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La séance est ouverte. Bienvenue à la réunion numéro 6 du Comité spécial sur l'Afghanistan de la Chambre des communes.
La réunion d'aujourd'hui se déroule sous forme hybride, conformément à l'ordre de la Chambre adopté le 25 novembre 2021. J'aimerais rappeler à toutes les personnes présentes dans la salle de bien vouloir suivre les recommandations de la santé publique ainsi que les directives du Bureau de régie interne du 19 octobre 2021, afin de rester en santé et en sécurité. Si vous avez des problèmes techniques, veuillez m'en aviser puisque nous devrons peut-être suspendre la réunion quelques minutes pour faire en sorte que tous les membres puissent pleinement participer.
À titre d'information pour les témoins, des services d'interprétation vous sont offerts en anglais et en français par l'intermédiaire de l'icône du globe, au bas de votre écran.
Je souhaite la bienvenue à notre premier groupe de témoins de ce soir.
Nous accueillons Mme Kaylee Perez, présidente de l'Association des signataires d'entente de parrainage de réfugiés du Canada; Mme Wendy Cukier, fondatrice de Lifeline Afghanistan et professeure à l'Université Ryerson; et Mme Maria Toorpakai Wazir, présidente et fondatrice de la Maria Toorpakai Foundation.
Je vous souhaite la bienvenue à toutes. Vous aurez cinq minutes pour présenter vos déclarations préliminaires. Je vous demanderais de respecter le temps, afin que je n'aie pas à intervenir.
Nous allons commencer par Mme Perez. Allez‑y, s'il vous plaît, vous avez cinq minutes.
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Merci, monsieur le président et distingués membres du Comité, de m'avoir invitée à discuter avec vous aujourd'hui.
Je m'adresse à vous depuis le territoire ancestral des Neutres, des Anishinabe et, tout récemment, des Haudenosaunee.
[Français]
Je remercie le Comité de son travail et de sa réponse prompte à cette situation urgente.
[Traduction]
J'aimerais d'abord rendre hommage aux gens qui ont subi la prise de pouvoir des talibans, les millions d'Afghans et d'Afghanes qui vivent sous le régime des talibans et qui ont un besoin vital de secours humanitaires, les milliers de nouvelles personnes déplacées depuis, et les millions de réfugiés afghans qui avaient déjà besoin d'aide avant la prise de pouvoir des talibans.
Je suis ici pour représenter l'Association des signataires d'entente de parrainage de réfugiés du Canada. Nous sommes un organisme-cadre national regroupant 130 signataires d'entente de parrainage de tout le Canada, à l'exception du Québec.
Je tiens pour acquis que vous connaissez le Programme de parrainage privé de réfugiés, ou PPPR, comme je vais l'appeler pour le reste de mon exposé, mais pour résumer, je dirai que nos organisations ont signé avec le gouvernement une entente qui nous permet de bonifier les engagements du gouvernement en matière de réinstallation en facilitant le parrainage privé de réfugiés des quatre coins du monde. Chaque année, le gouvernement détermine le nombre de places — une place pour chaque réfugié — que les signataires d'entente de parrainage peuvent utiliser pour présenter de nouvelles demandes de parrainage.
Les signataires d'entente de parrainage et les diverses communautés dont ils font partis sont prêts à accueillir davantage de ressortissants afghans. Les signataires d'entente de parrainage attendent avec impatience de savoir comment seront distribuées les 20 000 places supplémentaires promises pour les ressortissants afghans. Les signataires d'entente de parrainage reçoivent énormément de demandes d'information de la part de Canadiens et de Canadiennes qui sont prêts à réagir, et beaucoup d'entre eux connaissent des réfugiés afghans qu'ils se proposent de faire venir au Canada. Cependant, sans plus d'information, les signataires d'entente de parrainage sont limités quant à la façon dont ils peuvent informer et mobiliser effectivement nos communautés et planifier efficacement l'augmentation promise.
Tout en voulant fournir leur aide pour l'initiative afghane, les signataires d'entente de parrainage se préoccupent tout de même des impacts de cette intervention sur l'arriéré actuel. La semaine dernière, j'ai reçu un appel d'un répondant qui parraine un réfugié congolais de 22 ans, qui est présentement en Namibie. Ce réfugié est séparé de sa mère et de ses frères et sœurs depuis sept ans, et il a littéralement dû se battre pour sa vie en attendant que son dossier soit traité et qu'il puisse venir au Canada. Ce réfugié congolais et son répondant se préoccupent tous deux des impacts que les interventions afghane et ukrainienne pourraient avoir, par exemple en retardant encore davantage son dossier. L'arriéré de plus de 70 000 personnes est sans précédent dans le système, et la plupart de ces personnes sont autant dans le besoin que les réfugiés afghans, et c'est pourquoi le gouvernement doit fournir à IRCC des fonds suffisants pour qu'il puisse traiter les dossiers relatifs à l'intervention afghane, à la nouvelle intervention ukrainienne et à l'arriéré existant.
Une recommandation clé que nous voulons présenter au Comité est que le gouvernement élabore un cadre de travail assorti de critères objectifs pour ses interventions urgentes en matière d'immigration et de réfugiés. Cela permettrait à tous les intervenants concernés de bien se préparer et d'agir rapidement, et cela préserverait la transparence et l'équité pour assurer une réinstallation stratégique.
Les signataires d'entente de parrainage sont depuis longtemps les partenaires du gouvernement en matière de réinstallation des réfugiés; ils sont fiables et sont axés sur la gestion des risques. Le PPPR peut jouer un rôle d'envergure dans le cadre des interventions d'urgence en fournissant une voie d'accès pour le regroupement familial et en renforçant l'esprit communautaire. Cela vaut la peine d'investir dans l'infrastructure des signataires d'entente de parrainage, non seulement pour gérer les intérêts actuels, mais aussi pour soutenir la qualité de l'installation après l'arrivée et l'intégration à long terme des nouveaux arrivants. Nous sommes bien placés pour aider le gouvernement à mobiliser l'intérêt public, mais pour cela, nous avons besoin d'accroître notre capacité.
En décembre 2021 — tout juste en décembre dernier —, nous avons rencontré le ministre de l'Immigration, M. , et avons proposé la création d'un fonds national public-privé de renforcement des capacités des signataires d'entente de parrainage. Nous croyons qu'il faut saisir ce moment charnière afin de renforcer l'infrastructure et, ainsi, la durabilité.
En résumé, nos quatre messages clés sont que les signataires d'entente de parrainage ont besoin de plus d'information sur la distribution des 20 000 places supplémentaires promises pour planifier et intervenir efficacement; IRCC doit avoir suffisamment de fonds pour traiter l'arriéré existant, compte tenu des interventions afghane et ukrainienne; un cadre d'intervention d'urgence, assorti de critères objectifs, est nécessaire pour assurer l'équité et la transparence de la réinstallation stratégique; et nous voudrions souligner que les signataires d'entente de parrainage sont des partenaires fiables, axés sur la gestion du risque, pour la réinstallation des réfugiés. Un fonds national privé-public de renforcement des capacités des signataires d'entente de parrainage pourrait appuyer notre capacité à collaborer avec vous pour répondre à la demande en ce qui concerne à la fois l'intérêt public et les besoins des Afghans.
Nous sommes impatients de continuer de travailler pour atteindre notre objectif commun d'aider rapidement les personnes déplacées à la suite de la situation en Afghanistan.
Merci.
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Merci beaucoup. Je vous suis reconnaissante de m'avoir invitée à témoigner devant le Comité pour l'aider à faire son important travail.
Je ne vais pas répéter ce que Mme Perez a dit en ce qui concerne la crise humanitaire ou le rôle important des signataires d'entente de parrainage.
Je dirige le Diversity Institute de l'Université Ryerson, et j'ai aussi parrainé à titre privé des réfugiés indochinois dans le cadre de l'opération Lifeline, en 1979. J'ai été responsable, en 2016, du défi de Lifeline Syria de l'Université Ryerson, dans le cadre duquel nous avons recueilli 5 millions de dollars et avons parrainé à titre privé 500 réfugiés syriens en seulement quelques mois. Depuis, nous avons continué de soutenir la croissance de ces réfugiés. En août, nous avons créé Lifeline Afghanistan, en nous fondant sur cette expérience, pour créer des partenariats publics-privés qui tirent parti de la société civile ainsi que des compétences des établissements postsecondaires, des étudiants, des bénévoles, etc.
Même s'il est absolument essentiel que les quotas pour les signataires d'entente de parrainage soient adaptés aux besoins des réfugiés afghans, il est aussi important de souligner que les parrainages privés, entrepris par l'intermédiaire des ententes de « groupes de cinq », peuvent contribuer énormément à l'effort.
Je vais me faire l'écho de ce que Mme Perez a dit sur la vague de soutien que nous avons reçue des Canadiens et Canadiennes — les donateurs, la société civile et les entreprises privées qui sont prêts à fournir des emplois ainsi que des fonds pour parrainer à titre privé des réfugiés afghans — pour vous demander d'envisager de rationaliser les processus afin de réduire les lourdeurs administratives, par exemple en éliminant l'exigence de la désignation reconnue par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, pour ainsi reproduire essentiellement ce qui a été fait en 2015 pour permettre au gouvernement de réinstaller en quatre mois 20 000 réfugiés syriens. Nous avons la capacité. Nous l'avons déjà fait, et nous pouvons le refaire.
Je voulais aussi porter à votre attention une chose importante: je suis responsable des efforts de recherche du Centre des Compétences futures. Alors que le message humanitaire a été diffusé encore et encore, je voulais également insister sur l'importance économique de créer des voies d'accès pour les nouveaux arrivants en général et pour les réfugiés en particulier. Des employeurs viennent nous dire: « Nous avons 5 000 postes vacants. Pouvez-vous nous fournir des réfugiés afghans? » Mais, bien sûr, nous n'avons pas cette capacité. Nous avons travaillé avec des petites et moyennes entreprises qui sont aux prises avec une grave pénurie de main-d'œuvre et qui sont prêtes à offrir des emplois, mais qui n'ont pas accès aux réfugiés afghans. Nous avons des établissements postsecondaires qui ont offert des postes à des Afghans. D'ailleurs, je suis certaine que le Comité a entendu parler du cas de cette personne, aux études postsecondaires, qui avait terminé une session en Afghanistan et qui s'est vu refuser un visa d'étudiant à cause des dispositions relatives à la double intention.
Si vous comptez prendre quelques mesures, nos recommandations seraient, bien sûr, de réagir aux préoccupations de Mme Perez à propos du nombre pour aider la planification des signataires d'entente de parrainage, mais aussi de permettre aux simples citoyens de tirer parti des investissements gouvernementaux pour parrainer à titre privé des réfugiés afghans.
Il faut remettre en vigueur les dispositions de 2015 pour rationaliser l'effort afghan et voir les voies d'accès postsecondaires comme étant une autre occasion de renforcer la capacité du Canada de répondre aux besoins des employeurs. Je pourrai fournir plus de détails avec plaisir pendant la période de questions.
Merci beaucoup.
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Merci beaucoup de cette merveilleuse occasion. Je suis très heureuse de m'adresser à vous tous aujourd'hui, en particulier puisqu'il s'agit du pays de mes ancêtres, l'Afghanistan.
Je suis originaire du Waziristan. Comme vous le savez peut-être, cette région était reconnue comme l'une des plus dangereuses au monde en raison du terrorisme et de la talibanisation.
J'ai grandi dans cette région, mais là‑bas, je n'étais pas appelée Maria, mais « Genghis Khan ». J'ai été élevée comme un garçon, personne n'était au courant, et j'ai fini par m'intéresser aux sports. Mon père et ma mère ont travaillé dans des régions tribales du Waziristan toute leur vie à l'éducation des filles. Mon père croyait que le changement devait d'abord commencer par sa propre famille. Il croyait que les fils et les filles étaient égaux, et il m'a donné toutes les chances d'être libre et d'exceller. Nous n'avions pas d'écoles ni rien du genre, alors ma mère a fait ce qu'elle pouvait pour éduquer les filles; elle dirigeait une école, là‑bas. Ma sœur y allait, juste pour encourager les autres filles.
Je suis devenue joueuse de squash professionnelle, mais cela a été en soi un parcours extrêmement difficile: j'ai été menacée, j'ai subi beaucoup de harcèlement et de mauvais traitements, et les talibans m'ont aussi menacée. Cela en faisait partie. Je me suis cachée pendant trois ans, et j'ai envoyé des courriels aux quatre coins du monde, à des collèges, des universités et des clubs, à n'importe quelle organisation qui avait un terrain de squash et qui offrait une occasion d'emploi à temps partiel, pour leur demander du temps et de l'aide afin de pouvoir m'entraîner. Je me suis classée troisième au monde parmi les juniors, et j'ai remporté de nombreux tournois internationaux. Je suis la 41e joueuse au monde.
J'ai fait tout cet entraînement durant cette même période. J'ai appris par moi-même, parce que où j'étais, dans cette région, la région des Pachtounes, les gens avaient une mentalité extrêmement patriarcale et conservatrice. Je sais qu'il y a les talibans d'un côté, mais tout le monde là‑bas a la même mentalité que les talibans. C'est leur culture. Ils ne croient pas que les femmes sont égales aux hommes. Ils ne croient pas que les femmes devraient pouvoir sortir, aller à l'école ou faire du sport.
Il y a d'autres raisons pour cela; durant des siècles, beaucoup d'hommes étaient timides, et beaucoup d'hommes cachent cette timidité derrière la religion et la culture. Ils disent que les femmes ne devraient pas sortir, mais le fait est qu'elles n'ont aucune possibilité. Il n'y a nulle part où les femmes peuvent aller, en vérité. À l'école, elles peuvent avoir un certain niveau d'éducation, mais après, cela devient encore une fois très difficile. Les hommes ont peur que, si quelque chose arrive à leurs filles en chemin, cela attirera sur eux la honte. Il y a beaucoup de choses. Je crois que l'éducation est nécessaire là‑bas et aussi beaucoup de sensibilisation.
Je sais que, quand j'ai commencé, il y avait beaucoup de gens contre moi, contre mon père et contre ma famille. Nous avons dû déménager d'une région à une région. Notre maison a été attaquée. Mon père a été enfermé à l'asile pour avoir osé éduquer sa femme et ses filles, mais à présent, beaucoup de gens veulent qu'il revienne, et ils veulent maintenant [difficultés techniques]. Ils donnent à leurs filles mon nom et le nom de ma sœur; ce qui veut dire que les choses peuvent changer, et j'ai moi-même vu ce changement.
Dans la région où j'étais, j'étais la seule fille à faire du sport, et il y en a maintenant 27. Elles arrivent en burqas, puis elles enfilent une tenue d'entraînement, elles courent, s'étirent, elles courent après la balle, elles sautent et plongent. Elles n'auraient jamais cru pouvoir faire tout cela.
En ce qui me concerne, c'est mon rêve de voir toutes ces filles avoir cette liberté. Je suis retournée dans ces régions. Avant, les talibans étaient partout. Il y avait des attentats à la bombe chaque jour, mais les temps ont changé, et d'après ce que j'ai vu, les choses sont plus calmes qu'avant.
L'Afghanistan est le pays de mes ancêtres, parce que mon arrière-grand-père était le second du roi Amanullah, et parce que nous avons des terres dans la région de Khost. Nous sommes de la tribu des Wazir, la plus grande tribu principale du Waziristan. Il n'y a pas de différence entre moi et les talibans. Nous sommes tous cousins par le sang. Ils comprennent ma langue, et je comprends la leur. Quand j'envoie un message sur les médias sociaux, ils le regardent et ils le comprennent. Il y a assez de gens qui me suivent pour cela.
Je connais la psychologie de mon peuple, les Pachtounes. Si vous les traitez avec amour et respect, ils mourront pour vous; si vous luttez contre eux, c'est une autre mentalité, mais ils mourront aussi pour cela. Au début, j'avais de la difficulté dans cette région, mais à présent, plus je leur parle avec amour, avec soin et avec respect, ils écoutent. Ils veulent aussi me dire que...
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Merci beaucoup de me donner cette occasion.
Je ne suis pas spécialiste de ces domaines, mais, en 2015, IRCC a apporté un certain nombre de modifications à ses procédures habituelles pour atteindre les cibles très ambitieuses qui avaient été fixées pour les réfugiés syriens.
D'abord et avant tout, les Syriens étaient considérés comme des réfugiés présumés et n'avaient pas besoin de la désignation du HCR. Cela a créé d'excellentes possibilités pour le parrainage privé des signataires d'entente de parrainage, lesquels n'ont habituellement pas besoin d'une désignation par le HCR, et pour le parrainage par « groupes de cinq ». À nos yeux, c'est quelque chose de crucial, parce que nous savons que le HCR n'a pas la capacité, présentement, de traiter le volume de demandes qui doivent être traitées.
Le Canada s'est tout de même occupé des questions de santé et de sécurité, mais nous l'avons fait en temps réel et beaucoup plus rapidement. C'est un aspect important.
Le deuxième point, comme Mme Perez l'a dit tout à l'heure, est que les signataires d'entente de parrainage et les organisations de réinstallation font un travail incroyable, mais leur structure ne leur permet pas de traiter facilement en même temps un grand nombre de dossiers. Le parrainage à titre privé, la mobilisation de la société civile, du secteur privé, etc., ce sont vraiment des outils puissants, parce que nous pouvons réagir très rapidement quand il y a une hausse importante des demandes.
En plus de modifier les quotas pour les signataires d'entente de parrainage, nous devons faciliter la formation de groupes de cinq. Je crois que tout le monde serait d'accord pour dire que les quotas relatifs aux Afghans doivent s'ajouter aux autres, pour atteindre les objectifs ambitieux du gouvernement et éviter qu'il y ait compensation ailleurs. Nous avons des recommandations plus détaillées là‑dessus.
La dernière chose, c'est qu'il est incroyablement important d'être novateur. Le a parlé du Projet pilote sur la voie d'accès à la mobilité économique. Si nous continuons de réfléchir à des façons d'utiliser les visas d'étudiant et les autres mécanismes pour aider à créer des voies d'accès, en plus du parrainage à titre privé, je crois que nous pourrons atteindre les cibles du gouvernement en peu de temps, et nous pourrons sauver des gens qui, autrement, ne survivraient pas.
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Merci de la question, madame Findlay, et merci à Wendy pour tout ce qu'elle a dit. J'ai vraiment aimé ce que vous avez dit.
D'abord et avant tout, j'aimerais dire que les Afghans ont besoin d'aide, et notre association a aussi soulevé des préoccupations par rapport aux limites des critères d'admissibilité. Actuellement, pour qu'un Afghan puisse être parrainé à titre privé, il doit appartenir à l'une de cinq catégories. Notre association a soulevé des préoccupations de ce côté‑là et aimerait que cela soit supprimé, afin que tous les Afghans aient un accès.
Selon moi, une chose dont il est important de tenir compte ici, par rapport à cette décision, est l'arriéré existant et notre capacité. L'arriéré n'a jamais été aussi élevé, comme je l'ai dit. Plus de la moitié des dossiers de l'arriéré, actuellement, concerne des demandes de parrainage par un groupe de cinq. La réalité, lorsqu'on parle de l'efficacité du traitement des dossiers, c'est que les demandes présentées par des groupes de cinq et par des répondants communautaires prennent plus longtemps à traiter au COR‑O, le centre des opérations à Ottawa, avant qu'ils puissent être envoyés à l'étranger. Je crois qu'il y a aussi une dynamique où beaucoup de groupes de cinq et de répondants communautaires voudraient, s'ils le pouvaient, présenter leurs dossiers par l'intermédiaire d'un signataire d'entente de parrainage, mais le fait est, au bout du compte, que les signataires ont des places et une capacité limitées.
Je crois que les groupes de cinq et les répondants communautaires remplissent une fonction importante, mais je crois qu'il est aussi important que nous tirions des leçons de l'intervention syrienne et des conséquences de cette intervention rapide. Je crois qu'il faut souligner à quel point les signataires d'entente de parrainage sont, en tant que partenaires, axés sur le risque. Nous soutenons l'intégrité des programmes. Ce serait une excellente chose si nous pouvions travailler avec plus de groupes et les soutenir, des groupes qui, parce qu'ils n'ont pas pu être parrainés par un signataire d'entente de parrainage, doivent suivre le processus prévu pour les groupes de cinq ou les répondants communautaires.
Voilà certaines des considérations dont je voulais vous faire part.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie tous nos témoins d'être ici aujourd'hui.
Wendy, je suis heureux de vous revoir. Nous avons eu le plaisir de travailler ensemble dans un certain nombre de forums différents. Si je ne me trompe pas, vous avez participé à un événement à Etobicoke dans le passé pour la Journée internationale de la femme. De plus, quand j'étais député provincial à Queen's Park, j'ai bien sûr eu l'occasion de travailler avec vous lors d'un événement organisé par l'institut de la diversité. Quoi qu'il en soit, je suis heureux de vous revoir et je vous remercie de votre leadership et de vos efforts de défense dans ce dossier important.
Je commencerai par poser mes questions à Mme Perez, si vous me le permettez.
Madame Perez, j'espère que vous pourrez m'aider à approfondir certaines des choses dont vous avez parlé. Pourriez-vous nous parler de la capacité des signataires d'entente de parrainage de réinstaller et de soutenir plus de réfugiés?
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Bien sûr. Merci de poser la question, monsieur Baker.
Au Canada, il y a 130 signataires d'entente de parrainage, dont un grand nombre sont engagés depuis 1979. Au cours des dernières années, depuis 2016 — j'ai ici quelques statistiques sur les arrivées —, nous avons réinstallé chaque année plus de 18 000 réfugiés visés par un parrainage privé. Je dirais qu'il s'agit de tous les réfugiés visés par un parrainage privé qui sont arrivés au Canada, tous ces chiffres ne reflètent donc pas les dossiers dont se sont occupés les signataires d'entente de parrainage. Cependant, nous représentons un nombre important de réfugiés réinstallés.
Nous sommes une association diversifiée qui est activement en contact avec des réseaux confessionnels, ethnoculturels et humanitaires ayant une longue expérience et nous participons depuis de nombreuses années au parrainage de réfugiés à titre privé et à leur réinstallation efficace.
Une des réalités que je mentionnerais également, c'est que nous avons connu une croissance importante au cours des sept dernières années. Nous étions environ 80 organismes traitant 6 000 parrainages par an, et au cours des sept dernières années, nous sommes passés à 130 organismes. Une grande partie de cette croissance est due à l'intervention auprès des réfugiés syriens et à l'augmentation des besoins des réfugiés du monde entier.
En ce qui concerne la capacité des signataires d'entente de parrainage, une des considérations importantes est que, dans notre association, nous sommes diversifiés quant à notre structure et au nombre de parrainages que nous effectuons. En ce qui concerne l'intérêt relatif à la réinstallation des Afghans, nous avons organisé un groupe de discussion et avons recueilli quelques statistiques. Soixante-six signataires d'entente de parrainage ont exprimé leur intérêt à s'engager dans la réinstallation des Afghans et ont dit qu'ils ont la capacité de le faire. Douze signataires d'entente de parrainage voudraient fournir plus de 100 places.
Cela vous donne une idée de ce qui intéresse notre association. Je pense que beaucoup ont hâte de s'engager, mais la réalité est que 20 % des signataires d'entente de parrainage de notre association ont au moins deux employés à temps plein. Les autres ententes sont gérées par des bénévoles ou par du personnel à temps partiel et des bénévoles qui travaillent ensemble pour faciliter le parrainage. Même si nous voulons augmenter nos capacités, pour le faire de manière saine, les signataires d'entente de parrainage demandent un soutien leur permettant d'embaucher du personnel supplémentaire afin de gérer le nombre croissant de cas et de soutenir une réinstallation de qualité après l'arrivée.
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J'aimerais dire quelque chose à ce sujet.
Récemment, après tout ce qui s'est passé récemment comme la prise de pouvoir par les talibans en Afghanistan, mon père et certains de mes amis aux États-Unis m'ont demandé d'aider quelques Afghans connus à partir. Nous avons aidé cinq familles, soit 37 personnes. Mon père est allé à Kaboul avec quelques autres hommes. Étant donné que nous sommes du Waziristan, ils sont très respectés pour cela par les talibans. Quand nous sommes allés là‑bas, tout était fini, dans la région, et les gens avaient très peur.
Mon père contactait les familles et allait chercher chaque famille séparément, les gens partaient sans bagages, ni rien, juste ce qu'ils avaient sous la main. Nous ne pouvions pas les faire passer par la frontière de Torkham. Nous voulions qu'ils aillent d'abord au Pakistan, mais ils n'avaient aucun document, rien, donc, à la frontière de Torkham, on ne pouvait rien pour eux. Nous les avons ensuite amenés à Spin Boldack, qui est à environ un jour... Ils ont voyagé toute la nuit...
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Je vous remercie, monsieur le président. C'est un plaisir de vous revoir en personne.
Je veux remercier tous les témoins qui sont avec nous ce soir. Je pense que c'est une évidence, nous avons affaire à des gens admirables et, surtout, qui sont dévoués quant à la cause des Afghans et des Afghanes. Nous sommes très chanceux de les avoir avec nous.
Je pense que nous pourrons faire avancer cette étude de la bonne façon avec leur aide ce soir et, éventuellement, utiliser ce qu'ils vont nous dire pour formuler des recommandations dans le rapport très important que ce comité devra rédiger.
Comme vous le savez, chers témoins, ce comité doit faire la lumière sur la gestion de la crise afghane par le gouvernement et aussi se concentrer sur la crise humanitaire qui a cours en Afghanistan. Il sera donc question de ces deux volets.
Ma première question s'adresse à Mme Cukier et à Mme Perez.
Avez-vous des raisons d'être déçues? Dans l'affirmative, qu'est-ce qui vous a causé la plus grande déception en ce qui concerne la gestion de la crise afghane par le gouvernement?
Nous aimerions avoir vos commentaires là-dessus parce que nous ne voulons pas que les mêmes erreurs se répètent à l'avenir.
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Je pense que le contexte était très difficile, avec la COVID, parce qu'il fallait réagir à toutes sortes d'événements imprévus. Je reformulerais donc votre question pour dire ce que j'aimerais que le gouvernement fasse. Je voudrais que le gouvernement fasse ce qu'il a montré qu'il pouvait faire quand il a supprimé tous les obstacles pour soutenir les réfugiés syriens, en 2015, ou même encore, franchement, ce qu'il a fait en quelques semaines pour les réfugiés ukrainiens. Beaucoup de choses peuvent être faites pour simplifier les processus.
Je sais que certains d'entre vous connaissent tous ces détails, mais, pour répondre à la question de M. Baker, il y a des réfugiés afghans désignés par le HCR en Turquie, en Inde, en Indonésie, et nous pouvons les parrainer demain. Le problème, c'est que les personnes qui ont fui en août sont tombées aux oubliettes.
J'ai une employée afghane. Elle est venue au Canada avec un visa d'étudiant il y a deux ans. Elle est étudiante au doctorat. Son partenaire est un réfugié hazara qui est allé en Indonésie. Nous pouvons le parrainer. Sa famille à elle est coincée au Pakistan. Nous ne pouvons rien pour sa famille. Sa sœur a été acceptée dans un établissement postsecondaire canadien, comme elle l'a elle-même été, et pourtant on lui a refusé un visa d'étudiant parce qu'on ne croyait pas qu'elle retournerait en Afghanistan. Je suis désolée, mais cela n'a aucun sens.
Mon choix est également très motivé par les besoins de l'économie canadienne, parce que les baby-boomers comme moi ont pris leur retraite ou sont décédés — j'espère faire la première chose avant la seconde —, et nos employeurs, grands et petits, cherchent désespérément des travailleurs, des travailleurs très instruits, hautement qualifiés, mais aussi des ouvriers non qualifiés, et je pense qu'il y a d'énormes possibilités de créer des voies d'accès pour les réfugiés afin qu'ils deviennent autonomes en peu de temps.
Merci, monsieur Brunelle-Duceppe.
Je reprendrai une grande partie de ce que Mme Cukier a dit et le reformulerai ainsi: de quoi avons-nous besoin?
La diffusion du plan pour une « intervention d'urgence » a été lente. Il faut une communication claire et continue pour être en mesure de planifier et aussi de gérer au mieux l'intérêt que nous voyons et que nous recevons régulièrement en tant que signataires d'entente de parrainage. IRCC doit être doté de ressources suffisantes pour traiter l'arriéré actuel, l'intervention afghane et, maintenant, l'intervention ukrainienne.
Je reprendrai aussi une bonne partie de ce que Wendy a dit au sujet de l'intervention en Ukraine et du fait que cela a créé un précédent quant à la façon dont des interventions d'urgence peuvent être gérées.
Il y a une forte communauté de la diaspora afghane, ici. Nous avons des organisations bien réseautées, les signataires d'entente de parrainage, ainsi que des organisations comme celles de Wendy, qui veulent ardemment mobiliser l'intérêt public, la société civile, des fonds suffisants et du temps, et nous avons simplement besoin de savoir clairement comment planifier au mieux et le faire rapidement, sachant que nous devons également considérer ce moment de crise comme une occasion d'accroître la durabilité de notre secteur et reconnaître que le programme de parrainage à titre privé est un pilier de la réinstallation ici, au Canada. Nous devons nous demander s'il y a des domaines dont nous pouvons tirer des enseignements, dans le cadre de l'intervention syrienne et de la toute dernière flambée, pour croître et construire l'infrastructure nécessaire pour assurer notre durabilité. Je dirais que l'élément essentiel est de soutenir les signataires d'entente de parrainage pour qu'ils se développent et puissent répondre à ce besoin.
Merci.
Le monde entier connaît des crises de réfugiés. Bon nombre de réfugiés vont en Europe, au Canada, en Amérique, dans tous les pays qui les acceptent; et maintenant, il y a tous ces réfugiés d'Ukraine et de Syrie. Actuellement, nous organisons des ateliers et des camps de sport pour les réfugiés, ici, à Toronto; ils viennent d'Afghanistan.
Cependant, encore une fois, il y a un grand nombre de réfugiés au Pakistan qui vivent dans des conditions misérables. Je sais qu'on ne peut pas ramener tout le monde au Canada ou en Europe. Nous pouvons les aider là‑bas. Je suis originaire de cette région et je connais ces gens; je parle les langues de la région. C'est la même chose pour les autres Afghans ici qui peuvent communiquer avec eux. J'y vais et j'organise des campagnes de sensibilisation et des ateliers pour eux. Nous avons organisé là‑bas des ateliers et des tournois de sport où les [difficultés techniques], et je pense que c'est également de cette façon que nous établissons de bonnes relations.
Nous pouvons tendre la main à ces personnes. Je veux construire un centre sportif pour eux, mais je ne peux pas le faire seule. J'ai besoin de l'aide du gouvernement et...
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Je suis d'accord pour dire qu'il faut de l'innovation. Remarquez, dans le cadre de l'initiative pour les réfugiés syriens, le gouvernement n'a pas tout à fait réussi à le faire en quatre mois, mais je comprends ce que vous voulez dire. Ce que vous dites, c'est qu'il est possible de faire beaucoup mieux que ce qui est fait actuellement, et qu'il faut une collaboration de tous les partis et de toutes les ONG sur le terrain pour que ce travail soit fait. Si le gouvernement souhaite éliminer le plafond et offrir cette possibilité, je serais tout à fait d'accord avec cela.
J'aimerais revenir sur les arriérés, car une partie du problème, c'est que le gouvernement a annoncé le processus pour les Afghans, mais qu'il n'a pas fourni à IRCC des ressources supplémentaires. Non seulement les personnes ayant un statut de réfugié qui sont dans d'autres pays sont en attente, mais tous les volets de l'immigration accusent un arriéré, et c'est le chaos total. C'est la situation actuelle.
Le gouvernement dit qu'il a prévu des ressources supplémentaires, mais elles ne sont pas suffisantes pour faire face à ce que nous vivons actuellement. Dans ce contexte, doit‑il y avoir une intervention spécifique et des ressources, en ce qui concerne tant les ressources financières que les niveaux d'immigration, pour résoudre le problème? Est‑il possible d'avoir une réponse brève?
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Ma question s'adresse à Mme Wazir.
Je veux vous remercier d'être une source d'inspiration et pour votre leadership. Je suis allé en Afghanistan, et je comprends les défis, j'ai vu que l'égalité n'existe pas. Il faut des dirigeantes fortes comme vous pour faire avancer les choses. C'est ce qu'il faut pour aider à inspirer et à changer la culture, car, au bout du compte, je pense que des changements sont nécessaires en Afghanistan.
Selon moi, nous, en tant que pays, n'avons pas réussi à faire sortir suffisamment d'Afghans avant la chute de Kaboul entre les mains des talibans. J'aimerais que vous nous disiez à quel point il est important pour nous de faire sortir davantage de ces personnes et d'éliminer les obstacles qui nous empêchent de faire sortir du pays tous ces Afghans, surtout les jeunes filles, qui sont prises pour cibles en raison de cette situation désastreuse.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les trois témoins de comparaître devant le Comité et de parler des questions qui sont importantes pour les Afghans. J'ai seulement deux minutes, je vais donc aller très vite.
Ma première question s'adresse à Mme Wazir. Je voudrais vous remercier de votre travail inspirant auprès des femmes et des filles, en Afghanistan, et de chercher à renforcer leur autonomie grâce aux bienfaits du sport.
Vous avez mentionné que les jeunes filles et les femmes qui ont fui l'Afghanistan et qui sont au Pakistan vivent dans des conditions difficiles. Selon vous, que peut faire le gouvernement canadien pour les soutenir pour qu'elles puissent recevoir l'éducation dont elles ont besoin, y compris les filles qui ont fui l'Afghanistan et les filles qui s'y trouvent; des activités quotidiennes comme le sport peuvent-elles faire partie de leurs activités?
Qu'auriez-vous à dire sur ce sujet?
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L'un des projets dont je rêve est un centre sportif sur lequel nous avons travaillé. Nous l'avons conçu de manière à leur donner des possibilités. Nous voulons faire venir celles qui se trouvent dans les régions tribales. Ce sera une école de sport exclusivement féminine, ce qui est une idée unique dans cette région. Les gens me font maintenant confiance et font confiance à ma famille. De plus, il n'y aura que des filles et des femmes, les gens seront donc à l'aise. C'est approprié sur le plan culturel.
Je vais dans ces régions, dans cette région. Je devais aller à Kaboul, dernièrement, mais je viens de reporter mon voyage. Je vous dis que je vais dans ces régions. Je parle aux gens, et je sais qu'ils veulent des écoles et faire du sport. Je peux organiser tous les ateliers pour eux.
L'installation que je veux construire leur donnera à toutes une possibilité. Je souhaiterais y amener toutes celles qui ont beaucoup de soutien de l'Occident... Nous avons [difficultés techniques], puis comprendre que ces personnes sont différentes [difficultés techniques]. La crainte, c'est que les gens sont si éloignés les uns des autres. C'est pour cela que les Occidentaux ont peur. Je veux les réunir, les rassembler dans des camps ensemble et qu'ils apprennent les uns des autres. Je pense qu'alors cette peur disparaîtra.
Je serai le plus bref possible.
Je veux vous féliciter, chères témoins. Vous avez été fantastiques. Je suis d'accord avec vous, il n'y a pas de doute que cette question ne doit pas faire l'objet de partisanerie. Le Comité doit produire un rapport qui sera très important pour la suite des choses.
Maintenant, comme je n'ai pas beaucoup de temps à ma disposition, j'aimerais poser la question suivante à Mme Cukier et à Mme Perez. J'aimerais que chacune ait le temps de répondre.
Quelle devrait être, selon vous, la plus importante recommandation de ce comité?
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Nous reprenons nos travaux. Nous allons maintenant accueillir les représentants du prochain groupe, les témoins qui sont ici.
Nous recevons Khalil Shariff, directeur général de la Fondation Aga Khan Canada; M. Kelly Ernst, vice-président, Populations vulnérables, du Centre for Newcomers; et Reid Sirrs, ancien ambassadeur du Canada en Afghanistan, d'Affaires mondiales Canada.
Bienvenue à chacun d'entre vous. Vous avez cinq minutes pour présenter votre déclaration liminaire. Veuillez respecter le temps imparti.
Nous allons commencer par M. Shariff.
Vous avez cinq minutes. Allez‑y, s'il vous plaît.
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Merci, monsieur le président, et merci à vous tous de m'avoir invité à vous faire part de mon point de vue sur les travaux du Comité, compte tenu de la présence importante et de longue date du Réseau Aga Khan de développement en Afghanistan.
Nous travaillons à améliorer la qualité de vie des Afghans depuis 30 ans, et notre engagement à être présent dans le pays aujourd'hui reste ferme et permanent.
Permettez-moi de commencer par un bref historique. La Fondation Aga Khan Canada est une agence canadienne de développement mondial qui s'est associée au gouvernement du Canada et à la population canadienne pour améliorer la qualité de vie des communautés en Asie et en Afrique depuis quatre décennies. La fondation elle-même fait partie d'une famille mondiale d'agences connue sous le nom de Réseau Aga Khan de développement, fondé par Son Altesse l'Aga Khan. Ce réseau est présent dans plus de 30 pays et touche des millions de personnes chaque année.
Notre partenariat avec le Canada en Afghanistan a débuté en 1996, à un autre moment urgent de l'histoire du pays. Le soutien du gouvernement du Canada a été essentiel à nos premiers efforts humanitaires à l'époque, et le Canada est demeuré l'un de nos principaux partenaires depuis ce temps, notamment grâce au soutien clairvoyant d'Affaires mondiales Canada, du Centre de recherches pour le développement international et, notamment, de milliers de Canadiens qui ont contribué en tant que donateurs, collecteurs de fonds et bénévoles, fournissant un soutien essentiel au cours de ces années.
Au cours de cette période, nous avons touché des millions d'Afghans en permettant à des organisations locales solides de se développer, en améliorant la qualité des services essentiels et l'accès à ceux‑ci, comme les soins de santé et l'éducation, en favorisant l'autonomisation et l'égalité des femmes et des filles, en investissant dans les infrastructures et en augmentant les débouchés économiques.
Dans toutes ces activités, nous nous sommes appuyés sur le principe du pluralisme, un principe qui valorise la riche diversité de l'Afghanistan et favorise l'inclusion de tous les segments de la société afghane. Le travail du Canada pour soutenir l'égalité des femmes et des filles a été un élément particulièrement important de ce partenariat.
Aujourd'hui, le travail du Réseau Aga Khan de développement en Afghanistan va de l'intervention humanitaire à la fourniture de services essentiels, en passant par la restauration culturelle, les télécommunications, l'hôtellerie et les services financiers. Les quelque 10 000 employés du Réseau, dont la quasi-totalité sont des Afghans, lui confèrent une portée et une échelle particulières. Devant l'urgence humanitaire actuelle, notre plan d'intervention aspire à lui seul à toucher quelque trois millions d'Afghans. Nous fonctionnons avec un réseau de partenaires internationaux et des collaborations permanentes avec le système des Nations unies et ses agences.
Cette présence et cette expérience nous ont appris qu'un engagement déterminé, transparent et inclusif, mené et dirigé par les Afghans dans leurs collectivités peut réussir et réussit effectivement. En cette période de changement et d'incertitude, notre approche consiste à écouter et à soutenir les gens à l'échelle communautaire pour les aider à réaliser leurs aspirations à une meilleure vie, en se réunissant pour trouver des solutions durables, acceptables et réalisables.
Très certainement, la priorité pour nous aujourd'hui doit être de répondre aux besoins urgents pour sauver des vies. Outre la distribution de nourriture, d'argent liquide et d'autres produits de première nécessité, nous devons également investir de toute urgence dans l'agriculture, les moyens de subsistance et les petites entreprises afin d'arrêter la spirale économique descendante et de réduire le besoin d'aide humanitaire au fil du temps. Le soutien des services essentiels, comme les soins de santé et l'éducation, en particulier pour les femmes, les filles et les autres groupes marginalisés, est également essentiel.
Cependant, même si nous répondons à ces besoins urgents, nous devons en même temps construire pour l'avenir en investissant dans un large éventail d'efforts de développement local, notamment en soutenant les organisations communautaires et les institutions qui leur permettent de fonctionner. En veillant à ce que les voix des citoyens afghans continuent d'être entendues à l'échelle communautaire, ces organisations locales peuvent continuer d'être une force positive et constructive pour le développement, la stabilité et la paix dans tout le pays.
Nous sommes prêts à travailler avec le Canada, comme nous le faisons aujourd'hui avec d'autres partenaires internationaux et locaux pour faire avancer ce travail, mais nous sommes confrontés à des obstacles importants.
L'un d'eux est la crise bancaire générale qui restreint les flux de financement de l'activité économique dans le pays. Un autre obstacle est celui qui empêche expressément le Canada, tant le gouvernement que les autres acteurs canadiens, d'organiser le type de réponse que nos valeurs et nos antécédents en Afghanistan exigent.
Fait encore plus important, les acteurs canadiens ont besoin d'un cadre clair, prévisible et durable pour veiller à ce que les activités que nous considérons tous comme primordiales ne soient pas visées par inadvertance par les dispositions du Code criminel concernant le financement des activités terroristes ou par les sanctions applicables.
Par conséquent, nous encourageons le Comité à donner la priorité à des changements rapides dans les politiques et la législation qui faciliteraient ce travail essentiel, tout comme le Conseil de sécurité des Nations unies et d'autres partenaires aux vues semblables l'ont déjà fait.
Permettez-moi de conclure, monsieur le président. Ni les aspirations des Afghans ordinaires ni la solidarité des Canadiens ordinaires n'ont été perturbées par les changements survenus au cours des derniers mois. Nous sommes certains que, avec la bonne orientation et la bonne volonté, le Canada peut continuer d'être une force positive, un phare d'espoir et de confiance et un contributeur important à l'amélioration de la qualité de vie de tous les Afghans en cette période difficile.
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Merci beaucoup de me recevoir aujourd'hui.
Je vais vous donner un aperçu de ce que je vais dire.
Je suis ici au nom du Centre for Newcomers de Calgary. Nous sommes un important organisme d'établissement qui se consacre à l'intervention auprès des réfugiés, et nous avons une équipe qui travaille sur l'intervention en Afghanistan. Notre champ d'action, cependant, ne concerne pas l'arrivée immédiate. Une fois qu'ils sont arrivés et qu'ils sont là depuis quelques semaines ou quelques mois, nous essayons d'apporter un soutien aux gens. Nous le faisons dans le cadre d'une collaboration avec des groupes locaux — comme le Calgary East Zone Newcomers Collaborative, dont font partie plus de 100 groupes différents — ainsi qu'avec des groupes nationaux. Par exemple, pour les personnes LGBT, nous travaillons avec des parrains privés et la Rainbow Coalition for Refuge dans tout le Canada.
Ce que je vais vous dire est fondé sur les commentaires des chefs de la communauté afghane locale, des Afghans eux-mêmes, que j'ai rencontrés et avec qui j'ai organisé des groupes de discussion, des fournisseurs de services qui ont maintenant fourni des services à bien plus de 400 personnes, et divers partenaires de services.
Parmi les obstacles les plus importants auxquels nous sommes confrontés, il y a ceux associés aux services de soutien différentiels en fonction du type d'immigration. Ceux‑ci sont séparés entre les réfugiés pris en charge par le gouvernement, les réfugiés parrainés par le secteur privé et les demandeurs d'asile, ou ceux qui demandent l'asile au Canada. Tous les Afghans reçoivent différents types de services en fonction de leur statut. C'est très faux, à notre avis, et il faut vraiment faire le ménage.
Ceux qui reçoivent le plus de soutien sont, évidemment, les réfugiés pris en charge par le gouvernement. Ils obtiennent tous les services qu'ils souhaitent. Bien que les réfugiés parrainés par le secteur privé soient admissibles à ces services, ils ne reçoivent pas toujours les services dont ils ont besoin, d'après notre expérience, parce que les bénévoles et les groupes de parrainage privés ne connaissent pas toujours les services, même au sein de leur propre collectivité.
Les demandeurs d'asile ne bénéficient pas d'une aide à l'apprentissage de l'anglais ou à l'établissement avant de devenir des résidents permanents. Bien sûr, les demandeurs d'asile qui n'ont pas encore entamé leur demande d'asile sont ceux qui reçoivent le moins de soutien et doivent compter sur des personnes privées pour recevoir ce soutien.
L'autre question que j'aimerais soulever, c'est que cette réponse différentielle n'est, à notre avis, pas bien reçue par les demandeurs d'asile, surtout si l'on sait que 100 % des demandeurs d'asile afghans au Canada ont été acceptés par la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, mais qu'ils doivent attendre des mois, voire des années, pour obtenir les services dont ils ont besoin... jusqu'à ce qu'ils deviennent des résidents permanents. Souvent, on pointe du doigt des personnes à l'échelle provinciale, municipale et privée pour fournir ce soutien, mais cela aussi est très variable. Les mesures de soutien provinciales et municipales ne sont pas équivalentes aux mesures fédérales, qui sont fournies par IRCC. Cette différence de soutien doit vraiment être éliminée.
L'égalité du service, pour tous les réfugiés, quel que soit leur statut, est extrêmement importante. Comme l'a dit l'un des derniers intervenants, il est extrêmement important de reconnaître prima facie un réfugié à son arrivée, quelle que soit la façon dont il arrive. Cela s'applique également à ce qui se passe en Afghanistan en ce moment. Nous recevons également des dizaines, voire des centaines, de demandes de personnes originaires d'Afghanistan qui sont soit déplacées à l'intérieur du pays, soit récemment déplacées à l'extérieur de l'Afghanistan, et qui demandent à venir au Canada. Nous ne pouvons pas faire grand-chose pour elles, étant donné le manque de réponse d'IRCC dans ces régions et l'incapacité des parrains privés de répondre à l'appel.
Cela dit, je sais que mon temps est écoulé. Je serai heureux de répondre aux questions plus tard.
Monsieur le président, honorables députés et collègues, le 14 octobre 2020, j'ai été nommé 11e ambassadeur du Canada en République islamique d'Afghanistan. Il s'agissait de mon deuxième mandat à Kaboul après ma première affectation en 2014.
Pendant mon mandat, j'ai représenté les intérêts du Canada dans le pays, en me concentrant sur les relations bilatérales, les programmes et les droits de la personne, le développement officiel et l'aide à la sécurité. La grande majorité de cette aide a été gérée par l'intermédiaire d'organismes multilatéraux, non gouvernementaux et de la société civile, avec le soutien de mon équipe à l'ambassade, de mes collègues à Ottawa et d'autres missions dans la région.
Mon équipe m'a également aidé à travailler avec la communauté internationale pour surveiller les pourparlers de paix entre les talibans et la République islamique, qui se déroulaient à Doha. À mesure que les conditions de sécurité se sont détériorées dans le pays, nos priorités se sont élargies pour inclure la mise à jour des conseils aux voyageurs et des messages consulaires, l'exploration des options permettant de poursuivre les programmes dans un environnement partagé ou contrôlé par les talibans, l'élaboration de plans pour maintenir une présence de l'ambassade à Kaboul après le retrait de l'OTAN et pour divers scénarios d'évacuation.
[Français]
Le Canada a un lien profond avec l'Afghanistan et le peuple afghan. Au cours des 20 dernières années, nous avons travaillé aux côtés des citoyens de ce pays pour obtenir des résultats tangibles en matière de démocratie, de droits de la personne, d'éducation, de santé et de liberté de la presse, ce qui a effectivement changé le pays par rapport à ce qu'il était en 2001. Une génération de femmes et d'hommes a participé aux processus politiques démocratiques. Les droits des femmes et des minorités ont été promus et avancés. Une presse libre et dynamique a prospéré, racontant les histoires des Afghans et demandant au gouvernement de rendre des comptes. Les taux d'alphabétisation, en particulier pour les femmes et les filles, se sont améliorés, et les taux de mortalité infantile ont diminué.
Notre legs comprend une génération d'Afghans qui ont vu et expérimenté un mode de vie plus libre avec un gouvernement assumant la responsabilité de la fourniture de services sociaux, un niveau de vie amélioré et un pays où les femmes et les filles sont actives dans tous les aspects de la société.
[Traduction]
Assurer un devoir de diligence raisonnable a été un défi constant à Kaboul. La menace d'attaques terroristes et d'enlèvements, associée à la prévalence généralisée de la COVID‑19, à l'incertitude des fragiles pourparlers de paix et à la diminution des effectifs de l'ambassade ont eu une incidence considérable sur le lieu où nous avons effectué notre travail et la manière dont nous l'avons fait. L'effondrement complet des forces afghanes et la prise de contrôle rapide de l'Afghanistan par les talibans ont été une surprise pour tout le monde.
Jusqu'à quelques jours avant la décision de suspendre temporairement les activités à l'ambassade, le Canada et la communauté internationale s'attendaient à des temps difficiles en août et en septembre, mais pas à une prise de contrôle complète de la capitale. En fait, nous nous attendions à ce que l'armée afghane défende la ville jusqu'à l'arrivée de l'hiver, ce qui laisserait le temps de poursuivre les négociations.
Dans cette optique, nous avons examiné les options permettant de maintenir une présence réduite tout au long de l'automne afin de poursuivre les programmes essentiels et de soutenir les éventuels efforts d'évacuation. Avec le soutien d'une équipe consultative spéciale des Forces armées canadiennes, nous avons été en mesure de mettre à jour continuellement nos concepts d'opération pour maintenir une présence dans le pays jusqu'à une suspension temporaire des opérations et la mise en œuvre d'une opération d'évacuation des non-combattants. Cette équipe a aussi joué un rôle déterminant au moment d'obtenir un espace dans le pont aérien qui est devenu un pont essentiel pour faire sortir un grand nombre de personnes de la capitale.
Le 15 août, Kaboul est tombée aux mains des talibans sans pratiquement opposer de résistance, le président et ses principaux conseillers ont fui le pays, et l'aéroport a été envahi. Plus tard dans l'après-midi, j'ai quitté l'Afghanistan à bord d'un vol militaire canadien avec le reste de mon équipe et quelques Afghans, diplomates étrangers et entrepreneurs internationaux. Quelques jours plus tard, avec le soutien des Forces armées canadiennes, une équipe consulaire spéciale a pu retourner à l'aéroport de Kaboul pour reprendre les efforts d'évacuation.
Travaillant dans des conditions extrêmement difficiles, très fluides et dangereuses, cette équipe civile et militaire a aidé le Canada à soutenir environ 3 700 personnes qui cherchaient à quitter le pays avant la fin du mois.
[Français]
Comme nous l'avons tous constaté, ce n'était que le début d'un effort soutenu qui est devenu de plus en plus compliqué dans un pays sous le contrôle des talibans. Alors que les efforts se poursuivent pour assurer un passage sûr aux Canadiens et aux Afghans, la crise humanitaire croissante et la détérioration de la situation des droits de la personne sont profondément préoccupantes.
Malgré cette triste réalité, le Canada poursuivra ses efforts visant à lutter contre le terrorisme ainsi qu'à exiger des talibans qu'ils respectent leurs obligations internationales.
Je vous remercie de votre attention.
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Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur l'ambassadeur Sirrs, de comparaître devant nous aujourd'hui et merci pour votre service.
Je vous félicite pour votre nouvelle nomination en Argentine, et je vous remercie pour votre service en Afghanistan.
Vous avez dit quelque chose dans votre déclaration liminaire qui me surprend quelque peu. Vous avez mentionné que la chute de Kaboul le 15 août vous a pris par surprise.
À quel moment avez-vous compris que Kaboul allait s'écrouler? Était‑ce le jour ou les deux jours précédents, ou le jour même? Quand vous êtes-vous rendu compte que les talibans n'allaient pas rester à l'extérieur de la capitale, qu'ils allaient y entrer et la prendre?
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Je vous remercie. Je comprends.
Il me semble que les renseignements et les conseils que vous avez reçus en tant qu'ambassadeur n'étaient pas aussi précis qu'ils auraient dû l'être, car de loin, à l'autre bout du monde, il était clair pour nombre d'entre nous en juillet que Kaboul allait tomber. Il suffisait de lire l'ensemble normal des publications quotidiennes comme le New York Times pour comprendre ce qui se passait. C'est pourquoi, en juin et en juillet de cette année‑là, l'opposition a publié à plusieurs reprises des déclarations et des lettres demandant instamment au gouvernement d'entreprendre une évacuation immédiate.
Je ne fais que souligner ce point général.
Peut‑on dire que les efforts réels et urgents d'évacuation ont commencé autour du 12 août ou après cette date? Lorsque vous examinez les données, environ 850 personnes ont été évacuées par le Canada jusqu'au 16 août, puis soudainement, entre le 15 et le 29 août, quelque 2 800 personnes ont été évacuées. Il est clair que les efforts d'évacuation ont considérablement augmenté après la chute de Kaboul le 15 août.
Était‑ce dû au fait que le gouvernement était en mode intérimaire, ou à la chute de Kaboul et au sentiment d'urgence que cette chute a déclenché parmi le personnel?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins de leur présence.
Monsieur Sirrs, j'ai une question pour vous.
D'abord, je voudrais juste commenter ce que vous disiez à la fin, à savoir que les États-Unis avaient toujours une grande présence sur le terrain, alors que le Canada avait quitté le pays environ 10 ans auparavant.
Nous avons beaucoup entendu parler, lors des audiences de notre comité, des difficultés de faire sortir les citoyens afghans d'Afghanistan en ce moment. Vous êtes bien placé pour nous parler des difficultés rencontrées au moment d'évacuer les personnes qui avaient soutenu le Canada et qui ont obtenu du gouvernement afghan les documents nécessaires pour émigrer et partir avant l'automne. Vous êtes également en mesure de nous dire si le gouvernement afghan a érigé des obstacles afin d'empêcher ses propres citoyens de quitter le pays en vue de se rendre au Canada.
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Merci, monsieur le président.
Pour ce qui est des documents nécessaires pour quitter le pays, le processus des mesures d'immigration spéciales était assez simple en matière de documentation. Nous avons rapidement compris que nous devions mettre en place un mécanisme. C'est en fait IRCC qui a créé un mécanisme appelé « document d'aller simple ». Ce titre de voyage permettait aux gens de quitter le pays assez rapidement sans avoir besoin de nombreux documents essentiels, comme un passeport. Nous avions des personnes dont les enfants étaient nés deux semaines plus tôt et qui n'avaient évidemment pas de carte d'identité nationale ou de passeport.
Le problème que nous avons rencontré dans le traitement des personnes à l'aéroport dès le début était que le gouvernement afghan a commencé à interdire l'accès à bord des avions aux personnes qui ne détenaient pas de passeport ou leur tazkira afghane, leur carte d'identité nationale. En fait, nous avons eu un vol qui a été obligé de débarquer environ 70 passagers, je crois, parce qu'il y avait une personne à bord de l'avion qui n'avait pas de passeport en main.
Lorsque je me suis présenté au Bureau du conseiller en matière de sécurité nationale, ainsi qu'à leur ministère des Affaires étrangères, j'ai demandé des exemptions spéciales et des dérogations. Nous en avons reçu une seule pour un vol, et on s'est fait dire qu'après cela, « ça n'arrivera plus jamais ». J'ai parlé de cette question avec mes collègues d'autres ambassades — l'ambassade britannique et l'ambassade américaine — ainsi qu'avec les Néerlandais et les Danois, par exemple, et ils ont tous fait face au même problème. Ils avaient du mal à faire sortir les gens parce que ceux‑ci ne pouvaient pas leur fournir les documents nécessaires leur permettant de monter à bord et de quitter le pays.
Au bout du compte, il s'agissait d'une décision stratégique prise aux échelons supérieurs. Le président du pays ne voulait pas que les Afghans partent puisqu'il pensait qu'il y aurait un exode des cerveaux, et nous lui avons répondu qu'il fallait qu'une partie des cerveaux partent avec nous afin qu'ils puissent revenir et construire le pays plus tard.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Récapitulons rapidement: en 2013, il existait un programme d'immigration, un programme spécial, pour les interprètes de l'armée canadienne. Ce programme a pris fin.
À mon arrivée en 2014, il est devenu évident que certaines des personnes qui n'avaient pas participé au programme ont demandé qu'il soit reconduit. À l'époque, l'ambassadrice Lyons et moi-même avons recommandé à Ottawa de présenter la question à CIC, afin de voir s'il était possible de relancer le programme. Le ministre à cette époque a décidé que non, que suffisamment de temps avait été accordé, et la question n'a donc pas été abordée davantage.
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Merci beaucoup, monsieur le député Brunelle-Duceppe.
La journée du 15 août a été très chaotique. Au moment où nous nous préparions à partir pour aller dans l'enceinte de l'aéroport, il était évident que beaucoup de choses se passaient. Nous pouvions entendre des explosions et voir des incendies dans toute la ville. Lorsque nous sommes entrés dans la partie militaire de l'aéroport, il était évident que la ville était en train d'être assiégée. Il nous a semblé clair que toute une série d'activités chaotiques étaient en cours et qu'elles allaient augmenter et s'intensifier considérablement.
Par conséquent, pour nous, quand la question s'est posée de savoir pourquoi il ne fallait laisser personne derrière nous, à ce moment‑là, l'aéroport tout entier semblait sur le point d'être envahi. Nous avons vu beaucoup d'avions militaires arriver et décharger du matériel et du personnel militaire, et à nos yeux, il était bien trop dangereux de rester sur place et de laisser quelqu'un en danger, au moins jusqu'à ce que nous ayons une idée de ce qui allait se passer à l'aéroport.
Comme nous l'avons tous vu à la télévision, des personnes se sont accrochées à deux avions, qui décollaient après le nôtre, et sont tombées. Il s'en est fallu de peu pour nous, et je pense qu'à l'époque, la décision de retirer tous les Canadiens afin que nous puissions revenir et poursuivre nos efforts par la suite était la bonne.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie tous nos témoins de leurs exposés, et bien sûr, de leur travail.
J'aimerais d'abord m'adresser à l'ambassadeur, si je peux me permettre, et poursuivre sur le sujet de l'évacuation, et même des mesures d'immigration accessibles aux Afghans. D'autres témoins, y compris des majors à la retraite, ont mentionné qu'il y aurait des occasions, par exemple, de se rendre dans un pays tiers pour apporter de l'aide et aider les gens à se mettre en sécurité.
Avez-vous des renseignements ou pouvez-vous nous dire quoi que ce soit à propos de ce que vous avez vu sur le terrain lorsque vous y étiez, pour ce qui est de la façon dont les autres pays ont été en mesure d'accomplir une partie de ce travail? Nous croyons comprendre que les États-Unis et d'autres pays ont pu continuer le travail. Est‑ce que le Canada pourrait apprendre de ces autres pays, afin de tenter d'amener davantage d'Afghans de façon sécuritaire vers des pays tiers et ensuite vers le Canada?