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En effet, monsieur le président. Je vous remercie.
Je voudrais aussi profiter de l'occasion de vous remercier, vous et les membres du Comité, de m'avoir gracieusement invité à témoigner devant vous. Nous savons qu'en ce moment même, d'importantes discussions se tiennent dans les communautés et les provinces du Canada et du monde entier sur la question du racisme systémique dans le système de justice pénale. Il s'agit d'une question de grande importance, et je suis très reconnaissant envers SECU d'avoir décidé de l'examiner en ce moment crucial. Je suis enchanté d'avoir l'occasion de contribuer à la discussion.
Nous avons vu les vidéos choquantes de la mort de M. George Floyd, des vidéos qui ont incité les gens à élever la voix pour protester comme jamais auparavant. Si le mouvement de manifestation a commencé au sud de la frontière, les manifestations n'ont pas tardé à s'étendre au Canada également et nous ont obligés à examiner sérieusement et profondément la question du racisme systémique et de ses répercussions sur les Canadiens ici, au pays.
Comme l'a indiqué le , le racisme systémique touche chaque coin et chaque personne de notre pays. Il ne fait aucun doute que les Autochtones, les Noirs canadiens et les autres personnes racialisées font l'objet de racisme et de discrimination au sein du système de justice pénale. Ce système inclut aussi tous nos services de police, notamment le corps policier national, la Gendarmerie royale du Canada, dont je suis responsable au sein du gouvernement.
Comme vous le savez, la commissaire de la GRC, que j'ai le bonheur d'avoir à mes côtés aujourd'hui, a admis que le racisme systémique fait partie de toutes les institutions, y compris la GRC. Je la félicite de l'avoir admis. Je soutiens également l'important travail qu'elle accomplit pour réformer la GRC, notamment pour accroître la diversité et l'inclusion au chapitre de la prise de décisions, de la formation et du recrutement.
Je tiens également à exprimer ma sincère et profonde gratitude aux membres de la GRC, qui servent les Canadiens avec intégrité, dévouement et professionnalisme chaque jour. La GRC dispose d'une politique très stricte sur les services de police sans préjugé qui oriente les actions de ses membres dans toutes les interactions qu'ils ont avec le public. Cette politique, fondée sur les principes d'égalité et de non-discrimination, constitue une étape importante vers l'avenir. Il importe également d'admettre que quand les gens ne se conforment pas à cette politique de service de police sans préjugés, ils doivent être tenus de rendre des comptes de manière rigoureuse.
Comme nombre d'entre vous le savent, j'ai passé la plus grande partie de ma vie au sein de la fonction publique. Pendant près de quarante ans, j'ai servi ma communauté à titre d'agent de police, occupant notamment les fonctions de chef de police dans une des villes les plus populeuses du Canada pendant 10 ans. Je peux vous dire, pour l'avoir constaté par moi-même, que l'écrasante majorité des agents de police du pays se conduisent de manière exemplaire et s'efforcent de recourir le moins possible à la force.
La mission de chaque agent de police doit toujours consister à protéger et à maintenir la sécurité publique, et à assurer la sécurité de nos citoyens. La préservation de toute vie constitue le devoir suprême.
Cependant, nous n'aurions pas cette discussion aujourd'hui si tout était parfait et si tout se passait sans heurt en toute occasion. Le racisme systémique est une réalité au Canada, et quand il se manifeste, je ne défendrai pas l'indéfendable. Permettez-moi d'être limpide: la discrimination fondée sur la race ou sur tout autre préjugé est inacceptable et abjecte. Ce n'est pas qu'inacceptable et abject, c'est contraire à la loi. C'est contraire à la Charte des droits et libertés et à la Loi canadienne sur les droits de la personne.
Elle ne peut être tolérée au sein des services de police ou de toute autre composante de notre système de justice. Nous ne pouvons éviter les vérités inconfortables. Nous devons en faire plus et faire mieux. Nos services de police doivent s'engager à faire en sorte d'être dignes de la confiance que tous les Canadiens leur accordent pour qu'ils les protègent. Le maintien de cette confiance exige une reddition de comptes rigoureuse quand il semble y avoir un soupçon de mauvaise conduite. Par exemple, lorsqu'un agent semble avoir dépassé les limites de son autorité, avoir fait un recours excessif à la force ou avoir agi de manière partiale ou discriminatoire, il doit rapidement faire l'objet d'une enquête. S'il est reconnu coupable d'avoir enfreint la loi, il doit être tenu responsable de ses gestes.
Il existe des processus et des mécanismes de surveillance pour veiller à ce que ces mesures soient prises. Ces mécanismes sont importants, et je continuerai d'en appuyer l'utilisation. Je continuerai également de m'entretenir avec les membres des communautés racislisées et les dirigeants autochtones du pays au sujet des incidents inquiétants qui ont eu lieu ces dernières semaines, ainsi qu'à propos des données récemment publiées sur l'utilisation des options d'intervention par la GRC.
Ces discussions sont essentielles pour faire en sorte que nos services de police servent tout le monde avec la dignité et le respect que les gens méritent. Il est plus important que jamais de prendre acte du vécu de ceux et de celles qui ont été victimes de racisme ou de discrimination de la part de la police, et de travailler ensemble pour mettre fin à cette injustice.
Alors que nous continuerons d'oeuvrer avec les particuliers et les groupes, les Canadiens s'attendent à des mesures concrètes. C'est pourquoi je continuerai de m'occuper des priorités relevant de mon mandat à cet égard. Une de ces priorités consiste à veiller à ce que tous les responsables des organismes d'application de la loi et de sécurité au Canada aient accès à une formation sur les préjugés inconscients et les compétences culturelles. Une autre consiste à élaborer conjointement un cadre législatif qui reconnaît que les services de police des Premières Nations constituent un service essentiel et qui fait en sorte que les services de police soient adaptés à la culture et aux communautés qu'ils servent. J'en aurai plus à dire à ce sujet, peut-être pendant la période de questions.
Nous nous sommes déjà engagés à investir jusqu'à 291 millions de dollars dans le cadre du Programme des services de police des Premières Nations, lequel fournit un financement fédéral pour des services de police professionnels, dévoués et adaptés à la culture dans des centaines de communautés des Premières Nations et des Inuits. Cet engagement financier fédéral est permanent et prévoit une augmentation annuelle en fonction de l'inflation, ce qui assure une stabilité financière accrue des communautés. Bien entendu, ces fonds s'ajoutent au financement récent destiné à améliorer les installations policières dans les communautés des Premières Nations et des Inuits, notamment en améliorant les détachements et les systèmes de communication. Il y aura donc du financement versé au titre de 185 ententes sur les services de police dans le cadre du Programme des services de police des Premières Nations, lequel sert une population autochtone et inuite de quelque 432 000 personnes. De plus, la démarche soutiendra plus de 1 300 postes de police dans plus de 450 communautés des Premières Nations et des Inuits.
Je tiens à souligner que le Programme des services de police des Premières Nations est offert depuis plus de trois décennies au pays. Il doit devenir un service essentiel. Nous avons l'intention d'élaborer, de concert avec des communautés et des chefs autochtones de toutes les régions du pays, un nouveau cadre législatif afin d'offrir des services de police efficaces, professionnels et adaptés à la culture. Dans le respect de leurs compétences et de leur autorité, nous collaborerons avec les Premières Nations pour veiller à ce qu'elles reçoivent les services de police dont elles ont besoin et qu'elles méritent. Je suis impatient de travailler avec les communautés intéressées afin d'accroître le nombre de celles qui sont actuellement servies par des services de police des Premières Nations.
Je voudrais aussi souligner que le gouvernement poursuit son important travail pour faire avancer les appels à la justice du rapport final de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, y compris ceux portant précisément sur la police. À la suite de la publication du rapport provisoire de l’enquête, par exemple, le ministère de la Sécurité publique a financé des examens des politiques et des pratiques de la police afin de déceler les lacunes et les défis relatifs à la prestation de services de police compétents sur le plan culturel. Le gouvernement a investi jusqu’à 1,25 million de dollars sur deux ans pour que quatre organismes externes possédant de l'expertise dans le domaine de l’application de la loi et du maintien de l’ordre dirigent ces examens. Les rapports comportent également des recommandations et proposent des outils, des ressources et des pratiques prometteuses qui pourraient être utiles pour favoriser une relation de confiance et renforcer la confiance à l'égard des services de police. Les rapports finaux seront très bientôt publiés sur le site Web de Sécurité publique Canada. L'un d'entre eux se trouve d'ailleurs actuellement sur notre site Web. Les conclusions et les recommandations de cette enquête constitueront également une source d’information importante pour les principaux partenaires de l’application de la loi, comme l’Association canadienne des chefs de police.
Nous prenons aussi des mesures pour accroître la transparence dans les interactions de la police en adoptant les caméras corporelles à la GRC. Les vidéos qu'elles enregistrent améliorent la reddition de comptes tout en fournissant d'excellents éléments de preuve et une première vue des situations que les agents de police rencontrent, dans des contextes souvent hautement dynamiques et potentiellement tendus. La GRC a porté des caméras corporelles dans divers environnements au titre d'un projet pilote. Nous continuerons de tirer parti de cette expérience et d'examiner les démarches d'autres pays. Nous travaillons actuellement à l'élaboration d'un cadre stratégique qui permettrait d'en généraliser l'utilisation et de garantir que cette technologie respecte toujours le droit à la vie privée des Canadiens. Nous irons de l'avant avec la mise en oeuvre de cette politique le plus rapidement possible.
Monsieur le président, comme je l'ai clairement fait comprendre, il n'y a pas de place pour le racisme ou la discrimination dans les organismes et les institutions d'exécution de la loi du Canada. Nous travaillons fort et nous redoublerons d'efforts pour rendre notre système plus juste. Nous avons accompli quelques pas dans la bonne direction, mais j'admets qu'il nous en reste encore beaucoup à faire. Voilà pourquoi je continuerai de travailler avec la commissaire Lucki alors qu'elle s'efforce de faire de la GRC un service de police plus juste et plus responsable, où les divers points de vue sont valorisés et pris en compte pour créer un environnement meilleur et plus sécuritaire dans les collectivités qu’elle sert.
Je vous remercie de nouveau de votre aimable invitation.
J'attends avec intérêt les résultats de vos délibérations sur ce sujet important, et c'est avec plaisir que je répondrai maintenant à vos questions.
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Permettez-moi de vous expliquer les choses ainsi, monsieur Paul-Hus.
Quand nous examinons le système de justice pénale, nous observons des disparités, comme c'est le cas pour de nombreux aspects de la société canadienne. Ces disparités sont très disproportionnées pour les communautés autochtones, les communautés racialisées et les jeunes hommes noirs de notre société qui sont, parmi tous ces groupes, représentés de manière disproportionnée dans les interactions avec la police, notre système de justice et nos prisons.
Nous observons des disparités semblables au chapitre de l'emploi, de la santé, de l'éducation, de l'accès aux services de santé mentale et d'un large éventail de domaines. Voilà qui met en lumière la présence d'importants problèmes systémiques de disparité à l'intérieur de certains systèmes.
En ce qui concerne le système de justice pénale, ces disparités sautent aux yeux, et nous nous attaquons au problème. Le a entrepris un certain nombre de démarches, que nous nous employons à mettre en œuvre pour tenter d'éliminer certaines disparités observées dans notre réseau carcéral et nos tribunaux.
La commissaire, par l'entremise de la GRC, s'efforce également de réduire ces disparités et les résultats disparates.
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Permettez-moi de dire avant tout que je crois que notre système de plaintes doit être accessible à tous les Canadiens. Il doit être transparent. Il doit être juste et objectif. Il doit aussi être rapide. Nous avons vu — et je l'entends très clairement —, que les Canadiens de partout au pays sont frustrés du temps de traitement des plaintes.
J'en ai moi-même un peu vécu l'expérience dans ma région, dans un cadre législatif un peu différent. En tant qu'ancien chef de police, je peux vous dire qu'il est extrêmement précieux pour un chef de police de pouvoir compter sur un système de traitement des plaintes accessible, fonctionnel, dont l'objectivité, la justesse et l'accessibilité inspirent la confiance du public et grâce auquel les personnes qui adoptent des comportements répréhensibles peuvent être tenues responsables. C'est essentiel pour maintenir la confiance du public envers le système de plaintes. Je me rappelle aussi que quand les premiers systèmes du genre sont apparus au pays, les chefs de police affichaient une certaine résistance. Or, nous nous sommes très vite rendu compte que quand les enquêtes sont confiées à des corps de police indépendants et que les résultats de l'enquête inspirent la confiance du public, ils produisent de bien meilleurs résultats.
Je peux aussi vous dire que selon mon expérience, la très vaste majorité des plaintes peut être résolue très vite, de façon assez informelle, mais qu'il est nécessaire de bien consigner toute l'information au dossier pour assurer l'intégrité du système de traitement des plaintes.
Je conviens tout à fait de l'importance de limites de temps publiées, ayant force de loi, pour que les Canadiens aient une idée juste du moment où l'affaire sera résolue, et je pense que le processus doit être le plus ouvert et transparent possible. La commissaire et moi en avons discuté à maintes reprises.
Je dois aussi souligner que nous avions soumis un projet de loi en ce sens à la dernière législature, qu'il a été adopté par la Chambre, mais que malheureusement, il n'a pas pu franchir l'étape du Sénat. Nous l'avons redéposé sous la forme du projet de loi . Il prévoit justement un système de traitement des plaintes, sur le modèle de la CCETP, qui crée la responsabilité de fournir un mécanisme de plaintes à nos agents des services frontaliers également. Je suis en train de l'examiner attentivement, afin de m'assurer qu'il prescrit des échéances raisonnables et bien définies. Je pense qu'il y a diverses choses que ce comité pourrait faire.
Je vous assure que je suis très ouvert à vos observations et à vos recommandations et que j'ai hâte de voir ce qui ressortira des travaux du Comité afin de déterminer comment nous pouvons améliorer le système d'examen et de traitement des plaintes, non seulement pour l'ensemble des Canadiens, mais aussi pour les policiers visés. Il est également dans leur intérêt que ces plaintes se règlent rapidement, pour qu'ils puissent rétablir leurs relations avec les personnes qu'il sont censés servir.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je veux d'abord mentionner que je suis heureuse que le Comité ait pu se rassembler si rapidement pour étudier cette question de la plus haute importance. Le Bloc québécois a été parmi les premiers à appuyer cette demande, à l'initiative du NPD, de convoquer ce comité afin d'étudier la question.
Il faut absolument étudier l'enjeu du racisme systémique au sein de la GRC et la brutalité policière. Il faut évidemment rencontrer Mme la commissaire de la GRC et le ministre de la Sécurité publique et de la Protection civile, que je remercie de leur présence aujourd'hui. Cela dit, je pense que nous devons absolument entendre et écouter les victimes de tous horizons de violence policière et de discrimination. Ce sont ces hommes et ces femmes qui en ont le plus à nous apprendre, nous les parlementaires, afin que nous puissions en arriver à des solutions concrètes et sans partisanerie au sein de ce comité.
J'ai très hâte d'entamer ce processus, qui commence dès aujourd'hui.
Monsieur le ministre, je vous remercie encore une fois d'être ici. Vous avez parlé de solutions concrètes et d'un certain nombre de mesures qui ont été mises en place depuis que les libéraux sont au pouvoir. Vous avez parlé d'un recours aux caméras lors des interventions des agents.
J'aimerais savoir, concrètement, quelles sont les mesures qui ont été mises en place depuis le début.
Je pense que tout le monde s'entend ici, aujourd'hui, sur le fait que la discrimination systémique existe au sein de la GRC. Mme la commissaire le reconnaît, vous le reconnaissez également et M. le premier ministre aussi. Nous sommes maintenant à l'heure des solutions et des mesures concrètes.
Quelles sont-elles?
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Permettez-moi de mentionner un certain nombre de choses qui me semblent très importantes.
L'un des besoins que nous avons constatés avant les incidents les plus récents, qui a été placé au cœur de ma lettre de mandat du , c'est celui de coproduire un nouveau cadre législatif sur les services de police offerts aux peuples autochtones du Canada. Depuis 35 ans, les services de police offerts aux communautés autochtones et dans les territoires relèvent d'un programme à part. Il s'agit du programme des services de police des Premières Nations. Ce programme reçoit du financement chaque année, mais il n'a jamais été reconnu comme un service essentiel. Je pense que cela lui nuit.
De même, il me semble absolument nécessaire de travailler avec les leaders autochtones pour reconnaître leurs pouvoirs en matière de gouvernance, de surveillance et d'imputabilité, afin qu'ils puissent définir comment ils souhaitent assurer le maintien de l'ordre dans leurs communautés. Il y a différents modèles qui connaissent plus ou moins de succès au pays. Je pense que nous pouvons en tirer des leçons. C'est ce que nous tentons de faire. J'ai consulté nos chefs régionaux de l'APN et le chef national, de même que les grands chefs d'un peu partout au Canada. Nous évaluons aussi la situation des communautés dont les services de police relèvent d'un programme interne, autochtone, et nous nous demandons comment nous pouvons améliorer la prestation des services policiers grâce à un cadre législatif ciblé. Celui-ci pourrait faire intervenir la GRC, mais d'autres services de police provinciaux aussi, comme la Sûreté du Québec et la Police provinciale de l'Ontario. Le but est vraiment de reconnaître le leadership autochtone dans les communautés autochtones et de déterminer comment celles-ci souhaitent recevoir des services de police. Nous jugeons cette démarche nécessaire.
De même, nous nous appliquons à créer une GRC plus diversifiée et plus inclusive. La commissaire pourra vous parler de tout ce que nous faisons. Je peux vous dire, d'après ma propre expérience, que les services policiers ont tout à gagner à intégrer à leurs rangs des policiers ayant l'expérience vécue de la population qu'ils servent, qui savent ce que c'est que de souffrir de discrimination et de disparités, qui savent ce que sait que de venir d'une famille de nouveaux immigrants, qui en ont l'expérience vécue et qui peuvent en témoigner à la profession. Je pense que c'est là un pas important pour créer des services policiers plus diversifiés. Il y a beaucoup de choses que nous pouvons faire.
Pour terminer, je vous répondrai que tout ne se résume pas aux services de police eux-mêmes, il faut aussi tenir compte de la communauté auprès de laquelle les policiers travaillent et du type de travail qu'ils doivent faire. Il est également nécessaire d'investir dans les communautés, dans les enfants, d'appuyer les communautés sur divers plans pour réduire la nécessité des interventions policières. Il n'existe peut-être pas de plus grand défi pour les policiers au Canada que d'interagir avec des personnes en crise. Il y a beaucoup de travail qui se fait pour les aider en ce sens, mais nous avons encore fort à faire.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie, monsieur Blair, comme je vous remercie, madame Lucki.
C'est un honneur pour moi d'être ici. Je dirai deux choses pour commencer.
Monsieur Blair, tout comme moi, vous êtes volubile, donc je vous demanderai d'être un peu plus concis dans vos réponses. Je n'ai que six minutes et je ne voudrais pas être impoli.
Ensuite, je tiens à évoquer la mémoire de Wayne Russett, un ancien agent de la GRC avec qui j'ai eu l'honneur de négocier dans des situations d'impasse très tendues quand je travaillais avec les communautés autochtones. Il voyait les services policiers comme une forme d'engagement social pour désamorcer les conflits et construire la confiance. Nous sommes là pour veiller à ce que tous les agents de toutes les unités comprennent le rôle fondamental du policier de démêler des situations très difficiles et tendues, de les désamorcer.
C'est ce à quoi je pensais quand je vous entendais dire que le racisme systémique est la somme des défaillances dans le système, qui fait que différentes personnes vivent différentes expériences. Pour moi, le problème dans ce système, c'est que 4,9 % des Canadiens sont d'origine autochtone, alors qu'ils subissent près de 40 % des décès causés par des agents de la GRC. La différence ici en est une de vie ou de mort. Ces chiffres sont effarants.
Monsieur le ministre, vous avez également dit que les jeunes hommes noirs étaient surreprésentés dans le système. Quand vous étiez chef de police, l'un des outils très puissants à votre disposition était la classification. Vous y teniez rigoureusement quand vous travailliez à la Ville de Toronto, et elle était très utilisée. Compte tenu de ce que vous savez maintenant, comme mon collègue Matthew Green le disait, seriez-vous prêt à vous excuser et à dire que c'était une erreur que de recourir à cette tactique? Que diriez-vous au sujet de la classification des personnes qui se faisait sous votre gouverne?
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C'est ce qui était déploré avec la classification: l'arrestation arbitraire de jeunes hommes noirs.
Encore une fois, les chiffres sont très éloquents: 8,8 % de la population de Toronto est noire, alors que 30 % des confrontations physiques avec des policiers ayant causé des blessures graves sont avec des Noirs; il en va de même de 60 % des affrontements mortels et de 70 % de tirs fatals de policiers. Dans tous ces cas, les victimes étaient des jeunes hommes noirs de la ville de Toronto. C'est un problème grave, donc je suis content de vous entendre le dire.
J'aimerais changer un peu de sujet. Nous comprenons que le gouvernement n'aille pas tout de suite de l'avant avec l'enquête sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées à cause de la COVID, mais la COVID n'a pas fait cesser la violence conjugale ni les traitements horribles que subissent les femmes autochtones. Je porte à votre attention la situation au Nunavut, où la commission a reçu plus de 30 plaintes de femmes horriblement maltraitées. Les documents sont difficiles à lire: des fouilles à nu, de l'humiliation, des femmes attachées nues à des chaises. Cela n'arriverait pas à des femmes blanches ailleurs, mais au Nunavut, cela semble courant. Il n'y a pourtant aucune enquête sur ces incidents.
Compte tenu de toutes les promesses qui ont été faites concernant les femmes disparues et assassinées, comment se fait-il que des femmes puissent être traitées avec autant de violence après avoir été victimes d'agression sexuelle au Nunavut?
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Merci, monsieur le président.
Je vais débuter par un bref commentaire. Ayant été membre de la Gendarmerie royale du Canada pendant plus de 30 ans, j'ai eu la chance d'être déployé dans différentes régions du Canada et à l'étranger. J'ai ainsi pu travailler avec des milliers de membres réguliers, de membres civils et d'employés de soutien de la fonction publique, ainsi qu'avec différents services de police municipaux et provinciaux.
La GRC est une organisation professionnelle pouvant compter sur des employés exceptionnels. Je suis fier de mes années de service, et j'ai pleinement confiance dans les services de police qu'offre la GRC au Canada. Je veux reconnaître l'apport des membres de la GRC qui vivent dans nos collectivités. Ils y élèvent leurs enfants. Ils sont entraîneurs pour les équipes sportives au secondaire et bénévoles pour de nombreux événements. Je veux les remercier pour les services qu'ils rendent aux Canadiens, surtout lorsque les temps sont plus difficiles.
Le moral des troupes est toutefois à la baisse. Les membres se tournent vers la haute direction pour que l'on prenne les choses en main, mais ils n'obtiennent pas le soutien dont ils ont besoin. Nous sommes réunis pour discuter du racisme dans tous les ministères du gouvernement fédéral, et nous allons en traiter plus particulièrement aujourd'hui avec les hautes instances de la GRC qui reconnaissent les problèmes actuels et s'engagent à prendre les mesures correctives qui s'imposent.
Je veux remercier le ministre Blair et la commissaire Lucki de leur présence aujourd'hui.
Monsieur le ministre, le gouvernement a reconnu qu'il y avait du racisme systémique dans tous les ministères fédéraux, y compris la GRC. Je sais que votre lettre de mandat ne précise pas comme objectif prioritaire l'élimination du racisme au sein de votre ministère, mais je sais également que la lettre de mandat de la commissaire mentionne l'importance de la diversité.
Monsieur le ministre, pouvez-vous nous expliquer pourquoi on a dissous le Comité consultatif du commandant divisionnaire sur la diversité culturelle en Colombie-Britannique?
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Tout d'abord, j'essaie de ne pas trop me décourager, car j'ai vu des exemples extraordinaires à divers endroits du pays. Des dirigeants autochtones et des membres des collectivités m'ont raconté des histoires fort encourageantes sur leurs rapports avec les agents de police qui sont à leur service.
J'ai parlé notamment au chef national l'autre jour. Nous avons discuté du maintien de l'ordre, et il m'a dit que trois de ses frères sont agents de la GRC. J'ai parlé à l'un des chefs régionaux des Territoires du Nord-Ouest qui m'a décrit le travail des gendarmes spéciaux et des agents de sécurité communautaire et le rapport extraordinaire qui s'était établi entre la GRC et les membres de sa communauté. On en retrouve de beaux exemples au Yukon et à d'autres endroits au Canada.
Je crois que nous devons nous inspirer du travail formidable réalisé et des liens qui se sont tissés. Cela ne veut pas dire que nous pouvons nous reposer sur nos lauriers ou que c'est parfait, mais il y a des signes encourageants, car nous avons des gens compétents qui travaillent dans des collectivités positives et qui font un travail extraordinaire. Nous devons leur fournir les soutiens nécessaires, et cela ne veut pas seulement dire des fonds, des ressources humaines et autres et de l'équipement. Il faut également de solides structures de gouvernance et systèmes de reddition de comptes et de transparence.
Il n'y a rien de plus important que la confiance dans les rapports entre la police et les citoyens. Il faut être digne de cette confiance, et cela comporte de nombreux éléments importants, dont la reddition de comptes et la transparence. Les gens doivent fournir la preuve de leur engagement au service et de leur volonté de protéger les gens, comme ils ont prêté serment de le faire.
J'en ai de beaux exemples, mais il y a d'autres endroits où nous avons encore du chemin à faire.
:
Merci, monsieur le président.
Je suis accompagnée de M. Dennis Daley, commissaire adjoint des Services de police contractuels et autochtones. On voit également à l'écran Mme Gail Johnson, dirigeante principale des Ressources humaines, en poste depuis huit mois probablement, donc essentiellement une nouvelle recrue.
Bonsoir.
[Français]
Je vous remercie de m'avoir invitée à vous entretenir de ces questions cruciales.
[Traduction]
J‘aimerais souligner que nous nous trouvons sur le territoire non cédé de la nation algonquine.
Les dernières semaines ont été extrêmement difficiles pour les Canadiens, les communautés autochtones, la communauté noire, les communautés racisées et les policiers. Ces événements ont déclenché un dialogue crucial au pays. Je suis à l'écoute et les appels à l'action ont été entendus. Dans ce mot d'ouverture, j'entends préciser les efforts de modernisation en cours à la GRC dans la foulée des événements récents.
Lorsque j'ai été nommée commissaire il y a deux ans, j'ai déclaré: « J'entends remettre en doute les idées reçues et demander des explications pour comprendre les raisons derrière notre mode de fonctionnement. Cela signifie qu'aucun effort ne sera ménagé, et que nous poursuivrons notre travail jusqu'à ce que tous les problèmes à régler soient débusqués. »
[Français]
Les deux dernières semaines ont donné à la GRC une occasion sans précédent de faire progresser les changements et d'intensifier ses efforts.
[Traduction]
Nous avons raffermi notre résolution à faire changer les choses et accentué nos démarches pour servir, protéger et refléter toutes les communautés; réaliser la réconciliation avec les communautés autochtones racisées; renforcer nos liens fondés sur la reconnaissance des droits, le respect, la confiance mutuelle, la collaboration et le partenariat. Notre organisation n'est pas parfaite, mais nous continuerons d'apprendre, de grandir et d'évoluer.
Comme je l'ai dit directement à mes agents dans un message vidéo il y a quelques jours, malgré le fait que ce soit difficile, il faut entretenir un dialogue constructif si nous voulons renforcer la confiance des Canadiens. Les communautés autochtones, noires et racisées, y compris celles qui sont représentées dans la GRC, ont connu une profonde douleur et ont souffert des iniquités du racisme systémique. J'aimerais affirmer ici, devant le Parlement, que je suis vraiment fière d'être à la tête des quelque 30 000 employés de la GRC qui ont toujours ma plus grande estime pour ce qu'ils accomplissent chaque jour afin de servir les Canadiens avec dévouement et professionnalisme. Ils le font dans un esprit d'équité et par désir de protéger les personnes les plus vulnérables aux quatre coins du pays et dans le monde entier.
Permettez-moi d'ajouter que nous sommes déterminés à relever et à supprimer toute forme de racisme et de discrimination au sein de notre organisation. Les employés et leurs familles m'ont dit être démoralisés par les propos hostiles tenus à l'égard de la police qui mettent injustement tout le monde dans le même bateau. Toutefois, reconnaître que le racisme systémique dans la Gendarmerie ne revient pas à dire que tous les employés sont racistes. Il s'agit plutôt de reconnaître les façons dont une organisation crée ou maintient des iniquités raciales, souvent causées par des préjugés subtils et involontaires dans les politiques, les pratiques et les processus institutionnels qui privilégient ou désavantagent certains groupes.
J'ai discuté avec de nombreuses personnes, et ce que j'ai appris, ainsi que mes réflexions par la suite, me permettront de renforcer mon organisation. J'ai discuté avec des leaders autochtones, dont le sénateur Murray Sinclair, qui a suggéré que nous nous penchions sur le recrutement et sur la formation. J'ai également parlé à Mme Marion Buller, la commissaire à l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, qui m'a parlé de notre engagement à collaborer avec les communautés et à apprendre de celles-ci pour réellement accomplir des progrès dans notre démarche. J'ai écouté les employés autochtones, actuels et anciens, qui m'ont rappelé l'importance de revenir aux racines de la police communautaire et d'être en lien avec les gens que nous servons.
[Français]
Maintenant, la GRC pourra renforcer cette confiance et contrer le racisme systémique.
J'aimerais vous parler de ce que nous avons fait à ce jour.
[Traduction]
J'ai reçu un mandat clair, celui de moderniser et de transformer la culture de l'organisation. En un peu plus de deux ans à peine, nous avons fait des progrès considérables. J'ai reçu des commentaires tant de l'interne que de l'externe, du Conseil national sur la diversité et l'inclusion de la GRC, de mon comité consultatif national sur les Autochtones et de dirigeants communautaires, plus particulièrement des communautés noires et autochtones. J'ai mis sur pied un nouveau groupe consultatif qui se penche sur les expériences vécues par les Autochtones et qui est composé d'actuels et d'anciens employés autochtones de la GRC.
[Français]
Nous nous penchons sur les aspects de la diversité et de l'inclusion dans nos politiques, nos programmes, notre recrutement, notre formation et nos pratiques, afin de mieux comprendre les obstacles involontaires qui existent et de travailler à les corriger.
[Traduction]
Le leadership fondé sur le caractère est intégré aux pratiques en matière de recrutement, de formation et de promotion. Nous avons ajouté du contenu sur l'histoire des Autochtones à la matière enseignée aux cadets et intégré plusieurs traditions autochtones à celles de la GRC, dont le port par les employés autochtones d'objets culturels, comme la plume d'aigle et la ceinture métisse, lorsque nous revêtons la tunique rouge. Nous avons actualisé nos programmes nationaux de formation en ajoutant notamment une formation améliorée sur la sensibilisation culturelle et une formation sur les préjugés inconscients et sur la prise en compte des effets des traumatismes. Nous avons augmenté la participation de la GRC à des initiatives de justice réparatrice partout au pays.
Pour en faire davantage afin de contrer le racisme systémique, nous redéfinissons nos priorités et améliorons notre plan d'action en vue d'apporter des changements sur tous les plans, que ce soit en matière de recrutement, de formation, de production de rapports ou de reddition de comptes. Il nous faut redoubler d'efforts pour recruter des effectifs plus diversifiés afin d'être plus représentatifs des collectivités que nous servons. Nous nous efforçons d'éliminer de nos processus de recrutement et de formation tout préjugé involontaire qui pourrait avoir des effets néfastes et inappropriés sur certaines couches de la société.
[Français]
Nous revoyons par ailleurs nos pratiques de réinstallation et examinons la possibilité de recourir au recrutement axé sur les lieux, afin que les policiers demeurent dans les communautés où ils ont déjà des liens et des racines.
[Traduction]
Nous avons également continué de nous pencher sur nos modèles de services policiers et de chercher, en collaboration avec les collectivités que nous servons, des solutions qui sont menées à bien pour et par les communautés. La GRC, centrée depuis toujours sur la police communautaire, répond en moyenne à deux millions de demandes de service par année. Il y a recours à la force dans moins de 1 % des cas. Plus de 99 % des incidents sont réglés grâce à la communication et à la désescalade. Pour les rares incidents où il y a recours à la force, notre formation et nos protocoles font en sorte que nous n'utilisons que le minimum de force nécessaire. S'il y a lieu, nous misons sur des techniques de désescalade et d'interventions en situation de crise.
Afin de tenir les employés responsables de leur conduite, nous avons mis en place des politiques opérationnelles exhaustives visant à garantir la transparence, la reddition de comptes et l'ouverture. La profession policière est soumise à un large éventail de mécanismes de reddition de comptes. Il y a la surveillance par les tribunaux ainsi que les enquêtes, les commissions et les examens indépendants. Nous nous consacrons entièrement à améliorer cette grande organisation afin qu'elle en ressorte encore plus performante.
[Français]
Nous sommes, mon équipe et moi, déterminés à accomplir ce travail, et nous faisons des progrès, mais la modernisation est un processus constant.
[Traduction]
Notre but est de faire de la GRC le service de police le plus respecté et le plus digne de confiance au monde, un service de police qui a des liens solides avec tous les Canadiens et, en particulier, les communautés autochtones, noires et racialisées. Nous devons donner plus d'espace aux discussions difficiles et poursuivre celles déjà en cours. C'est l'occasion de prendre les devants et d'apporter un véritable changement, et c'est ce que nous nous sommes engagés à faire.
[Français]
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de vous parler aujourd'hui.
[Traduction]
Je serai ravie de discuter avec vous.
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Madame la commissaire, je vous remercie d'être présente pour cette étude importante.
Nous tous, ici présents, convenons qu'il y a de nombreuses raisons d'être fiers d'être Canadiens. Nous sommes fiers de notre histoire et de ce qu'est le Canada. Bien sûr, il y a des problèmes dont nous devons nous occuper au pays. Le racisme est l'un d'entre eux, tant les incidents racistes que le racisme systémique. Nous savons tous que le racisme est présent dans nos institutions publiques et privées.
C'est une discussion très importante. Il s'agit d'une bonne occasion d'examiner le problème et d'une bonne occasion pour les législateurs de voir comment nous pouvons faire avancer les choses. En tant que parents, ma femme et moi avons discuté du racisme avec nos enfants. Puisque nous ne pouvons pas les protéger complètement contre le racisme, nous pensons qu'ils doivent comprendre cette réalité et peut-être s'y préparer à mesure qu'ils vieillissent. Bien entendu, les discussions changent, mais elles sont importantes. Le travail que nous accomplissons aujourd'hui vise à améliorer le système pour l'avenir et pour eux.
Pour commencer, je veux simplement vous poser des questions sur la composition de la GRC, sur ses caractéristiques démographiques. Avez-vous des statistiques? En ce qui concerne les origines culturelles, autochtones ou ethniques des membres, savez-vous quels sont les pourcentages, globalement, pour la GRC ? Est-ce que ce sont des données que vous conservez? Si vous le faites — ce qui serait important pour le recrutement —, où en était-on il y a cinq ans par rapport à aujourd'hui?
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais tout d'abord souligner que nous sommes tous réunis sur les terres non cédées du peuple algonquin.
Madame la commissaire, je faisais partie des nombreuses personnes qui étaient très enthousiastes lors de votre nomination il y a deux ans. Les dernières semaines ont été très difficiles, et très difficiles pour les personnes racialisées. Je pourrais nommer de nombreuses personnes, à commencer par M. George Floyd, et bien d'autres personnes au Canada en décrivant les drames qui sont survenus, ces pertes de vie aux mains de la police. Ce qui est très décevant, c'est votre manque de clarté lorsque qu'on vous a interrogé sur l'existence du racisme systémique, et ce qui s'est passé avec votre sous-commissaire en Alberta à cet égard a été tout aussi troublant.
Je pense que ce qui est difficile pour moi aujourd'hui, c'est de comprendre si la GRC, et vous, votre bureau et votre équipe, comprenez l'urgence qui s'est imposée devant nous. Nous sommes à un moment de l'histoire où le monde change. J'ai vu des gens qui manifestaient dans les rues, qui n'étaient jamais sortis auparavant, qui étaient complaisants et qui pensaient que, même s'ils étaient touchés par le racisme, ils ne s'exprimeraient pas à cet égard parce qu'ils avaient peur des répercussions. J'ai vu tant de gens, surtout des jeunes, descendre dans la rue pour exiger que des mesures soient prises.
Comment répondez-vous à cette urgence? Ce n'est pas le recrutement et la formation. Ce sont des éléments importants, mais cela prendra du temps. Comment réagissez-vous pour gagner la confiance du public, en particulier des personnes racialisées, notamment des Autochtones et des Noirs?
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Lorsque je suis devenue commissaire, j'ai présenté le projet Vision 150, qui nous guidera vers notre 150
e anniversaire, en 2023.
L'accent a été mis sur les personnes au sein de la GRC et de la collectivité. L'idée qui sous-tend cette initiative, c'est que si nous nous concentrons davantage sur les gens, nos opérations se dérouleront mieux et le Canada sera un endroit plus sécuritaire. Nous avons donc mis en place les quatre piliers suivants: nos gens, notre culture, notre gérance et nos services de police. Chaque pilier renferme ses propres initiatives.
Tous ces efforts visent à rendre notre culture plus tolérante, plus inclusive et plus diversifiée, afin que nous devenions le reflet des collectivités que nous servons. Les membres du personnel ont besoin de formation et ils doivent veiller à... Comment pouvons-nous les débarrasser de leurs préjugés inconscients — ou parfois conscients — pendant l'exercice de leurs fonctions? C'est la partie la plus difficile de ce travail, car lorsqu'on exerce des fonctions policières auprès de groupes dans lesquels se reproduit le même type d'incidents, il est très facile de nourrir un préjugé inconscient.
Comment pouvons-nous enseigner aux gens à reconnaître cette situation et à faire preuve d'une plus grande empathie? Nous pouvons, par exemple, intégrer l'exercice des couvertures à la formation qu'ils reçoivent à l'École de la GRC. Le cours sur la culture et l'humilité est aussi très utile. L'adoption d'une approche axée sur la sensibilisation aux traumatismes lors des interventions auprès des victimes a fait partie de nos mesures d'intervention dans le dossier des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées. Nous avons plusieurs mesures dans le cadre de cette approche, et lorsque nous parlons de... Nous avons créé un Bureau national des normes et pratiques d’enquête, afin que ces enquêtes soient traitées de la même façon, peu importe qui sont les victimes ou les criminels.
Nous devons améliorer nos renvois en matière de justice réparatrice afin d'éviter que des personnes se retrouvent dans le système judiciaire, surtout les jeunes. Il faut donc pratiquer la justice réparatrice avant que des accusations soient portées. Nous devons donc améliorer les renvois.
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Merci, monsieur le président. Je vous remercie également, madame la commissaire.
La fin de semaine dernière, dans ma petite ville, 400 personnes ont participé à une marche pour le mouvement Black Lives Matter. Nous vivons une période de grande transformation, et je dois pouvoir regarder ces personnes en face et leur dire qu'elles peuvent être convaincues qu'on les écoute partout dans le monde et que des changements se produiront.
Quant à vous, vous devez pouvoir dire à vos policiers que lorsque des enjeux complètement inacceptables sont traités de manière transparente, cela renforce le moral de tout le personnel. Il faut vraiment réussir à dépasser l'étape des belles paroles et mettre en œuvre des mesures concrètes que nous pourrons mettre en évidence.
J'aimerais donc vous poser quelques questions à cet égard, car lorsqu'un incident se produit, nous devons savoir que le processus en place peut le traiter et que peu importe le résultat, nous pourrons nous en servir pour démontrer comment l'enquête s'est déroulée.
J'ai rencontré les membres de la famille de M. Colten Boushie et j'ai beaucoup appris. J'ai été informé du traumatisme vécu par sa mère, qui a essentiellement été traitée comme une complice lorsque son fils est décédé, et j'ai appris que les preuves et le corps du garçon avaient été laissés dehors, sous la pluie, pendant 24 heures, ce qui a ruiné l'action en justice. Certains membres de la GRC ont affirmé, dans un groupe sur Facebook, que M. Colten Boushie méritait ce qui lui était arrivé.
Ce sont les allégations que nous avons entendues au tribunal. La Commission civile d'examen et de traitement des plaintes relatives à la Gendarmerie royale du Canada a examiné l'affaire — vous avez reçu le rapport —, mais lorsque j'ai parlé à des conseillers autochtones de la Division F, ils n'avaient rien entendu sur l'avis de la GRC ou sur les mesures qu'elle comptait prendre à cet égard. Ces conseillers m'ont dit que c'était comme s'ils avaient affaire à un trou noir, et que ce trou noir représente un manque de confiance.
Quand ce rapport sera-t-il publié?
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Merci, monsieur le président. C'est très gentil de m'accorder cette chance de poser une question.
Je vous remercie beaucoup, madame la commissaire. Nous sommes heureux de vous recevoir ici.
Tout d'abord, j'aimerais dire que je reconnais le travail très difficile que la GRC et tous ses membres font chaque jour. Ce n'est pas facile d'être un agent de police. Ce n'est pas facile d'avoir les projecteurs braqués sur les cas qui font exception, peut-être. Je comprends bien que c'est très difficile, mais c'est le fardeau que vous et tous les membres de la GRC devez porter. C'est normal, dans une démocratie, que nos services policiers aient à subir ce type d'attention.
Je ne veux pas répéter la question de M. Anandasangaree, mais j'ai moi aussi été un peu confondu par votre définition du racisme systémique, lorsque cette question vous a été posée au début de juin. Je crois sincèrement que les gens peuvent changer. On doit leur donner une chance d'évoluer et de changer d'avis. Alors, je vous dis bravo!
En lien avec la question de Mme Michaud, j'aimerais que vous me donniez encore une fois une définition du racisme systémique. Vous avez évoqué la notion de durée et l'historique de la GRC. Vous avez reconnu qu'il y avait du racisme systémique.
Croyez-vous qu'il y ait encore du racisme systémique aujourd'hui au sein de la GRC?
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Merci de votre question.
Nous avons entamé un processus spécial de recrutement au Nunavut pour les Inuits. Nous avons repéré des gens intéressés par la GRC et nous travaillons avec eux. À l'heure actuelle, ils sont sept. C'est un projet pilote. Sept personnes ont été repérées récemment, en janvier, et nous leur procurons les compétences auxquelles elles n'ont pas accès, comme la conduite de véhicules, ou si elles ont besoin de certaines composantes éducatives qui peuvent les aider à réussir leurs études policières, nous leur offrons ces études au Nunavut avant qu'elles n'aillent à l'École de la GRC. Nous allons examiner chaque étape qui peut être accomplie au Nunavut pour leur permettre de les réussir, et nous les organiserons là-bas plutôt qu'à l'École de la GRC.
Nous envisageons aussi une troupe, et c'est quelque chose que nous avons déjà fait, formée tout particulièrement de candidats inuits ou autochtones du Nord, plutôt que de candidats venant du Sud du 55e parallèle, parce qu'ils ont des besoins propres, et que c'est très difficile pour des gens qui n'ont jamais quitté leur foyer d'aller tout d'un coup étudier pendant six mois à l'académie de police à Regina.
Encore une fois, il nous faut être flexibles et ouverts à toutes ces différentes options afin d'attirer les personnes les plus diverses.
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Dans un monde idéal, je dirais oui.
Lorsque j'étais l'agente de district à Thompson, dans le Nord du Manitoba, on surveillait la moitié de la province, et dans toute cette moitié de la province, il n'y avait pas un seul centre de traitement de la toxicomanie, si bien que les personnes qui avaient besoin de counseling en matière de toxicomanie devaient se rendre dans le Sud. Par conséquent, je dirais que oui, dans un monde parfait, si ces ressources sont disponibles, mais quand on regarde Toronto, Ottawa ou le Lower Mainland, c'est une autre histoire que celle de la majorité des régions où nous faisons régner l'ordre.
Au Nunavut, nous avons sept ou huit détachements de deux personnes, et il n'y a pas de services sociaux. Chaque fois que des services sociaux sont nécessaires, les gens doivent généralement aller à Iqaluit parce que les autres collectivités n'en ont pas. Les policiers sont les premiers répondants pour tous ces services, et c'est la réalité. Ce n'est pas une réalité juste, mais c'est la réalité.