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Merci, madame la présidente.
Je vais reprendre là où nous en étions. Je parlais de la nécessité pour le Comité d'entreprendre une étude sur le Rapport Trudeau II. Pour aller de l'avant et pour que nous soyons tous sur la même longueur d'onde, j'aimerais décrire la séquence des événements, la chronologie, qui nous a menés où nous en sommes.
Cela découle des déclarations faites par le en 2015, qui disait qu'avec un gouvernement libéral, nous aurions un gouvernement ouvert et transparent par défaut. Au lieu de cela, le jour où cette affaire a éclaté au grand jour, en février 2019, la réponse immédiate était que c'était faux. Dans les mois qui ont suivi, nous avons maintes fois entendu que le premier ministre n'avait exercé aucune pression sur l'ancienne procureure générale, Mme Wilson-Raybould. Nous savons que c'est faux; nous savons que ce n'était pas une déclaration honnête.
Le récit, qui a évolué, disons-le, a changé. Il a changé dans les mois qui ont suivi les révélations de février de l'an dernier. À mesure qu'il évoluait, il est passé de faux à... Le remaniement ministériel découlait de la démission de Scott Brison. Puis, on a entendu que c'était la faute de Stephen Harper, et ensuite, on a entendu dire que c'était lié aux emplois.
Le discours sur les emplois s'est figé, et nous l'avons entendu sans cesse. La seule raison pour laquelle le a maintenu des pressions politiques soutenues à l'égard de Mme Wilson-Raybould, c'était pour être réélu. C'était en raison des élections générales prévues pour octobre 2019.
Même après que le commissaire à l'éthique ait publié son rapport dans lequel il concluait que le était coupable d'infraction aux lois sur l'éthique pour la deuxième fois, les libéraux ont continué d'empêcher la tenue d'une enquête sur ce scandale à chaque occasion.
Avec cette nouvelle motion, je veux que tous les membres du Comité, y compris les députés libéraux qui partagent leurs banquettes avec leurs collègues du Cabinet et tous les députés de l'opposition — mes collègues du caucus conservateur, du Bloc Québécois et du NPD —, puissent donner aux Canadiens la possibilité de tourner la page sur cette affaire.
Nous avons vu le rapport du commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique, et il n'en a pas fait rapport au Comité. C'est essentiel. Nous avons également entendu que les agents du Parlement ont la confiance du gouvernement, mais nous savons malheureusement que la transparence n'a pas été totale durant l'enquête et que l'obstruction s'est poursuivie tout au long du processus.
Je m'attends à ce que mes collègues des deux côtés de la Chambre conviennent que nous voulons offrir aux Canadiens la certitude que la vérité éclatera ici, au Parlement. Cela découragerait fortement le manque de jugement ou les comportements répréhensibles.
On peut certes comprendre le recours à certaines règles pour protéger des stratégies ou pour des questions de sécurité nationale et de sécurité publique, pour lesquelles la confidentialité au sein du gouvernement est nécessaire. Quant aux motifs politiques — et il peut y avoir des motifs partisans —, les Canadiens s'attendent à ce qu'un agent indépendant du Parlement qui entreprend une enquête ait un accès sans entrave. S'il y a une raison d'invoquer la confidentialité, ils s'attendent à ce qu'il y ait une exception permettant à l'agent du Parlement d'examiner les renseignements et d'en évaluer la pertinence, puis de déterminer, au cas par cas, s'il convient d'en faire rapport au Comité et aux Canadiens.
L'an dernier, le 12 février, le chef de l'opposition a envoyé au premier ministre Trudeau une lettre qui se lit comme suit:
[...] je vous presse de lever immédiatement le secret professionnel avocat-client quant à tout conseil donné à vous ou à votre bureau relativement à la poursuite envers SNC-Lavalin. En outre, je vous demande de lever à tout droit à la confidentialité en ce qui a trait aux communications entre vous ou tout membre de votre personnel (passé et actuel) relatives à la poursuite contre SNC-Lavalin.
Il poursuit ainsi:
Si vous ne respectez pas cette obligation, les Canadiens ne pourront que conclure que vous cherchez à cacher quelque chose.
Cette lettre remonte au début de l'affaire, en février de l'an dernier. Bien que la position du gouvernement ait évolué, la nôtre n'a pas changé. Nous voulons de la transparence. Nous voulons de l'ouverture. Nous voulons que le gouvernement rende des comptes, et c'est ce à quoi les Canadiens s'attendent.
L'affaire s'est poursuivie au comité de la justice en 2019 lors d'une réunion d'urgence du comité — j'étais membre du comité permanent à l'époque —, alors que les membres libéraux du comité ont bloqué les premières tentatives des membres de l'opposition visant à faire la lumière sur ce scandale. On a donc vu dès le début, dans ce comité-là, les députés du parti ministériel se ranger rapidement à la position du gouvernement. Nous avons persisté, bien entendu, car c'est ce que réclamaient haut et fort les Canadiens. D'un océan à l'autre, les appels téléphoniques et les lettres ont afflué à nos bureaux — c'était certainement le cas dans le mien — provenant de gens qui demandaient que le comité de la justice en fasse plus.
Le 20 février de l'année dernière, le troisième parti, le NPD, a présenté une motion de l'opposition pour demander une enquête. Cette motion demandant une enquête...
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Le député de Timmins-Baie James a parrainé, à juste titre, une motion de l'opposition demandant une enquête sur cette affaire. Les députés conservateurs l'ont soutenue. Les députés néo-démocrates l'ont appuyée. Même deux députés libéraux ont appuyé la motion. Jusque-là, les Canadiens s'étaient fait dire que la décision du ministère de la Justice de ne pas offrir à SNC-Lavalin un accord de suspension des poursuites avait été prise plusieurs semaines après une rencontre entre le et .
Or, nous avons appris que cette rencontre avait eu lieu deux semaines après que la décision ait été prise. Nous savons que pendant cette réunion, le a rappelé à que la décision finale concernant l'offre d'un accord de suspension des poursuites de SNC-Lavalin revenait à la ministre. La décision avait déjà été prise, madame la présidente. Le rappel du premier ministre à Mme Wilson-Raybould constituait une pression directe pour qu'elle intervienne dans la poursuite.
Nous avons vu, le 25 février de l'année dernière, une motion de l'opposition conservatrice demandant au de témoigner devant un comité. La motion se lisait comme suit:
Que, compte tenu des propos du premier ministre le mercredi 20 février 2019 selon lesquels le Comité permanent de la justice et des droits de la personne est la tribune appropriée pour que les Canadiens obtiennent des réponses concernant l'affaire SNC-Lavalin, et que compte tenu de sa participation directe alléguée dans une démarche soutenue visant à influencer la poursuite criminelle contre SNC-Lavalin, la Chambre ordonne au premier ministre de comparaître, de témoigner et de répondre à des questions sous serment devant le Comité permanent de la justice et des droits de la personne lors d'une réunion télévisée de deux heures avant le vendredi 15 mars 2019.
Les libéraux ont défait la motion, réaffirmant leur détermination à étouffer l'affaire.
Avançons rapidement jusqu'au mois de mars, madame la présidente, au moment où est revenue devant le comité. Dans son témoignage, elle avait indiqué avoir plus de choses à dire, mais nous savons que la dispense qui lui a été accordée n'était pas suffisante pour qu'elle puisse donner au comité tous les renseignements qu'il recherchait. Elle a indiqué ne pas être en mesure de répondre aux questions se rapportant directement aux réunions et aux interactions qui ont eu lieu après son renvoi. Elle a reconnu qu'elles étaient pertinentes. Les Canadiens ont entendu le témoignage et ont vu Mme Wilson-Raybould témoigner. C'était pour le moins convaincant, mais encore une fois, on nous a empêchés d'obtenir des renseignements complets.
Tandis que je parcours cette chronologie, j'aimerais revenir à la lettre envoyée en février par , qui demandait d'entrée de jeu une approche transparente dans cette affaire. Cela aurait presque assurément limité les dégâts politiques qui ont affligé le BPM pendant une bonne partie de l'année dernière. Cela aurait également donné aux Canadiens la confiance dans les institutions publiques à laquelle ils ont droit. Voilà ce qui est de la plus haute importance.
Le 19 mars 2019, le comité de la justice a tenu une réunion à huis clos. Nous savons qu'après cette réunion, on a tenté d'empêcher le comité de poursuivre ses efforts pour enquêter sur le scandale. Les membres libéraux du comité ont déclaré qu'aucun témoin n'a été empêché de divulguer quoi que ce soit sur toute information pertinente relativement à la période visée par la dérogation, mais encore une fois, nous savons que ce n'était pas le cas. À l'époque, empêcher de témoigner librement était le principal obstacle.
Donner instruction aux membres d'un comité de mettre fin à une enquête revenait à ajouter l'insulte à l'injure, pourrait-on dire. Le 26 mars, les députés libéraux du comité ont bloqué une tentative des députés de l'opposition de lancer une nouvelle enquête et d'inviter à témoigner. Le a présenté au comité une motion lui demandant d'étudier les allégations, demandant au de lever le secret pour une période plus longue et de permettre à Mme Wilson-Raybould et à d'autres de s'exprimer librement sur la question. La motion demandait également que l'ancienne procureure générale et sa collègue, l'ancienne présidente du Conseil du Trésor, Mme Philpott, comparaissent devant le comité et que le comité présente ensuite ses conclusions à la Chambre.
Faisons maintenant un saut jusqu'au 21 août. Les députés libéraux ont rejeté une motion visant à inviter le commissaire à l'éthique à comparaître devant le comité de l'éthique. La motion de l'opposition visant à inviter le commissaire Dion à témoigner a été rejetée par cinq voix contre quatre. Un seul député a rompu avec la majorité, et c'est l'un de ceux qui ont appuyé la motion présentée à la première journée de l'opposition: le député .
Une autre motion du NPD visant à faire témoigner le lui-même ainsi que le et son ancien chef de cabinet, Ben Chin, a également été rejetée.
En septembre, madame la présidente, nous avons vu le gouvernement faire obstacle aux tentatives de demander la tenue d'une enquête de la GRC sur un possible cas d'entrave à la justice. Le greffier du Conseil privé n'a pas accordé une dispense relative au devoir de confidentialité, et le n'a pas non plus passé outre à la décision du greffier, ce qui aurait permis à la GRC d'avoir accès — un accès nécessaire dans le cadre d'une enquête — à la fois au personnel et à la documentation. Si près du lancement d'une élection — si près —, il était décevant, mais pas surprenant, de voir se poursuivre ce qui était alors une véritable opération de camouflage.
Nous avons eu des élections. Lors de la campagne, la question a été soulevée plus d'une fois, y compris par moi. L'enjeu a été soulevé dans les programmes des partis. Certains députés qui sont ici à cette table ont intégré des documents dans les programmes des partis. De nombreux députés de l'opposition — 121 députés dans l'opposition officielle à elle seule — se sont engagés à examiner cette question. Il en va de même pour ceux du NPD.
Les Canadiens ont désapprouvé cette conduite. Je ne pense pas que les électeurs qui ont élu des députés libéraux seraient prêts à faire fi du bon travail que pourraient faire leurs députés et à les mettre à la porte en fonction de leur bilan sur cette question, mais il y avait des attentes. Ils croyaient qu'en situation de gouvernement minoritaire — avec une opposition officielle forte ayant reçu un nombre record de votes et s'étant engagée à examiner cette question —, les partis collaboreraient et travailleraient avec l'opposition officielle pour examiner la question.
Bien entendu, il va sans dire que l'agent indépendant du Parlement qui a fait enquête et dûment préparé ses conclusions devrait avoir l'occasion de les présenter en comité. Avec la motion que j'ai présentée au Comité, tous les députés ont l'occasion de faire face à ce qui peut être une situation inconfortable pour certains, mais que nous nous devons d'étudier.
Il y a un élément essentiel à cette nouvelle motion: elle est assortie d'un délai, de sorte que ce ne sera pas une préoccupation... Je n'aspire pas à discuter de cet enjeu pendant quatre ans, si cela devait être la durée de cette législature. Absolument pas. J'aimerais régler la question et passer à autre chose.
Après la dernière réunion, j'ai lu les commentaires de mon collègue, M. Fergus, qui disait que les Canadiens ne veulent pas que nous regardions en arrière, si je décris bien son point de vue. Je suis sûr qu'il me corrigera si je me trompe. Je suis plutôt d'accord là-dessus, dans une certaine mesure. Toutefois, il ne s'agit pas de regarder en arrière. L'enjeu se pose toujours et c'est un enjeu majeur pour de nombreux Canadiens. Ils veulent vraiment avoir confiance en notre travail. Nous ne voulons pas qu'on parle des représentants des 338 circonscriptions du Canada en termes péjoratifs. Nous ne voulons pas que le terme « parlementaire » devienne un terme péjoratif au Canada. Nous voulons que les Canadiens sachent que notre conduite, ici, est irréprochable.
Comme l'enquête confirme une grande partie des allégations que nous avons entendues au Comité le printemps dernier, mais que le commissaire n'a pas été en mesure de creuser jusqu'au fond et d'obtenir toute l'information, les Canadiens continuent à se poser des questions. Ils se demandent si les accusations de tentatives de camouflage n'étaient que des âneries partisanes ou si des efforts délibérés et coordonnés ont réellement été déployés en vue de camoufler qu'il y a eu obstruction à la primauté du droit au Canada. Les Canadiens ont raison de trouver là matière à réflexion. Je serais surpris d'apprendre que la question n'a pas été soulevée auprès de mes collègues durant la dernière année. De mon côté, j'en ai certainement entendu parler souvent.
Par ailleurs, ce que nous n'avons pas entendu à la suite de la publication du rapport du commissaire est également digne de mention. On a reconnu que l'enquête avait été menée et que le premier ministre avait été déclaré coupable, mais il n'y a pas eu d'excuses. Grâce à mes interactions avec les gens de ma circonscription et de nombreux Canadiens, je sais que le refrain répété par le premier ministre qui dit qu'il ne s'excusera jamais d'avoir défendu des emplois ne suffit pas.
Cet élément est une circonstance aggravante, et c'est la raison pour laquelle nous devons fixer une date en vue de clore ce dossier, et ainsi répondre à la volonté et agir dans l'intérêt de la population. Nous devons recevoir le commissaire pour qu'il nous présente son rapport, nous devons y jeter un coup d'œil et nous devons en faire nous-mêmes rapport. Il y aura un rapport de la majorité et un de la minorité, mais au moins, les Canadiens auront accès à des réponses. Ce travail aura peut-être ensuite une influence positive sur la façon dont le Comité fonctionne, peu importe le parti au pouvoir. La pertinence et l'importance des hauts fonctionnaires du Parlement sont liées directement à leur capacité d'accomplir leur travail.
Si la structure est telle que les hauts fonctionnaires ne sont pas en mesure de faire leur travail parce qu'il pourrait mettre le gouvernement en place dans l'embarras, le résultat sera que la majorité des Canadiens seront insatisfaits des institutions qu'ils financent. Nous avons le commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique, et nous avons le code qui régit le comportement des députés. Il nous faut absolument un code strict qui serve de guide aux députés et il nous faut aussi la loi.
Nous nous attendons à ce que la loi soit stricte; nous nous attendons à ce que le commissaire dispose de tous les outils nécessaires pour veiller au respect de la loi et pour enquêter sur les plaintes et les allégations d'infraction; et nous nous attendons à ce qu'il y ait de réelles conséquences en cas de violation de la loi. Je sais que c'est ce à quoi s'attendent les gens de ma circonscription, et ce, que le gouvernement soit libéral, conservateur, néo-démocrate ou autre. Ils s'attendent à ce que peu importe qui détient les clés du bureau du premier ministre, il y aura quelqu'un d'autre que l'opposition officielle et les autres partis politiques pour assurer l'équilibre des pouvoirs. Ce quelqu'un d'autre, ce sont les hauts fonctionnaires indépendants du Parlement.
Nous trouverions très cynique de la part du gouvernement de réduire le budget du commissaire pour l'empêcher d'enquêter sur lui. Ce serait la même chose si nous découvrions que les règles établies ne suffisent pas pour guider les députés et pour les dissuader d'enfreindre ces règles. Voilà ce que nous pouvons gagner en invitant le commissaire à venir nous parler de ce dossier.
Notre comité ne va pas prononcer une déclaration de culpabilité; cette déclaration a déjà été faite. Ce que la motion nous permet de faire, c'est de discuter avec le commissaire. Une fois que j'aurai terminé, aurai-je le besoin ou la possibilité de prolonger la séance? Non, j'aurai droit au temps alloué en vertu des règles du Comité pour poser des questions au commissaire. Nous pourrons alors entreprendre le travail important que seuls les députés peuvent accomplir dans le but d'améliorer les outils dont dispose le commissaire. Les Canadiens s'attendent à ce que ces outils soient en place pour garantir notre honnêteté.
Aujourd'hui, nous avons l'occasion unique de dissiper l'impression que la population a parfois: que nous sommes incapables de nous libérer de la partisanerie ou de l'emprise du whip du parti. Nous avons l'occasion d'entreprendre une tâche qui répond à l'intérêt de la population et à un besoin réel. Je ne saurais trop insister sur le grand nombre de fois où les Canadiens nous ont parlé de ce dossier. Avant la pause, les médias ont couvert nos délibérations, et j'ai reçu beaucoup de commentaires à ce sujet dans les derniers jours. À mon avis, cela en dit long sur l'occasion que nous avons de cautériser la plaie et de redonner aux Canadiens la confiance dans leurs institutions publiques. Il est rare que nous ayons une telle occasion. Je sais que maints aspects de notre régime parlementaire sont remarquables et servent bien notre pays. Ils font l'envie du monde entier. Nombreux sont les pays qui ne jouissent pas du même type de démocratie que nous et qui n'ont pas le même système de freins et de contrepoids. Notre comité fait partie de ce système, et le commissaire aussi. C'est pour cette raison que cette occasion s'offre à nous.
J'implore les membres du Comité de bien réfléchir à l'occasion qui nous est offerte avant de décider s'ils voteront pour ou contre la motion. La nouvelle motion diffère de la première: elle prévoit une échéance. Cette échéance est comme une branche d'olivier que je tends aux membres du Comité pour leur assurer que nous pouvons nous pencher sur le dossier, puis passer à autre chose. Or, si nous n'examinons pas adéquatement le Rapport Trudeau II, le dossier demeurera en suspens, et c'est ainsi que nous perdrons la confiance de la population. Ce sont de telles situations qui donnent au terme « politicien » une connotation péjorative et qui font en sorte que nous devenons l'objet du même genre de blagues que les avocats. Il ne devrait pas en être ainsi. Les députés accomplissent un travail honorable et important. Ils appartiennent à une grande tradition.
Aujourd'hui, nous avons tous l'occasion d'agir sur un dossier qui tient à cœur à la population, comme les Canadiens de partout au pays nous l'ont dit, qu'ils vivent dans une circonscription ayant élu un député de l'opposition ou un député libéral. Des gens ont voté pour des partis précisément parce qu'ils avaient inclus dans leur programme des mesures liées à ce dossier. Cela arrive très rarement. J'ai hâte de profiter des nombreuses occasions que nous, mes collègues des deux côtés de la Chambre et moi aurons de trouver un terrain d'entente. Dans ce cas-ci, nous pouvons faire preuve de l'esprit de collaboration dont il est question dans les documents des comités et qui a tant été louée, par de nombreuses personnes, après les élections.
Avons-nous une copie de la motion à portée de la main? Pendant que nous la cherchons, je vais rappeler à tous que nous ne savons pas combien de temps nous avons. Je ne veux pas dire aujourd'hui; je présume qu'aujourd'hui, nous terminerons à 17 h 30, mais je ne sais pas combien de temps la législature durera.
Je tiens à remercier mon collègue d'attirer l'attention du Comité sur le rapport de ce haut fonctionnaire du Parlement. C'est notre mandat et nous devons entendre ce que ces personnes ont à dire. J'ai trouvé très troublant que nous n'ayons pas reçu M. Dion durant la session précédente pour parler de son rapport, qui soulève plusieurs questions inquiétantes nécessitant des réponses.
Il y a un sujet que mon collègue n'a pas vraiment abordé, mais qui m'intéresse beaucoup: l'allégation de M. Dion selon laquelle on a tenté d'entraver son travail. C'est inacceptable. Aucun membre du Cabinet du premier ministre ne peut empêcher M. Dion de mener une enquête, sinon nous perdons toute crédibilité. En cas de controverse politique, nous ne devons pas douter que les hauts fonctionnaires du Parlement ont les outils nécessaires pour exercer leurs fonctions. Si ces outils leur sont retirés, c'est à nous d'intervenir. De nombreuses questions demeurent en suspens dans ce dossier, qui a nui énormément à la crédibilité du gouvernement canadien. Nous avons perdu le dirigeant du Conseil privé, le chef de cabinet du premier ministre et deux de ses ministres les plus respectées. À l'échelle internationale, nous avons été placés sur la liste des pays à surveiller pour la corruption. Que révèle sur le Canada l'absence de normes relatives à l'indépendance des poursuites à l'égard de la criminalité des entreprises?
Ce qui me préoccupe, c'est le nombre de séances visé. Mon collègue a affirmé qu'il voulait que notre temps soit employé judicieusement, mais il lui a fallu une heure ou deux pour nous expliquer les principes de base. Je ne veux pas d'un comité sans limite de durée. Je pense que beaucoup de questions demeurent sans réponse, mais certaines ne seront que...
En ce qui concerne le travail du Comité, nous devrions absolument recevoir Mathieu Chouinard, du Cabinet du premier ministre. Nous devrions aussi recevoir Ben Chin. Je ne sais pas s'il est juste de demander à Mme Wilson-Raybould de comparaître étant donné le poste qu'elle occupe maintenant, mais ces deux personnes devraient être convoquées, et peut-être aussi M. Butts. J'ai entendu le témoignage de Michael Wernick. Il a comparu la dernière fois. J'ai trouvé qu'il n'avait pas... sa position de manière très convaincante. Or, nous devrions certainement inviter MM. Chin et Bouchard puisqu'ils ont joué un rôle clé dans l'organisation de réunions dans le cadre desquelles le premier ministre s'est retrouvé dans des situations où il a été déclaré coupable d'avoir tenté d'influencer... dans l'intérêt financier d'un tiers. À titre de titulaires de charge publique, ils sont tenus de répondre à des attentes rigoureuses. Comme ils sont toujours titulaires de charge publique, je pense qu'ils devraient comparaître.
J'aimerais que mon collègue nous dise combien de séances il a en tête. Si nous recevons M. Dion durant une séance, puis les autres témoins durant une autre, je pense que nous pouvons finir en deux séances. Nous serons alors en mesure de présenter un rapport au Parlement qui clora le dossier. Ainsi, nous ferons preuve de diligence raisonnable. Je pense que c'est difficile pour le gouvernement de voir ce dossier être rouvert, mais lorsqu'un rapport d'une telle importance nous est présenté, nous avons l'obligation de recevoir le témoignage du commissaire, de suivre ses recommandations et de l'interroger sur la manière dont il a mené son enquête afin de nous assurer qu'il a agi avec la diligence nécessaire. La lecture du rapport me donne l'impression que c'est bien le cas, mais nous devrions avoir la possibilité de nous pencher là-dessus.
Si mon collègue est prêt à proposer une liste de témoins, nous aurons alors une bonne idée du nombre de séances qu'il vise.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
C'est un honneur de pouvoir discuter de ce sujet particulier, car je pense qu'il touche au cœur même de qui nous sommes en tant que parlementaires — en tant que citoyens et représentants au Parlement du Canada. Je vais discuter du sujet un peu plus longuement, mais j'aimerais d'abord remercier la greffière du travail qu'elle a fait pour équiper la salle de réunion de caméras. J'avais dit que je le signalerais, s'il y avait lieu de le faire, alors je remercie la greffière et les gens qui déploient les efforts nécessaires pour veiller à ce que les députés puissent faire leur travail.
Le fait que nos délibérations sont télévisées témoigne d'une reddition de comptes et de l'accès des Canadiens à leurs institutions démocratiques. La motion dont nous sommes saisis est tout à fait appropriée. En fait, elle est absolument nécessaire pour gérer un véritable ébranlement de la confiance dans les institutions démocratiques du Canada.
Comme j'ai brigué les suffrages pour la première fois dans la dernière année, j'ai entendu des préoccupations concernant les actions du . J'ai en fait trouvé très étonnant qu'on évoque les accords de poursuite suspendue — APS —, le Service des poursuites pénales et le secret du Cabinet. Ce sont des expressions qui ne font pas généralement partie du langage courant des Canadiens, mais elles l'étaient aux dernières élections et durant les huit mois qui ont suivi la sortie de cette histoire dans le Globe and Mail à la fin de janvier. Il ne s'agissait pas de concepts dont la majorité des Canadiens se souciaient généralement — et je peux faire cette affirmation, car je me suis entretenu avec des milliers de Canadiens au cours de la campagne électorale. Ce n'était pas une source de préoccupation pour eux dans le cadre de leurs activités quotidiennes.
Cependant, lorsque nos institutions démocratiques sont mises en péril, lorsque la primauté du droit est remise en question, lorsque nous avons un premier ministre qui dit défendre les emplois, mais que ce n'est pas du tout le cas — certainement dans ma province natale de l'Alberta —, c'est une tendance très inquiétante. Les conversations, que ce soit les enregistrements qui ont été rendus publics ou les témoignages, sont très surprenantes.
Je dis souvent à la blague que les cotes d'écoute de la chaîne parlementaire doivent monter en flèche après l'élection de nouveaux députés. Les membres de ma famille ont dit n'avoir jamais regardé CPAC autant qu'ils l'ont fait ces derniers mois. Je sais avec certitude que le jour où l'ancienne procureure générale a comparu devant le Comité de la justice, des citoyens de partout au pays étaient rivés à l'écran de télévision parce que l'apanage de l'indépendance de la magistrature canadienne, la primauté du droit et nos institutions démocratiques qui nous protègent contre des gouvernements qui outrepassent leurs pouvoirs et de la capacité des sociétés ou des particuliers d'acheter de l'influence... Ce sont tous des enjeux pour lesquels le Comité a une responsabilité particulière.
Nous allons entendre le témoignage de la commissaire au lobbying plus tard aujourd'hui. Le fait que nous puissions avoir un système qui, de façon générale, veille à ce que nous soyons protégés contre des intérêts qui tenteraient d'exercer une influence indue et de perturber le fonctionnement de nos institutions, est un élément fondamental de notre identité canadienne.
J'encouragerais tous les membres... Je suis un grand partisan de la démocratie parlementaire en général et de son histoire. L'un des éléments qui rendent nos institutions démocratiques — et plus particulièrement le Parlement du Canada — si puissantes et uniques est que la Chambre des communes est composée, à l'heure actuelle, de 338 circonscriptions indépendantes qui élisent des députés. Les qualifications de ces députés varient d'un bout à l'autre du pays, mais au final, la personne qui remporte le plus grand nombre de votes a la confiance des gens pour pénétrer dans cette enceinte. Comme peut sans doute le confirmer chaque membre autour de cette table dont le nom figurait sur le bulletin de vote aux dernières élections, lorsque vous entrez pour la première fois dans cette enceinte en ayant la confiance de vos concitoyens de votre circonscription, c'est une grande leçon d'humilité.
Le fait que notre institution regroupe 338 députés... Comment un gouvernement est-il formé? Eh bien, vous devez avoir la confiance de la Chambre. C'est facile à obtenir en contexte majoritaire; un parti compte la majorité des sièges. En situation de gouvernement minoritaire, c'est un peu plus compliqué, mais le principe reste le même. Il y a des votes soumis à la discipline de parti notamment, mais chacun des 338 députés représente sa circonscription.
La raison pour laquelle j'insiste sur ce point est que certaines de ces questions concernant les actions du et de certains membres du personnel politique puissants au pays remettent en doute le rôle de nos institutions. Il est absolument fondamental que nous puissions régler ce problème.
Le fait que le commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique a rédigé un rapport, a effectué le travail qu'il devait faire de son côté pour tenter de trouver des réponses à ces questions... Il y a aussi le mandat. Nous avons lu le mandat et avons été nommés à ce comité, si bien que nous devons exiger des comptes de la part de ces mandataires et nous assurer de poser les questions difficiles, que nous soyons dans les banquettes de l'opposition ou les banquettes ministérielles. En tant que députés, nous avons tous la responsabilité de veiller à ce que les questions difficiles soient posées.
Le commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique a fait sa part. Le moment est maintenant venu pour nous, en tant que députés, de faire notre part. Il est clair... Le Rapport Trudeau II — que j'ai sous les yeux — se lit presque un peu trop comme un roman. Je sais que mon collègue a employé le terme « camouflage ». Il y a sans cesse des questions sans réponse, que ce soit celles qui sont liées au secret du Cabinet, la question de savoir qui a tiré parti de l'influence, ou le fait que...
Si vous le permettez, j'aimerais lire l'avant-dernier paragraphe du sommaire du Rapport Trudeau II, à la page 2. Il se lit comme suit:
Étant donné ce qui précède, je conclus que M. Trudeau s'est prévalu de sa position d'autorité sur Mme Wilson-Raybould pour tenter d'influencer sa décision concernant l'infirmation de la décision de la directrice des poursuites pénales, laquelle avait conclu qu'elle n'inviterait pas SNC-Lavalin à entamer des négociations en vue de conclure un rapport de réparation.
Le commissaire conclut le sommaire comme suit:
Par conséquent, je conclus que M. Trudeau a contrevenu à l'article 9 de la Loi.
Je pense que si vous poursuivez la lecture de ce document, et par respect pour le Comité et les importants travaux dont nous sommes saisis... Je sais que j'ai des questions pour la commissaire au lobbying, qui comparaîtra dans une dizaine de minutes. Par respect pour le bon travail que ce comité fait, je veux m'assurer que nous aurons l'occasion de...
Je vais conclure mes remarques. Ceux qui — et je suis certain qu'il n'y a personne ici dans cette salle — ont assisté à mes activités de campagne savent que j'ai beaucoup parlé des principes de bonne gouvernance. La raison pour laquelle j'en parle, madame la présidente, c'est qu'il y a certains éléments qui transcendent la politique. Il y a des distinctions entre les députés libéraux, néo-démocrates, bloquistes et conservateurs. Il y a des distinctions qui font... et je suis certain que nous avons tous nos raisons pour lesquelles nous appartenons à certains partis politiques.
Toutefois, il y a certains éléments qui transcendent la politique. Je dirais à tous mes collègues autour de la table que c'est l'un de ces éléments qui transcendent la politique. Les accusations, les preuves présentées et le fait qu'il y ait une conversation — là encore, pour utiliser le terme que mon honorable collègue a utilisé — entourant une opération de camouflage prouvent exactement pourquoi ce dossier n'est pas clos.
Je crois que, afin de préserver les institutions dont nous avons tous l'honneur et le privilège de pouvoir servir et protéger, les Canadiens méritent que leurs parlementaires — pour moi, ce sont les bonnes gens de Battle River-Crowfoot, et pour chacun de nous, notre circonscription respective — posent ces questions et obtiennent les réponses de la part des personnes concernées.
Madame la présidente, sur ce, je vais conclure mes remarques, mais j'implore tous les membres autour de cette table à considérer comment cette motion à l'avenir, car nous avons tous un choix à faire, et il y a des conséquences associées à ces choix — aura une incidence sur le travail pour lequel nous sommes ici.
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Je vais parler lentement afin de permettre à tous de bien comprendre mes propos, au besoin à l'aide de l'interprète. Je remercie beaucoup les interprètes, qui font un travail extraordinaire.
Je vais respecter la présentation de notre invitée, mais sachez que j'aimerais aussi parler de ce sujet très longtemps. Je ne sais pas si vous avez bien écouté mon discours de ce matin. J'ai discuté pendant 10 minutes de la motion qui a été déposée aujourd'hui. Le Bloc québécois est évidemment en faveur de cette motion. Nous voulons savoir ce qu'il en est vraiment de la situation, et nous voulons avoir les vrais éléments. Je m'interroge toutefois sur notre rôle en tant que parlementaires.
Je vous parle maintenant de ce que je ressens. Ce dont je parlais ce matin, c'était d'élever la conscience. Notre comité doit se pencher sur l'éthique; il y est question de morale. Qu'est-ce que la morale? C'est analyser ensemble ce qui est bien et ce qui est mal, communiquer, dialoguer à ce sujet pour avancer. Ce sont des termes qui circulent depuis ces dernières semaines; je n'invente rien. Aujourd'hui, ma conscience me dit que j'ai été élue pour dépenser de l'argent afin que, pendant tout ce temps, nous tentions d'aller quémander des renseignements. Fondamentalement, c'est pourtant à notre comité, le Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique, qu'il incombe de formuler des propositions visant à corriger la Loi sur l'accès à l'information.
Qu'est-ce qui se passe? On cherche à gagner du temps. J'ai des papillons dans le ventre et cela me dit que, ce que nous faisons, c'est de la partisanerie. J'ai accepté de siéger à ce comité parce que nous allions parler d'éthique, de réalités humaines et de la protection des renseignements personnels. S'il vous plaît, réagissez: il y a 30 millions de Canadiens sur 37 millions qui se sont fait voler leur identité. Il y a urgence: où est votre volonté d'agir, en tant que parlementaires?
L'un des mandats de notre comité a trait à l'éthique, et j'ai envie que nous montrions tous du respect. J'ai été très respectueuse et je vous ai écoutés, mais je pense que le respect devrait être collectif, et d'abord et avant tout, nous devrions en avoir envers nos concitoyens, qui sont aussi des contribuables. Je rappelle que le Canada compte 37 millions de Canadiens.
Vous avez entendu mon cri du coeur aujourd'hui. Je suis une nouvelle parlementaire et j'ai beaucoup à apprendre. Je ne peux cependant pas attendre trois ans pour nommer des choses. Pour terminer, je le répète, nous sommes les membres d'un comité permanent qui a pour mandat l'étude de l'accès à l'information. Il y a des motions et des lois, dont la Loi sur l'accès à l'information et la Loi sur la protection des renseignements personnels, qui ont une incidence majeure sur nos vies — à nous tous —, mais aussi sur l'éthique.
Merci de m'avoir écoutée. Vous savez maintenant de quelle façon je vais voter et ce que je considère comme important.
[Traduction]
Bonjour, madame la présidente et membres du Comité.
Je suis très heureuse d'être ici aujourd'hui et de rencontrer un grand nombre d'entre vous pour la première fois ainsi que de vous donner un aperçu du régime fédéral de lobbying, y compris du fonctionnement et des activités du Commissariat.
La Loi sur le lobbying et le Code de déontologie des lobbyistes reconnaissent que le lobbying est une activité légitime, que les lobbyistes doivent exercer leurs activités de façon transparente et dans le respect des normes de conduite éthique les plus élevées. La Loi et le Code visent à favoriser la confiance du public à l'égard du processus décisionnel du gouvernement.
À titre de commissaire au lobbying, je suis redevable au Parlement et mon mandat comprend trois aspects.
[Français]
En premier lieu, je dois établir et tenir à jour un registre des lobbyistes. En tant que principal outil permettant d'assurer la transparence des activités de lobbying, le Registre fournit aux Canadiens et aux Canadiennes de l'information sur ceux qui communiquent avec les décideurs publics et sur les sujets traités.
Chaque jour, on y trouve environ 6 000 enregistrements actifs de lobbyistes. Au cours de la dernière année, ils ont fourni des renseignements sur plus de 13 000 communications portant sur des activités à déclarer.
L'une des principales priorités stratégiques du Commissariat consiste à moderniser le système d'enregistrement des lobbyistes. À ce titre, nous travaillons à l'amélioration du Registre afin de le rendre plus convivial pour les utilisateurs et plus fonctionnel à partir d'appareils mobiles.
[Traduction]
Le deuxième aspect de mon mandat consiste à veiller au respect de la Loi et du Code. Le Commissariat mène des activités de vérification afin de s'assurer que les activités de lobbying devant être déclarées le sont de façon adéquate et que les renseignements fournis par les lobbyistes sont exacts et complets.
Les allégations de non-conformité sont gérées en deux étapes. Dans un premier temps, elles font l'objet d'une vérification préliminaire afin d'évaluer la nature de l'infraction présumée, d'obtenir des renseignements préliminaires et de déterminer si l'objet relève de mon mandat. À la suite de cette évaluation, et lorsque cela est nécessaire pour assurer la conformité à la Loi ou au Code, une enquête est ouverte.
Lorsque je termine une enquête selon le Code, je dois déposer un rapport au Parlement. Cependant, lorsque j'ai des motifs raisonnables de croire qu'une infraction a été commise, je dois référer le dossier à un agent de la paix, dans la plupart des cas à la GRC. Les infractions à la Loi sur le lobbying incluent l'omission de s'enregistrer ou de préparer un rapport de communication mensuel, l'omission de fournir des renseignements exacts et d'exercer des activités de lobbying pendant la période d'interdiction de cinq ans.
Pendant l'exercice financier en cours, j'ai transmis six dossiers à la GRC et, à ce jour, huit dossiers sont entre les mains de la GRC. Lorsqu'un dossier est transmis, je dois suspendre mon enquête jusqu'à ce que l'affaire ait été traitée. Je peux alors achever l'enquête et déposer un rapport au Parlement.
En date d'aujourd'hui, la charge de travail du Commissariat inclut 14 évaluations préliminaires et 10 enquêtes.
[Français]
Les anciens titulaires d'une charge publique désignée sont soumis à une interdiction quinquennale d'effectuer des activités de lobbying après avoir quitté leur poste. La Loi prévoit que je peux accorder une exemption à cette interdiction en fonction d'un ensemble limité de critères.
L'automne dernier, nous avons mis en ligne un outil permettant aux anciens titulaires d'une charge publique désignée de faire cette demande.
Depuis le début de l'exercice financier en cours, j'en ai reçu dix. Deux exemptions ont été accordées à ce jour et trois demandes sont encore en révision. Lorsqu'une exemption est accordée, elle est publiée sur le site Web du Commissariat.
Le dernier aspect de mon mandat, et non le moindre, est de mieux faire connaître la Loi et le Code de déontologie des lobbyistes aux lobbyistes, aux titulaires d'une charge publique et aux autres parties intéressées en matière de lobbying.
L'année dernière, nous avons mis à jour nos produits de communication et nous avons fait plus de 50 présentations auprès des parties prenantes. De ce fait, plus de 600 personnes en savent maintenant un peu plus sur les exigences de la Loi et du Code.
De plus, le commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique et moi avons organisé des téléconférences sur les obligations d'après mandat, les cadeaux et les obligations générales du personnel ministériel.
Le site Web du Commissariat demeure le principal outil de recherche pour les lobbyistes et les membres du public. Nous avons travaillé à sa mise à jour et à sa refonte afin de faciliter la recherche d'information. Un nouveau site Web sera lancé au début du prochain exercice financier.
[Traduction]
Tout ce travail, ainsi que les efforts déployés au respect des obligations de présenter des rapports au gouvernement, est effectué par une très petite équipe composée de 28 employés. Je tiens à souligner le dévouement inébranlable, le professionnalisme et la détermination des employés du Commissariat qui, le plus souvent, sont appelés à aller au-delà des exigences de leur poste.
La création et le maintien d'un lieu de travail exceptionnel est une priorité. Il est important pour moi que les employés du Commissariat se sentent valorisés et comprennent l'importance de leur travail. Dans le dernier sondage auprès des fonctionnaires fédéraux, la totalité des employés ont affirmé que leur employeur met tout en œuvre pour prévenir la discrimination au travail, les traite avec respect et leur fournit le matériel dont ils ont besoin pour accomplir leur travail. Plus de 90 % d'entre eux ont convenu qu'ils reçoivent le soutien nécessaire pour concilier leur travail et leur vie personnelle, sont fiers de leur travail et recommanderaient le Commissariat comme un excellent milieu de travail.
Pour ce qui est des ressources financières, le Commissariat a un budget de 4,5 millions de dollars, qui est resté pratiquement inchangé depuis 2008. Les frais de personnel représentent environ 70 % des dépenses, soit 3,4 millions de dollars. Le budget de fonctionnement restant, soit 1,1 million de dollars, est utilisé pour acquérir des services d'appui aux programmes et des services centraux, notamment les ressources humaines, les finances, les technologies de l'information et la passation des marchés.
En ce qui concerne l'avenir, je suis préoccupée par l'enveloppe budgétaire actuelle. En réalité, nous essayons de fonctionner avec un budget établi il y a plus de 10 ans. Un budget de 4,5 millions de dollars était peut-être suffisant à l'époque, mais aujourd'hui, il nous est presque impossible de réaffecter des ressources financières, d'embaucher des ressources humaines supplémentaires ou d'effectuer les investissements nécessaires dans les systèmes informatiques, avec les prix d'aujourd'hui.
Le registre est une exigence prévue par la Loi et il est essentiel à la transparence. Des investissements permanents sont nécessaires pour s'assurer que le registre suit l'évolution des normes de TI et de sécurité ainsi que pour apporter les améliorations nécessaires dans le but d'accroître l'accessibilité des données.
J'ai récemment pris les mesures appropriées pour obtenir du financement additionnel pour les années à venir en présentant une demande budgétaire au gouvernement. Si nous obtenons ce financement, nous engagerons des employés supplémentaires spécialisés en technologie et en gestion de l'information pour garantir que le registre reste sûr, fiable et facile à utiliser.
[Français]
Enfin, je ne peux pas conclure sans mentionner que la Loi sur le lobbying doit faire l'objet d'un examen législatif depuis 2017. J'ai élaboré un certain nombre de recommandations ciblées pour l'amélioration du cadre fédéral en matière de lobbying. Elles sont fondées sur des valeurs et visent à améliorer la transparence, l'équité, la clarté et l'efficacité. Si la Loi est examinée, je suis prête à transmettre un résumé de mes recommandations ou un document plus complet qui détaille le raisonnement sous-jacent à chacune d'elles.
Madame la présidente et membres du Comité, je vous remercie.
[Traduction]
Merci. Je serai heureuse de répondre à vos questions.
:
Lorsque j'ai comparu dans le cadre de ma nomination en décembre 2017, on m'a demandé d'être prête pour un examen législatif qui serait mené au printemps 2018, et j'ai donc travaillé très fort, ces deux dernières années, pour formuler quelques recommandations. De plus, l'expérience m'est utile, car plus j'avance dans mon travail, plus je pense à d'autres enjeux.
J'ai donc étudié les recommandations qui avaient été formulées en 2012, ainsi que le travail de suivi effectué par le Comité et ses recommandations. J'ai décidé d'adopter une approche axée sur les valeurs. Les valeurs que j'ai énoncées sont la transparence, l'efficacité, la clarté et l'équité. Plusieurs choses peuvent être recommandées, et j'ai formulé 11 recommandations qui permettraient de renforcer ces valeurs. On peut les diviser en deux catégories, car certaines d'entre elles concernent l'enregistrement et les autres la conformité.
Dans le cas de l'enregistrement, la première chose à laquelle tout le monde pense — et j'en ai déjà parlé devant votre comité —, c'est qu'il faut éliminer le seuil lié à « une partie importante des fonctions ». C'est un seuil très difficile à appliquer, et les organismes et les entreprises ont de la difficulté à déterminer le moment où elles atteignent le seuil de 20 %. Un examen des accusations qui ont été portées permet de constater qu'elles concernent toujours un lobbyiste-conseil ou le lobbying pendant une période d'interdiction. C'est une mesure difficile à interpréter et il est donc possible que les organismes déclarent très souvent plus que nécessaire ou que je mène une enquête et que cette proportion soit de 13 ou 15 %. C'est difficile.
Je recommande donc fortement que le processus soit transparent et que l'enregistrement se fasse par défaut et qu'il soit assorti de critères très précis. Un organisme qui satisfait aux critères d'exemption ne serait donc pas tenu de s'inscrire. Manifestement, nous devons également adopter une approche équilibrée.
Il est intéressant de souligner — et vous le savez peut-être déjà — que la Colombie-Britannique vient tout juste d'adopter plusieurs nouvelles recommandations. La province a adopté l'approche... Sa loi entrera en vigueur le 4 mai. Je ne sais pas si cette date a été choisie pour une raison précise. L'enregistrement se fera donc par défaut. Par contre, un organisme qui a moins de six employés et qui consacre moins de 50 heures par année au lobbying ne sera pas tenu de s'enregistrer. Ma recommandation serait donc — et je ne sais pas si vous voulez l'entendre, mais je vais continuer — moins de six employés, probablement environ huit heures et trois mois... Je trouve que le fait de donner une année entière pour l'enregistrement représente une période trop longue. Je recommande vivement d'exiger qu'un organisme s'enregistre après une période de trois mois s'il atteint le seuil. Un organisme qui demande plus de 10 000 $ devrait aussi s'enregistrer.
C'est l'un des volets. L'autre concerne les rapports de communication mensuels. Actuellement, ces rapports doivent être faits oralement et préparés par toute autre personne que le titulaire d’une charge publique. Selon moi, la personne qui organise la rencontre ou le fait qu'elle soit organisée à l'avance ne devrait rien changer pour les Canadiens. Mais les conversations qui se déroulent pendant l'heure qui précède un vol devraient être importantes. À mon avis, elles sont importantes. Toute personne qui se trouve dans la salle pendant le lobbying devrait être nommée. C'est un autre exemple de recommandation.