FAIT Réunion de comité
Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.
Pour faire une recherche avancée, utilisez l’outil Rechercher dans les publications.
Si vous avez des questions ou commentaires concernant l'accessibilité à cette publication, veuillez communiquer avec nous à accessible@parl.gc.ca.
STANDING COMMITTEE ON FOREIGN AFFAIRS AND INTERNATIONAL TRADE
COMITÉ PERMANENT DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES ET DU COMMERCE INTERNATIONAL
TÉMOIGNAGES
[Enregistrement électronique]
Le mardi 21 octobre 1997
Le président (M. Bill Graham (Toronto-Centre—Rosedale, Lib.)): La séance est ouverte.
Outre la ministre des Relations étrangères de la Colombie, nous accueillons aujourd'hui Son Excellence Alfonso Lopez Caballero, l'ambassadeur de la Colombie au Canada, et M. Bill Ross, notre ambassadeur en Colombie.
Au nom des membres du comité, je souhaite la bienvenue à Son Excellence.
[Note de la rédaction: le président parle en espagnol]
Madame la ministre, puis-je vous suggérer de prononcer votre allocution d'ouverture. Nous demandons en règle générale à nos invités de faire une courte déclaration à la suite de laquelle les membres du comité posent des questions sur les sujets qui les intéressent relativement au pays en question.
L'honorable Maria Emma Mejia Velez (ministre des Relations étrangères, gouvernement de Colombie): Merci beaucoup.
Je tiens tout d'abord à vous remercier ainsi que tous les membres du Comité des affaires étrangères de me recevoir et de porter un intérêt constant au sort et à l'avenir de la Colombie, de l'Amérique du Sud et, bien sûr, de tous vos voisins de l'hémisphère occidental.
Nous sommes arrivés à une étape très importante de nos relations. Nos députés et nos ambassadeurs se rencontreront au Sommet des Amériques, qui se tiendra au Chili en avril 1998, pour définir non seulement les relations commerciales et économiques mais également les débouchés qu'offrent les 850 millions d'habitants de l'hémisphère occidental.
Le processus d'intégration régionale s'est déroulé très rapidement et a eu une vaste ampleur de notre côté de la planète, surtout en Amérique du Sud. Je ne fais pas uniquement référence à l'adhésion du Mexique à l'ALENA, mais aussi aux négociations entamées en juillet à cet égard avec le Chili et qui, si je ne m'abuse, ont donné jusqu'à maintenant de bons résultats. Nous en profiterons pour discuter aussi de la CEPALC et des avantages d'une intégration régionale.
• 1620
Comme vous le savez, la Colombie était, dirons-nous, l'un des
pays les plus fermés sur les plans économique et politique. Nous
avons en cela suivi l'enseignement de la CEPAL, un organisme des
Nations Unies, et adopté sa politique de protectionnisme commercial
et économique. Nous avons observé étroitement les préceptes
enseignés et nous y étions liés.
Nous avons réussi en seulement six ans à vraiment ouvrir notre économie et à intégrer notre région, ce qui n'est pas peu dire. Nous y sommes parvenus dans le cadre du Pacte andin, de concert avec le Venezuela, l'Équateur, le Pérou et la Bolivie. Nous venons de nous entendre avec le MERCOSUR pour engager des négociations à compter du 31 décembre prochain. Nous nous retrouverons donc dans une Amérique du Sud unie: le MERCOSUR et les pays membres du Groupe andin.
Nous avons entériné un accord commercial, le G-3, qui permet les échanges commerciaux entre 100 millions de Mexicains, de Vénézuéliens et de Colombiens. Nous avons renforcé nos relations avec le CARICOM, qui regroupe 14 pays des Caraïbes, même si nous n'y avons pas encore adhéré. Bien sûr, il y a aussi le marché commun de l'Amérique centrale.
Nous avons grandement diversifié nos relations, tout particulièrement avec l'Europe. Cela nous a permis de voir différemment l'intégration économique régionale. L'Europe vient au deuxième rang de nos partenaires économiques, et nos échanges commerciaux avec ce continent atteignent six milliards de dollars. L'intégration avec le Canada ainsi que la présence, en avril prochain, des Canadiens et des Américains au Sommet des Amériques pour officialiser nos relations revêtent évidemment une grande importance.
Sur la scène politique, vous savez que la Colombie éprouve de nombreuses difficultés. Je suis persuadée que la presse, même la presse canadienne, vous tient au courant, monsieur le président et membres du comité, des difficultés que nous éprouvons. La Colombie a de nombreux problèmes. Il est impossible de les cacher et nous n'avons aucune intention de le faire. Parlons tout d'abord des guérilleros. Depuis plus de 40 ans maintenant, des groupes de guérilleros occupent notre pays. Pour leur part, les narcotrafiquants y exercent leurs activités depuis plus de deux décennies. Il ne faut pas non plus oublier l'énorme problème causé par la fusion de ces deux groupes très puissants et très violents.
Nous espérons entamer un processus de paix dans lequel votre pays, votre Parlement et votre comité pourront jouer un rôle. Nous savons qu'un tel processus constitue peut-être la seule solution au problème des droits de la personne qui inquiète tant cette Chambre et de nombreux autres Parlements du monde entier. Je viens tout juste de rencontrer des représentants de certaines ONG qui m'ont fait part de leurs inquiétudes. La situation des droits de la personne les préoccupe évidemment beaucoup. Nous ne résoudrons toutefois pas ce problème si la paix n'est pas revenue.
Nous tentons donc pour la huitième fois en 12 ans d'engager un processus de paix, mais cette fois nous nous y prenons différemment. Nous ne nous assoyons plus à la même table que les guérilleros pour dialoguer ou négocier avec eux afin de résoudre les problèmes. Nous suivons plutôt l'exemple du Guatemala où est intervenu un traité de paix qui a débuté par un simple canevas. Comme vous le savez, notre gouvernement n'est encore au pouvoir que pour quelques mois. Des élections présidentielles auront lieu en mai prochain. En Colombie, un président ne peut jamais être réélu. J'espère que nous ne suivrons pas les mêmes traces. Les ministres peuvent revenir, mais peut-être pas durant cette période.
• 1625
Quoi qu'il en soit, nous aurons un nouveau gouvernement et il
n'est peut-être pas réaliste de penser que nous rétablirons la paix
en quelques mois, surtout pendant une campagne électorale, mais
nous devrons essayer d'étudier les propositions de paix émanant de
la population civile.
Dimanche prochain auront lieu des élections très importantes, les élections municipales. Dans le communiqué qu'il nous a fait parvenir, votre gouvernement nous a donné son appui—et cela était important pour nous—précisant que la démocratie était en jeu. Nous voulons protéger le système démocratique colombien. Les guérilleros menacent le droit de vote de bon nombre de Colombiens. Neuf pour cent des candidats au Congrès se sont jusqu'à maintenant désistés.
Nous veillerons bien sûr à ce que les élections aient lieu. Si les personnes qui ne peuvent maintenant participer aux élections peuvent reporter le vote au plus tard à la fin de cette année, nous pourrons entamer le processus de paix.
Comme vous le savez, notre pays arrive au troisième rang des pays de ce continent au chapitre du nombre d'habitants et de l'économie. Notre population est importante.
Au fil des ans, nous avons géré notre économie d'une façon très orthodoxe en contrôlant l'inflation et en favorisant les investissements étrangers, qui ont d'ailleurs considérablement augmenté ces dernières années. Votre pays est maintenant le plus important investisseur étranger en Colombie—je ne sais pas si vous étiez au courant de ce fait—en ce qui concerne les gazoducs ainsi que l'infrastructure et l'énergie gazéifères. Dans le domaine des télécommunications, Bell Canada International arrive au premier rang pour les communications cellulaires et l'installation de lignes téléphoniques. Cette entreprise installera environ 700 000 lignes téléphoniques chez nous.
On pourrait dire que les relations sont bonnes entre nos deux pays, même si nos échanges commerciaux atteignent à peine 800 millions de dollars, chiffre beaucoup moins élevé que ce qu'il devrait être. Si nos échanges commerciaux avec les États-Unis s'élèvent à 11 milliards de dollars, pourquoi ne pourrions-nous pas augmenter nos échanges avec le Canada? Nous nous tournons de plus en plus vers le Nord. Nous ne sommes pas des Européens. Nous avons diversifié nos opérations et l'Europe est maintenant notre deuxième partenaire économique en importance, mais nous devrions nouer des liens politiques par l'entremise de l'OEA, cultiver nos relations avec les autres pays de l'hémisphère occidental dans le cadre du Sommet des Amériques et, bien sûr, améliorer la prospérité commerciale et économique des deux pays.
Nous devons améliorer la situation des droits de la personne. Nous avons besoin de votre aide pour appliquer le processus de paix. Nous comptons sur votre appui, votre aide et vos connaissances—le Canada se tient loin de l'Amérique latine depuis de nombreuses années—pour jouer un rôle important dans nos conflits et pour profiter de nos réussites.
Compte tenu de l'intérêt que nous porte cette Chambre—et je sais que vous-mêmes et vos électeurs émettez des réserves à notre égard—, j'espère que nous serons en mesure de créer de nouveaux liens entre nos deux nations: d'une part, un pays démocratique, prospère et économiquement stable et, d'autre part, un pays violent, peu sûr, difficile et qui, pour une raison quelconque, ne veut pas régler ses problèmes internes ou rétablir la paix.
Cela n'était qu'un bref sommaire de ce que nous sommes et de ce que nous avons à offrir. Bien sûr, nous éprouvons certaines difficultés et nous souhaitons nous rapprocher du Canada, pour le meilleur et pour le pire. Nous devons nous aider mutuellement pour que vous puissiez jouer le rôle qui vous incombe en cette fin de siècle, à un moment où de nombreuses solutions seront peaufinées, surtout en 1998.
Merci, monsieur le président. Merci, membres du comité.
Le président: Merci beaucoup, madame la ministre. Vous nous avez donné un aperçu éloquent et très réel de la situation qui prévaut dans votre pays.
Avant de passer aux questions des membres du comité, je voudrais vérifier une chose. Si je ne m'abuse, vous devez participer à une conférence de presse à 17 h ou à 17 h 10. Il vous suffit de traverser la rue. Nous devrions donc tenter de terminer ici au plus tard à 17 h. Surveillons nos montres.
Madame Debien.
Mme Maud Debien (Laval-Est, BQ): Bonjour, madame la ministre. Est-ce que vous comprenez le français?
L'hon. Maria Emma Mejia Velez: Je le parle très mal et je m'en excuse, mais je le comprends assez bien.
Mme Maud Debien: Je vous souhaite la bienvenue, madame la ministre, à notre comité et je vous souhaite également la plus cordiale bienvenue au nom de mon parti, le Bloc québécois.
Madame la ministre, dans votre allocution, vous avez soulevé toute la problématique du respect des droits de la personne en Colombie. Vous savez que nous, les parlementaires, rencontrons assez souvent les ONG canadiennes qui travaillent dans votre pays. Le portrait qu'on nous trace de la Colombie et de la violence qui s'y déroule nous désole parfois et nous déroute aussi un peu.
On nous dit que la plupart du temps, les groupes paramilitaires, la guérilla et même les groupes appelés conviviras, les coopératives rurales de sécurité qui ont été mises sur pied par le gouvernement et qui forment, selon les ONG, une nouvelle forme de paramilitarisme, constituent les principaux problèmes. On nous dit que ce sont ces groupes qui créent les problèmes chez vous, en plus des cartels de la drogue, bien sûr.
Comme vous le savez, les Nations unies et l'Organisation des États américains ont même demandé au gouvernement de la Colombie, à de nombreuses reprises, de démilitariser des groupes de guérilleros et des groupes paramilitaires et même d'abroger la loi concernant les conviviras.
Au-delà des discours et des principes, quelles mesures concrètes le gouvernement colombien entend-il prendre pour démilitariser tous ces groupes, surtout à la veille d'une élection qui aura lieu dans six ou sept mois chez vous, je crois? Cet état de peur et de violence risque de freiner la participation populaire. C'est ma première question.
Deuxièmement, j'aimerais que vous nous fassiez le point sur le Chocó. J'imagine que vous connaissez très bien la problématique des autochtones du Chocó et des Noirs qui y vivent, et de la protestation qu'ils ont émise concernant leur territoire et la dévastation de leur territoire sur le plan environnemental. Je sais qu'ils ont en 1992—je ne sais pas si la date est exacte—érigé des barrages et que le gouvernement a arrêté tout à coup les travaux pour permettre des entretiens avec le groupe OREWA et les Noirs du Chocó pour qu'on puisse faire une enquête environnementale indépendante.
J'aimerais que vous fassiez le point sur toute la question du Chocó. Ce sont mes deux questions.
L'hon. Maria Emma Mejia Velez: Permettez-moi de répondre en anglais, s'il vous plaît, madame.
[Traduction]
Vous avez abordé des questions très délicates que vous-mêmes et le monde entier êtes en droit de connaître. Ces organisations ont été constituées légalement il y a deux ans. On les appelle les conviviras. Il s'agit d'une sorte de coopérative de sécurité mise sur pied pour aider les forces armées ou les corps policiers des régions qui connaissent un conflit.
• 1635
Il est difficile d'expliquer les raisons pour lesquelles nous
avons demandé à des civils d'aider les forces militaires. La
communauté internationale ne s'y oppose-t-elle pas parce qu'on
demande à des civils de se mêler au conflit interne d'un pays?
Compte tenu de la situation complexe qui prévaut en Colombie, il
est impossible que des civils ne participent pas à la recherche
d'une solution.
Je sais que, dans certaines régions, les conviviras engendrent davantage de violence que de solutions; c'est la pure vérité. L'idée derrière tout ça, c'était de demander aux conviviras de nous aider sur les plans de la communication et de l'information. Si quelque chose survient dans les régions éloignées de Urab« ou de Choc«, les membres de ces conviviras pourraient prévenir ceux qui ont légalement le pouvoir d'intervenir.
Au plus tard dans un mois, le tribunal constitutionnel devra se prononcer sur plusieurs demandes présentées par des citoyens sur la constitutionnalité de cette solution: un civil peut-il participer à la résolution d'un conflit interne et peut-il aider les militaires ou l'État à ce chapitre?
D'ici là, le gouvernement a cessé de cautionner les conviviras. Nous pourrons donc nous pencher sur cette question à la lumière de la décision du tribunal constitutionnel. Comment en sommes-nous arrivés à demander l'aide de civils? Nous disposons d'une institution, à savoir le système judiciaire, qui, malheureusement, vient seulement de commencer à évoluer. L'impunité, vous le savez mieux que moi, commence à jouir d'une mauvaise presse en Colombie et est remise en question parce qu'il est difficile de résoudre certaines affaires. Nous tentons évidemment de procéder à une réforme... La réforme du système judiciaire n'a commencé qu'en 1991. Quoi qu'il en soit, nous avons l'argent nécessaire et nous réussissons à avoir des juges qui ont une attitude plus professionnelle et des avocats qui sont mieux payés, mais les changements sont lents. Nous sommes conscients de cette nécessité, mais nous savons également qu'on en demande trop aux conviviras. C'est pour cette raison que le gouvernement a cessé d'accorder des autorisations et qu'il attendra la décision du tribunal pour décider de ce qu'il fera.
Je vous mentirais si je vous disais que nous pouvons abandonner cette solution dès maintenant. Nous ne pouvons le faire parce que nous avons besoin des civils. Nous pouvons toutefois décider de la forme que prendra leur participation et nous pouvons exercer un meilleur contrôle, surtout par l'entremise des autorités civiles qui ne font maintenant plus partie du projet. Un gouverneur ou un maire n'obtient pas de renseignements d'une convivira des alentours. Nous travaillerons donc en ce sens, madame Debien, et nous verrons si nous pouvons améliorer le concept des conviviras.
Nous devons toutefois, comme vous le dites, nous attacher au conflit global, à la façon dont nous allons démilitariser tous ces groupes, à savoir les paramilitaires et les conviviras ainsi que les forces armées. Environ 9 p. 100 de notre PIB leur est consacré, ce qui est donc important. La justice et la défense accaparent une grande partie de notre budget. Pouvons-nous travailler en ce sens? Pouvons-nous réellement rétablir la paix?
Les événements auxquels le narcotrafic a donné lieu l'année dernière ont modifié la donne en Colombie. Les gens en ont assez, parce qu'ils se rendent compte que le trafic de la drogue a failli détruire notre démocratie, a pratiquement corrompu nos partis politiques et a presque renversé le président de la Colombie. Le trafic des stupéfiants est venu bien près d'y parvenir. Nous voulons rétablir la paix. Vous n'êtes pas les seuls à vous inquiéter, c'est également le cas du Parlement européen, des ONG et de tous les hommes et femmes de la Colombie. Je crois que la mentalité a changé.
Comme vous le savez, madame Debien, un important vote aura lieu bientôt. Les élections municipales se tiendront dimanche prochain. Cinq cents ONG ont proposé la tenue d'un référendum sur la paix. C'est la deuxième fois que nous recourons à un référendum depuis l'adoption de notre nouvelle constitution.
• 1640
Pouvons-nous rétablir la paix? Pouvons-nous recueillir 3 ou
4 millions de votes en faveur de la paix? Cela constituerait un
message clair pour toutes les personnes que vous avez décrites,
pour les conviviras, pour les paramilitaires et également pour les
forces armées. Ils devront tous accepter de respecter la loi et le
principe du suffrage universel. Cela constituera également un
message pour les guérilleros qui, malheureusement, ont décidé de
tremper dans un trafic qu'ils auraient dû éviter.
Je suis consciente de la situation inquiétante du Choc« et des Colombiens d'origine africaine. Nous venons de rencontrer des représentants de quelques ONG et certains d'entre eux ont exprimé la même inquiétude. Malheureusement, une partie du pays qui avait jusque là échappé à la violence se retrouve maintenant au coeur même de cette violence. La population civile est malencontreusement toujours prise entre deux feux.
Nous sommes conscients de cette situation, surtout lorsqu'elle oblige des hommes, mais tout particulièrement des femmes et des enfants, à quitter la communauté afro-colombienne. Nous faisons beaucoup d'efforts pour régler ce problème et j'espère que nous y parviendrons, car c'est de cette façon que nous rétablirons la paix.
Cette guerre ne peut continuer. Nous sommes le dernier pays de cet hémisphère encore aux prises avec une guerre interne.
M. John Cannis (Scarborough-Centre, Lib.): Madame la ministre, je vous souhaite la bienvenue dans notre pays et à Ottawa.
J'ai écouté très attentivement certaines de vos observations et je constate votre enthousiasme quand vous parlez de rétablir la paix. J'ai été très touché par la façon dont vous avez présenté la situation.
Vous avez parlé de notre pays et du fait que vous avez besoin du Canada. Nous ne nous glorifions pas de nos exploits en tant que Canadiens, mais le reste de la communauté internationale fait l'éloge de nos initiatives, qu'elles concernent les mines terrestres ou les efforts de maintien de la paix dans diverses régions du monde, et admire notre entêtement devant par exemple la Loi Helms-Burton et notre décision de maintenir nos relations avec un pays comme Cuba.
Nous croyons que la coopération économique peut nous permettre d'aider des pays qui ont besoin de se développer. Nous y trouvons tous notre compte.
Évidemment, je suis très heureux de constater que les échanges commerciaux ont beaucoup augmenté entre notre pays et le vôtre—je souhaiterais toutefois que vous exportiez au Canada de meilleurs joueurs de soccer parce que j'aime beaucoup la façon dont ils jouent. Je constate également que nos investissements se trouvent en sécurité, surtout depuis les récents événements en Russie.
Vous avez parlé de la nécessité de rétablir la paix et des nouveaux moyens envisagés pour y parvenir et vous avez signalé que vous auriez besoin du Canada. Pourriez-vous être un peu plus précise en ce qui a trait au rôle que votre gouvernement ou votre pays espère faire jouer au Canada, parce que notre pays a accompli des tâches très diverses dans le cadre des initiatives de maintien de la paix. Pensiez-vous à un secteur en particulier?
Comme je suis d'origine européenne, je sais qu'un bloc est en train de s'y former en ce qui concerne les ententes commerciales. Vous avez indiqué que vous entreteniez de bonnes relations professionnelles et commerciales avec l'Europe. Comme votre pays a noué des liens avec ce bloc européen, j'aimerais savoir si vous avez rencontré des obstacles pour conclure des ententes ou des contrats, par exemple, comme cela nous est parfois arrivé en Amérique du Nord avec certaines entreprises ou certains pays d'Europe—ce que je peux comprendre parce qu'ils souhaitent protéger leurs propres intérêts également.
Mme Maria Emma Mejia Velez: Nous n'avons eu aucun entretien officiel avec les guérillas depuis 1991. Le premier entretien depuis remonte à cinq mois, lorsqu'ils ont libéré les 70 soldats qu'ils détenaient. Ces jeunes garçons faisaient leur service militaire.
• 1645
Lorsque cette question était en négociation, le gouvernement
et les guérillas, le mouvement FARC, se sont rencontrés non pas
pour discuter de paix mais au moins pour discuter de la libération
des 70 soldats. Les choses se sont bien passées; les soldats sont
rentrés chez eux. Les garçons sont rentrés chez leur mère et la
confiance a été rétablie jusqu'à un certain point, sans plus.
Pour la première fois, les guérillas ont demandé la présence d'observateurs internationaux. Il ne s'agissait pas vraiment de médiateurs ou de négociateurs mais plutôt de gens de bonne volonté. Ils sont donc venus. Les guérillas en avaient proposé quelques-uns. L'église aussi. Nous avions 13 personnes présentes qui tâchaient d'observer la situation.
C'était la première fois que la communauté internationale, selon la volonté du gouvernement... En particulier, les guérillas ont toujours voulu internationaliser le conflit. Le gouvernement a accepté que la communauté internationale participe à la solution plutôt que d'intervenir dans le conflit.
Nous avons demandé—ce que votre pays a d'ailleurs approuvé— que l'OAS participe à ces élections. Nous avions des observateurs financés par les États-Unis et la Norvège, je crois. Nous avons à l'heure actuelle 33 observateurs de l'OAS. Ils sont déjà rentrés chez eux. Nous avons quatre pays dont les ministres des Relations étrangères ont signé la CEBALC. Les pays qui ont envoyé cinq personnes là-bas sont le Mexique, l'Espagne, le Costa Rica et le Venezuela, pour différentes raisons.
C'est une initiative qui leur tient à coeur. L'Union européenne a envoyé sept ambassadeurs dans les régions critiques. Les régions les plus touchées sont Urab«, Choc« et Caqueta dans le sud où de nombreux gouverneurs, maires ou candidats ont dû se retirer par suite des menaces proférées par les guérillas.
Nous avons donc maintenant une présence internationale. Nous avons des organisations politiques internationales et 50 personnes présentes pour tâcher d'observer le processus. Selon l'OAS, il ne s'agit pas exactement d'un service car ce n'est pas le processus électoral qui est remis en cause étant donné qu'en Colombie c'est un processus très transparent. La Colombie est l'une des plus anciennes démocraties de l'Amérique latine. Il s'agit plutôt de «missions de solidaridad democratica», c'est-à-dire de «missions de solidarité démocratique».
Si nous arrivons à bien survivre, si nous n'avons pas de difficultés au cours des quatre jours d'élection, et si nous pouvons à temps... nous aurons des élections parlementaires le 8 mars et des élections possibles le 29 mai. Donc, si nous réussissons à instaurer un climat qui permet à ce gouvernement de commencer à préparer le menu au lieu de s'attabler pour manger, je crois que la communauté internationale jouera alors un rôle important.
Je pense qu'il faut bien faire comprendre aux guérillas que le monde n'acceptera pas que notre démocratie soit menacée. La Colombie a beau avoir de nombreux problèmes et de nombreuses difficultés, entre autres le terrorisme, le trafic de stupéfiants, la corruption et la présence des guérillas, elle n'en reste pas moins une démocratie. C'est un aspect que nous partageons effectivement avec la communauté internationale.
Je suis donc persuadée que plus tard, pas maintenant, lorsque nous entamerons un dialogue plus formel avec les guérillas—il est possible que ce ne soit même pas avec nous mais avec un autre gouvernement—il devrait y avoir une présence coordonnée. Il faudrait donc que les deux parties s'entendent sur les personnes qui devraient être présentes et qui devraient favoriser le processus. Il ne s'agira pas d'une décision unilatérale de notre part puisque les mouvements de guérillas seront également appelés à se prononcer à cet égard.
Il est donc un peu prématuré d'en parler. Votre ministre des Affaires étrangères m'a clairement indiqué que si et quand nous le jugerons nécessaire, le Canada pourrait nous apporter l'aide dont nous avons besoin. En fait, votre ambassade a appuyé financièrement ce référendum sur la paix.
Nous espérons vraiment obtenir un vote massif de trois, quatre ou cinq millions. Je suis persuadée que nous réussirons à obtenir cinq millions de votes pour la paix. Si nous arrivons à obtenir ce résultat, ce sera un message clair à l'intention de tous ceux qui usent de violence. Le Canada possède cette faculté dans notre hémisphère. Il a été non seulement neutre mais il possède suffisamment de recul pour rester neutre et offrir ainsi certaines possibilités même préférables à celles proposées par d'autres régions de notre hémisphère.
• 1650
Je vous remercie, monsieur.
Le président: Je vous remercie.
Je tiens simplement à rappeler aux membres que la ministre a environ 11 minutes avec nous et j'ai 4 personnes sur ma liste.
Mme Maria Emma Mejia Velez: Je suis désolée. Je tâcherai moi aussi d'être brève.
Le président: Monsieur Robinson.
M. Svend J. Robinson (Burnaby—Douglas, NPD): Je tiens également à souhaiter la bienvenue à la ministre.
La ministre a parlé d'un référendum pour la paix et a indiqué qu'il est important que les guérillas comprennent qu'un message clair a été lancé. Mais avec tout le respect que je vous dois, un grand nombre des plus graves violations des droits de la personne en Colombie a été soulevé par des organismes internationaux, dont les Nations Unies et l'Organisation des États américains. Ces organismes ont imploré le gouvernement de la Colombie—votre gouvernement, madame la ministre—d'agir.
Nous avons récemment reçu des documents très inquiétants d'un groupe d'églises et de syndicalistes canadiens. Comme vous le savez, ils sont allés récemment en Colombie—en fait ils y étaient au début du mois—et la situation des droits de la personne qu'ils y décrivent est franchement effroyable. La violence politique, les violations de droits de la personne et les agressions causent en moyenne la mort de 10 personnes par jour. Ils citent également un chiffre que je trouve absolument incroyable: l'année dernière seulement, 253 syndicalistes ont été tués dans votre pays, madame la ministre. En une année, sur 100 syndicalistes assassinés dans le monde, 40 étaient des Colombiens. Cela est effroyable.
Des requêtes particulières ont été adressées à votre gouvernement à propos de ces violations des droits de la personne. Ma collègue, Mme Debien, a mentionné les conviviras. Comme vous le savez, la Comité des droits de l'homme des Nations Unies a demandé à votre gouvernement d'annuler le décret autorisant les conviviras. Vous êtes en train de nous dire que vous n'émettrez pas de nouveaux décrets. Cela ne suffit pas. La Comité des droits de l'homme n'a pas dit de ne pas diffuser de nouveaux décrets; il a dit de mettre fin au décret en vigueur sur les conviviras.
J'aimerais donc demander à votre gouvernement pourquoi il ne tient aucun compte de cette recommandation. Par ailleurs, quelles mesures précises votre gouvernement, le gouvernement de la Colombie, est-il en train de prendre pour démanteler ces groupes paramilitaires?
Mme Maria Emma Mejia Velez: Je vous remercie, honorable monsieur Robinson.
Je reconnais la situation. Je ne suis pas ici pour maquiller ni esquiver la terrible et dure réalité qui sévit dans mon pays. J'ai moi-même été conseillère en matière de sécurité pour la ville de Melellon pendant trois ans et bien des jeunes avec qui j'ai travaillé et pour qui j'ai travaillé ne sont plus là. La violence a touché chacun d'entre nous.
J'ai été directrice des communications pour la campagne présidentielle du président Galan. Il a été assassiné au moment où il était sur le point de remporter la présidence en 1989. J'ai ensuite été secrétaire générale de la campagne de César Gaviria Trujillon et il s'agissait d'une situation très délicate, mais il a dû remplacer Galan.
Nous avons vu la violence de près. Heureusement nous avons survécu. Bien d'autres n'ont pas eu cette chance. Je dirais que la violence est devenue un problème structurel en Colombie. Je ne crois pas que 253 syndicalistes ont été tués dans mon pays uniquement parce qu'ils étaient des syndicalistes.
J'ai rencontré toutes les ONG. Je leur ai expliqué qu'une des caractéristiques de la Colombie, c'est l'absence d'un mouvement syndicaliste fort, mis à part le mouvement syndicaliste du secteur pétrolier. Nous n'avons pas beaucoup de travailleurs qui sont syndiqués en tant que tel, mais les droits civils existent dans mon pays. Mon pays protège les droits civils des citoyens et autorise les protestations civiles et les différences civiles.
La situation est plus complexe. Il y a à peine un an, lorsque j'étais ministre de l'Éducation, environ 53 enseignants ont été tués. Nous avons 30 000 personnes qui meurent de mort violente en Colombie chaque année. Donc, comme vous le dites, lorsqu'un cas de mort violente se produit, comme c'est peut-être le cas à l'instant même, il ne se produit pas parce qu'il s'agit de syndicalistes ou de travailleurs syndiqués.
• 1655
Bien entendu, nous devons prendre des mesures sérieuses. Comme
je vous l'ai dit, il est impossible de ne pas trouver de solution
commune, de solution d'État, de solution collective, moi-même en
tant que fonctionnaire aujourd'hui mais aussi plus tard lorsque je
ne serai plus fonctionnaire. Toute la société civile doit
participer au processus de paix. Je peux vous dire que s'il y a de
l'abus de la part des conviviras, comme cela semble être le cas, le
gouvernement examinera la situation mais ne peut pas pour l'instant
démanteler cette organisation.
M. Svend Robinson: Pourquoi pas? Le Comité des droits de l'homme a...
Mme Maria Emma Mejia Velez: Parce qu'ils nous appuient et nous aident à rétablir la paix. Les paramilitaires ne sont pas des conviviras. Malheureusement, les guérillas ont répandu la violence et ont décidé de prendre eux-mêmes la solution en main au lieu de laisser l'État s'en occuper.
M. Svend Robinson: Par conséquent, vous n'êtes pas prêts à suivre la recommandation du Comité des droits de l'homme de l'ONU?
Mme Maria Emma Mejia Velez: Non, non. En fait, nous l'avons déjà fait. Comme vous le savez, monsieur Robinson, le gouvernement a convenu d'ouvrir un bureau des droits de la personne en Colombie. Il s'agit du premier Haut Commissariat des droits de l'homme dans le monde. Nous ne sommes pas encore préparés. Nous devons revoir la situation des conviviras. Nous devons trouver un moyen d'inciter la société civile à accepter les droits de la personne et à les respecter complètement. À cet égard vous avez raison. Et si le tribunal constitutionnel déclare que les conviviras sont anticonstitutionnels, bien entendu, le gouvernement respectera l'obligation prévue par notre propre code constitutionnel de mettre fin aux activités des conviviras et déterminera le rôle que les civils peuvent jouer pour nous aider à conclure un traité de paix.
Le président: Je vous remercie, madame la ministre.
Monsieur Reed.
M. Julian Reed (Halton, Lib.): Je vous remercie.
Madame la ministre, je tiens moi aussi à vous souhaiter la bienvenue. Je tiens à vous remercier de votre franchise à propos de certains des très graves problèmes que connaît la Colombie à l'heure actuelle. Vous avez indiqué être en situation d'apprentissage et c'est le cas pour nous aussi à cet égard.
Vous avez mentionné que la presse nous tenait au courant. La presse nous tient effectivement au courant, mais elle ne nous tient pas toujours au courant des choses positives qui se passent. Habituellement, elle rapporte les tragédies. J'ai souvent dit qu'on ne verra aucun journal rapporter qu'il y a eu un millier de décollages et d'atterrissages sûrs à l'aéroport de Toronto hier, mais dès qu'un avion a des ennuis mécaniques, cela fait aussitôt les manchettes.
Je n'essaie pas de minimiser les difficultés que connaît votre pays, mais je me demandais si vous pouvez mettre les choses en perspective, étant donné la croissance des échanges commerciaux entre nos deux pays. Nous avons des investissements en Colombie. Des investisseurs canadiens ont manifestement l'impression de pouvoir se rendre dans votre pays et participer à son économie. Il doit donc y avoir aussi du positif. Je me demande si vous pouvez...
Mme Maria Emma Mejia Velez: Eh bien, cet aspect positif...
Le président: Nous appelons cela un lob dans notre jargon. C'est bien.
Mme Maria Emma Mejia Velez: Oui. C'est l'autre aspect de la Colombie. Il est vraiment incroyable que deux pays puissent être comme Garcia Marquez le décrirait—vous savez cela tient du réalisme magique d'avoir deux pays aussi divers et aussi complexes. La violence n'est pas quelque chose qui... Ce serait plus facile s'il y avait seulement les guérillas et les forces armées... Mais comme vous le savez, la violence a tendance à se répandre, et malheureusement les guérillas bénéficient d'un appui financier important.
Pourtant, il y a des investissements étrangers. Comme vous le savez, la Colombie a maintenant près de 5 000 millions de dollars d'investissements étrangers, ce qui est un chiffre record, pour la privatisation des télécommunications et de l'infrastructure, et la modernisation de l'État, domaines dans lesquels vous jouez un rôle important. La situation économique de la Colombie et la cote que lui accordent Standard & Poor's ou Moody's sont très bonnes, et nous espérons que cela attirera des investissements et attirera ceux que le côté productif et positif de la Colombie intéresse.
• 1700
Les méchants Colombiens sont tellement rares que l'on espère
que la presse—qui doit bien entendu rapporter aussi les choses
négatives qui se passent—montre un peu l'autre Colombie, la
Colombie productive, les travailleurs, les ressources humaines.
Heureusement, on reconnaît les efforts que nous déployons pour
affecter les gens à des postes de responsabilité, et nous tâchons
d'améliorer le niveau de vie des gens et de réduire les inégalités
dans le monde en développement.
Nous espérons donc pouvoir réaliser certains progrès afin que lorsque nous nous reverrons—honorable monsieur Reed, honorable monsieur Robinson et honorable madame Debien—nous aurons de meilleures nouvelles à vous donner, et que la situation en Colombie sera moins compliquée et moins grave. Nous pourrons peut-être mettre sur pied un processus de paix auquel votre pays pourra participer, comme vous l'avez proposé.
Je sais que ce n'est pas facile. Je sais que vous avez un rôle à jouer, honorable monsieur Robinson. Je le comprends. Moi aussi, et l'un de mes rôles est de vous écouter et de faire rapport, une fois de retour chez moi, des préoccupations de la communauté étrangère, de la communauté internationale.
Cela n'a pas été facile, mais nous y travaillons. Croyez-moi, nous ne sommes pas en train d'institutionnaliser la violence. Il y a peut-être des cas individuels d'abus, et j'espère que nous aurons un meilleur système judiciaire pour vraiment punir les coupables. Mais nous y travaillons, et j'espère que je pourrai réellement vous apporter de meilleures nouvelles par l'entremise de mon ambassadeur, par l'entremise du vôtre, ou moi-même dans un avenir prochain ou l'année prochaine.
Le président: Je vous remercie, madame le ministre. Je pense que vous avez environ neuf minutes pour vous rendre au studio de télévision. Je vais donc m'excuser auprès de MM. Grewal et Turp.
Au nom du comité, j'aimerais simplement... Et voilà qui va absolument vous étonner et vous émerveiller, madame la ministre, car il s'agit du type de travail que nous faisons et que vous voudrez peut-être partager avec certains de vos collègues au congrès. Ce sont des rapports que nous avons préparés lors de la dernière législature. L'un porte sur l'Arctique et est peut-être moins pertinent et l'autre sur le travail des enfants, que vous trouverez peut-être intéressant.
Et sur une note personnelle, j'aimerais vous remettre ce petit souvenir pour vous remercier de votre visite...
Mme Maria Emma Mejia Velez: Merci beaucoup.
Le président: ... et je tiens à vous assurer que bien que nos questions soient toujours directes, elles sont motivées par la conviction que nous devons développer nos relations et par un vif désir de vous aider de notre mieux. Je tiens à vous remercier d'avoir été des nôtres.
Mme Maria Emma Mejia Velez: Je vous remercie beaucoup. Je sais que cela est vrai. Je vous remercie de votre franchise, car j'estime utile de connaître le point de vue de la communauté internationale pour pouvoir transmettre ce message à mes compatriotes une fois de retour dans mon pays.
Je vous remercie.
Le président: Je vous remercie, madame la ministre.
La séance est levée.