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À la lumière des révélations qui nous ont été faites, et après les deux scandales pour lesquels le premier ministre Justin Trudeau a été jugé coupable d'avoir enfreint la loi, à deux reprises, en l'occurrence la Loi sur les conflits d'intérêts, notamment pour son voyage à l'île du milliardaire et pour son implication dans le scandale de SNC-Lavalin, il est impératif que ce comité s'acquitte de ses fonctions et s'assure que les Canadiens peuvent faire confiance à leurs institutions publiques, peuvent faire confiance au Bureau du premier ministre et au titulaire de cette charge publique et, lorsqu'il y a lieu de remettre en cause cette confiance, que toute la force des rayons du soleil soit mise à contribution pour que nous puissions obtenir de la transparence. Le premier ministre Trudeau a dit une fois que le soleil était le meilleur désinfectant, et cette motion est un effort dans ce sens, pour désinfecter.
Alors, faisons briller le soleil sur cette affaire. Ce gouvernement a proclamé que l'ouverture et la transparence étaient sa marque de commerce ou son engagement et nous attendons toujours. Il convient de noter que, dans le « Rapport Trudeau II », le commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique, M. Mario Dion, a affirmé que neuf témoins n'ont pas pu comparaître parce que cela aurait dévoilé des renseignements confidentiels du Conseil privé de la Reine.
Voilà qui pose problème, car on nous a dit qu'on renoncerait à appliquer la confidentialité à tous les renseignements du Cabinet pendant cette enquête, et cela n'a pas été le cas. Cela a été documenté, nous avions donc neuf témoins qui voulaient contribuer à la transparence qu'un agent indépendant du Parlement cherchait à apporter au problème, et cela n'a pas été possible.
Étant donné la réalité à laquelle nous sommes confrontés, je crois que nous avons un récit changeant, et il est important que nous établissions précisément tous les faits dès que possible pour pouvoir assurer aux Canadiens que le Parlement s'acquitte de ses fonctions de contrepoids au pouvoir exécutif du gouvernement. Les documents demandés dans cette motion ont un rapport direct avec cette question, qui a régné à la une des journaux et a fait la manchette des journaux télévisés pendant des semaines dans tout le pays. Nous avons un programme de 912 millions de dollars qui a été octroyé sans appel d'offres. Je sais, et je suis sûr que j'entendrai dire par les députés du Parti libéral, qu'il ne s'agissait pas d'un contrat à fournisseur unique, mais hier des fonctionnaires nous ont dit qu'il s'agissait d'un contrat conclu sans soumissions. Il n'y a pas eu d'appel d'offres. Aucune demande de propositions n'a été formulée. Ils ont prétendu qu'ils voulaient que ce soit fait rapidement et donc ils l'ont fait.
D'accord, mais pourquoi sélectionner cette organisation en particulier?
Cette organisation a quelques mérites qui sont de notoriété publique et dont nous devons tenir compte. L'un de ces mérites est que les membres de la famille de Justin Trudeau, y compris sa mère Margaret Trudeau et son frère Alexandre Trudeau, ont bénéficié ensemble d'un montant supérieur à 300 000 $ dans leurs transactions avec cette organisation, UNIS.
Nous savons que la femme du premier ministre est une porte-parole de cette organisation. Nous savons que Justin Trudeau participe régulièrement à des événements de cette organisation. Nous savons que Mme Grégoire Trudeau a reçu une fois des honoraires de conférencière de cette organisation, avant que Justin Trudeau n'ait pris ses fonctions de premier ministre.
Cela représente beaucoup d’argent. Ce n’est pas un montant négligeable, quand on parle de centaines de milliers de dollars et de près de 11 000 $ par conférence pour Mme Margaret Trudeau. C’est important. Puis, le fait d’avoir octroyé ce contrat, cet arrangement, à cette organisation sans soumission....
Si l’on veut s’entendre sur un terme commun autre que « à fournisseur unique », si cela fait obstacle à l’obtention des faits et de la transparence, je suis disposé à en discuter. Mais les choses sont ce qu’elles sont. Nous avons appris hier qu’il n’y a pas eu d’appel d’offres pour ce contrat.
Nous savons également que, par l’un des nombreux arrangements à fournisseur unique pris avec l’organisation UNIS, il y a eu, pour le 2 juillet 2017, un contrat de plus de 1 million de dollars entre le gouvernement du Canada et l’organisation UNIS, qui a présenté le et sa mère, Mme Margaret Trudeau, sur la pelouse de la Colline du Parlement. Les documents permettant de savoir si Mme Margaret Trudeau a reçu ou non ses honoraires de conférencière d’environ 11 000 $ pour cet effort n’ont pas été divulgués par le Bureau du premier ministre et l’organisation UNIS a décliné de les fournir. C’est problématique. C’est problématique quand l’argent des contribuables quitte leur main et va dans la main de la mère d’un titulaire de charge publique, le chef de notre gouvernement. Toute personne raisonnable verrait bien que c’est une impropriété.
Cette organisation, UNIS, a refusé de payer des honoraires de conférencier à d’autres personnes à la réputation et aux idées exceptionnelles dans le domaine où Mme Margaret Trudeau est aussi une experte reconnue, ou connue pour cela, celui de la santé mentale. Ce qu’elle fait est louable. Je crois que c’est remarquable qu’elle parle de ce problème. Je pense qu’il est si important d’en parler de nos jours. Dans le contexte de la COVID-19, je crois que nous avons tous entendu, et certains d’entre nous en font peut-être l’expérience dans leur collectivité ou dans leur famille, qu’en ce qui concerne la santé mentale, il y aura de vrais défis pour les gens qui ont été confinés à cause du virus. Par conséquent, c’est très important. Mais pourquoi la payer elle et pas quelqu’un d’autre? Est-ce approprié qu’elle soit payée, en tant que mère du , 11 000 $ pour un travail de 90 minutes avec l’argent des contribuables? Ces questions que nous avons posées sont extrêmement importantes.
Les réponses que nous avons entendues hier au comité des finances sont très intéressantes. Le mandat de ce comité est différent. Je sais que des motions vont être présentées aujourd’hui par d’autres membres du comité. Je crois qu’il est important de ne pas perdre de vue le mandant du Comité. Nous sommes le Comité de l’éthique. Le commissaire aux conflits d’intérêts et à l’éthique enquête encore sur le , un premier ministre qui par deux fois a été jugé coupable d’avoir enfreint la loi. Nous avons également le , qui est en ce moment même l’objet d’une enquête du commissaire aux conflits d’intérêts et à l’éthique, et qui a déjà été jugé coupable une fois d’avoir enfreint la loi. Le travail de ce comité est extrêmement important.
Je reconnais que cela peut mettre mes collègues de l’autre côté mal à l’aise, puisqu’il s’agit du chef de leur parti, des membres du Cabinet et du même parti pour lequel ils siègent qui sont l’objet de ces interrogations. Je crois sincèrement que plus vite nous aurons des réponses et plus vite nous pourrons mettre un terme à cette affaire. Rien ne me satisferait plus que de rassurer les Canadiens sur le fait que la primauté du droit est respectée, que nous avons un gouvernement ouvert et transparent et qu’il n’y a plus rien à voir dans cette affaire. Pour l’instant, il y a encore à voir et c’est pourquoi il est important que nous puissions examiner ces documents.
Je suis prêt à entendre d’autres commentaires de la part des membres du Comité, madame la présidente. Je suis heureux d’avoir eu l’occasion de présenter cette motion.
Je vous remercie.
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D'accord, alors, je vais continuer.
Je voudrais en effet attirer l'attention du comité sur notre mandat et le fait qu'il s'agisse d'un mandat d'examen du travail du commissaire au lobbying. Étant donné que le commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique est désormais saisi de cette tâche, nous ne sommes pas un organisme d'enquête. Nous sommes en fait un organisme d'examen. Nous sommes là pour assurer au commissaire la possibilité de faire son travail. C'est notre rôle.
Je voudrais lire le mandat, car je trouve cela utile, et examiner le mandat des autres comités qui, de ce que nous en savons, sont également saisis de motions concernant cette affaire.
Le Comité de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique examine notamment l'efficacité, l'administration, le fonctionnement ainsi que les plans opérationnels de dépenses des bureaux de quatre hauts fonctionnaires du Parlement, à savoir le commissaire à l'information, le commissaire à la protection de la vie privée, le commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique et le commissaire au lobbying. Il étudie également leurs rapports, bien qu'il s'agisse, dans le cas du commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique, des rapports sur les responsabilités que lui impose la Loi sur le Parlement du Canada concernant les titulaires de charge publique ainsi que des rapports déposés en application de la Loi de l'accès à l'information et de la Loi sur la protection des renseignements personnels. En coopération avec les autres comités permanents, ce comité dispose également du mandat d'étudier tout projet de loi, toute réglementation fédérale, ou toute disposition du Règlement de la Chambre des communes qui a une incidence sur ces principaux domaines de responsabilité: l'accès à l'information, la protection des renseignements personnels et les normes éthiques des détenteurs de charge publique. Le Comité peut aussi formuler des propositions d'initiatives dans ces domaines et promouvoir, contrôler et évaluer lesdites initiatives.
Ainsi nous ne sommes pas un organisme d'enquête. En fait, c'est la discussion que nous avons eue lors la première réunion que nous avons tenue ici, lorsque nous établissions nos règles et procédures.
Je vais continuer en français.
[Français]
Je me rappelle que nous avons eu une conversation très détaillée sur le fait que ce comité a la responsabilité d'étudier des sujets très délicats qui touchent justement la confidentialité et la vie privée des gens. Il a été établi que nous n'allions pas parler des individus, des personnes.
Le fait que nous menions une vie publique, en tant que députés — ou commissaires —, est une chose. Or, c'est autre chose lorsqu'il s'agit de l'épouse, de la mère, d'un frère, d'une sœur ou de toute autre personne avec qui nous sommes liés ou qui, dans certains cas, a le malheur de l'être. Étant donné que j'ai huit frères et sœurs, je parle d'expérience. Nous ne pouvons pas commencer à mener des enquêtes sur chacune de nos familles. Salir la réputation des gens n'est pas le rôle de ce comité.
Il y a une raison pour laquelle l'ancien premier ministre, M. Harper, a mis en vigueur la Loi sur les conflits d'intérêts et établi le rôle de commissaire. De cette façon, des situations considérées comme inquiétantes par des députés peuvent être étudiées en toute confidentialité. Le fait que cela se fasse me donne entièrement confiance. Certaines personnes, ici, ne font peut-être pas confiance au Bureau du commissaire ou au commissaire lui-même, mais cela est une autre question. Pour ma part, je suis convaincue qu'il a tout ce qu'il faut pour mener l'enquête comme il se doit.
La question tourne surtout autour de notre mandat. C'est là-dessus que nous devrions nous concentrer. Nous avons la responsabilité, en tant que députés, de nous charger des dossiers que la Chambre des communes nous confie. Nous devons nous assurer que les commissaires disposent des outils nécessaires. Ces commissaires, qui sont non partisans et indépendants, sont nommés pour des périodes précises.
Ils sont là pour faire un travail très important pour les Canadiennes et les Canadiens.
Je suis d'accord avec mon collègue d'en face. Il est possible de poser des questions pour savoir si certains gestes posés par un député ou un membre de sa famille ou encore de sa parenté sont appropriés. On parle de deux choses. Les membres de la famille immédiate d'un député, c'est son époux ou son épouse et leurs enfants, mais, comme je l'ai dit tout à l'heure, il y a aussi les gens de son entourage.
Est-ce raisonnable? Est-ce vraiment ce qu'on veut faire? Sommes-nous vraiment rendus là? Allons-nous faire une enquête publique sur tout le monde alors que d'autres outils existent?
J'ai parlé du commissaire à l'éthique. On sait par ailleurs que le Comité permanent des finances a tenu une réunion hier pour discuter de l'entente de contribution.
[Traduction]
Je sais que c'est un peu technique, mais le fait est qu'il existe une différence, pour le public, entre ce qu'est un accord de contribution, un paiement de transfert et un contrat d'approvisionnement, ou marché.
Le marché est utilisé pour obtenir des biens ou des services. Il s'agit d'une entente entre une autorité contractante du gouvernement fédéral et une tierce partie pour l'achat de biens, la fourniture d'un service ou la location d'un bien immobilier. La plupart du temps, la partie de l'extérieur est choisie par l'entremise d'un processus concurrentiel.... Un accord de (paiement de) transfert sert à virer des sommes... du gouvernement fédéral à des particuliers, des organisations ou d'autres paliers de gouvernement...pour promouvoir la politique gouvernementale et l'atteinte des objectifs du ministère.
Dans le cadre d'un accord de contribution [un type de paiement de transfert], le gouvernement fixe les paramètres de financement de haut niveau, y compris les objectifs [des programmes et politiques], les résultats souhaités, les dépenses admissibles et les mesures de rendement.... Cependant... le gouvernement ne dirige pas le bénéficiaire ou ne lui dicte pas comment exécuter son projet .
Voilà les définitions. Et c'est effectivement le travail du comité des finances. J'oserais dire que nous ne nous prononçons pas sur les autres comités, mais depuis l'époque où je participais au comité des opérations gouvernementales, je sais que cela pourrait faire partie de leur mandat, à savoir de décider de mener une étude pour savoir si le travail du ministère a été exécuté selon toutes les procédures requises et si la méthode appropriée a été utilisée.
Ce n'est pas rare, puisque nous avons entendu hier au comité des finances...
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Merci, madame la présidente, et je remercie ma collègue de m'avoir mentionné.
C'était un bon rappel opportun d'incidents passés, et je dirai donc deux choses. D'abord, il est sans aucun doute du ressort du Comité d'enquêter sur des manquements à l'éthique de la part de titulaires de charge publique, mais pour revenir aux propos de ma collègue, c'est également une obligation très importante du Comité de gérer ces questions avec respect, sans traîner d'autres personnes dans la boue. Lorsque M. Andrews, un ancien libéral, a ciblé Dean Del Mastro, je me disais, tous les jours où j'étais présent, que nous devions procéder comme il se doit, et c'est très important, car nous ne sommes pas un tribunal fantoche.
Pour ce qui est de la participation de la famille Trudeau, nous devons faire preuve de prudence, car Mme Sophie Grégoire Trudeau a fait beaucoup de choses très impressionnantes. Je n'ai aucun intérêt à la mêler de quelque façon que ce soit à cette histoire. Mme Margaret Trudeau a quant à elle inspiré beaucoup de monde grâce à son formidable travail en tant que porte-parole auprès du public. Je pense que la situation est vraiment terrible lorsque nous devons même parler d'elle.
Ce dossier est important puisqu'il est question du Mouvement UNIS et des liens avec le gouvernement Trudeau. Je suis très étonné d'apprendre que le Mouvement UNIS a commencé à embaucher des membres de la famille Trudeau juste après que Justin Trudeau soit devenu premier ministre, et nous avons ensuite appris que d'autres personnes clés n'ont pas été payées, par exemple Mme Jully Black, une formidable personnalité publique, et M. Theo Fleury. Il y a donc lieu de se demander si on a tenté d'acheter une influence politique. C'est, à mon avis, la question dont nous sommes saisis.
Si les libéraux sont préoccupés par la façon dont nous avons obtenu des documents sur des membres de la famille Trudeau, je partage leur préoccupation. Je ne pense pas que nous sommes ici pour cibler le frère de M. Trudeau, qui est cinéaste. S'il est porte-parole du Mouvement UNIS et qu'on l'a payé, il pensait probablement que c'était à cause de ses formidables compétences en tant que cinéaste. C'est peut-être la raison pour laquelle il s'est impliqué. Ce que nous devons déterminer, c'est si on a tenté d'acheter l'influence du gouvernement, car les intérêts financiers de la famille Trudeau et du Mouvement UNIS sont devenus très complexes et intiment liés. C'est ce que nous devons tirer au clair.
Nous savons que le commissaire aux conflits d'intérêts a lancé son enquête à cause de ces liens complexes. Par ailleurs, nous en apprenons de plus en plus sur les liens de M. avec le Mouvement UNIS, ce qui suscite l'intérêt. Je ne veux toutefois pas savoir ce que font les enfants de M. Bill Morneau au Mouvement UNIS, s'ils sont payés et ainsi de suite. C'est sur la récusation et l'achat d'influence que nous devons nous pencher. C'est distinct de ce qui intéresse le Comité des finances et le comité des opérations gouvernementales. Il est question des obligations de titulaires de charge publique, des obligations que nous avons établies lorsque notre comité a commencé à examiner la Loi sur les conflits d'intérêts et lorsqu'on nous demande de l'examiner, et c'est la même chose pour la Loi sur le lobbying. Le but est de faire en sorte qu'elles s'appliquent à tout le monde de manière équitable. C'est le rôle de notre comité.
Dès le moment où on a constaté un geste condamnable de la part du , nous nous serions attendus à ce que des mesures soient mises en place au Cabinet du premier ministre pour le protéger et pour éviter que des conflits d'intérêts surviennent une deuxième fois. Ce n'est pas ce qui a été fait. L'affaire SNC-Lavalin était très troublante puisqu'elle a coûté au son chef de cabinet, Gerry Butts, ainsi que le greffier du Conseil privé, ce qui n'était jamais arrivé avant. Le greffier du Conseil privé est une personne que nous considérons tous comme la voix indépendante et non partisane de la fonction publique, une personne qui conseille le pour faire en sorte qu'il suit les règles, ce qui n'a pas été fait.
Lorsque nous nous retrouvons dans une situation, au milieu d'une pandémie, dans laquelle 900 millions de dollars sont accordés à un groupe ayant des liens avec la famille Trudeau, il faut évidemment demander pourquoi personne n'a sonné l'alarme au Cabinet du premier ministre. Je répète que je ne vais jamais être favorable de quelque façon que ce soit à ce que des membres de la famille Trudeau comparaissent devant notre comité, car là n'est pas la question, mais Mme Katie Telford, qui est chef de cabinet, doit nous dire pourquoi il n'y a pas eu de freins et contrepoids. Ce n'est pas une chose difficile à comprendre au sujet de l'obligation de se récuser. Pourquoi M. ne s'est-il pas récusé? Non seulement sa famille avait des liens financiers directs, mais M. Bill Morneau est également très engagé auprès du Mouvement UNIS.
Nous avons ensuite appris auprès du Comité des finances — je répète que c'est un comité distinct — qu'une proposition circulait avant que le fasse son annonce qui a ouvert la voie à l'obtention du contrat par le Mouvement UNIS. Elle circulait au Cabinet du premier ministre, apparemment au Bureau du Conseil privé, et au ministère des Finances de . Une fois de plus, nous revenons non seulement au refus de se récuser, mais aussi à la question de savoir si le Mouvement UNIS a obtenu un accès privilégié à un énorme programme dont les fonds devaient aider des étudiants universitaires pendant une pandémie. Si c'est ce qui s'est produit, on parle alors d'une grave ingérence dans l'appareil gouvernemental. D'importantes questions doivent être posées.
En tant que comité, nous nous penchons là-dessus. En tant que comité de l'éthique, nous sommes tenus d'avoir les bons mécanismes de poids et contrepoids, comme le dit notre collègue. De toute évidence, les bons mécanismes de poids et contrepoids n'étaient pas en place, car ce scandale n'aurait jamais eu lieu. On n'aurait jamais dû décider de remettre de l'argent aussi facilement à des gens qui ont des liens étroits avec la famille du , lorsqu'il y a manifestement des intérêts financiers de part et d'autre, pendant une pandémie, lorsque l'incertitude économique est extrême.
C'est une source d'embarras pour chacun de nous. Je pense aussi que c'est un affront au travail que nous avons tous accompli, quel que soit notre parti, lorsqu'on nous a demandé au début de la pandémie de communiquer avec chaque organisation de notre région pour déterminer à quels endroits nous pouvions offrir des emplois d'été à des jeunes par l'entremise du programme Emplois d'été Canada. Beaucoup d'efforts ont été déployés. Tous les partis ont répondu à l'appel. La fonction publique a répondu à l'appel. Nous avons trouvé des postes à pourvoir. Dans ma région, nous aurions pu placer des centaines de jeunes. Nous avions tous les étudiants en médecine du Nord de l'Ontario. Nous leur avions trouvé des postes. Nous avons trouvé des organisations agricoles qui voulaient embaucher des étudiants en agriculture qui rentraient à la maison. Des cabinets d'avocats nous ont appelés à cause de ce qu'on leur disait, de députés libéraux qui disaient que des postes seraient pourvus grâce au programme Emplois d'été Canada. Tout cela a été mis de côté. On a soudainement entendu cette proposition, celle que le a annoncée juste après que le Mouvement UNIS a fait circuler la sienne, qui était différente, j'en conviens, mais très semblable au résultat définitif.
Ce que nous ciblons ici, ce n'est pas ce qui s'est fait relativement aux autres contrats. Nous voulons plutôt savoir si on a tenté d'acheter une influence politique en embauchant des gens proches du et si le refus du premier ministre et du de se récuser les a placés en situation de conflit d'intérêts et a compromis une décision qui est maintenant devenue une énorme source d'embarras. Je suis très fier du travail que nous avons fait au milieu d'une pandémie, et ce, au sein de tous les partis. Je suis très fier du travail que nous avons accompli. Je suis fier de pouvoir défendre des programmes gouvernementaux auxquels nous avons travaillé et que nous avons contribué à modifier et à améliorer. Qu'il s'agisse des petites entreprises ou de la Prestation canadienne d'urgence, du montant d'urgence de 2 000 $ par mois, je peux dire aux gens de ma circonscription que tous les partis ont collaboré.
Je ne peux toutefois pas justifier cette entente de 900 millions de dollars qui n'est peut-être même pas légale, pour payer des étudiants bien en deçà du salaire minimum. Plus nous en apprenons sur l'affaire, plus nous constatons que le Mouvement UNIS n'avait pas la capacité d'exécuter le programme. Je ne peux pas rester les bras croisés en tant que membre du Comité lorsqu'on pose des questions sur des liens financiers familiaux. Si les libéraux veulent proposer une motion sur notre façon de discuter de la question, afin de ne pas mêler la famille Trudeau à cette affaire et les mettre dans l'embarras à cause du travail que ses membres font en coulisse...
Le aurait dû savoir que ces liens financiers allaient le mettre en situation de conflit d'intérêts. C'est sa responsabilité. J'aimerais que les libéraux nous disent: « Voici ce que nous ferons. Le premier ministre témoignera devant le Comité et expliquera pourquoi il n'a pas pensé que les paiements remis à sa famille et l'attribution du contrat étaient problématiques. »
Je m'intéresse à la responsabilité du , à celle de M. . C'est Mme Katie Telford, en tant que chef de cabinet, qui devrait s'occuper de notre premier ministre et le protéger soigneusement contre les glissements éthiques pour éviter qu'il ne continue de se mettre les pieds dans les plats. C'est cela qui m'intéresse. Je ne veux pas que notre comité soit utilisé pour s'en prendre à des membres de la famille Trudeau. Je conviens que nous pouvons circonscrire la façon de procéder, et nous pouvons en parler, mais j'aimerais que les libéraux nous disent qu'ils feront comparaître le premier ministre devant le Comité pour qu'il explique pourquoi il a mis sa famille dans cette position.
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Dans une vie antérieure pas si lointaine, je travaillais comme notaire en médiation familiale. Je travaillais avec plusieurs parties pour trouver un compromis. Je suis prête à le faire encore et de travailler avec plusieurs partis, même si le mot s'épelle différemment dans ce contexte, pour trouver une motion sur laquelle travailler.
Néanmoins, si les partis de l'opposition cherchent à faire des gains politiques en se concentrant sur un seul événement, au sujet duquel le s'est excusé, et souhaitent impliquer la famille d'un élu, je vous dis tout de suite que je vais m'y opposer, madame la présidente.
Est-ce que nous sommes sans reproche? Bien sûr que non. C'est la raison pour laquelle le premier ministre s'est sincèrement excusé. Cependant, les partis de l'opposition ont aussi erré par le passé. Si les partis de l'opposition souhaitent jouer à ce jeu, c'est-à-dire d'étudier les dépenses gouvernementales, nous pourrions étudier également les balises établies par le gouvernement pour éviter qu'un parti se paie des bureaux partisans avec les fonds de la Chambre des communes, ou encore profiter du fait que les partis de l'opposition souhaitent convoquer M. Ian Shugart pour lui demander pourquoi il avait des réserves sur M. Bruce Carson, lorsque celui-ci travaillait pour les conservateurs, sans parler des liens entre le cabinet de l'ancien premier ministre Harper et le scandale des dépenses au Sénat.
Oui, nous pouvons commencer à pointer nos adversaires du doigt, mais je crois sincèrement qu'il ne s'agit pas de la meilleure manière d'orienter le travail de ce comité. Nous pouvons faire un travail de sensibilisation auprès de la population plutôt qu'un spectacle politique. On entend souvent dire que tous les élus sont croches ou que ce sont des voleurs. Si nous profitons de la moindre occasion pour faire un spectacle politique, nous leur donnons raison. Nous avons plutôt une formidable occasion de montrer aux Canadiens et aux Canadiennes qu'il y a des balises en place et que nous pouvons toujours faire mieux.
Vous ne le savez peut-être pas, madame la présidente, parce que nous apprenons encore à nous connaître, mais j'ai également enseigné à l'Université de Sherbrooke, la meilleure université du monde, dans la plus belle ville du Canada.
J'ai enseigné à l'Université du troisième âge dans le cadre d'un programme destiné aux personnes de 50 ans et plus qui désirent poursuivre leur formation et apprendre tout au long de leur vie. Le programme a pour objectif de faciliter l'acquisition de connaissances, de combattre l'isolement chez les personnes aînées, de favoriser l'intégration des personnes aînées dans la vie culturelle et sociale, de promouvoir les échanges, d'appuyer les personnes aînées dans leur désir d'accomplissement et de doter la société d'une nouvelle vague de citoyennes et de citoyens aînés dynamiques et responsables. J'ai également enseigné dans le cadre de la formation professionnelle afin de faire partager ma passion pour le notariat et de former notre relève. C'est donc dire que je crois fondamentalement en l'éducation, en la transmission des connaissances et en l'acquisition de pratiques exemplaires. Or, nous avons l'occasion de faire précisément cela.
Je viens de vous mentionner que, avant d'être parmi vous, j'étais notaire — et je le suis toujours. C'est une profession que j'adore. C'est surtout un métier qui repose fondamentalement sur l'éthique et la probité. Lorsque j'apposais mon sceau, c'était automatiquement un gage de confiance. Comme notaire, ce n'était pas une partie ou l'autre que je devais représenter, mais plutôt les deux parties. Je sais que j'ai autour de moi des élus qui viennent d'autres provinces et à qui cette profession peut sembler étrangère, vu nos régimes juridiques différents. Cependant, au Québec, les notaires sont reconnus comme étant des officiers publics, précisément en raison de leur probité et de leur éthique.
Afin de mettre en contexte mon discours d'aujourd'hui et d'aider les membres du Comité à mieux comprendre mon argumentaire, il importe d'expliquer brièvement ce qui a construit ma morale et mon éthique professionnelle. Comme je l'ai indiqué déjà, avant d'être élue dans la belle circonscription de Sherbrooke, je travaillais comme notaire spécialisée dans les droits de la personne et la médiation. Dans ce genre de fonction, la rigueur et l'intégrité sont essentielles. Il n'y a pas de parti pris; nous sommes là pour tout le monde, pour toutes les parties, de sorte que chacun soit écouté, que chacun puisse exprimer son point de vue et obtienne une entente satisfaisante pour tous. Comme vous pouvez le constater, les questions d'éthique ont toujours été au cœur de mon expérience professionnelle.
Pour insister un peu plus sur la façon dont doivent être exprimées ces questions d'éthique, je vais vous parler de mon deuxième défi professionnel. J'ai eu la chance, pendant près de 25 ans, d'être chargée de cours à l'Université de Sherbrooke. J'en profite d'ailleurs pour féliciter l'Université d'avoir obtenu la certification internationale STARS de niveau Platine. L'Université fait maintenant partie des 10 meilleurs établissements d'enseignement dans le monde en matière de développement durable.
Lorsque j'étais chargée de cours, j'agrémentais mon enseignement d'exemples concrets provenant de mon expérience professionnelle. Dans ces exemples et dans les questions des étudiantes et des étudiants, les questions d'éthique revenaient souvent. Vous vous doutez sûrement qu'un notaire doit s'assurer que le client n'a pas d'ascendant sur lui ou qu'il n'y a pas de conflits de nature éthique dans la gestion de clients ayant des intérêts concurrents. En ce qui concerne le bien commun, un autre exemple concret est l'importance de disposer d'une tutelle, d'une curatelle ou d'un mandat homologué pour les questions éthiques et morales.
J'aimerais d'ailleurs vous entretenir de ces questions, afin que cette illustration me permette de mettre davantage en contexte les questions d'éthique que nous avons à traiter aujourd'hui. Lorsqu'on nomme un tuteur ou un curateur, on doit s'assurer que celui-ci est complètement indépendant et qu'il va toujours prendre ses décisions dans l'intérêt supérieur de la personne qu'il représente, sans jamais se placer dans une situation de conflit ou d'apparence de conflit.
Aux membres de l'opposition qui voudraient nous dépeindre — et surtout me dépeindre — comme des personnes qui veulent empêcher une enquête sur un pseudo-scandale de nature éthique, j'offre comme gage de ma probité mes 28 années en tant que notaire et enseignante de la profession. Cette droiture, je ne l'ai pas perdue une fois que j'ai été élue, et j'entends toujours m'assurer que le gouvernement dépense efficacement les fonds publics.
Comme le mentionnait Montesquieu: « Il est nécessaire [...] que le pouvoir soit un frein au pouvoir ». Le mécanisme de freins et de contrepoids veut que nous, qui exerçons le pouvoir législatif, puissions contrôler l'action du pouvoir exécutif.
Je suis donc ici dans mon rôle de contrôleur de l'action gouvernementale, un rôle que j'ai moins exercé compte tenu de la pandémie, je dois l'admettre, pendant laquelle le gouvernement, grâce à notre formidable fonction publique, a su démontrer qu'il était capable de débourser rapidement et efficacement des fonds pour aider les familles canadiennes. Il a réussi à le faire, et je crois que nous traverserons mieux la crise grâce à cela. Nous avons soutenu nos concitoyennes et concitoyens quand certains partis nous demandaient de les abandonner.
Les agents indépendants du Parlement jouent un rôle essentiel pour assurer la transparence et la reddition de comptes au niveau fédéral et pour veiller à la bonne marche des institutions desquelles les Canadiens dépendent. C'est pourquoi, dans le mandat précédent, nous avons renforcé la Loi sur l'accès à l'information, car nous croyons justement en un gouvernement ouvert et transparent.
J'aimerais rappeler à ce comité que nous avons publié en 2015 le document « Pour un gouvernement ouvert et responsable », qui énonce:
[...] les principes de base associés au rôle et aux responsabilités des ministres dans le système de gouvernement parlementaire responsable qui est le nôtre. Il traite du fondement de la responsabilité ministérielle, à la fois individuelle et collective, de même que des relations des ministres avec le premier ministre et le Cabinet, de leur portefeuille et du Parlement. Il passe en revue les normes de conduite attendues des ministres et toute une série de questions administratives, procédurales et institutionnelles. Il offre aussi des conseils au personnel exonéré des ministères et de l'information utile aux fonctionnaires et aux Canadiens sur le système de gouvernement canadien. Enfin, pour ce qui est de la question essentielle du comportement éthique, les ministres doivent connaître à fond la Loi sur les conflits d'intérêts.
Un passage de l'avant-propos est d'ailleurs très éclairant. Permettez-moi de le citer, madame la présidente.
Pour mériter la confiance des Canadiens, nous devons toujours faire preuve d'intégrité. Il ne s'agit pas simplement d'adopter les règles adéquates, ou de voir à ce que l'on observe les exigences techniques de ces règles. En tant que ministres, vous devez, ainsi que votre personnel, respecter les normes les plus élevées d'honnêteté et d'impartialité. En outre, la façon dont vous menez vos devoirs officiels et vos affaires personnelles doit pouvoir résister à l'examen public le plus minutieux. Il s'agit là d'une obligation dont on ne s'acquitte pas simplement en respectant la loi.
Je suis ici devant vous en tant que députée de Sherbrooke, mais j'ai aussi la chance de servir les Canadiennes et les Canadiens à titre de secrétaire parlementaire de la ministre du Développement économique et des Langues officielles, l'honorable Mélanie Joly. À cet effet, je suis bien consciente que les ministres et les secrétaires parlementaires doivent agir avec honnêteté et respecter les normes d'éthique les plus élevées qui soit afin de maintenir et de rehausser la confiance du public dans l'intégrité et l'impartialité du gouvernement.
À titre de titulaires de charge publique, les ministres et les secrétaires parlementaires sont assujettis aux exigences de la partie I de l'annexe A, intitulée « Lignes directrices en matière d'éthique et d'activités politiques à l'intention des titulaires de charge publique », de même qu'aux pratiques exemplaires liées aux activités de financement et aux rapports avec les lobbyistes décrites à l'annexe B. En outre, ils sont tenus de s'acquitter de leurs fonctions officielles et de mener leurs affaires personnelles d'une manière qui puisse résister à l'examen public le plus rigoureux. Cette obligation ne se limite pas à la simple observation de la loi.
J'adhère parfaitement à ces normes qui ont été fixées par notre gouvernement, et je suis sûre qu'il en va de même pour tous les députés de notre côté. Encore une fois, j'aimerais insister sur un fait très important. Je suis prête à me soumettre à un examen public rigoureux, mais je ne crois pas que nos familles devraient être visées par cet examen public rigoureux.
J'aimerais aussi revenir sur les demandes de faire intervenir du personnel politique et des fonctionnaires. Pour ce faire, permettez-moi de citer les travaux du Dr Kenneth Kernaghan.
La politique et les politiques sont distinctes de l'administration; ainsi, les politiciens prennent des décisions stratégiques et les fonctionnaires les exécutent.
Les fonctionnaires n'expriment pas publiquement leurs opinions personnelles sur les politiques ou l'administration du gouvernement.
Les fonctionnaires donnent des conseils francs et objectifs à leurs maîtres politiques en privé et à titre confidentiel; en retour, l'exécutif politique protège l'anonymat des fonctionnaires en assumant publiquement la responsabilité des décisions des ministères.
Encore une fois, c'est aux ministres de répondre de leurs actes devant le Parlement, comme l'a fait ma collègue la ministre Chagger, hier.
Je reconnais qu'il peut être opportun que des fonctionnaires assistent les ministres dans les aspects plus techniques des réponses. Cependant, ils ne devraient pas être soumis — et encore moins nos familles — à une inquisition publique, comme souhaitent le faire les partis de l'opposition.
Comme je le mentionnais, plutôt que de se servir de ce comité comme un tribunal d'inquisition, servons-nous-en comme une plateforme d'éducation.
Si vous le permettez, madame la présidente, je vais vous expliquer ce que notre comité devrait prendre en compte, à mon avis.
Les questions éthiques doivent en effet rester au cœur des préoccupations des parlementaires. Le lien de confiance entre la population et ses élus est vital. C'est grâce aux institutions comme le Commissariat aux conflits d’intérêts et à l’éthique, de même que le Commissariat au lobbying, et à ce comité, ainsi qu'au travail rigoureux des différents partis politiques et de ce gouvernement que ce lien de confiance saura non seulement se maintenir, mais renaître.
Le XXIe siècle nous aura demandé d'affronter une vague de cynisme sans précédent, qui ouvre la porte, on s'en doute bien, à des politiques de l'extrême, à des politiques de racolage, à des politiques populistes qui ont un impact assurément durable sur le paysage politique, des politiques qui viennent d'abord et avant tout toucher — et c'est bien malheureux — le côté émotionnel, voire impulsif, de la psyché des électeurs. Il va sans dire qu'il y a péril en la demeure lorsque, dans une démocratie qui se veut saine, dynamique, ouverte, inclusive et durable, une partie de la population se fait porter par des messages de peur et de politique négative.
Si Platon nous a appris quelque chose, c'est que la recherche du vrai doit être centrale dans notre prise de décision, et que le rationnel doit s'opérer avec bonne foi, pragmatisme et, surtout, sur une dialectique basée sur le réel. Il est donc essentiel, pour les partis politiques canadiens, d'éviter de tomber dans du dogmatisme ou dans une rhétorique de la peur.
Faisons honneur à l'intelligence des Canadiennes et des Canadiens, et assurons-nous d'aborder les questions de politique publique avec rationalité. L'éthique, dans l'action politique collective en cette Chambre, s'en trouvera plus forte, plus pérenne et plus universelle.
Nous nous devons aussi de respecter les spécificités nationales qui nous sont propres, au Canada. De tout temps, nous avons su préserver les Canadiens et les Canadiennes de l'extrémisme politique que d'autres pays ont connu en offrant des politiciens ayant des idéologies politiques variées, mais toujours des personnes qui savent offrir au Canada des options équilibrées et, surtout, qui évitent de détourner les outils législatifs et parlementaires à des fins strictement partisanes.
Madame la présidente, j'émets le souhait que cet équilibre qui fait la fierté du Canada soit préservé et que les différents membres de ce comité se rappellent leur rôle de parlementaires. Tomber dans la partisanerie mesquine non seulement desservira ce Parlement, mais, plus largement, cela desservira l'ensemble de la classe politique ainsi que les Canadiens et les Canadiennes.
Lorsque des questions éthiques sont soulevées, il est essentiel de se recentrer sur le concept principal qui nous unit, soit la démocratie. Issu des termes grecs « demos », qui signifie « peuple », et « cratos », qui signifie « pouvoir », le mot « démocratie » a vu sa définition changer à maintes reprises au cours de l'histoire. Les Grecs voyaient la démocratie comme une chance égale d'obtenir un poste au gouvernement par un tirage au sort. Or, on convient aujourd'hui que la démocratie passe par une multitude de libertés ainsi que par des élections libres, équitables et fréquentes, tel qu'énoncé par Robert Dahl. À ces deux visions de la démocratie, s'ajoutent les théories de plusieurs penseurs, soit des contributions importantes aux théories entourant la démocratie.
Alexis de Tocqueville fait partie de ces penseurs. En 1831, il décide d'étudier la démocratie américaine pour la documenter et en faire ressortir une tendance. La question suivante se pose donc: quelle est la définition de la démocratie établie par Alexis de Tocqueville et quelles sont les conséquences sociologiques et politiques de cette situation? Pour Alexis de Tocqueville, plusieurs facteurs sont pris en compte lorsque vient le temps de définir la démocratie.
Cependant, une notion centrale et indispensable à l'idée de la démocratie ressort, soit l'état de droit. L'état de droit est un concept par lequel on s'assure que les citoyennes et les citoyens appartenant au pouvoir exécutif ne se situent pas au-dessus des lois. De manière générale, l'état de droit décrit une nation où nul n'est au-dessus des lois. Selon Alexis de Tocqueville, cette forme d'égalité entre citoyens quant à l'action gouvernementale et à l'application de la loi mène à bien plus qu'une égalité devant les tribunaux. Cette situation suscite un changement dans l'état d'esprit des citoyens. Les membres de la société se croient et se sentent égaux entre eux. Même si, malheureusement, des inégalités subsistent, la population conserve ce sentiment d'égalité.
Plusieurs autres caractéristiques définissent la démocratie selon Alexis de Tocqueville. Celui-ci indique d'abord que le processus menant à la démocratie est inéluctable, puisqu'il est naturel chez l'humain de vouloir une uniformisation des conditions de vie et une égalité des droits pour tous. Cette situation ne peut que mener à la démocratie et à l'état de droit. L'égalité des droits, quant à elle, donne à tous la possibilité d'améliorer leurs conditions. Tous peuvent donc aspirer à la mobilité sociale. Ce processus est inéluctable selon Alexis de Tocqueville. Puisque cette théorie sur la démocratie et l'égalité passe par l'ascension sociale, le bien matériel est au cœur de la vision de la démocratie. Le confort personnel et le désir de s'enrichir personnellement mènent à un individualisme qui risque de pousser le citoyen à s'éloigner de la sphère publique pour se refermer sur une sphère plus privée. Cet isolement est une menace à la démocratie, qui ne peut exister que si la population participe à la politique et à la vie politique publique.
Pour éviter cet isolement, Alexis de Tocqueville fait valoir l'établissement d'un grand nombre d'associations civiles, ce qui permet de pousser les citoyens à s'impliquer, de faire pression sur le gouvernement, de se rassembler et de discuter d'idées et d'enjeux. Pour que ces associations — et, ultimement, notre démocratie — subsistent, il faut cependant préserver la confiance de la population envers ses institutions. Le travail de ce comité est donc central. Je suis heureuse de faire partie d'un gouvernement qui voit à ce que les libertés individuelles soient préservées et deviennent des vecteurs de démocratisation.
Enfin, j'aimerais dire quelques mots concernant le fond de l'accusation. Il est important de rappeler que, contrairement à ce qu'avancent les membres de l'opposition, il ne s'agit pas d'un contrat qui a été attribué à l'organisme UNIS, mais bien d'une entente de contribution.
Cette distinction peut sembler sémantique, mais la distinction administrative est très importante et les implications qu'elle sous-tend le sont tout autant.
Il faut rappeler aussi que, contrairement à ce que laissent entendre certains membres de l'opposition, l'organisme UNIS n'a pas été sélectionné par le , mais a bien été recommandé par la fonction publique, plus précisément par Mme Rachel Wernick, sous-ministre adjointe principale de la Direction générale des compétences et de l'emploi. Le ministère et Mme Wernick ont jugé que seul l'organisme UNIS pouvait offrir ce service de bourses pour étudiants dans les délais impartis et qu'il n'aurait pas été possible de le faire à l'interne dans ce cadre temporel.
Notre gouvernement a une très grande confiance en notre fonction publique. Nous sommes heureux de pouvoir dire que la fonction publique canadienne est la meilleure du monde. En tant qu'ancienne chargée de cours à l'Université de Sherbrooke, je me désole de voir des retards dans le programme de bourses pour étudiants. Plusieurs des citoyennes et des citoyens de ma circonscription font partie d'une communauté étudiante et ont des besoins financiers importants. Ces besoins sont exacerbés par la crise que nous venons de vivre, et je suis déçue de voir que cet argent ne se rendra pas dans les mains des étudiants aussi vite que prévu.
J'invite tous les membres de ce comité à se recentrer et à se rappeler pourquoi cette mesure a été mise en place et quelle devrait être notre priorité afin d'aider les Canadiens et les plus vulnérables à se sortir de cette crise.
J'invite donc les membres du Comité à rester à l'intérieur des limites de notre mandat. Le Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique doit continuer à accomplir son mandat et rester une institution où la partisanerie ne prend pas le dessus sur l'importance des questions qui sont à traiter.
Certains groupes de pression accusent les politiciens de se donner en spectacle dans les comités, d'agir avec ceux-ci comme s'il s'agissait d'une chambre d'enregistrement, où on entre pour inscrire son opinion au procès-verbal sans espérer de débat ou d'avancées réelles. Montrons à ceux qui s'inscrivent dans cette vision très cynique de notre travail que, au contraire, nous travaillons toujours pour le bien public, et que malgré nos divisions partisanes, nous pouvons agir en parlementaires afin de nous assurer que notre travail poursuit toujours l'objectif d'un bien commun.
Je vous remercie, madame la présidente.
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Je vous remercie beaucoup, madame la présidente.
J'aimerais tout d'abord remercier ma collègue de la circonscription de Sherbrooke pour l'exposé qu'elle vient de présenter au Comité. J'ai trouvé que ses commentaires étaient pertinents et tout à fait exacts, à une exception près, peut-être. En effet, l'Université de Sherbrooke est certainement parmi les meilleures au Canada, mais je pense que l'Université du Québec en Outaouais est à la tête du peloton. Je suis fier d'être le député qui représente cette université à la Chambre des communes.
Mme Brière a soulevé des points très importants. Cela nous rappelle l'importance de notre travail, ici, et les responsabilités de ce comité. Il incombe à chacun d'entre nous de voir à ce que nous ayons un système sain et durable, qui permette d'examiner les questions liées à l'éthique et qui puisse fonctionner non seulement pendant cette législature, mais également au cours de celles qui vont suivre.
Madame la présidente, je ne siège à ce comité que depuis le début de cette législature, mais j'aimerais vous féliciter sur la façon dont vous le présidez. Je trouve que vous le faites d'une façon équilibrée et sage. Vous faites preuve de beaucoup de flexibilité en laissant les gens exprimer leur point de vue, mais vous vous assurez aussi que nous ne tombons pas dans la partisanerie. C'est particulièrement important lorsque nous traitons de questions éthiques. Je salue votre travail.
Je me souviens que, dès le début, nous avons discuté en vue d'élaborer les règlements que nous allions suivre autour de cette table. Parmi nos premières rencontres, il y a eu celle du 19 février 2020. La pandémie n'était pas encore tout à fait officielle et nous avions la possibilité de nous réunir en comité, d'une façon un peu plus rapprochée, avec la participation d'un nombre beaucoup plus important d'adjoints et en présence de membres du grand public désireux d'assister à nos séances publiques. J'ai trouvé que, lorsque nous avons élaboré les règlements de ce comité, nous avons pris de bonnes décisions. L'une d'entre elles concernait la façon dont nous traiterions les renseignements personnels des particuliers lorsque nous aborderions des questions éthiques. La discussion entre les députés de l'opposition et ceux du gouvernement a été constructive. En fait, je ne devrais pas faire cette distinction, parce que, à mon avis, vous avez toujours essayé de rassembler tout le monde de sorte que nous agissions comme des députés, des parlementaires, et non comme des personnes qui représentent les intérêts étroits de leur formation politique respective.
Parmi ces discussions, il y en a eu une entre M. Angus et moi au sujet de la façon de traiter les renseignements personnels des particuliers. Si vous le permettez, je vais citer cela dans la langue de Shakespeare, parce que les documents que j'ai ici sont dans cette langue.
[Traduction]
Le débat portait sur la sélection de la documentation et des témoins, madame la présidente, sur la façon de procéder à cet égard.
Je suppose que nous devrions commencer par ce que M. Angus a dit, lorsque vous lui avez donné la parole. Nous parlions de la façon de procéder lorsque le Comité... et je cite:
Lorsqu'une motion — peu importe laquelle — est adoptée, le Comité peut, s'il le souhaite, l'annuler avec le consentement unanime des membres. Ce serait la motion à l'ordre dans la plupart des cas, mais s'il s'avérait dans un cas que nous pensons, que le Comité pense, qu'il y a une exception, nous pourrions avec le consentement unanime des membres, l'annuler.
Vous avez ensuite donné la parole à M. Angus, qui a dit qu'il était « tout à fait d'accord »; cependant... et je cite:
Je pense [...] qu'il faut être précis. Je m'efforce de trouver les bons mots. Les sujets dont nous discutons sont susceptibles de mettre quelqu'un dans l'embarras, car il s'agit d'éthique, d'infractions, etc. Si nous devons discuter de renseignements qui touchent la vie privée d'une personne, dans des circonstances extraordinaires ou qui ne concernent pas notre étude... Nous recevrons parfois de l'information à propos d'une personne et nous voudrons discuter de la pertinence d'inviter un témoin, et nous devons, bien sûr, en discuter entre nous, mais nous ne pouvons pas avoir recours au huis clos pour éviter de discuter de gens qui pourraient devoir venir. Je veux simplement apporter des précisions sur la façon d'utiliser cela pour que tout soit clair.
Je tenais juste à bien citer l'intervention. C'est un excellent point, et je pense que c'est particulièrement pertinent dans le contexte de notre séance d'aujourd'hui, pour tenter de parvenir à nos fins.
Ma collègue, Mme Shanahan, a parlé d'un certain nombre de moyens d'y parvenir. Comment pouvons-nous mener la discussion? Nous ne devrions pas nommer des gens en séance publique, et elle a dit qu'elle serait contre.
M. Angus a répondu:
Bien sûr, lorsque nous discutons des témoins, nous le faisons à huis clos parce que nous devons établir les priorités et nous ne voulons pas que cette information soit mal interprétée ou utilisée à mauvais escient, mais nos discussions concernent des gens. C'est le cas lorsqu'il est question d'éthique. Des questions sont soulevées. Nous nommons les gens que nous souhaitons inviter. Il arrive qu'on le fasse en public.
M. Angus a ensuite ajouté:
Je pense que la question est de pouvoir dire « Je pense que nous devrions passer à huis clos » si nous nous apprêtons à discuter d'un sujet de nature personnelle qui ne devrait pas concerner le comité. Comment pourrions-nous préciser cela plus clairement pour ne pas abuser de la chose, mais en disant que si nous devons passer à huis clos pour discuter d'un sujet, c'est parce qu'un renseignement précis de nature personnelle doit être porté à l'attention du comité, mais non du public?
Ensuite, monsieur Angus, si vous vous souvenez bien, nous avons eu un excellent échange sur la question.
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Merci beaucoup, madame la présidente. Je vous en suis reconnaissant.
Il m'a demandé si je pouvais fournir un libellé plus clair. J'ai répondu que j'aimerais le faire, et nous avons tenté de déterminer comment procéder. J'ai dit: « Je vais faire une suggestion. Je pense que tout le monde est en faveur de la modification que vous proposez. » Je parlais à M. Angus. J'ai ajouté: « Serait-il possible de la mettre de côté pour l'instant et de travailler là-dessus [...] » L'idée était d'avoir un peu de temps pour tenter de trouver le bon libellé.
J'arrive maintenant au nœud de la question, à savoir que nous avons décidé de faire une petite exception. Nous avons dit que nous devions nous faire confiance, que nous allions soumettre l'information et nous en servir correctement, et que nous allions veiller à ne pas abuser de ce genre de situations. Nous avons tenté d'apporter un petit amendement. J'ai proposé, madame la présidente, qu'au moment de siéger à huis clos, nous allions le faire — et nous avons ajouté la condition au passage du Règlement — pour « protéger les renseignements personnels de toute personne ». Nous avons tenu ce débat et nous avons fini par adopter ce libellé.
Je pense que c'est pertinent, madame la présidente, car lorsque nous regardons la motion qu'on nous présente...
[Français]
cela s'inscrit exactement dans le cadre, dans les responsabilités de notre comité permanent. Permettez-moi de la citer — cela vient de M. Barrett:
Que, conformément à l’article 108(3)(h) du Règlement, le Comité examine les mesures qui sont en place pour éviter et prévenir les conflits d’intérêts dans les politiques du gouvernement fédéral en matière de marchés, de contrats, de subventions, de contribution et autres dépenses; et que, pour fournir une étude de cas pour cet examen, un décret du Comité soit émis à Speaker’s Spotlight (l’entreprise qui a fait les réservations pour les discours des membres de la famille Trudeau) pour l’obtention d’une copie de tous les documents relatifs aux comparutions organisées, depuis le 14 octobre 2008, pour Justin Trudeau, Sophie Grégoire Trudeau, Margaret Trudeau et Alexandre Trudeau — y compris, pour chaque intervention, une indication des honoraires versés, des frais remboursés et du nom de la société, de l’organisation, de la personne ou de l’entité qui l’a organisée, étant entendu que ces informations doivent être communiquées au greffier du Comité dans la semaine suivant l’adoption de ce décret.
Je suis d'accord sur cela. C'est excellent. De plus, notez bien l'utilisation des mots « une étude de cas ».
Madame la présidente, je ne suis pas avocat, mais j'ai eu le plaisir de faire quelques études en latin. Il existe le principe suivant: Quando aliquid prohibetur ex directo, prohibetur et per oliquum. Cela veut dire que « ce qui ne peut être fait directement ne peut pas être fait indirectement ». Alors, nous sommes en train de contourner les paramètres de nos responsabilités, ici, au Comité permanent de l'accès à l'Information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique.
La preuve était dans le discours de M. Barrett. Je vais vous citer le passage en anglais.
[Traduction]
Il a parlé d'examiner les documents. Nous allons parler d'une « étude de cas ».
[Français]
Nous ne pouvons pas faire cela. C'est ultra vires. C'est hors de notre mandat. Il ne faut pas faire indirectement ce qui est prohibé, ce que l'on nous défend de faire directement.
Ma collègue Mme Brière a dit dans son discours, avec justesse, qu'il faut avoir confiance en nos institutions, en nos agents du Parlement qui ont le mandat d'examiner ce genre de questions.
Ce qu'il faut éviter, c'est de divulguer les renseignements personnels des personnes qui ont un lien avec les politiciens.
Madame la présidente, je suis prêt à le faire pour moi, même pour mon épouse. C'est clair, cela fait partie de nos responsabilités. C'est la raison pour laquelle nous avons tous, en tant que députés...
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J'adore cet endroit. Je pense que c'est un endroit formidable, pas parce que je m'y trouve, mais à cause de ce qu'il représente.
La démocratie est fragile. Prenez les 5 000 ans d'histoire humaine fiable, orale et écrite, sur lesquels nous pouvons compter. Regardez les possibilités, comme l'a fait remarquer Mme Brière, dans un demos kratos. Prenez la gouvernance par le peuple, dans sa forme la plus extrême. Nous parlons de la cité-État grecque, où on devait être... Eh bien, vous n'aviez certainement pas ma couleur. Il fallait être un homme. Il fallait avoir atteint un certain âge, et il fallait être libre — pas un esclave — pour participer aux affaires de la ville-État.
Si nous prenons cela comme exemple de démocratie — ce qui nous répugnerait de nos jours, alors que nous avons l'universalité du suffrage et de la participation — de cette époque à aujourd'hui, si nous ajoutons toutes les années depuis que nous avons cette forme de gouvernement par le peuple, pour le peuple, nous parlons de 1 200 à 1 500 années. Ce n'est certainement pas une situation ininterrompue. La démocratie se fait. Elle se produit. Elle prend du recul et disparaît. Elle renaît dans une certaine forme, elle se poursuit pendant un certain temps et elle prend à nouveau du recul.
Nous avons la grande responsabilité de nous occuper de ce système très résilient et très délicat que nous avons ici. Nous devons résister à la tentation que nous éprouvons parfois d'essayer de rechercher un avantage à très court terme pour plutôt penser à long terme. Je pense que nous sommes à un de ces moments. Où devons-nous nous arrêter? Nous allons chercher à obtenir des renseignements sur la mère et sur le frère d'un politicien. Où cela va-t-il s'arrêter?
L'une des motions dit que nous devrions chercher à obtenir de l'information sur chaque député — chaque membre du Cabinet — pour voir ce qui en ressort. Cela s'appelle une excursion de pêche. Nous partons en excursion pour voir ce que nous pouvons trouver.
Nous ne devrions pas procéder ainsi. Nous avons un commissaire à l'éthique. Nous avons des fonctionnaires et des conseillers qui peuvent nous informer et nous conseiller, soit des personnes que nous pouvons appeler à tout moment pour voir si nos affaires ou nos activités sont en règle. C'est tout à notre avantage, mais nous avons tort de nous arroger cette responsabilité, et c'est pourtant ce que nous avons vu...
Je crois que c'est l'ancien leader parlementaire du Parti conservateur, que ma collègue a cité, qui a dit que les hommes et les femmes qui travaillent dans ce domaine — il peut s'agir des membres de notre personnel ou bien de personnes que nous connaissons ou de membres de notre famille — n'ont pas assumé leurs fonctions en s'attendant à se faire juger par un comité, à être humiliés ou intimidés par des députés. Cela sous-entend exactement ce que je disais: l'utilisation de ce genre de renseignements pour obtenir des gains politiques à court terme. Ils ne s'attendaient pas à cela au moment d'assumer leurs fonctions. Nous ne devrions pas céder à la tentation en procédant ainsi.
Nous devrions toutefois veiller à ce que le commissaire à l'éthique ait accès à l'information dont il a besoin dans ce cas-ci. Nous devrions peut-être l'inviter ici pour lui permettre d'y avoir accès. Nous pourrions demander de quelle façon nous pourrions l'aider à remplir ses fonctions. Ce serait un rôle qui convient au Comité. C'est un rôle qui est parfaitement conforme au mandat spécifique de notre comité.
Lorsque nous regardons le mandat général des comités permanents, nous constatons qu'il est d'ordre général, et je vais citer — je ne suis pas le premier à le faire ici — le chapitre 20 de la deuxième édition de 2009 de La procédure et les usages de la Chambre des communes. À propos des comités permanents, l'ouvrage dit:
Ceux-ci sont autorisés à mener des études et à présenter des rapports à la Chambre sur toutes questions reliées au mandat, à l’organisation, à l’administration et au fonctionnement des ministères dont ils surveillent les activités. Plus spécifiquement, ils peuvent étudier: les textes législatifs liés aux ministères qui leur sont confiés; les objectifs des programmes et politiques desdits ministères et l’efficacité de leur mise en œuvre; les plans de dépenses à court, moyen et long terme des ministères et l’efficacité de leur mise en œuvre par le ministre; l’analyse de la réussite des ministères en fonction de leurs objectifs.
Tout cela se rapporte aux ministères. On peut ensuite lire:
En sus de ce mandat général, d’autres questions sont régulièrement renvoyées pour examen par la Chambre à ses comités permanents : projets de loi, budgets des dépenses, nominations par décret, documents déposés à la Chambre en vertu d’une loi et questions particulières que la Chambre souhaite faire étudier. Pour chacun de ces éléments, la Chambre sélectionne le comité le plus approprié en fonction des mandats des comités permanents.
Plus loin, il est question des mandats spécifiques, et non plus des mandats généraux. À propos du mandat spécifique du présent comité, il est écrit:
Le Comité de l’accès à l’information, de la protection des renseignements personnels et de l’éthique examine notamment l’efficacité, l’administration, le fonctionnement ainsi que les plans opérationnels et de dépenses des bureaux de trois hauts fonctionnaires du Parlement, à savoir le commissaire à l’information, le commissaire à la protection de la vie privée et le commissaire aux conflits d’intérêts et à l’éthique.
— ce qui est pertinent dans le cadre de la discussion d'aujourd'hui —
Il étudie également leurs rapports, bien que dans le cas du commissaire aux conflits d’intérêts et à l’éthique, il s’agit de ceux relatifs aux responsabilités de ce dernier en vertu de la Loi sur le Parlement du Canada concernant les titulaires de charge publique et de ceux déposés en application de la Loi sur l’enregistrement des lobbyistes. En collaboration avec les autres comités permanents, ce Comité dispose également du mandat d’étudier tout projet de loi, toute réglementation fédérale ou toute disposition du Règlement de la Chambre qui a une incidence sur ses principaux domaines de responsabilité: l’accès à l’information, la protection des renseignements personnels et les normes éthiques des détenteurs de charge publique. Le comité peut aussi formuler des propositions d’initiative dans ces domaines et promouvoir, contrôler et évaluer lesdites initiatives.
C'est la mince branche à laquelle certains de mes collègues tentent de s'accrocher.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Je tiens également à remercier le personnel de nous avoir installés de telle manière que je me sens très à l'aise à une distance de deux mètres de mes collègues ainsi qu'avec les indications au sol et tous les protocoles, malgré les bruits de toux.
J'aimerais également exprimer, par votre entremise, ma gratitude aux membres du Comité pour avoir eu la courtoisie de me permettre de m'exprimer en tant que porte-parole adjoint en matière d'éthique. C'est très instructif d'être ici aujourd'hui. Nous avons entendu de nombreuses observations de la part des députés ministériels. Comme cela a été mentionné précédemment, nous avons entendu toutes sortes d'interventions qui allaient des histoires en grec et en latin aux récits biographiques. Il est bon d'apprendre à connaître tout le monde de cette façon.
J'ai le sentiment qu'il s'agit d'un enjeu qui revêt une importance primordiale pour le Canada et pour votre comité en particulier.
Malgré la nature loquace de mes collègues, je veux juste attirer l'attention sur le rétrécissement de la portée du Comité qui, selon moi, se produit en ce moment. De très bonnes procédures et de très bons règlements ont été lus pour le compte rendu. Il est certain que pour les téléspectateurs qui ne connaissent peut-être pas le mandat du Comité, et même pour moi qui, en tant que nouveau député, n'ai peut-être pas lu tous les aspects du mandat du Comité, cette question a été très importante.
Madame la présidente, je tiens également à saluer le travail de mon collègue qui a signalé certaines omissions dans le mandat du Comité, des omissions qui, à mon avis, sont également importantes pour renseigner le public.
Pendant la séance du Comité, nous avons entendu de nombreuses observations au sujet de la pertinence de la notion de conflit d'intérêts et de son élargissement en cas d'ingérence politique de la part de membres de la famille des parlementaires. Je partage l'avis de mon collègue, M. Angus; je ne souhaite pas faire comparaître de cette façon des conjoints ou des membres de la famille des parlementaires devant le Comité, et je ne crois pas qu'ils soit nécessairement approprié de le faire parce que, très franchement, ils ne se sont pas engagés à être contre-interrogés pendant des séances de comité. Cependant, chacun de nous s'est engagé à le faire. Je pense qu'il incombe au et aux membres principaux de son personnel et, bien sûr, de certains des ministères de comparaître ici.
Je tiens à rappeler aux membres du Comité que, d'après ce que j'ai appris très tôt, la Loi sur les conflits d'intérêts est très claire. Malgré les définitions très libérales du « conflit d'intérêts », j'ai pensé qu'il serait important que le Comité tienne compte de la contribution suivante. Les membres de la famille ou les parents sont mentionnés sept fois dans la Loi sur les conflits d'intérêts.
Sont considérés comme des membres de la famille d’un titulaire de charge publique pour l’application de la présente loi:
a) son époux ou conjoint de fait;
b) son enfant à charge et celui de son époux ou conjoint de fait.
Là encore, je n'ai aucun désir de faire comparaître ces personnes devant le Comité.
Les « parents » sont définis comme suit:
(3) Toute personne apparentée à un titulaire de charge publique par les liens du mariage, d’une union de fait, de la filiation ou de l’adoption ou encore liée à lui par affinité est un parent de celui-ci pour l’application de la présente loi, à moins que le commissaire n’en vienne à la conclusion [contraire].
Je vais lire plus loin dans la Partie 1, « Règles régissant les conflits d'intérêts », là où il est stipulé que:
Pour l’application de la présente loi, un titulaire de charge publique se trouve en situation de conflit d’intérêts lorsqu’il exerce un pouvoir officiel ou une fonction officielle qui lui fournit la possibilité de favoriser son intérêt personnel ou celui d’un parent ou d’un ami [ou d'un voisin] ou de favoriser de façon irrégulière celui de toute autre personne.
Je pense que ce point est très pertinent et important.
Nous examinons aussi l'influence qui est définie à l'article 9: « Il est interdit à tout titulaire de charge publique de se prévaloir de ses fonctions officielles pour tenter... ».
:
Oui, excusez-moi, madame Gaudreau.
Je pense que c'est mieux maintenant pour ce qui est de l'interprète.
[Traduction]
En fait, je voulais simplement mentionner pour le compte rendu quelques-unes des recommandations très intéressantes qu'a formulées un membre du Comité pour qui j'ai beaucoup de respect et qui est, je crois, le doyen du Comité, c'est-à-dire M. Angus. Il peut me corriger si ce n'était pas lui qui était présent lors de l'examen législatif.
Les dix recommandations présentées nous donnent, je pense, amplement matière à réflexion. Je crois que quelques-unes de ces recommandations ont été adoptées. Elles comprennent l'ajout de titulaires de charges publiques comme le gouverneur de la Banque du Canada, ce qui est très important.
Voici la première recommandation:
Conférer au commissaire le pouvoir d’imposer des peines pécuniaires et d’autres sanctions pour les infractions à la Loi constatées à la suite d’un examen, entre autres:
a) la suspension pendant une période déterminée
b) la suspension du droit du député de voter pendant une période déterminée
c) le remboursement de la valeur du cadeau, de l’accueil ou de l’avantage reçu
d) une amende maximale de 5 000 $.
Cela va vraiment au cœur de ce que nous tentons d'accomplir ici. Nous essayons de dissuader les députés d'enfreindre la loi.
La deuxième recommandation indique ce qui suit:
Inscrire les lignes directrices sur la responsabilité des ministres dans la Loi: modifier l’article 16 de la Loi de manière à inclure une annexe B intitulée: « Les activités de financement et les rapports avec les lobbyistes: pratiques exemplaires à l’intention des ministres, des ministres d’État et des secrétaires parlementaires », qui contiendrait les dispositions suivantes:
a) Les ministres, les ministres d’État et les secrétaires parlementaires doivent éviter de nommer des intervenants ministériels dans leurs équipes de financement ou de campagne, ou au sein des conseils de direction des associations de circonscription électorale.
b) Les ministres, les ministres d’État et les secrétaires parlementaires doivent éviter d’utiliser les locaux et le matériel du gouvernement, y compris le papier à correspondance du ministère, pour leurs activités de financement ou un autre motif qui s’y rattache.
c) Les ministres, les ministres d’État et les secrétaires parlementaires, ainsi que leur personnel, doivent éviter de discuter de sujets liés aux fonctions ministérielles pendant une activité de financement, et demander à toute personne souhaitant en discuter de prendre rendez-vous avec le cabinet du ministre ou le ministère, selon le cas.
d) Les ministres, les ministres d’État et les secrétaires parlementaires doivent s’assurer que les communications sur les activités de financement rédigées en leur nom ne suggèrent aucun lien entre ces activités et les fonctions officielles du gouvernement.
La troisième recommandation qui figure dans le rapport minoritaire est très intéressante:
Permettre aux membres du public, et non seulement aux députés, de déposer des plaintes.
La quatrième recommandation indique ce qui suit:
Étendre la définition de « personnel ministériel » aux personnes qui travaillent sous contrat ou à titre bénévole.
La cinquième recommandation indique ce qui suit:
Élargir la définition de « titulaire de charge publique » pour comprendre toutes les personnes nommées par le gouverneur en conseil, y compris le gouverneur de la Banque du Canada.
Je crois que cela a été fait.
Certaines de ces recommandations, madame la présidente, proviennent d'organisations bien connues comme Démocratie en surveillance et d'experts dans ce domaine. Je pense que cette étude était très complète, bien qu'elle ait clairement été très controversée, étant donné il y a deux rapports minoritaires. Cela nous donne simplement une idée ou un aperçu du genre de discussions que nous pouvons espérer avoir.
La sixième recommandation indique ce qui suit:
Conférer au commissaire le pouvoir de poursuivre des enquêtes sur des affaires qui ont été renvoyées à la Gendarmerie royale du Canada.
La septième recommandation indique ce qui suit:
Ramener de 200 $ à 100 $ le seuil fixé pour la déclaration de cadeaux.
La huitième recommandation indique ce qui suit:
Interdire aux titulaires de charge publique principaux qui exercent un important pouvoir décisionnel ou qui ont accès à des renseignements confidentiels, entre autres les ministres, les ministres d’État, les secrétaires parlementaires, les chefs de cabinet, les sous-ministres, le personnel ministériel et les employés des cabinets des ministres, de détenir des biens contrôlés. Interdire aux personnes nommées à des organismes dont le mandat est vaste de détenir des biens contrôlés. Interdire au cas par cas à tous les autres titulaires de charge publique de détenir des biens contrôlés.
La neuvième recommandation indique ce qui suit:
Définir et durcir les règles applicables aux députés et aux sénateurs en ce qui concerne l’après-mandat et les emplois extérieurs.
Enfin, la dixième recommandation indique ce qui suit:
Inclure un conflit d'intérêts apparent dans la définition d'un conflit d'intérêts.
Je pense qu'il y a là amplement matière à réflexion. Je remercie le Nouveau Parti démocratique pour le travail qu'il a accompli par le passé et qu'il continue d'accomplir dans ce domaine très important.
Comme je mets de côté l'idée que nous devrions... et j'attends avec impatience que nous procédions à l'examen de la loi. La question est de savoir si nous avons pleinement confiance en la capacité du commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique de s'acquitter de ses fonctions. À cela, je répondrais que la loi prévoit les qualifications que le commissaire doit posséder et les normes qu'il doit faire respecter pendant les sept années de son un mandat. Pour ma part, je suis tout à fait convaincue que nous avons un commissaire en qui nous pouvons avoir pleinement confiance.
Je vais en rester là. Merci.
:
Quel a été le véritable fil conducteur de l'évolution de la société au cours des dernières centaines d'années ou des derniers milliers d'années? C'est le fait que nous nous éloignons d'un système qui était arbitraire, et même parfois cruellement arbitraire, et où le pouvoir relevait d'un tyran ou d'un roi qui pouvait prendre, par caprice, des décisions qui causaient un grand tort à certaines personnes. Nous avançons lentement — et parfois de haut en bas, j'en conviens, comme l'a dit M. Fergus — vers un système qui n'est pas régi par la subjectivité, mais plutôt par l'objectivité, un système qui n'est pas arbitraire, mais plutôt fondé sur un système, et je devrais dire un système rationnel où, tout en admettant que la politique soit essentielle à la démocratie, nous reconnaissons également qu'il y a certains cas où, pour le plus grand bien et l'intégrité du système lui-même et pour la foi que les gens qui votent ont dans le système, nous devons retirer la politique du processus. Nous le faisons dans le cas des tribunaux.
Vous savez, en général, je crois qu'un malentendu règne dans de nombreux milieux — et c'est naturel, d'une certaine façon —, en ce sens que lorsqu'un juge rend une décision, on pense que c'est en quelque sorte une question d'opinion, comme « Oh, oui, le tribunal a pris telle ou telle décision en raison du juge. Quoi qu'il en soit, la décision découle de son expérience et de son parti pris ». Toutefois, le système que nous avons péniblement construit au cours des décennies ou des siècles est un système où ceux qui prennent des décisions de cette nature doivent se retirer de la décision. Ils doivent fonder leur décision sur la logique, sur le droit, sur les règles, sur les preuves, sur la préséance, et bien entendu, nous savons que la préséance est très importante dans notre système.
C'est le genre de monde vers lequel nous nous dirigeons judicieusement chaque jour, et dans le cadre de ce processus, nous avons fait un grand nombre de pas importants en avant depuis que M. Angus et moi-même sommes arrivés à la Chambre. À mon arrivée ici, j'ai siégé au sein du Comité des opérations gouvernementales. J'encourage en fait chaque nouveau député à essayer d'être membre ce comité, car il examine l'essence même du fonctionnement du gouvernement et traite également de toutes sortes de questions éthiques.
L'une des premières choses que nous avons faites après mon élection au sein de ce comité a été d'examiner une loi appelée Loi sur la protection des fonctionnaires divulgateurs d'actes répréhensibles, qui représentait une autre tentative de dépolitiser certains enjeux gouvernementaux importants. Nous avons entendu des témoins qui avaient été des dénonciateurs et qui avaient été traités de la même manière que des sujets auraient pu être traités sous des rois et des reines, il y a 500 ou 600 ans. Ils ont été humiliés parce qu'ils ont mis en évidence un tort. Ils ont été maltraités. Ils ont perdu leur emploi. Ils subissaient un stress mental incroyable, et cette loi a été présentée pour qu'ils bénéficient de l'application régulière de la loi et pour faire en sorte qu'ils puissent déposer une plainte sans subir de représailles. Toutefois, cette loi est apolitique. C'est un processus apolitique parce qu'il constitue une partie très importante du maintien d'un système de gouvernement fondé sur la primauté du droit et l'intégrité.
Le poste de commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique est très semblable à loi. Il s'agit d'une tentative, couronnée de succès, de faire en sorte qu'une personne qui n'a pas de parti pris politique prenne des décisions concernant des enjeux cruciaux. Je pense qu'il est très important de garder cela à l'esprit. Le Comité a un caractère politique. Je sais que, normalement, je ne suis pas membre du Comité, mais il s'agit d'un comité politique, et le commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique est une personne non partisane qui ne peut pas se permettre de laisser la politique intervenir dans le processus qu'elle supervise.
Il faut bien comprendre que le public est tout à fait conscient de ce qui constitue une mesure disproportionnée. Je fais de la politique depuis des années, et je sais que le public est capable de voir ce qui se cache derrière les ruses ou les situations qui vont au-delà de ce qui est nécessaire. Je pense que le public comprend qu’il n’est peut-être pas juste de faire comparaître devant un comité politique des personnes qui ne sont pas membres de la famille immédiate d’un politicien, dans le dessein de marquer des points politiques en dévoilant les activités professionnelles de ces personnes. Mieux vaut laisser cette tâche à une personne qui n’est pas... qui n'est pas en politique active et qui soit chargée d’examiner ces relations et ces activités d’emploi en vue d’en faire rapport.
Je pense que le public comprend ce qui est juste et décent. À mon avis, le fait d'examiner les contrats accordés à une personne qui ne fait pas partie de la famille immédiate d'un politicien et dont les activités n'ont pas à être normalement déclarées au commissaire à l’éthique, et d'étendre la portée d'un tel examen à des gens qui n'ont aucun rapport direct avec la situation examinée n’est pas nécessairement l’approche la plus efficace et la plus décente.
Je souhaite prendre quelques minutes pour parler du contexte actuel. Nous vivons la plus importante situation d’urgence nationale depuis la Seconde Guerre mondiale. Tout le monde, je crois, le reconnaît. Le gouvernement n’est pas parfait. C’est pourquoi il y a une opposition. Le gouvernement a déployé une série de programmes — à vitesse grand V, pourrait-on dire — qui ont été conçus et mis en oeuvre en très peu de temps. Il faut certes s'attendre à des écueils en cours de route.
Comme il est conscient qu’aucun programme ne peut être parfait, le gouvernement a ajusté un certain nombre de ceux qu'il a adopté. Il a ajusté la PCU dès qu’il s’est rendu compte que ceux dont le revenu avait peut-être diminué de 90 %, mais qui travaillaient encore, n’auraient pas d’aide. Il s'est dit qu'on pouvait permettre d'aller jusqu'à 1 000 $ de revenu avant de supprimer l'accès à la PCU. Il a ensuite adapté le programme de subventions salariales, notamment en prolongeant l’échéancier.
Il a mis en place un programme de prêts spéciaux pour les petites et moyennes entreprises, et lorsqu’il a constaté que certains critères étaient trop restrictifs, il a reconnu que le programme n’était pas parfait et il l’a adapté de sorte qu’un plus grand nombre d'entrepreneurs puissent en profiter.
Il s’est ensuite rendu compte que les étudiants se trouvaient dans une situation très difficile. Soit dit en passant, les étudiants, dont le taux de chômage est supérieur à 30 %, se sont retrouvés dans cette situation très difficile parce que, sans que ce soit leur faute, leurs perspectives d’emploi d’été se sont évaporées du jour au lendemain, des emplois d’été dont ils dépendent pour payer leurs frais de scolarité et de subsistance. Le gouvernement a donc très vite mis sur pied un programme pour les aider eux aussi. Là également, il leur a permis de gagner jusqu’à 1 000 $ pendant qu'ils reçoivent la Prestation canadienne d’urgence pour les étudiants.
On dit souvent que ces jeunes, que nos étudiants sont notre avenir. Ce n’est pas un cliché. Nous avons parlé des universités et de notre système d’éducation qui est l’un des meilleurs au monde. Plus nous compterons d’étudiants et mieux notre pays se portera à court, à moyen et à long terme. Il est donc très important de soutenir les étudiants. Nous savons qu'en mettant en oeuvre tous ces programmes — et je pense que les Canadiens le savent fort bien —, le et le gouvernement ont d’abord et avant tout, et dans tous les cas, cherché à soutenir les Canadiens qui en avaient besoin, y compris les étudiants.
Nous avons recueilli ici les propos de représentants du secteur bénévole, par exemple. Nous comptons tous, dans nos circonscriptions, de nombreux organismes sans but lucratif et organismes de bienfaisance. Les députés que nous sommes, peu importe leur parti, connaissent très bien ces organismes. Nous connaissons leur travail important et nous savons qu’il y a actuellement une crise du bénévolat, madame la présidente. La génération qui a ardemment contribué au secteur bénévole est maintenant à la retraite et elle doit passer le flambeau à une autre génération.
D'aucuns nous ont dit, de façon anecdotique, qu’il existe une pénurie de bénévoles et qu’il n’y a peut-être pas suffisamment de jeunes qui relèvent le défi du bénévolat. Nous savons que l'impact sur les personnes qui font du bénévolat est profond. Le sentiment de faire le bien et de contribuer est si puissant que celles et ceux qui commencent à faire du bénévolat n'arrêtent plus pour le restant de leur vie.
Le programme dont nous parlons a été imaginé en toute bonne foi. Nous savions qu'il n’était pas parfait, mais il a nous a fallu agir vite. Il visait à donner la possibilité aux jeunes de s'essayer au bénévolat, non seulement pour leur permettre d’acquérir des compétences qui les aideraient dans leur carrière, mais aussi pour les amener à s'engager à vie dans des activités de bénévolat. ce qui ne peut qu’être bénéfique pour notre société à long terme.
Je pense qu’il convient de mentionner que le gouvernement ne peut pas tout faire. Je sais que mes collègues d’en face...
M. Matthew Green: Vous avez des collègues ici aussi.
M. Francis Scarpaleggia: Ici aussi, mais mes collègues d’en face ont souvent dit...
[Français]
Veuillez m'excuser. C'est une question un peu idéologique que je soulève ici.
[Traduction]
Mes collègues d’en face disent souvent que les gouvernements ne peuvent pas tout faire, j'en conviens et je suis d’accord avec eux. C’est pourquoi, au début de cette crise, quand le gouvernement a compris que les banques alimentaires étaient aux prises avec un accroissement de la demande et qu’il a décidé de les appuyer, il s’est adressé à des organismes d’envergure nationale. Il s'est tourné vers Banques alimentaires Canada et l’Armée du Salut, et, quand il a décidé d'aider le secteur sans but lucratif dont les recettes provenant de dons diminuaient rapidement, le gouvernement a dit: « Nous ne pouvons pas agir seul; nous ne pouvons pas tout faire », et il a contacté des organismes comme Centraide au Québec.
Quand est venu le temps de mettre très rapidement en oeuvre un programme national de bénévolat pour les jeunes, la fonction publique a reconnu que l’organisme UNIS — et c'est ce qui a été dit au Comité des finances hier — avait l'envergure, le réseau, la bonne volonté des jeunes et la capacité technologique de gérer ce genre de déploiement. Y a-t-il eu des accidents en cours de route? Oui, madame la présidente, il y en a eu et il y en aura toujours au gouvernement.
C’est essentiellement dans ce contexte que nous tenons cette discussion aujourd’hui. Toutefois, ce que j’essaie de dire, et ce que mes collègues ont dit, c’est que nous disposons d'un système très robuste pour examiner les questions d’éthique et pour faire enquête à leur sujet. Lors des législatures précédentes, les parlementaires avait estimé que cette question d’éthique était tellement importante qu’il fallait la confier à une personne compétente et apolitique chargée de veiller à l'application équitable de la procédure. Pour les parlementaires, ces questions devaient être traitées de cette façon pour éviter que le politique ne s'ingère dans le procédural. Ce genre d'interférence, quand elle se produit, dessert notre démocratie parce qu'elle sape la confiance des Canadiens envers les systèmes et les institutions démocratiques dont nous nous sommes dotés.
Nous devons reconnaître que le Comité a un travail important à faire. Il est investi d'un mandat important. Il est également important de souligner que, lorsqu'elle a parlé de notre mandat, Mme Shanahan voulait dire que le Comité a un rôle non partisan à jouer. Malgré ce qu'a dit M. Angus, soit que les comités peuvent décider ce qu’ils veulent faire, il demeure qu'ils s'inscrivent à l'intérieur de certains cadres, ce qui est surtout le cas d'un comité aussi important que le Comité de l’éthique. Les comités ont aussi intérêt à se concentrer sur les principes plus généraux et sur l’application de la procédure.
C’est ce qu'avançait Mme Shanahan. Cela ne revient pas à dire que les comités sont limités dans leur action et qu'ils ne sont pas libres d’examiner ce qu’ils veulent, mais plutôt qu'il est très important que le Comité de l’éthique agisse de façon professionnelle et peut-être un peu moins politique que les autres parce qu’il faut que ce comité garde la confiance des Canadiens.
Madame la Présidente...
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Je sais que les libéraux ont des problèmes dès qu’ils se mettent à parler de Stephen Harper. C’est comme dans un dessin humoristique où on voit un personnage qui pose un râteau sur la pelouse pour qu’un autre marche dessus et reçoive le manche en pleine tête. Il s’agit de la Loi sur les conflits d’intérêts, une loi des libéraux qui ne peuvent pas s’empêcher de « piler » sur le râteau. Ils le font à répétition, et ils se prennent le râteau en pleine tête. Le premier ministre Harper a eu la prévoyance de faire en sorte que cette loi à l’intention des titulaires de charge publique soit très transparente. Dans le cas qui nous concerne, les libéraux n'ont pas pu s’empêcher d’enfreindre la loi.
En ce qui concerne le premier ministre Harper, j’aimerais parler de sa décision de se récuser de toute décision concernant Talisman Energy. C'est ce que nous avons appris en 2012 dans le Ottawa Citizen, soit que le premier ministre s’était récusé parce que son frère travaillait pour l'entreprise et qu’il voulait éviter l’apparence de conflit d’intérêts.
Nul besoin de remonter à Platon et nul besoin de pratiquer notre latin pour savoir que ce que nous faisons ici est essentiel afin de préserver la confiance du public dans nos institutions, à partir d'exemples très récents et pertinents.
Revenons à 2017. Justin Trudeau et le gouvernement libéral ont versé plus d’un million de dollars à leurs amis de UNIS. Les donateurs de la campagne, en fait les fondateurs de cette organisation, ont fait des dons à des membres du gouvernement. Ils ont employé des membres de la famille d'un ministre. On leur a donné un million de dollars pour organiser un événement le 2 juillet, ici, à Ottawa, auquel la mère du premier ministre a participé. Pourquoi ne nous a-t-on pas dit qu'elle avait été payée? C’était l’argent des contribuables.
Je ne m’attends pas à ce que Margaret Trudeau ou Grégoire Trudeau ou son frère Alexandre viennent témoigner devant le Comité. Mais le premier ministre les a placés dans une situation terrible en ne se retirant pas de cette décision. Il s’en est excusé et a reconnu avoir mal agi. Maintenant, il doit aller jusqu’au bout et faire preuve de transparence, et il doit comparaître devant le Comité. Nous lui demandons de venir ici. Ma motion ne réclame pas la comparaison de quiconque d'autre que lui. Nous souhaitons aller chercher des dossiers, des documents dont il a été question dans les médias. Ce n'est pas une expédition de pêche ni une chasse aux sorcières. C’est une question d’intérêt public et de maintien de la confiance dans les institutions publiques.
Nous avançons lentement au cours de cette réunion, et je sais que nous allons entendre d’autres députés du parti ministériel, et c’est très bien. Je me demande simplement ce qu’ils ont à cacher. Pourquoi cette tentative de camouflage? Pourquoi ne pas simplement voter sur la motion? Ayez le courage de vos convictions. Ne perdez pas de temps. Votez, si vous n’êtes pas d’accord. Nous avons entendu tous les membres de votre côté. Nous entendrons M. MacKinnon dans un instant, et j’ai hâte. Alors, mettons la question aux voix.
Je sais que nous avons d'autres points de prévus à l'ordre du jour du Comité. J’ai hâte de voir comment vous allez voter. Nous avons entendu ce que vous pensez. La motion vous laisse perplexe. J’espère avoir tiré les choses au clair pour vous. Nous ne cherchons pas faire témoigner ces autres personnes. Il y a un Trudeau que je voudrais voir ici, et c’est Justin Trudeau. J’aimerais qu’il n’invoque pas le secret du Cabinet. J’aimerais qu’il apporte tous les documents pertinents.
Si quelqu’un propose que nous fassions venir un autre Trudeau ici — ce que je ne fais pas aujourd’hui — que nous fassions venir un membre de la famille de Justin Trudeau, alors faisons-le. Si c’est un amendement que le gouvernement veut proposer, pour que Justin Trudeau comparaisse devant le Comité, je vous dis tout de suite que je voterai en faveur d'un tel amendement. Si les libéraux ne proposent pas cet amendement, alors parlons de la motion.
La motion porte sur les documents relatifs aux contrats de conférenciers. Je pense que c’est assez inoffensif. Nous allions donner à cette organisation un milliard de dollars à distribuer. Elle allait bénéficier de 43,5 millions de dollars. S’il n’y a rien à cacher, voyons ces documents. Je ne réclame pas les déclarations de revenus. Je ne réclame pas les talons de chèque de paie. Ces gens ont été entraînés dans ce processus parce que le ne s’est pas récusé des discussions concernant ce dossier, ce qu’il admet être une erreur.
Ce n’est pas parce qu’on s’excuse après s’être fait prendre à voler la banque qu’il ne doit pas y avoir d’enquête. Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de procès, ni qu’il n’y aura pas de conséquences.
Ce comité est maître de ses travaux. On nous a dit que les membres du gouvernement veulent que nous respections le mandat de ce comité et du commissaire aux conflits d’intérêts et à l’éthique. Ce n’était certainement pas le cas lorsque nous avons voulu l’inviter ici pour parler de son travail sur le « rapport Trudeau II », de sa conclusion selon laquelle le avait enfreint la Loi sur les conflits d’intérêts, pour une deuxième fois. Nous n’avons vu aucun membre du gouvernement appuyer cela, ce qui est incompatible d'après ce qu’ils nous disent ici aujourd’hui.
Parlons-en. Nous avons eu une leçon d’histoire, c'est sûr. J’espère que l’alma mater de Mme Brière m’en accordera le crédit. Je l’appliquerai aux apprentissages futurs. Je suis heureux que le collège Saint-Laurent se trouve dans ma circonscription. Puisque nous en sommes aux éloges académiques, je dois dire que cet établissement est excellent. Il dispense indéniablement un enseignement supérieur.
Nous nous sommes bien divertis. Nous avons entendu parler du passé des gens. Nous avons entendu parler des temps anciens. On a donné des leçons de linguistique, mais parlons plutôt de la motion. Je n’ai entendu aucune proposition d'amendement du côté du gouvernement. Je n’ai pas entendu parler des tentatives faites pour faire venir Justin Trudeau ici, au motif, paraît-il, que quelqu’un voudrait convoquer un membre de sa famille. Alors, oui, invitez le premier ministre à témoigner devant le Comité et j’appuierai votre amendement. Nous aurions ainsi la preuve que le caucus libéral s'est livré à un examen de conscience et que ce n’est pas seulement une question de politique, mais une question de justice.
Je suis d’accord avec mon collègue qui a dit que nous devrions dépolitiser...
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Tout le monde sait que les libéraux ont tenté de faire de l’obstruction. Mme Shanahan a fait la démonstration de cette tentative de camouflage des libéraux.
Vous avez joué la montre jusqu’à 14 heures, et maintenant vous ne voulez pas traiter des travaux du Comité, c’est une honte.
C’est de la politicaillerie, monsieur Scarpaleggia. C’est de la politique partisane pure et simple. Vous avez fait exactement ce que vous avez dit que nous ne devrions pas faire ici. Votez donc sur la motion. Ayez le courage de vos convictions, mais ce n’est pas ce que nous voyons ici. Je croyais que nous avions respecté le mandat du Comité. Ce mandat consiste-t-il à ne pas voter sur les motions présentées par les députés? Je trouve cela fascinant.
Nous avons lu les règles de procédures. Nous avons lu des textes sur l'histoire. Nous avons rédigé de nouveaux textes. Je me demande comment cela se traduit dans les rues de vos circonscriptions. Seriez-vous du même avis si le premier ministre d’un autre parti avait accordé un contrat sans appel d’offres d’une valeur de près d'un milliard de dollars à un organisme ayant versé des centaines de milliers de dollars à sa famille? Seriez-vous du même avis? Je parierais que non, mais ici, il s'agit de réparer un autre gâchis de Justin Trudeau.
C’est la troisième fois qu’il fait l’objet d’une enquête, et même si cela ne préoccupe pas les membres du caucus libéral, cela préoccupe les électeurs de ma circonscription. Cette affaire préoccupe des gens de partout au pays, des non-politiciens. C’est embarrassant d’avoir un premier ministre qui a été reconnu coupable d’enfreindre la loi à plusieurs reprises et qui fait de nouveau l’objet d’une enquête. Il arrive souvent que des gens suffisants comparent le chef du gouvernement de notre pays et le président des États-Unis. Très souvent... Et quelle suffisance! Moi je ne me sens investi d'aucune supériorité morale par rapport à d'autres pays quand je vois ce qui se passe chez nous, au Canada.
Encore une fois, et pour en revenir à la position de M. Fergus, si la jouer dure revient à lire les documents publics affichés sur un site Web — des documents qui, dans les cas de M. Gourde et dans mon cas ont été publiés à partir de nos documents publics —, ou des documents que M. Kurek a terminé à temps... Il a effectivement déposé ses rapports de dépenses auprès du Commissariat aux conflits d’intérêts et à l’éthique. Comme pour tout le monde, comme pour les autres titulaires de charges publiques, il a été limité sur le plan technologique pour s’acquitter rapidement de ces tâches, mais ces rapports, il les a produits dans les délais. S’il y a un problème, j’encourage les députés du parti au gouvernement à le soulever, mais pour ce qui est des ressources, ce n’est pas aux membres de l’opposition de s’en occuper au Comité. Nous parlons de la Loi sur les conflits d’intérêts, mais en ce qui concerne le Code de conduite, les députés ici présents, les députés conservateurs, ont respecté leurs obligations.
Si la jouer dure veut dire faire de l’obstruction, jouer la montre jusqu’à 14 heures et tenter un petit rappel au Règlement pour essayer d’ajourner le Comité, c’est de la maladresse, mais je ne suis pas sûr que ce soit la jouer dure. Cela me rappelle mon expérience lors des audiences sur le scandale de SNC-Lavalin, et le camouflage que les libéraux majoritaires ont tenté de faire à ce moment-là. Cela correspond à mon expérience. Cela rejoint l’expérience que les Canadiens ont de Justin Trudeau.
Les députés libéraux nous ont montré que, si le Comité veut être maître de ses dossiers, s’il souhaite exercer son mandat qui est d’examiner les questions d’éthique concernant les titulaires de charges publiques, ils font de l’obstruction systématique dès lors qu'il s’agit de protéger leur . Ils ont vu Gerry Butts tomber en disgrâce. Ils ont vu Michael Wernick tomber en disgrâce sous Justin Trudeau. Ils ont vu leur majorité réduite à une minorité, autre signe distinctif de l'ère Trudeau.
Les gouvernements qui sont majoritaires pour leur premier mandat sont habituellement majoritaires pour leur deuxième mandat. S'ils sont d'abord élus avec une majorité, ils seront probablement réélus une deuxième fois avec une majorité. Ce n'est pas le cas de Justin Trudeau, car les Canadiens ont serré la bride aux libéraux, après les violations aux normes d'éthique commises lors de leur premier mandat.
Tous les Canadiens devraient s'inquiéter de ce que les députés ministériels ne veulent pas cette reddition de comptes et n'ont pas le courage de leurs convictions pour voter sur la motion dont nous sommes saisis. Leurs autres collègues ont pourtant donné avis de la motion avant la réunion pour leur donner le temps de préparer une réponse et de l'expliquer aux autres membres du Comité et aux Canadiens. Ce n'est pas de la reddition de comptes. Ce n'est pas le gouvernement ouvert par défaut pour lequel vous avez tous fait campagne. Ce n'est pas utiliser la lumière du soleil comme meilleur désinfectant, comme vous l'avez promis. Ce n'est pas la voie ensoleillée dont nous a parlé Justin Trudeau. C'est de l'obstruction. Cela ne rend pas service aux Canadiens. Cela ne rend pas service à vos électeurs.
M. Scarpaleggia a mentionné le témoignage que nous avons entendu hier, au Comité des finances, et l'affirmation selon laquelle WE Charity était le seul organisme au pays qui pouvait remplir ce contrat à fournisseur unique. Lorsque vous demandez à une seule personne, si vous ne demandez à personne d'autre quelles sont ses capacités, devinez quelle sera la réponse. Si vous demandez à Google de vous donner un document montrant qu'il s'agit du meilleur moteur de recherche et qu'il répond à certaines de vos exigences pour que vous puissiez le considérer comme le meilleur moteur de recherche, mais que vous ne le demandez à personne d'autre, Google va démontrer la norme que vous avez exigée et va obtenir votre appui. WE Charity est le seul organisme à avoir répondu à cette demande. Ce n'était pas compétitif.
Nous avons aussi entendu dire que Mme Wernick a proposé cette organisation de sa propre initiative. Elle a déclaré hier qu'un fonctionnaire des Finances avait suggéré WE Charity. M. Scarpaleggia nous a laissé entendre qu'il y a une crise au Canada, que les jeunes ne font pas de bénévolat. Ce n'est pas ce que la présidente de Bénévoles Canada a dit au Comité, hier. Selon elle, les jeunes Canadiens sont très généreux de leur temps. Nous l'avons aussi entendu dire, hier, que cet appel de 100 000 bénévoles ne correspond pas à ce qu'elle croit être le besoin dans son secteur. C'est un chiffre très gonflé.
C'est ce qu'on a entendu, hier, au Comité des finances.
Cependant, nous sommes au Comité de l'éthique où nous venons de subir une obstruction systématique de plusieurs heures de la part des libéraux dans le cadre du camouflage du troisième scandale en matière d'éthique de Justin Trudeau. La lecture sélective de textes et les leçons d'histoire ancienne ne nous ont pas rapprochés de la transparence, mais vous savez que lorsqu'on parle de jouer dur et qu'on laisse entendre que les gens les plus vertueux sont du côté du gouvernement, cela cache autre chose. Nous sommes dans le pétrin.
C'est ce que j'ai aussi entendu, hier, au Comité des finances. J'ai entendu un de mes collègues dire que nous sommes dans le pétrin avec le gouvernement libéral. Je pense qu'il a raison. Il y a eu de multiples enquêtes menées par des mandataires indépendants du Parlement, et nous voici aujourd'hui avec des membres du gouvernement, des membres libéraux de ce comité, qui participent à une opération de camouflage, dans le cadre d'un effort concerté, pour empêcher le Comité de faire son travail.
M. Fergus a parlé de jouer dur. Eh bien, monsieur Fergus, je pense que si vous vérifiez le compte rendu, vous verrez que c'est ce que vous avez dit et...
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Merci, madame la présidente.
Je ne sais pas si je l'ai déjà dit aujourd'hui, mais je vous remercie de l'excellent travail que vous faites pour que chacun reste de son côté respectif, sans enfreindre la procédure parlementaire. Merci beaucoup.
La journée a été fascinante. Nous avons beaucoup appris sur la longue expérience de Mme Brière au collège ou à l'université. Nous avons appris à connaître la cité antique d'Athènes et nous sommes passés par l'ère médiévale, alors si vous me le permettez, je vais citer les Écritures du livre de Luc.
Vous ne saviez pas que j'ai été enfant de choeur, n'est-ce pas? Eh bien, je l'ai été. Dans le livre de Luc, on dit que ce qui est fait dans l'obscurité sera crié sur les toits et que ce qui est chuchoté dans les coulisses sera montré à tous. Je pense que c'est ce qui arrive quand on se retrouve avec des scandales de corruption et des conflits d'intérêts. C'est embarrassant pour le gouvernement.
Je ne remonte pas aussi loin qu'à Athènes, mais depuis que je suis au Parlement, j'ai été souvent témoin des agissements sordides, des autocongratulations et de la politique de la bouteille de rhum en cette ville sur le canal Rideau, célèbre pour toutes sortes d'affaires sordides. Je suis arrivé juste après que Jean Chrétien ait dépensé des milliards de dollars en balles de golf. Je me souviens que Brian Mulroney avait reçu de l'argent dans un sac en papier brun et avait expliqué cela aux Canadiens. Il y a eu Bruce Carson. J'ai vu celui-là, ainsi que Mike Duffy et Nigel Wright. Le travail du Comité a parfois été très houleux et très conflictuel, mais c'est ce comité qui essaie d'établir un certain examen des comportements éthiques des parlementaires.
Nous ne sommes pas un comité technique. Nous sommes un comité politique, comme l'a dit mon bon ami M. Scarpaleggia. Il nous incombe parfois de rendre ces questions publiques.
J'ai été abondamment cité, alors j'ai l'impression d'avoir une vie ici au-delà de ma carrière limitée. Si d'autres personnes me citent à perpétuité, cela pourrait indiquer depuis combien de temps je siège à ce comité.
J'ai déjà parlé de l'intégrité des documents. J'ai soulevé la question lorsque des libéraux et des conservateurs étaient au pouvoir, et nous devons établir un précédent. Je pense que c'est vraiment important.
À mon avis, ce qui complique les choses, c'est que WE Charity a déclaré publiquement qu'elle n'avait pas versé un sou à la famille Trudeau, et c'était faux. La confiance qu'on peut lui accorder est très... Cela soulève maintenant des questions auxquelles il faut répondre. Quelles étaient ces relations financières? Le refus du et de M. Morneau de se récuser a soulevé des questions d'éthique auxquelles il faut répondre.
Lorsque nous avons eu deux autres verdicts de culpabilité contre le , nous avons essayé de faire en sorte que le commissaire à l'éthique fasse rapport à notre comité, mais le gouvernement nous en a empêchés. Comment pouvons-nous faire des recommandations sur la façon de procéder si le gouvernement refuse de laisser le commissaire à l'éthique parler à notre comité afin que nous puissions présenter au Parlement un rapport proposant des changements?
Si nous avions fait cela pour les deux verdicts de culpabilité précédents, M. Trudeau ne serait peut-être pas dans la situation où il se trouve maintenant, parce qu'il y aurait peut-être eu des mesures en place.
Mme Brière a très bien expliqué comment nous avons établi ces normes. Eh bien, nous avons des normes, mais si les gens au pouvoir refusent de les respecter, nous avons un problème. C'est pourquoi le premier ministre fait l'objet d'une troisième enquête.
Nous pourrions parler toute la nuit. J'ai participé à un bon nombre de longues obstructions systématiques, mais je suis en conflit d'intérêts avec les membres de ma famille. Je dois le mentionner au cas où quelqu'un l'apprendrait. J'essaie de déménager une de mes filles, ce week-end. Je suis en conflit d'intérêts, car j'ai beaucoup plus peur de ma femme que du commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique, et je dois aider ma fille à déménager, alors j'essaie de nous rassembler.
J'ai entendu les libéraux répéter à maintes reprises qu'ils trouvent inapproprié que les dossiers financiers de la famille Trudeau soient présentés à notre comité, et ils ne cessent de mentionner le commissaire à l'éthique. J'ai certainement entendu mes collègues conservateurs dire qu'ils veulent entendre Justin Trudeau témoigner, parce que c'est lui qui a mis sa famille dans cette situation. C'était son choix, et c'est le choix que WE a fait de commencer à payer sa famille après qu'il soit devenu qui a plongée celle-ci au coeur d'une discussion parfaitement légitime sur l'influence politique.
Je proposerais un amendement favorable portant que nous, les néo-démocrates, serions d'accord pour que le Comité demande que les dossiers financiers soient obtenus de WE et transférés au commissaire à l'éthique afin que nous ne transformions pas cela en cirque familial, mais nous voulons que ces documents soient communiqués.
Si les libéraux appuyaient cela, cela confirmerait tout ce qu'ils ont dit au cours des trois dernières heures, à l'exclusion de tout ce qu'ils ont dit au sujet des rois et des princes médiévaux, de l'ancienne Athènes et de tout le reste. Toutefois, ils n'ont cessé de répéter qu'il fallait faire confiance au commissaire à l'éthique.
Nous le proposerions sous la forme d'un amendement favorable. Nous pourrions dire que nous demanderions à Justin Trudeau d'expliquer son rôle dans cette affaire et les décisions qu'il a prises. Les libéraux ont dit à maintes reprises qu'il n'est pas juste de s'en prendre aux membres de la famille, que cela concerne le titulaire de charge publique. Par conséquent, si le titulaire de charge publique, M. Trudeau, accepte de venir ici, nous serions d'accord pour transférer les documents financiers de la famille Trudeau et de la société WE au commissaire à l'éthique afin qu'il puisse décider ce qui sera divulgué ou non et que nous puissions entendre le point de vue du titulaire de charge publique.
J'en ferais un amendement favorable si cela intéresse mes collègues. Nous pourrions alors voter là-dessus, puis nous pourrions rentrer chez nous, et je pourrais déménager ma fille sans avoir un grave conflit avec ma famille.
À part cela, je suis prêt à rester.
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Eh bien, c'est formidable.
Je peux certainement dire qu'il parle sans cesse de la Grèce antique, alors qu'il cite saint Luc. J'ignorais que vous aviez été enfant de choeur. Nous avons déjà eu cette conversation.
C'est vraiment assez amusant, car seulement 400 ans environ nous séparent lorsque nous citons des personnages du passé. Sur une période de 2 500 ans, ce n'est pas beaucoup. Quoi qu'il en soit, il est très bon pour me faire sentir la pression, mais nous savons qu'il cite des sources qui, franchement, dans l'esprit de la plupart des gens, sont presque aussi anciennes.
J'aimerais également revenir à M. Barrett et rétablir les faits une fois de plus. Je suis vraiment convaincu... J'ai hâte de lire les bleus du Comité. Je n'ai pas l'habitude d'utiliser l'expression « jouer dur », et je n'ai certainement pas dit cela en anglais. Si c'est ce qui a été traduit en français...
Tout d'abord, je lève mon chapeau à nos interprètes, qui font un travail phénoménal, jour après jour, en s'assurant de pouvoir traduire tous nos mots et les partager non seulement avec les députés ici présents, mais aussi avec les Canadiens.
[Français]
Je tire mon chapeau aux interprètes, qui sont toujours là. Je peux vous assurer d'une chose: je ne sais même pas comment dire hardball en français. Alors, je ne sais pas comment j'aurais pu le dire en français, pour arriver à cette traduction en anglais.
[Traduction]
En fait, ce à quoi cela nous ramène — et c'est là où je pense que nous avons une approche assez positive de tout ce débat —, c'est que je crois vraiment que nous devrions suivre la moitié de la suggestion de M. Angus, celle que j'ai défendue assez longuement, de même qu'un de mes collègues. Nous devrions saisir le commissaire à l'éthique de cette question.
[Français]
De cette façon, nous veillons à ce qu'il soit impossible de faire de la politicaillerie, nous nous assurons que la politicaillerie ne s'ingère pas dans ce dossier. De plus, nous avons cette chance, en tant que députés et en tant que représentants de nos concitoyens, de faire en sorte que le commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique ait toutes les informations jugées nécessaires. J'imagine que si cela avait été pertinent, il aurait pu chercher ses informations lui-même, mais, si nous voulons faire un double correctif, je n'ai pas de problème avec cela.
Ce que j'aimerais donc proposer, madame la présidente, c'est que la séance soit maintenant levée, pour nous donner la chance d'étudier cet amendement, et de nous rassembler le plus tôt possible la semaine prochaine pour résoudre cette situation et procéder au vote. J'espère que cela conviendra à tous mes collègues autour de la table.