutions à long terme restent inconnues. Depuis des mois, MSF voit un nombre de plus en plus élevé d'enfants dénutris dans ses centres d'alimentation en milieu hospitalier à Helmand et à Hérat. Cette situation est probablement attribuable à une combinaison de facteurs: sécheresse persistante, pénuries alimentaires, crise économique et financière, et chaos dans le système de santé.
Septembre a été le premier mois depuis des années où les Afghans pouvaient se déplacer librement sans craindre d'être pris au milieu d'un conflit, ce qui a entraîné une augmentation importante du nombre de patients dans les établissements de MSF. Cette période a également coïncidé avec la suspension du financement du système de santé, en août. De nombreux établissements ont donc fermé leurs portes ou ont cessé leur activité à cause d'une pénurie de personnel, de fournitures et de fonds, ce qui a entraîné un nouvel afflux de patients vers les quelques hôpitaux et centres de santé qui fonctionnent toujours.
La malnutrition suscite de vives préoccupations. Bien que les admissions aient diminué depuis septembre, les centres d'alimentation thérapeutique intensive de MSF à Hérat et à Helmand sont extrêmement occupés. Les enfants victimes de malnutrition ont un système immunitaire affaibli, ce qui les rend plus vulnérables aux effets d'autres problèmes de santé. Aujourd'hui, en plus des défaillances du système de santé, le pays doit affronter des éclosions déclarées de choléra, de rougeole, de COVID‑19 et d'autres maladies infectieuses qui nécessitent toutes une intervention propre, tout en exerçant une pression supplémentaire sur les systèmes de santé.
Les contrecoups des sanctions préexistantes et des mesures financières prises contre le nouveau gouvernement de facto de l'Afghanistan se font sentir profondément à l'échelle nationale. L'économie et les institutions du pays sont au bord de l'effondrement. L'État est notamment incapable de fournir la plupart des services de base et de verser les salaires des fonctionnaires. La population se trouve entre le marteau et l'enclume. Le secteur bancaire est paralysé, ce qui empêche les épargnants d'accéder à leurs économies et fait en sorte qu'il est plus difficile pour les organismes qui fournissent des soins de santé, comme MSF, de payer les salaires et de couvrir les frais courants des hôpitaux. Là où MSF travaille, nous constatons que les besoins humanitaires augmentent tandis que l'intervention humanitaire se complexifie à cause de facteurs interdépendants, notamment les sanctions internationales, la crise de liquidité et les perturbations du système bancaire.
Nous redoutons au plus haut point une aggravation de la crise que les Afghans doivent maintenant affronter. Il est essentiel que le Comité examine les répercussions de la Loi antiterroriste du Canada non seulement sur la crise en Afghanistan, mais aussi, de façon plus générale, sur l'aide humanitaire fournie dans le contexte de conflits armés.
Nous remercions le Comité de nous avoir donné l'occasion de nous entretenir avec lui aujourd'hui. Nous répondrons avec plaisir à ses questions.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie le Comité d'avoir convoqué cette séance, qui arrive à un moment crucial pour le peuple afghan.
Je profite de l'occasion pour remercier le Canada d'être un partenaire important de l'Afghanistan et d'avoir été une force au service du bien pendant des années. Ensemble, nous avons fait beaucoup de progrès au cours des dernières années.
À l'heure actuelle, cependant, la situation humanitaire est catastrophique. Je m'occupe d'action humanitaire depuis 30 ans, et je n'ai jamais vu pires données dans ma carrière. Le pays est actuellement plongé dans la pire sécheresse en 27 ans et il subit les conséquences d'années de conflit et d'insécurité, de l'effondrement de l'économie, de multiples épidémies, comme la rougeole et la diarrhée, de catastrophes naturelles, comme le récent tremblement de terre, de la crise des liquidités bancaires et de la COVID‑19.
Par conséquent, les besoins des enfants et des familles prennent des proportions sans précédent en Afghanistan. Plus de 24 millions de personnes, dont 13 millions d'enfants, ont besoin d'une aide humanitaire d'urgence. Pour l'UNICEF, cela signifie que des millions d'enfants afghans, dont les perspectives pour 2022 ne sont pas bonnes [difficultés techniques] ... de tous les enfants de moins de cinq ans souffrent d'une malnutrition aiguë, et 1,1 million d'entre eux seront aux prises avec le même problème cette année. Quatre millions d'enfants ne vont pas à l'école, dont 60 % sont des filles, et on estime que 8,8 millions d'enfants risquent de décrocher si les écoles ne recommencent pas à dispenser des cours et sont incapables de les accueillir.
On estime que 4 millions d'enfants ont besoin de protection. Près d'un quart du pays manque d'eau potable. Près de 35 000 cas de rougeole ont été déclarés en 2021, et on n'a encore rien dit des problèmes que sont la diarrhée aqueuse aiguë, la poliomyélite, la dengue et la COVID‑19.
L'UNICEF est sur le terrain, tout comme MSF et d'autres collègues. Nous sommes là et nous avons lancé notre plus grand appel pour pouvoir secourir 15 millions de personnes, dont 8 millions d'enfants, en 2022. Ensemble, nous devons vraiment éviter l'effondrement imminent des services sociaux essentiels, notamment les services de santé, de nutrition, d'hygiène et d'éducation pour les familles.
Nos priorités sont les suivantes. Il faut éviter l'effondrement des services de base. Nous... difficultés techniques] ... travailleurs de première ligne, comme les travailleurs de la santé, dans le cadre du programme... [Inaudible]. Nous devons aussi commencer à payer les enseignants pour qu'ils puissent rester à l'école et accueillir les enfants lorsque l'hiver sera terminé, ce qui ne saurait tarder. Pour ce faire, nous avons également besoin d'un appui durable de la communauté internationale.
C'est d'éducation qu'il s'agit. Il faut éviter le décrochage scolaire et assurer le retour des filles à l'école. Un élément important sera la rémunération des enseignants, y compris des enseignantes, bien sûr. Outre les écoles structurées, il y a aussi une éducation communautaire, qui est aussi très importante en ce moment. Nous savons tous que les enfants qui ne vont pas à l'école pourraient de ne pas y retourner, mais ils pourraient aussi courir d'autres risques: mariage d'enfants, travail des enfants, risques de trafic d'enfants.
Il y a aussi la santé. L'UNICEF vise à dispenser des soins vitaux à 15 millions de personnes en soutenant le système de santé grâce à l'apport de fonds, à la capacité communautaire et à la vaccination, aux services de santé mobiles que nous offrons depuis un bon moment. Il est essentiel de ramener et de garder les travailleurs de la santé, les infirmières et les médecins dans les établissements de santé.
Nous avons aussi un programme de distribution de fonds qui nous permettra d'aider les familles à combler leurs besoins fondamentaux. Nous élargissons l'utilisation des transferts d'argent à des fins humanitaires et, jusqu'à maintenant, nous avons rejoint environ 35 000 ménages, soit un peu plus de 250 000 personnes depuis la mi-décembre, simplement pour les aider à traverser l'hiver. Nous devons accélérer le déploiement de ce programme.
Je tiens à remercier le Canada de son solide appui au fil des ans. Je vous exhorte à rester vraiment engagés en Afghanistan au cours des prochains mois — l'existence même du Comité confirme cet engagement, j'en suis persuadé — et à travailler avec nous pour éviter la catastrophe humaine qui s'annonce.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Je suis vraiment désolée. J'ai vécu un de ces horribles cauchemars technologiques en essayant de me connecter, mais je suis là. Je vais témoigner, tout en implorant votre patience. Veuillez accepter mes sincères excuses.
[Français]
Je m'adresse à vous depuis nos bureaux situés sur le territoire non cédé et non abandonné de la nation algonquine anishinabe. Je remercie le Comité de nous avoir invités à comparaître dans le cadre de cette étude.
L'organisme CARE travaille en Afghanistan depuis 1961 et reçoit de généreux financements canadiens depuis 2001.
[Traduction]
J'ai deux messages clés à transmettre au Comité ce soir.
Premièrement, comme M. Nickerson y a déjà fait allusion, la Loi antiterroriste du Canada interdit actuellement aux organisations humanitaires de mettre en œuvre des programmes financés par le Canada en Afghanistan, et il faut s'attaquer immédiatement à ce problème. L'impératif humanitaire de notre intervention crève les yeux, après des crises concomitantes menant à la prise de contrôle et à une escalade spectaculaire depuis. Pourtant, les organisations humanitaires comme CARE sont incapables d'intervenir. En effet, les talibans figurent sur la liste des entités terroristes de la Loi antiterroriste du Canada. Or, ils forment le gouvernement de facto de l'Afghanistan. On estime que le fait de payer des impôts ordinaires sur le loyer, les salaires, les importations, etc., contreviendrait au Code criminel du Canada, ce qui transforme en infraction pénale le fait d'offrir des ressources et des services « en sachant qu’ils seront utilisés [...] par un groupe terroriste ou qu’ils bénéficieront [...] à celui-ci ».
Le but de cette mesure législative n'a jamais été d'empêcher un soutien humanitaire salvateur d'atteindre les personnes les plus vulnérables en Afghanistan, mais c'est là le résultat. CARE est incapable de mettre en œuvre des programmes financés par le Canada en Afghanistan depuis août 2021. Nos équipes de santé mobiles ne peuvent pas se rendre dans des régions éloignées, acheter des médicaments ni fournir des services de protection ou de nutrition, dans un pays où un million d'enfants risquent de mourir de malnutrition.
[Français]
Le Canada est le seul donateur institutionnel de la confédération CARE qui n'a pas repris son financement.
[Traduction]
Cette interprétation de la loi ne correspond pas non plus à la vision et aux objectifs de la politique d'aide internationale féministe du Canada, qui reconnaît: « Nous devons être prêts à prendre des risques calculés qui se fondent sur des preuves et l’apprentissage. ». La politique elle-même reconnaît qu'il est impossible, sans cela, de fournir une aide adaptée et responsable en vue d'un changement social significatif.
Nous exhortons le gouvernement du Canada à chercher toutes les solutions novatrices possibles qui permettront aux organisations humanitaires canadiennes de reprendre leurs activités à court et à long terme sans s'exposer à des poursuites au pénal, selon les termes du HCNUR.
Mon deuxième message, ce soir, c'est que l'égalité entre les sexes et les efforts d'intervention des femmes, des responsables humanitaires et des dirigeants de la société civile doivent être prioritaires dans l'appui du Canada à l'Afghanistan. L'action humanitaire fondée sur des principes doit atteindre toutes les personnes dans le besoin, et il faut reconnaître que l'inégalité entre les sexes persiste, de sorte que les femmes, les filles et les personnes marginalisées sont touchées de façon disproportionnée par des crises comme celle‑ci. Sur les 22,8 millions de personnes aux prises avec une insécurité alimentaire aiguë, la moitié sont des femmes et des filles. Des plus des 500 000 personnes déplacées en 2021, au moins 80 % sont des femmes et des enfants. Voilà pourquoi le leadership des Afghanes est essentiel à la prestation de l'aide humanitaire, en particulier dans les communautés marginalisées, et il doit être prioritaire dans les efforts d'intervention.
Comme vous l'avez appris, la capacité des ONG dirigées par des femmes d'offrir [difficultés techniques] des services aux collectivités est gravement limitée par l'actuelle crise économique et de liquidité, et elles sont incapables d'obtenir des fonds pour mener leurs activités. Bien qu'elle soit possible dans certaines provinces, la participation du personnel humanitaire féminin demeure limitée, ce qui risque de marginaliser encore davantage les femmes et les filles.
Pour conclure, nous exhortons d'abord le Canada à rechercher toutes les solutions novatrices qui permettront aux organisations humanitaires canadiennes de reprendre leurs programmes en Afghanistan à court et à long terme. Deuxièmement, le Canada doit accorder la priorité au leadership du personnel humanitaire féminin et des organisations de la société civile dans son intervention. Un financement souple et prévisible doit parvenir à ces intervenants locaux, et le Canada doit appuyer le nouveau groupe consultatif de femmes afghanes, qui oriente l'engagement de l'équipe humanitaire du pays auprès des talibans.
[Français]
J'ai hâte d'échanger avec les membres du Comité lors de la discussion qui suivra.
[Traduction]
Je remercie le Comité. Je répondrai avec plaisir aux questions des députés.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie infiniment tous les témoins qui sont présents aujourd'hui.
M. Fontaine a mentionné qu'il était très heureux de la création de ce comité. Je rappelle à mes honorables collègues de tous les partis quel est l'objectif de ce comité. Le libellé est très clair. D'ailleurs, mon parti avait proposé un amendement à la motion initiale afin que ce comité se concentre sur la crise humanitaire actuelle et sur la situation en Afghanistan dans un avenir rapproché. J'aimerais que tout le monde se souvienne de ce qui a été adopté à la Chambre des communes: ce comité a été créé pour aider maintenant les gens sur le terrain et pour trouver des solutions rapidement.
Madame Grantham, j'aimerais vous poser une question à propos d'un élément que vous venez d'évoquer dans votre allocution. D'ailleurs, d'autres témoins, la semaine dernière, ont parlé de cet aspect, relativement à ce qui se passe en Afghanistan présentement. On a dit qu'il faudrait peut-être modifier le Code criminel pour que les ONG sur le terrain puissent opérer en Afghanistan sans craindre d'être accusées de financer le terrorisme. À mon avis, il s'agit d'un sujet très important qu'il faut aborder.
Qu'en pensez-vous, madame Grantham?
M. Nickerson et M. Fontaine peuvent également répondre à la question.
:
Je vous remercie de la question, monsieur Brunelle‑Duceppe.
[Traduction]
Je tiens à préciser que le financement canadien de CARE Canada ne peut pas être déployé sur le terrain en Afghanistan à cause des restrictions que le Code criminel impose.
Le cadre actuel du Code criminel, tel qu'il est interprété par le gouvernement, prévoit que le risque de poursuites en vertu du Code serait entièrement assumé par des organisations humanitaires comme CARE si nous allions de l'avant sans obtenir une exemption ou à une autre solution, ou encore une modification du Code criminel. Ce sont là autant de possibilités. Nous avons travaillé activement avec nos collègues du gouvernement du Canada pour essayer d'y recourir, mais le fait est qu'il faudrait trop de temps, compte tenu du caractère immédiat et aigu de la crise dont vous a parlé M. Fontaine.
Je tiens vraiment à souligner que le Canada est le seul donateur ou bailleur de fonds important, souverain, de l'Afghanistan qui n'a pas prévu une forme d'exemption ou de modification de son Code criminel pour permettre aux organisations humanitaires de mener leurs activités. Dans le cas de CARE, toutes les instances de l'organisation, dans la confédération mondiale, sont en mesure de travailler en Afghanistan, à l'exception de CARE Canada.
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Je répète, monsieur Brunelle-Duceppe, que les femmes et les filles — et les groupes marginalisés, dont les Afghans LGBTQ — sont touchées de façon disproportionnée, vu la nature actuelle de la crise.
Bien que les fonds canadiens ne puissent être actuellement déployés en Afghanistan, comme nous l'avons déjà dit clairement dans notre exposé, nous sommes en contact très étroit et régulier avec nos autres collègues de CARE sur le terrain en Afghanistan.
Les programmes que nous offrons portent principalement sur les soins de santé, les services de nutrition et de protection, en particulier pour les femmes victimes de violence fondée sur le sexe et les filles victimes de violence. Ces soins sont offerts en grande partie par des équipes de santé mobiles dans un certain nombre de provinces de tout l'Afghanistan.
Nous offrons également beaucoup de soins de santé primaires qui concernent la lutte contre la COVID‑19, la vaccination, les premiers soins, le soutien en cas de traumatisme, les services de santé sexuelle et reproductive et ainsi de suite. Nous travaillons beaucoup dans le domaine de la nutrition, de l'alimentation et de la nutrition des nourrissons et des enfants...
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci beaucoup aux témoins d'être parmi nous. Je vous remercie du travail incroyable que vous faites sur le terrain.
Je voudrais commencer par la question de la loi antiterroriste, que vous avez soulevée, madame Grantham, et dont d'autres ont parlé aussi. Il semble que cette question soit traitée en urgence. Si je comprends bien — corrigez-moi, madame Grantham, si je me trompe —, la loi antiterroriste canadienne dont vous parlez a été adoptée par le gouvernement précédent, sous le premier ministre Stephen Harper, et elle est unique dans le contexte international.
Autrement dit, cette loi est traitée en urgence, mais elle est unique en son genre, et les questions qu'elle soulève sont difficiles à régler, c'est bien cela? Est‑ce que j'ai bien compris?
Comme j'ai donné à tout le monde une chance équitable à la dernière série de questions, est‑ce que les membres du Comité seraient d'accord pour prolonger la séance de 15 minutes par égard pour les témoins?
Est‑ce que j'ai votre consentement unanime?
Des députés: D'accord.
Le président: Merci beaucoup, je vous en suis reconnaissant.
Je voudrais faire quelques remarques à l'intention des nouveaux témoins.
Avant de parler, veuillez attendre que je vous donne la parole en vous nommant. Lorsque vous êtes prêt à parler, vous pouvez cliquer sur l'icône du microphone pour l'activer. Je vous rappelle que tous les commentaires doivent être adressés à la présidence. L'interprétation de cette vidéoconférence fonctionnera tout comme dans le cadre d'une réunion ordinaire du Comité. Au bas de l'écran, vous avez le choix entre parquet, français et anglais. Lorsque vous parlez, veuillez parler lentement et clairement. Lorsque vous ne parlez pas, veuillez désactiver votre microphone.
Je souhaite la bienvenue à nos témoins et je les remercie de leur présence parmi nous ce soir. Mesdames et messieurs, vous avez cinq minutes chacun pour faire un exposé préliminaire.
Nous accueillons Mme Khalidha Nasiri, de l'Afghan Youth Engagement and Development Initiative. Nous accueillons également M. Ali Mirzad et M. William Maley de Canadian Hazara Humanitarian Services. Enfin, nous accueillons Lauryn Oates, de Femmes canadiennes pour les femmes en Afghanistan.
Nous pouvons maintenant entendre les témoins.
Madame Nasiri, vous avez cinq minutes. Allez‑y.
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Merci, monsieur le président. Je remercie les distingués membres du Comité spécial sur l'Afghanistan.
L'Afghan Youth Engagement and Development Initiative, ou AYEDI, est un organisme sans but lucratif qui milite pour l'engagement civique et le développement social parmi les jeunes Canadiens d'origine afghane. Nous ne sommes pas présents en Afghanistan, mais nous travaillons avec les jeunes réfugiés et leurs familles au Canada et nous avons fait beaucoup de sensibilisation au moment de la crise. Notre groupe est dirigé par de jeunes Afghans dont des membres de la famille, en Afghanistan et ailleurs à l'étranger, sont touchés par la crise.
Il est important de comprendre le contexte dans lequel le Canada intervient en Afghanistan, car les mesures prises jusqu'à présent sont malheureusement insuffisantes. Le Canada a contribué à faire avancer considérablement les droits des femmes et des filles et à obtenir d'autres progrès en matière de développement, mais il a aussi participé à une mission de combat et à une guerre. Environ 48 000 civils afghans ont perdu la vie, et ce n'est qu'une estimation prudente. Par ailleurs, 159 militaires canadiens, des comptables canadiens, un journaliste canadien et d'autres Canadiens en poste là‑bas ont également perdu la vie. Nous avons l'obligation morale à l'égard de ceux qui sont morts — et des vivants qui sont encore sur place et qui font tout ce qu'ils peuvent pour prévenir des pertes humaines massives et un effondrement de l'économie — d'assumer un rôle beaucoup plus important et énergique en réponse à la crise.
L'Afghanistan est plongé dans une crise majeure avec une économie en chute libre. Des millions d'enfants et de jeunes sont en train de perdre leurs années formatrices. Les jeunes Afghans n'ont connu que conflit et instabilité toute leur vie. Les enfants ne savent pas ce qu'est un foyer.
Selon les Nations unies, 4,2 millions de jeunes Afghans ne sont pas scolarisés, et 60 % d'entre eux sont des filles. À défaut d'une intervention, ce nombre passera à 7,9 millions. Les enfants et les jeunes ne peuvent pas étudier l'estomac vide. Selon l'UNICEF, en 2022, 1,1 million d'enfants auront besoin d'un traitement contre la malnutrition aiguë. La famine menace l'Afghanistan. Cela signifie que les enfants et les jeunes sont beaucoup plus exposés au risque de travailler avant l'âge, d'être mariés précocement, d'être recrutés par les insurgés et de connaître un avenir sombre.
Selon des témoignages directs de partenaires humanitaires et de familles sur le terrain, les filles ne vont pas à l'école. Des familles ont perdu leur pourvoyeur, mort de faim. Des mères font des choix impossibles entre vendre leurs filles et vendre leurs reins pour nourrir leur famille. Des jeunes femmes sont forcées de se cacher pour avoir voulu participer à la vie sociale, parce qu'elles ont manifesté pour revendiquer leurs droits ou ont affiché des talents comme le chant.
Les organismes de bienfaisance canadiens actifs en Afghanistan sont entravés par leurs banques, vraisemblablement en raison de la zone grise de l'article 83.03 du Code criminel du Canada.
C'est l'occasion pour le Canada de faire preuve de leadership. Compte tenu de la politique d'aide internationale féministe du Canada et de notre prestige dans le monde comme pays défenseur des droits de la personne, il faut agir. Nous avons plusieurs recommandations à présenter au Comité.
Premièrement, il est vrai que le Canada s'est engagé à verser 66,5 millions de dollars d'aide depuis août 2021, mais on a besoin de plus que cela, dès maintenant et à court terme. Comme d'autres collègues l'ont souligné, à moins d'une stabilisation urgente de la crise alimentaire et de l'économie, une catastrophe est à prévoir d'ici la mi‑2022, et elle pourrait entraîner des déplacements massifs de population vers d'autres pays que les pays voisins.
Deuxièmement, l'intervention en cas de crise humanitaire doit englober l'accueil de réfugiés. Nous devons lever les exigences documentaires bureaucratiques et prendre toutes les mesures nécessaires pour accélérer la réinstallation. Heureusement, au Canada, nous avons [difficultés techniques] où le statut prima facie a été accordé aux réfugiés syriens pendant la crise syrienne. En fait, depuis 2003, nous avons attribué ce statut à des réfugiés bhoutanais, des réfugiés karens et des réfugiés madhibans de Somalie. N'oublions pas non plus les personnes en danger qui sont déplacées à l'intérieur de l'Afghanistan, à qui il faudrait accorder des permis de séjour temporaire, un appel dont l'Association du Barreau canadien s'est fait l'écho. Il faut accélérer la cadence pour respecter l'engagement d'accueillir 40 000 réfugiés en 2022. Et il faudrait en accueillir davantage. Il ne faut pas pécher par excès de prudence, mais bien plutôt par excès de générosité.
Troisièmement, le Canada devrait prendre des mesures pour réduire l'incidence des sanctions et des mesures antiterroristes sur l'attribution de fonds et sur la circulation des marchandises dans le pays. La crainte que l'argent tombe entre les mains de groupes insurgés est fondée, mais il faut aussi entendre la demande d'aide exprimée par les Afghans. Dans cette situation, il n'y a pas de décision parfaite. Il n'y a que la bonne décision.
Enfin, nous voulons nous assurer que [difficultés techniques] et que toutes les parties honorent leurs obligations en vertu du droit international en matière de droits de la personne et que les droits de tous les Afghans, notamment le droit à l'éducation des enfants, soient respectés.
Monsieur le président, le prestige du Canada comme défenseur des droits de la personne et de la justice dépend de notre réaction à cette crise. Nous exhortons le Canada à agir aujourd'hui, et non demain.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Je tiens tout d'abord à vous remercier, ainsi que vos collègues, de nous avoir donné l'occasion de participer à cette discussion très importante.
[Traduction]
Monsieur le président, je ne vais pas répéter ici aujourd'hui ce que nous avons déjà dit au sous-comité des droits de la personne de la Chambre des communes en juin 2021, il y a moins de sept mois, à savoir que je suis un Canadien d'origine hazara, que les Hazaras souffrent de persécution systématique depuis plus d'un siècle et demi et que notre peuple a été victime d'atrocités génocidaires sous le règne des talibans dans les années 1990, époque durant laquelle nous avons été pourchassés, ostracisés, étiquetés et massacrés simplement parce que nous étions des Hazaras.
Monsieur le président, je prends la parole devant vous aujourd'hui en tant que Canadien d'origine afghane, parce que la douleur et les souffrances infligées à mon pays natal nous font tous mal, peu importe notre origine, que nous appartenions aux ethnies Hazara, Pachtoune, Tadjik, Ouzbékistan, Aimaq ou toute autre ethnie formant le riche tissu social de l'Afghanistan. Nous souffrons tous. Nous sommes tous dans le même bateau.
Le vendredi 13 août 2021, pendant que les talibans fonçaient sur Kaboul, la capitale de l'Afghanistan, le Canada a annoncé qu'il réinstallerait 20 000 Afghans vulnérables et en situation précaire, dont des femmes dirigeantes, des défenseurs des droits de la personne, des journalistes, des membres de minorités persécutées, des membres de la communauté LGBTQI et les familles des interprètes réinstallés.
Deux jours plus tard, le dimanche 15 août, les talibans [difficultés techniques] entraient dans Kaboul, tandis que les membres du gouvernement afghan précédent s'enfuyaient en hélicoptère, abandonnant le pays et ses quelque 38 millions d'habitants. Malheureusement, ce jour‑là, le Parlement du Canada était dissous, et les Afghans ont perdu l'espoir d'être secourus.
[Français]
Nous sommes extrêmement reconnaissants de l'initiative et du leadership dont a fait preuve le Canada sur la scène internationale en faisant ses grandes promesses remplies d'espoir pour l'avenir des Afghans.
[Traduction]
En septembre 2021, le Canada a porté son engagement audacieux de 20 000 à 40 000 réfugiés. Pourtant, à ce jour, des dizaines d'Afghans désespérés sont toujours coincés en Afghanistan, tandis que des milliers d'autres ayant fui vers les pays voisins y vivent maintenant comme des étrangers illégaux et craignent chaque jour d'être déportés vers les goulags talibans.
La superficie du Canada est de 3,8 millions de milles carrés, comparativement aux 3,7 millions de milles carrés des États-Unis. Autrement dit, le Canada est plus vaste que les États-Unis — en fait, dans une proportion de 1,6 % —, mais sa population ne représente qu'un huitième de la population des États-Unis. Le Canada a réinstallé 10 fois moins d'Afghans que nos voisins du Sud jusqu'ici. Les États-Unis en auraient évacué 76 000, comparativement à 7 200 pour le Canada.
Pendant ce temps, l'hiver glacial et impitoyable assiège l'Afghanistan, et des centaines, voire des milliers de personnes sans abri dorment dans les rues et dans les parcs publics, tandis que beaucoup d'autres se sont réfugiées dans les montagnes où elles souffrent du froid. Selon le Programme alimentaire mondial, 60 % des Afghans vivent aujourd'hui dans l'insécurité alimentaire, et, selon le Programme des Nations unies pour le développement, 97 % de la population pourrait basculer dans la pauvreté d'ici le printemps 2022.
Des enfants et des jeunes filles sont ouvertement vendus par des parents désespérés simplement parce qu'ils n'ont pas les moyens de nourrir leurs enfants. Des femmes militantes, des défenseurs des droits de la personne et des membres de minorités ethniques comme les Hazaras ont été raflés, battus et enlevés. On ignore le sort de beaucoup de ces personnes, mais les dépouilles de certaines d'entre elles ont été remises à leurs familles.
[Français]
Cela est inacceptable. Comment chacun d'entre nous peut-il dormir la nuit en étant témoin de toutes ces souffrances? La bonne nouvelle, c'est que nous pouvons changer tout cela.
[Traduction]
Oui, monsieur le président, nous pouvons et nous devons faire tout en notre pouvoir pour changer cela. Le Canada a non seulement un grand territoire, mais aussi un grand cœur. La bonne volonté et la générosité du Canada peuvent faire en sorte qu'aucune autre fille ne soit vendue en échange de nourriture. Nous en avons donné la preuve au monde entier à de nombreuses occasions, par exemple en accueillant les « boat people » vietnamiens dans les années 1970 ou, plus récemment, en 2015, les réfugiés syriens, et nous pouvons le faire encore une fois.
D'un bout à l'autre de ce vaste pays, les Canadiens d'origine afghane sont extrêmement reconnaissants de l'engagement durable que le Canada a pris envers notre peuple et notre patrie. Les Canadiens se sont battus et se sont même sacrifiés pour améliorer la situation en Afghanistan, mais [difficultés techniques] monsieur le président, ne suffira pas. Nous avons besoin de mesures concrètes immédiates, quand il est encore temps de le faire.
Nous demandons donc au gouvernement du Canada, premièrement, de nommer un ambassadeur général pour l'Afghanistan afin de veiller à ce que la crise en afghane soit envisagée selon une stratégie rapide et efficace à plusieurs volets et axée sur les droits de la personne, l'aide humanitaire, la réinstallation et la diplomatie. Deuxièmement, qu'il collabore avec la communauté internationale en employant tous les moyens disponibles pour faire pression sur les talibans afin qu'ils libèrent immédiatement tous ceux qui restent en captivité. Troisièmement, qu'il collabore avec les pays voisins de l'Afghanistan pour les inciter à ouvrir leurs frontières aux réfugiés afghans et à respecter les droits des réfugiés; notamment en honorant le principe de non-refoulement. Et, quatrièmement...
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Monsieur le président et distingués membres du Comité, je vous remercie de m'accueillir ce soir.
Je m'appelle Lauryn Oates. Je représente l'organisme caritatif canadien Femmes canadiennes pour les femmes en Afghanistan, qui a été créé au cours du premier régime taliban. Nous travaillons en Afghanistan depuis deux décennies, planifiant et mettant en œuvre des programmes de formation des enseignants, d'alphabétisation et de formation en technologie de l'éducation, en plus de militer pour le droit égal à l'éducation. Au fil des ans, divers projets relevant de notre compétence ont été financés par le gouvernement du Canada, et nous lui en sommes très reconnaissants.
Je vais vous parler de quelques problèmes et difficultés qui affligent l'ensemble du secteur, ainsi que des problèmes auxquels nous faisons face dans le cadre de nos activités en Afghanistan, qui sont probablement semblables à ceux d'autres organismes comme le nôtre.
À notre avis, la chute du gouvernement afghan précédent et son remplacement par les talibans n'étaient pas inévitables. La réaction de la communauté internationale, menée par les États-Unis et à laquelle ont participé le Canada et d'autres gouvernements qui ont emboîté le pas, a contribué à cette issue, alors que les gouvernements auraient plutôt dû s'unir pour la prévenir.
Les gouvernements et les organismes de la société civile font maintenant face au dilemme de poursuivre leurs programmes et d'acheminer de l'aide en l'Afghanistan tout en évitant de reconnaître, et donc de légitimer, les autorités de fait, qui sont considérées comme une entité terroriste, et ce à juste titre. La réalité, c'est que ces terroristes gouvernent désormais près de 40 millions de personnes piégées en Afghanistan.
À supposer que le régime soit durable — et c'est ce que la communauté internationale semble avoir choisi d'accepter —, il faut aider le plus grand nombre possible de ces personnes à partir. Il y faut une réflexion créative pour élaborer des solutions multiples permettant de réinstaller les Afghans dans des endroits où ils seront en sécurité, en misant sur des partenariats avec des pays de la région et au‑delà et en aidant d'autres gouvernements à réinstaller des groupes d'Afghans à titre permanent. Nous invitons instamment le Canada à procéder ainsi pour aider un plus grand nombre d'Afghans à se retrouver en lieu sûr.
Outre un solide soutien à ceux qui souhaitent partir, le Canada devrait également faire ce qu'il peut pour répondre aux besoins humanitaires et faire valoir les droits humains de ceux qui sont laissés pour compte. Soyons clairs, ces deux enjeux — les droits de la personne et les besoins humanitaires — sont indissociables. Les femmes soutiens de famille ont perdu leur emploi à cause des politiques des talibans. Les histoires de familles qui vendent des enfants ou de femmes qui vendent leurs organes ne sont pas des légendes urbaines. Ce sont des histoires vraies qui arrivent tous les jours. Les gens crèvent de faim. Les crises des droits de la personne et les crises humanitaires ne peuvent être comprises qu'ensemble, et elles ne peuvent être résolues qu'ensemble. Il s'agira donc de respecter l'équilibre délicat entre une aide significative sur le terrain et la non-reconnaissance d'un régime illégitime et fondé sur une idéologie violente et nihiliste. Le Canada doit, en tout temps, exiger que les droits des femmes soient respectés.
Si la politique d'aide internationale féministe est au centre de la politique étrangère du Canada, il n'y a pas d'endroit au monde où cette politique soit le plus pertinente qu'actuellement en Afghanistan. Et pourtant, malgré les centaines de millions de dollars investis en Afghanistan, on ne se rend pas compte que l'Afghanistan est actuellement un enjeu de politique étrangère prioritaire pour le Canada. Il y manque une prise de position morale canadienne.
Outre une diplomatie courageuse et directe, nous demandons une aide au développement pour les Afghans déplacés aussi bien que pour les Afghans en Afghanistan. Nous continuons de considérer que, malgré la situation actuelle — en raison de cette situation, en fait —, l'investissement dans le capital humain est le meilleur qui soit, sous la forme de programmes de soutien qui permettent d'offrir de l'éducation, de perfectionner des compétences, d'accroître l'employabilité et, par conséquent, de réduire la pauvreté et la vulnérabilité, et, à terme, de contribuer à la reconstruction de la paix et du pluralisme.
Malgré les adaptations importantes qui s'imposent, nous avons l'intention de rester et d'agir. Nous affrontons des difficultés dans le cadre de nos activités en Afghanistan, mais, ironiquement, l'un des plus grands obstacles auxquels nous faisons face en ce moment vient de notre propre gouvernement.
Ce qui est le plus difficile en ce moment, c'est de trouver le personnel sur le terrain dont le départ de l'Afghanistan n'a pas été facilité, du moins pas encore, par le Canada. Ils ne peuvent pas partir. Pourtant, comme on vous l'a dit, étant donné que Justice Canada considère les talibans comme une entité terroriste, il est devenu pour le moins compliqué pour les ONG étrangères de payer leur personnel en Afghanistan. Les gens qui ont été engagés pour travailler dans le cadre de programmes du gouvernement canadien, mais qui ne peuvent plus être payés par l'entremise de ces programmes, sont coincés sur place et en danger à l'heure où nous parlons.
J'espère que mon gouvernement ne laissera pas tomber mes collègues afghans qui ont travaillé à la mise en œuvre de programmes s'inscrivant dans notre politique étrangère internationale féministe, laquelle s'appuie sur des principes fondamentalement contraires au système taliban d'apartheid entre les sexes.
Nous invitons donc instamment le gouvernement du Canada à accorder immédiatement la priorité au traitement et à l'acceptation des cas des demandeurs visés par des mesures spéciales d'immigration. Dans le cadre de ces mesures spéciales et pour aider d'autres Afghans qui se dirigent vers le Canada, nous invitons le gouvernement à offrir une solution de rechange aux visas pour ceux qui n'ont pas de passeport, et à discuter avec les pays de la région pour veiller à ce que le droit des Afghans à un passage sûr soit respecté, ce qui n'est pas le cas actuellement.
La gestion des crises de l'immigration et des crises de réfugiés est depuis très longtemps une difficulté pour les bureaucraties du monde entier, mais la leçon que l'histoire nous enseigne est qu'il est extrêmement dangereux de laisser une augmentation des exigences bureaucratiques nuire aux secours d'urgence quand les circonstances imposent d'agir.
L'exemple classique remonte à 1939, quand le navire St. Louis, qui transportait plus de 800 personnes d'origine juive, s'est dirigé vers l'Amérique du Nord dans l'espoir d'échapper à la tyrannie de l'Allemagne nazie. Ces gens ont été renvoyés de Miami parce qu'ils ne remplissaient pas les critères d'un système de quotas instauré par une loi de 1924. Ils ont ensuite été renvoyés en Europe, débarqués aux Pays-Bas, et plus du quart d'entre eux ont été tués lors de l'Holocauste.
Ce qu'il faut comprendre, c'est que la bureaucratie peut alors mettre la vie des gens en danger. Il faut souvent un leadership solide au sein d'un État pour reconnaître la nécessité de réduire rapidement les formalités administratives pour que les circonstances qui dépassent le mode de pensée de ceux qui agissent en temps normal n'ait pas de conséquences mortelles.
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Je vous remercie de votre question, madame la députée.
Comme vous l'avez dit, le retour des talibans au pouvoir représente un danger accru pour les femmes et les filles en particulier, encore plus dans les ménages sans tuteurs masculins. Comme nous l'avons vu, les talibans ont imposé des mesures strictes dans certaines provinces et régions. Les femmes ne peuvent pas voyager ou sortir sans être accompagnées d'un homme, par exemple, ou une femme ne peut pas aller à l'école ou à un cours universitaire donné par un professeur de sexe masculin. Ce sont là des faits avérés et des préoccupations légitimes.
Quant à savoir ce que le gouvernement canadien peut faire, la première chose est d'investir davantage dans les organismes d'aide humanitaire qui ont vocation d'aider les femmes et les filles. Dans cette crise, comme je disais, les pronostics sont que la pauvreté atteindra jusqu'à 97 % de l'Afghanistan d'ici au milieu de 2022, d'où la nécessité d'accorder la priorité aux personnes les plus menacées. Les fonds devraient aller en premier aux organismes dont la priorité est d'aider les femmes et les filles.
La deuxième et dernière chose que je dirai, c'est que dans les discussions, les négociations ou les interactions diplomatiques avec les talibans, nous devons saisir toutes les occasions qui s'offrent de parler du sort des femmes et des filles, comme les disparitions dont nous avons entendu parler récemment, et de la surprise qu'affichent les talibans du fait que la communauté internationale les en tient responsables. Ce genre de pression fonctionne, elle a même donné lieu à des changements récemment, lorsque les talibans ont autorisé les femmes à retourner à l'université dans certaines provinces.
Il s'agit donc essentiellement d'argent et de diplomatie.
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Merci, monsieur le président.
D'abord et avant tout, je veux remercier tous les témoins qui sont parmi nous aujourd'hui dans le cadre de cette importante étude, qui nous tient tous à cœur.
Monsieur Mirzad, je vous remercie de revenir témoigner en comité. Je rappelle que vous avez témoigné en juin 2021 devant le Sous-comité des droits internationaux de la personne, dont j'étais alors le vice-président. Votre témoignage m'avait marqué. Une phrase en particulier m'avait touché, et c'est quand vous aviez dit que « la vie d'un Hazara en Afghanistan est celle d'un condamné à mort qui vit en sursis, dans l'attente d'une exécution imminente ».
Cette phrase est encore plus vraie aujourd'hui. De surcroît, elle représente désormais le quotidien d'une majorité d'Afghans, qu'ils soient Hazaras ou non, qui fuient le pays.
Est-ce au moment où ces gens traversent la frontière pour se réfugier ailleurs qu'ils font appel à des organisations comme la vôtre?
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Je vous remercie de cette question très pertinente et importante.
En réalité, tout le peuple afghan souffre en ce moment, effectivement. Les talibans représentent un ennemi et un danger pour tout le peuple afghan.
Lorsque les gens quittent le pays pour se rendre en Iran ou au Pakistan, par exemple, le seul fait de faire tout ce voyage et de traverser la frontière est un danger en soi. Une fois qu'ils arrivent au Pakistan, dans des camps de réfugiés comme celui de Quetta, ou ailleurs, ils doivent faire face à plusieurs tristes réalités et à des dangers omniprésents. Par exemple, en ce moment, il n'y a aucune présence officielle des Nations unies. Elles ont une représentation sous contrat avec des organismes mandatés par le gouvernement pakistanais et les Nations unies. Les gens doivent se rendre à ces bureaux pour avoir des espèces de documents d'enregistrement, mais ces documents ne leur donnent pas un statut légal. Alors, ils courent le risque de se faire arrêter à n'importe quel moment et de se faire déporter en Afghanistan.
D'ailleurs, le seul fait de traverser la frontière n'est pas facile. Premièrement, il y a une foule. Je ne sais pas si vous vous rappelez la foule qu'il y avait à l'aéroport de Kaboul, mais c'est trois ou quatre fois pire que cela.
De plus, il y a la réalité que les gens doivent parfois payer les soldats pakistanais pour qu'ils les laissent traverser.
En plus d'avoir pris tous ces risques et couru tous ces dangers, une fois qu'ils ont traversé la frontière, ils ne sont pas sortis d'affaire, parce qu'ils peuvent se faire prendre à n'importe quel moment par les autorités pakistanaises et se faire renvoyer en Afghanistan.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins de leurs exposés et, bien sûr, de leur travail constant pour aider les gens aux prises avec une crise humanitaire.
Ma première question s'adresse à Mme Nasiri et à Mme Oates. Vous avez parlé de la nécessité de veiller à ce que les organisations canadiennes actuellement présentes en Afghanistan puissent dispenser leur aide, que ce soit aux enfants qui meurent de malnutrition ou aux organisations locales de femmes et de filles sur le terrain. Or, elles ne peuvent pas le faire en raison des lois antiterroristes du Canada.
J'ai demandé aux témoins du groupe précédent si leurs organisations appuieraient la démarche suivante: si une entente juridique intervenait entre le gouvernement canadien et les organisations d'aide humanitaire établies de longue date au Canada, est‑ce que ce serait suffisant pour qu'elles dispensent leur aide en Afghanistan? Le gouvernement canadien adopterait une mesure quelconque, en dehors des modifications législatives, pour que le personnel ne soit pas poursuivi en justice et que l'organisation ne subisse pas les conséquences d'une possible violation du Code criminel.
Mme Nasiri d'abord, puis Mme Oates.
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Merci, monsieur le président.
Merci à tous les témoins d'être venus. Votre témoignage est extraordinaire, et je suis vraiment content que vous ayez tous formulé d'excellentes recommandations sur la voie à suivre.
Comme je l'ai dit au groupe de témoins précédent, si vous ne le savez pas, j'ai passé plus d'un an de ma vie en uniforme là‑bas. J'ai laissé six de mes propres soldats là‑bas. Ce qui me tient encore et qui me préoccupe tant, c'est l'avenir, surtout pour les femmes et les enfants de ce pays aux mains des talibans. Pour ceux et celles qui en ont besoin, nous devons nous efforcer de les évacuer immédiatement. C'est le plus important. Il incombe à tous égards que le gouvernement actuel fasse preuve du leadership nécessaire pour prendre des décisions et trouver des solutions.
J'aimerais avoir votre avis à tous, rapidement, sur le besoin de faire appel aux organisations internationales et à d'autres groupes qui sont présents sur le terrain pour renseigner le gouvernement canadien afin qu'on puisse faire sortir ces gens le plus vite possible. J'aimerais avoir votre avis aussi sur la nécessité de simplifier tout le processus de détermination du statut de réfugié dans ce cas et de prévoir certaines exceptions.
Nous pouvons commencer par Afghan Youth Engagement. Madame Nasiri, vous avez la parole.
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Je vais faire une observation, puis je laisserai la parole à mon collègue M. Maley.
Merci beaucoup, monsieur le député, de votre question et des services que vous avez rendus à mon pays. Nous vous sommes redevables. Il est malheureux qu'en dépit de vos sacrifices, le pays soit devenu ce qu'il est aujourd'hui.
Pour répondre à votre question, je vais dire comme Mme Nasiri. Le problème, ce sont les documents qu'il faut produire, ainsi que les subtilités des processus. Nous avons affaire à un pays qui est entouré de talibans, gouverné par les talibans. Il n'y a pas d'électricité. Il n'y a pas d'Internet. Nous nous attendons à ce que les gens remplissent des formulaires, et qu'ils le fassent malgré l'absence de technologie.
Les gens utilisent WhatsApp, ce qui est très risqué, parce que les services de renseignement des talibans s'en prennent maintenant à eux. Nous avons entendu des histoires horribles de gens qui ont fui le pays et dont les téléphones ont été confisqués et piratés. Les talibans d'aujourd'hui ne sont plus ceux des années 1990. Ils sont plus intelligents [difficultés techniques] la technologie soit une menace. Nous devons éliminer ces subtilités et mettre les gens à l'abri du danger.
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Merci, monsieur le président.
Madame Oates, je tiens d'abord à vous remercier pour tout ce que vous faites en Afghanistan.
J'assiste au dîner à Oakville depuis une quinzaine d'années, soit depuis bien avant que je sois députée. Lors du dîner de mars 2012, je crois, un des derniers de l'époque d'« avant », vous avez fait part de vos préoccupations au sujet des négociations qui se déroulaient entre les États-Unis et les talibans. Vous avez exprimé vos craintes quant à l'orientation que prenait le pays et aux difficultés que vous affrontiez à l'époque. Je me souviens d'avoir été très ébranlée par ce que vous disiez.
Tout le monde ne peut pas quitter l'Afghanistan. Vous avez beaucoup parlé de l'importance de faire sortir les femmes, mais elles ne peuvent pas toutes partir. Vous êtes sur le terrain depuis 20 ans. L'amélioration des lois est une priorité pour le gouvernement, mais ma question est la suivante: en supposant que nous parvenions à acheminer de l'aide directement aux gens que vous soutenez en Afghanistan, seriez-vous en mesure d'offrir vos programmes d'éducation? Et y a‑t‑il autre chose que nous devrions signaler pour que vous puissiez offrir vos programmes en Afghanistan?
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Oui, nous n'avons pas arrêté d'offrir nos programmes. Nous avons continué, mais dans un format très adapté. Nous avons dû faire preuve de créativité et adapter des choses, mais nous continuons. Nous avons la chance d'avoir une infrastructure de TIC qui nous permet de le faire. Beaucoup de gens peuvent encore accéder à Internet, et nous avons d'autres outils pour ceux qui ne le peuvent pas, où la technologie nous sert de raccourci pour rejoindre les gens et nous assurer qu'ils peuvent quand même poursuivre leurs études.
Nous sommes un peu épuisées parce que, en plus d'offrir de l'éducation, nous essayons de parer au plus urgent et au fait que les gens ont toujours besoin de choses fondamentales comme de la nourriture. Nous essayons aussi d'évacuer les membres de notre personnel sans risquer leur vie. Si le gouvernement nous soulageait de ce poids, nous pourrions faire encore davantage, et c'est pourquoi j'en fais une de mes principales priorités. Nous pourrions alors revenir à notre tâche première, qui est de défendre les droits des femmes et des filles et de veiller à leur protection.
Pour revenir à votre premier point concernant les négociations, et pour faire suite à ce que M. Maley a dit également, l'enjeu ne se limite pas à l'Afghanistan et à la sécurité de cette région. Dès que les États-Unis ont commencé à négocier avec les talibans, c'était un signal très encourageant pour des groupes comparables à eux, comme Daech ou Boko Haram.
Même pour les gens qui ne se soucient peut-être pas vraiment du sort des femmes et des filles ou du point de vue moral, il faut prendre garde, d'un point de vue pratique, à ce que cela signifie pour les organisations qui professent les mêmes idées dans le monde et qui surveillent attentivement notre façon de réagir aux talibans. Il faut prendre garde au risque de les normaliser.
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Je vous remercie de nous donner l'occasion de répondre à cette question très importante.
D'après moi, les deux plus importantes suggestions que nous pourrions faire ont déjà été soulignées pendant la séance.
La première serait d'abolir toutes les exigences liées aux documents à fournir qui relèvent vraiment de processus techniques. Par exemple, il ne faut pas s'attendre à ce que quelqu'un qui se trouve en Afghanistan puisse remplir des formulaires d'immigration alors qu'il est sans électricité ni Internet ou pendant qu'il est en train de se faire tirer dessus ou de se faire fouetter par les talibans. Il faut donc enlever ces processus.
De plus, si l'on enlevait l'exigence selon laquelle quelqu'un doit absolument avoir le statut de réfugié, cela aiderait beaucoup. Bon nombre de Canadiens aimeraient faire sortir des gens de l'Afghanistan pour les amener ici, mais c'est impossible, puisque le statut de réfugié n'existe pas dans ce cas. C'est la deuxième suggestion.
Quant à la troisième, je dirais qu'il faut entretenir une relation diplomatique avec les pays voisins, par exemple le Pakistan, et utiliser nos relations avec nos alliés pour avoir une présence sur le terrain et pouvoir offrir des portes de sortie aux Afghans.