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Bonjour, tout le monde. Bienvenue au comité. Je suis très heureuse que vous soyez ici aujourd'hui.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, nous reprenons notre étude sur les maladies neurologiques.
Comme témoin, nous aurons David Cameron, président et chef de la direction de la Société canadienne de la sclérose latérale amyotrophique. Bienvenue, monsieur Cameron.
Nous entendrons également Nigel Van Loan, un membre du conseil. Bienvenue, Nigel. Je suis contente que vous soyez là.
Nous accueillons aussi François Gros-Louis, professeur adjoint et chercheur très avisé, à ce qu'on dit, qui a son propre laboratoire depuis peu. Bienvenue, François.
Finalement, nous avons Sari Jormanainen. Bienvenue. Je suis vraiment contente que vous soyez ici ce matin, Sari.
Vous aurez 10 minutes chacun pour faire votre exposé.
Nous commencerons avec M. Cameron, s'il vous plaît.
Madame la présidente, mesdames et messieurs, merci beaucoup de cette occasion de venir informer le sous-comité au sujet de la SLA.
Avant d'aller plus loin, j'aimerais dire que je suis venu ici à Ottawa trois fois au cours des quatre dernières semaines. Nous étions ici le 5 octobre à l'occasion de l'événement annuel du Jour sur la Colline parlementaire. Nous avions trois revendications: du financement pour l'IRSC, du soutien pour les aidants naturels et des prestations pour les anciens combattants atteints de la SLA.
Le 5 octobre, j'ai eu la chance de discuter avec le au sujet des prestations pour les anciens combattants atteints de la SLA. On m'a invité de nouveau pour participer à une conférence de presse avec le ministre, au cours de laquelle il a annoncé le versement de prestations aux anciens combattants atteints de la SLA; c'est une mesure remarquable. Je remercie le premier ministre d'être intervenu personnellement dans le dossier et le ministre Blackburn d'avoir adopté cette mesure. C'était très proactif. Donc, voilà une revendication de réglée.
Le 5 octobre, au cours du Jour sur la Colline parlementaire, on m'a invité à un déjeuner, où a dévoilé sa plateforme en ce qui concerne les aidants naturels. Nous l'en avons félicité et encourageons aussi tous les partis à inclure ce dossier dans leur plateforme. Donc, voilà une autre revendication qui est peut-être partiellement réglée.
Maintenant, notre attention se tourne sur l'obtention de financement additionnel pour les IRSC.
Je suis président et chef de la direction de la Société canadienne de la SLA depuis un peu plus de sept ans maintenant et je vais vous dresser un petit historique de l'organisme. La Société canadienne de la sclérose latérale amyotrophique, la Société canadienne de la SLA, a été fondée il y a 33 ans. Il s'agit d'un organisme de bienfaisance dans le domaine de la santé constitué en société qui oeuvre sur la scène nationale. Son conseil d'administration est constitué de 24 bénévoles, dont la majorité des membres sont touchés, d'une façon ou d'une autre, par la maladie. Les gens qui y siègent demanderont souvent à leurs amis de se joindre au conseil. Donc, c'est un groupe très passionné par le dossier. Chacune des 10 provinces a sa propre société de la SLA, pour un total de 11 sociétés au Canada. Un représentant de chaque société provinciale siège au conseil d'administration, constitué de 24 personnes.
Il y a un peu plus de 30 ans, un groupe de neurologues chevronnés a eu l'idée de créer un organisme de bienfaisance dans le domaine de la santé appelé la Société canadienne de la SLA. Leurs raisons étaient simples: la maladie était connue, elle avait été répertoriée par Charcot dans les années 1800, mais la cause de la maladie était toujours inconnue et aucun traitement n'avait encore été trouvé. Donc, l'organisme a été fondé, et l'accent a été mis sur la recherche. Le mandat n'a pas changé depuis les 33 dernières années.
Vous avez entendu beaucoup parler de nos recherches le 8 juin lors de notre première visite au sous-comité. Vous savez que le financement de la recherche est notre premier objectif. En 2003, nous investissions environ 500 000 $ par année dans la recherche en collaboration avec les IRSC et Dystrophie musculaire Canada, et, en 2010, c'est un peu plus de 2 millions de dollars de notre budget qui sont investis dans la recherche. Le financement disponible a donc grandement augmenté.
Il y a environ huit ans, le conseil d'administration a décidé de voir à d'autres aspects en plus de la recherche et de s'attaquer au problème de la qualité de vie, qui était jusque-là le mandat des provinces et des sociétés provinciales. Précisément, nous aidons les 10 sociétés provinciales à pourvoir les services d'aide, dont ils ont la responsabilité. Nous avons donc fourni du personnel. Nous n'assurons pas la prestation des services, parce que cela relève des provinces, mais nous aidons.
Les 11 sociétés de la SLA ont une relation quelque peu unique. Nous nous sommes toutes entendues pour que tout l'argent amassé au pays pour la recherche, par la Société canadienne de la SLA ou l'une des 10 sociétés provinciales, soit acheminé à la Société canadienne de la SLA pour que le tout soit centralisé et que les dons ne soient pas fragmentés. Selon moi, c'est unique dans le monde des organismes de bienfaisance dans le domaine de la santé.
En ce qui concerne nos services de soutien, nous avons créé des ressources pour les gens atteints de la SLA et ceux qui veulent en savoir davantage sur la maladie: les amis et les membres de la famille qui entrent dans ce monde dont ils n'avaient jamais entendu parler auparavant et qui se sentent perdus. Nous avons rédigé un manuel pour les gens qui viennent de recevoir leur diagnostic, et le document est disponible dans les 10 sociétés provinciales. On peut également se le procurer dans les 15 cliniques SLA d'un bout à l'autre du pays ou le télécharger à partir de notre site Web.
Nous avons élaboré un guide sur la SLA pour les médecins de famille, parce que ces professionnels sont souvent les premiers que les patients consultent au sujet de leurs symptômes. L'information se trouve sur des CD-ROM. Le guide a été revu, examiné et sanctionné par des médecins, et nous le distribuons partout au pays au plus grand nombre de gens possible. Les médecins peuvent aussi y accéder en ligne.
Les tout derniers renseignements sur la SLA et les recherches sont disponibles sur notre site Web. Lorsqu'une personne reçoit son diagnostic, et par la suite, elle tient beaucoup à savoir ce qui se fait en matière de recherche. Nous sommes la principale source d'information à ce sujet.
Il y a environ trois ou quatre ans, nous avons décidé de mettre l'accent sur les enfants des personnes atteintes de la SLA. Lorsque le diagnostic tombe, nous avons remarqué que le couple concentre beaucoup ses efforts sur lui-même. L'un quitte son emploi; l'autre devient un aidant naturel. Sans le vouloir, les enfants sont très souvent mis de côté. On les protège de la réalité.
Premièrement, nous avons conçu un site Web interactif qui offre des renseignements en fonction de l'âge de l'enfant pour qu'il, selon sa ville et son âge, puisse trouver des éléments qui lui expliqueront, sans lui faire peur, ce qu'est la SLA. On peut également consulter les brochures classées selon trois différents groupes d'âge.
Cette année, en septembre, nous avons organisé des journées de réflexion pour les jeunes. Nous sommes allés dans toutes les provinces pour inviter les enfants des gens atteints de la SLA, ou les enfants qui ont vécu la maladie d'un proche, à participer à des journées de réflexion dans la région de Toronto. Nous avons accueilli environ 17 jeunes, âgés de 15 à 22 ans pour une fin de semaine. Les jeunes nous ont dit le même commentaire: c'était la première fois qu'ils discutaient avec des gens qui savaient ce dont ils parlaient. Ils n'avaient pas besoin d'expliquer la SLA. Pour la première fois, ils se sentaient vraiment à l'aise de pouvoir parler de ce qui se passait.
Nous espérons renouveler l'expérience. Les jeunes ont quitté revigorés et sont devenus en quelque sorte des messagers sur les médias sociaux. Ils informent les autres sur la SLA via Twitter et le Web.
La Société canadienne de la SLA est un petit organisme de bienfaisance dans le domaine de la santé. L'organisme est géré par 11 personnes. Notre budget annuel est d'un peu moins de 4 millions de dollars, dont 2 millions de dollars qui sont investis dans la recherche. Nous ne demandons pas de financement au gouvernement et n'en recevons pas. Nous organisons nous-mêmes les collectes de fonds. Nos donateurs souhaitent qu'on trouve des solutions. Par conséquent, ils sont très généreux.
Nous sommes l'un des membres fondateurs des Organismes caritatifs neurologiques du Canada, les OCNC. Encore une fois, nous saluons le gouvernement pour son investissement de 15 millions de dollars pour la réalisation de l'étude nationale de la santé des populations relative aux maladies neurologiques.
Je crois que je suis presque rendu à 10 minutes.
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Merci, madame la présidente, et bonjour. Je m'appelle Nigel Van Loan. Je vous remercie de m'avoir invité aujourd'hui.
Maintenant, je suis un membre du conseil de la Société canadienne de la SLA. Auparavant, j'étais le président de la Société ontarienne de la SLA. Pourquoi? Parce qu'en novembre 1999, ma femme, Patricia, a développé la SLA. Notre vie comme nous la connaissions a été arrêtée grossièrement le jour de son diagnostic.
[Traduction]
Ce jour-là, je suis devenu un aidant naturel, assumant le rôle de plus en plus important d'accompagnateur et de pourvoyeur d'aide physique et morale auprès d'un être cher. Veuillez noter que je n'ai pas utilisé le mot « fardeau »: ce mot n'a pas sa place lorsqu'on décrit la relation qui existe entre une personne malade et ses aidants naturels.
Si je devais trouver un élément positif à notre histoire, je dirais que la SLA de Patricia a progressé relativement lentement. Nous avons donc eu plus de temps que la majorité des gens pour nous ajuster et nous assurer que l'aide et les outils seraient en place lorsque viendrait le temps de les utiliser. À l'inverse, j'ai récemment aidé un homme atteint de la SLA ici à Ottawa, dont la maladie progressait si rapidement que les aides techniques lui parvenaient juste avant que son état ne se soit tellement détérioré qu'il faille passer à des aides techniques plus avancées. C'est ça la SLA: il n'y a pas deux cas identiques.
Nous avons eu la chance incroyable que Patricia soit une travailleuse sociale diplômée qui avait passé une bonne partie des 15 dernières années à aider et à soigner les gens atteints de SLA et d'Alzheimer. Elle comprenait le système de soins de santé et était passée maître dans l'art d'utiliser les éléments dont nous étions maintenant devenus dépendants. C'était une chance inouïe, parce qu'il n'y a rien de plus obscur, incompréhensible et indéchiffrable que notre actuel système d'aide pour les maladies terminales à long terme, comme la SLA. Le modèle médical cherche la panacée, la guérison, mais se fait très discret en matière de soins.
La fin de semaine dernière, j'ai assisté au Congrès canadien de soins palliatifs ici à Ottawa et j'ai été soulagé de constater un plus grand nombre d'éléments qui indique que des percées sont faites, que la philosophie des soins palliatifs s'étend, bien que cela se fasse lentement, aux gens atteints de maladies terminales et de maladies mettant la vie en danger, et non seulement en fin de vie, mais rapidement après le diagnostic, soit des mois ou des années avant leur décès.
Dans le même ordre d'idées, bien que je doive admettre à contrecoeur qu'il y a de légers progrès, il semble que nous ayons du mal à concevoir que la prestation de soins adéquats à domicile diminuerait les coûts globaux du système de santé, tout en libérant des lits de soins actifs pour ceux qui en ont vraiment besoin. Toutefois, grâce aux connaissances et aux conseils, souvent nécessaires, de Patricia, nous avons été en mesure de vivre les sept années de sa maladie dégénérative avec une bonne qualité de vie et des contraintes financières tolérables. Elle a pu, comme elle le souhaitait ardemment, mourir paisiblement à la maison en mars 2007.
Je viens de mentionner à l'instant les contraintes financières. Permettez-moi, s'il vous plaît, de répéter que l'implacable dégénérescence de la SLA fait que le patient dépendra de plus en plus des équipements techniques et médicaux pour se déplacer, parler, respirer, manger, se laver et nécessitera l'aide d'une personne compétente sur le plan médical. Cela touche en particulier les gens qui décident de demeurer à la maison pour la majeure partie de leur maladie, voire toute la durée. Et c'est le cas de presque toutes les personnes atteintes de cette maladie. Après tout, personne ne voudrait passer les deux à cinq années qui lui restent à vivre dans un hôpital, et il n'y a pas vraiment d'autres options.
L'annexe A de notre mémoire dresse l'inventaire des coûts typiques de ces équipements. Cela peut varier d'une province à l'autre, mais je vous assure que la grande majorité de ces coûts ne sont pas couverts par les programmes gouvernementaux, peu importe le palier. En Ontario, par exemple, nous avons calculé qu'il en coûte environ 140 000 $ par famille. Par conséquent, la Société ontarienne de la SLA a mis sur pied un excellent programme de prêt d'équipements dont nous avons pu bénéficier afin de pourvoir à bon nombre des besoins de Patricia, mais nous avons tout de même investi 80 000 $ de nos poches, principalement pour adapter la maison — les modifications pour une salle de bain et une maison accessibles aux fauteuils roulants — et acheter une fourgonnette avec accès pour fauteuils roulants. C'est vrai que j'ai reçu des crédits d'impôt à la fin de l'année, parce que je recevais, à titre de revenus, des prestations du régime de pension militaire, mais au début de la maladie de Pat, j'avais renoncé à mon poste de consultant et au salaire qui l'accompagnait. Étant donné que j'étais travailleur autonome, je n'étais pas, bien entendu, admissible à l'assurance-emploi ni au début, ni même après la mise en oeuvre de mesures donnant droit à quelques semaines de prestations pour les aidants naturels.
Par conséquent, vous ne serez pas surpris d'apprendre que j'appuie de tout coeur les suggestions comme le Plan libéral pour les soins familiaux qui consiste à augmenter la durée des prestations d'assurance-emploi et à mettre en place un programme parallèle qui n'est pas exclusivement fondé sur l'emploi. Cela peut s'avérer crucial pour permettre aux familles de survivre. Puisque la personne atteinte de la SLA peut vivre des années avec sa maladie, il serait plus avantageux de permettre aux aidants naturels de travailler à temps partiel sur une longue période de temps plutôt que de prendre quelques semaines à la fois. Je fais appel à tous les partis et vous demande d'inclure dans vos plateformes des propositions pour répondre à ces questions et aux besoins des familles et des aidants naturels.
Madame la présidente, permettez-moi s'il vous plaît de passer à un sujet connexe: les soins et le soutien aux anciens combattants atteints de SLA.
Plus tôt, j'ai mentionné avoir conseillé un homme dont la maladie a progressé très rapidement. Il s'appelait Brian Dyck. En raison de son courage et de son dévouement, il est devenu le visage de la SLA au cours de la dernière année dans la région de la capitale nationale.
On m'a présenté Brian peu de temps après son diagnostic il y a environ un an, et j'ai rapidement appris qu'avant d'être agent de police, il avait été infirmier militaire durant plus de 10 ans et qu'il avait servi, notamment, au Koweït pendant la première guerre du Golfe. Étant donné que j'avais participé assez étroitement aux efforts canadiens au cours de cette guerre, j'avais suivi les rebondissements aux États-Unis entourant l'admission d'un lien probable entre le service militaire pendant cette guerre et l'éclosion, plus tard, de la SLA. En fait, le gouvernement américain, dans sa grande sagesse, avait conclu à la lumière de nombreuses preuves statistiques que, même si le lien de cause à effet ne pouvait pas encore être établi, le service militaire dans n'importe quel théâtre d'opérations augmentait les risques d'éclosion de la SLA.
Conséquemment, les autorités américaines avaient instauré la politique de présomption, qui assure que tout militaire ou ancien combattant qui développe la SLA et sa famille recevront les indemnités et le soutien auxquels ils ont droit. J'ai donc conseillé à Brian de remplir, à titre individuel, une demande pour une pension d'ancien combattant, tout en collaborant avec le personnel de la Société canadienne de la SLA pour faire avancer l'enjeu collectif afin de faire instaurer une politique canadienne semblable à la politique américaine.
Comme vous le savez maintenant, des progrès importants ont été réalisés dans le programme d'Anciens Combattants: tous les dossiers des gens atteints de SLA ont été brillamment traités. Brian a su que sa demande avait été acceptée seulement une semaine avant son décès le mois dernier, et il ne fait aucun doute qu'il était soulagé de savoir que sa femme et sa fille de deux ans recevraient maintenant un soutien financier.
Ce progrès remarquable a été rendu possible par le premier ministre, le ministre des Anciens Combattants, le personnel d'Anciens Combattants Canada, dont l'ombudsman, et bon nombre de députés de tous les partis, qui ont pris conscience du besoin et qui ont fait preuve de compassion.
Vous avez entendu que nous voulons une augmentation du financement des recherches neurologiques au Canada — principalement en augmentant le budget insuffisant des IRSC —, de l'ordre de 350 millions de dollars immédiatement, mais aussi un engagement pluriannuel du gouvernement.
En terminant, permettez-moi d'apporter une nouvelle tangente à mon appel. Au début de mon exposé, j'ai sous-entendu que j'étais devenu un avide partisan de la Société de la SLA et des activités connexes, parce que ma femme a été atteinte de la SLA. Beaucoup peuvent comprendre mon point de vue — on veut aider la recherche pour trouver de l'espoir et un traitement pour l'être aimé. Oui, c'était le cas. Toutefois, je connais suffisamment la science et la technologie pour savoir que nous n'en sommes qu'au début de l'aventure, et qu'elle sera longue et que beaucoup de temps devra être investi avant d'en arriver à comprendre ce qui se produit chez une personne atteinte de la SLA, et encore plus avant de venir à bout de trouver de possibles traitements.
Cependant, je continuerai aussi longtemps que je le peux, parce que ma femme faisait partie des 7 ou 8 p. 100 des personnes atteintes de SLA qui ont hérité de la maladie par l'entremise d'un gène défectueux provenant de sa mère, qui a également été atteinte de la maladie, tout comme ses trois frères et soeurs.
Les recherches ont maintenant prouvé que plusieurs gênes peuvent — possiblement en lien avec un incident déclencheur — mener à l'éclosion de la maladie. Mes enfants ont donc 50 p. 100 de risque de développer la maladie, et il en va de même pour mes petits-enfants. Donc, je souhaite bien égoïstement voir les recherches avancer rapidement.
[Français]
Madame la présidente, il faut dire que les maladies neurologiques ont des points en commun. On fait notre propre travail, mais on lit aussi toujours ce qui se passe pour les autres maladies telles que la maladie de Huntington, la maladie de Parkinson ou l'Alzheimer, parce que certains médicaments efficaces pour certaines maladies peuvent aussi être efficaces pour la SLA. C'est pourquoi on ne demande pas de ressources spécifiquement pour la SLA, mais pour la recherche.
Finalement, on encourage le soutien aux aidants: l'augmentation de la durée des prestations de compassion dans le programme fédéral d'assurance-emploi et la création d'un programme parallèle à celui des prestations de compassion qui ne serait pas fondé sur l'emploi.
[Traduction]
Merci de m'avoir écouté et permis de témoigner sur un sujet qui me tient vraiment à coeur.
Je m'appelle François Gros-Louis. J'ai récemment obtenu un poste de professeur adjoint à l'Université Laval, à Québec.
D'entrée de jeu, j'aimerais remercier les membres du comité de me donner l'occasion de parler de la SLA et de mes recherches à ce sujet.
Je vais poursuivre en français, mais je serai heureux de répondre aux questions dans les deux langues officielles.
[Français]
Je m'appelle François Gros-Louis. J'ai récemment obtenu un poste de professeur adjoint à l'Université Laval, dans la ville de Québec. La plupart des projets de recherche dans lesquels j'ai été impliqué jusqu'à présent ont porté sur la SLA, qui, comme l'ont mentionné mes prédécesseurs, est une maladie neurodégénérative encore incurable aujourd'hui. J'ai fait mon doctorat à l'Université McGill, et ma thèse de doctorat a principalement porté sur la génétique de la SLA. J'ai ensuite poursuivi ma carrière en faisant un stage postdoctoral dans le laboratoire du Dr Jean-Pierre Julien, à Québec. À l'époque, j'avais reçu plusieurs offres de quelques laboratoires de recherche aux États-Unis et en Europe grâce, entre autres, à une initiative de SLA Canada, qui avait mis sur pied, conjointement avec les IRSC, les Instituts de recherche en santé du Canada, un programme de bourses postdoctorales appelé Tim E. Noël Fellowship in ALS Research. Ayant obtenu cette bourse, j'ai décidé finalement de rester au Canada afin de consacrer mes recherches sur la SLA et sur les différents mécanismes pathophysiologiques impliqués dans cette maladie.
Dans le laboratoire du Dr Julien, nous avons été, récemment, les premiers à développer et à démontrer qu'une nouvelle approche thérapeutique basée sur une immunisation passive à l'aide d'anticorps monoclonaux, que nous avons produits, pouvait mener à un prolongement de la survie chez les modèles animaux que nous avons étudiés. Il est encore trop tôt pour dire si cette approche va être efficace dans le traitement de la SLA chez les patients. Il reste encore plusieurs points à éclaircir avant de bien comprendre tous les déterminants biologiques associés à cette découverte et à ce traitement potentiel, mais je crois que nous avons démontré qu'il est important, ici, de continuer de faire de la recherche fondamentale et clinique pour non seulement identifier, comme nous l'avons fait, de nouvelles approches thérapeutiques, mais aussi identifier les différentes causes associées à la SLA et aux autres maladies neurodégénératives.
Pour la plupart des cas de SLA, les causes sont encore inconnues. L'identification des facteurs de risque génétiques et environnementaux associés aux maladies neurodégénératives et à la SLA est une des premières étapes nécessaires afin de bien comprendre les aspects biologiques associés à ces maladies. La compréhension des différents mécanismes biologiques va ensuite nous permettre de développer, comme nous l'avons fait, de nouvelles approches thérapeutiques et de voir à ce que nous trouvons en recherche fondamentale soit rapidement transposé en recherche clinique de façon sécuritaire pour le traitement des patients.
Je pense que nous sommes à un moment idéal pour investir dans la recherche en santé. Au cours des dernières années, nous avons assisté à plusieurs grandes découvertes dont, entre autres, le projet du génome humain et à de grandes avancées technologiques qui deviennent maintenant de plus en plus accessibles pour les laboratoires de recherche académique. Donc, nous avons maintenant les connaissances, la technologie et les infrastructures, car également, au cours des dernières années, plusieurs investissements nécessaires dans les infrastructures de recherche ont été faits par le gouvernement, par l'entremise, par exemple, du Fonds des leaders ou de la FCI, la Canada Foundation for Innovation. Il ne manque maintenant que les fonds de recherche pour faire rouler ces laboratoires de façon optimale.
[Traduction]
Pour la majorité des chercheurs, surtout les jeunes, il est vraiment difficile d'obtenir des fonds pour mener des recherches sur les nouvelles idées folles que nous avons. Nous avons une bonne infrastructure de recherche au Canada. Nous avons maintenant accès aux nouvelles technologies, aux nouveaux outils moléculaires qui n'étaient pas disponibles auparavant. C'est donc le moment parfait pour investir dans la recherche en santé afin de maintenir notre position de chef de file dans la recherche en santé et, en particulier, dans les maladies neurologiques, parce que la population canadienne est de plus en plus vieillissante et les maladies se développant à l'âge adulte sont de plus en plus présentes.
Il nous manque les fonds nécessaires pour mener à bien nos recherches. Jusqu'à tout récemment, personne n'aurait crû que la thérapie d'immunisation aurait des effets bénéfiques pour les personnes atteintes de SLA. Il s'agissait d'une nouvelle idée folle que nous avions eue quelques années plus tôt, mais nous n'avions pas initialement reçu de financement à cet égard. Nous avons dû attendre quelques années pour obtenir les fonds nécessaires pour poursuivre nos recherches. S'il y avait eu davantage de financement dans la recherche en santé, nous aurions pu prouver plus tôt notre hypothèse sur la thérapie d'immunisation dans les cas de personnes atteintes de SLA.
L'investissement accru dans la recherche est logique d'un point de vue économique, pas seulement pour la recherche sur la SLA, mais pour toutes les maladies neurologiques. Les cibles thérapeutiques peuvent fonctionner pour une multitude de maladies neurodégénératives, et les thérapies mises au point pour lutter contre une maladie peuvent s'avérer utiles contre les autres.
Les investissements dans la recherche en santé n'ouvriront pas seulement la voie à de nouvelles approches thérapeutiques, mais maintiendront également au pays les emplois en recherche très bien rémunérés, ce qui est essentiel dans le climat économique actuel. Cela permettra de maintenir notre rôle de chef de file et notre excellence dans la recherche en santé à l'échelle nationale et internationale et de rivaliser avec les investissements importants faits par les autres pays, comme le Royaume-Uni, les États-Unis, la Suède et l'Australie.
Merci beaucoup.
Madame la présidente, mesdames et messieurs les membres du comité, je m'appelle Sari Jormanainen. J'ai 45 ans et j'habite Ottawa avec mon mari Paul et nos deux filles de neuf et douze ans. J'ai reçu mon diagnostic de SLA en avril 2010. Les résultats ont mis beaucoup de temps à arriver, et nous avons appris la mauvaise nouvelle après un long moment d'incertitude. Cela nous a brisé le coeur.
Mes filles sont très passionnées par la cause de la SLA et elles aimeraient que je fasse avancer l'idée de mener des recherches. Elles ont organisé des ventes de pâtisseries et ont fait ce que les jeunes filles peuvent faire, mais nous savons tous que ce ne sera pas suffisant. Il faut un engagement à long terme dans la recherche pour trouver un traitement, et c'est ce qu'elles veulent. C'est ce que nous nous souhaitons tous.
Dans mon cas, il est peut-être trop tard, mais d'autres après moi en auront besoin. L'OMS étudie justement le Canada et prévoit que, d'ici 2040, les maladies neurodégénératives — pas seulement la SLA, mais tout ce groupe de maladies — dépasseront le cancer comme la principale cause de décès.
Je crois que mes filles sont très intelligentes. Elles regardent vers l'avenir et comprennent que les investissements porteront fruit plus tard.
La SLA est sans merci. La dégénérescence dans mon cas est apparente. En l'espace d'un an, j'ai commencé par boiter légèrement du pied droit, à utiliser une canne et maintenant principalement une chaise. Je commence aussi à sentir les effets de la maladie dans mes bras, mes mains et ma gorge. La maladie m'épuise et me fatigue.
J'ai dû renoncer à bien des aspects de ma vie à cause de la maladie. Au début, je croyais que ce ne serait que temporaire, que tout se réglerait. Ce n'est pas le cas. J'étais analyste et planificatrice stratégique principale. J'ai dû renoncer à mon travail, aux sports et à la majorité de mes passe-temps.
J'ai déjà besoin d'aide à domicile pour les tâches quotidiennes. La vie à la maison à changer du tout au tout. Nous avons des aides à la mobilité et des appuis de salle de bain. Des gens viennent nous aider. Nous avons adapté la maison. Certaines aides ont été empruntées à la Société de la SLA, qui nous aide beaucoup. Nous avons acheté certains équipements que nos assurances nous ont partiellement remboursés. Nous avons dû acheter certains éléments dispendieux, parce qu'il n'existe pas de programmes pour nous les procurer, comme des plates-formes élévatrices verticales. J'en ai besoin pour sortir de la maison et me rendre au niveau du sol. Cela a requis beaucoup de travail. Nous avons acheté une douche portative d'occasion, parce que je finirai par vivre à l'étage et j'aurai besoin de me doucher sur cet étage.
Nous sommes conscients que ce n'est que le début. Il manque, entre autres, le lit d'hôpital et les aides respiratoires. Nous devrons installer une toilette à l'étage. Nous n'avons même pas encore commencé à penser à trouver un moyen de transport adapté à mes besoins futurs. Bien entendu, tout cela vient s'ajouter au fait que je faisais partie de la population active avant ma maladie. Maintenant, je n'ai plus de salaire et je crains que la pension d'invalidité ne suffisse pas à combler le manque à gagner.
Notre grande inquiétude est que nous ne sommes qu'au début de ma maladie et nous essayons d'être proactifs en regardant ce que nous pouvons faire pour nous assurer que je peux demeurer à la maison, qu'on peut s'occuper de moi, et, en même temps, que notre famille puisse se tourner vers l'avenir. Par conséquent, nous essayons de conserver un semblant de vie normale pour ne pas priver nos filles et leur permettre d'exceller à l'école et dans leurs activités. Ils ont besoin d'avoir des projets d'avenir.
Qu'est-ce que cela signifie? Concrètement, mon mari, mon soignant, mon amour, assume beaucoup de nouvelles responsabilités. Nos filles font leur part, mais elles sont jeunes et on ne peut pas leur demander de prendre soin de moi. Lorsque ma SLA atteindra un stade avancé, je dépendrai complètement de l'aide de quelqu'un. Cela signifie que mon principal dispensateur de soins devra être avec moi tout le temps. La grande question est la suivante: comment pouvons-nous organiser cela?
Les membres de ma famille me disent clairement qu'ils veulent que je reste à la maison. Je veux rester à la maison. Mon mari devra probablement s'absenter du travail. Mais, nous avons tout de même besoin d'un revenu pour le faire. Nous pouvons avoir l'aide des services de soins communautaires, mais c'est limité. Comme nous ne pouvons pas imposer à nos amis et à notre famille la responsabilité de me fournir des soins de base, nous en arrivons à examiner la grande question des prestations d'assurance-emploi et la façon dont elles nous aideront.
Comme Nigel l'a dit tout à l'heure, la période de dépendance peut être assez longue, et dans le cas de la SLA, c'est souvent le cas. Donc, la période de prestations d'assurance-emploi de six semaines ne sera pas suffisante pour nous. Nous puisons déjà dans nos épargnes, et nous n'en sommes qu'au début.
J'aimerais également remercier le Parti libéral pour le programme qu'il a mis de l'avant en matière d'aide aux familles. En même temps, j'aimerais inviter tous les partis à bonifier leur programme pour les soins de compassion, surtout compte tenu du fait que ces maladies deviennent de plus en plus courantes dans notre société. Je pense que d'un point de vue économique, il est sensé d'aider les gens à rester à la maison.
J'aimerais maintenant vous remercier de m'écouter parler d'une histoire bien personnelle, et j'aimerais vous inviter à poser toutes les questions que vous voulez plus tard, si vous le souhaitez.
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Merci, madame la présidente.
Je n'aurais pas pu l'exprimer mieux. Merci beaucoup.
Vous avez tous les derniers chiffres de la Société ontarienne de la SLA. Comme je suis toujours président du comité des services de soutien, je connais ces chiffres par coeur.
À vrai dire, il y a une croissance phénoménale de la demande de matériel. Tout à l'heure, j'ai parlé du matériel de la Société ontarienne de la SLA. Nos 14 entrepôts comptent plus de 2 millions de dollars de matériel que l'on prête. Même avec tout cela, c'est nettement insuffisant, et nous sommes inondés de demandes pour en acheter encore plus.
Nous venons d'accepter un don d'Anciens Combattants Canada. Le ministère cesse de faire le prêt de matériel et il nous a donné tout son matériel. Nous avons examiné le tout et n'avons gardé que ce qui était encore utilisable. Encore là, ce sera nettement insuffisant pour répondre aux besoins.
À mon avis, on doit considérer tout cela comme un train de mesures pour des soins à domicile. Comme Sari l'a dit, et comme je l'ai dit moi-même, voilà où il y a de la pression. Les gens veulent rester à la maison. C'est l'option la moins coûteuse, si l'on compare aux soins actifs dans un hôpital. Il faut nous assurer que les budgets des soins à domicile permettent d'intégrer des soins, de fournir le matériel au moment voulu, et de fournir de l'aide médicale qualifiée au moment voulu.
Pour ce qui est de ma femme, jusqu'aux dernières semaines de sa vie, elle n'a pas eu besoin d'aide médicale qualifiée, car elle n'a jamais demandé l'appareil respiratoire qui nécessite une surveillance 24 heures par jour. D'autres personnes choisissent de suivre cette voie, et elles ont alors besoin de soins 24 heures par jour.
Un homme, un sous-gouverneur de la Banque du Canada, était atteint de cette maladie. Avant de mourir, il a estimé qu'en tout, les soins qu'il avait reçus grâce à la Banque du Canada avaient coûté environ 1,5 million de dollars — pour recevoir des soins 24 heures par jour et pouvoir continuer de travailler au bureau.
Je ne dis pas que c'est ce dont tout le monde a besoin. Il s'agit d'une proposition coûteuse, et nous devons en quelque sorte coordonner l'aide en soins à domicile intégrés. Malheureusement, c'est une question de compétence provinciale dans une large mesure.
Je veux faire avancer ce plan, car j'ai contribué à son élaboration pour la région de Champlain, en Ontario. Il s'agit d'une démarche intégrée. C'est vous dire combien il est complexe de discuter de tout ce qui est nécessaire pour aider une personne atteinte de SLA. Si l'on bénéficiait de ce type de plan partout au pays, on pourrait fournir les services au moment et à l'endroit voulus.
Merci.
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Je pense que Nigel a soulevé quelques points sur lesquels j'aimerais aussi attirer l'attention.
Je crois que les prestations d'assurance-emploi sont vraiment importantes, mais il serait aussi important d'y retrouver une certaine souplesse. Par exemple, dans mon cas, le système pourrait permettre à mon mari de peut-être commencer par prendre une journée de repos et ensuite lui permettre d'en prendre plus selon les besoins.
Je suis aussi tout à fait d'accord avec Nigel lorsqu'il parle de faire travailler les différents intervenants ensemble. Je parle ici de la clinique de la SLA, où se fait un travail formidable, et de la Société de la sclérose latérale amyotrophique, qui fait un travail tout aussi formidable. Les intervenants du milieu des soins communautaires disposent de peu de ressources, mais jouent un rôle important, qui le devient de plus en plus à mesure que la maladie progresse. Il ne faut pas oublier aussi le médecin de famille, qui a souvent besoin d'aide pour participer de façon active et pour prodiguer les soins requis.
On retrouve, à Ottawa, des équipes de soins palliatifs. Nous sommes chanceux, et nos familles pourront en profiter plus tard. Mais il s'agit, encore une fois, d'un autre facteur, d'une autre équipe qui devra s'ajouter pour nous aider à la maison.
Il faut aussi prendre en compte tout l'aspect émotionnel. Je nous considère toujours chanceux de pouvoir profiter du service, mais bon nombre de familles n'ont pas cette chance. Je reconnais en fait le travail accompli par la Société de la sclérose latérale amyotrophique à ce sujet, car ce sont ses brochures que nous avons montrées à nos enfants. Nous ne pouvions pas les tenir dans l'ignorance lorsque les événements se sont produits.
Je pense donc que cette façon de travailler ensemble existe. Nous savons que le conseil régional de santé Champlain a fait tout ce qu'il a pu pour réunir les morceaux. C'est un travail exemplaire, mais je pense que la même chose doit être faite sur le terrain et je pense qu'il y a encore du travail à faire de ce côté.