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La séance est ouverte. Bon après-midi...
Oh, pardon, bon matin.
Des voix: Oh, oh!
La présidente: Je vous présente mes excuses. Je discutais avec un groupe de personnes dans mon bureau et je n'ai pas vu le temps passer, car je faisais dos à l'horloge, alors j'ai dû arriver au pas de course.
Quoi qu'il en soit, c'est un plaisir d'être ici. Le Sous-comité sur les maladies neurologiques du Comité permanent de la santé se réunit aujourd'hui pour étudier les maladies neurologiques, conformément au paragraphe 108(2) du Règlement.
Nous accueillons aujourd'hui le Dr David Grimes, professeur agrégé à l'Hôpital d'Ottawa, qui est affilié à l'Université d'Ottawa. Je vous souhaite la bienvenue, docteur Grimes.
Nous accueillons aussi, de la Société Parkinson Canada, Carmel Boosamra et Bruce Ireland, président de cet organisme. Je vous souhaite la bienvenue.
Nous entendrons également Chris Sherwood et Frances Squire, qui témoigneront à titre personnel.
Je crois que Chris arrivera sous peu.
Bienvenue, Frances. Nous sommes heureux que vous soyez ici.
J'ai de très bonnes nouvelles à annoncer au comité, des nouvelles que vous trouverez très réconfortantes. Vous vous souvenez de Greg McGinnis, qui est atteint du Parkinson et qui a témoigné devant le comité la semaine dernière. M. McGinnis nous avait dit qu'il n'avait pas assez d'argent pour s'offrir des traitements. Après la réunion de la semaine dernière, les deux médecins qui ont comparu devant le sous-comité, de même que la Société Parkinson, ont pris des arrangements pour que M. McGinnis puisse recevoir des traitements avant de retourner chez lui. Si vous vous rappelez, il n'avait pas les moyens de se payer des injections de Botox. Les médecins lui ont donné un traitement à l'hôpital, et ils ont dit qu'ils continueraient de le traiter.
J'ai trouvé cela extraordinaire et j'ai pensé que le sous-comité serait très heureux d'apprendre qu'il a joué le rôle d'un catalyseur pour qu'on vienne concrètement en aide à une personne. Ce sera une journée très spéciale pour nous aujourd'hui, tant ce matin que cet après-midi, où nous parlerons des cellules souches — je vous en dirai plus à ce sujet tout à l'heure.
Nous examinerons aussi l'avis de motion de à la fin de la réunion. Merci.
Nous allons commencer par le Dr David Grimes.
Je suis un clinicien qui dirige une clinique traitant un très grand nombre de personnes atteintes du Parkinson, ici, à Ottawa. Je fais également de la recherche clinique et de la recherche scientifique fondamentale. Je m'occupe de patients atteints du Parkinson depuis près de 12 ans.
Il est très évident pour moi que, au Canada, nous pourrions faire beaucoup mieux dans les domaines de la recherche fondamentale et de la recherche clinique ainsi qu'au chapitre de la prestation des soins cliniques. Il y a deux ans, j'ai participé à l'organisation d'une réunion qui visait à rassembler tous les spécialistes du Parkinson au Canada, tant les cliniciens que les chercheurs en sciences fondamentales, afin que nous puissions trouver des façons d'améliorer la recherche sur le Parkinson et la prestation des soins aux personnes atteintes de cette maladie.
Un bon nombre de choses sont ressorties de cette réunion. Des représentants de tous les grands centres spécialisés dans la maladie de Parkinson au Canada étaient présents. Il est apparu très clairement que les centres spécialisés dans le Parkinson traitent en fait moins de la moitié des personnes atteintes du Parkinson au Canada, qu'un grand nombre de ces centres couvrent un territoire très étendu — certains patients doivent parcourir une grande distance pour se rendre jusqu'à l'un de ces centres — et que nous pourrions faire un bien meilleur travail si les activités de recherche fondamentale et clinique étaient mieux organisées.
L'une des questions importantes qui a été soulevée à la réunion est la suivante: comment pouvons-nous mieux aider les médecins qui fournissent directement des soins aux patients? Si nous sommes censés être les spécialistes et que nous ne voyons pas tous les patients atteints de cette maladie, comment pouvons-nous aider les médecins qui s'occupent de ces patients?
L'une des façons d'y parvenir, c'est d'examiner les lignes directrices. Nous avons donc passé en revue toutes les lignes directrices différentes qui existent dans le monde. Nous avons constaté que le système de soins de santé canadien était différent des autres systèmes de soins de santé et que nous devions élaborer nos propres lignes directrices. Nous venons d'ailleurs tout juste de terminer le premier jet de ces lignes directrices. Cela a été une opération d'envergure, et nous espérons les faire publier au printemps. Nous espérons vraiment que cette initiative servira de tremplin pour amener un plus grand nombre de médecins à comprendre quelles sont les meilleures options de traitement pour les patients atteints de la maladie de Parkinson au Canada.
L'autre chose qui s'est dégagée de la réunion, c'est que, dans les cliniques spécialisées, les patients reçoivent des services vraiment variables. La plupart des cliniques comptent des infirmières, et la rémunération des infirmières est financée au moyen de diverses sources, parfois les gouvernements provinciaux, parfois les hôpitaux eux-mêmes et, parfois, ce sont les cliniciens qui paient le salaire des infirmières de leurs cliniques.
Quelques cliniques comptent des ergothérapeutes et des physiothérapeutes — ils jouent un rôle très important dans le traitement des patients atteints du Parkinson, qui sont parmi les patients les plus difficiles à traiter —, mais il est très rare de voir des travailleurs sociaux travailler dans nos cliniques. Le Parkinson est une maladie chronique qui évolue lentement, et il est très frustrant de voir que certaines personnes atteintes de cette maladie se rendent dans des hôpitaux, des hôpitaux de soins de courte durée, alors que nous aurions pu très bien éviter cela. Il y a presque toujours au moins un de mes patients qui se rend dans un des hôpitaux de soins de courte durée de la vallée de l'Outaouais, alors que cela n'aurait probablement pas été nécessaire si nous avions eu un travailleur social, quelque chose d'aussi simple que cela. Nous pourrions éviter une telle situation, car cela a une incidence sur les coûts liés aux soins de santé.
De plus, il est devenu très clair qu'il se passe actuellement beaucoup de choses très excitantes dans le domaine de la recherche fondamentale sur le Parkinson et que notre capacité à appliquer ces nouvelles découvertes au traitement clinique augmente rapidement. Il y a un grand nombre de composés mis au point qui feront bientôt l'objet d'essais cliniques.
Je crois que, au Canada, nous pourrions faire davantage pour essayer d'être un chef de file dans ce domaine et d'aider les sociétés pharmaceutiques à mettre au point des traitements en sol canadien. Il y a beaucoup de choses excitantes qui se passent dans le domaine de la recherche sur le Parkinson. Toutefois, il y a encore beaucoup de choses que nous devons faire.
Merci.
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Merci, madame la présidente, et merci, membres du comité, de nous donner l'occasion de nous exprimer au nom des personnes touchées par le Parkinson.
Je m'adresse à vous aujourd'hui à deux titres: d'abord, comme aidant naturel de mon épouse, Karen, qui a reçu un diagnostic de Parkinson à l'âge de 50 ans, et, ensuite, comme bénévole de longue date à la Société Parkinson Canada et président actuel du conseil d'administration.
En 1998, mon épouse, Karen, a sombré dans une grave dépression qui a duré deux ans et a provoqué un épuisement mental total, de sorte qu'elle a été hospitalisée pendant plus de huit semaines. Au cours de cette période de deux ans, le psychiatre de Karen soupçonnait que sa dépression était peut-être causée par un trouble neurologique. Il avait vu juste: Karen a reçu un diagnostic de Parkinson le 27 décembre 2000.
Nous ne nous attendions aucunement à un tel diagnostic, et nous étions très bouleversés. Karen a été réadmise au service de psychiatrie dans le temps de le dire. C'était il y a dix ans, et nous avons alors vécu des moments incroyablement stressants. Notre fils était rendu à l'âge adulte, mais notre fille, Michelle, a le syndrome de Down et vit avec nous. Elle avait alors 17 ans. Karen était littéralement suicidaire, incapable de s'occuper d'elle-même et de sa famille, incapable de travailler. Je travaillais à temps plein à la réalisation du plus grand projet de ma carrière et j'essayais tant bien que mal de maîtriser la situation à la maison.
Jusqu'à maintenant, la plus grande difficulté pour Karen est de composer avec les symptômes non moteurs du Parkinson. Elle souffre de dépression chronique et de troubles de sommeil graves. Chaque soir, elle ingurgite un cocktail de quatre médicaments sans lequel elle ne pourrait tout simplement pas dormir. Sa mobilité est réduite en raison du Parkinson et de la présence d'arthrite grave dans les genoux. Son incapacité à se déplacer lui cause beaucoup de frustration, ce qui exacerbe sa dépression.
L'an dernier, j'ai décidé de prendre une retraite précoce pour m'occuper de Karen et de Michelle. J'ai quitté mes fonctions de président-directeur général du YMCA d'Oakville, après avoir passé 23 ans à la barre de l'association. Je réponds à leurs besoins quotidiens et je m'acquitte des tâches ménagères. Je m'occupe des repas, du ménage, du lavage, de l'épicerie et du transport.
En rétrospective, le Parkinson a coûté très cher à notre famille si on pense à la perte de revenus et aux dépenses occasionnées par cette maladie, à la diminution de notre qualité de vie et au fait que nous avons dû renoncer à certains de nos projets d'avenir. Nous vivons encore bien, mais ce n'est pas la vie que Karen et moi avions imaginée. Notre vie reflète celle de nombreuses personnes touchées par le Parkinson.
À titre de président du conseil d'administration de la Société Parkinson Canada, je vois et j'entends des histoires semblables d'un bout à l'autre du pays. C'est pourquoi le rôle de la Société Parkinson Canada — qui est unique, car il s'agit du seul organisme à soutenir les personnes et les familles frappées par cette maladie — est si crucial.
Grâce à la Société Parkinson Canada, les Canadiens atteints du Parkinson peuvent être mis en contact avec un groupe de soutien près de chez eux. Ils peuvent obtenir des renseignements de très grande qualité au sujet du Parkinson et peuvent prendre leur vie en main en défendant leurs intérêts et ceux de la communauté de personnes qui vivent avec le Parkinson.
La Société Parkinson Canada joue également un rôle inestimable dans le financement de la recherche sur le Parkinson au Canada, investissant les dons dans des activités de recherche fondamentale, clinique et psychosociale, lesquelles sont essentielles pour améliorer la qualité de vie des personnes atteintes de cette maladie et pour mettre au point un traitement qui stoppera la progression de la maladie. Les organismes de bienfaisance comme la Société Parkinson Canada qui oeuvrent dans le domaine de la santé sont trop souvent oubliés, mais ils jouent un rôle déterminant dans l'avancement des neurosciences au Canada. Malheureusement, les dons que nous recevons étant modestes, nous finançons moins de projets que nous le voudrions. Il peut être très frustrant de refuser autant d'excellents projets examinés par des pairs. Pour cette raison, la Société Parkinson Canada travaille avec ses collègues des OCNC à la création d'un partenariat de recherche innovateur avec le gouvernement du Canada doté d'un financement quinquennal de 600 millions de dollars; ce partenariat viserait à accroître les dons du secteur privé afin d'obtenir le maximum de résultats.
En outre, la Société Parkinson Canada veille à ce que les Canadiens atteints du Parkinson reçoivent des soins de qualité supérieure. En 2005, nous avons conçu un programme national pour sensibiliser davantage les médecins de famille sur la maladie de Parkinson. Au cours des dernières années, nous avons contribué à mettre sur pied l'Alliance pour la recherche sur la maladie de Parkinson, qui regroupe des chercheurs canadiens se consacrant à l'étude de la maladie de Parkinson. L'une des réalisations les plus excitantes de ce groupe est l'élaboration de lignes directrices cliniques canadiennes sur le Parkinson qui seront publiées en 2011.
Récemment, la Société Parkinson Canada a lancé un programme pour sensibiliser le personnel hospitalier et des établissements de soins de longue durée à l'importance d'administrer chaque fois les médicaments contre le Parkinson au moment opportun. Le programme, intitulé « Le prendre à temps », est un excellent exemple de collaboration internationale. Ce programme a été créé par le Royaume-Uni, qui a ensuite fait connaître cette pratique exemplaire au Canada. Comme dans le cas des activités de recherche que nous appuyons, cette initiative est entièrement financée avec l'argent des dons, car la Société Parkinson Canada ne reçoit aucun fonds de l'un ou l'autre des ordres de gouvernement.
En conclusion, j'aimerais encore remercier chacun d'entre vous d'entreprendre cette étude. Les maladies neurologiques comme le Parkinson frappent des familles dans toutes les circonscriptions du pays.
J'espère que votre travail — mené en marge du travail important qui sera accompli dans le cadre de l'étude nationale de la santé des populations relative aux maladies neurologiques — attirera l'attention nécessaire sur les maladies neurologiques comme le Parkinson, car il s'agit d'un problème de santé, social et économique urgent auquel fait face le Canada.
Merci.
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Bonjour. Je m'appelle Carmel Boosamra, et je veux vous remercier de m'offrir la possibilité de vous parler aujourd'hui de mon expérience en tant qu'aidante naturelle d'une personne qui a été atteinte de la maladie de Parkinson pendant presque 17 ans.
Lorsque mon défunt mari a reçu son diagnostic de la maladie de Parkinson, nous ne pouvions pas nous imaginer le long chemin parsemé d'embûches que nous allions parcourir ensemble.
D'abord, je veux insister sur le fait que, au cours de mon expérience comme aidante naturelle, j'ai vécu toute la gamme des difficultés qu'une famille doit surmonter lorsqu'elle s'occupe d'une personne atteinte du Parkinson. J'ai vu mon époux, Frank, qui était un membre actif de la société, propriétaire et exploitant d'une petite entreprise, devenir une personne totalement dépendante du soutien d'un vaste éventail d'organismes sociaux et finir ses jours dans un établissement de soins de longue durée.
Jamais je n'aurais pu imaginer que je deviendrais l'aidante d'un homme qui avait été sociable et jovial et qui mordait à belles dents dans la vie. Il y a eu une réduction rapide de sa mobilité: il pouvait d'abord marcher seul, puis il a eu besoin d'une canne et ensuite d'une marchette, et, à la fin, il était confiné à son fauteuil roulant. Je devais assumer un rôle de plus en plus exigeant qui m'amenait à répondre à ses besoins quotidiens, à m'occuper de ses nombreux rendez-vous médicaux et à lui administrer quotidiennement ses médicaments, tout en collaborant avec son neurologue pour essayer de trouver les médicaments qui soulageraient le mieux ses symptômes à mesure qu'ils s'intensifiaient. J'ai négocié avec le personnel du centre d'accès aux soins communautaires de ma localité et plaidé pour obtenir les soins à domicile dont nous avions grandement besoin et je communiquais continuellement avec les nombreux organismes sociaux communautaires pour avoir du soutien.
Je m'acquittais de toutes ces responsabilités tout en travaillant à temps plein. Avec le recul, je me rends maintenant compte que j'ai souffert d'épuisement, mais, au cours de cette période, j'étais en mode survie. Je m'avancerais à dire que c'est un problème courant chez les personnes appelées à jouer ce rôle.
Après quelque cinq années, il m'est apparu clairement que je n'avais plus la capacité ni la force de soutenir moralement et physiquement mon époux, qui présentait alors un déclin des capacités cognitives et qui réagissait de moins en moins aux médicaments. Les mots me manquent pour dire à quel point j'étais inquiète chaque fois que je quittais la maison pour aller au travail, sachant que mon époux était livré à lui-même et priant pour qu'il ne lui arrive rien de grave pendant mon absence.
J'ai dû prendre la décision la plus difficile qui soit, à savoir que le temps était venu de placer Frank dans un établissement de soins de longue durée. Au cours des cinq années suivantes, j'ai assisté, impuissante, à l'apparition, chez mon époux, de la démence à corps de Lewy, ce qui a accentué le déclin de ses capacités cognitives. Lorsqu'il a perdu la capacité de s'exprimer oralement et qu'il a présenté toutes les caractéristiques du stade avancé de la maladie de Parkinson, notre relation conjugale s'est limitée à mes visites quotidiennes pour le nourrir et lui tenir la main.
Dans tout cela, il y avait le fardeau financier que représentait cette maladie pour notre famille. Très tôt, mon époux et moi-même avons dû prendre une décision difficile: mon époux devait quitter son emploi, et nous devions compter sur ses prestations d'invalidité du Régime de pensions du Canada et sur mon salaire pour subvenir à nos besoins quotidiens. Il y avait de nombreuses dépenses médicales qui n'étaient pas couvertes par le régime provincial d'assurance-maladie ni par une assurance privée. Chaque année, au moment de produire les déclarations de revenus, j'étais toujours stupéfiée de constater le montant des dépenses médicales que nous réclamions. En raison des dépenses élevées que nous devions engager pour des choses comme les aides à la vie quotidienne et les aides à la mobilité, il était hors de question que je prenne congé de mon emploi, car une partie de ces dépenses étaient remboursées par le régime d'assurance médicale de mon employeur.
Le stress causé par mon rôle d'aidante naturelle a eu un coût très élevé sur ma santé, dans la mesure où, deux mois après le décès de mon époux, j'ai reçu un diagnostic de cancer du sein envahissant. Cette maladie m'a volé une année et demie de ma vie. J'en fais mention parce que, plus tôt cette année-là, j'avais vu un signe très évident qui indiquait que quelque chose n'allait pas chez moi, mais j'ai fait comme si de rien n'était parce que je me dévouais corps et âme à mon époux.
L'expérience que j'ai vécue comme aidante naturelle d'une personne atteinte du Parkinson n'est pas si différente de celle d'autres personnes qui s'occupent d'un être cher. La vie familiale est profondément bouleversée lorsqu'un membre de la famille reçoit un diagnostic de Parkinson, car il faut alors faire son chemin dans le réseau des soins de santé pour veiller à ce que la personne malade reçoive un diagnostic et des soins appropriés et essayer d'atténuer tous les symptômes du Parkinson et de trouver des moyens de s'adapter aux conséquences de cette maladie sur la vie quotidienne.
Une telle situation oblige la famille à côtoyer de près un réseau de la santé qui ne fait pas du bon travail pour ce qui est de diagnostiquer le Parkinson et traiter les personnes atteintes de cette maladie. Le réseau de la santé ne recourt pas à une approche claire et multidisciplinaire pour gérer cette maladie, et les professionnels de la santé sont très peu informés sur le Parkinson.
Je sais maintenant que cette maladie est très mal comprise du grand public et du personnel de la santé. C'est pourquoi j'ai consacré autant de temps à défendre les droits des personnes qui vivent avec le Parkinson. Je veux provoquer un changement d'attitude chez les décideurs du gouvernement en les renseignant sur cette maladie et sur les besoins qui en découlent.
Je suis enthousiaste au sujet de la stratégie sur les maladies du cerveau qui est proposée et qui aborderait divers aspects: les soins intégrés, le soutien aux aidants naturels, l'éducation et la sensibilisation du public, pour ne nommer que ceux-là.
J'espère que cette stratégie portera ses fruits. Elle réduira de manière considérable le fardeau que représentent les maladies neurologiques et donnera de l'espoir aux nombreux Canadiens qui vivent avec une maladie du cerveau.
Ce serait la meilleure façon d'honorer la mémoire de mon défunt mari.
Merci.
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La première fois qu'on m'a annoncé officiellement que j'étais atteint du Parkinson, je me trouvais dans le bureau d'un neurologue qui, tout en procédant à un examen neurologique global, a vérifié si mes membres étaient rigides. Comme je suis infirmier, je savais ce qu'il faisait et je lui ai dit: « Vous évaluez si j'ai des symptômes du Parkinson », ce à quoi il a répondu: « Je n'évalue pas si vous avez le Parkinson; vous avez le Parkinson. »
Nul besoin de vous dire que l’attitude directe et impassible du médecin était loin d'être réconfortante, de sorte que je ne suis jamais retourné le voir.
Quelques mois plus tard, j'ai commencé à consulter un spécialiste des troubles du mouvement — une sous-spécialité de la neurologie —, et cette personne bien intentionnée a essayé de me rassurer, mais sa tentative a été tout aussi vaine. Il m'a dit: « Ne t'inquiète pas, Chris, tu n'en mourras pas » — du Parkinson, bien entendu.
Je lui ai répondu: « Je veux être sûr de bien comprendre. À moins de circonstances imprévues, je vais mourir de complications liées au Parkinson, lesquelles ne surviendraient pas si je n'avais pas le Parkinson. Est-ce que cela veut dire que les personnes atteintes du sida ne meurent pas du sida; elles meurent de complications liées au sida? »
Il va sans dire qu'il a compris où je voulais en venir et a reconnu que j'avais raison.
Mais le fait d'être bien intentionné ne vous rend pas forcément compétent. Je ne veux pas laisser croire que cette personne manquait de compétence sur d'autres plans, mais, dans cette situation en particulier, elle n'était manifestement pas à la hauteur.
Quelle serait la portée de son commentaire? Autrement dit, qu'est-ce que cela changerait? Comme je suis un professionnel des soins palliatifs, j'ai pu prendre du recul et porter un regard assez objectif sur la situation à ce moment-là. Je savais qu'il n'avait pas eu l'intention d'être désagréable, mais c'est néanmoins ce qui est arrivé. Ce médecin, qui était le professionnel doté d'un savoir et d'une expertise, avait pour rôle de m'informer — moi, le patient — du diagnostic.
La plupart des patients ne sont pas comme moi. Ils ne sont vraiment pas au courant de ce genre de choses. L'information que transmet un neurologue peut avoir une énorme incidence sur leur compréhension de la maladie et de ce à quoi ressemblera leur avenir.
Voilà la portée de ce commentaire. Si un médecin ne peut m'aider à voir ce que je ne vois pas encore, qu'est-ce que je ferais différemment? Par exemple, si, dans 10 ans, lorsque je déciderai de faire la croisière sur la Méditerranée que j'ai toujours voulu faire, ma maladie a progressé au point où je ne peux plus faire cette croisière, l'aurais-je fais plus tôt? On pourrait appliquer cela à toute autre situation, y compris le congé d'aidant naturel, le fait de simplement passer du temps en famille, etc.
Certaines personnes peuvent ne pas vouloir apprendre ce qu'elles ne savent pas encore, et, dans de tels cas, les médecins ne devraient pas les bombarder de renseignements qu'elles ne sont pas prêtes à entendre. Mais, en même temps, les médecins ne devraient pas retenir l'information que des patients sont prêts à entendre.
Que signifie la notion de « soutien » pour les personnes atteintes du Parkinson? Le fonctionnement du système de soins de santé s'est toujours appuyé sur des données d'évaluation qui sont recueillies par un certain nombre de méthodes objectives — la tomodensitométrie, la biopsie, l'analyse sanguine et toute autre forme d'analyses qui fournissent des renseignements très utiles, mais qui ne révèlent absolument rien sur l'expérience subjective de la maladie, c'est-à-dire ce que ressent une personne qui vit avec la maladie.
J'aimerais citer un médecin avec lequel j'ai travaillé à Vancouver; il y a de nombreuses années, ce médecin a réalisé une étude sur ce que souhaitaient les personnes mourantes. Bien que je ne me considère pas nécessairement comme une personne mourante proprement dite, la question transcende la réalité des personnes mourantes et s'applique à tous ceux qui reçoivent des soins. Voici ce que ce médecin a dit:
La façon dont les fournisseurs de soins de santé se sont adressés à moi m'a causé plus de souffrance que la maladie elle-même.
C'est l'affirmation qui m'a le plus étonné. Je ne voulais pas l'entendre. Au début, je l'ai mise de côté et j'ai banalisé l'expérience des co-chercheurs. Mais c'est une affirmation que je n'ai pas pu laisser de côté bien longtemps.
Cette affirmation a refait surface tout au long de l'étude, et le Dr Kuhl mène actuellement d'autres travaux de recherche à ce sujet.
Vivre avec la maladie signifie vivre avec la souffrance, qu'il s'agisse du Parkinson ou d'autres maladies. Mais les fournisseurs de soins de santé sont constamment exposés à la souffrance, jour et nuit. Au fil du temps, ils éprouvent de la fatigue et trouvent de plus en plus difficile de savoir comment réagir à cette souffrance.
C'est là que les soins palliatifs prennent toute leur importance. Les soins palliatifs ne s'adressent pas uniquement aux personnes mourantes et ne devraient pas être limités à des programmes spécialisés axés exclusivement sur ce type de soins. La définition que nous utilisons au Canada est la suivante: des soins qui visent à soulager la souffrance d'une personne, à améliorer sa qualité de vie et à l'aider à mourir dans la dignité.
Les soins palliatifs et les soins destinés au traitement ne sont pas mutuellement exclusifs. Mais les soins palliatifs sont particulièrement importants dans le cas des maladies incurables, y compris le Parkinson.
Les soins palliatifs sont en réalité des soins de santé de qualité qui constituent le modèle à suivre. Le domaine des soins palliatifs existe tout simplement parce que des personnes ont fait remarquer que nous n'offrions pas des soins de santé de qualité à ceux qui sont atteints d'une maladie mortelle évolutive.
Il est important de souligner que 90 p. 100 d'entre nous mourront d'une forme ou d'une autre de maladie évolutive. Moins de 10 p. 100 des gens mourront subitement. Comme société, nous devons nous demander comment nous voulons prendre soin des 90 p. 100 qui se retrouveront un jour dans cette situation. À quoi devraient ressembler des soins palliatifs de qualité?
Je vais faire un autre commentaire. À l'heure actuelle, le système de soins de santé est extrêmement inéquitable. Les personnes atteintes d'une maladie évolutive reçoivent des soins de qualité très inférieure à ceux que reçoivent les personnes atteintes d'une maladie plus aiguë, comme le cancer. Les personnes atteintes d'une maladie évolutive finissent, à un moment ou à un autre, dans un établissement de soins de longue durée. Si vous demandez à ces personnes si elles souhaitent aller dans ce genre d'endroit, elles répondront presque toujours par la négative.
Il faut mentionner que les soins de longue durée ne sont plus, à proprement parler, des soins de longue durée. Il s'agit surtout de soins en fin de vie, de sorte que la durée moyenne du séjour, de l'admission au départ — c'est-à-dire, le décès —, est de moins de deux ans. Le secteur des soins de longue durée n'est pas outillé pour composer avec les besoins de ce groupe de personnes présentant des différences immenses.
Je vais improviser pour deux ou trois minutes. Hier soir, je me suis adressé à un groupe de personnes qui travaillent exclusivement dans le domaine des soins de longue durée. Je leur ai demandé qui parmi eux souhaitait se retrouver un jour dans un établissement de soins de longue durée. Aucun n'a levé la main, et il y avait environ 40 ou 50 personnes dans la salle.
Je leur ai dit: « Attendez une minute. Qui parmi vous souhaite se retrouver un jour dans un établissement de soins de longue durée? Vous travaillez dans ce domaine. » Personne n'a levé la main.
Alors je leur ai posé la question suivante: Pourquoi avons-nous créé un système dont personne ne veut, et que pourrait-on faire différemment?
On peut faire un parallèle avec les établissements psychiatriques qui existaient il y a de nombreuses années, où des gens étaient placés et isolés dans de grandes bâtisses impersonnelles. C'est ce que nous faisons avec les personnes mourantes, car plus de 60 ou 70 p. 100 d'entre elles meurent dans de grandes bâtisses impersonnelles. Les choses peuvent se passer autrement, mais nous nous sommes résignés à croire que le système actuel est le seul que nous pouvons avoir.
Que pourrait-on faire différemment?
Créer de plus petits établissements. Dans de plus petits établissements, on peut offrir des soins plus personnalisés. C'est à cela que ressemble une maison de soins palliatifs — ni plus, ni moins —, et l'accès à ce genre d'établissement ne doit pas être limité aux personnes mourantes.
Pourquoi cela est-il important? Parce que le milieu compte pour beaucoup. Si le milieu comptait pour rien, on pourrait prendre tous les soins qu'on offre à quiconque dans le plus beau des endroits et les offrir dans une cellule de prison, mais disons que l'expérience ne serait pas aussi sympathique.
Pourquoi ne pas créer des milieux plus intégrés à nos collectivités et, ce faisant, permettre aux gens de vivre de façon plus intégrée dans leur collectivité?
Je m'appelle Fran Squire, et je suis une personne atteinte du Parkinson. J'ai reçu mon diagnostic il y a 16 ans; à ce moment-là, j'enseignais en 7e et en 8e années, je rédigeais une thèse de doctorat en éducation et j'élevais deux jeunes enfants.
Le diagnostic est le premier obstacle que doivent surmonter les personnes atteintes d'une maladie chronique. En 1994, j'ai eu beaucoup de difficulté à négocier un virage en ski. Quelques mois plus tard, mon époux et moi-même nous trouvions dans le bureau d'un neurologue pour être informés des résultats d'une batterie de tests qu'on m'avait fait subir.
Le très jeune médecin — dont j'ai depuis oublié le nom — m'a regardée par-dessus ses lunettes à monture en titane et m'a demandé: « Vivez-vous dans une maison à étage? » J'ai répondu par l'affirmative. « Alors vous feriez mieux de penser à déménager; vous serez gravement invalide dans cinq ans. La bonne nouvelle, c'est que vous n'avez pas une tumeur au cerveau, mais la mauvaise nouvelle, c'est que vous avez le Parkinson. »
Le Parkinson! Mais je n'ai que 49 ans. Ce ne sont pas les gens âgés qui ont le Parkinson? Que voulez-vous dire par « invalide »? Qu'est-ce que le Parkinson, de toute façon?
Mais il refermait déjà mon dossier — il refermait mon dossier, juste comme ça.
Alors voilà où j'en suis aujourd'hui, et je m'en sors bien jusqu'à maintenant. Je suis chanceuse parce que je vis dans une ville où je peux avoir accès à des spécialistes des troubles du mouvement, mes symptômes progressent — mais lentement —, et je réagis bien aux médicaments. D'autres ne sont pas aussi chanceux.
Le moyen que j'ai trouvé pour faire face à la maladie, c'est de m'engager, d'être à la tête de quelque chose. J'ai été présidente du conseil de la Société Parkinson Ottawa, où j'ai fait du bénévolat pendant neuf ans à titre de membre du conseil et de rédactrice en chef du bulletin d'information. Je viens tout juste de siéger pendant six ans au conseil d'administration de la Société Parkinson Canada, où j'ai surtout pris part aux activités du comité des politiques de recherche. Durant mon mandat, nous avons ajouté un programme de recherche psychosociale aux bourses de recherche biomédicale déjà offertes. Ce domaine de recherche est axé sur la qualité de vie des personnes atteintes du Parkinson et vise, entre autres, à comprendre et à traiter les systèmes non moteurs. Je suis encouragée par les travaux réalisés dans ce domaine, car, bien qu'un traitement soit nécessaire, nous devons tout de même apprendre à fonctionner dans le monde en attendant la découverte d'un traitement.
J'aimerais vous expliquer aujourd'hui ce qu'est le Parkinson et ce qu'il n'est pas. Le Parkinson ne se résume pas seulement au léger tremblement que peuvent présenter les gens âgés. Les tremblements ne sont que la pointe de l'iceberg. Le Parkinson est une maladie complexe qui touche tous les aspects de la vie d'une personne. Oui, il y a des symptômes physiques visibles: les tremblements, la maladresse des mouvements, la lenteur des pas. Mais il y a aussi des symptômes cognitifs et émotionnels: la dépression, l'anxiété, le déclin des capacités cognitives et les troubles du sommeil. Le Parkinson touche des familles entières, et les répercussions varient selon le stade de la maladie.
Le Parkinson est une maladie neurologique dégénérative, et le terme « dégénératif » est lourd de sens. Votre état ne s'améliore jamais; on essaie seulement de soulager les symptômes en recourant à un nombre toujours croissant de médicaments. L'évolution et le traitement de la maladie varient d'une personne à une autre. Souvent, les effets indésirables sont pires que les symptômes. On n'a pas encore réussi à trouver la cause de cette maladie, et, par conséquent, il n'existe aucun remède. Les tremblements de repos sont le symptôme le plus apparent. Les autres symptômes découlent du déclin de tout l'organisme: la rigidité des membres, la lenteur des mouvements, le manque d'équilibre, une démarche maladroite, la difficulté à avaler, la constipation, la lenteur du discours, une diminution du timbre de la voix, des difficultés d'élocution, l'apparition d'un masque figé, l'absence d'expression faciale, les troubles du sommeil et la dépression.
Le Parkinson n'est pas une maladie attrayante. Les personnes qui sentent qu'on pose sur elles un regard accusateur ou qui entendent le rire de ceux qui ne comprennent pas ce qu'elles vivent sont toutes victimes de la stigmatisation associée à la maladie de Parkinson. Non, je ne suis pas soûle; je titube en marchant et je perds souvent l'équilibre. Il m'arrive souvent d'être projetée vers l'avant lorsque je marche et de trembler lorsque je mange.
J'ai parfois honte, mais il y a un endroit où je me sens à l'aise, et c'est au sein de mon groupe de soutien pour les personnes atteintes du Parkinson. Je fais également partie d'un petit groupe de femmes — nous nous sommes surnommées « les dames qui tremblent beaucoup en mangeant » — qui se réunissent pour s'entraider et créer des liens d'amitié. Nous avons été éprouvées l'an dernier par le décès de l'une des membres du groupe, et, aujourd'hui, une autre mère de famille monoparentale, qui est âgée de 42 ans, est confinée à son fauteuil roulant et a besoin de l'aide d'un préposé aux soins personnels le soir. Bien qu'ils ne reçoivent aucun financement du gouvernement, les organismes régionaux essaient de fournir des services de soutien et d'éducation pour aider tant la personne atteinte de Parkinson que les gens qui s'occupent d'elle.
En conclusion, j'aimerais vous faire part de notes que j'ai écrites dans mon journal personnel quelques années après avoir reçu le diagnostic. Je commençais tout juste à comprendre la portée du terme « dégénératif ». Je crois que ces notes donnent un aperçu de l'avenir et soulignent la nécessité d'adopter des stratégies de collaboration, comme la stratégie proposée à l'égard des maladies du cerveau, au sein du réseau de soins de santé pour offrir un meilleur avenir aux personnes qui vivent avec le Parkinson.
Vivre avec le Parkinson, c'est comme avancer inexorablement dans un tunnel de plus en plus noir. Il y a encore un peu de lumière lorsqu'on commence à bouger, mais elle disparaît rapidement. Pour l'instant, le tunnel n'a pas de fin, il ne laisse passer aucun rayon de lumière, et il n'y a pas assez d'espace pour faire demi-tour. Pour les personnes atteintes du Parkinson, les mouvements peuvent être dyskinétiques, le corps et l'esprit sont déconnectés, les bras et les jambes sont secoués de spasmes, comme si on était pris dans une machine à laver pendant le cycle d'essorage.
À l'autre extrême, le corps peut être rigide et froid, et vous êtes incapable d'avancer. Vous ne pouvez pas appeler à l'aide, car votre voix est faible et vous avez de la difficulté à articuler. Vous avez peut-être des hallucinations — d'autres personnes ou des créatures dans le tunnel — qui peuvent être bienveillantes ou terrifiantes et oppressantes.
Les gens pourraient mal interpréter votre attitude parce que votre visage ne montre aucune émotion; le masque du Parkinson vous isole de votre milieu social. Vous pouvez devenir gravement dépressif. Vous vous déplacez dans le tunnel en traînant les pieds, en adoptant une démarche étrange, en trébuchant tous les deux ou trois pas. Si vous êtes chanceux, vous vous rappellerez où vous vouliez aller et pourquoi.
Merci.
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L'une des choses que nous avons prises en considération lorsque nous tentions d'élaborer les lignes directrices, c'est que, comme je l'ai mentionné, certains pays ont mis en place des lignes directrices, et l'une des grandes difficultés dans le cas du Parkinson, pour ce qui est de la médecine factuelle, c'est que nous avons peu de données fondées sur l'expérience clinique pour traiter la dépression, les problèmes de vessie ou d'intestin ou toutes les autres choses, ces symptômes non moteurs dont on entend de plus en plus parler dans le cas du Parkinson.
Donc, nous ne disposons pas d'une très grande quantité de données fondées sur l'expérience clinique. Si on regarde ce que disent les lignes directrices de l'American Academy of Neurology — qui ont été publiées cette année — au sujet du traitement de ces symptômes non-moteur, on constate qu'il y a six ou huit grands thèmes différents dans le cas du Parkinson. L'American Academy of Neurology a formulé trois recommandations qui étaient terribles.
Donc, nous devons prendre du recul et dire: même s'il n'y a pas de données médicales factuelles, il n'en demeure pas moins que nous devons traiter ces personnes, nous devons diagnostiquer la maladie. Comment pouvons-nous trouver la meilleure façon de faire cela au Canada? C'est ce que nous avons tenté de faire en élaborant les lignes directrices.
Il est clair que nous devons encore approfondir la recherche pour trouver de meilleures méthodes pour diagnostiquer la maladie de Parkinson. Nous devons encore faire un meilleur travail dans ce domaine, car, actuellement, les gens n'ont d'autre choix que de venir à mon bureau et de m'entendre leur dire, oui, vous avez le Parkinson, et, non, il n'existe aucun test qui confirmerait que vous êtes bel et bien atteint de cette maladie.
Les personnes que nous voyons sont des cas très compliqués et présentent de nombreux problèmes de santé différents, et je ne suis décidément pas un spécialiste dans le traitement de nombre de ces problèmes — le manque d'équilibre, quel type de canne ou de marchette conviendrait le mieux, les différents appareils qui peuvent vous aider à descendre du lit, quels sont les meilleurs exercices que devrait faire une personne qui a un problème de hanche, en plus du Parkinson, ou un problème de genou. Ce sont toutes des choses pour lesquelles je suis loin d'être un spécialiste.
C'est là qu'entre en scène l'équipe multidisciplinaire. Est-ce que je téléphone aux patients le soir, après que je leur ai annoncé qu'ils étaient atteints du Parkinson? La réponse est non, je n'ai pas le temps. Est-ce que j'aimerais pouvoir le faire? Oui. À la clinique, nous sommes chanceux, car nous pouvons compter sur deux infirmières qui répondent au téléphone et essaient de donner des conseils aux patients, mais ce n'est pas facile. C'est une situation frustrante pour les patients, même lorsque je les vois à la clinique. J'essaie de les voir un mois après le diagnostic, et je dois alors les rencontrer entre deux rendez-vous, car je n'ai pas de place avant six mois.
Il ne fait aucun doute que nous devons faire un meilleur travail d'équipe pour traiter cette maladie très compliquée.
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Je crois que nous devons tenir compte du fait que notre système de soins de santé, qui met principalement l'accent sur les interventions curatives, doit également se concentrer sur les soins de longue durée. Ce que cela signifie sur le plan des politiques pour les personnes qui vivent avec une maladie évolutive — et je dirais que cet aspect touche certainement les personnes atteintes du Parkinson, mais aussi celles atteintes d'autres maladies —, c'est qu'il n'est pas nécessaire que les exigences en matière de soins soient centrées sur la pronostication.
Ce que j'entends par là, c'est que, lorsqu'on va à l'hôpital, tout est gratuit. Tout est gratuit parce qu'il s'agit de soins de courte durée. Nous pouvons payer pour cela parce que nous savons que ce sont des soins de courte durée. Pour les personnes atteintes d'une maladie évolutive qui entraînera au fil du temps une perte considérable des capacités fonctionnelles, en quoi cela est-il équitable? Je crois que le volume et l'orientation des soins devraient tenir principalement à l'état des capacités fonctionnelles du patient, pas au temps qu'il passe dans un établissement de soins de courte durée.
Des services équitables signifient que, lorsqu'on reçoit beaucoup de services parce qu'on a des problèmes de santé de courte durée et que, ensuite, on est relégué — c'est le terme que j'utiliserais — à une situation de maladie évolutive chronique qui nécessite des soins de longue durée, ces programmes, si c'est là l'objectif des soins de santé, seront axés sur les soins de longue durée pour faire des économies d'échelle. Si on met beaucoup de gens au même endroit, les choses coûtent moins cher. Qu'allons-nous faire avec ces programmes pour veiller à ce qu'ils soient centrés sur les besoins de ces personnes?
Sur le plan des politiques, cela veut dire qu'on doit financer davantage ces programmes. Ces gens travaillent d'arrache-pied, mais ils travaillent à la chaîne: on réveille les patients, on les habille, on les fait manger et on les retourne dans leur lit. Ce n'est pas suffisant. Je crois que nous avons besoin de fournir plus de soins et de nous concentrer sur les soins de longue durée — si c'est ce qu'on doit faire — en changeant l'orientation de ces services.
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Oui, je crois qu'il existe certainement beaucoup d'exemples de réussite. Je suis toujours embarrassé lorsque des gens disent que nous allons trouver un remède pour la maladie de Parkinson dans cinq ou dix ans, car personne ne le sait. Personne ne sait de quel domaine proviendra cette découverte. Je crois qu'il faut être très ouvert aux idées différentes.
Si on se penche sur les essais cliniques qui sont lancés pour différents composés, il y a toute une nouvelle vague de traitements qui commencent à faire l'objet d'essais cliniques. Je crois que vous en avez brièvement entendu parler au cours du témoignage que mon collègue, Michael Schlossmacher, a présenté la semaine dernière sur l'alpha-synucléine dans le cerveau. Comme nous sommes maintenant en mesure de reconnaître et d'identifier les composés qui influeront sur le niveau d'alpha-synucléine dans le cerveau, nous effectuons des essais cliniques sur les gens. Personne n'aurait pu imaginer cela il y a cinq ans. Si nous pouvons administrer un composé qui réduit directement le niveau de cette protéine anormale qui s'accumule dans le cerveau, cela fonctionnera-t-il? Eh bien, c'est certainement intéressant, mais nous ne le savons pas encore.
Je mène actuellement un essai clinique où les données sur certaines souris donnent l'impression qu'il y a un problème d'homéostasie calcique, un problème de calcium touchant les principales cellules énergétiques du cerveau. Vous effectuez un dépistage important parce que vous avez trouvé cette toute nouvelle voie, et il se trouve qu'il existe déjà sur le marché américain un médicament contre l'hypertension artérielle qui a une incidence sur ce récepteur très particulier. À présent, nous effectuons donc des essais cliniques sur les gens. Pouvons-nous changer la façon dont les cellules énergétiques du cerveau réagissent à l'administration d'un composé?
Cette découverte ne date que de trois ans, et nous effectuons déjà des essais sur les gens, car nous avons maintenant la technologie pour déterminer si des médicaments qui se trouvent déjà sur le marché ont déjà un effet. Au lieu d'attendre 20 ans pour dépouiller toutes les données relatives à l'innocuité de tous les différents éléments d'un médicament qui pourraient avoir un effet néfaste, examinons les 10 000 médicaments qui se trouvent déjà sur le marché et qui pourraient avoir des effets sur cette fonction du cerveau.
Il n'y a aucun doute que nous sommes meilleurs. Il n'y a aucun doute que nous nous sommes beaucoup améliorés. Il n'y a aucun doute que nous avons trouvé de nouvelles voies où nous pouvons tester de nouveaux composés.
Nous faisons donc un meilleur travail, mais, comme je l'ai dit, avons-nous la réponse? Non.
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Tout ce pan de la recherche génétique sur la maladie de Parkinson était, encore une fois, inconnu il y a 15 ans. C'est là où les principaux progrès ont été réalisés au chapitre de l'élaboration de meilleurs modèles. Nous avons besoin de meilleurs modèles en ce qui concerne la recherche sur le Parkinson; nous ne pouvons pas tout tester sur des humains, et le fait d'introduire ces gènes anormaux — qui nous étaient inconnus il y a 15 ans — dans des souris, des mouches et des poissons et de comprendre les effets sur ces derniers... C'est ce qui nous a permis de faire ces découvertes récentes. C'est là où nous avons vraiment concrétisé les choses et où nous transformons ces découvertes en traitements que nous mettons à l'essai sur les gens.
Nous avons parlé du diagnostic et des difficultés auxquelles les gens font face lorsqu'ils doivent me consulter — alors qu'ils ne m'ont jamais vu avant: ils doivent s'en remettre à moi lorsque je leur dis qu'ils ont la maladie de Parkinson, ils doivent croire ce que j'ai à dire au lieu d'avoir des résultats de test.
Une partie de la recherche fondamentale sur les biomarqueurs est d'une importance capitale au chapitre de la recherche sur le Parkinson, mais nous faisons certainement des progrès. Concernant le premier gène que j'ai mentionné — l'alpha-synucléine —, mon collègue a la capacité de le mesurer dans le sang et dans le liquide céphalorachidien. Une partie de ses travaux est financée par la Société Parkinson Canada, et il se penche sur les questions suivantes: pouvons-nous obtenir une mesure? Pouvons-nous prédire précisément qui pourrait être atteint de la maladie de Parkinson? Pouvons-nous utiliser certains de ces biomarqueurs et poursuivre les progrès dont nous avons désespérément besoin?
Alors, oui, il y a bel et bien des cas de réussite. Je vais peut-être simplement faire un lien avec une question posée plus tôt. Oui, la Société Parkinson joue un rôle clé dans le financement des études pilotes. Le financement de base dont dispose la Société Parkinson Canada est relativement modeste par rapport à la quantité de travail qui doit être accompli. Les chercheurs présentent à la Société Parkinson Canada une demande pour financer leurs idées. Le taux de réussite n'est pas si mal; il est de 50 p. 100. La difficulté consiste à se rendre à l'étape suivante. Je crois que c'est là où les IRSC se sont heurtées à de grandes difficultés. Il y a tellement de spécialistes qui disent: « Non, je ne veillerai pas jusqu'à 3 heures du matin pour rédiger une proposition pour les IRSC, lorsque les chances de financement sont de 16 p. 100. »
Nous avons donc un paquet de bonnes idées et nous avons un peu d'argent pour des projets pilotes, mais comment faut-il s'y prendre pour faire avancer ces idées? Si le taux de réussite est si faible, beaucoup de scientifiques frustrés se disent: « Je laisse tout tomber. Cela est insensé. »
C'est un problème important.